Tumgik
#vomi de chat partout
stvitusdance · 6 years
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mon chat se sent pas bien et le vétérinaire le plus proche ouvre seulement à 9h00, c'est les heures les plus longues de ma vie. je sais tellement pas quoi faire
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clhook · 3 years
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Ce matin Bahia me hurlait dessus et d'habitude elle hurle 1) parce qu'elle veut manger ou 2) parce qu'elle veut que je m'assoie ou que je m'allonge pour se coucher sur moi mais là sa gamelle était pleine et j'étais encore en position allongée dans mon lit donc ce n'était aucune des deux problématiques. Finalement je me suis levée pour manger, elle me suivait partout (toujours en hurlant) et il s'est avéré qu'elle avait vomi dans le salon !!! Et une fois que j'ai vu et commencé à nettoyer elle ne hurlait plus !! Donc en gros mon chat voulait... me prévenir qu'elle avait vomi quelle politesse
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mauditcherubin · 3 years
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En deuxième année de prépa, je vivais dans un cauchemar permanent. La dépression sans les médocs. Impression d'eau stagnante, étang vaseux dont les profondeurs chopent parfois les pieds par surprise. Crises; se sentir couler d'un coup, comme un poison dans la poitrine. Indifférence quasi-totale, mais la question : moi qui n'aime pas la vie ou la vie qui ne m'aime pas? Donc, cours séchés, retards, arrêts maladie.  Je ne veux pas travailler. T'abuses franchement. Je ne veux pas travailler. Me barrer du cours de philo parce que je peux plus respirer des mots que je ne comprends pas. Allez courir il a dit. Aller courir naïve aller nager sentir les poumons qui palpitent pour la première fois sentir la poitrine broyée sous un camion. Voir la voie ferrée tous les jours l'envier s'attarder au passage à niveau. Pleurer pour les autres pas pour soi. Voir un grand connard de deux mètres que je connais à peine; saigner sur lui et partout sur nos corps entre midi et deux retourner au lycée la tête qui tourne parce que rien mangé. Convocation commissariat, rien à foutre. Je sors de cours à 15h c'est un mardi de novembre le soleil tombe sur mon impèr. Je fume et je ne pense strictement à rien en marchant tout juste trouver le bon chemin. Un petit con en polo rayé qui me reçoit allure pataude mais lui y croit à sa comédie c'est l'essentiel. Parler d'un prof oui c'est un prédateur sexuel mademoiselle vous êtes victime. Des petits yeux de carnivore, un truc qui scrute, il veut m'intimider monsieur police. Des petits yeux de carnivore les mêmes que l'accusé. Je finis même par croire qu'il me drague. Toujours rien à foutre. Me retourner la tête au vin rouge, au lucky strike menthol bleu s'il vous plait à 7h45 gare de Nancy, aux si laisse moi venir s'il te plaît t'auras rien à faire, aux je te fais du bien et je repars promis, aux alprazolam non plutôt prazépam maintenant parce que votre corps est accoutumé, à l'insomnie de la paroxétine, au réel en caoutchouc. Me retourner la tête sur des poèmes le soir sur le perron la pluie qui goutte de la marquise l'odeur humide des feuilles mortes le chat qui râle dans la cuisine. Des poèmes que je relis aujourd'hui sans les comprendre. Rien à foutre juste une douleur sourde basse odeur d'égoûts vomi dans la ruelle pavée souffle rance derrière l'oreille des c'est pas la peine et un j'ai plus envie. 
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axel-sgd · 6 years
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Décembre bleu, janvier rose? 
Zombie. Chat de Schrodinger. Bleu. J’ivre dans cette vie étrange. Tout tangue dans ce paradis d’instants. J’ouvre enfin cette porte qui me faisait si peur. Partir avec toi pour l’inconnu. Peut-être, j’aurai ce courage. Tout est bleu ici. La nuit se reflète sur les halos mystérieux des rues. Le parcmètre s’affole au lion.
Lumière de Fitzgerald. Qui es-tu, étrange pays qui me regarde?
Traverser ces océans qui nous séparent. Des serpents étranges gigotent sur ta gueule. Sirène bleu des rêves. Tout m’abandonne en cette vie. Les constellations au loin ressemblent à ton sourire. Poker et Iceberg sur l’ultime bateau, transport evanescent.
Océanides de Doré, étrange bleu Océanie. Les océanes de Verlaine. Le bleu perce la poupe de mon coeur sur l’île des poupées perdues. Tu es la joie qui quitte le quai et la tristesse qui s’éloigne du port. Mais ce bateau est vide, ton coeur bat trop vite et ce mât qui s’étiole, et ce verre qui se vide. Peut-être ai-je tout rêvé.
Bleu partout. Blues tout le temps. Je suis presque seul dans ce bar, deux glaçons fondent dans mon verre vide. Un dernier et je repars des ces halos du Blue Moon. Whisky dilué dans les larmes, mon reflet vague dans les bouteilles s’évade. Le pianiste rejoue ce même air, de cette chanson où un chanteur parle d’une femme dont les yeux presque bleus sont rougis par les larmes. Quelque chose comme ça, enfin, je crois. Le même vieux monsieur qui antonne : “My Funny Valentine”.
La valse des prénoms s’effacent, les photos s'accumulent dans un trop vieux portefeuille.
Je suis trop seul. Je crois qu’il n’y aucun pianiste, et que je suis seul dans ce bar. Et que ce bar est la rue car un videur m’a barré la route. Pas de verre vide, ni de glaçon comme dans les mauvais films, juste mes larmes et le whisky de l’épicier. On le voit de si loin, avec toutes ses lumières, il m’appelle le soir, depuis la rue, depuis ma fenêtre. C’est l’oubli qui cri mon nom pour me faire oublier Ferruccio. Ainsi que les amis évanouis dans des  étranges synthèses de drogues. Pourquoi on a fait tout ça? pour ressembler à qui? pour atteindre quoi? Pour éviter quelque chose je crois. S’enfuir d’une réalité qui faisait si peur. Qui fait toujours si peur.
Je déteste mon corps. Les cicatrices s’y superposent au dedans et au dehors. D’ailleurs je me déteste moi et cette bouteille toujours à moitié vide que je ne finirai pas. Je repense à ces moments avec toi. On c’était promis la mer et le ciel, mais ne reste que les ecchymoses et sur tes hanches Lichtenberg a dessiné le temps. On avait parlé naufrage, dans même la passion,  tu serais rentrer à la nage, mais on a nourri les poissons. Ce solitaire or et saphir t’allait si bien.  Mais à quoi ça rimait? Rien ne nous survivra.
L’enfance était plus simple. Un tricycle et tout à conquérir. Je prends alors le contre pied de Thomas et crée un empire à la mort. Sous mon regard d’enfant elle a le reflet de l'innocence abandonnée.
J’ai grandi, le champoreau fume les matins, l’odeur d’alcool réveille. J’ai 20 ans, tout est bleu-blues. Rien ne nous rassemble plus. Hennessy seul medicine, pas de blue lagoon. Le petit prince des bleuets a fini par lire Machiavel. Celui de St-Ex fait face à une collection de bouteilles vides et une collection de bouteilles pleines, vous connaissez la suite…
À la découverte d’autres mondes, de marchands de sable, de compteurs d’étoiles, des constellations s’alignent et nous ramène à notre condition humaine. Insignifiance.
C’est déjà l’aube, le bal est fini. L’azur me transperce. Les gens sortent de chez eux. Ils voient en moi un ivrogne. “Il est si jeune”. J’ai toujours l’air d’avoir 15 ans. Pourtant l’épicier me vendra sans problème une bouteille de bourbon similaire à la précédente dans les 24 prochaines heures. J’ignore si j’ai dormis. Si du bleu nuit au bleu ciel j’ai refait le monde avec un ami oublié. En fait, je ne me souviens pas vraiment d’hier. De ces amis qui souriaient dans le premier bar, avant que je me fasse recaler du second et que j’invente un pianiste après l’épicier.
Donnez-moi des rêves. Dans des études insensées, dans des cycles incompréhensibles, dans des rythmes incalculable, mais dans cette ville que j’aime trop.
Je foule ces pavés. Strasbourg, donne moi un rêve, un seul, ou même rien qu’une idée. Donnez moi quelque chose, un peu de substance, l’ombre d’un espoir, que rien qu’un instant, cette vie semble valoir la peine.
Je vomis ces soleils d’autrefois. 
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Le dément
Et parfois la tête se creuse
mille fils partent du milieu de la tête
par-delà la tête, au-delà colorés, fins
au milieu de la tête s’épanouissent
creusent l’espace, le magma,
la douleur du délire s’énonce ainsi
s’annonce, épouse la tête,
la forme s’approfondit… c’est un grand espace
quelque chose physique, le dément
aux couteaux, qui s’agitent, il se ronge
les dents, amusé, mille fois s’approfondit
dans les dents (j’en ai plein la mâchoire,
de la couleur, des émotions plein là)
et toujours creuse le magma plus profond,
l’espace s’étend, alourdit la tête,
abasourdit mes défenses, la grande chute
dans le corps, la dégringolade, l’espace
au milieu du corps maintenant, immobiles
mes dents, puissante la puissance de lui,
le dément noir, caché, il me surprend
la racaille à tabasser! mais dites-lui!
qu’il arrête d’aiguiser les couteaux!
je n’en peux plus de son souffle…
je veux mourir, sans honte, bien mourir,
quand il est là, s’approche, le bout du museau,
ne plus dégringoler le long des lignes
dont mon corps est plein, imaginez!
des lignes rouges, roses, blanches
le long de la nuque, le long des couteaux
du dément, son rire (c’est partout son rire)
le rire du dément dans ces lignes,
et devoir pour la survie pour la danse
danser autour d’elles, devoir les aimer!
imaginez la danse à l’intérieur du corps…
les mots manquent pour dire cela, et
toujours l’enclos de la bouche dit rien,
y a rien à dire puisque les mots se
font tabasser par le dément, le sale dément,
le chien de Protée aux mille sarcasmes!
l’entendez-vous qui me gueule dans la bouche?
moi je l’entends… il habite en moi depuis
tant d’années… à vomir sa substance… à
marcher la nuit pour l’extraction du délire…
le long délire bleu de la nuit… ah! écoutez!
et la pensée vit tapie dans l’ombre...
là... à l’arrière du crâne... près des oreilles...
satisfaite... grande… le sourire aux lèvres…
je les sens ses petites lèvres de lion… l’affamée…
et le rire chaud du dément s’avance alors,
la goulue de son rire, je veux dire : l’haleine et la vacance en même temps, de l’espace normal de la tête, la peau normale de la pensée s’estompe (magnifiquement),
se retire comme la mer par la marée,
la couleur après la couleur, la chaleur se fait
au-devant du crâne, et quand il répète la musique,
la boucle de la musique au milieu de la tête
à me rendre fou! car jamais il ne s’arrête!
croît en moi alors l’arête roublarde!
celle qui me cogne à mes parois
(à l’intérieur de la tête) fracasse la face
contre la musique, toujours qui boucle
son tour derrière le front, je suis rendu fou!
et parfois (parfois!) ça gicle sur ma mâchoire,
des taches éparses dans la mâchoire,
roses surtout, à portée des dents,
je bascule la tête, j’amorce la danse
libératrice de la mâchoire,
je gémis pour éteindre la douleur,
goutte à goutte qui rejoint le clinamen
du monde… et toujours, je retrouve
le sentiment de la chute, le long
du grand chemin rocailleux qui parcourt
la pensée, aïe! aïe! j’en ai assez ! assez !
assez ! assez ! je suis ivre de toi !
toi le dément moqueur ! toi le paladin qui
transperce d’airain mon esprit vulnérable
et fatigué ! le farceur inarrêtable ! moi la proie facile !
toi la bouillie de lumière collée à mes parois !
je suis ivre de toi ! tu te joues de ma face
apeurée ! je suis ivre de toi ! ivre de toi oui !
tu dodelines ma pensée au-dedans de toi !
car je sens la chute ! je dégringole !… envie de hurler, dans la salle de bain... sentir la bouche
tendue par le cri... la tête disparaître
avec lui, pour qu’ils se confondent en un cri,
bientôt peu de vent, bientôt disparue…
j’aimerais tant ça… aboutir à ce cri
de conclusion (la belle fin!)... crever
mon ampoule venteuse! mourir enfin !
Et se retrancher (pour toujours!) au fond du délire, malaxer les mauvais sentiments,
ronger la langueur des jours,
aimer la plaque de verre qui traverse le crâne !
car j’assouvis le délire !
je le traverse autant qu’il m’égare
et quand je dis la plaque de verre
je veux dire cette étroite émotion de loup ému
l’idoine qui se plaque l’un contre l’autre
et leur engeance, la grande fissure grise
et transparente de la réalité conquise
— car le dément conquiert et soumet,
d’un coup de rire (un seul!)
et moi je suis un petit Matamore,
je sens la fanfaronnade s’estomper petit à
petit dans l’ivresse du délire,
et fanfaronner de quoi ? d’avoir soumis
le dément ? contourné les couteaux ?
aimé ce qu’ouvrait le délire ? —
pauvre petit bonhomme ! pauvre chat apeuré !
petite chose dans le ballot du dément !
je suis ivre de toi oui ! triple lutte en mon visage, crache ma face! vas-y! libère-moi de tes mains petit bourreau! que cesse la crispation de mes muscles pour la contenance de la bonne face! car surtout (la première règle) c’est ne rien montrer aux autres, pas laisser dépasser le petit bout de quoi qui révélera l’édifice secret du dément — surtout, tout cacher derrière la face neutre et l’éclat amusé des yeux pris par le dément,
continuer à retenir la stéréotypie malade des bras et des mains, pas faire les gestes de la libération et du sacrifice ! pas se frotter la main contre l’omoplate, pas casser le coude deux fois par seconde, pas agiter la jambe le long de la danse du dément,
pas crisper la bouche pour l’extraction du délire,
pas gémir les mains contre la bouche, pas
casser la tête contre les murs... ah oui! ah ! oui ! j’avais pas parlé de ça encore... le désir de la tête éclatée contre les murs —
la tête contre les murs naît du noeud dans la tête,
le noeud du dément (eh oui! ses magouilles petites n’ont jamais de fin! trop facile!) démange agace racle la paroi de la tête et ne se défera que contre les murs, fracassée la tête ainsi dénouera le noeud, et imaginez la joie ! d’avoir défait le noeud ! par le simple claquement de la tête ! moi je pense — ça vaut le coup...
mais je ne peux le dire... on aurait trop peur... le dément doit rester caché... qui rôde...
mais j’imagine la soulage immense dans le corps lorsque le noeud est défait ! pour ma sauvegarde, le noeud a perdu de sa vigueur, l’abilify a estompé sa gaillardise, qui a permis aussi l’élucidation du délire! car avant, l’œil pas décillé, je voyais même pas la face du délire, j’étais la même plaque de verre que lui, pas même différent…
là est le secret du délire froid et sec,
la gabegie froide du dément ! qui me fait croire…
que… tout est là… inséré dans le creux du cerveau… qu’à bien macérer la viande
de la pensée… quelque chose sortira…
que j’en serai plus fort… roucarné de rouille, aboli par le bibelot… hein ? y a quoi ?
je me fatigue dans l’errance, un moment
je m’arrête, j’applaudis plus tout ça,
ça continue bien sûr… mais je n’en peux mais —
alors l’errance commence, la vraie celle-là,
en-dehors de toute joie, car c’est moi alors
qui creuse le noir, avec mes petits doigts,
dans le lit, bercé par le flot du rire du dément,
car il encadre tout bien sûr ! je ne quitte pas
le périmètre ! sale dément ! tu m’auras donc !
et si je ne quitte plus le lit, à ne plus même pisser,
c’est pour accueillir ta fureur, sentir tes
dents malaxer ma pauvre pensée… me faire
vomir dans ma salle de bain! je vomis parfois
les deux doigts dans la gorge, pour sentir
le contenu de mon estomac basculer de bas
en haut, surtout cette sensation de libération :
dans la poubelle, le vomi ! loin de moi ! le vomi
loin de moi ! avec lui, la pagode sale du délire !
pour un temps ! car seul un temps m’est accordé
hors du délire, un petit temps d’ombre et de coton, doux cet espace, un peu
de soleil sur mes mains, mais revient toujours le délire du dément, sa face, ses sales
dents, le lion solitaire qui m’habite…
car le dément si je l’accueille aussi,
c’est pour ce qu’il creuse au fond
de mon ventre, la danse belliqueuse de
bleu et de noir au fond du ventre,
la petite lumière d’or qui ouvre la tête,
l’irise, la couvre délicatement de violence
et de lumière, car le dément si —
n’est pas sans prétexte ni charme
il me séduit, la virevolte de la pensée
au-devant de lui, car quand il prend le corps
plus rien n’égaille l’émotion ! et la
grande chaleur de celui qui gagne me prend !
vous savez quoi ? la tête m’explose de toute cette pensée!
maudite pensée ! et j’aimerais dire
(j’aimerais! mais on dit quoi dans
ce petit langage troué de puces?
dites-moi quoi ! moi je suis épuisé d’avoir essayé !
je n’en peux plus ! on dit rien ! tout s’échappe
entre nos doigts ! la pensée c’est du sable,
nos mots pas mieux ! il nous manque cent
mille concepts ! au minimum ! il y a une douleur
pas dite, celle de la langue qui doit
s’arrêter car les mots manquent...
celle de la pensée qui se ramifie au plus
près du neurone pour épuiser
le petit sens... qui manque...
pourrait faire notre sentiment...)
je ne sais plus ! j’ai perdu le fil !
encore une humiliation du corps...
alors je vais dire ça ! écrire dans la forme du langage  c’est déjà dire non au dément,
à l’haleine et aux dents du bandit
préférer aplatir le délire dans le blanc du verbe,
oui! oui! c’est ça l’exacte sensation :
aplatir, s’aplatir la gueule déformée
du dément dans le langage
pas pour l’airain ou l’invincibilité
(non pas ça, vraiment pas ça)
plutôt pour trouver le rythme où caler le corps,
l’arrondir de trop de forme, immobiliser
le dément, casser ses petites jambes
torses pour la grandeur du langage
— au fond, dire quoi? rien que la petitesse
invraisemblable, la folle grandeur de l’espace
du dément, et le combattre pied à pied,
douloureusement ça c’est sûr, avec l’amour
du dément, circonscrire la rage
au-delà des fils irisés du cerveau /
ah mais que veux-je dire là? essayez de sentir
lisez lentement, gueulez ! c’est important !
important la configuration du verbe !
c’est pour la danse que j’écris…
pour la danse dans le corps
que m’offre le dément...
Le dément se ronge les dents en mon intérieur,
je sens ses petites dents tapoter la paroi
de la pensée, tâter le terrain pour l’envahir,
la musique résonne en moi… on devient fou ici…
j’ai envie de vomir l’intégralité de mon corps —
je suis allongé sur le lit, malade du dément,
qui revient, me plonge dans l’eau bouillante
des pensées noires, me donne l’envie
de couper les veines pour l’extraction de la douleur,
qu’elle s’en aille dans le sang ! j’ai si mal
à la tête, l’envie de l’éclater avec un marteau,
c’est lui le marteau oui ! qui me tabasse la face
aujourd’hui, sous le grand soleil du monde,
les rayons de l’automne moussant le ciel,
la mousson de la lumière, délicate, c’est
le tissu précieux du ciel, notre seconde peau,
on est rien que ça, à se ramifier jusqu’au
bout de la pensée, cette robe délicate de la
lumière en automne, rien que nous,
image adéquate à se jeter sur la face pour
la consolation d’être un corps… le soleil
s’étend le long de ses rayons, indolent
dans sa douceur, je recueille un peu de cette
lumière sur ma peau, mes mains la recueillent,
et je ressens en cet instant — comme est
douce parfois la sensation de vivre, qu’elle
fait un poids précieux dans la balance
quand monte en moi la haine et le magma —
mais toujours revient le dément… il perce avec douceur
la quiétude de la pensée… je sens l’espace chaud
qui l’annonce, au-devant du crâne
ses petits pieds de loup, et l’excitation
qui l’accompagne, seule interrompue par le cri
brusque et soudain, la torsion de la bouche
et qu’il me faille craquer la pression
du délire, tout de suite! ne pas laisser
l’extension du magma se faire,
calmer là la prétention du dément…
et parfois je deviens irascible… monte dans ma
tête l’énergie… incroyable! dévastatrice de ma
gorge déployée dans des cris ! le démon !
saisi ! ah ! j’aimerais hurler ! et tout me vomir !
l’intégralité du corps par la gorge ! tout
l’estomac passé par la gorge ! j’aimerais
aimer cet espace lumineux de l’excitation,
m’en faire un manteau pour les jours sans,
et abjurer tout autre état de la pensée !
le corps bondit, se tord… la grande musique
se soulève au milieu de la tête, commence
à tabasser le rythme, ouvre les meurtrières
refermées de l’esprit indolent, rabat les parois
sur la crispation, imaginez! votre esprit
pris dans la parade des couleurs de la pensée!
parfois le fauve rugit à travers tous les petits
plis de la pensée, la circonvolution s’agace,
manifeste, rit de tout cette pensée déversée,
par terre, là devant nous, à mes yeux écarquillés !
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honel-inge-mal · 4 years
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Les mots venaient si aisément je n’en ai plus  Je n’en ai plus  Mal au ventre au cœur aux oreilles aux sexes  L’entière souffrante La masse  Dévorante  Fourmi par fourmi et la hauteur du transport devait arriver, arriva Sous moi Obsession pour l’horizon  Mes yeux se serrent  Explosent gorge ventre  Percer cher ver transporter vers colline vertige 
Bar absent  Et chat au-dessus  Mur compte  De la cendre à la circonférence Je ne sais que penser de toi Je ne sais rien de ce que je pourrais faire à un corps  Je suis un enfant  En veux-tu un ?
Il est trop facile, crier sans la main D’écrire M’hospitaliser Trop de soleil pour gagner la peau changée et m’offrir à elle  Trop de soleil La tête folle enfle  Et je meurs  Partir Ici en famille combien de temps Le soleil est trop fort Je dois me reposer  Combien de temps Et avec quelles aides ?
Me reposer Dormir Roule langue coupée  De la famille  Qui n’a pas pris le soleil comme moi La vie est sans ventre Et une langue d’origine  J’étais porté pleurant  Râlant Suffoquant ce noyau Poussant  Quelqu’un de ma famille me portait  Mais entre la surface et la mer  Entre le fond de l’eau et du ciel noir  C’est trop de crier Yeux à peine en larmes et si clairs face aux étincelles  C’est trop de crier  Les oreilles pleines d’eau à crier D’un seul regard je me suis attaché  Je suis parti  Je suis au noir déjà J’ai peur de tomber Ma mère retourne-toi  Je tombe sous l’île sous le sol La force me tire vers l’avant Je perds mes miroirs  La peau je la harcèle je m’y répands  Briser briser Questionner quoi Lait d’ânesse perdre les amis d’enfance  Saisir ce moment de perte  Sec  Faveur  Envolée d’oiseaux quand je fais marcher les dunes  Plume toile, la belle verte J’aimerais passer devant un miroir sans me regarder Me creuser  Corps armoire à vider Réceptacle Vide  Récurer poli Le vent souffle trop haut  La vie est là même partout à quelques soleils près  On peut se mourir Les valises s’attachent au corps  Mon visage est une pente qui avance  La descente  Je vais vers vous  N’oublie pas que les chouettes sont des pandas  Et les tongs des marchmok  C’est la fin du monde J’étais en coup de fouet J’ai câliné et j’ai récupéré un sac dans une cheminée avec mon pied Tout le monde m’a acclamé et a eu envie de perdre d’autre choses pour vivre des aventures   Problème personne ne savait que perdre Comme bien souvent Je me suis juste approché  D’immense babines j’imagine  Au rêve la vérité, intenable Nous ne sommes pas fait pour elle Tête renversée au puit  Je te tenais Ton souffle  Embrasser les yeux au revoir  Zéphyr  Étais-tu le pacifique ? Oui, je bouillonnais du mauvais côté de la violence  Homme Excrémentiel  Démence Outrecuidant  Chercher la production  De rebuts  Je me suis imaginé crier à toi sur le chemin Je suis différent Mais sincèrement, je pense à toi Les oreilles du lapin pendent Lit de fleurs souris morte sous couverture  Je ressemble que je lèche des prisons  Naître ou neiger  Exploration des domaines du non Les cocons sont et boyaux  J’ai mal  Écrire au doigt sur la peau  Les cieux  Nous y habitons  Casques  En famille  Prisonnier dans le ciel   Enchantés  Sans lianes  La fournaise est plus aisée le dimanche.
Rendre le profond : puis-je malmener ? La fin du hoquet pour embrasser, tu jouas.
Quelqu’un d’autre contrôle mon corps Après les épines se cacher 
J’aime pas les gens qui ne m’aiment pas car ils n’aiment pas la valeur des domaines en moi
Miroir et gens nous détestent Dire qu’on m’adore Oublier sympathie  Présent efface disparu ici Seule étoile ciel Bébé imaginaire femme  La mémoire m’est restée sur la peau  L’île qui efface quand on y arrive 
Tant de miroirs
Qui reviennent
Sans disparaître ici
Parce que personne ne pourrait juger ce désastre 
Percer la terre et aller au miroir
Mais j’ai juste touché son cou 
Œil mort cuit 
Il pleut de mes seins
Noeuds dans le ciel
Noeud d’étoiles 
Me piquent et remarque pas
Je cache pour perdre 
Je ne regarde pas qui prend mes affaires 
Tes mains dures
Ton cou accueille mon visage la courbe mon nez
Ta petitesse 
L’os 
Reçut le mal
Ta mélodie chantante 
La distance 
Ne pas savoir 
La solitude fait connaître 
Tu veux encore quoi ?
Toi, nous 
Choqué de ton corps 
Tu 
Secrets mémoire
Grenouilles
Décrochage
Double appel 
Raser d’amour 
J’essaye de ne pas mourir quand on me pose des questions
Un mur est-ce suffisant 
Dans la 
Nuit 
Roche colline 
Sœur 
Puisque les cœurs à droite explosent
Les gravites s’inversent 
Les corps s’emboîtent 
Je partirais.
Le sol se dérobe et se cache le ciel noir encore une fois 
Le même ciel 
Où vivre 
Maison si loin 
Comment ça va ?
Comme un fils
Tapis de bateau 
Femmes d’églises couleur d’océan
Huile 
J’ai mal je dors Groseille pétrole 
Noir
Sang de baleine 
Visage rasé 
Poisson homme
Je fais de ce que c’est
Et j’accentue ce qui est déjà 
Commando camarade
Endurer la valeur 
De ce que vous faites 
Mort est la seule chose qui n’arrive pas 
J’ai crée ma peau
On m’appelle la peau
Je l’ai créée
Chemin de la ronde
Je sors les filets blancs de ma peau 
Miroir lieu de pensée et d’éclatement
Inspecter
Jusqu’au bout 
Tout 
Renouveler 
Comme l’odeur que je cherche en moi
Tout le nié  Me retourne comme une autre gravité.
Comme une épée abandonnée sur le champ de la bataille.
Le silence entre les encoches du mur, le vent s’y engouffre, j’entends, la marque la nuit nous descendons sans moteur.
Je suis pendu et je figure une dernière photographie, au loin.
Brûlure
au ventre sans ta chemise de cimetière
car nous t’avons planté autre mère
je t’ai tenu à l’envers
tu as vomi dans le froid
Et c’est la nuit 
Inodore comme la main éloignée de mon corps 
Qui appelle 
Pied qui tient une branche la nuit
Tronc gris apporté par l’eau 
Yeux qui explosent 
Frotter frotter 
Ralentir 
Le noir 
Exploser
Tête 
Enfermée ici en réalité 
La forêt interdite 
Maison où part le chemin d’elle
Qui étais-tu 
Morte qui me sauva 
Je me vois construire ma tour
Protégé par une armure blanche 
La tour des couteaux 
Croire que l’on a invité sans le faire ce n’est pas aisé 
je ne me souviens pas de t’avoir connu
moi qui pleure une fois la perte et deviens
Maître pour insecte des gorges
Recueil d’inventions 
Je t’attends sur cette montagne, nous nous sommes perdus dans la nuit, ils ne voulaient nous indiquer la route à prendre.
Je suis à toi ce que l’apnée est à la mer 
Esquisser la danse
Un pied sans veine et un pied avec.
Le silence et l’emploi
Je n’aime pas parler 
Et je ne veux pas
Rêve d’enfance chateau au château l’enfance 
le meilleur ami croit à l’amour et veut se venger d’amour
avec son garde gros
il éparpille mes cendres mes valises
je ne vous aimais pas
mais comment vous perdre
L’ami d’enfance
les amis d’enfance
partis
quittés
soulevés
à la mort
Je ne t’aimais pas, mais je voulais te garder
Quand je monte j’ai peur 
La crainte de découvrir les ponts 
De regarder la surface
Les étoiles se reflètent à ta peau 
Tu es du passé 
Seigneur tu me secoues 
Tu déplaces mon corps 
Dans la zone 
Amoureuse du sable
Posé sur un plateau, sans le savoir
Est-ce une hauteur ? Si vous y êtes né.
Mère fais-moi oublier le soleil 
Diable sous marin 
Le vertige inversée 
L’explosion de l’attachement du soleil 
Espèce de catapulte, cheval sur la plage
Alex Léon moi toi Sandra Pat Younès Miguel Antoine Cléo Corvus pour m’alourdir
Que fait cette cicatrice à ma chair et sur ma chair
les mains nus du garage s’enlève au tartre des dents
avec l’ongle
géant soldat rose
quand abandonné 
sur la mer je suis seul
Soeur perd cheveux et garçon tombe enceinte
Le soleil a disparu couchant en face 
La nuit capuche à rabattre 
Et la profondeur sous moi
Qui creuse encore les galleries 
Tu me demandes de t’embrasser, je le fais dans les feuilles, descendant de l’arbre
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cequilaimait · 7 years
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Les chroniques mélancoliques d’une année de terminale – 2. Le premier mois de terminale – Souvenirs d’Alex
« Gaby, ils sont où tes cookies ? »
La main agrippée à sa bouche, son nez et son menton, l’artiste souffla avec lourdeur. Un Kilian pour poser chez lui le mercredi après-midi, ce n’était pas prévu. Un Kilian le cul à l’air dans le salon à la recherche d’un truc à grignoter plutôt que de sagement s'allonger sur le clic-clac de son petit atelier, c’était fatiguant. Un Kilian qui en plus grognait, là, c’était carrément éreintant. Le châtain ne put s’empêcher d’élever la voix :
« RHA, COUCHÉ LE BLOND ! Arrête de tout dévaliser et de te promener comme ça chez moi, tu fais peur au chat ! Et il est sensible mon chat ! Depuis que j’ai voulu l’utiliser dans une œuvre à base de scotch et de peinture, il est tout stressé ! Et te voir déambuler comme ça le zgeg à l’air, bah il supporte pas ! Et après, quand il ne supporte pas quelque chose, il dégueule partout ! Et si ma mère découvre dans son vomi que je lui ai filé des marshmallows en plus de sa pâtée pour voir s’il aimait, j’vais encore me faire engueuler ! »
À genoux devant un placard, une boite de ses biscuits préférés dans la main, Kilian dévisagea lentement Gabriel de ses yeux humides et de ses lèvres tremblotantes puis, d’un air provocant, se fourra doucement trois gâteaux au fond du bec. Lui, il n’en avait rien à foutre du chat. Il s’était encore engueulé avec Aaron, comme à chaque fois qu’ils ne passaient pas leur temps à se dire qu’ils s’aimaient et à se faire des câlins. Ce qui le rendait très malheureux et justifiait parfaitement qu’il avance sa séance de pose traditionnelle du jeudi soir au mercredi après-midi. Même si du coup, il avait un peu pris la décision tout seul. En même temps, c’était pratique : Aaron habitait à moins de cinq minutes à pieds du petit duplex de l’artiste, à quatre cent mètres à peine. Une distance commode pour bouder, ce qui restait – encore heureux – une de ses spécialités.
Les cours avaient repris depuis quinze jours et quelques. La terminale avait commencé très fort, avec nombre de devoirs et d’interros déjà programmées. Kilian avait eu du mal à s’y remettre tout de suite. Ses petites habitudes de première avaient été bien chamboulées. Aaron ne rentrait plus tous les soirs à la maison pour lui préparer de bons petits plats en grattant sa tête de blondinet. L’organisation qui semblait se dessiner était de rester une bonne partie de la semaine dans l’appart du père du brunet, par commodité, et de profiter du week-end à la maison, pour flâner dans le jardin et faire l’amour dans la chambre, quand ce n’était pas le contraire.
Kilian n’aimait pas trop ce nouveau quotidien. Certes, le logement de Gérard était moderne et pratique. Situé au troisième étage d’un petit immeuble, il venait d’être refait à neuf. Les murs blancs respiraient la propreté, l’espace était lumineux et aéré, un piano noir trônait au milieu du salon et Aaron avait droit à un lit « King Size » particulièrement confortable pour le dos et les genoux. C’était d’ailleurs le détail qui avait fini par convaincre Kilian de rester en ces lieux aussi souvent. Ce qui le faisait chier, par contre, c’était l’impression de ne pas être chez lui et de ne pas pouvoir faire ce qu’il voulait, pour ne pas abuser de l’hospitalité de Gérard. Aaron lui avait interdit de se balader à poil et de crier trop fort pendant les câlins pour ne pas gêner les voisins ! Du coup, lorsqu’il voulait laisser son corps respirer, il était obligé d’aller chez Gaby ! Qui habitait juste à côté. Donc ça allait, même si le châtain était chagriné de ne pas avoir été un peu plus consulté.
En fait, le vrai problème, c’était les chiens, et cela avait causé une micro-dispute dès le premier jour.
« Attends chouchou, t’es gentil, mais on peut pas séparer Mistou et Pata ! Ils vont être trop malheureux, ils s’aiment comme des frères ! Même que des fois, j’les ai vu grignoter le même nonos ! Nan, j’veux pas ! »
La véritable raison qui se cachait derrière ce caprice, c’était surtout que Kilian avait peur de laisser son animal de compagnie trop souvent seul, maintenant que Cédric était parti s’installer avec Sandra et que François s’était remis à travailler durement pour subvenir aux besoins de toute la famille.
Finalement, Gérard avait consenti à ce que le Golden Retriever puisse suivre son jeune maître, même si deux chiens dans un appart semblaient être une assez mauvaise idée. Et Kilian avait dû trouver une autre raison de râler.
« Nan mais t’entends ça Gaby ? Sérieusement ? Môssieur Aaron ne veut pas écrire de suite à son roman cette année ! Comme quoi il serait trop occupé par ses études ! Lui qui a toujours eu les meilleures notes sans avoir besoin de réfléchir ? Je rêve ! Nan mais attends, j’vais lire quoi, du coup ? Des mangas ? »
En réalité, ce n’était pas tant sa moyenne que son avenir qui obsédait le brunet. Il avait promis à sa mère, avant son départ, qu’il aurait la mention très bien – une formalité à ses yeux – mais aussi qu’il réussirait son concours pour intégrer Sciences-po, à Paris. Et là, il doutait déjà un peu plus. Les épreuves étaient réputées pour être particulièrement compliquées. Le fait d’être inscrit en S – cela avait été un choix pour s’assurer de finir dans la même classe que son bien-aimé crétin – ne l’aidait pas. Il hésitait encore entre choisir l’épreuve de littérature et philosophie, celle qui lui plaisait le plus, ou celle de mathématiques, plus en adéquation avec son programme. Restait de toutes manières qu’il fallait travailler durement l’histoire et les langues s’il voulait avoir une chance. Cela impliquait des sacrifices, mais il était prêt à les faire. En plus des devoirs pour le lycée, il s’astreignait à une à deux heures de révisions par soir plus une épreuve blanche chaque week-end. Du coup, sa passion pour l’écriture passait après, d’autant plus que son roman était terminé et qu’il n’avait pas assez d’idées pour lui donner une suite pour le moment. Ce qui avait rendu Kilian furieux.
Se dandinant sur le clic-clac de Gabriel en chopant tour à tour un biscuit et son verre de lait, il était intenable, ce qui avait tendance à passablement énerver l’artiste qui avait du coup bien du mal à se concentrer sur son œuvre du jour. Il voulait progresser en aquarelle. Maîtriser le flou demandait une concentration encore plus grande que la précision requise pour un dessin au crayon. Et lorsque Kilian renversa trois lichettes de lait sur les draps, ce fut la goutte qui fit déborder le verre :
« MAIS ARRÊTE DE BOUGER, PUTAIN ! C’est pas possible ! Non seulement tu débarques en plein milieu d’aprem sans me demander mon autorisation et tu me coupes dans mon violon, mais en plus tu vides mes placards et tu m’empêches de bosser en gesticulant comme un môme ! Et je sais pour Aaron, il a raison de penser à son avenir un peu ! Moi aussi je pense au mien ! J’veux me réaliser un book du tonnerre pour pouvoir être pris aux beaux-arts de Paris, et je comptais bien sur ton cul pour y arriver ! Alors allonge-toi sur le ventre, lève-le et grogne douuuuuucement sans faire trop de bruit ! Merci ! »
Coupé dans son élan, le blondinet fronça des sourcils et gonfla sa lèvre inférieure, dans l’espoir de faire culpabiliser celui qui le sermonnait. Constatant son échec, il se résolut à obéir et s’avachit sur son nombril, comme demandé. Il aimait bien son corps, et il adorait poser pour Gabriel. Depuis la seconde, c’était devenu sa récréation, un véritable moment de respiration. Il adorait contracter ses muscles et les faire se relâcher dans des positions parfois douces, parfois complétement extravagantes. Il aimait le lui de dix-sept ans, encore plus que celui de quatorze. Sa peau refusait toujours de se couvrir de poils, à l’exception d’une certaine zone. L’escrime l’avait construit et affiné tout au long de sa croissance. Des petits abdos, des doux biceps, de belles cuisses, mais aucun muscle proéminant et vulgaire. Son artiste personnel arrivait toujours à magnifier ses courbes. Il en était le premier fan. Il le lui aurait encore bien dit, là, d’ailleurs, s’il n’avait pas été trop occupé à se remémorer les quelques faits depuis la rentrée qui l’avaient à ce point énervé. Cette histoire de roman qui ne connaîtrait pas de suite l’avait bien chagriné. C’était quand même qu’il en était le héros, et que l’humour de son mec – toujours à son détriment – le faisait rire comme un fou. Tout juste avait-il obtenu de son brun qu’il écrive quelques nouvelles quand il aurait le temps. C’était d’ailleurs à ce sujet qu’ils s’étaient bouffé le nez en rentrant du lycée ce midi-là. Kilian s’était montré un peu lourd en voulant pousser certaines de ces idées, et Aaron un peu sec en retour. À décharge de cette froideur, une semaine qui ne s’était pas forcément très bien passé.
La faute en partie à un prof de maths assez caricatural. Monsieur Lacouture était de la vieille époque, avec ses petites lunettes, son bouc et ses dents jaunes bouffées par le tabac, qui avait en plus le malheur de lui donner mauvaise haleine. Un très bon prof, d’après ses collègues, ce qui avait justifié qu’on lui donne la responsabilité des terminales S. Un homme détestable, pour les élèves, qui ne le supportaient jamais. En cause, sa tendance à infantiliser un maximum les apprenants. Sa lubie ? Toujours fermer la fenêtre en arrivant, au cas où un jeune avait la mauvaise idée de passer par la fenêtre rien que pour lui causer des ennuis, même au rez-de-chaussée. Son plaisir coupable ? Les interrogations surprises, qui à la fin n’en était plus vraiment. Sa vanne préférée ? Traiter ceux qu’il avait en face de lui de fifilles et de garçonnets, et leur rappeler qu’en terme de travail, ils étaient pires que des fonctionnaires, surtout ceux qui se laissait aller à des mouvements de gorge disgracieux indiquant leur fatigue et leur ennui. Cela n’avait pas manqué de faire rugir Aaron. Le brunet s’était allé à une remarque pleine de bon sens qui avait jeté un froid sur la classe :
« Monsieur, vous êtes fonctionnaire. »
La cruelle vérité avait quelque peu énervé le vieil homme. Lui, il voulait avant tout parler des agents de la poste, de ceux des impôts ou du rectorat, qu’il détestait particulièrement pour avoir mis autant de temps avant de lui accorder son agrégation au titre de ses compétences et de sa carrière. Sa colère fit vibrer les murs, mais décoiffa à peine le brunet qui se permit même de surenchérir :
« Monsieur, je comprends très bien, mais on perd du temps là. C’est les impôts de nos parents quand même, et moi, j’ai un concours à préparer. Donc si on pouvait avancer dans le programme, ça me rendrait service. Et vous en faites pas pour le blond qui baille, je lui réexpliquerais tout à la maison. Les fessées l’aide à retenir. »
Gêné, Kilian s’était arrêté d’un seul coup dans son élan, puis avait jeté un regard des plus mauvais à Cléo et à Jérôme – le délégué de classe – qui s’étaient écroulés de rire sur leurs paillasses à trois tables de lui. Même si toute la terminale – bien au courant de sa vie intime – s’était esclaffée, c’étaient surtout à ces deux-là qu’il en voulait. Les copains, normalement, c’était fait pour le soutenir, pas pour en rajouter une couche. Et puis, est-ce que c’était sa faute à lui si ce que disait Aaron était vrai ? C’était comme ça qu’il avait retenu les dates d’écriture de tous les textes qu’il avait présenté à l’oral de français !
Envoyé de force devant le CPE avec son petit copain pour y recevoir une remontrance réglementaire, Kilian avait piqué une petite crise. Il en avait marre que l’insolence d’Aaron lui retombe encore dessus ! D’autant plus qu’il aimait beaucoup les maths et qu’il avait baillé parce qu’il s’ennuyait car c’était trop simple ! Là, il venait de se faire une mauvaise réputation complétement injustifiée. Haussant les épaules, Aaron soupira simplement. Réflexe de brun. S’il ne se frittait pas au moins avec un prof chaque année, cela lui faisait comme une sorte de vide. Et puis, il avait une réputation de petit con insolent et insoumis à tenir. Ses camarades n’auraient pas compris.
Du coup, Kilian avait boudé tout le reste de la matinée. Preuve de sa mauvaise humeur, il s’était collé à Cléo pendant le TP de Chimie, se permettant même quelques gestes et insinuations déplacées.
« Attends, mais il est en couple avec Camille, Cléo, non ? Si tu cherches à lui piquer son mec, Cam va t’étrangler ! Et puis, faudrait qu’Aaron soit d’accord… »
Bien que concentré sur son dessin, Gabriel n’avait pas manqué une miette du récit de son modèle. S’il avait bien un regret dans sa vie, c’était de ne jamais avoir été dans la même classe que Kilian et Aaron. Le blond, il l’avait pratiqué en sixième, cinquième et seconde, mais le brun, pas une seule fois ! Vu comment le premier avait déclenché ses plus folles crises de rire, il n’osait pas imaginer ce que cela aurait été avec les deux en même temps. Forcément, quand on lui racontait, il écoutait. Se reprenant, Kilian grommela de plus belle. Cela avait justement été le sujet de la plus grosse dispute du jour, celle-là même qui l’avait poussé à fuguer pour l’après-midi en levant le front.
« Bah si… et alors ? C’est pas une raison ! Moi j’le trouve canon, Cléo… »
Le petit panda maigrichon était en effet particulièrement mignon, avec sa peau claire, ses fins cheveux noirs, ses lèvres parfaitement dessinées et son sourire ravageur. Maintenant qu’il s’entendait bien avec, Kilian avait du mal à croire qu’ils avaient passé une partie de la première à se faire la guerre. Enfin, lil regrettait surtout de ne pas avoir cédé à ses avances déplacées au moment où il le pouvait. Maintenant, c’était trop tard. À moins de prévoir un plan à plusieurs, ce dont il n’était pas contre. Au contraire, même.
La seule fois où il avait essayé à trois, c’était justement avec Camille, au printemps dernier. Aaron avait accepté. Cela avait été génial et Kilian était persuadé que c’était grâce à ça que Cam s’était décoincé et avait fini dans les bras de Cléo. Du coup, il n’était pas du tout contre l’idée de recommencer, si son brun le voulait bien. Ou plutôt, il le désirait assez fortement. Ce n’étaient pas les beaux garçons qui manquaient, et il avait clairement peur de s’ennuyer sans un petit grain de folie. Il fallait aussi avouer que la perspective d’avoir déjà plus ou moins fait le tour de sa sexualité avec Aaron, alors qu’il se destinait à passer sa vie avec, n’était pas reluisante. Fidèle, il l’était, sans aucun problème. Mais être condamné à faire toujours la même chose avec le même mec, cela le faisait moins vibrer que lorsqu’il avait encore tout à apprendre. La maturité, sans doute, s’était accompagnée de nouvelles envies.
Pour le coup, le brunet s’était montré compréhensif. Il était capable de faire la différence entre la passion et le cul, même s’il trouvait que les deux allaient particulièrement bien ensemble. Lui-même en avait parfois envie et tout ce qu’il pouvait faire de nouveau avec son partenaire de cœur l’intéressait, même si cela impliquait de nouvelles inconnues dans l’équation. Tant qu’ils étaient toujours tous les deux associés et ne se montraient pas volage l’un dans le dos de l’autre, il était d’accord pour tenter de nouvelles expériences. Il n’avait qu’une seule exigence : avoir le dernier mot sur les heureux élus qui partageraient pour un soir leur couche commune. Et c’était ce que Kilian n’avait pas supporté. Lui, il voulait proposer au plus vite un truc un peu fou à quatre avec Camille et Cléo. Il était sûr qu’ils accepteraient. Ils étaient les quatre du lycée à avoir le plus revendiqué leur sexualité déviante, s’entendaient bien et se plaisaient à tous ! C’était juste un moment de fun à partager ! Le midi, devant ses pâtes de la veille repassées au micro-ondes, le brunet se montra timoré. Avec Camille, il était d’accord, même si recommencer avait un petit goût de réchauffé. Et comme le prouvait le plat qu’il avait servi à son blondi-niais, réchauffé, c’était toujours moins bon. Quant à l’idée d’impliquer Cléo, là, il était plus que tiède. Même s’ils s’entendaient bien à présent, leur relation avait été conflictuelle, et Aaron ne voulait pas repenser à certaines choses qui s’étaient passées entre eux. Se retrouver à nouveau à poil l’un en face de l’autre ne pouvait que provoquer un malaise dont ils se passeraient volontiers l’un et l’autre. Bref, Aaron était d’accord pour répondre positivement à ce qui semblait être la nouvelle lubie de son petit ami, à condition que celui-ci lui propose des profils qui l’intéressent et le laisse décider à la fin. Se sentant dépossédé de son propre fantasme, et frustré de ne pas avoir son mot à dire, Kilian n’avait même pas saucé son assiette et s’en était allé en claquant la porte en direction de chez Gabriel, son sac d’escrime sur le dos afin de ne pas avoir à repasser à l’appartement au moment d’aller entraîner les jeunes, le soir.
« Donc comme ça, on fantasme sur mon frère ? »
Grommelant le nez collé aux draps, Kilian n’avait pas entendu ni vu Cléa entrer dans le petit duplex de Gabriel, ni se faufiler jusqu’à la pièce qui lui servait d’atelier. Amusée par la situation et ce qu’elle avait capté de la discussion, la jeune femme embrassa son artiste de petit ami sur les lèvres, puis s’approcha de la table-basse à côté du clic-clac, se saisit d’un cookie, le trempa dans le verre de lait du blondinet et croqua enfin dedans sans même prêter attention à la nudité du modèle. Le laissant pantois la bouche ouverte, elle s’en alla comme elle était arrivée en rappelant à Gabriel qu’ils devaient passer la soirée ensemble, que c’était à lui de payer le mac do et qu’elle lui avait ramené un sac de caleçon qu’elle avait posé dans l’entrée.
Choqué par cette scène, Kilian se dressa à genoux sur ses deux poings et s’exclama d’une voix aigüe :
« Mais… Elle m’a piqué mon cookie… Gaby… Elle… Elle m’a piqué mon cookie ! Et tu dis rien ? Mon cookie, quoi… »
Levant les yeux au ciel, l’artiste soupira de plus belle. C’étaient SES cookies à la base, même s’il demandait toujours à sa mère de les prendre « tout chocolat » car c’étaient ceux que Kilian préférait. Pour le reste, depuis qu’il avait filé un jeu de clé à Cléa, il s’était habitué à ce qu’elle débarque à l’improviste pour poser ou chercher quelque chose, ce qui était loin de lui déplaire. À la différence d’un insupportable blondinet qui avait encore bougé et qui chialait sur un biscuit.
« Rho et puis merde ! C’est foutu pour l’aquarelle. Bon dessin express au fusain : Fais-moi 10 minutes de gainage, ça t’apprendra à me faire chier ! »
Docile comme à chaque fois que Gabriel élevait la voix pour lui donner un ordre, Kilian s’exécuta sans même penser à la ramener. De toute façon, il restait encore plein de gâteaux en bas, il les avait vu tout à l’heure pendant sa chasse au trésor. Enfin… observant l’heure sur la pendule accrochée au mur, l’adolescent sursauta. Cela faisait déjà plus de deux heures qu’il était là ! S’il ne se bougeait pas rapidement, il y avait de fortes chances pour qu’il arrive en retard à la salle d’armes.
Se rhabillant en vitesse, l’adolescent attrapa le reste du paquet et salua son hôte en lui souhaitant d’un clin d’œil une très très bonne soirée, puis dévala les marches de l’escalier quatre à quatre.
Son titre de champion de France de fleuret dans sa catégorie d’âge n’avait pas changé grand-chose dans sa vie de blondinet. À l’entraînement, Jipé était toujours aussi sévère avec lui, pour l’empêcher de se relâcher, ce qui ne lui déplaisait pas. Il aimait qu’on s’occupe de lui et qu’on le dirige, que cela soit le fait de son coach, de son mec ou de Gabriel qui avait encore du mal à ne pas le traiter comme un gros bébé pendant leurs séances. C’était surtout le regard des autres membres du club qui avait changé. Il était rentré dans une autre dimension. Les camarades de sa génération étaient tous très loin derrière. Les adultes avaient peur de l’affronter et de se ridiculiser. Les jeunes l’admiraient comme jamais. Ça, il l’avait bien vu aux yeux pétillants d’Alex et de Benjamin lorsqu’il leur avait montré sa médaille.
Ces deux-là, il les adorait. Le premier car il était talentueux et attentionné et parce qu’il lui ressemblait. Le deuxième parce qu’il était son protégé à lui, son petit élève à qui il donnait des cours depuis l’année dernière et qu’il avait motivé à se mettre à son sport. Kilian avait l’impression d’être devenu une sorte de mentor. Il trouvait normal, donc, de les entraîner, en essayant de toujours rendre l’escrime ludique et amusante. C’était sa petite joie à lui de la fin du mercredi après-midi, avant de passer aux choses sérieuses. Le soir, il restait souvent tard avec Jipé pour se préparer pour sa prochaine compétition qui aurait lieu à l’automne. Ses deux principaux rivaux avaient réclamé une revanche. Du coup, il était bien décidé à leur accorder le droit de perdre à nouveau contre lui !
« Mais qu’est-ce qu’il est arrogant notre champion ! T’as vu ça Alex ? C’est dingue ! »
Assis en tailleur l’un à côté de l’autre, Benjamin et son meilleur ami avaient observé Kilian présenter quelques mouvements en se faisant mousser une fois de plus sur son exploit de l’été, ce qui avait tendance à fortement les amuser. Un peu vexé, le champion les défia l’un après l’autre devant tous les autres jeunes, dans l’espoir de leur faire regretter leurs moqueries. Le résultat fut en demi-teinte. Il ne gagna que quinze touches à deux et quinze touches à trois. Bref, il les écrasa, mais moins sévèrement que prévu, ce qui permis aux deux jeunes concernés de se dandiner fièrement devant toute l’assistance en se tapant dans les mains.
« On a foutu des touches au champion, on a foutu des touches au champion ! »
Chiffonné, Kilian envoya la jeune génération faire des exercices, le temps qu’il finisse de bouder dans son coin. S’en amusant, Alex et Benjamin vinrent le provoquer en s’asseyant à côté de lui pour lui demander ce qui n’allait pas, espérant le voir s’énerver sur ses quelques rares erreurs fleuret à la main. Il n’en fut rien. Perdu dans ses pensées, le blondinet répondit avec une certaine honnêteté sur ce qui le perturbait vraiment, à savoir sa dispute avec Aaron, et son désir de voir sa sexualité évoluer dans le bon sens. Ne voulant pas en entendre plus, Benjamin se boucha les oreilles et ferma les yeux, puis courut en direction des autres en beuglant un son inaudible afin de mieux couvrir la voix de son ainé. Alex, lui, ne bougea pas. Le jeune élève de cinquième n’avait pas l’habitude qu’on lui parle de ces choses-là. Et pourtant, le sujet l’intéressait, et ce d’autant plus qu’il en avait gros sur la patate. Regardant Benjamin s’éloigner en écoutant les élucubrations de Kilian quant à sa vie intime, il ne put s’empêcher de laisser une larme couler sur sa paupière jusqu’à se fondre dans son sourire. Une question lui brulait les lèvres depuis plusieurs mois. Il ne l’avait jamais posée au lycéen, faute d’en avoir eu l’occasion. Peut-être que là, il pouvait. Sans trop y réfléchir, il laissa les mots s’envoler de sa bouche :
« Dis Kil, je… euh… C’est quand que tu as compris, pour toi et Aaron ? J’veux dire… Quand tu as réalisé que… t’étais amoureux de lui… enfin, des garçons quoi… »
Étonné, Kilian secoua la tête. Il ne s’attendait pas à ce qu’Alex lui demande ça, mais dans le fond, ce n’était pas si surprenant. S’il y avait bien un point sur lequel ils se ressemblaient, c’était celui-là. Gabriel l’avait compris le premier. Alex avait fini par tout avouer. Même à Benjamin. Puis plus personne n’avait jugé utile d’en reparler. La voix douce du blondinet s’échappa de sa gorge.
« Quand il m’a embrassé pour la première fois, je crois, juste avant la troisième. Enfin, je sais pas. C’était méchant de sa part, il l’a fait sans me demander mon avis et il m’a laissé en plan comme ça, tout seul avec mes questions. Je lui en ai voulu. À l’époque, je crois que j’étais surtout en colère. Je crois que ce n’est qu’après que j’ai pigé pourquoi je l’étais… »
Compréhensif, Alex remercia son interlocuteur, puis lui posa quelques autres questions. Ce genre de discussion le passionnait, même si Kilian faisait très attention à ce qu’il lui répondait, eu égard de son jeune âge. Il ne fallait quand même pas le choquer ! Cela ne semblait pas près d’arriver. Alex était particulièrement mature sur la question pour un élève de cinquième. C’était même bluffant. Au bout du compte, le lycéen ne put s’empêcher de se montrer curieux à son tour :
« Et toi, Alexou, comment t’as pigé pour ton compte ? Parce que moi, à ton âge, j’te jure, j’me posais même pas la question ! »
Rougissant d’un seul coup comme une tomate, le collégien baissa la tête. Il n’était pas vraiment fier. Pourtant, il n’avait aucune réelle raison d’avoir honte. Et ce n’était pas tous les jours qu’il avait la chance d’avoir sous la main une sorte de grand frère à qui se confier. Alors, tout doucement, il se mit à raconter ce qu’il avait sur le cœur et surtout dans la tête, laissant un Kilian impassible l’écouter, le regard fuyant vers le fond de la salle.
*****
Les dessins animés du mercredi matin. S’il y avait bien quelque chose qui manqua à Alex lors de son entrée au collège, ce fut clairement les dessins animés du mercredi matin. Grandir avait des inconvénients qu’il n’avait pas du tout imaginé au moment de quitter le CM2. Celui de se lever le mercredi matin en était un des principaux. Pour lui, cette journée était sacrée, comme nulle autre. Grasse mat jusqu’à dix heures, puis télé, déjeuner et sport l’après-midi. Il s’était inscrit à l’escrime en CE2 et n’était pas mauvais du tout. Certains considéraient même qu’il avait de l’avenir. Lui aussi. Il était persuadé à l’époque qu’il arriverait un jour à concurrencer ce collégien aux cheveux blonds dont tout le club parlait tout le temps. Il lui fallut plusieurs mois avant d’avoir la chance de lui adresser la parole. Kilian était un modèle d’abnégation. Un petit prodige qui avait progressé à une vitesse incroyable et qui figurait dans les meilleurs du département et de la région. Un jeune garçon gentil et passionné qui essayait de toujours sourire, même quand il n’en avait pas envie, et qui boudait à chaque défaite pendant une à deux minutes avant de se remettre en selle pour le match suivant comme si de rien n’était.
Il avait fallu attendre la fin du CM2 pour qu’Alex s’impose parmi les meilleurs de sa tranche d’âge. Son objectif en sixième était de percer au dehors du club, tout en ramenant de bonnes notes à la maison, histoire de contenter un père et une mère qui l’aimaient de tout leur cœur, lui, leur petit fils unique et chéri.
Le collège… Sans l’adorer, le jeune pré-adolescent ne le détestait pas. Changer de professeur toutes les heures était un plaisir : on perdait à chaque fois du temps, on s’aérait l’esprit et, surtout, on évitait le risque de tomber sur une méchante personne et de se la coltiner pendant toute l’année. Même la cantine semblait meilleure. Il y avait plus de frites.
Non, le problème, c’était surtout les dessins animés, et les autres. Alex avait l’impression qu’on lui avait demandé de grandir d’un seul coup, alors que tous les adultes le traitaient encore comme un bébé. Dans la cour de récréation, avant, il adorait jouer à chat. Lui et ses copains avaient même créé une nouvelle variante, nommé dragon bleu. C’était lié au fait que son blouson préféré était toujours de cette teinte, et qu’il courrait plus vite que les autres. Du coup, tout le monde avait convenu que cela serait plus drôle si c’était à lui de courser ses camarades, pour les enfermer dans son donjon sous le préau. En réalité une simple zone carrée délimitée par quelques vêtements. Alex était plutôt maigrelet et sportif, et il adorait se mettre en avant. Ce jeu lui convenait parfaitement et avoir provoqué certains de ses plus grands moments de joie. En tout cas, il avait en souvenir certaines parties épiques qui s’étaient terminées en bagarre généralisée. C’étaient toujours les meilleures.
Sauf qu’une fois arrivée en sixième, il avait dû se rendre à l’évidence. Une grande partie de ses meilleurs copains avaient fini dans un autre collège que le sien. Tout était nouveau, l’environnement, les gens, les mentalités, et plus personne ne voulait jouer avec lui au dragon bleu.
« Un jeu de gamin », « putain mais t’es un bébé », « traînez pas avec lui, c’est un demeuré » furent les remarques les plus aigres qu’il se prit la première semaine, avant de se mettre au foot comme les autres et d’arracher le respect de ses coreligionnaires en inscrivant quelques buts impossibles à arrêter.
C’était ça, le collège. Un monde de grands où des gosses voulaient jouer aux adultes en se comportant comme des mômes. Alex s’y fit très rapidement. Il n’avait de toutes manières plus l’âge pour les dessins animés du mercredi matin. Ce n’était pas ce qui intéressait ses camarades. Ce n’était pas de ça dont ils parlaient entre eux dans la cour quand il pleuvait. Pour être dans le coup, il fallait absolument avoir terminé le dernier GTA. Pour être dans le groupe, il fallait se connecter le soir sur Call of pour se faire une petite partie. Pour être respecté, il fallait laisser ses yeux visiter des sites de streaming où les mineurs n’étaient pas les bienvenus. Alex n’avait pas de console, mais il avait reçu un ordinateur pour son anniversaire. Ses parents lui faisaient assez confiance pour ne pas l’embêter avec un contrôle parental. Jamais il ne les avait considérés comme aussi stupide. Filer le net à un élève de sixième, c’était aussi dangereux et irresponsable que de confier les codes de l’arme nucléaire à un homme politique.
Bah… il ne pouvait pas être tenu pour responsable de la décadence de la société, lui qui n’en était que le fruit. Et ses camarades se montrait vraiment insistant. « Si à onze ans, t’as pas encore réalisé ta première branlette, c’est que tu as raté ta vie ! » C’était ridicule, mais Alex se sentait trop jeune pour être déjà un raté. Il voulait être respecté des autres, et surtout des trois abrutis qui passaient leur temps à parler de cul pour choquer les filles et pour se persuader eux même qu’ils étaient bien plus grands, intelligents et matures que la masse. Il fallait bien avouer, aussi, que s’ils voulaient démontrer quoi que ce soit à ce propos, ils avaient plutôt intérêt à jouer de la provoc que de compter sur leurs notes. Alex voulait leur rabattre leur caquet une bonne fois pour toute et leur prouver que lui aussi, il était capable de s’astiquer, même s’il n’en avait pas particulièrement envie.
Sa première excursion dans ce monde eut lieu un mercredi après-midi. C’était tout un symbole. Comme le soleil poursuivait sa route dans le ciel au cours de la journée, lui passait de l’enfance à un stade assez indéterminé coincé entre l’imbécilité et l’âge adulte. C’était abandonner les dessins animés du matin pour découvrir autre chose. Le tout premier contact fut douloureux. Il se rendit compte à contrecœur qu’il y avait des concepts qu’il n’avait pas bien compris, lui qui avait naïvement toujours cru que cela se faisait normalement à deux… Ce n’était pas sa seule erreur. Personne ne lui avait expliqué qu’il fallait être violent et cracher dans la bouche de sa partenaire. Il trouvait même cela plutôt étrange et pas forcément utile, mais c’était quand même la vidéo dont tout le monde parlait au collège, celle qu’il fallait absolument avoir vu pour être « in ». Sauf que de son côté, laissant les images défiler sous ses yeux, Alex se sentait complétement « out ». Rien ne se passait. Enfin si, quand même. Certaines choses avaient durci. Ça, c’était normal. Cela lui était déjà arrivé sans qu’il ne fasse gaffe. Mais voilà. Pas de quoi fouetter un chat ni se fatiguer le poignet. Enfin, parce qu’il fallait bien apprendre, il passa à la vidéo suivante, puis à la suivante, et ainsi de suite. De fil en aiguille, il découvrit des choses plutôt intéressantes et imprévues. Deux filles ensembles pouvaient très bien se passer de mec ! C’était une première révélation. Que deux mecs puissent se passer de filles, par contre…  Là, ça le choqua. Enfin, il savait que cela existait. On en voyait dans les films et les séries à la télé, et on en parlait de temps à temps à la télé, où des gens tours à tours venaient dire que c’était génial ou immonde, selon leur sensibilité personnelle. Mais comme ça, il devait bien avouer que c’était différent de tout ce qu’il avait pu imaginer, et à ses yeux plus intéressant que les autres clips qu’il venait de regarder.
Une interrogation lui traversa l’esprit. Il n’avait jamais fait gaffe, mais maintenant qu’il y pensait, au primaire, il ne trainait pas trop avec les filles. Elles le faisaient chier, à toujours chouiner et à ne jamais vouloir jouer avec les garçons. Les garçons… Ce qu’il préférait dans le dragon bleu, avec les copains, c’était quand il se jetait sur ses cibles pour les enlacer ! Une des règles qu’il avait inventées, c’était que pour capturer une proie, il était obligé de leur toucher le nombril ! Et donc du coup, de leur passer la main sur le ventre, sous le t-shirt. C’était ce qu’il préférait dans ce jeu, et tout le monde le pratiquait de bon cœur. Forcément, cela laissait une chance à ceux qui se faisait attraper de s’en sortir ! Il suffisait de beaucoup gesticuler. C’était très rigolo, surtout quand ça finissait en simili-bagarre.
Comme hypnotisé par son écran, Alex passa l’après-midi à enchaîner les scènes, avec toujours plus de mecs. Certains le dégoutaient, d’autres l’attiraient sans qu’il n’arrive à comprendre bien pourquoi. Et son caleçon le gênait. Enfin, tant qu’il était agrippé à ses cuisses, ce qui finit par ne plus être le cas. Puis, un peu fatigué et soulé, il s’arrêta. Rien ne pouvait sortir de bon de cette expérience. Rien ne pouvait sortir du tout. Il préférait quand même se mater un bon petit dessin animé. Il y en avait des sympas en début de soirée.
Le lendemain au collège, le jeune garçon ne put s’empêcher de parler de son expérience à quelques connaissances. Il voulait savoir s’ils avaient déjà ressenti ce genre de choses, ce qu’ils en pensaient, si tout était bien normal, et montrer que lui aussi était grand. Les horribles moqueries qu’il se prit en pleine figure le ramenèrent à une bien cruelle vérité. N’étaient normal que ceux qu’on acceptait comme tel. Lui ne ferait jamais parti du groupe, même s’il se branlait. Qu’il parle des vidéos de filles qu’il n’avait pas aimé ne servait à rien. Ce que les autres retinrent, c’étaient ses confessions, celles d’avoir vu deux garçons particulièrement cavaliers… mais pas avec ces dames. C’était trop tard. Il eut beau argumenter qu’il n’en avait vu qu’un court passage avant de zapper et qu’il n’avait pas aimé, le mal était fait. Tout le monde se moqua. Certains remirent même en cause sa virilité. Ceux-là en furent pour leur frais et finirent le nez ensanglanté. Alex n’était pas violent, en temps normal, mais il n’en restait pas moins un réel petit sportif, aux petits muscles solides et à l’égo chatouilleux. Fallait pas non plus trop l’emmerder. Le message passé, les esprits se calmèrent. Sa réaction énervée pour défendre son honneur avait beaucoup plus aux filles, qui commencèrent à lui tourner autour. Pas que cela lui plaisait, mais au moins, comme ça, on lui foutait la paix. L’aventure lui avait au moins fait passer l’envie de regarder certaines choses sur le net, et même d’y repenser.
Enfin… C’était ce qu’il aurait bien souhaité. Malheureusement, certaines images ont le pouvoir de marquer et s’effacent difficilement d’un esprit juvénile en plein questionnement. C’était le problème. Pas besoin d’allumer son ordinateur pour avoir certaines scènes en tête, surtout le soir, seul dans son lit. Alex se sentait piégé par son propre cerveau. Et cela ne lui déplaisait qu’à moitié.
Bien sûr, il aurait bien aimé pouvoir en parler avec quelqu’un, une sorte de grand frère. Il savait bien qu’à l’escrime, Kilian assumait certaines choses, depuis la troisième. Cela ne le rendait que plus admirable. Armé d’un fleuret comme dans la vie, le lycéen était un modèle. Le collégien essaya de s’en rapprocher un peu, profitant des moments où ils étaient en même temps à la salle d’armes pour l’observer et lui demander conseils. Kilian l’avait à la bonne. Mais pas moyen de trouver le courage d’en discuter. Alex garda ses interrogations pour lui. Jusqu’à ce que, quelques semaines après la rentrée, en novembre, le héros du club ne se ramène bras dessus dessous avec un jeune garçon timide et réservé aux yeux vairons et à l’air triste. Benjamin. En découvrant son visage, Alex sentit sa poitrine exploser. C’était étrange. Non, c’était simplement « ça ».
Prenant à cœur son rôle de disciple, il se jeta sur le nouveau pour l’aider à s’intégrer. Si son souhait premier avait été de plaire à Kilian, ses motivations s’adaptèrent très vite. Il voulait devenir ami avec cette étrange créature qui, derrière son silence, cachait une personnalité pétillante et pleine d’humour.
C’était la première fois qu’Alex ressentait quelque chose de tel pour un de ses semblables. La douceur de Benjamin le forçait à faire attention. Sa peine le perturbait. Ses absences à l’entrainement le déchiraient, comme s’il s’était fait un nouvel ami, avec ce petit quelque chose d’exceptionnel qui faisait toute la différence.
Le moment où Alex comprit pleinement, ce fut le soir où il ne pensa plus du tout aux images qu’il avait vues sur internet. Elles avaient été remplacées dans son esprit par autre chose, par un sourire et des iris colorés. Cela s’était fait naturellement. Peu de choses en étaient ressorties. Le collégien était encore trop jeune pour connaître la moindre explosion, mais il s’en fichait. L’essentiel était là. Il le savait. Il était bel et bien trop vieux pour les dessins animés du mercredi matin. Une autre chose avait fini par le passionner. Il avait grandi. C’était simple comme trois mots. D’une clarté rare. Limpide.
Il était amoureux.
*****
« Bon, par contre, lui, il n’est pas du tout amoureux de moi. Et ça me fout un de ces seums… On reste pote hein, y a pas de problème… Mais merde quoi ! Tu peux pas savoir comment je t’envie, Kil. Moi aussi j’voudrais bien avoir un mec… »
Les yeux toujours rivés sur le mur, Kilian était resté là, impassible, la bouche ouverte et le souffle coupé. Il trouvait Alex horriblement en avance pour son âge. Lui, son premier porno, il l’avait regardé en quatrième ! Deux ans plus tard ! Et il ne se souvenait pas en avoir pensé grand-chose. Ses premiers sentiments pour des garçons, il les avait compris sur le tard et acceptés avec une difficulté exceptionnelle ! Et là, il parlait à un jeune collégien sûr de lui et qui se foutait royalement de ce que pouvaient penser les autres ! S’il avait été un vieux con aigri, il aurait certainement été choqué et outré, pour sûr ! Sauf que là, cela aurait fait assez mauvais genre avec sa candeur légendaire. Tout juste s’autorisa-t-il à un peu rouspéter :
« Ouais, j’te souhaite quand même de t’amuser un peu avant de te trouver un brun comme le mien, hein ! Parce que c’est pas facile tous les jours ! Et moi à ton âge, j’pensais pas à ça, j’passais mon temps à regarder des dessins animés à la télé ! Même que des fois, j’en regarde encore ! »
Ne pouvant s’empêcher de voir une certaine ironie assez succulente dans les propos de son aîné, Alex se releva en se tenant les côtes et explosa de rire. Ses éclats perturbèrent immédiatement la concentration des autres jeunes qui s’entraînaient juste à côté. Benjamin, qui venait de se prendre une touche à cause du bruit, enleva son masque pour grogner. Jipé engueula Kilian pour être incapable de tenir les petits et le blondinet fit la moue. Ce n’était pas sa faute à lui si les gosses étaient de plus en plus dévergondés et ne respectaient plus rien ni personne ! C’était une génération perdue ! Il n’y pouvait rien ! Lui, de son temps…
« Nan mais arrête papy ! », s’exclama Alex, les yeux encore humides. « C’est juste que t’es trop drôle, c’est tout ! Mais boude pas, ça reste toi le meilleur ! T’es un super modèle, j’te jure ! »
Rassuré et un peu fier, Kilian bomba le torse. C’était vrai, tout ça. C’était son rôle à lui de ramener des médailles. Et justement, il avait bien envie de briller lors de sa prochaine compétition, un simple tournoi régional qu’il était presque sûr de remporter ! Il n’y avait que son éternel rival, Pierre, qui pouvait venir le titiller, et encore, ce n’était même pas sûr ! Enfin, il fallait quand même s’entrainer un peu, au cas où... Cela aurait été trop bête de chuter de son piédestal faute de motivation.
Après une soirée à enchainer déplacements, fentes et abdos, le champion trottina jusqu’à chez Aaron pour ne pas se refroidir, en espérant fortement être accueilli par un gros câlin dans la baignoire. La salle de bain vaste et bien aménagée avec de la place pour deux était le principal avantage de cet appartement. Il fallait juste faire quelques concessions sur la température de l’eau, ni trop chaude ni trop froide pour convenir à tous ceux qui voulaient la partager.
Sur le chemin, Kilian ne put s’empêcher de repenser à sa discussion avec Alex et, surtout, à l’époque où il était tombé amoureux d’Aaron. Tout cela le rendait nostalgique. Qu’est-ce qu’il en avait chier, aussi ! La découverte de sa condition de fils adultère, la séparation de ses parents, les coups durs, les connards qui l’avaient jugé sur sa sexualité et ceux, encore pire, qui avaient voulu en profiter, la séparation, les disputes, les retrouvailles, les copains, le chagrin, l’accident de son frère, la perte d’être aimés, les amis, les amours, les emmerdes… Au final, il avait tout traversé, était tombé à plusieurs reprises mais s’était relevé à chaque fois, poussé et tiré par des proches qui tenaient à lui, malgré ses crises, ses bouderies et son immaturité. Il leur en était reconnaissant. Tout allait bien, tout ne pouvait qu’aller mieux. Mais d’une certaine manière, cela l’effrayait. Il avait peur. L’avenir était à lui. Il n’avait pas l’habitude. Quelque chose n’allait pas.
Cette année de terminale commençait étrangement. Les quelques petites disputes sans importance qui arrivaient ici et là avaient comme avantage de rythmer ses journées, les cours ne lui déplaisaient pas, tout le monde s’entendait bien, il n’y avait plus de guerre de clans comme l’année dernière, on lui foutait une paix remarquable, il était amoureux et lui et Aaron ne se mentaient plus, alors quoi ? Le vide ? Le néant ?
Si tout allait bien, c’était forcément que quelque allait mal tourner. C’était le cas depuis son enfance. À chaque fois qu’il touchait le bonheur du doigt, tout s’effondrait comme un château de cartes sans qu’il ne puisse rien y faire. Si au moins on avait pu lui dire ce qui allait foirer ? Son bac ? Son escrime ? Les concours ? Les autres ?
C’était frustrant. Plus il courrait vite en direction du bon bain qui l’attendait, plus il se sentait stressé. Quelques mots ne l’avaient pas quitté depuis la rentrée. Ceux prononcés par Jarno. « Je suis un fantôme dans ta vie ! ».
Kilian ne comprenait pas du tout ce que cela voulait dire. Il y avait réfléchi, plusieurs fois. Une envie de se moquer ? Ce n’était pas son genre. Un délire hors propos ? Il semblait tout à fait lucide. Un appel à l’aide, alors ? Non, d’après Gabriel, son camarade était parfaitement épanoui. Sa vie était remplie de réussites. Il venait peut-être de casser avec sa petite copine, mais c’était de son fait, car il ne voulait pas s’enfermer. Ses notes étaient bonnes. C’était un littéraire extrêmement talentueux, qui avait rédigé son premier roman au collège, et dont le troisième – nommé La Konfrérie de Kurulan – avait enfin trouvé un petit éditeur, juste avant l’été. Cela avait même fait quelques petites coupures de presse. Kilian en était resté bouche bée. Il pensait naïvement que seul Aaron écrivait au lycée. En tout cas, seul le brunet avait fait la promotion active de sa prose. Qu’un autre partage la même passion que son mec et avec autant de réussite… C’était incroyable ! Son homme à lui n’avait même pas osé contacter le moindre professionnel, bien conscient que son ouvrage n’était pas recevable en l’état, autant à cause du rythme mal maîtrisé que des personnages stéréotypés et de l’humour particulier. Là où Jarno, lui, était déjà édité ! En plus, de l’avis de ceux qui avaient pu la lire, l’histoire était vraiment bien. Un monde d’héroïque-fantasy qui suivait non pas un prince mais un simple paysan, Yanrad, jeté dans une guerre entre plusieurs espèces et divinités à son corps défendant. Ce héros, un poltron particulièrement lâche, se retrouvait malgré lui dans le groupe d’une confrérie haute en couleur aux personnages tous plus charismatique les uns que les autres, à commencer par son commandant, un elfe blond et élancé maniant l’épée comme nul autre. Fuyant le combat à chaque fois que possible, le personnage principal et narrateur ne faisait que raconter ce qu’il voyait tout en faisant preuve d’une monstrueuse ingéniosité pour ne pas se faire tuer, restant ainsi presque toute l’histoire dans l’ombre des autres. Kilian avait discrètement réussi à récupérer un PDF sur une clé USB et avait dévoré en cachette les trois quarts de ce premier tome en quelques jours. Mais pris sur le fait par Aaron avant de pouvoir découvrir le twist final, il avait dû lui passer le fichier afin que le brun se fasse sa propre opinion. Ce dernier avait simplement grogné au moment de tourner la dernière page, signe qu’il avait d’autant moins aimé que c’était particulièrement épique, bien écrit et bien trouvé. Kilian avait une preuve que c’était là son opinion : son mec avait effacé sa copie après l’avoir terminée, avant même que le blondin ne puisse lire la dernière ligne. C’était un signe. Et puis, Kilian savait très bien reconnaître la jalousie quand elle brillait dans les yeux de son amoureux.
Alors quoi ? Pourquoi Jarno avait-il tenu ces propos énigmatiques ? Kilian ne savait pas et cela l’énervait. Mais en même temps, il avait plus urgent dans sa vie que de trouver la réponse à cette question. Comme par exemple se laver puis s’endormir dans les bras de son petit ami, ce qu’il fit ce soir-là comme le plus heureux des hommes.
Enfin, quand même poussé par son envie de connaître le fin mot de l’histoire de Jarno, le lycéen aux yeux verts profita de son jeudi midi pour essayer de sympathiser avec l’auteur qui portait ce jour-là une capuche bleue. Tentative qui manqua de provoquer une mini crise diplomatique entre le plus fier des S et le plus sage de L.
« Putain Martin, je rêve où mon mec est en train de chauffer cet enfoiré ? Attends, et t’as vu le jean troué qu’il a mis ? J’lui ai dit de se changer ce matin, mais il m’écoute pas ! C’est ridicule cette mode putain, c’est d’un moche et d’un con ! Tout ça pour montrer ses genoux à l’autre tâche là ! J’te jure, il le touche, j’me le fais ! »
Assis sur une marche à côté d’Aaron qui s’était levé pour mieux voir, le rouquin roula des yeux. Cela le fatiguait. Quand ce n’était pas le blond qui était con, c’était le brun qui perdait tout sens commun. Comme si sa seule raison d’être était de faire tampon pour éviter qu’ils ne se gueulent dessus dans la cour du lycée. Martin connaissait l’importance de son rôle. C’était une question de pudeur et de respect des bonnes meurs. Kilian était capable de tout quand Aaron était fâché, dont certaines choses qui auraient malencontreusement pu choquer les élèves les plus jeunes. Alors, comme à son habitude, il soupira.
« Abruti ! C’est pour toi qu’il met ce jean à la con ! C’était son plan quand il l’a acheté samedi dernier. Il pense que des fringues déchirées, ça va te donner envie de lui arracher ses vêtements pendant l’acte ! Et me demande pas d’où il sort une connerie pareil, j’en sais rien, c’est Kilian. Par contre lui dis pas que c’est moche, ça le vexe. Et quand il se vexe… »
« Oui, il boude, je sais… », rouspéta le brun sans vraiment faire attention à ce que son camarade venait de lui expliquer. En fait, il s’en foutait, tout simplement. Là, la seule chose qui l’obsédait, c’était le blanc-bec cadavérique qui rigolait dans la cour avec son mec. Il y avait dans son attitude détachée et joyeuse quelque chose qui ne passait pas. Il était temps de le remettre à sa place, en commençant par l’attraper par le col et par lui rappeler à qui appartenait le blond qu’il était en train de draguer. Ce qui énerva énormément le blond en question :
« Mais putain, arrête Aaron ! Il me chauffe pas, c’est moi qui suis allé lui parler ! J’voulais discuter avec lui de son roman et… »
Il n’en fallait pas plus pour faire sortir son petit ami de ses gongs. Cette histoire le faisait profondément chier, et il ne se priva pas de le faire remarquer :
« Mais elle est pourrie son histoire ! Enfin, bien écrite et rythmé, ça c’est sûr, j’suis pas con, j’vais pas dire le contraire, mais me dis pas que t’as aimé ! C’est super chiant et convenu, et la fin, j’t’en parle pas ! Ça s’appelle prendre les lecteurs pour des cons ! »
« Parce que tu crois que ton Vojolakta, c’est mieux ? », rétorqua Jarno du tac au tac en pouffant, le menton dans son pull. « Arrête Aaron, ton roman n’est même pas éditable ! T’es parti dans tes délires en te foutant complétement de tes lecteurs ! Faut pas confondre l’obsession avec le talent, hein ! Moi, mon univers est cohérent, justifié, logique… Mes twists ne sont pas tirés par les cheveux pour justifier mes lubies du moment ! Alors p’têt que ton égo t’empêche d’apprécier, mais laisse ceux qui kiffent en profiter ! Genre ton mec ! »
Pris à parti par les deux apprentis auteurs, Kilian ne sut pas quoi répondre. La fin en question, bah il ne l’avait pas lue, justement. Et c’était pour la connaître qu’il était là. Pour le reste, forcément qu’il était fan de ce qu’écrivait Aaron, mais c’était avant tout parce que son histoire résonnait d’une manière très particulière pour lui. Sauf qu’il n’était pas non plus débile au point et de croire que son mec avait écrit le futur Renaudot. Il ne pouvait quand même pas lui donner raison pour le coup. Jarno semblait avoir apporté la preuve qu’il était meilleur, c’était tout. Une simple petite réflexion qui insupporta Aaron comme jamais.
« Même si tu penses que j’ai tort, ça serait sympa de me défendre, j’suis ton mec ! »
Vexé, le brunet tourna ainsi les talons, non sans rappeler à Jarno qu’il n’avait jamais pu le piffrer et que cela ne semblait pas prêt de changer. Furieux d’avoir dû subir cette scène stupide en public, Kilian serra des poings, lui tira la langue et le traita d’imbécile aigri avant de se mettre à lui courir après pour ne pas rester fâchés. C’était enfantin, mais c’était ce qu’il pouvait faire de mieux sans se mettre à pleurer.
Seul au milieu de la cour, Jarno attendit que les regards se détournent de sa personne avant de repositionner sa capuche sur ses cheveux et de s’en aller, un sourire certain aux lèvres. Le fantôme avait marqué des points. Cet interlude l’avait particulièrement amusé.
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rainbowprideart3000 · 5 years
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Top 10 (films) 2019
Comme à chaque année (depuis l’année passée, en fait), je vous présente ici mon top 10 des films que j’ai préféré cette année. Cependant, j’ai décidé d’y aller avec des films qui n’ont pas eu un gros succès ou qui ont été injustement critiqués. En effet, vous ne verrez pas Joker (un chef-d’oeuvre!) ou Matthias et Maxime (Magnifique!) car ce sont des oeuvres dont on a déjà beaucoup parlé et vanté les mérites. Mon but est de vous faire découvrir des films ou changer d’avis sur certains, pas de vous vomir le même top 10 que tout le monde (à quoi ça sert dans ce cas-là?).
Commençons donc par des mentions honorables parce que ce fut une excellente année.
1- Cats (Tom Hooper) : Oui, le rendu visuel des chats est un peu étrange mais c’est un film rempli de bonnes chansons et présentant un univers original et excitant. Ne mérite aucunement le vomi de haine qu’il reçoit actuellement.
2- Charlie’s Angels (Elizabeth Banks) : Un film d’action féministe et vraiment amusant. Kristen Stewart semble tellement s’amuser et moi aussi j’ai eu beaucoup de plaisir. Ella Balinska est une super belle découverte et Naomi Scott est hyper drôle et attachante. La scène de danse sur Bad Girls de Donna Summers est l’un de mes moments préférés de l’année.
3- Black Christmas (Sophia Takal) : Remake féministe du film d’horreur classique des années 70, cette oeuvre n’est pas hyper effrayante mais les protagonistes sont hyper attachantes et le pourquoi du comment (qui commet les meurtres et pourquoi?) est une excellente idée en même temps d’être un commentaire hyper pertinent sur la société actuelle.
J’en ai oublié plusieurs mais je tenais beaucoup à parler de ceux-là.
Maintenant le top 10.
10- Bombshell (Scandale) (Jay Roach) : Un film sur les femmes qui ont dénoncées Roger Ailes (CEO de Fox News) un an avant le mouvement ME TOO, Bombshell est porté par trois excellentes actrices (Charlize Theron, Nicole Kidman et Margot Robbie) et raconte une histoire hyper importante de manière intelligente. Bonus: le film présente une histoire de Coming-out dans un milieu conservateur de manière juste et humaine.
9- Dora and the Lost City of Gold (James Bobin) : Jamais je n’aurais pensé mettre un jour l’adaptation en prises de vues réelles de Dora sur une liste des meilleurs films de l’année, pourtant c’est bien le cas. C’est une oeuvre drôle et inspirante qui traite du désir d’apprendre (pour vrai!), de la famille (business as usual!) et de l’amitié en entremêlant tout ça d’une quête excitante avec plein de twists surprenantes. Bonus: le film m’a fait repenser le terme “pilleur de tombes” qui est vraiment horrible quand on y repense.
8- Child’s Play (mieux connu sous le nom de Chucky) (Lars Klevberg) : Un bel exemple de comment un remake devrait être fait, cette version est bien ancrée dans l’actualité (avec notre rapport à la technologie) et présente des personnages attachants qu’on veut voir survivre. À écouter en version originale pour la voix de Mark Hamill qui fait un merveilleux travail en Chucky. Bonus: La bande-sonore est terrifiante.
7- N’est-ce pas romantique (Todd Strauss-Schulson) : Une comédie romantique amusante et intelligente, le film porte une super belle morale et fait énormément de bien. Rebel Wilson est attachante et c’est très facile de s’identifier à elle. Le film présente une séquence chantée sur I Wanna Dance with Somebody qui est parfaite. Tous les clichés de comédies romantiques sont présents et sont commentés de manière hilarante par Rebel Wilson. Bonus: Le générique final est un bijou qui doit être écouté au complet.
6- Verre (M. Night Shyamalan) : L’un des films que j’attendais le plus cette année, cette conclusion d’une trilogie voulant décortiquer l’univers des super-héros est remplie de surprises et comprend l’une de mes fins préférées (EVER!) Loin de vouloir satisfaire tout le monde (AHEM ENDGAME!), cette oeuvre préfère subvertir les attentes et nous entraîner dans son jeu mystérieux. P.S. Vous devez voir Unbreakable et Split (deux autres excellents films) avant de voir celui-ci.
5- Terminator Dark Fate (Tim Miller) Sixième film de la franchise mais qui est en fait le troisième (c’est compliqué!), Dark Fate remet de l’avant la mythique Sarah Connor (l’un des meilleurs personnages EVER!) pour une aventure excitante mettant en scène des personnages à qui l’on s’attache tout de suite. L’action ne s’arrête jamais et l’on sort du film épuisé mais plein d’espoir pour l’avenir. L’introduction est magnifique (l’une des meilleures EVER!) et subvertit parfaitement nos attentes. Bonus: Sûrement le film d’action le plus féministe de tous les temps. (Ce qui est une excellente chose).
4- Alita Battle Angel (Robert Rodriguez) : Adaptation hyper réussie d’un manga qui est lui aussi excellent, ce film présente un univers excitant et une héroine qui a laissée sa marque dans mon imaginaire. Les scènes d’action sont à couper le souffle et l’héroine possède une histoire fascinante qu’on veut découvrir avec elle. Bonus: Oui, la fin laisse un peu sur notre faim mais c’est tellement épique que j’ai des frissons à chaque fois.
3- Judy (Rupert Goold) : Portrait intime et fascinant de Judy Garland (Dorothy dans The Wizard of Oz et Gay Icon), le film est porté par une magnifique performance de Renée Zellweger (donnez-lui l’Oscar maintenant!) et est incroyablement actuel dans sa manière d’aborder le harcèlement à Hollywood, les nombreuses pressions exercée sur les femmes et la fin de carrière d’une star sur le déclin. Bonus: La fin est magnifique et me hante encore, plusieurs mois après le visionnement.
2- Rocketman (Dexter Fletcher): L’anti-Bohemian Rhapsody, c’est-à-dire un film qui réussit littéralement partout où l’autre a échoué. Portrait de la vie d’Elton John qui ne l’épargne pas, au contraire, l’oeuvre présente la discographie d’Elton John à la manière d’une comédie musicale sur Broadway. Les chansons sont très bien choisies, tout comme l’interprète du célèbre musicien. Bonus: le film présente la première relation sexuelle entre hommes dans un film hollywoodien. En plus, la scène est très réaliste et super bien jouée.
1- Us (Nous) (Jordan Peele) : Un film d’horreur original et captivant qui présente un univers terrifiant et tellement ancré dans l’actualité qu’on ne peut détourner les yeux de l’écran. Lupita Nyong'o offre une performance magistrale et le film présente une twist finale un peu prévisible mais d’une manière intelligente et qui pousse la réflexion. C’est une oeuvre qu’on analyse tout en la regardant et qu’on n’oublie pas. Bonus: Le film est aussi très drôle, peu de scénaristes réussissent cet exploit. 
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petchanatz · 5 years
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Piles de livres formant muraille. Compost. Ce jour : fatigue. Fatigue générale. Le ciel, déjà. Puis a) poupée mécanique détraquée et fielleuse (j’abonde dans son sens, l’esprit ailleurs) ; elle est héron, considérablement. Elle caquette, pérore, roule des yeux comme une pintade, sûre de son bon droit contre le reste du monde ; b) épouvantail grinçant, saccadé mais surtout : prévisible. Le scénario chaque jour se répète. Tout au plus les plis du vêtement lancé sur le lit ne sont pas tout à fait les mêmes. Les pansements souillés s’entassent, ainsi que quelques expédients médicaux dont il vaut mieux taire le détail. c) tout petit héron recroquevillé, plié en deux. Je dois m’accroupir pour la saluer, profiter de son haleine étrange. Fatiguée elle aussi, tellement fatiguée. Cela fait bien longtemps qu’elle ne mange plus. Sa fille, plantureuse, vulgaire, semblable à un personnage de fiction tant chez elle tout est tellement — me parla longuement, avec un grand sourire, du souci que lui cause la perte de poids de sa mère, laquelle jamais n’aima son père (son mari) ni ses petits-enfants « qui n’attendent que l’argent ». Elle portait un ridicule bonnet de laine à gros pompon et je crois que j’aurais pu la culbuter sans difficulté — désir tangible et presque partagé. Beauté du geste ne rien faire il eut pourtant été cocasse, voire troublant, de s’accoupler subrepticement contre le mur, tout près de la chambre où la mémé contemple d’un œil torve le téléviseur et repose son complément alimentaire sur son déambulateur. Mémé a le cheveu court, le visage à la Edvard Munch quand sa fille pourrait être une joyeuse alsacienne. Puis d) toute de guingois, dodue et même — un œil de verre. Elle ne s’habitue pas (à la vieillesse, à la mort qui partout rôde). Le chat (petit avec de très grands yeux) reste dans la chambre, très digne. Pour le reste nous parlons à demi-mots de son presque feu-mari, héron s’il en fut, d’une grotesque obscénité, mots et mains folâtrant sans souci de savoir qui (homme ou femme) se trouvait là. Désormais il réclame sa canne de chasseur alpin. e) Prolapsus. Fantômes de hérons partout entre les meubles, dans les cadres, les grosses armoires inaccessibles. Tapis, rideaux, chiffons en guise d’abat-jours. On a beau jeter des choses, il en reste toujours. Et le pallier pue le vomi de chat.
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ladydarkglam · 7 years
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Cette société que je vomis "Nous sommes malade de cette société où tout s'achète et se paie au delà de la décence . Pions biberonnés à la télé réalité de l'échiquier de l'audimat du prêt à penser . Monopoly d'une case prison qui ne connaît plus la paix. On adule les ballons d'or et on mendie la célébrité . Montrer son visage sur la mire sponsorisée est gage de vérité . Hanouna , Pernaut , Courbet , nouvelles divinités d'une foi de commerçants . Prostitution du soi , orgasmique égocentrisme .Faux cils et faux semblants , les parures de cette civilisation botoxée au néant . Vide sidéral des pseudo intellectuels , remake freudien du "Je" sur un divan où l'autre n'a pas sa place . S'auto-comtempler et s'auto-idolâtrer à coups de selfies sur des médias asociaux . Paraître ce que l'on est pas parce qu'on n'a oublié d'être . Tous graines de star mais plus que tout poussière d'étoile . Le quart d'heure d'Andy Warhol s'étire de minutes en heures . On twitte comme on respire et l'on communique sans se parler. On entend mais on n'écoute pas . On écrit sa vie sur Facebook de smileys en stickers , et on a un youtubeur pour ami imaginaire. On fait appel à supper nanny ou au grand frère subventionné par un scénariste sans dialogues que les pubs entre chaque prise mal jouée par des acteurs de série Z. On veut des spinner pour déstresser et du Valium pour notre Jack D. On fume des spiffs en condamnant la dépénalisation du cannabis , parfois de la cc par amour du vice . On divorce avant de se marier , garde alternée pour les chiens , les chats et les enfants . Le poisson rouge ira dans les toilettes avec nos promesses d'amour. Juste à tirer la chasse et on se remet sur le marché du célibat . On dépose son bulletin dans l'urne comme on va au ciné , on se fout du synopsis mais on espère l' happy ending . On n'a pas lu le programme mais peu importe , c'est quoi d'ailleurs cet ovni sous titré "citoyenneté"? On se pâme devant le festival de Cannes mais cachez nous ses SDF que nous ne saurions voir . Sur le tapis rouge juste des flashes pour un voici voilà sans choc des mots ni poids des photos . A la une des magazines comment maigrir alors qu'on est boulimique de la junk food ? De le crème miracle sur le corps et l'amincissement des neurones . On adore l'écologie mais on ne se prend pas la tête avec le tri . La sélection est perte de temps surtout quand une partie de candy crush nous attend . Merde on a oublié notre mot de passe pour meetic , bon c'est pas si grave on se souvient de celui de badoo . Entre deux rapports au bureau on ira voir s'il y a un truc à se mettre sous la dent . Ça fait combien de temps qu'on est pas allé se recueillir sur la tombe de papi ? Promis on ira entre deux cours de stretching et une séance de manucure . Font chier ces vieux quand même . 2000€ pour une maison de repos . Putain c'est le prix d'une paire de bottes Gucci Et zut , un ongle cassé, c'est l'état d'urgence ! Et c'est quoi tous ces militaires qui sont partout. Ils ont niqué ma sacoche Hermès hier . C'était juste un vaporisateur d'huiles essentielles . Sont cons ou quoi ? Le Bataclan, Charlie Hebdo, Manchester , London bridge ? Des clubs de foot? Ah c'est pas ça ? DAESH ? Qu'est ce que vous me parlez de lessive ? Ah pas DASH mais DAESH , j'etais pas loin . Et c'est quoi ? Un mouvement terroriste instrumentalisant l'Islam. Ah okay ! Désolée y'a qu'à foutre tous ces arabes hors de France ! Je fais de l'amalgame, suis raciste ? T'es bête ou quoi ma meilleure amie est tunisienne . Et puis franchement ces bombes et ces massacres ça pollue mon agencement Feng Shui. Bon c'est pas tout ça mais je voudrais pas manquer la séance de dédicaces de Benoît Dubuisson . Qui est ce ? La révélation littéraire selon un sondage BVA. Bon c'est vrai c'est pas du Zola mais au moins il est beau gosse ! Voilà tout est dit ... mais cela n'engage que moi .... ©Gisèle-Luce de Christian-James
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bulbivy · 6 years
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Chp 8
Elle ne vas pas me laisser comme ca, en prostitué prisonnier et a sucer des bites toutes la nuits. Eva se dirige vers la porte. “Attends ne me laisse pas !” Elle s arrete et me regarde en soupirant.
“Je te préviens n essaie pas de parler aux clients sinon je serai obligé de te mettre un écarteur bucal. Ne pleurs pense a ton makeup et suce bien. Apprécie le sperme. A demain mon petit chat.”
Elle quitte la pièce.
Je me retrouve seul pour la nuit et peut etre plus si je n arrive pas a satisfaire EVa.
Le nouveau client arrive, je suis le conseille d EVa et attaque son sexe rapidement. Il semble apprécier mon travail, son sexe se raidit. Il va éjaculer. J'avale son sperme sans dégoût. La sonnerie retenti et l homme sort.
Je n'ai pas trop subis ce premier client. Je dois continuer. Les clients se suivent , jai perdu la notion du temps. Je dois etre a mon 5 clients. J'ai toujours des renvois mais je tiens bon. Cependant j'ai mal a ma machoire et a la gorge. La nuit est loin d etre fini.
Les clients continuent d affluer, les hommes se suivent et les sexes ne se ressemblent pas. Certains me forcent a avaler , d autres m éjacule en pleine face. Je sens sur mon visage les giclées de sperme sécher et durcir.
Je continu malgré tout mes efforts afin d etre libéré. Je me lèche même les levres comme le font les bonnes salopes. Le flux des clients commencent a reduire. Je suis a bout de force, je ne reflechi plus , ma bouche s adapte a tout les sexes. Je me suis même habitué au goût du sperme. Je ne regarde plus les hommes seulement leurs sexes, je deviens une vraie suceuse.
Je commence a m endormir entre chaque client etant donner que le rythme a fortement ralenti.
Je suis finalement réveillé par un client qui m éjacule dessus. Je reçois du sperme dans mes cils deja bien chargé. Le sperme vient se coller au mascara et durcir. Je peine a ouvrir les yeux. Je distingue vaguement la sonnerie, un autre homme se presente et m éjacule dessus également. Je suis tellement épuisé que je ne bouge plus. Un autre homme arrive puis un autre. Seul la sonnerie me fais sursauter et sortir quelques secondes de mon sommeil. Ses derniers clients me font des faciales. Je sens le sperme recouvrir mon visage et secher puis durcir. J arrive a ouvrir seulement un oeil, l autre est totalement collé par le sperme. Tout mon visage semble se durcir.
Je sombre totalement. J'ouvre difficilement mon oeil je remarque que la sonnerie ne se déclenche plus. Je me rendors. Je me reveilld de nouveau. J ignore quelle heure il est, aucun bruit dans le bâtiment et aucun client. J'ai mal a la bouche, a la machoire, au cou bref partout. Jai toujours les bras attachés dans le dos.
Mon visage me tire a cause de speele qui a séché. Je replonge dans les bras de Morphée. Je me reveille de nouveau je me sens vasseux. J'ai faim et soif. Je suis courbaturé de partout. Soudain la sonnerie retenti de nouveau. Je me sens pas bien et je n ai pas envie de déjeuner du sperme.
L'homme arrive et detache son pantalon. Il sort son sexe et attrape ma tête.
Remercie EVa pour ce petit déjeuner dit il avant de me gaver de sperme.
Jai mal au coeur et jai envie de vomir. C'est affreux ce goût du matin. La sonnerie retenti et j'enchaine avec 2 autres clients. Il me gave et me remplisse. Je vomis un peu, j essaie de faire un effort car Eva va regarder les vidéos.
La sonnerie retenti je distingue la silhouette d EVa. 
“J’en peu plus Eva j’ai fais de mon mieux libère moi.”
je ne peux finir ma phrase que je me mets a vomir du sperme car j’ai que cela dans mon ventre depuis hier soir.
“c’est pas faux tu as fais des progrès on va pouvoir passer au niveau 2, je fais le tour et j’arrive”.
Elle me place un baillon dans la bouche.
Je sens sa main toucher mes fesses, 
»Maintenant, un bon nettoyage de ton cul de chienne s’impose, sale petite chienne !!!! »dit Eva.
«MMMMMMMPPHHH, MMMMMMMPPHHH » je gémis , sachant ce qui l’attend.
 Une sonde gonflable est enfilé dans mon fondement, et le liquide commence à s’écouler en moi, remplissant mon ventre. 
»je vais déjeuner,  le sac est de 2 litres, et je veux quetu sois bien remplie a bloc « dit Eva en me laissant a mon triste sort. 
«MMMMMMMPPHHH, MMMMMMMPPHHH » je cri  mais mon bâillon étouffe mes cris de d’agonie. 
Quand Eva revient,elle m’informeque la moitie du sac est en moi, et  je couine de douleur, mon ventre enserré dans le corset gonfle et gargouille
. Eva accélére le débit, ce qui eu pour effet de me faire couiner bien plus fort.
  enfin le liquide s’arrête de m’envahir, mais Eva me laisse mijoter un bon quart d’heure. «Tu vas pouvoir te soulager, petite chienne « dit Eva en plaçant une bassine au je me vide par jet. «MMMMMMMPPHHH, MMMMMMMPPHHH »  je couine doucement
Après plusieurs minutes Eva place de nouveau un tuyau dans mes fesses puis un autre a extrémité de mon sexe
Eva m’explique la situation :
“Je vais te gaver de sperme mon petit chat, par ton petit cul et par la bouche.Tu pourras de vider seulement par ton sexe mais attention c’est un circuit fermé, ce que tu évacue retourne en toi.”
MMMMMMMMMMMMPHHHHHH j’essaie de communiquer mais le baillon fait son travail et me reduit au silence.
Eva retire le baillon et je saute sur l’occasion pour la supplier. "J'abandonne ton jeu on arrête c'est trop "
“Silence pffff tu es fatiguant pour la peine tu seras gaver 1h sans pouvoir te vidanger ca t’apprendra” me dit elle froidement.
Eva place un baillon spécial équipé d’un tuyau me réduisant de nouveau au silence. " tu n es plus libre ma grande c'est moi qui tire les ficelles. Quand tu auras franchie cette nouvelle étape un nouveau programme s offre à toi"
Elle disparait quelques instants, j’entend le bruit d’une pompe, je sens de l’air arriver dans le tuyau puis un liquide pateux qui gonfle immédiatement mes joues. Je sens le liquide couler dans ma gorge, au meme instant je sens aussi ce liquide remplir mes fesses et tout mon corps.
“Courage mon petit chat a dans une heure” me dit Eva en caressant ma tête.
Je suis entrain de me faire remplir, non gaver plutot, je sens mon ventre se remplir petit a petit. Je commence a avoir la tete qui tourne je m’evanouie.
J ‘entend la sonnerie, l’affreuse sonnerie, j’ouvre les yeux je suis de nouveau dans la pièce pour sucer des bittes. Les clients connu d’influer.
Je suce des bites et je m’endors entre 2 clients, je sais pas combien de clients ni combien de temps je fais ca. J’ai l’impression que ma bouche s’est agrandie, 
Eva me rend visite de temps en temps pour me deposer à manger et me faire une toilette et un check up. De plus une femme passe tout les jours me faire 2 injections, l'une qui me rend plus docile, plus détendu et l'autre est pour la suite de la expérience. J ignore ce que c'est.
J’ignore depuis combien de temps je fais ca, je commence a m’habituer et a avoir un bon coup de langue et de bouche.
Je digère de mieux en mieux le sperme et j’arrive a absorber de plus grande quantité. Ce challenge est allé trop loin, comment vais-je me sortir de là. /p>
Après une bonne nuit de pompage, la sonnerie s’arrète, je sens que l’on me libère. Eva me libère et m’embrasse.
“Félicitation Emma tu rentre a la maison” dit elle. Tu as enfin réussi à devenir une vrai suceuse.
Je sors enfin du club et monte dans la voiture d’Eva et nous rentrons a la maison.  Durant le trajet du retour, Eva me félicite.
“Bravo Emma il t’a fallu 1 semaines pour devenir une bonne chienne” ajoute -t-elle
" Je souhaiterais rentrer chez moi maintenant" "Oh que non, un nouveau programme t attend et je t'ai fais un virement sur ton compte de 7000 euros sur ton compte. " 7000 euros vraiment ?? " oui tu pourrai avoir bien plus tu sais en continuant de jouer " "C'est à dire ? " "Je te propose de poursuivre l'expérience un peu plus. Sachant qu'avec tes sourcils épilés, tes extensions de cils, cheveux et des ongles tu ne peux plus retourner au travail. Alors ou tu es en arrêt je peux te renvoyer demain à ton job. Je connais beaucoup de monde tu sais. " je suis piège on dirait bien. Combien de temps va encore durer l' expérience ? " " tu as étais dans la peau, cleopatre, catwoman, d'une barbie, puis une servante, une chatte docile, une tigresse, une statue aussi et même une poupée. Pour finir tu es même devenu une suceuse de bites. Tu découvres les différentes facettes de la femme. Il y en reste encore beaucoup que j aimerais exploiter." " tu ne répond pas vraiment à ma question. Je n ai plus le choix. " avoue que tu aimes cela, je suis sûr que tu prends du plaisir. " ton silence en dit long. Nous arrivons"
Nous arrivons a la maison, les filles m’accueillent. 
“Tu as une mine affreuse Emma, file a l’étage on va s’occuper de toi” dit Cloé
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suicidlsnakespasta · 8 years
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Creepypasta n°2
C'est toujours compliqué. Avoir un jumeau c'est toujours compliqué. Les fringues, les jalousies, les petites amies... Tout est tellement compliqué quand on est deux. Pour Tom et moi, c'était la même chose je crois. On passait notre vie à nous disputer. Maman me rappelle toujours la fois où on a cassé une vitre en se battant. Pourtant on s'est aimé. Vraiment. Petit, je n'avais que lui. Et je ne sais toujours pas si c'était un choix ou si les gens m'évitaient. Et même si en grandissant je m'étais sociabilisé, au final il était bien la seule personne qui importait pour moi. Avant qu'on aille se coucher, il me disait toujours que les monstres n'étaient que dans ma tête et que si je n'y croyais pas, ils ne viendraient pas. Je le croyais vraiment. Tant qu'on ne croit pas à quelque chose ça ne peut pas nous atteindre. Mais moi, j'étais un gosse qui aimait bien se faire peur. Alors je continuais à y croire, même si Tom me disait que ça n'existait pas. Puis on a grandi, et on a commencé les conneries. Des ados de base... Tom avait toujours des idées cool et j'aimais bien traîner et faire des conneries avec lui. C'était mon frère. Qui plus est mon jumeau. Je le suivais donc sans réfléchir. J'avais une confiance aveugle en lui. Un jour, on s'est retrouvé dans une vieille baraque délabrée. Et, comme d'habitude, je me faisais flipper tout seul sans aucune raison. Mon cœur battait à cent à l'heure et mon cerveau m'envoyait des images glauques par paquet de mille à la seconde. Tom était juste devant moi, lui aussi voulait se mettre un petit coup d'adrénaline je pense, mais il avait l'air un peu déçu. Il l'était jusqu'à ce que l'odeur arrive. Il a ouvert une porte au hasard et c'est là qu'on l'a sentie. Une odeur de charogne. Il avait ouvert en grand pour qu'on puisse entrer. Je n'avais jamais vu autant de bordel de ma vie. Même notre chambre était rangée à côté de cette piaule. Je me souviens que mon regard ne s'est pas fixé tout de suite sur des points précis mais que j'ai d'abord vu l'espace dans son ensemble. Je me souviens des mouches qui s'agitaient et qui tournoyaient près du lustre et un peu partout autour de nous. Je me souviens aussi d'un livre à la couverture poussiéreuse, c'était "Orgueil et préjugés" de Jane Austen. Je m'en rappelle bien parce que je venais de le terminer quand Tom avait insisté pour qu'on entre dans cette vieille bicoque. Mais ce dont je me rappelle le mieux, c'est le sourire de Tom. Un sourire heureux et excité. "C'est génial", a-t-il dit en s'avançant dans la pièce. Je n'étais pas sûr que ce soit si génial mais il a fini par m'en convaincre. C'est vrai que c'était excitant, et puis c'était toujours mieux que de glander à la maison. Je ne sais plus vraiment comment on les a trouvés mais le fait est que l'odeur de viande pourrie venait de plusieurs cadavres de chats. J'ai froncé les narines en voyant ça. Ils étaient là, à moitié bouffés par les vers. Et si certains avaient l'air d'être morts naturellement, je me demande toujours comment le petit gris s'est retrouvé éviscéré avec les yeux crevés. Après ça, on est rentré à la maison et je suis allé voir Jessy. Je devais l'aider en français je crois. Peu importe, je sais seulement que Tom n'est pas venu avec moi ce soir là chez Jessy et quand je suis rentré quelques heures plus tard, il n'était toujours pas là. Je n'y avais pas fait attention sur le moment. Vers onze heures, quand je suis allé me coucher, il me l'a dit. Il m'a dit que les monstres étaient dans ma tête et que tant que je n'y croyais pas alors ils ne viendraient pas. Il m'a embrassé sur la joue et s'est couché à côté de moi. Je ne me souviens toujours pas à quel moment il était rentré. Il s'est passé à peu près une semaine avant que maman ne débarque. On était dans le salon Tom et moi, on regardait un talk show stupide en comatant sur le canapé. C'est là qu'elle est arrivée, complètement affolée et pleurant à chaudes larmes. Elle a hurlé mon prénom. Alors je me suis levé précipitamment, Tom sur mes talons pour la rejoindre dans le garage, et je l'ai vu moi aussi. Un petit chat, roux cette fois, avec les tripes à l'air et les yeux perforés. Mon estomac s'est retourné brutalement mais je n'ai pas vomi. Ma mère me regardait de la même façon que quand elle attendait une explication concernant une mauvaise note ou une convocation chez le proviseur. Les larmes et le dégoût en plus. Est-ce qu'elle m'accusait vraiment de cette atrocité ? Moi le gamin qui ne ferait pas de mal à une mouche et qui libérait les araignées ? J'ai compris que oui et j'ai aussi compris que je la dégoûtais alors même que je n'avais rien fait. Elle n'avait aucune preuve de ma culpabilité mais rien que l'idée que je sois en mesure de faire ça la révulsait. Je pense que ça m'aurait fait la même chose de toutes façons. Ma mère est sortie en me demandant de nettoyer. Elle ne m'a pas adressé un seul regard. Je me suis tourné vers Tom qui n'avait pas l'air si affecté que ça. Je trouvais ça horrible mais j'avais quand même envie de comprendre. Et puis j'ai vu cette petite lueur presque amusée dans son regard. Je l'ai regardé un moment sans rien pouvoir dire puis je lui ai demandé si c'était lui. Bien sûr, au fond de moi, j'avais déjà la réponse, mais il fallait que je l'entende, qu'il me confirme cette horreur. Il a haussé les épaules. "Ouais, c'est pas si grave. Faut qu'on nettoie tout ce bordel". Je pensais que si, c'était quand même plutôt grave. Mais bon, peu importait finalement. Alors on a nettoyé, tout simplement. Il y en a eu d'autres... Parfois décapités, parfois simplement étranglés, le plus souvent noyés. Je continuais de croire que c'était grave, mais Tom disait le contraire et en général c'est lui qui avait raison. Et puis de toutes façons, disait-il, ils auraient fini écrasés sur la route. Et puis il y a eu cette soirée frisson chez Jessy. Pour la première fois, Tom venait avec moi chez elle. Elle organisait cette soirée depuis des semaines et était toute heureuse que ses parents aient accepté de lui laisser la maison. Elle avait invité tous ses amis dont moi. Elle ne connaissait pas Tom (Après tout, nous n'étions pas dans la même classe lui et moi.) mais m'avait dit de l'emmener, que plus on était, mieux c'était. Elle avait aussi dit de se déguiser et Tom avait été réticent mais à force de persuasion il avait fini par accepter. J'aimais bien le personnage de Jeff, puis le maquillage était assez simple alors j'avais noirci le contour de mes yeux, ébouriffé mes cheveux et tracé le sourire de l'ange sur ma peau qui était naturellement assez pâle pour se passer d'un fond de teint blanc. J'avais même sacrifié un de mes pulls blancs, que j'avais sali au colorant rouge, et n'avait pas eu besoin de déchirer un jean noir puisque j'en avais déjà un, tout élimé depuis des années. Tom, lui, s'était transformé en zombie pour la soirée. On était arrivé chez Jessy sur les coups de 21h30. C'était une petite fête tranquille où tout le monde se connaissait un peu puisqu'on faisait parti de la même classe. Cependant, personne ne connaissait Tom et c'était normal. Il n'avait parlé à personne à personne mis à part moi et n'était pas vraiment à l'aise ici. Je lui ai proposé de partir mais il a refusé plusieurs fois. Je ne sais plus vraiment comment s'est déroulé la soirée. Je sais que j'ai un peu bu mais pas au point d'oublier quoi que ce soit. Ça devait être banal je suppose, rien d'assez marquant pour que je m'en souvienne. Vers minuit, j'ai retrouvé Jessy un peu à l'écart. Elle était un peu ivre et riait de tout. On discutait tranquillement et je n'avais pas noté la disparition de mon frère avant qu'il ne réapparaisse, attaquant délibérément la jeune femme. J'ai crié, je lui ai demandé ce qu'il faisait alors qu'il la frappait et que du sang commençait à couler de la bouche de Jessy. Je crois qu'elle était inconsciente parce qu'elle ne criait pas, ou alors je hurlais trop fort pour l'entendre, mais elle n'avait pas l'air de se débattre non plus. Tom me disait de la fermer, que j'allais rameuter tout le monde si je continuais à gueuler comme ça. Alors j'ai arrêté de crier et il m'a demandé de l'aider. J'ai porté le corps de Jessy jusque dans la salle de bain sans trop comprendre ce que je faisais. Tom a ouvert le robinet de la baignoire et a fermé le bouchon pour faire couler un bain. Je ne comprenais rien. Pourquoi est-ce qu'il voulait prendre un bain tout d'un coup ? Il a sorti un petit couteau de sa chaussure et moi je le regardais faire. Il était fasciné par ce qu'il faisait, par la lame qui entrait dans la chair de Jessy et le liquide rouge qui s'échappait de son corps. Moi j'étais fasciné par mon jumeau. Je n'avais plus peur de ce qu'il faisait, je ne trouvais plus ça grave, seulement fascinant. Je me suis agenouillé à côté de lui pour mieux le voir faire. Quand il a eu terminé de mutiler Jessy, il m'a fait signe de l'aider à la soulever et on l'a plongé dans l'eau qui a rougi immédiatement à cause du sang qui coulait de ses plaies. Tom avait fait attention à ce que son nez et sa bouche se trouvent bien sous la surface de l'eau. Et nous avons quitté la soirée. Peu de temps après, les flics sont venus et nous ont emmenés, Tom et moi. Ils avaient des preuves apparemment mais ils ont dit que je devais voir un psy avant d'être inculpé. Inculpé pour meurtre apparemment. Mais bon, elle aurait fini par mourir de toute façon. Le psy m'a longuement parlé de tout un tas de choses dont je ne me souviens absolument pas. Je m'en foutais complètement. La seule personne que j'écoutais c'était Tom qui se foutait de sa gueule. Je tentais de cacher mon rire mais c'était peine perdue et le psy m'a demandé ce qui était drôle. Je ne lui ai pas répondu. "Bill, les monstres sont dans ta tête seulement parce que tu y crois, si tu n'y crois plus, ils partiront". Je n'ai pas compris, et puis il m'a tendu un petit article de journal daté du 2 Mars 2004, j'avais cinq ans à l'époque. "Drame familial. Le petit Tom (5) est mort ce matin dans un accident de voiture. Sa mère, Simone Kaulitz (26) est miraculeusement sauve".
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