à l'envers je suis 🙙 Je suis un peu beaucoup.. . aquarelliste . lectrice . . princesse non genrée . autiste . . épistolière en retard . tasse de thé . . ehlers danlos . chat . résiliente . . carnets . écriture désordonnée . . photographe . en désobéissance . . maison sous les arbres . dispersée . . pensées à l’envers .
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Vrac de semaine (pas de relecture)
. Mercredi 6 sept Reprise de l'asso, c'est physique et (ah ah) je n'ai pas les épaules - c'est ce que dit la droite. Trois heures de tri efficace, je suis contente de moi, de nous, mon corps lui n'en peut plus et tombe en morceaux. Sieste de deux heures, oxygène tout l'après-midi, j'ai une tête épouvantable. Vague lecture de Et Nietzsche a pleuré, depuis quand je ne lis plus un livre qui m'intéresse en une seule journée ?!
Lecture du ChatSauvage qui va se prendre sa baffe, c'est un fait avéré. Mais pas aujourd'hui, je n'ai pas l'énergie pour que la baffe soit bien reçue, pertinente, efficace.
Repas de quatre heures (quatre heures, punaise). Les voix étaient trop fortes, les parfums envahissants, je n'aime pas qu'on me pose des questions, tellement épuisée je suis tombée sur mon lit – mais j'ai réussi à faire le 366 réel en l'arrachant un peu, à 23 h 36. Pourtant piège il y a eu, le repas d'abord, l'invitation lancée ensuite "Bon, on fait la réunion chez toi samedi ?" impossible à contourner sans vexer la tablée. Samedi je reçois donc les rares membres de l'asso qui se déplaceront (heureusement, nous sommes une trentaine sinon). C'est la semaine de la sociabilité.
. Jeudi 7 Écriture du mail-baffe. Tellement bien reçu, il m'a dit "merci" et "je réponds plus tard". Je cherche encore pourquoi le merci.
Me suis contentée de dormir tout l'après-midi, puis d'enfin terminer ce livre que j'ai vraiment adoré.
Lecture et #366 (choix de) Ce soir j'ai terminé la lecture de Et Nietzsche a pleuré, de Irvin D. Yalom, où il était justement – évidemment – question du choix (entre autre philosophie et psychanalyse). J'y ai retrouvé Nietzsche, la même "musique" que dans ses écrits, j'y ai ressenti la découverte de soi pour soi, j'y ai entendu l'acceptation (et le refus) de ne connaître qu'une infime partie de soi-même. Moins apprécié le choix de l'auteur, d'un retour sur ses pas (mais que pouvait-il faire d'autre dans un roman ancré dans l'Histoire).
Je me demande si avec un traitement (antidépresseur et autres pilules), Nietzsche aurait pu écrire son œuvre - quand je vois sur moi, comme les médocs ont fait taire ma tête, je doute.
. Vendredi 8 Hier j'ai comaté toute la journée, puis terminé le livre de Irvin Yalom – je remets sur le haut de la pile les œuvres de Nietzsche, que j'avais entamé l'année dernière – et peut-être j'aurais dû continuer aujourd'hui. Le repos. Mais je me sentais assez bien, c'est toujours l'erreur que je fais. Ceci dit, je n'aurais pas fait ma découverte depuis le canapé, je ne regrette rien.
Partie pour m'occuper du fumier rapporté il y a deux jours déjà par l'ado et son grand-père, le tas n'a finalement pas moufté. Dès la première brassée, au moment de déposer ce que je tenais dans les mains, je suis tombée sur une crotte d'un animal sauvage, et très certainement d'un renard. Nous voilà avec un renard sur le terrain ^^ Hier soir-nuit justement, je signalais des bruits suspects, que j'ai aussitôt mis sur le dos d'un hérisson qui traine effectivement dans les parages – de lui aussi, nous avons retrouvé les crottes il y a quelques semaines. L'étonnant, c'est que nous n'avons qu'un terrain de 200m², une fois retiré la maison, et pas encore de poulailler pour l'attirer. Je dirais bien qu'il est grillagé, mais comme tout bon grillage qui se respecte, celui-ci est faiblard à beaucoup d'endroits et un tas de bestioles rentre avec facilité – j'ai dû m'y attaquer un jour qu'un gros chien, adorable certes, a décidé de visiter le jardin. Renard donc, très haute possibilité. La fouine – suggestion de mon beau-père – a été éliminée directement, les crottes sont plus petites, plus fines, des sortes de longs boudins, rien à voir. J'aurais été en forêt, j'aurais été formelle sur le renard. Dans mon jardin je suis davantage frileuse… (mais qu'est-ce qui l'a fait venir ?) je peux en tout cas affirmer qu'il a particulièrement apprécié nos figues ^^
D'ailleurs, les figues ramassées il y a quelque temps sont enfin sèches, je viens de les mettre dans un grand bocal bien hermétique.
Et donc, le fumier. Il est toujours en tas dans le passage, tas dans lequel s'ébat joyeusement la minette. J'allais m'y remettre lorsque mon beau-père m'a demandé si je voulais des graines de mâche. Si je préfère largement la roquette, j'aime aussi beaucoup cette salade… j'ai donc préparé la terre, retiré le précédent fumier, 11ans y a étalé les graines, j'ai saupoudré un peu de terreau-compost de l'année dernière puis arrosé.
Le fumier ? Il faisait trop chaud et je n'en pouvais déjà plus…
. Samedi 9 La veille, l'annulation soudaine de la réunion de ce matin m'a remplie de joie au petit matin : plus personne à recevoir, ménage fait finalement pour nous – une bonne chose, c'était à faire. J'avais oublié un premier engagement, le forum des associations avec ma belle-mère, pour les activités des enfants. Forum qui fut épuisant et sur deux villes, mais instructif : je vais essayer de reprendre le Tai Chi.
Appel de ma grand-mère, angoissée par le tremblement de terre au Maroc. "Mais vous allez bien, vous ?" répété mille fois. J'habite en France, oui mamie nous allons bien, nous…
. Dimanche 10 Une envolée de discussions avec la médiathécaire qui m'a remontée le moral – abîmé par la douleur – et un livre plus tard, je peux accepter l'idée de ne pas être venue juste pour les enfants, et ça fait du bien une sortie aussi pour soi.
La douleur au bras me rend folle. La chaleur de la bouillotte aide l'épaule (elle se déboîte), mais sur le coude j'ai besoin de froid (tendinite). Je ne peux plus rien tenir, pas même le téléphone ou la fourchette. Quatre mois que ça dure pour l'épaule, trois semaines pour le coude. Joie.
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Vrac de semaine
. Vendredi 1er septembre État d'épuisement qui aurait nécessité un repos total dans le noir et le silence. La sortie à la médiathèque était prévue depuis quelques jours, ma BM avait décalé ses rv pour nous, je ne pouvais plus annuler. Je suis revenue en crise de nerfs intérieure, tremblante. J'y ai tout de même trouvé Et Nietzsche a pleuré, de Irvin D. Yalom et je me régale pour l'instant (je n'en suis qu'à la page 38). Pourquoi a-t-on une vie à côté lorsqu'on souhaiterait seulement lire ?
. Samedi 2 Sortie de 6,4 km pour voir des dolmens que je n'aurais finalement pas la force d'atteindre (à 600m pourtant). Allongée en pleine forêt afin de tenter de récupérer dos et muscles pour un retour hypothétique sur deux jambes (il me portera sur son dos une partie du retour), c'est un écureuil roux (marron foncé) qui vient me rendre visite. Cinq minutes de sauts dans tous les sens et une d'engueulade violente contre… une pomme de pin ? une branche sur sa route ? un autre écureuil ? Instant magique, puissant, d'une communion intense en pleine nature. J'ai largement préféré cette rencontre vivante à des pierres mortes depuis longtemps.
. Dimanche 3 Quatrième fois que nous regardons Nimona. Une fois en français, une fois en anglais sous-titré, une fois en anglais. On reprend avec les sous-titres pour s'imprégner avant de le revoir en anglais ensuite. La langue entre dans nos têtes avec la transidentité, la bienveillance, l'amitié. On ne pouvait trouver meilleur outil de travail. Famille jusqu'au-boutiste…
. Lundi 4 7h45 Je replonge dans l'enfance BABI et donc épuisante de mes petits désormais très grands, je ne sais pas si ça aide la personne à qui j'en parle et qui demandait des retours d'expérience. Mais quelle expérience ? L'un est autiste, l'autre TDA-H, les besoins intenses oui forcément étaient là mais est-ce que ça va lui parler ? Je ne sais jamais si je fais bien de poser, de répondre, lors de ces bouteilles à la mer. Est-ce que j'impose alors que l'autre était demandeur ? Quelle pertinence ? Je préfère lorsque je me tais.
13h14 La matinée à parler avec cette jeune maman, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant discuté avec quelqu'un sur ce forum. Je ne fais habituellement que m'abstenir, je passe en fantôme. Je suis une silencieuse. Quelle pertinence ? Je préfère lorsque j'ai les réponses.
Je continue ma lecture romanesque de Nietzsche, et l'envie me reprend fortement de reprendre ses écrits à lui que j'ai oublié dans un coin je ne sais plus quand.
. Mardi 5 Réveillée vers 5h, je suis il semble, à l'affut du moindre bruit et ne me rendors plus ensuite. Je suis au bord de la bascule depuis que je dors près de la porte - vais-je tomber à travers ? Message privé avec Mygale - l'ancienne arachnophobe en moi n'en revient pas de discuter avec une mygale. Pas encore lu le mp de ChatSauvage. Il me fatigue et va finir par se prendre une baffe virtuelle.
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Ce qu'il reste Ă
Il fait froid, ce matin, la tasse me réchauffe doucement. Un oiseau inconnu de moi chantait ce matin à quelques mètres de la maison, un loriot d'Europe a chanté puis m'a survolée… instants de douceur.
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Je m'aperçois que j'ai beaucoup moins besoin d'écrire – c'est pourtant un manque certain que je ressens – peut-être parce que je ne sais plus autant ce vide – gouffre – qu'il n'a plus besoin d'être rempli de mots, que l'angoisse ne me dévore plus avec une telle hargne, peut-être que ce qui ne se disait pas ou en demi vérités ou ce qui se disait à moitié mais enseveli, peut-être que ça n'a plus la même force de silence. Je ne sais pas du tout à quel moment c'est devenu quelque chose de stable sous les pieds. C'est arrivé ici, dans cette maison, la pilule blanche avait cessé de me dévorer le cerveau pour me sauver la vie, je n'en sais pas plus sur ce processus approchant la résilience ou alors, juste, et c'est le plus réaliste, ces années d'écriture m'ont permis d'arriver à cet exact point de quasi-stabilité.
Je veux dire. Je m'effondre toujours. Hier en sortant de la médiathèque, l'épuisement m'a eue tellement violemment j'aurais eu besoin de disparaitre, et pleurer. Longtemps. Le type d'effondrement totalement autistique, sans passé, dont je sais prendre – presque – soin par le repos.
Il m'arrive de sentir – et puis ça passe – comme rien n'est gagné, comme tout est là sous la surface, que tout n'est que faux-semblant et ça va exploser m'engloutir me détruire si je n'écris pas quelque chose, n'importe quoi mais quelque chose en teintes gris-noir, que la douleur va me tuer d'une fenêtre ou d'une voiture et que j'ai tout intérêt à ne pas me laisser berner par ce sentiment d'aller bien. Je ne peux pas entièrement cacher la souffrance derrière l'étiquette maladie, elle n'est pas là par hasard, elle ne s'exprime pas pour le simple plaisir d'exister et d'emmerder le monde. Elle existe parce que le passé, parce que le corps hurle toujours, finalement. Même si la tête, elle, est un peu plus en sûreté, le corps a encore à dire et je ne sais pas s'il y aura une fin autre que violente pour la faire taire.
Je ne connais pas le chemin encore (le même ?), pour sortir le corps de là . - surtout après avoir fermé l'espace des mots, pas forcément le plus judicieux de mes choix, finalement.
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En fait, je réalise, je suis encore – et encore – dans la dissociation…
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Ce qui en nous
On conserve par-devers soi les maux mots des autres, on tait nos souffrances les défaillances les désespoirs, "écrire rêve de ne pas arrêter ce qui est en train de se perdre, rien de plus impuissant et désespéré" disait Hélène Cixous, est-ce qu'on perd soi si l'on se tait, est-ce qu'on conserve les sommes d'angoisse et ensuite le papier reste blanc ? Qu'est-ce qu'on dépose et qu'est-ce qu'on garde, qu'est-ce qui détruit et qu'est-ce qui avance, est-ce qu'on conserve les traces à jamais ou est-ce qu'on peut s'en laver, est-il possible d'espérer libérer le corps ou la douleur c'est ça, l'impossible à poser sur la page ? On conserve les souvenirs, ne pourrait-on pas, parfois, faire une exception et les rendre.
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Chat sauvage
Il y a un homme, je ne le connais pas. Italien sur quelques bords, il mord dès qu'on s'approche ou s'il voit quelqu'un au loin. Il mord comme si sa vie en dépendait et je pense, c'est le cas, de cette défense dépend tout ce qu'il est. Il en tient debout. Il attaque tout l'espace à sa disposition et il est rejeté de fait, pourtant il reste, il reste à se faire jeter à agresser à titiller les autres à être détesté à se faire remettre à sa place - à laquelle il ne reste jamais. On s'est rencontré sur une agression et un recadrage, je ne me laisse plus détruire, j'y suis allée tout de suite avant que ce ne soit grave. Tellement tout de suite que c'était trop même si très calme, je suis retournée le voir après quelques jours et je me suis excusée. Et il s'est passé quelque chose de très fort, j'ai aperçu celui qu'il est sous les épines, lorsqu'il dépose les armes, lorsqu'il ne se cache pas, il était là et c'était dingue ce que cet homme est beau, juste en dessous. Un poète. Il a renfilé ses épines et je l'ai recadré, tout aussi gentiment que la première fois, sans agressivité parce que, qu'elle raison aurais-je eu. Il m'a parlé de nouveau plus tranquillement, mais je doute qu'il reste autour de moi, je le sens fatigué. Est-ce qu'on côtoie ceux qui nous déstabilisent, ceux qui nous fendillent.. Il est un chat sauvage, et je ne sais pas ce qu'il va se passer, si je ne risque pas de lui faire mal s'il n'y a personne à côté de lui pour ramasser les couches d'agressivité que j'enlève.
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Samedi Il est arrivé une chose qui ne s'était pas produite depuis... depuis. Depuis M. et la pagaille qu'elle a mise dans notre couple avec l'aide de LeChat, depuis les blessures. Nous avons réparé autrement. Il n'y avait plus - on l'a bousculé seulement pour nos anniversaires respectifs. C'est arrivé comme ça, par la force des choses, parce qu'un besoin de temps, parce que l'habitude qu'on pourrait nommer routine, parce qu'une maison à construire ça fait ça sans doute - prendre le temps l'arracher et le rendre épuisé - parce que les enfants la vie la fatigue ma santé : il n'y avait plus de temps à deux. Ça a fini par manquer, ce temps de couple. Après les différents achats qui nous ont fait courir un peu partout, il s'est arrêté à une terrasse et autour d'un verre nous avons discuté juste lui et moi, pas d'enfants de soucis d'interférences, juste lui juste moi. Je me suis remise à respirer, à croire que j'étais en apnée. En repartant nous sommes passés devant chez une fleuriste et il est arrivé une chose étonnante : mon regard s'est accroché sur une succulente. Je n'apprécie que moyennement les succulentes. Il faut bien comprendre que c'est piquant et que je ne m'approche jamais volontairement de ce qui peut me blesser - principe de vie. Ce sont des plantes tout en retenue, elles coincent l'eau dans leurs feuilles pour survivre aux sècheresses. Je devrais à tout le moins me sentir solidaire - nous pratiquons à haut niveau, l'une et l'autre, la survie - mais ma nature profonde est plongée dans les montagnes et l'eau ruisselante, je suis loin des zones désertiques.
J'ai donc un bout d'Afrique du Sud sur mon bureau, je n'ai pas très bien compris comment c'est arrivé.
Je ne suis pas certaine d'avoir choisi la plante, j'ai plus la sensation que c'est elle qui m'a choisie. Un appel qui a fait tourner ma tête. Lorsque je l'ai eue en main, je me suis aperçue qu'elle avait une petite hampe florale et que c'était la seule à en avoir une, j'ai souri de cette chance. Le plus amusant étant sans doute que cette Haworthia fasciata est surnommée Haworthia zebre - de circonstance, ailleurs.

Samedi, prise de conscience Une conversation - ailleurs donc - a dévié ma route. Sur ce que je pensais de moi. Sur ma capacité à me jeter dans un domaine et apprendre "facilement". Toute ma vie, je me suis sentie pire que nulle, ma mère m'a toujours dit que je n'arriverais à rien et je lui ai donné raison. Je lui ai accordé ce pouvoir-là . J'ai raté mes études, raté la musique, raté tout ce que j'ai entrepris. Avoir touché un peu à tous les domaines n'a fait que confirmer ce fait, je n'arrive à rien, je ne suis nulle part, je ne fais rien de mes savoirs. Il y a également le poids familial, puisque mon grand-père était affligé du même sentiment de n'avoir aucun don, de ne rien valoir, d'être rien.
Sur cette conversation, quelque chose a cranté : j'y arrive à ce quelque part, seulement je n'approfondis pas, par peur sans doute de l'échec annoncé. Et j'y arrive rapidement, surtout. La phase "débutante" n'excède pas quelques semaines, j'obtiens des résultats - puis je claque la porte. La moindre difficulté de parcours me fait reculer, "je ne suis pas capable de le dépasser".
Je ne sais pas encore ce que je vais faire de cette prise de conscience, que j'apprends rapidement et que "je pourrais" aller plus loin. On n'efface pas quarante-six années de tête sous l'eau avec un boulet au pied sur lequel il est écrit "tu es nulle en tout". Je vais commencer par prendre le temps de savourer ce fait, j'apprends plus vite que la moyenne, particulièrement dans les arts. Un pas après l'autre.
Lundi Je me suis réveillée au cri étrange d'un oiseau assez proche de ma fenêtre encore ouverte, à la limite de la corneille sans être du tout ça. Je me suis demandé si c'était un corvidé inconnu de moi. Après recherche il s'est avéré qu'il s'agissait d'un Loriot d'Europe, un passereau… africain. Il n'est par ici que pour la reproduction, dans très peu de jours, semaines, il va repartir vivre en Afrique (centre et sud). Je me demande s'il est bilingue.
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Cinq années de désertion de ce lieu, quatre de moi-même. J'ai regardé un peu partout où je pourrais bien m'écrire avant de réaliser qu'il y avait encore un peu d'une ancienne moi là , je n'avais pas effacé. J'existe donc encore, et avec ma manie de détruire chaque mot que je pose, j'en suis très étonnée. Est-ce que tu sais toi, ce que tu deviens ? Je ne sais plus, je suis complètement effacée. J'ai depuis peu une certaine stabilité intérieure, aussi fragile qu'une feuille en automne - je pleurais ce matin.
J’ai perdu l’écriture, j’ai perdu ma pétillance, j’ai perdu celle que j’étais, j’ai trébuché sur ma belle-famille, j'ai oublié comment lire en marchant, j’ai fermé les yeux comme on meurt. J’ai perdu la magie dans ma tête, elle s’est essoufflée. Je ne savais pas qu’elle pouvait disparaitre comme ça, je ne l’ai même pas vue s’éloigner, c’étant dans la dispute sans doute, dans la souffrance de la perte, dans les pilules blanches, les deux années et demi dans la belle-famille, le déménagement, la mort, le deuil, la maladie, la douleur, toutes ces pertes très adultes qui bousculent les enfants en nous et nous égarent.
Je t’écris depuis là , de ce retour d'une absence au monde, depuis l’eau troublée du silence. Il n’y a plus personne - je ne me connais plus. Tout à réinventer.
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Désastre amical
J'appréhende. Je ne sais pas comment on explique à son meilleur ami qu'il ne l'est plus, que je n'avais pas vu toutes ces années qu'il ne me traitait parfois pas très bien. Que ce que j'ai accepté, cautionné par un accord tacite non-verbal, je le récuse aujourd'hui. Que d'avoir été mille fois blessée, je n'ai plus rien à guérir de nous deux. Comment puis-je lui expliquer que son discours féministe est parfait et que je me suis laissée bercée de mots, qu'il ne manque que la pratique pour que ce soit juste, que je suis une personne, j'existe, je suis une femme et j'existe, j'ai des idées, qu'elles ne peuvent être balayées lorsque je les exprime pour être acceptées lorsque mon mari les ressort trois minutes après. Qu'il ne peut pas s'adresser uniquement à mon mari dans la maison, qu'avec le temps la réponse de mon homme "demande à Ambre" devrait avoir été intériorisée, comprise, entendue. Acceptée. Qu’il ne peut pas demander alors que je suis devant lui juste à côté des deux hommes, à ce que mon mari lui prête un livre qu’il sait parfaitement être à moi. Comment puis-je poser que je ne peux pas être le paillasson de ses humeurs, que je n'aime pas lorsqu'il m'agresse, que personne ne peut apprécier ça. Que je me suis explosée sur cette confiance perdue. Comment puis-je le mettre face à son intrusion dans mon couple - jusqu'à m'en éjecter -, à ce qui peut-être est une bisexualité refoulée, ou encore à un couple parental idéalisé, un père de substitution, qu'est-ce qu'il veut ce gars de mon homme, que cherche-t-il donc inconsciemment, qu'est-ce que je peux dire de cela sinon absolument rien parce que je n'ai pas le droit de tirer ces ficelles-là au risque de le détruire tant que lui-même n'a rien vu. Tout est tellement dans le non-dit, comment je pourrais lui pointer que lorsque nous avons affirmé à ses yeux notre couple et notre amour, nous avons été agressé cette fois tous les deux. Comment je me sors de cette emmerde-ci, hein, vraiment. Comment je lui explique sans le blesser - sans blessure sans violence sans douleur - que si je refuse de jouer avec lui aux différents jeux de société il s'agit avant tout d'agressions et de non-écoute, que la transparence je n'en souhaite plus, que j'ai mal en moi à m'en échapper, à sombrer, à tomber comateuse sur mon lit dès que je suis en sa présence.
Je me suis réveillée, mon mari perd son seul ami - je ne pavoise pas, j'ai perdu mon second - et je n'ai absolument rien envie de sauver de la relation. Il vient dans deux semaines avec l'idée d'une tension, il l'a sentie, il en a parlé mais pas à moi, à mon mari, parce que pour l'instant je n'ai toujours pas d'existence claire à ses yeux ou peut-être et c'est plausible, il appréhende lui aussi et m'évite comme je l'évite.
C'est compliqué de tout ce qu'il a fait, de sa présence, de l'appartement qu'il m'a prêté lorsque j'étais à la rue, c'est compliqué par quatorze années d'amitiés - entrecoupées par ses disparitions soudaines - c'est englué de conversations où il me pousse dans mes retranchements, alourdi par quelques manipulations. Je ne sais plus, je ne sais pas, dans deux semaines il vient et je ne souhaite qu'une chose, qu'il oublie.
Mes amitiés se délitent au fil de ce que je n'accepte plus, j'agrandis la solitude, c'est comme un parking géantissime et il y a ce vide, ce vide.. Est-ce qu'on meurt de n'avoir plus personne.. ?

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Ce qui disparait

Je rêvais que mon amour disparaissait, il s'en allait en suivant un peu le flot un peu le monde il s'en allait et je ne le trouvais plus, même pas derrière la porte. J'ai ouvert les yeux sur le vide qu'il me laissait, je suis revenue de ma nuit seule dans le lit, il avait effectivement disparu.
Je me suis demandé ce qu'il y avait de ce que je vis ces temps dans ce rêve, s'il y avait de cet ami qui me blesse, s'il y avait une menace de mort de perte irrémédiable de plus rien. Maintenant que je sais que cela appartient à l'autre - à lui, cet ami qui se perd -, je me suis dessaisie de l'agacement, je ne m'érafle que par mégarde sur les mots envoyés. Je sursaute seulement un peu à chaque perte de confiance, je l'entoure pour le rendre puisque ce n'est pas à moi, puisque je ne suis concernée de rien.
Je ressens une tristesse infinie. Non nommée. Pas surprenante, évidemment, il n'y a que moi pour être surprise. Ce qui ne m'appartient pas est lourd, il y a comme un ralentissement dans la solitude, l'impression d'être seule à la fenêtre et de faire signe, dire au revoir et il n'y a juste personne, être là sans l'être puisque je ne compte pas, puisqu'il ne s'agit pas de cela.
L'agression se formalisait et je réagissais si mal, je donnais prise à davantage sans le vouloir. C'est cela grandir ? Accepter que l'autre s'agresse lui-même, ne nous vise absolument pas ? Est-ce qu'on revient de cette perte, sait-on la part qui vient de nous pour qu'elle existe ? J'affronte le deuil présent sans savoir s'il reviendra, si la phase aura une fin ; l'ami si cher a disparu. Il s'immisce dans notre couple avec une urgence de plus en plus forte, avec une violence terrible il se blesse. Et moi a t-il dit lorsque mon amour m'a embrassée en rentrant, et moi qui se voulait un jeu, qui ne peut en être un. Je ne suis pas certaine de tout savoir, de tout comprendre, je suis certaine qu'il ne réalise pas ce qui le met en mouvement contre moi, qu'il ne voit même pas qu'il me tacle, ni qu’il ne jure plus que par mon homme, que je suis devenue la femme sans objet sans valeur, malade peut-être jusqu’au bout.
Alors. Je le laisse frapper. Je ne réponds plus et c'est dans ce silence qu'il perçoit, qu'il pirouette un peu pour atténuer. Je suis bouleversée de cette confiance qui part en morceaux. J'attends.
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Et se donner forme humaine
Je ne lui dirai pas. Le coup reçu comme ça. Ce sentiment d’infériorité qui me dévore ces temps lorsqu’il s’adresse à moi. Cette émotion négative qui m’arrache lorsque je pense à le voir. Je fuis, je sais si bien le faire, fuir. Je sais si bien ne rien dire. J’ai tenté. Je lui ai signalé l’injustice il m’a répondu sexisme. Il a conscience de la man box, il ne réalise pas comme il y est lui-même. Je suis dans ce mélange de colère et de fatalisme, d’agacement et de hurlement. Je m’isole, j’attends. Que ça passe, sans doute.Que je retrouve les morceaux, les photos, l’amitié profonde.
Il semble, nous recevons les coups d’amitiés sans avoir été prévenu, on ouvre les yeux c’est une naissance on se reçoit des mains et c’est le premier coup juste avant d’être déposé sur le vendre de la mère. Nous recevons le monde comme un poing, c’est une violence au premier regard. Un morceau sans identité. La mort et la vie mêlées.
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Et ta blessure, oĂą est-elle ?
Jean Genet - Le Funambule
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Malgré tout mon scepticisme, il m’est resté un peu de superstition irrationnelle, telle cette curieuse conviction que tout événement qui m’advient comporte en plus un sens, qu’il signifie quelque chose ; que par sa propre aventure, la vie nous parle, nous révèle graduellement un secret, qu’elle offre comme un rébus à déchiffrer, que les histoires que nous vivons forment en même temps une mythologie de notre vie et que cette mythologie détient la clef de la vérité et du mystère. Est-ce une illusion ? C’est possible, c’est même vraisemblable…
    Milan Kundera, La Plaisanterie, 1967.
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Elle ne dirait plus jamais de personne, il est ceci, il est cela. Elle se sentait très jeune ; et en même temps, incroyablement âgée. Elle tranchait dans le vif, avec une lame acérée ; en même temps, elle restait à l'extérieur, en observatrice. Elle avait, en regardant passer les taxis, le sentiment d'être loin, loin, quelque part en mer, toute seule ; elle avait perpétuellement le sentiment qu'il était très, très dangereux de vivre, ne fût-ce qu'un seul jour.
Virginia Woolf, Mrs Dalloway.
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La consolation
Je mets la musique fort, j’empêche les images du film les souvenirs le même visage de sa mère et de la mienne le même la même mère la chambre la ceinture qui tombe la boucle la ceinture la boucle de la ceinture. Sur mes oreilles, le casque qui m’empêche de hurler que je n’ai pas de mère, qu’elle était folle, que j’ai été tuée parce qu’on envoie à l’abattoir une même vie un même passé, on partage les trauma dans les familles, c’est cela, une famille. Et seulement, oui, nos mères ont-elles seulement cette excuse, peuvent-elles prétendre à la moindre faille déraillante lorsqu’il s’agit de cela, d'envoyer sciemment l’enfant.e à cette mort de l’enfance dans le lit des hommes alors qu’elles savent, oh elles savent, elles sont passées par ce lit, tu l’apprends un jour sur une route, tu as seize ans ou alors dix-sept et elle parle à son rétroviseur elle regarde la route elle regarde devant et elle te plante ça comme ça tu as de la chance moi ma mère elle savait toi au moins il ne t’a pas touchée. Hein, il ne t’a pas touchée? Tu peux me le dire. Tu vois bien, tu as de la chance ce n’était pas ta grand-mère c’était moi, il n’aurait pas osé. Oh ça, il a osé maman, les vacances sont faites pour ça ou alors peut-être c’est l’âge ce sont les neuf ans qui sont fait pour cela. Il a osé et je suis tombée tombée tombée j’ai perdu connaissance, maman. Et tu sais maman, depuis, je ne sais plus m’évanouir, quand tu me forçais à retourner chez lui je tombais les yeux grands ouverts je tombais et vraiment les yeux ouverts on sait, parce qu’avec un rideau noir on ne sait jamais ce qui peut arriver, quand on s’évanouit, on ne sait plus après, il y a ce rideau et on ne sait plus ce qu’il s’est passé ensuite, on n’en fait pas un film c’est certain, on ne fait pas un film avec un rideau noir et une boucle de ceinture et une mère qui sait. De ce film, on regarderait une petite fille partir en vacances, on pourrait juxtaposer la mère la fille la même image, une chambre et une ceinture qui tombe, une mère debout et une fille qui tombe tombe tombe et le film serait là , à se terminer sur ce rideau noir et un hurlement de silence tomberait de ce rideau de l’enfant, la mort serait là dans ce hurlement de rideau noir et ça serait la fin, toute la fin.
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