Alexane ESKENAZI Gwenaëlle MARTIN--GOUËLIBO Lénaïg FALL-MABON
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VIOLENCE CREATRICE
Au début de notre réflexion, nous étions bien loin de ce concept de violence, et en même temps très proches. Ce qui nous intéressait c'était les corps, leur déformation, les représentations qui parfois n'avaient presque plus rien d'humain. C'est alors que nous nous sommes demandées pourquoi. Pourquoi étions nous attirées par ces représentations de corps déformés ? La réponse est la suivante, pour toute la violence qu'elles dégagent.
La violence fascine autant qu'elle révulse. L'histoire de l'art n'a eu de cesse d'alterner entre ces deux penchants, entre censure et affirmation. Dans ce dossier nous allons parler de la violence créatrice, celle qui pousse à témoigner, à rendre compte des atrocités mais également de la violence du processus de création lui-même, dont on ne voit plus que les stigmates.
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Turner William, Tempête de neige en mer, 1842, photo d’une peinture, Huile sur toile, 91,4 x 121,9 cm, Tate Britain
Sur cette toile, la confusion règne. Les éléments sont déchaînés, la mer et le ciel se confondent. Les coups de pinceaux nerveux du peintre rendent comptent de la férocité et de l'éclat des énergies lors d'une tempête. Ce n'est pas véritablement le processus créatif qui témoigne de la violence de la scène, mais c'est l'habilité du peintre à représenter plastiquement l'intensité des forces telluriques qui sont à l’œuvre.
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Wingman Mary, Hexentanz, extrait vidéo d’une chorégraphie (Danse de la sorcière), 1914, Danse
Dans une période sombre, où l’expressionisme allemand était à son apogée, cette danseuse chorégraphe a révolutionné les codes classiques de la danse. Mary Wigman en transe devant son miroir a dansé jusqu’à ne plus se reconnaître. Elle était devenue “ la sorcière”, dès lors elle tenta de reproduire les mêmes mouvements. On y découvre des mouvements saccadés, un visage possédé, Mary Wigman incarne une violence morbide.
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Baldaccini César, Compression Ricard, 1962, photo de carcasses de voitures, 153 x 73 x 65 cm, Centre Pompidou
Pour réaliser cette œuvre le sculpteur se sert d'une presse géante permettant la compression de morceaux de métal de plus d'une tonne. Des carcasses de voitures sont ici amalgamées par une force mécanique faisant se plier et parfois se déchirer le métal. Ces différents éléments sont déconstruits, privés de leur forme initiale, et contraints dans un parallélépipède rectangle, empêchant la reconnaissance de l'objet premier. Ce qu'il nous reste devant les yeux est le témoignage d'un processus de destruction dont nous ne pouvons qu'imaginer la force.
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Dubois François, Le massacre de la Saint-Barthélémy, 1576-1584, Photo d’une peinture, Huile sur bois, 93,5 x 154,1 cm, Musée des Beaux-Arts de Lausanne
Ce tableau représente le massacre de protestants par des catholiques suite au déchirement de la noblesse française dont le peintre fut témoin. Cette œuvre est représentative d'un événement historique sanglant. On peut y voir des traînées de sang menant à des cadavres décapités, éventrés, pendus... Au centre du tableau une porte ouverte déverse des dizaines d'hommes armés de lances. Ce qui nous a intéressé ici c'est la force de la volonté de dénonciation du peintre l'ayant poussé à illustrer une scène d'une violence terrible.
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Van Der Poll Marijn, Droog Do Hit, 2000, photo d’une sculpture, Acier (Masse incluse), 100 x 70 x 75 cm
Do Hit est un fauteuil design parfaitement unique. En effet, ce bloc d'acier d'un millimètre d'épaisseur est fourni avec une masse pour former soit-même le creux qui accueillera son postérieur. Les stigmates infligés à l'objet sont donc essentiels à sa formation et font de lui un objet unique empreint de l'histoire de sa création. La dégradation du bloc initial par la succession de coups demande un effort considérable et provoque un vacarme assourdissant. La création d'un tel objet demande de mettre son agressivité au service de la force créatrice.
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La violence représente la transgression de la loi d’une société, ou bien l’acte d’aller à l’encontre de la volonté d’un individu. Dans l'art, elle est présente depuis son commencement sous de nombreuses formes, des peintures représentant des scènes de chasse au paléolithique, aux œuvres de Niki de Saint Phalle faites à l'aide d'un fusil. Dans les productions artistiques, la violence se représente et la violence se ressent.
Parlons d'abord de la violence représentée. Les peintures de Turner et Dubois, sont des témoignages d'événements, plus ou moins réels. Chez Dubois tout cela part d'une volonté de raconter, de rendre compte des atrocités de son temps. Pour Turner cela est un peu différent, il est un romantique. De ce fait il éprouve une fascination pour le sublime, la beauté présente dans la peur. Tel Goya peignant Saturne dévorant ses enfants, la tempête représentée est magnifique dans tout ce qu'elle est de terrible.
Ensuite, dans les œuvres de César et de Marijn Von Der Poll, la violence que l'on perçoit est résiduelle. En effet, en voyant ces objets on imagine une histoire, une méthode qui aurait pu parvenir à un tel résultat. Le processus de création dans les deux cas a nécessité une force considérable pour plier l'objet à la volonté du créateur (ou dans le cas de Do Hit, l'acheteur). Les stigmates sur le métal sont les témoins de la violence de la création de l'objet.
Enfin, concentrons-nous sur la performance de Mary Wingman. Dans ce solo audacieux, véritable pied-de-nez à ses contemporains, elle déforme son corps dans des mouvements saccadés qui sont appuyés de percussions. Cette danse nous met mal à l'aise, devant ce corps qui semble habité d'une rage qui lui est propre, on perd nos moyens. La création a ici, comme dans le cas de Do Hit, une valeur physique. C'est grâce au corps et à l'effort qu'on lui impose que la violence est restituée.
Certains faits historique nous rappellent que la violence est avant tout un phénomène culturel; par exemple le cannibalisme a pu être considéré comme un rite accepté par tous au sein d’une communauté. Ainsi, ce que l’on considère comme la violence varie selon les époques, les lois et les mœurs d’une société. Cependant, la violence dans l’imaginaire collectif a un trait commun: son caractère sacré. On note que la violence fait envers le Christ est un sacre qui perdure à travers les générations. Enfin, les crimes de masse, la possibilité de l’homme de s’entretuer est le symbole de la violence. L’homme serait un être ambivalent dans sa capacité a faire le bien ou le mal. Et c’est cette ambivalence fascine et pousse certains artistes à la créer. Ainsi, on peut se demander jusqu’où la création artistique a-t-elle besoin de violence pour exister.
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