Tumgik
voyelles · 3 years
Text
Note #2 - 02062021 17:12
Accepte ce que tu ne comprends pas. Accepte ce qui ne fait pas sens pour toi, mais s’explique par d’autres modes de pensée que les tiens. Accepte le silence, prends le pour ce qu’il est, une réponse en soi, même s’il te semble rempli de plus de questions auxquelles tous les mots du monde ne pourraient répondre. Le silence est fait de questions qui n’ont pas lieu d’être. Nourrie toi de ces émotions hasardeuses, de ces haut-le-cœur qui te prennent à la poitrine, contractent ta gorge et remplissent tes poumons d’un souffle profond. Apprend à apprécier l’absence de raison, de but, l’absence de finalité totale, l’inutilité même et magnifique d’un geste lancé dans le vide sans contrepartie, sans objectif et sans conséquence. Apprend à te repaitre de ce silence, source d’inspiration, car tout est à y construire. Ce silence tu ne le subit pas, tu le vis simplement. Il n’est pas un fardeau, un sort que l’on t’aurai jeté pour te punir, pour te mettre en position de faiblesse. Tu n’es pas faible quand tu ressens. Au contraire, tu n’as jamais été aussi forte que dans les troubles de l’être, que lorsque tu cherches non pas à les saisir ou à les maitriser, mais que tu les acceptes, que tu les laisse être, vivre et mourir à l’aube d’un nouveau souvenir qui se créé et les remplace par d’autres. C’est ça ton carburant principal. Les soubresauts de l’âme, du cœur et de l’estomac, la trahison corporelle de l’émotion. Apprend à les déceler et les comprendre, ils seront tes meilleurs repères et tes plus fidèles alliés. Apprend à accepter de te laisser aller à des pensées futiles, délicieux fantasmes qui agissent comme un onguent salvateur sur une réalité parfois tranchante. Ces pensées ne conditionnent pas ton avenir, elles ne sont pas là pour être interprétées au pied de la lettre. Lis entre les lignes. Lis entre tes lignes, interprète ce dont sont constituées tes rêveries pour en extraire la substantifique moelle, celle qui te donne une forme et des contours, celle qui t’affirme et t’ancre. Ne te laisse pas perturber par les réalités matérielles qui transcrivent des dynamiques beaucoup moins matérielles. Recherche l’émotion, identifie la source du plaisir et de la joie, tire le fil de ta pensée pour en découvrir la matrice, les présupposés constitutifs de ton être. Remonte au centre de la toile, ne l’abime pas sur ton chemin, n’invalide pas ses défauts, respecte religieusement l’étoffe dont tu es tissée.
0 notes
voyelles · 3 years
Text
Vendredi de mai - 30052021 22:20
Une rencontre lunaire, enfant de l’alignement des corps célestes qui dirigent deux temporalités vers le même instant, à partager et à prendre, à voler et à restituer. Peu de choses passent le pas des lèvres, qui se tordent et se serrent, trahissent d’un bégaiement ce que les joues s’étaient efforcées de ne pas montrer. Cette rencontre semble culminer, en haut d’une falaise comme d’une vallée, prête à la chute libre comme à la balade. Beaucoup de questions qui n’avaient pas lieu d’être sont pourtant restées sans réponses. Ou plutôt, les réponses n’étaient pas nécessaires. Seules comptent les questions. Celles suspendues, interrompues, et celles qui amènent à la rencontre. La rencontre de l’autre que soi, enfermé dans sa chair et transpirant par les mots. L’indice qui révèle la palette, la nuance et l’étendue de l’autre, est d’autant plus délicieux lorsque l’on ne l’attend pas. Il émerge comme une source d’eau pure qui nous rappelle à notre soif, éteinte et camouflée par l’anesthésie de la routine. Soudain la gorge se déploie dans un mouvement ample, la déglutition suivante rappelle à la vérité brute du corps, qui ne peut pas mentir ou tromper, seulement temporiser, s’économiser. Lorsque la rencontre se passe, elle n’a pas à être réciproque. Ce n’est pas à propos de l’autre. L’autre est acteur du moment, mais la rencontre est individuelle. C’est un écho personnel du cœur, une façon de se voir un peu dans l’autre que soi. Et ainsi de se rappeler, de se rencontrer vraiment soi, d’assumer des contours et des couleurs qui sont les nôtres pour les proposer et dire, « voilà qui je suis ».
Ce que les mots ne suffisent pas à exprimer, c’est le tracé du doigt qui le révèle. Il dévale doucement, d’un air presque insolant la courbe de la nuque, s’aventure dans le creux de la clavicule et dévore à pleine paume la rondeur de l’épaule. Il révèle une peau pleine de vie, lisse et vive, réagissant au touché comme un feu qui crépite, se distord et se contracte. Tant de choses parlent du bout des doigts. Des souffles inconnus jusqu’alors se révèlent au creux d’une oreille tendue, attentive et réactive pour indiquer aux doigts le chemin de leur pèlerinage, ne cherchant rien pour tout y trouver. J’ai rencontré le corps de cet homme comme si je l’avais déjà connu, comme si je le redécouvrais. Ce n’était pas tant à propos de son corps que de tout ce qu’il renfermait. Je cherchais dans la texture de sa peau, la courbe de son torse, à lire ce que le corps a conservé de ses mouvements, de sa vélocité. Du bout des lèvres aussi, j’ai cherché à deviner le tracé qui mène à lui, à ce qu’il est, à ce qu’il vit. Comme si quelque chose m’appelait, un écho lointain que je n’arrivais pas à entendre assez bien, que j’avais terriblement envie de poursuivre pour comprendre, comprendre, apprendre, qui es-tu ? Apprends-moi à te rencontrer. Donne-moi les clés et les outils, apprends-moi ta langue, pas celle que tu parles mais celle qui te maintient en vie, celle qui t’insère dans le monde, te donne un ancrage et une présence. Une aura diffuse, comprimée et étendue, réservée, une énigme non pas à résoudre, mais à apprécier pour ce qu’elle est : une question. Qui es-tu ? C’est comme ça que j’aime rencontrer l’autre. Comme un problème mathématique qu’on choisirait de ne pas résoudre, mais d’admirer. Comme de l’art qu’on ne comprend pas mais qui éveille en nous tout ce qui nous compose. La gratitude qui m’enivre est opulente. Elle est riche des morceaux de l’autre que j’emporte, égoïstement et pour moi seule, desquels je me repais comme d’un festin somptueux, comme d’une liqueur suave qui participe à lier le bric et le broc qui me compose.
0 notes
voyelles · 3 years
Text
Note #1 - 07052021 00:13
Lorsque je me fais jouir, c’est politique.
Lorsque je joui, la liberté qui m’envahit est proportionnelle aux freins qui me cadrent et me limitent. Lorsque ce sont mes propres doigts qui parcourent mon corps, c’est comme si la boucle était bouclée, que l’alpha rejoignait l’oméga et qu’enfin, une certaine réponse était apportée à une certaine question. C’est la fusion du mental, de l’exercice intellectuel du plaisir, combiné aux désirs de la chair dans laquelle je ne fais que puiser une puissance inégalée. L’ivresse qui m’emporte est peu descriptible, elle est intouchable, incolore, ou plutôt, elle est toutes les couleurs à la fois, et des nouvelles encore. Elle ressemble à un feu d’artifice, logé dans un souffle discret qui me surprend. Je me surprends lorsque je me fait jouir. Cette surprise est étrange, inconnue car si inhabituelle. Je suis maitresse de mon désir, source et destinataire, muse et peintre. Je ne suis jamais plus honnête que lorsque je me fais jouir.
Cette jouissance est politique. Je l’ai dans le corps. Elle arrache, elle reprend, elle s’impose, elle casse mon souffle, elle cambre mon dos, elle tends mes jambes. Mon corps s’y plie, sujet et adorateur de son courroux. Mon corps est le sujet de tant de plaisir qu’il rougirait presque, peu habitué à être le centre d’une attention positive et bienveillante, sans contrepartie. Sans jeu d’égo ni intentions biaisées. Cette jouissance est politique car elle fait de mon corps un sujet actant, une entité à part entière, axé sur lui-même, autonome et omnipotent, source d’un feu qui se loge entre mes cuisses et irrigue tout mon être dans une même danse. Un corps qui existe en soi, pour soi, objectivement et subjectivement.
1 note · View note