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(Wakan Tanka Records)
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La Dame Blanche - Mentira feat. Manteiga (Batuk)
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La porte par laquelle on accédait au sous-sol était située en face du local à poubelles. Je l’ouvris et descendit l’escalier sombre qui menait en ligne droite jusqu’à une autre porte faite d’un bois vermoulu, rongé par l’humidité, défoncé par endroits, et couvert de graffitis tracés au feutre, tellement anciens qu’ils en étaient devenus indéchiffrables.
Là, je m’arrêtai sur le seuil, tendant l’oreille. Les coups s’étaient arrêtés. Puis ils recommencèrent, plus faiblement.
Je tournai la poignée, et le panneau de bois s’ouvrit avec un grincement lugubre sur un étroit couloir de béton qui tournait un peu plus loin, s’enfonçant dans les ténèbres. Les portes des caves étaient alignées tous les trois mètres de chaque côté du mur.
Le cœur battant, une sueur froide coulant le long de mes tempes, je sortis la clef anglaise, la brandit fermement devant moi, et je m’élançai, dans une obscurité absolue, vers ce que je pensais être l’origine du bruit.
Je n’éprouvais plus que la sensation du sol sous mes pas et celle du mur sur lequel je posais mes doigts, éprouvant la réalité de ses aspérités comme ultime témoignage de l’existence du reste du monde.
J’entendis à un moment quelque chose de furtif et de reptilien caracoler le long des murs, en émettant une sorte de chuchotement animal. Puis plus rien.
Après le premier virage, il y en eut un autre, puis encore un autre. Puis, je ne sais comment, il n’y eut plus rien sous mes doigts. Le mur avait disparu, comme happé par la nuit.
J’eus la terrible impression que tout l’univers s’était éteint. Comme si j’avais franchi en un souffle des milliers d’années-lumière. Comme si j’avais gravi toutes les limites de l’espace et du temps. Il n’y avait plus que moi et cette phosphorescence, qui venait d’apparaitre, s’échappant de derrière la porte de cette cave qui se dressait au milieu – au milieu de quoi ?
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Au Royaume du Néant
J’avais vingt ans à l’époque. Je préparais une licence d’anglais, à Paris. J’étais en colocation avec Edgar Prigent et Katsuhiro Ichida, un Japonais qui passait deux ans dans la capitale pour parfaire sa maitrise de notre langue, qu’il parlait pourtant déjà couramment. Son père était PDG d’une grande entreprise japonaise de hautes technologies, et cherchait un directeur commercial pour la France, pays stratégique. Il admirait notre culture, et il avait chargé son fils, après l’avoir éduqué dans une francophilie qui, à ce niveau d’intensité et de classicisme, ne se rencontre plus guère que dans ce pays, de prendre la place en question.
J’ai toujours entendu dire que les jeunes Japonais subissent une pression familiale, quant à la réussite de leurs études, que ne pouvons même pas imaginer ici, et que beaucoup d’entre eux se suicident après avoir échoué à leurs examens. Katsuhiro, lui, avait l’air de s’en foutre complètement. Quand je rentrais après les cours, je le trouvais assis sur son siège à roulettes devant l’ordinateur, les pieds sur le rebord du bureau, les yeux au plafond, écoutant une chanson des Doors en battant mollement du pied pour marquer le rythme, laissant se consumer négligemment dans sa main un énorme joint qui emplissait toute la pièce d’un parfum ignoble. Dès que j’ouvrais la porte, il se poussait en arrière avec ses pieds, le siège roulait plus loin, il se levait péniblement en s’étirant et me serrait la main en me soufflant à la figure une haleine immonde faite de relents de bière et de haschich.
Son livre fétiche était Les Caractères, qu’il relisait fréquemment dans le canapé du salon, entre deux roulages de joint. Il n’y a qu’un Japonais pour s’intéresser à La Bruyère. Chez nous, c’est juste un nom de gymnase ou de lycée technique. Katsuhiro, lui, lui vouait un véritable culte, c’est d’ailleurs le premier auteur qu’il avait réussi à lire en français dans le texte.
Sa grande hantise, j’avais fini par le deviner, était une visite de son père en provenance directe de Tokyo. Cette menace avait été agitée sournoisement à plusieurs reprises par papa Ichida lui-même, qui soupçonnait – à juste titre - que le fiston prenait son rôle un peu à la légère. Il avait déjà été clairement question qu’il s’installe quelques semaines dans un hôtel tout proche, officiellement pour voir Katsuhiro et visiter Paris, en vérité dans le cadre d’une procédure évaluation/rapport/sanction ; sanction, puisqu’il serait évidemment très difficile pour lui de ne pas se rendre compte que son fils était un dilettante, un jeanfoutre, un Jules-de-chez-Smith-en-face, une merde, un parasite drogué ; et là, adieu pognon, l’ex-futur héritier se retrouverait en un battement de cils livreur de sushis dans l’Essonne.
Ce dimanche de Juillet, nous étions à Roissy pour réceptionner Edgar à sa descente d’avion. Il revenait de République tchèque, où il s’était rendu dans le cadre de ses études d’archéologie. Un village celte y avait été récemment exhumé, d’après ce que j’avais compris.
Edgar c’était, comment vous expliquer ? Un Barbare, voilà, je crois que c’est le mot qui convient, un Barbare caché derrière le vernis de l’étudiant gentiment dégénéré et camé juste comme il faut. Leur grand jeu, à Katsuhiro et lui, consistait à arpenter les rues du 18ème arrondissement, la nuit, un couteau à cran d’arrêt dans la poche de leur blouson. Ils faisaient exprès de passer dans certains quartiers et de parler fort en fixant bien dans les yeux les bandes de dealers qui tenaient la rue. Alors, les ennuis commençaient, jusqu’à sortir les lames, et ça se finissait généralement en garde à vue ou aux urgences, ou les deux.
Edgar était taillé pour ça. Depuis dix ans, il pratiquait avec acharnement la boxe française, et soulevait régulièrement de la fonte. Physiquement, il en imposait. Katsuhiro, par contre, avec sa raie sur le côté, sa petite moustache d’adolescent imberbe, ses mains de poupée et son mètre soixante-six, avait l’air de tout sauf d’un foudre de guerre, et, là encore, les apparences correspondaient à la réalité. Il était pourtant doté d’une agressivité au moins égale à l’incapacité qui était la sienne de riposter dans les cas –plus que fréquents- où les individus victimes de ses insultes éthyliques et cannabiques se trouvaient être plus grands, plus gros, et plus nombreux. On peut raisonnablement émettre l’hypothèse selon laquelle, sans Edgar, il aurait depuis longtemps rejoint l’Autre Monde, si bien sur les Japonais en ont un, ce qui reste à démontrer.
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Au Royaume du Néant

Au-dessus de moi, il n’y avait plus que le ciel étoilé. Un croissant de lune se penchait au-dessus de cette seine immense qui sépare Donnemont des vastes étendues de la campagne vexinoise. Quand j’étais enfant, j’imaginais que ce paysage de collines qu’on voyait sur l’autre rive n’était que le début d’un autre pays, aussi éloigné de nous qu’une autre planète, un pays de cocagne infini, parcouru de vergers et de villages, de vallées luxuriantes irriguées par des ruisseaux au cours paisible, où des jeunes filles aux hanches douces transportaient des paniers dans des chemins creux, en chantant des comptines d’un âge révolu.
En réalité, il n’y avait rien, rien du tout ; rien d’autre que la grisaille et la désespérance de ce monde latin où, un beau jour, on avait décidé qu’il fallait capturer les anges des anciens temps jusqu’au dernier et leur arracher les ailes.
Je m’étais réfugié dans les livres, dans l’imaginaire. J’avais peu à peu abandonné l’espoir qu’un autre monde était possible. Je ne pouvais qu’essayer de ne pas voir celui-ci s’enfoncer peu à peu dans l’horreur. L’idée que, quelque part, subsistait quelque chose qui n’était pas encore souillé, l’idée qu’il pouvait y avoir quelque chose derrière l’horizon, l’idée que le reste de notre existence pourrait ne pas se résumer à une interminable chute dans le vide, que nous ne verrions pas seulement la fin de ce royaume mais peut-être aussi le début d’un autre, subsistait malgré moi quelque part au fond de mon cœur, comme une minuscule braise mourante. Quand je rencontrai Edgar, je vis, à ma grande surprise, que son cœur à lui se consumait perpétuellement, qu’il était dévoré par une flamme gigantesque qui semblait ne jamais devoir s’éteindre ou faiblir.
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Au Royaume du Néant

Quand nous arrivâmes là où s’arrêtaient les lumières artificielles, nous nous rendîmes compte que ce n’était pas le fond de la grotte, mais sa deuxième moitié. Deux rangées parallèles de statues, trônant chacune sur un piédestal, formaient une allée qui, de toute évidence, était censée mener rituellement les ouailles de Langevin à la cérémonie de la Renaissance.
Aucune de ces statues n’était d’apparence humaine. Leurs bouches s’ouvraient en des rictus démesurés, faits d’interminables rangées de dents pointues surplombées par des yeux ronds comme des boules de billard. D’énormes pénis en érection, hérissés de piquants, surgissaient au milieu de pattes de gargouilles. Le front de certaines d’entre elles s’ornait de cornes, d’autres portaient dans leur dos des ailes hideuses et presque rectangulaires. Leurs langues étaient peintes en rouge et leurs yeux en noir et blanc.
Voilà donc ce qu’elles étaient devenues, ces anciennes idoles mésopotamiennes disparues il y a vingt ans de cela, lors de l’invasion de l’Irak. Elle était là, l’explication de tous ces vols dont on n’avait soi-disant jamais retrouvé les auteurs. Ce n’étaient pas les islamistes, et ce n’étaient pas non plus des pillards qui auraient cherché à revendre leur prise au plus offrant. Ce n’est pas pour l’argent que Langevin et ses mercenaires s’étaient rendus à Bagdad lors de la seconde guerre du Golfe et s’étaient emparées de ces statues, mais pour édifier un temple à la gloire de Satan.
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Quand nous arrivâmes là où s’arrêtaient les lumières artificielles, nous nous rendîmes compte que ce n’était pas le fond de la grotte, mais sa deuxième moitié. Deux rangées parallèles de statues, trônant chacune sur un piédestal, formaient une allée qui, de toute évidence, était censée mener rituellement les ouailles de Langevin à la cérémonie de la Renaissance.
Aucune de ces statues n’était d’apparence humaine. Leurs bouches s’ouvraient en des rictus démesurés, faits d’interminables rangées de dents pointues surplombées par des yeux ronds comme des boules de billard. D’énormes pénis en érection, hérissés de piquants, surgissaient au milieu de pattes de gargouilles. Le front de certaines d’entre elles s’ornait de cornes, d’autres portaient dans leur dos des ailes hideuses et presque rectangulaires. Leurs langues étaient peintes en rouge et leurs yeux en noir et blanc.
Voilà donc ce qu’elles étaient devenues, ces anciennes idoles mésopotamiennes disparues il y a vingt ans de cela, lors de l’invasion de l’Irak. Elle était là, l’explication de tous ces vols dont on n’avait soi-disant jamais retrouvé les auteurs. Ce n’étaient pas les islamistes, et ce n’étaient pas non plus des pillards qui auraient cherché à revendre leur prise au plus offrant. Ce n’est pas pour l’argent que Langevin et ses mercenaires s’étaient rendus à Bagdad lors de la seconde guerre du Golfe et s’étaient emparées de ces statues, mais pour édifier un temple à la gloire de Satan.
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Mon roman "Wild boys" en promotion de lancement exceptionnelle disponible à l'achat pour 0,89 €

Pour la publication de mon premier roman, j'ai décidé de frapper fort : jusqu'au 31 aout, "Wild boys" dont j'ai publié ici de larges extraits, est disponible pour 0,89 €.
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Le châtiment russe
Ce soir, la lune tombe sur un monde en perdition. La Vieille Europe sombre, et son agonie est comme un sinistre feu d'artifice que le reste du monde contemple avec stupéfaction.
Nous sommes comme les anciens Romains, qui n'avaient plus la volonté de lutter pour sauver leur Empire. Ils attendaient les Barbares presque comme une princesse attend son prince charmant. Et ils sont venus, les Barbares, comme une bile vomie par le Rhin gelé. Ils étaient blonds, et leur brutalité était extrême. Mais, génération après génération, ils oublièrent leur langue et leur religion. La Rome antique, abattue militairement, mourut et ressuscita, comme une nuée de fantômes, avec cet empire virtuel qu'on appelle l'Eglise catholique, ses évêques, ses archevêques, ses cardinaux et son Pape.
Aujourd'hui, les Barbares ne viennent plus de Germanie et ne sont plus blonds. Mais les héritiers des Romains les attendent tout de même, en leur faisant des yeux de femelle éplorée, les craignant et les espérant tout à la fois. Et jettent au contraire des regards de haine pure en direction de l'ancien Empire d'Orient et de ses héritiers, ces slaves des steppes convertis à l'Orthodoxie et à l'alphabet cyrillique. Qui ont gardé ce qu'eux-mêmes ont perdu, qu'on appelle abusivement la virilité, et qui est simplement la volonté de se battre et de ne pas mourir.
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