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Bicéphale - Face B
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bicephale-face-b · 10 years ago
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Fondation Louis Vuitton : beaucoup de bruit pour rien
Le 29/03/2015
Par Camille Teste
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© Iwan-Baan 2014 © Gehry-partners-LLP
Qui n'a pas encore effectué son pèlerinage à la Fondation Louis Vuitton ? Ouvert depuis Octobre 2014, inauguré en grandes pompes par François Hollande et Bernard Arnault, l'homme le plus glamour du CAC 40, le lieu ne cesse de faire parler de lui. Début Mars, Kanye West y donnait une série de concerts. De quoi émoustiller Twitter et soulager les plus mélomanes d'une centaine d'euros. Errances.
Bois de Boulogne ou pas, mini-bus électriques ou pas, je traverse le périphérique pour bénéficier de l'aura d'un lieu désormais déifié. Entre les arbres, l'édifice n'est pas difficile à repérer. C'est une structure massive, en bois, verre et acier, donc la forme oscille entre celle d'une torture ninja sur le retour et un amas de panneaux solaires géants. C'est grandiose, démesuré.
Par chance, je ne fais pas la queue. Je me suis pointée tôt, prête à m'inonder d'eau bénite. Il faut dire qu'en termes d'équipement aqueux, chez LVMH, on ne lésine pas sur le matos. Olafur Eliasson s'est chargé d'habiller un bassin tout en longueur d'une série de miroirs à dominante jaune. L'ensemble est majestueux, presque caricatural. Une petite touche prosaïque ne faisant jamais de mal, l'installation de l'artiste danois se prolonge par une espèce de toboggan géant, de quoi faire rêver Filip De Witte, directeur du Parc Astérix.
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Olafur Eliasson - Inside the horizon 2014  Olafur Eliasson © Iwan Baan
Je pénètre donc dans la fosse aux lions monogrammes, l’œil attiré par une fleur géante. Très vite, il faut faire un choix crucial. L’expression perplexe sur le visage des visiteurs à peine entrés me laisse penser que je ne suis pas seule à faire face à un dilemme d’une telle ampleur : par où commencer ? Le traditionnel plan, distribué par une jeune et blonde réceptionniste, a quelque chose d’abscons. Deux ascenseurs, quatre escaliers, une porte close et quelques jurons plus tard, je trouve, enfin, la salle Giacometti. Une foule d'allemandes concentrées commentent avec engouement de longs personnages en bronze. Au fond de la salle, l'employé de musée scrute le groupe, interloqué. Il faut dire qu'il est aussi long et fluet que les œuvres du sculpteur suisse, qui, du coup, le laissent de marbre.
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Rose - Fondation Louis Vuitton Marc Domage © Isa Genzken
Une dame chic propose aux visiteurs de participer à une micro-visite. Dans un maxi-musée, le concept est engageant, mais une famille parfaite retient mon attention. Le père, quarante ans, écharpe en soie et lunettes rondes se tient devant la photographie d'un arbre géant. Tout excité, il interpèle sa fille. « Regarde ce très grand arbre, Lila ». Ce n'est pas mon genre de dénoncer mes compatriotes, surtout quand nous partageons le même âge mental, mais Lila, 4 ans à tout casser, n'en a pas grand chose à faire. Elle préférerait gambader dans la jardin d'acclimatation voisin, sauf qu'entre son potentiel cours de danse contemporaine du matin et une leçon de piano vers 17h, c'est inenvisageable.
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Tacita Dean - Majesty 2007 Photo Fondation Louis Vuitton  © Martin Argyroglo 
Le frère de Lila, qu'on appellera Joseph par déduction, puisqu'il ne prénomme, de toute évidence, ni Kévin, ni Jean-Charles, frétille dans sa veste en tweed taille 12 ans. Il concentre toute son attention sur une poignée de porte. L'éducation porte ses fruits, et puisque l'esthétique se trouve, au moins en puissance, dans chaque chose, ses parents tremblent de fierté.
Je m'éloigne des ces homocyrillus en culottes courtes, et m'approche d'un couple de vieux briscards du XVIème arrondissement. Ils contemplent les panneaux monochromes d'Ellsworth Kelly, accrochés au mur, dans une grand salle vide. Ils n'ont pas l'air des plus emballés, et pourtant lorsque je leur lance un regard de connivence, le leur se fait fuyant. Je m'offusque. Plus loin, une myriade de scandinaves branchés, cannes à selfie bien en mains, se photographient sous tous les angles. Pourquoi faire le déplacement extra-muros et poiroter pendant des heures pour bénéficier du halo culturel d'une marque de luxe si, à terme, le monde entier n'en prend pas connaissance ?
Retour dans le hall. Je jette un œil au livre d'or. Un être similaire à ma copine Lila y a crayonné une petite dédicace toute en couleurs. Une œuvre de plus, et pour pas un rond. Pour le reste, les commentaires sont plutôt négatifs, exception faite de la bouffe.
De fait, Frank Gehry, l'architecte star du lieu, a pensé à tout, collation incluse. Au rez-de-chaussée, la cafeteria a des airs d'aéroport. Les gens s'y pressent. Ils viennent de passer la dernière demi-heure à décrypter la démarche artistique d'Annette Messager : ça creuse. Pour le nom du restaurant, le père du musée Guggenheim de Bilbao et du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles a fait sobre, à son image, en le baptisant « Le Frank ». Quitte à passer des années à discuter charpente et gros oeuvre avec Bernard Arnault, autant que cela permette au quidam de déguster son velouté de carotte au wasabi et pain d'épices à 15 balles dans un lieu digne de ce nom.
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Color panels - Ellsworth Kelly © Fondation Louis Vuitton Marc Domage 
Un passage par la boutique parfait mon affliction. Une dame menue d'une cinquantaine d'années lance à son époux, espiègle « je vais acheter une bricole, histoire d'avoir, moi aussi, un sac Vuitton. » En femme comblée, elle quitte la scène quelques minutes plus tard avec son sac en plastique griffé.
Pour justifier de l'utilité du lieu, le PDG du groupe explique que la Fondation vise à « susciter l’émotion et la réflexion de tout visiteur par un dialogue spontané. » J'ai comme un doute. Quelle place un bâtiment d'une telle ampleur laisse-t-il à l'émotion et au dialogue ? On y vient pour y être vu, pas pour y être entendu. On en repart glacé, les jambes lourdes, épuisé par la foule plus que par l'intensité du message. « Elle montre aussi une passion pour la liberté », ajoute-t-il. Soit, mais quelle liberté ? Celle de construire un édifice techniquement admirable mais résolument disproportionné ? Celle d'être artiste et oser prétendre, un jour, associer son nom à cette usine d'un genre nouveau ? Ou celle de repartir en taxi, un crayon à papier Louis Vuitton dans la poche droite, qu'on dégainera négligemment en réunion, le lundi suivant.
Un jour, les arrières-petits enfants de Lila et Joseph prendront des cours d'Histoire de l'art. La prof, un peu perchée, déambulera dans son sarouel chamarré (car certaines choses ne changent jamais). Elle expliquera qu'à l'époque, on construisait de gros bâtiments creux, chers et sans âme pour y ranger quelques œuvres d'art, et démontrer sa puissance. Parce que c'était important, essentiel, même. Un petit binoclard lèvera timidement la main : « Mais Madame, comme Staline ? ». « Oui, rigolera-t-elle, comme Staline. »
Twitter : @Kamilleteste
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bicephale-face-b · 10 years ago
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L'Épitomé Indien
Théo Depoix--Tuikalepa
Le 24/03/2015
Dans les cheveux et les narines 
En plein visage, je prends la ville. 
- Bombay, mars 2015 
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Il regarde les trains 
Passer, repasser, frotter, brosser 
Les rails qui grincent ; 
Comme la brosse sur l’émail de ses dents. 
- Bombay, janvier 2015 
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Et sur le sol,
Des crevettes séchaient. 
- Bombay, décembre 2014 
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Accroupi, à demi-nu, 
Un enfant chiait sur le trottoir 
Et ses yeux noirs suivaient le fil 
De son cerf-volant. 
- Bombay, janvier 2015
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Et dans le bas-côté 
Se vautraient les verrats 
Qui berçaient, en grognant, 
Le dormeur du sale. 
- Calcutta, janvier 2015 
______________________ 
Il découpait du concombre en chantant. 
- Calcutta, janvier 2015 
______________________ 
Remmenez-moi 
A l’orée du silence 
Et la sérénité d’un lac 
La canopée d’un bois dense ; 
Le calme plat des montagnes. 
- Bombay, février 2015 
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Et que cet air est lourd 
Et que l’ivresse est lasse 
Que ma sueur trace 
De mes yeux le contour. 
- Bombay, février 2015 
_______________________ 
Noir, sur rouge, sur un sol pavé : 
Un corbeau se délecte 
D’un morceau de pastèque. 
- Bombay, mars 2015 
______________________ 
Marinent au soleil 
Les ordures entassées 
Dont le parfum réveille 
Mon nez. 
- Bombay, janvier 2015
 ______________________ 
Il y a des chats, peureux 
Et des garçons, joueurs 
Quelques vieillards, rieurs 
Et des souvenirs heureux. 
- Bombay, mars 2015
____________________________
 Il est 
Amoché 
Atrophié 
Amorphe, et 
Adossé au sol 
Les yeux levés vers l’espoir 
Des roupies clouant son bras. 
- Bombay, mars 2015 
____________________________
Une clarté vespérale 
Repeint le béton gris 
Et des façades ravale 
La patine défraîchie. 
- Bombay, mars 2015 
____________________________ 
 Il est là comme le Christ 
D’un trottoir qui n’est pas, 
Crucifié de pitié - et de 
Pupilles compassionnelles 
Strabiques 
Ectopiques 
Aveugles. 
- Bombay, mars 2015
____________________________ 
Il s’en est allé comme il était venu 
Au monde 
Dans le froid, sous la caresse 
D’un beau soleil d’hiver. 
- Beauvais, février 2015 
______________________ 
Théo écrit et photographie aussi pour Crossworlds ! 
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bicephale-face-b · 10 years ago
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Les Morveux en État encombré, un conte Vaultérien
Que la morve coule de nos nez comme le rire coule dans nos veines.
13/02/2015
Par Emilie Fenaughty
Il était une fois un État étrange qui appartenait à une contrée tout aussi étrange qui elle-même prenait place sur une planète très étrange peuplée d’êtres tous plus étranges les uns que les autres. Cet État, comme tous les autres, avait ses us et coutumes, ses valeurs, et il ne fallait surtout pas venir l’enquiquiner avec des idées qui n’étaient pas les siennes. Parce que oui, un État a toujours des idées. Que ce soit derrière la tête ou impunément.
Cet État-là, qui se nommait Morvavie, avait depuis quelques temps renié une bonne partie de ses habitudes au nom d’une bienséance et d’une modernité érigées en maîtres, dans un monde en guerre et en compétition perpétuelle. Pour des raisons de diplomatie, donc.
Il faut savoir qu’en Morvavie, le climat est humide une grande partie de l’année. Des nuages aux reflets vert-jaunes défilent en permanence au-dessus de la capitale et des Provinces vallonnées du pays. Les vents y sont tels qu’il n’est jamais possible de savoir dans quel sens ils soufflent. Le pays connaît à peu près mille vents et marées différentes. Dans ce bordel climatique, les Morvaviens sont de ces peuples qui ont toujours la goutte au nez et le mouchoir à la main. C’est d’ailleurs ce pays-là qui a donné naissance au terme « Morveux », issu de « Morvavien », éraflé par des siècles de langage commun et barbare.
Mais ça, c'était avant. À l’issue de la réforme de 1884 dirigée par le Roi Mucus Ier. Pour débarrasser les poubelles de la capitale de ces milliards de mouchoirs dont on ne savait plus que faire, on interdit les Kleenex. Sortir un mouchoir était devenu un crime passible d’emprisonnement. Mucus Ier assortit également la réforme d’une incitation à la « Reniflade » qui passait par une réduction d’impôt. Il entendait par là faire des Morvaviens morveux des Morvaviens propres.
Ainsi donc, du jour au lendemain, ce peuple qui se mouchait depuis des siècles et des siècles, qui en avait fait tout un art de vivre, se retrouvait interdit d’exercer ce pour quoi il était né. Se moucher était devenu très mal vu, et ceux qui s’y risquaient étaient des inconscients qui ne donnaient pas cher de leur vie, ou bien de dangereux déviants. Aller dans le sens des Morveux, c’était prendre le risque de s’attirer les foudres de l’intelligentsia bienpensante et de ceux qui avaient la décence de renifler.
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Et puis, on ne peut pas se moucher de tout. Et désormais, on ne pouvait plus se moucher de rien.
Au fil du temps, l’interdiction devint moins sévère et se moucher, chose devenue extrêmement rare et osée, ne fut plus jugée que socialement. Ainsi, quelques groupes émergèrent, voulant redonner au mouchoir ses Droits d’Éponge (art. MXXV du Code Morvavien).  Ces indépendantistes n’en pouvaient plus de la sinusite ambiante, de ces sinus bouchés de toute part, de voir leurs compatriotes à longueur de journée renifler jusqu’à se noyer le cerveau dans une viscosité jaunâtre. Car, oui, la réforme de Mucus Ier avait bien évidemment eu des conséquences en terme de santé sur la vie morvavienne. Constamment enrhumés, ce peuple d’opprimés nasaux n’avait eu d’autre choix que de renifler, renifler à perte de nez, causant çà et là des épidémies de sinusite qui s’étendirent à tout le pays.
Les Morvaviens étaient devenus Sinusitaires. Ils souffraient constamment d’un mal de tête terrible et il leur semblait à chaque instant qu’un reniflement de plus suffirait à éclater la soupape que constituaient les canaux qui allaient de leur nez aux contours des yeux. Les Sinusitaires avaient si bien pris leur mal en patience, s’y étaient si bien habitués sans jamais vraiment le supporter, que leur visage lui-même s’était modifié en conséquence. En quelques décennies, les habitants de ce pays avaient développé un front bien plus en avant que les habitants des pays frontaliers. Leurs sinus avaient, semble-t-il, grossi afin d’accueillir toujours plus de mucus retenu. Les Sinusitaires souffraient en silence, mais c’était une condition à leur respectabilité. Ils ne voulaient froisser personne en se mouchant malgré le bien et soulagement que cela leur aurait apporté.
Les quelques Morveux qui restaient, eux, préféraient défrayer la chronique et vivre le nez débouché, libres d’humer l’air du temps, l’odeur des croissants et de rire au nez de ces nez encombrés.
Ils étaient, semble-t-il, seuls dans leur combat, mais cela ne les empêchait pas d’agir avec joie, espièglerie, se riant des conventions et du politiquement correct. Ils n’avaient pas peur d’offenser, et se moquaient avec délectation de ceux qui voyaient un outrage dans leurs mouchoirs à pois rouges et à rayures vertes.
Cependant, un jour, les Morveux délétères firent l’erreur d’aller se moucher un peu trop fort près d’un peuple éloigné. Arrogants, peut-être, mais ne visant pas à mal, les Morveux poussèrent le vice jusqu’à aller chatouiller de leurs mouchoirs les narines du Vizir Humex. Humex abhorrait le rhume et abhorrait les idées des Morveux. Les Morveux, eux, se plaisaient à narguer Humex à coups de décrassage nasaux dans les règles de l’art. En permanence enrhumés, les Morveux se faisaient une joie de cultiver l’art du mouchage. Y voyant un affront, Humex se mit très en colère. Il ne supportait pas l’idée que l’on vienne se rire de ses convictions et que l’on ose lui moucher au nez. Les Morveux, assurés de leur bon droit, rirent et se mouchèrent si bien que Humex, dans une colère aveugle et sans nom, aveugle devant l’espièglerie, aveugle devant l’inconscience infantile, aveuglé par des principes qu’il pensait siens, les tua. Il les tua parce qu’il ne comprit pas que tout ce que voulaient les Morveux, c’était de décongestionner tous les autres. Ils voulaient que les Sinusitaires voient que le seul affront est dans la retenue de l’affront. Là où Humex a essayé de vaincre le rhume par la violence, les Sinusitaires ont essayé de le tuer à coups de retenue et de jugement silencieux.
L’événement de la mort des derniers Morveux fit grand bruit en Morvavie. D’un coup, il semblerait que toutes les congestions furent à banir et le droit de mouchage de nouveau érigé en loi. Avec eux, c’était une partie de l’histoire du pays que l’on avait tuée. Et il sembla qu’en un instant, tous les Sinusitaires se rappelèrent d’où ils venaient. Que leurs racines se trouvaient au creux d’un mouchoir et qu’il était désormais défendu de les empêcher d’écouler leur morve librement.
Les Morvaviens nouveaux organisèrent de grandes Moucheries afin de manifester leur soutien aux Morveux. Jamais on ne vit autant de larmes couler des yeux ni de morve couler des nez. Ils se rassemblèrent par millions, appelant au droit de se moucher librement. Mais il était déjà trop tard pour pleurer, un mouchoir blanc à la main en signe de paix.
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bicephale-face-b · 11 years ago
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Notre terroriséisme est sympathique
25/01/2015
Par Jack Kerouac, François Hollande, un handicapé mental anonyme, l’ONU, Tristan Tzara, le Gouvernement français, Christophe Tarkos, France Inter, Igor Myrtille, Marine Le Pen, L’Anselme, et la Place de la République.
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Crédit photo : violation du droit d'auteur
Les trois types qui ont perpétré les attaques contre Charlie Hebdo, contre nos flics, contre le supermarché kasher, ces terroristes sont des fanatiques, des illuminés, ils ont la lumière en eux, trop de lumière, ça les rend fous, ces années à s’illuminer, ils sont demeurés, ils sont dangereux et maintenant ils ne le sont plus mais n’oublions pas tous ces fanatiques, tous les extrémistes qui s’illuminent en secret dans la ville, ou en Auvergne, ou dans les catacombes, cherchons les illuminés, éliminons les illuminés, les fanatiques, qu’on les enferme, les isole, qu’ils ne nuisent pas, qu’on les étouffe, qu’on étouffe les martyrs, ces trois types ont voulu mourir en martyrs, nous nous nous les avons vu mourir criblés de balles, on a vu le raid les pilonner de balles, on a vu ça en multiplex, trois quatre fois les mêmes images en simultanés, une puissance ces cinquante tirs du raid en même temps qui te couchent un homme et le défoncent, ça c’était bon, voir les pseudo-martyrs tomber par trois fois, et voilà les vrais martyrs vengés, car les vrais martyrs c’est Charlie, c’est la stagiaire de police municipale, ce sont ces juifs innocents qui ne faisaient que consommer, voilà les vrais martyrs, qui œuvraient au bien de l’ensemble, à notre unité à notre sécurité, et nous pleurons les martyrs, et nous naturalisons les héros étrangers qui ont protégé les français, et nous pleurons Charlie, et nous applaudissons les flics, nous aimons Charlie, nous aimons les autres, nous nous aimons, nous adorons Charlie, nous sommes fans de Charlie, nous sommes fanatiques de Charlie, le rire c’est la liberté, la liberté c’est sacré, nous sommes libres et nous sommes fiers et avons raison d’en être fiers, nous sommes Charlie nous sommes fans de Charlie qui nous fait rire et sommes fans des policiers qui protègent notre rire, nous marchons en riant, nous sommes fans de notre rire, de ce rire silencieux à 4 millions, plus, plus de 4 millions de rires silencieux, c’est beau, c’est grâce à Charlie, grâce à notre unité, nous sommes fans de notre unité, notre unité nous illumine, Charlie nous illumine, nous sommes illuminés par Charlie, nous, nous, nous, nous sommes libres, nous sommes fanatiques de notre liberté, gloire aux martyrs, gloire à ce combat que nous menons, dans le silence, le silence de la raison, nous pas peur, nous pas terrifiés, nous jamais peur, car nous avons raison, nous avons la raison, ils ne l’auront pas, on les défoncera avant qu’ils nous la prennent, ils sont une menace à maîtriser, une menace maîtrisable, on va maîtriser ces rejetons d’ailleurs et d’ici, d’ailleurs ils n’ont rien à faire ici, ils sont l’ennemi de l’unité, mais regardez comme l’ennemi est faible, trois pauvres types quand nous marchons en silence à 4 millions, que nous sommes capables de reproduire en vrai le Delacroix, que la liberté guidant le peuple est là, un stylo-plume géant à la main, prêts à cracher de l’encre libre et fertile sur le cosmos, tandis qu’eux, leurs trois kalachs et un lance-roquette quand nous avons de quoi les pénétrer de milliers de balles, ils ont bien vu ce que ça donnait, alors nous on marche en silence, on hurle en silence avec des pancartes et des articles et des vidéos et des stylos et en silence :
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
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hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle hurle
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qui se trouve encore très sympathique, le peuple français se trouve encore très sympathique, le peuple français est toujours très sympathique, il a la liberté avec lui, notre camarade sympathique, la laïcité est sympathique, nos valeurs sont toutes très sympathiques, nous devons les protéger car elles sont nos alliées protectrices, notre amour est sympathique, nous allons déployer l’amour dans le monde car il est très sympathique, la haine n’est pas sympathique, nous sommes des fanatiques de l’amour et de la liberté, nous sommes les terroristes de l’amour, les terroristes de la raison, les fous sont des terroristes, les fous ne sont pas sympathiques, nous devons éliminer les terroristes, nous devons éliminer les fous. Le terrorisme c’est un état de guerre de la haine contre l’amour, de la terreur contre la sûreté, du bordel contre la liberté. Le terrorisme c’est les terroristes contre nous, les terroristes contre les terroriséistes. Hein ?
Terrorisme : méthode d'action violente répétée inspirant l'anxiété, employée par des acteurs clandestins individuels, en groupes ou étatiques (semi-) clandestins, pour des raisons idiosyncratiques, criminelles ou politiques, selon laquelle — par opposition à l'assassinat — les cibles directes de la violence ne sont pas les cibles principales. (ONU)
Terroriséisme : méthode d’action silencieuse et continue, ponctuée par des évènements d’une intensité sympathique, instituant la domination de l’amour et la révocation de la folie, employée par des acteurs officiels institués et par le peuple regroupé, pour des raisons raisonnables, sympathiques, qui se propose comme cible principale ceux qui ne sont pas sympathiques : les extrémistes, les fous, les fanatiques. (Place de la République)
Voilà notre sympathie, nous-groupe : nous combattons pour la sympathie de ceux qui ne sont pas sympathiques, nous travaillons à la formation d’un cosmos sympathique. Malheureusement il y en a qui n’ont pas compris, qui ne sont pas sympathiques, c’est pas de leur faute, ils sont fous, les fous sont dans nous mais c’est pas nous les fous, c’est eux les fous, c’est eux qu’il faut rendre sympathiques, les illuminés à qui l’on doit donner notre lumière, qu’on doit aider à devenir sympathiques, notre terroriséisme est sympathique, notre terrorisme c’est l’aide, nous aidons tous les arabes, tous les africains, ils doivent se débarrasser de la haine, notre amour est un beau combat, il fait quelques morts, on ne sait pas combien mais c’est pas ça qui compte, on n’a pas compté, ça ne compte pas, ce qui compte c’est l’amour, la sympathie, la liberté, les africains ils ont droit d’être libres, ils sont sympathiques mais il y en a chez eux qui ne sont pas sympathiques, les arabes ils ont droit d’être libres, ils sont sympathiques mais il y en a chez eux qui ne sont pas sympathiques, il y a partout des restes d’illuminés, des grappes de fanatiques, on va leur couper les couilles, ils vont crier un petit coup et après ils seront sympathiques, ce sera sympathique, ce monde laïc, ce monde sympathique, on va enfin pouvoir discuter, échanger, être libres ensemble, ce sera sympathique.
Reprenons la définition. Faisons-là glisser. Dérapons.
Terroriséisme : état de l’Etat sympathique, qui se donne pour mission légitime de détecter en silence la présence des fous sur le territoire mondial, d’en dresser un diagnostic raisonnable, d’en évaluer le potentiel d’illumination, et de neutraliser les demeurés dans un dessein de sympathie et de liberté. (République)
Terroriséisme : état de l’Etat sympathique et du peuple sympathique dont la sympathie les rend aptes à diagnostiquer raisonnablement la folie au sein du cosmos, pour la chasser dans un dessein de sympathie et de liberté. (Gouvernement)
Terroriséisme : aptitude de l’Etat sympathique et du peuple sympathique à accueillir ponctuellement et raisonnablement la haine, à la manifester dans son horreur pour mieux la neutraliser dans un dessein de sympathie et de liberté. (nous-groupe)
Terroriséisme : aptitude de l’Etat sympathique et du peuple sympathique à être ponctuellement victime du terrorisme dans un dessein de sympathie et de liberté. (Nous)
Terroriséisme : aptitude sympathique à s’offusquer ponctuellement et à agir continuellement contre la manifestation évènementielle de la folie dont sa propre sympathie recèle. (je-groupe)
Que nous soyons en guerre, je l’admets un instant, mais alors il faut assumer le caractère essentiellement réciproque de la violence, et traiter nous et nos ennemis comme tels : également violents, également vides, également aimables, également dignes d’être bouddhas. Puisqu’on ne le fait pas, puisque notre sympathie n’a d’équivalent chez eux que la haine, puisque la haine n’est pas partagée (c’est ce que j’entends ou du moins ce que je crois percevoir dans les matinales et dans les quotidiens), c’est qu’il n’y a pas guerre, car nous sommes sympathiques.
La France est sympathique puisqu’elle ne conçoit pas sa propre violence, sa propre haine, et partant, se battant contre la haine, elle se bat en partie contre elle-même, contre une folie qui est là d’être indicible, qui est lasse d’être là, qui est là d’être lasse, qui hurle en silence là où ailleurs elle est hurlée en pseudo-versets, en balles, en missiles, en gros engins, en grandes gueules YouTube, en corps-à-corps, en suicide. Alors les sympathies et la haine qui sont folies, ces folies s’écharpent et les folies ne savent plus bien à quelles folies s’attaquer, car les folies sont partout et on ne sait pas, on n’a jamais su, à qui les folies appartiennent. La folie est d’être toujours là avec les mêmes principes et de croire au récit de l’unité et d’avoir le culot de se trouver encore sympathique.
Partant, je, nous-groupe, je dis : je me trouve très sympathique. Et je, nous-groupe, je suis fou, je, nous-groupe, je ne prendrai pas les armes, je, nous-groupe, je prépare une sécession.
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bicephale-face-b · 11 years ago
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Un bref apercu de l'humour 2.0
30/04/2014
Par Irwin Lannelongue
Je me réveille tout juste, et j'écris un peu parce qu'on m'y oblige. Eh oui, la nécessité de faire couler de l'encre est  plus nécessaire dans ce monde que le strict nécessaire qui est développé pour nous en préserver.  On nous demande de vous divertir au mieux, tout ça pour créer une demande et vous rendre accros… Mais vous n'êtes pas naïfs, chers lecteurs, vous savez très bien ce qu'il se passe, vous VOYEZ tout. Moi, je ne suis que la machine qui a retransmis un message des hautes pontes de la rédaction. Je suis là à m'enfoncer tous les jours un peu plus dans l'alcoolisme, tant je vois quelle pourriture je deviens quand Jourdain, ce véreux bandit gentleman qui nous rappelle Rocancourt (dans son regard), me demande de ne pas mentionner l'action de Total au Nigeria, ou quand Adrien, cet infâme magnat de la presse en devenir, présente les travaux d'auteurs dont le discours tire une éloge de la zoophilie avec des animaux plus petits qu'un petit sexe d'homme !     Je vous jure, la vie est infernale dans ces locaux. Et croyez pas que je n'ai pas essayé d'en finir. On est raillé par les lecteurs peu avisés qui veulent du sensass, du dégueu, du gonzo. Et Jourdain me soufflant sa fumée de gros cigare, lance "prends les loves et casse-toi", la liasse dans la face. Moi qui suis plutôt vieille France : je suis né dans un petit village de bord de campagne, allant chercher les oeufs pieds nu dans la neige, m'endormant au charme roucoulant des tourterelles qui nichaient dans ces nids d'anges ; je me sens soudainement vulnérable comme comme comme une femme après qu'on ai découvert qu'elle cachait sa dernière portée dans le congelo, entre le filet mignon et les mr freeze. Voilà, je viens de faire de l'antihumour, ou plutôt j'ai atteint un degré ultime, le degré 0. Puisqu'on se marre tous là, on va parler humour. Ou plutôt, de l'humour 2.0. L'humour développé sur l'internet des réseaux sociaux (pour les derniers arrivants). Je me permets d'écrire cet article car trop de gens croient qu'il n'y a que Norman, ou les replays de On ne demande qu'à en Rire qui subsistent sur la toile… Et ça me chagrine au plus haut point… Démarche d'ouverture d'esprit enclenchée donc, bienvenue dans le monde de l'humour pleinement libre ! Il ne s'agit que d'un patchwork léger, l'idée étant de vous faire connaitre quelques nouveautés issues d'horizons bien différents.
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1. ✪ AntiJoke Chicken Alors en voilà une forme d'humour qui me plait, qu'elle est bien bonne. Une réponse acide à tous ceux qui considèrent que l'humour, c'est toujours escalader plus haut dans les degrés. Mais redescendez ! Oui redescendez ! Car l'avenir, c'est le degré Zéro. Issu de la communauté 4chan (donc de source le plus souvent anonyme), au milieu de la surproductrice vague de Memes*  des années 2010, j'ai sélectionné quelques exemples pour vous : Rappel : Un Meme est une icône représentant un comportement typique ou un personnage, la vocation est hautement parodique. Pour l'auteur du Meme, la  tâche la plus ardue est de parvenir à une osmose parfaite entre le texte et l'image. Il s'agit souvent d'oeuvres créées anonymement et évoluant indépendamment de leur créateur d'origine.  Il n'y a pas d'intervention collective sur un instant T, à la différence des personnages cultes de la production télévisuelle, du cinéma, et des arts distribués de manière formelle en général, mais plutôt de diverses interventions, sur une période étendue dans le temps… Le temps qui a permis à la communauté internet d'élargir donc l'univers de personnages, et de donner un statut culte à certains Memes, comme Vengeance Dad,  Bad Luck Brian, ou Good Guy Greg...
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                                             "Pourquoi ai-je traversé la route ?                              
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- Je n'ai pas la capacité cognitive de raisonner, c'était donc aléatoire."                                              
 « Pourquoi Tommy n'a t'il pas eu ce qu'il voulait pour son anniversaire ? 


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- Parce que SA FAMILLE ÉTAIT PAUVRE. »                                               "Qu'est ce qui est triste dans le fait que trois hommes noirs tombent d'une falaise ?
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                                        - Ils étaient mes amis."  
Robert Wabash nous en a donné une première définition en Novembre 2011 où il expliquait entre autre que le principe de AntiJoke Chicken était d'amorcer une blague, donc en lançant une formule comique célèbre ou bien typée (afin de susciter une réponse supposée humoristique dans la tête du destinataire). Puis de lui glacer le sang d'une réponse sérieuse, voire intrigante (limite symptomatique d'un grand trouble psychologique).   Si vous êtes anglophones et que vous voulez la définition originale, la voici : "Anti-Joke Chicken is an Advice Animal meme that takes the setups to jokes and then explains them literally, which would usually kill the laughter in any room, but coming out of such a militant, humorless looking chicken, every one of the chicken's joke failures comes across as hilarious. So get ready for rational explanations or humorless answers to jokes that could probably be otherwise good."         
Comment déstabiliser une blonde ?
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                                             -Tu te peins en vert et tu lui jettes des fourchettes dessus."
Par ailleurs, l'auteur de la définition, nous dit que rien n'est plus/moins satisfaisant qu'une bonne anti joke. Voilà.
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2. ✪ Le Spécialiste de Tout - https://www.facebook.com/specialiste.detout Dans un tout autre format : Le Spécialiste de Tout est un personnage interactif, entre Akinator et Maître Capello, doté d'une culture sans précédent et d'un sens synthétique à toute épreuve. Il faut savoir que Spécialiste de Tout est vraiment spécialiste de tout, et évidemment je vous vois interloqués… Comment cela est-il possible ? Pour vous faire savoir sans plus attendre, chers lecteurs, Bicéphale est allé chercher l'info au coeur de l'action ! Nous sommes donc allés à sa rencontre …via facebook.
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Spécialiste de tout, d'où vous vient cette vocation et à quel âge ? Dans l'utérus, j'ai commencé à me spécialiser. J'ai très vite été fasciné par les propriétés du liquide amniotique, du cordon ombilical. Les phénomènes tels que la perception intra-utérine, la croissance des organes, m'ont pris tout mon temps de gestation. J'étais alors décidé à devenir spécialiste de tout. Tout le monde peut il devenir spécialiste de tout ? Existe-t-il un parcours type ?   Je suis le seul spécialiste de tout. De plus en plus de personnes essayent de m'imiter, de s'inspirer de moi pour acoler quelques amis supplémentaires sur les réseaux sociaux, pour faire une dizaine de vues sur youtube, en se proclamant "nouveau spécialiste". Ce sont des escrocs. En conséquence, il n'y a qu'un parcours type, le mien. C'est un beau parcours, que seul un spécialiste de tout peut réussir à parcourir.
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Le Spécialiste et sa vision de la relation élève/prof contemporaine.
Quelle spécialité demande le plus de rigueur et de zèle ? Contrairement à ce que pourraient penser la plupart des gens, ce ne sont pas les mathématiques appliquées ou la physique nucléaire qui sont des spécialisations difficiles. Pour être honnête, la plupart des spécialisations sont surévaluées. Le plus difficile est parfois d'arriver à se spécialiser en incohérence. De nombreuses personnes qui viennent me poser des questions ont un mode de pensée défaillant. Sans parler de leur syntaxe ou orthographe. Face à certaines questions, j'ai parfois le sentiment qu'il serait plus facile de répondre aux ultrasons des dauphins qu'à leur absence de cohésion. Mais en travaillant un peu, on comprend rapidement que ce sont des personnes qui n'ont jamais lu que YouTube, qui n'est pas un livre. Et puis d'abord, qu'entendez vous par "tout" ? Le tout est un ensemble, qui inclut la totalité des ensembles, y compris le néant, le vide, et le rien.  Si l'on ramène la taille du soleil à celle d'un globule blanc, alors notre galaxie ferait la taille des USA. Mon savoir est bien plus grand encore.
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Quelles sont les ambitions du Spécialiste de tout ? Ses aspirations ? Mes ambitions sont de devenir spécialiste de choses qui n'existent pas encore. En ce moment je travaille à devenir spécialiste des atargines et des luponèdes, des choses qui n'existeront pas avant une bonne trentaine d'années. Mes aspirations sont de devenir moi même le nombre d'or.   On vous connait des dons divinatoires, pouvez vous nous en parler ? Là encore, la prédiction de l'avenir ou le fait d'avoir des facultés de prédictions sont des spécialités très surestimées, qui peuvent s'apprendre en quelques heures. Notre civilisation, très crétine et à 98% analphabète aime coller le mot "divin" sur n'importe quoi. Les gens mangent des hamburgers "divins". Dès lors, les dons divinatoires peuvent s'assimiler à des dons de sandwich, c'est à dire à peu de chose.
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            Le Spécialiste, bien trop pudique pour parler de ses dons en interview, pourrait faire plier un paquet de bookmakers .  
Question bien-être, avez vous une solution à apporter à ceux qui veulent avoir un mode de vie ultra-badass ? Il faudrait déjà s'entendre sur la définition de ultra badass. Cela signifie littéralement un mode de vie "ultra mauvais cul", ce qui peut laisser penser que ces personnes rêvent d'être atteinte d'un cancer coloréctal. Je leur conseillerais donc de manger encore plus de viande qu'ils ne le font. Si on prend la définition américaine, badass nous ramène à des personnes très peu fréquentables. Si une personne souhaite avoir un mode de vie très peu fréquentable, ce n'est pas difficile. Elle prend la déclaration des droits de l'homme et inverse tous les droits, et applique le résultat. Un exercice inutile et dangereux, que je vous déconseille, en tant que spécialiste de tout. Enfin si on prend la définition des adolescents actuels, le terme badass  signifie "qui a du style". Certains écrivains, très attachés au style, comme Céline, ou Proust, seraient probablement dramatisés par une telle définition. C'est comme le terme "ghetto" qui devient un terme qualitatif. Un film "ghetto" serait alors un très bon film. Le problème est que les films qui sont désignés coûtent souvent des millions de dollar, ce qui n'est pas très ghetto. Bientôt on dira de quelqu'un qu'il est "bidonville" pour dire qu'il est sexuellement attirant. Si on reste sur cette définition liée au style et qu'on lui colle le terme "ultra" qui fait référence probablement aux supporters de foot, on arrive donc à une définition de quelqu'un qui a du style de supporter de foot. Pour devenir comme cela, je conseille à cette personne de joindre un groupe de supporter d'une équipe qui galère bien, en ligue 2, comme le FC Nîmes. Mais je dois ajouter que ce sont là des ambitions bien faibles.
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                    Appréciez cet avis bien tranché… Mmmh.
Spécialiste de tout, que pensez vous de l'humour de nos jours ? Se porte-t-il promptement selon vos chiffres ? L'humour est un phénomène qui a été assez en vogue dans les années 70. Les pics d'humour correspondent aux pics de consommation de drogues dans certains pays. Depuis 1991, l'humour n'existe que dans de rares endroits reculés, certaines provinces du Bangladesh font encore de temps en temps, des blagues. Mais 99,82% des gens né après 1980 n'ont jamais entendue de vraie blague. Je fais partie des 0,18% de gens qui reste, car j'ai eu l'occasion d'aller au Bangladesh. Je n'ai jamais autant ri. Spécialiste de tout, je vous remercie gracieusement. De rien. Je tiens à m'excuser sur le fait que l'entretien a été tapé par mon stagiaire et va donc nécessiter pas mal de travail à votre secrétaire de rédaction. Il s'est dit que les gens auraient une meilleure orthographe que lui en khâgne.  
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3. ✪ Cyril Giraud  - https://www.facebook.com/cyriloficiel - https://www.facebook.com/cyrilsmemexD 8 bonnes raisons de l'apprécier : Jeune éphèbe de plus de cent kilos, il plastronne dans sa graisse voluptueuse et fait tourner les têtes des jeunes femmes avec ses mensurations qui dépassent l'entendement. 1. Cyril Giraud est étudiant, on le sent dans sa logique et dans sa dynamique,  2. Cyril Giraud est aventurier (voire héroïque), on l'admire par sa prestance et ses exploits passés qui font que 3. Cyril Giraud est un poète, qui ne renâcle jamais à présenter sa vie et ses péripéties dans la plus grande véracité tout en jouant d'intelligence pour exposer son art de raconter des histoires. Je pourrais bien sûr parler de 4. Cyril Giraud, le dandy qui impose son style par ses birkenstok et ses vestes Rivaldi mais cela va de paire avec 5. Cyril, le lover qui sait entreprendre les choses avec les femmes, combinant humour et domination. 6. Cyril brille dans les clash avec ses détracteurs, et applique un tri dans ses fans pour éviter que les vrais soient parasités par les hystériques et foireux… 7. Cyril est 100% humain, surtout quand il maigrit de 40 kilos en 2 semaines. Enfin, 8.  Cyril est bilingue et acquiert une dimension internationale, tôt ou tard il saura vous divertir. Et ça fait bien plaisir. Pour vous dire à quel point on sait faire du journalisme total, on est allé à sa rencontre. Je dis toujours "on"… pour faire plus professionnel mais je suis tout seul.
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Tout d'abord, comment allez vous ? Cyril Giraud : trenkil Comment êtes vous arrivé sur le site facebook ? j’passer trenkil cher mon couz David Pontier pour récupéré mon jeu PES 4 sur ps2, et la j’voa kil mé un statu sur le site facebok, moa j’regare et j’voa ke ya plin de meufs charmente alor jme sui ossi créer un conte En quoi cela a t'il changé dans votre vie ? sa a bocou changer ma vi, ojordui je rtonbe en mod chobiz et jé la chanse de cotoyé les plus grant tèl ke Keen’V ou Barake Obama
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Cyril et son ex-fiancée Shakira à Las Vegas, Mars 2014.
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Cyril dans une de ses innombrables aventures, ici un vol pour Pékin, Juillet 2013
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Cyril est ouvert en matière de musique, mais sa plus grande inspiration semble se puiser dans l'oeuvre de Bob Marley.
Quelle est votre profession ou votre statut ? Y a t'il une recette Cyril Giraud ? je sui actuèlemant sans anploa vu ke an fète an se momant je man fou de travaillé vu ke je sui riche paske jé ganier la caniote au casino de courchelettes, un montan de 3 miliare d’euro On dit que vous avez des projets à l'internationale…Pouvez vous nous en parler ? oui je conte piraté les doner de la naza amérikène pour avoar une fuzer et aler sur la planète Golktar et randre vizite a Xorg l’éstra téréstre ki s’été écrazer cher moa
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Oncle Hervé et Xorg "a l'èze la, en mod détante", Février 2014
Préférez vous le public français ou américain ? Quelle est la différence ? j’préfère le public franser paske i conprène mieut se ke je di, mer bon les amérikin i fon pléz ossi paske i conprène mieut mes «memes» ki son trer drole dayeur (ndlr : Cyril Giraud Memes) Que répondez vous aux détracteurs qui trouvent que vous faites un peu trop polémique ? kils viènent comanter une de mes publicasion pour ke jlé blok Que pensez vous de l'humour de nos jours ? Se porte-t-il bien ? ouer sa dépant ki, mer ouer yan a ki son drole des foa come par éxanple « Les Tutos » de Jérôme, tro drole sa srx, nn j’dec Merci mille fois. Cyril serait depuis peu célibataire et vivrait à Courchelettes, ville connue pour son "concours international de la coupe mulet" et son très haut taux de personnes âgées en viager.      
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4. ✪ Glory Owl - http://gloryowlcomix.blogspot.fr/ Glory Owl est un collectif de dessinateurs français à l'humour déflorant et absurde, actifs ensemble depuis Février 2013. Vous pouvez retrouver les blogs personnels de chacun des dessinateurs (hormis Mandrill) ici même : 
Mëgaboy : http://1000111.blogspot.fr/ NR :  http://donne-moi-ton-ballon.blogspot.fr/ Bathroom Quest : http://666street.overblog.com Gad :  http://ultimex.over-blog.com                
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Qui compose votre bande ? Nous sommes actuellement cinq : le fondateur Mandrill Johnson, Bathroom Quest, Gad, NR et Mëgaboy. Quelle est la ligne éditoriale ? Le plus important, c’est que le strip nous fasse marrer, qu’il soit trash ou absurde. Ensuite, on s’est mis d’accord pour éviter toute référence à l’humour « internet » à base de memes ou encore les scènes de cul trop frontales. Quelles sont vos influences ? Vos références ? Comme nous sommes cinq, nos influences sont variées : on peut citer pêle-mêle Winshluss, Mike Mignola, Goossens, Vuillemin, Johnny Ryan, le dessin animé Adventure Time ou Taiyou Matsumoto. Mais la référence qui nous réunit tous les 5 est The Perry Bible Fellowship, un blog de strips américains absolument génial.
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En quoi la création du collectif 2.0 vous est-elle bénéfique ? En dehors de faciliter nos échanges (nous sommes 4 en région parisienne, Mëgaboy habite dans le Sud de la France), internet nous permet plein de choses : on a un retour immédiat sur nos strips de la part de lecteurs qui de leur côté vont partager nos bandes dessinées à leurs potes et créer un bouche-à-oreille inimaginable sur les réseaux sociaux. Leur avis nous permet de voir ce qui a fonctionné ou pas et participe petit à petit à définir un « ton » Glory Owl. Vous avez d'autres projets en route ? Hormis Mandrill, nous avons tous notre blog personnel (cf : intro). Ultimex de Gad a déjà fait l’objet de plusieurs bandes dessinées et une intégrale est actuellement en préparation. Nous participons aussi à des fanzines et des revues, comme Chevrette d’Elosterv, Monster Maloke de Tarmasz, Le Loyer des éditions Jean Guichon et à la revue Laudanum dirigée par Gad, qui prépare le troisième numéro. Nous avons aussi la chance d’être publié sous le nom Glory Owl dans la revue Aaarg! depuis le troisième numéro et nous sommes actuellement en discussion avec les éditions Même pas Mal pour une édition papier du blog. Enfin NR fait aussi de la musique sous le nom de Plusieurs Requins Lance-flammes. Qu'est ce qui vous fait rire ces derniers temps ?   La série Archer, les bandes dessinées d’Antoine Marchalot, le groupe Steel Panther, Louis CK et les pets.
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Vous pensez quoi de l'humour de nos jours ? Internet nous permet d’avoir accès très facilement à toutes sortes d’humours sous toutes sortes de formes et c’est plutôt cool. De parfaits inconnus se révèlent très créatifs et vont parfois très loin dans l’absurde et le trash sans rencontrer de censure. Mais cette accessibilité a aussi un revers et on se retrouve le plus souvent inondés de blagues réchauffées et de gags périmés en quelques jours. Le moindre fait divers est parodié de manière identique par 100 comiques et un bon jeu de mot finit usé jusqu’à l’écœurement. Heureusement, il suffit de chercher un peu pour trouver des sites formidables et des gags originaux qui nous font hurler de rire. Ce sont eux qui nous motivent à continuer Glory Owl strip après strip. Merci les gars, et très bonne continuation à vous.
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Bon ben voilà, c'était mon premier podcast sur l'humour 2.0, mes tendances actuelles, mes coups de cœur, mes coups de gueule, bref la vie quoi. Pardon, je dois me respecter un minimum. Hum 
Qu'ils soit profilé, stripé ou mémé, l'humour sait trouver un chemin où se faufiler. Ici, il approche en datafilature pour tirer de nos lèvres les extrémités, et nous faire éructer un souffle possédé. Alors on réalise que parmi nos potes celui qui nous fait bien rire, c'est notre ordinateur. On rit à nouveau, puis on pleure. Puis on réalise au final, que ce qui nous fait rire dans notre ordinateur c'est à 60% nos potes. Alors, on rit et on regarde la fenêtre, la pleine lune est là, tout comme l'étoile du berger qui nous a toujours guidé... Puis on finit par se demander qui était là avant, l'ordinateur ou les potes ? La bonne nuit de sommeil ne s'annonce pas. 

Quintessence de l'Art, l'Humour, bien que parent pauvre de l'Histoire, subsiste dans le cœur de la Nation. Et oui, je suis rassuré car il y a des Français qui ont de l'humour, et j'irai même jusqu'à dire qu'il y a des Français qui ont le Sens de l'Innovation ! Internet, l'alcôve de toutes les passions, retransmet pour nous spectateurs, une abondance d'oiseaux rares auxquels je pense, vous devriez prêter attention.   
La suite, bientôt.
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bicephale-face-b · 11 years ago
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Etude bicéphalo-comparative: Universités française et anglaise
23/04/2014
Par Eva
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L’université française : un struggle for life quotidien
Sueurs froides, spasmes épileptiques, vous vous ruez sur la bouteille de Villageoise la plus proche pour apaiser les battements de votre coeur affolé. En effet, votre première pensée: “JESUS, les délices de l’Administration !” Cet apex tragique où tel un Poilu de 14-18 s’en allant pour le Chemin des Dames vous faites des adieux déchirants à vos proches, rédigez vos dernières volontés, puis vous en allez le pas lourd et l’épaule tombante planter votre guitoune à l’aube devant l’un de ces innombrables et anonymes Bureaux. L’Administration, hydre aux têtes infinies mais creuses comme du navet séché pendant une famine médiévale, où vous posez toute une semaine de congés pour donner UN papier à tel guichet, qui finalement ne seront pas les bons (papier ET guichet), où d’une main rendue tremblante par la fatigue et les privations vous remplissez 3 ou 4 fois un même dossier car vous savez en votre for intérieur que celui-ci sera mystérieusement perdu ou servira à caler un pied de table.
L’Administration, cette jungle bureaucratique d’apparatchiks pour les pauvres, aux horaires ubuesques et aux offices plus spartiates que Sparte, où quelques (trop) rares héroïques figures, femmes et hommes anonymes, d’une gentillesse et d’un dévouement admirables, les yeux cernés dans la continuité de feu Philippe Seguin, côtoient des êtres amoraux et égoïstes, mug greffé à la patte et ton autoritaire tel un officier de la Wehrmarcht, qui refusent d’écouter vos doléances de manant sous prétexte qu’ils n’auront point le temps de boire leur café millésimé ou que Tante Gisèle attend au téléphone.
L’Université française c’est la transposition dans le réel de l’univers kafkaïen, souffrant d’un désastreux syndrome de tautologie à la Kierkegaard. Vous pouvez parfaitement et officiellement être un licencié sans diplôme de licence, un gueux sans cité U (1 place pour plus de 2 étudiants), etc. Votre quotidien: passer un examen en 1h au lieu de deux dans une salle prévue pour 100 personnes alors que vous êtes 150, avec 100 sujets (restons logique), suivre des cours de langue étrangère en français, recevoir vos notes de partiels six mois après (ou jamais !) … L’Université française c’est aussi des cours quelquefois sans chauffage ni lumière, des toilettes - turques - datant des années SalutLesCopains régulièrement bouchées et sans savon, des grillages de protection aux murs pour éviter que des morceaux ne tombent sur l’encéphale délicat de quelque élève baguenaudant dans la cour, des bureaux sans armoires qui empilent les dossiers scolaires supposés secrets empilés à même le sol, des B.U judicieusement fermées weekends et vacances … Tchekhov écrivait non sans pertinence: “L’Université développe tous les dons de l’homme, entre autres la bêtise”. Il ne pensait pas si bien dire, le coquinou. Remarquons également la relation destructrice unissant enseignant et élève; l’un ou l’autre, quand ce ne sont pas les deux, manifestent une assiduité en cours digne d’un sachet de lessive. Les efforts de rares pèlerins blancs pour insuffler quelque énergie sont couronnés par un échec manifeste, reçu au mieux avec indifférence, au pire avec hostilité. Loin d’une marche glorieuse vers l’horizon lumineux de la Connaissance, votre cours ressemble trop souvent à une régression vers un stade infantile; et pour cause, le jeune boutonneux scotché sur son profil instagram et le prof blasé juché dans sa tour d’ivoire n’ont cure de l’effort et du studium à l’antique; oui mes bons, ce ne sont pas la qualité ou les cerveaux qui manquent dans nos facs, mais une bonne petite cure enthousiaste de Juvamine. Violons, linceuls et chrysanthèmes. Une question s’impose alors dans l’esprit du lecteur effaré: pourquoi rester ? (une autre question fort pertinente pourrait être aussi: “pourquoi un tel délabrement ?” mais mon esprit de cagole malicieuse préfère laisser à l’oligarchie bourgeoise le soin de répondre à cet épineux problème). Sèche tes larmes ami lecteur, il y a du bon dans nos facs !
   - c’est gratuit. Je vois d’ici le peuple auvergnat (ou aveyronnais, le débat subsistant toujours pour savoir lequel des deux est le plus radin) danser la traditionnelle bourrée et s’empiffrer de truffade pour manifester sa joie. En outre cela ne nous empêche pas de disposer d’excellent(e)s -voire charmant(e)s- professeur(e)s et de moult possibilités de conférences, séminaires, rencontres de qualité.
   - c’est libre d’accès. La fac c’est un peu comme le tram, toutes les couches de la société sont susceptibles de s’y côtoyer, du prolo au bourgeois, du punk à chien au précieux. Pour ça il faut avouer que l’université n’est pas chiante, elle accepte tous les bacheliers sans distinction aucune. D’aucuns diront la larmichette au coin de l’oeil qu’en cela elle respecte la tradition républicaine de l’égalité d’accès aux chances; d’autres, plus pragmatiques, vous rétorqueront qu’elle s’en fout. Vous avez fait un bac S spé maths et souhaitez vous jetez dans les bras du grec ancien, d’accord. Vous êtes issu(e) d’un bac pro et rêvez de déclamer de la poésie perse à l’autre bout du pays, tapez-la mon brave. Rappelons tout de même que pour ce qui est de la suite, c’est Ponce Pilate et lavage de mains façon “Ayde-toi, le Ciel t’aidera” (La Fontaine, “Le Chartier embourbé”)      - les dérives de l’université française nous autorisent à nous plonger dans les délices de la critique et de la protestation, et de maugréer sur notre triste sort devant la machine à café - en panne. Nous nous sentirions impuissants dans un système parfait où rien ne serait à redire. Or, les faiblesses de l’Administration permettent paradoxalement un enrichissement culturel (les langages hermétiques des Inconnus, L’Administration de Coluche, Quand on travaille à la Poste du Palmashow …). CQFD.
   - or, quoi de mieux que l’hyper réalisme universitaire pour vous préparer aux affres de la vie ? Une licence ou un Master dans une fac, et vous devenez un Hermès de la diplomatie, un(e) petit génie du système D, un(e) maquisard(e) de la débrouille, un Talleyrand de la fourberie etc. Bref, vous entrez dans le monde du travail, vous êtes dans le cycle alimentaire l’égal(e) de Chuck Norris. Alors la prochaine fois qu’un(e) coquin(e) capitaliste d’école de commerce ou qu’un(e) bobo d’une école d’art à dix briques l’année ose vous importuner et railler vos origines estudiantines, n’oubliez pas que vous êtes un(e) guerrier(ère) des temps modernes: balayez toute possibilité de remords et assommez-le/la avec votre Dossier Social Étudiant. “Putain de temps, putain de cours, putain d’humanité de mes deux.” L’ambiance est posée, cette délicieuse négativité emplie d’humour et de -relatif- bon sens que l’on retrouve chez nos compatriotes s’inscrit dans une perspective réaliste du monde. L’étudiant français est caractérisé par une ironie post-moderniste. Il ronchonne voire rabâche, quelque fois un peu trop, mais face à la violence du réel universitaire cette lucidité demeure tout à son honneur. Le disciple gaulois est une créature camusienne, il ne croit en rien, il veut comprendre, il se révolte face à l’absurde. Quand j’observe mes semblables, se débattant tels des Meursault espantés face à un système en dérive, on ne peut que se remémorer avec émotion ce passage des Lettres à un ami allemand: “Qu’est-ce que l’homme ? Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux.” (Camus)
L’université anglaise: un High School Musical peuplé de cupcakes et de paillettes ?
Archétype de la prolétaire campagnarde, je partis un jour étudier outre-Manche avec mes gros sabots boueux, mon tablier froissé et mon baluchon en toile de jute, laissant sur mon chemin une grand-mère éplorée, paniquée à l’idée de me voir exilée chez ceux - je cite - “qui nous ont abandonné comme des connards en 40 à Dunkerque”. Là bas, tandis que se levait l’aurore aux doigts de rose, ma première impression lorsque j’aperçus mon université fut quelque chose dans le genre “Puteborgnefandédiou”. Mes chers compatriotes, et particulièrement ceux confrontés au monde universitaire français, prenez garde, les lignes qui vont suivre ne sont pas écrites sous substances illicites.
Imaginez Poudlard, mais en vrai, avec des salons de thé très chouchous, du parquet, des salles sans graffitis avec des chaises pour tout le monde, et surtout une Administration digne du Pays Magique des Petits Poneys. Mes quelques démarches administratives se sont déroulées dans une atmosphère d’amour et d’eau fraîche, le personnel pouvant même jusqu’à t’appeler “lovely” ou “sweetheart”; quand j’envoyais un mail on me répondait, je pouvais me rendre dans n’importe quel bureau (en bonne petite fouine ébahie j’ai fait le test) on me dirigeait toujours vers le bon, et avec le sourire.
En cours, professeurs et élèves discutent avec enthousiasme, voire se font des blagounettes, et un suivi est assuré par des homeworks réguliers, et la possibilité de discuter à peu près n’importe quand avec son prof. Dans le cadre de mon mémoire, j’ai même pu rencontrer fingers in the nose une professeure pourtant en congé de recherche et qui m’était parfaitement étrangère; elle s’est néanmoins déplacée spécialement pour me rencontrer, m’a payé le café, et a effectué des fouilles de son côté et de son propre chef pour ma misérable petite personne. Et le plus surprenant en tant qu’exilée, c’est que ceci n’est pas le résultat d’une vaste campagne de propagande visant à mystifier l’étudiant venu d’ailleurs; non non, ce comportement est général et quotidien.
Autre merveille du système: la society. Les associations sont légions, aux thématiques classiques (sport, politique, musique …) ou merveilleusement hors-sujets (tel un club de Quidditch), dotées de moyens conséquents et organisant en parallèle toute une vie sociale. Moyennant un droit d’entrée entre 0 et 20 livres l’année, l’étudiant peut y adhérer sans restriction aucune et s’y épanouir telle la fleur des champs. Émouvant n’est-ce pas. Ajoutons que toute université anglaise qui se respecte a sa propre chaîne de télévision, son propre journal papier et en ligne, sa propre radio et chaîne Youtube, etc. Toutefois stoppons les glorieuses trompettes de Jericho; le degré d’efficacité atteint ici a un coût, et non des moindres: plusieurs milliers de livres l’année pour un indigène du cru, le double pour un étudiant international non-Erasmus.
Allons voyons, je ne dis pas que les Anglais sont de vils marauds uniquement motivés par l’aspect pécunier. Mais la privatisation du système permet l’apport d’importants moyens financiers. Fidèle aux écrits des britanniques Adam Smith et John Locke prônant le libéralisme économique, la fac est une entreprise qui possède des parts de marchés et des actions dans de grands groupes. Quant à vous, tel un un chevalier du cycle arthurien vous devez vaillamment partir en quête de sponsors lorsque vous souhaitez accomplir un Master (lui aussi payant, et encore plus coûteux que la licence); or j’ai quelque mal à me figurer toute une tripotée d’entreprises se crêpant le chignon pour financer un Master de philosophie araméenne ou une thèse sur l’emploi du point-virgule chez Hans Fallada. Sans compter la problématique d’indépendance, enfin je dis ça je dis rien.
De facto, les mouvements protestataires ne courent pas les rues; certes il y a eu des manifestations contre la réforme des frais d’inscriptions universitaires (qui visaient à les augmenter, malgré la promesse de ces fieffés coquins de travaillistes de ne pas y toucher), des distributions de flyers adorablement polies et des réunions d’informations tout à fait civilisées. Toutefois le blocus étudiant made in France est fondamentalement différent car par essence chiantique; grossièrement résumé “le bordel pour le changement, c’est maintenant”; en Angleterre ce serait plutôt “du changement s’il vous plaît, avec un nuage de lait”. La privatisation se ressent dans votre quotidien. En fait, à bien y réfléchir, tout ce que vous entreprenez est payant: entrer dans une society, participer à un évènement de votre fac; les discothèques, bars et places à mangeailles sur le campus pratiquent des tarifs tout sauf étudiants (à moins que vous considériez qu’un vulgaire sandwich sous plastique à 5,85€ est chose commune). Votre université vous fait en réalité dépenser bien plus que votre inscription annuelle.
Ah, et léger détail: le choix de l’étudiant se fait sur dossier. Les universités sont elles-mêmes classées, et vos notes au bac déterminent jusqu’à quelle échelle dudit classement vous pouvez prétendre. L’ excellence universitaire anglaise est donc d’une certaine manière censitaire puisque s’accomplissant par une double sélection, financière et scolaire. En gros, le boloss ne va nul part, et l’élève lambda a intérêt à effectuer toute sa scolarité d’ors et déjà dans des établissements dits “réputés”.
Il est également à noter le conditionnement des élèves entrant à l’université. Pour faire simple, chez nous quand on va à la fac, on pressent déjà les clous dans les mains et le Chemin de Croix, on perçoit l’université comme une entité mystérieuse et vaguement inquiétante; en Angleterre que nenni, devenir étudiant universitaire agit véritablement comme un rituel de passage à l’âge adulte; l’étudiant est fier d’appartenir à sa fac, laquelle fait tout pour lui inspirer ces sentiments-là, il s’y épanouit en tant que jeune adulte indépendant et avide de savoirs et de fêtes, il bombe le torse et se roule dans l’herbe telle une licorne, etc.
Enfin notons le rôle trouble de la University Union, sorte de bural/BDE/maison étudiante regroupant toutes les activités. Sous ses apparences funky cool slip sur la tête, (n’hésitant pas notamment à faire une douteuse promotion d’alcool au sein même de l’établissement), c’est en réalité un véritable business où les responsables gèrent des millions, se lancent dans de véritables campagnes de communication et organisent tout un système fort rentable de produits dérivés (shop vendant vêtements & babioles estampillées au nom de l’école, évènements culturels …). Futée, la fac anglaise recrute bénévoles et salariés parmi ses élèves: ainsi le personnel est divisé entre employés fixes vieux de la vieille, et petites mains estudiantines en CDD, donc précaires et renouvelables à l’infini. Tu es un enfant de gueux ? Tiens manant, reçois donc cette “aide” gouvernementale, mais n’oublie point que tu devras la rembourser sitôt que tu seras devenu un travailleur au revenu suffisant. Un nouveau projet de loi sous l’impulsion des perfides conservateurs prévoit même de vendre les dettes étudiantes à des sociétés privées -d’assurances, de crédit- qui exerceront des taux d’intérêt qui promettent d’être fameux (un étudiant anglais ≅ 50 000 livres de dettes, slip sur la tête). Capitalisme, quand tu nous tiens.
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bicephale-face-b · 11 years ago
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Clichés de l'Est.
21/02/2014
Photographies d'hbaud,
rassemblés avec une incohérence éhontée, programmatiquement didactique, pour un abécédaire totalitaire incertain de l'imaginaire, une hésitation entre Descartes, des seins, vertiges, et une quatrième ampleur ondulatoire indéterminée : très certainement des vacillements.
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Bonne lecture.
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bicephale-face-b · 11 years ago
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Le désir
13/02/2014
Par Meissonnier l'Oiseau
Le désir, l'association contextuelle d'idées, comme une boucle sans fin. Lorsqu'on ne désire plus, on s'éteint. La boucle vitale. 
Film monté à partir de vidéos volées sur youtube, des sources et des formats différents, à l'image du pouvoir de l'imagination, de la capacité à désirer n'importe quoi...
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bicephale-face-b · 11 years ago
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Je t'aime
04/02/2014
par Antonin Veyrac - Rozenholc
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Les mots droguent nos vies. Elles ne sont pas tout à fait pareilles que… Près de la barrière, là-bas, une petite fille pleure. C’est qu’on l'a droguée au poison malfaisant des mots-doux, des mots qui font du bien. Une drogue qui met la tête en vrac, qui la démonte, neurones par neurones. Nucléaire/Désir. Ca te ligote. La petite fille pleure car on lui a dit « je t’aime mon enfant » on ne peut pas supporter ce genre de choses. C’est impossible à comprendre. C’est malfaisant. Nucléaire/Phallus. Tu geins, les larmes coulent petite fille. Près de la barrière, près des chevaux et des truies. Une petite fille pleure. Le monde l’inonde de sa bienfaisance. Elle, elle n’y arrive pas. Elle n’arrive tout simplement pas à bouffer toute la merde qu’on lui dit. Les mots d’amours. De sa mère, de son père, de ses camarades. Le pire c’est quand son chat lui mouille du nez dessus en guise de contentement. Là, c’est le point de non-retour. La violence de l’acte est insupportable. Goutte/Utérus.
    JE T’AIME, JE T’AIME MON AMOUR
La symphonie des murmures, du premier éclat de joie, lorsque l’on vient au monde. C’est abject. Les parents pleurent de joie. De leur immondice de vautours. La chaleur du souffle des géniteurs. Tu souffles tes premières bougies. Tout le monde applaudi. Tout le monde est heureux. Personne ne t’en veut. Près de la porte, là-bas, un petit garçon pleure. On lui a dit qu’il valait mieux qu’il meure.
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bicephale-face-b · 12 years ago
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La Tour Eiffel aussi attend toujours son Oscar.
De l’utilisation des monuments dans les bonnes grosses productions cinématographiques
23/01/2014
Par Jeanne B.
Pour le petit monde d’Hollywood (et toutes ses extensions studio-esques au travers des Etats-Unis et du globe, ne soyons pas sectaires), notre très chère Terre ressemble grosso modo à un planisphère pour enfants. C’est à dire que chaque pays aborde fièrement sa série de monuments-types, placés un peu à l’aveugle, connus de tous. Le Colisée se trouve à Rome, Big Ben à Londres, les Pyramides en Egypte et la bière dans le bac à légumes - jusque là, c’est de la culture standard, pas de quoi frimer chez Julien Lepers. Sauf faille majeure dans le système éducatif, tout le monde pourrait vous dire cela. Les grands monuments font partie des traits principaux, un peu caricaturaux, d’une ville et d’un pays - les planisphères pour enfants s’en servent pour l’apprentissage, ils sont des repères structurants. Le gros mot est lâché - repère. Aussi utilisés dans une grande partie de la production cinématographique à l’américaine qui nous arrose aujourd’hui.
Les monuments que nous connaissons et reconnaissons jouent presque toujours un rôle (non crédité, diantre!) dans nos salles noires. Ce rôle peut être de plusieurs natures: le château où s’agite le vaillant chevalier pour sauver Dame Pucelle en Détresse « histoire de rappeler qu’on est au Moyen-Âge », la Tour Eiffel toute illuminée en arrière-arrière-arrière-arrière-plan alors que René dépose un genou au sol pour faire sa demande à la blonde Brigitte « histoire de rappeler que Paris c’est teeeellement romantique! », … Non, le monument ne se trouve jamais dans un film parce qu’il passait par là, ou parce que le gars aux trucages a fait du zèle. D’abord parce que ça coûte un bras, pour le reproduire et encore plus pour le louer. Ensuite parce qu’ils sont le fruit d’architectes, pour leur construction initiale ou les éventuelles additions - et oui, par là je sous-entends bien une masse horripilante de textes de loi et de droits à l’image pour en obtenir l’usage. Et si vous voulez tourner sur le monument même et que celui-ci a le malheur d’être classé! préparez-vous à dévoiler votre script top secret, à justifier toutes vos intentions, et à expliquer à votre assureur que oui, vous devez absolument faire de la pyrotechnie dans la Galerie des Glaces, il en va de l’honneur du septième art! Non. Vraiment. Rien de tout cela n’est le fruit de circonstances et de bienheureux hasards. 
Nous ne parlerons pas, bien sûr, des films historiques se réclamant d’une extrême authenticité. Parce que à ce niveau là, tourner sur le terrain ou avec une réplique exacte du terrain tombe plutôt sous le sens. Mais même en écartant ce champ, il n’est pas rare de trouver des occurrences de monuments bénéficiant d’une renommée internationale préalable, au détour d’une fenêtre ou même comme cadre d’une scène: on pourra parler ainsi du film « d’époque » grand public, du blockbuster américain, du bon vieux film catastrophe à la sauce 2012… Mais pourquoi ces apparitions en guest-stars? Principalement pour trois raisons.
Le monument comme repère géographique
« Ciel! La tour Eiffel! Serait-ce donc la France?! »
Vous vous rappelez, quand vous étiez au lycée? La première règle de la dissertation / du commentaire / de l’oral (rayez la mention inutile) était la suivante: prenez l’examinateur pour un débile. Bon, on disait peut-être pas ça comme ça, mais le fait était qu’on était pas supposé laisser une information non-expliquée sous prétexte que « le type en face de moi est agrégé, si je lui parle du concept de ??????? il devrait pas trop être largué ». Oui, nous étions supposés pouvoir parler à tout public et rendre notre baragouinage intelligible pour tout fumiste n’ayant pas lu l’oeuvre sur laquelle nous étions pourtant interrogés. La règle est sensiblement la même au cinéma. Bien sûr que le spectateur a compris que nous étions en France au moment où tout le monde s’est mis à parler anglais avec un accent à couper au couteau, où ont débarqués les accordéons, où tout le monde s’est mis à faire la gueule en buvant vin & café. Mais, dans le doute, le réalisateur se sent obligé de glisser cet inévitable plan: celui de la Tour Eiffel. Alors oui, il y a des variantes. Collection Printemps/Eté, collection Automne/Hiver, sauvetage épique de la demoiselle en détresse (je pense à toi, Superman 2), grande bagarre de gros bras (Rush Hour 3) … Mas elle est là. Toujours là. Se produit alors un phénomène étrange: toutes les fenêtres de Paris semblent donner sur la tour Eiffel. Légitimement, on peut alors se poser une question existentielle: est-ce que l’Américain moyen pense que tout français paye un rein de loyer par mois pour avoir une vue si typique dans son salon? C’est tout du moins ce que laisse entendre le cinéma américain. Même les Aristochats ont vue sur la Tour Eiffel, alors bon… Mais le fait est: au moins, quand on voit cette bonne vieille dame de fer, on est à peu près certain de se trouver en France. C’est une sécurité pour la compréhension du scénario.
Bien sûr, ne soyons pas chauvins, ce phénomène ne se limite pas à la Tour Eiffel. Nous pouvons aussi mentionner l’inévitable plan de la statue de la liberté lorsqu’un quelconque personnage de film décide d’aller faire une virée aux States. Aussi, le Peter Pan de Disney prend bien soin de se situer à Londres avec une longue scène sur Big Ben. Mention spéciale à Onegin qui se transforme en gigantesque carte postale de la Russie, et plus spécialement de Saint-Petersbourg, tandis que l’histoire passe totalement à la trappe. 
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« O’malley le Chat de Gouttière a une fenêtre sur la tour Eiffel? Toi, oui, toi qui n’a vue que sur le kebab du coin, tu peux commencer à complexer . »
(Les Aristochats, 1970)
Il n’y a pas de fin du monde si le monument reste debout
« Tant qu’il y a du marbre, il y a de l’espoir! »
Le premier cliché du film catastrophe? Le monument qui s’écroule pour bien montrer que les carottes sont cuites et que la civilisation est perdue. C’est la fin du monde, alors les grands symboles de l’histoire viennent se casser la gueule sur les héros. Cloverfield est assez emblématique dans le genre, avec sa tête de la statue de la Liberté s’écrasant dans la rue, ou tout simplement sa charmante affiche. Dans le même genre, et avec la même grandiose actrice, Le Jour d’Après et sa statue de la liberté congelée jusqu’au cou. 2012 remporte la palme de l’originalité en faisant le choix du Christ Rédempteur de Rio de Janeiro sur l’une de ses (multiples) affiches.
Pourquoi cette inévitable intervention du monument? Tout simplement parce qu’ils sont des symboles de l’humanité, de ce qu’elle a bien pu bâtir, de lieux qu’elle connaît, reconnaît, et autour desquels elle se regroupe. Toute destruction du monde passe par la destruction de ses repères dans une industrie qui se fonde sur le visuel et le percutant - on détruit des symboles sans lesquels l’homme ne s’imagine pas vivre, puisqu’il en a l’habitude, pour lui montrer qu’il y a bien dans ce film la mise en scène d’une rupture et d’une fin d’une ère. Cela prend parfois des dimensions abracadabrantes - mention spéciale à Independence Day, qui ne lésine pas sur les moyens  et s’attaque à la Maison Blanche, à l’Empire State Building, au pont de Brooklyn, au Kremlin, à la Tour Eiffel, au panneau « Hollywood » et à Big Ben. Parce que les extra-terrestres sont des gens comme ça. Cette destruction est également percutante parce que ces monuments étaient supposés durer. Le monument est grand, est solide, traverse les époques, surtout quand il est ancien. Dans la Guerre des Mondes, la chute du Taj Mahal est percutante parce que diantre, le Taj Mahal en avait vu d’autres depuis le XVIIe siècle. Et ne parlons même pas de la Grande Pyramide dans Transformers 2. Etre construite en 2560 avant J.C. pour se faire arracher le sommet par Devastator. Tsss.
Mais le fait est, c’est efficace. L’image est percutante. A noter qu’à la suite du 11 septembre 2001, qui a semblé amener à la réalité ce qui n’était qu’une symbolique, Warner Bros retarda la sortie de Dommage Collatéral, afin de ne pas choquer la sensibilité des publics en leur montrant des scènes de destructions trop proches du drame.
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« Le bashing de statue de la liberté: sport national en Amérique? »
(Le Jour d’Après, 2004 & Cloverfield, 2008)
Le monument, l’esprit d’une époque
« Parce que monarchie = Versailles… à moins que? »
Troisième utilisation, et pas des moindres: l’ancrage dans le temps. Le monument peut être figurant, le monument peut être victime, mais le monument peut être aussi un cadre. En effet, il est dans les mentalités collectives synonyme d’une époque et de ses valeurs. Alors oui, il y a des raccourcis efficaces pour coller à des images populaires quand on tente de faire un film qui ne se passe pas au XXe siècle. Prenons-en un qui n’a bien rien à voir avec une reproduction documentée: Van Helsing nous glisse un plan subtil de la Tour Eiffel en construction pour un double effet vieux + français, histoire de. Nous pouvons aussi mentionner le un peu moins fantaisiste Robin des Bois, prince des voleurs qui contient de nombreuses scènes dans la cité de Carcassonne. Il faut faire époque. Il faut faire vieux. Quoi de mieux pour ça que les vieilles pierres? 
Sauf que ça marche pas toujours. Il est parfois pas trop traitreusement utilisé - le Marie-Antoinette de Sofia Coppola est certes un peu trop fantasque pour la réalité historique, mais Versailles y est un véritable atout glamour et presque un personnage à part entière, un décor éclatant pour un film qui cherche l’éclatant. Et puis il y a les Trois Mousquetaires de 2011, qui ferait se retourner Alexandre Dumas dans sa tombe et fait trembler les historiens. Plusieurs châteaux et décors y sont effectivement utilisés pour reproduire… aussi Versailles?! Et le film perd alors toute crédibilité. Mousquetaires = Louis XIII = Pas Versailles Du Tout. Certes, c’est clinquant, c’est monarchie absolue, c’est classe, c’est royauté, c’est français. Mais c’est strictement impossible, voire même très absurde. Une petite pensée pour les historiens qui ont senti pointer la crise d’angoisse en voyant Richelieu déambuler dans la Galerie des Glaces. Mélanger action et histoire? Ouais. Faites un peu gaffe à l’histoire quand même. Versailles à l’époque, c’était un pavillon de chasse. Tout petit pavillon de chasse. Mais on a voulu faire français - alors on a pris le gros château tout doré, qui mystérieusement ne semble faire qu’un avec la ville de Paris. Non. Il fallait marcher un bout de temps pour aller de l’un à l’autre dans la vraie vie, à l’époque.
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« Oh! C’est Richelieu dans la Galerie des Gla… Hé mais NON. »
(Les Trois Mousquetaires, 2011)
Le fait est, utiliser les monuments du monde entier à toutes les sauces est en quelques sortes un sport quotidien pour les grands producteurs de films mondiaux - détrompez vous, le scandaleux Les Trois Mousquetaires est anglo-germano-français, ouais, on ne se méfie jamais assez de nos voisins. Le monument est contraignant à utiliser, mais il est utile, parce qu’il est un gage de clarté, parce qu’il donne plus d’impact au film, parce qu’il permet de bénéficier de toute une ambiance. Sans aucun monument, le film manque de lisibilité et le situer dans le temps et l’espace devient bien plus complexe. Et tant pis si parfois il leur arrive quelques misères - en témoigne cette pauvre Statue de la Liberté, elle se serait peut-être passée d’être ensevelie dans la Planète des Singes -, le monument est un repère comme un autre dans notre monde, et c’est donc logiquement qu’il apparaît de l’autre côté de l’écran. Dans l’univers du cinéma, il est peut-être même l’une des plus grandes stars. 
Webographie:
Qui a encore décapité la statue de la liberté? http://www.slate.fr/story/8075/qui-decapite-la-statue-de-la-liberte
Filmographie, dans l’ordre d’apparition dans l’article:
Superman 2, Lester, 1980
Rush Hour 3, Ratner, 2007
Les Aristochats, Reitherman, 1970
Peter Pan, Geronimi, Jackson & Luske, 1953
Onegin, Fiennes, 1999
Cloverfield, Reeves, 2008
Le Jour d’après, Emmerich, 2004
2012, Emmerich, 2009 (encore!)
Independence Day, Emmerich, 1996 (jolie brochette, Emmerich!)
La Guerre des Mondes, Spielberg, 2005
Transformers 2: La revanche, Bay, 2009
Dommage Collatéral, Davis, 2002
Van Helsing, Sommers, 2004
Robin des Bois, prince des voleurs, Reynolds, 1991
Marie-Antoinette, Coppola, 2006
Les Trois Mousquetaires, Anderson, 2011
La Planète des Singes, Schaffner, 1968
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bicephale-face-b · 12 years ago
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Les Brestois en Ouganda*, une philosophie du Néant ?
22/01/2013
par Eva
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Il est 15h30, vous vous remettez péniblement d’une folle nuit à l’Amnésia (la boîte du Cap d’Agde, pas celle d’Ibiza hein, stop le fantasme), des étoiles plein les yeux (non mais vraiment, un type vous a énucléé avec le canon à paillettes). La chevelure poisseuse, l’haleine digne de Cerbère, vous rampez lentement jusqu’à la télécommande, puis, épuisé(e) par cette épopée que même Homère n’aurait pu envisager, vous vous rendormez dans un ronflement sonore. Un temps indéterminé plus tard, votre encéphale est réveillé par des voix criardes: surprise, votre téléviseur s’est bloqué sur un programme d’une intensité intellectuelle rare, j’ai nommé Les Provençaux à San Francisco* (ou sa version nordique, Les Thionvillois dans l’Illinois*). Alors pour les anachorètes ou les snobs ignorants de la chose, on pourrait résumer ce type d’émissions comme une série de télé-réalité dans la continuité de feu le fondateur L’Appart à histoire*, l’éphémère Gentilles Gens* ou l’estival Secrète Histoire*. Grosso-modo un groupe de jeunes personnes peroxydées et acculturées est réuni pendant plusieurs semaines dans un espace clos, bling-bling et alcoolisé, afin de baguenauder tous ensemble et se crêper les extensions sous l’oeil avide des caméras. Or, et là réside l’intérêt de ce genre de programmes, c’est qu’ils véhiculent une véritable philosophie du Néant. Teu teu teu cessez de vous frapper avec votre galette des Rois. Démonstration.
* pour ne froisser aucune âme et surtout ne faire la promotion d’émissions qui se débrouillent comme des grandes sans Bicéphale, les noms ont été volontairement changés dans la joie et la félicité.
Tout d’abord la télé-réalité est par essence ex nihilo. Imaginez les concepteurs: "bon les gars on va mettre dix cagoles et autant de kékés dans une baraque de nouveau riche et des millions de crétins enthousiastes les espionneront tous les jours de cinq à six, qui me suit ?" Le contenu de l’émission est vide de sens parce que justement dépourvu de toute origine, de toute justification, en somme gratuit. Quand Jean-Kévin déclare à Marie-Cindy: "Tu vois euh ouais j’sais pas" et que celle-ci dans un émouvant élan de spiritualité lui répond "Grave c’est clair, trop pas", ce n’est pas tant l’aspect formel du discours qui est à déplorer, mais surtout le fait qu’à moins d’être un sophiste convaincu, il est réellement difficile de commenter à partir de rien. Les participants se contentent donc d’agir et/ou de gloser maladroitement. Une rapide observation du montage vidéo de n’importe laquelle de ces émissions met en exergue les motifs de la répétition (un fait va être monté et remontré jusqu’à saturation) et de la cyclicité (la dispute de Claude-John et Brendamélie étant rappelée et reliée à chaque synthèse et nouveau rebondissement).
Par ailleurs la télé-réalité met en place une double temporalité. Deux conceptions s’affrontent: d’une part l’instantanéité car en effet, "Notre époque est pressée" (Normand Baillargeon, Liliane est au lycée: Est-il indispensable d’être cultivé ?): règne de l’apparence physique (jeunesse, culte du corps dynamique), l’incontournable “moment fort" (Kim-Josette en larmes, morve au nez et eye-liner dégoulinant lors du dernier prime), recherche d’une intensité immédiate et accessible (diantre, séquence révélation juste après le jingle), fragmentation du réel par la multiplicité des prises de vue (30s de clash, 30s d’instant love, 30s de chouinement etc). Mais, paradoxalement, apparaît aussi une recherche de persistance dans la durée : sur un plan macroscopique, l’émission obéit aux principes d’expansionnisme (par exemple parvenir à diffuser 27 épisodes minimum) et d’envahissement (une saison 1 doit engendrer une saison 2, 3, 4, et mieux encore s’exporter à l’étranger). De même les candidats sont confrontés à un dilemme constant dans leurs actes : à la fois s’inscrire dans un processus de succès immédiat, sous peine d’être éliminé du jeu, mais dans le même temps obtenir une forme de reconnaissance à long terme.
Cet agon tragique se résout par un compromis plutôt précaire: le fameux buzz. Finalement l’individu de télé-réalité est tenu de faire vivre et de vivre dans une sorte d’hapax existentiel, "c’est-à-dire qu’elle ne comporte ni précédent, ni réédition, ni avant-goût ni arrière-goût; elle ne s’annonce pas par des signes précurseurs et ne connaît pas de seconde fois" (Vladimir Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien) constant mais toujours impromptu. L’accumulation d’instantanés doit être la garantie de sa longévité. L’être peut choquer, amuser, émouvoir, mais toujours dans l’objectif de faire parler de lui et de se maintenir dans l’artificialité du succès. Cependant ces deux types de temporalité, en apparence contraires, se rejoignent sur un même principe : celui de la vitesse. Les émissions de télé-réalité ont en commun le motif de la course. Chronométrage, ultimatum, hyper-activité, musique boum-boum et relations sociales caractérisées par l’accélération. Admirons tout particulièrement le respect rigoureux envers la règle des trois unités. Par exemple tout l’épisode 7 de la saison 3 est consacré à une unique action. Steven-Humbert et Carlita se tournent autour le premier soir, s’aiment passionnément à midi et se séparent avec force noms outrageants à l’heure de l’apéro, sur une scène délimitée par la Maison commune, et à la rigueur, le dancefloor au Coco-Bongo Club, le tout commenté par un coryphée hétéroclite mi-perfide mi-kuku (les autres participants, la voix-off suave, le présentateur aux cheveux en plastique et chicots Colgate etc).
Un monde dystopique ?
Force est de constater qu’une émission telle Les Provençaux à San Francisco est comparable à un huit-clos, mais sans Jean-Paul Sartre (ou alors celui-ci se ferait immédiatement qualifier de botch à bésicles et finirait tête la première dans la cuvette des toilettes dans la plus pure tradition collégienne). Les candidats sont enfermés dans un espace coupé du dehors, arbitraire et en rupture avec les codes sociétaux habituels ("Paul-Chuck, tu dois danser tout nu avec une plume dans le luc pour faire diversion et chiper les 10 000€ de Miranda"). Les caméras sont comparables au panoptique de Michel Foucault. Le public agit comme Big Brother, sans cependant être lui-même observé. Toutefois ce panoptique apparaît dès le départ faussé, puisqu’inégalitaire: en effet seule la production dispose réellement d’une vision omnisciente et omnipotente, le spectateur étant condamné à ne regarder qu’à travers son prisme, d’autant plus contrôlé car fondé sur un scénario. Les participants de télé-réalité obéissent à un fantasme récurrent de l’histoire des hommes: l’expérimentation sur autrui. Une émission comme Les Thionvillois dans l’Illinois n’est rien d’autre que la reconstitution d’un milieu où évoluent des individus marqués par le déterminisme, tentant de survivre à un struggle for life bête et méchant. Face à votre écran vous redevenez un peu comme un pitchoune devant une fourmilière: fasciné mais également trépignant d’envie d’y mettre un grand coup de pied gratuit (ou renverser de l’eau ou souffler dessus, à chacun(e) son mode opératoire). En outre, fidèle à l’idéologie dystopique, l’émission de télé-réalité se veut une utopie. C’est un Peuple Élu qui vit dans cet espace du dedans: jeunes, belles gueules, plastique (au sens propre comme au figuré) de rêve, à qui on offre un quotidien de confort et de facilité. On est en plein dans le divertissement pascalien: des êtres constamment occupés brûlent leur temps à courir après des chimères: "Ils croient chercher le repos, et ne cherchent en effet que l’agitation. Ils ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l’occupation au-dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles." Remarquons l’étonnante proximité de Mildred, l’épouse du pompier et héros en quête de rédemption Guy Montag dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury avec le candidat lambda de télé-réalité: tous deux voient leur identité dégradée par une esthétique du chimique et de l’artificiel, leur existence dépend de manière vitale d’écrans et de micros. A l’opposé des Anciens pour qui l’otium constitue un temps libre destiné à l’activité intellectuelle, ici seul le pur divertissement compte, et ce dans une conception non plus à visée communautaire (Sénèque recommandant de consacrer lesdits moments au bien-être de la cité) mais purement égoïste et égocentrique. Le bonheur en soi de la personne importe peu, seule compte le simulacrum de celui-ci, il doit avoir la consistance du réel pour convaincre l’autre. Vous noterez que le candidat de télé-réalité ne dispose ni d’un temps gratuit et encore moins d’un temps pour soi. Toute introspection s’accomplit par un mea culpa en public (tel le fameux Confessionnal dans Secrète Histoire); de même l’individu n’est jamais seul, ni totalement humain: greffé à sa taille, l’espèce de micro qui ne le quitte jamais fait de lui un homme-machine soumis à la volonté d’un Moloch médiatique. Prisonnier dans le halo ininterrompu des projecteurs, le candidat n’a pas le droit à "demeurer en repos dans une chambre" (Pascal), mais à rester dans l’obscurantisme quant à sa condition. Et lorsque soudain entre deux Kir cassis son esprit réalise le gouffre abyssal de son existence, c’est la chute: dans la fiction c’est Mildred qui absorbe une dose massive de médicaments, tandis que la plus dépressive des blondes décolorées et décolorantes du petit écran, Loana P., accumule sa dixième tentative de passage dans l’au-delà.
Mais alors, y a t-il une quelconque transmission de valeurs lors d’un visionnage des Provençaux à San Francisco ? Aussi visible que le cap, que dis-je, la péninsule sur la face de Cyrano de Bergerac, la télé-réalité est un enfant du capitalisme et de la culture de masse, préoccupée uniquement par la rentabilité médiatique, aussi appelée l’audience. Mais cela a déjà été dit, démontré, rebattu, cuit et recuit à toutes les sauces par moult spécialistes. D’autre part, de telles séries sont officiellement exemptes de positionnements politiques, religieux ou sociaux. Non, en réalité ce que je cherche à mettre en exergue, c’est le fait que le contenu même du programme, son univers et ses participants, s’inscrivent dans un processus purement nihiliste. Les Thionvillois dans l’Illinois n’est diantre pas capitaliste. Le quotidien des habitants n’obéit à aucune logique libérale, l’argent leur tombe du ciel comme la manne dans le désert du Sinaï. Pour sortir, se déplacer, consommer, et même pseudo-travailler, un(e) adjuvant(e) leur a déjà tout pré-mâché. Les candidats sont tout sauf des Stakhanov; loin de correspondre au mythe américain du self-made man dont ils aiment tant se revendiquer ("ah ouais l’american dream, Paris H., shogun olala"), ils ne s’inscrivent dans aucune marche glorieuse méritocratique (se mettre de l’huile bronzante tous les jours ou accomplir des choses sulfureuses avec Jean-Edouard dans la piscine ne peuvent être considérés comme de l’esprit d’entreprise ou une promotion dans l’ascenseur social). En ce cas, retournement de veste: Les Provençaux à San Francisco est-il un programme marxiste ? C’est vrai qu’après tout, ces jeunes vivent en communauté, partagent leurs repas, leurs chambres, voire leurs corps, affirment vouloir dépasser une condition déterminée etc. Je plaisante voyons, le pauvre Karl en mangerait sa barbe d’indignation s’il me lisait. Evidemment que non, le titre même de l’émission joue sur la corde sensible chauvine, or la lutte des classes dépasse les particularismes régionaux et nationaux. De même l’esthétique des lieux et des protagonistes, kitsch et clinquant, se révèle fort peu proche des idées du Proletkoult (littéralement “Culture du prolétariat”). La série-réalité est avant tout nihiliste dans la plus pure tradition russe. Ce monde-ci n’est fondé sur rien, n’a aucun but, aucune vérité et aucune valeur. En ce sens il est indécrottablement matérialiste, presque apophatique puisque se définissant de manière négative: anti-romantique, anti-traditionaliste, anti-théologique, anti-métaphysique, anti-idéaliste etc. Cependant Eugène Bazarov, personnage principal de Pères et fils, roman fondateur du nihilisme, a néanmoins le mérite de proposer une alternative: une attitude positiviste et utilitariste. Ici, rien de tout cela, la série-réalité demeure engluée dans l’oblomovisme; le personnage du roman éponyme, défini dans la préface de l’édition française par Charles Deulin, rappelle de manière étrange et inquiétante le candidat topique de série-réalité: "Oblomov est un mort qu’on galvanise. Sans caractère, sans énergie, sans initiative, il nous représente le produit extrême d’un despotisme qui a fait son temps." Point commun entre Bazarov le nihiliste et Oblomov le léthargique: tous deux meurent prématurément; enfermés dans leur lubie, ils sont inaptes à vivre en société, malheureux et seuls. Ainsi, le candidat de télé-réalité illustre ce constat pessimiste de Roland Jaccard: "Le drame de l’homme se joue moins dans la certitude de son néant que dans son entêtement à ne point s’y résigner." (La tentation nihiliste, 1989).
Sur ce, beaux nénés 2014 !
Image: http://desbichesetdesbitches.tumblr.com/
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bicephale-face-b · 12 years ago
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Je prépare une sécession
14/12/2013
par Igor Myrtille
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bicephale-face-b · 12 years ago
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Mondanités
9/12/2013
Par Meissonnier L'oiseau
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Meissonnier L'oiseau
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bicephale-face-b · 12 years ago
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"Le débat sur le dépistage du cancer du colon est un puits sans fond."
2/12/13 par Jopé et Jourdain de Troie
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Jopé et Jourdain de Troie sont les invités de l’interview croisée de la semaine. Nous sommes allés à leur rencontre. Les propos tenus ici n’engagent que Paul Personne.
Quelle est votre sentiment sur la situation actuelle ?
Jourdain de Troie - Je suis personnellement bien assis. Votre micro m’impressionne pas mal. Et que dire de votre maquereau...
Jopé - Aléatoire, mon cher Watson.
…À Toire ? Pourquoi donc ?
Jopé - C’est un village côtier assez plaisant. En particulier au coucher du seul œil. Mais je ne m'épancherai pas sur la question de l'extrême droite.
Comment jugez-vous la campagne électorale pour les municipales ? En particulier, que pensez-vous de la politique du logement et de l’accès à la propriété : l’équilibre de la municipalité est-il respecté?
JdT - Partiellement. À titre personnel, j’ai un peu de mal à accepter qu’un petit chien moustachu soit propriétaire des 4 gares de la ville. C’était le risque. Cet appel d’offre généralisé n’avait pas de raison d’être. Rendez-vous compte : seulement cinq propriétaires sur toute la ville! La grande responsabilité de l’équipe sortante, c’est tout simplement d’avoir permis à cinq accapareurs de prospérer. Je pèse mes mots! Cinq accapareurs, c’est beaucoup trop! Et ne jouez pas la fausse sceptique !
Jopé - Et avec cinq accras par heure, on a vite fait de changer de régime. Mais je ne m’épancherai pas sur la question de l’extrême droite.
Les promesses en matière de transports ont-elles été tenues ?
Jopé - En partie. La vraie solution, c'est de ne plus prendre la voiture. Prenons le chapeau, le fer à repasser, même le petit chien s’il le faut !
JdT - De même, si la carte Navigo était remplacée par une carte Chance, il y aurait peut être moins de retard sur nos lignes.
Paris était auparavant une ville fortement segmentée : ethniquement, politiquement…La sociologie par quartier est-elle plus favorable à la mixité ?
JdT - Absolument pas. Comment expliquer que tous les Jaunes soient cantonnés à trois rues ? De même, comment accepter que les Rouges soient tous concentrés autour de la Caisse de Communauté. Ils attendent quoi ?
Jopé -  De se tirer la bouteille deux par Dieu et de se barrer en Russie…
JdT - À propos de Gérard, moi aussi j’annonce par voie de presse que je revends mon appartement. En guise d’annonce je ne préciserais que ceci : c’est un bon appart, rue Napoléon, 75013 Paris.
Jopé – C’est audacieux…
Jdt – Je suis un parieur fou. Mais je suis persuadé que sur ces 75013 chances de gagner, je serai au mois couronné d’un succès.
En parlant de couronnes, que pensez vous de la polémique sur le coût des soins dentaires?
Jopé - Ce n'est pas tant aux dentistes qu'il faut s'adresser qu’à la Petite Souris. C'est elle la plaque tournante de tout cet argent. Quand on voit le nombre de dents arrachées par jour... Mais enfin, bien sur, les dentistes ont leur part de responsabilité, avec leurs histoires de blanchiment...
JdT - Justement, je suis intimement persuadé que Bernard Tapie est impliqué dans les réseaux de blanchiment organisés par la Petite Souris. Sinon pourquoi parlerait-on de « Tapie à Souris » ? (il imite un mulot cendré, ndlr)
Que pensez-vous de l'avortement?
Jopé - Je suis contre, ça m'inquiète, tous ces enfants qui se feront traiter d'avortons dans les cours des écoles...
JdT - Ce débat est stérile.
Et à propos de l'euthanasie, quelque chose à ajouter?
Jopé - Ce débat est ennuyeux à mourir.
… Le dépistage du cancer du colon?
Jopé - Ce débat est un puits sans fond.
JdT - … La « Déclaration d’Indépendance » est de loin la manifestation la plus évidente du cancer du colon. J’assume ce propos. Je me fous du Gandhi Raton.
Parfois je regarde le ciel et je vois la vie telle qu'elle est vraiment, et vous?
Jopé - Non.
Messieurs, merci pour cette interview croisée.
Ensemble – Vive la papauté !
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bicephale-face-b · 12 years ago
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Quel bonnet êtes-vous ?
25/11/2013
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par Eva 
Lundi 25 novembre: atteinte d’un énième rhume, dû selon mon aimable mamie à mon goût immodéré pour les jupes courtes suivez-moi-jeune-homme, je me rends emmitouflée tel un oignon doux des Cévennes chez ma pharmacienne chercher mes potions de guérison. L’accueil est digne d’une punchline d’humoriste de bas étage: “Tiens, votre bonnet à vous n’est pas rouge ?”. S’ensuivent alors un petit ricanement d’auto-satisfaction de la commerçante face à un tel trait de génie puis une diatribe féroce contre “ces voyous alcooliques qui cassent tout pour le plaisir de détruire blablabla”.
Nonobstant, ces postillons haineux que j’ai courageusement fui sans demander mon reste, me font méditer sur la symbolique du bonnet, objet traditionnellement neutre, innocent même, et pourtant actuellement instrumentalisé par divers mouvements de protestation.
Avoir froid aux oreilles serait-il une revendication de droite ? Le bonnet rouge deviendrait-il l’emblème du chaos ? La laine exprimerait-elle un potentiel révolutionnaire ? Plus grave encore, que porteront les mécontents pour la saison printemps-été 2014 ?
Toutes ces questions et aucune réponse car hélas!, l’inestimable Roland Barthes a omis d’inclure un chapitre “Bonnet mode d’emploi” dans son fabuleux Mythologies.
Qu’à cela ne tienne, affalez-vous dans votre fauteuil et faites infuser un petit thé vert; sans plus attendre, découvrez votre identité bonnetière !
Vous êtes un bonnet rouge si: - la simple mention du terme “écotaxe” vous fait pousser des furoncles violets sous les aisselles
- vous aimez profondément votre gros camion et vous ne voulez pas que le gouvernement lui fasse du mal
- vous estimez que Nantes, c’est pas breton, et que Jean-Marc A. est un traître qu’il faudrait noyer dans du cidre brut.
- vous avez la nostalgie des affrontements à coups de fourche; d’ailleurs vous avez regardé dix-huit fois Jacquou le Croquant, votre film préféré
- votre sponsor officiel s’appelle Armorlux
- vous vous fichez quelque peu de la taxe poids lourds; d’ailleurs vous n’êtes même pas breton(ne). En revanche vous êtes possédé(e) par la folle envie de faire des méchouis de radars partout dans le pays.
- vous êtes un(e) inconditionnel(le) du commandant Cousteau
Si vous arborez un bonnet vert: - vous prenez le tramway sans ticket pour pouvoir vous payer quotidiennement votre dose vitale de café et ainsi supporter la violence du réel.
- la CAF, les APL, la pension alimentaire versée par votre paternel et votre livret A servent à renouveler votre abonnement de bus.
- vous pensez très sérieusement à investir dans une bicyclette pour effectuer le trajet Montpellier-Paris quand l’envie vous prend d’aller festoyer avec vos poteaux. Après tout il ne fait pas encore trop froid et ça vous fera le mollet galbé.
- vous trouvez que la SNCF ne se mouche pas du coude sur les prix des billets. Surtout que le pipi-room de l’inter-cités laisse fortement à désirer. (Tous les quidam de France et de Navarre ont eu un jour cette pensée. Il y a donc potentiellement 66 millions de bonnets verts.)
Vous êtes un bonnet rose: - vous vous appelez Marie-Thérèse et chaque 21 janvier vous vous rendez avec votre époux Jean-Eudes verser votre larmichette sur la tombe de Louis XVI
- vous soupçonnez l’instituteur de votre petit Hubert-Philippe d’être un bolchévique
- quand vous entendez les acronymes PMA ou GPA, vous êtes pris(e) de sueurs froides, vous apercevez un tunnel avec au bout une grande lumière, vous vous évanouissez et Jean-Eudes doit alors appeler un exorciste.
- vous possédez un portrait dédicacé de Christine B. que vous avez solennellement installé sur un autel, avec petites bougies toussa toussa
- vous êtes convaincu(e) que Christiane T. s’est échappé du Jardin d’Acclimatation en 1877 et que sa longévité est due à l’absorption massive de bananes radioactives et d’obscurs rituels vaudous.
Vous portez un bonnet orange: - vous n’avez aucun goût. Voilà voilà.
- le cheval est le meilleur ami de l’homme. D’ailleurs vous en venez parfois à vous demander s’il n’est pas meilleur que l’homme tout court.
- vous êtes saisi(e) de crises de rage incontrôlables lorsque l’on ose médire sur Steve Guerdat ou Rolf-Göran Bengtsson
- avec la TVA équestre relevée à 20%, vous vous tâtez à aller voler fourbement les bottes de foin au salon de l’Agriculture pour pouvoir nourrir votre écurie.
Si vous vous coiffez d’un bonnet jaune: - hum vous aussi vous n’avez aucun goût.
- en tant que petit professionnel de l’assurance, vous aimeriez sauver votre emploi; en tant que travailleur(se), vous aimeriez vivre en harmonie avec votre compte en banque en choisissant une complémentaire santé adaptée à vos moyens
- votre ulcère à l’estomac se réveille quand vous vous demandez avec angoisse comment vous allez réussir à payer l’appareil dentaire du petit dernier, le traitement pour l’acné de votre ado et l’opération de la hanche de votre belle-mère
- vous êtes prêt(e) à vous faire hara-kiri devant la ministre de la Santé pour sauver la Sécu
- vous vous êtes arraché(e) votre dent cariée tout(e) seul(e)
Vous avez opté pour le bonnet blanc: - vous vous réveillez toujours en catastrophe les mercredis matins, après avoir passé une nuit cauchemardesque, car vous oubliez toujours si Jean-Kévin a école ou cours de poterie.
- vous consacrez la moitié de votre salaire au baby-sitting et/ou au centre aéré à cause de ces foutues réformes de rythme scolaire et cela commence à vous agacer légèrement.
- votre divertissement favori consiste à faire des rimes douteuses en “on” sur Vincent P.
- vous êtes déchiré par un cruel dilemme chaque samedi matin: vous extirper de votre couette pour amener votre petite Josette à l’école, ou demeurer béatement dans une relation fusionnelle avec votre oreiller et faire de votre enfant une sauvageonne inculte
Vous avez fait le choix du bonnet bleu: - vous tolérez qu’on vous qualifie de poulet mais certainement pas de pigeon
- vous travaillez à Marseille
- vous ne comprenez pas pourquoi après vous être démis(e) 4 fois l’épaule et essuyé(e) autant de fusillades, votre salaire n’augmente toujours pas
Vous vous êtes décidés pour le bonnet noir: - vous êtes cet être légendaire, champêtre et bucolique, défiant Apollon au pipeau et se désaltérant avec la rosée du matin tout en louchant discrètement sur des nymphes. Bref, un berger quoi.
- vous avez peur du Grand Méchant Loup
- vêtu(e) de votre jolie cape rouge, vous apportez gaiement chaque semaine une galette et un petit pot de beurre à votre mère-grand
- vous habitez dans le Gévaudan
- vous êtes plutôt partisan(e) du “un bon ours est un ours mort”
- rien à voir avec la Convention de protection des loups des Hautes-Alpes, ledit bonnet était juste en promo chez Auchan
Votre aimable figure est recouverte d’un passe-montagne: - vous ignorez jusqu’à l’existence même du mot “sensualité”
- vous êtes un terroriste tchétchène.
- vous avez 11 ans et votre mère ne vous a pas laissé le choix. Pire, elle vous a même accompagné jusqu’au portail du collège pour s’assurer que vous garderez votre cagoule jusqu’au bout. Les yeux brillants de méchanceté gratuite des cagoles de 3e qui vous aperçoivent suggèrent que le trimestre ne va pas être de tout repos, et que vos chances de sortir avec Vanessa sont désormais proches du Néant. Courage.
Vous êtes un sans-bonnet si: - vous avez confondu ledit bonnet avec un sac à vomi à l’apéro de Bernard et Lulu samedi dernier.
- vous vivez à Cancun
- votre tête dénudée est l’expression de votre apolitisme.
- vous êtes convaincu que l’Hécotax est un médicament diurétique
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bicephale-face-b · 12 years ago
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Yes we Spock
21/11/2013
par Jeanne B
Ou comment la Science Fiction peut faire de nous des hommes meilleurs
Petites étoiles sur fond noir. Une, deux notes de musique. Une voix s’élève: celle de Monsieur Gene Roddenberry, créateur de la plus grande série de sciences fictions de tout les temps (si si). Le son a un peu souffert depuis les années 60: ça crache, ça grésille, on pense vaguement à l’appel du Général de Gaulle. Mais un vaisseau en carton-pâte traverse l’écran de part en part, sur grand lever de trompette. Quelque part dans le monde, une génération d’américains se lève, met la main sur le coeur. Non, ce n’est pas une version rétro/sf de la bannière étoilée. Non, ce n’est même pas un hommage douteux à Armstrong (pas le musicien, pas le dopé, le troisième - voilà, l’astronaute). Les mots tombent: « Space, the final frontier. These are the voyagers of the starship Enterprise. Its five-year mission? To explore strange new worlds. To seek out new lives and new civilizations. To boldly go where no man has gone before. » En bleu apparaissent les mots sublimes: Star Trek.
Non, ne soyez pas si dubitatifs. Oui, j’aime Star Trek. Je ne porte pas de lunettes à triple foyer, je n’ai aucun problème d’acné, mes cheveux abordent une hygiène remarquable, je serais bien incapable de remonter un ordinateur les yeux fermés - sortez vous tout de suite cette idée de la tête. J’aime la SF des années 60, et je suis fermement décidée à vous en parler. Non, cet article ne sera pas une (vaine) tentative de défendre des effets spéciaux plus que douteux. Je n’argumenterai pas en faveur de l’oeuvre d’une costumière fantasque pour qui, manifestement, un collant (très, très, très) ajusté est le comble du chic et de la virilité. Je n’évoquerai même pas un art de la mise en scène des combats qui tient bien plus du Lac des Cygnes que du ring de boxe. Parce que l’âme de Star Trek, que dis-je! le coeur de Star Trek ne réside en aucun de ces éléments. William Shatner (& sa plastique de rêve) balançant son poing vers (non, pas « dans », le fait est qu’il ne l’atteint même pas) un pseudo-alien-dinosaure-verdâtre (aussi appelé Gorn) n’a pas bâti tout seul cette franchise monumentale. Quelques chiffres: Star Trek, ce sont 6 séries télévisées pour un total de 726 épisodes en 30 saisons depuis la première saison de la première série le 8 septembre 1966, 12 longs métrages (bientôt 13, à ce trop lointain horizon qu’est l’année 2016), un nombre incalculable de romans & comics, une dizaine de jeux vidéos, une montagne de fanfictions. Non, même la cuisse galbée de Monsieur Shatner n’aurait pas suffit pour engendrer ces infinies déclinaisons. La vérité est ailleurs. Et je vous la révèlerai au fil d’une série d’articles qui oui, ont une raison d’être, même pour nous, petits français du XXIe siècle.
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« hé venez les gars, on va enrouler un chien dans un tapis, lui coller une corne en plastoc et deux morceaux de cable sur la tête, et on dira que c'est un alien! »
Oui, je vous assure, la vérité est ailleurs. 
C’est juste qu’en voyant ça on le devine pas tout de suite.
Let’s talk about Trek babyyy, let’s talk about you and meeee
Pourquoi parler de Star Trek? Parce que Star Trek a du sens. Oui, tout à fait. Contrairement à la majorité de nos séries actuelles (que je regarde pourtant allègrement en mangeant des gaufres durant les longues soirées d’hiver), Star Trek avait dès son invention par Sieur Gene Roddenberry une raison d’être, un message à transmettre. Non, je suis désolée, mais je ne reconnais pas de grandeportée sociologique aux Feux de l’Amour. Star Trek n’est pas seulement un divertissement (malgré son armada de vaisseaux spatiaux, sa moyenne de cinquante morts par épisode, l’adoption d’une structure en suite de mini-enquêtes de l’espace), c’est avant tout une philosophie. Non, je ne suis pas en train de vous demander d’acheter un phaseur, de vous épiler les sourcils et de vous faire une coupe au bol – les trekkies/trekkers (fans de Star Trek pour les ignares) ne composent pas une secte à proprement parler, même si à certaines époques on a légitimement pu se poser quelques questions.
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Coupe au bol + Oreilles pointues + Sourcils rectilignes = mauvaise idée.
Sauf si vous êtes Zachary Quinto et que vous jouez le rôle de Spock dans la version de 2009-2013.
Et encore, on a vu plus seyant.
Regarder Star Trek n’est pas un mode de vie. Mais regarder Star Trek vous communique des messages de tolérance, des messages d’égalité, qui ne peuvent qu’influer sur votre vie de tous les jours. Saint Gene Roddenberry (ce qui m’embête dans cette histoire d’article, c’est qu’à un moment je vais commencer à manquer de titres pour désigner cet homme) a imaginé tout un univers avec comme ligne directrice la peinture des problèmes sociaux des années soixante au travers du comportement « primitif » d’espèces aliens, tour à tour rencontrés par des ressortissants d’une espèce humaine utopique ayant déjà résolu ces problèmes. Dans son article « Star Trek: A Phenomenon and Social Statement on the 1960s », J. William Snyder Jr indique que « Bien sûr, les épisodes ne présentent pas tous une portée sociale, mais, au travers de la série, les personnages, les thèmes, les motifs, et bien sûr quelques épisodes précis sont des analyses du sexisme et du féminisme, du racisme et de comment améliorer les relations entre les hommes, mais aussi le militarisme et la paix, autant de problématiques sociales majeures de la fin des années soixante et, quoique à un différent degrés, des problématiques sociales d’aujourd’hui ». L’angle d’attaque peut paraître surprenant au premier abord: un western de l’espace, une débauche d’imagination, un univers totalement imaginaire. Mais après tout, la liberté qu’offre la Science Fiction n’est-elle pas le meilleur champ pour les utopies, et au travers des utopies une analyse de notre propre monde? Je vous renvoie au Meilleur des Mondes de ce très cher Aldous Huxley dès 1931, pour une perspective un peu plus scolaire. Star Trek suit une ligne directrice analogue à ce bon vieux système utopie/dystopie. L’un de ses scénaristes, David Gerrold, ne disait-il pas "Ces histoires traitent de l’attitude de l’homme du vingtième siècle dans le futur. Ces histoires traitent de nous-mêmes." ?
Star Trek, en bref, c’est un peu comme une pub Benetton, mais en mieux
C’est bien gentil bien mignon tout ça, vouloir analyser la portée sociologique d’une série de science fiction, mais pour les non-initiés il faut dire que la franchise est quand même monumentale. Un topo de base est donc nécessaire, afin de vous donner les clefs de l’analyse. Déjà, à titre informatif, je parlerai principalement de la série originale et de ses extensions directes. Grosso modo, cela veut dire « Star Trek: The Original Series » (TOS pour les intimes) et ses trois saisons, « Star Trek: The Animated Series » (ou comment contourner habilement la faiblesse des effets spéciaux de l’époque par le biais du dessin animé) et ses deux saisons, et les six premiers films, de 1979 à 1991. Pourquoi? Parce que tous regroupent l’équipage original, qui est de loin le plus intéressant et le plus emblématique. Star Trek dans son jus, concrètement. Et pour être tout à fait honnête c’est à peu près là où j’en suis moi-même dans la découverte de la franchise. Ces épisodes racontent les aventures de l’équipage du vaisseau spatial Enterprise NCC-1701 et de son capitaine James T. Kirk au XXIIIe siècle, à partir d’une mission quinquennale de découverte de la galaxie toute entière à des fins d’observation. Bien entendu, rien ne se passe jamais comme prévu, et la mission « d’observation » vire dans à peu près chaque épisode à la pure catastrophe, sinon ça serait pas drôle.
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L’équipage de base, qui, il faut l’avouer, en jette.
La composition de l’équipage en elle-même a quelque chose de profondément novateur, et même si nous y reviendrons plus en détail dans les articles suivants, elle mérite d’être mentionnée dans le topo de base. Tout d’abord, à votre gauche & tout de rouge vêtu, Montgomery Scott « Scotty », interprété par James Doohan, ingénieur en chef, écossais. A ses côtés, en jaune (moche), Pavel Chekov interprété par Walter Koenig, enseigne chargé de la navigation, russe (avec un accent à couper au couteau). Un peu devant, en bleu, Leonard « Bones » McCoy interprété par DeForest Kelly, médecin bougon d’origine américaine. A ses côtés Janice Rand, atout charme, interprétée par Grace Lee Whitney, secrétaire et un peu bonne à tout faire, également américaine. Tout devant, dans le fauteuil, James T. Kirk sous les traits de William Shatner, capitaine, américain également. Nous trouvons également Nyota Uhura, interprétée par Nichelle Nichols, lieutenant chargé des communications, originaire des « Etats-Unis d’Afrique ». Ensuite Spock, aka le légendaire Leonard Nimoy, seul membre alien de l’équipage puisqu’il est mi-vulcain mi-humain, à la fois attaché scientifique et commandant en second. Et enfin Hikaru Sulu, incarné par George Takei, pilote, qui s’il est américain ne peut cacher de très certaines origines asiatiques. Voilà. Et là, quelque chose devrait vous surprendre. Si la série se tient au XXIIIe siècle, elle a été produite dans les années 60. Et pourtant, Chekov est russe, dans un contexte de Guerre Froide (1947-1991, je vous le rappelle). Nyota Uhura est non seulement une sublime femme, mais elle est aussi lieutenant à une époque où les noirs et les blancs ne pouvaient même pas s’assoir à côté dans un même bus. Ne parlons même pas de Hikaru Sulu, qui s’il est logiquement d’origine japonaise ne voit jamais son ascendance totalement clarifiée - je vous rappelle que nous sommes d’une part en pleine guerre du Viêt-Nam (1954-1975) mais aussi au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, où ce n’était pas vraiment la joie entre américains et japonais. Et pourtant ils font tous partie du même équipage, tiennent des rôles titres. Dès sa composition, l’équipage de Star Trek s’annonce clairement comme chargé d’une portée sociale, de revendications utopiques d’équilibre, d’égalité. Autant d’éléments qui font de cette série bien plus qu’un divertissement, mais une suite de revendications.
C’est bon? Décidés à virer geek le temps de quelques articles? A faire abstraction des graphismes, des costumes, de la mise en scène, pour s’attacher au message? Je vous retrouverai donc pour une série d’articles traitant du dernier thème où mes camarades apprentis-muséologues s’attendaient à me retrouver: Space, the final frontier.
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Le mot de la fin à DC Fontana, autre scénariste de la série, à propos de la volonté de Gene Roddenberry. 
Ou comment cet homme a choisi de simplement dire « Fuck off ! » à la mentalité de son époque. Pourquoi?
Pour fonder l’une des séries les plus emblématiques de l’histoire américaine.
Sources :
Snyder, J. William, Jr. « Star Trek: A Phenomenon of and Social Statement on the 1960s »:  http://www.ibiblio.org/jwsnyder/wisdom/trek.html
Gerrold, David. The World of Star Trek. New York: Bluejay Books, 1984.
Memory Alpha, aussi disponible en Français, ou le wiki encyclopédique sur l’univers de Star Trek: http://en.memory-alpha.org/wiki/Portal:Main
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bicephale-face-b · 12 years ago
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Disney à l'âge de Raison #3
14/11/2013
par Irwin Lannelongue
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Mesdames, messieurs.
J'ai tout d'abord le regret de vous annoncer, que cette rubrique voit son avant dernier numéro paraître aujourd'hui. Vent de tristesse sur la vallée de vos yeux ébahis. "That's Life" comme disent les anglo-saxons. Voilà pourquoi j'ai décidé de rajouter en plus de cette 3eme partie, une 4e gracieusement développée, sous divers points de vue (à venir la semaine prochaine).
Après ce court message du syndicat, place à l'edito.
Moteur.
Le Walt Disney Studio
Après avoir parlé de nombreuses attractions du Disneyland Resort Paris, et de l'hôtel : Le Santa Fe Beach, nous allons désormais voir, qu'il y a, quelque part, vers l'au delà, un autre parc. Le Walt Disney Studio. Le truc des vrais mecs. Enfin par mecs, j'entends des mecs qui expriment bruyamment leur virilité sur des cascadeurs qui ne goûtent pas à cette méchante brûlure au 17e degré parce qu'ils ont une crème ultra protectrice (de l'indice 200), ou éventuellement sur des gars tatoués et barbiturés qui font de la moto sur du rock de stade ! Car c'est bien la moto !
Mais ce parc a t'il un réel intérêt ? Les files des attractions y sont 17 fois plus importantes, et il n'y a pas la poésie, comme avec Claude François.
Exemple : Tu vas voir Stitch Live! (cf : Lilo & Stitch ou "Ils ont tué Elvis") Tu attends 20 minutes pour voir un duplex live from mars, avec Stitch qui parle en direct avec un fringant animateur présent dans la salle sans fiches et tout et tout. La classe quoi. On nous fait croire que le duplex est une cabine de vaisseau spatial. Et l'ardent Stitch (certainement représenté derrière par un mec avec des électrodes pour produire les gestes de l'animal), nous fait rire aux larmes. Eh oui ! Il demande une fille du public en mariage, mais à ce que je sais il y a des lois contre ce genre de pratiques. Puis il demande à un enfant où est ce qu'il vit (même lois, presque même pratique). LOUCHE.
Les attractions  "Grand Frisson"
Que dire d'autre ? Si ce n'est qu'il est présenté sur notre plan en danois que les pastilles oranges désignant une attraction "grand frisson" (a.k.a Thrill !!) sont le Truc d'Aerosmith, le Truc de la Tour qui fait peur, et le Truc de Nemo, oui je sais ils ont été hyper inventifs. Ayant fait les 3, j'ai remarqué un point commun récurent. En effet, j'ai appris à mon plus grand dam que Disney n'avait pas à investir dans les décors des Rollercoasters (ou alors un tout petit peu, genre pour un autocollant avec une guitare fluorescente). Oui, toutes ces attractions nous plongent dans la pénombre profonde. Au crépuscule, je t'attendrai. Chose fâcheuse, parce que ce n'est pas forcement plus "impressionnant" mais t'façon, il en faut plus pour m'impressionner.
Qu'a cela ne tienne, j'en prends mon parti, et commenterai all my possible, tout d'abord sur le "Truc de Nemo". Merveilleux, 90 minutes de file. Guiness World Record. Pour une attraction vomitive, où l'on se trouve secoué dans une carapace de tortue. On peut imaginer par la suite, que la carapace est inconsciemment notre estomac, nous, sommes les éléments ingurgités, démantelés, et déchiquetés avec barbarie, la vie est représenté par un castor, et le chant du cygne est la mort de Socrate.
Mais cela n'est rien comparé au "Truc de la Tour de la Terreur", plagiat ou plutôt copie pâle du Hurakan Condor de Port Aventura (pour les puristes) qui propose beaucoup plus de sensations, puisque nous nous trouvons à l'extérieur. Encore une fois, le plongeon dans le noir… Mais l'ambiance y est cette fois, plus bon enfant. Un garçon d'ascenseur atteint de tiques et de troubles du comportement, vous demande d'entrer dans la 4e dimension. C'est presque avec une fleur dans la main et le cœur en bandoulière qu'on s'y ramène.
Et enfin, parmi ces attractions se trouve l'inébranlable, l'indétrônable "Truc d'Aerosmith", dans le noir, pour changer, avec soit disant des baffles "sur-puissantes" qui te passent le même quart de morceau à longueur de journée, dans le même genre que "It's a Small Small World", en un peu plus rocknroll. Mais évidemment, connaissant ma chance, je ne pouvais tomber que sur la place où les baffles ne marchaient pas, cette même place située juste derrière un trublion qui a judicieusement pris sa bouteille d'eau, ouverte, pour s'amuser, comme ça pour rien.
Enfin, tout ce que je veux dire, c'est que Disneyland, c'est une question de Mood. Nous ne pouvons pas qualifier, quantifier, ni même crucifier une généralité concernant cette féerie. Chacun la voit comme il le souhaite. C'est peut être ça, la magie de Disney...
Est-ce si simple ? Simple ? S.I.M.P.L.E ?
Remontons quelques décennies en arrière.
Saint Exupéry a disparu au large d'un lieu inconnu (ou est peut être encore vivant.) La guerre rase, la guerre éclate, la guerre éclos. Au milieu de tout ça, le Petit Prince est en tête des charts en Europe.
Quelques années plus tard, le grand et surdoué Orson Rosebud! Welles tombe amoureux de l'oeuvre et projette une collaboration avec l'actuel grand de l'animation : je vous le donne en mille, Walt Disney. Welles a alors terminé storyboard et dialogues, et les deux génies se rencontrent… Il est précisé que Disney est quelque peu froid et distant. Rien de grave… rien de grave. Jusqu'au moment où il s'enquit à quitter la pièce !  Sans donner une raison quelconque. Un homme sensé le rattrape alors et souhaite, comme nous tous, des explications. Waltie lui répond alors, et là c'est quand même étonnant :
"Il n'y a pas de place pour deux génies dans cette pièce."
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Waltie. Frippon. 
No comment.
Je vous parle d'un temps...
THE END (oui, non car il n'y aura pas de 4ème partie, je t'ai dit ça pour te faire espérer et me nourrir de ta haine).
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