depetitstableaux
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De petits tableaux
183 posts
Textes au fil de l'eau pour faire sa place à la lumière.
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depetitstableaux · 3 months ago
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182/200 révérences
Vous étiez minuscule sur un chemin d'été, une rangé d'arbres frémissait, se penchait au vent, semblait s'incliner pour vous rendre grâce. Haie d'honneurs, de bontés, de patiences.
Vous êtes aussi cette rangée d'arbre, souple et fraîche. Et vous vient ce sentiment calme et rare : la révérence. Révérence à vos frayeurs, révérence à votre force comme aux cœurs brisés, révérence au désespoir et révérence à la joie.
Révérence au temps qui passe, à ce qui vient, la rangée des trembles et des peupliers, s'étend à l'infini.
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depetitstableaux · 3 months ago
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181/200 Vertonne
Peut-être avions nous déposé sur la Vertonne, ma petite rivière, honnête et silencieuse, un autre jour, un mince radeau d'écorces et de plastiques.
Et peut-être qu'en rêve, le radeau, léger comme un Vanneau, a-til atteint à la mer,
Et peut-être que c'est lui, le radeau, l'aile d'oiseau, que j'ai vu tout à l'heure, et comme il fichait dans le courant une lumière innocente, nouvelle venue, une vive saveur, un éclat.
La joie recommencée. Bien plus qu'un souvenir.
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depetitstableaux · 7 months ago
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180/200 coupe, coupe !
Tu vas être lame, et fil et fouet, et trancher net dans ça.
Ça : cela de peurs et d’histoires et de sombre et de poisse et de pue de poussière et de sable abrasant et d’embarrassement de glue, de foutaise et d’abondance inutiles et de fatigue et… de…
Mais coupe. Au travers.
Et franc, et bref. Net.
Et vif.
Désormais c’est une danse qui t’appelle, et désormais, tu es le geste qui coupe. Tu perces. Brillant comme une lame, un follet, un brisant comme on en a plus de vu depuis, depuis.
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depetitstableaux · 9 months ago
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179/200 voie B
Je les trouve maigrelets. Ils viennent de sortir du train, voie B. Ont-ils vingt ans ? Sa peau a la pâleur du matin. Il porte des socquettes de tennis, un short, en Octobre. Elle porte des tresses, et sa peau est brune comme une châtaigne. Leurs visages sont tirés d'une même fatigue.
Je descend à mon tour, même train, même wagon, même arrêt. Voie B, direction Nice.
Il se penche pour attraper l'anse d'un gros sac en cuir posé sur le quai.
Elle se penche pour attraper l'autre anse du même sac en cuir posé sur le quai.
Leurs fronts se heurtent doucement. Ils relèvent leurs visages. Des sourires leurs viennent. Ils se regardent. Leurs visages sont doux, tout doux, velours, petits fruits, courants d'air, la peau de la jeune pêche que tu pelais pour moi ce matin, dans la cuisine silencieuse, et la tendresse qui s'immisce partout, qui se lève sur le jour, à chaque seconde, dans ce monde que l'on croirait si laid, la voilà qu'elle brille, voie B.
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depetitstableaux · 1 year ago
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178/200 Zone Critique
Petite frontière, petite peau, comme un voile entre l’élégance et la rage.
On parlera de la limite entre caresse et griffure,
De l’épaisseur de la peau à la force de l’ongle,
Alors pour rester par ici, dans cette zone critique, dans l’épaisseur de l’éraflure, je danse. Tu danses. Et je t’emporte te danser.
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depetitstableaux · 1 year ago
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177/200 l'appel
Il y avait Chris, Seb, Oliv, Micka et Fred et d'autres du village, et nous avions rendez-vous face au grand mur blanc de la caserne des pompiers, Cour du Vieux Château.
A chacun son tour on hurlait notre prénom (PRÉNOM) contre la façade de béton (BÉTON), et on attendait qu'il nous revienne (REVIENNE), grave, profond, battu sur la grande (GRANDE) cloche de l'écho.
Je ne sais pas pour les autres, mais moi j'imaginais qu'un titan faisait l'appel. Et qu'il nous enrôlait, un à un, dans sa garde secrète.
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depetitstableaux · 2 years ago
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176 / 200 refuge
Le soir parfois. Ou encore certains matins. Ou même au détour d'une phrase, en plein jour : une terreur en moi.
Ma terreur en réponse à celle de maman, qui croit sa propre mère est allée se jeter sous un train, et qui la cherche et l'appelle par dessus les haies.
La terreur de mon grand-père dans un camp en Allemagne, celle de ce soldat Russe qui rampe désespéré sous un drone, qui le filme dans sa fuite. La terreur de la fillette ukrainienne, dont on a violé la soeure sous ses propres yeux.
La terreur de la jeune femme que l'on transporte dans le coffre d'une voiture à Gaza.
Refuge, refuge, Oh mon Dieu, ouvre nous un refuge, ouvre tes bras.
Fais grandir en moi l'espoir, le soulagement du naufrage, que nous soyons saufs, que demeure en nous un diamant de paix inviolé.
Et justement, cette place là, inexpugnable, inaccessible, secrète, gardée, qui toujours trouve la force de se dérober en nous plus loin, encore plus loin,
et qu'ils ne pourront jamais, jamais,
non, jamais atteindre.
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depetitstableaux · 2 years ago
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175/200 ultrarêve
Peut-être qu’il faudra que s’écroule un immeuble, ou bien un poteau télégraphique, ou bien une borne kilométrique, et même que,
si ça se trouve,
la chute d’une montre connectée suffira, et que dans sa chute elle entrainera un protocole de communication, un réseau, une constellation de satellites et quatre ou cinq centres de données redondées, sécurisées, quelque part en Alaska.
Et qu’alors, du fait de cette chute inattendue,
nos écrans qui nous occupent s’éteindront,
que les caméras qui nous regardent s’éteindront,
comme les capteurs qui nous pèsent, les Intelligences artificielles qui nous imitent, que les robots qui nous aiment, les programmes qui nous suivent, les algorithmes qui nous comprennent, les sondes qui nous devinent la nuit,
tous alors s’éteindront.
Peut-être qu’on va se réveiller, tu verras.
Qu'on sortira de l’ultrarêve.
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depetitstableaux · 2 years ago
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174/200 Stalag IIB
Parce que tu t’écroules soudain dans mes bras, et que je te rejoins dans ta chute, et qu’une litière de paille nous enfouit quelques minutes, au revers d’une porte, et qu’alors j’oublie la guerre, la peur de mourir, leurs barbelés, l’odeur de moisi, les canons des mitrailleuses, le claquement des bottes, le métal des uniformes. Parce que tes yeux bleus, parce que ton drôle d’accent. Parce que tu me regardes et que tu joues avec moi. Parce que tu es légère et que je reconnais ton pas sur la neige.
Et aussi : j’ai peur.
J’ai peur toute la journée. Je sent la peur la nuit, le matin, l’après-midi et le soir, quand je m’habille, quand je marche, et quand je mange, et quand j’attends le courrier de Vendée. J’ai presque toujours peur. Ma peur fait une grande flaque de graisse tiède et collante et je vis dedans : elle imprègne mes vêtements, mes cheveux, mes regards, ma respiration, mes pensées. Je m’attends à ce qu’ils viennent me chercher. A ce qu’ils m’accusent de quelque chose.
Je n’ai plus peur quand tu me regardes. Ton regard est clair, certain, ferme, ouvert comme le ciel certains jours de juin sur la grande plage des Sables d’Olonne que je reverrai peut-être un jour. Alors j’ai de l’espoir. Je me dis que tout cela va s’arrêter. Que je retournerai chez moi. Qu’ils vont nous renvoyer saufs. Que le Stalag IIB va s’ouvrir. La guerre va finir. Tu viens à moi, je viens à toi. Nos bouches se reconnaissent, tout chavire, je suis vivant. Nos corps cherchent à s’approcher le plus possible. Tous les moyens sont bons. Tu as 20 ans, tu es si belle. Je veux me presser contre toi, tu souffles à mon oreille, tu dis mon prénom, tu le dis mal, tu le dis avec ton accent, j’adore quand tu dis mon prénom, je vis. Je suis ici, avec toi.
Les Kappos du Stalag ont été clairs : on vous envoie dans les fermes, il y a des pommes de terre à ramasser. Toi le paysan, suis nous. Mais si vous touchez aux filles, « tacatacatac », Verstanden ? Ils montrent leurs Sturmgewehr 44. J’ai peur. La grande flaque de la peur.
Sauf qu’il y a de la vie partout. C’est ainsi. Des fois, une plante vivace pousse dans le bitume. La vie se fraie toujours un chemin vers la vie. Et dans cette ferme de Poméranie, à la frontière de la Pologne, loin, très loin vers l’Est, à des jours de marche de mon bocage, il y a tes yeux, et tes bras, et notre jeunesse, et nos peurs à tous les deux, nos vides, et nos soifs qui se reconnaissent aussitôt et s’attirent l’une l’autre.
Tu viens me donner un coup de main.
Tu as tricoté des gants de grosse laine pour nous. Tu es venue seule derrière la grange à betteraves. Tu m’a montré les gants en souriant. Tu as pris mes mains et tu m’as enfilé mes gants. Je t’ai laissée faire. J’ai senti ton odeur, j’ai regardé ta tête penchée sur mes mains. Tu étais appliquée. J’ai senti ce contact de tes doigts sur ma peau. Tu as les main chaudes. Tu a pris ton temps. Je t’entendais respirer fort.
Tu as relevé la tête vers moi.
Mes mains gantées de laine dans tes petites mains chaudes. Ton regard franc. La beauté de ta bouche, délicate comme praire. Tu es allemande, je suis français, nous sommes en 1941, tu t’avilis en embrassant un soldat ennemi, je risque ma vie en te regardant, et nous allons l’un à l’autre avec toute l’avidité, toute l’évidence, tout le soulagement de laisser jaillir en nous la force de vivre.
A partir de maintenant tu es la vie. Tu es l’espoir de chaque jour. A partir de maintenant, je tremble qu’on vienne me traîner devant un peloton d’exécution pour t’avoir aimé. Quand ils frappent à la porte le matin pour nous amener aux champs, quand ils font l’appel pour distribuer le courrier ou les colis de la croix rouge. A partir de maintenant, j’aime l’ordonnancement des outils dans cette ferme d’Allemagne. Je trouve beau ce grand ciel de l’Est qui semble se perdre au loin sur des champs de neige. Tu me montres comment vous coupez les betteraves fourragères, comment elles fermentent tout simplement ainsi, dans une espèce de cave aménagée pour cela, et comme les vaches s’en régalent. Tu me montres comment ton corps se love au mien, comme nous nous devinons sur des lits de paille avec un sac en toile de jute posé dessus.
J’apprends à dire ton prénom, tu apprends à dire le mien. Avec nos accents étranges qui nous font rire. Ta cousine fait le guet quand ils sont partis. A partir de maintenant, parfois, je n’ai pas peur. Et à partir de maintenant, il y a en moi une alerte permanente. Ne pas être pris. Quelque chose se cache en moi. Mon espoir. Mon désir. Toi. La femme interdite. Mon secret, celui qui me tient en vie et celui qui me condamnerait. Vie et mort, désir et peur s’affrontent dans le plus grand secret de mon cœur.
- Florent Barbeau ? Kommen.
Tout le monde me regarde dans le baraquement. Ils sont inquiets. Je me lève, je suis vide. Je pense à toi. Le kappo me montre mes affaires, et mon sac. Il me demande de faire mon paquetage.
- Schnell
J’ai mon cœur dans la gorge. Je respire avec peine. Je ne veux pas montrer ma peur. Je ne veux rien leur montrer. Je met mes affaire dans le sac de paquetage qu’ils m’ont donné. Un porte feuilles, deux lettres de ma ma mère. Les gars me tapent sur l’épaule. Me serrent la main.
Dehors il y a un camion bâché, et d’autres prisonniers déjà sur la remorque. On me tend un bras. Je me hisse en prenant appui sur le marche pied. Je reconnais deux visages. Il y a des sourires. On chuchote.
- On s’en va Barbeau. T’as de la chance. On rentre.
- Quoi ?
- Ils ont besoin de bras pour les récoltes en France. Les paysans comme nous on rentre à la ferme.
Le camion démarre. Le camion démarre et le baraquement s’en va. La ferme s’en va. La grise Allemagne s’en va. La gare. Les wagons. Les kilomètres qui défilent. Des collines, des forêts inconnues, des uniformes, des villes encore, des citernes, des entrepôts en briques, parfois des tanks, des sacs de sable, des mitrailleuses, 1942, trois ans de captivité qui s’en vont. Tes mains s’en vont. Ta bouche s’en va, ton odeur, tes cheveux, ton attente. Tout, s’en va.
Je ne t’ai pas dit Adieu. Une chose plus grande que la tristesse vient de se recroqueviller quelque-part dans ma poitrine et mon cou, une tristesse qui ne pourra jamais être dite, à personne, une femme interdite, un amour interdit, une boche, un secret.
- T’as pas l’air content Barbeau !
Si, je suis content, je rentre chez moi, je vais retrouver le goût du beurre salé, les légumes du jardin de mon père, le vin rouge qu’on partage à la cave au cul de la barrique, mes sœurs, ma mère, un lit propre avec des draps. J’irai voir l’Océan. Et je pense à toi. Ton visage, comment est-il déjà ? Je voudrais retenir ton souvenir. La vérité s’impose : tu es passée. C’est fini. Le camp, la peur et toi. Ton sourire et les mitrailleuses. Les punaises et les poux, les gants de laine. Nos rendez-vous, le lit de paille, ton odeur, l’appel et la soupe de choux dégueulasse.
Comme tu étais belle Clara, et comme tu m’as sauvé de la folie et de la tristesse, et comme tu m’as aidé à tenir et à vivre.
Je fais le serment de te garder là. Intacte. Fraîche et lumineuse comme l’hiver de Pologne. La guerre nous a jetés l’un sur l’autre, la guerre nous sépare à jamais sans doute, et tu auras 20 ans pour toujours.
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depetitstableaux · 2 years ago
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173/200 pleurer
Je pleure la haie qui marquait la limite entre le potager de mon grand-père et là lande, où il laissait paître une dizaine de vaches laitières.
Je pleure les gelée matinales qui parfois nous giflaient dès Octobre.
Je pleure les couleuvres et les phasmes.
Je pleure le bocage, la petite rivière Vertonne, que je croyais immuable et servait de refuge à mes aventures d’enfance.
Je pleure le front du glacier du Mont Blanc, le lit de la Loue qui ne coule plus dès le mois de mai.
Je pleure des chênes centenaires qui se délestent de leurs branches les plus hautes.
Je pleure des abeilles sauvages. Des tortues dans les filets.
Je pleure le mois de décembre qui neigeait sur le premier plateau du Jura.
Je pleure le silence des clochers de tourmente sur les Causses.
Je pleure les nacres de Bandol, les martinets noirs, la chasse aux Renards.
Et je pleure aux cœurs fermés à quatre tours qui préfèrent ne pas savoir, comme aux mâchoires serrées sur nos rages tues.
Je pleure pour renaître. Pour traverser le deuil d’une richesse qui s’en va. Je pleure pour guérir de notre peine, qui est la peine de ce qui vit. Je pleure pour me consoler, pour relever la tête, pour honorer le foisonnement de ce monde. Pour dire merci à tout ce qui renaît, à tout ce qui éclos, tout ce qui fleurit, bouture, se plante, jaillit, recommence, invente, fait tâche, et sème et se répand.
Je pleure pour ouvrir mon cœur à l’espoir, qui vient juste après la peine et qui se mêle à toutes nos larmes.
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depetitstableaux · 2 years ago
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172/200 Si tu veux
Il y a un homme qui est venu à moi, un inconnu, jeudi après-midi, et il m’a parlée au milieu de la foule. Et tout en me parlant il m’a regardée, mais sans insistance, de temps en temps, avec un demi sourire. Il tenait un petit morceau de papier à la main. Il a dit ça :
« Je viens vous voir parce que j’ai une chose importante à vous dire. Je dois vous le dire, parce que je vous ai vue souvent passer dans cette même galerie commerciale, et à chaque fois, j’ai senti que je respirais autrement en vous voyant passer, parce que
tu es belle, et tu es belle d’une autre façon dont les filles ont l’habitude d’être belle.
Tu es belle comme un abricotier, comme une rivière, comme une loutre, comme un pré.
Tu es belle d’une façon qui me rend fragile, et qui me rassure tout à la fois. Je vois vos rides au coin des yeux, et vous me faites penser à une mère canne dans les roseaux en train de regarder par dessous son aile.
Tu es belle parce que tu as la chevelure d’une ânesse. Je crois qu’il n’y a rien de plus beau et de plus doux et de plus fort qu’une ânesse.
Je voulais que tu saches que moi, au milieu de cette galerie marchande pleine de parfums en plastique, de visages maquillés avec des peintures en plastique, de filles sur talons avec des chevelures colorées à la térébenthine, je t’ai vue passer chaque jours, depuis des mois, je t’ai vue arriver de loin, et disparaître au loin, et que ça m’a fait du bien, à chaque fois, de voir passer dans tout ce plastique, ta beauté réelle, toute nue de canne.
Bon, à présent, je vais m’arrêter de te parler ainsi, je suis désolé de vous avoir dérangée. Donc je m’en vais, et je te donne ce papier si tu veux bien, et je vais te laisser.»
J’ai pris le papier. Je l’ai ouvert. Dessus, il y avait un prénom et un numéro de téléphone. Quand j’ai relevé la tête, j’ai vu qu’il s’en allait, il était déjà à vingt pas de moi, et j'ai senti en moi de la mélancolie. Je l'ai suivi. Il traversait la galerie commerciale, et il rentrait dans ce magasin là, tu sais, celui qui vend des pelotes de laine, du côté de Mayol. Il a fait le tour du comptoir, s’est assis derrière sa caisse. Il souriait comme un grand garçon dans sa barbe, les yeux dans le vide.
Je suis entrée dans le magasin de laines. Je suis allée droit vers lui et je lui ai dit :
« Si tu veux, ce soir, tu peux venir t’allonger chez moi, dans le lit. Et je serai pour toi, de la nourriture et de la boisson.
Et si tu veux, nous serons l’un pour l’autre un repas. Et je serai
si tu veux bien, une liane pour toi, mais je ne te ferai aucun mal. Je veux juste m’enrouler autour de toi, sans serrer. Et nous fabriquerons comme ça une chanson, et
si tu veux, nous allons danser ainsi dans mon lit, ce soir, et je prendrai mon temps pour comprendre les rythmes de ta peau.
Si tu veux tu pourras venir t’allonger contre moi et respirer en même temps que moi. Et je suis d’accord pour que tu me décoiffes. Je suis d’accord pour qu’on se dise tu.
Si tu veux, tu pourras faire de nous deux un beau nuage, et je suis d’accord pour faire de toi un homme qui rit et qui pleure. »
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depetitstableaux · 2 years ago
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171/200 Ja-Ja
Jacky-Jacques Pallafieux, allias Ja-Ja,
étourdisseur de piafs, escogriffe principal, Saint-patron des hirsutes, compteur en chef, prince des rigoles, des flaques et des étiers, ami de la poésie, demi ténor, recordman, champion et expert en coinche, collectionneur d’étuis, Jean-Foutre, saoul, frisé, trapu, écarlate, dernier de cordée,
bon à rien, prêt à tout, compagnon du mazagran, fils de la côte et chevalier des quiches, Licencié de la Sogécom, Maître es trouspinette, et Docteur en ventrèche,
Vous donne rendez-vous, tous les soirs dès dix-huit heures au comptoir chez Nolet pour vous faire rire, penser et rêver, et à partir de vingt-trois heures en fond de salle pour vous faire pleurer.
Entrée libre. C’est bientôt ma tournée.
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depetitstableaux · 2 years ago
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170/200 c’est derrière le paravent
Tout à l’heure, le soleil rasant du matin pénétrait par la fenêtre, et tu plissais les yeux, éblouie, et tu avais ce regard, tu sais, de cette princesse de Chine dessinée sur un paravent, et derrière, on entendait les rires étouffés de deux enfants cachés qui se moquent de nous.
Le soleil peut monter à présent, et le jour s’avancer autant qu’il veut, tu gardes sur la bouche cette moue d’enfant moqueur. Pour ce matin, nous savons très précisément où s’est cachée la joie.
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depetitstableaux · 2 years ago
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169/200 Jean Lurçat
Avec des fils d’or, d’autres rubis, des bleus glanés sur la nuque des paons, il a tissé sur des morceaux de nuit des apocalypses, des rédemptions, des cosmos, des Dieux enivrés qui dansent.
Il nous rappelle ce que tu as toujours su : le monde ne tient qu’à un fil.
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depetitstableaux · 2 years ago
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168/200 gens du 8h03
Gens mêlés, gens simples, gens de belle compagnie et de bonne figure.
Gens d’aisance et gens de peurs, gens qui dorment, Jean qui dort.
Gens tendres comme de petits nougats qu’on s’offre sous le gui.
Prochain arrêt, La Pauline. Lors de votre descente du train, veuillez prendre garde à la courbure des nuages.
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depetitstableaux · 3 years ago
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167/200 ben aise
Il regardait en souriant, et avec son gros pouce de paysan, il montrait par dessus son épaule.
Il montrait derrière lui les marais, de Luçon à l’Aiguillon, des centaines de kilomètres carrés de lagunes et de haies et d’étiers et de canaux et de prés salés et de chênes têtards et de digues, écluses, berges, ponts, chemins de halage. Un monde d’une parfaite cohérence, d’un équilibre d’horloge de cristal, jailli de la vase, du brouillard, des générations de tâtonnements, un monde bricolé par des multitudes, un monde têtu gagné sur les vents, les marais, les vagues, l’impermanence, l’humidité, le froid, les moustiques. Un monde sublime et dégueulasse, puissant et dérisoire, un monde où l’on pourrait se perdre des jours entiers et qu’une tempête pourrait balayer en quelques heures.
« Tu vois, mon gars, c’est là que ça se passe. Si un d’ces jours au faut qu’tu soye ben aise, o d’ête là. Ben aise dans ta voiture, ben aise dans ton canapé, o sert de rien. O l’est là qu’o s’passe. Tou voé ? »
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depetitstableaux · 4 years ago
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166/200 pour la peur
Je suis là, j’ai laissé pour toi un indice, un signe, que tu saches que je pense à toi, que tu n’es pas seul, que toujours tu me trouveras derrière la porte, que je veille, que je suis plein de curiosité et d’espace. Et de paix. Et de joie pour t’accueillir. Tu trouveras le signe sur un petit galet, un modeste cailloux comme dans les contes pour les enfants, qu’ils retrouvent la route J’ai écrit dessus ce qu’il faut que tu saches : Je suis là pour toi.
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