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emmanuel-honegger · 1 year ago
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emmanuel-honegger · 1 year ago
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LE CARAVAGE (1571-1610) La Madone des Palefreniers, ou La Vierge écrasant le serpent.
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(1605-1606), huile sur toile 292 x 211 cm, Rome, Galerie Borghese.
Un Christ trop humain.
Cette impressionnante toile du maître du clair-obscur a suscité de nombreuses analyses sans pour autant, à mon sens, aborder l’apport très personnel et presque autobiographique du peintre pour illustrer ce passage de la Genèse dans lequel Yahvé dit au serpent : « je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête… »
Pour situer rapidement le sujet, rappelons que La Vierge écrasant le serpent est l’œuvre d’une commande de la confrérie des palefreniers, destinée à l’un des autels de Saint-Pierre de Rome, finalement refusée, quoique payée, sans que l’on sache vraiment si c’est parce que les palefreniers n’avaient pas obtenu la chapelle qu’ils escomptaient à Saint Pierre ou, parce que le tableau ait fait scandale pour différentes raisons : la nudité de Jésus, le fait qu’une prostituée notoire ait servi de modèle pour la Vierge, sa poitrine provoquante, l’absence totale de décorum ou tous les motifs à la fois. On y voit la Vierge aidant son enfant à écraser un serpent sous le regard de sainte Anne. Une image découlant du problème théologique posé par la différence d’interprétation de traduction hébraïque de la bible entre catholiques et protestants. Les premiers lisant Ipsa conteret caput tuum (elle t’écrasera la tête) alors que les seconds lisaient ipse conteret… Ipsa étant un féminin et ipse un masculin, c’est la Vierge qui piétine la tête du serpent pour les uns alors que pour les autres c’est le Christ.
Le pape Pie V ayant mit fin à la controverse en exprimant que « la Vierge avait écrasé la tête du serpent à l’aide de celui qu’elle avait enfanté ». La représentation du Caravage est donc conforme à la pensée de l’église : le pied du Christ posé sur celui de sa mère, tous deux écrasant ensemble la tête du serpent, symbole du mal et de l’hérésie vaincue (Luther et Calvin). La présence de sainte Anne se justifiant naturellement parce qu’elle est la patronne de l’ordre des palefreniers, les commanditaires.
Reprenons l’observation du tableau. Le Christ est nu alors qu’il est déjà grand. il n’est pas circoncis. La circoncision étant un baptême signe d’appartenance au peuple de Dieu. Elle signifie « l’entier dépouillement de votre corps charnel » (Col.2,11). « Vous qui étiez mort du fait de vos fautes et de votre chair incirconcise » (Col.2,13). En le représentant nu et incirconcis, Le Caravage attribue au Christ une nature humaine.
La psychanalyste Emmanuelle Sabouret développe dans La Disjonction du Caravage[1], l’idée que la matérialité charnelle du modèle concourt à la destruction (« profanation ») du thème religieux qu’orchestrerait Caravage. Selon elle, Le Caravage se montrerait énigmatique quant à la réalité de son engagement sacré. […] La spiritualité religieuse du Caravage, dont l’oncle et le frère cadet sont prêtres, possède ses parts d’ombre et d’ambiguïté. La rébellion d’un caractère perpétuellement attiré par la transgression peut apparaître comme le contrepoint d’une foi brûlante.
On sait Le Caravage de tempérament violent et bagarreur. Il fit plusieurs séjours en prison et fut même condamné à mort pour avoir tué son rival dans une rixe. Son talent et ses protecteurs lui permirent heureusement de s’en sortir.
La transgression dont fait preuve le peintre en conférant au Christ écrasant le mal une nature humaine plutôt que sa double nature d’homme et de Dieu pourrait ressembler à la peinture d’un refus, pour Le Caravage, de s’accepter lui-même comme porteur du poids du péché originel. Ainsi, à travers une représentation christique trop humaine, Le Caravage serait-il en train d’écraser le mal qui l’habite lui ? La lumière dont est baignée l’enfant est dans ce contexte, lumière divine faisant briller la peau du serpent dont l’extrémité caudale forme un rond, symbole d’harmonie et de perfection retrouvée.
Cette lecture trouve confirmation à mes yeux dans le bras gauche du Christ. Tendu, il projette en plein centre de la composition une main dont la disposition des doigts forme un rond, céleste représentation de l’harmonie et de la cohésion entre l’âme et le corps. La double nature du Christ se trouve restituée en cette lumière et en ce symbole.
Emmanuelle Sabouret avait, elle aussi, avec son regard de psychanalyste, noté que dans plusieurs tableaux du Caravage « le pouvoir et le sens de certains gestes ou de représentations du corps sont interrogés. » La main et le corps désignent ou provoquent des effets de sens, écrit-elle.
Dans La Madone des palefreniers, les regards convergent vers les pieds de la Vierge et du Christ mais la main de Jésus et sa place centrale dans l’image seraient-elles un signe de résilience d’un peintre au génie terni par une double vie violente et désacralisée ? Si Le Caravage avait connu Baudelaire, il aurait pu lui emprunter ces mots « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or ».[2]
[1] Dans Adolescence 2008/2 (T. 26 n°2), pages 423 à 448 [2] Dans son poème Orgueuil.
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emmanuel-honegger · 5 years ago
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C’est avec le soin méticuleux d’un observateur de nombreux détails, mais aussi avec l’intelligence d’un chercheur averti et documenté qu’Emmanuel Honegger nous offre de découvrir les arcanes du chef-d’oeuvre de Théophile Schuler qui, bien plus qu’une course à l’abîme où résonneraient les cuivres d’une damnation, est une véritable apocalypse, dévoilant au sens propre du terme ce qui demeure caché, à savoir l’obscurité de l’histoire. frère Rémy Valléjo o.p.
Schuler méritait largement le titre de peintre d’histoire dans la tradition romantique. Le Char de la mort décrypté par Emmanuel Honegger en est la démonstration éclatante. Füssli, William Blake, Goya, Delacroix ne sont pas loin. L’inspiration fantastique et le message politique sous-jacent donnent de plain-pied dans la modernité. On y perçoit l’esprit de 1848, les élans du cœur, la raison et la dérision. Georges Bischoff, historien
Le Char de la mort exprime parfaitement les ambiguïtés politiques de son temps et le musée Unterlinden se réjouit de le présenter à ses visiteurs qui, bien souvent, s’émerveillent devant cette composition et le souffle de ses personnages. Thierry Cahn, président de la société Schongauer.
Vincent van Gogh- janvier 1881, lettre 162 à son frère Théo : j’aime beaucoup le paysage mais encore dix fois mieux ces études de mœurs parfois d’effrayante vérité tels que Gavarni (...) Th. Schuler...
Le Char de la Mort - Le Verger éditeur -19,90€
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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L'art, sa nature, sa mission, une réflexion sur l'origine de la pensée anthroposophique de Rudolf Steiner.
Notre esprit aspire à ce besoin spirituel d'un monde harmonieux qui nous fait rechercher la fréquentation du monde de l'art et de la pensée. L'artiste en a une intuition particulière dont il fait le principe de connaissance lui permettant l'édification de son œuvre. L'art est une nécessité, c'est un «élément de réponse structuré en regard de la vie contemporaine. L'esthétique, pour Rudolf Steiner, ne peut être que la résultante d'une époque qui voit dans la culture de l'art une tâche supérieure, presque une mission divine.
Ce penseur autrichien né en 1861, mort en 1925 à Dornach, près de Bâle a acquis la conviction de l'existence d'un monde supra sensible. Sa principale source d'inspiration est Wolfgang Goethe (1749-1832) dont il reprend le principe de métamorphose : les êtres et les éléments sont l'expression de la transformation d'un seul et même élément. Il en a tiré une pédagogie, la pédagogie de Waldorf, qui continue à être enseignée au centre Goethéanum de Dornach, pour former les professeurs des quelques mille écoles Steiner disséminées sur les cinq continents.
Pour Steiner, Goethe est le plus grand esprit des temps nouveaux par sa manière de poser et résoudre les problèmes grâce à l'observation. Alors qu'Aristote ne reconnaissait que le principe d'imitation de la nature, Steiner, s'appuyant sur Goethe, pose le principe que l'homme reconnaît son Moi intérieur comme aussi riche que l'univers extérieur. Il est donc obligé de se libérer de la simple copie de la nature telle que la concevait les grecs pour créer son propre univers. A cette époque, même la musique, dit-il, n'était pas élevée au rang de la création en art, Platon ne lui reconnaissait que les vertus stimulantes de la vaillance guerrière.
Goethe pose le monde comme une chaîne évolutive et unitaire dont l'homme ne serait qu'un maillon. Il tire lui-même les fondements de sa pensée esthétique d'un historien et théoricien de l'art allemand, Johan Winckelmann (1717-1768). Dans un livre qu'il lui consacre, Goethe dit la chose suivante : « quand l'homme sent qu'il fait partie d'un monde qui lui-même forme un grand tout, beau, vénérable, inestimable, quand cet heureux état d'harmonie donne lieu chez lui à un pur et véritable enchantement, l'univers alors – si l'univers pouvait se ressentir lui-même – jubilerait et admirerait le sommet de son propre devenir et de sa propre réalité ».
Winckelmann, l'historien de l'art considéré comme l'un des fondateurs du néoclassicisme, publie en 1755 Réflexions sur l'imitation des œuvres de grecs en peinture et en sculpture. Il est inspiré par les anciens mais surtout par le philosophe anglais Antony Shaftesbury (1671-1712) lui-même passionné d'art. Citons Alain Degange qui publie l'article sur Winckelmann dans le dictionnaire des philosophe de Huismann « : Un des fondements principaux de la conception théorique de Winckelmann concerne la nature particulière de l'art, laquelle ne se manifeste point comme mimétisme passif, est dépourvue d'aspects phénoméniques, - typiques -, mais possède une valeur autonome et parvient à une organisation interne propre […] en unité parfaite avec l'esprit humain ».
Shaftesbury pense que le monde est un grand vivant, un cosmos ayant une âme. Les vivants forment une chaîne dont chaque élément est réciproquement solidaire l'un de l'autre. Dans le monde de l'art il croit au sens esthétique inné du beau. Le beau serait transcendant à l'homme. « Il faut retrouver au niveau microcosmique humain la beauté et l'harmonie qui existent dans le macrocosme ».
On le voit la pensée de Steiner trouve son origine dans le déisme du XVIII ème siècle, dans l'universalité du cosmos, cette belle idée qui voit dans l'infiniment petit le reflet de l'infiniment grand. « Tout est en un, un est en tout », dirait aujourd'hui Edgard Morin dans sa théorie du loop : « l'homme, lieu mouvant de convergence de la vie et de la pensée, contraint le penseur à relier indissolublement l'anthropologie à la biologie et à la physique ».
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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Abstrait ou figuratif, le faux débat.
           L'idée de ces lignes m'est venue lors d'une visite au début de l'année au musée Würth d'Erstein. Le thème de l'exposition, la forêt, laissait aux œuvres le loisir de traverser les différents mouvements ou modes d'expressions de notre temps : réalisme, conceptualisme, minimalisme, autant d'isthmes devenus signifiants au service du langage universel de l'art.
           Savez-vous comment le Petit Robert définit ce mot, isthme ? Langue de terre resserrée entre deux mers ou deux golfes et réunissant ces deux terres. Je me plais à comprendre le mot langue au sens de langage et ces deux terres comme l'abstraction et la figuration qui opposent le vieux et le nouveau monde. Quand le langage de l'art emprunte celui de la géographie, ne sommes-nous pas dans le voyage, et la création n'est-elle pas un voyage ?
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           J'étais donc dans une salle entièrement dédiée à Gabriel Micheletti et entendis un visiteur dire « cela pourrait être n'importe quoi ». J'intervins et lui répondis « ces peintures sont, on ne peut plus réalistes », avec probablement une petite touche de provocation, mais à peine, car enfin, si le cadrage se resserre et qu'on perd la notion du ciel et de la terre, le mur de rocher qui était représenté tendait effectivement les bras à l'abstraction. Ce n'est qu'une apparence. Gabriel Micheletti porte un regard très pointu sur le monde et se contraint à l'invention d'une grammaire nouvelle pour traduire le graphisme inhérent à la nature. Ses nombreux dessins exposés dans des vitrines, travaux, croquis préparatoires ou œuvres assumées, sont une aide précieuse pour en aborder le déchiffrage. Ce sont des traits courts posés sur le papier les uns à coté des autres comme par un écolier, des lignes parfois d'aspect malhabile, peut-être même tracées de la main gauche qui se chevauchent ou s'entremêlent. On se trouve ainsi confronté à des exercices d'apprentissage d'écriture, pour le dessinateur, de lecture pour l'amateur. Il nous faut alors prendre du recul, nous éloigner de la feuille pour rendre son évidence aux propos de l'artiste. Savez-vous qu'en 2008 Micheletti avait titré une exposition personnelle « la peinture est une grammaire »?
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Approchez vous de certaines œuvres faites à l'encre et au pinceau, vous verrez qu'au hasard des croisements et intersections, au hasard des rapprochements et des frôlements, des lettres semblent apparaître ça et là sans aucun projet prédictif. Ce sont les effets secondaires du dessin conçu comme écriture, l'un et l'autre s'en disputent la prééminence, favorisant leurs éclosions sporadiques. En musique on parlerait d'une écriture contrapuntique. Contrepoint, selon le lexique de quelques termes utilisés en musique (Georges Migot, Paris, Didier,1947) signifie l'art d'écrire une note sous une autre note pour qu'il en naisse sonorités agréables [...] le contrepoint [...] se pense horizontalement, puisqu'il permet la superposition de plusieurs lignes mélodiques. Le dessin contrapuntique de Micheletti est une langue à part entière dont l'écriture apparemment anarchique permet la représentation de la forêt de Haguenau sous la neige dans une forme qui à première lecture s'offre comme abstraite, et très rapidement se révèle narrative et figurative.
           Pour ceux qui l'ont vu, dans le film de Peter Weier Le Cercle des poètes disparus, un professeur de lettres fait monter ses élèves debout sur son bureau pour leur permettre d'appréhender une nouvelle vision de leur environnement à partir d'un point de vue différent. C'est le propos de Gabriel Micheletti, ce peintre et homme de théâtre, met en scène la nature et nous invite à changer notre regard en une pièce interactive faisant de l'artefact le lieu de l'esprit où se rencontrent les acteurs et regardeurs. Son œuvre sublime la forme abstraction/figuration, le débat s'exprime à travers la ligne, à nous de prendre le temps de la lecture. Ces lectures-là sont réjouissantes !
Emmanuel Honegger, mars 2013. [email protected]
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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Le Tag, média ou œuvre d'art ?
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Paris, face au Centre Pompidou, 2013
   Les premiers graffitis des années 60 aux États-unis nous semblent bien loin du street'art qu'ils ont engendrés. Les origines du tag s'apparentent davantage à des marques de territoire alors qu'aujourd'hui les grandes capitales
s'enrichissent d'œuvres murales dignes de musées à ciel ouvert. Le mur de Berlin fut une fresque emblématique. Keith Harring, Thierry Noir, il est impossible de les citer tous car ils sont plus d'une centaine, se sont approprié cet espace devenu la plus grande galerie à ciel ouvert du monde, l'East side Gallery.
           Aujourd'hui, les graffeurs, mais cela devient réducteur de les appeler comme ça, exploitent l'espace public comme le faisaient à la Renaissance les peintres des palais et des églises. L'iconographie a évolué avec la société, de religieuse elle est devenue laïque. On y représente aussi bien de la science fiction que de la bande dessinée, des apostrophes politiques ou des réflexions sociétales, des figures humanistes ou des portraits géants de jazzmans.
           Ce médium, ce média aussi, parce que c'en est indéniablement un, s'installe parfois en pirate, quelque fois il fait l'objet d'une commande, souvent il est toléré, presque toujours il finit par être recouvert. La durée de vie de ces performances, appelons-les comme ça, dépend du niveau de reconnaissance qu'elles obtiennent dans la société et parmi leurs pairs. Et justement, à Strasbourg, puisque c'est ma région, les œuvres d'un certain DAN23 durent longtemps. Son univers est largement inspiré par les musiciens qu'il portraiture en ombres et lumières, violemment éclairés par les projecteurs de la scène. C'est un choix graphique particulièrement adapté au graff. Il lui permet de préparer des caches en carton dont il se sert pour travailler à la bombe, retouchant ensuite de larges coups de pinceaux et éclaboussures de peinture blanche. C'est sans aucun doute l'aspect jubilatoire de son œuvre, on y sent son amour de la musique et du spectacle vivant.
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 Strasbourg, proche du Conseil général, 2013 
          L'autre aspect de DAN23 révèle son sens profond de l'humanisme. Le Dalaï Lama, Martin Luther King, Gandhi, mais aussi plus près de nous Coluche peuplent son Panthéon. Leurs portraits sont des hommages de rencontres littéraires, philosophiques et tout simplement humaines. C'est dans une exposition de groupe que DAN23 a montré cette profondeur qui fait de lui bien plus qu'un talentueux dessinateur. On y plonge dans l'univers carcéral, des menottes à la chaise électrique. Ils sont cinq à y avoir travaillé et les quatre autres se nomment Bruno Leyval, Least Wanted, MC1984 et C215. Nous avons d'ailleurs admiré quelques œuvres de ce dernier exposé à STAR'T 2012, la grande 'exposition annuelle d'art contemporain de Strasbourg. A ce propos, il faut voir le portait de DAN23 par C215, c'est très graphique, très pop, très puissant et très présent.
           « Justice show », c'est le nom de l'exposition de ces cinq artistes, a été présenté à Bristol du 3 au 26 avril 2009 et je rêve de les voir un jour s'emparer de la coupole de la Cour Européenne des droits de l'homme pour y peindre un jugement dernier révolutionnaire comme ont pu l'être certains plafonds dans notre histoire de l'art.
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Athènes, 2007
Emmanuel Honegger. [email protected]
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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Croquis à la pierre noire d'Elodie Honegger www.artsetpub.com
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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La bande dessinée, un art contemporain !
          A la Renaissance, les artistes se mettaient sous la protection des grands de ce monde. Laurent de Medicis ou François premier furent de royaux mécènes. Cinq cents ans plus tard, on construit de plus en plus de musées et le microcosme de la culture encore marqué de l'empreinte conceptuelle du XX ème siècle y présente peu le dessin. Sans doute cet art mériterait-il une reconnaissance à qui les avant-gardes contemporaines ou les valeurs sûres de l'histoire prennent la vedette.
          Et si les artistes se tournaient vers d'autres circuits, nos élites prendraient-elles le risque de les perdre de vue ?
           Je pense aux talents qui enrichissent le monde de la bande dessinée, de la publicité ou de l'univers multimédia : Benoit Sokal (Inspecteur Canardo et Sanguine) qui se fait une réputation outre Atlantique en réussissant le passage de la BD aux jeux vidéo (Amerzone et Syberia), Jean-Paul Goude graphiste et créateur de génie au service de la publicité et du cinéma ou le dessinateur Enki Bilal que justement le Louvre accueille jusqu'au 18 mars 2013 à l'initiative de Fabrice Douar, éditeur et conservateur dans ce musée. Fabrice Douar est celui qui a créé la collection de bande dessinée faisant se rencontrer ces deux univers à priori si différents.            Mais avec Bilal, et c'est également à Henri Loyrette que nous devons ce bonheur, la bande dessinée fait un pas de plus en s'exposant dans la salle des sept cheminées. Ancien conservateur du musée d'Orsay, jeune académicien à quarante-cinq ans puis directeur du musée du Louvre depuis 2001, il quittera au mois d'avril l'institution culturelle la plus prestigieuse de France. Sa spécialité, le dix neuvième siècle, l'a conduit de Degas, qu'il connait mieux que quiconque, à Daumier puis Manet et l'impressionnisme; des artistes pour qui le dessin faisait sens. Depuis les caricatures acerbes de Daumier jusqu'aux estampes de Manet restituant la semaine sanglante de la Commune, ces hommes furent des témoins de leur temps et c'est en ce sens qu'on peut leur trouver une filiation avec Enki Bilal, le fils de réfugié politique. Mais laissons parler Bilal : « J'ai toujours été l'un des seuls à marteler que la bande dessinée n'était pas seulement l'univers des petits Mickeys, mais un art, un art contemporain […] il faut peut-être changer le mot - bande dessinée - pour le débarrasser des clichés qui lui collent encore à la planche», écrit-il dans son livre Ciels d'orage (Conversations avec Christophe Ono-dit-Biot, Flammarion). Il ajoute deux pages plus loin « les artistes sont les vigies des époques qu'ils traversent. On doit leur permettre de continuer à exister. Il faudrait juste que la répartition soit meilleure... Mais là, on touche à la nature même de notre société ».
Ne cherchez plus, la bande dessinée est au Louvre, et c'est pour notre plus grand plaisir !
Emmanuel Honegger. [email protected]
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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La culture consiste a transformer le maximum de connaissances en maximum de conscience.
Xavier Patier
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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A découvrir en prenant son temps...
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emmanuel-honegger · 12 years ago
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Haguenau sous la neige, une photo Instagram de @elodie1n !
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