Des textes courts en séries aléatoires, thématiques ou feuilletonnantes.
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La jubilation du Nord
— Franchois… Ch’est pas un peu démodé, cha ? On t’appellerait pas plutôt Franny, mon gars ?
L’intéressé restait coi, sans doute un peu ours, peut-être occupé à penser : « Dis-donc mon lapin, quand on porte une salopette à fleurs, on n’est pas le mieux placé au monde pour parler tendances. » Le silence ne dura pas. Déjà, l’inconnu lui tendait la main – à cette époque-là, vraiment, tout était permis :
— Bienvenue au club, moi ch’est Bobby. On ch’en boit une ?
Il indiquait du pouce la tireuse à bière : le début d’une amitié aussi éthylique qu’indéfectible.
Ça aurait pu être Quand Bobby rencontre Franny, mais non. C’est un roman sociétal, soyons sérieux : ce sera La Jubilation du Nord. L’histoire d’un périple de village en village, celui de Robert et François. Deux compères un peu paumés qui se sont bien trouvés et ne rêvent que d’une chose : aller voir si la brique est moins rouge ailleurs.
Sauf que voyager sans un sou s’avère plus compliqué qu’à la télévision, même avec une parfaite maîtrise des origamis. Bobby et Franny parviendront-ils aux confins de leur humide région (voire au-delà) ? Que cherchent-ils, au juste ? Et que trouveront-ils ?
Avec ce nouveau roman, l’auteure du Langage des élus signe une fable tendre et cruelle sur l’appel du large, ses mirages et ses enseignements, à lire sans modération.
#fausse couverture#livre imaginaire#générateur de titres Omer Pesquer#4ème de couverture#Nord#voyage#évasion#galères
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Fausse couverture n°2 : La cible du photographe
On l’a surnommé le photographe. Il dépose toujours une série de clichés à côté de ses victimes, journal de leur captivité. Variations en noir et blanc sur l’expression du désespoir, résignations.
Elle s’appelle Adèle, elle est un peu simplette. Célibataire, sans enfants. Employée communale à l’entretien des espaces verts. Elle nage tous les mercredis après le travail. Elle aime la vie, les couleurs, le groupe ABBA : une coriace. Elle est la prochaine cible.
L’inspecteur Lapalisse arrivera-t-il avant l’issue fatale ?
Première incursion dans les codes du thriller pour Anthélia Nitnerolf, La cible du photographe mêle humour, suspense et réflexion, dans une alternance de huis clos surréalistes et d’investigations hasardeuses. Une lecture jubilatoire.
#fausse couverture#livre imaginaire#générateur de titres Omer Pesquer#4ème de couverture#thriller#serial killer#photographe
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Fausse couverture n°1: Le langage des élus
Avez-vous jamais pensé, après une allocution présidentielle, après une intervention de nos gouvernants, qu’ils parlaient bien mais disaient peu, vague, voire creux ? Vous êtes-vous jamais senti.e mené.e en bateau, bête, peut-être, de ne pas tout saisir d’une langue destinée à flatter qui l’utilise en même temps qu’elle noie le poisson (c’est-à-dire vous) ?
Ces messieurs-dames se donnent des airs à vos dépens et cela vous énerve ? Cela n’arrivera plus.
Sous forme d’un glossaire étayé d’exemples concrets, toujours avec humour (cynisme ?), ce livre vous aidera à décoder les discours les plus (abs)cons de nos décideurs. Langue de bois, promesses vides, jargon : bientôt, le langage des élus n’aura plus de secret pour vous.
#fausse couverture#livre imaginaire#générateur de titres Omer Pesquer#4ème de couverture#langage#langue de bois#politique
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Retrato chino
Pour ceux qui lisent la belle langue de Cervantes (tant pis si mon Tumblr attrape la rougeole)...
Si yo fuera un animal, sería un erizo porque dicen en un libro que es mi animal tótem y será verdad: es lento, tímido y no hace mucho ruido.
Si fuera un planeta, sería Pluto. Cuando yo era una niña, Pluto era el noveno planeta del sistema solar y ahora no: ahora es un “planeta enano”. Eso me da pena. Ha bajado de categoría con el pretexto de que no se ha comido todo cuanto lo rodeaba: ¿Será que sólo te toman en serio cuando no permites que los otros existan a tu lado?
Si fuera un día, sería el viernes, porque es muy esperanzador: es el último día de mi semana laboral y conlleva una promesa de libertad.
Si fuera un libro, sería El Pequeño Príncipe porque contiene inocencia, sabiduría y poesía. Además, pueden leerlo con gusto tanto los niños como los adultos.
Si fuera un cuento de hadas, sería La Cenicienta… pero tardo mucho en convertirme en princesa.
Si fuera una flor, sería una amapola, porque es una flor sencilla y roja. El rojo es mi color preferido. Cuando era joven, era el azul. Pero los gustos cambian.
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LES INFORMATICIENS
Il n’y a rien de moins pédagogue qu’un informaticien.
Je le sais car j’en ai épousé un.
Illustration : vous tentez un scan avec l’imprimante 2 en 1 qu’il a choisie pour remplacer l’autre, celle qui a rendu l’âme. Vous suivez les instructions sur l’écran digital, la machine ronronne et vous prenez cela pour un succès. Cela tombe bien, il y a une bouteille de champagne dans la réserve... Vous attendez qu’une fenêtre s’ouvre sur votre ordinateur.
Rien ne vient.
Cela va sans dire, l’agacement ne tarde pas à vous gagner. Peut-être que ça n’a pas bien fonctionné, peut-être que vous avez loupé un truc (bien sûr vous ne savez pas lequel) : vous recommencez, vous essayez de tout bien regarder. Même impasse.
Vous commencez à vous énerver : « Putain, il est passé où, ce putain de document ? » Comme la dernière fois, avec les mêmes grossièretés, répétées à l’identique. Il était venu, assez irrité de vous entendre, vous avait résolu le problème en deux secondes. Vous aviez dû faire bonne figure – quelle ingrate sinon – pourtant vous sentiez dans vos tripes une colère sourde. Celle de l’enfant encore en soi, à qui l’on confisque un apprentissage, et l’occasion de grandir.
C’est sans doute vrai de tous les corps de métiers, toutes les spécialités, mais quelle est cette manie d’œuvrer à votre place plutôt que de vous enseigner ? L’impatience, sans doute.
Il arrive en maugréant : « Qu’est-ce qu’il y a encore ? » L’adverbe vous chauffe un peu plus. Vous êtes peut-être hypersensible mais pour vous chaque mot a un poids, une signification. Vous voilà, à travers cet encore, à la fois incapable et chiante. Vous vous mordez la langue pour ne pas répondre.
Il officie sur la bête, vous fait le scan sans appuyer sur la tranche du livre.
Résultat numéro 1 : en seulement deux clics, il a de nouveau résolu votre problème (en fait non : vous n’êtes pas plus avancée, vous êtes condamnée sans procès à un éternel bis repetita). Conséquence immédiate : même si cela n’était pas son propos, vous vous sentez encore plus nulle et plus exaspérée (cf. supra).
Résultat numéro 2 : comme il était pressé d’expédier l’affaire, c’est vite fait, mal fait (en tous cas, pas comme vous l’auriez fait vous, si on avait pris le temps de vous guider au lieu d’opérer à votre place).
On rembobine, rappelez-vous : il n’a pas appuyé sur la tranche. Lorsque vous ouvrez le document pour constater, l’image est toute floue sur le côté : il faut recommencer. Avec tous les écueils que cela suppose.
Et il ne comprend pas que vous lui fermiez la porte (un peu au nez, je le reconnais). Histoire de vous énerver tranquille, au moins.
CQFD.
Saint-Sulpice-et-Cameyrac,
Le 19 avril 2020 (34ème jour de confinement).
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SOUVENIRS DES PREMIERS PAS
À préparer ma rencontre de vendredi, je me souviens. Mon travail balbutiant d’écrivaine.
Ça a commencé timidement. À ce qu’il paraît il faut fuir les adverbes comme la peste, mais rien d’autre ne me vient pour évoquer mes débuts : timidement, parce qu’il y avait la peur. Inconsciente, sournoise, tellement inconsciente et sournoise que je ne les voyais ni elle, ni le besoin qu’elle faisait taire depuis tant d’années. Peut-on faire un déni d’écriture ? Oui. C’est pour cela que ma prose tourne beaucoup autour de cela : la difficulté à faire émerger ce que l’on a en soi, qui l’on est. Et de cette émotion qui parfois nous sauve la vie alors même qu’elle nous fait passer à côté, d’autres fois : la peur.
Ça a commencé timidement, donc, il y a maintenant une dizaine d’années. La crise de milieu de vie avait un peu d’avance, le temps des remises en question. Je me suis mise à écrire, d’abord petit, sporadique, volatile. Tout cela sur une planche à dessin, parce que mon bureau était envahi, pour ne pas dire gangrené, de copies et de préparations en tous genres.
Je ne savais pas encore si je voulais être écrivain, pourtant au fond de moi, pour être honnête, je le savais. Juste, je n’osais pas y croire, et encore moins le dire. L’image de l’écriture, de toute forme d’expression artistique, est si impressionnante qu’il y a une sorte de honte à dire que l’on s’y adonne.
Ça a donc commencé avec des petites choses sans lendemain, clandestines, sans aucun doute non publiables. Mais un musicien commence par faire ses gammes avant de pouvoir, un jour, donner un concert. Alors j’ai fait mes gammes d’écriture. D’abord toute seule : des incipit, des phrases isolées, des fragments sur feuilles volantes.
Après cela, j’ai éprouvé le besoin de développer, de légitimer ma démarche : j’ai suivi trois années et demie d’ateliers. J’y ai beaucoup appris, mais la confrontation de ma production avec le public n’était pas toujours heureuse : indécrottable bonne élève, je cherchais à tout prix le respect des consignes quand d’autres s’en affranchissaient et récoltaient des éloges. Sans doute n’avaient-ils pas besoin de se former, moi si. C’était même viscéral : cela me rassurait.
Et puis, nourrie de ces apprentissages, je me suis remise à écrire librement : des textes que j’ai pour certains publiés dans mon blog, mon premier espace d’échanges avec de vrais lecteurs. Ils ne furent et ne sont toujours pas légion : l’effet « boule de neige » ne s’est jamais produit, je n’ai pas dû faire ce qu’il fallait pour cela. J’ai donc posté sur la toile et j’ai eu, dans mon atelier, une critique intéressante de la part d’une personne qui n’épargnait guère les autres participants, soit dit en passant : « Dis-moi, Nathalie, je suis allée voir sur ton blog, et j’ai été surprise : c’est bien écrit. » Ah. Ben oui, patate : sur mon blog, je suis libre d’écrire ce que je veux, il n’y a pas de consigne, ni la crainte infantile (j’avoue) d’y déroger et d’en être blâmée. Ceci explique cela. C’est peu ou prou ce que je lui ai répondu, sans la traiter de patate (même si je l’ai pensé très fort).
De cet épisode quelque peu vexant j’ai retiré une chose essentielle : l’atelier d’écriture réveille le bon élève qui est en vous, si c’est là votre nature. Vous y rédigez, en bon élève, pour contenter le maître, vous apprenez des choses qui vous seront utiles, mais vous n’écrivez pas. Pour écrire, il faut vous libérer de toute situation qui vous rappelle, de près ou de loin, l’école. Oui, il vous faut être libre, décider vous-même de vos propres contraintes… Le temps le dira peut-être un jour, mais j’espère avoir eu raison de le faire.
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LA CHÈVRE ET LE CHOU
Ceci n’est pas une fable. Quoique…
J’ai beaucoup moins de temps pour écrire. Et quand j’affirme beaucoup, c’est peu dire. En d’autres termes (métaphoriques) : de septembre à octobre, pour mon grand désarroi et malgré mes efforts pour ménager l’un comme l’autre, la chèvre a mangé presque tout le chou. Elle en a laissé juste un petit bout.
Un tout petit bout que j’ai réussi à préserver de sa voracité, in extremis. C’est que la chèvre est insatiable, très insatiable. Il est même arrivé, une fois, qu’elle se réveille la nuit, en pleine nuit, même. Avec une faim de louve, cela va sans dire.
C’est là que j’ai décidé. J’ai commencé à construire un enclos. Un enclos bien fermé où j’apprivoise la bête, depuis peu. Elle a toujours vécu sans frein, raison pour laquelle je m’en étais séparée. Et j’ai commencé à lui apprendre : se contenter de son espace sans trop de bêlements. Ce n’est pas gagné encore, parfois elle s’échappe. Mais c’est un début.
Un début nécessaire, parce que le chou m’est précieux, le chou est comme un petit enfant sans défense. Le chou ne mérite pas qu’on l’offre en sacrifice, même à la plus belle chèvre du monde (laquelle ne peut donner que ce qu’elle a : du lait et des coups de cornes).
En clair : j’ai repris « le travail ». Comme si écrire n’en était pas un… Passons.
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Photo

Un jour, les portes de l'enfance se referment. Plus ou moins tôt, pour certains. Plus ou moins tard, pour d'autres. Pour tous, il suffit souvent d'un rien pour y revenir. Il arrive toutefois que ces portes deviennent infranchissables, totalement murées par le sérieux de la vie d'adulte.
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#Enfance n°4: L’arbre-sorcière
L’arbre-sorcière m’est un souvenir cuisant.
Je ne l’ai jamais retrouvé, brodé sur ce tissu beige flanqué de poches aux noms de ma famille. Un porte-serviettes. J’ai dû manifester en l’offrant ma souffrance d’avoir produit une telle horreur. Bonne fête Maman. Et j’ai dû me mettre à pleurer, dire que je le détestais, parce qu’il n’a jamais servi. Pas que je me souvienne.
Sur l’étoffe grossière, d’autres avaient tracé vite fait des arbres-boules, des soleils-sourires, des bonhommes-têtards. J’avais, à mon pommier, détaillé chaque branche, chaque feuille, chaque fruit. J’avais dessiné un à un les cheveux de la fillette, deux petits points bleus pour les yeux, ses oreilles, son cou, ses bras, ses jambes-baguettes, sa robe-trapèze, ses doigts, ses orteils. Je voulais faire pour Maman le plus beau dessin. Bien sûr, j’étais à la traîne pour finir.
Tout à ma broderie, je tirais la langue, quand quelqu’un s’est écrié, par-dessus mon épaule : « Il ressemble à une sorcière, ton arbre ! » Après quoi le mot est passé : « L’arbre de Nathalie ressemble à une sorcière toute moche ! »
Les larmes aux yeux, je regardai leurs œuvres, je regardai la mienne : elle n’était pas pareille. Mon arbre et moi étions hirsutes, hérissés de branches, de cheveux, de détails. J’étais bizarre, on me moquait. Je ressentais pour la première fois, sans pouvoir le nommer, mon écart au groupe.
Depuis j’ai renoncé à être comme les autres, mais j’ai toujours du mal avec le beige, et les pommes à croquer.
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#Enfance n°3: Davidel
Année de ma moyenne section : premier contact prolongé avec l’école. Le monde extérieur.
Immersion ethnologique à la découverte d’un peuple étrange : les autres. Observation des comportements, tentatives malheureuses de contre-propositions (il faudra un jour que je raconte l’Arbre-sorcière), repli.
Dans la cour il y avait un grand, genre mâle dominant. Il démontrait à tous sa supériorité par la course. Il y mettait tout son cœur. Je l’avais surnommé Davidel. Parce qu’il avait une tête de David, et aussi les pans de son manteau battaient l’air lorsqu’il s’élançait pour la parade. Comme des ailes.
Davidel me fascinait. Je passais des récrés entières à le regarder. Prémisses d’une attirance pour le sexe opposé ? Que sais-je ? Je constate simplement qu’il est l’unique autre enfant dont je me souvienne dans cette école. Vaguement. Une chevelure brune coupée court et l’envol de son paletot, juste ça. Je le trouvais bizarre. Mais peut-être que c’était moi.
Est-il besoin de dire que je n’ai jamais su son nom ?
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#Enfance n°2: Une trop longue absence
Il m’appelait Margorite, mon papi Jeanménil.
Être ou ne pas être… Dans ses yeux j’avais l’impression d’exister, ce qui ne m’arrivait pas toujours. C’était un âge où la réalité de notre existence physique m’était très incertaine. Dans la cour de récréation j’observais les autres. Ils couraient et moi, au bord du monde, muette et immobile, je me demandais si je n’étais pas en train de rêver une sorte de spectacle. Il y en avait un, chez les grands, que j’avais nommé Davidel.
Il m’appelait Margorite, mon papi.
Il me prenait sur ses genoux, on chantait. À dada sur mon bidet et autres fleurons d’un patrimoine « lyrique » injustement oublié. Il faisait le clown, il prenait une voix de canard pour nous faire rire, mes sœurs et moi. Il mangeait le gras que je laissais au bord de mon assiette. Il disait : « Tu laisses le meilleur, on voit que t’as pas connu la faim. » Tous les après-midis, il s’installait devant son poste de télé pour regarder le tour de France. C’était juillet, on prenait toujours la route pour Jeanménil en juillet et il fallait, au moment du Tour, un silence religieux.
Il m’appelait Margorite.
Quand il est décédé, j’étais adolescente. Je suis restée au bord du monde : mes sœurs, mon petit frère et moi ne sommes pas allés à ses obsèques. Je ne sais pas pour eux, mais à moi, cela m’a permis de vivre sa mort comme une longue absence.
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#Enfance n°1: Entre sœurs
On s’est rappelé.
On s’est rappelé notre navire corsaire, un chêne coupé, couché à l’emplacement de l’actuel étendoir. Elle le capitaine, nous les moussaillons.
On s’est rappelé quand on jouait sur le tas de bois. On se faisait « engueuler » par nos parents. Devant les grandes personnes, on disait « gronder ».
On s’est rappelé la collection de champignons.
On s’est rappelé le village en terre glaise pour nos petites voitures. Des ponts, des routes, des maisons avec garages. Maman, lasse de la saleté engendrée par nos constructions devant l’entrée – il est vrai que certaines pièces montraient une tendance malheureuse à l’effritement – lasse, donc, Maman a fini par mettre tout cela aux intempéries et nous avons découvert, en creux, tout l’intérêt de cuire l’argile.
On s’est rappelé notre refrain du fond des toilettes, transmis de sœur en sœur. Maman s’il te plaît caca ! Appel qu’il nous fut interdit d’enseigner à notre petit frère, arrivé sur le tard. Il va sans dire qu’il trouva son propre cri de ralliement. Maman ça y est ! Maman ça y est ! Maman ça y est !... (ad libitum)
On s’est rappelé nos tentatives de créations en parfumerie, dans nos seaux de plage. Des pétales de rose, de l’eau et du temps. Tout vient à point à qui sait attendre, dit-on. J’affirme que cela dépend.
On s’est rappelé notre maison de poupées en matériaux de récupération, modèle de consommation écoresponsable totalement incompris lui aussi.
On s’est rappelé l’Ami Super. L’Ami Super dans le garage à Soyaux où nous lisions les vieux Télé Poche, l’Ami Super accidentée sur la RN 10, l’Ami Super qui nous a servi de refuge quand elle n’a plus roulé, en bas de la butte, là où il y a maintenant une balançoire. Peut-être que si on creuse à cet endroit, ou un peu plus loin, on retrouvera un jour des schtroumpfs ?
On s’est rappelé tout ça. Tout ce qui a fait qu’à cette époque-là, nous étions des enfants.
Et on a regretté que la maturité des corps oblige, en société, à faire semblant qu’on a grandi.
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# Doudous n°3 : Sans Nom
Je l’ai récupéré il y a quelques années dans le sous-sol de mes parents. Infinitésimal morceau d’enfance, presque un doudou : mon nounours favori.
Ç’aurait pu être son homologue l’ours à meuh, baptisé bien plus tard Gros Chonchon par l’aîné de mes neveux. Gros Chonchon était plus brun, plus poilu et, prodige fascinant, il faisait meuh quand on le basculait sur le ventre. Un meuh long, plaintif, dont on ne se lassait pas (fallait-il être vache) : Meuuuh ! Il était articulé au col, aux épaules, aux aines, les yeux bleus. Il était passé de sœur en sœur sans trop rechigner, comme ses compagnons de route, en sorte que je ne me souviens pas avoir ressenti à l’époque une quelconque propriété sur une peluche du cheptel commun.
En bref, Gros Chonchon était le nec plus ultra de cette belle population entassée pêle-mêle dans le petit lit bleu. Pourtant, comme dans les pubs pour meetic, j’en préférais un autre.
Un tout simple, juste cousu, qui ne tournait pas la tête, ne baissait pas les bras, ne savait pas s’asseoir, ne faisait pas d’esbroufe. Un taiseux. Une chose infime, tendre, secrète, au nez tordu, deux boutons noirs fixés de guingois de part et d’autre, micro-bouche en V incarnate juste au-dessous. Menue chose sans nom qui sans doute ne m’appartenait pas, que sais-je ? Je l’aimais.
Je l’ai retrouvé aux « enfers » à l’âge adulte. J’ai eu la larme à l’œil, le cœur noyé, je l’ai remonté sans me retourner. Je l’ai emmené, lavé, séché. Et je l’ai gardé.
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#Doudous n°2: Au revoir Doudou Guétousse
Jadis, partout où il allait, Doudou Guétousse était intronisé roi du caniveau. Non qu’il aimât s’y rouler, mais à chaque ouverture de portière, il finissait « avec sa grosse tête par terre ». À chaque fois, c’était le même refrain : « Putain, Clara, c’était trop lourd ? »
À la crasse d’usage courant s’ajoutait celle des eaux grises et de la pâte noire qui tapisse les dépressions au bord des trottoirs. À force, l’animal était passé d’une jolie robe beige clair, ventre bleu, pattes roses, à une espèce de marronnasse camouflage qui me fit dire un jour : « Il faut laver Doudou Guétousse. »
Avec un soin chirurgical, j’enlevai le mécanisme sons et lumières, refermai le velcro bord à bord. Elle l’embrassa, le serra dans ses bras, l’encouragea : « Au revoir Doudou Guétousse ». Nous mîmes la lessive en route. À mesure que le programme avançait, Clara sondait avec anxiété l’opacité de la machine. Elle se mit à pleurer à l’essorage. Comment ne pas pleurer à l’essorage ?
Le séchage en laverie fut un calvaire. À travers le hublot, on voyait l’ourson malmené par le roulement du sèche-linge. La petite se lamentait : « Doudouuu ! Doudouuu ! » À fendre l’âme. Je tentai une réinterprétation joyeuse du spectacle : « Regarde comme il est content, il fait des pirouettes ! » Elle repartit de plus belle : « Doudouuu ! Doudouuu ! » Jusqu’à l’arrêt du tambour.
Le lendemain, il avait encore sa grosse tête par terre. Le pire, c’était que le marc de caniveau sur le beige redevenu clair, ça faisait tache.
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#Doudous n°1 : Tita
J’ai ravaudé Tita. De son nom complet Tita Cucu. Parce que Biquet, c’est avec ce nom-là qu’il aime son doudou.
Il lui en a attribué un autre, avant cela : Tchou Tchou Doud. Sans doute parce que l’animal, en plus d’être un doudou, est un petit chien tout mou. Et puis finalement, Tita Cucu est venu, on ne sait trop comment ni pourquoi. C’était l’âge où on traverse la cour de récré les bras déployés en criant caca. Il n’y a pas eu moyen de l’en faire démordre, le Biquet. Il s’est montré d’autant plus entêté qu’on s’appliquait à le raisonner (genre : « Tu sais, un nom, c’est pour la vie, pauvre Tchou Tchou Doud… »). Après, ça n’était qu’un doudou, SON doudou. Nous nous sommes résignés.
Ils n’étaient pas si amochés à l’époque, lui et son double (lequel n’a jamais eu de nom en propre : bien que mon beau-frère ait un jour proposé Molek et Bolek, ça n’a jamais pris). Ils étaient parfaits et nus : pas encore caparaçonnés de toile beige (comme deux tatous), pas encore chaussés, pas encore casqués de pièces au crochet, pas encore ajourés par le temps.
Mais les enfants ont l’amour vache, parfois, aventureux, et l’usure n’épargne rien ni personne : Tita trempe maintenant, armé de pied en cap, miteux et balafré, dans une lessive main. Bientôt propre ou à peu près, réclamant sa retraite à cor et à cri.
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# Mues n°6 : Sous le coude.
Parfois je regrette ma dépouille de prof. Je me dis que je pourrais peut-être encore rentrer dedans.
Je me berce d’illusions.
J’oublie qu’il n’y a rien à regretter. J’oublie les rigueurs de cette exuvie dans laquelle je me suis aliénée, l’inadaptation d’une forme portée envers et contre moi. J’oublie les blessures. J’écoute les sirènes bassement pécuniaires, les promesses d’un retour en société.
Amnésie dangereuse : je n’ai pas laissé cette ancienne peau derrière moi, je l’ai gardée sous le coude. Comme un vêtement de jeune fille qu’on n’arrive pas à jeter, un pan de vie. Comme une « sécurité », aussi, hérissée de barreaux.
Le bernard-l’ermite songe-t-il parfois à reprendre la coquille de ses débuts lorsque vient le temps de déménager ? Non.
Le bernard-l’ermite est plus sage que moi.
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# Mues n°5 : 18 ans de variations vestimentaires
1998-1999 : Formation. Panoplie Daxon : pantalon à pinces marron-gris (ou toute autre couleur terne), chemisier tout boutonné, foulard autour du cou. Éviter une regrettable confusion avec les élèves filles, ne pas titiller les hormones déjà alertes des élèves garçons.
1999-2000 : Lignes maternité, toutes boutiques. Décolletés et couleurs. De toute façon, à quatre heures de train de chez soi en rapprochement de conjoints, cinq de voiture, on est « arrêtée », alors…
2000 : On enfile un quarante provisoire. On mute.
2002-2004 : Boudounette a grandi. Trente-huit retrouvé. Trente ans. On se laisse gagner par une coquetterie inédite : diversification vestimentaire. Tâtonnements… On ressemble à une vitrine de mode (quelques kilos en plus, quelques centimètres en moins, surtout). On émoustille quelques élèves garçons mais pas grave : maintenant on sait quoi répondre.
2004-2005 : Lignes maternité, toutes boutiques, etc. Sauf qu’il n’y a plus qu’une heure de voiture. Biquet arrive.
2005-2007 : Des hauts et des bas, à tous les sens du terme. On ressort le quarante. Bleu passe-partout, ou bien noir (parce que « ça amincit », paraît-il). Thérapie.
2007-2013 : Style ethnique flamboyant. Tee-shirts cintrés à capuche de lutin, sarouels, pantalons à l’orientale. Rythme de croisière sourd aux alarmes données en salle des machines. Panne moteur.
2013-2016 : Retour au bon vieux jean. Reliquats des mues précédentes, de temps en temps. Écriture.
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