Tumgik
guillaumebarki-blog · 12 years
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Bilan de 1er tour pour Sarkozy
Cause, conséquence, projection et décryptage.
  La mauvaise campagne de Nicolas Sarkozy
Le score assez faible du président sortant au 1er tour (26,2%) relève avant tout d'une campagne compliquée. Minée par de nombreux évènements comme le déplacement chahuté de Bayonne ou les bourdes et quiproquos de son équipe de campagne, Nicolas Sarkozy a également omis de défendre son bilan qu'il doit transformer pour ne plus en faire une casserole.
Le président-candidat a également voulu, dans un premier temps, joué au rouleau-compresseur. Tentant le même coup qu’en 2007, en annonçant une mesure chaque semaine, chaque jour. Mais la détestation était trop importante et chez les français, le message n’imprimait plus. La star c’était François Hollande.
Par ailleurs, certains de ses thèmes de prédilection comme l'immigration ou les frontières ont également laissé penser qu'il menait une "campagne droitière" dans le but de récupérer des voix à l'électorat du Front National. Objectif avorté, comme celui d'arriver en tête du premier tour, afin de créer "un choc psychologique" et "une dynamique" en vue du second. 
Cette "droitisation" s'est également ressentie le 5 mars dernier à Saint-Quentin, où le président sortant déclare que le "premier sujet de discussion et de préoccupation des français c'est cette question de la viande halal". Dans un climat où ces mêmes français disent que leurs préoccupations premières sont le chômage et l'emploi, la phrase devient la marque de la "dérive droitière" de la campagne.
Ajoutez à cela une majorité UMP de dépressifs chroniques qui pleurnichent devant les caméras quand Nico ne donne pas de ses nouvelles dans les médias, ou envisage en off la défaite devant des journalistes... et votre campagne aura son quota de plomb dans l'aile !
La montée du Front National
Le score historique de Marine Le Pen (18,03 %), qui la place en position de "troisième homme" et qui fait mieux que son père en 2002 (16,86%) met le président sortant dans une très mauvaise position. Pour le comprendre, il faut admettre que la présidentielle est affaire d'arithmétique, mais pas de manière aussi simple que ce que l'on pense.
Il y a longtemps que la gauche a adopté la tactique électorale suivante : un candidat socialiste se présente, ainsi que d'autres candidats de gauche extrême, modérée, écologiste - c'est ce que l'on appelle la gauche plurielle. Puis à l'issue du premier tour, cette gauche plurielle se rassemble autour du candidat de gauche pour faire barrage à la droite (et éventuellement participer au prochain gouvernement).
De cette manière, 83% à 90% des voix de Jean-Luc Mélenchon et Éva Joly devraient se reporter sur François Hollande au second tour.
Les relations entre la droite et l'extrême droite ont toujours été autres. L'UMP - ou le RPR avant 2002 - s'est toujours refusé à négocier ou pacter en public avec le Front National, considéré comme un parti non-républicain car faisant l'apologie de la xénophobie, contraire aux valeurs de la République.
Ainsi, les reports de voix sont plus contrastés à droite et les électeurs de Marine Le Pen ne seraient qu'entre 44 et 60% à se reporter sur la candidature de Nicolas Sarkozy.
Comme pour en rajouter une couche, Ségolène Royal (qui a toujours prôné pour une ouverture du PS sur le MoDem ou certains thèmes dits de droite comme la sécurité et l'autorité) a déclaré hier soir que François Hollande devrait "parler aux électeurs du Front National". L'ancienne candidate socialiste sait que le report des voix frontistes sur la candidature de François Hollande est de 18 à 25% et veut agrandir cette part pour mettre des bâtons dans les roues de son ancien rival.
Mais si la position du président sortant est particulièrement délicate, c'est parce qu'il ne doit pas ratisser qu'à la droite de sa droite. 
La campagne devra aussi se recentrer. Malgré son faible score (9,1%), François Bayrou n'a toujours pas appelé à voter pour un des deux finalistes. Son électorat, lui-même, semble très clairement partagé avec des suffrages dont un tiers se reporterait sur le candidat UMP, un autre tiers sur le candidat socialiste et un tiers sur l'abstention. Malgré ce résultat décevant donc, quelques points bayrouistes suffiront à confirmer ou démentir les sondages qui se suivent et se ressemblent depuis bientôt un an.
Alors pour renverser la table, Nicolas Sarkozy compte jouer deux cartes : son temps de parole de second tour et… trois débats.
Maintenant, le débat dans le débat
Le candidat sortant propose l'organisation de trois rencontres au lieu d'une seule. Ces débats porteraient sur trois grands thèmes : l'économie et le social, les questions de société, la politique internationale. 
Les socialistes ont rapidement fait savoir qu'il n'en était pas question, la tradition en France étant de ne faire qu'un seul et unique débat, on ne change pas la règle en milieu de partie. Cependant, l'idée ne date pas de la mi-temps, elle est proposée depuis le début de la campagne par le camp UMP.
L'idée n'est pas nouvelle, dans d'autres démocraties, comme les États-Unis, le candidat démocrate et le prétendant républicain s'affrontent lors de 3 débats télévisés.
En France, nous avons une conception plus sacralisée du débat. Peu importe que les questions internationales soient bâclées, peu importe que le débat tourne à la querelle de personne, ce que l'on retient c'est la petite phrase qui va faire gagner un candidat par rapport à l'autre. En 1981, par exemple, François Mitterrand avait "gagné" le duel en lançant à Valéry Giscard d'Estaing "vous êtes l'homme du passif". 
Cet exercice du débat télévisé existe depuis 1974.
Alors dans quel camp la balle est-elle désormais ? Celui de Nicolas Sarkozy, qui va relancer l'idée cet après-midi ? De François Hollande, qui y reste opposé ? Des chaînes de télévisions ? En 2007, BFMTV avait organisé un débat d'entre-deux tours entre Ségolène Royal et…. François Bayrou, à l'époque le candidat centriste était troisième homme et au centre des convoitises.
Fort taux de participation pour une présidentielle à l'américaine
Malgré les vacances et une campagne qui est loin d'avoir passionnée l'opinion, la participation enregistre un score dans la moyenne des présidentielles (80,4%), déjouant ainsi tous les instituts de sondages qui prévoyaient jusqu'à 32% d'abstention. À Lille, on a notamment enregistré des records de votes par procuration.
Nicolas Sarkozy a justifié cette mobilisation en parlant d'un "vote de crise". Il est vrai que le traumatisme de ces 4 dernières années et la récente sensibilisation de la population aux problèmes européens comme la dette ont peut-être incité les français à voter.
Je pense que la réponse est davantage sociétale. Notre vie politique se présidentialise et, d'une certaine manière, s'américanise. 
L'expression selon laquelle "La clef de voute de la vie politique française est l'élection du Président de la République" est renforcée par de nombreux facteurs.
Depuis la fin des années 90, le mandat du président de la République est passé de sept à cinq ans. Désormais, le Chef de l'État doit rendre des comptes plus régulièrement, et les projections dans le futur sont plus fréquentes. Ainsi, François Hollande était déjà interrogé sur sa candidature à la présidentielle de 2012… en janvier 2008. Le quinquennat accélère donc les choses et alimente davantage les discussions autour de la présidentielle.
Ensuite, la médiatisation autour de la campagne est nouvelle. Elle a été plus longue et plus approfondie. Les réseaux sociaux mais aussi les chaînes de télévision et les radios ont changé notre regard sur la campagne qui dure depuis bientôt un an (à peu près comme aux Etats-Unis). Ce feuilleton n'a jamais été aussi analysé, décrypté qu'aujourd'hui. Les débats sur plateaux sont fréquents, les émissions spécialisées foisonnent, les supports d'interviews se multiplient, les moyens de propagandes et d'anti-propagandes également.
Sans parler d'hyper-médiatisation, cette nouvelle médiatisation a pu incité un électorat jeune a voté pour de nouveaux visages sans complexe (Mélenchon, Le Pen et autres Dupont-Aignan...).
Conclusion
Sur cette pente américanisante, on peut penser que dans 5 ans l'UMP fera des primaires et qu'on les aura nos 3 débats.
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guillaumebarki-blog · 13 years
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1 mois et 2 jours de campagne
Il y a une semaine, on se demandait comment les sondages pouvaient prévoir un tel écart entre Nicolas Sarkozy et François Hollande au second tour (59% contre 41%).
Mais après avoir passé un mois à l’annoncer chaque jour, la «semaine décisive» est arrivée. Les sondages le donnent désormais ex aquo au premier tour avec son principal opposant, François Hollande (PS).
Quant à l’écart grossier du second tour, il se ressert et offrirait une défaite au président sortant à la Chirac en 1988 (54% contre 46%).
Nicolas Sarkozy a adopté une stratégie en trois temps.
L’humour
Tout d'abord, à côté d’un François Hollande qui cherche à se présidentialiser, se rendre plus crédible, plus sérieux... Nicolas Sarkozy joue la carte de l’humour.
Son passage sur Canal+ le 16 mars en est le meilleur exemple. On voit l’acharnement avec lequel il tente de placer une vanne à chaque remarque, durant chaque situation. Avec succès, quand son fauteuil défectueux se baisse en plein entretien avec Yann Barthès «C’est un piège ? (...) C’est pas grave, j’espère que vous ferez la même chose avec François Hollande lundi prochain !». Mais aussi avec des moments de flottements, comme quand il plaisante sur un «accro au sexe» vu durant le «Zapping».
Si voir le Président de la République au show satirique le plus hype de France est déjà une situation assez «chépère»*, le voir répondre durant une chronique humoristique est tout aussi cocasse. «C’est lui qui fait les vannes !» relève Bruce Toussaint, le meneur de la Matinale d’Europe 1 durant la «Revue de Presque» de Nicolas Canteloup.
La drague
De la taquinerie mais aussi des compliments. Là-dessus, le président-candidat a l’habitude des bains de foule où il prend à part une dame pour lui dire qu’elle a de jolies chaussures ou la petite fille pour relever la couleur de ses ongles.
Le 14 mars, par exemple, sur Europe 1, Anne Roumanoff fait sa chronique devant le président-candidat, invité de la matinale. À la fin de son billet, l’humoriste rigole très gênée d’une phrase prononcée par l’invité de la station : « Anne, vous avez des étoiles dans les yeux » vient-il de lancer avant de se recroqueviller comme un gosse timide qui aurait déclaré sa flamme à une copine. 
Deux jours plus tard sur le plateau du Petit Journal : « Vous êtes méchant aussi ? Je vous croyais juste talentueux ! » à Yann Barthès après lui avoir accordé le titre de «M. le Président» pour les 20 minutes de l'émission spéciale. Confronté aux images qui ont désacralisé la fonction en 5 petites années, il raconte des anecdotes sur ces moments raillants, ridiculisants.
L’attaque
Si Nicolas Sarkozy a peiné à habiter la fonction de Président, il a semblé mettre du temps à devenir candidat. Pourtant, cette troisième arme est cruciale. Elle est l’un des moteurs des militants et du public en salle comme devant la télévision.
On ne rappelle plus son célèbre «Tartuffe !» scandé de meetings en plateaux TV. Avec ce titre, Sarkozy met directement en cause François Hollande, l’accusant de faire des promesses irréalistes ou démagogiques. Réitéré lors du duel qui l’opposa à Laurent Fabius le 6 mars dernier durant «Des Paroles et Des Actes» sur France 2, il conclut un de ces propos ainsi : «Vous êtes drogués à la dépense publique ! (...) Vous adorez dépenser un argent qui ne vous appartient pas !»
Enfin, attaqué sur le style, argument choc de l’anti-sarkozysme, le candidat refait la leçon de vie qu’il balade d'intervention en intervention : "La fonction de Président est tellement lourde que, même quand on s'y est préparé, on a des surprises quand on le devient. On apprend tous les jours. J'ai vu que François Hollande disait que ça n'était pas un stage d'apprentissage. J'espère pour lui qu'il apprend encore aujourd'hui, parce que quand on apprend plus, on a plus rien à donner."
Sarkozy en fin de meeting, c'est un peu comme un homme qui se jette dans le vide - l'élection présidentielle nécessite tout autant d'inconscience. Lançant à chaque fin de meeting "Aidez-moi", il attend que le public par ses applaudissements et les électeurs par leur vote le rattrapent, pour le sauver d'une chute dans le vide. L'oubli post-électoral d'une défaite.
Aujourd'hui, c'est comme si l'élastique attaché aux pieds du candidat le faisait enfin remonter dans les sondages. La chute était nécessaire pour regagner de l’altitude, c’est quasi-mécanique.
On pensait qu’il se servirait de son image de père ou d’homme de culture. Dans le premier cas (merci Carla) il a gardé la cartouche dans sa poche, pour le moment. Dans le second cas (merci Carla) il prend plaisir à disserter sur un film danois avec Olivier Pourriol, le chroniqueur littéraire de Canal+, tout en déplorant le manque de culture dans cette campagne.
Il ne faut pas non plus négliger 2 atouts de longue date : l’expérience et la capacité de vulgarisation qui le distinguent aisément de ses concurrents.
Cependant, tout cela suffira-t-il a modifié un bilan qu'il lui manque encore à transformer en atout ?
  *on reste dans le hype avec ce terme verlant qui signifie «perchée»
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