C'est donc bel et bien Lucy de Luc Besson qui a battu Hercules de Brett Ratner aux box office us de ce week end. Scarlett est donc plus forte que The Rock.
Out of the Furnace de Scott Cooper.
Hors de la fournaise en traduction littérale et malheureusement traduit par les Brasiers de la colère dans un français réducteur. Le film raconte l’histoire des frères Baze (Bale/Affleck), figures de proue d’une working class heroes américaine se réveillant avec une vilaine gueule de bois. Ils doivent faire face ou s’allier à des mafieux redneck camés (Harrelson/Dafoe) et des policiers lymphatiques emmenés par un commissaire qui n’a rien d’un flic actioner des années 80 (Whitacker). Tout sent la crasse, le vieux, le sale. On est dans une amérique post 11 septembre, post Irak, post tout. S’alignant sur des films comme « A history of violence » (Cronenberg), « Killer Joe » (Friedkin) ou « The Place Beyond the Pines » (Cianfrance), le principe est de montrer une portion de cette société américaine délabrée, perdue dans les errances d’un rêve qui a de plus en plus souvent des teintes de cauchemars. Et comme tout bon héros cowboy, habilité par un sens de l’auto-justice faisant fit des lois ou de la morale, le héros se retrouve seul face à lui-même et à la violence qu’il est le seul à pouvoir déclencher. Tirera ? Tirera pas ? Aucune morale, aucune loi, aucune règle ne peut répondre à cette question. Seul l’humain le peut. Un humain emplit de démons, de questionnements et de souffrances. Encore un film qui montre que les systèmes quels qu’ils soient ne régleront jamais le problème fondamentale de l’humanité : elle-même. Produit par Ridley Scott et Leonardo Di Caprio avec un casting 5 étoiles, un drame qui n’arrive pas à la cheville de ses prédécesseurs mais vaut la peine d’être vu pour son traitement cru, sa technique irréprochable et ses performances d’acteurs.
Haunter de Vincenzo Natali, auteur du cultissime Cube, meilleur film indépendant de ces 20 dernières années selon moi : encore un très bon film passé inaperçu pour cause de distribution pourrie. Dans ce film partagé entre horreur et thriller mélancolique, on suit Lisa (Abigail Breslin dont le talent n’est plus à démontrer), fantôme se réveillant pour revivre la même journée dans la même maison et qui va devoir comprendre ce qui lui arrive, ce qui lui est arrivé et ce qui arrivera. A partir de là, les choses deviennent très complexes. Les personnages et les époques s’entremêlent, passé, futur, présent indéfinissable en dehors du temps du film… comme le dit le monstre (méchant méga charismatique) « l’histoire ne se répète pas, elle rime ». Parce que les époques et les personnages s’ils présentent des différences significatives se montrent connectés par des éléments, des phrases, des gestes, des objet. Se tisse alors une toile complexe où les meurtres de jeunes filles semblent tous liés à la maison et les lourds secrets qu’elle contient. Lisa devra faire la lumière sur qui fait quoi, à quel moment et dans quel sens. Un jeu de cluedo à travers différentes époques dans une ambiance horrifique malsaine absolument superbe. Le film me fait penser au Lovely Bones de Peter Jackson avec son héroïne fantôme tentant d’aider les vivants mais sans en reprendre l’imagerie pop et les gimmick parfois outrancier d’une réalisation dopée aux effets digitaux. Ici, les effets digitaux sont minimalistes; tout est plus sombre, noir, on oscille dans une réalisation jouant sur les ombres et les couleurs tristes, fades. L’émotion n’est certe pas aussi accessible que dans Lovely Bones, mais le film se montre aussi moins explicite. Il circonvolutionne, se perd parfois dans son labyrinthe temporel, à l’image de son héroïne souvent isolée et malmenée. De brillantes idées de réalisation viennent agrémenter le film toutes les 5 minutes, frôlant parfois l’indécence dans la démonstration de qualité technique et de mise en scène qui forcerait le respect de n’importe quel réalisateur. Et là, on touche au problème Natali. Si ces films sont brillants (même si aucun n’égale son premier coup de génie qui résonne encore aujourd’hui comme un chef d’oeuvre absolu et indépassable), ils sont trop complexes, trop intellectuels et trop techniques que pour fédérer l’adhésion du grand public. Au final, sa filmo ressemble plus à une gamme de références pour cinéphiles avertis qu’à une composition à destination du grand publique. De là, rien d’étonnant à ce que ces films ne soient pas mieux distribués… mais bon dieu… quel dommage. Le problème principale de ce film tient à la fois à sa complexité scénaristique (et son entourloupe finale pas très heureuse) et à sa réalisation outranciérement bonne. Les personnages sont trop subtils, il devient difficile de s’identifier à eux, les situations sont trop complexes, la structure de l’histoire casse trop de codes (il y a facilement 5 structures différentes enchâssées, ce qui peut dérouter les non initiés), la réalisation est trop occupée à démontrer ses bonnes idées et pas assez à nous permettre de rentrer dans son univers. C’est dramatique qu’avec autant de bonnes idées on ne puisse atteindre et toucher que les cinéphiles convaincus et acharnés. La plupart des gens n’auront pas la patience de s’émerveiller avec fascination de ces images léchées, produites avec une caméra Alexa dont on n’a rarement vu ce genre de lumières sortir… d’ailleurs, il n’y a pas que la caméra… on a rarement vu des images comme celles-là tout court. Mais qui prendra le temps de s’y attarder ? Espérons que les cinéphiles (les vrais) prendront le temps de donner une seconde chance à ce film sortis chez nous directement en DVD.
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