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En v’là un aut’
Je ne pensais pas qu’un jour, je devrais à nouveau sortir les armes pour me battre contre les concours excécrables lancés certaines entreprises envers des femmes et hommes artistes, travaillant dur pour faire valoir leurs travaux. Je ne pensais pas non plus que cette mode crasse reviendrait, cette fois-ci dans mon petit pays perdu au milieu de l’Europe, et dont les frontières semblent faire croire à certains qu’ils sont à l’abris de tout acte détestable. Je ne pensais pas non plus, que son commandant en chef, serait le seul magasin de jeux-vidéos x japanimation de la ville, pas-si-petite-que-ça, dans laquelle je vis. Mais laissez moi vous expliquer la situation : Mix-Images est une boutique spécialisée dans le jeux-vidéo/pop culture japonaise. Active dans la ville de Lausanne (Suisse) depuis plus de 20 ans leur mascotte, qui est par extension leur logo, leur a valu une identité visuelle assez forte et reconnue dans la région. Cette mascotte (et logo) est le personnage de “Lamu” (Urusei Yatsura pour les intimes). On peut la voir partout, en géant, sur la dévanture du magasin de Lausanne notamment :

En d’autres termes :
- C’est une boutique connue et intégrée depuis plus d’une dizaine d’année dans une ville de 138′000 habitants, capitale du la région vaudoise, la 4ème plus grande ville de Suisse. Présente également à Genève 2ème plus grande ville de Suisse et à Yverdon 2ème plus grande de la région Vaud. - Cette boutique organise un concours pour créer une nouvelle “mascotte”, remplaçant donc Lamu et leur créant une nouvelle identité visuelle forte, qui sera visible sur sa dévanture, à l’intérieur du magasin, durant leur stand aux grandes conventions, comme Polymanga, la plus grande convention de culture japonaise-jeux vidéos-mangas de Suisse, une des plus grandes d’Europe, et où beaucoup de grands noms (youtubeurs, mangakas, auteur de films/séries) se rendent chaque année. Je vous laisse juger la nature de la soupe :
Au moment où le métier de dessinateur/auteur bat de l’aile, et où les artistes, jeunes et moins jeunes, essaient de vivre convenablement à l’aide de crowfounding et plateforme de financiement participative, ce genre de concours ne fait que donner un coup de poing supplémentaire à une personne déjà KO. D’autant qu’à l’issue du concours, la ou le gagnant-e aura “la chance” de toucher 1000francs, soit, 880euros. Sachant que nous sommes en Suisse, et qu’en France, la conception d’un logo vaut au minimum 1′800euros, soit 2′050frs.
Et même pas un seul logo, non, c’est bien 4 dessins différents qui sont demandés. Je ne pense également pas qu’il recherche un dessin quelconque, un gribouillis au crayon. Non, il recherche ZE artiste, ZE personne très douée, mais naïve (et sûrement très jeune), en besoin grave d’argent, et qui souhaite être valorisée par le biais de son travail et ce, peu importe l’effort qu’elle ou il aura fournit. L’exploitation basique, simple. Et par ailleurs, deux commentaires sur Facebook ne sont pas indifférents face à cette injustice et la dénonce à raison :
La réponse du magasin est... comment dire ?...
(Ndlr : les 5 personnes “likant” cette publication sont soit des collaborateurs de Mix Image, soit des jeunes facilement enfumables) Je ne sais pas si j’aurais assez de place pour écrire tout ce qui ne va pas. Que ce soit le mépris dégoûtant envers la condition “d’artiste” (on appréciera les guillemets !) ou la contradiction total dont ce message fait preuve. Essayons d’y aller par point : 1. Donc, vous cherchez un nouveau logo dessiné, mais ce n’est pas obligé qu’il soit fait par un artiste. Donc, il existerait un métier où, l’on dessine, mais où l’on est pas un artiste ? Rappel de la définition d’artiste (source : wikipédia) : Un artiste est un individu faisant (une) œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l'originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Faire un dessin, beau, apprécié, est donc le travail d’un artiste. Le concours est un concours de dessin. Vous visez donc les personnes dessinatrices. Et donc des artistes. Par ailleurs, c’est bien vous qui parlez “de nos artistes locaux”. 2. Leur deuxième paragraphe est incompréhensible. Bien sûre que les deux commentateurs ont compris : c’est un concours pour faire une mascotte/logo, dont la rémunération aux gagnants sera de 1′000frs. Il n’y a pas de sens à donner autre que celui là, qui est donc le concours en lui-même. 3. “sous prétexte qu’on profiterait d’une opportunité de se faire une mascotte gratuite�� : Ce n’est pas ce qui a été dit. Vous cherchez à vous faire une nouvelle mascotte et identité visuelle de votre entreprise pour la somme ridicule de 1′000frs. La démarche est très bien comprise ici. 4. “Le prix est du cash et non un salaire de 1′000frs à la clés”. Je pense que s’il fallait le prix de la phrase la plus enfumée de l’année, celle-ci le gagnerait haut la main. Donc, premièrement, vous faites passer la rémunération d’un travail pour un prix. C’est fort. Ce n’est pas car vous changez le mot “rémunération” par “prix” que cela change l’éthique, et la forme de votre démarche. Cela est une insulte au métier du graphisme et de l’illustration, de faire passer le fruit d’un tel travail pour un vulgaire prix. Mais j’y reviendrai plus tard. Et enfin, le meilleur pour la fin, la crème de la crème : 5. “nous faisons notre corporate en interne et autres travaux de graphismes directement avec une équipe de professionnels et nous ne sommes pas la pour exploiter des gens pour un travail payé 1'000 au service de la multinationale que nous sommes.” Alors là, excusez-moi, je suis sur le cul. Donc, vous êtes en train de nous dire, que vous travaillez EN INTERNE avec une équipe de professionnels ? Et donc, pour l’identité visuel de votre magasin, l’image qui vous représentera PARTOUT, vous avez décidé de faire appel à des dessinateurs amateurs, sûrement doués mais non diplomés, plutôt que faire appel à ces mêmes professionnels, qui ont donc, en tant que professionnel, sûrement l’habitude et la formation nécéssaire pour créer des identités visuelles adaptées ? J’imagine la même situation avec un métier, je sais pas, d’ingénieur, une entreprise de bateau par exemple. “Grand concours pour créer notre nouveau paquebot, prix à la clé : 10 euros mais on ne veut pas un ingénieur professionnel non, non, on travaille déjà avec eux en interne pour réparer notre micro-onde” Et la fin du message me semble complètement étrange. Je n’arrive pas à saisir si c’est ironique. On va partir du principe que oui (sinon ce serait vraiment ridicule), vu que vous êtes une entreprise nationale/multi-régionales Mais même si vous étiez un particulier, qui voudrait un logo pour sa dévanture de fleur, le prix aurait été le même. Peut-être moins s’il ne demandait qu’un seul dessin, et moins de temps passé dessus. Et je vais donc rebondir sur l’esprit d’une demande de logo/illustration commanditée, afin de finaliser la démonstration de cette sordide arnaque sous la forme d’une lettre ouverte : Mesdames, messieurs les commanditaires. Si vous souhaitez un logo/identité visuelle pour votre entreprise, vous devez payer le prix en conséquence. Cela implique : l’heure passée sur le dessin, le nombre de dessin, l’utilisation du dessin dans le temps (combien de jours, mois, années)[aka les droits d’auteurs] Vous ne pouvez pas faire travailer plusieurs dizaines de jeunes dans le vide, avec une carotte à la clé. En leur demandant de vous amenez, de plus, en main propre leur dossier, avec des critères précis C’est à vous, de savoir ce que vous voulez, de chercher un artiste qui vous correspond, dont le travail vous plaît. Internet existe, il y a des tonnes et des tonnes d’artistes, jeunes, passionnés par la culture japonaise, les mangas, et les jeux vidéos, qui sauront exactement répondre à votre demande et n’attendent que votre proposition, avec une rémunération convenable et adaptée à la clé. Ce n’est pas aux artistes de se ruer sur vous, en utilisant votre influence, et vous qui, confortablement installés dans votre canapé, choisissez qui sera votre plus talentueux artiste exploité. Vous dites ne vouloir donner “aucun indice”, vous n’avez même pas d’idée concrète de ce que vous voulez. Vous attendez que l’on vous donne l’idée, le dessin, et les droits avec. Tiens, ça rappelle étrangement une expression courante... (indice : ça concerne une crémière). Notons également que le prix est en cash. Quoi de mieux pour ne garder aucune preuve ? Même dans un concours, il y a des contrats, des conditions ! Je me demande même si tout cela est bien légal... De plus, à aucun moment il n’est précisé que votre logo mentionnera le nom de l’artiste. Non. Vous voulez vraiment que quelqu’un vous fasse un dessin, et vous le donne, pour que vous en fassiez ce que vous voulez. Et Polymanga approchant, comme par hasard, vous mettez un délais 1 mois avant. On sent de plus, l’aspect marketting bien rodé. On sent également, que vous demanderez des ajustements, au “gagnant”... C’est malhônnete, insultant, et clairement de l’exploitation. Je finirais là-dessus, car il n’y a rien de plus à dire. Je compte sur les gens de tout bord, que ce soit artiste, amoureux des arts, toutes personnes prêtent à soutenir, et surtout celles vivant en Suisse romande, de rappeler à l’ordre le magasin, jusqu’à ce qu’ils se reprennent, s’excusent, et supprime le concours afin d’avoir une politique bien plus éthiques. Avertissons également, et surtout, les jeunes artistes Suisses qui pourraient se laisser avoir et qui sont les premières victimes de ces méthodes crapuleuses.
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