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lapsang-lisait · 6 years
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Coucou les gens ! J’ai déménagé mon blog ici et j’en ai marre de continuer les deux en même temps, c’est chronophage ! Alors, adieu Tumblr...
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lapsang-lisait · 7 years
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Ce qui n’a pas de nom, Piedad Bonnett
Ce qui n’a pas de nom en a pourtant un. Le suicide. Un mot qu’on n’aime pas dire, un mot qui fait baisser la voix quand on le prononce, un mot qu’on n’aime pas entendre non plus, qu'on a envie d'ignorer, de maquiller en accident ou en événement, mais pourtant ça existe et ça a un nom malgré tout - et ce nom c’est suicide. Sauf qu’ici Piedad Bonnett parle du suicide de son fils, et là, oui, là effectivement ça devient innommable. C’est vrai que ça n’a pas de nom, que ça ne peut tout simplement pas en avoir. La mort de son enfant, c’est dans le désordre des choses. Alors le suicide, vous pensez bien, évidemment qu’on en perd ses mots… "Les faits, comme toujours, poussent les mots dans leurs retranchements",   c'est bien dit et c’est tellement vrai.
Piedad Bonnett, face à l’innommable, décide d’écrire et nous livre ce témoignage, ce questionnement plutôt. Pourquoi mais pourquoi mais pourquoi répété en boucle jusqu’à l’infini. Oui, pourquoi est la seule question qui vaille dans une telle circonstance et on peut se la poser tout le temps qui nous reste à vivre sauf qu’on n’aura jamais de réponse. Il faut le savoir. Aucune réponse ou alors mille réponses, tout est tellement imbriqué dans la vie, toutes ces petites causes qui produisent ces petits effets, ou ces grands effets, comme le battement d’ailes du papillon qui provoque une tempête quelque part de l’autre côté du monde, comment remonter réellement à une cause ? Impossible. N’empêche, il faut se la poser cette question, il y a un temps pour les questions, et au bout d’un moment il y a un temps non pas pour les réponses mais pour l’acceptation du fait qu’il n’y aura jamais de réponse. La messe est dite, c’est comme ça la vie, ça donne pas de réponse.
Dans ce livre donc, la mère de Daniel tente de comprendre le geste de son fils, tente de savoir qui était son fils, quels ont été ses derniers moments, quelles ont été ses dernières pensées et puis surtout pourquoi mais pourquoi mais pourquoi ? Une question que je me suis posée aussi. La même question et la même absence de réponse. Ou alors une réponse qui ne résout rien mais qu’on peut se donner, une réponse que Piedad Bonnett nomme le quatrième mur. J’ai bien aimé (si on peut parler d’aimer sur un tel sujet) ce concept que j’ai trouvé très visuel et aussi explicite que possible. Ça évoque ce parcours dans la folie qui est propre à chacun et qui peut conduire au suicide parfois, ce sentiment que peu à peu des murs se dressent autour de soi. D’abord un, c’est gérable, on peut le longer, voire le contourner, puis deux, là déjà ça ressemble à un couloir et il faut se méfier de la trajectoire (mais il est encore possible de faire demi tour), ensuite vient le troisième mur avec lequel on se retrouve carrément dans une impasse et si le quatrième mur se referme lui aussi, c’est fini il n’y a plus d’issue et chacun réagit comme il peut, le suicide étant une manière de s’échapper. C’est marrant j’avais noté ce concept de quatrième mur dans un coin de ma tête au moment de ma lecture et maintenant je suis incapable de retrouver le passage en question… mais bon je n’ai pas fabulé, croyez-moi sur parole, et quand bien même je l’aurais fait, cette réponse en vaut bien une autre, non ?
Pour conclure, je dirai que ceci est un livre surtout essentiel pour celui qui l’écrit et sans jugement j’ajoute que c’est très bien comme ça. On fait ce qu’on peut. Ah oui, et sinon j’ai beaucoup aimé plusieurs des phrases que l’auteur a placé en épigraphes de ses chapitres dont celle-ci qui colle bien pour le mot de la fin : " S’il te plaît, reviens. S’il te plaît, existe. Mais il ne se passe rien… "(Mary Jo Bang)
Quatrième de couverture : Dans ce court récit, Piedad Bonnett raconte à la première personne le suicide de son fils Daniel, vingt-huit ans, qui s’est jeté du toit de son immeuble à New York. Huit ans plus tôt, on l’avait diagnostiqué schizophrène. Dans un milieu bourgeois, corseté par des conventions en tout genre, il n’est pas de bon ton de parler crûment de la mort et de la folie ; c’est pourtant ce que fait l’auteur, dans une langue sobre et sans effets de manche, avec une sincérité bouleversante. Elle raconte l’incrédulité à l’annonce du suicide, le besoin désespéré de trouver des traces d’une vie personnelle, un journal, des écrits, les étapes de la mort occidentale, mais aussi et surtout le combat inégal d’un jeune homme (et de ses parents) contre la folie qui le cerne. Une plongée dans la douleur qui ne verse jamais dans l’apitoiement ou l’impudeur : l’écrivain n’a que les mots pour dire l’absence, pour contrer l’absence, pour continuer à vivre. « Un livre incandescent, courageux jusqu’à la violence, extraordinaire. Piedad Bonnett écrit depuis l’abîme et éclaire l’obscurité avec un texte pénétrant et indispensable. » Rosa Montero
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lapsang-lisait · 7 years
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Comme un frère, David Treuer
Je suis désolée David Treuer, mais OMG que ce livre est chiant !J’ai persévéré 120 pages espérant avoir le déclic mais non, rien, encéphalogramme plat… bip bip bip… on va la peeeeerdre docteur !!Bon ben j’ai arrêté hein … j’allais pas me mettre en danger quand même. Je sais pas trop comment dire, mais pas moyen de trouver un angle pour rentrer dans cette histoire, pas moyen de ressentir ne serait ce qu’un minimum d’empathie. Je ne peux pas l’expliquer, il y a comme une espèce de distance entre moi et ces personnages, c’est dommage parce que sur le pitch c’était pas mal, mais alors zéro stimulation et curiosité tuée dans l’œuf. Biiiiip…C’était à deux doigts par moment, mais bon, deux doigts parfois c’est juste énooOoorme (et épargnez moi vos pensées déplacées svp). J’étais à deux doigts de trouver quelque chose à Betty, c’est encore la plus intéressante dans cette histoire, mais deux doigts quoi… Pour tout vous dire j’ai même pas eu envie de savoir pourquoi le frère avait tué le frère, sans blague, alors que cette question mérite pourtant qu’on s’y intéresse. Mais c’est tellement… euh ? soporifique ? froid ? Je n’arrive pas à l’expliquer mieux que par cette figure stylée, deux doigts, il faudra donc s'en contenter. On sent l’application, c’est ça le problème, on imagine la concentration, le petit bout de langue qui dépasse et le regard braqué sur la page blanche avec un air de défi. Et pour tout dire je n’aime pas ça, quand on sent l’application, non, il faut que ça coule, que ça sorte d’une manière simple et naturelle, comme une évidence, même si pour en arriver là l’auteur doit se torturer le temps d’une infinie décantation (hop j’ai eu envie de réutiliser ce mot, allez savoir pourquoi) il ne faut pas que ça se sente, c'est tout. Facile à dire, je sais. Et puis qui suis-je pour me la ramener comme ça ? Ouais ben je donne juste mon subjectif avis et je rajoute que j’en ai fini avec David Treuer, je n’ai plus envie de rester à deux doigts de… non, maintenant je veux vivre et ressentir les choses sans me rendre compte de l’effort que ça demande. Tout un programme, pardon mon frère. C’était donc moins une mais j’ai su m’arrêter à temps. Si quelqu’un a envie de me raconter la fin vite fait, c’est ok, mais ça suffira.Finalement ce que j’ai préféré dans ce livre c’est sa bande son - la couverture est pas mal aussi je l’admets - mais bon, évidemment, cela ne suffit pas. C’est dommage, j’avais bien envie d’aimer, mais parfois les choses ne se passent pas comme on veut (parfois est un euphémisme bien entendu, mais je tenais à garder une petite touche d’optimisme ;)
Quatrième de couverture : Little, son premier roman, a été pour de nombreux lecteurs la révélation d'un incroyable talent. Dans Comme un frère, David Treuer donne la pleine mesure de son univers d'écrivain avec cette même gravité, à la lisière de la poésie et du réalisme, qui fait toute la force de son écriture.Dans le Southside de Minneapolis, un quartier rongé par la misère, Simon, un jeune Indien, sort de prison où il a purgé une peine de dix ans pour le meurtre de son frère. Il lui faut maintenant retrouver une place parmi les siens et prendre un nouveau départ. Mais ce dont rêve avant tout Simon, c'est de réconcilier passé et présent. Il se met alors en quête d'une impossible rédemption…Entre ombre et lumière, violence et fragilité, Comme un frère porte un regard intense sur la vie et les êtres.
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lapsang-lisait · 7 years
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Petit traité sur l’immensité du monde, Sylvain Tesson
Le monde est immense, et moi je suis grave à la bourre. Ça va faire un mois que j’ai fini ce petit traité et je suis à peine en train d’écrire ce billet. Shame on me !
D’un autre côté, avec Tesson, c’est toujours la même chose, je me dis qu’il faudrait vraiment mais vraiment vraiment vraiment que j’arrête d’écrire des billets dans lesquels je dis des trucs qu’après je fais pas, ouais, que je me sorte les doigts de quelque part et que je me mette un bon gros coup de pied au même endroit. C’est vrai merde, c’est quand même très con de se mettre soi-même en situation d’échec et de dire des trucs (ou pire, d’écrire des trucs) qu’on ne va pas faire et qu’on va regretter de ne pas faire et qu’on va se dire que merde il faudrait les faire etc etc… Bref, vous voyez le topo.
Par exemple, quand j’ai fini de suivre Sylvain sur les chemins noirs le 31 décembre dernier, j’ai trouvé judicieux - vu la période - de prendre la résolution pour l’année qui venait de partir moi aussi sur les petits sentiers, de faire le vide dans ma tête, d’écouter le silence, de me sentir toute petite face à l’immensité du monde et aussi de renifler la nuit sous les étoiles. Je n’imaginais pas une traversée de la grande diagonale du vide non plus hein, faut pas pousser (ne pas se mettre en situation d’échec je disais) mais juste un truc à mon niveau, je sais pas moi, une semaine sur un petit bout du Chemin de Compostelle, le plateau du Larzac, Conques, l’Aveyron, bref, du possible, du faisable, du balisé, du pas loin de chez moi en plus. Résultat des courses : l’année n’est plus si nouvelle que ça et qu’est-ce que j’ai fait de tout ça ? Rien. Procrastination sors de ce corps !! Va me falloir un exorcisme là, un sévère en plus. Alors oui évidemment, je peux me trouver toutes les excuses du monde, j’avais un peu les chocottes de le faire toute seule (hou la peureuse ^^), j’ai mal au genou, je dois me faire enlever un kyste (hou la vieille ^^), je me suis heurtée à la bitchitude de la vie (ouais ben justement c’est l’idée, évacuer en marchant), il a fait trop chaud cet été (hou la suante ^^), il va faire trop vite nuit maintenant (hou l’emmerdeuse ^^). On est bien d’accord, tout ça, c’est du flan, excuses rejetées. Des plumes et du goudron, voilà ce qui m’attend et ce sera bien mérité. J’ai encore 2 mois pour éviter ça, Ô Tesson tu me fous la pression !
Pour en revenir à ce petit traité, il reste dans la lignée tessonesque, ça marche, ça pense, ça bivouaque, ça médite, ça lit, ça marche encore et encore, et parfois même ça prend le train, la moto ou ça grimpe sur le dos d’un cheval. Tiens, ici ça boit un peu moins qu’ailleurs, ou alors c’est pas écrit, on n’est pas obligé de tout écrire non plus. Quoi qu’il en soit, ça bouge, ça s’agite, ça ouvre les yeux, ça explore, ça découvre, ça s'émerveille ou ça se désole, et ça rencontre. On devrait tous faire un stage de Tesson au moins une fois dans sa vie moi j’dis. D’ailleurs ici, on a carrément un mode d’emploi, surtout à partir du chapitre 11, franchement c’est facile, y’a qu’à tout faire comme c’est écrit. On a même la playlist des bouquins à emporter avec soi, que demande le peuple ?
Du coup, vous me voyez venir, puisque ça à l’air si simple, j’ai plus d’excuse et je vais être obligée de redire un truc que je vais très certainement regretter un jour : moi aussi je vais le faire (marcher et/ou me retirer quelques temps dans une foutue cabane). Et je vais en rajouter une couche : y’a un endroit où je dois absolument aller, le lac Baïkal, o-bli-gé ! (naaan mais quelle conne, quelle conne ! c’est pas possible ! dans quoi je me suis encore fourrée ? en plus des plumes et du goudron je vais finir au pain sec et à l’eau et privée de dessert pendant 78 ans ! Si c’est pas chercher les emmerdes ça…)
Conclusion, lire Tesson ça motive mais attention, ça fout les j'tons. Dépasse toi toi-même et le ciel t'aimera. Mouais, affaire à suivre ;)
Quatrième de couverture : Sylvain Tesson parcourt le monde. Dans les steppes d'Asie centrale, au Tibet, dans les forêts françaises ou à Paris, il marche, chevauche, escalade, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, construit des cabanes. Cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l'enchantement. Dans nos sociétés de communication, il en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux.Ce Petit traité sur l'immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l'ordre établi.
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lapsang-lisait · 7 years
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Des hommes en devenir, Bruce Machart
Punaise, me suis encore fourrée dans un d’ces trucs moi ! Je peux pas me la fermer des fois ? Oui ma grand-mère avait raison, on gagne toujours à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler - et on ne gagne pas que un torticolis lingual contrairement à ce que je pensais à l’époque en faisant la maligne comme on fait durant cet âge qualifié (souvent à juste titre) de bête.
Bon ben alors elle va la cracher sa valda ? Qu’est-ce qu’elle a à pousser des hauts cris comme ça ? Sans déconner, cette fille est fatigante !
Ok je me calme. Le truc c’est que pas plus tard qu’il y a deux livres j’ai fait tout un pataquès en tentant d’expliquer pourquoi je n’aimais pas les nouvelles, blablabla, trop court, blablabla, pas le temps d’aimer, blabla frustrée, et blablabla et blaaa. Et là, pof, je vous le donne en mille, des nouvelles encore, sauf que cette fois j’ai aimé. Malédiction !
Et c’est clair, je ne vais pas pouvoir m’en tirer un sortant un poncif du genre “y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis”, d’autant plus je pense que c’est faux, les imbéciles aussi changent parfois d’avis et puis après tout rien ne dit que je ne suis pas une imbécile. Bref, piste abandonnée. Je ne vais pas m’en sortir non plus en faisant un discours philosophique de mon cru expliquant par A + B qu’il est possible à la fois d’aimer et de ne pas aimer le même objet, et pourtant cette fois je pense que c’est vrai mais ça risque d’être beaucoup trop long et hors sujet.
Non non, je vais donc me contenter d’un truc facile (ô feignasse, vas-y, parle), je vais expliquer pourquoi j’aime en expliquant ce que je n’aime pas. Merde on avait dit facile... Ouais mais bon, je ne vais pas vous dire toute la difficulté qu’il y a à expliquer pourquoi on aime, je pense que tout un chacun a déjà dû s’y frotter (et ça pique hein ?).
Donc voilà, en gros, je disais la dernière fois que je n’aimais pas les nouvelles parce que je n’avais pas le temps de m’attacher aux gens dedans et que du coup j’en avais rien à foutre de leurs vies et donc de l’histoire. Ok, ça se tient. Mais alors pourquoi ici je vais pas dire ça ? Eh bien parce que je n’ai pas ressenti la même chose, dans les nouvelles incandescentes de Rash les personnages étaient des sortes d’archétypes, à peine esquissés, ils devaient simplement servir à l’auteur à dire ce qu’il avait dire, la foutue morale de l’histoire, et voilà précisément ce que je n’aime pas : les livres qui veulent nous faire la morale. On peut être un peu plus subtile que ça non ? Se dire que le message passera s’il doit passer auprès de ceux qui sont à aptes à comprendre, on peut même carrément se dire que le message qu’on voudrait faire passer ne passera pas tant pis mais que les gens en tireront autre chose (et c’est tout aussi bien non ?) donc en tout cas, s’il vous plaît par pitié, pas de morale ! Alors vu que Bruce nous épargne le coup de la morale, j’aime. J’aime aussi parce que ses personnages ne sont pas des archétypes, non, même que d’ailleurs on a l’impression de les connaître parce qu’on a l’impression que ce sont des vrais gens. Donc même si c’est court, ça passe. Ouais, ils sont vivants et en plus ils nous parlent directement, c’est cash, j’aime bien. C'est un peu comme si on était avec eux dans un bar, ils te racontent leur histoire entre deux verres et puis point barre, chacun rentre chez soi et continue sa vie comme il peut, y'a rien de plus à ajouter. Et puis aussi, sincèrement, niveau style on est à des années lumière. D'ailleurs, je l'avais déjà beaucoup aimé, Bruce, quand je l'avais suivi dans le sillage de l'oubli...
Avec Bruce, les nouvelles se suivent et ne se ressemblent pas, et même si elles ne sont pas toutes de la même qualité, globalement ça reste sombrement bon. Après, c’est sûr, faut aimer les bières, les mains calleuses, les pick-ups et les petites culottes en satin rose (à ce propos je suis à la recherche de personnes ayant lu la version Québécoise de la chose histoire de vérifier si dans la première nouvelle la culotte de la plouc cajun est bien rose et non pas rouge - tout ça pour savoir si quelqu’un de ma connaissance est daltonien ou pas, au cas où l’envie me prendrait de lui offrir une petite culotte satinée, sait-on jamais ^^)
Quatrième de couverture : Qu'ils se retrouvent en train d'arpenter les terres fertiles du Sud, de conduire leur pick-up fenêtres ouvertes dans la chaleur suffocante du périphérique de Houston, d'actionner l'écorceuse pour transformer des grumes en feuilles de papier, les hommes de ce recueil découvrent tous, en un instant, la faille en eux. Être hanté depuis toujours par un enfant, un parent, une femme, un voisin, un copain disparus, interrompre enfin le mouvement continu et regarder une vie en face. La question soudain serait de savoir ce que devenir un homme signifie. Ici, certains ont été largués. Là, un enfant n'est jamais né. Une mère a été assassinée. Des maris ont découché. Des chiens sont morts. Bien des bières ont été descendues, et des rires échangés entre frères, amis, amants.Après Le Sillage de l'oubli, premier roman qui remporta un formidable succès critique et public, on retrouve dans Des hommes en devenir la plume évocatrice et puissante d'un maître de la littérature américaine.
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lapsang-lisait · 7 years
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Ce qui a dévoré nos cœurs, Louise Erdrich
Aïe aïe aïe, je dois commencer direct par avouer un truc… J’ai lu un autre livre après celui-ci - avant de démarrer ce billet - et je m’aperçois avec effarement qu’il ne me reste pas grand chose de cette lecture. Si ça se trouve, que ce qui a dévoré nos cœurs a également dévoré ma mémoire ? à moins qu’il ne s’agisse d’un cas rare de contamination à l'Alzheimer par voie électronique ? Dans tous les cas, c’est flippant et quoi qu’il en soit, on est mal ^^
Bon, mais qu’à cela ne tienne, le free style ça me connait ! Je suis capable de blablater pas mal de temps pour dire pas grand chose au bout du compte, je vous assure, c’est pas pour rien que j’avais toujours des supers notes en philo. Tenez, même une fois j’ai eu un 19, et là, sérieux, je pense que le prof devait avoir des idées derrière la tête, ça n’existe pas 19 en philo en terminale, nan mais quel vieux vicieux ! Heureusement, j’avais déjà l’esprit avisé et je ne suis pas tombée dans le panneau. Pfffiou quelle histoire ! Pour les curieux qui aiment bien tout savoir et surtout les détails croustillants, ce prof avait des mains de pianiste mais une tête d’alcoolo et au final il s’est quand même tapé une fille de ma classe, Françoise qu’elle s'appelait, même qu’elle a eu un 20 une fois. Après il s’est fait virer. Bien cliché ce truc, mais 100% véridique. Ensuite Françoise est partie un an en Inde, dans un āshram, je l’ai perdue de vue, et quand elle est revenue je l’ai croisée juste une fois à une soirée bien zarbi dans un grand appartement chez des gens que je ne connaissais pas, soirée dont je n’ai pas beaucoup de souvenirs sauf elle avec sa grande robe et son machin en forme de goutte sur le front, même qu’elle m’en a collé un aussi. Elle dansait super bien Françoise. Bref, aucun rapport avec ce qui a dévoré nos cœurs, vous voyez que je sais bien meubler ?
Bon, mais rassurez-vous, je ne vais pas vous parler plus longtemps de mon étourdissante scolarité et j’ai quand même quelques petites choses à raconter à propos de ce roman de Louise Erdrich. Déjà, pour commencer, je dois dire que j’ai été fascinée par la profession de Faye et de sa mère, j’adorerai faire ça, vraiment, farfouiller dans les vieilles maisons et les affaires des gens pour en dresser l’inventaire dans le cadre de successions. Merveilleux ! J’ai déjà beaucoup réfléchi à ça, comment au final tout se résume à une sorte d’inventaire, comment on est bien peu de chose (comme mon amie la rose) et comment les objets qui restent et qui ont vraiment du sens tiennent en si peu de place (et pour aller jusqu’au bout comment ce sens lui-même va en s’amenuisant avec le temps…) J’ai déjà testé et vous ne pouvez même pas imaginer la quantité de choses qui peuvent rentrer dans une boîte à chaussure, et comment ladite boîte à chaussures peut prendre elle-même si peu de place au fin fond d’un placard (surtout que je chausse du 36, ça fait de petites boîtes hein)…
C’est d’ailleurs pour ça que je partage totalement la philosophie (tiens la philo, vous voyez on y revient lol) de Faye, à savoir éviter au maximum de s’encombrer avec des objets, “c’est le rappel constant de notre mortalité qui nous retient. L’inutile vanité consistant à s’accrocher à quoi que ce soit est, évidemment, toujours là devant nous. S’efforcer de posséder quelque chose d’une valeur phénoménale nous paraît en général absurde, vu notre propre biodégradabilité.” Clap clap clap, permettez-moi d’applaudir, je n’aurai pas su mieux dire !
Et Erdrich frappe plus fort encore en évoquant une des rares fois où Faye a envie de récupérer et de garder quelque chose d’une succession : “un coffret de bois contenant ce qui semblait être des mouchoirs enveloppés dans du papier de soie, uniquement des mouchoirs, marqués aux initiales de la propriétaire, L.M.B.” et devinez quoi ? “Épinglé à chaque mouchoir en coton, en batiste, bordé de dentelle ou brodé, ai-je constaté, il y avait un morceau de papier soigneusement découpé. J’ai évidemment examiné les papiers. C’était à chaque fois une étiquette portant une date notée d’une écriture féminine. Un nom ou des noms étaient inscrits. Et puis des événements. Baptême de Teddy. Mariage de Venetta et John Howard. Et puis, obsèques de Teddy. Veillée funèbre de Frère Admantine. Premier opéra, La Traviata. Mariage. Bras cassé. Et tout en bas de la pile, peut-être le premier mouchoir ainsi conservé et l’ancêtre de la collection, un petit carré d’étoffe, ayant appartenu à un enfant, maladroitement marqué des initiales et étiqueté Obsèques de ma Mère.” Alors là, vous voyez, je ne peux même plus applaudir, je reste sans voix... “Cette boîte contenait les larmes de toute une vie de femme”. Que voulez-vous que je dise après ça ? Je pourrais faire du mauvais esprit et dire que ce n’est plus de nos jours de ça arriverait vu que les gens utilisent des saloperies de Kleenex, je pourrais aussi faire une petite pirouette et dire que finalement je n’ai pas tout oublié de cette lecture, oh non pas l'essentiel, et d’ailleurs j'ajoute que s’il y avait une seule chose à retenir de ce roman, je choisirais ça (bon c’est ce que j’ai fait). Sacrée leçon non ?
Voilà, j’ai vraiment bien aimé ce livre au démarrage, vers les trois quart j’avoue que je me suis un peu perdue, c’est devenu plus flou, je me suis embrouillée quelque peu. Peut-être parce que j’étais malade ce week-end ? On s’en fiche, il me reste tout de même une assez forte impression et pas mal de grain à moudre dans ma petite tête.
Je vais m’arrêter là, c’est déjà assez long pour quelqu’un qui n’a soit-disant pas grand chose à dire, je ne voudrais surtout pas vous effrayer ;)
Quatrième de couverture : Chargée de procéder à l’inventaire d’une demeure du New Hampshire, Faye Travers remarque parmi une étonnante collection d’objets indiens du xixe siècle un tambour rituel très singulier. Émue et troublée par cet instrument, elle se prend à l’imaginer doté d’un étrange pouvoir : celui de battre au rythme de la douleur des êtres, comme en écho à la violente passion amoureuse dont il semble perpétuer le souvenir... Avec Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse et La Chorale des maîtres bouchers, Louise Erdrich a imposé son regard insolite et son univers poétique parmi les plus riches talents de la littérature américaine. Une oeuvre qui ne cesse de se renouveler et de surprendre.Une très grande dame des lettres américaines. Lire.Une des rares grandes voix de la littérature américaine à construire un édifice romanesque d’une complexité comparable à celle de Faulkner. Le Point.
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lapsang-lisait · 7 years
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Incandescences, Ron Rash
Une fille de ma connaissance qui passe beaucoup de temps sous sa couette et qui aime plus que bien les nouvelles m’a donné envie de retenter le coup avec ce genre que j’aime habituellement moins que bien. Ouais parce que pour tout vous dire, ça fait bien 30 ans que je dis que j’aime pas sans y regoûter, ça va pas hein ? Allons, je dois me comporter en adulte et en manger au moins un peu avant de dire que j’aime pas. Pareil, les carottes cuites j’ai longtemps dit que j’aimais pas... mouais… bon ben le hic, c’est que même quand je regoûte, j’aime pas (ou alors en purée.) Bref on s’en fiche, je vais le faire j’ai dit (lire des nouvelles hein, pas manger des carottes ^^). Alors voilà, et pour regoûter les nouvelles, j’ai choisi Ron Rash parce que normalement je l’aime, oui je l’aaaaimeeeu, du coup j’ai pensé que oui peut-être pourquoi pas. Hélas - je vais pas faire durer cet insoutenable suspense - ça n’a pas suffit. J’ai pas adhéré. Je devrais peut-être essayer râpées et en salade ? Parce que pour les carottes, ça marche...
Ceci dit, quand même : incandescences, quel joli mot ! C’est comme fumer une cigarette sous le creux d’un rocher en attendant que la pluie cesse en plein cœur d’une forêt silencieuse. Eh oui, je suis poète aujourd’hui mais c’est pour vous faire saisir la manière dont je visualise ce type d’instants fugaces et pourtant intenses où on a parfois la chance de se sentir vivre. Bon évidemment, Ron Rash pensait certainement à autre chose avec ce titre, sans doute à toutes ces vies qui crament dans ces coins paumés quelque part entre désespoir et sinistrose, au fin fond du trou du cul du monde, ces coins où les hommes sont livrés à eux-mêmes pour le meilleur et pour le pire. Plutôt devrais-je dire pour le pire et pour le pire. Ils crament leur vie aussi vite qu’une clope, même que parfois le bout rouge s’envole et tombe dans une flaque. Pschiiit et hop, on n’en parle plus, terminé, éteint, mort, connement. C’est la vie.
Mais c’est trop court. Oui ça a l’air bien comme ça sur le papier, mais voilà c’est trop court. Désolée madame Couette, au risque de me répéter, je reste sur mon idée, les nouvelles c’est peut-être bien mais c’est trop court. J’ai pas le temps de m’attacher avec mon cœur desséché et ma distance terre lune. Et moi pour aimer une histoire j’ai besoin d’aimer les gens qui sont dedans, même si c’est des gros enc**** ou des pauvres types, oui parce que je veux pas dire aimer d’amour forcément, mais il me faut un peu de temps pour m’intéresser à leur sort tout simplement.
Dans la vraie vie c’est pareil, il me faut du temps pour aimer les gens, parce que sinon, à la base, je m’en fous complètement et leur sort m’indiffère. WTF. C’est pas sympa mais c’est comme ça. En lisant ça on est en droit de se poser une question : beaucoup de temps pour aimer est-ce que ça veut dire que je ne crois pas au coup de foudre ? Bonne question. Mais est-ce que le coup de foudre c’est aimer ? Bonne question aussi. Bien entendu je n’en sais rien, mais c’est déjà bien de se poser la question.
Allez savoir pourquoi, ça me fait penser à un chanson de Bénabar que je n’aime pas spécialement (décidément j’aime rien aujourd’hui !) mais dans laquelle il y a une phrase qui me trotte parfois dans la tête et qui colle bien, je trouve, pour parler des nouvelles : « elle caresse l’idée » (d’aller à la piscine dans la chanson). Ici, eh bien on caresse l’idée de lire une histoire, mais à peine effleurée, hop c’est déjà fini, quel dommage ! Et si on voulait encore des caresses ? Ppfff, life is a bitch j’vous dis ! Donc voilà, je crois que profondément, c’est pour cela que je n’aime pas les nouvelles, ça me transporte directement au club des frustrés. Yeah ! Pourtant je vais m’accrocher et essayer encore de caresser l’idée, ma prochaine lecture sera donc un recueil de nouvelles. Disons que c’est l’anti coup de foudre, et peut-être qu’on finira par m’avoir à l’usure. Et j’aimerais ça je crois, c’est si beau l’usure… Vous trouvez pas ? Mais si franchement, tout est encore plus beau quand on est conscient de ses incandescences (signée la grande frustrée un peu maso sur les bords).
Quatrième de couverture : Les douze nouvelles de ce recueil sont des portraits de désespoir rural, des tranches de vie oblitérées par la misère, le manque d'éducation, la drogue. Situées dans le décor sauvage et magnifique des Appalaches, déjà rencontré dans Le Monde à l’endroit et Une terre d’ombre, elles évoluent entre l’époque de la guerre de Sécession et nos jours. Elles décrivent avec une compassion affligée et lucide de pathétiques gestes de survie, une violence quotidienne banalisée par la pauvreté, des enfants sacrifiés par leurs parents au culte de la meth ou des actes meurtriers commis sous couvert de bonnes intentions. Elles parlent aussi de vieux mythes et des croyances qui perdurent dans cette contrée imperméable au progrès et à la modernité. À mi-chemin entre le minimalisme de Raymond Carver et le gothique de William Faulkner, Ron Rash écrit une prose d'une noirceur poétique, laissant par instants entrevoir un éclair d'humanité même chez les êtres les plus endurcis.
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lapsang-lisait · 7 years
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Le châle, Cynthia Ozick
J’ai lu avant celui-ci un livre qui s’appelait le chagrin des vivants dans lequel au bout du compte je n’ai trouvé ni vrai chagrin, ni vrais vivants. Tout juste des ombres de personnages peu crédibles et peu profonds flottant dans un après-guerre vaguement constellé de tranchées et de jambes de bois. De cette lecture j’ai déjà presque tout oublié - reste le titre. Plutôt joli, plutôt percutant, mais tellement peu adapté. C’est dommage, il faudrait peut-être faire quelque chose avec ce titre. Et si je le donnais à ce livre là ? Parce que c’est vrai que le châle de Cynthia Ozick est capable de recouvrir pas mal de choses. Indéniablement. Mais le chagrin ? Les vivants ? On pourrait croire que ça colle hein ? Bah zut non en fait,  j’ai beau retourner le problème dans ma tête, je crois que ça ne va pas aller non plus… Ah bon ? Quoi mais pourquoi ? Du chagrin on en a pourtant en veux-tu en voilà dans ces pages n’est-ce pas ? Une mère dont on tue l’enfant, pensez-vous, si c’est pas du chagrin ça, et bien sûr, le camp de concentration n’en parlons même pas. Une abomination. Forcément du chagrin donc. Et pis des vivants, il y a bien des vivants dans cette histoire non ? Rosa est vivante, Stella est vivante. Oui je sais mais oui mais non. Pour le chagrin déjà ça va pas, le mot est trop faible, ici on est au-delà du chagrin, il n’y a pas de mots pour dire où on est d’ailleurs, mais cela se situe bien au-delà croyez-moi. Inqualifiable, indicible, ça c’est des mots, mais est-ce que ça suffit ? Est-ce que ça peut dire tout ce qu’il faudrait dire ? Pas sûr. Ensuite, concernant les vivants, ben pareil, on ne va pas pouvoir dire ça, parce que tout simplement on est très très au-delà du vivant. En effet, ici on n’a pas de vivants mais des survivants. Et le truc, c’est qu’il ne faut surtout pas croire que survivre c’est vivre, ne pas présumer que les survivants sont des vivants. Même rien qu’à regarder les synonymes on se rend compte que ça va pas, indemne, qui est indemne ici ? miraculé ? quelqu’un a vu un miracle ? sain et sauf, tiré d’affaire ? sans déconner on n’y croit pas cinq minutes. Non définitivement, survivre ce n’est plus vivre.
Alors voilà, on va garder le titre de Cynthia Ozick et basta. C’est vrai puisqu’au final elle ne nous parle ni de chagrin ni de vivants, de quoi peut-elle bien nous parler ? Bonne question. Le châle, un châle… Mais oui bien sûr, de mode, elle parle de mode, quoi d’autre ? Le châle, un accessoire fantastique - quasi magique-  qui permet de rester vivant, il réchauffe bien sûr, il cache et dissimule ce que l’on veut protéger, il peut même nourrir si on le suce à la place du sein maternel desséché, il délivre un jus composé de rien si ce n’est de particules d’illusion et d’espérance. Mais ce châle est aussi un linceul,  une créature tentaculaire qui a envahi l’esprit de Rosa la séparant du monde des vivants sans toutefois lui permettre de rejoindre celui des disparus, il la maintient dans son rôle de survivante, le seul qu’on lui concède dans cette société dégénérée. D'autres accessoires vestimentaires vont s’en mêler au fil des pages. Survivante. Stella lui offre une robe. Rayée. Des rayures pour une réchappée des camps ? Vraiment ? Survivante mais élégante. Elle flotte Rosa, elle flotte dans son entre-monde, elle flotte et elle sème des morceaux de tissus comme un tragique Petit Poucet, une culotte par ci, ses bonnes chaussures par là, et puis cette robe rayée. Survivante. Rosa ne peut pas oublier, c’est son drame. Les autres ont déjà oublié, elle n’est plus qu’une survivante. Pas une personne, pas un être humain. Elle est une survivante et elle n’a pas le droit d’être autre chose.
Mais heureusement, un beau jour de lessive, par un accroc du châle, un petit yiddish se faufile et vient à rencontre de Rosa. Fabricant de bouton c’est son métier -humour yiddish ça, typique - un bouton pour réparer le châle. Persky, c’est son nom, est un charmant vieux schnock et il est surtout le seul qui voit en Rosa juste une femme, pas une survivante. Il va essayer de la ramener sur le sunny side of the street. Pas facile, mais après tout ça se passe à Miami et du soleil, y’en a par là-bas alors faudra voir… J’ai beaucoup aimé ce vieux polak, j’adore sa façon de parler et il m’a rappelé de bons souvenirs, mais stop ça suffit maintenant, il est temps pour moi de rabattre le châle sur cette histoire.
Quatrième de couverture : Dans un camp de concentration, Rosa cache Magda, son bébé, dans les plis d'un châle. Mais une jeune fille de quatorze ans, rongée par le froid, s'empare du châle qui dissimule l'enfant. Alors survient l'innommable: un nazi découvre le bébé et le jette contre les barbelés électrifiés du camp. Trente ans plus tard, on retrouve Rosa à Miami. Sa fureur et sa mémoire sont intactes. Jusqu'au jour où un paquet arrive par la poste. C'est le châle. La sobriété de ce récit et son souffle font du souvenir de Rosa un hymne à l'amour au cœur de l'enfer. Le châle, qui a gardé “ le goût d'amande et de cannelle de la salive de Magda ”, est un rempart contre l'oubli, un appel adressé à chacun de nous pour que demeurent vivantes nos mémoires.
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lapsang-lisait · 7 years
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Le chagrin des vivants, Anna Hope
Ah lala, la guerre quelle saloperie…Eh bien non, je ne vais pas débuter mon billet comme ça, désolée, ce livre ne m’a pas fait assez d’effet, mais alors pas du tout. Je vais plutôt commencer par une question que je me pose à son sujet : aurai-je lu le meilleur livre de l’année sans m’en rendre compte ? Suis-je passée à côté de quelque chose ? J’ai un truc qui cloche ou quoi ? Nan mais vraiment, je m’interroge parce que je n’ai jamais eu autant de succès avec une photo postée au début d’une lecture. Fallait voir ça, ça clignotait comme à Las Vegas (yeah baby ^^), j’aime j’aime j’aime et j’aime, Oh my god ! Ça m’a foutu une de ces pressions, sans déconner faut pas faire ça, c’est mal ! Du coup je me suis concentrée à mort, peur de louper un truc, LE truc vous voyez, ce truc qui donne un coup au cœur ou ailleurs, mais ce truc qui fait mouche. J’ai lu, je me suis concentrée, j’ai lu, je me suis concentrée, j’ai lu … j’ai presque chopé une migraine mais je dois maintenant le dire, je n’ai rien vu. Calme plat à base de boules de paille qui roulent et traversent les rues désertes, ça y est, tout le monde visualise ? Ben non en fait, même pas ça, ça colle pas avec le sujet (pour ramener ma science ça s’appelle des virevoltants ces machins, tumbleweed en anglais - je le savais pas de naissance non plus hein, mais j’ai fais des recherches une fois pour un autre billet où pour le coup c’était approprié). Bref. Je ne m’explique pas cet emballement général, ou alors si, je vois bien une explication mais je suis un peu gênée de vous la donner, ça fait un peu frime quoi. Bon tant pis, je balance : l’explication serait mon talent de photographe. Eh ouais, je vous avais prévenu, c’est pas la modestie qui m’étouffe, mais en fait je pense que c’est la photo qui a tapé dans l’œil des gens, c’est forcément ça, pas le livre qui est dessus, nan, la photo, sa composition, sa lumière, ses couleurs, l’émotion qui s’en dégage (l’odeur du café dans la tasse ?)… Mouah ah ah ! Comme j’me la pète.
Bon allez stop, ça suffit, trêve de plaisanterie, j’arrête de meubler et je dis ce que je pense. Je pense que ce livre est plutôt gentillet, je pense que c’est une jolie petite bleuette sur fond de première guerre mondiale, je pense que ça reste assez superficiel et que contrairement à ce que j’ai pu lire ci et là, ça ne fait pas mal là où il faudrait, au final je pense que le roman s’adresse à un type de public dont je ne fais pas partie, tout simplement. Mais a contrario, je pense aussi que c’est plutôt bien construit (un peu scolaire peut-être mais qui suis-je pour dire ça ?), c’est très fluide et on arrive au bout sans trop d’effort (sauf bien sûr si on se concentre pour chercher un truc qui n’existe pas hein !), et enfin je pense qu’on a fait beaucoup de bruit pour pas grand chose à ce sujet mais qu’il en faut pour tous les goûts.
Par contre, ça m’a furieusement donné envie de relire Le chemin des âmes de Joseph Boyden, un vrai livre du type “la guerre, cette saloperie” pour le coup, beau à pleurer, qui nous plonge le nez dans la boue sanguinolente des tranchées, nous fait sentir à nous rendre malade l’odeur de poudre et de chair brûlée, nous explose le crâne à coups de canon, un livre qu’on referme juste pour courir regarder Dead Man et se laisser dériver dans un canoë flottant sur les eaux hallucinées de l’entre vie et mort…
Bon ben voilà, je n’ai pas de chagrin pour les vivants mais ce n’est pas de leur faute, c’est juste que, moi, j’aime être empoignée un peu plus fort que ça.
Quatrième de couverture : Durant les premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d’hommage. À Londres, trois femmes vivent ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d’hommes mutiques, rongés par les horreurs vécues, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s’apaisent.
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lapsang-lisait · 7 years
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Seules les bêtes, Colin Niel
Alors ce livre, ça dépend dans quel sens tu l’attrapes. Tu le prends par derrière, ça fait tilt, avec moi c'est sûr c'est assez simple, rien que de voir le mot “causse”, je fonce. J’aime bien aussi le ciel qui écrase les vivants, la montagne sauvage, les naufragés de la solitude et la misère dans le cœur de l’homme. De la perspective hein ! Après, tu le retournes et tu le prends par devant, ben là, ch’sais pas, ça donne tout de suite moins envie, une vraie couverture WTF. C’est quoi cet espèce de minot sapé pour le 14 juillet ? Et puis franchement, ça ne colle pas du tout avec le titre… Mais bon, tant pis, maintenant que j’ai le livre, j’y vais, et puis zut, WTF.
De toutes manières j’ai dit dernièrement que j’avais envie d’avoir les godasses solidement plantées dans la terre, quitte à surfer sur de la bouse, alors j’allais certainement pas me débiner pour un si futile prétexte face à ce troupeau d’Aubrac qui m’attendait là-bas, quelque part sur le plateau. A propos de plateau, c’est justement parce que j’espérais retrouver dans ce roman l’ambiance qui m’avait ensorcelée dans ceux de Franck Bouysse, Grossir le ciel ou Plateau, que j’ai entrepris cette lecture. Je voulais du rural, du bouseux, du crottin, du taiseux, du paumé et aussi, je voulais du noir, du bon vieux noir caca d’oie, et une bonne dose encore s’il vous plaît ! Du coup, puisque j’en parle, je balance tout de suite : j’ai pas été servie à hauteur de mes espérances et dans le jeu des sept familles si Franck Bouysse est le père, Colin Niel est le fils, encore un peu jeune. Après, c’est pas que je n’ai pas aimé le livre, non pas du tout, y’a du bon, je pose juste quelques petites réserves. Niveau bouse et crottin, check, servie. Niveau noir et désespérant, check, servie. Et pour être honnête, il me faut ajouter niveau intrigue et surprise, check, servie.
Ça se passe dans le genre de coin où on se déteste depuis des générations sans plus vraiment savoir pour quelle raison. Le grand père de l’un a détourné un cours d’eau vers sa propriété pour abreuver ses bêtes ? Ou alors l’arrière grand-père de l’autre empiétait sans vergogne sur la parcelle des voisins ? On ne sait plus trop bien pourquoi donc mais c’est la règle, on peut pas se blairer et après-tout, WTF ? De toutes manières y’a que ça à foutre.
Le genre de coin aussi où les hommes sont si seuls qu’il faudrait tous les inscrire à l’Amour est dans le pré, ils sont si seuls qu’ils deviennent fous parfois et on les comprend. Enfin dans une certaine mesure, parce que si ta seule issue pour avoir une femme c’est d’adopter un cadavre, on entre tout de suite dans une autre dimension de l’amour, j’dis ça, j’dis rien… Désespoir absolu, moi celui qui m’a le plus foutu les boules dans ce bouquin c’est le père Coudat, “Un vieil homme pour qui le mot célibataire avait un sens tout particulier. Toute sa vie il l’avait déroulée seul avec son cheptel bovin et à sa mort, il savait qu’il n’y aurait plus personne pour prendre la suite. Il avait renoncé même à s’en préoccuper, sa ferme allait partir en morceaux, c’était inévitable. C’était un vieillard attachant, plein de mélancolie, qui parfois me parlait de son célibat, qui m’avait avoué n’avoir connu aucune femme. Jamais je n’oublierai ces paroles poignantes qu’un jour il avait prononcées à demi-voix, peu après ses quatre-vingt ans. C’est dommage, c’est tellement dommage, disait-il. Et enfoncé dans son fauteuil aussi vieux que lui, lui qui toujours avait veillé à se préserver, à rester digne comme le font les gens d’ici, il s’était mis à pleurer.” Mais bordel, moi aussi je chiale quand je lis ça ! Mélancolie ? Dommage ? Putain les euphémismes… Rester digne, pffff mais bordel c’est quoi c’te vie ? Quatre-vingt ans ? Je défaille. Comme dirait Alice chez Lewis Caroll : How long is forever ? Et je réponds à la place du lapin blanc : Mais c’est beaucoup trop long ma jolie, beaucoup trop long…
Bon voilà, ça pose le décor je pense. Après ça, y’a plus qu’à la fermer.
Donc bon oui, c’est bien le genre de livre que je pensais trouver. Et même qu’à ce stade ça devient carrément ridicule de parler de mes petites réserves à la mords-moi le nœud, ben ouais quoi, moi aussi je sais rester digne. Y’a des trucs qui me clouent le bec, merci père Coudat.
Quatrième de couverture : Une femme a disparu. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste et que l’hiver impose sa loi, plusieurs personnes se savent pourtant liées à cette disparition. Tour à tour, elles prennent la parole et chacune a son secret, presque aussi précieux que sa propre vie. Et si le chemin qui mène à la vérité manque autant d’oxygène que les hauteurs du ciel qui ici écrase les vivants, c’est que cette histoire a commencé loin, bien loin de cette montagne sauvage où l’on est séparé de tout, sur un autre continent où les désirs d’ici battent la chamade.Avec ce roman choral, Colin Niel orchestre un récit saisissant dans une campagne où le monde n’arrive que par rêves interposés. Sur le causse, cette immense île plate où tiennent quelques naufragés, il y a bien des endroits où dissimuler une femme, vivante ou morte, et plus d’une misère dans le cœur des hommes.
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lapsang-lisait · 7 years
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La femme qui attendait, Andreï Makine
La femme qui attendait, c’est moi, ou plutôt, c’était moi. Parce que j’ai pas attendu bien longtemps au final avant de craquer sur ce livre. J’ai été tellement emportée par son Archipel d’une autre vie (où un petit bout de moi est resté prisonnier dans la glace) et que j’avais envie de retrouver Andreï Makine sans plus tarder. Normalement j’attends un peu entre deux livres du même auteur mais parfois c’est bien de changer ses habitudes.
Makine, Makine, mais qu’est ce que j’aime donc tant chez lui ? Je l’aime parce que c’est un prêtre du silence. Je l’aime parce que c’est un peintre de l’éphémère. Je l’aime parce que c’est un magicien de la lumière. Voilà, pourquoi je l’aime. Ça peut sembler excessif tout ça, j’admets que c’est pas trop mon style habituel ce genre de déclarations mais puisque je sais pourquoi je l’aime, autant le dire, non ? Parfois on ne sait pas pourquoi on aime, là c’est plus compliqué, donc pour une fois que c’est simple, j’en profite. En fait, Makine a su parler à mon “âme slave”, cette chose mystérieuse qui peut rester tapie dans l’ombre pendant des années et resurgir d’un coup pour se répandre dans toutes les fibres de l’être (voire du néant si jamais on a un trou dans son être). Et l’âme slave, c’est quoi ? C’est ce qui peut te faire pleurer juste en entendant un violon, ce qui fait que tu sais sans l’ombre d’un doute que les plus désespérés sont les chants les plus beaux (et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots comme le dit si bien Musset qui n’est pas slave mais vraiment romantique ce qui parfois revient au même), dans un autre registre c’est aussi ce qui fait que tu sais quand tu veux boire beaucoup de vodka que c’est bien de manger quelques śledzie entre deux verres, ce qui fait qu’un de tes rêves ultimes c’est de te retirer dans ta petite isba à moitié ensevelie sous la neige avec un samovar plein de thé et une cargaison de livres. Bref, y’a des détails qui ne trompent pas ;)
Moi je dis slave parce que je suis demi-polonaise, y’en a d’autres qui parlent d’âme russe mais je ne suis pas d’accord : c’est pas parce que la Russie est si grande qu’elle a le monopole de l’âme. Alors pour ce livre, ok on va dire russe car La femme qui attendait attendait en Russie. A Mirnoïé, sur les bords de la mer Blanche plus précisément. Rien que ce nom, Mirnoïé, ça me fait triper, pas vous ? C’est tellement beau, je n’ai pas réussi à savoir si ça existait vraiment ou non, dommage, tant pis, un jour j’irai me perdre (ou attendre moi aussi ? va savoir...) auprès des mers du Grand Nord Russe, pourquoi pas du côté des îles Solovski…
Donc voilà, maintenant que les choses sont posées, parlons peu, mais parlons bien. Moi aussi j’ai envie de me plonger dans la lente transfusion des froissements et des silences, moi aussi je veux entendre la glace se rompre avec une sonorité de clavecin et son écho se fondre dans la luminosité de l’air en se mêlant à la plainte répétée d’un loriot, à la senteur d’un feu de bois, une odeur d’écorce brûlée dans la fraîcheur amère des joncs et de l’argile humide de la berge ; moi aussi - dans le silence décanté de minuit - j’ai envie d’entendre se détacher un bruit mat, le claquement d’une porte au loin (une porte, sa porte, ta porte…), je veux voir comment la lune embusquée sous un bleu laiteux fige les maisons et les arbres dans un guet soupçonneux, phosphorescent…(rhâââ oui je veux je veux je veux !!)
ChuUuut maintenant il faut parler tout bas… Ça y est ? Vous y êtes ? Moi j’y suis tellement que je n’en reviens pas… “La beauté de cet instant allait tout simplement devenir notre vie” … putain mais c’est à quel moment que je me mets à chialer ? Mais là, maintenant, tout de suite, pourquoi attendre, Makine m’a tué. Ce mec est celui sur terre qui sait le mieux me faire comprendre le sens du mot “décantation” (et ça fait deux fois qu’il me fait le coup, comment on se remet de ça ? Ben c’est simple, on ne s’en remet pas.)
Donc dans ce livre, il y a tout ça, cette immersion profonde et totale dans ces paysage, dans cette nuit tiède, ce répit avant le déferlement de l’hiver. Il y a tout ça (et c’est déjà beaucoup) et il y a aussi Véra. Alors là, comment dire ? J’ai adoré le personnage de cette femme qui attend, elle a percuté un truc quelque part, Véra c’est moi. Je connais déjà le sens du mot attendre, je peux même dire que je sais apprécier le charme douloureux de l’attente, j’aime quand ce n’est pas facile à aimer, c’est mystique, irrationnel, ça respire la fatalité et la nostalgie, la démesure et l'abattement. On n’a pas le choix parfois, il faut être jusqu'au-boutiste dans son entêtement … et advienne que pourra ! Attendre ça vient d’un mot latin qui veut dire “prêter attention” et je trouve que c’est très juste, quand on attend finalement on a le temps de prêter attention à tout un tas de petites choses qui passeraient inaperçues autrement et qui finalement sont peut-être les plus essentielles (les frôlements, les craquements, les petites lueurs, les odeurs diffuses, toutes ces petites émanations de la vie…)
...Nan mais quelle poète je suis hein !?! Sérieux, je m’épate, mais c’est parce que dans le fond, je reste persuadée d’un truc : c’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. C’est pas Makine qui le dit mais Edmond Rostand et ça ne change rien, ce que j’aime c’est ce concept d’espoir dans le désespoir, l’espoir que l’attente ne sera pas vaine. D'ailleurs il vaut mieux se dire ça, parce que sinon, bah sinon... c'est vraiment les grosses boules.
Je resterai donc encore la femme qui attend.
Quatrième de couverture : Véra est l'un de ces êtres que Dostoïevski appelait «héros de l'extrême frontière». Engagés à corps perdu dans leur quête spirituelle ou amoureuse, ils se débattent à la limite de la folie mais aussi de la vérité souveraine. Celle, charnelle et cosmique, qui exprime le dense mystère de leur vie, si humble d'apparence.La folie de Véra est d'attendre l'homme qu'elle aime, de refuser l'oubli, d'arracher à la solitude les âmes abandonnées par ceux qui préfèrent oublier. Mais surtout de garder l'espérance. Malgré tout.De la rencontre avec cette héroïne de «l'extrême frontière», nous sortirons transfigurés, illuminés par l'intensité de son amour, de sa foi.
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lapsang-lisait · 7 years
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Les Malaquias, Andréa Del Fuego
Il y a un an, il y a un siècle, il y a une éternité, quand j’étais gamine, c’était l’été indien et avec mes parents on allait au Lac de Sainte Croix sur le Verdon. Là, on pouvait se baigner, on louait un pédalo, bref ce genre de trucs qu’on faisait en vacances, mais moi j’étais obsédée par une chose : le village des Salles-sur-Verdon qui avait été englouti sous les eaux à la création du lac dans les années 70 (à l’époque c’était tout frais, eh ouais ch’suis plus toute jeune). Mes parents m’avaient raconté l’histoire et ça me trottait tellement dans la tête que j’avais grave les chocottes d’aller dans l’eau, et même quand on avait un pédalo avec toboggan c’était no way pour que je m’y risque. Je pensais à toutes ces maisons là-dessous avec peut-être des gens dedans - même si on me disait que non bien sûr, tout le monde avait été évacué, même les morts avaient été transférés dans un nouveau cimetière… mouais, à d’autres. Dans le même esprit, lorsque je suis venue m’installer dans l’Hérault il y a un an, un siècle, une éternité, c’était l’été indien aussi, j’ai découvert le Lac du Salagou, un de mes endroits préférés dans le coin, un lac de retenue comme celui de Sainte-Croix, et un lac avec aussi son village fantôme. Sauf que lui, il n’est pas englouti, non, le village de Celles a été exproprié lors de la mise en eau du barrage à la fin des années 60 car à terme il devait être englouti, mais ce n’est jamais arrivé. Depuis il est déserté, abandonné, à moitié en ruine, et j’adore m’y promener, c’est un peu mon petit Pompéi local sauvé des eaux (oui je suis fascinée aussi par ces villages recouverts des cendres du Vésuve, englouti, enseveli, même combat…).
Ça fait bien longtemps donc que j’ai un faible pour l’été indien et un attrait irrationnel pour les mondes engloutis. Qui a-t-il sous la surface des choses ? C’est entre autres pour ça que j’ai voulu étudier l’archéologie (pareil, il y a un an, un siècle, une éternité…) mais ça c’est une autre histoire.
Oui parce que bon, c’est bien joli tout ça, mais quel rapport avec les Malaquias ? C’est vrai quoi, je suis là à blablater sur ma vie, alors qu’on ne m’a rien demandé. Mais j’y viens, pas d’impatience.
J’ai raconté tout ça parce que c’est une chose qui m’a tout de suite parlé dans ce livre, cette histoire d’engloutissement de village, de dissolution trouble du passé. Ici aussi il y a quelque chose dans les couches du dessous et il y a une grande puissance d’évocation dans l’écriture d’Andréa Del Fuego… “Andréa Du Feu”, un nom qu’on pourrait croire mystico-prédestiné pour écrire sur la noyade, vous ne trouvez pas ? Moi je trouve que ça annonce tout de suite la couleur, on sait qu’on va rentrer dans une histoire spéciale et on se doute (en tout cas on devrait le faire) qu’il va falloir mettre de côté sa rationalité avant de s’engager sur le chemin de la Serra Morena. Vous avez compris ? Prenez une dose de champi ou croquez le ver du mezcal parce qu’il va vous falloir un open mind pour apprécier cette lecture et vous mettre à croire aux miracles.
D’ailleurs justement, j’avoue que j’ai eu un peu peur au début car depuis quelques temps - et de plus en plus - j’aime avoir mes deux pieds fermement plantés sur la terre, voire aspirés par la boue pour être sûre de ne pas décoller. Je m’en tiens à la crudité du réel, j'essaie d’éviter les échappées oniriques parce que tout simplement en ce moment j’ai besoin de tenir mon esprit en laisse. N’importe comment, les résolutions les principes les préjugés les ‘je pensais que’ les ‘c’est pas pour moi’, tout ça, parfois, on prend un grand pied à passer outre et on se retrouve embarqué mine de rien dans un truc complètement ésotérique sans même avoir le temps de protester pour la forme. Alors oui c'est vrai, normalement, je n’aurai pas dû trop aimer ce livre, vade retro satanas, mais au final, va savoir pourquoi, j’ai pas réussi à le poser avant d’en avoir fini. Peut-être à cause justement de cette histoire d’engloutissement (ennoiement, j’adore ce mot), qui sait ? Beaucoup aussi sans doute grâce au côté très visuel de l’écriture qui parvient à faire voyager assez loin même les personnes qui tentent de s’accrocher au quai avec des amarres en titane. “Avant le lever du jour, l’eau avait modifié le toucher des choses”.
Alors voilà, avec les Malaquias (supra biblique ce nom d’ailleurs, comme si c’était pas déjà assez vaudou par ailleurs, on nous rajoute un p’tit coup de prophète pour bien nous rappeler que les péchés seront fatalement punis un jour - eh ouais bande de nains, vous pensiez vous en tirer comme ça ?), les Malaquias donc (ça y est je m’égare) sont là pour nous rappeler que plusieurs mondes peuvent exister en parallèle, que le temps n’est pas une ligne droite et que les frontières sont parfois poreuses entre tous ces concepts philosophico-scientifiques - même que d'ailleurs, au final, c’est pas plus mal.
À propos de final, j’ai vraiment beaucoup aimé la fin du roman où après cette grande ascension/descente/dissolution/évaporation on retombe (je trouve) dans quelque chose de bien réel et auquel je crois dur comme fer, à savoir la bitchitude de la vie. “En eau trouble, les substances ne se voient pas”, avec cette dernière scène me voilà comme un poisson dans l’eau, dans mon élément, les rendez-vous manqués, les malédictions, les ‘à deux secondes près’, les coups du destin, j’ai frémi de voir ces Malaquias pourtant si près du but, si proches, à deux doigts de se toucher, se perdre pour de bon juste comme ça, juste parce que c’est le hasard, juste parce que c’est la vie. Merveilleux.
Bon cette fois je dois vraiment vous laisser, j’ai mon tibia qui me démange, il faut que je trouve quel fantôme s’amuse à me torturer de la sorte afin de m’en libérer en l’attirant dans une grotte à double fond… Adeus meus amigos e cuidar de você…
Quatrième de couverture : Nuit d'orage dans la Serra Morena - la « montagne impraticable » du Brésil. La foudre s'abat sur une maison, ne laissant aucune chance au couple endormi. Leurs trois enfants, en revanche, survivent. L'aîné est embauché dans l'exploitation de café voisine. La fille est adoptée par une riche Arabe de Rio de Janeiro. Pour le benjamin, les difficultés ne font que commencer : se révélant atteint de nanisme, il ne quittera jamais l'orphelinat tenu par des religieuses françaises. Une fois adulte, la fratrie va chercher à se retrouver. Leurs vies se construisent, se croisent et se chevauchent, bousculées par l'évolution du pays. Dans la Serra Morena, morts et vivants cheminent ensemble, magie et réalité composent l'une avec l'autre. Un roman profondément humain et poétique, lauréat du prix José Saramago. « Une prose parmi les plus excitantes. » Express«Avec ce premier roman, la littérature brésilienne contemporaine prouve qu'elle peut être extraordinairement ­animée, magistralement écrite et parmi les meilleures au monde. Un livre pétillant et plein de vitalité. » Neue Zürcher Zeitung
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lapsang-lisait · 7 years
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La succession, Jean-Paul Dubois
Hérédité, succession. Rien que de les lire, voici des mots qui pèsent sur les épaules, qui plombent l'ambiance direct, même l'air devient matière et se bloque quelque part au niveau de la gorge. Vous voyez ce que je veux dire ? Moi je vois très bien. Bon après c'est sûr, ça dépend dans quels chaussons il va falloir rentrer, y’en a pour qui c'est nettement plus facile… Pour les autres… ben pour les autres… Une question : pourquoi on ne peut pas tout simplement naître les mains dans les poches, voyager à vide et s'envoler léger, pareil, les mains dans les poches et fingers in the nose ? Ben parce que. Voilà, désolée, je n'ai pas de meilleure réponse en rayon, va falloir faire avec. S'envoler d'ailleurs c'est de circonstance à propos de ce livre dans lequel nous assistons - impuissants - à plusieurs décollages, avec ou sans scotch. Ce mot pouvant être compris de différentes manières je vais laisser chacun choisir son camp entre la boisson ambrée ou le ruban adhésif (moi j'ai choisi, de toutes manières je préfère la patafix, si possible dans sa version blanche, ça laisse les murs propres).
Paul Katrakilis (le type dans le livre) est super bien servi niveau hérédité, au poker il pourrait tenter le carré d'as voire la quinte royale - et sans bluffer en plus. Comme quoi, même avec de supers cartes en main on n'a pas l'assurance de gagner. Ou alors ça laisse songeur en ce qui concerne le lot. N'importe comment Paul ne joue pas au poker mais à la cesta punta. Ouais c'est bon, baissez-moi ces sourcils interrogateurs, moi non plus je n'avais jamais entendu ce nom avant (ô inculte que je suis). Ça a à voir avec la pelote basque (et tout le monde sait que les basques parlent bizarrement hein ^^). Mais pas de panique, même si on n'est pas spécialiste, on arrive à suivre, c'est technique juste ce qu'il faut pour donner envie de s'intéresser au sujet. D'ailleurs un jour j'irai au Pays Basque - plusieurs jours même j'espère - et j'irai voir de quoi il retourne. Bref on s'en fiche, ce n'est pas le sujet. Ce Paul donc, au lieu de jouer au poker où il aurait pu gagner (ou pas, en même temps life is a bitch ne l'oublions pas) essaye de rompre avec l'hérédité en se défonçant avec un gant en osier dans un jaï-alaï (allez jeter un œil sur wiki pour visualiser le truc, ça aide). Et pendant un moment, ça marche. Pendant quatre ans il parvient à tromper l'ennemi et à vivre une vie de son choix. Pas forcément de rêve, mais de son choix, ce qui est le plus important au final. Quatre ans. Eh oui, c'est court (mais en même temps c'est mieux que rien non, j'ai envie de dire avec cet indécrottable optimisme qui me caractérise). Et après ? Ben après il est rattrapé par la patrouille… Vous vous imaginiez quoi ? Hérédité et succession, on y revient toujours.
Donc voilà, la succession, c'est du lourd. Mais on était prévenu, il suffisait de lire le titre. Ce n'est pas une raison cependant pour s'arrêter au titre, vous pouvez lire le livre quand même, car Jean-Paul Dubois a beaucoup d'élégance dans son spleen et un cynisme à la hauteur de l'existentielle question de la vie. Belle construction dans la déconstruction en plus, force est de le reconnaître, j'ai bien fait de miser et maintenant je vous laisse, les jeux sont faits... (promis la prochaine fois j'utilise des termes de pelote basque mais faut d'abord que j'aille y faire un tour)
Quatrième de couverture : Paul Katrakilis vit à Miami depuis quelques années. Jamais il n’a connu un tel bonheur. Pourtant, il se sent toujours inadapté au monde. Même la cesta punta, ce sport dont la beauté le transporte et qu’il pratique en professionnel, ne parvient plus à chasser le poids qui pèse sur ses épaules. Quand le consulat de France l’appelle pour lui annoncer la mort de son père, il se décide enfin à affronter le souvenir d’une famille qu’il a tenté en vain de laisser derrière lui. Car les Katrakilis n’ont rien de banal: le grand-père, Spyridon, médecin de Staline, a fui autrefois l’URSS avec dans ses bagages une lamelle du cerveau du dictateur; le père, Adrian, médecin lui aussi, est un homme étrange, apparemment insensible; la mère, Anna, et son propre frère ont vécu comme mari et femme dans la grande maison commune. C’est toute une dynastie qui semble, d’une manière ou d’une autre, vouée passionnément à sa propre extinction. Paul doit maintenant rentrer en France pour vider la demeure. Lorsqu’il tombe sur deux carnets noirs tenus secrètement par son père, il comprend enfin quel sens donner à son héritage. Avec La Succession, Jean-Paul Dubois nous livre une histoire déchirante où l’évocation nostalgique du bonheur se mêle à la tristesse de la perte. On y retrouve intacts son élégance, son goût pour l’absurde et quelques-unes de ses obsessions.
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lapsang-lisait · 7 years
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Les étoiles s’éteignent à l’aube, Richard Wagamese
« Dis papa, comment on fait pour devenir indien ?» Avec ses racines indiennes et son sang mêlé, le jeune Franklin serait en droit de poser cette question à son père. Sauf que, pas de bol, son père aussi a le sang mêlé, 90% gnôle et 10% globules rouges. Ça ne lui laisse pas beaucoup de marges de manœuvres pour donner des leçons. Et puis des leçons de quoi d’abord ? Avec la vie foireuse qu’il a eu pratiquement de A jusqu’à Z, on ne voit pas trop ce qu’il pourrait apprendre à son fils (même si je pense qu’il y a toujours quelque chose à apprendre, y compris des vies désespérément foireuses, c’est ce que nous allons découvrir avec Eldon)…
Quoi qu’il en soit, Franklin ne va pas se laisser démonter,  il a l’habitude de regarder la réalité en face et, le monde étant ce qu’il est (à savoir complètement à l’envers dans cette histoire), il fait ce qu’il a à faire et c’est lui qui va donner des leçons à son père. Mais attention hein ! pas des leçons du genre donneur de leçons, pas des leçons de morale façon petit con qui connait tout de la vie et qui se la ramène. Non absolument pas. Ainsi, dans ce monde à l’envers, c’est le fils qui va apprendre au père - pas seulement à devenir un indien - mais à devenir un homme aussi. Eh ouais, rien que ça...
Comment est-ce possible ? On peut se le demander parce que Franklin aussi a des manques, des failles (on peut même dire des crevasses tellement c’est profond parfois) sauf que lui, au lieu de chercher à les remplir avec de l’alcool (ceux qui ont essayé savent bien que l’alcool s’échappe toujours par les fissures et qu’on se retrouve tout aussi vide à la fin), il colmate les brèches avec les symphonies du vent sur les crêtes, les cris stridents des faucons et des aigles, les grognements des grizzlis, les hurlements des loups et la lumière impassible de la lune. Et vous savez quoi ? On dirait bien que ça marche. Lucidité et sagesse, écoute et respect de la nature, Franklin est une vieille âme dans un corps adolescent, et il va finir par comprendre qu’en réalité, un père, il en a eu un, et le meilleur possible.
Seulement la route est longue pour comprendre et accepter cela. Longue et douloureuse. Le père et le fils s’enfoncent vers l’Ouest, en direction d’une montagne sur laquelle on enterrait jadis les guerriers indiens. Assis. Voilà qui va être difficile pour Eldon qui ne tient même plus en selle sauf attaché avec une corde mais Franklin est là et il saura porter son père vers une mort digne. Au fur et à mesure de leur lente chevauchée les deux hommes apprendront à se connaître. Eldon aura la chance d’avoir un fils qui lui apprendra à se tenir debout avant de mourir, il va pouvoir cesser de fuir et, en échange, il lui offrira son histoire, ce qu’il n’a jamais raconté à personne, ce qui a fait de lui ce qu’il est devenu. Bien sûr, cela ne comblera pas les manques et les absences de toute une enfance, mais Franklin sait qu’il faut se contenter de ce qu’il est possible d’avoir. La vie, c’est comme ça, chacun fait ce qu’il peut, il faut simplement l’accepter, ne pas juger et même parfois, pardonner.
Oh mais… je parle je parle et me voici arrivée au sommet de la montagne... C’est bientôt la fin, mais avant il faut que je vous dise que ce livre est très beau (aussi bien dedans que dehors d’ailleurs) et si vous vous demandez ce que c’est que d’être un père, que d’être un fils, que d’être un homme voire un mec bien, si vous aimez les grands espaces et les petits riens qui peuvent faire la beauté d’une journée (ou d’une vie), eh bien lisez ce livre. Il y aurait encore tellement de choses à dire, mais je vais m’arrêter là, parfois il faut juste savoir se taire et attendre en silence la fin de la nuit, les yeux fixés sur l’horizon. ...Vous verrez, les étoiles s’éteignent à l’aube, et c’est bien dans l’ordre des choses...
Quatrième de couverture : Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.
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lapsang-lisait · 7 years
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Le vin de la colère divine,  Kenneth Cook
D’habitude, pour les livres de ce genre, je commence mes billets par un truc du style “La guerre, cette saloperie dont on ne revient jamais, ou pas tout à fait… blablabla... où on perd toujours quelque chose, sa vie, son âme, sa raison...” Bref vous voyez le topo. Allons, une fois n’est pas coutume, je vais changer (même si évidemment je reste totalement d’accord avec l’idée sous-jacente : la guerre, c’est de la m****).
Cette fois je vais commencer par Kenneth. C’est vrai, qui est ce Kenneth ? Avant ça, je n’avais jamais lu aucun ouvrage de cet australien spécialiste de la faune de son pays, koala, wombat et autres kangourous ivres. J’ai toujours été méfiante en raison des mots comme “humour” ou “loufoquerie” qui reviennent un peu trop souvent à mon goût lorsqu’on évoque ses livres. Ouais parce que moi, j’aime pas ça, je n’ai aucun humour et le loufoque me donne la migraine, voilà, ça, c’est dit ! Donc bon, j’en ai jamais lu... Toutefois, lorsque j’ai vu ce petit vin de la colère divine dans la cabane aux livres de l’Orangerie (à Strasbourg) et que j’ai vu au dos qu’il n’était nullement question de rigolade mais plutôt d’apocalypse et de cataclysme, je me suis dis “tiens, mais ça, c’est mon Kenneth” et hop, j’ai embarqué le livre. D’ailleurs ça ne m’a pas froissé de muscle car il est léger comme une plume et tellement minus que je savais pouvoir le lire en quelques heures.
Et alors ? Ça donne quoi ? Alors déjà, côté humour, on en trouve quand même un chouïa malgré le sujet mais je dois admettre que c’est assez pertinent, écoutez ça pour voir : “J'ai passé un test d'intelligence avec des questions telles que : “Trois chiens sont montés sur la colline. Combien de chiens sont montés sur la colline ?” et “Un homme tient une tasse. Que tient-il ?” Je ne plaisante pas, les questions étaient de cet ordre. On ne vous demande pas d'être très intelligent pour devenir soldat.” Vous voyez, c’est assez drôle. Mais par contre je m’interroge, est-ce réellement de l’humour ? Bah non justement, je ne crois pas, je crois que c’est à peu près comme ça que ça se passe pour entrer dans l’armée. Pour ma gouverne, il y a donc humour et humour, je vais devoir mettre de l’eau dans mon vin (j’en vois déjà là bas tout au fond qui poussent de hauts cris mais c’est pas moi qui ai inventé cette expression alors hein). Autre chose que j’ai bien aimé au niveau de la dérision dans cette histoire, c’est le personnage de Karl, le pacifiste militarisé, je trouve l’expression vraiment bien choisie et le concept intéressant, vider son chargeur avant la bataille pour être sûr de ne tuer personne, il fallait y penser. Franchement, ce mec frôle le sublime.
Je vais m’arrêter là, il ne s’agit pas d’écrire un billet plus long que le livre tout de même. Pour résumer, j’ai été contente de lire CE Kenneth même si l’expérience est loin d’être inoubliable. Mais au moins j’en ai lu un. Après, pour lire sur la guerre “cette saloperie blablabla…” j’ai d’autres références qui placent la barre beaucoup plus haut. Mais n’empêche, la guerre, c’est une vraie saleté ;)
Quatrième de couverture : Aller combattre le communisme pour sauver le monde : tel est le motif qui conduit un jeune homme de vingt ans à se retrouver au coeur de la jungle du Vietnam. Confronté à la mort, il ne peut se raccrocher qu'aux valeurs chrétiennes et occidentales auxquelles il croit. Mais survivre au crescendo de bombes et de napalm mène à accepter les pires atrocités. Et à oublier la « guerre juste », lorsque se répand, dans une vision d'apocalypse, le vin de la colère divine.
« Dans une narration à couper le souffle, l'écrivain australien Kenneth Cook fait acte de foi en la littérature, celle qui réveille les consciences. Le vin de la colère divine est un cataclysme. »
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lapsang-lisait · 7 years
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Après la chute, Dennis Lehane
Oulala ! Je crois que je n’ai pas lu le même livre que celui décrit en quatrième de couverture, ou alors il faut que je révise sérieusement mes définitions dans un bon dictionnaire… J’ai un petit problème avec les adjectifs retenus.
Déchirant ? Ah bon ? Haletant ? Ok ça à la limite je peux concevoir, ça se lit en quatrième vitesse alors certains vont peut-être tirer la langue. Romantique ? Hein, quoi ? Où ça ? Sophistiqué ? Mouais, trop peut-être d’ailleurs. Mais alors là où je suis vraiment perplexe, c’est quand on parle de “grande finesse psychologique”. Ta ta ta ta ! Permettez-moi de ne pas être d’accord. Pour finir, “redoutable efficacité”. Alors redoutable je suis d’accord, justement c’est ce que je redoutais, et efficacité bizarrement je suis d’accord aussi. Dans son genre ce livre est efficace. Et c’est ça qui est redoutable. Pour moi en tout cas. Lorsque j’ai accepté ce roman dans le cadre d’une opération Masse critique Babelio (que je remercie au passage) je craignais - je redoutais - qu’il ne me fasse le même effet que quelques autres Lehane lus précédemment : l’impression (fort désagréable au demeurant) de lire un scénario et non un roman. Une machine de guerre destinée à tout péter dans les salles obscures. Money money money ♫
Et alors vraiment pour la psychologie, faudra repasser ! C’est pas parce que la maman de Rachel était une vilaine et qu’elle n’a pas connu son papa la pauvre chérie qu’il faut tout de suite sortir les violons de la psychologie. Pas non plus parce qu’elle a été traumatisée par son expérience de reporter sur le terrain à force de vouloir jouer la bonne samaritaine, les neuneus dans un monde de brute ça ne suffit pas non plus à me donner envie d’aller jusqu’à parler de psychologie. Parce que vous savez quoi ? Eh bien ça manque cruellement de crédibilité. De profondeur aussi. Parfois même ça frôle la caricature. Faudra voir ça une fois au cinéma, le jeu d’acteur va peut-être améliorer les choses, qui sait... En attendant, bon sang Rachel ! prends sur toi, bois un coup et passe à autre chose.
Moi aussi je vais passer à autre chose d’ailleurs et j’annonce que ceci sera mon dernier Lehane. Après, je ne dis pas que le livre est mauvais hein, il plaira peut-être aux amateurs du genre (vu son efficacité) même si je pense que tout le monde sera obligé de reconnaître que l’intrigue est bourrée de grosses ficelles (des cordages je vous dis !) et par moment vraiment tirée par les cheveux. Mort aux coïncidences !
PS : un dernier truc, je trouve la couverture de ce livre affreusement laide, j'ai été à deux doigts de mettre un protège-cahier pour lire dehors ;)
Quatrième de couverture : Rachel Childs est une ancienne journaliste qui, après s’être effondrée devant les caméras de télévision, vit désormais comme une recluse. Pourtant, elle jouissait d’une situation idéale aux côtés d’un mari idéal. Jusqu’à ce qu’une rencontre fortuite lors d’une après-midi pluvieuse fasse voler en éclats sa vie, son mariage et toutes ses certitudes. Rattrapée par une conjuration de mensonges, de violence et de folie, Rachel devra trouver en elle-même des ressources insoupçonnées. À la fois déchirant, haletant, romantique et sophistiqué, Après la chute est un roman d’une grande finesse psychologique et d’une redoutable efficacité. C’est Dennis Lehane à son meilleur.
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lapsang-lisait · 7 years
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L’archipel d’une autre vie, Andreï Makine
Au moment de la sortie de ce livre, j'ai vu Andreï Makine à la Grande Librairie. D'abord, je me suis dit qu'il ressemblait vraiment à un agent secret. Impressionnant. Après, quand il a commencé à parler, j'ai moins fait la maligne. Impressionnée. J'ai donc noté le livre dans un coin de ma tête, et il y est resté bien sagement jusqu'à samedi dernier, jour où je suis tombée dessus lors d'un passage en librairie. Je l'ai feuilleté et là, tout de suite, j'ai su qu'il me fallait le lire : moi aussi j'avais besoin de comprendre comment cesser de simplement exister pour enfin se mettre à vivre... Et s'il fallait pour cela partir en quête d'un archipel perdu je ne sais trop où, eh bien soit, qu'à cela ne tienne, je ferai ce qu'il faut. Depuis, vous pensez bien, je me suis documentée et j'aime autant vous prévenir : ce chemin jusqu'à l'archipel, c'est pas vraiment une partie de plaisir, oh que non ! Je sais pas vous, mais moi généralement, quand je pense à un archipel, je m’imagine un truc à base d'eau turquoise, de sable blanc et de cocotiers s'agitant doucement sous les alizés, et là, pas du tout, rien à voir, l'archipel en question est fait d'un tout autre bois. Les Îles Chantar se situent dans la mer d'Okhotsk (essayez de le dire à voix haute juste pour voir ^^), au large des côtes de la Sibérie orientale. Oui, vous avez bien entendu, la Sibériiiiiiie ! Tout de suite ça pose les choses, hein, tout de suite on sait qu'on peut dire adios aux mojitos et aux cocotiers, et qu'on se rapproche plutôt de l'Archipel du Goulag… Et on ne pense pas si bien dire. Parce que le Goulag, on est en plein dedans, enfin pour être exacte je devrais plutôt dire on est en plein dehors, puisque ce que nous raconte Andreï Makine, c'est une histoire d'évasion. Une fuite et une course poursuite, une traque sans répit à travers les espaces infinis de la taïga. Poursuivre et partir à la suite, la différence est subtile mais vous la verrez (et si vous êtes comme moi, vous aurez envie de suivre aussi). Je ne vais pas trop en dire car il y a des choses dans cette histoire qu'il est bon de découvrir en temps et en heure mais sachez que je vous recommande vivement de prendre votre boussole et de partir sans plus tarder sur les traces de Pavel et Elkan, le voyage est inoubliable. Ah non, en réalité vous pouvez laisser la boussole à la maison, elle ne vous servira à rien : une anomalie magnétique se plaît à brouiller les pistes autour des Chantars, il faudra donc que vous cherchiez cet archipel là où il se trouve : au plus profond de vous… Voilà, vous avez vu, je suis tombée sous une tonne de neige euh, non, sous le charme de Makine, il m'a ensorcelé avec son mystère et sa poésie, sa façon d'explorer la nature et l'homme - la nature de l'homme aussi - et vraiment, il m'a donné envie de le suivre jusqu'au bout du monde, sous le ciel étoilé et froid de la taïga, les yeux grands ouverts pour essayer de trouver le triangle de feux, cette “constellation de leur ciel à eux” (même que maintenant je rêve moi aussi d’allumer mes trois feux…) Alors faites moi plaisir, n'attendez pas l'hiver, allez-y ! Quatrième de couverture : Aux confins de l’Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s’étendent des terres qui paraissent échapper à l’Histoire…Qui est donc ce criminel aux multiples visages, que Pavel Gartsev et ses compagnons doivent capturer à travers l’immensité de la taïga ?C’est l’aventure de cette longue chasse à l’homme qui nous est contée dans ce puissant roman d’exploration. C’est aussi un dialogue hors du commun, presque hors du monde, entre le soldat épuisé et la proie mystérieuse qu’il poursuit. Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée.
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