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Victor
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— Ma femme elle voulait accoucher dans l’eau. C’est vrai hein, c’est vrai de ouf. Dans certaines maternités, ils font ça. Mais comme elle a jamais été enceinte, elle a pas pu réaliser son rêve. Aujourd’hui, on n'est plus ensemble, parce que tu vois, elle m’a quitté. Elle adorait l’eau mais elle supportait pas l’alcool, et comme je bois que ça, de l’alcool, ça l’a fait fuir. Enfin bref, voilà quoi. Hey, Brigitte, au fait, tu sais que j’étais beau gosse quand j’étais jeune ? — T’es pas encore tout à fait vieux. — Non mais quand j’étais tout jeunot, tout minot comme dirait mon ami Gillou, au sortir de l’adolescence quoi. J’étais vraiment beau gosse hein, de ouf ! Le mec dont toutes les meufs rêvent au lycée, que toutes les meufs regardent, eh ben, c’était moi. Je t’assure. Je les faisais toutes tomber, comme des mouches. J’étais un bourreau des cœurs. Tu peux pas savoir comment je plaisais, Brigitte, de ouf. — Oh mais j’imagine. — Y a que ma femme qui a fini par me résister. C’était au moment où j’étais plus irrésistible, sauf pour le pinard. Je lui résiste pas non plus à vrai dire : moi et le pinard c’est une grande histoire d’amour. Mais c’est pas le pinard qui accouchera de mon enfant dans l’eau.
Victor, il devait avoir moins de 40 ans mais on lui en donnait 60. Je le crois quand il me dit qu’ils les faisaient toutes craquer dans une autre vie. Au milieu de son visage usé, de son teint verdâtre et sa peau burinée par un soleil trop ardent, il avait gardé le regard intact d’une beauté flamboyante. Ses yeux bleus d’une intensité déstabilisante était comme la preuve de sa majesté perdue.
— Trop belles tes baskets Toto ! Mais c’est qu’elles sont flambant neuves en plus ! — Ouais, ils sont sympas chez Emmaüs. Bon, d’habitude ils me refilent que des godasses trop petites ou trop grandes, ou trop moches, mais là franchement j’ai eu de la chance, je peux me la péter.
Il avait sorti une énième cannette de bière de son immense de sac en plastique de supermarché. Et comme de sa main tremblante il avait cassé la languette en voulant l’ouvrir, il a sorti de sa sacoche toute rafistolée un coupe-ongle, a sélectionné la lime à ongles tranchante et a fait un trou dans le toit d’aluminium. De la mousse a giclé et il a continué à parler. — Tu sais ce que je voudrais de ouf moi, Brigitte, quand je serai vieux, mais vraiment plus vieux, tu sais ce que je voudrais de ouf ? — Non, balance, qu’est-ce que tu voudrais de ouf ? — Je voudrais faire comme toi, écrire. Écrire des beaux livres pour faire rêver les enfants. — Ben vas-y mon gars. Attends pas d’être trop vieux. Fais-le maintenant. — Ben ouais, de ouf, de ouf. Faut que je le fasse maintenant. Mais demain, parce qu’aujourd’hui j’ai trop bu, le brouillard c’est pas un super co-auteur. — Fais-le maintenant Victor. Aujourd’hui. Demain, c’est incertain. Le meilleur moment de la vie, c’est maintenant. Tiens, prend cette feuille et ce stylo. Avec ça tu peux refaire le monde et la vie, et faire rêver n’importe qui, petits et grands, écrire le passé, le futur et même le présent. Pas demain Victor, aujourd’hui, maintenant, tout de suite. Quand tu seras trop vieux, eh ben, tu seras trop vieux. Et ce sera une excellente excuse pour pas t’y mettre. — Merci Brigitte, tu déchires de ouf. Bon, je vais y aller, ça fait une heure que je te raconte ma vie, je parle trop. — Écris mon pote, écris. — Merci de m’avoir écouté en tout cas Brigitte, et bonne soirée ! — Allez, bonne soirée. Et j’te préviens, reviens pas si t’as pas écrit ! Et lève le coude sur la boisson. Je vois bien ta tête : je sais, c’est pas facile. Ça te paraît même impossible. Mais si t’y arrives, j’suis sûre qu’elle reviendra, ta gonzesse, et vous l’aurez cet enfant qui va naître dans l’eau. — C’est trop tard, Brigitte. — C’est jamais trop tard Victor, jamais trop tard.
// Dédé ANYOH //
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Le vendeur de roses
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© Photographie de Steve McCurry
Il y a ce vendeur de roses qui traîne tout le temps dans le quartier, avec des fleurs plein les bras. Il arpente les terrasses de restaurant à la recherche d’amoureux transis dînant aux chandelles.
Mais Ravi – c’est son prénom, enfin, c’est celui que je lui ai inventé, en espérant qu’il le soit un jour parce qu’il fait tout le temps la tête. Comme si le flot d’amour qu’il tenait contre son corps à longueur de journée, manquait à sa vie. Est-ce qu’il offre des roses à sa femme, Ravi ? Est-ce qu’il a une femme, Ravi ? J’imagine que non, autrement, il aurait un peu plus de soleil sur le visage.
Mais il est fort, Ravi, parce qu’il arrive quand même à fabriquer une lumière artificielle lorsqu’il se poste devant des clients potentiels. « Rose, 2 euros. Rose, 2 euros. » Et souvent, sa lumière halogène fait illusion auprès des touristes – déjà éblouis par les lumières clinquantes d’un Paris qui n’aurait pour atouts que la Tour Eiffel et les Champs-Élysées.
Après avoir fait sa vente, Ravi s’éteint de nouveau. Son regard est sombre, et de toute évidence, si l’on criait « Âllo, y a quelqu’un ? », au fond de la cavité de son cœur, l’écho de notre voix nous reviendrait en plus triste, en plus désespérée.
Je me suis souvent demandé : « C’est quoi son histoire à Ravi ? » Mais Ravi ne parle pas français. Il maîtrise tout juste les quelques mots qui lui servent à présenter ses roses sur les terrasses. Je crois qu’il sait aussi baragouiner quelques mots en anglais. Mais comme c’est une langue que je ne sais moi-même pas baragouiner, c’est pas demain qu’on va pouvoir se parler. On peut pas aller bien loin avec Hello, Thank you et I love you, quoi que, on peut quand même aller quelque part : saluer, remercier, et dire l’amour. Tu m’diras, c’est un peu la base.
La base, mais pas assez pour raconter toute une vie. Alors, comme nous n’avions pas les mots pour nous parler, avec Ravi, je me suis mis à imaginer son histoire.
*
Ravi n’a pas toujours vendu des roses. Quand il avait 20 ans, dans son pays, au Pakistan, il vendait des oranges. Il était pauvre et vivait dans un bidonville avec ses parents et ses deux frères.
Dans une décharge, il avait dégoté une carcasse de voiture toute rouillée dont il ne restait quasiment rien, sinon le squelette décharné, simple et piteux. Mais c’était tout ce qu’il fallait à Ravi, qui avait accès à la beauté de cette épave, invisible aux yeux de tous. Avec son grand frère, ils ont ramené le trésor jusqu’à leur bidonville. Ravi savait déjà ce qu’il allait en faire. Il avait déjà tout imaginé et, dès le lendemain, il mettrait en place son projet. Il irait au grand marché acheter des oranges, négociées au meilleur prix. (Ravi était le plus grand négociateur de tous les temps : il négociait sans parler. Son sourire adoucissait tous les prix). Il viendrait ensuite revendre les oranges dans le quartier. La carcasse de voiture serait le meilleur des présentoirs.
C’est comme ça que le commerce florissant de Ravi a commencé, et qu’il a gagné en peu de temps le titre de : « Vendeur d’orange à la carcasse ».
Un jour, une jeune fille est venue près de son étal pour admirer ses oranges. Elle les regardait avec un émerveillement inconnu pour Ravi, comme s’ils étaient des petits soleils rangés dans un écrin d’obscurité. Alors, lui, regardait ses yeux à elle, et un nouvel émerveillement naissait encore. Il la trouvait belle comme le jour. Comme un jour prodigieux qui annonce le monde. Mystérieuse aussi, comme la nuit. Comme une nuit majestueuse qui promet l’infini.
Que faisait-elle là ? Qui était-elle ? Est-ce qu’elle venait lui murmurer un secret ? Qu’elle avait trouvé la clé du mystère des rêves ? Les mains de Ravi étaient moites tout à coup, sa gorge sèche, et son corps tremblant. Il ne comprenait pas grand-chose à ce qui était en train de lui arriver. Il ne savait pas comment s’appelait ce sentiment qu’il observait s’épanouir en lui. Il souriait. C’est ce qu’il savait faire de mieux, de toute façon. Et elle lui souriait en retour. Elle faisait ça encore mieux que lui, pensa-t-il. Et cela lui réchauffa le cœur. Elle a pris une orange. Il a refusé sa pièce.
Elle est revenue le lendemain, avec son mystère et ses yeux qui nourrissent toutes les misères. Il a osé lui demander son prénom. Elle a osé lui donner. Shala. Il était heureux de pouvoir la prononcer. Shala. Cette fois il aurait voulu la retenir, sauf que les mains moites, la gorge sèche et le corps tremblant. Il l’a regardée partir avec son orange. Il aurait voulu lui donner toutes les oranges du monde.
Ravi a sursauté de bonheur lorsqu’elle est revenue le troisième jour. Elle avait une question. Une de celle qui marque sans qu’on le remarque. Une de celle qu’on ne pose jamais à un inconnu, parce qu’à la fois trop banale et trop intime, trop légère et trop profonde, trop drôle et trop sérieuse. Une de celle qui fait mine de rien, mais qui a le pouvoir de faire jaillir de la poésie.
« Pourquoi vends-tu des oranges ? Et pas des fraises ou des bananes ? »
Et Ravi avait répondu, sans trop réfléchir : « Parce que l’orange de l’orange flatte ma carcasse, comme nul autre fruit. L’orange rend les choses belles et magiques. »
Shala avait aimé la réponse de Ravi, et elle était repartie avec son orange belle et magique. Ravi aurait voulu la retenir, encore, mais elle s’était éclipsée comme une lune trop pressée de rejoindre sa nuit.
Il a espéré qu’elle revienne le lendemain. Une quatrième fois. Et cette fois, « je la retiendrai » s’était dit Ravi, pour de bon. Je lui dirai combien elle est belle, je lui dirai que je veux la connaître, que je veux passer mes journées près d’elle, à admirer au fond de ses yeux, toutes les beautés cachées de ses ombres, qu’elle est un grand soleil, et surtout, il lui dirait, qu’il voudrait l’embrasser. Oui, il s’était dit que cette fois, il oserait lui dire qu’il rêve de l’embrasser. Qu’il se ficherait d’avoir les mains moites, la gorge serrée et le corps tremblant, qu’il arrêterait d’avoir peur et qu’il lui dirait tous les jolis mots qui lui sortent du cœur.
Mais Shala n’est pas revenue le lendemain, ni le jour d’après, ni les autres jours, ni aucun autre jour. Shala n’est jamais revenue. Et Ravi a arrêté de vendre des oranges. Le cœur n’y était plus.
Peut-être que Shala n’aimait pas les oranges, après tout. Peut-être qu’elle préférait les fraises ou les bananes. Oui, c’est ça qu’il aurait dû lui demander. Peut-être qu’elle préférait les fraises, qu’elle préférait les bananes. Peut-être qu’elle n’aimait pas les fruits ? Peut-être qu’elle rêvait de roses.
Alors, quand son grand frère lui a parlé du business de vente de roses à Paris, Ravi s’est tout de suite dit : « Mais oui, les roses ! Shala rêve de roses ! » Et peut-être qu’en vendant des roses à Paris, il la recroiserait de nouveau… et il pourrait enfin lui dire tous les jolis mots qu’il n’a pas su lui dire. Il lui offrirait des roses, par milliers. Et ils pourraient enfin s’embrasser. Ils pourraient enfin s’aimer.
*
Mais bien sûr, c’est pas du tout ça l’histoire de Ravi. Sa vraie histoire est moins jolie, moins tristement jolie. Plus dur. La carcasse, les oranges, Shala, et tout et tout, très loin de la réalité. La réalité c’est que Ravi est parti loin de sa famille, se fait exploiter parce qu’il n’a pas de papier, partage une minable chambre de bonne avec 8 autres colocataires dans la même situation que lui. La réalité, c’est que Ravi travaille comme un acharné pour un salaire de misère. C’est Sofiane qui m’a raconté tout ça un jour, et il m’a même donné le vrai prénom de Ravi. À une lettre prêt, j’y étais. Mais il faut croire qu’une lettre change tout. Avec une lettre, on passe du conte féerique à la réalité sordide.
Quoi qu’il en soit, je souhaite toujours qu’il soit ravi, le vendeur de roses, qui s’appelle Raki.
// Dédé ANYOH //
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Douce
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Et si, je n'étais pas douce ?
Et si, à l’abri des regards, parfois, souvent, j’étais agressive, angoissée et angoissante, vulgaire, intransigeante, indifférente, désabusée, ironique, bougonne, pleureuse, cynique, colérique, chiante, folle, trop sensible, jamais contente, jamais sourire, toujours pire ?
Et si, douce, c’était un masque ? Que je me suis fabriqué par peur que l’on ne sache pas m’aimer dans la nudité de ma vérité ?
Et si, douce, c'était pas doux, et si douce, c’était trop dur ?
Et si, douce, j’en pouvais plus, qu’il me prenait l’envie de lui flanquer des coups, jusqu’à ce qu’elle se fissure, douce, jusqu’à ce qu’elle fasse éclater son robuste vernis de bien-comme-il-faut, pour montrer sa vraie couleur, qui est même pas une vraie couleur, mais un genre de bleu-vert-rouge qui hésite, qui sait pas.
Douce ne sait pas. Et je ne sais pas non plus, si je dois la chérir ou la rejeter, l’assumer ou l’honorer. La reconnaître ou la renier.
La question persiste, encore et malgré tout.
Et si, je n'étais pas douce ?
// Dédé ANYOH //
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La dame de l'ascenseur
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Aujourd’hui, on dirait qu’elle est triste, la dame de l’ascenseur. Qu’elle a plus de lumière dans ses numéros. Elle dit le 6e étage comme on dirait le 45 000e étage du dessous de la Terre. On dirait qu’elle a les yeux remplis d’une tonne de larmes et que sa voix se noie dedans. 6e étage, elle a dit. Comme elle aurait dit j’ai mal. Est-ce qu’elle a mal, la dame de l’ascenseur ? De dire tout le temps les mêmes chiffres aux mêmes gens ?
Est-ce qu’elle ne sait compter que jusqu’à 6 ? Est-ce qu’elle va mourir sans jamais connaître le 7e ciel ?
Et puis, elle est où, cette dame ? On l’entend toujours mais on la voit jamais. Pourquoi elle se cache ? Est-ce que c’est parce qu’elle est moche ?
C’est pas grave d’être moche, ça arrive. On va pas lui en vouloir en plus, parce qu’on sait très bien que c’est pas sa faute. C’est de la faute à la mocheté. Elle veut jamais être autre chose que de la mocheté. Et faut pas lui en vouloir non plus : elle fait qu’être elle-même, et c’est bien déjà.
Elle a une belle voix en tout cas, la dame de l’ascenseur. J’aime quand elle dit « Rez-de-CHAU-ssée », elle articule bien, et insiste sur le chau. C’est rigolo.
Est-ce qu’elle a un prénom ? Je pense que oui, sinon, on pourrait pas l’appeler. On dirait Hey toi, là !, et elle se reconnaîtrait pas. Si on n’a pas de prénom, et que personne ne nous a jamais appelé, c’est comme si on n’avait jamais existé.
Elle a quel âge, la dame de l’ascenseur ? Depuis le temps qu’elle est là, elle doit être très très vieille. Mais si elle sait pas compter au-dessus de 6, je vois pas bien comment elle va faire pour nous donner son âge. Remarque, peut-être que dans sa cabine à donner les étages, ça existe pas les âges.
Si ça se trouve, elle se cache parce qu’elle a peur du monde. Alors, dans ce cas, il faut bien admettre qu'elle a raison, de se cacher, la dame de l’ascenseur.
// Dédé ANYOH //
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Là-bas
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Demain, je prends une grande machine volante pour aller dans un endroit où les gens ont la peau pâle. On m’a dit que cet endroit s’appelait La France, et que ce continent s’appelait L’Europe. Mes parents y sont déjà, mais moi, je ne sais pas si j’ai envie d’y aller. Je ne connais qu’un seul pays, Le Togo, je ne connais qu’un seul continent, L’Afrique. Je suis bien ici. Là-bas, il n’y a pas grand-mère et les cousins-cousines, les oncles et tantes, il n’y a pas mon école et le grand marché, il n’y a pas le soleil ardent qui colore la peau et l’ombre des manguiers pour se reposer. Là-bas il n’y a pas le fufu que l’on pilonne à bout de bras dans le mortier, les brochettes pimentées qui piquent la langue et réchauffent le ventre affamé, il n’y a pas tout ça, là-bas. Cet endroit ne m’attend pas et je ne l’attends pas non plus. Alors je ferais mieux de rester ici, dans mon pays, pauvre oui, mais riche de tous les rires.
On m’a dit que là-bas, ce sera vraiment mieux qu’ici. Vraiment ? On m’a dit que là-bas j’irai dans de bonnes écoles où l’on m’apprendra à bien penser et à bien dire. Vraiment ? On m’a dit que là-bas, je serai bien habillée, bien coiffée, bien nourrie et choyée. Vraiment ? On m’a dit que là-bas j’aurai le droit de rêver, et même le droit de réaliser mes rêves. Vraiment ? Mais si mon rêve c’est de rester ici, à quoi me servira de partir là-bas ?
Là-bas, je rêverai d’ici.
Ici, c’est les histoires et les chants de grand-mère, les jeux avec Bienvenu, Pascaline, Espoir et Dagobert. C’est la tante Rose qui coud une robe pour la communion de Lucia, la tante Afi qui fait frire les bananes plantains et les patates douces. Ici, c’est la tante Essie qui donne le bain au petit dernier dans la calebasse en bois. C’est tonton Koffi qui répare sa moto, qui depuis quelques jours ne sait plus rouler. Là-bas, je rêverai de traverser encore la grande cour intérieure de la maison familiale, pour franchir le portail qui mène dehors.
Dehors, c’est Lomé. La ville et son fracas. C’est la boulangère ambulante qui fait sa tournée dès l’aube et dont le cri se rapproche lentement : « Petit pain, 500 francs, gros pain, 1 000 francs. Ma chérie, je te fais un prix, pour toi, gros pain, 800 francs. » Dehors, c’est le coq qui libère son plus beau cocorico pour annoncer la naissance du jour, qu’il fête chaque fois avec l’euphorie d’un premier matin. C’est les poules et les chèvres qui vous accompagnent pour un bout de chemin avant de s’arrêter pour brouter de l’herbe sèche sur le sol. Dehors, c’est la vendeuse de mandarine, qui s’appelle Clémentine, qui vous salue en levant la main, vous demande si vous allez venir à la messe le lendemain et qui rappelle avec entrain que « Il faut s’en remettre à Dieu. Dieu est grand ma soeur, et il peut tout ». Dehors, c’est les taxis-motos qui se bousculent pour prendre des voyageurs et qui ne manquent pas de vous bousculer au passage. Dehors, c’est Dodo, le patron du maquis qui ouvre son établissement Jésus sauve, où l’on se retrouvera avec les copains et les copines le soir venu pour rigoler et papoter autour d’une bouteille de Pompon ou de Malta. Dehors, c’est le vendeur de yaourt glacé qui fait résonner le bruit inimitable de son klaxon pour signaler que sa glacière est pleine. Dehors, c’est Félicie la coiffeuse qui vous demande de passer la voir bientôt parce que ça fait longtemps qu’elle ne vous a pas tressé. Dehors, c’est le brouhaha des moteurs, l’odeur féroce des pots d’échappement, les mots-colères des automobilistes. C’est la terre argileuse d’un chemin qui n’est pas une route mais un parcours vertigineux semé d’embûches rocailleuses et boueuses. C’est un peuple de déchets qui jonchent les pieds. Ce sont des rues sans nom qui défilent, des maisons sans numéro, des murs qui disent Il est interdit d’uriner et sur lesquels les gens urinent quand même. Les enfants courent. Les jeunes discutent. Les vieux sont assis et observent le silence. Est-ce que là-bas, ces gens que je ne connais pas savent observer le silence ? Il faudrait qu’ils apprennent à observer le silence. Alors, peut-être, je pourrai entrevoir la musique d’une grande espérance, le rythme enjoué d’un bonheur loin de chez moi.
Demain, je prends une grande machine volante pour aller dans un endroit où les gens ont la peau pâle. Moi, qui n’ai jamais connu que Le Togo, je vais rencontrer cet endroit qu'ils appellent La France. // Dédé ANYOH //
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Jasmine
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#5 - Les mots de Brigitte
Elle est belle.  Tous les hommes sont à ses pieds. On voudrait toutes lui ressembler parce qu’elle s’en fout du regard des autres. Elle balade avec fierté son corps au ventre moelleux, strié de vagues et de vergetures, traces sacrées de la présence jadis de petits êtres. Et ce sont sur elle les plus belles marques du monde, les plus graphiques, artistiques, harmonieuses.  Elle exhibe ses seins, non pas comme des trophées, mais des trésors.  On les regarde subjuguées, émues. On les trouve magnifiques.  Elle se déhanche avec toute la grâce du monde.  Elle n’a pas peur de la nudité : ni de la sienne ni celle des autres.  Elle s’assume tout entière, avec ses bosses, ses courbes et ses vallées, ses plis et ses irrégularités, qui ensemble forment la singularité de sa beauté. Tout est inscrit, là, dans son corps.  Les enfants qu’elle a portés, les hommes qu’elle a aimés, ceux qu’elle a subis.  Tout est inscrit : le lait qu’elle a donné, celui qu’elle a gardé parce que la bouche de l’enfant qu’elle venait d’enfanter serait à jamais fermée.  Elle n’a pas besoin de dire. Son corps raconte tout. D’ailleurs, elle ne dit rien.  Tout ce qu’elle sait faire, c’est sourire, danser et chanter. Et nous, on la regarde faire tout ça, et ça nous fait beaucoup d’émotions parce qu’elle fait tout ça très bien, avec un naturel qui désarmerait même les aveugles, même les sourds, et ces personnes étranges qui ne sourient jamais.
Jasmine était le soleil du bordel. On ne pouvait pas la rater : même les yeux fermés elle nous éblouissait.
[Fragment d’un roman en cours d’écriture]
// Dédé ANYOH //
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La belle étoile
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#4 - Les mots de Brigitte
Je voudrais dormir à la belle étoile. C’est l’expression la mieux appropriée aux nuits parisiennes. La nuit, à Paris, le ciel est tellement sombre que tu dors vraiment sous une étoile. Une seule. Et c’est pour ça qu’elle est belle : parce que c’est la seule.
Parfois, la beauté surgit de la rareté. Quand t’as pas le choix, c’est beau, tu fais pas la fine bouche, tu dis merci.  S’il y avait que du sombre, ce serait moche, alors forcément, la première étoile, la seule, elle est merveilleuse.
C’est comme quand t’as connu qu’une seule histoire d’amour : c’est forcément la plus belle. Tu sais pas si les autres auraient été plus intenses, plus lumineuses, plus drôles, plus poétiques, moins cabossées, moins bizarres, plus simples, plus mélodieuses, plus sauvages, plus tordues, plus enivrantes, tu sais pas, mais tu t’en fiches, t’as vécu celle-là et ça t’a remué les tripes, alors tu dis juste merci, merde parfois quand t’y repenses, mais surtout merci.
Alors, une étoile, même une seule, c’est de la chance. Et si un soir t’en vois pas du tout, tu peux l’imaginer, avec toutes les autres qu’on voit jamais.
Je l’ai adoptée cette étoile, qui est belle parce qu’elle est seule, comme d’autres sont beaux parce qu’ils sont amoureux ou insouciants ou enfants. Elle change de nom toutes les nuits. Tel un caméléon du ciel, elle s’adapte à tous les caprices de mon imagination. [Fragment d’un roman en cours d’écriture]
// Dédé ANYOH //
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Johnny est revenu
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#3 - Les mots de Brigitte
Cette nuit, j’ai rêvé que Johnny était revenu. Il m’avait retrouvée pour me dire que ma beauté d’antan, je l’avais perdue. Mon visage lisse de poupée en porcelaine, mes yeux qui brillaient d’innocence, mes seins ronds gorgés de vie, mes reins amples et ma peau de lait, mes joues rouges pour un rien. Ma jeunesse, tout simplement, je l’avais perdue. J’avais pas besoin de lui pour avoir cette info.
Mais il était venu me dire qu’aujourd’hui c’était une autre beauté qui venait colorer mes jours  : la beauté des rides, la beauté de la vie qui laisse des preuves d’amour, de tristesse, d’angoisse et de bonheur sur le visage, le corps et le cœur. « T’as jamais été aussi belle, Brigitte. Même quand t’étais plus belle, t’étais pas aussi belle. » J’sais pas s’il savait bien ce qu’il disait, Johnny, si tout était clair dans sa tête, mais voilà les mots qui sont sortis de sa bouche. Il les a dit, et il est parti. Encore. Et pour toujours.
C’était un beau rêve. J’étais heureuse de revoir sa bouille de jeune homme, beau comme un marin. Parce que dans ce rêve, lui, avait pas pris une ride, évidemment. Il avait gardé le charme ravageur de ses 17 ans, son air rebelle, du gamin plein d’insouciance qui ne sacrifie rien : ni le voyage, ni l’amour, ni la liberté, ni la vie. Il m’a regardée, avec ses yeux clairs hypnotisants, et m’a dit ce qu’il avait à me dire avec tendresse et détermination.
Ah, Johnny ! Je ne l’oublierai jamais. Comment je le pourrais ? On a fait ensemble quelque chose de grand, de magique : un enfant.
[Fragment d’un roman en cours d’écriture]
// Dédé ANYOH //
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C’est triste les fausses plantes
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#2 - Les mots de Brigitte
Je ne veux pas de fausses plantes.  C’est triste les fausses plantes.  C’est comme un faux cœur : c’est froid et c’est moche. D’accord ça ne meurt pas, mais ça ne vit pas non plus.  D’accord c’est pas fragile, ça fait pas des boom-boom incessants – et peut-être un peu agaçants –, et ça a pas besoin d’un organisme humain ou animal et de sang pour servir à quelque chose, mais ça sert à rien de toute façon, c’est du plastique, et il faut le répéter : c’est froid et c’est moche. Ça prend pas le risque de l’imperfection. Pas le risque de plus avoir envie de bouger : ça n’a jamais bougé et ça ne bougera jamais. Ça traversera le temps sans aimer, sans se sentir aimé, en regardant défiler toutes les générations sans jamais se mêler au jeu des passions. Ennui éternel. Spectacle du plat. Chiant à mourir, sans pouvoir mourir. Ça aura pas la chance d’être triste. C’est une chance d’être triste : c’est le prix à payer pour espérer être heureux.
Ayez un cœur de chair mes amis, y a que ça de vrai. Et souriez quand vous irez arroser vos plantes.  Vos vraies plantes, tristes et heureuses, comme vous, qui comme vous, boivent, mangent, vivent, pleurent, aiment et meurent.
[Fragment d’un roman en cours d’écriture]
// Dédé ANYOH //
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J’adore le thon
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#1 - Les mots de Brigitte
Parfois, Bernard me ramène un sandwich au thon de la bonne boulangerie du quartier. Elle est un peu loin. Celle qui est tout près est moins bonne. On est prêt à aller plus loin pour du plus bon, enfin Bernard il est prêt, moi je suis plutôt flemmarde, j’avoue. C’est mon sandwich préféré, le sandwich au thon. J’adore le thon. Peut-être parce que j’en suis un. Entre thons, on se comprend. On est solidaires. On s’aime et on se désire, pour oublier le monde qui nous contourne, se défile devant nos charmes subtils, ne sait pas les saisir. Mais ce que j’aime pas avec le sandwich au thon, c’est que le thon remplit jamais le pain comme il faut. Il déborde de la baguette, alors qu’au fond du pain y a un espace vide sans thon. Comme si le boulanger avait eu la flemme, du même genre que ma flemme d’aller plus loin pour du plus bon, d’ouvrir son pain complètement et de le remplir jusqu’au fond du fond. Pour le mangeur, franchement, c’est frustrant. Il a du surplus de thon et du surplus de pain alors qu’il y aurait pu y avoir du surplus de rien du tout, vu que de toute évidence y a autant de thon que de pain, assez de thon pour assez de pain. Alors on fait ce qu’on peut pour pousser le surplus de thon qui déborde, pour le pousser au fond. Et on en a plein les doigts. On pousse on pousse, en haut, au milieu, en bas, pour enlever le trop et remplir le pas assez.
Il est très bon mon sandwich au thon, hein, mais avant d’être bon, il est chiant, avec ses trop-vides et ses trop-pleins pour rien.
[Fragment d’un roman en cours d’écriture]
// Dédé ANYOH //
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Seule à Trouville
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Je partirai seule à Trouville.  L’idée ne me déplaît pas. Elle pourrait même me plaire.  Je laisserai à Paris mon cœur brisé pour aller à la conquête d’un cœur vaillant.  Je ne penserai plus à rien. Sinon écrire, tout le temps que l’énergie de mon corps le permettra. Écrire et marcher le long de la plage, écrire la plage et le ciel jaune, rose et pourpre, écrire la solitude salvatrice de mes mains vides de ses bras.  J’écrirai à n’en plus pouvoir, à n’en plus avoir de tristesse, juste la joie de recréer le monde, un monde qui tourne carré, triangle, qui a des angles et des tournants tranchants. Et je serai ma propre amante, ma propre amoureuse, ma propre compagnie. Propre. Je serai propre, pour oublier cette saleté de colère qui me colle aux tripes, qui voudrait infecter mes organes et me faire défaillir de rage. Je n’aurai pas de rage. Juste du calme et de l’amour pour la vie. Je serai seule et sans rancœur.  Juste la joie. Juste ma voix. Juste la foi que l’avenir sera lumineux si j’ai le courage de ne pas avoir peur de l’orage. De danser sous la pluie. En Normandie, ma belle, promets-le-toi, promets-le-nous, tu vas danser sous la pluie.  Mais oui, tu vas danser sous la pluie. Et tu verras comme c’est joli de danser sous la pluie. Comme c’est joli.
// Dédé ANYOH //
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Danser, c’est toujours une bonne idée
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Danser, c’est toujours une bonne idée. Toujours le moment idéal, rêvé. Même sans musique, même sans rythme, il faut danser, danser, danser, pour sentir la densité de son corps, sa pesanteur glisser dans l’air et sur le sol. Il faut danser. C’est la seule vérité. La seule liberté. Il faut danser pour dire bonjour, pour dire merci, pour dire je m’en fous de ce monde qui se fout de nous, je lui offrirai des pas saccadés, sensuels et habités. Il faut danser pour dire je t’aime, pour dire j’ose, je suis libre, j’ai confiance en moi, je me délivre du regard et du jugement d’autrui. Je danse et la vie est belle, colorée et mélodieuse. Danser, c’est toujours une bonne idée.
// Dédé ANYOH //
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Je vais épouser danser
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Je vais épouser danser. Ce sera la plus belle des cérémonies. Personne ne sera invité, mais tout le monde sera convié. Ça va durer des heures et des jours. Une vie. Il y aura de la musique, qui résonnera fort, qui appellera les corps à se mouvoir, à se dénouer et se lâcher. Il n’y aura que de la joie. Pourquoi j’aime danser ? Parce que danser m’aime. D’un amour grand et inconditionnel, profond et sensuel, qui me rend vivante et vibrante. Je lui en suis extrêmement reconnaissante. 
Danser m’a offert un trône et des couronnes. Dans ses bras, je suis princesse, reine et impératrice, présidente, duchesse et déesse. Danser me touche et m’embrasse. Danser me couvre de messages et m’enlace. Danser ne me laisse jamais tomber. Danser veut me connaître. Danser m’apprend à me connaître. On évolue sur le même rythme, on chérit la même musique. Danser est mon espoir en des jours meilleurs. Elle me sauve de toutes les tristesses. Danser est la meilleure définition de l’amour. La meilleure professeure. La meilleure définition du bonheur.  Danser guérit la mort.  Danser guérit la peur.  Danser dit la vérité, dit toute la beauté des eaux, du ciel et de la terre. Elle n’a pas peur d’aller trop vite. Trop loin. Trop doux. Trop bon. Et quand elle prend son temps, c’est pour le transcender, pour le rendre plus grand. Pour le recréer.
Je vais épouser danser. Pour m’engager à être libre. À être moi. Pour faire le tour du monde de moi : un tour du monde infini, parce qu’il y aura toujours des pays et des villes à découvrir, des rues, des allées, des passages, qui ne délivrent jamais complètement leurs secrets. On fera ça, avec danser, on ira à la conquête de se connaître, et on dansera se connaître. On prendra des trains de jouir, pour aller au sommet de vivre. On observera créer, on fabriquera une infinité d’aimer. On invitera espoir, rire, ne jamais abandonner et toujours y croire. On réinventera voyager, à l’extérieur jusqu’à l’intérieur, et ce sera l’immobilité la plus mouvante, la quête la plus tranquille et transcendante.
// Dédé ANYOH //
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Le bonheur a du groove
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Le bonheur a du groove. Un déhanché de malade mental. Le bonheur sait chanter le blues. Il est à lui seul le grave et l’aigu. Le trémolo et le vibrato. L’exalté et le mélancolique. Le bonheur est une musique. Dis, t’as trouvé la clé ?
// Dédé ANYOH //​
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Mourir d’indifférence
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Chaque amour est différent.
Aucun n’a la même teinte, les mêmes nuances, la même couleur, la même saveur, la même intensité, le même périmètre, la même profondeur, la même rondeur, les mêmes angles, le même espace, la même organisation biologique, hormonale et temporelle.
Il y a des amours légères et insouciantes. Adolescentes. Que l’on vit le temps d’un été et qui laissent sur la peau un agréable goût salé.
Il y a des amours graves qui ne savent que s’habiller de drames, interprètent toujours le pire et n’inspirent que des larmes et des mots sales.
Il y a des amours sereines, dont l’évidence nous conforte dans l’idée que la vie est belle, qu’elle peut être douce et intense, ravir sans détruire. Tous les amours devraient ressembler à ça… mais hélas… on ne choisit pas.
Il y a des amours charnelles, qui prennent le corps autant le cœur, et nous réchauffent d’un feu incandescent.
Il y a des amours tendres, qui nous rendent ivres sans alcool, dont les caresses sont un havre de paix voluptueux qui chamboulent le monde avec la plus grande des délicatesses.
Il y a des amours mystérieuses dont le sens nous échappe inexorablement. N’est-ce pas le lot de tous les amours ?
Il y a des amours intellectuelles qui nous ouvrent à la curiosité, à une meilleure connaissance des choses et des gens, à l’humilité face à la distance qui nous sépare de la vérité.
Il y a des amours amicales, riches de silences qui ne gênent pas, de fous rires, de complicité qui rapproche, qui nous autorise à être nous-mêmes, avec nos forces et nos défaillances, notre absurdité et notre magnificence.
Il y a des amours qui marquent, du sceau d’un espoir grand comme l’univers, qui prennent le risque d’être déçues et de nous transformer en étoile morte, comme le risque de briller et de nous élever à une céleste félicité.
Il y a des amours que l’on voudrait taire, d’autres que l’on voudrait crier, d’autres que l’on voudrait murmurer, susurrer au creux d’une oreille amie.
Il y a des amours voyageuses, qui s’épanouissent en abolissant les frontières, en parcourant les mers, en regardant des ciels moins amers, en foulant de nouvelles terres, en respirant un nouvel air.
Il y a des amours qui nous font danser, chanter, écrire, dessiner, voler, rêver.
Il y a des amours qui paralysent, nous forcent à l’immobilité, à l’observation docile et silencieuse d’une beauté inaccessible.
Il y a des amours banales, un peu fades, un peu plates, presque nulles, mais qu’on accepte de vivre quand même, parce qu’on n’a pas le courage d’espérer mieux.
Il y a des amours qui passent, comme les nuages. Des amours orageuses. Tumultueuses. Lumineuses. Des amours capricieuses. Illusoires. Lunatiques. Des amours noires. Bleues. Rouges. Des amours cerises. Fraises. Prunes. Des amours râteaux. Arrosoirs. Bêches. Des amours à la pelle.
Il y a des amours trop vives, trop fortes, qui sont des tremblements de terre qui explosent toutes les échelles de Richter. Ne nous laissent pas indemnes, à peine intacts. On se bat pour les vivres celles-là. Car même si ça brûle, même si ça broie, engloutit, oppresse, dérègle, inonde, fait disjoncter, suffoquer, donne le vertige jusqu’à la nausée. Même si ça tue. On préfère s’y frotter plutôt que mourir d’indifférence.
// Dédé ANYOH //​​
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T’es belle
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T’es belle comme la mélancolie. T’es belle comme la sobriété ivre d’ivresse. T’es belle comme les coccinelles. T’es belle comme l’herbe verte. T’es belle comme la pluie. T’es belle comme un matin bleu d’hiver. T’es belle comme l’instant qui ne sait pas qu’il va mourir. T’es belle comme la lenteur. T’es belle comme la douceur. T’es belle comme un « t’es belle » un soir de printemps. T’es belle comme un « ta gueule » bien placé dans la tronche d’un mec qui t’aurait mal parlée. T’es belle comme un soleil d’automne. T’es belle comme une nuit d’été, noire et étoilée. T’es belle comme une nuit blanche déglinguée, trouble et poétique. T’es belle comme les papillons. T’es belle comme du beurre sur une tartine grillée. T’es belle comme la confiture. T’es belle comme le miel. T’es belle comme une page blanche qu’on a envie de noircir de poèmes érotiques. T’es belle. C’est tout. T’es belle.
// Dédé ANYOH //​​
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Ôde à la vie
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Il râle le matin. Elle dit : ôde à la vie. Il râle quand il chie. Elle dit : prouesses internes. Il râle quand il part. Elle dit : voyage infini. Il râle quand il dort. Elle dit : mais c’est un don !
C’est sûr et certain, cet homme est un génie.
// Dédé ANYOH //​​
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