Un peu de pédagogie, un peu de coup de gueule, un peu d'écriture fictionnelle, tout ça d'une personne transgenre non binaire, anarchiste, polyamoureux, pan, demisexuel, racisé, bref.
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Petite mise au point concernant les étiquettes
Petite mise au point sur les étiquettes.
TW : mentions d’agression sans détails, oppressions systémiques.
Bonjour les adelphes !
Je tenais à faire un rappel nécessaire concernant les étiquettes. Je vois beaucoup de personnes reprocher aux personnes queers de se ranger dans des cases, prétextant que « ça sert à rien », « l’amour ne devrait pas avoir d’étiquettes », « pff j’aime pas un genre mais une personne ». Ce discours, en plus d’être extrêmement naïf, est très franchement invisibilisant, et joue le jeu d’un système dédié à l’oppression des personnes autour de ces mêmes étiquettes.
La première chose à savoir, c’est qu’au départ, nous n’avions aucune étiquette. Cependant, en grandissant, en apprenant à nous connaître nous-même, nous pouvons constater que nous sommes en décalage avec le modèle que la société met en avant. Dans notre contexte, ce qui est mis en avant, c’est le modèle blanc hétérosexuel cisgenre. Dès lors qu’on en dévie, ne serait-ce qu’un peu, alors les problèmes commencent.
« Sale gouine », « pédé », « frigide », « bougnoule », pour décrire des lesbiennes, des gays, des asexuel’les, des personnes d’origine maghrébine, pour exemples. Il en existe tellement, je ne vais pas tous les citer. Mais le fait est qu’à partir du moment où une étiquette devient une insulte, c’est une oppression (le sujet est bien plus compliqué que ça en vrai, les partisan’es du racisme anti-blanc, je vous vois venir). Je répète donc pour les personnes du fond qui n’ont pas suivi : NOUS AVONS ETE ETIQUETES DE FORCE.
Avant que cela devienne des termes récupérés par la communauté, ces mots étaient des insultes. Queer était une insulte. Lesbienne était une insulte. Ces termes que je revendique avec fierté aujourd’hui étaient des insultes, et le sont encore.
Et pourtant, quand on se réapproprie ces étiquettes, on nous le reproche. Imagine, t’étiqueter de force puis vouloir t’empêcher de te le faire à toi-même dès que ça devient positif ?! On nous le reproche parce que l’amour, ça ne se range pas dans des cases. C’est totalement ce qu’il se passe.
Alors dans l’idée, ok. Mais c’est très naïf de partir de ce postulat-là, déjà car c’est nier les oppressions liées, mais aussi parce que ça empêche des personnes de vouloir se comprendre elles-mêmes. Parce qu’avec la surreprésentation dominante – et la très mauvaise représentation des minorités –, nous avons des modèles qui ne nous permettent pas de nous reconnaitre. Regardez juste à quel point les représentations de couples gays sont majoritairement toxiques voire abusives, et comment les lesbiennes sont hypersexualisées. Quand il y en a. Quand on arrive à les voir tellement c’est discret.
Vous voyez l’idée ?
C’est pourquoi l’autodétermination est si importante. C’est pour ça que des personnes s’attribuent elles-mêmes ces termes, pour se comprendre et ensuite pour s’unir contre les oppressions. Tu es légitime à te donner les étiquettes qui te correspondent. Tu es légitime à te dire pédé, gouine, frigide, bougnoule, si tu en as envie, tout comme tu as le droit de préférer te dire gay, lesbienne, ace, maghrébin. Tu es légitime à refuser qu’on utilise ces insultes sur toi. Tu es légitime à vouloir en retirer l’insulte pour t’en servir comme compliment – toujours avec le consentement de la personne qui le reçoit, et sur toi-même si tu le souhaites. De même que tu es légitime à décider que tu ne veux aucune étiquette.
Et pourquoi la fierté ? Pourquoi faire des Pride ? Pourquoi revendiquer haut et fort qui on est ? Parce qu’il faut que la honte change de camp. Nous n’avons pas à cacher qui nous sommes, quand le modèle dominant n’a pas à le faire aussi. Nous revendiquons haut et fort qui nous sommes afin d’offrir aussi à celleux qui ne se retrouvent pas dans le modèle dominant une autre fa��on d’être. Et nous crions plus fort afin d’être entendu’es dans nos revendications. Des revendications qui consistent à avoir les mêmes droits que ceux du modèle dominant. Ni plus, ni moins.
N’empêche cependant pas les autres de le faire.
Je suis un mec transgenre non binaire.
Je suis pansexuel panromantique demisexuel ABCD.
Je suis polyamour, anarchiste relationnel.
Je suis créole, algérien, français.
Je suis pédé, lesbienne, une tchoin, une salope.
J’ai des étiquettes de partout, je les aime car elles décrivent mon genre, mes amours, mes attirances. Elles ne correspondent pas à la norme, j’aimerais que les gens se foutent de ce que je suis. Mais je ne leur donnerai jamais le droit de l’ignorer.
On m’a traité de salope, de tchoin, parce que j’aime le sexe.
On m’a traité de gouine, de broute-minou, car j’aime les femmes.
On m’a agressé dans la rue car je tenais la main de mon ex, une femme, trois fois.
Au travail, on a jasé sur ma relation de couple car c’était un couple lesbien.
On m’a catégorisé musulman car j’ai un nom de famille algérien.
On a considéré mes cheveux comme domaine public à tripoter car ils sont frisés.
On m’a agressé sexuellement car je suis afab.
Voyez mon genre, mes orientations, voyez les oppressions que je vis, combattez avec moi, laissez-moi avoir mes étiquettes, ce sont elles qui me tiennent en vie et qui me légitiment tel que je suis. Si vous ne voulez plus ces étiquettes, si vous souhaitez ne plus les voir, alors combattez la norme qui nous force à les avoir.
Ces étiquettes sont importantes car permettent à des personnes de se comprendre, de pouvoir faire face à leur genre, leur sexualité, etc… et de cesser de se sentir coincé.e dans un modèle dans lequel elles ne correspondent pas. J’ai mal au cœur quand j’ai des personnes qui me demandent de l’aide parce qu’elles ne parviennent pas à ressentir du désir sexuel alors que le modèle ne montre que la dichotomie hypersexualité/frigide. J’ai mal au cœur quand un ado m’a expliqué qu’il ne pouvait pas aimer les garçons car ses parents le lui ont interdit. J’ai mal au cœur pour toutes ces situations affreuses que je ne peux pas décrire car elles m’écorchent les doigts.
Car si ces étiquettes sont nécessaires pour se comprendre, elles sont des prétextes pour que d’autres nous oppriment, agressent, violent, torturent, tuent. J’aime mes étiquettes et je les arbore avec rage et fierté, mais j’en ai peur aussi.
Alors, au lieu de nier nos identités au nom d’un « l’amour n’a pas d’étiquette », « nous sommes toustes pareil’les », « ils sont compliqués tes mots », IMAGINE A QUEL POINT NOTRE VIE PEUT L’ÊTRE, COMPLIQUEE.
Et quel est le problème avec le fait d’être toustes différent’e’s d’abord ? Pourquoi voulez-vous qu’on soit toustes pareil’les ?! Pourquoi toustes vouloir nous imbriquer dans des cases bien précises, pratiques, inconfortables pour nous ?
Ps : Il y a peut-être des mots que j’ai utilisé que tu ne comprends pas. Tu peux aller chercher sur google, ou tu peux venir m’en parler pour que je t’explique. Cependant, n’oublie pas une chose : il est possible que pour toi, comprendre ces mots soit de la curiosité. Pour d’autres personnes, c’est une question de vie ou de mort. Garde ça en tête quand tu viendras me poser tes questions. Je crois en la pédagogie, mais si j’en fais, c’est uniquement pour créer un monde meilleur, personne par personne, step by step, afin que mes adelphes n’aies pas à dépenser l’énergie que je t’offrirai.
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Le polyamour, Partie 1
A l’attention des personnes qui souhaitent se lancer dans le polyamour, qui y sont déjà et ont besoin d’informations, de conseils, ou pour celles qui se renseignent juste, j’écris quelques mots sur le sujet. A l’origine, ce projet était pour un ami qui ressentait le besoin de se jeter à l’eau. Son hésitation était grande, maintenant j’ignore encore ce qu’il en est, je crois qu’il ne me lit plus, pourtant je continue et je reprends un peu ces textes en les postant sur tumblr. Je me souviens encore de mes débuts dans le polyamour. Je suis passé par beaucoup de questions, d’interrogations, de réflexion. Depuis un moment maintenant, j’ai écumé un peu ce qui pouvait se dire dans la communauté polyamoureuse, dans des livres, des articles, donc j’ai une base que je peux désormais offrir à d’autres qui sont dans mon ancienne position. Il m’a du coup semblé utile du coup d’apporter à mon tour mon grain de sel en écrivant une série de petits textes afin de créer une base, en complément de discussions éventuelles. Cela pourrait servir aussi de support afin de réfléchir à ce qu’on souhaite, les besoins relationnels à formuler. Une base aussi pour ensuite avoir l’occasion de formuler des questions plus précises. Mon but ne sera donc pas spécialement politique – bien que le polyamour soit politique à mon sens – mais vraiment dans l’aspect pratique. Je tenterai donc de résumer un peu tous les aspects qui ont pu poser des problèmes dans les débuts, selon ce qu’on a pu me dire et de ce que je me souviens de mes débuts. Avant toute chose, je vais devoir enfoncer des portes ouvertes en parlant de l’amatonormativité. C’est un gros mot pour décrire le système relationnel présupposé comme supérieur dans la société dans laquelle nous vivons – je parle ici de la société occidentale, d’un point de vue français. Depuis tout petit, on apprend que le prince trouvera sa princesse, et inversement. La majeure partie des magazines sortent des articles décrivant des relations hétérosexuelles, destinées à déboucher sur un mariage, puis une famille avec enfant. Ce type de relation correspond à des codes préétablis, impliquant la fidélité, la jalousie, la possessivité, l’exclusivité. En somme, l’amatonormativité représente l’ensemble des injonctions faites aux individu.e.s qui doivent donc correspondre à la norme, qui sert de base pré-établie. Tout cela forme ce qu’on appelle le monoamour (le terme monogamie concernant plutôt le mariage, de même pour la polygamie). Il s’agit d’ailleurs autant d’une orientation relationnelle – la capacité à n’aimer romantiquement qu’une personne à la fois – qu’un système relationnel – le choix de ne relationner qu’avec une seule personne à la fois. Aussi logiquement, le polyamour peut être l’orientation relationnelle décrivant une personne pouvant tomber amoureuse de plusieurs personnes simultanément et un système relationnel, qui décrit une personne pouvant entretenir plusieurs relations amoureuses à la fois. C’est totalement indépendant de l’orientation sexuelle ou romantique. Une personne aromantique, asexuelle, pansexuelle, biromantique, peu importe, est totalement capable et légitime à pratiquer le polyamour. On peut aussi parler de polysexualité pour décrire une personne pouvant ressentir de l’attirance sexuelle pour plusieurs personnes à la fois. Chose importante à retenir : il est totalement possible d’être polyamoureuxse – être en capacité d’aimer plusieurs personnes à la fois – mais de pratiquer le monoamour – avoir une seule relation exclusive romantiquement, et inversement. Il existe aussi des personnes monoamoureuses qui acceptent que leur partenaire soit polyamoureuxse : on les appelle des polyacceptants. A partir de là, on comprend bien que le polyamour correspond assez difficilement à la norme, c’est d’ailleurs le rejet total de ces normes-là. Même s’il existe des codes relativement « universels » au polyamour – comme le rejet de l’exclusivité amoureuse et sexuelle – il n’en reste pas moins qu’il n’y a plus possibilité de vraiment jouer sur le sous-entendu. Tout doit désormais être discuté, consenti, de façon claire, enthousiaste et éclairée, le tacite pouvant finir par créer des malentendus dangereux. Il ne s’agit pas forcément de reproduire les codes de la norme, bien qu’il soit possible de le faire, mais plus de mettre en avant ses besoins, ses envies. Chaque chose peut être discutée, et acceptée ou refusée. Il ne s’agit donc absolument pas d’infidélité, puisque tout le monde est d’accord et consentant. Mais les choses ne sont pas forcément aussi simples que ça. Et histoire de ne pas faire un pavé de cinquante pages, je vais essayer de faire des postes thématiques que vous pourrez trouver en cliquant sur le hashtag #PolyamourConstellation qui permettra de tous les retrouver au besoin.
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