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#Adelphe Le Bris
selidren · 18 days
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Printemps 1924 - Champs-les-Sims
4/10
Vous vivez sur une petite île. Moi je vis dans un petit village. Alors je pense que vous comprenez que c'est difficile de rencontrer grand monde de l'extérieur. Moi, je ne sors pas beaucoup. J'ai du travail et des responsabilités. Alors quand j'ai rencontré Jean, je pensais que c'était inespéré. Il était engagé comme saisonnier à l'automne dernier pour les vendanges, et comme il travaille bien, j'ai convaincu mon oncle Adelphe que ce serait une bonne idée de l'engager comme ouvrier à part entière. Nous nous voyons en cachette, avec la complicité de mes soeurs. Mon frère était au courant aussi bien sur, car il n'y a personne d'autre à qui je fasse plus confiance. Il se peut aussi que j'en ai touché un mot à mon cousin Ange, qui porte plutôt bien son prénom.
Antoine et Ange passent une grande partie de leur temps à Paris, et il s'y rencontrent parfois. Mon frère est étudiant et mon cousin est un hédoniste qui fréquente des salles de bal d'un genre qui ferait dresser les cheveux de ma grand-mère sur sa tête. Il m'écrit assez souvent ce qui se passe dans ses soirées, et je suis aussi fascinée qu'intimidée par les audaces qu'il se permet. Avez-vous entendu parler du Corydon de Gide ? Disons que Ange est de ceux dont parlent ces essais. Il a tant fait scandale qu'on vient juste de le publier. J'ai l'air d'une écolière maladroite quand j'écris ces lignes plutôt que d'aller à l'essentiel. Je me suis idiote, mais on ne sait jamais, des fois que Maman, ou pire Grand-Mère, lise par dessus mon épaule, mieux vaut que j'écrive en tournant autour du pot.
Transcription :
Jean « On discute pas mal avec les gars. Il y en a du village, mais aussi d’autres qui viennent des alentours comme moi. Et on se raconte des histoires, des anecdotes. Les locaux aiment bien bomber le torse en racontant les histoires du cru, les personnages locaux hauts en couleur, les grands événements qu’ils ont connu ou qu’ils tiennent de leurs parents. Ta famille est partout là-dedans. Rien que ta grand-mère... »
Arsinoé « Oh non pitié, je l’ai bien assez sur le dos pour que toi, plus que les autres finisse par m’en parler ! »
Jean « Oui je sais mais… Ce que je veux dire, c’est qu’on ne peut pas échapper à ta famille, elle est partout ici. »
Arsinoé « Oui, j’avais compris. Alors dis-moi ce que tu veux que je fasse. »
Jean « Pardon ? »
Arsinoé « Je n’aime pas te voir aussi mal à l’aise. On se voit déjà si peux, et c’est dommage que l’on gâche tout. Déjà, je pense qu’on devrait arrêter de se cacher. Viens avec moi tout à l’heure et je te présenterai mes parents. Oncle Adelphe fera peut-être les gros yeux, mais il ne dira rien. »
Jean « Tu plaisante ? La vieille… enfin ta grand-mère, me fait mille fois plus peur !  Tout le monde sait qu’elle a des plans pour sa petite-fille adorée. »
Arsinoé « Bon sang. Pourquoi suis-je toujours la dernière mise au courant ?"
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aisakalegacy · 9 months
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Été 1915, Saillant d’Ypres, Belgique (6/14)
Nous nous privons de bien des choses, et bien que ces modes de vie ardus me sont familiers, je me trouvais mieux équipé lorsque j’étais dans le Grand Nord ou au milieu du désert égyptien. Si vous ne savez pas quoi envoyer à Constantin ou à Adelphe lors de votre prochaine lettre, envoyez-leur une lampe électrique, je vais moi-même en acheter une, et je peux vous assurer qu’ils vous en seront grés. Je n’ai pas de manteau, le capitaine dit que la guerre sera finie avant l’hiver et que nous n’en aurons pas besoin.
[Transcription] Arthur Rumédier : La logistique nous envoie des ravitaillements. Odin Delacroix : Tant mieux. Ils se font attendre avec impatience. Bert Simmon : Plus qu’à attendre, donc. Causons un peu : quelles sont les nouvelles ? Jules LeBris : J’ai lu sur le journal du jour que la classe 17 sera appelée en commençant par l’S… Jules LeBris : Si mon cousin français ne s’était pas déjà engagé de lui-même, il aurait eu des vacances. Mais il a été suffisamment stupide pour s’envoyer tout seul dans cet enfer avant l’heure. Comme nous, d’ailleurs. Et comme nous, il va crever dans un trou, comme un rat. Arthur Rumédier : Le Bris, du clame. Ça ne sert à rien de paniquer comme ça. Tu vas faire pleurer Zéphir. Zéphir Rumédier : sanglote Jules Le Bris : Je préfère être coursé par dix ours dans un froid polaire, plutôt que de rester une journée de plus sous cette pluie qui n’en finit pas. Heather Delacroix : On en a tous marre, Le Bris. Je préfèrerais être au chaud chez moi à Vancouver, à élever des enfants que je n’ai même pas le temps de concevoir, plutôt que de vous tenir la jambe - tant qu’elle est toujours attachée à votre corps en tout cas. Bert Simmon : Vous, au moins, vous êtes ici avec votre mari… Heather Delacroix : C’est vrai. Cela veut dire que ni lui, ni moi n’avons la sérénité de savoir l’autre en sécurité à l’arrière. Bert Simmon : Vu comme ça…
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selidren · 7 months
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Hiver 1916-1917 - Champs-les-Sims
1/7
Cher cousin,
Je suis heureuse de vous annoncer que Constantin et moi avons eu un nouvel enfant. Notre petite Eugénie est venue au monde au début de l'automne. La nommer ainsi m'a paru naturel, même si beaucoup de connaissances m'avaient conseillé Françoise ou Victoire. Mais il y en a déjà tant que j'ai préféré rendre hommage à notre bien-aimée matriarche.
Les enfants ont été ravis d'accueillir une petite soeur, mis à part Cléo, qui a étrangement vu l'arrivée de sa soeur comme un affront personnel. Cette petite a l'esprit le plus retors que j'ai vu.
Transcription :
Cléopâtre « Cher journal. Aujourd’hui, je n’ai jamais été aussi malheureuse. Et pourtant, Maman a dit que je devrai être heureuse. Alors je suis triste parce que je ne suis pas heureuse comme Maman voudrait, ce qui me rend doublement malheureuse. Et comme j’étais déjà malheureuse hier, j’imagine que ça rend les choses encore pires. »
Cléopâtre « Hier, Maman a eu un autre bébé. Il a les cheveux tous noirs, comme oncle Adelphe, mais tous poisseux. Il n’est pas très beau, mais il paraît que c’est normal pour un bébé. Je devrai dire elle en fait, car c’est une fille. Papa et Maman ont décidé de l’appeler Eugénie, comme mon arrière-grand-maman, car c’est une grande dame. Figure-toi que mon Papa n’a pas le temps de m’écrire, mais par contre il discute avec Maman de prénoms de bébés. C’est très vexant. »
Cléopâtre « Ce qui est encore plus vexant, c’est qu’ils aient choisi le prénom Eugénie. C’est un hommage, a dit Maman. Donc ça fait de bébé Eugénie un bébé spécial. Pourquoi elle aurait droit à ce prénom et moi à un prénom bizarre, si bizarre que tout le monde m’appelle par mon surnom ? J’imagine que je ne mérite pas le prénom Eugénie. C’est ce qui m’a rendue très malheureuse. Je suis si banale que Maman n’a pas voulu me donner ce prénom là. Je pleurerai toute ma vie de ne pas m’appeler comme mon arrière-grand-maman. »
Cléopâtre « Ceci dit, je pourrai toujours me faire appeler Eugénie quand je publierai des livres. Tous les grands écrivains ont des noms de plume après tout. »
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selidren · 1 year
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Champs-les-Sims - Eté 1908
2/10
Apprenez donc que je suis à présent père de quatre enfants. Oui, vous avez bien lu. Mon épouse a porté en son sein quatre enfants en une seule fois. Même le docteur en a été fort surpris au moment de la délivrance. Si je devais me livrer à quelques conjectures superstitieuses, je dirai que cela aurait à voir avec le lieu fort inhabituel de leur conception. Voyez-vous, Albertine et moi avons consommé dans ⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛ ⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛⬛. Mais encore une fois, je n'y vois qu'une situation cocasse, n'allez pas imaginez que je crois ces billevesées.
S'est alors posé le délicat sujet des prénoms. Comme vous vous en doutez, j'ai soutenu durant de longs mois ma conviction de leur donner des prénoms égyptiens anciens. Les parois des temples et des tombes fourmillent de patronymes prestigieux et pourvus d'un sens très plaisant. Je regrette ceci avec la plupart de nos prénoms, ils ont souvent perdu leur sens (ou alors celui-ci a été dénaturé) ou alors leur signification n'est qu'un ramassis de platitude. Ce n'est heureusement pas le cas de nos deux prénoms. Selon mon sentiment, les égyptiens n'avaient que faire de l'esthétisme en nommant leur progéniture. Le prénom relevait d'une certaine praticité dans la vie de celui qui le porte, même si tout cela est du à leur spiritualité, sentiment qui m'est étranger.
De ce fait, j'ai bien entendu cherché quelque chose qui me satisfasse. Grand-Mère m'a suggéré François, ce à quoi j'ai répondu que cela était un prénom si pauvre en sens qu'on pouvait sans doute assimiler cela à une maltraitance prénatale (notez que comme nos enfants ont été conçus en Egypte, dans un climat fort chaud, ma grand-mère était persuadée qu'Albertine donnerait naissance à une tripotée de garçons). J'ai arrêté mon choix sur Khâemouaset. Comme vous le savez, maints grands personnages ont porté ce nom, mais j'ai opté pour la référence au fils aîné de Ramsès II et grand prêtre de Ptah. Je ne vous ferai pas l'affront de vous expliquer en quoi ce prénom aurait été idéal et parfaitement approprié pour nommer un fils (sur plusieurs enfants, la probabilité était forte qu'il en ait au moins un).
Transcription :
Constantin : Adelphe ! Dieu merci te voilà !
Adelphe : On croirait entendre Grand-Mère. Je ne t'ai pas vu aussi agité depuis...
Constantin : Adelphe ! Comment devient-on père ?
Adelphe : Comme Albertine attend des enfants, je pensais que...
Constantin : Je m'exprime mal. Bien sûr que je suis au fait de l'aspect biologique de la chose, j'ai lu des ouvrages pour comprendre comment fonctionne la gestation des mammifères, mais cela ne m'a guère éclairé. Ce que je veux savoir, c'est comment faire pour se comporter en père une fois l'embryon sorti.
Adelphe : Pour commencer, ce n'est plus un embryon une fois sorti. C'est un enfant, ou un poupon si tu préfère.
Constantin : Le nom qu'on lui donne n'est pas important.
Adelphe : Bien sûr que si ! Te vois-tu demander à Albertine comment se portent vos petits embryons ? Sans compter que d'un point de vue sémantique, la nomination ne serait même pas juste.
Constantin : Je devrai donc commencer par y faire référence comme à mes enfants ?
Adelphe : Je dirai que la première étape pour devenir un père serait que ledit père admette et accepte que les petites choses issues de son sang sont ses enfants. L'idéal serait d'ailleurs de les appeler par leur prénom. En ont-ils déjà ?
Constantin : Le sujet est complexe. Il y a déjà la question épineuse du sexe ou même du nombre d'embryons...
Adelphe : Des enfants !
Constantin : Hum... oui, du sexe des enfants, qu'il est impossible de déterminer à l'avance malgré...
Adelphe : Malgré ce que dit Grand-Mère. Oui, je crois que chaque nouveau parent de la famille a droit aux mêmes stances à propos de l'influence du climat sur le sexe d'un enfant à venir.
Constantin : C'est exact et fort frustrant ! De plus, Albertine n'aime pas mes idées de prénoms. Elle dit qu'il faut songer aux intérêts des enfants, mais je ne saisis pas de quoi elle parle. J'aimerai que, comme pour les anciens égyptiens, leurs noms aient un sens, pas qu'ils soient une sorte de simple colifichet d'état civil.
Constantin : Mérytamon signifie "Bien-aimée du dieu Amon", ce serait un magnifique prénom à donner à une fille. De la même façon, je trouve que mon argumentaire au sujet du prénom Khâemouaset pour un garçon ne souffre pas la moindre contradiction.
Adelphe : Bien sûr que tu as argumenté...
Constantin : Ce prénom signifie "Celui qui apparait à Thèbes". C'est parfait ! C'est là-bas que nos enfants ont été conçus et par ailleurs, le prince Khâemouaset de la XIXème dynastie est parfois considéré comme le premier égyptologue au monde au vu de son travail sur les temples de l'Ancien Empire ! Je ne vois pas meilleure manière de nommer mon héritier !
Adelphe : Vu ainsi, c'est est en effet pertinent, mais je dirai que tu oublies un ou deux détails importants.
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selidren · 1 year
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Printemps 1906 - Champs-les-Sims
1/19
Cher cousin,
Vos lettres nous ont tenu en haleine pendant des mois. Nous avons suivi vos aventures polaires avec un grand intérêt mêlé d'une forte inquiétude. J'imagine que votre épouse s'est aussi émue que nous en lisant vos courriers. Fort heureusement, votre narration nous rassurait et nous avions la certitude que vous étiez vivant, car vous imaginer blessé, dans un sémaphore aux confins du monde était presque douloureux. En comparaison, l'idée de laisser Constantin baguenauder entre les dunes du désert parait bien moins comme une source valide d'anxiété.
D'ailleurs à ce sujet, la photographie jointe à ma lettre a du vous faire hausser un sourcil. J'admet que vous ayez du mal à y croire même avec une telle preuve sous les yeux (j'ai moi même parfois l'impression que ce n'est qu'un fantasme tant cela s'est réglé rapidement), mais notre famille a connu de fulgurants changement ces dernières années.
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selidren · 11 days
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Automne 1924 - Champs-les-Sims
1/3
Cher cousin,
Je sais que je n'ai pas encore reçu votre réponse, mais je me suis dit que j'allais tout de même vous écrire, au moins une petite lettre.
Tous les changements dont je vous ai parlé se sont bel et bien produits, et la maison est bien vide. Heureusement, cela semble avoir frappé Antoine, car il revient plus souvent à la maison alors même qu'il a commencé ses études. Il n'a pas envie de me l'avouer, mais je crois que ça a aussi beaucoup avoir avec la nouvelle bonne engagée par Maman après le départ de Madame Armadet. Elle s'appelle Aurore Laroche, elle a a peu près notre âge pour peu que je puisse en juger (je n'ai pas osé lui poser la question) et elle est vraiment jolie. Je pense qu'il est clair que mon frère est intéressé, mais de son côté, c'est dur à dire. Elle est assez impassible la plupart du temps, mais c'est vrai qu'elle sourit peut-être davantage quand Antoine est dans les parages. Mais personne ne doit savoir, même pas Maman, et surtout pas Grand-Mère.
Transcription :
Aurore « Que faites-vous là Monsieur ? »
Marc-Antoine « Ah bonsoir ! Je suis venu prendre quelques affaires c’est tout. »
Aurore « Et vous êtes ? »
Marc-Antoine « Pardon ? Oh, je suis Marc-Antoine Le Bris. Heu… et vous ? Je ne vous avais jamais vue. »
Aurore « Ah vous êtes le fils du maître de maison ! Que je suis bête, j’aurai du m’en douter, vous lui ressemblez comme deux gouttes d’eau ! Je suis Aurore Laroche, votre mère m’a engagée comme bonne la semaine passée. »
Marc-Antoine « Enchanté Mademoiselle Laroche. Faites comme si je n’étais pas là. Comme je le disais, je ne faisais que récupérer des affaires. »
Aurore « Je me disais bien que vous aviez passé l’âge de dormir dans la chambre d’enfants. »
Marc-Antoine « Vous seriez surprise. C’est avant tout que j’ai les pieds qui dépassent largement du lit maintenant, alors je me suis installé dans l’ancienne chambre de mon oncle, au grenier. »
Aurore « On ne m’a pas prévenue. Attendez un peu que je monte la faire. »
Marc-Antoine « Ce ne sera pas nécessaire, je peux m’en occuper moi-même. »
Aurore « J’insiste Monsieur, je tiens à bien faire mon travail. Votre mère a dit de façon assez cryptique qu’il me faudrait sans doute faire mes preuves. Alors de quoi aurai-je l’air si je laissais son fils faire la poussière et changer lui-même les draps du lit ? Vous savez au moins que cette chambre n’a pas été occupée depuis des mois ? »
Marc-Antoine « Faire vos preuves ? Je n’y connais pas grand-chose, mais j’ai l’impression que vous tenez plutôt bien l’intérieur. En tous cas de ce que j’en ai vu depuis mon retour. »
Aurore « Je sais, c’est étrange. Votre mère a dit quelque chose à propos de votre grand-mère je crois… »
Marc-Antoine « Attendez, je crois que j’ai compris. C’est ma mère qui vous a engagé ? »
Aurore « Oui. Comme je vous l’ai déjà dit. »
Marc-Antoine « Vous n’êtes pas du coin vous non ? »
Aurore « Je ne vois pas le rapport. Et pour ce que ça vaut, je ne vois pas non plus où vous voulez en venir. »
Marc-Antoine « Ce n’est rien. C’est juste juste, d’ordinaire, c’est ma grand-mère qui engage les domestiques. »
Aurore « Je vois... »
Marc-Antoine « Mademoiselle Laroche, vous avez pénétré par mégarde sur le lieu d’une lutte de pouvoir domestique, et ce dans le camp de ma mère. »
Aurore « Ah… Je comprends mieux pourquoi elle m’a dit que j’étais la seule qu’elle recevait. Et j’imagine que toutes les filles du coin se sont soigneusement tenues à l’écart… Mince ! J’ai bien besoin de ce travail moi ! »
Marc-Antoine « Dans ce cas je suis navré, mais vous voilà coincée avec nous. »
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selidren · 14 days
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Printemps 1924 - Champs-les-Sims
8/10
D'ailleurs, la question du futur semble être au coeur des préoccupations de tout le monde en ce moment à la maison. C'est à un point ou même Papa s'en mêle. C'est rare de le voir s'investir dans autre chose que son travail. Nous avons aussi appris il y a peu que mon oncle Adelphe serait grand-père sous peu, et Maman dit que cela travaille beaucoup Papa, même si je ne suis pas bien sure de comprendre pourquoi. Mais il faut dire que des choses qui nous paraitraient anodines ont tendance à beaucoup travailler Papa. Tout ce qui touche à Adelphe en fait. D'ailleurs, je l'appelle mon oncle, mais c'est le cousin de mon père, c'est juste qu'ils sont si proches que personne ne fait la distinction pour eux. J'ai l'impression d'avoir répété cette phrase ma vie entière.
Cléo et Antoine vont aller à l'université, et Sélène va aller à Paris pour prendre des cours de tennis avec un champion. C'est son ambition, de vivre du sport et de gagner des tournois. J'aimerai bien un jour vous montrer une coupure de journal qui parle de ma soeur. J'imagine qu'elle finira par épouser son Berto. Ce serait incroyable qu'ils forment un couple de champions de tennis.
Transcription :
Constantin « Dis-moi Sélène, tu ne comptes toujours pas candidater dans une université ? »
Sélène « Non Papa, toujours pas. »
Constantin « Je n’ai pas vraiment saisi ta raison. Je pense que ce serait bien pour toi. »
Sélène « Je ne pense pas que ce serait très utile. Je veux jouer au tennis. Comme joueuse professionnelle je veux dire. »
Constantin « Mais enfin Sélène, courir après une balle, cela ne peut quand même pas remplir une vie. »
Sélène « Mais enfin Papa, creuser dans le sable, cela ne peut quand même pas remplir une vie. »
Constantin « Quoi ? De quoi tu… ? Oh ! Je vois… Enfin je crois. Je pense, ma fille, que nous allons devoir nous accorder sur le fait que nous ne comprenons pas nos intérêts de vie respectifs et qu’il faudra nous efforcer de nous montrer plus ouverts. »
Sélène « Je le pense aussi. Merci Papa. »
Constantin « Mais est-ce que ton Gilberto gagne bien sa vie au moins ? Car si vous vous mariez, je tiens malgré tout à ce que tu conserves une certaine indépendance financière. »
Sélène « Oh non Papa ! Cessez de parler de mariage ! Grand-Mère suffit amplement. »
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selidren · 15 days
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Printemps 1924 - Champs-les-Sims
6/10
Pour changer de sujet, j'aimerai vous poser une question. J'ai l'impression de vous connaître un peu, car votre mère parle beaucoup de vous à la mienne, et j'imagine que l'inverse est vraie également. Je me demande à quoi vous vous occupez. Je ne crois pas que vous fassiez d'études. D'ailleurs, je ne sais pas ce que votre père a écrit au mien à ce sujet, mais il en garde beaucoup de rancoeur. Quand je suis venu lui demander conseil à propos de cette lettre, il a pris un air vexé et m'a simplement dit : "Tu ferais bien d'être gentille avec ce pauvre garçon, car figures toi que son borné de père lui refuse des études à l'université". Je ne sais pas trop si cela signifie, mais je ne suis pas au courant de la dispute. Alors je me demande : que faites-vous dans la vie ?
De mon côté, je dois reprendre l'affaire familiale. Je ne l'aurai pas cru autrefois, mais le commerce et surtout la fabrication du vin sont un domaine fascinant. Oncle Adelphe est un puit de science à ce sujet, et bien qu'il m'ait déjà présenté des œnologues de renom venus de Paris, aucun ne lui arrive à la cheville selon moi. La semaine passée, il m'a annoncé qu'il voulait que je reprenne les rênes dès mon baccalauréat obtenu.
Transcription :
Adelphe « Noé attends ! Je voulais te parler de quelque chose avant que tu ne rentres. »
Arsinoé « J’ai encore beaucoup de révisions. Je dois apprendre mes textes de littératures par coeur, et puis j’aimerai revoir encore mes versions latine. Ah et… »
Adelphe « Je te promets que ce ne sera pas long. Le baccalauréat te mets dans tous tes états, dis-moi ! »
Arsinoé « Vous n’avez pas idée... »
Adelphe « Allons à l’essentiel. Je pense que ta grand-mère a évoqué le fait que tu reprennes l’affaire dès ta majorité, qui arrivera dans trois ans. »
Arsinoé « Au moins une fois par semaine depuis trois ans pour être exacte. »
Adelphe « Hum… oui, je vois. Que dirais-tu si cela arrivait un peu avant ? »
Arsinoé « Un peu avant ? »
Adelphe « Oui, à tes dix-huit ans par exemple. C’est à dire d’ici quelques mois. Je pense que tu es prête. »
Arsinoé « Mais... »
Adelphe « Oh je ne t’abandonne pas, ne t’inquiète pas ! Je serai là quotidiennement, comme toujours, et tu pourras toujours te reposer sur moins si tu en as besoin, ou même si tu as juste envie de te décharger quelques temps. Pour ton mariage, ou quand tes enfants serons petits par exemple. »
Arsinoé « Ecoutez, mon oncle. Je suis vraiment flattée que vous me pensiez assez mûre, vraiment. Mais moi, je ne pense pas l’être. Je sais bien que vous, vous n’avez pas eu le choix, mais comme je l’ai moi… J’aimerai encore attendre. Si ça vous convient bien sur. »
Adelphe « Ne te sens obligée à rien ! Je ne veux pas te forcer la main. »
Arsinoé « J’imagine que vous avez envie de laisser tout ça un peu derrière vous. Je veux dire, vous allez avoir des petits-enfants très bientôt, vous devez en avoir un peu assez de vous occuper des enfants des autres. »
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selidren · 1 month
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Automne 1923 - Champs-les-Sims
1/7
Chère Eugénie,
Il n'y a pas à dire, l'on est bien chez soi. Bien qu'il m'ait fallu un peu de temps pour l'admettre, la cuisine de Madame Armadet m'avait manquée en Egypte. Il semble qu'en plus, elle se soit bien perfectionnée durant notre absence.
Je regrette de vous avoir affolée en faisant allusion à notre éventuelle installation en Egypte. Sachez que rien n'est encore décidé et que bien entendu cela me peinerait de vivre loin de mes enfants. Ils sont encore trop jeunes, donc la question ne sera pas tranchée. Même Constantin n'aborde plus tant que cela le sujet.
Notre retour d'Egypte fut rocambolesque. L'insistance de mon mari à rester à l'écoute de toutes les dernières découvertes a manqué de nous faire oublier le bateau remontant vers le Caire. Si le reste du trajet fut bien tranquille, nous avons débarqué en France en pleine pagaille. Outre ces agitateurs des Camelot du roi qui ont mis le pays en ébullition, c'est une fièvre nuptiale qui s'est emparée de notre famille. Comme prévu, les préparatifs du mariage d'Alexandre et Sylvette battaient leur plein sous la direction de Madame Eugénie, aux anges que son arrière-petit-fils ait enfin consenti à l'écouter et à se marier (comme je le soupçonnais). Et voilà que deux jours avant notre arrivée, la soeur d'Alexandre, Emma, annonce qu'elle va épouser Emilien de Chastel, à la stupéfaction, mais aussi la désapprobation générale.
Mis à part le fait qu'ils soient apparentés par Madame Eugénie, vous vous demanderez peut-être ce qui a suscité tant de levées de bouclier. Il faut savoir que le jeune Emilien, cadet d'Ange, n'a que seize ans, alors que sa promise a fêté ses vingt-et-un ans en début d'année. Depuis le décès de son père, ce garçon est obsédé par l'idée de rebâtir le prestige des de Chastel. Il faut dire que la vente du domaine a sérieusement affecté l'enfant qu'il était, presque autant que d'apprendre qu'il était orphelin de père. Et selon sa logique, son frère aîné ne va sans doute pas donner de descendance à sa lignée (ce sur quoi je partage son avis) alors il "prend son destin à bras le corps et accomplit ce qui doit être accompli" (je le cite). Je me suis longtemps demandée ce qui avait motivé le choix d'Emma. C'est une fort jolie jeune femme, mais elle ne dispose ni d'une naissance prestigieuse ni d'un patrimoine conséquent. C'est Adelphe, parfaitement mortifié, qui a confirmé mes soupçons. Au cours d'une ballade à cheval suivi d'un pique-nique, les deux jeunes gens se seraient, semble t-il, "beurrés comme des biscottes" (ce sont les mots de Cléo, et bien que je l'ai disputée pour avoir tenu ce genre de propos, on ne peut nier qu'elle a un certain sens de la formule) et "laissé la nature suivre son cours" (encore Cléo). Suite à quoi Emma a confié à son père qui exigeait des explications quand à ce mariage précipité qu'elle pensait porter l'enfant d'Emilien. Et au vu que les mois passés ont transformé son corps en celui d'une future mère, je confirme que leur rendez vous champêtre n'a rien eu d'innocent. Tout un scandale en bref.
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selidren · 21 days
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Printemps 1924 - Champs-les-Sims
1/10
Cher cousin,
Comme voulu par ma mère et mon père, il est temps pour moi de reprendre la correspondance traditionnelle entre nos deux familles. C'est difficile d'imaginer que c'est une tradition plus ancienne que Grand-Mère tant tout, depuis mon enfance, semble tourner autour d'elle.
Je m'appelle Arsinoé Le Bris, mais appelez moi Noé. Personne ne m'appelle par mon nom complet, à part mon père bien sur, ma grand-mère quand elle se veut solennelle, ou mes soeurs quand elles veulent le taquiner. Très honnêtement, je trouve mon prénom complet vraiment pompeux, mais mon père est un original. Je m'estime heureuse de ne pas m'être appelée Isisnofret, ou quelque chose du genre.
Si j'ai bien compris, le rôle de cette correspondance est de maintenir un lien et de s'échanger des nouvelles entre nos deux familles. Ou plutôt notre famille, car deux de nos ancêtres étaient jumeaux. Grand-Mère a connu celui de mon côté, c'est incroyable, même si c'était déjà un vieil homme à cette époque. Il est aussi difficile d'imaginer Eugénie Le Bris comme une jeune fille. Même quand elle nous parle de sa jeunesse, j'imagine une vieille dame avec une canne. Malheureusement, sa santé n'est pas très bonne. Elle a appris cette semaine que Tante Hélène (la dernière de ses filles) est tombée malade, et elle s'inquiète à s'en rendre à son tour malade. Nous sommes habitués à ses malaises, car chez une dame de cent-trois ans, c'est plutôt attendu. Mais cette fois, je suis inquiète. Elle raconte des choses étranges au matin. Elle dit que les esprits de la famille viennent la visiter durant la nuit. Oncle Adelphe dit qu'il ne faut pas s'alarmer, car elle "voit" des fantômes depuis toujours, mais je ne peux pas m'empêcher d'être inquiète tout de même.
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selidren · 1 month
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Automne 1923 - Champs-les-Sims
5/7
Quand à Noé, elle ne fréquente plus le jeune Kleber dont je vous avais parlé. Je ne sais pas si elle s'est entichée d'un autre jeune homme depuis, mais je ne le pense pas. Elle passe ses journées à travailler, et elle ne quitte jamais le domaine, ou presque. Savez vous qu'elle a convaincue ses soeurs de venir aider à la vendange comme les faisaient autrefois les femmes de la famille. J'y ai moi-même pris part et c'était très stimulant. La chaleur était atroce, mais je pense que cela a fait du bien à tout le monde et renforcé les liens entre les filles. Je suis curieuse de voir quel jeune homme captera son regard, un futur époux peut-être. Cela vous semblera peut-être un peu vain de ma part, mais j'aimerai que ma fille épouse quelqu'un de son propre choix et pas quelqu'un choisi par Madame Eugénie, comme l'aïeule y aspire.
Transcription :
Arsinoé « Tu es venu ! »
Jean « Je n’ai qu’une seule parole Mademoiselle Noé. »
Arsinoé « En fait, je n’étais pas sûr que tu trouverais mon billet… »
Jean « J’ai attendu que Monsieur Barbois regarde ailleurs. Tu sais, je ne suis pas le seul ouvrier qu’il doit surveiller pendant les vendanges. Mais tu as tout de même de la chance que personne n’ai trouvé ton mot avant moi. Sois plus prudente la prochaine fois. Dissimule-le dans ma hotte par exemple. »
Arsinoé « J’avoue que je n’y avais pas pensé… Enfin, le plus important c’est que tu sois là ! »
Jean « Oui, nous allons enfin avoir un peu de temps pour parler. »
Arsinoé « Et plus encore j’espère ! Enfin… hum, je voulais dire en apprendre un peu plus l’un sur l’autre, ce genre de choses. »
Jean « Ouf, tu m’as fichue une de ces frousses. Je ne veux pas… bref… Je fois rester raisonnable devant la fille du patron. »
Arsinoé « En fait, c’est moi la patronne.»
Jean « Pardon ? »
Arsinoé « Oui, enfin, quand j’aurai vingt-et-un an j’en deviendrai la gérante officielle. »
Jean « Mince… Tu ne plaisantes pas ! C’est toi la fille Le Bris ? »
Arsinoé « Tu imaginais que j’étais qui au juste ? Je ne lui ressemble absolument pas à Adelphe pourtant. »
Jean « Le patron… ton oncle a plusieurs filles non ? Je pensais que tu en étais une et que Noé était un diminutif pour Noëlle, et pas Arsinoé. Bah mince alors, je sors le soir avec la fille à marier la plus riche de la région ! »
Arsinoé « N’exagérons rien… Je ne suis pas à marier, et nous ne sommes pas si riches que cela. »
Jean « Si, j’en suis positivement sur. A Seraincourt, tout le monde sait qui sont les Le Bris de la Butte au Chêne. Arsinoé… pardon… Mademoiselle Le Bris… tu… pardon vous êtes sure que vous voulez que nous continuions à nous voir ? »
Arsinoé « Seigneur… Pour commencer, à part mon père, personne ne m’appelle Arsinoé. C’est juste Noé. Ensuite, ne me vouvoie pas en me donnant du Mademoiselle… sauf si c’est pour me taquiner. »
Jean « Bon sang… Si il apprend que j’ai tutoyé et parlé de façon familière à une fille de bonne famille, mon père va me tuer, c’est sur ! »
Arsinoé « Alors oublie tout ça! J’ai envie de passer une bonne soirée avec toi. Après tout, on s’en fiche de qui je suis non ? Je suis une fille banale, tu es un garçon banal. Et nous avons décidé de se voir en cachette, tels les deux amoureux que nous sommes, derrière chez moi avant que quelqu’un ne remarque mon absence. »
Jean « Dire que ce palais est là où tu vis... »
Arsinoé « Allez Jean, on oublie ça aussi ! »
Jean « Bon d’accord… Noé. »
Arsinoé « Mon pauvre, tu as l’air tout chamboulé. Viens donc dans mes bras... »
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selidren · 1 month
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Automne 1923 - Champs-les-Sims
2/7
Pour renforcer l'impression d'avoir débarqué dans un véritable vaudeville, laissez moi vous conter une anecdote. Elle date de notre séjour en Egypte, mais j'attendais de voir sa conclusion avant de vous en parler.
Vous savez peut-être qu'avec l'engouement que suscite l'égyptologie et le nombre de touriste toujours grandissant qui s'y rend, nombreux sont les égyptiens à tenter de profiter de cette manne financière, et de bon droit. Alors que errions dans un souk très fréquenté à Louxor, Constantin est tombé par hasard sur un artisan tailleur de pierre qui réalisait des facsimilés de qualité assez médiocre. Ce dernier réalisait alors ce qui semblait être un sarcophage en calcaire, assez simple pour passer pour authentique. Constantin s'est arrêté devant et a observé l'artisan de façon très insistante pendant plusieurs minutes. Quand les yeux de Constantin se perdent ainsi dans le vague, mieux vaut le laisser et attendre. Je suis donc allée acheter un foulard dans une échoppe voisine. A mon retour, mon mari, très fier, m'a annoncé qu'il avait acheté le sarcophage et qu'il comptait l'offrir à Madame Eugénie pour qu'on puisse l'y enterrer l'heure venue.
Transcription :
Constantin « Ah Grand-Mère ! Je vous attendais depuis une bonne heure. »
Eugénie « A mon âge, il convient de se reposer fréquemment pour garder une bonne santé mon petit ! Mais qu’est-ce… ? »
Eugénie « Dis moi, mon garçon… Quelle est cette chose qui encombre mon tapis ? »
Constantin « Je vous avais dit qu’une partie de mes bagages étaient restées un moment à la douane de Marseille. Cela n’a pas été facile avec tous ces escaliers, mais on me l’a enfin apporté ! C’est splendide n’est-ce pas ? »
Eugénie « Hum… c’est très brut, dirons nous. Mais quand tu parlais de bagages, j’imaginais plutôt quelques malles, pas… qu’est-ce d’ailleurs ? »
Constantin « Et bien, votre cadeau enfin ! »
Eugénie « Mon cadeau ? »
Constantin « Oui, vous m’aviez fait promettre de vous ramener quelque chose cette fois. Comme je ne suis pas ingrat, je m’y suis attelé. Je me suis vraiment creusé la tête pour trouver quelque chose qui pourrait vous plaire, et cela n’a pas été facile. Et finalement, je suis tombé sur cette beauté, et je me suis dit que c’était la chance qui l’avait mis sur ma route ! »
Eugénie « Fort bien. Et qu’en a dit Albertine ? »
Constantin « J’ai du insister car elle n’a pas du tout apprécié que je le fasse ramener à l’hôtel. Elle a dit que c’était un cadeau morbide à la limite de l’insulte. Mais je ne suis pas d’accord. Nous nous sommes mêmes disputés à ce sujet, vous rendez vous compte ? »
Eugénie « Morbide tu dis… »
Constantin « Cela n’a rien de morbide. Qui ne rêverait pas d’être enterré dans un sarcophage ? Je vous accorde que celui de Monsieur Mariette est plus travaillé, mais je me suis dit que celui-ci aurait l’air plus authentique. Il faudra simplement penser à prévenir les fossoyeurs au préalable. »
Eugénie « Tu m’as offert un… sarcophage ? »
Constantin « Et bien oui. C’est Adelphe qui me rappelait justement qu’un jour vous ne seriez plus parmi nous et qu’il me fallait m’y préparer. Je l’ai bien écouté, car vous m’avez toujours dit de bien écouter Adelphe, et il est hors de question que l’on inhume ma grand-mère dans un bête cercueil en acajou. Non, vous méritez les honneurs des anciennes reines d’Egypte ! »
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selidren · 2 months
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Automne 1922 - Louxor (Egypte)
2/10
Nous avons aussi passé pas mal de temps à profiter de la douceur du climat égyptien. Nous avons gagné le sud du pays, au-delà de la première cataracte (où nous avons alors beaucoup pensé à vous). Je vous ai joint des clichés que nous avons pris du côté d'Eléphantine, là où le Nil se resserre. Le paysage y est si grandiose qu'Albertine en a pris plusieurs clichés et s'est dit que cela ferait plaisir à votre épouse (la deuxième photo jointe lui est donc directement adressée).
La troisième photographie représente Adelphe sous un immense acacia que nous avons croisé lors d'une ballade vers le monastère de Saint Siméon. Saviez vous par ailleurs que l'acacia est une récurrence au sein des textes funéraires ? Il symbole la Renaissance et est associé à Osiris. D'après la littérature scientifique sur le sujet, les barques funéraires étaient réalisées dans ce bois bien particulier.
Le quatrième cliché est de ma main. J'ai surpris ma douce Albertine alors qu'elle rêvassait sur la terrasse du jardin botanique d'Assouan. N'est-elle pas "la plus belle entre toutes" ? Ramsès a bien eu la sienne, j'ai moi-même ma Néfertari.
Je vous écrirai au plus vite quand mes recherches porterons leurs fruits. Je suis aussi curieux de voir si Monsieur Carter va enfin trouver ce qu'il cherche avant que son mécène ne ferme les vannes.
Avec l'assurance de ma plus sincère amitié,
Professeur Constantin Le Bris
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selidren · 3 months
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Automne 1921 - Champs-les-Sims
6/10
Il y a une seule chose dont je sois certaine. C'est que ce qui s'est passé à détruit quelque chose chez tous ceux qui vivaient dans cette maison. Les seules exceptions sont Rose et Juliette, qui étaient très jeunes. Madame Eugénie est naturellement sujette à des crises de larmes quand le nom de Lucrèce et évoqué, Adelphe se roidit puis change de sujet, et Constantin retrouve alors les manières d'un jeune garçon. Quand il n'évite pas le sujet, comme je l'avais mentionné, il tient un discours étrange où il m'assure que sa mère reviendra, bien que trente ans se soient écoulés depuis sa disparition. J'ai peine à l'écrire, mais sa douce maman est sans doute morte depuis longtemps, d'autant plus que la dernière fois qu'il l'a vue, elle était gravement malade. La dernière fois que j'ai tenté d'aborder le sujet, il m'a fixé avec de grands yeux luisants et suppliants, et j'ai eu un aperçu du petit Constantin de treize ans à qui on a sans doute tenté d'expliquer qu'il ne reverrait plus jamais sa maman. C'était un spectacle à vous fendre le coeur.
Transcription :
Albertine « Constantin ? »
Constantin « Oui ? »
Albertine « Pourquoi sommes-nous allongés sur le tapis plutôt que sur le lit ? »
Constantin « Cela me rappelle les nuits à la belle étoile que nous avons faites à Assouan. Toi et moi, allongés sur le sable. Nous venions juste de nous marier. Le tapis me rappelle un peu la texture du sable. »
Albertine « A moi aussi. C’était il y a si longtemps. Il n’y avait que toi et moi à cette époque. »
Constantin « C’est incorrect. Adelphe et Grand-Mère étaient avec nous. »
Albertine « Oui, mais nous étions de jeunes mariés. Nous n’avions pas d’enfants et il semblait que le monde nous appartenait. »
Constantin « C’est vrai. Je ne regrette pas nos enfants, mais j’aimais bien être l’unique objet de ton amour. Mais il est aussi vrai qu’une mère se doit d’aimer inconditionnellement ses enfants, bien plus que son époux. C’est le cas de ma mère. »
Albertine « Tu veux bien me parler un peu d’elle ? »
Constantin « Elle est grande et jolie. Rose lui ressemble énormément, même si elle les cheveux de notre père. Elle n’était pas amoureuse de mon père, c’était un mariage de raison. Mais lui était amoureux d’elle. Elle dit souvent que Rose, Juliette et moi, nous sommes les personnes les plus importantes de sa vie. »
Albertine « Elle m’a l’air d’être une femme adorable. »
Constantin « Le jour où je te la présenterai, je suis sûre qu’elle sera heureuse que je t’ai choisi. Elle valorise toujours mes choix, et elle me fait confiance. »
Albertine « Constantin... »
Constantin « Tu penses comme Adelphe, je sais. Mais ma mère n’est pas du genre à nous abandonner, elle reviendra quand elle le pourra. »
Albertine « Il faut que... »
Constantin « Non, je ne veux plus en parler. Prends moi juste bien fort dans tes bras. »
Albertine « Oui, je suis là... »
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selidren · 3 months
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Automne 1921 - Champs-les-Sims
5/10
Il faut dire qu'Adelphe est le genre d'homme égal à lui-même qui n'a nul besoin de hausser le ton pour se faire entendre. Il a une façon à la fois douce et inflexible de parler quand il souhaite imposer quelque chose, qui décontenance son interlocuteur. Constantin dit qu'il a appris cela de sa Tante Lucrèce quand il était jeune, elle qui était alors la seule personne à pouvoir tenir tête à Maximilien. Plus j'entends d'anecdotes sur cette femme, plus je regrette de ne pas l'avoir connue. J'ai bien tenté d'en savoir plus après votre lettre, mais encore une fois, c'est compliqué. Adelphe est le moins casanier, mais sa tante est une sujet sensible, et il m'a fait savoir fermement (mais encore une fois avec une grande douceur) qu'il y avait des choses qu'il valait mieux laisser derrière soi. Je me suis ensuite tournée vers le rumeurs que colportent parfois les anciens du village. Le vieux Monsieur Jacqmarcq, qui va sur ses quatre-vingt ans et qui aime bien se délasser sur les bancs devant l'église le dimanche m'a raconté une histoire abracadabrantesque de disparition inexpliquée et que Lucrèce Le Bris, ainsi que Clémence, la mère de Constantin, étaient soupçonnées du meurtre de Maximilien avant que la police ne conclut à une attaque d'animal sauvage. Le vieil homme s'est montré surpris de mes questions, car personne ne connait mieux l'affaire qu'Adelphe Barbois selon lui, le même Monsieur Barbois qui a oeuvré à enterrer l'affaire en faisant jouer ses relations. Puis Monsieur Jacqmarcq s'est fait rabrouer par sa fille qui lui a rappelé de ne pas colporter de ragots malveillants.
J'ai découvert ce jour là une facette nouvelle d'Adelphe que je ne connaissais pas. Je pense également que c'est là que mes recherches se heurtent à un mur. Je l'ai bien entendu confronter suite aux dires du doyen. Son visage est alors devenu de marbre et il m'a indiqué que personne ne saura jamais ce qu'il s'est passé la nuit où Maximilien et Lucrèce Le Bris ont disparu, et qu'il en allait de l'avenir de la famille.
Transcription :
Eugénie « C’est sans doute de ma faute je l’admet. Mais parfois, il me semble que mes petits-enfants ne font des choix que pour me contrarier : Rose et ses études, Constant (paix à son âme) qui a épousé sa souillon, et maintenant Alexandre qui se complaît dans le célibat. Pourquoi ne peuvent-ils pas être comme toi, conscient de leur devoir. »
Adelphe « Il y a mille façons d’accomplir son devoir. Et quand à mon fils, il n’en a aucun, quoi que vous imaginiez. Le seul devoir que je pourrais lui souhaiter est celui de mener sa vie comme il l’entend afin de devenir un homme heureux. »
Eugénie « Tout de même, il courtise cette fille depuis un moment. Et s’il n’avait jamais d’enfants ? »
Adelphe « Cela le regarde. »
Eugénie « Et d’où te vient cette fermeté soudainement ? »
Adelphe « Alexandre est mon fils, Grand-Mère. Mon fils. Et il a déjà bien assez souffert de ma négligence ou des atrocités de la guerre pour qu’on lui impose encore des choix qui ne sont pas les siens. Je vous le redemande. Laissez-le ! Il épousera sa Sylvette si cela lui chante, et cela ne nous regarde pas. »
Adelphe « Je vous ai toujours obéit car je savais que vous aviez à coeur mes meilleurs intérêts. Mais il faut que vous compreniez que cette jeune génération qui devient adulte n’a pas connu le même monde que nous. Tout est différent, la société, les coutumes… En façonnant mes enfants ou ceux de Constantin comme vous avez façonné nos parents, vous vous heurterez à un mur. »
Eugénie « Ils ont besoin qu’on les guide. »
Adelphe « Je pense qu’ils ont besoin qu’on les laisse faire leurs propres choix. »
Eugénie « Mais la famille, l’entreprise... »
Adelphe « Oncle Maximilien l’a développée, je l’ai consolidée, et notre petite Noé s’en tirera très bien. C’est une jeune fille intelligente et travailleuse, et vous en avez déjà fait un parangon de responsabilité. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Croyez vous que j’ignore la manière dont vous avez éduqué son frère pour qu’il remplisse mon rôle ? »
Eugénie « Tu l’as dit toi-même, passé un certain âge, on ne peut plus vraiment changer. J’ai fait ce que je devais faire pour pérenniser l’avenir de cette famille. »
Adelphe « J’aurai au moins essayé de vous faire changer d’avis. Mais si jamais Noé et Antoine vous échappent, n’insistez pas. »
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selidren · 3 months
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Automne 1921 - Champs-les-Sims
2/10
Depuis ces quelques mois, Noé s'est approprié le bureau aménagé par Adelphe au dessus de la salle des cuves, dans ce qui était autrefois la maison originelle des Le Bris. Son oncle lui apprend à faire les rapports comptables et quand je passe leur rendre visite, je les entend parfois parler allemand. Ma fille s'est profondément investie dans ce travail, et il lui arrive parfois de venir me voir avant le coucher pour me raconter sa journée. J'ai pu avoir des doutes lors de ma dernière lettre quand à cette passion si soudaine. Tout cela s'est envolé, il est certain, juste à voir comme ses yeux sont brillants quand elle en parle, que ce sera là l'oeuvre de sa vie.
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