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#henry chomette
promenadearchi · 2 years
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L A C I T E F I N A N C I E R E
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Il y a maintenant deux ans, lors d’une promenade dans le Plateau (centre des affaires économique d’Abidjan) mes yeux butaient sur un édifice que je n’avais jusque-là jamais remarqué. Il tranchait avec les bâtiments de style international autour de lui. Fait de ciment imitant la pierre, et de petites ouvertures, sa massivité semblait dire beaucoup ; comme son nom : la Cité Financière. Depuis cet Echange visuel, je n’ai cessé d’être intrigué par son histoire.
Dans les années 50, la Côte d’Ivoire alors colonie Française, se prépare à entrer dans l’ère nouvelle des indépendances. A cet effet, la ville choisie comme capitale, Abidjan, se met au goût de la modernité. Commence alors de grands chantiers architecturaux sensés donner un visage moderne à la ville, et accueillir les futures institutions de la nouvelle République. Sorte ainsi de terre: ponts, grattes ciels et grands axes structurant. Pendant près de 30 ans, des années 50 aux années 80, les conjectures économiques semblent être à la faveur de la Côte d’Ivoire. Ce boom économique, le Miracle Ivoirien, permet de soutenir les politiques de développement du pays. On assiste alors à une urbanisation rapide et programmée de la capitale qui donne à la côte d’ivoire son surnom d’African Riviera.
C’est au cours de ce miracle ivoirien, entre 1973 et 1976 que l’architecte Henri Chomette conçoit  la Cité Financière, qui a pour but de réunir dans un même édifice la totalité des services financiers du pays. La Cité est située dans le centre-ville d’Abidjan: le Plateau. Elle regroupe sur une surface de 54 600 mètres carrés, trois volumes, dont une tour de vingt-et-un niveaux reliée par une passerelle à un immeuble de bureaux de douze étages. Au sol, on retrouve un volume hémisphérique chargé de motifs coloré qui sépare l’accueille d’un auditorium.
Une communication avec l’international
A la manière des immeubles modernes, le bâtiment conserve une forme conventionnelle. Il emploie pour cela les formes géométriques simples: rectangle, carré et cercle agencés en plan suivant le nombre d’or. Ces formes s’inscrivent dans une logique de fonctionnalité, maitres mot des aspirations modernes.
Sur l’ensemble de l’édifice, on peut aussi lire 4 des 5 points de l’architecture moderne :
Toit terrasse, les fenêtres en bandeau, la façade libre et les pilotis. L’usage de tel éléments pourrait paraitre trivial, vu qu’on a déjà mentionné la volonté résolument moderne dans laquelle s’inscrit l’édifice. Mais cela serait le cas si on ne mentionnait pas les ouvertures dans une des façades donnant sur le parking. Celles-ci apparaissent comme une communication directe avec la Chapel Notre-Dame-Du-Haut de Ronchamp conçut par Le Corbusier quelques années plus tôt. Tout en confirmant l’essence Corbuséen de cette cité, elle pourrait aussi être une manière de transposer le sens de l’édifice à une dimension supérieure.
Aussi, cette appartenance au mouvement moderne pourrait se faire avec d’autres édifices. Je pense notamment à la Johnson Wax Research Tower de Franck Lloyd Wright ou la New Zealand House à Londres qui jouent aussi sur les lignes horizontales pour faire valoir l’esthétique de leurs formes.
Enfin pour finir sur une note un peu plus poétique, je dirais même que la régularité des trames horizontales sur les façades pourrait servir d’analogie. Elles pourraient induire le dynamisme des fluctuations dans le monde des finances ou alors l’ordre qui ceinture tout ce dynamisme interne.
Une mini-ville
Comme dit plus haut, la forme sert à la fonction. Elle permet de pouvoir réguler, organiser les bureaux et véhicule l’idée d’organisation. Cette organisation, elle est essentielle tant dans le domaine des finances qu’au sein d’une cité qui regroupe des personnes de divers horizons.
Car comme le dit explicitement le nom, l’édifice est une cité. Et ce n’est peut-être pas pour rien qu’elle se pare d’éléments qui tendent à assoir ce statut.
Déjà l’organisation de l’ensemble. Le complexe de bureau lui-même s’organise somme une grande fourmilière. Les bâtiments posés suivant les tracés du nombre d’or tournent autour d’un dôme qui tend à rappeler une sorte de carrefour des axes de circulation du bâtiment. De plus, l’intérieur, aménager comme des galeries, temps à rappeler une idée de galerie interne, ce qui isole encore plus le bâtiment du monde qui l’entoure. Là où les architectes auraient pu jouer sur l’idée d’un atrium ouvert sur la rue, il préfère l’idée de l’intimiste et du privé. A cela viennent s’ajouter les multiples références aux travaux du Corbusier qui pourrait nous rappeler l’expérience de la Cité Radieuse de Marseille avec qui le complexe partage un objectif commun ; celui de faire vivre le plus de personne possible sur un même espace réduit.
En poussant la réflexion et la poésie plus loin, on pourrait voir dans les ouvertures nord (celles rappelant la chapelle Notre-Dame-du-Haut) la scénarisation d’une entrée dans un monastère pour tous les travailleurs qui deviennent alors des hommes d’église. Si on poursuit en ce sens, on constate aussi que cette entrée correspond à l’immeuble le moins haut des trois centraux. On voit alors apparaitre un mouvement giratoire croissant entre les tours de la cité, et ce tout autour de la rotonde au centre. Il apparait alors une idée d’élévation du parking à la grande tour qui en plus de dominer l’ensemble de la cité ferait à présent office de clocher.
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Espaces de circulation de la cité financière à Abidjan (archives des BEHC).
Le Modernisme Africain
Mais l’ensemble des formes et le gigantisme de la cité ne sont pas là que pour mettre en avant la conformité de l’édifice avec les standards internationaux de l’époque.
Quand les Bureaux d’Etude Henry Chomette (BEHC) conçoivent la cité financière, on est à l’époque en plein mouvement moderne. Celui-ci est notamment marqué par l’emploi de formes simples, qui suivent la fonction du bâtiment, et par l’usage de matériaux tel que le verre, le béton et l’acier. Véritable vague internationale, le mouvement moderne connaitra des variations stylistiques selon les différentes régions mondes qui l’emploierons. En Afrique, les architectes des nouvelles républiques s’adonneront à plusieurs expérimentations afin de trouver un langage régional de l’architecture moderne. Sans renoncer aux principes du CIAM, les concepteurs des architectures des indépendances donneront une interprétation des dogmes architecturaux modernes qui se fondent dans une esthétique inspirée des culturelles Africaines.  De cette manière, le continent devient une vitrine de la construction moderne, et lance une nouvelle typologie architecturale pour les pays Africain basée sur une richesse des bâtiments tant dans la forme que dans la symbolique.
C’est surement pour cela que l’édifice garde cet aspect si particulier. Paré de pierres, l’édifice garde un aspect monolithique comme s’il sortait de terre. De même, ses intérieurs gardent cet aspect rustique voir vernacilaure. Dans ses galeris isolées du monde extérieurs, les rectangles arrondis, et le béton donnent l’impression de se retrouver à l’intérieur d’une maison en terre, ce qui pourrait peut être jsutifié cette basse entrée de lumière naturelle.
Enfin, en son sein, au centre de la composition spatiale, l’édifice conserve ce qu’il a de plus précieux, un dôme. Celui-ci est recouvert de pâte de verres coloré présentant des motifs géométriques qui viennent comme pour représenter eux aussi ce que les techniques de construction traditionnelles peuvent apportées dans la modernité de l’architecture. De cette manière, l’élément central n’est plus seulement l’économie ou la finance, mais la culture, la tradition qui se cache au milieu de la cité.
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Dôme interne de la cité financière, 2018.
Ainsi, dans l’ère de son temps, la Cité Financière démontre par sa grandeur la puissance de l’Etat qu’elle représente. Elle apparait comme le dit Henri Chomette, comme « un apport de la Côte d’Ivoire à la recherche internationale ». En mettant en scène les langages moderne et vernaculaire, les BEHC ont réalisé un mariage de style et d’époques. A sa façon, a Cité demeurera une relique d’espoir pour tout un peuple qui crut en son futur en exposant une faim gargantuesque de grandeur et d’émancipation.
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architectureofdoom · 2 years
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French embassy, Ouagadougou, Henri Chomette, 1965-66
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nevilleanimusic2 · 1 month
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# Trains and Boats and Planes #
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abjectionporn-blog · 10 months
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Cinq Minutes de cinéma pur
Henri Chomette, 1926
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dlyarchitecture · 2 years
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littleplasticthings · 5 years
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already-14 · 2 years
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Alfred Sandy
France / 1928 / 0:44 / Silencieux
Divertissement visuel et cinégraphique dans le pur style abstrait de l'avant-garde française des années 1920, « entre la vision de René Clair et de Germaine Dulac, transposition cinématographique des arguments surréalistes imaginés par Picabia et un scénario d'Artaud. » (Henri Langlois)
L'ensemble des trois films que l'on connaît – Lumière et ombre (1928), Prétexte (1928), et Essais cinématographiques (1928) – dure à peine plus de dix minutes, mais témoigne d'une originalité certaine dans le contexte de l'avant-garde française des années 1920. Les films, sous-titrés par Sandy « Divertissement visuel » ou « Essai cinégraphique », présentent le plus souvent des volumes abstraits (anneaux, cylindres, parallélépipèdes, spirales...) dans un mouvement tantôt tournoyant (vraisemblablement sur un plateau de gramophone), tantôt filmé en animation (empilement progressif des volumes). Les effets de lumière sont variés : lumière dure mettant en relief les formes nettes et contrastées des volumes et de leurs ombres, ou jeux de scintillements qui peuvent faire penser à certaines séquences de Cinq minutes de cinéma pur (Henri Chomette, 1925) ou d'Emak Bakia (Man Ray, 1926).
Patrick de Haas
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modernerealisateur · 5 years
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experimentalcookie · 5 years
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Five Minutes of Pure Cinema - Henri Chomette (1925)
Chomette’s use of basic shapes and textures to create an avant garde piece really inspires me as he takes simple objects and makes them seem sublime. This feeds well into my research into distortion, which along with the surrealist world I would like to incorporate into my work. I’d like my next few experiments to focus on bringing these two worlds together to create something new and exciting that I can continue developing. 
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pompadourpink · 6 years
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French cinema #2 : early works
Jean Renoir (big boss - 1894/1979) :
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Abel Gance (1889/1981) :
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Sacha Guitry (1885/1957) :
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Louis Feuillade (1873/1925) :
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René Clair (1898/1981) :
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(From him if you can find Le voyage imaginaire 1925, check it out it’s v pretty)
A few other names : Marcel L’herbier, Jean Epstein, Henri Pouctal, Raymond Bernard, Henri Chomette, Jacques Feyder...
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Filmografía
1915
Marioneta
1923
Martin lutero
1924
Mater dolorosa
1925
El secreto del castillo de Elmshoh
1931
Salto Mortale
1932
El orgullo de la empresa tres
Los cinco caballeros malditos
Melodía de amor
Bebé
1933
Guerra de vals
Keine Angst vor Liebe
Victor y Victoria
1934
George y Georgette
Victor y Victoria
Die vertauschte Braut
Maskerade
Una mujer que sabe lo que quiere
El matrimonio inglés
1935
Regine
El barón gitano
Le Baron tzigane
Henri Chomette
Yo era jack mortimer
El estudiante de Praga
1936
El mensajero del zar
Michel Strogoff
Payasadas
Port Arthur
Port Arthur
1937
El soldado y la dama
Victoria la grande
La rata
1938
Sesenta años gloriosos
1940
Luz de gas
1941
Luz de luna peligrosa
1943
Vida y muerte del coronel
1945
El hombre de Marruecos
1948
Los zapatos rojos
1949
La reina de Espadas
1950
La Ronde Maestro de ceremonias
1951
Vals de Viena
1952
Le Plaisir Narrador, versión alemana
1954
En juicio (L'affaire Maurizius)
1955
Oh ... Rosalinda !!
1957
Santa Juana
1958
¡Acuso!
Televisión (Alemania Occidental)
1960 Venus im Licht
1962 Laura
1964 Der Arzt am Scheideweg
1966 Robert und Elisabeth.
Créditos: Tomado de Wikipedia
https://en.wikipedia.org/wiki/Anton_Walbrook
#HONDURASQUEDATEENCASA
#ELCINELATELEYMICKYANDONIE
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s-crd · 4 years
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HENRI CHOMETTE
Cinq minutes de cinéma pur, Henri Chomette, 1926
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 Cinq minutes de cinéma pur, Henri Chomette, 1926, muet, 5mm, N&B 35 mm. 
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hjfoley · 7 years
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Games Of Reflections And Speed/Jeux des reflets et de la vitesse 1925 A black and white short film which documents a trip through Paris by train. Speeds, forms, surfaces, a film in which the action lies not in representation, but in itself.
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littleplasticthings · 5 years
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Jeux des reflets et de la vitesse, 1925
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futuretrends-blog1 · 7 years
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Henri Chomette, National and Commercial Bank of Ethiopia, Addis Ababa, Ethiopia, view from Haile Selassie I Theater, mid-1960s (Archives des Pierre Chomette–Architectes/Paris)
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