Tumgik
#kaamelott multilanguage AU
guesswhogotaname · 2 years
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Here we go again... 
Ça faisait loooooongtemps l'équipe ! Me revoilà après avoir ouvert un dossier perdu sur le bordel de mon ordi intitulé "FICS" et boum je tombe sur cette pépite hehehe! On est toujours sur cet ✨AU multilanguage kt ✨j'espère que ça va vous plaire, n'hésitez pas à partager vos idées et vos critiques ! 🤟 Voilà, kiffez bien votre lecture les djeunes !
Le jour qu'elle avait tant attendu arrivait enfin.
Son cœur battait à la chamade dans sa poitrine, tout le monde la regardait s’avancer vers l’autel. Elle souriait, ravie, impatiente, nerveuse. Tous les représentants des terres celtes étaient venus en Carmélide pour son mariage ; elle était épiée, chaque geste, chaque pas étaient méticuleusement observés, détailler. Elle n’était pas belle, elle le savait, mais elle se sentait fière. Fière d'être la digne fille de sa mère et de son père ; celle qu'on avait choisi pour l'Élu des Dieux. En silence elle leur adressa une prière ancienne, espérant être à la hauteur de ce qu'on attendait d'elle. Son fiancé était là, habillé d’une tunique bleu ciel, la couronne de fleur posée sur sa tête, son air bougon, agacé, ses cheveux noirs, coupé court, tellement différent des hommes d’ici. 
Elle arriva à sa hauteur, mais n’osa pas rencontrer son regard. C'était encore un geste trop démesuré pour elle. Devant eux, le prêtre s’avança, vêtu d’une longue robe sombre, et d’une lourde croix pendant à son cou. Il avait un calice doré entre ses mains. 
« Au commencement, le Seigneur Dieu dit : il n’est pas bon que l’homme soit seul. » Il prononça lentement, pesant contre sa langue le poids de ses mots. 
Ghenifar ne connaissait pas les rites ou les coutumes des chrétiens. Sa mère crachait sur leur pratiques barbare et austère. Son père n’en pensait pas mieux. Son enfance avait été bercée de contes et de légendes ; des Dieux puissants qui se transformaient en rivières ou en forêt, des géants qui siégeaient au sommet des plus hautes montagnes, et qui observaient les Hommes avec compassion et une certaine forme de sévérité. Créatures omniprésentes, toujours parmi eux, témoins silencieux. Ils étaient impétueux et sa famille lui avait appris à craindre la foudre, à lire les signes des sécheresses, les corbeaux morts qui annoncent la peste, les hivers trop rudes qui présagent la guerre. Elle obéissait aux croyances de sa mère et de son peuple. 
Le prêtre continuait son sermon dans cette langue bizarre, aux sonorités écorchées, aigües ; la dévotion dans ses paroles et dans ses yeux rendait son discours presque touchant. 
Ghenifar s’agita, inconfortable ; elle tritura nerveusement la manche de sa robe de noce, inquiète de ce que les Dieux pensèrent d’elle. Ils la foudroieraient sur place si elle prêtait un serment à une icône factice. Elle essaya discrètement de faire signe à sa mère qui se tenait à sa gauche. Cette dernière hocha la tête, grande Reine-Guerrière, elle ne fléchira pas devant les envahisseurs et leur idole de bois. Mais aujourd’hui, les Éternels feront exception pour le bien du peuple celte. 
Ghenifar retourna son attention sur la cérémonie. L’homme, qui se fait appeler « Père » par les invités, approcha le verre des lèvres de son époux. Il prit une gorgée, avant un soupir. 
« Le sang du Christ. » Confia le prêtre devant elle, lui tendant la coupe où reposait un breuvage odorant et ocre à l’intérieur. 
Ghenifar ne comprenait pas les mots, mais elle obéit. Les druides de son pays faisaient ça aussi, ils partageaient dans une jatte plate le sang d’un animal sacrifié et ils le buvaient chacun leur tour, subissant la prophétie envoyée. Dans ces croyances, ce n'était pas anodin, le sacrifice d'un être vivant était nécessaire seulement pour mes fêtes importantes ou avant les batailles décisives. Ici, les gens boivent du sang comme d'autres boiraient-ils du vin ou du lait... Les druides ne prenaient jamais part, ils n'avaient pas de chef, ils servaient les Dieux. Pourquoi alors cet homme que tous appelle "Père" est au service du Roi ? Ghenifar eu soudainement une boulé d'angoisse logée au dessus de sa poitrine, le prêtre était peut-être un mauvais présage, il apporte le dieu usurpateur... Mais tout le monde attendait, impatiemment, elle devait faire comme eux.
Elle fut surprise quand elle prit une lampée du liquide âpre qui puait le vinaigre. C’était du vin. Elle ne put retenir une grimace, le goût infect restait sur sa langue et descendait dans sa gorge. Ce n'était pas du sang. Son futur époux l’observa, étonné de sa réaction, mais il eut un demi-sourire amusé. 
Ghenifar ne put s’empêcher de rougir. 
Le prêtre reprit, dans une voix monotone et solennelle. « Vous avez écouté La parole de Dieu qui a révélé aux Hommes le sens de l’amour et du mariage. Vous allez vous engager l’un envers l’autre. » 
Son époux leva les yeux au ciel, marmonna quelque chose entre ses dents, ses iris sombres ne masquant rien de son agacement absolu. « Oui, bon, allez, grouillez-vous, on n’a pas toute la journée… » 
« Je peux pas aller plus vite c’est les codes ! » 
« Vous savez où je les mets vos codes à la con ? » Il menaça, la mâchoire crispée par sa colère contenue.  
Des murmures se propagèrent dans l’assemblée. Outré, le prêtre semblait avoir les yeux qui sortaient de son crâne. Il souffla un « Enfin Sire ! » en faisant un signe de croix sur son cœur. 
Ghenifar restait muette, elle observait la scène sans en saisir le sens. Les coutumes chrétiennes étaient particulières. Dans sa famille, la foi était pratiquée par des chants et des danses. On appelait les Dieux à rejoindre les festivités, les gens voulaient les honorés par des jeux et d’immense banquet. 
Arthrhy se tourna vers elle et enfin leurs yeux se rencontrèrent. Ghenifar resta suspendue à ses lèvres, observant méticuleusement son futur époux prononcé des mots en brittonique pour que tous ici puis comprendre son affection. Tous allaient être témoins du début de la plus belle histoire d’amour jamais écrite. Elle était si heureuse d’entendre ses vœux, et son cœur s’envolait comme un oiseau libre et fou. 
« Aujourd’hui, Naofa Gwenhwÿfar… » Il n’arriva pas à terminer sa phrase ; les mots avaient pourri sur sa langue et l’odeur amère de la trahison emplissait ses narines. Il la regarda un instant. Elle était d’une beauté attendrissante, presque triste. Elle aussi portait une couronne de fleurs sur ses cheveux bruns, quelques pétales s’étaient perdues dans ses boucles, son visage rond à peine sorti de l’adolescence, ses grands yeux noisette, pétillant d’une joie immense. Elle était trop jeune pour être une épouse, pour être Reine. En déclarant ses vœux d’un mariage éternel et heureux, Arthrhy la condamnait à une vie bien malheureuse. Il avait honte. « Je vous prends pour être ma femme. » Il eut le temps d’une inspiration, les mensonges collaient à sa langue et son palais, il avait l’impression de s’étouffer. La dernière fois qu’il avait prononcé ses mots, c’était par amour et non par devoir. Il trahissait Aconia, et il trahissait cette jeune femme dont il ne connaissait que le nom. Tout les Dieux, anciens et nouveau, devraient le maudirent à l’instant pour son impunité. « Je promets de vous aimer pour le meilleur, pour le pire, dans la maladie ou dans la santé, jusqu’à ce que la mort nous sépare. » Il termina rapidement son scandaleux mensonge, le cœur serré dans sa poitrine.
Lui qui avait cru être un homme intègre, loyal et juste… Il était comme tous les autres ; avide de pouvoir, ce mariage n’était qu’une passerelle pour affermir son privilège sur le trône de Bretagne. Il n’était qu’un menteur, un lâche. Il n’avait rien de l’étoffe des héros et des rois de légende. Ses poings se serrèrent, et sa mâchoire se crispa. Il aurait voulu hurler de rage, mais il resta droit, digne de l’image que le peuple avait d’un souverain. Son règne commençait et le poids sur ses épaules était déjà incommensurable. 
Le roi Léodagan se racla la gorge, il était légèrement embarrassé. 
« Ma fille ne parle pas brittonique, sire. » 
« Elle peut le dire en sa langue natale, ce n’est pas important. » Répondit le Roi, indifférent. 
Les mots rassurants, mais autoritaires de son père lui parvinrent ; un ordre força le serment hors de sa bouche. C’était à son tour de prononcer les vœux qui l’uniraient à jamais à cet homme. 
Ghenifar était terrorisée, ses lèvres tremblèrent, le sang pulsait dans ses veines à une cadence vertigineuse. Elle n’avait pas la force d’élever les yeux, elle fixa le médaillon de son époux, et elle serrait si fort le bouquet dans ses mains que les fleurs elles-mêmes vacillaient. Ce n'était que des mots, elle les avait apprit par cœur dès son enfance, sa mère lui récitait en coiffant ses cheveux indociles, elle répétait "un jour, ma fille, tu épousera un homme, et tu nous rendra fière." Elle avait vécu avec cette épée au bord de la gorge. Elle était une fille, elle devinerait femme et mère, c'était son devoir. Maintenant, elle devait prouver son héritage de femme. Rendre ses parents fiers, être digne. Elle avait presque envie de pleurer et s'enfuir en courant.
« Tha mi… Tha mi… » Elle regarda ses parents qui lui firent un signe impatient de continuer. « Tha mi a' mionnachadh… » Ghenifar balbutia, effrayée du son de sa propre voix dans le silence respectueux de la cérémonie. Toutes ces hommes et ces femmes qui écoutaient son élocution bancale, incertaine, proférer des paroles sacrées, elle était indigne de ce qu’on lui donnait. Elle devina son visage écarlate, ses joues en feu. Ses yeux se levèrent, acte absurde et maladroit, mais elle vit le regard de son époux, sincère et patient. Quelque chose se dénoua dans ses entrailles, libéra sa gorge, et elle sentit les mots coulés hors de ses lèvres avec sérénité et douceur. 
« ‘S mi-mionnachadh air sith 's air gaol a bhi seasamh. Cridhe gu cridhe 's làmh an làimh. Gus an diugh, gu m’ anail mu dheireadh, cha bhi mi ach leatsa. » Elle lui jura un dévouement éternel avec une conviction troublante, Arthrhy en avait mal au cœur. 
L’épouse qu’on lui avait promise était une âme douce, innocente, charmante. Il regrettait de ne jamais pouvoir l’aimer ni de lui offrir ce qu’elle désirait. 
Le prêtre posa sa paume à plat sur sa croix, sans dissimuler son émotion. C’était un mariage réussi, contrairement au précédent qu’il avait eu le malheur d'officier… 
«Le Créateur dit : Voilà pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » Il déclama à l’assemblée, captive par les Saintes Écritures. «  Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Des invités applaudirent, des convertis chrétiens, ou des amateurs de belles paroles. La famille de la mariée ne semblait pas autant ravie par ces déclarations. Le Roi de Carmélide maugréait dans sa barbe et tapait du pied. Un païen reste un païen. Les paroles des chrétiens ne valaient rien, et le Roi de Carmélide ne se laisserai pas duper. Il cracha derrière son épaule, ces Dieux à lui maudissaient déjà cette union. Mais pour le pouvoir, il fallait faire des sacrifices, même si c'était sa fille qu'il déposait devant l'autel du jugement. C'était elle qui subirait les conséquences de l'avarice de ses parents...
« Vous pouvez embrasser la mariée. » Le prêtre Blaise frappa dans ses mains joyeusement. 
« Hein ? Quoi ? »  Demandèrent à l’unisson Arthrhy ainsi que le père de l’épousée. 
« Bah, c’est dans le livre, il faut que… »
« Devant tout le monde ? » Le Roi s’exclama, le bout des oreilles rouges, et il essaya de toutes ses forces de ne pas prendre compte du fou rire de Léodagan.
« Bah Sire… C’est pour prouver que votre amour est — »
« Ah non, ne commencez pas ! Bon bah… »
Arthrhy ne savait plus où poser son regard, déconcerté, il marmonna une insulte envers le prêtre, ou Dieu, ou peut-être lui-même. 
Ghenifar tourna la tête vers ses parents, cherchant une réponse auprès d’eux, mais son père se tenait les côtes pour ne pas rire, sa figure transformée par une grimace. Sa mère, avec une discrétion immense, murmura de sorte que tous les invités pouvaient l’entendre « Feumaidh tu pòg ris  ! » Ghenifar était rouge jusqu’à la racine de ses cheveux. 
Arthrhy prit les mains de sa femme dans les siennes. Ce n’était qu’un baiser, rien de bien compliqué. Il avança légèrement son visage vers elle, et il avait l’impression que son cœur tremblait. C’était elle qui franchit la dernière limite, un peu brutalement, leurs bouches se rencontrèrent, comme un choc. Le monde se mit à gronder des hurrahs et autres acclamations des invités. Ghenifar sentait le soleil fondre dans son ventre et l’irradier de lumière et de bonheur. 
Arthrhy s’éloigna rapidement sans considérer celle qui venait de devenir sienne, son visage fermé dans une expression rude. Il gagnait un royaume, un peuple obéissant et soumis à son pouvoir indiscutable. Son destin était lancé, et pourtant il était vaincu. Il avait perdu. 
Elle le suivit du regard, interdite devant l’autel, son bouquet à la main, ses rêves plein les yeux. Elle comprit sa place : aux premières loges du début d’une tragédie. 
Les paroles du prêtre résonnaient dans sa tête comme un avertissement, un oracle ombrageux. Les dés étaient jetés ; elle eut comme un vertige, au fond d'elle-même, elle sombrait. Elle devait enterrer cette enfance candide et son adolescence naïve, pour devenir Autre. Elle s’était liée à un homme, le peuple voulait d’elle la bénédiction de porter ses héritiers, cette figure fidèle et inébranlable aux côtés d’un roi tout puissant. Voilà son rôle, épouse et mère. Un devoir qui lui semblait effroyable, impossible. Le monde comptait sur elle pour accomplir une tâche épouvantable et colossale. Elle prit une profonde inspiration, essayant vainement de calmer les battements hystériques de son cœur. Elle savait ce qui l’attendait désormais. 
La nuit de noces. 
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guesswhogotaname · 2 years
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HEEEEEE ÇA GROOVE SOUS LA CANICULE ?
Je publie enfin la suite de cet ✨AU multilanguage kt✨après un looooong moment d'absence (j'avais un peur de me répéter dans mes écrits et qu'on tourne en rond autour du fait que personne ne se comprend...) Et là je remercie tout particulière @miung-dreamer (cadeau pour toi ☀️💖) qui m'avait inspiré il y a un moment déjà l'idée de ce petit texte ! Voilà l'équipe, passez un doux moment et attention à la canicule (ou les orages) prenez-soin de vous!!
Nos ombres qui dansent.
C’était le soir d’une fête spéciale, exceptionnelle. 
Les domestiques et les cuisiniers avaient passé toute la journée à préparer un immense banquet. Tel un défilé ; les assiettes et les plateaux d’argent s’étendaient à l’infini, débordant de nourriture  des morceaux de viande juteux, des fruits et des légumes de toutes les couleurs, des colonnes de pâtisseries et bien évidemment, le meilleur vin qui puisse exister, arrivant expressément de Rome. L’intérieur de la grande salle de réception du château avait été décoré par les armoiries des différents tribus, et clans : message de paix et d’apaisement. Une musique joyeuse résonnait sur les murs de pierre. 
Les invités de ce soir venaient des Territoire du Nord. Ils commémoraient l’équilibre et l’unité des terres dans une quête commune et salvatrice. L’humeur festive enveloppait la demeure du Roi, tous étaient rassemblés en son nom et celui de l’harmonie neuve qui régnaient là où la guerre avait fait rage. Ils célébraient une nouvelle ère qui commençait. 
Et pourtant Arthrhy était préoccupé. Son visage était fermé dans une expression ombrageuse, sa main ne quittant jamais le pommeau de son épée. 
Il marmonna, la mâchoire crispée par une colère sourde, une anxiété grandissante. 
« Non mais, une idée à la con, j’vous jure… » 
« Ah pas faute de vous avoir prévenu… » lui répondit le seigneur Léodagan, assis à sa droite comme toujours, levant les épaules en évidence. « L es Pictes c’est un toujours un merdier à gérer, surtout quand les Orcaniens sont dans le coin… » 
Une seule erreur diplomatique et la paix durement conquise était brisée.Certaines querelles n’avaient pas été entièrement réglées  le royaume d’Orcanie et les tribus nomades Pictes, d’anciens ennemis, devenus alliés par obligation et non par nécessité. Une tension épaisse et électrique régnait dans la salle. 
Le refus du roi Loth de venir à cette soirée s’était fait savoir par la reine-guerrière. Elle avait rassemblé sa garde, ainsi que les hautes figures auprès d’elle, et elles lançaient des regards furieux et indignés aux invités décorés de la bannière d’Orcanie. 
Dame Séli parlait longuement avec elles ; essayant de les convaincre de ne pas agir imprudemment. 
Arthrhy se méfiait de la véhémence de ces habitants ;  il les connaissait grâce des récits de bataille et d’études. Parmi les autres celtes, les Pictes étaient considérés comme des païens, vénérant des Dieux très anciens, discutant dans une langue incompréhensible, oubliée. Il y avait des rumeurs terribles sur ces gens  des guerrières sanguinaires au pouvoir magique puissant, un peuple toujours au bord de la révolte. Les Pictes avaient repoussé les Romains, avaient refusé de s’agenouiller devant la Croix. Ils s’en moquaient de l’épée de flamme, ou des prophéties qui proclamèrent Arthrhy Roi des Rois. Ils ne partageaient pas les mêmes croyances. 
Leurs cheveux longs étaient parsemés de tresses, d’ornement de plumes et de pierres scintillantes. Leurs corps couverts de tatouages à l’encre bleue qui représentaient des symboles, sortilèges de force, de pouvoir, de protection, les emblèmes de leurs tribus respectives. 
« Si jamais la garde picte décide de se foutre sur la gueule avec les Orcaniens, on est sacrément dans la merde. Vous risquez de vous faire détrôner salement. » Souffla ennuyé le Roi de Carmélide, masquant mal son inquiétude et sa nervosité. 
« Merci du soutien beau-père… »
Arthrhy les observait méticuleusement, comme on surveille un animal sauvage, dangereux, du coin de l’œil dans l’attente de l’attaque, de l’embuscade. 
Et puis, soudainement, la lourde porte s’ouvrit brusquement. 
La délégation picte se leva, alertée par le bruit, prête à se défendre. Les Orcaniens tournèrent leurs têtes vers la seule possibilité de sortir, craignant voir des guerrières surgirent par milliers. Arthrhy retient sa respiration, sa main attendant l’ordre de dégainer son épée. 
Mais aucun hurlement d’attaque pour interrompre les festivités. C’était la Reine qui entra, sereine et souriante. Elle se dirigea rapidement vers les dames Pictes. Elle  les salua chaleureusement les unes après les autres dans cette langue avec des sons venant des profondeurs de la terre, mais aussi légère que le souffle du vent, une mélodie invraisemblable, magique. L’atmosphère se transforma.
Peut-être que les mots de son épouse apaisaient les craintes des guerrières, calmèrent leurs envies de vengeance, et prônèrent les idées de la paix. 
Arthrhy était médusé, son regard ne pouvait se détacher d’elle. 
Sa femme qu’il croyait incapable de diplomatie, idiote aux arts de la conversation, maîtrisait parfaitement la situation parmi les siennes. Elle leur offrait une confiance aveugle et sincère. Et les Pictes qui se sentaient menacées étaient rassurées en voyant une alliée  du même sang, de la même famille. La Reine ne montra aucune peur, aucune mauvaise intention, alors les guerrières l’appelaient « Vanora »  elles s’inclinaient, touchaient ses cheveux, ses vêtements ; comme une déesse, une créature féerique et bienveillante. Elle leur offrait une preuve de bon augure. 
« Regarder ma fille, une vraie princesse picte, moi je vous l’dis. » Avoua le seigneur Léodagan avec une immense fierté, Arthrhy avait presque cru apercevoir un sourire au coin de ses lèvres. 
Sans préambule, avec un groupe de femmes, la Reine se mit à se remuer en riant joyeusement. Elles dansaient en ronde autour d’elle, chantant avec des mots inconnus, et des mouvements étrangers aux coutumes d’ici. 
Ghenifar portait une robe pourpre, ample, sertie de broderie au fil d’argent. Arthrhy était fasciné par les volants du vêtement de son épouse, qui virevoltaient dans l’air, léger et souple, ses cheveux sombres tourbillonnant autour de son visage, dévoilant quelques perles blanches parsemées parmi les mèches brunes. Elle avait toujours aimé danser lors des banquets. Elle semblait glisser de main en main, ses yeux mi-clos, et un sourire radieux sur ses lèvres roses. 
Mais le Roi fut vite sorti de ses rêveries en entendant des cris, semblable aux hurlements des loups. Les soldates Pictes frappaient une pulsation vive sur leurs plastrons de cuir, et la ronde autour de la Reine devient plus rapide. Elles se mirent à fredonner d’une voix bizarrement aiguë, et riaient à gorge déployée. 
Au milieu de ce vacarme  ; sa femme dont les joues étaient plus rouges que le vin dans les coupes. Les autres conviés semblaient s’amuser de ce jeu ; ils battaient le rythme avec les couverts sur les tables, ils rejoignaient les guerrières dans leur hilarité, et chantaient des mots qui ne ressemblaient à rien aux oreilles d’Arthrhy. 
« Qu’est-ce qu’il se passe encore », s’interrogea le Roi. 
« Oh vous allez comprendre bien vite… » Lui répondit son beau-père, ne contenant pas la malice dans sa voix. 
Ghenifar s’avança vers lui, toujours accompagné par les acclamations des invités. 
Ses joues étaient en feu et elle se mordait la lèvre inférieure dans un geste nerveux. Elle inclina la tête devant son Roi, respectueusement, son silence timide, et ses yeux pétillants d’une émotion qu’Arthrhy n’arrivait pas à lire complètement. 
Arthrhy se leva de son trône, presque peiné de voir son épouse dans cet état sans y comprendre la raison, et ce geste provoqua un mouvement dans la foule, des applaudissements et des rires. 
« Mo thighearna… » Elle lui dit, sa voix aussi petite que possible, un murmure à peine audible. Elle n’osait pas rencontrer le regard de son mari, elle fixait le sol comme si les secrets de l’univers y étaient inscrits. Il reconnut le noble titre qu’elle lui adressait. Ghenifar lui parlait toujours de cette façon profondément respectueuse, une politesse extrême, mettant la distance raisonnable entre eux. Elle ne l’avait jamais entendu l’appeler par son prénom. 
« An gabhadh tu dannsa còmhla rium » elle demanda, et la foule cria de joie, les couverts tambourinèrent plus fort sur les tables. Des clameurs de victoire accompagnaient les chants amusés des convives. 
« C’est quoi vos conneries  ? Attention, j’suis pas du tout d’humeur à… » Arthrhy foudroya Léodagan d’un regard, l’obligeant à faire office d’interprète. Il n’avait aucune envie de jouer les devinettes ou de comprendre ce dialecte rugueux du Nord. 
« C’est une tradition picte, j’ai eu le droit au même bordel à mon mariage… » articula le roi de Carmélide entre deux éclats de rire. 
Ghenifar prit le bras d’Arthrhy, attirant enfin son attention vers elle. 
Son cœur battait à la chamade dans sa poitrine, comme un oiseau essayant de sortir de sa cage. Elle passa sa langue sur ses lèvres sèches, cherchant les mots en brittonique qu’elle avait appris pour lui faire comprendre sa demande. Arthrhy ne put s’empêcher de baisser les yeux, suivant le mouvement de cette langue, presque imperceptible, complètement innocent, mais il eut l’impression qu’un feu brûlait sur ses joues. 
« Vous, dansez avec épouse »
Le Roi resta muet, interdit. 
Encore une tradition barbare et absurde. Il détestait danser. 
Il chercha déjà un moyen de refuser poliment son invitation ; lui explique sans faire offense. Mais il se rendit compte bien rapidement du silence assourdissant dans la pièce qu’il ne pouvait d’accepter. 
Elle espérait, le souffle court, ses yeux brillants, et il se demanda si elle l’avait toujours regardé comme ça, avec autant de dévotion et de désarroi. Tous attendaient la danse du Roi et de la Reine, le couple seigneurial qu’ils formaient, l’illusion d’un amour pur, chaste, exemplaire. 
Masquant mal son malaise, Arthrhy posa sa main sur la sienne. 
« Bon bah, allons-y alors… » 
Il l’entraîna au centre de la pièce sous les yeux de tous. Il n’avait aucune idée de la sorte de danse qu’elle attendait, il ne connaissait pas les coutumes de ses origines. Il répéta les gestes qu’on lui avait appris, une autre femme dans un pays en ruine, un souvenir lointain maintenant qui semblait appartenir à une vie passé. Il se rappelait dans la cour de la villa, le soleil sur sa peau, le chant des hirondelles, l’odeur du miel, la paume d’Aconia posée son épaule, ses yeux d’ébène pénétrant, hypnotisant. Il pouvait presque entendre la chanson qu’elle fredonnait du bout des lèvres pour donner le rythme.
Mais ce soir, ce n’était pas Aconia dans ses bras, mais Ghenifar ;  sa main gelée dans la sienne, et l’autre, maladroite, contre sa clavicule, et peut-être pouvait-elle sentir le sang pulser dans ses veines. 
La musique changea, une mélodie joyeuse, pleine d’espoir et de promesses. Ils effectuèrent ensemble les premiers pas, le corps de sa femme suivant attentivement ses mouvements. Jamais ils n’avaient été aussi proches. 
Il pouvait détailler les mystères de son visage  ; la courbe de son nez, ses cils voilant ses iris noisette, la forme de sa bouche, cette teinte rosée sur ses joues. Elle gardait son regard figé sur son médaillon, elle n’avait pas l’audace de lever les yeux vers lui.
« Vous ne vous débrouillez pas trop mal. » Il murmura, se pencha vers son oreille pour lui confier ce secret. C’était un geste fou, démesuré, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. 
Elle sursauta contre lui, surprise de ce rapprochement étrange, tendre. Elle redressa la tête, ses pupilles tremblaient de ce sentiment immense et innommable qui grondait en elle.
« Vous être pas trop mal non plus. » Elle lui répondit avec un demi-sourire, discret, effronté. Son accent faisait vibrer les mots dans sa bouche, comme un sortilège. 
Et elle s’éloigna de lui, quittant ses mains et ses bras. 
Les clameurs redoublèrent de force et les mélodies s’élevèrent avec entrain. Dans un éclat, la musique changea de nouveau, une cadence endiablée, les tambours résonnaient dans sa cage thoracique, la harpe s’arrangeant étrangement bien avec la guitare et le souffle des bombardes. 
Il resta les bras ballants, incapable de bouger, les yeux rivés sur sa femme. 
Elle virevoltait, les pans de sa robe dévoilant légèrement le haut de ses chevilles, sa peau laiteuse, elle ressemblait à un mirage, à une apparition divine, ses hanches qui ondulaient sous le rythme des applaudissements et des chants. Elle tournait, et sa voix s’envola, limpide et mélodieuse, dans cette langue indéchiffrable qui appartenait à une tribu lointaine et secrète. Rayonnante de son sourire espiègle, petite princesse indomptable et sauvage, trop jeune pour le devoir qu’on lui imposait, le rôle qu’elle devait supporter. 
Elle revient vers lui, plus proche que jamais, leurs corps entrants en contact, comme un coup de tonnerre qui déchirait le ciel. Elle riait, son regard ne quittant jamais le sien  pétillant de cette passion destructrice qui pourrait tout ravager, déclencher des guerres et mettre le monde des hommes à feu et à sang, cette émotion si pure, si intense. Sa femme, la sienne, devant les dieux anciens et le nouveau, comblée et amoureuse.
Il eut soudain une pensée épouvantable qui le transit d’angoisse, car à cet instant il voulait franchir cette frontière, briser son serment, et adorer cette femme, la rendre heureuse.
C’était une idée déraisonnable, délirante, impossible. Il était terrifié, des fourmillements dans ses doigts, ses genoux ne demandaient qu’à se prosterner devant elle. 
Sa compagne se déposa lentement au sol, la tête gracieusement inclinée. Arthrhy se dirigea vers elle, conduit par une volonté autre. Son cerveau complètement vide, ensorcelé par cette danse et le chant de Ghenifar. Il ignorait lui-même ce qu’il allait faire une fois proche d’elle. 
Il tendit le bras pour qu’elle puisse se relever. La foule applaudit, sifflant de bon cœur. 
Ghenifar leva les yeux vers lui, et il était comme foudroyé par la tendresse, la dévotion qu’il recevait. Il en était parfaitement indigne. 
Il déposa un baiser sur sa main, et la terre s’arrêta de tourner. 
Les étoiles brûlaient dans le ciel, mais aucun feu n’était comparable à celui qui étincelait dans les yeux de Ghenifar. 
Ils restèrent peut-être un millième de seconde de trop à se regarder l’un l’autre, un moment d’oubli où Arthrhy n’était plus prisonnier de Rome et de ces fantômes. Juste une seconde suspendue, perdue. L’idée terrible de lui voler un baiser naquit dans son esprit. Il sentit ses oreilles brûlées, et une bouffée de chaleur le força à se racler la gorge avant de prononcer le plus respectueusement possible.
« Merci ma Dame. »
Ghenifar comprit, aucune des langues qu’elle connaissait ne pouvait l’aider à trouver une réponse. Elle espérait que ses yeux pouvaient parler à sa place. 
Arthrhy n’arrivait pas à lâcher sa main, alors il l’emmena avec lui vers son trône, sans rien dire. Il marmonna pour lui-même « C’est mieux comme ça… Les gens sont contents et puis voilà… » C’était des excuses, des mots sans importances. Arthrhy préféra ignorer le regard étonné de son beau-père, il voulait sentir la chaleur de la paume de sa reine contre la sienne. C’était grisant, merveilleux, terrifiant. 
Ils passèrent le reste de la soirée l’un à côté de l’autre, et les invités auraient pu croire que le Roi était véritablement amoureux de son épouse. Ils ne se parlèrent pas plus que ça, juste main dans la main. Arthrhy était agglutiné à son trône, enseveli sous des conversations diplomatiques stériles et il buvait le vin des Romains pour apaiser le dessin des hanches de sa femme qui ondulaient sous la musique. Ghenifar l’admirait du coin de l’œil, un sourire ravi qui ne quittait pas son visage. Ses amies d’enfance venaient la voir, riant avec elle, et complimentant sa danse et son chant. Elles parlèrent dans leur langue mystérieuse du nouveau Roi. 
Parfois, par inadvertance, leurs regards se croisaient, et la foule devenait nébuleuse, une masse informe, irréelle. Le brouhaha incessant se dissipait, ne laissant place qu’aux battements de leur cœur. Elle lui souriait toujours, comme s’il n’existait que lui parmi les ombres sans noms, avec cette même tendresse débordante, cet amour plein d’espoir. 
Il avait une furieuse envie de l’amener danser encore ; qu’elle puisse tourbillonner et que son rire fasse fuir les démons et la colère. Mais il n’en fit rien. Il était un lâche, un idiot. La douleur et le désir tenaillaient ses entrailles ; il n’arrivait pas à maîtriser l’ardeur de son regard quand il la contemplait, et pourtant tout son corps était victime d’un poids terrible, immobilisé sur son trône. 
À un moment, il oublia ses promesses, ses devoirs, et ses idées contraires. Il se pencha vers elle, et il murmura pour qu’elle seule puisse à le comprendre. 
« Je suis content d’avoir dansé avec vous. » Le sourire de sa femme était si radieux qu’il aurait pu en tomber amoureux. « Vous… Vous êtes une excellente danseuse. » Il rougit violemment comme un gamin en entendant l’ardeur de ses propos. 
Ghenifar eut un joli rire, pétillant, sans moquerie ni malice, juste une joie pure et sincère. 
« Merci. »
Arthrhy, bêtement heureux de ce moment de bonheur que le destin lui accordait. 
Si gouverner l’impétueuse et divergente Bretagne était son fardeau, celui d’être un époux n’était pas aussi horrible qu’il l’avait imaginé… Peut-être qu’il pourrait s’y habitué ?
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guesswhogotaname · 3 years
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On est reparti pour un tour ?
Ça boom les d'jeunes? Devinez sur quoi j'ai travaillé... Mon ✨AU multilanguage Kaamelott✨Je me suis motivée, et j'ai écris ma petite idée sur le mariage / première rencontre de ces deux idiots (cœur sur eux). C'est un peu brouillon, mais OSEF. Enjoy 😊
Quand la petite Ghenifar entendit parler pour la première fois de du héros qui arrivait d’une terre lointaine pour les sauver, elle n’a pas plus de quinze ans.
Dans le domaine de Carohaise, là où réside la famille royal de Carmélide, on parlait de lui en disant « neach-sàbhalaidh ». Les soldats de son père venaient raconter les exploits de ce jeune homme au visage grave, une épée de flamme dans la main. Il était celui qui unifirai les peuples redonnant la paix et la prospérité perdu.
Ghenifar fut complètement bouleversée quand elle apprit que c’était elle qu’on destinait au futur Roi.
Elle qui s’attendait à vivre des aventures incroyables, elle qui a été nourrie par des contes et des légendes de liberté et de preux chevaliers qui délivrent des princesses en haut des tours… Bien vite, elle comprit que cette question de mariage n’était qu’une question de politique. Ses parents avançaient les pions les uns après les autres pour se rapprocher du pouvoir. Elle serait Reine et son frère chevalier. À aucun moment ils ne tournèrent la tête vers elle, et lui demandèrent « Es-tu heureuse Ghenifar ? »
Elle attendit le jour de son mariage avec impatience, la peur et la joie se mélangeaient dans son ventre, elle restait éveillée des nuits entières à imaginer ce moment qui changerait à jamais son existence. Il l’emmènerait sur un cheval à travers l’île, ensemble. Il lui apprendrait tout, et lui ferait découvrir le monde. Elle serait une bonne épouse, elle le rendrait heureux, et lui donnerait des enfants en bonne santé. Il l’aimerait.
Et pour la célébration du premier jour du printemps, ils se rencontrèrent.
Ils fêteraient leur mariage le lendemain.
Tout le monde festoyait, différents clans réunis pour la première fois depuis le feu Roi Uther Pendragon. Le Royaume n’était plus régi par la peur et la convoitise, les hommes se prenaient dans les bras, riaient ensemble. Les gens dansaient main dans la main, chantaient des légendes d’antan, et les enfants riaient en préparant les couronnes de fleurs pour le mariage.
Arthrhy était d’une humeur détestable.
Il était seul, complètement paumé autour d’une bande d’hurluberlus. Mani était introuvable, lui non plus n’arrivait pas à supporter ces gens et leurs coutumes agaçante…
Il était comme paralysé, un pauvre enfant terrorisé par l'inconnu. Pourtant, on chantait a son passage, il avait été l'accueillit par une joie honnête « vous êtes de retour ». Mais il n'avait gardé aucun souvenirs de cet endroit ou de ces habitants.
Il ne comprenait plus les mots. Il n’avait que des souvenirs lointains, comme des rêves, les pleurs de sa mère et les lamentations aux Dieux en cornique. Il se souvenait des chants des druides en gallois. Il a gardé les bases qu’il avait apprit chez Anton, il a des années… Il devait tout réapprendre, tout découvrir de ce monde qui était le sien.
Il n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer sa future femme, mais il priait tout les Dieux qu’il connaissait pour que cette terrible idée soit annulée, que le mot « mariage » avait été mal traduit, que tout ceci soit une énorme erreur…Avec un peu de chance, demain, il reprendrait la mer et ferait capte sur Rome. Il ramènera Aconia avec lui et personne ne les empêcherait d’être ensemble, d’être heureux. Il acceptait son destin, seulement si elle était à ses côtés.
Puis, il l’aperçut, sortant de la foule des invités.
Un châle blanc couvrant légèrement ses cheveux, mais laissant négligemment apparaitre quelques mèches ondulées d’une couleur brune.
Arthrhy la détesta au premier regard.
Une gamine aux joues encore rondes de l’enfance avec des yeux pétillants de joie qu’être mariée, d’être une épouse. La naïve Ghenifar, ignorante des desseins autour d’elle, des mensonges et des non-dits.
Qu’allait-il faire d’elle ? La répudier ? La forcer à une vie recluse, loin de la société des Hommes par amour d’une Romaine ?
Il la détruirait.
« Tha mi a' cur fàilte ort… » La jeune femme s’inclina maladroitement devant lui. Une couleur rouge peignait ses joues jusqu’à ses oreilles. « S mise nighean Rìgh Ogyruan. »
« Qu’avez-vous dit ? »
« Thoir maitheanas dhomh…. Chan eil mi a' tuigsinn. » Elle fronça les sourcils, d’un air paniqué, regardant autour d’elle, comme si elle cherchait quelqu’un. « Càite bheil e…? »
« Bon, je suis désolé, je n’ai pas le temps de… » Arthrhy soupira, exaspéré, prêt à partir en courant le plus loin possible de cette île.
Il n’avait pas le temps de jouer avec des interprètes pour déchirer cette langue barbare. Le latin de sa Dame était bien plus beau, plus mélodieux, sa voix hantait encore ses oreilles comme le chant des hirondelles, le souffle du vent dans les branches d’olives…
Ghenifar se racla la gorge, avant d’articuler lentement, faisant tous les efforts du monde pour se faire comprendre.
« A… Artair… Me suis mariage de vous…? » Et elle maudit en silence le brittonique qui écorchait sa gorge, les lettres comme des échardes sur sa langue. Comment dire à l’Élu des Dieux qu’elle était sa femme, que d’ici quelques heures, les liens d’un mariage éternel et béni uniront leurs mains et leurs destins ensemble ? Ses parents n’avaient pas pris le temps de parfaire son éducation aux autres dialectes… Son éducation de jeune femme avait été précaire, bâclée, maladroite. Elle devait passer pour une gourde, et la honte rendait sa voix tremblante, ses yeux fuyant ce futur Roi intimidant.
« Oui, oui… Vous allez être ma femme… » Il lui répondit, tristement, comme un juge prononce une sentence fatale.
Elle eut un sourire si tendre qu’Arthrhy avait l’impression que son cœur se tordait douloureusement. Il allait être la cause de tellement de ces chagrins, et il sentait la culpabilité déjà ronger ses entrailles.
Elle répéta comme si c’était une parole divine, précieuse. « Femme de Artair. » Elle jouait nerveusement avec les manches évasées de sa robe blanche. Et la barrière de la langue lui permit une confession de folie de son cœur battant. « Tha mi toilichte. »
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