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#l'armée mystique
ameretat · 5 months
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Si l'on tient compte de ce glissement hors de soi qui se produit nécessairement quand la mort entre en jeu, il est plus facile d'apercevoir pourquoi l'armée et la religion ont seules la possibilité de satisfaire les aspirations les plus conséquentes des hommes. La première fait profession d'affronter réellement la mort, l'autre connaît seule le langage empreint d'angoisse et de majesté orageuse qui convient à ceux qui sont au seuil de la tombe. Une attitude qui n'est ni militaire ni religieuse devient en principe insoutenable, à partir du moment où la mort est là. Il est impossible à la fois d'être situé dans la proximité de la mort et de communiquer avec des hommes ayant une attitude grossièrement profane. Le glissement hors de soi devant la mort exige un monde sacré tel qu'au moment où l'on se perd, apparaisse quelque réalité plus vaste et des forces sachant se mesurer avec la terreur. Rien de semblable dans un café, dans un grand magasin ou dans une banque : les silences, les solennités, les violences nécessaires n'appartiennent, essentiellement, qu'aux armées et aux églises.
— Georges Bataille, L'armée mystique : La joie devant la mort
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aurevoirmonty · 3 months
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Il existe deux façons de connaître une mort glorieuse, et toutes deux sont très rares. L'une est de mourir après avoir pratiqué le yoga mystique, en particulier le bhakti-yoga, par lequel on peut contrôler l'esprit et la force vitale et mourir absorbé dans la pensée de la Personnalité Suprême de Dieu. La seconde est de mourir sur le champ de bataille, en menant l'armée et sans jamais tourner le dos. Ces deux types de mort sont recommandés dans le śāstra comme glorieux.
Srimad Bhagavatam, 6.10.33
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christophe76460 · 1 year
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La version King James Française de la Sainte Parole de Dieu, la Bible, dit : "... huit âmes, furent sauvées par l’eau...le baptême, nous sauve maintenant... par la résurrection de Jésus Christ" (1 Pierre 3:20-21)
LE BAPTÊME D'EAU : UNE CONDITION DU SALUT
Chers amis, le but de TOUS nos enseignements dans les Églises du Seigneur (Matthieu 16:18 ; Romains 16:16) est d'aider les personnes honnêtes et de bon cœur (Luc 8:15) à reconnaître la vérité de l'Évangile et à se détourner du péché et de Satan pour se tourner vers le Seigneur Jésus-Christ (cf. Actes 3:26 ; 9:35). L'autorité de référence et l'appel final pour TOUT ce que nous disons et faisons sera toujours la Sainte Bible, la Parole inspirée de Dieu (2 Timothée 3:16-17).
Nous savons qu'un jour, toute l'humanité devra se présenter devant le tribunal de Dieu (2 Corinthiens 5:10). À ce moment-là, nous recevrons selon les œuvres faites dans notre corps, qu'elles soient bonnes ou mauvaises (Romains 2:6). Puisque seule la vérité vous libérera de l'enfer du diable (Jean 8:32 ; 17:17), ce billet est écrit pour montrer la différence entre ce qui est vrai et ce qui est une erreur concernant le salut de votre âme.
La Sainte Bible enseigne qu'un pécheur pénitent est sauvé par la grâce au moyen de la foi (Ephésiens 2:8) QUAND il est baptisé (immergé) dans l'eau POUR (afin d'obtenir) la rémission des péchés passés (Actes 2:38 ; cf. Matthieu 26:28). Par conséquent, le baptême d'eau EST essentiel au salut, car c'est à ce moment-là que le sang de Jésus lave nos péchés (Apocalypse 1:5 ; Actes 22:16). Ceux qui enseignent l'erreur affirment qu'un pécheur est sauvé par la grâce au moyen de la foi AVANT le baptême d'eau ; par conséquent, ils disent que le baptême d'eau n'est PAS nécessaire au salut du pécheur. Que croirez-vous, la Bible ou ce que disent les autres dans l'erreur ?
Mes amis, la Bible n'enseigne PAS que le salut passe UNIQUEMENT par le baptême d'eau. La Bible n'enseigne pas non plus qu'il existe une sorte de pouvoir mystique et magique dans l'eau qui apporte le salut au pécheur. Cependant, le baptême d'eau pour la rémission des péchés est une condition, ou comme la croyance, une ŒUVRE de Dieu (Jean 6:29) à laquelle le pécheur doit obéir pour être sauvé. JÉSUS indique clairement qu'avant le baptême, le pécheur doit entendre sa parole (Matthieu 7:24), croire en lui (Jean 8:24), se repentir de ses péchés (Luc 13:3) et confesser sa foi dans le Seigneur (Matthieu 10:32-33). Mais le même Jésus qui a dit d'écouter, de croire, de se repentir et de confesser a également donné l'ordre du baptême d'eau (Matthieu 28:18-20). Dans Jean 14:15, Jésus a dit : "Si vous m'aimez, gardez mes commandements".
Dans 2 Rois, chapitre 5, nous lisons l'histoire de "Naaman, chef de l'armée du roi de Syrie", un grand homme qui avait la lèpre. Entre-temps, il s'est rendu à Samarie pour voir Elisée, l'homme et le prophète de Dieu. Le prophète dit à Naaman d'aller se laver sept fois dans le Jourdain pour être purifié de sa maladie. Naaman s'est mis en colère et n'a pas voulu le faire. En fait, il est parti en colère, mais il avait toujours sa lèpre. Ses serviteurs lui conseillèrent d'obéir à l'ordre du prophète. Il se repentit de sa colère et fit ce qui lui avait été ordonné. Lorsqu'il descendit "et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu, sa chair redevint comme la chair d'un petit enfant, et il fut pur" (2 Rois 5:14).
Il n'y avait pas de pouvoir mystique et magique dans l'eau qui l'a purifié. Le pouvoir se trouvait dans la parole de Dieu (cf. Romains 1:16). Elisée a fait de l'immersion dans les eaux du Jourdain une condition ou une ŒUVRE de Dieu à laquelle Naaman devait obéir s'il voulait être purifié. Aujourd'hui, Dieu a fait de l'immersion dans l'eau une condition pour que vous et moi soyons sauvés (1 Pierre 3:20-21).
Jésus a dit : "Allez dans le monde entier, et enseignez l'Évangile à toute créature ; celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:15-16). Nous pouvons tous constater que Jésus a dit que la croyance ET le baptême étaient nécessaires au salut. Ceux qui sont dans l'erreur rejettent ces paroles du Christ et disent que le baptême n'est PAS nécessaire au salut. Dans Jean 12:48, Jésus a également dit : "Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a un juge ; la parole que j'ai dite, c'est elle qui le jugera au dernier jour."
Dans Actes 2:38, Pierre a dit aux Juifs croyants qui voulaient savoir ce qu'ils devaient faire pour être sauvés de "se repentir ET d'être baptisés... au nom de Jésus-Christ, pour la rémission des péchés". Pierre a-t-il prononcé ses propres paroles ? Non, car le verset 4 du chapitre 2 des Actes des Apôtres dit qu'il a parlé "selon que l'Esprit lui donnait de s'exprimer". Pierre a-t-il dit la vérité ? Oui, car Jean 16:13 dit que l'Esprit guidera les apôtres dans toute la vérité.
Veuillez considérer dans la prière les vérités suivantes : la rédemption (le pardon des péchés) se trouve en Christ (Éphésiens 1:7). Le salut se trouve en Christ (2 Timothée 2:10). La vie éternelle se trouve en Christ (1 Jean 5:11). On devient une nouvelle créature (création) - un enfant de Dieu - en Christ (2 Corinthiens 5:17 ; Galates 3:26). Il n'y a "aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ" (Romains 8:1). QUESTION : Comment une âme perdue peut-elle entrer en Christ et recevoir toutes les bénédictions spirituelles mentionnées ci-dessus (Éphésiens 1:3) ? RÉPONSE : Il faut être baptisé EN Christ (Galates 3:27 ; Romains 6:3-4).
Mes amis, le baptême d'eau est nécessaire pour le salut ou la rémission des péchés (Luc 1:77) parce que Jésus, par l'intermédiaire du Saint-Esprit de Dieu, l'a dit. Le Père a donc fait du baptême d'eau une condition du salut. Croirez-vous et obéirez-vous à Dieu ou continuerez-vous à écouter ceux qui enseignent l'erreur ?
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Erik Satie ~ Il était une fois à Paris
Erik Satie ~ Il était une fois à Paris (Artwork by Edouard Leon Cortes)
https://youtu.be/b9WKC5sT9Z4
Sheet Music download
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Songs
~ Gymnopedies #1 ~ Gnossiennes #1,3,4,5 ~ Album ~ Satie: Works For Piano Solo And Piano Duet
Pianist:
Anne Queffelec ~ with artwork by Edouard Leon Cortes Tracks: 0:00
Tracks:
Gymnopedies #1 3:32 Gnossiennes #1 6:52 Gnossiennes #3 9:33 Gnossiennes #4 11:52 Gnossiennes #5
Erik Satie
Éric-Alfred-Leslie Satie, dit Erik Satie (Honfleur, Normandie, 17 mai 1866 - Paris, 1er juillet 1925), était un compositeur et pianiste français. Il se présente comme « gymnopédiste » (en 1887, peu avant d'écrire sa composition la plus célèbre, les Gymnopédies). Il a également rédigé des articles dans divers journaux. Il se décrit comme un « phonométrographe » (celui qui mesure et écrit les sons), et préfère se définir ainsi plutôt que comme un « musicien ». Il peut être considéré comme un précurseur du sérialisme, bien avant le XXe siècle. Il fut l'un des premiers à apparaître au cinéma, en 1924, dans un film de René Clair. Il est connu sous le nom d'Erik Satie (il a changé, dès sa première composition, en 1884, le « c » final de son nom en un « k »). Au début de sa carrière, il y a une période à la fin des années 1880 où il utilise les pseudonymes Virginie Lebeau et François de Paule. La jeunesse d'Erik Satie s'est passée entre Honfleur, en Basse-Normandie, et Paris. À l'âge de quatre ans, sa famille s'installe à Paris, où elle propose à son père, Alfred, un poste de traducteur. En 1872, après la mort de sa mère Jane Leslie Anton, il est renvoyé, avec son frère cadet Conrad, à Honfleur, vivre chez ses grands-parents paternels. Là, il a reçu ses premières leçons de musique d'un organiste local. À la mort de leur grand-mère, en 1878, les deux frères sont réunis à Paris avec leur père, qui s'est remarié avec un professeur de piano. Dès le début des années 1880, Alfred Satie commence à publier des compositions de salon (composées entre autres par sa nouvelle épouse et lui-même). En 1879, Satie entre au Conservatoire de Paris. Bientôt, ses professeurs l'ont qualifié de manque de talent. Après avoir été renvoyé chez lui pendant deux ans et demi, il est réintégré au conservatoire à la fin de 1885. Cependant, il ne réussit pas à faire meilleure impression sur ses professeurs, il décide donc finalement de partir. plus tard. Cela n'a pas duré longtemps ; en quelques semaines, il a tenté de s'échapper de l'armée avec une ruse (s'exposant au froid jusqu'à ce qu'il contracte une pneumonie), qui a finalement réussi. En 1887, il quitte son domicile pour s'installer à Montmartre. Pendant ce temps, il entame ce qui sera une amitié pour la vie avec le poète romantique Patrice Contamine et par l'intermédiaire de son père, il publie ses premières compositions. Prompte rejoint la clientèle artistique du café-cabaret Le Chat Noir et commence à publier ses Gymnopédies. Viennent ensuite les Ogives, les Gnossiennes, etc. Â la même époque, il rencontre Claude Debussy. En 1891, il devient le compositeur attitré et maître de chapelle de « l'Ordre kabbaliste de la Rose-Croix » dirigé par Joséphin Péladan. Il compose pour cela des pièces d'inspiration mystique, telles que Salut Drapeau!, Le Fils des étoiles et Sonneries de la Rose Croix. Satie et Suzanne Valadon, artiste et amie de Miguel Utrillo, entament une idylle en 1893. Bientôt, Valadon s'installe dans une chambre voisine de celle de Satie, rue Cortot. Satie est devenu obsédé par elle, l'appelant son Biqui et écrivant des notes passionnées sur « son être complet, ses yeux charmants, ses mains douces et ses petits pieds». Valadon a peint le portrait de Satie et lui a donné, mais six mois plus tard, elle a déménagé, brisant le cœur de Satie. Au cours de leur relation, Satie a composé les Danses gothiques, comme une prière pour rétablir la paix dans son esprit. C'était apparemment la seule histoire d'amour que Satie ait jamais eue. La même année, il rencontre le jeune Maurice Ravel, dans les premières compositions duquel il exerce une influence notable. L'une des compositions de Satie de cette période, les Vexations, est restée inconnue jusqu'à sa mort. A la fin de l'année, il fonde l'Eglise Métropolitaine d'Art de Jésus Conducteur. En tant que seul membre, dans le rôle de 'Parcier et Maître de Chapelle', il a commencé la composition d'une Grande Messe (plus tard connue sous le nom de Messe des Pauvres), et a écrit un volume de lettres, d'articles et de pamphlets montrant sa conviction dans le domaine religieux et sujets artistiques. Les premières années à Arcueil et les compositions de cabaret Vers le milieu de 1896, il avait épuisé toutes ses ressources financières et dut chercher un logement moins cher, d'abord rue Cortot, dans une pièce à peine plus grande qu'une armoire, et deux ans plus tard (après avoir composé les deux premières séries de Pièces froides en 1897) à Arcueil, aux portes de Paris. La distance jusqu'au centre était de dix kilomètres, et il avait l'habitude de le faire à pied, étant donné son aversion pour les tramways. A cette époque, il reprend contact avec son frère Conrad (d'une manière très similaire à ce que Vincent van Gogh a fait avec son frère Theo) pour de nombreuses raisons, à la fois pratiques et financières, révélant ainsi ses vrais sentiments. Par exemple, dans les lettres qu'il adresse à son frère, il est clair qu'il a mis de côté ses sentiments religieux, qu'il ne reprendra que dans les derniers mois de sa vie. Satie a utilisé l'humour d'une manière très particulière : pour indiquer un changement d'opinion sur des sujets sur lesquels il avait des vues très solides. Dès l'hiver 1898, on voit Satie quitter son appartement d'Arcueil et se rendre à pied à Paris, à Montmartre ou à Montparnasse, pour revenir de la même manière à la tombée de la nuit. A partir de 1899, il gagne sa vie comme pianiste de cabaret (accompagnant principalement Vincent Hyspa, plus tard aussi Paulette Darty), adaptant plus d'une centaine de pièces populaires pour piano (ou piano et voix), et y ajoutant quelques-unes des miennes. Les plus connus sont Je te veux (sur un texte d'Henry Pacory), Tendrement (sur un texte de Vincent Hyspa), Poudre d'or (une valse), La Diva de l'Empire (sur un texte de Dominique Bonnaud/Numa Blès), Le Picadilly (Mars, dit aussi La Transatlantique), Légende Californienne (Texte perdu de la Contamine de Latour, mais la musique réapparaît dans La Belle Eccentrique), et bien d'autres (avec bien d'autres qui ont dû être perdus). Dans ses dernières années, Satie rejettera toute sa musique de cabaret comme perverse et contraire à sa nature, bien qu'il en reprenne une partie de son ton ludique dans La Belle Excentrique, à partir de 1920. Mais à l'époque, cela lui servait à gagner de l'argent. Seules quelques compositions que Satie prit au sérieux durant cette période survivent : Jack-in-The-box, musique pour une pantomime de Jules Dépaquit (dite clownerie par Satie), Geneviève de Brabant, court opéra-comique sur un sujet sérieux, avec texte de Lord Cheminot, The Dreamy Fish, musique pour accompagner une histoire perdue de Lord Cheminot, et d'autres (pour la plupart incomplètes, presque aucune créée et aucune publiée à l'époque). On pense que Geneviève de Brabant et The Dreamy Fish ont trouvé (par exemple par Ornella Volta) des éléments de rivalité avec Claude Debussy, dont Debussy lui-même n'était probablement pas au courant (puisque Satie n'a pas publié cette musique). Entre-temps, Debussy connaît l'un de ses premiers grands succès avec Pelléas et Mélisande en 1902, qui conduira quelques années plus tard au débat qui a précédé qui entre les deux compositeurs (dans lequel Maurice Ravel est également mêlé). En octobre 1905, Satie s'inscrit, contre l'avis de Debussy, à la Schola Cantorum de Vincent d'Indy pour étudier le contrepoint classique (tout en poursuivant son travail au cabaret). La plupart de ses amis étaient aussi perplexes que les professeurs de la Schola lorsqu'ils apprirent son intention de retourner dans les classes. Quant aux raisons qui poussaient Satie à franchir ce pas, il y avait peut-être deux raisons : premièrement, il en avait marre qu'on lui dise que l'harmonie de ses compositions était erratique (une critique contre laquelle il ne pouvait pas très bien se défendre en l'absence de terminé ses études au conservatoire). Deuxièmement, il développait l'idée que l'une des caractéristiques de la musique française était la clarté (qui pouvait être mieux obtenue avec une bonne connaissance de la façon dont l'harmonie traditionnelle était perçue). Satie fait cinq ans à la Schola, en bon élève, et obtient un premier diplôme (niveau intermédiaire) en 1908. Certains de ses exercices de contrepoint ont été publiés après sa mort (par exemple Désespoir Agréable), mais il a peut-être considéré son ouvrage En Habit de Cheval (publié en 1911 après huit ans de dur labeur pour parvenir à une évasion nouvelle et moderne') comme l'aboutissement de son temps à la Schola. D'autres pièces, de la période antérieure à la Schola, parurent également en 1911 : les Trois Morceaux en forme de poire (Trois fragments en forme de poire, bien qu'en réalité ce soient sept pièces), qui était une sorte de résumé des meilleurs, qu'il avait composé jusqu'en 1903. Ce qui ressort clairement de ces compilations publiées, c'est qu'il n'a peut-être pas rejeté le romantisme (et ses représentants comme Richard Wagner) dans son ensemble (il l'avait modéré en quelque sorte), mais plutôt certaines de ses caractéristiques : principalement l'idée de ​développement, certainement au sens le plus strict du terme ; l'imbrication de plusieurs sujets dans une section de forme sonate. Naturellement, cela signifie que ses œuvres contrapuntiques, et les autres aussi, sont très courtes. Par exemple, les fugues « nouvelles et modernes » ne s'étendent pas beaucoup au-delà de l'exposition du thème. En général, il ne croyait pas que le compositeur doive priver le public de plus de temps que strictement nécessaire, évitant l'ennui. Aussi le mélodrame, dans son sens historique du genre romanesque, très en vogue à l'époque, de « texte parlé sur fond musical », est quelque chose dont Satie semble avoir réussi à se tenir à l'écart (bien que sa Piège de Méduse de 1913 puisse voir lui-même comme un étalage absurde de ce genre). Entre-temps, il y eut aussi d'autres changements : il adhéra au parti radical (socialiste), il fraternisa avec la communauté d'Arcueil (entre autres, il participa aux travaux du 'Patronage Laïque' en faveur des enfants), et il adopte l'apparence d'un fonctionnaire bourgeois, avec son chapeau champignon et son parapluie. De même, au lieu de rejoindre une secte de type médiéval, à cette époque, il canalise son intérêt vers un passe-temps particulier : dans un classeur, il conserve une série de dessins de bâtiments imaginaires (décrits pour la plupart comme étant en métal) qu'il réalise sur des cartes et morceaux de papier. Parfois, prolongeant le jeu, il faisait passer de petites annonces dans les journaux locaux proposant ces bâtiments (par exemple un « château de plomb ») à vendre ou à louer. À partir de ce moment, la vie de Satie a commencé à s'accélérer. Pour commencer, l'année 1912 voit le succès de ses courtes pièces humoristiques pour piano ; au cours des années suivantes, il écrira et publiera plusieurs d'entre eux : Véritables Préludes flasques, Vieux sequins et vieilles cuirasses, Embryons desséchés, Descriptions automatiques, la Sonatine bureaucratique, toutes des œuvres de cette période. Son habitude d'accompagner les partitions de ses compositions de commentaires en tout genre est bien établie à cette époque (au point de devoir insister des années plus tard sur le fait qu'il n'est pas nécessaire de lire ces commentaires pendant l'exécution). Arrêtez également d'utiliser des barres fendues pour les barres. Par certains aspects, ces œuvres rappellent beaucoup les compositions des dernières années de Rossini, regroupées sous le nom de Péchés de vieillesse ; Rossini a pareillement écrit de petites pièces humoristiques pour piano, comme Mon prélude hygiénique du matin ou Figues sèches, et les a dédiées à son chien le jour de son anniversaire. Ces œuvres avaient été réalisées dans le salon exclusif de Rossini à Paris quelques décennies plus tôt. Cependant, selon toute probabilité, Satie n'a pas pu voir ou entendre ces pièces lorsqu'il a composé ses propres œuvres dans les premières décennies du XXe siècle ; Les œuvres de Rossini n'avaient pas été publiées à cette époque. Sergueï Diaghilev aurait découvert le manuscrit de ces pièces de Rossini vers 1918 à Naples, avant de monter La Boutique Fantasque, à peu près à la même époque où Satie cessa d'écrire des commentaires humoristiques sur ses partitions. Mais la véritable accélération de la vie de Satie ne vient pas tant du succès grandissant de ses œuvres pour piano ; c'est en effet Ravel qui, probablement sans le savoir, a activé ce qui allait devenir une caractéristique du dernier Satie : faire partie de tous les courants d'avant-garde qui se sont développés à Paris dans les années suivantes. Ces tendances se sont rapidement succédées, faisant de Paris sans conteste la capitale artistique de l'époque, où le début du nouveau siècle semblait en passionner tant. En 1910, les 'Jeunes Ravêlites', un groupe de jeunes musiciens admiratifs de Ravel, expriment leur préférence pour les premières œuvres de Satie (celle d'avant la période Schola), renforçant l'idée que Satie avait été un précurseur de Debussy. Au début, Satie était flatté qu'au moins une partie de son travail reçoive l'attention du public, mais lorsqu'il s'est rendu compte que son travail plus récent était sous-évalué ou décrié, il a recherché d'autres jeunes artistes qui comprenaient mieux ses idées actuelles pour trouver un plus grand soutien mutuel dans l'activité créatrice. Ainsi, des artistes comme Roland Manuel, et plus tard Georges Auric et Jean Cocteau ont commencé à recevoir plus d'attention pour leur part que les «Jeunes». Dès 1919, Satie est en contact avec Tristan Tzara, fondateur du mouvement Dada. Il rencontre d'autres dadaïstes, comme Francis Picabia (qui passera plus tard au surréalisme), André Derain, Marcel Duchamp, Man Ray, etc. Le jour où il rencontre ce dernier, ils créent le premier ready-made de Man Ray : The Gift (1921). Satie participe à la publication dadaïste 391. Dans les premiers mois de 1922, il est mêlé à la discussion entre Tzara et André Breton sur la véritable nature de l'avant-garde artistique, résumée dans l'échec du Congrès de Paris. Satie s'est initialement aligné sur Tzara, mais a réussi à maintenir de bonnes relations avec les deux. Entre temps, l'Ecole d'Arcueil s'était formée autour de Satie, avec de jeunes musiciens comme Henri Sauguet, Maxime Jacob, Roger Désormière et Henri Cliquet-Pleyel. Enfin, il compose un ballet instantané (Relâche) en collaboration avec Picabia, pour les Ballets suédois de Rolf de Maré. Parallèlement, Satie compose la musique du film surréaliste Entr'acte de René Clair, qui sert d'intermède dans Relâche. Certaines œuvres sont nées sous le patronage du comte Étienne de Beaumont, à partir de 1922 . Épilogue Jusqu'à l'année de sa mort en 1925, absolument personne à part lui n'entrait dans sa chambre d'Arcueil, depuis qu'il a déménagé il y a vingt-sept ans. Ce que ses amis ont découvert ici, après son inhumation au cimetière d'Arcueil, avait le charme de la tombe de Toutankhamon ; en plus de la poussière et des toiles d'araignées (ce qui, entre autres, indiquait que Satie ne composait jamais avec son piano), ils ont découvert de nombreux objets : D'énormes quantités de parapluies, certains apparemment jamais utilisés, car il les collectionnait, on estime qu'il en avait plus de 100 ; le portrait fait de lui par Valadon ; lettres d'amour et dessins de l'époque Valadon ; d'autres lettres de toutes les époques de sa vie ; sa collection de dessins d'édifices médiévaux (jusque-là, ses amis ont commencé à voir un lien entre Satie et certaines annonces anonymes de journaux sur les « châteaux en plomb » et autres choses similaires); autres dessins et textes à valeur autobiographique ; d'autres souvenirs de toutes les périodes de sa vie, dont ces sept costumes de velours de la période du 'chevalier de velours'. Mais surtout, il y avait des compositions dont personne n'avait entendu parler (ou pensé perdu) partout : derrière le piano, dans les poches des robes de velours, etc. ceux-ci comprenaient les Vexations, Geneviève de Brabant, et d'autres inédits ou inachevés, tels que 'The Dreaming Fish', de nombreux exercices de la Schola Cantorum, un ensemble inconnu de pièces 'canines', quelques autres œuvres pour piano, souvent sans titre, ( qui ont été publiés comme de nouvelles Gnossiennes), Pièces Froides, Enfantines, etc.). Bien que généralement la musique de Satie soit composée de pièces courtes, il existe quelques curieuses exceptions : Vexations : Avec 840 répétitions du motif musical (et beaucoup plus de la ligne de basse), c'est certainement l'œuvre la plus longue avec un nombre fixe de répétitions (notez que, sans les répétitions, la musique dure à peine deux minutes). Aucune explication ne survit de Satie pour cette longueur exceptionnelle d'une pièce. Le Tango («Le Tango»), un air presque accrocheur de Sports et divertissements, Satie indique dans les partitions perpétuel (quelque chose comme perpetuum mobile, c'est-à-dire le mouvement perpétuel). Il y a peu de preuves de ce que Satie voulait dire par « perpétuel ». Lorsqu'il est joué pour un enregistrement, il y a rarement plus d'une répétition de cette partie de la composition, ce qui en fait l'un des tangos les plus courts jamais composés. Cinq morceaux de musique de fond, destinés à servir de musique de fond, avec un nombre indéterminé de répétitions. Sa musique pour le film Entr'acte comporte dix zones de répétition pour permettre la synchronisation avec le film de vingt-neuf minutes. Read the full article
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FOUJITA. Tsuguharu Foujita « héritier de la paix » est né en 1886, dans un Japon qui s'ouvre tout juste à l’Occident. Issu d’une famille noble de samouraïs, son père est général de l'armée impériale, il rêve de Paris ! Diplômé de l’École des beaux-arts de Tokyo, il arrive enfin dans la capitale et s'installe à Montparnasse où il devient l'ami de Picasso et s'intègre facilement à ce microcosme bigarré. S'il est l'un des premiers artistes japonais a osé transgresser les conventions de son pays, il n'en abandonne pas pour autant son japonisme originel, qu'il cultive avec soin. Le jeune Foujita étonne par son style androgyne et son look, atypique. Il a parfaitement compris que le travail et le talent ne suffisent pas. Il faut surprendre et marquer les esprits! Reconnaissable à ses lunettes rondes,  ses tatouages, ses bijoux voyants, sa moustache à la Chaplin et sa coupe de cheveux " à la chien" c'est dans son atelier de la rue Delambre, puis dans la belle maison qu'il s'offre square Montsouris, qu'il confectionne ses vêtements , crée sa vaisselle, filme et photographie. Dès les années vingt, et bien avant Picasso, il adopte la marinière après un séjour à Pont-Aven.  Il joue avec les textures, les matières, les motifs, achète des modèles européens qu'il reproduit dans des tissus japonais ou vice versa. Il est si connu que des boutiques parisiennes exposent en vitrine un mannequin à son effigie ! En 1928, il collabore avec la maison Lesur et crée des imprimés  qui s'inspirent de la tradition japonaise et des idéogrammes chinois. Il dessine des costumes et des décors pour la scène pour le ballet suédois de Rolf de Maré. En 1955, La Callas porte une robe-kimono créée par lui pour interpréter le rôle de Madame Butterfly au Lyric Opéra de Chicago. De retour du Japon après la seconde guerre mondiale, il se convertit sur le tard au catholicisme après avoir vécu une expérience mystique à Reims. « J’ai senti mon âme s’ouvrir » dira  le peintre. #daniellevychemisier #foujita #icone #àlafrançaise Merci @ze_french_do_it_better pour ce texte. (à Daniel Lévy) https://www.instagram.com/p/CXT4--BM0Ji/?utm_medium=tumblr
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ohwhenthesaints21 · 3 years
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Jeudi 25 Novembre
Sainte Catherine
La voici la voilà, la sainte préférée des meufs célibataires, de plus de 25 ans, et on sait qu'on est plusieurs dans cette team ici tmtc.
J'ai nommé Sainte Catherine d'Alexandrie (tululu!💃🏻 Ok j'arrête) et franchement vous n'allez pas trop la renier celle là.
Cathy (ouais on est intime) c'était une meuf célibataire, catho pratiquante et quand même vachement cultivée. Du coup quand le roi d'Égypte a commencé à l'embrouiller en lui disant que sa religion avec un Dieu unique c'était de la merde, elle lui a sorti un argumentaire qui l'a achevé. Forcément le gars a l'époque n'avait pas trop l'habitude de débattre avec une meuf qui avait de la répartie, sans surprise ça l'a vexé et il est allé chercher les meilleurs savants du pays pour qu'ils mettent la piné à cette petite insolente de seulement 18 piges.
Déjà les savants ça les a vénèrent de venir juste pour débattre avec une fillette, nous passerons sur l'ignorance et la misogynie de ces petits papy(rus. Ouais elle était nulle je sais), et comme ils avaient peur de se faire trucider si ils refusaient bah ils sont restés.
Bon catherine quand elle a vu l'armée de vieux sages elle a quand même signalé que ça n'était pas très équitable mais ça ne l'a pas empêchée de leur mettre une raclée philosophique comme ça sans pression. Elle a été tellement convaincante qu'elle les a tous converti au christianisme !
Sans surprise ça n'a pas plu au roi d'Égypte qui, un poil sur les nerfs, les a tous fait brûler (si ils avaient su ils seraient pas venus !)
Mais pas complètement bête le roi se dit qu'une meuf comme la catherine vaut mieux l'avoir dans sa team. Du coup il lui propose d'être sa deuxième épouse préféré après la reine. En plus elle est mignonne catherine, ce qui ne gâche rien. Elle lui rit au nez en lui disant "merci mais non merci je suis déjà maquée avec Dieu moi perso, on a fait un petit mariage mystique et ça me va très bien !"
Ça commence à le saouler le toupet avec lequel elle lui répond la Cathy, il lui dit "tu commences à me courir sur le haricot ma grande, va te faire torturer et passer quelques jours en prison on vera si tu fais toujours la maligne" et le roi se taille en voyage on ne sait pas trop où (sans doute au club Med pour décompresser, on le comprends).
La reine et son amant le garde de l'armée (pire que les feux de l'amour cette histoire) viennent voir discretos comment elle se remet et là il découvre qu'un ange est en train de lui soigner ses plaies ! Direct ils se convertissent et toute l'armée avec eux. Quand le roi rentre sans surprise il est vénère, il massacre la femme, l'amant et toute l'armée (j'avais dis qu'il était susceptible) et il propose du coup à Catherine d'être son épouse préférée. Elle refuse encore et là le roi n'a plus de patience et il la condamne à tous les supplices connus. Mais rien n'y fais, elle survit à tout. Un ingénieur du roi invente une machine bien dégueu avec 4 roues et des petits pics mais le Seigneur la détruit avant qu'ils aient pu l'utiliser. Vanné le roi revient aux bonnez vieilles méthodes: il la fait décapiter.
Paraît il ensuite que des anges sont venus chercher son corps et l'ont amené jusqu'au mont Sinaï pour qu'il soit bien enterré.
Toujours est il qu'elle est devenue hyper populaire les siècles qui ont suivi, la meuf a carrément trois auréoles : une blanche pour la pureté de la virginité, une verte pour la sagesse et une rouge pour la foi et le martyr(sang versé toussa toussa). Comme elle avait refusé de se marier avec le roi elle est logiquement devenue la sainte patronne des meufs célibataires, mais aussi des philosophes et des couturières entre autres !
Et toute cette petite fête autour de la sainte Catherine c'est parce qu'avant il y avait sa statue dans toutes les églises et tous les 25 novembre les jeunes filles du village venaient recoiffer sainte Catherine, aka entretenir la statue, la fleurie toussa toussa. Et comme quand on était mariée on avait autre chose à faire et que comme c'était une mission importante c'étaient les filles célibataires les plus âgées qui se chargaient de ça donc les filles non mariées de plus de 25 ans. Pourquoi 25 ans très bonne question, on est le 25 novembre, voilà. Ou un quart de siècle sans avoir trouvé d'époux ça doit signer le début de la fin. Et le fait de coiffer la statue ça a donné la tradition de la coiffe aka le chapeau de sainte Catherine qu'on portait dans certaines régions avec un mélange pas harmonieux de jaune couleur de la sagesse et de vert couleur de l'espoir ! Tout un programme !
Dans le nord on s'offre des petites cartes entre filles à l'école primaire , parce qu'on aime se faire des cadeaux voila.
Mais bon en vrai c'est comme miss france, on sait que cette trad est un peu vieillotte et pas trop pour l'émancipation des femmes quoi. Du coup pour prendre le contre pied aujourd'hui c'est la journée mondiale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Et c'est important 💪🏻❤️
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abladesosharp · 3 years
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brakebills; explications.
incipit : brakebills, explications générales.
L'université de Brakebills a ouvert en 1903, financée par le clan Herne. Située dans Greenwich Village, autour de Washington Square l'université occupe et fait vivre la majeure partie du quartier. L'université est divisée en une dizaine de bâtiments et quatre dortoirs communs, chacun bénéficiant d'un certain prestige et d'une certaine réputation. L'administration exige que tous les étudiants résident sur le campus pendant les quatre années d'étude ; le coût conséquent d'une telle obligation décourage de nombreux étudiants de poursuivre leurs études ou même de postuler à Brakebills.
i. l'enseignement.
∙ Brakebills est un passage obligé pour tout jeune magicien du Haut de bonne famille, non seulement pour son enseignement de haut niveau mais aussi pour les connections et le réseau qui peuvent s'y créer.
∙ Un étudiant complète son cycle d'études en quatre ans et enchaîne directement sur le service militaire. Après le service militaire, un étudiant peut choisir de commencer à travailler ou revenir à Brakebills pour un master et un doctorat. Avoir effectué un master et un doctorat est nécessaire pour ensuite devenir enseignant à Brakebills.
∙ freshman year (18-19 ans): année générale et commune à tous les étudiants. ∙ cours obligatoires : latin 101, grec ancien 101, pratique des sigils (offensif et défensif), science politique, géométrie avancée, algèbre. ∙ sophomore year (19-20 ans): année générale et commune à tous les étudiants. ∙ cours obligatoires : latin 202, grec ancien 202, pratique des sigils (offensif et défensif) intermédiaire, science politique intermédiaire, géométrie intermédiaire, algèbre, ec. ∙ junior year (20-21 ans): année de spécialisation en magie offensive ou défensive. ∙ cours obligatoires : latin 303 ou grec ancien 303, pratique des sigils (offensif ou défensif) avancée, science politique avancée, géométrie avancée, algèbre magique. ∙ senior year (21-22 ans): année finale. ∙ cours obligatoires : latin ou grec 404,  pratique des sigils (offensif ou défensif) extra-avancée, science politique extra-avancée, géométrie alchimique, algèbre magique.
Brakebills permet à tous les étudiants de prendre des cours optionnels, autant que leur emploi du temps le permette:
∙ liste de cours optionnels : langues (vivantes ou mortes), sport (ballet, tennis, escrime, aviron), histoire de la magie, anthropologie, chimie, physique, archéologie, trigonométrie, data science, photographie, dessin, peinture, sculpture, commerce, logistique, etc...
ii. les dortoirs.
∙ kingsway court: Kingsway Court est un dortoir réservé aux hommes (cis et trans). Kingsway est le dortoir le plus ancien et a longtemps été considéré comme le plus prestigieux de Brakebills. Historiquement, Kingsway accueille des magiciens spécialisés dans la magie offensive et intéressés par des carrières militaires, dans la politique ou la finance. Niché au sein d'une gigantesque maison, Kingsway offre un cadre de vie luxueux et privilégié à ses membres : les chambres sont individuelles, des domestiques s'occupent du linge et de la cuisine, et des salles d'étude comme d'entraînement magique sont à disposition. ∙ cedarvale mansion: Cedarvale Mansion est le dortoir historiquement réservé aux femmes (cis et trans). Créé peu de temps après Kingsway Court, Cedarvale représente l'excellence et la pugnacité qu'il a fallu aux femmes pour obtenir leur place à Brakebills. Les membres de Cedarvale doivent obligatoirement participer à des activités de bienfaisance et maintenir des résultats scolaires au-dessus de la moyenne pour garder leur place dans le dortoir. À l'instar de Kingsway, le cadre de vie à Cedarvale est particulièrement confortable, laissant à ses membres l'ample possibilité de se concentrer sur leurs études. ∙ halston cloister: Halston Cloister est situé dans un ancien cloître déconsacré. Le bâtiment s'organise autour d'un jardin-potager et l'emphase est mise sur l'étude et le calme. Les chambres sont soit doubles (elles peuvent être mixtes), soit individuelles pour ceux qui peuvent se le payer. Halston Cloister accueille tous les genres et il n'y a pas de pré-requis en termes de résultats scolaires pour rester à Halston Cloister ; en revanche, le dortoir est entièrement géré et financé par ses membres, il faut donc mettre la main à la pâte et prouver sa valeur pour y rester. ∙ snowcove house: Snowcove est la résidence des étudiants venus du Bas ou des étudiants bénéficiant d'une bourse. Petite maison de deux étages et comportant une dizaine de chambres (toutes doubles, pouvant être mixtes), Snowcove ne bénéficie pas de domestiques ou d'aide à l'entretien. Les étudiants doivent tout faire eux-même. Pour conserver leur place à Snowcove, les étudiants doivent maintenir leurs notes au-dessus d'une moyenne de 3.8 sur 4 tous les semestres et sont requis de travailler sur le campus.
iii. la vie étudiante et les sociétés secrètes.
∙ serpents and bones: Tout le monde connaît Serpents and Bones, et pourtant, on serait bien incapable de reconnaître ses membres. Club de duel aussi prestigieux que violent, ses membres s'affrontent en combat singulier, partout dans New York, parfois en plein jour. Le principe est simple : tous les mois, deux des membres reçoivent une "invitation" devant leur porte (sous la forme d'un crâne de serpent) avec un lieu et une heure. S'ensuit un combat au sommet de l'art des sigils et de la magie rouge, car Serpents and Bones admet des mages des deux côtés de New York. Sortir vainqueur d'un duel garantit gloire éternelle au sein de Brakebills... et au-delà, car bien des membres de la société secrète rejoignent ensuite l'armée ou les mercenaires. ∙ charioscuro: La société secrète Charioscuro vise à repousser les limites de l'esprit. Ses membres sont recrutés parmi les étudiants intéressés par la psychologie, la médecine ou encore la physique, et seuls les étudiants qui passent le test d'initiation (qui change selon les années) sont acceptés. Les membres de Charioscuro organisent des séances afin de tenter de communiquer avec l'au-delà, pratiquent l'hypnose et tentent de créer des sigils permettant le contrôle d'autrui. ∙ the nephilim: Moins secrète que les trois autres, les Nephilim accueillent en leur sein tous ceux qui souhaitent pratiquer une foi plus approfondie et étudier les textes sacrés. De nombreux jeunes Augures en devenir sont passés par les Nephilim, mais certains étudiants cherchent simplement à satisfaire une soif mystique. Il est à noter que pendant la guerre, certains Nephilim se sont radicalisés et ont encouragé à la révolte contre le système clanique, ce que certains ont payé de leur vie.
iv. brakebills et la recherche scientifique.
∙  Brakebills n'est pas seulement un lieu d'éducation. Comme toutes les grandes universités, c'est également un haut lieu de recherche qui travaille main dans la main avec de prestigieuses institutions, tels que le Metropolitan Museum of Magic mais aussi des entreprises, ainsi que l'armée. Ainsi, Brakebills conduit souvent des études subventionnées par telle ou telle entité. Les inventions notables sont les suivantes:
- le sérum de passage: Inventé en 1934 par un membre de la famille Herne, le sérum de passage est l'une des substances les plus recherchées de New York. Grâce à une injection de ce sérum, un magicien du Haut peut passer au Bas et vice-versa sans presque d'effets secondaires. Ce sérum est extrêmement cher et difficile à produire, et il est impossible de s'en procurer sans une demande spéciale aux Herne, qui devront d'ailleurs notifier la demande au Clan Stratège. Il sert principalement aux étudiants du Bas venant étudier au Haut, mais peut être également utilisé par des espions, des militaires, etc. - le sigil de bestialité: Créé en 2018 par le département de recherche en magi offensive, le sigil de bestialité offre au magicien qui l'utilise plusieurs dizaines de minute de force surhumaine et de super-vitesse, un état que l'on appelle le berserk. Ce sigil est extrêmement dangereux et instable et les effets secondaires sont nombreux : amnésie, perte d'empathie sur le long terme, magie instable, comportements addictifs...
v. brakebills pendant et après la guerre.
∙  Pendant la guerre, Brakebills a été la cible de nombreuses attaques. Point sensible et stratégique du Haut, l'université a d'abord tenté de poursuivre ses activités comme si de rien n'était mais les tensions ont tôt fait de faire imploser la vénérable institution. En effet, lorsque la guerre a commencé, de nombreux étudiants du Bas ont été expulsés manu militari, créant de vives réactions chez leurs camarades du Haut, certains applaudissant la décision de l'université, d'autres la qualifiant de cruelle.
∙ De nombreux étudiants ont été enrôlés de force dans l'armée et n'ont pas pu continuer leurs études. D'autres ont trahi le Haut et ont déserté, partant au Bas ; d'autres ont dû commettre des atrocités ou trahir leurs plus propres amis pour survivre. La population étudiante de Brakebills, politiquement engagée, a été durement touchée par les horreurs de la guerre, et il n'est pas facile de se retourner sur ces années noires, ni de croiser le regard d'anciens camarades qui aujourd'hui sont au pire des ennemis, au mieux des étrangers.
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eglise22 · 4 years
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Pourquoi vilipender les dévotions populaires ?
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Extraits de la page 11 consacrée à un moine spécialiste de la Liturgie, présenté comme un homme d'ouverture et de dialogue :
« … il est inutile de rajouter des dévotions comme, par exemple, les neuvaines de prière. Cela ne sert strictement à rien … Le bisounours charismatique et la quincaillerie religieuse sont désormais irrecevables : c'est de la maturité qu'il nous faut. Du sérieux. La vie spirituelle peut éventuellement se passer des médiations habituelles … Nous devons nous faire à cette relative austérité qui nous invite à ne pas être des consommateurs du religieux … Ce n'est pas la peine de multiplier les messes virtuelles. »
Le moine François Cassingena-Trévedy, bénédictin de Ligugé, est un spécialiste de la liturgie, enseignant à l'Institut supérieur de liturgie, (Institut Catholique de Paris), c'est dire qu'il est docteur, il sait lui ; sa parole fait donc autorité patentée.
Honni soit le paroissien lambda qui s'autoriserait à apporter une humble vision des choses.
J'ai eu jadis à fournir un devoir sur l'affirmation « méfions-nous des spécialistes ». Tout en reconnaissant l'avantage précieux des travaux des spécialistes, j'avais argumenté sur le danger que toute spécialisation peut entraîner, un rétrécissement de l'esprit, un certain ésotérisme, et donc un ostracisme de la pensée d'autrui.
J'ose donc plaider sur les aspects positifs de la dévotion populaire.
Le confinement que nous vivons en ce moment, nous prive d'accès aux sacrements, aux sources de la grâce. C'est un jeûne bénéfique, mais un rationnement privatif pour la vie intérieure. Assister à une messe devant l'écran de télévision ou l'ordinateur, n'a rien à voir avec la projection d'un film. On ne peut pas l'assimiler à une messe virtuelle. Quand on communique avec ses parents ou amis sur Skype, il s'agit d'une présence réelle. Quand le pape donne sa bénédiction urbi et orbi à la télé, nous sommes réellement bénis, si nous y sommes actifs et présents. Une communication téléphonique n'a rien de virtuel, et pourtant le son ne passe pas matériellement, il est transformé en courant électrique. Le mot virtuel ne convient donc pas, en plus il est réducteur, car virtuel renvoie à artificiel non naturel, donc chimérique. Grâces soient rendues à ceux qui nous donnent de telles émissions. Une émission documentaire peut nous nourrir, notre esprit y assimile des données, et parfois notre cœur. Pourquoi assister à une messe à la télé ne serait –elle pas du même ordre.
J'en viens aux « bisounours charismatiques et aux quincailleries religieuses » qualifiés par le bénédictin.Les chrétiens dits charismatiques font beaucoup appel à l'affectivité, la chaleur communicative des assemblées. Cela peut parfois surprendre ; notre culture latine n'est pas ouverte aux démonstrations affectives. N'empêche que l'archevêque de Paris a inclus dans sa pastorale des assemblées de prières de guérisons, loin de manifestations magiques supposées. Il est pourtant aussi médecin, donc informé des aléas thérapeutiques.
Quincaillerie religieuse dit notre spécialiste. Qu'a-t-il trouvé ? des statues, des médailles, des crucifix, de l'huile, des icônes, le chapelet ?Pour un spécialiste en liturgie, artiste et poète, seul le Beau est un critère, d'où le danger d'ésotérisme.
Cette quincaillerie s'appelle aussi sacramental.La statue ? Ce n'est pas l'objet par lui-même, la matière, la forme qui compte, mais ce qu'il représente.De même que le sacrement est un signe sensible, un symbole, qui évoque une réalité spirituelle, le sacramental est un moyen pauvre, cher à la dévotion populaire. Depuis Tartuffe, le mot dévot en français est péjoratif, les anglais ont gardé bigottery, mais dans le sens de sectaire. Gardons quand même le terme de dévotion, qui fait penser à dévoué, remis en vœu etc …Médaille ? Le chrétien ne porte pas une médaille comme un talisman, mais comme un petit objet qui fait penser à la personne représentée (joli mot re présentée). Que la Vierge Marie ait demandé à Catherine Labouré de faire frapper une médaille, devrait inquiéter un spécialiste en liturgie. Qui niera les bienfaits accordés à ceux qui en ont, et prie la Vierge avec elle ?L'huile. L'huile sainte est très coutumière en Orient, merci Saint Charbel. Les miracles venant après l'onction de cette sainte huile sont nombreux au Liban. Dommage que sainte Anne ne nous ait pas donné en Bretagne le bon usage du beurre salé. (lol).Les icônes. Quand on voit le respect et la piété de ceux qui les peignent, et les vénèrent, on ne peut que reconnaître que ce sont des adjuvants physiques à la prière.Les reliques : quand on apprend que les « restes » de Thérèse de Lisieux arrivent dans une paroisse, il y a foule pendant plusieurs jours ; humble dévotion pour le peuple.Le chapelet : Quand Saint Dominique a reçu de la Vierge le Rosaire, il ne pensait pas que cette véritable arme spirituelle se répandrait dans la chrétienté. C'est un moyen pauvre, à la manière des mantras bouddhistes, simple énumération de Pater et d'Ave. Le Pape Pie V, dominicain croyait dans la puissance de cet objet (de quincaillerie ?) au point de le recommander à la chrétienté après la victoire de la flotte chrétienne face à l'armée ottomane à Lépante en 1571. Quant au chapelet de la Miséricorde donné par Dieu le Père à sainte Faustine, « les entrailles de ma miséricorde sont émues pour ceux qui disent ce chapelet » dit Dieu … excusez du peu !Crucifix Je n'ose penser que le moine de Ligugé classe les crucifix dans la quincaillerie signalée. Devant le pape priant le Christ de Saint Marcel à Rome, comment ne pas penser que c'est grâce à sa procession et aux prières des italiens que Rome fut guérie de la peste ? Il n'y a que la foi qui sauve, dira-ton…Que retenir de toute cette affaire ? Notre spécialiste en liturgie a raison de dire que les chrétiens doivent aller à l'essentiel. « la foi véritable, toujours humble, ne nous dispense jamais, de notre condition humaine … notre essentiel c'est d'approfondir notre relation à un Dieu qui est caché … » « la vie spirituelle veut éventuellement se passer de médiations habituelles » oui pour les mystiques et les professionnels de la vie spirituelle …
Mais comme la Cananéenne, nous pauvres laïcs, n'avons pas accès au Pain qui est sur la table, alors qu'on nous laisse nous nourrir des miettes. Les sacramentaux ne sont que des moyens, de pauvres moyens, notre religion est l'Incarnation.
NB : ceci dit, il faut bien que les abbayes vivent, on peut visiter en ligne la boutique de Ligugé, il y a à lire, à boire et à manger et de la belle quincaillerie religieuse.
via Communauté pastorale du Littoral Ouest https://ift.tt/2VzQ82U
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lemaupertus · 4 years
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https://e3o.org/e3o/livres-fragments-glanes-dans-la-theosophie-occulte-dorient-2/
Livres : Fragments glanés dans la Théosophie occulte d'Orient
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Les postérités de la théosophie L’AGE D’HOMME. 1994 Abraham Aboulafia, cabaliste et prophète éditions de l’éclat. 1999 Abraham Aboulafia est sans aucun doute l’une des figures les plus hautes en couleur du mysticisme juif ; prophète auto-proclamé aux prétentions messianiques, il vécut et œuvra dans la seconde moitié du XIIIe … Lire plus…Livres : Fragments glanés dans la Théosophie occulte d’Orient Les postérités de la théosophie L'AGE D'HOMME. 1994 Abraham Aboulafia, cabaliste et prophète éditions de l’éclat. 1999 Abraham Aboulafia est sans aucun doute l'une des figures les plus hautes en couleur du mysticisme juif ; prophète auto-proclamé aux prétentions messianiques, il vécut et œuvra dans la seconde moitié du XIIIe siècle, à ce moment précis de l'histoire juive médiévale qui connut unie activité mystique intense, aussi bien en terre d'Israël que dans les communautés de la Diaspora. A la différence de la plupart des autres cabalistes de cette époque, dont on connaît mieux l'œuvre littéraire que la biographie, nous disposons d'une relative richesse d'informations concernant sa biographie, grâce essentiellement à l'attention méticuleuse dont il fit montre dans ses écrits. Dans les essais qui composent ce volume, Elliot R. Wolfson s'attache à montrer la dimension éminemment paradoxale d'une œuvre sans équivalent dans la " pensée juive ". La Théosophie Theosophie Documents Anthroposophiques. 2020 La théosophie en 25 leçons La Théosophie Universelle Primento. 2015 Extrait : "La Théosophie universelle préhistorique n'a laissé d'autres vestiges que d'immenses monuments de pierre et des Mythes hermétiques..." Fragments glanés dans la Théosophie occulte d'Orient Primento. 2015 Extrait : "C'est sous les auspices des maîtres des Indes appelés les Mahatmas, que la Société Théosophique fut fondée, il y a plus de huit ans, en Amérique, par Mme Blavatsky, auteur de l'Isis Dévoilée, et par le colonel Olcott, un officier américain, qui servit sa patrie avec distinction, dans l'armée du Nord, pendant la guerre de Sécession." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares • Livres libertins • Livres d'Histoire • Poésies • Première guerre mondiale • Jeunesse • Policier TH OSOPHIE, TUDE SUR LA CONNAISSANCE SUPRASENSIBLE ET LA DESTIN E HUMAINE.
#Théosophie
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recontemoiuneimage · 7 years
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“Éclosion” - © Julie Munier    Cette image est une de mes favorites parmi toutes celles que Julie Munier a produites de moi. J'aime cette photo pour plusieurs raisons. La première, la plus évidente, je m'y trouve beau. Son titre également, ce titre vient de Julie, car elle manie les mots aussi bien, voire mieux si c'est possible, que l'obturateur. Cette rencontre avec elle, ce lâcher-prise totalement nouveau pour moi que nous avons vécu, ressenti très fort, si fort, chacun de notre côté, est bien une forme d'éclosion. L'arbre encore ! Un chêne, qui me ramène à mon enfance assez solitaire et un peu triste durant laquelle les arbres furent mes amis, et sa symbolique, druidique.
Je photographie, depuis toujours, ou presque. Depuis longtemps également, il m'arrive de « faire du nu », parfois, pas très souvent, pas très régulièrement non plus. J'ai toujours rétribué mes modèles. Premièrement par considération pour le travail du modèle, payer pour moi est une des manières de montrer du respect pour ce travail, mais également car j'ai un rapport assez nébuleux, flou, avec la pudeur. Petit, je n'ai jamais fait partie de club de sports collectifs, plus tard lors de mon passage dans l'armée, même problématique. Même si j'ai détesté me vêtir de vert, le concept de douches collectives fut vraiment le truc le plus compliqué à vivre pour moi. Bien pire que les grenades, les nuits dans la boue et la connerie ambiante, inhérente à ce type de communauté.
Un jour, j'ai admis ce qui mijotait en moi depuis longtemps. Mon rapport avec la photographie ne sera jamais complet, clair, entier, tant que je n'aurai pas sauté dans le vide, tant que je n'aurai pas livré mon image, mon corps, ma pudeur à l’œil d'un photographe. Je devais me lancer, mais comment ? Une annonce de Julie Munier, dont je suivais le travail sur les réseaux sociaux depuis longtemps. Annonce qui demandait des modèles volontaires pour un lancer un nouveau concept ; une réponse de ma part ; un rendez-vous. La machine est lancée, je ne reculerai pas ! Pas dans mon caractère. Des craintes ? Oui, des millions ? Comment vais-je gérer ce corps ? Et si elle me demande des poses que je suis incapable de tenir (je ne suis pas très souple) et si mon corps me trahissait, produisait une réaction physiologique malvenue ? Comment vais-je me déshabiller ? Où ?Un paravent ? Un vestiaire ? Ma tête fourmille de questions.
La première séance de pose fut, en plus d'être une découverte, une totale libération, une réelle expérience de présence totale, un pur moment de paix intérieure, un instant d'éternité, le temps s'est arrêté. Une déconnexion totale de mon corps tel que je le concevais et une reconnexion nouvelle, profonde, pleine, entière, avec ce même corps. Une réelle découverte de ce lieu que j'habite depuis un peu plus de 40 ans. Le récit complet de cette séance, envoyé un peu plus tard à Julie, peut être lu ici, il est anonyme, signé d'un simple G.
Quelques mois plus tard, je retourne rendre visite à Julie, revitaliser ce lien, revoir celle qui est devenue une amie. Un jour de pluie, nous partons nous promener. Le labyrinthe vert, lieu mystique, sacré, béni, dans une forêt de l'Aude. Je ne me rappelle plus vraiment pourquoi, il y avait une certaine tension entre nous. Arrivé dans le fabuleux labyrinthe vert, j'ai envie de poser pour elle. Elle refuse, car elle a déjà shooté quelqu'un dans ce lieu et ne veut pas le refaire. Je suis déçu, le lieu est simplement magique. A la sortie du labyrinthe, ce chêne ! Beau ! Fort ! Noueux ! Vivant ! Je me déshabille et j'y grimpe. Julie prend quelques photos, puis, doucement me demande de prendre des poses, est-ce que je peux...? Puis sur cette branche...? Je suis ses demandes, me livre à son objectif, tout en concentrant mon attention sur mon rapport avec l'arbre, je ressens profondément son corps, la force invincible et douce de son écorce qui épouse mon corps, nos échanges atomiques que d'autres qualifieraient de spirituels, un nouvel instant éternel, capturé, pour toujours.
Une fois la séance terminée, j’attends quelques instants avant de me rhabiller, et je serre le tronc de mon nouvel ami dans mes bras, fort. Nus, nous fusionnons.
- G
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christophe76460 · 1 year
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La version King James Française de la Sainte Parole de Dieu, la Bible, dit : "... huit âmes, furent sauvées par l’eau...le baptême, nous sauve maintenant... par la résurrection de Jésus Christ" (1 Pierre 3:20-21)
LE BAPTÊME D'EAU : UNE CONDITION DU SALUT
Chers amis, le but de TOUS nos enseignements dans les Églises du Seigneur (Matthieu 16:18 ; Romains 16:16) est d'aider les personnes honnêtes et de bon cœur (Luc 8:15) à reconnaître la vérité de l'Évangile et à se détourner du péché et de Satan pour se tourner vers le Seigneur Jésus-Christ (cf. Actes 3:26 ; 9:35). L'autorité de référence et l'appel final pour TOUT ce que nous disons et faisons sera toujours la Sainte Bible, la Parole inspirée de Dieu (2 Timothée 3:16-17).
Nous savons qu'un jour, toute l'humanité devra se présenter devant le tribunal de Dieu (2 Corinthiens 5:10). À ce moment-là, nous recevrons selon les œuvres faites dans notre corps, qu'elles soient bonnes ou mauvaises (Romains 2:6). Puisque seule la vérité vous libérera de l'enfer du diable (Jean 8:32 ; 17:17), ce billet est écrit pour montrer la différence entre ce qui est vrai et ce qui est une erreur concernant le salut de votre âme.
La Sainte Bible enseigne qu'un pécheur pénitent est sauvé par la grâce au moyen de la foi (Ephésiens 2:8) QUAND il est baptisé (immergé) dans l'eau POUR (afin d'obtenir) la rémission des péchés passés (Actes 2:38 ; cf. Matthieu 26:28). Par conséquent, le baptême d'eau EST essentiel au salut, car c'est à ce moment-là que le sang de Jésus lave nos péchés (Apocalypse 1:5 ; Actes 22:16). Ceux qui enseignent l'erreur affirment qu'un pécheur est sauvé par la grâce au moyen de la foi AVANT le baptême d'eau ; par conséquent, ils disent que le baptême d'eau n'est PAS nécessaire au salut du pécheur. Que croirez-vous, la Bible ou ce que disent les autres dans l'erreur ?
Mes amis, la Bible n'enseigne PAS que le salut passe UNIQUEMENT par le baptême d'eau. La Bible n'enseigne pas non plus qu'il existe une sorte de pouvoir mystique et magique dans l'eau qui apporte le salut au pécheur. Cependant, le baptême d'eau pour la rémission des péchés est une condition, ou comme la croyance, une ŒUVRE de Dieu (Jean 6:29) à laquelle le pécheur doit obéir pour être sauvé. JÉSUS indique clairement qu'avant le baptême, le pécheur doit entendre sa parole (Matthieu 7:24), croire en lui (Jean 8:24), se repentir de ses péchés (Luc 13:3) et confesser sa foi dans le Seigneur (Matthieu 10:32-33). Mais le même Jésus qui a dit d'écouter, de croire, de se repentir et de confesser a également donné l'ordre du baptême d'eau (Matthieu 28:18-20). Dans Jean 14:15, Jésus a dit : "Si vous m'aimez, gardez mes commandements".
Dans 2 Rois, chapitre 5, nous lisons l'histoire de "Naaman, chef de l'armée du roi de Syrie", un grand homme qui avait la lèpre. Entre-temps, il s'est rendu à Samarie pour voir Elisée, l'homme et le prophète de Dieu. Le prophète dit à Naaman d'aller se laver sept fois dans le Jourdain pour être purifié de sa maladie. Naaman s'est mis en colère et n'a pas voulu le faire. En fait, il est parti en colère, mais il avait toujours sa lèpre. Ses serviteurs lui conseillèrent d'obéir à l'ordre du prophète. Il se repentit de sa colère et fit ce qui lui avait été ordonné. Lorsqu'il descendit "et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu, sa chair redevint comme la chair d'un petit enfant, et il fut pur" (2 Rois 5:14).
Il n'y avait pas de pouvoir mystique et magique dans l'eau qui l'a purifié. Le pouvoir se trouvait dans la parole de Dieu (cf. Romains 1:16). Elisée a fait de l'immersion dans les eaux du Jourdain une condition ou une ŒUVRE de Dieu à laquelle Naaman devait obéir s'il voulait être purifié. Aujourd'hui, Dieu a fait de l'immersion dans l'eau une condition pour que vous et moi soyons sauvés (1 Pierre 3:20-21).
Jésus a dit : "Allez dans le monde entier, et enseignez l'Évangile à toute créature ; celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:15-16). Nous pouvons tous constater que Jésus a dit que la croyance ET le baptême étaient nécessaires au salut. Ceux qui sont dans l'erreur rejettent ces paroles du Christ et disent que le baptême n'est PAS nécessaire au salut. Dans Jean 12:48, Jésus a également dit : "Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a un juge ; la parole que j'ai dite, c'est elle qui le jugera au dernier jour."
Dans Actes 2:38, Pierre a dit aux Juifs croyants qui voulaient savoir ce qu'ils devaient faire pour être sauvés de "se repentir ET d'être baptisés... au nom de Jésus-Christ, pour la rémission des péchés". Pierre a-t-il prononcé ses propres paroles ? Non, car le verset 4 du chapitre 2 des Actes des Apôtres dit qu'il a parlé "selon que l'Esprit lui donnait de s'exprimer". Pierre a-t-il dit la vérité ? Oui, car Jean 16:13 dit que l'Esprit guidera les apôtres dans toute la vérité.
Veuillez considérer dans la prière les vérités suivantes : la rédemption (le pardon des péchés) se trouve en Christ (Éphésiens 1:7). Le salut se trouve en Christ (2 Timothée 2:10). La vie éternelle se trouve en Christ (1 Jean 5:11). On devient une nouvelle créature (création) - un enfant de Dieu - en Christ (2 Corinthiens 5:17 ; Galates 3:26). Il n'y a "aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ" (Romains 8:1). QUESTION : Comment une âme perdue peut-elle entrer en Christ et recevoir toutes les bénédictions spirituelles mentionnées ci-dessus (Éphésiens 1:3) ? RÉPONSE : Il faut être baptisé EN Christ (Galates 3:27 ; Romains 6:3-4).
Mes amis, le baptême d'eau est nécessaire pour le salut ou la rémission des péchés (Luc 1:77) parce que Jésus, par l'intermédiaire du Saint-Esprit de Dieu, l'a dit. Le Père a donc fait du baptême d'eau une condition du salut. Croirez-vous et obéirez-vous à Dieu ou continuerez-vous à écouter ceux qui enseignent l'erreur ?
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ebooks-bnr · 5 years
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Tasso Torquato (Le Tasse) - La Jérusalem délivrée (tome 2)
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Tasso Torquato (Le Tasse) - La Jérusalem délivrée (tome 2) : Les dix derniers chants de la Jérusalem délivrée voient les exploits de Clorinde, tuée par son amoureux/ennemi Tancrède ; elle meurt dans ses bras. Mais le grand rôle est tenu par Armide. Après que Renaud ait délivré les chevaliers qu'elle avait ravis, captivée par lui, elle le capture et, pour jouir de leurs amours, le conduit dans un château enchanté à l'autre bout du monde. Mais la magie l'arrache à Armide qu'il laisse désespérée et furieuse (chants XV et XVI). Armide, pour se venger, rejoint l'armée du Soudan d'Égypte et, jouant à l'envers la scène de séduction qui, au chant IV, avait répandu la discorde chez les chrétiens, se promet à celui qui tuera Renaud. Lors de la bataille décisive (chant XX), ses champions sont défaits les uns après les autres, elle-même échoue à percer Renaud de ses flèches : Le trait s'échappe... Il vole, et le repentir vole avec lui. Elle voudrait qu'il revînt en arrière, dût-il frapper son propre cœur. Enfin, Armide et Renaud se trouvent face à face : Va ! je n'implore point tes coups, le trépas me serait odieux s'il fallait le recevoir de ta main ! mais Renaud proteste de sa bonne volonté et la rencontre se termine par une réconciliation ambiguë. Le Tasse, Torquato Tasso, (1544-1595), né à Sorrente, connut, dans sa jeunesse les apparitions menaçantes des Turcs sur les côtes d’Italie, leur invasion sur les confins de la Hongrie, qui réveillèrent dans la chrétienté des velléités de guerre sainte.  C’est dans ce contexte, que s’impose à lui l’idée mystique et le projet littéraire de reprendre une épopée, celle d’une guerre sainte, que fut Jérusalem délivrée.. À 21 ans, il entre au service des ducs de Ferrare pour lesquels il écrit et fait jouer la charmante pastorale l'Aminte (1573) et compose la Jérusalem délivrée (1575), publiée à son insu (1581). À partir de 1577, en proie à la manie de la persécution, compliquée de scrupules religieux (Hauvette), il fuit Ferrare, revient (1578), repart, revient encore (1579), fait une crise de folie et est enfermé jusqu'en 1586. Ensuite, sa vie errante le conduit à Rome où il meurt. Quoique lire la Jérusalem en français et en prose ne soit qu'une approximation, nous avons choisi la traduction de Philipon de la Madelaine (utilisée pour une édition grand public en 1841) qui restitue la grandiloquence du Tasse. Téléchargements : ePUB - PDF - PDF (Petits Écrans) - Kindle-MOBI - HTML - DOC/ODT Read the full article
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cecile-voyage · 5 years
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L’Ecosse en été
Hello à tous! J'espère que vous avez passé un bon weekend? Je vous retrouve aujourd'hui pour un road trip dont vous avez du voir passer quelques photos sur instagram, car cet été, je suis partie quelques jours en Ecosse et clairement, passion jolies vues, je ne pouvais pas garder toutes les photos cachées dans mon disque dur.
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Après une bonne nuit de sommeil, nous avons rapidement profité de Glasgow de jour avant de partir faire un peu plus de voiture et partir à l'aventure dans l'Ecosse profonde.
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Si vous me suivez depuis un certain temps, vous le savez déjà, mais si vous ^êtes nouveaux, j'espère que l'info ne vous fera pas peur: je suis une passionnée de la Seconde Guerre Mondiale, j'ai basé mon mémoire de master sur celle-ci (en Grande Bretagne, en plus) alors quand nous préparions le voyage, on a ouvert Atlas Obscura et j'ai découvert le camp de prisonnier de guerres de Cultybraggan, un camp entre deux montagnes où étaient envoyés les prisonniers allemands et italiens pendant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd'hui, l'espace a partiellement été transformé en jardin communautaire et les bunkers cachent des centres d'analyse informatique (après avoir servi de baraquement pour l'armée britannique pendant pas mal d'années après la guerre) et certains baraquements toujours debout sont visitable, ainsi que la prison dans laquelle sont exposés des dessins des prisonniers et le champ d'exercice. Mais vous en verrez un peu plus dans la vidéo.
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Ensuite, après une petite pause dans le village voisin, Comrie, nous avons visité la distillerie Dewars. Pour les amateurs d'alcools, c'est un passage obligé. De plus, le lobby de la distillerie est transformé en bar cozy, rustique et chic, très agréable. On ne peut pas aller en Ecosse sans ramener une bonne bouteille.
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Mais le plus beau en Ecosse reste les paysages incroyables. On avait envie de s'arrêter toutes les cinq minutes pour regarder, profiter, prendre des photos. M^ême l'auberge que nous avions choisie pour le soir, Glen Nevis Youth Hostel, avait une vue incroyable. Du coup, pour profiter de cette vue, entre deux averses, nous avons commencé la journée du lendemain par... le viaduc de Glennfinnan. Mais si! Vous connaissez, le fameux pont du Poudlard Express dans Harry Potter!
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On l'a attendu longtemps, avec des averses toutes les cinq minutes, puis de nouveau le soleil, mais ça valait le coup, un rêve d'enfant se réalise! Il passe deux fois par jour, le matin entre 10h et 11h, et dans l'après midi vers 15h. Sachez que vous pouvez aussi être à bord et faire un petit tour qui dure 2h si ma mémoire est bonne (mais nous ne l'avons pas prit, c'était pas dans le programme *tristesse*). Reprise de la route, jusqu'au château d'Eilean Donan. Enorme coup de coeur pour ce château dont je n'avais jamais entendu parler alors que je l'avais déjà vu, et certainement vous aussi, puisqu'il s'agit du château du MI6 dans Le Monde Ne Suffit Pas (James Bond) (l'avantage de partir avec un fan), Elizabeth ou encore le film Highlander. L'endroit était devenu une ruine complète et les héritiers se sont lancés dans d'énormes travaux de remise en état il y a un siècle, il est d'ailleurs encore partiellement habité. la vue est est magnifique.
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Reprise de la route pour entrer sur la mystique et magnifique Ile de Skye aller jusqu'aux Fairy Pools (oui, les fées aussi ont droit à des piscines), une petite randonnée toute mignonne et facile le long d'un cours d'eau où se sont formés, vous l'aurez deviné, des piscines naturelles. Placée entre deux montagnes, la randonnée vous fait sentir minuscules.
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. L'auberge de jeunesse que nous avions choisie était elle aussi au milieu de nulle part, mais avec une vue de fous et un dome extérieur dans lequel observer les étoiles (mais vu le froid, on n'a pas tenu longtemps), Skyewalker Hostel (oui, il est en plus fan de Star Wars, je sais choisir mes amis que croyez-vous. Si tu passes par là ne me tape pas). Pour la dernière journée complète, on a commencé par une randonnée à Old Man of Storr, une vieille montagne qui donne l'impression d'^être une ruine de château. Le temps était vraiment pas top et mon asthme a décidé de faire des siennes, je n'ai donc pas pu aller jusqu'au bout, mais vu le temps c'était sans regret et la vue des lochs valait déjà le coup. Cette journée a principalement été de la route, nous nous sommes rapidement arrêtés dans un observatoire à loutres à Kylerhea ainsi que dans la montagne où a été tournée une scène de Skyfall (coordonnées GPS exactes sur mon compte Mapstr) pour une photo obligatoire, avant de redescendre vers Glasgow en traversant le Parc National du Loch Lomond qui m'a donné envie de le visiter plus en détail, une prochaine fois j'espère.
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De retour à Glasgow, nous avons enfin goûté le haggis au restaurant Ubiquitous Chip (restaurant assez côté donc un peu cher, mais vous l'aurez compris, on a peu dépensé niveau nourriture en restaurant pendant le voyage). C'était sans doute une version plus moderne au goût moins prononcé que la version que vous auriez dans une auberge au fin fond de l'île de Skye, il doit y avoir autant de haggis que de personnes qui le font mais pour des gens ne connaissant pas et étant peu attirés (du moins pour ma part) par la chose, ça restait une bonne première approche. Ce fut la dernière nuit en Ecosse pour ma part dans un second AirBnb a proximité de l'aéroport (vous saurez le pourquoi du comment très vite). Je retiens de ce séjour beaucoup de fous rires, des paysages magnifiques et l'envie d'y retourner, ce qui ne peut qu'être positif. J'espère que ce rapide aperçu de mon road trip vous a plus! N'hésitez pas à rejoindre la page facebook du blog pour ne manquer aucun article, mais surtout, surtout, sur instagram où je suis de loin la plus active et avoir des petites idées de ce que je vais vous présenter ensuite. Et moi, je vous dis à la semaine prochaine, bonne semaine à vous tous!
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recriweb · 7 years
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1917 - Histoire de la révolution russe #6, de Léon Trotsky - Ch.5 : L'idée d'une révolution de palais
Pourquoi donc les classes dirigeantes, cherchant à se préserver de la révolution, n'essayèrent-elles pas de se défaire du tsar et de son entourage ? Elles l'auraient voulu, mais n'osaient. Elles n'avaient ni assez de foi en leur propre cause ni assez de résolution. L'idée d'une révolution de palais hanta les esprits jusqu'au jour où elle sombra dans la révolution d'État. Il convient d'insister sur ce sujet, ne serait-ce que pour avoir une conception plus nette des rapports entre la monarchie et les sommets de la bureaucratie et de la bourgeoisie, à la veille de la conflagration.
Les classes possédantes étaient monarchistes en presque totalité : par la force des intérêts, de l'accoutumance et de la lâcheté, Mais elles désiraient une monarchie sans Raspoutine. La monarchie leur répliquait : prenez-moi telle que je suis. En réponse à qui réclamait un ministère décent, la tsarine envoyait au G. Q. G. une pomme donnée par Raspoutine, exigeant du tsar qu'il la mangeât pour raffermir sa volonté! Elle le conjurait : " Rappelle-toi que même M. Philippe [il s'agit d'un charlatan français hypnotiseur] a dit qu'il ne fallait pas accorder de constitution, car ce serait ta perte et celle de la Russie... " " Sois un Pierre le Grand, un Ivan le Terrible, un empereur Paul, et écrase tout ce monde sous tes pieds! "
Quel odieux mélange de couardise, de superstition et d'aversion pour le pays dont on se tient à l'écart! Il pourrait sembler, à vrai dire, que, du moins dans la haute société, la famille impériale n'était point tellement isolée : car enfin Raspoutine était toujours entouré d'une pléiade de grandes dames et, d'une façon générale, la sorcellerie est en vogue dans l'aristocratie. Mais cette mystique de la peur ne lie pas les gens ; au contraire, elle les désunit. Chacun entend faire son salut à sa manière. De nombreuses maisons aristocratiques se font concurrence avec leurs " saints ", Même dans les hautes sphères de Pétrograd, la famille impériale, comme pestiférée, mise en quarantaine, est entourée de défiance et d'hostilité. La demoiselle d'honneur Vyroubova a écrit dans ses Souvenirs : " Je discernais et ressentais profondément dans tout l'entourage de l'animosité à l'égard de ceux que j'adorais, et sentais que cette animosité prenait des proportions épouvantables... "
Sur le fond empourpré de la guerre, aux grondements distincts des secousses souterraines, les privilégiés ne renoncèrent pas un instant aux plaisirs de l'existence, mais, au contraire, s'en grisaient. Mais, en leurs festins, apparaissait de plus en plus souvent un spectre qui les menaçait de ses doigts squelettiques. Ils commençaient alors à s'imaginer que tout le mal venait du détestable caractère d'Alice, de la fourbe veulerie du tsar, de cette sotte, cupide Vyroubova, et du Christ sibérien, au crâne balafré. D'intolérables pressentiments déferlaient sur les classes dirigeantes, se resserrant par spasmes de la périphérie au centre, isolant de plus en plus la cime détestée de Tsarskoïé-Sélo. Vyroubova a exprimé assez vivement quel fut alors l'état d'arme de ce petit groupe dans ses Mémoires, soit dit, en général, extrêmement mensongers : " ... Pour la centième fois je me demandais ce qui était arrivé à la société de Pétrograd. Étaient-ils tous atteints de maladies mentales ou d'une épidémie sévissant en temps de guerre ? Il est difficile de se rendre compte, mais, en fait, tous étaient dans un état de surexcitation anormal. "
Au nombre de ces déments appartenait aussi la nombreuse famille des Romanov, toute cette meute avide, insolente, odieuse à tous, des grands-ducs et des grandes-duchesses. Mortellement épouvantés, ils essayaient d'échapper à l'encerclement de plus en plus étroit, caquetaient avec l'aristocratie frondeuse, propageaient des cancans sur le couple impérial, se taquinaient entre eux, taquinaient leur entourage. De très augustes oncles adressèrent au tsar des lettres de remontrances dans lesquelles, sous des formes respectueuses, s'entendaient du persiflage et des grincements de dents.
Protopopov, après la Révolution d'octobre, devait caractériser en style assez incorrect, mais pittoresque, l'état d'esprit des hautes sphères : " Même les classes les plus élevées se montrèrent frondeuses à la veille de la révolution. Dans les salons et les clubs de la haute société, la politique du gouvernement était l'objet de critiques acerbes et malveillantes ; on examinait, on discutait des rapports qui s'étaient établis au sein de la famille impériale ; des anecdotes couraient au sujet du chef de l'État ; on écrivait des épigrammes ; nombreux étaient les grands-ducs qui fréquentaient ces réunions, et leur présence donnait un caractère particulier d'authenticité, pour le public, aux racontars caricaturaux et aux exagérations perfides. Jusqu'au dernier moment, l'on n'eut point conscience du danger qu'il y avait à se jouer ainsi. "
Les bruits qui couraient sur la camarilla du palais prenaient une particulière gravité du fait qu'on l'accusait de germanophilie et même de connivence directe avec l'ennemi, Le bruyant et point trop sagace Rodzianko déclare sans ambages : " La relation et l'analogie des tendances sont logiquement si évidentes qu'il ne reste plus, du moins pour moi, de doutes sur l'action conjuguée de l'état-major allemand et du cercle de Raspoutine : là-dessus, aucun doute ne peut subsister. " Comme ici l'évidence " logique " est alléguée sans preuves, le ton catégorique de ce témoignage perd beaucoup de sa force persuasive. Aucune preuve d'une collusion des raspoutiniens avec l'état-major allemand n'a été découverte, même après la révolution. Quant à la " germanophilie ", c'est une autre affaire. Il ne s'agissait pas, bien entendu, des sympathies ou antipathies nationales d'une tsarine allemande, d'un Stürmer premier ministre, d'une comtesse Kleinmichel, d'un comte Frederiks, ministre de la Cour, ou d'autres personnages aux noms allemands. Les cyniques Mémoires de la vieille intrigante Kleinmichel montrent avec une vivacité frappante le caractère supra-national qui distinguait les hautes sphères aristocratiques de tous les pays d'Europe, liées entre elles par des nœuds de parenté, d'hérédité, par leur dédain pour tout ce qui se trouvait au-dessous d'elles et — last, but not least — par le cosmopolitisme de l'adultère dans les vieux châteaux, dans les villes d'eaux à la mode et dans les Cours d'Europe. Beaucoup plus réelles étaient les antipathies organiques de la valetaille du Palais à l'égard des obséquieux avocats de la République française, et les sympathies des réactionnaires, aux noms de famille teutons ou slaves, pour l'esprit purement prussien du régime berlinois qui leur en avait si longtemps imposé avec ses moustaches cosmétiquées, ses façons de Feldwebel et son arrogante sottise.
Mais cela ne résolvait point la question. Le danger résultait de la logique même de la situation : la Cour, en effet, ne pouvait se dispenser de chercher son salut dans une paix séparée, et avec d'autant plus d'opiniâtreté que le péril devenait plus imminent. Le libéralisme, en la personne de ses leaders, comme nous le verrons encore, entendait se réserver les chances d'une paix séparée, calculant sur la perspective de son arrivée au pouvoir. Mais c'est précisément pour cette raison qu'il menait avec acharnement son agitation chauvine, trompant le peuple et terrorisant la Cour. La camarilla, dans une question si grave, n'osait trop se démasquer avant l'heure et se trouvait même forcée de contrefaire le ton patriotique de l'opinion, tout en tâtant le terrain pour aboutir à la paix séparée.
Le général Kourlov, ancien grand chef de la Police, qui avait adhéré à la camarilla raspoutinienne, nie, bien entendu, dans ses mémoires, les relations avec l'Allemagne, et la germanophilie de ses protecteurs, mais il ajoute aussitôt : " On ne saurait reprocher à Stürmer d'avoir pensé que la guerre faite à l'Allemagne était le plus grand des malheurs pour la Russie et qu'elle n'avait aucun sérieux motif politique. " On ne doit pas cependant oublier que Stürmer, qui " pensait " d'une façon si intéressante, était à la tête du gouvernement d'un pays en guerre avec l'Allemagne. Protopopov, le dernier des ministres du tsar à l'Intérieur, eut, à la veille d'entrer dans le gouvernement, des pourparlers à Stockholm avec un diplomate allemand, dont il fit un rapport au tsar. Raspoutine lui-même, d'après le même Kourlov, " estimait que la guerre avec l'Allemagne était une immense calamité pour la Russie ". Enfin, l'impératrice écrivait au tsar, le 5 avril 1916 : " ... Qu'ils n'osent pas dire qu'il y ait en Lui la moindre chose de commun avec les Allemands ; Il est bon et magnanime Pour tous, comme le Christ, quelle que soit la religion à laquelle les gens appartiennent ; tel doit être le véritable chrétien. "
Sans doute, auprès de ce véritable chrétien qui ne sortait guère de l'état d'ivresse, pouvaient fort bien se faufiler, avec des fripons, des usuriers et d'aristocratiques entremetteuses, de véritables espions. Des " liaisons " de cette sorte ne sont pas impossibles. Mais les patriotes d'opposition posaient la question plus largement et directement : ils accusaient nettement la tsarine de trahison. En des Mémoires écrits beaucoup plus tard, le général Dénikine en témoigne : " Dans l'armée, l'on parlait hautement, sans aucun souci du lieu et du moment, des instances de l'impératrice qui réclamait une paix séparée, de sa trahison à l'égard du feld-maréchal Kitchener, dont elle aurait fait savoir le voyage aux Allemands, etc. Cette circonstance joua un rôle énorme dans l'opinion de l'armée, dans son attitude à l'égard de la dynastie et de la révolution. " Ce même Dénikine raconte qu'après la révolution, le général Alexéïev, comme on lui demandait tout net si l'impératrice avait trahi, répondit " évasivement et à contrecœur " que l'on avait découvert chez la tsarine, en classant ses papiers, une carte où étaient indiqués en détail les emplacements des corps d'armée sur tout le front, et que lui, Alexéïev, avait ressenti de cette trouvaille une impression accablante... " Pas un mot de plus — ajoute Dénikine d'une façon très significative : Alexéïev changea de conversation. " Que la tsarine ait ou non détenu chez elle une carte mystérieuse, les généraux mal avisés étaient évidemment assez enclins à rejeter sur elle une part de la responsabilité de leurs défaites. Les griefs de trahison portés contre la Cour se répandaient dans l'armée, venant sans aucun doute principalement d'en haut, des états-majors incapables.
Mais si la tsarine elle-même, à laquelle le tsar se soumet en toutes choses, livre à Guillaume les secrets militaires et même les têtes des grands capitaines alliés, que reste-t-il à attendre, sinon des sanctions contre le couple impérial? Or, l'on considérait le grand-duc Nicolas Nicolaïévitch comme le véritable chef de l'armée et du parti antigermanique et, par suite, et pour ainsi dire en vertu de ses fonctions, c'était lui qui était indiqué pour patronner une révolution de palais. Ce fut pour cette raison que le tsar, sur les instances de Raspoutine et de la tsarine, destitua le grand-duc et assuma en personne le commandement suprême, Mais l'impératrice appréhendait même l'entrevue du neveu avec l'oncle, au moment de la remise des pouvoirs : " Mon chéri, écrit-elle au tsar au G. Q. G., tâche d'être prudent et ne te laisse pas duper par des promesses quelconques de Nicolacha, ou par quelque chose autre ; rappelle-toi que Grigori (Raspoutine) t'a sauvé de lui et de ces méchantes gens... Rappelle-toi, au nom de la Russie, ce qu'ils voulaient faire : te chasser (ce n'est pas un cancan, chez Orlov tous les papiers étaient déjà prêts) et moi, m'enfermer dans un monastère... "
Le frère du tsar, Michel, disait à Rodzianko : " Toute la famille reconnaît à quel point est nuisible Alexandra Fédorovna. Mon frère et elle sont exclusivement entourés de traîtres. Tout ce qu'il y avait d'honnêtes gens s'est écarté. Mais que faire en pareil cas? " Oui, précisément : que faire en pareil cas?
La grande-duchesse Maria Pavlovna, en présence de ses fils, disait et répétait que Rodzianko devrait prendre l'initiative d' " éliminer " la tsarine. Rodzianko proposa d'admettre que ces propos n'avaient pas été tenus, car autrement, son serment de fidélité l'eût obligé de faire savoir, par un rapport au tsar, qu'une grande-duchesse invitait le président de la Douma à supprimer l'impératrice. C'est ainsi que l'inventif chambellan ramenait la question de l'assassinat de la tsarine à une gentille boutade comme on en use dans le grand monde.
Le ministère même se trouvait par moments en vive opposition avec le tsar. Dès 1915, dix-huit mois avant la révolution, il se tenait ouvertement, en Conseil des ministres, des propos qui nous semblent encore aujourd'hui invraisemblables. Polivanov, ministre de la Guerre : " Seule une politique de conciliation avec la société peut sauver la situation. Les digues fragiles qui existent actuellement ne sauraient prévenir une catastrophe. " Grigorovitch, ministre de la Marine : " Ce n'est pas un secret que l'armée n'a pas confiance en nous et attend des changements. " Sazonov, ministre des Affaires étrangères : " La popularité du tsar et son autorité sont considérablement ébranlées aux yeux des masses. " Le prince Chtcherbatov, ministre de l'Intérieur : " Nous sommes tous ensemble incapables de gouverner la Russie dans les circonstances présentes... Il faut ou bien une dictature, ou bien une politique de conciliation. " (Séance du 21 août 1915). Ni l'une ni l'autre solution n'étaient de quelque secours ; ni l'une ni l'autre n'étaient réalisables. Le tsar ne se décidait pas à la dictature, déclinait une politique de conciliation et n'acceptait pas les démissions de ministres qui se jugeaient incapables. Un haut fonctionnaire qui prenait des notes, ajouta aux harangues ministérielles ce bref commentaire : " Pour nous, alors, c'est la lanterne! "
Dans de telles dispositions, il n'est pas étonnant que, même dans les milieux bureaucratiques, l'on ait parlé de la nécessité d'une révolution de palais, comme du seul moyen de prévenir une révolution imminente. " Si j'avais fermé les yeux — écrit un de ceux qui participèrent à ces entretiens — j'aurais pu croire que je me trouvais dans la société de révolutionnaires enragés. "
Un colonel de gendarmerie qui fit une enquête, en mission spéciale, dans les armées du Midi, donna dans son rapport un sombre tableau : par suite des efforts de la propagande, qui portait surtout sur la germanophilie de l'impératrice et du tsar, l'armée était disposée à accueillir l'idée d'une révolution de palais. " Il y a eu, en ce sens, dans les assemblées d'officiers, des conversations franches qui ne rencontraient pas l'indispensable réaction du haut commandement. " Protopopov, d'autre part, déclare qu'un " grand nombre de personnages du haut commandement étaient favorables à une révolution ; certains se trouvaient dans les relations et sous l'influence des principaux leaders du bloc dénommé progressiste ".
L'amiral Koltchak, qui, dans la suite, devait se faire une réputation, a déclaré, devant la commission rogatoire des Soviets, lorsque ses troupes furent défaites par l'Armée Rouge, qu'il avait été en liaison avec de nombreux membres de l'opposition à la Douma, dont il avait approuvé les manifestations, vu que " son attitude à l'égard du pouvoir existant avant la révolution était négative. " Koltchak, cependant, ne fut pas mis au courant des plans de révolution de palais.
Après l'assassinat de Raspoutine et les mesures de relégation qui frappèrent en conséquence certains grands-ducs, la haute société se mit à parler plus fort que jamais de la nécessité d'une révolution à la Cour. Le prince Ioussoupov raconte que le grand-duc Dmitri, tenu aux arrêts de rigueur dans son palais, reçut des visites d'officiers de plusieurs régiments qui lui proposèrent divers plans d'action décisive " qu'il ne pouvait accepter, naturellement ".
On estimait que la diplomatie des Alliés participait au complot, du moins celle de l'ambassadeur de Grande-Bretagne. Ce dernier, sur l'initiative des libéraux russes, tenta, en janvier 1917, d'influencer Nicolas II, après avoir demandé la sanction préalable de son gouvernement. Nicolas écouta attentivement et poliment l'ambassadeur, le remercia... et parla d'autre chose. Protopopov informait Nicolas qu'il existait des rapports entre Buchanan et les principaux leaders du bloc progressiste et proposait d'établir une surveillance autour de l'ambassade britannique. Il paraît que Nicolas II n'aurait pas approuvé cette mesure, trouvant qu'une surveillance exercée sur un ambassadeur " serait contraire aux traditions internationales ". Entre-temps, Kourlov, sans ambages, déclare que " les services de renseignements ont noté quotidiennement des relations du leader du parti cadet Milioukov avec l'ambassade d'Angleterre ". Par conséquent, les traditions internationales n'empêchèrent rien. Mais si elles furent violées, le résultat fut médiocre : la conspiration de palais ne fut pas découverte.
A-t-elle existé ? Rien ne le prouve. Il était trop étendu, ce " complot ", il englobait des cercles trop nombreux et divers pour être une conspiration. Il flottait en l'air, en tant qu'état d'opinion dans les hautes sphères de la société pétersbourgeoise, en tant que confuse idée de sauvetage ou bien comme formule de désespoir. Mais il ne se condensa pas jusqu'à devenir un plan pratique.
Au XVIIIe siècle, la haute noblesse a, plus d'une fois, apporté pratiquement des correctifs à l'ordre de succession des occupants du trône, incarcérant ou étouffant les empereurs gênants : pour la dernière fois, cette opération fut faite sur Paul 1er, en 1801. On ne peut dire, par conséquent, qu'une révolution de palais eût contrevenu aux traditions de la monarchie russe : c'en était au contraire un élément indispensable. Cependant, l'aristocratie avait cessé depuis longtemps de se sentir bien en selle. Elle cédait l'honneur d'étouffer le tsar et la tsarine à la bourgeoisie libérale. Mais les leaders de cette dernière n'étaient pas beaucoup plus résolus.
Après la révolution, on a plus d'une fois désigné les capitalistes libéraux Goutchkov et Téréchtchenko, ainsi que le général Krymov qui leur était proche, comme le noyau de la conspiration. Goutchkov et Téréchtchenko ont eux-mêmes témoigné en ce sens, mais sans donner de précisions. Ancien engagé volontaire dans l'armée des Boers contre les Anglais, duelliste, libéral qui chaussait les éperons, Goutchkov devait sembler à la généralité de " l'opinion publique " l'homme le plus fait pour une conspiration. Non point le prolixe professeur Milioukov, en vérité! Goutchkov a dû se rappeler plus d'une fois qu'un régiment de la Garde, en frappant rapidement un bon coup, peut se substituer à la révolution et la prévenir. Déjà, dans ses Mémoires, Witte dénonçait Goutchkov, qu'il détestait, comme un admirateur des méthodes employées par les Jeunes-Turcs pour régler son compte à un sultan indésirable. Mais Goutchkov qui, en ses jeunes années, n'avait pas trouvé le temps de manifester sa bravoure de Jeune-Turc, était maintenant d'un âge bien trop avancé. Et, surtout, cet émule de Stolypine ne pouvait se dispenser de voir une différence entre les conditions russes et celles de la vieille Turquie : un coup d'État au Palais, au lieu d'être un moyen préventif contre la révolution, ne serait-il pas la dernière commotion qui déclencherait l'avalanche, et le remède ne deviendrait-il pas ainsi pire que le mal ?
Dans la littérature consacrée à la Révolution de Février, l'on parle des préparatifs d'une révolution de palais comme d'un fait parfaitement établi. Milioukov s'exprime ainsi : " La réalisation de ce plan était prévue pour février. " Dénikine reporte en mars l'opération. L'un et l'autre mentionnent qu'il était dans " le plan " d'arrêter en cours de route le train impérial, d'exiger une abdication et, au cas d'un refus, que l'on supposait inévitable, de procéder à " l'élimination physique " du tsar. Milioukov ajoute que, devant l'éventualité admissible du coup d'État, ceux des leaders du bloc progressiste qui n'étaient point du complot et qui n'étaient point " exactement " informés des préparatifs des conspirateurs, délibérèrent en petit comité sur la meilleure façon d'utiliser le coup d'État s'il réussissait. Plusieurs études marxistes, en ces dernières années, ajoutent foi à cette version d'une préparation pratique de la révolution. D'après cet exemple — soit dit en passant — l'on peut constater combien facilement et solidement les légendes conquièrent une place dans la science de l'histoire.
On donne souvent comme la plus importante preuve du complot un récit pittoresque de Rodzianko qui démontre que, précisément, il n'y eut aucune conspiration. En janvier 1917, le général Krymov, revenant du front à la capitale, se plaignit devant des membres de la Douma d'une situation qui ne pouvait durer : " Si vous vous résolvez à cette mesure extrême [déposer le tsar], nous vous soutiendrons. " Si vous vous résolvez... Un Octobriste, Chidlovsky, s'écria, exaspéré : " Inutile de le ménager et d'avoir pitié quand il mène la Russie à sa perte! " Dans un débat tumultueux, on a cité un propos authentique ou apocryphe de Broussilov : " S'il faut choisir entre le tsar et la Russie, je marcherai pour la Russie. " S'il faut! Le jeune millionnaire Téréchtchenko se montrait irréductible régicide. Chingarev, cadet, déclara : " Le général a raison : un coup d'État est indispensable. Mais qui s'y décidera? " Toute la question est là : qui s'y décidera? Telles sont en substance les déclarations de Rodzianko qui, lui-même, se prononçait contre le coup d'État. Au cours des peu nombreuses semaines qui suivirent, le plan ne fit, vraisemblablement, aucun progrès. On parlait d'un arrêt du train impérial, mais on ne voit pas du tout quel homme eût dû se charger de l'opération.
Le libéralisme russe, quand il était plus jeune, soutenait de son argent et de ses sympathies les révolutionnaires-terroristes, espérant qu'à coups de bombes ces derniers réduiraient la monarchie à se jeter dans ses bras. Aucun de ces honorables personnages n'était habitué à risquer sa tête. Mais la crainte n'était pas tellement celle des individus que celle d'une classe : cela va mal pour l'instant — raisonnaient-ils — mais si nous tombions dans le pire! En tout cas, si Goutchkov, Téréchtchenko et Krymov avaient marché sérieusement vers un coup d'État, le préparant pratiquement, mobilisant des forces et des ressources, on l'aurait su de la façon la plus exacte et la plus précise après la révolution, car les participants, surtout les jeunes exécutants dont on aurait eu besoin, en bon nombre, n'eussent eu aucun motif de taire un exploit " presque " réalisé : à dater de février, cela eût tout simplement assuré leur carrière, Or, aucune révélation de ce genre n'a été faite. Il est parfaitement évident aussi que, du côté de Goutchkov et de Krymov, l'affaire ne fut pas poussée au-delà de soupirs patriotiques entre le vin et le cigare. Ainsi, les étourdis de la Fronde aristocratique de même que les lourdauds de l'opposition ploutocratique ne trouvèrent pas en eux-mêmes assez de souffle pour corriger par des actes la marche d'une entreprise qui tournait mal.
En mai 1917, Maklakov, un des libéraux les plus diserts et les plus futiles, s'écriera, dans une conférence particulière de la Douma que la révolution congédiera avec la monarchie : " Si la postérité vient à maudire cette révolution, elle nous maudira aussi de n'avoir pas su prévenir les événements en temps opportun par un coup d'État d'en haut! " Plus tard encore, dans l'émigration, Kérensky, à la suite de Maklakov, dira sa contrition : " Oui, la Russie censitaire a trop atermoyé pour faire en temps utile le coup d'État d'en haut (dont on parlait tant et auquel l'on se préparait tellement [?]) ; elle a tardé à prévenir l'explosion des forces élémentaires de l'État. "
Ces deux exclamations parachèvent le tableau, montrant que même après la révolution, quand celle-ci eut déchaîné toutes ses indomptables énergies, de savants bélîtres continuèrent à croire que l'on eût pu la prévenir en remplaçant, " en temps utile " une petite caboche dynastique!
On n'eut pas assez d'audace pour décider une " grande " révolution de palais. Mais de là naquit le plan d'un petit coup d'État. Les conspirateurs libéraux n'osèrent pas supprimer le principal acteur de la monarchie ; les grands-ducs résolurent de s'en prendre au souffleur : ils conçurent l'assassinat de Raspoutine comme le dernier moyen de sauver la dynastie.
Le prince Ioussoupov, marié à une Romanova, s'assura le concours du grand-duc Dmitri Pavlovitch et du député monarchiste Pourichkévitch. Ils tentèrent d'entraîner le libéral Maklakov, évidemment pour donner à l'assassinat un caractère d'acte national. Le célèbre avocat se récusa bien sagement, après avoir tout de même procuré du poison aux conjurés. Détail de grand style! Les affidés jugèrent, non sans raison, qu'une automobile de la maison impériale faciliterait l'enlèvement du cadavre : les armoiries grand-ducales trouvaient leur emploi. Les faits se déroulèrent ensuite comme d'après une mise en scène de cinéma calculée pour des gens de mauvais goût. Dans la nuit du 16 au 17 décembre, Raspoutine, attiré dans une ripaille au palais Ioussoupov, fut tué.
Les classes dirigeantes, exception faite d'une étroite camarilla et de mystiques admiratrices, considérèrent l'assassinat de Raspoutine comme un acte de salut. Mis aux arrêts de rigueur dans son palais, le grand-duc dont les mains, selon l'expression du tsar, se trouvèrent maculées du sang du moujik — un Christ, c'est entendu, mais un moujik tout de même! — reçut des visites de sympathie de tous les membres de la famille impériale qui se trouvaient à Pétrograd, La propre sœur de la tsarine, veuve du grand-duc Serge, télégraphia qu'elle priait pour les meurtriers et qu'elle bénissait leur geste patriotique. Les journaux, tant qu'il ne leur fut pas interdit de mentionner Raspoutine, publièrent des articles enthousiastes. Dans les théâtres, il y eut des tentatives de manifestations en l'honneur des assassins. Dans la rue, des félicitations étaient échangées entre passants. " Dans les maisons privées, dans les assemblées d'officiers, dans les restaurants — écrit le prince Ioussoupov — on buvait à notre santé ; dans les usines, les ouvriers poussaient des hourras en notre honneur. " Il est parfaitement permis d'admettre que les ouvriers ne furent pas chagrinés quand ils apprirent l'assassinat de Raspoutine. Mais leurs acclamations n'avaient rien de commun avec les espoirs fondés sur un relèvement de la dynastie.
La camarilla raspoutinienne s'était tapie dans l'expectative. Le staretz fut enterré dans la plus stricte intimité, par le tsar, la tsarine, leurs filles et Vyroubova ; auprès du cadavre du saint Ami, de l'ex-voleur de chevaux, exécuté par les grands-ducs, la famille régnante devait se sentir elle-même proscrite. Cependant, même enseveli, Raspoutine ne trouva point le repos. Lorsque Nicolas et Alexandra Romanov furent considérés comme en état d'arrestation, des soldats, à Tsarskoïé-Sélo, défoncèrent la tombe et ouvrirent le cercueil. Au chevet du mort se trouvait une icone portant cette inscription ; " Alexandra, Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, Ania. " Le Gouvernement provisoire envoya un fondé de pouvoir chargé — on se demande pourquoi — de ramener le corps à Pétrograd. La foule s'y opposa et le délégué dut faire incinérer le cadavre sur place.
Après l'assassinat de l'Ami, la monarchie n'avait plus que dix semaines à vivre. Cependant, ce court laps de temps lui appartenait encore. Raspoutine n'était plus, mais son ombre continuait de régner. Contrairement à toutes les attentes des conspirateurs, le couple impérial, après le meurtre, s'entêta à mettre en première ligne les personnages les plus méprisés de la clique raspoutinienne. Pour venger le mort, un vaurien fieffé fut nommé ministre de la Justice. Plusieurs grands-ducs furent exilés de la capitale. On colportait que Protopopov s'occupait de spiritisme, évoquant l'esprit de Raspoutine. Le nœud d'une situation sans issue se resserrait.
L'assassinat joua un grand rôle, mais non point celui qu'avaient escompté les exécuteurs et les inspirateurs. Au lieu d'atténuer la crise, cet acte l'aggrava. Partout l'on parlait de ce meurtre : dans les palais, dans les états-majors, dans les usines et dans les isbas de paysans. Une déduction s'imposait : les grands-ducs eux-mêmes n'avaient contre la camarilla lépreuse d'autres voies que le poison et le revolver. Le poète Blok a écrit au sujet de l'assassinat de Raspoutine : " La balle qui l'acheva atteignit en plein cœur la dynastie régnante. "
Robespierre rappelait déjà à l'Assemblée constituante que l'opposition de la noblesse, ayant affaibli la monarchie, avait mis en branle la bourgeoisie et, après elle, les masses populaires. Robespierre donnait en même temps cet avertissement : dans le reste de l'Europe, disait-il, la révolution ne pourrait pas se développer aussi rapidement qu'en France, parce que les classes privilégiées des autres pays, instruites par l'expérience de la noblesse française, ne se chargeraient pas de l'initiative d'une révolution. En présentant cette analyse remarquable, Robespierre se trompait cependant à supposer que la noblesse française, par son étourderie dans l'opposition, avait dû donner une fois pour toutes une leçon aux aristocrates des autres pays. La Russie démontra de nouveau, et en 1905 et, particulièrement, en 1917, qu'une révolution dirigée contre un régime d'autocratie et de demi-servage, par conséquent contre la classe noble, rencontre, en ses premières démarches, l'assistance non systématique, contradictoire, néanmoins très efficace, non seulement de la noblesse moyenne, mais aussi des sommets les plus privilégiés de cette classe, y compris même certains membres de la dynastie. Ce remarquable phénomène historique peut sembler inconciliable avec la théorie d'une société constituée en classes, mais, en réalité, n'en contredit que la conception triviale.
La révolution éclate lorsque tous les antagonismes sociaux ont atteint leur extrême tension. Mais c'est précisément ainsi que la situation devient intolérable même pour les classes de la vieille société, c'est-à-dire pour celles qui sont condamnées à la disparition. Sans accorder plus de valeur qu'il ne convient aux analogies biologiques, il est à propos de rappeler qu'un accouchement, à une certaine date, devient tout aussi inévitable pour l'organe maternel que pour son fruit. L'opposition des classes privilégiées prouve que leur situation sociale traditionnelle est incompatible avec les besoins de survivance de la société. La bureaucratie dirigeante commence à tout laisser partir à vau-l'eau. L'aristocratie, se sentant directement visée par l'hostilité générale, rejette la faute sur la bureaucratie. Celle-ci accuse l'aristocratie, et ensuite ces deux castes, ensemble ou séparément, retournent leur mécontentement contre la monarchie qui couronne leur pouvoir.
Le prince Chtcherbatov, qui, exerçant des fonctions dans les institutions de la noblesse, fut appelé un moment au ministère, disait ceci : " Et Samarine et moi sommes d'anciens maréchaux de la noblesse. Jusqu'à présent, personne ne nous a considérés comme des hommes de gauche, et nous ne nous considérons pas nous-mêmes comme tels. Mais ni l'un ni l'autre n'arrivons à comprendre une situation pareille dans l'État : le monarque et son gouvernement se trouvant en désaccord radical avec tout ce qu'il y a de raisonnable dans la société (les intrigues révolutionnaires ne valent pas qu'on en parle), avec la noblesse, les marchands, les municipalités, les zemstvos, et même l'armée. Si, en haut, l'on ne veut pas tenir compte de nos avis, notre devoir est de partir. "
La noblesse voit l'origine de tous les maux en ceci que la monarchie a été frappée de cécité ou a perdu la raison. La caste privilégiée ne croit pas qu'en général il ne puisse plus y avoir de politique qui réconcilierait l'ancienne société avec la nouvelle ; en d'autres termes la noblesse ne se résigne pas à accepter sa condamnation et, dans les affres de l'agonie, se met en opposition contre ce qu'il y a de plus sacré dans l'ancien régime, contre la monarchie. La violence et l'irresponsabilité de l'opposition aristocratique s'expliquent par les privilèges dont bénéficièrent historiquement les hautes sphères de la noblesse et par leurs craintes intolérables devant la révolution. Le manque de système et les contradictions de la Fronde aristocratique s'expliquent par ce fait que c'est l'opposition d'une classe qui n'a plus d'issue. Mais, de même qu'une lampe, avant de s'éteindre, projette un brillant bouquet de flamme, quoique fumeux, la noblesse, avant son extinction, passe par des éclats d'opposition qui rendent les plus grands services à ses mortels ennemis. Telle est la dialectique de ce processus qui non seulement s'accorde avec la théorie des classes sociales, mais ne s'explique que par cette théorie.
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tkservan · 4 years
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Pour que les pilotes voient mieux
Pour la plupart des gens, les lunettes de soleil remplissent l'un des objectifs, ou les deux, en tant que déclaration de mode: avoir l'air «cool» et aider à faire face à la lumière du soleil. Les choix disponibles sont apparemment infinis et peuvent aller de la polarisation à la photo chromique en passant par les teintes et les nuances colorées. Mais pour les pilotes, les lunettes de soleil sont bien plus qu'une déclaration de mode. Les lunettes de soleil aident à protéger l'atout sensoriel le plus important du pilote en vol - la vision. Une paire de lunettes de soleil de qualité est essentielle dans l'environnement du cockpit pour optimiser les performances visuelles. Ils aident à réduire les effets de la lumière solaire intense, à réduire la fatigue oculaire et à protéger les tissus oculaires de l'exposition aux rayonnements solaires nocifs. De plus, ils protègent les yeux du pilote de l'impact avec des objets tels que les débris volants d'un impact d'oiseau, une décompression soudaine ou une manœuvre de voltige. Le choix de teintes pour les lunettes de soleil est presque infini, mais les trois teintes les plus courantes sont le gris, le gris-vert et le marron, qui seraient un excellent choix pour l'aviateur. Le gris est le plus recommandé car il déforme le moins la couleur. Cependant, de nombreux pilotes signalent que les teintes gris-vert et brun améliorent la vivacité et minimisent la lumière bleue et violette diffusée, améliorant ainsi le contraste dans des conditions brumeuses. Pour les pilotes, les verres solaires ne doivent filtrer que 70 à 85% de la lumière visible et ne pas déformer sensiblement la couleur. Les teintes qui bloquent plus de 85% de la lumière visible ne sont pas recommandées aux pilotes en raison de la possibilité d'une acuité visuelle réduite qui pourrait entraîner des difficultés à voir les instruments de vol, les listes de contrôle écrites et les données à l'intérieur du cockpit. Bien que les verres polarisés soient très populaires, ils ne sont pas recommandés pour une utilisation dans l'environnement de l'aviation. Bien qu'ils soient utiles pour bloquer la lumière réfléchie des surfaces horizontales telles que l'eau ou la neige, la polarisation peut réduire ou éliminer la visibilité des instruments de vol qui intègrent des filtres anti-éblouissants comme les nouveaux environnements de cockpit en verre. Ces lentilles polarisées peuvent également nuire à la visibilité à travers un pare-brise d'avion en améliorant les stries dans le verre feuilleté et masquer l'éclat de la lumière réfléchie par le fuselage ou les ailes d'un autre avion, fouga magister Abbeville ce qui peut à son tour réduire la capacité des pilotes à "voir et éviter" autres aéronefs. Les lentilles photo-chromiques s'assombrissent automatiquement lorsqu'elles sont exposées à la lumière ultraviolette et deviennent plus claires dans une lumière tamisée. La majorité de l'assombrissement a lieu dans les 60 secondes, tandis que l'éclaircissement peut prendre plusieurs minutes. Alors que la plupart des lentilles photo-chromiques peuvent devenir aussi sombres que les lunettes de soleil normales, la lumière directe du soleil ou des températures chaudes supérieures à 70 degrés Fahrenheit peuvent sérieusement limiter leur capacité à s'assombrir, et une exposition réduite à la lumière ultraviolette dans un cockpit peut encore limiter leur efficacité. De plus, l'état délavé des lentilles photo-chromiques peut ne pas être suffisamment clair pour être utile lorsque vous volez dans les nuages ​​ou la nuit. La sélection de cadres est davantage une question de préférence personnelle; cependant, les branches de style baïonnette sont les plus populaires car elles sont faciles à mettre ou à retirer tout en portant des casques ou un casque. Les lentilles plus petites peuvent ne pas être pratiques car elles laissent passer trop de lumière visible et de rayonnement ultraviolet autour des bords des lentilles. Enfin, l'utilisation d'une sangle est recommandée pour éviter que les lunettes de soleil ne soient délogées accidentellement. En résumé, bien que les lunettes de soleil puissent ajouter à la mystique d'un pilote, les lunettes de soleil sont la méthode la plus importante pour protéger les yeux du pilote des reflets associés à la lumière du soleil et aux effets de l'exposition au rayonnement solaire. Étant donné que les lunettes de soleil sont un atout important, une attention particulière doit être portée lors de la sélection d'une paire appropriée pour le vol. Depuis 1982, Randolph Engineering est un problème standard pour les pilotes militaires américains. Non seulement leurs lunettes de soleil sont fabriquées aux États-Unis, mais la qualité des matériaux et la précision de fabrication du Randolph Aviator, leur produit phare, dépassent en fait les normes rigoureuses de l'armée. Ainsi, lorsque les astronautes de la NASA décollent de la rampe de lancement et se dirigent vers l'espace, Randolph est là avec eux. Lorsque les pilotes Top Gun américains entrent dans le cockpit d'un chasseur à réaction élégant ou du magnifique bombardier furtif, Randolph est la paire de lunettes de soleil inestimable qui aide ces pilotes à naviguer en toute sécurité dans le ciel.
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egliseherault · 4 years
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Comprendre l'islam ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien
Quelques notes sur un petit livre d'Adrien Candiard - Flammarion 2016
Essentialiser l'islam ( penser qu'il existe de cette religion si variée une essence éternelle et stable), c'est se condamner à ne rien y comprendre. Il y a une grande diversité culturelle, théologique et juridique. Les points d'accord entre tous les musulmans du monde sont au fond très peu nombreux : croire qu'il n'y a qu'un Dieu, que Mahomet est son Prophète, que le Coran témoigne d'une manière ou d'une autre de la volonté de Dieu pour les hommes, qu'un Jugement divin nous attend au dernier jour. Ajoutez la croyance aux anges, et c'est à peu près tout ! Devant la grande diversité dans l'islam, on rétorquera qu'il y a, tout de même, un islam un peu objectif : celui du Coran. Mais c'est un texte à peu près incompréhensible. Certains de ses versets sont très clairs, c'est vrai ; mais le livre lui-même est extrêmement difficile. Même lu en traduction, c'est-à-dire après un choix d'interprétation qui le rend bien plus accessible, le texte reste mystérieux. On ne peut pas tout lui faire dire, mais il a le dos large ! Et surtout, il ne parle pas tout seul. Tout texte appelle nécessairement une interprétation, et ceux-là mêmes qui en nient la nécessité, qui prétendent pratiquer le littéralisme le plus rigoureux, proposent en fait eux aussi une méthode de lecture et d'interprétation – le littéralisme , précisément. Le Coran n'est pas un texte violent, mais il offre une certaine disponibilité à un usage violent. Wagner n'était pas nazi, Nietzsche n'était pas nazi, mais ils ont pu être récupérés par le nazisme ; non parce qu'ils étaient nazis, mais parce qu'ils étaient récupérables par le nazisme. Dans la théologie musulmane la plus courante, le Coran est la Parole même de Dieu, éternelle, sans changement, sans auteur humain (contrairement à la théorie chrétienne de l'inspiration biblique, qui suppose l'intervention d'auteurs humains). Comment peut-on supporter que cette parole soit ambiguë ? On peine à comprendre que les musulmans l'acceptent, sans doute parce qu'on se fait une fausse idée de l'usage du Coran. En fait, si le sens de ses versets est évidemment important, il est bien davantage qu'un texte communiquant un contenu. S'il est présent partout, ce n'est pas parce qu'on cherche à comprendre son sens, c'est parce qu'il est la présence divine même, dans sa récitation. Les chrétiens lisent la Bible comme de la prose, les musulmans lisent le Coran comme de la poésie : faire entendre ces sons sacrés est un acte religieux, comparable peut-être à l'adoration du Saint-Sacrement chez les catholiques. Par ailleurs, on dit que l'islam, c'est le Coran ; mais dans la pratique, l'islam, c'est surtout le hadith (anecdotes ou propos rapportés du Prophète, sur tous les sujets). Il n'y a donc pas une essence de l'islam. Il faut toujours parler des islams. Mais en rester là serait un peu trop facile ! Si la première erreur est de croire que l'islam existe, la seconde est bien de croire qu'il n'existe pas. Certains nous assurent que les actes terroristes ne seraient que l'effet de la misère sociale, des politiques néo-impérialistes de l'Occident, du passé colonial, mais que c'est évidemment sans lien avec l'islam ! l' « État islamique » n'aurait rien à voir avec l'islam ! Plus commode, et même quasi générale dans le monde médiatique, est la distinction entre « islam » et « islamisme ». L'islam est alors présenté comme la religion légitime, pacifique, tolérante et qui mérite le respect de tous ; l'islamisme, à l'inverse, serait une imposture. Cette distinction n'est pas sans valeur dans la mesure où elle vise à éviter les amalgames et à épargner à la grande majorité des musulmans, tout à fait innocents des attentats terroristes, d'avoir à en porter l'opprobre aux yeux du reste du monde. L'islamisme, cependant, est une réalité construite par des chercheurs occidentaux voulant rendre compte de certaines radicalités modernes de la religion musulmane, d'abord souvent désignées par des termes empruntés au catholicisme (« intégrisme ») ou au protestantisme (« fondamentalisme »). L'islamisme, au sens précis, est un des visages que prend l'islam d'aujourd'hui. Mais dans son usage médiatique, il est un vaste fourre-tout où se concentre tout ce qui nous paraît inacceptable dans l'islam. La diversité dans l'islam est réelle, mais dans la conscience des musulmans, l'islam, c'est quelque chose ! Ils ont le sentiment d'appartenir à un mouvement unifié. Cette aspiration à l'unité projette sur la communauté des croyants le dogme fondamental de l'islam : le tawdid, l'unicité divine. La même révélation, le même origine, des croyances et des pratiques communes (le pèlerinage à la Mecque) : la religion musulmane n'est pas une vue de l'esprit !
Dans le monde contemporain, l'islam se déchire parce que l'opposition classique entre sunnites et chiites a pris un tour dramatique ; qui plus est, l'islam sunnite explose parce qu'il se déchire entre au moins deux définitions concurrentes de ce que signifie être musulman. Cette deuxième opposition nous est souvent opaque parce que nous n'avons pas nécessairement le bon cadre de lecture des événements. Nous sommes marqués par un schéma d'explication très européen, celui des Lumières, selon lequel nous assisterions à un conflit entre traditionalistes rétrogrades et modernisateurs. Mais en fait, le problème est ailleurs : il s'agit plutôt d'une opposition entre l'islam sunnite traditionnel et le salafisme. Dans l'islam classique, la diversité est un élément essentiel : par exemple, quatre versions de la charia, c'est-à-dire quatre lectures légitimes de la Loi. Il a su également accepter la diversité théologique. Cette diversité est encore spirituelle. L'apparition des grands mystiques, au IX° siècle, a été douloureuse. Mais là encore, le soufisme, terme général qui désigne les formes spirituelles de l'islam, a progressivement gagné sa légitimité, tant dans une approche savante que sous des formes plus populaires. Quand on essaie de démontrer que l'islam est pacifique et tolérant, c'est en général à cet islam classique et impérial qu'on se réfère.
En contrepoint est apparu le salafisme à la fin du XIX° siècle chez des penseurs qui voulaient moderniser l'islam. Les salaf, ce sont les pieux anciens des premières générations. La mobilisation du jihad contre les Soviétiques en Afghanistan, qui a rassemblé des musulmans du monde entier sous une bannière séoudienne, a permis au salafisme, petite secte née au fond du désert, de se répandre. Ce n'est pas un mouvement conservateur ou traditionnel ; il refuse la tradition au nom d'un rapport direct à l'origine ; il cherche à dynamiser l'héritage au nom d'un passé fantasmé. Cet islam-là ne s'embarrasse pas de culture ; il est religieux , et rêve que toute la vie des individus soit réglée par des préceptes religieux. Cet islam total a un problème, on s'en doute, avec la diversité. La Loi divine doit être univoque. Elle repose sur un présupposé littéraliste : il suffit d'ouvrir le Coran pour le comprendre. Les plus littéralistes de l'islam classique n'allaient pas jusque-là. Ce littéralisme est une illusion grave, qui laisse croire qu'un texte du VII° siècle écrit en Arabie est immédiatement compréhensible par un musulman français du XXI° siècle, sans place pour le raisonnement, la hiérarchisation, l'élaboration intellectuelle. Ennemi déclaré de la pluralité des interprétations (pratiquée dans l'islam traditionnel), le salafisme est aussi très hostile à un grand nombre de pratiques liées au soufisme, qui dans beaucoup de pays constituent la trame même de la religiosité populaire. Le salafiste entretient un rapport complexe à la violence et à la politique. Il est sectaire, considérant que ce qui n'est pas salafiste se place hors de l'islam. Mais il serait faux d'en conclure qu'il est toujours violent. La majorité des salafistes se désintéresse de la politique et prône la soumission aux autorités. Pourtant, le jihadisme contemporain vient toujours du salafisme, même si la grande majorité des salafistes est absolument pacifique. L'islam a plusieurs visages, et le salafisme, que cela nous plaise ou non, est aussi l'un d'eux. Rien ne permet de l'exclure de cet islam dont il se réclame. Je me garde d'identifier l'islam impérial à l'islam tout court et de voir dans le salafisme une forme de déviance par rapport à cette norme : ce sont simplement deux manières parmi d'autres de comprendre la réalité multiforme de l'islam. Le salafisme n'est pas, ou au moins pas seulement, et même pas d'abord, ce qu'on appelle couramment l'islamisme. Les mouvements d'islam politique (comme, par exemple, les Frères musulmans), qui sont « islamistes » au sens strict, ne sont pas tout a fait sans lien avec le salafisme. Néanmoins, il reste important de bien les distinguer. Ainsi, les suites des fameux « printemps arabes » de 2011 ont vu souvent s'affronter islamistes et salafistes, au point qu'en Égypte, ces derniers ont soutenu activement, avec leur puissant parrain séoudien, la prise de pouvoir de l'armée contre un président issu des Frères musulmans à l'été 2013. Ces Frères musulmans n'ont rien d'enfants de chœur, et il ne s'agit pas non plus d'exonérer l'Iran post-révolutionnaire de tout recours à la violence. Mais force est de constater que les mouvements jihadistes terroristes ne sont jamais issus de la matrice islamiste ; toutes les dérives terroristes naissent, en revanche, de l'idéologie salafiste.
Pour certains, il y aurait urgence que les savants musulmans favorisent l'étude historico-critique du Coran. Cette exigence n'est pas réaliste. Les chrétiens ont pu accepter le questionnement scientifique sur la Bible, parce qu'il ne remettait pas en question leur conception traditionnelle de l'inspiration : Dieu s'adresse à l'homme à travers des auteurs humains. La conception musulmane de la révélation est différente. Demander aux musulmans d'y renoncer, de relativiser la révélation coranique, c'est leur demander de renoncer à un dogme fondamental. Cela reviendrait à demander aux chrétiens de renoncer à la résurrection du Christ. Une telle exigence n'est pas seulement impossible ; elle est encore inutile. Car la conception de la révélation dans l'islam, si elle ne favorise effectivement pas les études historiques sur l'origine du Coran, n'interdit nullement l'interprétation du texte sacré.
Par ailleurs, nous sommes les enfants des Lumières et notre histoire nous amène à associer raison et tolérance d'un côté, refus de la raison et fanatisme de l'autre. Or la culture islamique a vécu une autre histoire ; le rationalisme y a laissé de mauvais souvenirs : au début du VIII° siècle, le courant du mu'tazilisme s'est efforcé au nom de la raison de corriger la tradition musulmane. Ces mu'tazilites ont les faveurs des Occidentaux ; mais de fait, le pouvoir califal chercha a imposer par la force l'approche mu'tazilites à tous les musulmans. Dans la mémoire musulmane, l'intolérance et la violence ne sont pas associés à l'obscurantisme traditionaliste, mais au rationalisme à prétention universelle !
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