Tumgik
#lc379
fallenrazziel · 6 years
Text
Les Chroniques de Livaï #379 ~ LE CAPORAL-CHEF (août 845) Erwin Smith
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
Tumblr media
Le fond de l'air est doux aujourd'hui et je goûte particulièrement cette promenade à cheval. Rester enfermé des heures dans mon bureau risque de me ramollir, et je ne peux plus participer aux entraînements aussi souvent qu'avant. Je vais devoir trouver d'autres moyens de m'exercer.
Mes maux de dos s'estompent à mesure de ma progression, tandis que ma colonne vertébrale suit les mouvements de ma monture en souplesse. Nous abordons un chemin caillouteux en pente et je me penche en avant afin de soulager son arrière-train. Mon étalon n'est plus tout jeune, et il s'est mal remis de sa dernière blessure. Je le sens boiter, et les vétérinaires m'ont dit que ces balades lui seraient salutaires afin de le remuscler. Encore un petit effort, mon frère, et nous reviendrons vers Trost.
Je m'arrête un moment au sommet du promontoire duquel j'aperçois le Mur Rose et les fumées des cheminées de la cité. Une bonne odeur de pain frais me parvient jusqu'ici, et je me rappelle alors que je suis parti très tôt ce matin, avant même le lever des explorateurs. J'aime ces premières heures du jour, elles me permettent de me vider la tête avant de me replonger dans les problèmes concrets. Cependant, je dois m'avouer satisfait car ils ne sont pas aussi nombreux que je le craignais. Tout semble se dérouler selon mes prévisions.
Quand les escouades seront reformées, j'irais à la rencontre de nouveaux mécènes, et aussi négocier d'autres contrats avec Rein Maja. Je devrais répartir les taches, je pense... Il me sera impossible de tout faire tout seul. Même si je n'aime pas trop les ennuyer avec tout ça...
Mon étalon piaffe d'impatience en grattant la pierraille du sabot. Tu veux rentrer ? Ton petit déjeuner t'attend là-bas. Quant à moi, je n'ai pas très faim, je peux m'en passer. Si tu te sens ragaillardi, alors moi aussi. Je presse ses flancs et nous redescendons au petit trot dans la plaine. J'ai à peine besoin de le guider, il connaît le chemin.
J'ai laissé ma veste de côté car il faisait déjà bien tiède quand je suis parti. En me retrouvant dans la plaine, la chaleur de l'été me saisit et je regrette presque de ne pas être resté là-haut. Je sens ma transpiration coller ma chemise sur mes bras et mon dos, ce n'est pas une sensation agréable avec ce vent... Je n'ai pas pris de bain hier ni ce matin mais cette perspective à mon retour me plaît assez. Ensuite, j'aurais de nouveau mes papiers à compulser.
Je me rapproche de Trost-Nord. Les gardes me saluent de la main et je me dirige vers la porte nord - la nouvelle "porte de derrière", devrais-je dire. Je remonte au pas la petite rue pavée quand un autre cavalier vient à ma rencontre. Ma monture se met à hennir vigoureusement, et un répond nous parvient. On dirait que ton amie vient nous voir ; avec son cavalier attitré, à ce qu'il semble.
La jument de Livaï s'immobilise devant nous, et il m'adresse un salut du poing. Repos. Comment m'as-tu trouvé ? Il répond qu'un des palefreniers s'était effondré dans la paille de fatigue hier soir et qu'il m'a vu harnacher mon cheval tôt ce matin. Tu ne t'es pas pressé. Cet isolement était agréable. A voir son visage d'orage, j'en déduis qu'il n'est pas très content. Ca va, Livaï, je peux aller et venir sans risque. Je suis le major, a priori, je peux faire ce que je veux. Tu devrais être content que je prenne de l'exercice.
Je le dépasse sans un mot de plus et il se met à ma hauteur ; sa jument a quelques centimètres de moins au garrot que mon étalon, mais si ça lui plaît de me faire escorte, je vais le laisser faire. Il est sans doute venu pour me dire quelque chose. Je n'ai pas encore décoléré de l'autre fois où son comportement a presque frôlé l'insubordination, même si je sais pourquoi il l'a fait. J'attends qu'il fasse le premier pas.
Il me demande si je suis encore fâché. Oui, effectivement ; un petit peu... J'espérais de ta part plus de rigueur et de prudence. Je le regarde du coin de l'oeil, et il hausse les épaules. Il m'assure que ces recrues ne risquaient rien, que le danger était calculé, et qu'il devait être sûr de ne pas perdre son temps avec eux. Je sais que tu n'aurais pas risqué leur vie pour si peu. Et bien, on peut dire qu'ils s'en sont bien sortis... Mais je vais faire semblant de ne pas comprendre son manège...
Je stoppe ma monture devant un abreuvoir et la laisse se désaltérer. Attends un peu, cela veut dire que tu as pris une décision ? Tu vas monter ton escouade d'élite ? Qu'est-ce qui t'a décidé ? Ces jeunes ont quelque chose de spécial qui t'a attiré ? Il me répond que leur entente est remarquable et qu'ils n'ont apparemment peur de rien. Tu te trompes peut-être. C'est vrai qu'ils sont téméraires et fonceurs mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas peur. Il hoche la tête et me dit qu'il avisera de ces détails sur le terrain. Une période d'essai, en quelque sorte. C'est une bonne idée.
Il lève les yeux vers moi et me demande si ma proposition tient toujours malgré sa petite incartade. Livaï, si quoi que ce soit avait pu changer mon état d'esprit à ce point, tu serais en ce moment derrière les barreaux. Il est bien évident qu'elle tient toujours, et j'espère plus que jamais que tu l'acceptes. Si c'est d'accord pour toi, je vais relire le profil de ces deux recrues et te donner mon assentiment. Ca te va ?
Ses yeux s'écarquillent de surprise et il hoche la tête presque frénétiquement. Et bien, quelle motivation ! C'est peut-être le bon moment pour te mettre au courant de tes autres devoirs. Et surtout de ton nouveau grade dans le régiment. Il paraît étonné et me rétorque qu'il sera chef d'escouade, rien de spécial. Et bien si. J'ai exhumé du passé de l'armée un grade qui était tombé en désuétude, et que je trouve adapté à ta position. Il s'agit du grade de caporal.
Il me demande ce qu'est un caporal et pourquoi il mérite cette distinction. Disons que c'est le grade du leader de l'escouade spéciale d'opérations tactiques. C'est une équipe exceptionnelle, il faut donc un grade exceptionnel, non ? Il m'observe de façon suspicieuse et je dois vite me défendre de ses accusations. Je veux aussi te mettre en avant, c'est vrai. Ta nouvelle renommée est une aubaine pour le bataillon, j'espère que tu comprends. Et... cela va peut-être te surprendre mais j'ai entendu des soldats dire que cela les embarrassait que tu n'aies pas de nom de famille. Pour toutes ces raisons, Caporal Livaï, ça sonne bien. Un peu comme un patronyme ! Tu n'es pas d'accord ?
Il soupire et approuve de bonne grâce. Tu t'y feras vite. Il me questionne sur son grade exact, caporal ou chef ? Mmh, tes subordonnés choisiront ce qu'ils préfèrent, tu n'as pas à te soucier de ça. Nous devons aborder maintenant l'aspect le moins... plaisant de ton travail. Tu es prêt ?
Nous nous engageons sous la porte nord sans faire attention aux gardes de faction et je me mets à énumérer ses charges. Tout d'abord, tu feras partie de mon état major, mais ça, c'est déjà un fait acquis pour toi. Tu seras habilité à donner des ordres à tout explorateur, hormis les autres chefs d'escouade, bien entendu. Tu n'auras pas d'autre équipes sous ta responsabilité, seulement ton escouade - je le vois souffler de soulagement. Tu devras faire régner l'ordre et le respect des consignes - essaie de ne pas trop en faire concernant la propreté, sinon les troupes seront épuisées ! Tu devras écrire un rapport par jour et me le remettre en soirée avant ou après le souper. Je les lirais le soir même ou le lendemain matin. Ensuite... Oui, un problème ?
Livaï a stoppé sa jument et semble regarder un point imprécis dans les environs de mon pied. Il murmure si bas que je l'entends à peine. Euh, tu disais ? Il reprend plus fort et me demande s'il va devoir écrire beaucoup. Cela te semble difficile ? Livaï... dis-moi, tu sais écrire, tout de même ? Tu as rempli ton formulaire testamentaire devant moi, cela devrait aller...
Il se remet en route et me précise que s'il doit écrire régulièrement tous les jours, il va devoir se remettre à cet exercice afin de retrouver l'habitude. Il risque aussi de buter sur des mots... Mmh, si tu veux une petite remise à niveau, tu peux me demander. Il s'en défend et rétorque que j'ai déjà trop à faire. Ecoute, tu n'es pas obligé de noircir des pages par dizaines. Plus les rapports sont courts, plus ça m'arrange ! Il te faudra synthétiser les évènements de la journée du mieux possible. Oui ? Synthétiser ? Ce que ça veut dire ? Mmh... Ok, une petite remise à niveau, nous disions... Je crois qu'elle s'impose tout de même !
Je me mets à rire et Livaï rouspète en croyant que je me moque de lui. Ce n'est pas ça ! Mais c'est tellement rafraîchissant de parler avec toi ! Il attrape mes rênes, et pendant que j'ai la bouche ouverte sur un autre éclat de rire, il me fourre une ration entre les dents. Je me mets à mâchonner un peu, et Livaï explique en prenant de l'avance que je ferais mieux de rattraper mon petit déjeuner manqué. J'aurais préféré quelque chose de plus savoureux, mais la prévenance de Livaï est touchante.
Oui, c'est rassurant de savoir qu'il y a au moins quelqu'un qui pense aux autres...
13 notes · View notes