Tumgik
#le charbon et le tartan
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Outlander : le final du malaise
(Première publication en octobre 2015)
J’ai regardé la première saison de Outlander un peu sur le tard. Ayant entendu que c’était pas mal, je me suis lancée.
C’était effectivement pas mal : j’ai maintenant envie de visiter l’Ecosse, et malgré les longueurs et quelques niaiseries, j’avais envie de connaitre la suite de l’histoire. Et puis surtout, il y a Sam Heughan, alias Jamie, que l’on voit torse nu voire nu la moitié du temps.
Je suis donc tranquillement arrivée à la fin de la saison, suivant les péripéties des deux héros. Et là, ce fût le drame.
Attention, je vais à partir d’ici spoiler à fond, puisque je ne peux pas en parler sans décrire exactement ce qu’il se passe dans les derniers épisodes. Si vous voulez la regarder, ne lisez pas, et revenez plus tard. Si vous ne voulez pas, sait-on jamais, ça pourrait vous intéresser. Si vous l’avez vu, je veux bien votre avis, n’hésitez pas à commenter.
Avec les deux derniers épisodes, j’ai eu l’impression de basculer dans un délire complètement en décalage avec le reste de l’histoire. Vraiment, la seule phrase qui me venait était : « Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ? »
Il faut d’abord que je vous situe l’histoire et les trois personnages principaux. Nous avons ainsi :
Claire, jeune anglaise vivant dans les années 1945, qui se retrouve projeter à cause de pierres druidiques dans l’Ecosse du XVIIIème siècle, à l’époque d’affrontements entre les Anglais et les Ecossais ;
Jamie, jeune noble écossais avec qui elle doit se marier pour être protégée et dont elle est finalement follement amoureuse (le destin fait bien les choses n’est-ce pas ?) ;
et Jake Randall, capitaine de l’armée anglaise (et, soit dit en passant, ancêtre du mari de Claire dans son époque), un véritable psychopathe qui dès le premier épisode manque de violer Claire (une première fois, car il récidive), et qui avait précédemment massacré Jamie à coups de fouet, lui laissant des cicatrices impressionnantes sur son (incroyable) dos. L’ennemi, donc.
On apprend, au détour d’un épisode, qu’avant de le punir sur la place publique, Randall avait proposé à Jamie un arrangement peu conventionnel, et qu’en échange, il le laisserait partir (il voulait le sauter, quoi). J’étais déjà un peu étonnée de cette révélation, j’aurais dû me méfier.
Dans les derniers épisodes, Jamie se fait capturer par les Anglais, et est finalement sauvé de la potence par … Jake Randall. Qui l’enferme dans un cachot humide dans les tréfonds de la prison.
Et c’est là que le « délire » commence. Le téléspectateur a le droit à quasiment une heure et demi, sur deux épisodes, de tortures psychologiques et physiques, puisque Jamie subit plusieurs viols durant toute une nuit. Il est sauvé et sort de la prison par ses compagnons, mais est détruit au point de vouloir se donner la mort.
Sympa non ? On part d’une histoire fantastique à l’eau de rose (avec quelques duretés de la vie de l’époque mais bon ça va quand même), et on tombe dans un scénario hyper glauque dans lequel le héros est soumis à un psychopathe sadique qui lui fait subir les pires horreurs.
Et je me suis retrouvée envahie d’un immense malaise.
Le dernier épisode est donc consacré au désespoir de Jamie, entrecoupé par les scènes du viol qu’il a subi (je vous avoue, j’ai avancé un peu, suffisamment pour comprendre un minimum, mais je n’avais pas envie d’assister à ça). On voit la violence physique, la violence psychologique qui brise peu à peu la victime. Il parle de son dégoût, de sa honte, de sa culpabilité. Il parle même, car c’est le « secret » qu’il révèle à Claire et qui fait qu’il veut mourir, qu’un instant il a « aimé ça » (ce qui influe d’autant plus sur la culpabilité).
Lorsque l’on s’intéresse un peu à la question du viol et tout ce qu’il entraine (merci le féminisme), ce discours raisonne un minium. Les témoignages des victimes que l’on peut lire, les ressors psychologiques, les réactions physiques, raisonnent, et c’est, je pense, ce qui m’a le plus choqué. C’est un sujet délicat, sensible, qui est déjà peu compris par la société aujourd’hui, et qui est balancé dans le dernier épisode d’une série, qui est exposé, filmé sans fards, et qui ne trouve comme réponse que Claire qui dit à Jamie (en gros) : « Tu ne pensais qu’à survivre, et puis ne meurs pas sinon je meurs avec toi ».
Le malaise était peut-être le but recherché. On ne peut qu’être écoeuré par un tel acte, et on se le prend en pleine face. Il est décortiqué lentement mais sûrement, et nous met face à l’horreur que représente le viol. Mais je ne comprends tout simplement pas : pourquoi inclure un tel drame dans une telle histoire ?
Outlander est issu d’une saga littéraire (Le Chardon et le Tartan en France) de Diana Gabaldon. Je n’ai pas lu les livres (j’en avais l’intention, mais finalement, je n’ai pas très envie), mais je suppose que les scénaristes ne seraient pas permis une telle digression. Je suppose donc que c’est dans le livre. Et je ne comprends toujours pas. Pour moi, c'est l’auteure a fait le plus preuve de sadisme, car ce « rebondissement » n’a rien à faire dans l'histoire : c’est gratuit. Qu’est-ce que cela apporte au personnage ? Etait-ce pour renforcer l’idée du « couple maudit » ? Pour briser un personnage et montrer sa reconstruction ?
J’ai trouvé ça violent, j’ai trouvé ça déplacé, et j'ai trouvé ça inadapté. Trop sensible et trop cruel pour être abordé de cette façon, trop bâclé pour être un minimum compris. Et je trouve ça profondément triste. Et tout cela me plonge dans l’incompréhension.
Tout ceci n’est bien sûr que mon avis et mon ressenti. Mais j’ai véritablement été dérangée par cette tournure de l’histoire. Je m’interroge : vais-je regarder la suite ? Pour l’instant, je n’en ai pas envie.
N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Je suis peut-être à côté de la plaque. Je perçois peut-être mal le sujet. Je cherche peut-être le mal où il n’est pas. Mais comme mon malaise ne s’est pas dissipé, je me suis dit que c’était au moins trop violent pour moi.
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cousinade · 3 years
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Chez moi
Casey
Connais-tu le charbon, la chabine Le kouli, la peau chapée, la grosse babine La tête grainée qu'on adoucit à la vaseline Et le créole et son mélange de mélanine ? Connais-tu le morne et la ravine Le béké qui très souvent tient les usines La maquerelle qui passe son temps chez la voisine Et le crack et ses déchets de cocaïne ? Connais-tu le Mont-Pelé et la savane Les pêcheurs du Carbet, les poissons de Tartane Et les touristes aux seins nus à la plage des Salines Pendant que la crise de la banane s'enracine ? Connais-tu Frantz Fanon, Aimé Césaire Eugène Mona et Ti Emile ?
Sais-tu que mes cousins se foutent des bains d'mer Et que les cocotiers ne cachent rien d'la misère ? [Refrain] Chez moi, j'y vais par périodes C'est une toute petite partie du globe Tu verras du Madras sur les draps, les robes Et puis sur la table, du crabe, du shrub [Couplet 2] Sais-tu qu'on soigne tout avec le rhum: La tristesse, les coupures et les angines Que l'Afrique de l'Ouest et d'Inde sont nos origines Que l'on mange riz et curry comme tu l'imagines ? Sais-tu que chez moi aux Antilles
C'est la grand-mère et la mère le chef de famille Que les pères s'éparpillent et que les jeunes filles Elèvent seules leurs gosses, les nourrissent et les habillent ? Sais-tu qu'on écoute pas David Martial La Compagnie créole et "C'est bon pour le moral" Et que les belles doudous ne sont pas à la cuisine A se trémousser sur un tube de Zouk Machine ? Sais-tu que là-bas les p'tits garçons Jusqu'à 4 ans doivent garder les cheveux longs Et sais-tu aussi que mon prénom et mon nom Sont les restes du colon britannique et breton ? [Refrain]
[Couplet 3] Sais-tu qu'on prie avec la Bible Fête le carnaval comme toute la Caraïbe Que nos piments sont redoutables Nos anciens portent des noms du sexe opposé pour éloigner le Diable ? Sais-tu que chez nous c'est en blanc Et au son des tambours qu'on va aux enterrements Et qu'une fois par an cyclones et grands vents Emportent cases en tôle, poules et vêtements ? Sais-tu qu'hommes, enfants et femmes Labouraient les champs et puis coupaient la canne ? Sais-tu que tous étaient victimes Esclaves ou Neg' Marrons privés de liberté et vie intime ? Sais-tu que notre folklore ne parle que de cris De douleurs, de chaînes et de zombies ?
Mais putain ! Sais-tu encore aujourd'hui Madinina, l'île aux fleurs est une colonie ? [Refrain]
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