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#mathias rollot
entomoblog · 5 months
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« Réhabiter le monde » : une exploration de la pensée écologique biorégionaliste
See on Scoop.it - EntomoScience
La journaliste Agnès Sinaï retrace l’histoire d’un concept élaboré dans les années 1970 et remis au goût du jour par l’urgence écologique et la crise sanitaire liée au Covid-19 : comment cohabiter au mieux avec le territoire dans lequel on vit.
Bernadette Cassel's insight:
  → Mathias Rollot, Marin Schaffner : Qu’est-ce qu’une biorégion ? - De wildproject.org - 30 juin 2021, 19:55
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gerphau · 2 years
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OUVRAGE
" ARCHITECTURE POSITIVE, LE CRADLE TO CRADLE ET SES PIONNIERS EN FRANCE "
ROBERTO D'ARIENZO
Nous avons le plaisir de vous annoncer nouvelle parution de l'ouvrage intitulé " Architecture Positive " de Roberto D'Arienzo, chez MétisPresses. Le livre est le résultat d'une démarche exploratoire menée en parallèle et en complément à celle réalisée entre 2019 et 2021 au sein de la Direction de l'Innovation de Systra, à la découverte de l’architecture "Cradle to Cradle" (économie circulaire à impacts positifs) et de ses "pionniers" français.
Synopsis :
La dernière décennie a vu s’épanouir le modèle de l’économie circulaire. Son application dans de nombreux domaines a suscité une série de démarches innovantes, parmi lesquelles se distingue tout particulièrement celle du Cradle to Cradle (C2C). Cette approche, qui s’inspire des systèmes naturels et de leur capacité d’autorégénération, prône le passage d’un paradigme de réduction de notre empreinte négative vers celui d’une augmentation de l’empreinte positive de nos modes de vie. Si un certain nombre de matériaux et de produits manufacturés sont d’ores et déjà conçus selon ces principes, leur application aux domaines de l’architecture et de l’urbanisme n’en est qu’à ses débuts et les retours d’expériences concrètes manquent.
En France pourtant, des projets C2C voient peu à peu le jour grâce à des professionnels engagés et animés par cette nouvelle philosophie. Roberto D’Arienzo est parti à la rencontre de ces architectes et urbanistes afin de saisir leurs motivations, d’apprécier les résultats de leurs projets et d’évaluer les limites et les perspectives de cette dynamique. Cet ouvrage, dont l’objectif est à la fois scientifique, pédagogique et opérationnel, nous propose onze entretiens qui témoignent de l’émergence d’un nouveau mouvement et d’une architecture qui se veut «positive».
https://www.metispresses.ch/en/architecture-positive
à propos de l'auteur :
Roberto D’Arienzo est docteur en architecture des Universités Paris 8 et Federico II de Naples. Chercheur membre du laboratoire GERPHAU (Groupe d’Etudes et de Recherches Philosophie Architecture Urbain / UMR CNRS 7218 LAVUE), il est également professeur à l’ESA (Ecole spéciale d’architecture) de Paris, où il enseigne au sein du laboratoire de Master "Habiter l’Anthropoceène". Il intervient, auprès de la société SYSTRA, en tant qu’urbaniste expert des questions liées aux mobilités urbaines. Il a édité chez MētisPresses "Recycler l’urbain. Pour une écologie des milieux habités" (avec Chris Younès, 2014) et "Ressources urbaines latentes. Pour un renouveau écologique des territoires" (avec Chris Younès, Annarita Lapenna, Mathias Rollot, 2016). Il prépare actuellement, avec Chris Younès, "Synergies urbaines. Pour un métabolisme collectif des villes", volume venant clore cette trilogie collective portant sur l’écosophie des métabolismes urbains.
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hameauxlegers · 4 years
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BIBLIOGRAPHIE :
HABITAT PLUME: mobile, léger, écologique - Christian LA GRANGE
CABANONS À VIVRE - Habitat minimaliste : philosophie, plans, conseils techniques - Christian LA GRANGE
LE PETIT MANUEL DE RÉSISTANCE CONTEMPORAINE - Cyril DION
LE PLUS GRAND DÉFI DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ  - Aurélien BARRAU
COMMENT TOUT PEUT S’EFFONDRER - Pablo SERVIGNE; Raphaël STEVENS
CABANOPHILES D'ICI ET D’AILLEURS - Yogan SAMSON-BREDEL
L’HYPOTHÈSE COLLABORATIVE - Editions.hyperville
REPENSER L’HABITAT - Mathias ROLLOT
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L’HUMAIN, UNE COMPOSANTE DANS UN SYSTÈME D’INTERACTIONS INTERESPÈCES 
“Plus que jamais, à l’ère numérique, globalisée, capitaliste et accélérée, il est vital de penser les rapports concrets qu’entretiennent humanités et écosystèmes, villes et géographies, corps et espace.”
ROLLOT Mathias, Les territoires du vivant – Un manifeste biorégionaliste, éd. François Bourin, 2018, 256 p., p.11
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refairesatoiture · 7 years
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Livres : du logement, de la ville végétalisée
Concernant le logement, dans son essai, Mathias Rollot nous invite à "décoloniser notre imaginaire" tandis que Bernard Blanc évoque les conditions concrètes d'invention d'un nouvel […] L'article Livres : du logement, de la ville végétalisée est apparu en premier sur Chroniques d'Architecture.
Source : http://bit.ly/2mMGrjn
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Livres : du logement, de la ville végétalisée
Concernant le logement, dans son essai, Mathias Rollot nous invite à "décoloniser notre imaginaire" tandis que Bernard Blanc évoque les conditions concrètes d'invention d'un nouvel […] L'article Livres : du logement, de la ville végétalisée est apparu en premier sur Chroniques d'Architecture.
Article : http://feeds.feedblitz.com/~/496701734/0/isolationcomblesperdus
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zehub · 7 years
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Et si l'obsolescence, c'était plus compliqué qu'on ne pense ?
De l’obsolescence, on a tort de ne retenir que la « programmée », soit la mise à mort planifiée des biens de consommation. Mathias Rollot, dans son essai sur cette notion difficile à définir, l’étend à de nombreux domaines, de la bioéthique à la philosophie en passant par l’architecture. Et montre que l’obsolescence recèle un potentiel pour nous porter vers l’impossible.
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trapezerevue · 10 years
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Petite gamme mineure
par Mathias Rollot
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sur les conditions de possibilités contemporaines
par Mathias Rollot
unisson
Sur l'expérience en crise
Conditions de vie à l'ère de la reproduction du monde par la technologie
tonique
« Un tsunami vient de s’abattre sur la Réunion ». On n'aurait pas l'idée de réfuter l'information, ou d'aller la vérifier soi-même sur place. La nouvelle nous arrive toute prête, livrée comme on dépose un colis, à domicile, ou maintenant même, directement dans notre poche. S'agit-il là d'une surprise ? S'il s'agit bien d'une nouvelle inattendue, je défendrais l'idée que cet imprévu ne soit pas la cause d'un sentiment de surprise, entendons par là qu'il ne soit pas facteur à provoquer l'abîme sous nos pieds : le visage ne nous en tombe pas, nous ne poussons pas de cris étonnés ; rien de tout cela, nos yeux restent béatement rivés sur l'écran, en attente de la prochaine information qui suivra : une équipe de foot vient de perdre son match, une autre vient de le gagner, les boucheries chevalines sont en grève, un magistrat vient de faire une attaque. Rien à voir avec la puissance émotion qui nous a prise aux tripes lors de l'anniversaire-surprise organisé par maman jeudi dernier. Aucune comparaison avec l'agréable surprise de découvrir qu'il reste encore une plaquette de chocolat oubliée sous un paquet de pâtes, dans le fond d'un placard, un dimanche soir de retour de vacances. Comment expliquer alors cette différence de réception ? Pourquoi la surprise nous fait-elle lâcher nos clefs en entrant dans l'appartement, tandis que l'arrivée d'une nouvelle imprévue par la reproduction médiatique nous détourne à peine de nos préoccupations du jour, si grave fut-elle ? C'est que la surprise, peut-être, constitue une des seules expériences qu'il nous reste. Car comment croire encore pouvoir « faire l'expérience du monde » à l'heure de la reproduction du réel par la technologie ? C'est-à-dire, en d'autres termes : pourquoi vouloir encore parcourir le monde par nos propres moyens physiques, au risque de s'y perdre ou d'y chuter, alors même que celui-ci nous est livré, à domicile et à volonté, par le biais de ses représentations télévisuelles, radiophoniques, sur les plateformes web et dans les journaux de masses ? Ou, de la même façon encore, pourquoi prendre le risque d'une conversation de visu, d'une rencontre incertaine, d'un rendez-vous difficile, quand les moteurs de recherches, les réseaux sociaux virtuels et le short message system nous permettent de contourner tout imprévu, tout incertain, toute mauvaise surprise ?
sus tonique
Sur l'abolition des distances et les conséquences de cette disparition sur l'expérience et la capacité de s'ouvrir à la surprise il y aurait beaucoup à dire. Parce que tout aujourd'hui est proche et lointain à la fois, nous n'appartenons plus à grand chose autant que plus grand chose ne nous est véritablement étranger. Dans une exo-culture à la fois mondialisée et en même temps donc a-située, nous gravitons dans l'orbite des reproductions partagées. Le monde est entièrement vu et connu au travers de ses images et retransmission, celui des Chutes du Niagara, des Jeux Olympiques, de la fonte des glaces dû au réchauffement climatique, des satellites en orbites et des mégalopoles chinoises. Mais qui a jamais vécu le réchauffement climatique ? Qui peut prétendre avoir fait l'expérience des Jeux Olympiques ? Qui se dira surpris à son retour de Venise ? De New-York ? De Tokyo ? Des menteurs, assurément, qui ne cherchent qu'à reproduire eux-mêmes un spectacle sans vérité, c'est-à-dire pour l'individu sans sincérité. Une familiarisation sans détours nous présente les entités les plus étrangères à nous-mêmes comme de simple cousins éloignés – tout au plus s'agira-t-il d'un rayon « musique du monde », ou d'une plage horaire peu intéressante pour les retransmissions du foot, tout au mieux tournera t-on un reportage sensible sur la condition « finalement pas si lointaine de la notre » des pygmées africain ou des musiciens ouïghours. Mais faire jouer des espaces-temps différents sur le même échiquier, c'est déjà éradiquer toute possibilité différentielle. Certaines magies chamanes ne sont pas reproductibles sur des guides de voyage, certaines saveurs ne peuvent être retranscrites par le biais d'une recette de cuisine ; il existe des univers vécus qui se jouent dans un monde différent du nôtre et dont la symbolique et la complexité dépasse celle des magnets autocollants, des happys meals et des bestsellers. Hélas la familiarisation éradique toute l'altérité pour nous faire parvenir un monde pré-intégré à notre propre culture – elle forge à notre endroit un colis pré-adressé, sans surprises et sans conflits. Elle dévitalise ses sujets, autant qu'elle défamiliarise l'individu d'avec sa propre famille, rendue lointaine en retour.
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Ainsi donc à l'heure de la reproduction généralisée du réel par la technologie, c'est-à-dire à l'heure où les événements nous parviennent d'eux-mêmes et sans que nous puissions vivre la présence de leur mise en acte, l'expérience est une quête antique, dépassée, inutile – en apparence tout du moins : j’entends par là que nous la croyons devenue inutile alors que sa présence et ses apports complexes manquent fondamentalement à nos vies. Dans les labyrinthes virtuels nous cherchons désormais à retrouver ses apports perdus, bien en vain : les salles de cinéma autant qu'autrefois les récits oraux n'ont jamais apporté que la retranscriptions des expériences et jamais ces expériences elles-mêmes... La carte et le territoire n'ont fusionnés qu'en apparence : mais nous continuons pourtant de prendre l'un pour l'autre ; ce n'est désormais qu'une fois perdus sur les sentiers qu'il nous sera possible de vivre leur dissociation toujours effective. Nous avons perdu la valeur de l'expérience ? Nous sommes pourtant toujours « capables » d'expériences : parfois encore il nous arrive d'être surpris, de faire l'expérience de la surprise. Mais en réalité nous ne voyons plus guère l'intérêt de l'expérience. Celle-ci a muté, pour passer d'un être vers un avoir : on ne cherche plus vraiment à vivre les choses, bien plutôt faut-il pouvoir dire que nous les avons faites. On se constitue un CV d'aventurier, de voyageur ; on accumule les photos de nos voyages autant que l'on tweet chaque sentiment qui s'y déroule, les blogs servent de réceptacles pour des listes de choses faites/à faire ; et c'est le monde qui se transforme bientôt en un gigantesque parc d'attraction dont il faudrait avoir essayé tous les manèges avant de mourir. L'expérience a déserté la vie humaine : trop dangereuse, trop aléatoire, trop imprévisible, on lui a préféré des formes allégée de rencontre (car qu'est l'expérience, si ce n'est une rencontre ?) - plus faibles, mais plus certaines : le cinéma, les jeux-vidéos, Walt Disney - des édulcorants pauvres de la vie, mais en soit aussi, c'est entendu, reproductibles à volonté ; on a remplacé l'incertaine qualité par la quantité reproductible.
sous dominante
Un téléphone filtre nos voix avant qu'elles ne soient retransmisent par un autre téléphone à l'oreille d'autrui. Un écran capte (détourne) notre attention. Une machine (distributeur, caméra, digicode) requiert notre énergie. Il semble que par la reproduction technologique généralisée des micros récits qui constituent notre culture, l'homme se retrouve aux prises non plus avec l'homme, mais avec la technologie elle-même, qui se place en média, c'est-à-dire entre chacun de nos rapports : en bref, les rapports tendent à n'être plus que des dialogues hommes-machines. Mais sont-ce encore là des dialogues, des échanges, des rencontres ? Pour être encore capable d'expérience, il nous faut nécessairement conserver une conscience du monde qui nous entoure – une empathie au monde. Problème : comme le relève Zygmunt Bauman, en allumant notre téléphone, nous éteignons la rue. A l'évidence, nos appareils technologiques nous privent de toute empathie à notre environnement, dépossèdent nos perceptions de leur responsabilité de dialoguer avec notre milieu proche, nous mettent en incapacité de voir, de percevoir le réel qui nous entoure. C'est qu'encore une fois, quand le fantôme devient réel, c'est le réel qui devient fantomatique (Anders). La mainmise des mécanismes mortifères sur notre attention empêche toute réalisation de l'individu autant qu'elle rend caduque nos sens perceptifs autant que l'idée d'une responsabilité du sujet. Elle détourne l'humain de son devoir moral premier qui est de considérer l'autre et le milieu dans leurs spécificités et leurs parcours propres et d'accorder son cheminement personnels avec ces éléments autonomes extérieurs – c'est-à-dire en d'autres termes : le devoir d'une empathie entière et sincère, seul terreau sur lequel fonder une responsabilité cohérente pour le citoyen.
dominante
Dans un univers qui travaille à produire un sujet unidimensionnel, et affairé lui-même à la reproduction de l'uniforme – qu'attendre concrètement comme espèce de « surprise » ? Dans un technocosme hyperartificiel contrôlé et ventilé, chauffé, surpressurisé, isolé, climatisé, copié, collé : quelle place est faite pour l'échange incongru, pour quelle forme de rencontre imprévue ? Que peut encore survenir dans le Junkspace omniprésent si ce n'est un bête incident technique, une panne, une fuite ? La destruction de l'unicité (j’entends par là le fait que le singulier et le mineur aient été rendus impossible - que leur advenue ait été mise en impossibilité) est l'aboutissement de la quête menée par toute la société ingénériale moderne : place doit être faite au rendement. Le mystère est évacué, et l'obscurité fait place à la clarté, l'ajustement à la prévision, la profondeur au dénuement. Dans cet ordre nouveau, fruit commun du policier, de l'industriel et du commercial réunit, il fallait aussi un consommateur modèle / un citoyen nouveau, à même de désirer le technocosme épuré. Et l'éducation de l'homme unidimensionnel n'est pas mince affaire ! Comme le relève encore une fois Zygmunt Bauman, « l'éducation du consommateur ne se fait pas du jour au lendemain, ni une fois pour toutes. Elle début dès son plus jeune âge et s'étale sur tout une vie (…) les centres d'apprentissages sont innombrables et omniprésents : matraquage par la télévision, les journaux et les panneaux publicitaires, surenchère de papier glacé à la gloire des people, boniments des experts et autres gourous proposant des recettes scientifiquement prouvées pour résoudre tous nos « problèmes existentiels » » Le produit humain nouveau devra lui aussi être en mesure de poursuivre la grande épopée initiée par son grand-père moderno, son tonton fasciste et sa cousine eugéniste. Dans un monde réglé une fois pour toute, il devra apprendre à satisfaire ses envies d'ailleurs par la production hyperartificialiste, négocier avec son identité biologique pour l'adapter au mieux à la dysrythmie machinique ambiante, et remettre à une autre vie ses besoins de sacré, de quiétude et de simplicité.
sus dominante
Nous sommes façonnés par les images de la reproduction sérielle du Monde par lui-même, de la modernité liquide par ses diffuseurs technologiques, tant et si bien que nous ne faisons plus qu'un avec eux. Ils nous constituent, et par là même nous retirent la possibilité de faire l'expérience du monde, c'est-à-dire de nous confronter à lui – d'une certaine façon, de nous faire surprendre par lui. Mais si comme l'affirme Ziek la pensée se constitue suite à une rencontre traumatique, si la condition de la pensée donc se situe bien dans un terreau intellect-affect indémontable, alors que peut-il encore en être de celle-ci dans le cadre plat de notre liquidité contemporaine ? Lorsqu'il n'est plus confronté à aucun réel, l'individu trouve d'autres accroches pour se construire, mais la pensée, elle, trouve-t-elle encore d'autres terres ou germer ? Dans la surprise, le sur-prenant, c'est-à-dire littéralement ce qui nous soulève pour nous transporter vers un ailleurs, il semblait encore que nous puissions trouver matière à stimulation incarnée. Pris sous la vague des innombrables images qui forment notre quotidien, il semble que nous ne puissions même plus trouver en elles un quelconque pouvoir déterritorialisant. Pliés sous leurs nombre, nous souffrons d'un déficit d'imagination face à la puissance de nos réalisation. Qu'est-ce à dire ? L'imagination est, non pas la capacité de constituer des images, mais la capacité de détourner celles-ci, c'est-à-dire de constituer à partir d'elle un ailleurs, une altérité, une singularité. Ainsi affirmer que nous souffrons d'un déficit d'imagination, c'est affirmer que nous sommes devenus incapables de remettre en question les images qui nous parviennent, de les interroger, de les questionner, de les manipuler. Nous souffrons d'un trop plein d'images, partout, tout le temps, et nous sommes dépossédé de la capacité de les détourner autant que nous sommes submergés sous la masse à détourner – et ce plus encore du fait de notre marge de manœuvre pour les détourner, elle aussi plus pauvre chaque jour. Nous sommes conditions à consommer et non à inventer, formés pour apprendre et non pour régénérer ou contester, initiés à digérer plutôt qu'à cuisiner. Mais notre capabilité à produire de la surprise, à surprendre, soit donc à faire vivre une expérience à autrui semble, elle, toujours valide... utilisons-la !
sensible
Nous sommes habitués à être assaillis de toute part, en tout temps et en tout lieux, par ces événements sans avènements qui constituent notre quotidienneté hybride. Ces spectaculaires sans magie, ces représentations sans acteurs, ces mises en scènes sans pièces de théâtre : que sont-ils, si ce n'est la redite sur-signifiée d'une nouvelle prévisible ? La surprise, aujourd'hui, semble pouvoir être apportée par les médias de masse : « les tours du World Trade Center sont en flammes », « un incident nucléaire de niveau 7 vient de survenir à Fukushima ». Le spectaculaire a toujours prétention à rompre la monotonie de nos vies, mais y parvient-il vraiment ? La reproduction du réel change les idées pendant la digestion, mais -inquiétez-vous!- sitôt la lumière éteinte, c'est sans nul doute toute la réalité des rêves bien ancrés qui reprendra ses droits sur votre âme. Dans les méandres du sommeil ce sont les réminiscences des cauchemars éveillés qui resurgissent, les avatars habitants de nos démons : des chimères bien plus réelles que celles, numériques, que l'on peut commander d'un mouvement de l'index. Les expériences incarnées – fussent elles les expériences de l'oubli, de l'ennui, ou de la monotomie - n'ont pas dit leurs derniers mots ; face à ce qui nous assomme, leurs habitations troglodytes sont toujours en place, profondément creusées dans les roches millénaires du corps biologique.
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gerphau · 5 years
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THESES DU LABORATOIRE
2022
Justyna Morawska :
"Comment penser le diagramme ? Sur la signification des ‘papiers’ d’architecte"
Romain Mantout :
"Éthique environnementale en architecture. Exploration des potentialités de l'écologie politique dans la pratique du projet architectural : le cas des arbres dans l'espace public à Martigues."
Mokhles Farnoosh :
"Approche paysagère du centre-ville : localisation et définition du centre-ville actuel de Téhéran."
Antoine Begel :
"Surprise et rencontre. L’hypothèse existentielle en architecture."
Chantal Dugave :
"L'école du faire : enjeux d'une pratique d'artiste architecte"
2021
Anna BARRET :
"Histoires de lieux. Boucicaut, Claude Bernard, Gare de Rungis. Ecarts et Débordements."
2020
Victor FRAIGNEAU :
"L'architecture au sens olfactif. Penser les sensibilités, les milieux, les communs, depuis les agentivités olfactives."
2019
Paola FIGUEROA :
"Architecture du faire-avec"
Toufik HAMOUDI
2018
Céline BODART :
"Architecture et Déconstruction"
Annarita LAPENNA :
"Dispositif Inter-milieux"
2017
Julie CATTANT
2016
Mathias ROLLOT
Marco STATHOPOULOS
2015
Roberto D’ARIENZO :
"Restes comme ressource"
Emmanuel DOUTRIAUX
Marion ROUSSEL
2014
Ana-Alice FINICHIU
Julie MOREL
2012
Theodora MANOLA
2011
Christian LECLERC
2010
Elodie NOURRIGAT
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gerphau · 5 years
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ANNARITA LAPENNA
Chercheuse Politecnico di Milano / Docteure en Architecture
Annarita Lapenna est architecte diplômée de l’Université de Florence, D.E.S. « Architecture des Milieux » de l’École Spéciale d’Architecture de Paris, docteure en architecture de Université de Paris 8 en co-tutelle avec le Politecnico di Milano. Depuis 2010, elle développe collaborations académiques et cycles d’enseignement avec le laboratoire GerPhAU et le Département DAStU du Politecnico di Milano. En 2016, elle a collaboré avec le Département d’Architecture de l’Université de Florence pour la rédaction du Plan Stratégique de la Ville Métropolitaine de Florence. Actuellement, elle travaille en tant que chercheuse au DAStU du Politecnico di Milano.
Son thème de recherche porte sur le rapport entre le projet urbain et l’espace habité en mettant ainsi en lumière l’évolution des processus de dissociation des milieux -physiques et sociaux- vers l'expérimentation du dispositif inter-milieux. Son projet de thèse proposait trois hypothèses : la première était axée sur les processus de dissociation qui ont fragilisé des lieux, en les transformant au fil des décennies en espaces-fissures, fertiles pour l’expérimentation à partir de l’existant, du dispositif inter-milieux - processus innovant du projet urbain; la deuxième hypothèse admettait que ce processus, basé sur les synergies entre les acteurs, les espaces et les imaginaires, produise les modes de culture des projets urbains ouverts ; enfin, la troisième considérait que les projets urbains ouverts encouragent et supportent une synergie profonde entre les transformations à petite échelle – in-situ- et à échelle territoriale –trans-situ- en dessinant des constellations urbaines, des géographies latentes du territoire. Afin de construire une enquête précise d’espaces et de processus de transformation urbaine, la confrontation à un territoire urbain spécifique a été indispensable. Cette recherche a engagé une méthode théorico-pratique qui permet de relire des transformations urbaines emblématiques pour affiner l’hypothèse d’inter-milieux. A cet égard, la ville de Milan, notamment ses espaces végétalisés, est apparue comme un territoire d’étude passionnant.
Publications
Articles :
2017- Annarita LAPENNA, Viola TOCCAFONDI, "Links for Recycling" in "Urban Regeneration, Global Environment", Volume 10, N°2, pp. 400-420(21), White Horse Press, Londres.
2015 - Annarita LAPENNA, "Le risque comme ouverture aux possibles, le projet urbain stratégique comme choix responsable", in "Philotope" n. 11, 2015
Chapitre d’ouvrages collectifs :
2019 - Annarita LAPENNA, "La ville du dedans et la ville du dehors", in Bonzani S., Guez A. (eds), "Représenter la transformation", L’œil d’or, Paris.
2018 - Annarita LAPENNA, "Le dispositif intermilieux : synergies in situ et trans situ", in D’Arienzo R., Younes C. (eds), "Synerigies Urbaines pour un métabolisme collectif des villes", MetisPresses Editions, Genève.
2017 - Annarita LAPENNA, "The workshop: an apparatus for Architecture des milieux", dans Antonella BRUZZESE, Annarita LAPENNA (dirs), "Linking Territories", Planum Publishers, Roma-Milano.
2016 - Annarita LAPENNA, "Latence et (non) contrôle", dans Roberto D’ARIENZO, Chris YOUNÈS, Annarita LAPENNA, Mathias ROLLOT (dirs), "Ressources urbaines latentes. Pour un renouveau écologique des territoires", MétisPresses, Genève.
Direction d’ouvrages collectifs :
2017 - Antonella BRUZZESE, Annarita LAPENNA (dirs), "Linking Territories", Planum Publishers, Roma-Milano.
2016 - Roberto D’ARIENZO, Chris YOUNÈS, Annarita LAPENNA, Mathias ROLLOT (dirs), "Ressources urbaines latentes. Pour un renouveau écologique des territoires", MétisPresses, Genève.
Participation à des colloques, workshops internationaux :
2019 - Annarita LAPENNA, "A partir des dissociations", Les 21èmes Rencontres Internationales en Urbanisme de l'APERAU, Strasburg.
2019 - Annarita LAPENNA, "Ecosistema urbano, spazi fessura e dispositivi intermilieux", XXII Conferenza Nazionale Società Italiana degli Urbanisti, Bari-Matera.
2015 - Annarita LAPENNA, "Aree, confini e inter-miliuex", IX Giornata di studio INU, Urbanistica Informazione.
2014 - Annarita LAPENNA, "Les outils inter-milieux pour des métamorphoses urbaines en partage", V International Conference “Se mobiliser ensemble, pour décider ensemble”, Yverdon-les-Bains.
2014 - Annarita LAPENNA, "La città inter-miliuex", XVII Conferenza Nazionale Società Italiana degli Urbanisti, L’urbanistica italiana nel mondo, Mai 2014, Planum. The Journal of Urbanism, no.29, vol.2
2011 - Annarita LAPENNA, "The inter-milieux city, Safeguard of Cultural Heritage: A Challenge from the Past for the Europe of Tomorrow" (COST -European Cooperation in Science andTechnology-)
Organisation workshops internationaux :
2015 - Antonella BRUZZESE, Annarita LAPENNA (dirs), Workshop International « Linking territories. Rurality, landscape and urban borders », Milan et Paris, 2015 – École Polytechnique de Milan/École doctorale UPDP et D.E.S. Architecture Des Milieux de l’École Spéciale d’Architecture de Paris
Thèse de doctorat :
2012 / 2018 - PhD in Architecture and in Spatial Planning and Urban Development Université Paris VIII, Ecole Doctorale 31 « Pratiques et Théories du Sens », Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La-Villette (ENSAPLV), Laboratoire de Recherche GERPHAU UMR CNRS / MCC 7218 LAVUE Cotutelle internationale : DAStU, Politecnico di Milano; Codirecteur de thèse: Alessandro Balducci Titre : "Le dispositif intermilieux : mode de culture du projet urbain ouvert. Enquête sur des espaces végétalisés à Milan (1953-2016)". Directeur de thèse : Chris Younès
Prix et mentions :
Lauréat du Prix Spécial de thèse sur la ville 2019 organisé par le PUCA, l’APERAU internationale et l’Institut CDC pour la Recherche-Caisse des Dépôts.
contact :
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gerphau · 8 years
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Publication
Ressources urbaines latentes
À l’ère de l’Anthropocène, nos villes semblent concentrer en leur sein tous les composants de la crise écologique en cours. Elles regorgent pourtant de ressources qui permettraient de résoudre une partie des problèmes que leur développement actuel suscite. Les matières déchues, les espaces bâtis, mais aussi les savoirs ancestraux et les pratiques culturelles représentent autant d’opportunités qui peuvent et doivent ouvrir de nouvelles perspectives d’action pour accompagner nos sociétés vers les nombreux changements qui se profilent. Déceler ces potentialités requiert intelligence et méthode, en raison notamment de leur nature latente, imperceptible, enfouie.
Complément des recherches récentes sur le thème du recyclage dans les milieux urbains (Recycler l’urbain. Pour une écologie des milieux habités, Métis Presses, 2014), Ressources urbaines latentes nous amène à faire un pas en arrière pour diriger notre regard sur les conditions qui existent en amont de ces projets et pratiques de recyclage.
Contributions de
Carlos ARROYO, Stefan BENDIKS, Lionel BILLIET, Joshua BOLCHOVER, Stéphane BONZANI, Francesco CARERI, Carlo CELLAMARE, Philippe CLERGEAU, Roberto D’ARIENZO, Aglaée DEGROS, Antonia DE VITA, Pierre DONADIEU, Nicola EMERY, Benoît LE FOLL, Olivier FRÉROT, Michaël GHYOOT, Rem KOOLHAAS, Arturo LANZANI, Annarita LAPENNA, John LIN, Michel MAFFESOLI, Sara MARINI, David MIET, Philipp OSWALT, Camilla PERRONE, Adrien PUYLAERT, Mathias ROLLOT, Claire SCHORTER, Ercole SORI, Anaelle SORIGNET, Myriam TOULOUSE, Antonella TUFANO, Jose Luis VALLEJO, Chris YOUNÈS.
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trapezerevue · 11 years
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Détourner ?
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par Mathias Rollot
Détourner vers une régénération : quels possibles envisageables ?
Définition du Petit Robert de « révolution »  (1)
Halte aux « révolutions » ! « Révolution verte », « révolution numérique »… Que sont ces révolutions, si ce n’est, justement, au sens premier du terme, des « tours sur soi-même » ? Que sont ces révolutions qui ne constituent nuls détournements, et qui, si elles proposent bien une évolution, ne conduisent pour autant à aucun changement vers autre chose, aucune trans-formation (2). Permettent-elles la constitution d’une singularité, d’une altérité ? A ce propos, et pour couper court au suspense : rien n’est moins sûr. Nous allons essayer de démontrer l’idée que, bien au contraire, pour qu’il puisse survenir un détournement, il nous faudrait littéralement dé-tourner, soit donc justement arrêter de tourner, en rond, dans ces illusions de révoltes factices que l’on a planifiées pour nous.
Le conformisme totalitaire et la capacité de récupération
« La publicité commerciale est devenue aujourd’hui en quelque sorte une science pratique, qui étudie, avec des méthodes de laboratoire, tous les détails d’efficacité des formes, et du nombre, l’influence du milieu sur l’effet qui enregistre, contrôle et analyse les résultats. La propagande politique, qui se base sur les mêmes lois des réflexes conditionnés, et qui, de plus en plus, emprunte ses formes à la publicité, devrait s’assujettir à l’idée de l’étude scientifique des réactions et des effets, si elle veut, elle aussi, dominer les masses et les guider selon sa volonté. »
Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande politique, 1939 (3)
Plusieurs argumentaires sont possibles pour démontrer le caractère « totalitaire » (4) du système capitalistique à l’œuvre dans les sociétés occidentales depuis le XXe siècle, et l’étude présente ne reviendra pas tant sur ces démonstrations qu’elle n’essayera d’y mettre en valeur la possibilité ou non de détournement par l’individu de ce système, la capacité de développement d’une altérité qui y est laissée à chacun.
Deux figures de témoignage de ces paradigmes de contrôle de l’être et de la pensée sont convoquées : la faculté de récupération du système tout d’abord, et sa capacité à pré-empter l’homme, ensuite. Ces deux points de vue sur la structure à l’œuvre concourront, malgré leur opposition fondamentale, à démontrer la même conclusion : l’impossibilité pour toute marge d’émerger, pour toute singularité de survivre hors du système, pour tout détournement d’être.
La première facette est bien connue : il s’agit d’un argumentaire conduisant à affirmer que le capitalisme occidental est basé sur une capacité de résilience extrêmement puissante face aux (r)évolutions : ce que l’on a nommé la faculté de récupération. Tirant son essence de son renouvellement permanent (renouvellement opéré jamais pour changer véritablement, mais bien pour rester toujours identique (5)), elle intègre, digère et récupère tout danger pour le transformer, pour se transformersans risque d’implosions, elle annihile potentiellement n’importe quelle extériorité par le filtre du paradigme lui-même. Toute émergence (littéralement, ce qui « é-merge », « ce qui sort de la marge ») n’a, dans ce contexte, aucune chance d’advenir, la marge étant condamnée, pour toute sortie, à être « au mieux » récupérée par le système. Et cet argument nous intéresse pour notre étude sur la « transformation », le « détournement ». Car comment croire à l’émergence d’une société durable dans un système dans lequel la marge ne peut sortir d’elle-même pour advenir ? Et en quelles possibilités de transformation croire dans un système digérant toute métamorphose, non pour se transformer véritablement, mais pour au contraire rester toujours identique ?
De l’invisibilité du filtre social pré-emptant l’humanité
Pour illustrer cette capacité de digestion du système, il nous est possible de considérer par exemple la figure contemporaine du « bio », forme a priori contradictoire avec le système dans lequel elle s’insère, et pourtant dans les faits, récupérée dès sa naissance par les grandes multinationales de la consommation. Cet exemple bien connu de tous exprime bien cette idée qu’il y ait une véritable difficulté de détournement pour qui voudrait transformerquelque chose, dans un paradigme capable de digérertoute émergence, toute altérité.
Mais on ne comprendrait pas, par cette seule figure, notre point de vue présent dans sa globalité, et il nous faut entrer plus profondément dans le mécanisme opéré par cette structure de pensée pour comprendre en quoi cette idée d’une émergence digérée par le capitalisme est absolument incomplète et en quoi elle empêche surtout de voir le fond du problème : la capacité qu’a le système à pré-empter absolument tout (nous retrouvons ici le deuxième argumentaire introduit précédemment). Il nous faut ainsi visualiser en quoi le « bio » lui-même est déjà une figure capitalistique ; en quoi, dès l’origine, notre idée du « bio » n’est elle-même pas vraiment extérieure au système (d’où cette « surprenante » capacité du système à le « récupérer » si rapidement, si entièrement). Autant que le recyclage n’est pas une mort de la société de consommation mais au contraire un renforcement de celle-ci puisqu’elle permet de consommer sans gêne, autant que les taxes carbones permettent de polluer sans scrupules, le « bio » permet la continuation d’un système incohérent avec une prise en compte éthique de la nature et de l’humain : en ce sens il n’est qu’à peine récupéré, puisqu’il faisait déjà parti « du moule » avant même de devenir une des figures de proue de l’absurde mais omniprésente idée de « croissance verte ».
Alors notre analyse n’a nullement l’intention de livrer une lutte à l’idée de « bio », et l’exemple est pris uniquement pour illustrer un phénomène global : la capacité du filtre méta-structurel de ce que pourrions nommer « paradigme capitalisant » à annihiler toute possibilité d’émergence, de détournement. Dans ses écrits « molussiens », Anders décrit par l’allégorie et l’exagération notre condition, non sans un certain cynisme peut-être… L’extrait suivant, tiré de ces contes, illustre à merveille par la métaphore notre propos :
« Qu’il y ait des individus par nature différents, c’est un défaut qu’on peut certes regretter et que nous ne serons vraisemblablement jamais capables de supprimer, mais il n’y a aucune raison d’en désespérer. Les individus ne sont pas plus vides dans notre système total que les trous dans le tamis. Bien que n’étant pas des éléments du tamis, ces derniers fonctionnent comme une partie de celui-ci et même la plus importante. Ils sont et restent incapables de faire quelque chose qui ne leur soit pas dicté par la taille, la matière et la forme du tamis » (6)
Comme un ordinateur, qui n’est à même que de construire des raisonnements par construction de suites de 0 et de 1, notre système structurel de pensée ne semble nous permettre uniquement de penser à travers lui. Il pré-empte la pensée et en ce sens, s’apparente bien à une figure de totalitarisme discret, invisible, puisqu’il n’entre pas en conflit avec la pensée, mais la conditionne au préalable, avant même qu’elle survienne - l’empêchant de survenir donc ; c’est un méta-système invisible pour la pensée puisqu’agissant en amont d’elle-même. En quelles possibilités de détournements croire alors dans un système annihilant l’altérité avant même qu’elle ne survienne ?
« Dans cette transformation générale, la nature du savoir ne reste pas intacte. Il ne peut passer dans les nouveaux canaux, et devenir opérationnel, que si la connaissance peut être traduite en quantité d’informations. On peut donc tirer la prévision que tout ce qui dans le savoir constitué n’est pas ainsi traduisible sera délaissé » Jean-François Lyotard (7)
Détournement, transformation et société technologique
De la même façon, il nous faut interroger le contexte machinique de notre époque pour tester la capacité effective de l’homme contemporain à détourner dans un système technocratique. En quels détournements coire, dans un monde réglé par la technique, la technologie, la machine ? Comment penser pouvoir détourner quelque chose que l’on ne maîtrise pas, sur lequel nous n’avons qu’une emprise limitée, que nous ne pouvons qu’utiliser ? La technologie, de ce point de vue, pourrait être vue comme, justement, une mise au pas de notre capacité à détourner, une mise en incapacité à être (sans elle, notamment), une domination verrouillant le système dans ce qu’il est déjà.
« La société technologique est un système de domination qui fonctionne au niveau même des conceptions et des constructions des techniques. (…) Une opposition efficace au système ne peut pas se produire dans ces conditions. » Herbert Marcuse (8)
On nous argumentera à la suite de cette citation de Marcuse sur « la société technologique » que la technologie permet, et que donc, de la sorte, elle « libère », elle offre une possibilité d’indépendance, d’autonomie. Cet argument, au-delà même de relever d’une démonstration fallacieuse, nous allons essayer de le montrer, est absolument faux, et plus encore, dangereux, en ce qu’il contribue à masquer la puissance de la technique moderne, son influence, et sa capacité à nous rendre, justement, incapables.
Tout d’abord, nous ne pouvons faire l’impasse sur l’argument toujours ré-invoqué par les critiques de la technique mais jamais entendu véritablement : nous ne sommes pas libres de la technique moderne, pas libres de l’utiliser comme un moyen au service d’une fin. La machine n’est pas l’outil, et le dispositif « téléphone » n’a que peu de rapport avec l’instrument « violoncelle » ou l’outil « marteau ». De quelle liberté effective de détournement, disposons-nous, avec la technique moderne ?
« Ce qu’il faut se demander aujourd’hui, c’est si nous pouvons disposer si librement de la technique. On ne peut se contenter de supposer que nous pouvons disposer effectivement de la technique » Günther Anders (9)
Si la société technologique permet, permet de communiquer avec n’importe qui, depuis n’importe où et n’importe quand par exemple, c’est qu’elle offre donc une puissance à l’individu, une capacité surnaturelle, inhumaine : celle de transcender ses perceptions corporelles – limitées - pour obtenir l’ubiquité, l’immédiatement, l’omniprésence. Mais nulle part dans ces affirmations il n’est question d’indépendance, d’autonomie, de singularité. Bien au contraire. En se rendant indispensable, la technologie met l’homme au pas, elle contribue à créer un environnement qui ne soit pas hospitalier pour l’humanité en l’homme seule, un environnement hostile pour l’individu sans technologie : la technologie devient un nécessaire pour survivre. Loin de permettre l’indépendance, elle créé une dépendance sans précédent. Ainsi, il est évident pour chacun qu’il est aujourd’hui extrêmement difficile d’accéder, en milieu urbain, à une vie sociale et professionnelle, sans technologie. La disponibilité téléphonique permanente, autant que l’accès constant à internet, sont devenues des « must » pour qui voudraient avoir une place dans la société contemporaine. Ce constat confirme notre appel : il faut différencier puissance et autonomie, et la technique moderne, si elle offre la puissance, fait perdre l’autonomie, la capacité à être sans technique. Elle « permet » donc autant qu’elle « empêche »… Reste, pour chacun, à juger de l’importance de ce qui a été perdu/gagné, et de faire le calcul selon ses propres valeurs, pour savoir si celle balance tend à un mieux ou non. Et à voir aussi quelle inégalité d’accès règle ces nouvelles nécessités technologiques ! Car comme le souligne avec justesse Ivan Illich, « la modernisation des « besoins » ne fait jamais que renforcer la discrimination à l’encontre des démunis » (10)…
Pour aller plus loin encore, il nous faudrait avoir le temps de montrer en quoi il est possible d’affirmer que la technique se substitue à l’homme qu’elle est sensée « servir », et va jusqu’à le remplacer, agissant à sa place, pensant à sa place, étant à sa place. Le principe de délégation que tout un chacun met en place pour lui-même de l’instant où il allume sa télévision, sa radio, ou tout autre dispositif discret de mise en incapacité à être, est, pour reprendre les mots d’Henri Maldiney (11), à voir comme une « défaite de l’être », un abandon du combat qu’il nous faut perpétuellement renouvellement pour être présent au monde, lui faire face, par nous-même, et depuis notre condition d’homme. Une insulte à l’être.
Il nous faudrait aussi avoir le temps de questionner d’avantage la technique, de discuter encore les écrits d’Anders, ces anthropologies philosophiques à l’époque de la technocratie* (12), dans lesquelles il nous faut relever, sur le thème de la transformation, ces propos qui résument bien la « mise en inquiétude » permanente à l’œuvre dans le corpus andersien :
« Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes. » (13)
Créer par soi-même les conditions de la liberté ?
Par ces questionnements, c’est de l’actualité de ce questionnement lancé par Hebert Marcuse il y a 50 ans que nous témoignons : « comment des gens qui ont subi une domination efficace et réussie peuvent-ils créer par eux-mêmes les conditions de la liberté?» (14)
Nous avons essayé de l’illustrer, nous assistons bien au développement politico-social d’une liberté de penser sans subversivité aucune, soit donc une liberté de ne pas penser, de ne pas remettre en question, littéralement de ne pas « questionner » la pensée, les idées, le monde. Et nous postulons donc que l’issue ne puisse passer par une recherche de la « liberté intellectuelle » (« liberté » que nous avons déjà, d’une certaine façon – mais, fait simple à constater, « liberté » qui ne suffit pas à nous permettre de créer les conditions de la liberté effective de penser la marge, de penser en marge, de même juste penser), mais que cela doive passer par la recherche du sens à accorder à l’idée d’ « activité intellectuelle effective ». Soit donc que signifie encore penser en autonomie ? C’est la notion d’autonomie qui, finalement, est centrale dans cette recherche sur la liberté et la dignité de penser. A une époque « nous sommes dispensés d’avoir à juger par nous-mêmes, et ce d’autant plus radicalement que nous ne pouvons pas nous empêcher de prendre le jugement qu’on nous livre pour la réalité elle-même »(15), qui peut se prévaloir encore d’une pensée authentique – ou disons plutôt, de penser authentiquement ?
La défaite de l’être, à l’heure du tout confort, ayant définitivement pris le pas sur la volonté qui pourrait encore sommeiller en chacun, c’est l’indignation qui s’est éteinte (Le succès de l’ouvrage « Indignez-vous » n’en étant que la preuve aberrante - Rem Koolhaas n’a-t-il d’ailleurs pas relevé avec justesse qu’on ne commémore que ceux que l’on a assassiné ? (16)), c’est la révolte qui se meurt dans le lit du bon sens, ce champion de l’anti-intellectualisme, héros de la non-pensée ? (17)
Si « penser » est, à proprement parler une action, alors peut-être est-on certain de « penser » effectivement si et seulement si nous sommes présentement dans l’action de penser. Notre réflexion souligne qu’il faille mettre en débat les conditions effectives de possibilités de penser encore dans notre société contemporaine, face à la défaite de l’être et à ce qu’il a été appelé « le totalitarisme invisible ». Par-là donc, il a été envisagé qu’avant de pouvoir penser le détournement, il nous faille comprendre le modèle que celui-ci tente de remettre en cause, dans ce qu’il a de plus profond, dans ses mécanismes les plus invisibles et complexes. C’est donc une étude illustrée sur les conditions de possibilités d’émergences que nous allons essayer de mettre en œuvre ici, ou du moins que nous allons tenter d’initier, espérant permettre à chacun de continuer, ou non, à vérifier par ses propres moyens, et au-delà de ce court essai, l’affirmation suivante : la société de la liberté d’expression permet tout sauf sa propre remise en question, et la liberté de penser ne s’applique que dans le cadre où l’ensemble de ce qui est dit ne représente aucun danger pour elle. C’est-à-dire donc une situation où liberté de penser signifie absence de pensée.
Retrouver son autonomie, le combat d’une vie
…« alors qu’elle seule est capable de faire s’épanouir son univers, l’action de l’homme, autonome et créatrice, s’atrophie (…) l’homme cesse d’être définissable en tant que tel lorsqu’il n’est plus capable de modeler ses propres besoins par l’emploi plus ou moins compétent des outils que lui fournit sa culture »… Ivan Illich (18)
Notre étude sur les possibles envisageables a cherché à questionner l’idée de « capacité » pour penser notre condition contemporaine, pour chercher à comprendre, de quoi justement sommes-nous capables, qu’espérer pouvoir changer, et comment. En ce sens, l’essai rejoint le combat mené durant toute une vie par Ivan Illich, sur la perte de l’autonomie. Sur ce point, nous rejoingnons sans réserve les commentaires de Thierry Paquot, qui écrit au sujet du corpus des œuvres d’Ivan Illich, il convient impérativement de lire et de relire cette pensée pensante qui, tel le ricochet d’un caillou plat sur la surface de la mer, rebondit d’une idée iconoclaste à un principe sans âge, d’une intuition géniale à la remise en cause d’une fausse évidence.(…) Cette pensée pensante dérange, ébranle, réveille et émerveille. Aucun lecteur, non, aucun, ne sort indemne d’une telle lecture, à la fois vivifiante et sans sentimentalité. » (19) Il faut lire et relire ses œuvres singulières, intéressantes au plus haut point d’ailleurs pour les architectes, et sur ce point je renvoie aux toujours précieuses notes « de bas de page » : (20). Et pour en revenir à Ivan Illich, on notera les écrits qu’il réalisa notamment avec Jean-Pierre Dupuy sur la dialectique autonomie / hétéronomie, écrits que l’on retrouve étonnamment synthétisés dans cet extrait de Simulacres et simulation (1981) :
« Les gens ne se regardent plus, mais il y a des instituts pour ça. Ils ne se touchent plus, mais il y a la contactothérapie. Ils ne marchent plus, mais ils font du jogging, etc. Partout on recycle les facultés perdues, ou le corps perdu, ou la socialité perdue, ou le goût perdu de la nourriture » (21)
Ici avec Jean Baudrillard nous retrouvons le témoignage de la perte constatée d’autonomie (22). Et de quoi s’agit-il alors ? est-il fait état d’une perte d’autonomie, ou d’une perte de la capacité à être autonome ? Sommes-nous rendus incapables d’autonomie ? Ou est-ce simplement comme si nous avions « oublié » notre capacité à être par nous-même ?
La révolte, ici et maintenant.
…« Mais alors pourquoi n’assiste-t-on pas à des révoltes contre cette dérive de la société industrielle avancée qui finit par n’être plus qu’un immense système mutilant de fourniture de services ? La principale explication réside dans le pouvoir qu’à celui-ci d’engendrer des illusions. (…) Outre qu’elle apprend à lire à l’enfant, l’école lui apprend qu’il est « meilleur » d’étudier avec des professeurs et que, sans la scolarité obligatoire, les pauvres liraient moins de livres. (…) Une part toujours croissante des fonctions de nos principales institutions est d’entretenir et de renforcer trois jeux d’illusions qui transforment le citoyen en client ne pouvant attendre son salut que des experts» Ivan Illich (23)
Pourquoi donc sommes-nous incapables de détournement ?
Parce que nous attendons que des experts du détournement, que des révolutions technologiques, que des marchandises prêtes-à-consommer, que des kits révolutionnaires,
le fasse à notre place.
Parce qu’à travers l’illusion monumentale mise en place, nous sommes réduits au silence, mis en incapacité à penser, à être présents au monde, à être ouverts aux possibles qui adviennent, à l’autre, dans sa singularité, sa souffrance.
Ce qui se partage, c’est ce qui ne se possède pas, le monde du sensible.
L’autonomie n’est une quête qu’en ce qu’elle seule permet de s’ouvrir à nouveau à l’autre : nullement elle n’est une recherche d’indépendance vers une solitude, bien plutôt elle doit être réalisée comme passerelle vers la singularité qui nous anime, vers l’humanité en l’homme qui seule ouvre vers la convivialité.
NOTES
(1) Définition de « révolution » - à compléter
(2) NB. Ce premier point est important puisqu’il souligne la différence fondamentalement entre détournement et transformation, et que l’un n’est pas forcément vecteur de l’autre, ni qu’ils contribuent à la même chose.
(3) L’ouvrage a été « censuré en 1939 par le ministère français des affaires étrangères, détruit en 1940 par les allemands, ce traité classique de psychologie sociale a été finalement réédité au début des années 1950 dans une version augmentée et actualisée » – extrait de la 4e de couverture de l’édition Gallimard de 1992.
(4) Société « totalitarisme », « conformisme », peu importe l’appellation qu’on souhaite en définitive lui donner. Notons simplement sur ce point cette note d’Anders, p.120 de l’OH2 : « j’utilise l’adjectif totalitaire aussi rarement que possible, et à vrai dire parce que je considère qu’il est mal employé et à peine moins suspect que la chose qu’il désigne. » Il précise par la suite sa pensée, qui réfère clairement à la position occidentale dans le contexte de la guerre froide d’alors : « on sait que cette expression est employée presque uniquement par des théoriciens et des politiciens qui affirment solennellement être citoyens d’Etats non ou anti-totalitaires – ce qui la plupart du temps revient à faire de l’auto-justification ou de la flatterie ». Ces extraits, tirés de L’obsolescence des machines, de 1969, seront confirmés dans la posture anderssienne, par l’Obsolescence de l’individu, texte de 1970, qui traite lui exclusivement du totalitarisme occidental, et dans lequel le système totalitaire a été remplacé dans les termes par « conformisme » (cf. OH2, p.131 / p.185)
(5) Cette idée du modernisme comme trans-formation « équivalente » et infinie, est une thèse développée notamment par Harold Rosenberg, notamment dans son ouvrage La dé-définition de l’art
(6) Extrait du manuel du conformisme molussien – cité dans l’Obsolescence de l’Homme tome 2, p.131
(7) Jean-François Lyotard, La Condition Postmoderne, Paris, Ed. Minuit, 1979, p.12-13 – il nous faut rappeler que d’autres avant lui avaient évidemment noté la chose, dont, à nouveau, toute « l’école de Francfort », dont il est question abondamment dans cet essai : Adorno, Horkheimer, Marcuse, etc.
(8) Herbert Marcuse, pp.24 et 31, l’Homme unidirectionnel, Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée, Editions de Minuit, trad. Monique Wittig (1968), depuis One dimensional man (1964)
(9) Günther Anders, L’Obsolescence de l’Homme Tome 2, p.126
(10) Ivan Illich, Le Chômage Créateur, Seuil, 1977, p.38 dans les œuvres complètes vol. 2, Ed. Fayard, 2005.
(11) Voir à ce sujet Chris Younès, Henry Maldiney – Philosophie, art, existence, ed. cerf, 2007
(12) Günther Anders, Préface, Juin 1979, de l’édition Fario de 2011, op. cit.
(13) Günther Anders, 4e de couverture de l’édition Fario de 2011, op. cit.
(14) HerbertMarcuse, op. cit., p.34
(15) Günther Anders, op.cit., p.187
(16) Rem Koolhaas, Junkspace - Repenser radicalement l'espace urbain, Payot, 2011
(17) On connait à ce propos le combat mené par Roland Barthes contre le bon sens, voir notamment son ouvrage majeur Mythologies,  Éditions du Seuil, Paris, 1957
(18) Ivan Illich, p.32 et 73, op. cit.
(19) Thierry Paquot, Préface aux œuvres complètes vol.2, op. cit.
(20) Architectes qui ont trop vite tendance à oublier que leur métier lui-même est basé sur un principe de délégation, et qu’il entraine fréquemment dans son application une mise en incapacité à être en autonomie de la part de la maîtrise d’ouvrage … il faudrait relire ne serait-ce que L’art d’habiter, ou Le message de la chaumière de Bapu (Dans Le miroir du passé, conférences et discours, 1978-1990, Editions Descartes et Cie, 1994), à défaut d’avoir le temps de parcourir son œuvre toute entière, qui en tout point contient des perles sur la façon qu’à l’homme d’habiter le monde, son rapport à l’espace et au construit, au naturel et à l’artificiel… et qui elle-même n’est qu’un manifeste pour une réappropriation par l’homme de son monde… Quelle lutte est plus importante, quel propos plus approprié pour ceux à qui l’ont a octroyé le droit de dessiner l’apparence des établissements humains ?
(21) Jean Baudrillard, p.27, Simulacres et simulation, Galilée, 1981
(22) Faut-il préciser sur ce point d’autonomie que nous nous situons dans nos propos aux antipodes du « Do it yourself » et du Way of life américain rêvant de l’homme qui est arrivé « au sommet » par ses propres moyens. Car à nouveau, il n’est ­dans ce « sommet » qu’un objectif donné par la société elle-même, et celui qui y parvient n’a pas fait preuve d’indépendance mais au contraire d’un conformisme exemplaire. Soit pour le dire en d’autres mots : il n’y a aucune singularité à gravir les échelons de la société capitaliste, aucun détournement à construire soi-même son meuble Ikea, aucune autonomie à bricoler depuis un « kit » bricolage. Le Do It Yourself est en réalité l’exact opposé de la pensée de l’autonomie que nous voudrions ici souligner, c’est l’avatar cynique de la société conformiste tentant de récupérer (encore une fois), sous couvert d’innocence, les accents de singularité ou d’indépendance qui en viendrait encore à poindre chez le consommateur mis en léthargie.
(23) Ivan Illich, p.69, op. cit.
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