Tumgik
#réformedulycée
surmonnuahj-blog · 4 years
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Mon B-O / feuillet 1
Depuis le 14 novembre, je suis en arrêt de travail.
Une première alerte est arrivée le 15 octobre. Ce jour-là, je suis partie du lycée à la récréation. Sous le coup d’un trop-plein, un trop-plein de tout, de tout ce que constituait ma fonction et l’étau dans lequel on l’enfermait.
Puis, deux semaines après la reprise des vacances de Toussaint, je me suis effondrée en salle des professeurs. Et ce fut tout.
Pendant les quinze premiers jours j’étais encore approximativement en forme physique. J’avais besoin de dormir souvent mais j’avais encore envie de faire des choses, autres que le travail. Je ne pouvais plus toucher un livre, une copie. Tout ce qui me rappelait le travail m’emplissait d’une grande colère. J’éprouvais une grande violence envers le système, les collègues, les élèves, tout ce qui était lié à mon métier.
Puis, après ces quinze jours, je me suis écroulée, littéralement. Mon corps s’est vidé de son énergie. Et mon esprit de ses envies. Je me suis sentie vide, inutile, futile. Bonne à rien, puisque ne servant plus à la société. J’ai dormi, des journées durant, ne contrôlant plus l’horloge, me faisant sortir du lit par les impératifs scolaires de mon fils ou les objectifs minimalistes que je me fixais : aller acheter du pain, aller à une réunion de parents d’élèves.
Mon moral est actuellement en dents de scie. Je dépense au centuple l’énergie que je déploie pour chaque action. Je sais que si je me déplace ou si je sors de la maison pour une action quelconque, j’aurai besoin de récupérer en sommeil supplémentaire à ma nuit. Ce qui le coûte le plus est de faire bonne figure. Les rapports sociaux m’ont toujours épuisée, car ils ne me sont pas naturels.
N’étant pas capable de mener des travaux intellectuels, mes activités pour le moment sont essentiellement manuelles : je couds, je cuisine un peu. Je ne suis pas encore parvenue à dessiner. Je lis peu et très difficilement.
J’ai besoin de me tenir à distance de mon travail car il suscite en moi des angoisses vives et un sentiment d’oppression intense dans la mesure où je ne suis plus capable de l’exercer ni physiquement ni intellectuellement.
Je paye aujourd’hui des années d’excès à me lever à 4h pour corriger des copies, préparer des cours, multiplier les projets professionnels. Et, alors j’ai toujours navigué dans les marges, je ne me crois plus capable de continuer à enseigner le français en lycée, dans ce contexte de réforme. Je ne sais même pas si je suis pas capable de continuer à enseigner tout court, dans l’Éducation nationale. Je sais que je parviens à apporter quelque chose  aux élèves, puisque depuis mon arrêt, j’ai reçu de leur part plusieurs messages de soutien. Mais je vais devoir me reconstruire autrement, je ne sais pas encore comment. Le temps est venu de récupérer de l’énergie pour envisager mon avenir professionnel de manière positive.
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sntrabelais-blog · 5 years
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Saluuuuut, compte sur la SNT, (Sciences Numérique et Technologique) dans le cadre d’un cours.
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nicolasanoto · 3 years
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Ecologie: des profs pour sauver la civilisation?
Il y a 10 ans, alors que mes responsabilités politiques m’amenaient à m’intéresser aux biens communs, à la gestion de l’eau, de l’énergie, aux politiques agricoles et aux politiques industrielles, en vue des présidentielles, tous les acteurs que je rencontrais, dans tous les domaines, étaient pressants : il fallait agir MAINTENANT pour engager la transition de l’économie vers un modèle durable, sortir du jetable, de l’obsolescence programmée, pour entrer dans une société de sobriété. C’était en 2011. Il était encore possible, avec une volonté politique tenace, d’engager un changement de modèle de production et de consommation dans une des plus grandes puissances mondiales. En espérant un effet boule de neige sur les économies de l’OCDE.
En 2021, nous ne sommes plus dans l’urgence, c’est fait, nous allons subir les conséquences du changement climatique, nous allons voir les crises se multiplier, gérer des conflits d’usage, des pénuries...mais nous pouvons encore agir pour que les transformations qui vont inévitablement apparaître ne signifient pas aussi notre disparition.  Il y a des changements à faire qui sont impopulaires, qui remettent en cause nos modes de vie, mais qui ne nous empêcheraient pas d’être heureux, d’avoir des enfants, et de prévoir un avenir « normal ». La crise sanitaire que nous vivons est intéressante à ce titre, elle remet déjà en cause notre capacité à nous projeter, change notre vie quotidienne...là où on attendait des crises sécuritaires, climatiques, c’est une crise sanitaire qui nous force à faire ce pas de côté sur notre mode de vie pour réfléchir à ce qui était « normal ».
Je ne sais comment l’exprimer, c’est un peu délicat à dire, mais je remets en question des régimes politiques où des échéances électorales trop rapprochées dans le temps limitent le débat politique à une pacotille démagogique qui va du débat sur la fiscalité, aux ronds-points à aménager, en passant par la création de nouvelles zones commerciales en périphérie.
Je suis énervé, et je me pose des questions sur la capacité de la démocratie telle qu’elle s’organise actuellement, notamment, en France, avec des modes de scrutin très discutables, pour dépasser cette crise. Je me dis qu’une démocratie écologique, pensée pour le long terme, à même de prendre des décisions durables, impopulaires, immédiates, fortes, ne peut pas sortir du régime actuel. Et cette question du régime, de la 6ème république, sera déterminante dans mes choix.
En cette fin d’année, les librairies sont pleines de bouquins qui donnent des solutions pour « bifurquer ». Netflix est plein de séries sur la fin du monde. Nous vivons une première crise mais inconsciemment nous savons qu’elles vont se répéter. Mes élèves peut-être en sont encore plus conscients que ma génération.
Il y a des solutions. Je les avais découvert avec étonnement dans un ouvrage qui a plus de 10 ans, « Le plan B » de Lester Brown où l’auteur proposait de sauver la planète pour 93 milliards d’euros : planter des arbres dans le Sahel, par exemple, aurait un effet climatique, agricole, majeur. Dans tous les domaines, des solutions existent. Des barrières douanières écologiques et sociales à l’entrée de l’Union Européenne, on en parlait dans la motion « Un monde d’avance » il y a 10 ans aussi. La transition énergique, en économisant l’énergie et en la gérant dans des réseaux énergétiques locaux, l’association Negawatt en parlait il y a 10 ans encore. Dans mes cours de cinquième, j’explique aux élèves qu’une entreprise développe des fours solaires en Afrique, à bas prix, pour éviter de brûler du bois.
Et pourtant, rien ne se fait, et si nos modes de consommation changent un tantinet, si le vélo prend toute sa place dans les métropoles, ce n’est qu’un frémissement qui ne peut absolument pas être considéré comme positif. Le jour où la classe moyenne chinoise voudra manger un steak de bœuf par semaine, le jeu est fini. Et au nom de quoi on empêcherait les pays émergents de copier notre mode de vie qui dépense 3 planètes chaque année ?
Qui peut mettre en avant les solutions nécessaires ? Pas d’organisation mondiale. Les organisations régionales ne sont pas assez solides. Les régimes étatiques ne le permettent pas, ce serait un suicide politique. Ce qui n’a pas empêché la Finlande et la Nouvelle Zelande d’agir, pourtant. Les collectivités territoriales n’ont pas assez de leviers en main pour mener des politiques globales (à part les intercommunalités, qui ressemblent un peu aux bio-régions solidaires que souhaite Yves Cochet), et les entreprises n’ont aucun intérêt, au vu des politiques fiscales ou des réglementations à mettre en œuvre d’elles-mêmes les changements nécessaires (transports, construction, énergie, il s’agit pourtant bien de normes qui passent par la loi nationale, avec ou sans transposition).
J’en viens à notre responsabilité comme éducatrices et éducateurs.
J’aimerai dire qu’à ma place, comme militant d’un syndicat enseignant, je fais tout ce que je peux pour agir. Ce n’est pas le cas. Mais je vais essayer. L’emprise scolaire, en France, après celle du ministère de la Défense, est sans doute la première en superficie. Nous pourrions l’utiliser au service de la transition énergétique et de la biodiversité. Nous parlons à 12 millions d’enfants et d’adolescents chaque jour. Nous pourrions travailler avec eux sur les solutions sociales, économiques et écologiques qui nous sauveront.
Mais notre ministre privilégie les fondamentaux. Nous pourrions travailler avec eux sur les compétences du 21ème siècle, la créativité, la coopération, la solidarité qui sauveront notre monde. Mais les compétences transversales sont les grandes oubliées de la réforme du lycée en cours de mise en œuvre. Nous pourrions faire des près de 900 000 enseignants les hussards verts de la transition de nos modes de vie, de la résilience face aux crises à venir, mais on recrute surtout de bons historiens, de bons économistes et de bons linguistes.
Face à tous ces défis, ma bonne résolution pour 2021 est au moins d’essayer.
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