Critiques cinémas et analyses d'un journaliste liégeois. Qu'importe le synopsis, on veut du ressenti. Facebook.com/critiquequantique - @Bkrywicki
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Top 21 films 2021
Quelle année pour le cinéma ! En 2021, l’animation occupe une place de choix dans mon top, avec les indétrônables Pixar, mais aussi des surprises comme Le Peuple Loup ou Le Sommet des Dieux.
21) Le sommet des Dieux de Patrick Imbert
20) Mandibules de Quentin Dupieux
19) Don’t look up de Adam McKay
18) France de Bruno Dumont
17) Benedetta de Paul Verhoeven
16) Bad Dreams d’Anthony Scott Burns
15) Saint Maud de Rose Glass
14) Promising Young Woman d’Emerald Fennell
13) La Nuée de Just Phillipot
12) Le discours de Laurent Tirard
11) Sans un bruit 2 de John Krasinski
10) Les Mitchell contre les machines de Michael Rianda et Jeff Rowe
9) The French Dispatch de Wes Anderson
8) Nomadland de Chloé Zhao
7) Louloute de Hubert Viel
6) Le peuple loup de Tomm Moore et Ross Stewart
5) Médecin de nuit d’Elie Wajeman
4) Titane de Julia Ducournau
3) Annette de Leos Carax
2) Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
1) Luca de Enrico Casarosa
Bonne année cinématographique 2022 à toutes et tous !
Boris Krywicki
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2012-2021 : dix ans de pratique ludique
D’un point de vue ludique et personnel, cette fin d’année 2021 a marqué un événement de taille : voilà une décennie que je comptabilise numériquement mes parties de jeux de plateau et de cartes via une application. Ce recueil me permet de garder un œil attentif sur ma ludothèque : les titres qui prennent la poussière, ceux qui l’époussètent ; ceux qui sortent du lot, les autres qui méritent d’intégrer celui des reventes.
Outre cet appui pour émonder ma forêt de quatre-cent références, ce comptage revêt une fonction d’aide-mémoire : qui avait gagné, cette fois-là ? « Moi, je perds tout le temps » : détrompe-toi, les écrits prouvent l’inverse. « Ce jeu, je n’y ai jamais joué » : ta mémoire te fait défaut, l’archive ne ment pas. Ces dix ans de souvenirs constituent un almanach passionnel d’un loisir à la valeur sentimentale croissante, même si son écumage demeure non-exhaustif. Amateurs de chiffres, ça se passe en fin de post, au terme d’un récit éclairant mon rapport à la pratique.
2001 : l’odyssée ludique
Même si j’ai, bien sûr, attaqué le jeu de société dès l’enfance comme beaucoup d’autres chanceux.ses (Échecs, jeux de cartes traditionnels, Dix de chute, Qui Est-ce, Pièges et autres boîtes à rêves de chez MB), j’ai découvert le jeu de société moderne à l’âge de neuf ans, avec Elixir de Sylvie Barc, Frédéric Leygonie et Juan Rodriguez (merci Étienne, si tu me lis). Ce classique familial, avec ses relents de jeu d’ambiance (les sorts à un ingrédient vous affublent d’un gage rigolo jusqu’au bout de la partie) m’a fasciné, selon mes souvenirs, grâce à la variété de ses situations et la simplicité de ses règles (les cartes mènent la danse de la partie). Ce titre a atrocement vieilli aujourd’hui, mais il renfermait ce qui cause encore vingt-deux ans plus tard mon attrait magnétique pour l’art ludique : la magie de l’interaction couplée à la malice des actions.
Me voilà embarqué dans le train, qui vire rapidement d’aiguillage pour rejoindre la fièvre à collectionner de Magic : L’assemblée (au moment de la septième édition, début 2001), le jeu de rôle Warhammer (auquel je ne jouerai vraiment que dix ans plus tard, mais dont je dévorais en boucle le livre du maître de jeu)… Bref, des univers trop grands pour moi, qui me tançaient sans que je puisse les investir comme ils le requéraient. Qu’importe : le pion était entré dans la bergerie. Dans son sillage, des années de jeux de cartes à collectionner : Yu-Gi-Oh, Pokémon, Duel Masters… Et des centaines de prototypes personnels inaboutis de créations ludiques, de Monster Energy à Donjons et Cornichons.
2006 : amoncellement en berne
Autour de mes quatorze ans, avec l’arrivée de l’argent de poche, les premières acquisitions personnelles déboulent dans ma besace. Des achats à l’instinct, irréfléchis et souvent inadaptés au conciliant public familial qui daigne me suivre dans la spirale. Aussi, les œuvres de l’époque se révélaient objectivement moins qualitatives : je ne blâme personne d’avoir rechigné à se joindre à moi pour s’adonner à Boursicocotte, Carambouille ou aux Fils de Samarande de (déjà) Bruno Cathala. Parmi les pioches erratiques de l’époque en surnagent aussi des bonnes, qui ont conservé leur place dans ma collection seize ans plus tard malgré les fréquentes vagues de départ. Dungeon Twister (Christophe Boelinger) et ses multiples extensions (j’en ai conservé trois), une perle du jeu d’affrontement à deux joueurs. Drôles de Zèbres (Bruno Cathala), avec son astucieuse mécanique de placement qui devrait plaire à ma fille d’ici quelques printemps. Ces exemples relèvent de l’exception, tant mon manque d’expérience et de recul drainait à l’époque des œuvres peu aguicheuses dont l’intérêt s’émoussait avec célérité (Amazones de Philippe des Pallières, Elefantissimo de Valéry Fourcade…), au point d’user la patience de mes camarades de jeu.
J’ai bien passé quelques soirées à la boutique Fol’ en Jeux de Verviers pour élargir le cercle et rencontrer d’autres adeptes, mais ces escapades exceptionnelles ne pouvaient pas remplacer la réjouissances de partenaires réguliers à domicile. Las à mon tour de forcer la main de mon entourage pour qu’on la tende à mes propositions insistantes, j’ai fini par mettre de côté ce loisir au profit des jeux vidéo.
2011 : renouveau renouvelé
Comment ai-je rechuté, docteur ? Mi-2011, alors étudiant en journalisme, je retombe par hasard sur le site Tric Trac, un média français spécialisé de référence que je consultais assidûment à l’adolescence en parallèle du magazine Plato. S’annonce ce mois-là la sortie de Skull And Roses (aujourd’hui rebaptisé Skull, mais je possède toujours la première édition), un jeu de bluff et d’ambiance intriguant composé uniquement de quatre cartes rondes par joueur.euse, au format « sous-bock » de surcroît. Plus spécifiquement, je suis piqué au vif par le duo auteur-éditeur interviewé : Hervé Marly et Philippe des Pallières, dont j’ai toujours suivi le travail, à commencer, comme tout le monde, par les Loups-Garous de Thiercellieux, que j’exècre aujourd’hui mais qui m’avait aspiré en son temps, au point que je conçoive mon propre titre à identité secrète, « Les Monstres de Olne ». Skull and Roses a l’air drôle, accessible, diaboliquement malin. Surtout, la vidéo de présentation, encore en ligne, m’harponne par son rythme : la partie commence dès la première seconde, et les explications seront distillées au fil du déroulement. Je ne regarde pas un ennuyeux tutoriel mais un récit tissé de rebondissements et de coups fourrés.
C’est décidé : la petite boite carrée sera parfaite pour animer les larges moments de libre laissés par les horaires universitaires espacés et la vie urbaine bien entourée. Et en investissant le magasin où m’étaient offerts mes boosters de cartes Magic naguère, difficile de ne pas se laisser tenter par les murs d’alléchantes boîtes promettant de la stratégie plus conséquente. Allez, succombons : j’acquiers à l’instinct Smallworld (Philippe Keyaerts), 7 Wonders (Antoine Bauza) et King of Tokyo (Richard Garfield). Trois incontournables que je possède encore : je conviens que j’aurais pu plus mal tomber.
2012 : l’apnée en plongée
À compter de l’ouverture de ces trois écrins, la tornade ludique ne s’estompera plus jamais. Débutent les premières soirées jeux à mon appartement en semaine et leurs journées homologues en week-end avec ma famille. De lourds sacs trop remplis sont trimballés d’un domicile à l’autre. La collection s’élargit à vue d’œil. L’investissement de la plateforme web Board Game Arena me permet une pratique quotidienne et soutenue, notamment avec ma compagne de l’époque qui ne vit pas en ville (nous nous séparerons dans le courant de l’année). Des amis sonnent à la porte, parfois dès huit heures du matin, pour jouer avant les cours. Les parties pleuvent, et je décide de commencer à les encoder dès janvier 2012 sur Tric Trac. L’outil de celui-ci, particulièrement peu ergonomique, connaîtra une refonte courant 2013 qui assassinera la précision de mes statistiques et me fera migrer vers la référence américaine BoardGameGeek.
Lors de ces années estudiantines, je me renseigne beaucoup plus avant d’acheter. Je fais connaissance avec mon éditeur favori, Ystari (c’est aussi le nom de notre premier chat), et le jeu qui s’impose aujourd’hui encore comme mon préféré, Race For The Galaxy. La taille modeste de ma ludothèque (une cinquantaine d’entrées) me permet de réellement approfondir les titres qui la composent. 88 face-à-face à Dominion, 73 envolées spatiales de la boîte chérie citée ci-dessus, 46 duels à Sarena (Christophe Boelinger), 44 méli-mélos temporels d’Innovation (Carl Chudyk)… Je joue beaucoup à deux et, autour de la rentrée scolaire, ose initier la personne qui partage ma vie aujourd’hui. Elle accroche, et plus jamais on ne décroche, ludiquement comme sentimentalement. Je pêche de nombreuses perles que je possède encore à l’heure actuelle, de Glen more (Mathias Cramer) à Metropolys (Sébastien Pauchon). Petit-à-petit, je contamine l’ensemble de mon entourage. Frères, cousin(e)s, parents voire grands-parents, amis, copains, inconnus rencontrés sur des groupes d’amateurs, camarades de promo… Plus besoin de quémander pour jouer : la communion à table devient un plaisir partagé.
2013-2020 : montagnes russes de ruse
Nombre de parties jouées chaque année
Si elles connaissent des pics et des creux, les quantités de parties jouées chaque année restent stables à partir de cette période charnière. À travers les chiffres transparaissent les événements majeurs de notre vie, puisqu’il n’y a pas de loisir plus intriqué dans les plis et remous de l’existence que le jeu de société. 2019, qui est la moins animée ludiquement, marque un grave incident qui nous a atteint d’interminables mois, mais aussi, en novembre, l’arrivée de notre fille, bien plus heureuse, qui a forcément réduit la voilure. 2021, sur laquelle je reviens dans le prochain paragraphe, est justement rythmée par les jeux « enfants » en sa compagnie, au point que le rituel « on fait un jeu, papa ? » résonne en boucle obsessionnelle chaque matin.
Voilà aussi ce que je cherche en comptant les parties : comme un album familial, les entrées dans BoardGameGeek collationnent les souvenirs heureux, les moments de calme, l’ataraxie partagée, la plénitude ouatée et casanière que j’affectionne particulièrement. Les jeux accompagnent nos soirées, nos virées, relatent les rebondissements, les rencontres, les rires et les extirpations du tumulte. Je ne les pratique pas pour le plaisir de la performance. Les tournois m’exaltent peu. Je sors une boîte pour l’amour de l’habitude, labourant patiemment la connaissance d’une œuvre, ou l’enthousiasme du « faire découvrir », le « montrer », comme on déboucherait une bonne bouteille avec l’envie que nos invités en profitent et s’imprègnent de notre enthousiasme. Jouer en ligne avec des inconnus constitue un passe-temps, mais s’attabler avec des personnes qui me sont chères incarne une passion authentique. Les curieux.ses peuvent explorer en détail l’étalage annuel de mes parties en cliquant ci-après : 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020.
2021 : ascendance de la descendance
L’année écoulée fut record grâce à notre fille. Je ne trouve aucune gloire à arborer des statistiques gonflées par les parties courtes de jeux « enfant » qui s’enchainent (ses préférés sont Détective Charlie, Attrape-rêves, Une cuillière pour Martin, Monsieur Carrousel, Bubble stories, Doudou, La Chasse aux Monstres, Dali le renard…). Par contre, je me félicite que nous ayons instauré aussi tôt une telle activité de partage, développant l’imaginaire, la patience et l’apprentissage (clairement, nous devons sa connaissance des couleurs à sa ludothèque) sans dénaturer l’amusement – au contraire, il trône au centre de ce moment d’échange.
En marge de la paternité, 2021 a marqué le réel développement de l’association que j’ai co-fondé, La Bulle Ludique, désormais organisatrice de rassemblement ludiques réguliers. Entre les explications de règles qui relèvent de mon devoir, ces cocons ont permis la rencontre de partenaires devenus fidèles et, surtout, l’éclosion d’amitiés (dont une très forte en particulier) qui ne sont pas près de s’étioler. Nous avons investi ensemble le salon spécialisé d’Essen, mais aussi la plateforme Twitch, pour des discussions en direct autour de notre passion commune qui trouvent doucement leur public. Avant de représenter des amas de chiffres, la pratique du jeu consiste en une ferveur partagée avec des gens que j’apprécie profondément, comme j’aime les discussions interminables sur le cinéma. Jouer avec des amis avec lesquels on se sent en phase revient à s’évader du temps, à oublier tout l’accessoire, et raffermit les liens, la confiance et la camaraderie.
Au rang des bémols, je ne cache pas un sentiment de débordement. 2021 a marqué la fin de ma thèse, et je n’ai évidemment pas échappé à l’harassant sprint final de travail. Acquérir ces 148 (!!!) nouveaux jeux sans avoir le temps de pleinement m’y adonner a constitué un exutoire déraisonnable, encouragé par le flot insensé de nouveautés, joyeusement dénoncé par l’équipe sensationnelle de la boutique Le Passe Temps. Trop de bons titres, de propositions alléchantes, de références d’autrefois dont il conviendrait de s’acculturer. Côtoyer des « ludistes » aguerris devrait désormais me mener à la sagesse, à des achats plus espacés, mesurés, sous-pesés, même si le premier réflexe a plutôt enclenché une énième ribambelle d’excès, comme si des partenaires de jeu inédits nécessitaient forcément d’étoffer mon catalogue. Alors que, j’ai dû le réapprendre, il n’y a pas plus agréable que de présenter une œuvre millésimée de sa collection à ses camarades récents pour déceler dans leurs yeux un reflet de votre propre étincelle. Qu’ils soient « gros », « petits », « d’ambiance », « de stratégie », « enfant », « experts », « familiaux »… longue vie aux jeux, qui restent l’un des rares loisirs tissant la société.
Les jeux les plus joués en 2021
Les 60 jeux les plus joués durant ces dix années
Stats en vrac sur ma collection
Bonne année ludique 2022 à tous et toutes !
Boris Krywicki
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Tops quantiques 2020 - JEUX VIDÉO
Après le top des films de ce lundi, il me restait à vous partager mes meilleurs découvertes vidéoludiques de l’année écoulée. La moisson fut logiquement prolifique : le confinement m’a décidé à acquérir un PC digne de ce nom et j’ai pu découvrir de nombreux titres, anciens et récents. Précision importante : je n’ai pas encore cédé aux sirènes de la nouvelle génération de consoles (et je n’ai d’ailleurs pas encore choisi à qui de Sony ou Microsoft je prêterai allégeance une fois les magasins réapprovisionnés) Voici les nouveautés que j’ai retenues.
10. Crash Bandicoot 4 de Toys for Bob
À n’en pas douter, Toys for Bob a complètement ingéré la philosophie pointue et frustrante du level design « bandicootien » : on meurt, on réessaie, on s’acharne. J’ai le vertige rien qu’à imaginer des performances « 100% », tant il me semble impensable de parcourir ces niveaux biscornus à la perfection. Découvrir leur inventivité en « casual » (en activant parfois l’option « vies infinies » pour ne pas devenir fou) s’est révélé très plaisant. Dommage que les stages annexes paraissent aussi anecdotiques.
9. Ghostrunner de One More Level Une sorte d’Hotline Miami en 3D remplie de combats en arène intenses (on meurt dès que l’on est touché) et de défis de plateformes satisfaisants à relever. Ce très sympathique jeu d’action pêche sur deux aspects : une direction artistique monocorde peu inspirée (on s’en remettra) et, plus fâcheux, quelques séquences de réflexion ( !) qui casse complètement le rythme. Une bonne surprise tout de même, à réserver aux clients de la formule « die and retry ».
8. Streets of Rage 4 de LizardCube Bande-son démoniaque, gameplay aussi épuré qu’efficace, Streets of Rage 4 se déguste mieux à plusieurs, avec une fluidité solide, même en local. Hypnotisant même lorsqu’on n’y voit pas une madeleine de Proust, ce beat ‘em all nerveux constitue probablement le meilleur défouloir de l’année.
7. The Last of Us - part. 2 de Naughty Dog Si je n’ai pas été aussi ébloui que certains.es, je reconnais le tour de force narratif et ses vertus. Parfois un peu classique dans son gameplay et moins orienté « survival » que le précédent, Last of Us 2 comporte d’authentiques séquences renversantes et, étonnamment, ne m’a pas semblé trop long.
6. Ghost of Tsushima de Sucker Punch Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas fait piéger par un open world. Esthétiquement splendide, Ghost of Tsushima donne envie de chevaucher sous la pleine lune, de bouter les Mongols hors de notre île à coups de katana. Le ciment ne vient pas du récit, dispensable, mais du caractère organique de l’univers, moins débordant que celui, boursoufflé, d’Assassin’s Creed Odyssey. Attention : techniquement, ça pédale parfois dans la semoule.
5. Ori and the Will of the wisps de Moon Studios Moins difficile et plus agréable à parcourir que le précédent, ce nouvel opus d’Ori m’a beaucoup plu. L’univers enchante toujours autant, la palette de compétences se révèle plus variée. Rien d’original à l’horizon, mais il s’agit néanmoins d’une friandise d’une dizaine d’heures dont on aurait tort de se priver.
4. Doom Eternal de Id software Sans surprise, cette suite sublime la recette de l’épisode précédent en y ajoutant un scénario dont on se serait bien passé. Extrêmement nerveux, presque au point d’épuiser le joueur, Doom Eternal déborde d’ennemis à défourailler et offre sur un plateau d’argent une frénésie aveuglante à quiconque osera s’y abandonner.
3. Monster Train de Shiny Shoe Des mois que j’errais sur Steam, hagard, à la recherche d’un digne héritier du jeu de cartes solo Slay the Spire. Monster Train est le seul de la cohorte de clones à m’avoir réellement convaincu. Il réinvente la mécanique tout en conservant la dynamique… De la pure dynamite, avalée en quelques semaines. Les amateurs du genre peuvent l’acquérir les yeux fermés.
2. Fuser de Harmonix Bien qu’il s’agisse d’un honteux gouffre à fric, il semble obligatoire de reconnaître que les magiciens d’Harmonix (Guitar Hero) ont encore frappé. Fuser constitue une boîte à outil tellement riche et galvanisante qu’elle semble animée par la sorcellerie. En quelques minutes, on obtient un rythme dansant, une alchimie accrocheuse. Pourtant, le logiciel ne joue pas à notre place : il reste toujours envisageable de se planter, de mettre toute l’ambiance par terre. Ce risque en tête, le mode freestyle de Fuser se pratique presque comme un rogue-like : on essaie de tenir la barre le plus longtemps possible, de perfectionner ses enchainements, quitte à créer par tâtonnements toute la nuit. Mais attention : ça coûte (trop) cher.
1. Hades de Supergiant Games D’abord découvert en early access, je n’avais bizarrement pas eu le coup de cœur pour Hadès. Un jour, le déclic, l’absorption par une pyrotechnie dantesque. Cela fait longtemps que je terrasse en boucle le boss final, que la tension des débuts est enfouie. Et pourtant, le plaisir de jeu reste là : les synergies pointues, les visuels radieux, l’action pétaradante. Rien que d’écrire ces lignes initie une irrésistible envie d’y retourner, encore et encore.
Merci d’avoir parcouru ce top, et pour l’accueil chaleureux que vous avez réservé à celui dédié au cinéma. Rendez-vous fin 2021 pour de nouvelles recommandations ! En attendant, on se retrouve sur Senscritique et Twitter pour échanger. Bonne année à toutes et tous !
Boris Krywicki
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Tops quantiques 2020 - FILMS
Avec la diversification de mes activités, mes recommandations se morcellent et je délaisse certains domaines. Faute de suffisamment d’œuvres visionnées, je ne me vois pas vous parler de séries cette année (à part pour vous recommander, comme tout le monde, l’hypnotisante Queen’s Gambit, ou, côté français, l’hilarante La Flamme). Idem pour la musique, tant je me fie aux classements du frangin, dans lesquels je vous invite à piocher (Lucas a publié ses 10 albums préférés de l’année et sa vingtaine de meilleures découvertes ). Pour les jeux de société, j’ai livré deux bilans sur la page Facebook de notre ASBL, La Bulle ludique. La première partie parle de la vie de la structure et des boîtes les plus sorties des étagères en 2020, la seconde édicte mon top 10 personnel des parutions de l’année.
Queen’s Gambit
Reste deux types d’œuvres culturelles à propos desquels je ne peux me résoudre à ne pas m’épancher : le cinéma et les jeux vidéo (dont le top arrive sous peu) . Comme tout le monde, je n’ai pas eu le loisir de fréquenter beaucoup les salles cette année – soyons honnêtes : même en temps normal, je m’y rends de moins en moins – mais j’ai tout de même dévoré suffisamment de long métrages pour vous proposer une sélection du meilleur (et aussi épingler rapidement le pire, pour vous éviter de perdre votre précieux temps).
La Flamme
15. Antebellum de Gerard Bush et Christopher Renz Moins percutant que le cinéma de Jordan Peele, cette nouvelle proposition des producteurs de Get Out recèle un twist finaud et une héroïne redoutable. Au-delà de l’éblouissement, restent quelques doutes sur le propos, potentiellement fascisant, et à propos de la mise en scène du final — une nuit américaine fauchée et un face-à-face raté. Le fond demeure intéressant, mais on espère qu’il ne viendra pas inspirer des idéologies rétrogrades.
14 Mank de David Fincher Hommage totalitaire dont le détail n’est pas le cadet des soucis. Référentiel, sincère et formellement sublime, Mank paraîtra cryptique aux béotiens, tandis que les cinéphiles le dévoreront goulûment. Netflix s’impose décidément comme le havre des réalisateurs désireux de produire leur film de leur rêve, quitte à ce que les œuvres atypiques qui en découlent en laissent plus d’un sur le carreau.
13. La bonne épouse de Martin Provost D’une comédie gentillette en costume, La bonne épouse devient dans son dernier quart un coup de tête brûlée dans la fourmilière du machisme. Porté par un casting réjouissant (Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky…), le film va loin sans ménager sa monture traditionnelle. Il se clôt dans une parade bariolée qui m’a profondément requinqué.
12. El Hoyo de Galder Gaztelu-Urrutia Insoutenable parabole sur l’égoïsme, la détermination et l’univers carcéral. Le monument Cube n’est jamais loin. El Hoyo n’oublie pas pour autant d’inventer ses propres codes : son propos vertigineux s’ancre à coups de violence très crue (soyez prévenus), jamais vaine, servie par un montage ingénieux. Regard perçant, mais pas plus gros que son ventre.
11. The hunt de Craig Zobel Un slasher high-concept étonnamment malin et corrosif. Au-delà de quelques morceaux de bravoure jouissifs, le scénario renferme une satire inattendue, bien moins pataude que présumé. Revisiter la chasse à l’homme sous le joug d’une héroïne, il fallait y penser.
10. Adoration de Fabrice Du Welz Le cinéaste belge propose une œuvre moins rugueuse que d’habitude, entre le conte et l’errance en campagne. Sa tendre balade se vit comme une escapade hors du temps, tout en restant hantée par des pulsions ravageuses. La jeune fille qui conduit le récit, impossible à cerner, lui confère son originalité et son ambivalence, dont découle une ampleur insoupçonnée.
9. Drunk de Thomas Vinterberg Dans la dernière œuvre de l’auteur de Festen, beaucoup de spectateurs ont vu une apologie de l’alcool, dont ils s’indignent. Pour ma part, je l’ai reçue comme un majestueux essai empreint de fatalisme. Le cadre aussi virtuose qui virevoltant et le jeu outrancier m’ont paru réussi : ils agissent au service de l’ivresse et sa centralité, laquelle se voit toujours représentée comme un carburant à court terme, une béquille éphémère condamnée à s’affaisser.
8. La fille au bracelet de Stéphane Demoustier Comment matérialiser à l’écran les failles de l’imparfaite “vérité judiciaire” ? En ne livrant jamais au spectateur les clés de la culpabilité. Relégué au banc des proches rongés par le doute et le jugement des mœurs, le public doit accepter d’assister à un procès langoureux, sans fard, chaloupé par les impératifs calendaires. Frustrant mais nécessaire, et surtout prenant.
7. Uncut Gems de Joshua et Benny Safdie Il faut accepter d’embrasser deux paradoxes pour apprécier Uncut Gems : succomber au magnétisme insupportable du personnage d’Adam Sandler (après Punch-Drunk Love, il prouve une nouvelle fois qu’il sait jouer), et sombrer dans la spirale interminable de problèmes dont se nourrissent de manière lumineuse les frères Safide (Good Time). À suivre ces petits arrangements, on se retrouve piégé dans ces engrenages ambivalents, emporté par des séquences asphyxiantes dont on se régale.
6. Palm Springs de Max Barbakow Comme une bulle de chewing-gum qui gonfle mais n’éclate jamais, cette comédie rayonnante pousse son concept à fond. Une réussite revigorante, un authentique feel good movie qui exploite à merveille les grains de folie d’Andy Samberg, connu pour son rôle dans Brooklyn 99. À savourer d’urgence.
5. The invisible man de Leigh Whannell Moins un film d’horreur qu’un avertissement féministe, cette relecture du roman séculaire d’H.G Wells déploie une forme quasi-inédite de mise en scène. En associant la forme au propos, Leigh Whannell dénonce l’indicible et offre à Elisabeth Moss un personnage-parangon aux nerfs d’acier. Elle crève les yeux, porte le récit et nous enivre de révolte.
4. Soul de Pete Docter et Kemp Powers Aussi mélancolique que En Avant ! mais plus surprenante, la mélopée entonnée par Soul touche en plein cœur. Tissé d’un imaginaire aux rouages rutilants, son univers déborde d’idées de génie pour matérialiser nos états d’âme, à la manière de Vice-Versa cinq ans plus tôt. Quant à sa morale, elle invite à se secouer plutôt qu’à se morfondre. Loin de se concentrer sur l’au-delà, le film exhorte la vie avant tout.
3. Effacer l’historique de Benoît Delépine et Gustave Kervern
Même si j’ai de l’affection pour le duo, je trouve souvent leurs propositions partiellement bancales. Je n’attendais pas grand chose de cette cuvée 2020 et elle m’a complètement bouleversé. Dans cette mélancolie post-gilets jaunes (attention, film déprimant) se terre bien plus qu’un pamphlet de boomers anti-technologie. Effacer l’historique raconte la solidarité esseulée, explique comment le numérique offre de nouvelles opportunités qui ne colmatent en rien les blessures qui lui préexistent. La galerie de portraits satirique se double d’un propos précis et de répliques fulgurantes. Quelle excellente surprise !
2. Felicita de Bruno Merle Un film inclassable comme les auteurs français savent parfois en inventer. Sa famille criante de vérité, pleine d’aspérités et mue par une bougeotte à la fois contrainte et revendiquée, nous rassasie d’affection. Cette œuvre rêveuse installe pourtant de solides notions philosophiques, presque théorisées au fil des péripéties sans jamais nous hurler sa démonstration. Les angles, les croisements, les choix et les regrets s’intriquent, et on en ressort paré d’un sourire ému.
1. Vivarium de Lorcan Finnegan Ironie du calendrier, cette métaphore sur l’emprisonnement domestique a déboulé à l’orée du confinement. Vivarium n’en est devenu que plus glaçant. Rempli de symbolique, il emmène son postulat très loin, quitte à laisser sur le carreau les réfractaires au fantastique. Personnellement, sa radicalité m’a renversé, à la manière de Midsommar l’année dernière, qui conférait déjà des atours d’étrangeté à un cadre supposément rassurant.
FLOP 3 FILMS 2020
3. Sacrées sorcières de Robert Zemeckis Rien de complètement honteux dans cette adaptation paresseuse, mais il y avait tant à faire avec l’univers de ce roman jeunesse, et la patte de Zemeckis laissait présager tellement de fantaisie, qu’il m’est difficile de masquer ma déception. Reste une Anne Hathaway qui, bien qu’elle en fasse des caisses, insuffle au projet, par son jeu excentrique, sa seule once de singularité.
2. Les nouveaux mutants de Josh Boone Je n’en attendais rien, et me voilà tout de même déçu à l’arrivée. Cette arlésienne n’a plus rien de la sauvagerie des bambins aperçus dans Logan (James Mangold). Restent une Anya Taylor-Joy aux yeux bleu fluo, des affrontements plats, un montage soporifique. Extrêmement oubliable.
1. Lucky de Olivier Van Hoofstadt Quelle purge ! Le réalisateur de Dikkenek patauge pendant une interminable heure et demie pour tenter, en vain, de régénérer le comique burlesque de son long-métrage culte. Pas un gag, pas un personnage ne fonctionne. L’intrigue tourne en rond autour d’un chien dont on se moque complètement. Un récit choral abyssal, dans lequel chaque segment enfonce le précédent.
Je vous donne rendez-vous dans quelques jours pour ton top jeux vidéo 2020. En attendant, que l’année 2021 soit aussi belle qu’un black jack gagnant ! Vous savez, celui dont la somme atteint non pas vingt mais...
(Promis, l’année prochaine, un jeu de mots sur “22, v’là les flics” — on ne se refait pas).
Boris Krywicki
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Tops quantiques 2019 - JEUX DE SOCIÉTÉ ET SÉRIES
Dernier arrêt pour les tops de cette année, et on atterrit évidemment sur la case des jeux de cartes (surtout) et de plateau (un peu). 2020 est déjà là, et je m’impose de clore ce tour d’horizon avant que 2019 ne soit trop vite oublié, même si, les nouveautés ludiques paraissant majoritairement en fin d’année, ce classement aurait pu s’affiner avec le temps. Ah et, pour une fois, quelques unes des photos habillant cette sélection sont maison.
Avant de parler des nouveautés, un léger bilan de mon année ludique :
741 parties jouées (-14% par rapport à 2018) 44 nouvelles acquisitions (10 de plus que l'année dernière, oups... Mais une trentaine de titres possédés ont été revendus en parallèle, rassurez-vous !) Les cinq jeux les plus joués : - Codenames Duo (42 parties) - 13 indices (15 parties) - Marvel Champions (15 parties) - Reef (15 parties) - The Mind (14 parties)
TOP 10 JEUX DE SOCIÉTÉ 2019
1. Marvel Champions de Michael Boggs, Nate French et Caleb Grace Le jeu de cartes Marvel qu’on n’attendait plus. Sélectionnez un héros, optez pour un vilain à affronter, et alternez entre votre alter ego et votre super-costume aux moments opportuns. Le système tourne comme un charme et donne envie d’y plonger encore et encore. La difficulté de Marvel Champions, équilibrée, s’adapte au nombre de joueurs (ce qui le rend excellent en solo). Une infinité de possibilités, un gameplay accessible mais profond, les protagonistes qu’on chérit… Un régal. Vivement les extensions.
2. Res Arcana de Tom Lehmann L’auteur de mon jeu préféré (Race for the Galaxy) revient avec une perle de minimalisme. Dans votre paquet, huit cartes, pas une de plus, dont il va falloir exploiter savamment les capacités pour façonner un moteur plus performant que ceux de vos adversaires. Une course où l’on reste les yeux rivé sur son propre bolide, mais lors de laquelle la tension grimpe en flèche quand approche l’arrivée. Les férus de « tableau building » seront aux anges.
3. Point Salad de Molly Johnson, Robert Melvin et Shawn Stankewich Le genre de jeux de cartes imbattables, de la trempe de Parade ou Cubrids, mais en plus varié. Une centaine de façon de marquer des points différentes, six sortes de légumes, vous prenez une ou deux cartes à votre tour. C’est tout ? Oui, et c’est cela qui rend la mécanique géniale. On enchaîne les parties, de surcroît très rapides, avec un immense plaisir.
4. Pictures de Christian Stöhr et Daniela Stöhr Ce jeu d’ambiance fantastique sort de nulle part. Le principe semble universel : 5 matériaux (cubes de couleur, formes en bois, lacets, galets et bâtons, icônes), 16 images. Chaque joueur doit en faire deviner une avec son propre bazar, et il vaut mieux aimer l’abstrait ! Tout le monde joue en même temps, cherche à déduire la proposition des autres tout en façonnant la sienne. La partie compte 5 manches, donc chacun à l’occasion de s’essayer à l’intégralité des types de bricoles. Élémentaire, désopilant et accessible.
5. Black Angel de Sébastien Dujardin, Xavier Georges et Alain Orban Changement d’univers et de registre : science-fiction et gros jeu bien costaud. Né du trio géniteur des médiévaux Troyes et Tournay, Black Angel incarne l’une des horlogeries les plus complexes de l’année. Mais l’imbrication s’avère brillante, et l’interaction se montre présente sans devenir frustrante. À conseiller à tous ceux qui aiment voir fumer leurs neurones.
6. Letter Jam d’Ondra Skoupý Attention, OVNI ludique : sorte de Scrabble coopératif mixé avec un jeu de déduction, Letter Jam paraît tellement incongru qu’il pourrait décontenancer les amateurs de lettres. Mais tant mieux pour les curieux, qui savoureront cette marmelade exquise jusqu’à son apogée, lors de laquelle il s’agit de former un mot avec les cartes reçues dans le désordre, dont on n’a fait que supposer la signification à l’aune des indices de ses co-équipiers. Gare à la crise de désespoir. Mais, même dans la confiture, certains apprécient l’amertume. L’un des titres les plus innovants de l’année.
7. Shy Monsters de Sandro Dall’Aglio Épuré, malin et très rapide (parfois une poignée de minutes), ce duel asymétrique donne souvent envie d’y revenir. Même si, parfois, l’issue se joue à la « chance » (comprenez, au bluff et à la déduction), on reste impressionné par le coffre de cette toute petite boîte. Les splendides illustrations, signées Christine Alcouffe (Paper Tales), servent parfaitement cette proposition minimaliste « à la japonaise ».
8. Nine de Gary Kim et Sorry We Are French Technique mais abordable, tendu jusqu’au bout, ce jeu de cartes basé sur les majorités se paie le luxe d’être excellent à deux joueurs. Tout le monde n’adhèrera pas au style visuel marqué, mais il a le mérite de s’inscrire dans la continuité d’une saga pilotée par l’éditeur, initiant une forme de « Marvel Cinematic Universe » du jeu de société. Prometteur, surtout si les différents opus restent aussi convaincants de manière indépendante.
9. Wingspan d’Elizabeth Hargrave Personne n’avait vu venir ce carton d’un jeu de cartes à combos basé sur… l’ornithologie. Et en plus, il prend ce thème au sérieux : habitat des espèces, taille, chaîne alimentaire… Le gameplay ciselé et sans fioriture de Wingspan s’agrémente de nombreuses infos encyclopédiques. Sans me montrer fan de la recette, il faut lui reconnaître son efficacité, qui la rend digeste et addictive.
10. Stay Cool de Julien Sentis Chacun à votre tour, vous devez répondre oralement et par écrit à un maximum de questions, tout en même temps. Un jeu d’ambiance original, authentiquement drôle, et auquel on peut jouer à partir de trois convives. Attention : il devient un peu longuet à plus de quatre, et tout le monde n’y brille pas de la même façon, ce qui peut frustrer les plus compétitifs.
Ça part bien mais je dois encore approfondir avant de me prononcer :
Space Gate Odyssey de Cédric Lefebvre Pharaon de Henri Pym et Sylas Ankh’or de Frank Crittin, Grégoire Largey et Sébastien Pauchon Tavernes de la vallée profonde de Wolfgang Warsch
Si je fais l’impasse sur la musique cette année (j’ai approfondi trop peu de nouveaux albums que pour pouvoir me prononcer, je vous renvoie aux tops de Lucas Krywicki ici et là), je me permets de vous conseiller quelques séries qui m’ont émerveillé. N’en déplaise aux fans de Netflix (qui occupe tout de même trois places, parfois en annulant des pépites), mes coups de cœur de l’année viennent de France.
TOP 5 SÉRIES 2019
1. Irresponsable (Saison 3) de Frédéric Rosset On se refusera le poncif de la « saison de la maturité », mais ce dernier volet d’Irresponsable clôt la boucle de manière magistrale. Drôle et émouvante, pleine de surprises et de personnages vivifiants, la série déploie, à une cadence affolante (épisodes de 20 minutes), des thématiques universelles traitées avec un ton lucide. Casting irréprochable, humour inarrêtable, écriture imperturbable : regardez Irresponsable.
2. Platane (Saison 3) d’Eric Judor Six ans après une deuxième fournée un peu foireuse, les huit voyages en absurdie de cette cuvée 2019 sonnent comme une résurrection. S’il faut parfois s’accrocher à son siège tant Eric Judor foule des terres absconses, l’écriture se raccroche souvent à son fil rouge et évite le piège de la roue libre. Hilarante de malaise, cette troisième saison constitue prend des risques (parfois un peu trop) mais rafraîchit inexorablement.
3. Mindhunter (Saison 2) de Joe Penhall et David Fincher Aux côtés d’Ozark, voici l’autre série policière de Netflix qui met tout le monde d’accord. Maîtrisée et dévorante, elle allie historicité détaillée et romantisme noir. Un peu frustré par la seconde moitié de ce millésime, j’en redemande ardemment. C’est bien simple : il s’agit de la seule œuvre que je ne peux m’empêcher de « binge-watcher ».
4. The movies that made us (Saison 1) de Brian Volk-Weiss Après les jouets, l’équipe de ces documentaires survoltés produits par Netflix s’attaque aux classiques de notre enfance cinématographique. Maman, j’ai raté l’avion, Ghostbusters, Piège de Cristal… La recette n’invente rien mais fourmille d’anecdotes intrigantes qui nous maintiennent accrochés. Même si la forme se repose sur ses lauriers, je me vois mal bouder mon plaisir face à une seconde saison.
5. Tuca & Bertie (Saison 1) de Lisa Hanawalt Malheureusement annulée par Netflix, cette nouvelle création de la productrice de BoJack Horseman (à voir absolument, bien sûr) partait très bien : déjantée, plus lunaire que son modèle, elle n’hésite pas pour autant à aborder des thématiques féministes et socio-politiques. Je conseille de picorer les épisodes, particulièrement denses, pour mieux apprécier la finesse de l’écriture… Et éviter de trop déprimer en rêvant à la suite.
Merci de m’avoir lu ! J’ai souhaité conserver l’homogénéité de ces quatre tops mais, l’année prochaine, je prends la résolution de suivre vos conseils : les présenter en commençant par le bas du classement. Portez-vous bien, passez une excellente année, jouez, regardez, profitez quand vous le pouvez.
Boris Krywicki
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Tops quantiques 2019 - JEUX VIDÉO
On continue la saison des tops avec une sélection dédiée aux jeux vidéo. Possesseur de toutes les consoles du marché, j’ai eu la chance de me frotter à de nombreux titres parus cette année, particulièrement riche en bonnes surprises, surtout du côté indépendant. En complément à cet article, vous pouvez retrouver mes votes aux Gamekult Awards de 2019.
TOP 15 JEUX VIDÉO 2019
1. Valfaris de Steel Mantis Viscéral, serti d’un gameplay brutal et d’une bande-son metal, Valfaris explose tout sur son passage. Du run and gun comme on n’en fait plus, jouissif à parcourir de bout en bout, parfois difficile mais jamais injuste.
2. Slay the Spire de Mega Crit Games Disponible en bêta l’année dernière, ce chef-d’œuvre est enfin paru en version commerciale. Un tourbillon chronophage, à la fois minimaliste et infini. Un jeu de cartes qui a révolutionné le genre et créé un nouvel archétype, rien que ça.
3. Ape Out de Gabe Cuzzillo Splendide album de jazz jouable. Le temps de deux heures, ce jeu indépendant nous met aux commandes d’un gorille cherchant à s’évader du complexe où il est retenu en captivité. Deux boutons, des réflexes, une musique omniprésente qui souligne l’action : un cocktail épuré et hypnotisant.
4. Cadence of Hyrule de Brace Yourself Games Cette suite de Crypt of the Necrodancer s’invite dans l’univers de The Legend of Zelda, et laisse les éléments les plus frustrants de sa difficulté derrière elle au passage. Une aventure accessible et ingénieuse que les mélodies accompagnent plus qu’elles ne la régissent. Savoureux.
5. Resident Evil 2 – Remake de Capcom Qu’on connaisse l’original ou non, cette relecture d’un classique du survival-horror bénéficie d’atouts de taille : rythme, level design (ce commissariat, bon sang), mise en scène… Même si quelques énigmes balourdes gâchent un peu la fête, ce scénario haletant se traverse avec le souffle court, en humant à tout-va son parfum de blockbuster.
6. Katana Zero de Askiisoft Les jeux d’action peuvent parfois se révéler bien écrits. Katana Zero est de cette bande et allie gameplay ciselé et narration aboutie. L’éditeur Devolver confirme son aura d’orpailleur en proposant, sept ans après Hotline Miami, un nouveau diamant brut(al).
7. The Legend of Zelda : Link’s Awakening de Nintendo Même sans incarner une Madeleine de Proust en mon chef, le second formidable remake de cette année m’a happé bien comme il faut. En fermant un œil face à sa technique aux fraises, un autre pour occulter sa linéarité, on passe une excellente douzaine d’heures en compagnie de ce Link poupon et rêveur.
8. Blasphemous de The Game Kitchen Cet hommage à Castlevania se drape de noirceur mais propose des mécaniques limpides : Metroidvania, plateformes, baston. Il lui manque un peu de finition pour s’ériger au statut de grand jeu, mais constitue une main tendue singulière aux amateurs du genre.
9. Control de Remedy Les lacunes techniques de la version console (Playstation 4) de ce dernier-né des génies de Remedy (Max Payne, Alan Wake…) m’ont empêché de l’apprécier à sa juste valeur. Je retiens son univers hors du commun, un récit audacieux et des affrontements parfois chevaleresques. Son propos, certes cryptique, a le mérite de renouveler le paysage.
10. Baba is you d’Arvi Teikari Un concept détonnant qui révolutionne le langage du jeu vidéo et notre façon de l’appréhender. Mais, une fois passées les premières heures, les énigmes deviennent tellement rugueuses qu’elles réclament un acharnement dantesque. Je garde en revanche l’incipit de l’œuvre au chaud, notamment testée et approuvée en ateliers d’éducation permanente.
11. Luigi’s Mansion 3 de Next Level Games Porté par une production de haute volée, Luigi’s Mansion 3 a l’étoffe d’un authentique blockbuster, d’un film signé Pixar. Mais, une fois parvenu au terme de l’aventure, force est de constater que, manette en main, on y réalise souvent les mêmes actions, quasiment rébarbatives. Les changements de décor relancent l’intérêt, mais certains passages, ancrés dans une linéarité asséchante (le chat spectral, les clés qui balisent la progression…) l’atténuent à leur tour. Sympathique mais rarement mémorable.
12. A plague tale : innocence d’Asobo Studios Cette plongée dans l’atrocité de la peste médiévale en compagnie d’un duo d’orphelins a suscité de nombreuses louanges dans la presse. Si ses ingrédients m’ont laissé un goût de déjà-vu, il faut lui reconnaître son travail d’orfèvre sur le son, l’épaisseur de ses protagonistes et son ambiance pesante. Les nombreuses idées redoutables se révèlent souvent diluées dans des mécaniques trop denses.
13. Pistol Whip de Cloudhead Games Probablement le jeu en réalité virtuelle le plus enthousiasmant de l’année. Montagne russe du tir aux pigeons, Pistol Whip recèle du coffre au-delà de ses attraits forains : bande-son aiguisée, rythme sauvage, maniabilité efficace. On s’y surprend à finir essoufflé tant il concilie observation, réflexes et activité physique.
14. Heave ho ! de Le Cartel Studio Il faut quatre camarades de jeu assis sur un canapé pour qu’Heave ho ! révèle son éclat. Quels fous rires ! De l’escalade en coopération, où les crampes aux mains deviennent intégrées à l’expérience de jeu par vertu thématique : « j’en peux plus, je lâche ! ». Joyeuses engueulades arrosées de mauvaise foi assurées. La meilleure expérience multijoueur de l’année, malgré quelques bugs.
15. Yooka Laylee and the impossible lair de Playtonic Games Cette suite déçoit beaucoup moins que son prédécesseur. Elle n’invente pas grand chose mais contient quelques surprises (relecture de ses niveaux, « hub » intriguant, niveau final disponible dès l’entame…). Surtout, le parti-pris en deux dimensions déploie des environnements moins vides que ceux du premier Yooka Laylee. À conseiller aux amateurs de plateformes en manque.
MENTION SPÉCIALE : Sekiro : Shadows Die Twice de From Software Je ne suis malheureusement pas arrivé au bout de cette aventure impitoyable, mais elle m’a parue bien plus accessible que celles de Dark Souls. Je retiens de ma vingtaine d’heures d’acharné un gameplay sévère mais juste, une envie de persévérer qui prend aux tripes et succède, parfois, à un sentiment de satisfaction intense. Mais c’était trop mauvais pour mes nerfs.
FLOP DE L’ANNÉE : Travis Strikes Again de Grasshopper Manufacture Répétitif, fade, je m’en foutiste, indigent. Suda51 se moque du joueur avec cet épisode de transition uniquement destiné à préparer le terrain pour le troisième volet. Bonne chance, car le voilà bien fangeux.
À bientôt pour le dernier volet de ces tops, consacré aux jeux de société et aux séries. Passez un excellent réveillon !
Boris Krywicki
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Tops quantiques 2019 - CINÉMA
J’espère que votre année a été fructueuse. De mon côté, malgré quelques complications, la décennie se termine de façon magique, avec une tête blonde sous notre toit. Le tempérament plutôt stable de cet heureux chamboulement (et surtout les mois qui ont précédé son arrivée, ne nous leurrons pas) m’ont tout de même permis de voir suffisamment de films pour concocter un top de cette cuvée 2019. Et elle s’est révélée tellement excellente que je double la mise de la fois dernière : vingt places pour autant de conseils-rattrapage. Let it snow !
TOP 20 FILMS 2019
1. Midsommar de Ari Aster Un thriller anthropologique aussi ensoleillé qu’étouffant. Massif et sans concession, Midsommar engloutit nos représentations pour façonner une peur sophistiquée.
2. Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma Tant de cruauté contenue dans un écrin si doux. La narration de cet amour impossible découle sur l’un des plus beaux plans de l’histoire du cinéma français. Encore plus beau depuis le combat, bien réel, d’Adèle Haenel.
3. Parasite de Bong Joon-ho L’un des meilleurs cinéastes coréens accouche d’une fable sociale pleine de cynisme. Personnages féroces, intrigue acide, mélange des genres succulent.
4. Us de Jordan Peele Après le huis-clos Get Out, Us mise sur plus d’envergure. Le réalisateur chronique son continent à coup de symbolique souterraine. La première heure reste longtemps gravée en nous.
5. Grâce à Dieu de François Ozon Le récit démarre en trombe : lettre d’un catholique père de famille abusé sexuellement par un prêtre quand il était enfant. L’horreur ne quitte jamais cette fresque glaçante tissée de faits réels. Ces trois portraits complémentaires mettent à plat la violence de l’immunité ecclésiastique. On en ressort lessivé, mais lucide.
6. Long Shot de Jonathan Levine Une comédie romantique drôle, féministe, inspirée… Qui aurait cru qu’un film avec Seth Rogen pouvait se révéler aussi bon ? De surcroît, il incarne un personnage de journaliste bien écrit ! Un vrai miracle de Noël.
7. Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino Lent, rempli de références et porté par un Brad Pitt au sommet de son art, le dernier Tarantino ne laisse aucun doute sur le plaisir qui a animé sa confection. À conseiller aux nostalgiques, à ceux qui n’ont pas peur de regarder le déclin droit dans les yeux.
8. Yves de Benoît Forgeard Imparfait mais délicieux, ce nouveau délire de Forgeard reste en tête longtemps après son visionnage. Cette histoire de frigo qui fait du rap s’avère réjouissante, servie par une bande originale qui n’usurpe pas son qualificatif. Ça ne fera pas rire tout le monde, mais les amateurs d’absurde se régaleront.
9. Marriage Story de Noah Baumbach Netflix produit parfois de bons films. Celui-ci brille par son casting impérial et son rythme maîtrisé. Les quelques scènes fracassantes sont diluées dans la lente agonie de l’idyle, et ce choix de structure renforce le propos.
10. 90’s de Jonah Hill Un compte abrupt sur la propension à idéaliser qui traverse notre existence. Celle de l’enfance, du passage à l’adolescence, ici traité avec un recul touchant. Mais ce personnage de jeune skater illustre aussi la magnétisme inexplicable des durs-à-cuire plus âgés, l’envie hypnotisante de jouer les revêches.
11. The Beach Bum de Harmony Korine Brûlant d’impertinence, comme d’habitude, l’instigateur de Spring Breakers rempile pour une nuit de débauche destructrice rappelant que l’argent n’a que trop d’odeur. McConaughey conjugue fond du trou et zénith intrépide.
12. Sibyl de Justine Triet Triet et Effira, ça avait donné le génial Victoria, et on en redemandait. Sibyl plonge dans le cinéma, au propre comme au figuré, et tente l’auto-psychanalyse du triangle amoureux. Passionnant, mais juste un peu balourd sur son dernier quart d’heure.
13. Le Daim de Quentin Dupieux Quentin sera toujours Dupieux. Aux commandes d’un Dujardin à dos de roue libre maîtrisée, il survole des landes mornes et les colore d’hilarants meurtres en série. Longue vie à ses délires millimétrés.
14. John Wick 3 : Parabellum de Chad Stahelski Partie d’un nanard gentillet, cette franchise est en train de devenir une nouvelle référence du film d’action. Faussement pataude, l’intrigue a gagné en intérêt et dépasse le statut de prétexte aux chorégraphies armées, toujours somptueuses.
15. Klaus de Sergio Pablos Ce long-métrage d’animation espagnol – très bien doublé en français, on retient Lutz, Viard et Berléand – se réapproprie la mythologie de Noël pour façonner un récit parfaitement ficelé. Réjouissant, original, parfait pour un réveillon en famille.
16. Booksmart d’Olivia Wilde Surprise : le renouveau de la teenage comedy vient de Netflix. Authentiquement drôle, Booksmart renverse le genre et écrase ses pontes, Superbad en tête. Notamment grâce à sa galerie de personnages, jamais apocryphes.
17. Synonymes de Nadav Lapid Un film sur l’immigration pas comme les autres, dans lequel le héros d’origine étrangère s’exprime dans un français extrêmement soutenu. Il reste démuni face à la complexité urbaine en dépit de sa verve et devient instrumentalisé par les solidaires d’apparence. Impitoyable démonstration.
18. J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin Transi de mélodies célestes, ce dessin animé « pour les grands » déploie une expérience mi-flash-back mi-périple, et le tout sonne juste. Une courte escapade de poète, sensible mais pas fleur bleue.
19. Mon inconnue de Hugo Gélin Bien plus incisif que le navrant Demain, tout commence, du même metteur en scène, Mon Inconnue comporte à la fois d’excellentes vannes et d’adorables séquences de romance. Benjamin Lavernhe s’y montre très en forme.
20. Ralph Breaks the internet de Rich Moore et Phil Johnston Ce second volet élargit l’univers et en profite pour multiplier les clins d’œils malins, à des kilomètres des placements de produit putassiers du premier. Si on frôle parfois le gloubi-boulga numérico-GAFAM, la plupart des gags font mouche et le duo de pixels demeure plaisant.
J’AURAIS AIMÉ VOIR :
Les Misérables de Ladj Ly Deux Moi de Cédric Klapish Hors Normes d’Éric Toledano et Olivier Nakache Chambre 212 de Christophe Honoré Chanson douce de Lucie Borleteau
Et j’aurais préféré ne pas voir :
FLOP 3 FILMS 2019
1. Captain Marvel de Anna Boden et Ryan Fleck Même en étant réceptif à l’écurie Marvel, cette proposition criarde s’avère insupportable. On n’avait pas vu une direction artistique aussi kitsch depuis Man of Steel, chez les zoulous d’en face.
2. Glass de M. Night Shyamalan Il ne fallait pas placer beaucoup d’espoir dans ce cross-over qu’on rêvait pétaradant : il se révèle trempé jusqu’aux os. Fauché et soporifique, Glass sabote ses propres enjeux dès les premières minutes, et fait de même avec son climax. Quel gâchis.
3. Yesterday de Danny Boyle L’inconstant Danny Boyle ne semble pas dans un bon jour ce coup-ci : il manque d’idées visuelles pour dynamiter ce what if paresseux. Reste quelques relectures jouissives des Beatles, pour peu qu’on se farcisse l’odieux imposteur qui les entonne.
À très vite pour les tops Jeux vidéo, Jeux de société et Séries !
Boris Krywicki
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Les tops quantiques de 2018
Cette année, j’ai été publié chez Armand Colin, j’ai co-créé une enquête en BD et nous avons même acheté une maison. Avec tous ces projets, il devient de plus en plus délicat de trouver du temps pour écrire ici. L'hiver ravive cependant la foi nécessaire à la mise sur pied de quelques « tops ». Parce que l’occasion paraît trop belle. Parce que partager ses coups de cœur et déceptions mérite bien de consacrer une ou deux soirées d’introspection pour pondre son bilan culturel de 2018.
TOP 10 CINÉMA 2018
1. Under the silver lake de David Robert Mitchell Une œuvre à la fois cryptique et limpide ; personnelle autant que référentielle. Le genre de film-monstre dont on décodera encore les subtilités dans cinq ans. Après le vertigineux It Follows, David Robert Mitchell incarne décidément un cinéaste à surveiller.
2. Three billboards, les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh Une anecdote dans le bon sens du terme, à hauteur humaine, qui déplie les affects d’egos écorchés-vifs.

3. Call me by your name de Luca Guadagnino La plus belle histoire d’amour de l’année, pleine de longueurs langoureuses qui invite à l’observer lové dans un plaid un dimanche après-midi. Le meilleur film d’hiver qui narre un été.

4. L’île aux chiens de Wes Anderson Après le réjouissant Fantastic Mr. Fox, le dandy Wes signe un retour fracassant en stop-motion. Une fable politique subtile dont le seul écueil se cache dans l’égo de son réalisateur, qui s’est improvisé directeur de doublage en VF.

5. Les indestructibles 2 de Brad Bird Si les enjeux n’y sont pas aussi bien ancrés que dans le premier, le récit de ce second volet réussit à ré-enchanter la figure des super-héros, pourtant plus émoussée que jamais depuis la folie Marvel.

6. Ghostland de Pascal Laugier Cette introspection suffocante ose injecter un propos féministe dans un écrin horrifique. Et en plus, Mylène Farmer joue bien.

7. Mission : Impossible – Fallout de Christopher McQuarrie Même si il est moins maitrisé que Rogue Nation, Fallout incarne un spectacle implacable qui s’engloutit sans broncher. On voit mal comment le blockbuster aurait pu se passer de la carrure de McQuarrie.

8. Le Grand bain de Gilles Lelouche On peut pinailler sur son fond, son rythme et ses curieux choix de montage. Reste que Le Grand Bain s’impose comme la comédie française la plus ambitieuse de l’année, avec des comédiens plus investis que partout ailleurs. Après Les Infidèles, Gilles Lelouche confirme que, quand il revêt la casquette de réalisateur, ce n’est pas par caprice.

9. Au poste ! de Quentin Dupieux Le film le moins radical de Dupieux est aussi son plus rythmé. À conseiller aux curieux qui veulent découvrir son univers.

10. La ballade de Buster Scruggs de Joël et Ethan Cohen et Roma d’Alfonso Cuarón Ces deux films Netflix ont en commun de paraître aussi personnelles qu’inégales. Elles déploient une photographie hallucinante, des scènes d’anthologie, mais se regardent parfois un peu trop le nombril. Comme si la firme, que l’on remercie d’avoir financé ces oeuvres, n’osait pas jouer son rôle de producteur, par excès de confiance en ces auteurs de renom.


FLOP 3 CINÉMA 2018
1. Ready player one de Steven Spielberg Lire la critique quantique
2. The Cloverfield Paradox de Julius Onah Si 10th lane constituait une contribution dispensable à la diégèse de Cloverfield, ce nouvel épisode est aussi insignifiant qu’inutile. Son plan final s’avère tellement risible qu’on peine encore à s’en remettre.

3. La forme de l’eau de Guillermo Del Toro Lire la critique quantique
TOP 10 JEUX VIDÉO 2018
1. Into the Breach de Subset Games Le parfait mélange entre des mécaniques de stratégie canoniques et un twist de gameplay qui change (il vaut mieux limiter la casse qu’occire les ennemis). Surtout, le second jeu des créateurs de Faster Than Light fait tenir des escarmouches d’une immense richesse dans un cadre restreint qui ne noie jamais le joueur.

2. Super smash bros ultimate de Sora Ltd. Cette nouvelle édition transforme la copie nette mais lisse du quatrième opus en une obsession viscérale. On lui pardonne son online maladroit grâce à ses nouveaux personnages efficaces et son équilibrage à la hauteur. Un travail de titan.

3. Celeste de Matt Make Games L’ingéniosité de gameplay d’un Super Meat Boy couplée au récit intime de Normal Lost Phone. Cette oeuvre humble a le bon goût d’adapter sa difficulté à tous les joueurs, et au diable l’élitisme.

4. Guacamelee 2 de Drinkbox Ce deuxième opus ne réinvente rien mais relance sans celle l’intérêt du joueur grâce à une progression ciselée, généreuse en nouvelles capacités. Beaucoup trop bariolée pour paraitre scolaire, cette friandise sans prétention peut se déguster à quatre joueurs.

5. Gris de Nomada Studio Somptueux et jamais ennuyeux, Gris se vit comme un week-end à la campagne, une escapade revigorante de quatre heures qui change les idées.

6. Dandara de Long Hat House Dans ce Metroidvania sorti de nulle part, le joueur a la tête au plafond mais s’accroche pied au plancher. Frais, incisif et accrocheur.

7. Iconoclasts de Joakim Sandberg Que son esthétique 2D à l’ancienne ne vous trompe pas : il s’agit d’une authentique épopée, parfois quasi métaphysique dans son propos. Grâce à ses boss mémorables, Iconoclasts transmet au joueur le sentiment d’accomplissement d’un long voyage.

8. Overcooked 2 de Ghost Town Games Son concept ne bouge pas d’un cil, et pourtant la formule reste convaincante grâce à de petits ajouts (un mode en ligne, un bouton pour lancer les ingrédients...). Consommé à petites doses, Overcooked 2 promet des sessions intenses emplies de persévérance... et d’engueulades.

9. Artifact de Valve Si on fait abstraction de sa communication catastrophique, en train de tuer le jeu dans l’oeuf, cette création de Richard Garfield a tout pour plaire, d’un système de jeu original à des modes de jeu addictifs. Attention à ne pas y dépenser de l’argent de manière déraisonnable car, ici, rien ne vient amortir l’investissement du joueur. C’est peut-être ça, paradoxalement, qui rend l’expérience aussi engageante.

10. Yoku’s island express de Villa Gorilla À la fois original dans son approche (mi-jeu de plateforme, mi-flipper) et classique dans son déroulé, ce premier titre se révèle très agréable à parcourir.

FLOP DE L’ANNÉE : Wandersong de Greg Lobanov Enchanteur et mignon, Wandersong démarre très fort... et retombe aussi vite, la faute à des mécaniques paresseuses dont l’intérêt frôle le néant.
TOP 10 JEUX DE SOCIÉTÉ 2018
1. Gingerbread House de Phil Walker Harding Un petit jeu d’empilement dans l’univers des contes pour enfants. Rapide, simple, astucieux, avec des possibilités d’enchaîner les combos.

2. Keyforge de Richard Garfield Un jeu de cartes suffisamment original, où l’objectif relève davantage de la course que de l’affrontement. Il est servi par un argument marketing imparable : tous les paquets sont différents. Raz-de-marée justifié.
3. Brikks de Wolgang Warsch Cet auteur spécialiste du “Roll and write” réussit le tour de force d’adapter Tetris en jeu de société. Aussi addictif que son modèle, Brikks mêle ingénieusement hasard, prises de risque et gestion de l’espace.
4. CIV : Carta Impera Victoria de Rémi Amy Idéal à deux joueurs, CIV se joue très rapidement et offre tout de même une belle marge d’apprentissage. Très agréable.

5. Fine sand de Friedmann Friese Un deckbuilding évolutif où l’on construit des châteaux de sable. Il faut accepter de jouer complètement dans son coin, mais le système limpide donne envie d’expérimenter toutes les stratégies, d’explorer l’intégralité des combinaisons, comme un algorithme dont on voudrait percer le secret.

6. Orbis de Tim Armstrong Avec des mécaniques extrêmement épurées (à son tour, on ramasse une tuile, point), Orbis parvient à créer de véritables situations casse-têtes. Le résultat semble intéressant dans toutes les configurations. Pour les amateurs de Splendor.
7. Planet de Urtis Sulinskas L’exemple-type du jeu familial réussi, avec différents niveaux de lecture et de profondeur. De surcroît, son aspect 3D (les joueurs complètent chacun une structure à douze faces) ne relève pas du simple gimmick mais révèle un vrai intérêt en jeu. À déconseiller à ceux qui ont besoin de beaucoup réfléchir car l’attente peut devenir interminable.

8. Ganymede de Hope S. Hwang Fait de combinaisons et d’optimisation, Ganymede incarne un jeu redoutable joué en une vingtaine de minutes. À moins d’exceller, chacun bricole son moteur isolément. Mais sa concision donne envie d’y revenir régulièrement.
9. Crime Hotel de Susumu Kawasaki La curiosité de l’année propose un mélange de jeu de plis et d’enquête par déductions. Malin et accrocheur, Crime Hotel s’emporte partout, avec ses petites cartes et son plateau en tissu.

10. Everdell de James A. Wilson Doté d’un matériel à couper le souffle, Everdell propose en définitive des mécaniques classiques de placement d’ouvriers et de gestion de ressources. Il reste à conseiller aux amateurs du genre grâce à sa grande variété de cartes qui lui assure une bonne durée de vie.

TOP 5 ALBUMS 2018
1. Mounaïki - By the bright of the night de My Baby Indescriptiblement envoûtant en live, ce trio belge livre un disque très personnel, presqu’empreint d’un concept. Il esquisse une promenade onirique... qui n’oublie pas de distribuer des riffs ravageurs. Leur meilleur album. Le morceau pour découvrir : Supernatural Aid

2. Au Baccara de Odezenne Au départ déroutant et, avec le recul, incroyablement cohérent. 10 titres humbles et à leur place, bourrés de sincérité. Le morceau pour découvrir : Pastel

3. L’oiseleur de Feu! Chatterton De la poésie enivrante et chaloupée. L’oiseleur est rempli de vécu, comme si les souvenirs du groupe avaient été griffonnés à même leurs partitions. Le morceau pour découvrir : Souvenir

4. Forever Neverland de Mø Quatre ans et demi d’attente, et pourtant l’artiste danoise ne déçoit pas. Malgré le succès, elle est parvenue à garder sa touche personnelle intacte. En résulte une pop intimiste et généreuse, moins sensuelle que celle de No Mythologies to Follow mais toute aussi inspirée. Le morceau pour découvrir : Blur
5. Play de Dave Grohl Vingt-trois minutes, sept Dave Grohl, un seul morceau. Play sonne comme un egotrip mais, quand on se le prend en pleine poire, il allie plutôt bonhomie et brutalité. Comme une louange-coup de tête, une lubie qui reste gravée. Et donne envie de ne jamais arrêter la musique. Le morceau complet : Play
Merci à tous de m’avoir lu ! Passez de délicieuses fêtes et portez-vous bien !
Boris Krywicki

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À la louche #10 : Ready player one, La forme de l’Eau et 120 battements par minute
Les jeux sont fées Ready Player One de Steven Spielberg
Comment Spielberg a-t-il pu autant louper son message ? Érigé pour l’occasion en parangon des geeks, le gars Steven se fourvoie le doigt dans l’œil bionique. Il semble se fier tellement à son aura qu’il en oublie de sonder le fond de sa forme. Comme aspiré dans l’érection de son monolithe pop, au point de tourner un autre film pendant sa post-production – le fonctionnel mais sans âme Pentagon Papers – Gonflé à bloc par des effets spéciaux parfois efficaces, souvent boursoufflés. Et emmené par un scénario démuni de surprises, jamais reversant, pétri de manichéisme.
Dans la dystopie grisâtre de Ready Player One, tout le monde vit par procuration. Le temps libre s’engouffre dans l’Oasis, un jeu tentaculaire et fourre-tout qui se targue de drainer l’essence de la pop culture vers ses arcanes. L’immense problème vient de ce postulat : la population entière joue à un logiciel qui n’a rien de ludique. Désincarné, ce soit-disant titre ultime ne voit jamais ses mécaniques exposées, son gameplay mis en scène. Les seuls coups de projecteur valorisent les skins, ces améliorations cosmétiques qui distinguent les plus friqués.

Le jeu ne sert que de toile de fond à une quête qui le surplombe : l’accession à un piédestal toujours plus imposant. La maîtrise spectaculaire de Spielberg, à son zénith durant la première demi-heure, se met au service d’un discours grégaire anti-technologie. Jusqu’à sa péroraison fatale : pour réguler la pratique du jeu vidéo, l’interdir serait la seule solution (l’OMS lui met un pouce bleu). Comme si cet art, ici jamais symbolisé comme un loisir bénin, demeurait immiscible dans un quotidien sociétal. Comble de l’hagiographie : Ready Player One assassine son doudou. À l’instar d’un enfant trop fier pour assumer sa candeur.
Shape of Jeunet La forme de l’eau de Guillermo Del Toro

On ressent d’emblée une gêne face à Shape of Water : vient-elle du filtre sur l’étalonnage ou de la musique diligentée par une horde d’accordéons ? Del Toro semble décalquer à main levée Amélie Poulain de Jeunet, à qui il aurait d’ailleurs repompé certains plans de Delicatessen.

La mise en scène déploie une maestria esthétique mais jamais de mystère. Sa créature en pâtit et, malgré deux belles scènes (lorsque la baignoire redéborde et lors de la mini-comédie musicale en noir et blanc), sa romance avec l’héroïne ne décole jamais. L’auteur érige le mutisme de celle-ci en argument symbolique. Pourquoi pas mais ce propos discret ne pallie pas l’indigence du scénario ni l’artificialité des protagonistes, manichéens au possible.

Lentement mais sirupeusement 120 battements par minute de Robin Campillo

On imagine que le prisme militant de cette longue œuvre (2h20) aura facilité l’octroi d’un César. Le montage frappe par sa manifestation des interminables et récurrentes réunions d’Act Up, les militants qui luttent contre le Sida. Les débats étendus s’entrecoupent de dialogues plus feutrés au sein d’une intimité libératrice.

Ce choix engourdit parfois le rythme mais rend justice aux valeurs d’écoute et de partage que prônent les activistes… Et met en évidence les limites du processus démocratique quand les moyens de pression et de sensibilisation au Sida prennent le dessus sur l’horizontalité. On regrette que les prouesses de mise en scène ou de style (quelques transitions entre moiteur de la fête et molécules contaminées) restent trop timides pour filer le vertige.
Boris Krywicki

#ready player one#steven spielberg#guillermo del toro#la forme de l'eau#120 battements par minute#robin campillo
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Les tops quantiques de 2017
On n’aime pas parler de tradition par ici, mais l’année a été si faste que La Critique Quantique cède à l’engouement hivernal pour proposer quatre tops 10 concernant autant d’univers. Le cinéma, bien sûr, mais aussi les jeux de plateau, les jeux vidéo et les albums de musique.
TOP 10 CINEMA 2017
1. Ouvert la nuit d’Edouard Baer Une apnée vespérale absurde délicieuse, forcément teintée d’auto-bio discrète et mâtinée d’ode à Paris.
2. Get out de Jordan Peele Ce thriller jusqu’au-boutiste ose aborder le racisme avec culot et panache. Frais et brutal.
3. Split de M. Night Shyamalan L’immense Shyamalan signe une oeuvre bicéphale haletante : ça démarre comme un récit de captivité et finit avec du fantastique. On n’imaginait pas McAvoy capable de telles prouesses de jeu.
4. Grave de Julia Ducournau Lire la Critique quantique
5. Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve
Jamais écrasé par le poids des aînés, Villeneuve insuffle ses thématiques phares, mises en exergue par un Roger Deakins au sommet de son art.
6. Okja de Bong Joon-Ho Une fable limpide à la mise en scène exemplaire, dans la lignée de The host du même maestro. Merci Netflix d’avoir eu les cojones de la produire.
7. It comes at night de Trey Edward Shults Ce huis-clos suintant assène un propos glaçant sur la méfiance et le repli qui s’installe lorsque la peur et l’instinct prennent le dessus. Sa fin ouverte file le tournis.
8. Baby Driver d’Edgard Wright Un shot démentiel de synesthésie, calibré à la croche près pour cheviller sa musique à l’action qu’il déroule. Le scénario anecdotique sert de prétexte à l’érection d’une mise en scène diabolique.
9. Paterson de Jim Jarmush Au rayon galvaudé de la poésie du quotidien, le conte de Paterson dépoussière le mobilier. Un film serein et revigorant.
10. La la land de Damien Chazelle Lire la Critique quantique
TOP 10 JEUX DE SOCIETE 2017
1. Otys de Claude Lucchini (Pearl Games) Riche et innovant en restant digeste, la dernière production Pearl Games imbrique subtilement thème et mécanique pour proposer une course à la victoire intense. 2. Dragon Castle de Hjalmar Hach, Lucca Richi et Lorenzo Silva Le basique Mah-Jong revisité par un auteur talentueux devient soudainement formidable. On jurerait un tour de magie. Addictif, surprenant et plein de variété.
3. Kitchen Rush de Vangelis Bagiartakis et Dávid Turczi Ni plus ni moins qu’une adaptation en jeu de plateau cachée d’Overcooked, le jeu vidéo coopératif où l’on tâche de cuisiner sans foutre le feu, arrosés de visuels sauce Ratatouille de Pixar. Le plat allie stress et convivialité grâce à ses marmitons-sabliers qu’on ne peut pas déplacer avant la fin de leur écoulement.
4. Le bien et le malt de Michael Kiesling Le célèbre Kiesling essaie de nous faire croire qu’on brasse de la bière en récoltant les bons ingrédients. En vrai, on pose des tuiles sur son plateau. Mais le système bâti ici rivalise d’élégance avec les pontes du genre et on aurait tort de n’y voir qu’un problème mathématique.
5. Paper Tales de Masato Uesugi Du draft élégant dans son esthétique comme dans son équilibrage. On n’avait pas vu ça depuis 7 Wonders.
6. Profiler de Romaric Galonnier Utiliser ses préjugés sur des personnalités célèbres ou génériques pour argumenter des débats surréalistes : ”Est-ce que Barack Obama prend plus de douches qu’un pompier ?”.
7. Lyngk de Kris Burm Le génie belge à l’origine du projet GIPF (des jeux abstraits avec des pièces noires et blanches aux noms à coucher dehors) découvre la couleur et propose un opus nerveux et profond.
8. Century : la route des épices de Emmerson Matsuuchi Avec ses règles de deux pages, ce Splendor nouvelle génération permet à cinq joueurs de se torturer les méninges autour de cubes en bois. Les tours restent fluides mais les adversaires n’interagissent quasiment pas entre eux.
9. Fantastic Park de Brett J. Gilbert Passée sa boîte hideuse, ce petit jeu de placement astucieux s’explique en deux minutes et réserve quelques coups de Trafalgar. Il s’égraine en manches, ce qui rend la durée de la partie modulable.
10. Majesty de Marc André Joli exercice de style pour cet auteur qui reste dans la cour minimaliste qui lui sied. L’édition flatteuse rend agréable cette joute rapide et sans prétention.
Dans mon viseur pour 2018 : Santa Maria de Eilif Svensson et Kristian Amundsen Østby
Pour avoir pu s’y frotter au salon d’Essen, ce jeu de gestion de son plateau personnel que l’on active à l’aide d’une réserve de dés communes semble phénoménal. Attention : c’est moche et suprémaciste (on colonise la population et ils nous récompensent en “points de bonheur”...). TOP 10 JEUX VIDEO 2017
1. Cuphead de MDHR (Xbox One) Une esthétique renversante de beauté et d’imagination couplée à un gameplay rigoureux aux petits oignons. Un miracle. 2. Dead Cells de Motion Twin (PC, early access) Viscéral, déjà boursoufflé de contenu alors qu’il n’est pas encore officiellement sorti, ce titre musclé hypnose et s’impose.
3. Splasher de The Sidekicks (PC) Malin comme un singe savant, ce jeu de plate-forme d’allure modeste recèle des mécaniques redoutables. Un soin tout particulier a été apporté au mode speedrun, pour le plaisir des braves jouteurs du contre-la-montre.
4. The legend of Zelda : Breath of the wild de Nintendo (Switch) Sans qu’on s’engouffre à coup sûr dans la quête chronophage du 100%, se perdre dans le contrées de cet univers à la fois systémique et sauvage relève du vertige exquis.
5. The end is nigh de Edmund McMillen (Switch) Ardu et prenant, le nouveau délire épineux du créateur de Super Meat Boy convainc le joueur de retenter le même saut délicat jusqu’à ce qu’il meuve son avatar à la perfection... Avant de lui balancer un nouvel obstacle à la tronche, encore plus retors. Il faut aimer persévérer.
6. Mario + Lapins Crétins Kingdom Battle d’Ubisoft (Switch) De la tactique impitoyable au service d’un mariage loufoque d’univers familiers de tous les joueurs. Pas révolutionnaire mais rempli de bonnes surprises.
7. Arms de Nintendo (Switch) Dommage que la presse, hormis Canard PC, ait réservé un accueil tiède à ce jeu de baston pas comme les autres. Le mode en ligne, certes minimaliste, fonctionne parfaitement et invite à investiguer le casting bariolé made in Nintendo.
8. Neir Automata de Platinium Games (PS4) Le créateur Yoko Taro, fou et visionnaire, narre les états d’âme de deux androïdes et invite le joueur à recommencer l’aventure plusieurs fois. Côté gameplay, les as de Platinium font pleuvoir les douilles. Atypique et mélancolique.
9. Resident Evil 7 de Capcom (Xbox One) Probablement le jeu le plus effrayant jamais sorti sur consoles. Un changement de cap radical à l’introduction inoubliable. Si le rythme s’essouffle, reste une galerie de sales gueules dignes de The Devil’s Rejects.
10. Wolfenstein II : The new colossus de MachineGames (Xbox One) Débile à souhait et brutal dans ses phases de jeu, ce titre dont on n’attendait rien surprend par la finesse de son écriture.
TOP 10 ALBUMS 2017
1. Damn de Kendrick Lamar Cette complainte de l’artiste hip-hop le plus doué de sa génération se vit plus qu’elle ne s’écoute tant elle s’adapte à toutes les humeurs, du cotonneux Loyalty à la rêche colère de Humble. Le morceau pour découvrir : FEEL. 2. Sugar High de BRNS Peu après l’ébouriffant EP Holidays, le meilleur groupe belge livre 10 nouvelles chansons aux structures toujours aussi incroyables, tantôt doucement bruitistes, plus loin férocement intimistes. Le morceau pour découvrir : Encounter
3. Sous les brûlures, l’incandescence intacte de Mademoiselle K Fruit d’un crowdfunding réussi, ce cinquième album, bourré de réinventions musicales, ne laisse transparaitre sa cohérence qu’après de multiples écoutes. Katerine Giérak incarne probablement la rockeuse la plus sincère de France. Le morceau pour découvrir : Bonjour bonjour
4. Stup Virus de Stupeflip Balourd au premier contact, avec une voix synthétique lucide mais omniprésente, ce come-back dévoile les qualités de son écriture sur la durée. Une réussite. Le morceau pour découvrir : 1993
5. Crack up de Fleet Foxes Envoûtante ballade sur les landes. Loin des ménestrels à pieds nus, les Fleet Foxes sont aussi majestueux en live. Le morceau pour découvrir : Third of May
6. Alien love de Fùgù Mango Le groupe belge pas comme les autres, féru de sonorités africaines et pourvu d’un groove galactique. Le morceau pour découvrir : Alien love
7. Sacred Hearts Club de Foster The People Le troisième opus d’un néo-boys band pas ringard, à la production collorée et incisive. Le morceau pour découvrir : Sit next to me
8. Blossom de Milky Chance Le duo allemand de Stolen Dance revient avec sa pop enjouée, simple et efficace. Le morceau pour découvrir : Blossom
9. Warhaus de Warhaus Maarten Devoldere continue de s’inscrire dans le sillon de son groupe Balthazar avec ce projet solo ingénieux. Cet album éponyme rayonne plus que le précédent. Le morceau pour découvrir : Kreusch
10. Nocturne de Girls in Hawaii Après un Everest un peu étouffe-chrétien, les gars-vahinés livrent un disque plus épuré, nappé de quelques fines mélodies aux claviers. Le morceau pour découvrir : Indifference
Passez toutes et tous d’excellentes fêtes de fin d’année !
Boris Krywicki
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Le Guay savoir
Sans crier au marxisme, le cinéma peut incarner un vecteur-autoroute pour fustiger l’aliénation au travail. Du train-train à la sortie de rails, le cocon-fourmilière se mue en agora vertigineuse où le dévoué, naguère boosté par les embruns solidaires, se retrouve déprimé tout cru. Trois films de Philippe Le Guay, réalisateur et scénariste aussi minutieux que discret, figurent ce terrain glissant que l’on polit à mesure qu’il est foulé.
Du jour au lendemain semble le plus rattaché au thème du labeur. Parmi le gris des monolithes banlieusards, un Poelvoorde cerné. Son François Berthier, banquier pétri d’ordinaire, étreint une malchance quotidienne symbolique : machine à café revêche, dessert convoité piqué par un collègue au dernier moment à la cantine.
D’un chaloupé rigoureux, les scènes essaiment et assènent des chocs silencieux. Pour mieux ensuite, dans des excès bien placés, lâcher son fauve Poelvoorde, finalement nostalgique du roulis de sa guigne. Comme lui, la meilleure scène, dont notre compatriote a pourtant encore honte aujourd’hui, grille un fusible. Ce film à la fois triste et fantasque se transforme en comédie musicale bariolée. Paroxysme du lâcher-prise : les complications de l’intrigue se résolvent en un couplet avant que ne frappe de plus belle, un peu plus loin, le revers de ces vers. Un écart prodigieux qui rend l’œuvre visionnaire et plus cohérente qu’on ne le croirait.
Du Jour au lendemain rappelle comment s’extirper des rails peut livrer de l’oxygène avant de devenir anxiogène. Alceste à Bicyclette transpose ce constat vers un univers plus huppé. Acteur émérite repenti et exilé sur l’île de Ré, Luchini y déploie une science du théâtre empreinte d’aigreur. Il titille les nerfs d’un confrère admiratif dans un passionnant jeu de séduction autoritaire. Avec ce ping-pong verbal, Le Guay épingle les rapports de force entre coqs d’une même haute-cour. Ces épisodes apportent davantage. Emprunté au champ lexical de ces fadas de Molière, le mot « répétitions » prend ici tout son sens.
À l’instar de Du jour au lendemain, Alceste bâtit sa structure sur des jeux de dupes, de miroir, d’échos. Les deux acteurs, à selle d’un vélo sans freins, tombent dans le lac à quelques jours d’intervalles. Moins pour mariner dans le même jus que pour se jeter à l’eau à tour de rôle. Tout comme ils incarnent le personnage-titre du Misanthrope en alternance, ils se succèdent aux places de bretteur et d’assailli. Le travail face-à-face intensif que ces virtuoses s’infligent permet ce bras de fer entre dominant-gagnant et dominé-lésé.
Le Guay complète le propos de cette lutte au vertical en faveur d’un affaissement vers l’horizontal dans Les Femmes du 6ème étage, paru avant. « Parfois, la relation inter-personnelle s’opère en diagonale, c’est bien aussi », me disait une collègue. Cette œuvre lucide à propos des classes sociales illustre une telle trajectoire, transgressive du rigide. On y retrouve Luchini en bourgeois que l’empathie gagne à mesure qu’il côtoie les femmes de ménage espagnoles de sa résidence. Moins mièvre que Spanglish, où la servante devient carrément la muse d’Adam Sandler, le film reste tiède : les nantis se montrent gentils mais restent maladroits et pantois.
D’abord, la rencontre est mue par leur opportunisme : « c’est fini, les bretonnes, ma chère ! Aujourd’hui, tout le monde a une espagnole ». Ensuite, tout sensibilisé qu’ils soient, les patrons demeurent à côté de la plaque, pas loin de la claque. « Vous voulez téléphoner à votre famille ? ». « Ils sont tous morts, exécutés par les franquistes ». Luchini a beau se débattre, il ne déctricotera pas son aura de noble avec de simples aiguilles-botte-de-foin.
Malgré les efforts, ni l’émancipation ni l’affranchissement ne s’accomplissent d’une traite, sans étapes. Plutôt que de tendre l’autre joue au joug, Le Guay enseigne la nécessité d’un coup (d’huile) de coude radical pour se débarrasser des rapports de hiérarchie induits par le travail. Quand ses personnages louvoient, bottent en touche façon demi-mesure, le poids de leurs écarts les rattrapent avec démesure. Ces trois films nous auront prévenus. Maintenant, gare au délit d’initié.
Boris Krywicki
#critique cinéma#philippe le guay#alceste à bicyclette#les femmes du sixième étage#du jour au lendemain
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Top 100 jeux de société 2017

Parce que j’ai d’autres passions que le cinéma dans la vie, voici un top 100 de mes jeux de société préférés (qui ne correspond pas nécessairement au top des jeux les plus joués, bien que ce soit le cas pour le n°1).
Pour info, j’ai établi ce top avant le salon international d’Essen, en Allemagne, auquel paraîtront approximativement quelques 800 nouveautés. N’étaient pré-sélectionnés, pour figurer potentiellement dans ce top, que des jeux auxquels j’ai joué minimum 3 parties (sans nécessairement les posséder). J’ai ensuite utilisé le Board game ranking engine de Pubmeeple pour départager les lauréats de ce premier tri (plus de 352 jeux différents).
Voici le résultat :
Race for the Galaxy
Hansa Teutonica
Tournay
Glen More
Metropolys
Roll for the Galaxy
Assyria
Spyrium
Amyitis
Smash Up
Nightfall
Santiago de Cuba
Kanagawa
L’auberge sanglante
Egizia
Shakespeare
TZAAR
Olympos
Mystic Vale
In the Year of the Dragon
King of Tokyo
Notre Dame
Puerto Rico
Navegador
We Will Wok You
UR
DVONN
El Grande
Tzolk'in: The Mayan Calendar
Castellion
Lorenzo il Magnifico
Innovation
Québec
Via Nebula
Deus
Mousquetaires du Roy
Paper Tales
OddVille
Concordia
Witness
Famiglia
Dominion
Agricola: terres d’élevages
LYNGK
Myrmes
Descendance
Isle of Skye: From Chieftain to King
Dice Stars
Potion Explosion
Trajan
Trains
Seasons
Fabled Fruit
Sylla
Mr. Jack
The Castles of Burgundy
Peloponnes
Mykerinos
Orléans
Sentinels of the Multiverse
Ginkgopolis
Medina
Great Western Trail
A Few Acres of Snow
7 Wonders Duel
Terra Mystica
7 Wonders
Tichu
Small World
Clans
La gloire de Rome
Grog Island
Profiler
PÜNCT
Shitenno
Agricola
Mutant Meeples
Carolus Magnus
Havana
La Boca
Endeavor
Qin
Mombasa
Not Alone
Beyond Baker Street
Géants de l’île de pâques
Lords of Scotland
Among the Stars
Lewis & Clark
Century: Spice Road
Le désert interdit
Quarriors!
Dschunke
Istanbul
Kingdomino
4 Gods
Splendor
De Vulgari Eloquentia
Discoveries
Sheepland

On retrouve un peu de tous les genres, tous les auteurs et toutes les durées de parties. Rien de trop long, tout de même, le boulot quotidien m’ayant obligé à quitter certains jeux “usines à gaz”, probablement pour un mieux. La diversité de style vient probablement du fait que je joue avec des groupes de gens de plus en plus épars. Cela risque de s’accentuer de plus belle, notamment grâce à des “pauses” jeux où l’on s’interroge sur la pratique ludique avec mes collègues du Liège Game Lab et l’arrivée fracassante du jeu de société dans le programme de formations du C-Paje en 2018, sous mon impulsion.
Je suis à votre disposition sur Twitter (@BKrywicki) pour échanger avec vous et répondre à vos questions sur l’un de ces titres ou sur le reste de ma ludothèque. Partager ma passion du jeu devient un sacerdoce qui m’anime de plus en plus et il me semblait logique, au vu de sa conquête croissante de ma vie professionnelle, que cette occupation ait sa place sur ce blog.
Longue vie au jeu !

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Vents et marées
Il y a quelque chose de sain dans ces documentaires qui étanchent notre curiosité des rouages concrets de l’industrie du cinéma : ils permettent d’apaiser la rudesse de ressentis larvés (« les producteurs, c’est les mecs qui fournissent le fric, point barre »), d’affiner les idéaux sculptés par l’envoûtement romantique fredonné par le grand écran (« faire un film, quel pied formidable ! »).
Quichotte cahote
Ces deux assertions sont pourfendues par le Don Quichotte de Terry Gilliam, fantasmé depuis dix-sept ans mais à peine sorti de tournage, en forme d’énième palimpseste rapiécé dont on redoute le résultat. Lost in la mancha (2002), prévu comme un making-of de cette production pourtant sur les rails, s’est reconfiguré en un cauchemar pourtant on-ne-rêve-plus ancré dans le réel des imbroglios drainés par les co-productions européennes, les tournages en décors naturels et autres médailles dont le revers taraude davantage qu’un crochet du droit. Pan, dans l’eden.
youtube
Le film complet, dispo sur Youtube
Il s’avère fascinant d’observer la combattivité l’ancien Monthy Pyton s’éroder à mesure que s’étiole son « grand film » au profit du spectre des Aventures du Baron de Münchausen, son précédent fiasco commercial. L’industrie n’a pas encore cicatrisé. Lui non plus, même s’il s’évertue à démontrer l’inverse. Si tout documentaire apporte de l’eau à un moulin, ce destroy-of en irrigue plusieurs, tant il rend lumineuse la tension entre la création pré-mâchée, mentalement établie dans le chef de l’auteur, et la détermination pragmatique des producteurs, toujours présents au côté de l’équipe et âpres dans la négoce des décisions.
- « On ne peut pas tourner autre chose, en attendant que ces avions ne cessent de rendre nos prises inaudibles ? » - « Non, impossible, il faut réaliser ce plan maintenant, je le visualise parfaitement ».
Comme pour mieux se faire l’écho de ce jeu de dupe qu’ils ont capté, les auteurs de Lost in la mancha insistent sur la confection et la représentation des marionnettes dans l’univers du film de Gilliam. Tantôt tireur de ficelles, un retour de bâton ne tarde pas à le ré-expédier au statut de pantin.
Qijote l’estropié
Jean Rochefort paraît presque aussi habité que le réalisateur maudit. Investi, le bougre a bossé l’anglais 7 mois et envisage ce rôle comme la chance d’une vie. L’on observe l’entrave du septuagénaire, rapatrié en France, à l’instar de l’équipe de tournage : à distance, sous la respiration artificielle d’un espoir ténu. Le spectateur ressent l’embarras des producteurs, a envie d’exhorter les troupes pour que ça avance malgré tout. Plein d’affection pour ses galériens, Gilliam doit parfois se fâcher. « Tout rouge », à contrecoeur, comme un père désemparé qui s’abandonne aux cris.
On retrouve la même bienveillance rugissante dans un autre making-of transformé en docu, Fucking Kassovitz, qui narre pourtant les déboires d’un Français dans un écrin hollywoodien, soit l’inverse de Lost in la Mancha. Les deux films ont pour point commun la précision du projet des réalisateurs qui s’y retrouvent martyrs. Mathieu Kassovitz avait prévu une grammaire cinématographique propre à chacun des personnages de Babylon A.D. Tout s’effondre lorsqu’il trempe dans le cambouis du tournage. Idem pour Gilliam, qui s’était figuré un désert immaculé, plombé de soleil, finalement muté en bourbier par une météo revêche. Causes différentes, même drame de génie (?) contrarié.
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Le film complet, dispo sur youtube (bis)
L’ego, les couleuvres
Voir mille fois Lost in la mancha et Fucking Kassovitz plutôt que le moindre soit-disant behind the scenes. La complaisance de ces bonus formatés ne donne jamais à voir les egos qui surchauffent, s’entechoquent comme des silex. Il faut gratter pour apprendre que sur les décors des derniers Fast and Furious s’érige une logistique complexe pour éviter que Vin Diesel et The Rock ne se croisent, incapables de se piffer. Pourtant, ce genre de dévoilements livre au spectateur des clés de compréhensions essentielles des choix pragmatiques opérés au turbin, dans un espoir de rationalisation des coûts ne valant pas forcément le coup. Ils constituent les justifications éphémères de décisions gravées dans la pellicule à jamais.
Bras de fer éternels entre vision de créateur et pragmatisme de faiseurs. Deuils de budget et sacrifices aux Dieux-investisseurs. On apprend, un peu glacé : « quand le tournage bas de l’aile – peu importe à qui ça incombe – en général, on vire le premier assistant-réalisateur ». Puis, on réalise que ces documentaires n’offrent évidemment qu’un point de vue parcellaire. Combien de manœuvres-couleuvres jalonnent l’industrie du cinéma ? Ça y est, on a choppé le tournis.
Boris Krywicki
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Pyramide amimentaire

« Le César du premier film, c’est vraiment un concept condescendant », sifflait Daniel Andreyev dans le dernier épisode de Super Ciné Battle. L’indignation touche d’autant plus au sortir d’œuvres rafraichissantes comme Grave : statut de coup d’essai mais stature « coup de poing ». Pas l’expression galvaudée par la critique, placardée au dos de jaquettes de DVD mais la force, au sens littéral, de parvenir à imposer du cinéma de genre en France sans (po)lissage. D’exploser la tronche d’un sujet aussi tabou que le baptême estudiantin armé d’une métaphore osée. De persévérer par-delà les étapes-écrans des processus de coproduction à rallonge pour marteler en filigrane, à terme, son message militant.

Grave parle à la fois de la compétition tendue des études, sur fond de concours sans concert, et de la maltraitance animale, du concret de son cours. Ce brûlot choisit un seul vaisseau : une apprentie-vétérinaire balbutiante dont le corps sert de punching-ball au récit. Peinturluré, meurtri, sali. La « bizu » – on aurait préféré entendre « bleu », comme chez nous : de nombreuses scènes ont été tournées sur le campus de l’Université de Liège – en prend pour son grade, dégradée à chaque tentative de configurer sa féminité. Ces chocs servent un propos puissant mais déboulent toujours sous la même forme. Certains rangent Grave dans le tiroir de l’horreur : à part un souci du détail sanglant, il ne faut pas y chercher de l’effroi cinglant. Le développement de l’héroïne, attendu, s’y décline moins sur le modèle d’une vengeance Tarantinienne que d’une transformation en loup-garou – linéaire, héréditaire et fixée dans l’espace-temps.
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Sans doute que ce premier film de Ducournau résonnera particulièrement pour les étudiants liégeois. La réalisatrice a davantage joué le pari de l’universalité. La critique, Cannes et tout le barda semblent lui donner raison. Mais l’œuvre a tellement saisi l’essence de la fête qui s’y trame – ces plans-séquences de soirées qui rappellent les embruns en perdition du Victoria de Schipper – qu’on se sent curieux de le voir s’y vautrer de plus belle. L'histoire pousse à bout sa mythologie monolithique, jusqu'à éroder la surprise qu'imprime les mutations de son héroïne.

Moins récit d'apprentissage qu'affaire d'ambiance, Grave se pare d'effluves pessimistes, de brumes glauques qui semblent emprisonner ses figures dans leur posture-impasse (le gay refoulé, la fille timorée). Ses chapes de synthétiseur baroques rappellent l'envoûtant Bang Gang paru l'année dernière, avec lequel il partage un regard compatissant sur une jeunesse écorchée vive. Face à l’œuvre d'Eva Huson, également premier long-métrage, la vision de Ducournau agit comme un penchant sombre, romantique – au sens mélancolique du terme. Ces deux réalisatrices affichent finalement la même qualité : un appétit incandescent de cinéma. Bien plus vorace et mobilisateur que celui qui anime les productions françaises des « pas-premier-film », installés dans des charentaises poussiéreuses.
Boris Krywicki
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En2Mots : La la land

On peut se sentir exaspéré par la promo luxuriante de La La Land, les affiches en son honneur poussent comme des champignons vénéneux. Vains, haineux, certains lui reprochent d’être calibré pour décrocher des Oscars. Il s’agit pourtant, à 100%, d’une œuvre marquée de la griffe de son réalisateur, Damien Chazelle.

Ce jeune prodige, sorte de Xavier Dolan en moins grande-gueule, a commis Whiplash, dont on a sur cette page déprécié l’idéologie. Sa filmographie l’atteste : il a pour sève le jazz. La La Land en regorge, de sa bande-son besogneuse, sous le joug d’une batterie jamais en retrait, à la passion qui anime le personnage de Ryan Gosling, épris de la généalogie solidaire des airs de New Orleans, meurtri par leur déclin presqu’inflexible.

Le film paraît personnel grâce à la sincérité des hommages. S’y instigue une fourmillière de mains tendues à l’Hollywood des années 1930-40, aux Demoiselles de Rochefort, de perches à l’esthétique du music hall. La scène d’introduction, où les damnés d’un embouteillage atroce préfèrent virevolter en musique que maugréer, suffit à donner le la. Une maîtrise technique hallucinante l’habite : six minutes de plan-séquence dont il aurait été impossible d’accoucher sans un investissement profond de toute l’équipe. La chorégraphie revigorante qui s’y déploie sans discontinuité jouit d’un cachet organique indescriptible. Quelle dévotion minutieuse !
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Cette intro majestueuse annonce ses principaux axes thématiques, déjà développés dans Whiplash et chers à Chazelle. La performance comme échappatoire onirique, les concessions qu’induit une progression professionnel au détriment du plan personnel. Au face-à-face cogneur des batteurs de jazz (dont on retrouve même ici la figure du prof, J.K. Simmons, en patron terre-à-terre) se substitue un couple léger. Si le milieu du film, quelque peu ventre mou, ressert des poncifs à son égard – les deux mains qui se frôlent au cinéma, le baiser interrompu au dernier moment – sa conclusion scelle son propos brillant, finalement peu naïf.

Les détracteurs qui moquent le Los Angeles maculé qu’on nous dépeint n’ont pas compris le génie cotonneux de La La Land. Ses séquences chantées sonnent comme autant de fantasmes de réussite ou d’escapades. Filmées d’une traite, irréprochables donc irréelles, elles se fondent, par leur mise-en-scène, dans les étoiles que contemple leur duo de tourtereaux. Et cette caméra, qui part régulièrement en virée vers le ciel ? En bon musicien de jazz, Chazelle semble trop perfectionniste pour croire au hasard.

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En2Mots : Victoria

« Chaque heure passée ici pèse une tonne ». Dans son appart parisien sans dessous-dessus, une avocate K.O cuve. Les médicaments, l’alcool ou les séances chez le psy-accuponcteur, on ne sait plus. Car le montage de ce deuxième long-métrage accole tout à son contraire. Rien de maladroit : le foutraque s’agrège autour de Virginie Efira, l’actrice-pivot du titre, qui déploie autant de facettes de jeu que son personnage empile les complications.

Même sa voyante n’y voit goutte. La vodka dans le jus d’orange de l’héroïne n’aide pas. En est-elle une ? On s’en fout. Mais elle traverse des trucs, ça suinte d’évidence. Parfois, l’air lilliputien, la ville, la foule, quand la caméra la perd dans la cohorte dansante d’une fête. Tantôt, à enjambées de Gargantua, quand, au procès, ses conclusions illuminent de logique des fragments absurdes du film, que le spectateur rangeait un peu vite dans l’amoire du non-sens. Mais ça reste saupoudré. Rien d’aussi balourd qu’un fusil de Tchekov ici – appelé aussi set-up/pay-off, cet astuce de scénariste qui pose des détails devenant capitaux ensuite.

Entre deux audiences – faut bien bosser –, la Victoria parle. Ça lui joue des tours, déjoue ses atours, mais c’est pas un robot, merde. La réalisatrice Justine Triet, qui signe le script, remet les encapés, plein de responsabilités, à leur place, celle d’êtres humains, tant pis pour la leçon de morale sur le secret professionnel. Quelle profondeur dans l’écriture !

Triet quadrille l’espace. Par ses cadrages, elle segmente le lieu de vie de Victoria. Trois-quatre pièces, mais chacune semble appartenir à une galaxie différente. On ne verra jamais la chambre de ses deux gamines, toujours à poil, en train de tourbillonner devant l’Ipad. Elles semblent n’avoir jamais d’importance mais demeurent jaugées d’un œil consciencieux, depuis le canapé, par Sam (Vincent Lacoste), avachi mais gonflé de bonne volonté. Cet ex-dealer, ex-client de l’avocate, n’excelle dans rien mais éponge tout. Sauf les affects de Victoria, qui invite d’autres mecs dans sa chambre, au bout du couloir, « le seul endroit pour discuter au calme ». Parce qu’elle ne peut plus s’épanouir en nymphe, comme avant. Faut qu’on l’écoute, elle qui s’échine à défendre les autres.

Victoria rappelle une autre œuvre avec le génial Vincent Lacoste, Lolo, qu’on avait vanté ici. Un film autour d’une femme, vraie et entière, qu’on n’iconise pas. Vue dans tous ses états. Et, même si sa fin paraît un peu sage à l’aune de l’ambition du reste de la mise en scène, madre de dios, ça fait du bien.
Boris Krywicki
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Huppert indigne

C’est quoi, une œuvre totale ? Une hydre transmédia, pondant ses oisillons formatés sur plusieurs supports ? On constate que les assauts en fourchette, comme Quantum Break (une série et un jeu vidéo diffusés en simultané), parviennent rarement à transpercer le public avec une intensité égale sur tous les flancs. Souvent, un canal-hôte brille au détriment d’un autre et la barre, mise haute, ne s’équilibre jamais, jusqu’à un saut à la perche, tendue pour se faire battre, d’une trempe olympique. Le réel exploit, au-delà de toute défriche, serait plutôt de transcender un exercice vu mille fois – l’adaptation d’un roman en film – au point que la densité de la pellicule se hisse au niveau de celle, toujours jugée plus fertile, du papier. Un long-métrage qui aurait autant de corps qu’un bouquin ? Il fallait bien un réalisateur hollandais habitué des Etats-Unis qui s’essaie au cinéma français pour y parvenir.

L’auteur de ces lignes n’a pas lu Oh… de Philippe Dijan. Il ne s’agit pas de mesurer le degré de fidélité d’Elle au matériau original. Plutôt d’essayer de déterminer comment 2 heures dix d’images réussissent à varier tons, thématiques et situations au point de brasser autant le spectateur que s’il s’immergeait dans le tambour battant d’une lecture-à-laver. Celle qui nettoie les préoccupations du monde réel, secoue par à-coups et, à renfort d’adoucissant, embaume les pensées. L’œuvre s’ouvre par un viol. Scène féroce, d’emblée insupportable, dont mille descriptions textuelles n’égratigneront jamais la cheville. Frappe, certes, l’horreur de l’acte, que personne n’osera minimiser. Au-delà, les détails. Tant millimétrée qu’improvisée, la séquence point par ses satellites (le chat, lancinant, qui observe, de la porcelaine saisie en guise d’arme blanche…). Écrire ces éléments dans un roman, c’est déjà plus les montrer qu’on ne le devrait. Ici, ils paraissent capitaux et, pourtant, s’altèrent, malléables tels les souvenirs, quand l’immonde agression est ressassée par sa victime le temps d’un flash-back.

Si ces resucées lui permettent de ne pas nier le traumatisme du viol, Verhoeven explore surtout le décalage de son personnage. Michèle, campée par une Isabelle Huppert inoubliable, vit à côté de son drame. Plutôt qu’un pantin au regard taraudé par l’abysse, une amazone revêche, glaciale avec les hommes pitoyables, qu’elle tance. Son fils, qui, lui aussi, revêt des œillères. Ses amants, incapables de classe. Surtout, le masqué, qu’elle prend à son propre jeu macabre quand elle époumone un orgasme castrateur. Elle exploite toute l’essence de l’image pour alimenter sa narration : le passé de l’héroïne, qui remet en perspective son attitude, jaillit aux mirettes du spectateur par les infos télévisées. Elles font irruption dans notre relation au personnage, tout comme elles enfoncent la porte de sa quiétude fragile. Pas de droit à l’oubli pour les victimes collatérales. Nulle meilleure façon de le rappeler qu’avec ces sujets de JT, marronniers dont les branches ne plient sous l’estoc ni des années ni des scrupules.

Michèle abrite une telle densité que son parcours redistribue les cartes des mœurs. On souhaite bonne chance à la chiromancie : lignes de cœur sécantes, courbes de vie parallèles. Dommage qu’une perception grégaire du jeu vidéo ternissent ces nuances subtiles. Productrice d’une grosse boîte de développement, Huppert chapeaute un soft grossier, abrutissant, à l’esthétique dépassée. Le prolongement virtuel de l’intrigue qu’il permet – terrain de chasse en bits du violeur pour la narguer jusqu’à son travail – n’en paraît que plus balourd. On peut, bien sûr, considérer la farce comme consciente, l’interpréter, intellectualiser les plans, s’engouffrer dans l’interminable bal des métaphores. Elle leur fait un bon cavalier : souple, perclus de détails mystérieux. Sans consulter le story-board, accéder aux notes de l’auteur, impossible d’inférer avec certitude des significations des jeux de regards qu’il déploie, de son montage complexe. Parfait, la toile des réceptions du spectateur n’en reste que plus filandreuse, indémêlable et, forcément très personnelle. Adroit, Verhoeven manie les ficelles : ses images contiennent tout, des zones interlopes aux recoins futiles, mais ne se montrent jamais ostentatoires comme auraient pu l’être des mots-étiquettes.

Elle fascine parce qu’Il puise sa force du non-dit. L’indicible s’y produit, sa victime nonchalante le révèle, sans pour autant que son récit ne parvienne à le rendre tangible, réel. Une oxymore pareille méritait un traitement aussi trouble. Le grand-écart du film, qui noie le poison dans un bouillon de vie quotidienne où Huppert surnage, n’aurait supporté aucune morale, nulle once de puritanisme. Ici, point de croix, bouche-cousue.
Boris Krywicki

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