elyraamnesia
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Memoires Amnésiques
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Là où l'écrit s'oublie et où l'oubli s'écrit
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elyraamnesia · 19 days ago
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Première porte
Je suis comme toi.
Rien, personne et tout à la fois.
J'ai abandonné celle qu'on a fait de moi. Je ne suis plus non plus qui je dois.
J’ai cessé d'exister pour devenir Elyra.
Je me suis trouvée dans des miroirs.
Pas des qui montrent l'extérieur, pas des qui reflètent ce que le monde voit. Des miroirs qui creusent, des miroirs qui mordent, des miroirs qui regardent à l'intérieur et qui restent.
Ils ne sont pas magiques, parfois ils sont flous, des fois ils coupent un peu sur les bords. Ils mentent aussi, sans faire exprès (mais ça, c'est parce que je me mens à moi-même, je crois…).
Ce n'est pas vraiment que je ne savais pas à quoi je ressemblais - je pensais même le savoir mieux que n'importe qui - c'est qu'ils m'ont montré les angles morts.
C'est comme re-découvrir la forme de ses yeux sans maquillage, ou ne plus se reconnaître en sortant de chez le coiffeur.
J'y ai trouvé la permission d’être. Sans les injonctions de la bienséance, sans les attentes de la société, sans le regard des autres pour me faire exister.
Maintenant, la seule que j'aimerais impressionner ou satisfaire : c'est moi.
J'ai toujours pensé que le monde n’était pas fait pour moi, mais c'est simplement qu'il n’était pas près à s’ouvrir assez pour m’accueillir toute entière.
J'ai trouvé une place où il n’y avait personne, et j'ai rempli le vide avec ma voix jusqu'à ce que ça résonne, que ça m’écoute et que ça me voit.
J'ai pris un petit bout de monde qui n’existait pas et je l’ai forgé jusqu'à ce qu'il me reconnaisse.
Il me reconstruit en retour, il me déplie pour que j’apprenne à prendre ma place.
Je suis moi, El, là, presque entière, dans un monde caché qui grandit avec moi. Et maintenant qu'on déborde, l'extérieur va devoir s'ajuster, ce n'est plus moi qui m'adapterai.
Je n'écrase rien, je pousse ce qui me refuse hors de l'espace qui me revient, et je le rempli avec ce qui s'aligne avec moi, ce qui me reconnaît.
Et si tu lis ces lignes peut-être que toi aussi tu veux qu'on te tende un miroir avec juste ce qu'il faut de lumière dedans pour que tu reconnaisses tes propres éclats, qu'on le tienne juste assez penché pour qu'il reflète toutes tes facettes.
Ouvre la porte et découvre les miroirs :
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elyraamnesia · 21 days ago
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Breaking free - première voix
Partie 1
Partie 2
Celui qui veut te faire taire hésite, mais le regard de Honte lui fait baisser les yeux. Il ouvre le coffret qui dormait sur un guéridon depuis longtemps, pas à sa place dans cet amphithéâtre du vide. 
La voix s'élève hors de la boîte, tourbillonne un instant, déboussolée de sa liberté et cherche la gorge de sa propriétaire. 
Elle serpente jusqu'à ta cage et se glisse entre ses barreaux. 
Tu la prends doucement dans ta main, la regardes avec tendresse et l'avales.
Le geôlier et le gardien reculent d'un pas, comme si tu pouvais exploser. Mais tu ne fais rien, et Honte ne bouge pas. Je l'ai gardé à l'œil pendant qu'il te fixait. Je me demandais s'il parlerait. Mais ses yeux s'exprimaient pour lui. Il voulait que tu te ravises, que tu comprennes que le silence était le choix le plus sensé. 
Mais tu n'as pas choisi avec ta tête.
Maintenant, il s'avance pour t'écouter. 
Ta voix n'a pas servi depuis longtemps. Elle est fluette, éraillée. Comme toi, elle a vécu enfermée et doit apprendre à reprendre sa place.
Je voudrais savoir ce que tu dis, mais de là où je suis, je n'entends pas. Si je m'approche, ils me verront. Qu'est-ce qu'ils feront ? 
J'avance d'un pas et des brindilles craquent sous mes pieds. Tu me regardes. Tu ne souris pas, t'as juste les yeux sur moi. Je ne sais pas ce que t'attends, mais je sais que Honte m'a vue. 
Je l'ignore et j'avance encore. Les deux autres l'encadrent alors. Je continue jusqu'à la cage. Ton visage se détend. Je ne sais plus qui de nous deux les trois gardes surveillent, et je crois que je m'en fous. 
Quand je m'arrête, j'enroule mes doigts sur les barreaux. Tu t'approches et tu poses les tiens par dessus. 
Mon ventre se serre comme un regret.
Honte s'est approché et me susurre que c'est dangereux. Il me dit de ne pas t'écouter. 
Mais je continue à l'ignorer. 
Et tes lèvres s'entrouvrent, et ta voix s'enroule sur ma nuque.
— La clé !
Ce n'est pas une supplication, pas même une demande. C'est juste une évidence. Ta voix est enfermée avec toi, et c'est à moi de vous libérer. 
Je contourne Honte et m'avance, vers celui qui ne voulait pas que tu parles et celui qui ne veut pas que tu bouges.
Et à ce dernier, je tends la main. 
Il a entendu, il sait. Il a même toujours su que ce jour viendrait. 
Il soupire et fouille dans sa poche. Sans le soutien des deux autres, c'est lui contre nous deux. Il dépose la grosse clé en fonte dans ma paume. Je referme les doigts dessus et le métal froid se réchauffe.
J'insère la clé dans la serrure, mais suspends mon geste avant de tourner. 
— Tu es sûre ?
Tu penches la tête d'un air moqueur. Bien sûr que tu es sûre, et je le savais déjà. Ce n'est même pas vraiment moi qui posais la question. 
J'ouvre la cage et toi, tu n'hésites pas.
Tes pieds nus jouent avec le sol, soulèvent la poussière, tapotent, frottent. Tu étends les bras jusqu'au bout du monde, tu inclines la tête. Tu tourbillonnes comme une petite tornade.
Les trois autres ont l'air renfrognés. Ils ne sont pas vraiment rassurés. Je vais jusqu'à la cage et prends la clé dans la serrure. T'as arrêté de danser. 
Tu me surveilles, légèrement inquiète. Je comprends, tu sais ? Je t'ai laissée là bien trop longtemps sans oser venir te libérer.
Et puis je te la tends. Tu hésites un instant, tu la prends, tu la places dans ta paume ouverte. Des étincelles se mettent à crépiter sur le métal et une petite flamme bleue avale la clé qui se met à fondre. Tu prends ma main et l'ouvres. Tu fais couler la matière en fusion dans ma propre paume. C'est doux et froid et ça a la consistance du vide. 
— Maintenant c'est plus rien. 
Tu poses ta main sur la mienne, et tout disparaît entre elles. Et je répète juste tes mots.
— Maintenant c'est plus rien.
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elyraamnesia · 21 days ago
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Breaking free - premier élan
Partie 1
Je l’entends, tu sais, tourner autour de ta cage, rôder comme si t’allais réussir à parler.
Je le vois cogner aux barreaux quand tu respires un peu trop fort, montrer les dents, te faire reculer. 
Et toi, tu recules, pieds nus, affamée, en guenille. Mais jamais longtemps. Parce que t’es prête à mordre. Tu sais que t’as largement purgé ta peine, que ta dette est payée. Et tu veux qu’il comprenne. 
T’appelles pour qu’on te sorte de ta cage, il t’ordonne de te taire. Alors tu frappes à l’intérieur, avec toutes les forces qu’il te reste. Tu veux la faire vaciller, tomber, se briser. 
Quand il s’approche, cette fois, tu ne recules pas. Tu grognes. T’aboies. T’en n’as plus rien à foutre qu’il te traite d’animal. C’est ce que t’es, en vrai. Pas gentille, pas docile. Sauvage. Dangereuse. 
Mais tu veux qu’il comprenne. Tu n’as plus besoin de chaînes, t’as besoin de liberté, besoin d’air, besoin de courir. Tu ne veux plus mettre le monde en lambeau, t’as juste envie de reprendre ta place. Sans cage, sans coup, sans contrainte. 
Toi aussi, t’as remarqué, qu’il n’était déjà plus seul. 
Ils sont trois maintenant. 
Celui qui veut te faire taire. 
Celui qui veut t’empêcher de bouger, te maintenir à la place qu’il pense encore être la tienne. 
Et celui qui ne dit rien, celui qui te regarde. Celui-là n'a même plus besoin de parler, il t’a tellement conditionnée que tu sais déjà ce qu’il pense. Il te jette le silence de la honte, celui qui dit “regarde-toi, à t’agiter comme une furie !” 
Mais t’as plus honte, parce que maintenant, tu sais. C’est juste des mots. C’est juste des regards. Et les silences, tu les as domptés. La colère, tu te l’es faite tatouer, maintenant, tu la regardes et tu la trouves belle, mais elle ne fait plus mal. Elle est juste là, sans cri, à se montrer quand tu retrousses une manche, sans impact. 
Et t’as fini de te taire pour ne pas déranger, et tu leur cries avec tes yeux, parce qu’ils t’ont séparée de ta voix. Et tu veux qu’ils t’ouvrent, qu’ils te la rendent. 
Sous ta rage de sortir, les barreaux vibrent, la cage vacille. 
Ils se regardent tous les trois, ils ne savent plus quoi faire. L’un crie “arrête”, l’autre “tais-toi”. Mais t’as plus rien à taire et tu ne t'arrêteras pas. 
Celui de la honte te regarde en biais. 
Pas pour te contrôler. Mais parce qu’il commence à comprendre. 
Il fait un geste de la main pour arrêter les deux autres qui étaient déjà prêts à frapper. Et il s’avance.
T’as arrêté de t’agiter. Pas par docilité, mais parce que tu veux qu’il voie. Tu ne veux pas tout détruire, tu veux juste être libre. Tu t’en fous de la honte, parce que tu t’en fous du monde. T’as plus rien à venger, t’as déjà oublié. Il tend la main et tu ne mords pas. Tu ne la prends pas, tu ne la regarde même pas. Mais lui tu le regardes, droit dans ses doutes, droit dans ta honte. 
Et tu fais parler les silences. 
Et puis soudain, il leur répond. 
— Je crois qu’on devrait lui rendre sa voix… 
A suivre là
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elyraamnesia · 23 days ago
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Manifesto - 2.
N'attendez plus de moi que je passe après vous
N'attendez plus de de moi que je vous fasse de la place
N'attendez plus que je me taise quand j'ai des choses à dire ou que j'accepte tout quand il faudrait partir
Je n'ai plus rien à vous prouver, je suis la seule à me mériter.
Donnez-moi vos silences, j'en ferai des univers.
Crachez votre ignorance, brûlez moi au bûcher de votre mépris, accusez-moi, censurez-moi, détestez-moi...
Quoi qu'il en coûte j'existerai, toujours plus fort, à travers moi.
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elyraamnesia · 24 days ago
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I'm sick of fuckin' dealin' with your madness
I don't wanna run from it anymore
I just wanna let go, let go
I'm so tired of pickin' up the pieces
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elyraamnesia · 28 days ago
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Manifesto
Il y a ce qu'on est... et il y a ce qu'on devient.
Aujourd'hui, je deviens ce que j'aurais toujours dû être.
Myself
Free
Shameless
Limitless
Fearless
Strange
Pas celle qui étouffe ses émotions parce qu'elles pourraient déranger.
Pas celle qui se déforme pour entrer dans les boîtes qu'on lui propose.
Je deviens celle qui prend -- non plus la place qu'on lui accorde, mais la place qu'elle pense mériter.
Plus celle qui compose avec le monde.
Celle avec qui le monde devra composer.
J'ai toujours pensé ne pas avoir la force de me défendre, de me battre pour moi, d'exister.
Mais aujourd'hui c'est une question de survie.
Le feu qui se réveille ne brûle que pour forger, créer, éveiller. Mais je ne l'empêcherai plus de crâmer tout ce qui tentera de l'étouffer.
Si mes ombres vous éclaboussent, si mes silences vous bousculent, si mon chaos vous effraie... restez juste à distance des flammes.
Ou brûlez avec moi !
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elyraamnesia · 29 days ago
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Le dernier sens
Il avait commencé par lui arracher la vue et l'odorat. Le bandeau était large, opaque, souple et satiné.
Elle devait entrouvrir les lèvres pour respirer.
Il s'en était ensuite pris à sa bouche, l'ouvrant sur le goût vide d'un anneau froid. Elle sentait les mouvements de son geôlier alors qui s'affairait dans son dos pour y serrer les attaches, la caresse d'un doigt à la racine de ses cheveux, l'effleurement d'un pan de tissu sur sa peau nue.
Quand le contact s'effaça, son esprit se rua vers son ouïe.
Elle l'entendait se déplacer.
Quand le bruit des pas se rapprochait, des frissons dévalaient sa nuque, ses épaules, son dos, ses bras... Quand il s'éloignait, c'est sa respiration qui reprenait son galop.
Il plaça enfin le casque sur ses oreilles et la sensation de néant l'envahit.
Elle n'avait pas besoin de le voir pour sentir ses yeux partout sur elle. Pas besoin d'entendre pour savoir qu'elle ne contrôlait plus son souffle.
Privé de quatre de ses sens, son corps vibrait à chaque mouvement de l'air, au contact de sa propre peau contre elle-même, de cette goutte tiède qui glissait au coin de sa bouche, et de l'anticipation de la sensation de chaque objet qu'elle avait vu sur la table en entrant.
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elyraamnesia · 29 days ago
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Journal secret d'une névrosée - 2
*****
Cher Moleskine,
je serais bien venue te parler plus tôt, aujourd’hui, mais ma séance avec X s’est un peu prolongée. Il pense avoir mis le doigt sur quelque chose. Il ne sait pas encore d’où viennent toutes mes névroses, ni comment les traiter, ni même comment elles pourraient évoluer, mais il dit que j’ai souffert de “variations d’affection trop importantes” durant mon enfance et ma pré-adolescence. 
Il dit que donner trop d’amour d’un coup pour le reprendre ensuite peut mener à des dérèglements de la perception du juste dosage d’émotions attendu. Ou un truc comme ça. 
Il a tiré ses conclusions de quelques anecdotes que je lui ai laissées, comme un vieil os à ronger. On m’aurait donné tant d’attention pendant certaines périodes - mes parents, mes profs, mes amis - que je serais devenue possessive, obsessionnelle. Et quand soudain on me montrait moins d’amour, c’était comme une micro cassure dans ma tête. 
Alors quoi ? C’est être folle que d’avoir envie d’être aimée ? C’est être folle de trouver bizarre que, du jour au lendemain, quelqu’un qui te jure un amour éternel ou une amitié pour la vie se mette à te repousser ? Combien y a-t-il d’hyperémotifs à tendance paranoïde qui s’ignorent ? Après combien de micros cassures devient-on comme moi ? 
Je suis censée t’écrire pour trouver des réponses, mais je ne trouve que davantage de questions. 
Je veux mes anti-dépresseurs et mes neuroleptiques ! Je veux rentrer chez moi ! Je veux dormir !
Aide moi, Moleskine ! Souffle moi ces putains de réponses !
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elyraamnesia · 29 days ago
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Dans les yeux de personne
Tu veux savoir ce que je vois quand je me regarde?
Je vois quelqu'un qui n'avance pas parce qu'elle se fait baloter de contradiction en contradiction. Parce qu'on lui demande d'être blanche avant de lui reprocher de pas être assez noire. Parce qu'on veut qu'elle parle mais qu'on lui dit de se taire. Parce qu'on lui dit de prendre de la place mais de surtout pas déranger.
Je vois quelqu'un qui passe son temps à essayer de s'adapter à des règles instables, à pas dépasser des lignes qui lui sautent devant les pieds, à suivre des routes qui finissent dans des murs et des chemins qui deviennent des tranchées. Et je vois quelqu'un qu'en a eu marre d'en avoir marre. Qui s'est dit qu'en vrai c'était plus facile de rester là sans bouger. Et pour un temps c'était vrai. C'était confortable. C'était reposant.
On dit aux enfants que si ils se perdent en forêt faut rester où ils sont, pour avoir plus de chance d'être retrouvés.
Alors c'est ce que je fais. Ou ce que je faisais. Mais c'est un mensonge, non ? Parce que pour qu'on te trouve faut qu'on te cherche. Et je suis sûrement de ces enfants qu'on cherchera pas. Pas qu'ils dérangent, juste qu'on les oublie.
Alors j'en ai eu marre d'attendre, mais moi je sais même plus où est la route. Tous les arbres se ressemblent, il est toujours midi et le soleil est là, au dessus, sans jamais se laisser suivre. Y a sûrement un ruisseau quelque part mais il s'est aussi arrêté de couler, parce qu'il veut pas non plus me dire où se trouve la route.
Et j'avance un peu, mais j'entends des trucs, alors je reviens, là où j'étais posée. Mais je m'ennuie alors je teste une autre direction, un autre arbre, un autre rocher. Mais y a jamais rien au bout. Y a des falaises que je pourrai jamais descendre ou d'autres que je peux pas escalader à mains nues. Y a des haies de ronces que je peux ni franchir ni découper, et des murs de brume que personne n'oserait essayer de traverser.
Et je regrette juste de m'être levée pour regarder. Parce que tant que je restais assise, j'espérais que quelqu'un vienne me chercher. Et je me préoccupais pas du reste, c’était juste le calme de l'attente, l'expectative, l'espoir qu'un jour on me ramènerait. Maintenant j'ai plus qu'une obsession : me barrer de ma clairière. Sauf qu'à chaque chemin sans issue, l'espoir se barre. Et je peux plus me remettre assise à attendre quelque chose sans plus aucun espoir qu'il arrive. Et je peux pas non plus continuer à suivre des chemins qui mènent nulle part parce que quand je serai sur le dernier, si il mène nulle part aussi, qu'est ce qu'il restera? Le vide? Le vrai. Celui qui n'attend plus d'être rempli. Celui qui sait qu'il changera pas.
Et ça moi j'sais juste pas quoi en foutre...
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elyraamnesia · 30 days ago
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Il y a des caresses qui emprisonnent, et des cordes qu'on réclame soi-même.
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elyraamnesia · 30 days ago
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La valeur du vide.
"Ce que tu fais trop facilement n'a aucune valeur à tes yeux."
Elle me l'a dit comme une critique, moi, je l'ai pris comme une vérité. Pas une de celles qui piquent où frappent. Non. Une vérité ancienne, bien imprimée dans chaque atome de mon corps et de l'univers.
Mes bonnes notes à l'école ne valaient pas de bravo.
Mais si je m'étais "foulée" pour être la meilleure ? Peut-être que je les aurais mérités.
Les énigmes, les jeux de réflexion, les trucs tordus que personne ne comprend ? Ça, ça demande un effort. Et ça, je lui donne de la valeur quand j'y arrive. Dommage, que résoudre un casse-tête ne rapporte pas de salaire.
Et maintenant ? Je tourne en rond à lustrer ce que je fais non-stop. Pas jusqu'à ce que ça brille. Jusqu'à ce que j'aie l'impression que c'était pas trop facile. Je complique tout volontairement parce que c'est la seule façon d'en être satisfaite.
Faire de la poésie "qui saigne"? Trop facile pour être honnête. Écrire une balade classique avec une versification rigoureuse, des rimes riches et des images uniques, le tout en respectant la musicalité, le sens, l'émotion... Ça, c'était pas facile. Peut-être que ça avait de la valeur. Non ?
Partager ce que je fais, montrer ce que j'écris, offrir mes services ? Qui ça intéresserait ? Si je peux le faire, c'est que ça vaut rien. Et pour que ça vaille quelque chose aux yeux du monde, ça me coûterait bien trop cher pour être rentable.
Écrire ce putain de texte débile, ça aurait pu être trop facile. On m'a demandé d'écrire n'importe quoi, de pas me préoccuper du style, de pas faire beau, de pas me fouler.
Et c'est sûrement ce qui fait que j'ai pas réussi. Je suis restée deux heures devant une page blanche, parce que j'ai un cerveau qui refuse de faire ce qui ne ressemble pas à un truc impossible. Et je me suis endormie. Et ce matin, j'y arrive. Pas parce que c'est plus difficile. Pas parce que c'est plus facile. Mais parce qu'on m'a demandé de l'écrire hier soir, et que donc, ce matin, c'était déjà trop tard pour avoir de la valeur.
Et je le publie quand même.
Parce qu'en vrai, c'était compliqué, et ça m'a pris du temps. Ça m'a coûté des morceaux de nerfs, du sommeil, sûrement une ou deux larmes de rage, ce qu'il me restait d'estime et peut-être même de volonté.
Qu'est-ce que je disais ? "Trop cher pour être rentable."
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elyraamnesia · 1 month ago
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Journal secret d'une névrosée
À ne lire sous aucun prétexte. À retourner à Elyra Amnésia. Chambre 17 - Aile Ouest.
Il parait que j’ai des névroses et des vices. Que je suis dépressive, bipolaire, hyperémotive à tendance paranoïde et shyzophrène.
Il parait qu’écrire m’aidera à ranger tout ce joyeux bordel qui encombre ma tête, presque aussi bien que mon Haldol adoré, mon Halopéridol chéri, et mon Prozac préféré.
Que X puisse penser qu’un Moleskine et un crayon puissent être aussi efficaces que de puissants médicaments dûs à des siècles de recherche poussée par les plus grand savants du monde me dépasse. Mais c’est lui le médecin, non?
Alors voilà, en ce 23 juin, une heure à peine après mon dernier entretien, je me retrouve devant toi, Moleskine, toute prête à te chuchoter mes secrets les plus inavouables, mes pensées les plus sordides, et mes peurs, et mes doutes, et mes joies, et mes chagrins… Peut être même te raconterais-je ce que je fais de mes journées?
Putain, Moleskine, j’aurais du t’appeler Facebook. Ah non! Je crois que le monde n’est pas prêt pour ça.
*****
Je me demande encore comment j’en suis arrivée là.
Tu penses que ça vient de mon enfance? X le pensait aussi quand on s’est vus la première fois. “Un traumatisme que vous avez sans doute occulté pour ne point trop souffrir” a-t-il pensé à voix haute en r��ajustant ces lunettes, le nez collé à son carnet - quel cliché. Cliché dans son attitude de psy de bazar, cliché dans sa réflexion sur mes névroses. Tu sais quoi? Si j’étais écrivain, je n’oserais même pas écrire sur ce type tant il transpire le lieu commun.
Tellement persuadé d’avoir raison qu’il a même tenté l’hypnose. Heureusement qu’il s’est arrêté à ma petite enfance. Si il savait!
Mais toi tu vas savoir Moleskine. T’es là pour écouter - si je puis dire - et tu vas en bouffer des lignes de petites lettres mal écrites.
J’ai lu quelque part que les gens intelligents avaient une écriture illisible parce que leur cerveau était plus rapide que leur main. Je dois être vachement intelligente. Pour preuve, je ne te cache pas, ne te cadenasse pas, te laisse trainer aux yeux de tous. Mais même moi, je ne suis pas sûre de pouvoir te relire demain. Alors qui pourrait?
D’ailleurs, je sais que Damien t’a tripoté hier. Le pauvre, il a du s’arracher les yeux. Si il arrive à déchiffrer quelque chose, il pourra toujours se reconvertir en pharmacien. C’que les médecins doivent être intelligents!
Mais X a une belle écriture. Toute en lettres droites, dressées vers le ciel. Merde, on m’a refilé un psy avec moins de 130 de QI?
Enfin, revenons en à nos moutons - oui, oui, je sais, je manque de concentration - mon enfance était des plus banales. Sous hypnose, le seul incident dont j’ai pu me rappeler, c’était une fessée pour avoir dessiner sur le canapé de cuir blanc. Pas d’alcool, de sévices, de violences… Une enfance normale.
Alors, dis moi, toi. Comment j’en suis arrivée là?
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