Qu'ils soient drôles, mignons, pertinents, ou encore provocants, qu'ils reflètent une époque, un groupe, ou un courant de pensée, qu'ils fassent appel à notre histoire personnelle ou à la mémoire collective, certains extraits de livres méritent d'être partagés plutôt que griffonnés sur un bout de papier afin de ne pas être oubliés
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Adieu Facebook
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" Nous avons grandi tout doucement, Mademba et moi. Et tout doucement nous avons renoncé à prendre la route du nord de Gandiol pour attendre le retour de Penndo. À l'âge de quinze ans, nous avons été circoncis le même jour. Nous avons été initiés aux secrets de l'âge adulte par le même ancien du village. Il nous a appris comment se conduire. Le plus grand secret qu'il nous a enseigné est que ce n'est pas l'homme qui dirige les événements mais les événements qui dirigent l'homme. Les événements qui surprennent l'homme ont tous été vécus par d'autres hommes avant lui.
Tous les possibles humains ont été ressentis. Rien de ce qui nous arrive ici-bas, si grave ou si avantageux que ce soit, n'est neuf. Mais ce que nous ressentons est toujours neuf car chaque homme est unique, comme chaque feuille d'un même arbre est unique. L'homme partage avec les autres hommes la même sève, mais il s'en nourrit différemment. Même si le neuf n'est pas vraiment neuf, il reste toujours neuf pour ceux qui viennent sans cesse s'échouer au monde, génération après génération, vague après vague. Alors, pour s'y retrouver dans la vie, pour ne pas se perdre en chemin, il faut écouter la voix du devoir. Penser trop par soi-même, c'est trahir. Celui qui comprend ce secret a des chances de vivre en paix. Mais rien n'est moins sûr. "
David Diop - Frères d'âme
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Abd El-Kader : ”Non à la colonisation” - Kebir-Mustapha Ammi
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Mai [1848]. La proclamation de l’abolition de l’esclavage se fit à la Guadeloupe avec solennité. Le capitaine de vaisseau Layrle, gouverneur de la colonie, lut le décret de l’Assemblée du haut d’une estrade élevée au milieu de la place publique et entourée d’une foule immense. C’était par le plus beau soleil du monde. Au moment où le gouverneur proclamait l’égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n’y avait sur l’estrade que trois hommes, représentant pour ainsi dire les trois races, un blanc, le gouverneur, un mulâtre qui lui tenait le parasol, et un nègre qui lui portait son chapeau.
Victor Hugo - Choses vues
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« Nous habitions Pripiat, tout près du réacteur. Je revois tout cela de mes yeux : une lueur framboise, flamboyante. Le réacteur semblait être éclairé de l’intérieur. Ce n’était pas un incendie ordinaire, mais une luminescence. C’était très beau. Je n’ai rien vu de tel, même au cinéma. Le soir, tout le monde était à son balcon. Ceux qui n’en avaient pas sont passés chez les voisins. On prenait les enfants dans ses bras pour leur dire : Regarde ! Cela te fera des souvenirs ! » Et c’étaient des employés de la centrale… Des ingénieurs, des ouvriers, des professeurs de physique… Ils se tenaient là, dans la poussière noire… Ils parlaient… Ils respiraient… Ils admiraient… Certains faisaient des dizaines de kilomètres en bicyclette ou en voiture pour voir cela. Nous ignorions que la mort pouvait être aussi belle»
La supplication - Svetlana Alexievitch - Propos de Nadejda Petrovna Vygovskaïa, évacuée de la ville de Pripiat
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« Je m’étais préparée à la voir un pansement sur l’œil, comme moi. Vu qu’elle m’avait donné son œil. Ou qu’on le lui avait pris. Non ? Je leur ai dit : « Pourquoi elle n’a pas de pansement ? » Il n’y avait que des infirmiers. « Bili bili, on ne sait pas », ils m’ont répondu (non, je rigole : ils ne font pas bili bili. Ils m’ont répondu normalement). Enfin bref, programmés pour se taire. Peut-être que sous sa paupière sereinement close, il y avait un trou béant ? Un orbite rouge et saignant ? Je ne pouvais pas toucher, évidemment. Sentir si c’était mou. Alors je me suis assise à côté de Marie. Je me suis penchée. C’était un truc que je n’utilisais plus jamais. De lui chuchoter de façon autoritaire à l’oreille. Ça n’a jamais servi à rien qu’à voir la terreur dans leurs yeux. Il y en a à qui ça plaît, remarquez. Donc je me suis assise à côté de Marie et je lui ai murmuré, à l’oreille : « Déprogrammez. Ça crève les yeux. » Cette phrase ou une autre. C’est le ton qui compte. Pas ce qu’on dit. Elle a ouvert les yeux d’un coup. Les deux yeux. Terrifiée. Elle avait ses deux yeux. « C’est un œil de verre, m’a dit un médecin une fois que j’ai réussi à mettre la main sur lui. On a mis son vrai œil en culture pour qu’il soit parfaitement prêt pour vous. On vous avertira dès qu’il sera mûr. » On aurait dit qu’il trouvait ça appétissant. Je n’avais jamais entendu parler d’un truc pareil. Franchement, j’ai eu l’impression qu’il improvisait, ce médecin. Le poumon, le rein, on me les avait greffés tout de suite. Ça se passait comme ça : on m’endormait aux côtés de Marie, côte à côte dans la salle d’opération, et hop, d’un corps à l’autre la greffe se faisait. Les organes bondissaient d’un brancard à l’autre. C’est de cette façon imagée qu’on m’a toujours présenté la chose, depuis toute petite.»
Notre Vie dans les forêts - Marie Darrieussecq
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«C’était moi en très vieille. Déjà, ça, ça me faisait bizarre. Bricolée, modifiée, gonflée et déridée, mais très vieille et identique à moi. Moi quand je n’aurai jamais cet âge. Parce que moi je vais mourir bientôt avec ce qui me reste de morceaux de mon corps. C’est pour ça que je me dépêche d’écrire. Vite. Son visage… le pire c’était ces yeux. De ce vert assez rare qui tire sur le turquoise, avec une couronne dorée autour de la pupille. En cercle autour de son œil gauche il y avait une fine cicatrice, jolie comme une ride mais je suis sûre que cette cicatrice l’embêtait parce qu’en zoomant on voyait qu’elle tentait de la masquer avec de l’anticerne. Une jolie cicatrice. Réussie. Elle ne m’avait pas seulement pris mon œil mais aussi mes paupières, mes jolies paupières encore lisses, greffées dans ce visage échoué hors du temps. Avec mes rangées de cils, avec mon canal lacrymal. Un œil comme la mer, la mer où elle s’ébattait façon otarie insouciante. Qu’est-ce qu’elle voyait ? Je voyais la mer qu’elle voyait. C’était mon œil, l’œil qui me manquait. J’avais un sentiment dans le ventre, noir comme de la bile, et glacial. Je me suis dit : j’ai peur. C’est ça. Elle me fait peur. Elle est effrayante, abominablement. L’épouvante. Alors je me suis dit : du nerf. Le sentiment m’est remonté du ventre vers la gorge. J’ai eu chaud à la tête, aux joues, au cerveau. Vous avez déjà eu envie de tuer quelqu’un ? Je veux dire, vraiment, pas métaphoriquement ? En vous demandant concrètement comment vous allez vous y prendre, quel avion il faudra trouver, la localisation, la planque, l’arme, les moyens, les complices, le niveau de souffrance que vous voulez infliger avant la mort ? Le cliqueur m’a dit qu’elle avait probablement dans les cent soixante ans. Quand on les regarde de près sur la vidéo, les vieux sont plus ou moins vieux. Malgré la chirurgie esthétique, etc., on distingue, aux plis des corps, qu’il y a des vieux de quatre-vingts ans et d’autres qui doivent aller sur les deux cents. Tous blancs, je veux dire bronzés par le soleil mais blancs. Au vu de l’âge général de ces vieillards riches, qu’on nomme (m’a dit le cliqueur) les souches, il n’y a pas une, mais plusieurs Générations, donc il ne faut pas parler de moitiés mais de tiers ou de quarts, voire probablement de dixièmes. Ils usent un clone puis deux puis trois puis quatre, etc. Ils les dépiautent en série. De plus, beaucoup de ces souches ont eu des bioenfants, qui eux-mêmes ont eu droit à leurs doubles ou à leurs triples, pas à de simples jarres d’organes comme les gens disons simplement aisés. Seuls les super-riches de la planète peuvent se payer des clones. Le cliqueur zoomait sur le corps très vieux et très bien conservé de ma souche. On distinguait une autre fine cicatrice sous le sein droit, sous le bikini, là où respirait mon poumon, là où battrait mon cœur s’ils m’attrapaient, et celui de Marie ou d’autres tiers et quarts que je ne connaissais même pas, plus jeunes, conservés ou camouflés quelque part. Une souche peut se faire remplacer le cœur et tout ce qu’elle veut plusieurs fois dans sa longue vie. Presque éternellement. Les reins, le foie, l’estomac, les veines, les artères, les yeux, les organes génitaux… On greffe aussi des pans entiers de peau, ça marche bien, presque des vêtements de peau, on a le ventre et les cuisses lisses, le visage, les bras… Mais les 1 % de super-riches qui possèdent 99 % de la richesse du monde, même pour eux un clone ça fait cher. Usiner un clone leur coûte dans les 1 % de leurs 99 %, je vous laisse juges. Alors par paires, quand l’œuf est bon, ça leur fait des économies»
Notre Vie dans les fôrets - Marie Darrieussecq
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« Tandis que les dieux en étaient réduits à manger le cuir de leurs mocassins et de leurs mouffles, les chiens dévoraient les harnais dont on les avait déchargés, et jusqu'à la lanière des fouets. Puis les chiens se mangèrent les uns les autres et les dieux, à leur tour, mangèrent les chiens. Les plus débiles et les moins beaux étaient mangés les premiers. Ceux qui survivaient regardaient et comprenaient. Quelques-uns parmi les plus hardis, croyant faire preuve de sagesse, abandonnèrent les feux des dieux et s'enfuirent dans les forêts. Il y succombèrent de faim ou furent dévorés par les loups. »
Jack London - Croc-Blanc
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« La déception est souvent donnée à l'homme de voir ses dieux renversés et piétinés sur leurs autels. Mais au loup et au chien sauvage venus s'accroupir aux pieds de l'homme, cette déconvenue n'arrive jamais. Tandis que nos dieux demeurent invisibles et surnaturels, les vapeurs et les brouillards de notre imagination nous masquant leur réalité, nous égarant comme des aveugles qui tâtonnent dans le royaume de la pensée en d'abstraites conceptions de toute puissance et de beauté suprêmes, le loup et le chien sauvage, assis à notre foyer, trouvent en face d'eux des dieux de chair et d'os, tangibles au toucher, tenant leur place dans le monde et vivant dans le temps comme dans l'espace pour accomplir leurs actes et leurs fins. Aucun effort de foi n'est nécessaire pour croire un tel Dieu. Nul écart de la volonté ne peut induire à lui désobéir ni à le renier. Ce dieu-là se tient debout, immuable sur ses deux jambes de derrière, un gourdin à la main, immensément puissant, livré à toutes les passions, affectueux ou irrité selon le moment, pouvoir mystérieux enveloppé de chair, de chair qui saigne parfois à l'instar de celle des autres animaux, et qui est alors plus savoureuse qu'aucune autre à dévorer. »
Jack London - Croc-Blanc
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« À la fin, la honte le prit. Il connut ce qu'était le rire et ce qu'il signifiait. Il ne nous est pas donné de nous expliquer comment certains animaux comprennent la nature du rire humain et connaissent que nous rions d'eux. Ce qui est certain, c'est que le louveteau eut la claire notion que les animaux-hommes se moquaient de lui et qu'il en eut honte. Il se sauva, non par suite de la douleur que ses brûlures lui faisaient éprouver, mais parce qu'il fut vexé, dans son amour-propre, de se voir un objet de raillerie. Et il s'en fut vers Kiche, toujours furieuse au bout de son bâton comme une bête enragée, vers Kiche, la seule créature au monde qui ne riait pas de lui. »
Jack London - Croc-Blanc
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Elle poussa un profond soupir de soulagement, comme elle en avait bien le droit, car la transaction entre un écrivain et l’esprit de son siècle est une des plus délicates, et c’est d’un bon accord entre eux que dépend toute la fortune des oeuvres. Orlando avait si bien manoeuvré qu’elle se trouvait dans une position excellente. Elle n’avait besoin ni de combattre son siècle, ni de lui faire soumission ; elle était de son siècle sans cesser d’être à soi. Maintenant donc, elle pouvait écrire, et elle écrivait. Elle écrivit. Elle écrivit. Elle écrivit.
Virginia Woolf, Orlando - 1928
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Car l’Amour – nous pouvons maintenant revenir à lui – possède deux visages, l’un blanc et l’autre noir ; deux corps, l’un lisse, l’autre velu. Il a deux mains, deux pieds, deux queues ; il a de chaque membre, en vérité, un double exactement contraire, mais si étroitement lié à lui qu’on ne peut l’en disjoindre. Lorsque l’amour d’Orlando s’élança, il tournait vers lui son visage blanc, il offrait son corps lisse et doux. Il grandit, grandit, s’approcha, coupant le flot pur des brises heureuses. Tout à coup (à la vue de l’archiduchesse sans doute), il vira, montra l’autre face ; apparut noir, velu, immonde ; et ce fut Lubricité le Vautour, au lieu d’Amour l’Oiseau de Paradis qui vint s’affaler, flasque, dégoûtant, sur les épaules de notre héros.
Virginia Woolf, Orlando - 1928
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Ce goût des livres était en lui des plus anciens. Enfant, un page le trouvait quelquefois à minuit son livre encore à la main. On lui ôtait son chandelier : il élevait des vers luisants en guise de chandelles. On lui ôtait ses vers luisants : il manquait mettre le feu à la maison avec une mèche d’amadou. Avec le style ramassé du biographe, qui laisse au romancier le soin de déplisser minutieusement la soie des âmes, nous dirons qu’Orlando, ce gentilhomme, était touché du mal de la littérature. Bien des hommes de son époque, et plus encore de son rang, échappèrent à cette infection et se rendirent ainsi libres de courir, de chevaucher ou de faire l’amour suivant leur bon plaisir. Mais quelques-uns furent infectés dès l’enfance par un germe, né, dit-on, du pollen de l’asphodèle, porté par le vent de Grèce ou d’Italie, et d’une nature si virulente qu’il faisait trembler la main prête à frapper, voilait le regard qui cherchait sa proie et faisait bégayer la langue dans l’aveu de son amour. Ce mal, par un venin funeste, substituait un fantôme au réel ; la fortune avait tout donné à Orlando – vaisselle, linge, maison, serviteurs, tapis, lits à profusion – et il lui suffisait d’ouvrir un livre pour que cette énorme accumulation de richesses se fondît en brouillard. Les neuf acres de pierre qui formaient sa maison s’évanouissaient ; ses cent cinquante domestiques disparaissaient ; ses quatre-vingts chevaux de selle devenaient invisibles ; il serait trop long de compter les tapis, sofas, harnachements, porcelaines de Chine, vaisselle, huiliers, réchauds et autres biens meubles, souvent d’or massif, qui s’évaporaient sous l’influence du miasme comme une brume sur la mer. C’est un fait : Orlando lisant demeurait seul, tout nu.
Virginia Woolf, Orlando - 1928
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Un somme ? Soit. Mais alors, de quelle nature sont ces sommes ? Voilà ce que nous ne pouvons nous empêcher de demander. Sont-ils des mesures de sauvegarde – des léthargies où les souvenirs les plus amers, les événements qui brisent à jamais une vie, balayés par une aile sombre, perdent soudain leur dureté, se dorent, prennent, même les plus laids, même les plus vils, un certain lustre, une certaine incandescence ? Faut-il que le doigt de la mort, de temps à autre, se pose sur le tumulte de la vie pour l’empêcher de nous foudroyer ? Sommes-nous ainsi faits qu’il nous faille boire la mort à petites doses, quotidiennement, pour garder la force de vivre ? Et dans ce cas, quels étranges pouvoirs sont-ce là, qui fouillent jusqu’au plus secret de notre être, transmutent nos biens les plus précieux sans nul souci de notre assentiment ? Orlando, épuisé par l’extrême de sa souffrance, mourut-il pour une semaine et ressuscita-t-il ensuite ? Et s’il en est ainsi, de quelle nature est la mort, et de quelle nature est la vie ? Ayant attendu plus d’une demi-heure une réponse à ces questions et n’en voyant venir aucune, continuons notre récit.
Virginia Woolf, Orlando - 1928
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Cette montée du désir qui me prend parfois aux moments les plus inattendus. Dans l’échauffement de certaines lectures, par exemple. Engorgement des corps caverneux par la stimulation des neurones ! Je lis et je bande. Et je ne parle pas d’un Apollinaire ou d’un Pierre Louÿs qui nous font gentiment ces cadeaux-là, mais de Rousseau, par exemple, qui aurait été bien surpris de me voir bander à la lecture de son Contrat social ! Et hop, un petit orgasme qui n’engage que l’esprit.
Daniel Pennac, Journal d’un corps - 2012
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Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté des mœurs qui caractérise l’époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants. Un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. Et on mène ensuite, évidemment, une vie de torchon. En vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. On jalouse les jeunes, et de ce fait on les hait. Cette haine condamnée à rester inavouable, s’envenime et devient de plus en plus ardente ; puis elle s’amortit et s’éteint, comme tout s’éteint. Il ne reste plus que l’amertume et le dégoût, la maladie et l’attente de la mort
Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte - 1994
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Véronique était “en analyse”, comme on dit ; aujourd'hui je regrette de l'avoir rencontrée. Plus généralement, il n'y a rien à tirer des femmes en analyse. Une femme tombée entre les mains des psychanalystes devient définitivement impropre à tout usage, je l'ai maintes fois constaté. Ce phénomène ne doit pas être considéré comme un effet secondaire de la psychanalyse, mais bel et bien comme son but principal. Sous couvert de reconstruction du moi, les psychanalystes procèdent en réalité à une scandaleuse destruction de l'être humain. Innocence, générosité, pureté… tout cela est rapidement broyé entre leurs mains grossières. Les psychanalystes, grassement rémunérés, prétentieux et stupides, anéantissent définitivement chez leurs soi-disant patientes toute aptitude à l'amour, aussi bien mental que physique ; ils se comportent en fait en véritables ennemis de l'humanité. Impitoyable école d'égoïsme, la psychanalyse s'attaque avec le plus grand cynisme à de braves filles un peu paumées pour les transformer en d'ignobles pétasses, d'un égocentrisme délirant, qui ne peuvent plus susciter qu'un légitime dégoût. Il ne faut accorder aucune confiance, en aucun cas, à une femme passée entre les mains des psychanalystes. Mesquinerie, égoïsme, sottise arrogante, absence complète de sens moral, incapacité chronique d'aimer : voilà le portrait exhaustif d'une femme “analysée”
Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte - 1994
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