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#Célébration-Picasso
jacqwess · 11 months
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Picasso, en veux-tu, en voilà...
Picasso forever. Or at least, 50 times Picasso, 50 years after his death. I didn't see all 50 (!), I saw only 3. But I loved them all. However often we may have seen some of the works shown, they remain fascinating.
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Exposition “Célébration Picasso, la Collection Prend des Couleurs” en collaboration avec Paul Smith au Musée Picasso, juillet 2023.
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artlimited · 2 years
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Direction artistique : Paul Smith | Célébration Picasso, la collection prend des couleurs ! https://www.artlimited.net/agenda/direction-artistique-paul-smith-celebration-picasso-la-collection-prend-des-couleurs/fr/7585258
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whatsonmedia · 1 year
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A September to Remember: 7 Must-See Art Exhibitions!
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This September, art lovers will be spoilt for choice with a wide variety of exhibitions to choose from. From the Pre-Raphaelites to Picasso, there is something for everyone. Here are seven of the most exciting exhibitions to look out for: The Rossettis at Tate Modern, London (until January 2024) This exhibition explores the work of Dante Gabriel Rossetti and his sister Christina, two of the most important figures in the Pre-Raphaelite movement. The exhibition features over 100 paintings, drawings, and watercolors from the Tate's collection, as well as loans from other museums and private collections. When the Apple Ripens: Peter Howson at 65 at Tate Modern, London (until October 2023) This exhibition celebrates the work of Scottish painter Peter Howson, who is known for his figurative paintings that often explore themes of violence and poverty. The exhibition features over 50 paintings, drawings, and sculptures from Howson's career, including some of his most famous works such as "The Drummer" and "The Supper at Emmaus". Paul McCartney: Photographs 1963-64 at Tate Modern, London (until September 2023) This exhibition features a selection of photographs taken by Paul McCartney during the early years of the Beatles. The exhibition includes photographs of the band, their friends, and their surroundings, as well as McCartney's own personal photographs. Georgia O'Keeffe: To See Takes Time at the Museum of Modern Art (MoMA), New York (until January 2024) This exhibition is the first major retrospective of O'Keeffe's work in over 20 years. It features over 200 paintings, sculptures, and drawings from throughout her career, tracing her development as an artist from her early abstract paintings to her iconic flower paintings. Picasso: Guitars at the Museum of Modern Art (MoMA), New York (until September 2023) This exhibition explores Picasso's lifelong fascination with the guitar. It features over 50 paintings, sculptures, and works on paper from the MoMA's collection, as well as loans from other museums and private collections. The exhibition shows how Picasso used the guitar as a symbol of creativity, passion, and desire. Henri Matisse: The Dance at the Museum of Modern Art (MoMA), New York (until September 2023) This exhibition celebrates the centenary of Matisse's iconic painting "The Dance". It features over 60 works by Matisse, including paintings, sculptures, and drawings. The exhibition shows how Matisse used dance as a way to express joy, movement, and life. Célébration Picasso, La Collection prend des couleurs! at the Musée Picasso, Paris (until September 2023) This exhibition celebrates the 50th anniversary of Picasso's death. It features over 200 paintings, sculptures, and drawings from the museum's collection. The exhibition shows the diversity of Picasso's work, from his early Cubist paintings to his later abstract works. Read the full article
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pikasus-artenews · 1 year
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CÉLÉBRATION PICASSO, LA COLLECTION PREND DES COULEURS Con la direzione artistica del grande creativo inglese Paul Smith il Museo nazionale Picasso presenta l’opera del maestro in una luce nuova che esalta la contemporaneità continua delle sue opere
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almanach2023 · 1 year
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Aujourd'hui, samedi 25 mars, nous fêtons Saint Humbert
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SAINT DU JOUR
. Humbert . Du germanique hun, "grand" et berth, "brillant". . Les Humbert savent apporter un peu de modération et de réflexion à leur spontanéité naturelle. En revanche, ils sont incapables de faire face à la solitude, qu'ils refusent comme ils refusent toute introspection. Nous fêtons également les : Annonciade - Dismas - Erblain - Erblon - Herblain - Herblay - Herblon - Hermeland - Humbert - Mordiern - Umbert - Umberto Toutes les infos sur les Saints du jour https://tinyurl.com/wkzm328
FETE DU JOUR
Quels sont les fêtes à souhaiter aujourd'hui ? [ Bonne fête ]
. Alphonse Humbert, journaliste et homme politique français (1922) . Pierre Humbert, architecte parisien . Georges Louis Humbert, général lors de la Première Guerre mondiale (1921) . Charles Humbert, homme politique français (1927) . Maurice Humbert, architecte parisien, fils de Pierre Humbert (1918) . Marcelle Humbert, compagne de Picasso (1915) . Henri Jean Humbert, botaniste français (1967) . Jean Humbert, helléniste français (1980) . Gustav Humbert, ancien patron d’Airbus . Jean-François Humbert, homme politique français, sénateur du Doubs (UMP) . Christophe Humbert, judoka français
Ils nous ont quittés un 25 mars :
25 mars 2008 : Thierry Gilardi, journaliste et commentateur sportif français (26 juillet 1958) 25 mars 1973 : Edward Steichen, photographe et peintre américain d'origine luxembourgeoise (27 mars 1879) 25 mars 1914 : Frédéric Mistral, écrivain et un lexicographe français de langue provençale (occitane). Mistral fut membre fondateur du Félibrige, membre de l'Académie de Marseille et, en 1904, Prix Nobel de littérature. (8 septembre 1830)
Ils sont nés le 25 mars :
25 mars 1989 : Alyson Michalka, née Alyson Renae Michalka, actrice et chanteuse américaine 25 mars 1982 : Dan, Carter, Daniel Carter, né Daniel William Carter, joueur de rugby à XV néo-zélandais 25 mars 1971 : Rémi Bezançon, réalisateur et scénariste français 25 mars 1965 : Sarah Jessica Parker, actrice et productrice américaine 25 mars 1962 : Marcia Cross, née Marcia Anne Cross, actice américaine 25 mars 1958 : Bernard de La Villardière, né Bernard Pierre Charles Pascal Berger de La Villardière, journaliste, animateur de radio et de télévision français 25 mars 1949 : Philippe de Villiers, né Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, haut fonctionnaire, homme politique et écrivain français
Toutes les naissances du jour https://tinyurl.com/msmk5e22
Fêtes, Célébrations, événements du jour 25 mars : Journée de solidarité avec les fonctionnaires détenus ou portés disparus (A/RES/49/59) (ONU) 25 mars : Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves (A/RES/62/122) (ONU) 25 mars : Tolkien reading day (JM) 25 mars : Journée mondiale contre la publicité (JM) 25 mars : Grève mondiale pour le climat (JM) 25 mars : Journée de la procrastination (JM) 25 mars : Journée Européenne de l'enfant à naître (JM) CITATION DU JOUR
Citation du jour : Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise, est pour ainsi dire mort : ses yeux sont éteints. Albert Einstein.
Citation du jour : Sois heureux un instant. Cet instant, c'est ta vie. Omar Khayyâm
Toutes les citations du jour https://tinyurl.com/payaj4pz
Petite histoire... digne d'un caramel...
P'tite #blague du #samedi Toto, douze bouteilles de vin à 6 francs pièce, combien ça fait? à la maison, ça fait 2 jours Madame.
P'tite #blague du #samedi Un chien et un homme sont sur un bateau. Le chien pète, l'homme tombe à l'eau et se noie. Quelle est la race du chien ? Un pékinois. (un pet qui noie)
Petit clin d'oeil sur le jardin : C'est peut-être le moment...
De planter des freesias sous climat doux. De traiter les arbres fruitiers à la bouillie bordelaise.
Nous sommes le 84ème jour de l'année il reste 281 jours avant le 31 décembre. Semaine 12.
Beau samedi à tous.
Source : https://www.almanach-jour.com/almanach/index.php
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parisaimelart · 2 years
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Nous connaissons la fascination de Picasso pour l’Art africain, celle que l’on perçoit dans les demoiselles d’Avignon. Le musée de l’Homme, avec son exposition « Picasso et la préhistoire » jusqu’au 12 juin 23, explore l’influence d’une ère encore plus ancienne sur l’oeuvre du maître espagnol. Son éveil artistique est bercé par les découvertes des grottes d’Altamira, de Pech Merle et de la Vénus de Lespugue. Picasso possédait deux moulages de cette statuette en ivoire de mammouth. Il est ébloui par la représentation de la femme, incarnation de la déesse primitive. A l’instar des premiers artistes, il va distordre le corps féminin pour en souligner la beauté. Les sculptures et gravures exposées témoignent de cette insatiable recherche. On s’amuse de la créativité de Picasso à l’observation de sa Vénus du gaz réalisée avec un bruleur de cuisinière. Les dessins pariétaux et, notamment, les empreintes de main en négatif fascinent l’auteur de Guernica. Il veut reproduire la simplicité du premier geste. Il griffe son papier pour faire apparaitre taureaux et chevaux. Il grave au sucre sa propre main. Il y a 27000 ans, pierres et ossements étaient sculptés. On s’émerveille devant les galets finement travaillés par Picasso. Ils stupéfient par leur beauté dépouillée. L’exposition au musée de l’Homme s’inscrit dans le cadre de la « célébration Picasso 1973-2023 » Vous cherchez votre prochaine exposition ? Abonnez-vous à mon compte Instagram paris_aimelart @museedelhomme @le_museum @grottepechmerleofficiel @paris_aimelart @paris @timeoutparis @quefaireaparis @paris.explore @paris_art_com @artaparis @paris_culture @expositionparis.info @paris_love_street @parismusees #museedelhomme #Picassoetlaprehistoire #Artmoderne #pechmerle #prehistoire #picasso #pablopicasso #picassoart #venusdelespugue #ArtExhibition #ParisMuseum #SortirAParis #parisaimelart #paris_aimelart #parisexpos #parisexposition #exposparis #paris #exposition #parismusees #parisculturel #quefaireaparis #artparis #parisart #parisjetaime #parislife #parissecret #parisianlife #culture #expoparis (à Musée de l'Homme) https://www.instagram.com/p/CoxeXqUo52d/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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sysk-ehess · 4 years
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ESZTER SZAKÁCS ET NAEEM MOHAIEMEN
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Mercredi 8 juillet juin à 18h (heure de Paris)
Wednesday July 18, 6pm (Paris time)
Bonjour à vous ! Nous vous espérons en bonne santé, vous, vos proches, où que vous vous trouviez confiné·es.     Ce séminaire aura lieu en ligne via Zoom Le nombre de places étant limité, Il est nécessaire de s’inscrire préalablement : [email protected] Hello Everyone! We hope you and your loved ones are well and safe. This seminar will take place online via Zoom The number of attendees is limited, please register at this address if you wish to attend: [email protected]
« Solidarity Must Be Defended…but at what cost? »
Le séminaire exceptionnel d’Eszter Szakács et Naeem Mohaiemen est dédié à leur anthologie commune ‘Solidarity Must Be Defended’. Cette anthologie est consacrée aux solidarités transnationales dans le champ des arts visuels pendant la Guerre Froide, et sera publiée en août 2020 (conjointement par tranzit.hu (Budapest) – Van Abbemuseum (Eindhoven) – SALT (Istanbul) — Tricontinental (Delhi) – Asian Cultural Center (Gwangju)). Cette anthologie propose une célébration de la solidarité transnationale, sans ignorer la difficulté à incarner cette proposition. Eszter Szakács est curatrice, autrice et chercheuse à Budapest. Elle travaille au sein de l'organisation tranzit.hu à Budapest depuis 2011, où elle publie le magazine international en ligne Mezosfera. Elle également co-dirigé la publication de Imagination/Idea: The Beginning of Hungarian Conceptual Art-The László Beke Collection, 1971 (Budapest, Zurich: tranzit.hu, JRP|Ringier, 2014) ;  elle est commissaire du projet de recherche collaboratif "Curatorial Dictionary". En 2018, elle a organisé à tranzit.hu la première hongroise de Deux rencontres et un enterrement (Naeem Mohaiemen, 2017). Elle est membre de l'équipe curatoriale de l'initiative OFF-Biennale Budapest. Sa pratique s'articule autour des questions d'internationalisme, des méthodes de résistance culturelle, des relations entre l'Europe de l'Est et le Sud global, ainsi que de la recherche sous forme d'exposition. Naeem Mohaiemen est un artiste combinant films, dessins, sculptures et essais dans ses recherches sur l'utopie socialiste, la décolonisation incomplète, la malléabilité des frontières, les inexactitudes mémorielles et la décomposition de la cellule familiale. Ses projets prennent souvent leur origine dans les deux repères postcoloniaux du Bangladesh (1947, 1971) et rayonnent ensuite vers des alliances transnationales improbables et instables (réseaux de mercenaires libanais, pirates de l'air japonais…). Naeem est l'auteur de Midnight's Third Child (Nokta, à paraître), de Prisoners of Shothik Itihash (Kunsthalle Bâle, 2014), et (avec Lorenzo Fusi) de System Error: War is a Force that Gives us Meaning (Sylvana, 2007). Lauréat d’une bourse Guggenheim (2014 : film-vidéo) et finaliste du prix Turner (2018), il est actuellement chercheur Mellon à l'Université de Columbia (New York), et chercheur principal au Lunder Institute of American Art (Maine).
[EN] This seminar by Eszter Szakács and Naeem Mohaiemen is dedicated to their common anthology project, Solidarity Must Be Defended…but at what cost? (Publication due : August 2020). It brings together projects on gestures and alignments within the visual arts around transnational solidarity during the Cold War. The point of departure for this anthology is a special issue of Mezosfera magazine (“Refractions of Socialist Solidarity”) edited in Budapest by Szakács in dialogue with Mohaiemen’s three-channel film Two Meetings and a Funeral (2017). This anthology proposes that transnational solidarity is always worth celebrating, but also extremely difficult to inhabit. (Publishers: tranzit.hu (Budapest) – Van Abbemuseum (Eindhoven) – SALT (Istanbul) — Tricontinental (Delhi) – Asian Cultural Center (Gwangju). Eszter Szakács is a curator, editor, and researcher in Budapest. She works at the contemporary art organization tranzit.hu in Budapest since 2011. At tranzit.hu she is co-editor of the online international art magazine Mezosfera, co-editor of the book IMAGINATION/IDEA: The Beginning of Hungarian Conceptual Art—The László Beke Collection, 1971 (Budapest, Zurich: tranzit.hu, JRP|Ringier, 2014), and she curated the collaborative research project Curatorial Dictionary. In 2018, she organized at tranzit.hu the Hungarian premiere of Two Meetings and a Funeral (Mohaiemen 2017). She is a curatorial team member of the civil initiative OFF-Biennale Budapest. Her practice revolves around questions of internationalisms, methods of cultural resistance, relations between Eastern Europe and the Global South, as well as the exhibitionary form of research. Naeem Mohaiemen is a visual artist who combines films, drawings, sculptures, and essays to research socialist utopia, incomplete decolonization, malleable borders, unreliable memory, and the decaying family unit. His projects often start from Bangladesh’s two postcolonial markers (1947, 1971) and then radiate outward to unlikely, and unstable, transnational alliances: Lebanese mercenary networks, Japanese hijackers, or a Dutch academic. He is author of Midnight’s Third Child  (Nokta, forthcoming) and Prisoners of Shothik Itihash (Kunsthalle Basel, 2014); and co-editor (w/ Lorenzo Fusi) of System Error: War is a Force that Gives us Meaning (Sylvana, 2007). Naeem was a Guggenheim Fellow (2014: film-video) and a Turner Prize finalist (2018). He is currently Mellon Research Fellow at Columbia University, New York, and Senior Research Fellow (non-residential) at Lunder Institute of American Art, Maine.
Programmation et prochains rendez-vous sur ce site ou par abonnement à la newsletter : [email protected]
Pour regarder les séminaires antérieurs : http://www.vimeo.com/sysk/
Séminaire conçu et organisé par Patricia Falguières, Elisabeth Lebovici et Natasa Petresin-Bachelez et soutenu par la Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte
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lignes2frappe · 6 years
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« APESHIT » : LA LEÇON D’ART DE JAY Z ET BEYONCÉ DÉCRYPTÉE
Plus triomphants que jamais, les Carter ont privatisé le musée du Louvre pour livrer un clip évènement où s'entremêlent les niveaux de lecture. Du jamais-vu dans le rap...
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Actuellement aux quatre coins du globe avec la tournée blockbuster On The Run II, Jay Z et Beyoncé ont (une nouvelle fois) créé la sensation lorsque samedi dernier, lors de leur date londonienne, ils ont annoncé à la surprise générale la sortie d’un album commun de neuf titres intitulé Everything Is Love.
Et histoire de faire bonne mesure, le couple a également dévoilé le clip du single APESHIT (« going apeshit » : péter un boulon, devenir ouf’) dont les paroles se veulent être une célébration sans retenue de leur réussite.
Tourné en plein musée du Louvre à Paris, ce concentré de « black excellence » exploite à merveille le décor à coup de plans tous plus majestueux les uns que les autres.
Si la question de savoir comment les deux stars ont réussi à ce qu’aucun bruit ne filtre quant à ce projet relève du mystère, sachez que si vous souhaitez vous aussi vous filmer dans le plus grand musée d’art du monde autrement qu’avec une perche à selfie, selon la grille tarifaire de 2015, il vous en coûtera un peu moins de 20 000 euros.
Un prix somme toute très abordable pour le duo milliardaire dont la passion pour l’art est depuis quelques années bien documentée (cf. le Picasso Baby de monsieur tourné en 2013 dans la très select Pace Gallery new-yorkaise ou ses achats répétés de toiles signées Jean-Michel Basquiat).
Il serait pourtant très réducteur de ne voir dans le clip d’APESHIT qu’une visite guidée à apprécier les yeux grands ouverts, tant les double sens sont nombreux. Explications et sous-titres.
 La Joconde, Léonard de Vinci (1503)
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Si en 2014 Jay et Yoncé avaient posé une première fois en touristes aux côtés de Mona L., la signification est ici toute autre.
Quand lorsque dans le premier plan du clip, ils apparaissent avec son portrait en fond, on peut entendre les paroles « I can’t believe we made it » et « This is what we’re thankful for » – le tout appuyé par les ad-libs de Quavo. Et quand lorsque le clip se clôt sur ce même plan, c’est pour voir les Carter se retourner et regarder droit dans les yeux le tableau le plus connu au monde.
Désormais, ils n’ont plus à rougir de la comparaison.
La Vénus de Milo (Ier siècle av. J.-C.)
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Alors qu’en 2016 Beyoncé sortait Lemonade qui prenait comme fil conducteur les infidélités de son mari, il semblerait que pas mal d’eau ait depuis coulé sous les ponts à en juger par ce plan où les deux tourtereaux se tiennent main dans la main devant la déesse grecque de l’amour Aphrodite.
Comme précédemment l’analogie avec la chanteuse n’est pas exclue, d’autant plus que c’est quand même elle qui accomplit sur ce titre la majorité du taf.
  La Victoire de Samothrace (IIéme siècle av. J.-C.)
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Plus grande star du musée du Louvre (5,57 mètres de haut), cette statue de la déesse ailée Niké composée de 200 blocs de marbre aurait été commanditée pour célébrer la victoire des Rhodiens sur les Macédoniens lors d’une bataille navale.
Filmée sous tous les angles dans APESHIT, l’œuvre vient évidemment appuyer l’idée selon laquelle Jay Z et Beyoncé écrase la concurrence de tous leurs poids, mais elle peut aussi souligner le fait que les deux artistes ont fini par venir à bout de l’hégémonie culturelle représentée alors par la Grèce hellénistique.
  Le Sacre de Napoléon, Jacques-Louis David (1806)
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Cette pièce gigantesque, réalisée par le peintre officiel du premier empereur des Français, montre ce dernier se saisir de la couronne en lieu et place du pape pour se la poser lui-même sur la tête, avant de renouveler son geste en couronnant sa femme Joséphine.
Hustlers dans l’âme, le rappeur et sa go ont eux aussi dû s’affranchir de certaines règles édictées par d’autres pour arriver au sommet. Notez que d’autres toiles de David peuvent être aperçues plus brièvement dans le clip : Le Serment des Horaces (1784), L'Intervention des Sabines (1799) et le Portrait de madame Récamier (1800).
   Le Radeau de la Méduse, Théodore Géricaul (1819)
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Œuvre hautement politique, Le Radeau de La Méduse se veut d’une part une critique de la monarchie Bourbon (via l’incompétence d’un capitaine choisi non pas pour ses qualités, mais pour son allégeance au pouvoir) et de l’autre un manifeste pour l’abolition de l’esclavage (via le choix de placer un homme noir au centre de la composition).
Que Jay Z ait choisi de rapper devant ce tableau est tout sauf anodin, lui qui dans son couplet s’en prend à l’ordre établi (la NFL, les Grammys), et qui plus généralement a très tôt dans sa carrière essayé d’échapper aux stéréotypes raciaux et sociaux en se lançant dans les affaires.
 Le Grand sphinx de Tanis (entre 2600 et 1866 av. J.-C.)
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Hors Afrique, le Louvre propose l’une des plus grandes collections d’œuvres d’art égyptien.
Pièce phare du musée, ce corps de lion à tête de roi rappelle malgré lui cette expropriation et « l’exotisation » qui en découle.
   La galerie d'Apollon, Charles Le Brun (milieu du 17ème)
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Chef d’œuvre du classicisme français bâti sur ordre de Louis XIV, son plafond est notamment décoré selon différents thèmes : la course du soleil, la course dans l'espace et la course dans le temps.
C’est cette course au temps qui explique la présence de motifs relatifs aux heures et aux signes du zodiaque.
Si un gros plan capture le signe de la Vierge, c’est que Beyoncé est née le 4 septembre.
  Portrait d'une négresse, Marie-Guillemine Benoist (1800)
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L’une des très rares peintures de son époque où une femme noire n’est pas représentée sous les traits d’une esclave ou d’une subalterne, mais en tant que modèle à part entière et de ce fait canon de beauté.
Du fait de son importance, le tableau apparaît à plusieurs reprises dans le clip. Puritanisme oblige, la poitrine nue de la jeune femme est cependant à chaque fois censurée. 
  La pyramide du Louvre, I.M. Pei (1989)
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Très controversé lors de son inauguration (comment ça faire du Louvre un « musée de masse » ? Comment ça du verre et de métal au beau milieu de la cour de Napoléon ?!), le monument a fini par s’imposer comme l’un des plus iconiques de la capitale.
Est-il vraiment besoin de souligner plus en détails le parallèle fait avec un genre considéré à ses débuts comme une vulgaire mode et qui aujourd’hui fait figure de nouvelle institution ?
Posté le 18 juin 2018.
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journaljunkpage · 6 years
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MOBILIS
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Anna Maisonneuve / © Atelier Positif
Cofondateur de la chaîne Arte, auteur de documentaires, lauréat du Grand Prix national de la Création audiovisuelle en 1992, Jean-Michel Meurice est aussi une figure phare du mouvement Supports/Surfaces. Avec sa casquette de plasticien, il investit les espaces du château Beychevelle de ses motifs picturaux exponentiels.
La première venue de Jean-Michel Meurice date de 1987, pour l’exposition collective « Du goût et des couleurs », imaginée notamment par Jean-Hubert Martin, alors directeur du centre Pompidou. Chais et cuviers de 14 châteaux viticoles du Médoc accueillaient les oeuvres in situ de John Armleder, Richard Deacon, Bertrand Lavier, Présence Panchounette, Sarkis ou encore Jean-Michel Meurice qui assiégeait pour sa part le garage à tracteurs du château Loudenne avec des oeuvres peintes sur tôle et des moucharabiehs sur Plexi. Trois décennies plus tard, cette figure majeure du mouvement Supports/Surfaces (à ne pas confondre avec le groupe éphémère du même nom) fait son retour en terre médocaine et toujours en compagnie de Maxime Lebreton, de l’association Mécénart, qui avait initié la manifestation précédemment évoquée.
« Je pense toujours beaucoup au lieu et à la dynamique créée par mon intervention », indique l’auteur de Cornière, une série de toiles datée de 1973 et spécifiquement pensée pour se ficher dans les angles des murs. Pour le château Beychevelle, point d’intervention angulaire mais tondo et demi-lune échafaudent des dialogues formels avec l’architecture de l’espace. D’autres, réalisées sur des rideaux de douche, lèvent le voile sur un autre pan de la recherche menée par ce natif de Lille. Dans les années 1960, il sillonne les supermarchés à la recherche de ready-made. « Je choisissais des choses qui me plaisaient en termes de couleur ou de matière, comme rhodoïd, vinyle ou film aluminium. » Dans cet esprit, les surfaces servant d’ordinaire aux salles de bains distribuent des fleurs d’ipomée. Jeu de palimpseste entre les motifs rigides imprimés des pièces de plastique et la transparence des arabesques fournies par les courbes florales peintes. Ailleurs, la multiplication et la superposition de silhouettes de feuilles d’arbre irriguent un all-over pictural. « Quand on travaille face à la toile, on est en position de jugement. Je la dispose à l’horizontale à la manière d’un joueur de jazz. On ne peut pas décider de tout. Il faut trouver le point d’équilibre. Peindre, c’est une célébration qui doit garder une part de mystère et de magie. J’en suis l’outil, pas le maître. » Aussi, pour ce passionné d’Henri Matisse et des peintres zen, qui s’est vu confier la réalisation d’un plafond au musée Picasso d’Antibes, le processus créatif se niche entre hasard et maîtrise, aléatoire et déterminé pour bâtir un système organique où se croisent les modulations infinies de la déconstruction du geste, l’exploration de nouveaux supports, simplification et répétition de la forme.
« Corolles et nébuleuses », Jean-Michel Meurice, jusqu’au vendredi 28 septembre, château Beychevelle, Saint-Julien de Beychevelle (33250). beychevelle.com
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"Illustrations de magazines retouchées" à l'encre par Pablo Picasso dans "Vogue" (1951) à l'exposition “Célébration Picasso, la Collection Prend des Couleurs” en collaboration avec Paul Smith au Musée Picasso, juillet 2023.
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artlimited · 1 year
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Direction artistique : Paul Smith | Célébration Picasso, la collection prend des couleurs ! https://www.artlimited.net/agenda/direction-artistique-paul-smith-celebration-picasso-la-collection-prend-des-couleurs/fr/7585258
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no-tes · 7 years
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Catalogue 5e Biennale de Lyon, Partage d’exotisme,
“Quelque part en Afrique, il y a un grand homme (noir), collectionneur d'art d'Europe et d'Amérique, achetant son Picasso pour 23 noix de coco et son Lichtenstein pour 7 os d'antilope.”
“Tu sais, chéri, lui dit sa femme un jour, Daniel B. est trop cher, mais je pourrais te faire quelque chose de semblable avec cette peau de zèbre. EN contrepartie, pourtant, il faudrait que tu te sépares de cette jolie blanche bidon.”
Les oeuvres (authentiques) sont posées sur le sol parce qu’il n’y a pas de murs pour les recevoir, le néon de Dan Flavin est éteint, le Viola dans sa caisse, car il n’y a pas d’électricité, etc.
Nedko Solakov, Colelctionneur d’art, 2000.
Biblio
Michel Albert-Vanel, La couleur dans les cultures du monde, Paris, Editions Dangles, 2009 (ref bibli 2.1 COU), p23 Les chamans, P59 Le python arc en ciel
Revue Traverses 21/22, revue trimestrielle, mai 1981, Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, editions de Minuit, sur La cérémonie : p58 Cérémonials de Peintre par Gilbert Lascault, P123 Passages de Louis Marin, P136 La célébration de la science de Michel Crozon (passage sur la magie p 138-39), p187 les fêtes révolutionnaires : une politique du signe par Jean Davallon (p194 la fête, pratique utopique), P214 Provocations de situations arbitraires qui prennent la forme d’un rituel par Sophie Calle (code bibli 2.1 CER)
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whatsonmedia · 1 year
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5 Must-See Art Exhibitions in September 2023!
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Georgia O'Keeffe When: 10 Sep, 2023 – 29 Jan, 2024 Where: Museum of Modern Art (MoMA), New York To See Takes Time is a must-see for any fan of American art. The exhibition is beautifully curated and provides a comprehensive overview of O'Keeffe's career. The paintings are stunning and the curators have done a great job of highlighting O'Keeffe's unique vision. The MoMA is a world-class museum and is the perfect place to see this important exhibition. A World in Common  When: 9 Sep, 2023 – 15 Jan, 2024 Where: Tate Modern, London A World in Common is a fascinating exhibition that explores the themes of identity, community, and belonging through the lens of photography. The photographs are powerful and moving, and the curators have done a great job of telling the stories of the photographers and the communities they represent. The Tate Modern is a great place to see this exhibition, as it is a museum that is committed to showcasing the work of contemporary artists from around the world. Célébration Picasso, La Collection prend des couleurs When: 16 Sep, 2023 – 22 Jan, 2024 Where: Centre Pompidou, Paris Célébration Picasso, La Collection prend des couleurs! is a celebration of the life and work of Pablo Picasso. The exhibition brings together over 200 works from the Centre Pompidou's collection, including paintings, sculptures, and drawings. The exhibition is a great opportunity to see Picasso's mastery of a wide range of artistic styles. The Centre Pompidou is a world-renowned museum of modern and contemporary art, and it is the perfect place to see this exhibition. Vermeer  When: 23 Sep, 2023 – 28 Jan, 2024. Where: Rijksmuseum, Amsterdam Vermeer is a must-see for any fan of Dutch Golden Age painting. The exhibition brings together over 23 of Vermeer's masterpieces, including "Girl with a Pearl Earring." The paintings are exquisitely beautiful and the curators have done a great job of highlighting Vermeer's unique use of light and color. The Rijksmuseum is one of the finest museums in the world, and it is the perfect place to see this exhibition. Yayoi Kusama: Infinity Mirrors When: 29 Sep, 2023 – 28 Jan, 2024. Where: Guggenheim Museum Bilbao, Spain. Yayoi Kusama: Infinity Mirrors is an immersive exhibition that allows visitors to experience the world of Yayoi Kusama. The exhibition features some of Kusama's most iconic works, including "Infinity Mirror Room - The Obliteration Room." The exhibition is a truly unique experience and is a must-see for any fan of contemporary art. The Guggenheim Museum Bilbao is a stunning building and is the perfect place to see this exhibition. Overall, these are all excellent exhibitions that are well worth seeing. I highly recommend visiting any of these galleries if you have the opportunity. Read the full article
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laurent-bigot · 8 years
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“Cette histoire de l’homme et de sa femme est de nulle part et de partout. On peut l’entendre n’importe où et n’importe quand. Car partout où le soleil se lève et se couche, dans le tourbillon fou de la ville comme à la ferme, avec le ciel en guise de toit, la vie est toujours la même, parfois amère, parfois douce.”
« Le plus beau film du monde », selon François Truffaut. La consécration de L’Aurore dans l’histoire du cinéma date de 1958, l’année de l’Exposition Universelle de Bruxelles et de la « Confrontation des Meilleurs Films de tous les Temps », où cent dix-sept « personnalités» avaient établi une liste « académique », du moins jugée telle, entre autres, par les Cahiers du cinéma, mais également par de nombreux jeunes critiques. Il serait d’ailleurs plus juste de parler de liste « bâtarde », composée d’œuvres majeures, mais qui ne sont pas nécessairement les plus grandes de chaque auteur au regard de l’histoire : La Grande Illusion, plutôt que La Règle du jeu, Le Voleur de bicyclette, plutôt que Sciuscia ou Umberto D... La revendication des jeunes critiques de 1958 est tout simplement la prééminence des « auteurs» sur les « œuvres» : lorsque la critique traditionnelle préfère Le Dernier des hommes à L’Aurore ou Tabou, ce n’est pas capital, sinon que ce choix est symptomatique d’une approche du cinéma. Le Dernier des hommes innove sur le plan technique en technique en raison de la fameuse mobilité de la caméra. Dans l’esprit d’un historien comme Jean Mitry, la novation « visible », « affichée », qui met en évidence un élément de langage – le montage chez Eisenstein, le rythme mécanique chez René Clair -, fait d’un film une œuvre d’art… Mais admire-t-on Picasso parce que ses figures humaines s’éloignaient de la figuration traditionnelle, Monet parce que sa vision est un peu « floue », Degas parce qu’il décadre (ou « cadre mal ») ses danseuses, Cézanne parce qu’il « aplatit» la profondeur de l’espace et la perspective ? Il s’agit bien plus de trouver les moyens d’exprimer, de décrire, de faire voir ce qu’eux seuls ont à dire, faire découvrir, sentir, leur univers, leur « vision du monde».
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
Après avoir vu un premier montage de L’Aurore, John Ford déclarait en février 1927 que c’était «le plus grand film jamais produit» et qu’il doutait « qu’un meilleur film puisse être réalisé dans les dix années à venir ?». Il est inutile d’accumuler les citations des plus grands. Si l’étude des classiques nous apprend à admirer les « classiques » et leur modestie, l’étude de L’Aurore peut aussi nous aider à comprendre les ambitions de cinéastes qui font du « style » – à tort, à raison, avec talent ou non – une valeur capitale face à un cinéma stylistiquement souvent bien pauvre… [Joël Magny – « L’Aurore, un paysage mental » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
Parmi les grands tableaux américains du Metropolitan Museum of Art de New York, il est un paysage peint en 1887 par George Inness et intitulé « Aurore ». S’il est peu probable que les décorateurs hollywoodiens chargés de la préparation de L’Aurore de F.W. Murnau aient pensé à ce tableau, il n’en reste pas moins qu’à quarante ans de distance l’œuvre picturale et le film témoignent d’une même attention à la lumière pour traduire l’essence même de l’espace et du paysage américains. Alors que les racines culturelles de Murnau sont celles du mouvement expressionniste, qui se développa en Allemagne au début du siècle et toucha toutes les formes d’art, les références esthétiques d’un film comme L’Aurore doivent être cherchées plutôt du côté de l’impressionnisme. Cette référence peut sembler abusive. Mais on doit reconnaître que L’Aurore est un film à propos duquel les problèmes de lumière jouent un rôle essentiel. L’intrigue n’est qu’un canevas plutôt lâche, simple support aux recherches esthétiques de Murnau, destiné à rendre celles-ci accessibles au grand public en les lui présentant sous forme de mélodrame. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1982)]
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
Les personnages de L’Aurore ne sont ni des anonymes représentants de l’Américain moyen ni des «hommes et femmes de la rue» voués à passer de l’anonymat au statut de représentant du rêve américain, du fameux “american way of life”. Les cartons initiaux, de même que le générique, ne mentionnent que « the Man », « his Wife », plus tard, ce sera « the Woman of [from] the City» [« la Femme de la Ville»], tandis que le titre complet du film ne se contente pas de l’instantané « sunrise », « lever du jour », « aube », « aurore » (titre choisi pour la distribution en France), mais parle d’un bien plus universel « Song of Two Humans », avec l’article indéfini « a » (« un ») : un chant à la gloire de deux êtres humains non définis, quelconques. Mais un chant, un acte quasi religieux, au moins sacré, une « célébration », qui fait de deux êtres humains les représentants de l’humanité, humanité à la fois ordinaire et tout entière, bref, exemplaire.
Les cartons apportent d’autres précisions sur les lieux de l’action. « No place and every place… » Une ville un village un lac sont les seules précisions géographiques. Les spécialistes peuvent reconnaître le lac Arrowhead au bord duquel a été construit le village La ville est entièrement créée dans les studios de la Fox, à Fox Hills Peu importe, dans le film, l’espace géographique n’est pas nommé, ne renvoie pas à des lieux identifiables. En outre, la Fox ne voulait pas que la ville se nomme Tillsit, comme dans le récit de Sudermann, et Murnau et Mayer que ce soit une ville américaine. C’est seulement une ville moderne, avec sa grande place, son Luna Park, sa brasserie… L’architecture du village fait songer à celle de maisons germaniques anciennes, rustiques ou hérités du moyen âge, telles qu’on les voit également dans Nosferatu ou encore dans les premiers tableaux expressionnistes de Kandinsky, peignant les rues de la ville de Murnau. Du point de vue américain, qui s’exprime encore de cette manière de nos jours, c’est l’opposition entre l’Amérique du présent et de l’avenir et de la vieille et nostalgique Europe, si charmante, mais dépassée. D’ailleurs, les touristes de la ville s’y rendent comme aujourd’hui d’autres dans les parcs d’attraction, type Eurodisney. Murnau filme l’arrivée des bateaux sur le lac comme l’apparition d’un monde ancien, perdu dans les tréfonds des souvenirs ou de l’imaginaire collectif, l’île enchantée. La situation de ce « Song of Two Humans » dans le temps paraît plus précise. La place de la ville évoque une architecture contemporaine (années vingt), la gare, une recherche que paraît inspirée du Bauhaus, à quoi s’oppose la rusticité passéiste du village. [Joël Magny – « A song of two humans… » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
La première apparition de la “Femme de la Ville” nous la montre parfaitement à l’aise dans l’espace de sa chambre, en tenue légère, préoccupée de son apparence, hésitant entre plusieurs robes, tandis qu’Ansass est immobile, à la table du repas familial, tourmenté. Au contraire, le couple de paysans paraît paisible, mangeant sa soupe sans manifester ni joie ni tristesse. Le lien social est cruellement marqué par l’intrusion de la “Femme de la Ville”, qui, à peine entrée, désigne ses chaussures : la paysanne se précipite pour les nettoyer… Mais ces indications psychologiques et sociales paraissent des explications bien faibles pour rendre compte de l’effet produit. Murnau les relie par deux éléments. Les paysans mangent leur soupe, sinon avec appétit, mais avec le respect dû à la nourriture que Dieu, la nature ou leur travail leur procure. Ansass est, lui, trop tourmenté pour manger. Quant à la “Femme de la Ville”, alors que c’est l’heure du repas pour tout le village, la nourriture ne la concerne pas, remplacée par quelques bouffées de cigarette. Chacun est ainsi défini par sa relation à la matière la plus élémentaire, celle qui leur permet de vivre ou survivre.
L’autre élément récurrent dans ces trois tableaux est la source lumineuse. Le couple de paysans est éclairé par une lampe sous un globe qui occupe une large partie de l’écran, tandis qu’au fond, derrière eux, quelques bûches jettent une lueur faible mais chaleureuse. Au contraire, la table d’Ansass est éclairée par une simple lampe, qu’il va quitter pour l’obscurité à l’approche et l’appel de la “Femme de la Ville”. Cette dernière ne fuit pas la lumière, mais se nourrit directement du feu de la bougie, seule source d’éclairage de sa chambre. Trois attitudes différentes à l’égard de la lumière, du moins celle dont la source est présente à l’écran : la fuir, la considérer comme un bienfait naturel, puis puiser son énergie. [Joël Magny – « A song of two humans… » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
L’écriture cinématographique donne sens à ce que pourrait n’être que données statiques. “La Femme de la Ville” est filmée dans un cadrage fixe qu’elle anime de son mouvement incessant, sans effet d’angle de prise de vue, parfaitement à l’aise dans son cadre, qu’elle habite et domine parfaitement, contredisant le carton qui précède (« Après plusieurs semaines, elle se morfond toujours… »). Ansass, d’abord filmé en légère plongée, ne cesse de se déplacer, quittant le cadre et la lumière pour la fenêtre et l’obscurité, pour quitter enfin à la fois le cadre du film et le cadre familial lorsque Indre apporte une soupe qui renvoie à celle des paysans, symbole de calme et d’équilibre. Le plan qui montrait ces derniers et ouvrait la séquence relève d’une construction déséquilibrée : plongée sensible vers le couple, caméra filmant de biais la table, dont l’arête est ainsi en diagonale par rapport au cadre. L’homme apparaît bien plus grand que la femme, l’abat-jour prend une importance démesurée, vu de haut, surplombant la scène sans raison particulière… Le foyer qui éclaire la cheminée paraît alors bien lointain. Or, et ce sera le propos même du film, c’est précisément cet univers de paix et d’équilibre qui est menacé par ce qui est en train de commencer à se jouer entre Ansass et la “Femme de la Ville”, puis entre Ansass et Indre. À quoi il faut ajouter la table vide, nature morte qui évoque tout autant Chardin que Cézanne, symbolisant la désertion du foyer conjugal tout autant que le désert de l’amour. [Joël Magny – « A song of two humans… » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
Cette scène anthologique introduit l’idée de Mal et de transgression en impliquant le spectateur. Cette implication est obtenue par l’étrange trajet de la caméra et l’utilisation du plan-séquence, qui provoque ce passage du spectateur, auparavant ému par l’image maternelle et souffrante d’Indre, dans un implacable glissement.
Ansass vient de quitter maison et épouse à l’appel de la “Femme de la Ville” qu’il va rejoindre dans les marais. On le découvre face à la lune (associée à la “Femme de la Ville”), dans un climat de brouillard (qui correspond à l’état de son esprit). Il marche lentement, un peu lourdement mais en prenant un air décontracté, les mains dans les poches, le pantalon dans les bottes. Il marche comme attiré par une force irrésistible, résolu après ses hésitations dans la salle à manger où Indre préparait le repas. L’idée de cette force aveugle est insinuée par le fait qu’on le suit de dos (comme ce sera plusieurs fois le cas jusqu’à l’arrivée à la ville). Le paysage qui l’entoure est encore. Après avoir franchi un pont (une frontière entre le bien et le mal, le masculin et le féminin), longé une de ces nombreuses barrières (en fait le parapet) qui parsèment le film, il se dirige vers la droite, qui symbolise traditionnellement le Bien. On devine qu’il sait où il va, mais il semble s’éloigner de son premier objectif. Alors qu’il revient vers la gauche – le Mal, sinistra, dans la tradition symbolique classique -, en passant sous les branches d’un arbre (autre frontière-barrière en quelque sorte, franchie dans l’autre sens), la caméra cesse de le suivre de dos et accompagne sa marche de profil, s’en éloignant légèrement. Cette fois il franchit carrément une barrière et fait face à la caméra. La rupture entre caméra-spectateur et Ansass est consommée. La caméra le quitte, prend son indépendance pour précéder la marche d’Ansass en traversant des feuilles et des branchages. Ce procédé d’une caméra indépendante n’est pas exceptionnel, mais ici, l’étrangeté vient de ce que l’on distingue encore à peine la silhouette de la femme. En traversant ce modeste obstacle au lieu de le contourner comme Ansass, nous sommes à notre tour attirés, aimantés, vampirisés par cette créature étrange, au comportement sophistiqué au milieu des marais, dont la silhouette de vamp apparaît progressivement : elle joue avec une fleur, se remet du rouge à lèvres, se repoudre. Nous prenons en charge, précédons la transgression d’Ansass. Alors qu’Ansass effectue un trajet complexe face à un désir dont il sait qu’il le porte vers le Mal, nous, caméra-spectateur, nous nous précipitons. Nous ne nous identifions plus à Ansass, d’ailleurs Murnau le fait surgir de façon inattendue à gauche du cadre : la caméra l’avait quitté alors qu’il se dirigeait vers la droite et la femme, l’entendant, avait regardé vers la caméra et non vers cette gauche (en face d’elle). Nous pouvons alors assister à la transgression absolue : les amours d’Ansass et de la Femme de la Ville, le baiser qui fait songer à celui d’Edward Munch. Joël Magny – La transgression en continu – [L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
Le film fut un fiasco ; comme il s’agissait de la première œuvre américaine de Murnau – qui avait derrière lui une carrière fulgurante en Allemagne -, cet échec compromit l’avenir du réalisateur au sein de la Fox. Par ailleurs, les critiques de l’époque qui perçurent le génie de L’Aurore furent très peu nombreux. On citera entre autres mérites de la mise en scène comment le cinéaste arrive à conférer un contenu métaphysique à une série d’«extérieurs» éclairés naturellement et d’ «intérieurs» éclairés par les lampes à arc des studios, l’opposition des lumières symbolisant l’antagonisme de deux mondes : la ville et la campagne. Il faut aussi souligner que presque toute l’équipe chargée de la production du film était composée d’émigrés allemands (le scénariste Carl Mayer, le décorateur Rochus Gliese, assisté d’Edgar G. Ulmer) ou d’Américains d’origine allemande (l’assistant à la réalisation Hermann Bing, le co-opérateur Karl Struss). [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1982)]
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
En quelques images apparemment purement informatives, Murnau nous donne affectivement, sensuellement, l’explication du drame. La “Femme de la Ville” incarne peut-être le Mal, mais le mal est déjà dans le couple de paysans, voire dans le mode de vie du village, par opposition à ce que proposera la ville : une vie plus intense, une vie qui laisse place aux forces obscures présentes en chacun. Ansass a besoin de l’obscurité alors qu’Indre ne peut lui apporter que la Lumière, divine, maternelle, familiale, peu importe. D’où le sentiment de lumière terne (éteinte ?) que donne l’image d’Indre effondrée à la table familiale. Mais l’image la plus terrifiante de cette séquence n’est-elle pas celle de cette table, vue par Ansass, qui semble déclencher sa décision de répondre à la tentation, où attendent le couvert dressé et le pain déjà coupé ? La lumière a beau inonder la nappe et les assiettes, le glacis et le glacé remplacent la chaleur du foyer … Quelques scènes plus tard, après la rencontre avec la “Femme de la Ville” et le projet de noyer Indre insinué dans la tête (et le corps) d’Ansass, une image condense plus encore le drame à venir : dans l’ombre de la maison, il s’approche de la porte où Indre est en train, dans la belle lumière du jour – celui, précisément – pour lequel sa mort est programmée – nourrit les poules… Ansass n’est guère ému par cette champêtre : il vient de se lever en songeant aux suggestions de la “Femme de la Ville”. En un seul gros plan sur le visage d’Indre se joue alors tout le film. Frappée par l’attitude perturbée d’Ansass, qui lui tend lentement les mains, effrayée, son regard inquiet indique qu’elle va accepter la promenade en barque tout en doutant des intentions de son mari… Sa bouche s’entrouvre, sa respiration s’accélère… Le désir physique s’éveille ou se réveille. Elle prend les mains d’Ansass… On n’en saura ou n’en verra pas plus. Murnau coupe la scène par un plan de la servante s’occupant de l’enfant où surgit Indre, joyeuse… C’est ce plan d’Indre angoissée puis acceptant, désirant la violence d’Ansass qui va alors se déployer lentement lors du voyage en barque puis à la ville… Joël Magny – «Un (mélo) drame de la renaissance» – [L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
…De son côté, la “Femme de la Ville” n’est pas mécaniquement associée au monde des ténèbres. Elle l’est surtout à la lune. La lune ne produit ni énergie ni lumière propre : elle reflète la lumière du soleil. Comme le vampire, elle a besoin de l’énergie produite par d’autres. Lorsqu’elle traverse le village pour « siffler» Ansass, la Femme marche dans la nuit et se nourrit, se « repaît» des lumières venues des maisons, des couples paisibles, comme celui d’Ansass et d’Indre. Si pour le fermier, elle est une image de la femme en tant que corps, séparé de toute idée de famille, de procréation, de religion même, pour elle il incarne aussi une image de l’Homme, viril, voire bestial : l’image d’Ansass est liée aux animaux – bœufs, vaches, cheval de l’écurie, cochon du Luna Park…
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
Murnau a accentué la lourdeur quasi animale de la démarche de George O’Brien en lui faisant mettre vingt livres de plomb dans ses bottes. Rien à voir avec le bel éphèbe qui surgit de l’eau dans les premières images touristiques du film… Les relations de cette femme avec Ansass sont clairement placées sous le signe du physique, voire de la violence, dès la première étreinte, où les corps se précipitent l’un vers l’autre, après ce long et lent mouvement de camera suivant Ansass et les préparatifs (poudre, rouge à lèvres) de fa Femme. Violence qui contraste avec les images douceâtres d’Indre et son bébé qui suivent immédiatement. Malgré l’horreur qu’affecte Ansass devant la proposition de noyer cette dernière, l’étreinte qui suit avec la tentatrice est la plus violemment physique du film, comme redoublée par l’idée même du meurtre. Si Ansass et la “Femme de la Ville” fonctionnent ainsi à partir d’images, des représentations de la Femme, de l’Homme viril, Murnau ne place pourtant pas son propos sur le simple plan du fantasme : les images mentales naissent toujours d’une sensation physique que le film illustre littéralement pour les sens du spectateur. À son réveil dans la chambre, Ansass ressent, revit (par des surimpressions) les caresses de la “Femme de la Ville” après avoir vu concrètement les roseaux prévus pour la noyade d’Indre. De même, les images de la ville et sa vitalité apparaissent dans la campagne après l’étreinte des deux personnages. Au milieu de la nuit, la tentatrice réveille les sens de l’homme diurne, de l’homme de la terre, le paysan.  – [Joël Magny – «Un (mélo) drame de la renaissance» – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
« Cette histoire de l’homme et de sa femme est de partout et de nulle part… » Les habitants de la ville partent en train, en bateau, vers le village de pêcheurs et de paysans au bord du lac. Plusieurs semaines plus tard, une “Femme de la Ville” est restée et se morfond… Elle a séduit Ansass, un paysan, et lui suggère de simuler la noyade accidentelle d’Indre pour vendre sa ferme et partir avec elle à la ville. Ansass emmène Indre pour une promenade sur le lac, mais renonce à son projet au dernier moment. Indre s’enfuit dans un tramway vers la ville. Ansass la suit, la protège de la circulation automobile, l’entraîne vers un café-restaurant : il est honteux, elle demeure effrayée.
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
SUNRISE – F. W. Murnau (1927) – Janet Gaynor, Georges O’Brien
Dans une église, ils assistent à une cérémonie de mariage, où, impressionné par les propos du prêtre sur l’aide et la fidélité dues à l’épouse, Ansass tombe à genoux et implore le pardon d’Indre. Dans un salon de coiffure, Ansass repousse une manucure qui ressemble à la Femme de la Ville, Indre refuse que l’on touche à son impeccable coiffure paysanne et refuse les avances d’un dragueur qu’Ansass met en fuite. Au sortir de chez le photographe, ils se retrouvent avec une photo osée : ils y échangent un baiser passionné.
Au Luna Park de la ville, Indre entraîne Ansass vers un dancing où ce dernier récupère un cochonnet évadé. La foule réclame une danse paysanne. Indre pousse Ansass à accepter. Au retour, Indre et Ansass sont pleinement réconciliés, mais un orage éclate. Ansass attache autour de la taille d’Indre les roseaux qu’il avait emmenés, sur les conseils de la “Femme de la Ville”, pour se sauver après le meurtre d’Indre. Le calme revenu, cette dernière a disparu. Les villageois, avec Ansass, sous regard inquiet de la Femme de la Ville, cherchent Indre. Alors qu’Ansass est près d’étrangler celle-ci, Indre est retrouvée et rejoint Indre, les cheveux défaits, qui lui sourit et l’embrasse. – [Joël Magny – «Un (mélo) drame de la renaissance» – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
Comment avez-vous travaillé avec les opérateurs Charles Rosher et Karl Struss ? Rochus Gliese (chef décorateur) : N’oubliez pas que les opérateurs d’alors n’avaient pas le même amour-propre que maintenant. Aujourd’hui ce sont eux qui font l’image. Ce n’était pas ainsi à l’époque. Le peintre, l’« architecte-décorateur », en collaboration avec l’opérateur, faisait l’image. Le cadreur regardait, le décorateur vérifiait le cadre avec précision, le réalisateur contrôlait et demandait encore ceci ou cela. C’était autre chose. Tout cela se faisait en tenant compte des focales … Pour le trajet du tramway de la campagne au centre de la ville nous disposions d’une petite partie de la colline de la Fox. Il n’y avait pas de place car les terrains du studio étaient déjà remplis de décors. Juste derrière, Tom Mix tournait un western. Alors je me suis mis à construire mon décor autour de ceux de Tom Mix, qui étaient utilisés continuellement et que, pour cette raison, on ne pouvait toucher. Je dessinai un trajet en zigzag couvrant tout l’espace disponible de façon à l’utiliser au maximum. C’est pour cette seule raison que le tramway avance continuellement en courbes. A chaque position successive de la caméra, nous nous arrêtions, je regardais par le viseur et je peignais le décor sur la vitre. Ensuite on le construisait. Tout était déterminé par les angles de prise de vues : on ne pouvait placer la caméra que comme je l’avais prévu parce que tout était construit en fonction de la place de cette caméra… – [Propos extraits d’entretiens de Rochus Gliese avec Erika et Ulrich Gregor « Kinemathek 40 », Berlin, 1968]
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
Dans le récit de Sudermann, l’opposition entre ville et campagne est moins décisive que la différence de classe sociale entre le héros, Ansass Balczus, riche paysan, et une jeune servante attirante et démoniaque, Busza. Le beau-père pousse Ansass à la congédier, mais cela ne l’empêche pas de rejoindre la tentatrice. Celle-ci suggère à Ansass de noyer son épouse Indre. Il propose donc à celle-ci un voyage à Tilsit, où tous deux s’amusent de façon enfantine. Ils reviennent en barque au clair de lune, réconciliés et s’endorment dans la barque. Au retour, ils subissent la violence du fleuve. Des voisins retrouvent Indre : Ansass s’est sacrifié en lui attachant les roseaux qui devaient, sur les conseils de Busza, le sauver une fois son forfait accompli. C’est Ansass que l’on retrouve noyé… Neuf mois plus tard, Indre donne naissance à un fils, conçu lors de cette nuit tragique. L’Aurore adapte assez fidèlement le récit de Sudermann, mais avec deux nuances de taille. La tentatrice n’était qu’une simple servante attirante et désireuse de détourner Ansass en se débarrassant de l’épouse légitime. Mayer et Murnau inventent pratiquement l’opposition ville/ campagne et font de la “Femme de la Ville” l’étrangère, la « vamp» destructrice. Dans la nouvelle, ensuite, Ansass rachète sa faute par sa mort et son sacrifice.
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
Pour Murnau et Mayer, il s’agit d’une renaissance liée à l’ordre du monde, au cosmos, à travers les éléments, eau, feu de l’orage, lune et soleil levant de l’aurore. Happy end façon Hollywood contre le tragique germanique, romantique ou expressionniste ? Bien au contraire. Le tragique de la nouvelle est bien dans la perspective moralisante de l’œuvre de Sudermann : alors même qu’Arisas, n’a rien tenté lors du voyage vers Tilsit, il est puni de mort par le destin. Si l’aspect religieux est présent dans le film, il l’est bien plus dans la nouvelle où, dès le début, Indre est comparée, par sa beauté et sa gentillesse avec ses trois enfants, à une madone, « belle et pâle », tandis que l’intrusion de la servante se fait sous le signe du Malin (Teufel). Dans les dernières lignes, Sudermann explique que l’un des fils d’Indre est devenu pasteur, apprécié de sa communauté, et que, lorsqu’elle se rend à l’église, « elle sait qu’elle sera bientôt unie au ciel avec Ansass, car Dieu est miséricordieux à l’égard des pêcheurs ». Et « il le sera aussi avec nous », conclut l’auteur. D’ailleurs, la réconciliation entre Ansass et Indre, dans la barque, lors de la nuit tragique, a été sanctifiée par la naissance d’un fils. De cette leçon du destin ou de Dieu, Mayer et Murnau font un véritable roman d’apprentissage, dans la lignée des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, de Goethe (1796), ou d’initiation, tel que le définit Schiller en 1795 dans ses Lettres sur l’éducation esthétique .« Tout homme en tant qu’individu porte en lui, en vertu de sa nature et de sa destination, un homme idéalement pur, et la grande tâche de son existence est de se trouver, au milieu de tous ces changements, en harmonie avec l’unité immuable de cet homme-là. » – [Joël Magny – « Un auteur à Hollywood » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
On ignore quelle fut réellement la collaboration entre Murnau et Carl Mayer travaillant depuis Berlin. Dans le scénario publié, les ajouts de Murnau sont souvent purement techniques : lieu de tournage (Arrowhead), ordre des scènes, figurants ou accessoires (beaucoup de détails sur les vêtements). (…) C’est Murnau qui met en forme l’arrivée du couple et tout particulièrement d’Indre dans la ville : « Ansass tend ses deux bras vers elle. Mais Indre, comme horrifiée, semble reculer. Alors, il baisse les bras, recule d’un pas. Elle dévale alors les marches, comme aux abois, et descend au milieu des voitures (la caméra suit). À cet instant, une voiture manque l’écraser. Ansass se précipite dans l’image, la rejette en arrière, puis la conduit de l’autre côté. Ensuite, vue sur le café. ». La réalisation exécute point par point ces détails. Murnau ajoute lui-même, dès le scénario, – ce qui indique qu’il ne s’agit guère d’une concession commerciale comme on l’a parfois suggéré – les éléments comiques, qu’il développera au tournage. (…) Murnau n’annote pas la scène chez le photographe, mais il la transformera au tournage, avec la recherche de la tête de la statuette représentant la «Victoire de Samothrace», insistant sur le décalage culturel avec ce photographe de noces et banquets qui affiche des allures d’artiste. Mais alors que dans le script de Mayer l’« artiste» refusait l’argent du couple (« Je suis payé par mon plaisir artistique»), Murnau choisit l’espièglerie plus «osée» – du moins pour nos campagnards – du photographe qui appuie sur la poire au moment où le couple s’embrasse… L’inversion de l’image dans l’appareil photographique est évidemment une invention du cinéaste, de même que le merveilleux regard d’homme amoureux que pose un instant O’Brien sur Janet Gaynor, un des plus beaux que le cinéma nous ait jamais donné : un peu niais, gêné dans sa virilité, mais reprenant vite contenance. Ici, Murnau rejoint le propos de Sudermann, en mettant dans la bouche du photographe : « Félicitations ! C’est la plus douce épouse que j’ai vue cette année ! » : c’est la gentillesse, la douceur que les étrangers perçoivent chez Indre qui séduit à nouveau Ansass. (…)
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
On doit en revanche à Mayer la construction générale du film, bien plus nette et subtile que celle de la nouvelle de Sudermann. Construction d’abord évidente en deux parties. Après la mise en place des lieux et des personnages, la tentation et la conception du meurtre, suivies du premier voyage sur le lac, avec son drame avorté, puis en tramway, soldée par la réconciliation dans les lieux de plaisir et de tentation (Luna Park). Second volet : le retour sur le lac, l’orage, le drame apparemment accompli, soldé par l’ultime réconciliation et le départ de la tentatrice. Cette construction efficace en trois parties, si l’on considère l’épisode de la ville comme une charnière entre les deux voyages, serait banale si Mayer n’avait joué de scènes qui font écho. (…) – [Joël Magny – « Un auteur à Hollywood » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
Murnau multiplia les prouesses techniques, profitant de la « carte blanche» que lui avait donnée William Fox pour un film « grandiose ». Une anecdote rapportée par Charles Rosher dans le Murnau de Lotte Eisner suffit à en restituer l’esprit. Lorsque la tempête éclate, vers la fin du film, Murnau tenait à ce qu’elle prenne naissance dans la ville et le Luna Park. Une tempête de poussière devait l’annoncer avant les trombes de pluie. « Mais quelqu’un avait-il touché un faux levier ? C’est la machine à pluie qui fut déclenchée d’abord : l’eau tomba en vastes nappes, débordant partout. Cela ne fait rien, déclara Sol Wurzel, de la Fox, nous pouvons nous passer de cette séquence où la poussière annonce l’orage. Murnau (…) fut implacable : il voulait d’abord une tempête de poussière ! “Nous avons trois mille figurants qui attendent !”, cria Wurtzel. “Qu’ils repartent et qu’ils reviennent dans trois jours, alors les décors seront secs et l’emplacement également”, répondit Murnau. Et il resta ferme. Cela coûta des sommes énormes à la Fox. Trois jours après, la machine à vent se déclencha normalement : on filma sans hâte les nuages de poussière soulevés, comme Murnau le voulait, avant la séquence de la pluie. » Comme déjà, entre autres, Nosferatu, L’Aurore mêle tournage en studio et décors naturels sans rupture : c’est particulièrement le cas lors du premier trajet en tramway, où l’on passe quasi insensiblement d’une forêt réelle à des arbres artificiels puis aux faubourgs et à la grande place, réalisés en studio. Murnau n’était pas un pur cinéaste de studio (comme Fritz Lang) et appréciait les surprises de la réalité. Il « aimait beaucoup filmer ce qui se présentait à lui par hasard, confie Charles Rosher à Lotte Eisner. Ainsi, par exemple, l’ombre des feuilles vacillant sur l’eau, dans le vent, l’ondoiement des petites vagues après le passage du bateau sur le lac, le scintillement du soleil sur cette surface. Il avait l’œil pour tout ce qui était lumière et mouvement. »
L’AURORE (SUNRISE) de Friedrich Wihlelm Murnau (1927) avec Janet Gaynor et Georges O’Brien. Scénario et découpage : Carl Mayer d’après A Trip to Tilsitt (Histoires lituaniennes) de Hermann Sudermann. Photographie : Charles et Karl Struss
En revanche, les séquences en studio utilisent nombre d’artifices pour réduire le coût des moments spectaculaires et donner une impression de profondeur que limitaient l’espace du studio et la qualité des objectifs de J’époque. «J’ai travaillé, ajoute Rosher, avec un objectif grand angulaire de 35 mm et un de 55 mm pour les scènes du grand café. Tous ces décors avaient un plancher qui montait en pente douce vers le fond, les plafonds furent construits avec des perspectives faussées : les globes des lustres étaient plus grands au premier plan que ceux de l’arrière-plan. Nous avions même placé des nains, hommes et femmes, sur les terrasses. Tout cela donnait naturellement, une impression étonnante de profondeur. » Pourquoi, au-delà de ces artifices constants, de l’évidence d’une volonté de stylisation, L’Aurore nous apparaît-il, à chaque vision, dans une telle fraîcheur, dans une vérité nue que nous savons tellement fabriquée ? Sans doute Eric Rohmer nous en livre la clé dans un texte fondamental, «Vanité que la peinture » : « On sait qu’avant de tourner L’Aurore, Murnau prit soin de construire tout un monde dont son film n’est que le document. La volonté de truquage naît d’un besoin plus exigeant qu’authentique. Dès qu’il s’agit d’exprimer quelque trouble intérieur, non plus de faire, l’acteur se trahit, libéré de la contrainte des choses, et son masque est à modeler dans la masse d’une nouvelle matière. Pauvre apparence d’un visage si l’on ne sent tout l’espace peser sur chacune de ses rides. Que signifieraient l’éclat de rire ou la crispation de l’angoisse, s’ils ne trouvaient leur écho dans l’univers ? » – [Joël Magny – « Un auteur à Hollywood » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petis cahiers) 2005]
Bien que tourné en Californie, le film a quelque chose de spécifiquement européen, comme l’a relevé Kevin Brownlow dans « The Parade is Gone By », son ouvrage sur le cinéma muet hollywoodien. L’image de la ville, telle qu’elle apparaît aux gens qui viennent de la campagne, ressemble à celle que dessinaient les urbanistes du Bauhaus allemand, plutôt qu’à une quelconque réalité architecturale de l’Amérique contemporaine ; elle rappelle plutôt les films tournés dans les studios UFA de Berlin que les productions hollywoodiennes.
On set : SUNRISE de Friedrich Wihlelm Murnau (1927)
Si la filiation de L’Aurore avec le cinéma expressionniste est évidente, il n’en reste pas moins que le film présente des qualités réalistes et « américaines ». Les mouvements de caméra très élaborés mis au point par Murnau entraînent le film loin du cadre strict des décors de studio, comme s’ils dilataient l’espace vers un monde différent. Le tramway qui entre en ville et le couple qui s’en va au parc d’attractions sont deux exemples typiques de la technique de Murnau. Dans les deux cas, les décors, construits en studio avec de grands moyens pour créer des perspectives, semblent se prolonger à l’infini. L’illusion est accentuée par un travelling d’une merveilleuse fluidité. Ces techniques ni excluaient pas le recours à des transparences, c’est-à-dire à une technique considérée comme un pis-aller car elle donne une image plate. Mais Murnau s’en sert avec bonheur : il s’agit en effet de scènes volontairement stylisées (comme dans la brève séquence du couple, mari et femme, qui paraissent traverser un bois alors qu’ils marchent dans la rue d’une ville), ou de scènes très mouvementées dans lesquelles il est pratiquement impossible de distinguer ce qui se passe à l’arrière-plan, ainsi dans la séquence du baiser entre le mari et la femme au beau milieu de la chaussée.
On set : SUNRISE de Friedrich Wihlelm Murnau (1927)
En fin de compte, l’atmosphère de L’Aurore tient surtout, comme l’a suggéré un critique, à l’emploi de la lumière, qui constitue le vrai pouvoir métaphorique du film. Dans les différentes séquences, un jeu raffiné d’ombres et de lueurs détermine en effet toute une série de nuances émotionnelles : la lumière qui inonde l’église lorsque mari et femme se réconcilient en assistant à un mariage ; les lumières artificielles du parc d’attractions, qui renvoient à un état de bonheur parfait peu de temps avant que ne se produise la tragédie du retour en barque ; l’obscurité qui ajoute à la tension des rendez-vous nocturnes entre le mari infidèle et sa maîtresse près du marais, au lieu d’en être la complice. Et si le spectateur éprouve tant d’angoisse lors de la séquence de l’accident en barque et de celle montrant la recherche, à la lumière des lanternes, de la femme tombée à l’eau, cela ne tient pas seulement au suspense voulu par l’intrigue, mais aussi à l’habileté consommée du réalisateur à créer un monde autonome, à la fois abstrait et concret, avec la lumière et les mouvements de la caméra.
On set : SUNRISE de Friedrich Wihlelm Murnau (1927)
La permanence de L’Aurore tient aussi bien à sa modernité qu’à son esthétique et à la profondeur et l’universalité de ses thèmes. Modernité que signale encore Almendros : après L’Aurore, il faudra, à de très rares exceptions près, attendre les années 1959-60 pour réintégrer un drame, des personnages dans le monde réel, grouillant de vie autour d’eux, même s’il s’agit bien d’un « film de studio ». Esthétique constante, affirmée à chaque plan d’une beauté le plus souvent à couper le souffle. Esthétique mais pas esthétisme : chaque effet, chaque composition, éclairage renvoie à un sentiment, une signification précise. Thèmes universels : l’amour, la trahison, la tentation, le fameux trio « mari – femme- maîtresse» comme on ne le reverra jamais, parce que traité à travers la présence du mal sans faire de L’Aurore un film spiritualiste ou moralisant. – [Joël Magny – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
On set : SUNRISE de Friedrich Wihlelm Murnau (1927)
En 1927, F. W. Murnau est considéré, avec Fritz Lang comme un des plus grands au cœur d’une cinématographie qui est à l’avant-garde de la création cinématographique, touchant un public plus large que les autres avant-gardes européennes. Cette réputation, Murnau la doit moins à ses succès commerciaux qu’à une constante innovation et un raffinement certain. Il a su passer, entre autres, de films considérés comme typiques de l’expressionnisme, Nosferatu et Faust à la comédie bouffonne (Tartuffe) en passant par le film Kammerspiel Film (sur le mode du théâtre de chambre, imaginé par le metteur en scène Max Reinhardt, dérivé de la musique de chambre), avec Le Dernier des hommes. C’est le renom de ce dernier film qui mène Murnau aux États-Unis en 1926 pour y réaliser L’Aurore. Hollywood est coutumier de cette chasse aux talents. Mais les conditions dans lesquelles est accueilli F.W Murnau et le contrat qui le liait à la Fox sont exceptionnels : il reçoit de William Fox une véritable « carte blanche ». La Fox approche de son apogée, que mettront en péril la crise de 1929 et l’arrivée du parlant. Si l’on peut comprendre que Murnau ait souhaité bénéficier des moyens techniques et financier, d’un des plus grands studios hollywoodiens, on peut s’étonner des largesses de William Fox. Le Dernier des hommes avait enthousiasmé ce dernier, En fait, le film avait été sciemment produit par la puissante firme allemande UFA pour conquérir le marché américain. Les prouesses techniques réalisées par Murnau et surtout son opérateur Karl Freund devaient convaincre les Américains de la qualité du cinéma allemand. William Fox fut convaincu, mais il choisit de proposer un contrat de quatre films à Murnau tandis que seulement deux films de la UFA sortirent alors aux USA.  – [Joël Magny – « Un auteur à Hollywood » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
Friedrich Wihlelm Murnau
Murnau a bénéficié des plus grandes stars de la Fox de l’époque C’est John Ford qui fit de George O’Brien  (1900-1985), assistant cameraman et cascadeur, une vedette dans Le Cheval de fer (1924). Il incarne l’Américain un peu maladroit, plus à l’aise dans l’Ouest que dans les salons de la côte Est. Il fera plus tard carrière dans le western de série B avant de retrouver Ford dans les années quarante et soixante pour Fort Apache, La Charge héroïque et Les Cheyennes. Son rôle dans L’Aurore constitue son plus grand titre de gloire.
George O’Brien
Janet Gaynor
Margaret Livingston
Janet Gaynor (1906-1984) est la grande star de la Fox au temps du muet et ses rôles dans L’Aurore, L’Heure suprême et L’Ange de la rue (Frank Borzage, 1928) lui valent le premier Oscar attribué à une actrice en 1927-28. En 1934,. Alors qu’elle quitte la Fox, elle est la star la plus payée d’Hollywood. Margaret Livingston (1895-1984), elle, n’a fait que jouer les garces, les vamps, les tentatrices, entre 1927 et 1929, dans L’Aurore, et des films d’intérêt plus que mineur.  [Joël Magny – « Un auteur à Hollywood » – [L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
Friedrich Wihlelm Murnau
« Je me refuse à faire un film dont le sujet n’emporterait pas mon adhésion »… C’est ce que déclare Murnau au moment de réaliser, en 1928, Les Quatre Diables : il déchantera, mais cela reste vrai pour L’Aurore, ajoutant : « Tout est mis au service de mon film et, tout comme je ne me laisse pas détourner de ce que je pense être la chose à faire ou la personne à employer. »  Son choix se porte sur un texte d’Hermann Sudermann, extrait d’un recueil publié en 1917, Récits lithuaniens (Litauischen Geschichten). “Le Voyage à Tilsit” (Die Reise nach Tilsit) en est le plus célèbre et le recueil a été fréquemment réédité sous ce seul titre. Né en 1857, après des études de philologie et d’histoire, Sudermann vit de sa plume comme écrivain et journaliste jusqu’au succès international de sa pièce L’Honneur (Die Ehre), en 1890, qui tourne autour des différentes conceptions de l’honneur, selon les classes sociales, l’époque et les pays. Il obtient un plus grand succès encore en 1893 avec, Heimat (Patrie ou Foyer), qui « touche, selon son biographe, à l’un des sentiments qui s’est toujours manifesté avec le plus de force chez les races germaniques : l’attachement à la maison natale, à la petite patrie où l’on est né », dans un pays longtemps morcelé, « où ce patriotisme local l’emporte souvent sur l’amour de la grande patrie.»  [Joël Magny – « Un auteur à Hollywood » – L’Aurore de Murnau – Cahiers du Cinéma (Les petits cahiers) 2005]
Karl Struss – Directeur de la photographie
Karl Struss  n’est que le second chef opérateur de L’Aurore, choisi par Charles Rosher. Son travail n’en est pas moins remarquable et son témoignage précieux. Photographe d’art, il a aussi le goût des prouesses techniques : les 42 caméras filmant la course de char de Ben-Hur de Fred Niblo (1926) font sensation, comme les trucages de Docteur Jekyll et Mister Hyde, de Rouben Mamoulian (1931) et L’Île du Dr Moreau, d’Erie C. Kenton (1933) ou les images « douces » du Signe de la croix, de DeMille (1932), filmées à travers des filtres de gaze, comme dans la scène qu’il évoque ici.
“L’Aurore me réunit avec Charlie Rosher qui avait déjà fait avec moi Sparrows, de William Beaudine, avec Mary Pickford (1926). Sur L’Aurore, nous travaillions la plupart du temps ensemble, mais j’eus plusieurs fois l’occasion de faire des prises seul. La plus dure de celles que je fis seul est celle dans laquelle George O’Brien est éclairé par la pleine lune qui brille entre les nuages. J’avais une caméra Bell and Howell et Charlie une Mitchell : et il ne pouvait pas tourner la scène avec sa Mitchell (trop lourde). Moi je pouvais le faire avec la mienne. La plate-forme mobile était suspendue au toit sur un rail courbe, je devais descendre et cadrer le garçon, les arbres et l’eau qui se trouvaient sur le plateau. Nous devions faire un tour vers la droite et le montrer en train de marcher vers la caméra. Ensuite nous devions le suivre entre les arbres. Ces derniers se trouvaient devant nous et la caméra devait se frayer un chemin entre eux. Derrière les arbres, la fille attendait le garçon et se poudrait le nez. En ce temps, les boîtes de négatif ne contenaient que 200 pieds (environ 65 m) et je devais couper pour recharger. Cette scène durait environ trois minutes et nous tournions à 16 images/seconde. Je dus changer de pellicule pratiquement à la moitié de la prise tout en observant l’image inversée dans le viseur pour ne pas perdre le fil visuel. 
Karl Struss – Directeur de la photographie
Souvent nous tournions face au soleil pour créer un effet de contre-jour. Nous avons tourné beaucoup de scènes du lac sur la rive nord d’Arrowhead. Je tournai là une semaine seul pendant que Charlie était malade ; je fis une prise très compliquée où la caméra était sur un élévateur Elle commençait depuis le haut et à mesure qu’elle descendait, un groupe de gens en bateaux arrivait. (…)  Nous fîmes une chose extraordinaire. Le garçon était debout, préoccupé, la fille était au lit, et lentement, sur la paroi derrière le lit, on remarque un vague mouvement. Graduellement ce mouvement va devenir plus clair et augmente chaque fois plus, jusqu’à qu’il disparaisse et nous nous trouvons en pleine lumière du jour. Ca durait environ une minute. M. Murnau souhaitait un fondu enchaîné, mais j’eus une autre idée. Je fabriquai un filtre en gaze qui commençait avec une épaisseur, ensuite avec deux, trois, quatre, cinq, six, jusqu’à ce que ça devienne noir. Je commençais avec le filtre noir et l’obscurité était tout ce que l’on voyait, ensuite je l’illuminai progressivement. Du début à la fin de la prise la seule chose que l’on voyait tout le temps, c’était la lumière du soleil, mais elle se révélait graduellement, et en regardant l’obscurité on pensait naturellement que l’on était en train de voir le mur. Ce fut ma propre idée, ma prise, elle ne doit rien à Rosher. (…) Un des plans du début était un village au crépuscule. Nous montrons les lumières qui sortent par les portes, pour obtenir l’effet de la lumière intérieure qui sort ainsi que la lumière crépusculaire, une douce lumière enveloppante. Nous dûmes travailler sans cellules, elles n’existaient pas alors. Aujourd’hui tout est mécanisé, alors nous étions des artistes.” [Propos recueillis aux USA par divers spécialistes, dont ceux d’American Cinematographer, à plusieurs époques. Cité d’après un montage de textes extraits de Los Proverbios de F.W Murnau, dirigé par L. Berriatua, Madrid, 1990. ]
SUNRISE (L’aurore) – F. W. Murnau (1927) "Cette histoire de l’homme et de sa femme est de nulle part et de partout. On peut l’entendre n’importe où et n’importe quand.
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