Tumgik
#capitaine de tréville
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Thoughts on episode 4 s1:
I love Tréville and Richelieu's interactions. I need to see more of them together on screen
How does Tréville's coat hang on his shoulder like that ?????
During that confrontation scene the gang looked ready to throw him down the fucking stairs. He knew
Louis XIII is actually a pretty nice character so far !! I'm surprised oAo
The Duke of Savoy being surprised over Athos wanting to kill him while book!Athos never needed a reason to kill anyone
A bit disappointed that the King's sister wasn't the evil mastermind all along but the intrigue still slayed
Not enough Milady. but Richelieu was there so it's all good
Constance if your fate is anything like it is in the book you better learn to shoot and fight like a pro
Did Aramis put his own sword on Marsac's grave ? If so, I'll be checking if he still uses it in the next episode. "actually I need this, sorry bro"
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Les Trois Mousquetaires, Chapter Six
This chapter mainly deals with both the Musketeers and the Red Guard blaming each other for almost burning a house down, and with Tréville trying to fix things while nursing an increasing headache. Oh, and we meet the King who's a high-maintenance, bored child.
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So, Tréville has just returned from listening to King Louis complaining about the Cardinal complaining about the Musketeers because of last night's fight (and Tréville, bless him, managed to spin the whole nearly-arrested-for-dueling affair into admiration for three Musketeers, one of them injured, and an additional "child" (d'Artagnan) taking down five Guards, while also securing d'Artagnan (+3) an audience with the King) - and our boys have nothing better to do than throwing themselves into another melée with the Red Guard.
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(They're not only inseparable, they're also incorrigible.)
It goes down like this:
Our four meet up for a tennis match (don't laugh, it was a Thing in 1630 in Paris), and d'Artagnan gets into a stupid argument with a Guard who basically calls him a coward. A few minutes later, it's dozens of Musketeers vs. an equal number of Guards fighting in the street. basically trashing a whole quartier, and it almost ends with the Musketeers burning down a house (associated with the Red Guard) - but reconsidering because - too bad - our foursome have to leave for their audience with the King. (They settle for throwing a few bricks instead.)
Cue more headaches for Tréville. Through the testimony of an injured Red Guard and a lot of sweet-talking from Tréville, it once more ends with our Musketeers being vindicated and with the King being proud of his brave and victorious regiment - and a cheeky admonition from Louis to stop decimating the Red Guard at such a rate.
Papa Tréville is secretly proud of his boys, d'Artagnan leaves with a reward of 40 pistoles and a commission for the Guards of M. des Essarts, and the Cardinal is definitely throwing a fit somewhere in his private chambers.
Favorite quote:
"Est-ce pour cela que je vous ai nommé capitaine des mes mousquetaires, que ceux-ci assassinent un homme, émouvent tout un quartier et veulent brûler Paris sans que vous en disiez un mot?"
(Did I appoint you captain of my museketeers so they could assassinate a man, stir up a whole district and try to burn Paris down without you telling me a single word about it?) 🤣
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xian-moriarty · 7 months
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Les Trois Mousquetaires .
(Intégrale).
Michel Dufranne et Jean-David Morvan au scénario.
Ruben au dessin.
Marie Galopin à la couleur.
Delcourt.
2019.
Synopsis :
D'Artagnan, jeune homme au sang bouillant, quitte ses parents pour rejoindre Paris et se présenter, sur les recommandations de son père, à Monsieur de Tréville, capitaine de la Compagnie des Mousquetaires.
S'ensuit une succession d'événements qui conduit le Gascon à devoir affronter en duel trois mousquetaires - Athos, Porthos et Aramis - et les gardes du Cardinal de Richelieu...
Plaisir de lecture :
J’avoue que je n’ai pas été particulièrement emballé. Le dessin assez organique ne m’a pas convaincu. Surtout avec une Milady qui fait mi botoxée ni animale. Perso féminins évidemment pas fifous.
Note : 2 chats.
Historicité :
Reprend “plutôt bien” tout le roman de Dumas et offre des détails historiques intéressants.
Note : 2 chats.
Disponibilité :
Papier.
Neuf ou occasion.
Bonus Point Chat.
Pas de chat. Snif.
Note : 1 chat.
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writingplacegym · 2 years
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September 24th - 1000 Words a Day - Les Trois Mousquetaires
Chapitre 18
quoi ai-je été assez malheureux pour déplaire à Votre Majesté ? demanda M. de Tréville en feignant le plus profond étonnement.
– Est-ce ainsi que vous faites votre charge, monsieur ? continua le roi sans répondre directement à la question de M. de Tréville ; est-ce pour cela que je vous ai nommé capitaine de mes mousquetaires, que ceux-ci assassinent un homme, émeuvent tout un quartier et veulent brûler Paris sans que vous en disiez un mot ? Mais, au reste, continua le roi, sans doute que je me hâte de vous accuser, sans doute que les perturbateurs sont en prison et que vous venez m’annoncer que justice est faite.
– Sire, répondit tranquillement M. de Tréville, je viens vous la demander au contraire.
– Et contre qui ? s’écria le roi.
– Contre les calomniateurs, dit M. de Tréville.
– Ah ! voilà qui est nouveau, reprit le roi. N’allez-vous pas dire que vos trois mousquetaires damnés, Athos, Porthos et Aramis et votre cadet de Béarn, ne se sont pas jetés comme des furieux sur le pauvre Bernajoux, et ne l’ont pas maltraité de telle façon qu’il est probable qu’il est en train de trépasser à cette heure ! N’allez-vous pas dire qu’ensuite ils n’ont pas fait le siège de l’hôtel du duc de La Trémouille, et qu’ils n’ont point voulu le brûler ! ce qui n’aurait peut-être pas été un très grand malheur en temps de guerre, vu que c’est un nid de huguenots, mais ce qui, en temps de paix, est un fâcheux exemple. Dites, n’allez-vous pas nier tout cela ?
– Et qui vous a fait ce beau récit, Sire ? demanda tranquillement M. de Tréville.
– Qui m’a fait ce beau récit, monsieur ! et qui voulez-vous que ce soit, si ce n’est celui qui veille quand je dors qui travaille quand je m’amuse, qui mène tout au-dedans et au-dehors du royaume, en France comme en Europe ?
– Sa Majesté veut parler de Dieu, sans doute, dit M. de Tréville, car je ne connais que Dieu qui soit si fort au-dessus de Sa Majesté.
– Non monsieur ; je veux parler du soutien de l’État, de mon seul serviteur, de mon seul ami, de M. le cardinal.
– Son Éminence n’est pas Sa Sainteté, Sire.
– Qu’entendez-vous par là, monsieur ?
– Qu’il n’y a que le pape qui soit infaillible, et que cette infaillibilité ne s’étend pas aux cardinaux.
– Vous voulez dire qu’il me trompe, vous voulez dire qu’il me trahit. Vous l’accusez alors. Voyons, dites, avouez franchement que vous l’accusez.
– Non, Sire ; mais je dis qu’il se trompe lui-même, je dis qu’il a été mal renseigné ; je dis qu’il a eu hâte d’accuser les mousquetaires de Votre Majesté, pour lesquels il est injuste, et qu’il n’a pas été puiser ses renseignements aux bonnes sources.
– L’accusation vient de M. de La Trémouille, du duc lui-même. Que répondrez-vous à cela ?
– Je pourrais répondre, Sire, qu’il est trop intéressé dans la question pour être un témoin bien impartial ; mais loin de là, Sire, je connais le duc pour un loyal gentilhomme, et je m’en rapporterai à lui, mais à une condition, Sire.
– Laquelle ?
– C’est que Votre Majesté le fera venir, l’interrogera, mais elle-même, en tête-à-tête, sans témoins, et que je reverrai Votre Majesté aussitôt qu’elle aura reçu le duc.
– Oui-da ! fit le roi, et vous vous en rapporterez à ce que dira M. de La Trémouille ?
– Oui, Sire.
– Vous accepterez son jugement ?
– Sans doute.
– Et vous vous soumettrez aux réparations qu’il exigera ?
– Parfaitement.
– La Chesnaye ! fit le roi. La Chesnaye ! »
Le valet de chambre de confiance de Louis XIII, qui se tenait toujours à la porte, entra.
« La Chesnaye, dit le roi, qu’on aille à l’instant même me quérir M. de La Trémouille ; je veux lui parler ce soir.
– Votre Majesté me donne sa parole qu’elle ne verra personne entre M. de La Trémouille et moi ?
– Personne, foi de gentilhomme.
– À demain, Sire, alors.
– À demain, monsieur.
– À quelle heure, s’il plaît à Votre Majesté ?
– À l’heure que vous voudrez.
– Mais, en venant par trop matin, je crains de réveiller votre Majesté.
– Me réveiller ? Est-ce que je dors ? Je ne dors plus, monsieur ; je rêve quelquefois, voilà tout. Venez donc d’aussi bon matin que vous voudrez, à sept heures ; mais gare à vous, si vos mousquetaires sont coupables !
– Si mes mousquetaires sont coupables, Sire, les coupables seront remis aux mains de Votre Majesté, qui ordonnera d’eux selon son bon plaisir. Votre Majesté exige-t-elle quelque chose de plus ? qu’elle parle, je suis prêt à lui obéir.
– Non, monsieur, non, et ce n’est pas sans raison qu’on m’a appelé Louis le Juste. À demain donc, monsieur, à demain.
– Dieu garde jusque-là Votre Majesté ! »
Si peu que dormit le roi, M. de Tréville dormit plus mal encore ; il avait fait prévenir dès le soir même ses trois mousquetaires et leur compagnon de se trouver chez lui à six heures et demie du matin. Il les emmena avec lui sans rien leur affirmer, sans leur rien promettre, et ne leur cachant pas que leur faveur et même la sienne tenaient à un coup de dés.
Arrivé au bas du petit escalier, il les fit attendre. Si le roi était toujours irrité contre eux, ils s’éloigneraient sans être vus ; si le roi consentait à les recevoir, on n’aurait qu’à les faire appeler.
En arrivant dans l’antichambre particulière du roi, M. de Tréville trouva La Chesnaye, qui lui apprit qu’on n’avait pas rencontré le duc de La Trémouille la veille au soir à son hôtel, qu’il était rentré trop tard pour se présenter au Louvre, qu’il venait seulement d’arriver, et qu’il était à cette heure chez le roi.
Cette circonstance plut beaucoup à M. de Tréville, qui, de cette façon, fut certain qu’aucune suggestion étrangère ne se glisserait entre la déposition de M. de La Trémouille et lui.
En effet, dix minutes s’étaient à peine écoulées, que la porte du cabinet s’ouvrit et que M. de Tréville en vit sortir le duc de La Trémouille, lequel vint à lui et lui dit :
« Monsieur de Tréville, Sa Majesté vient de m’envoyer quérir pour savoir comment les choses s’étaient passées hier matin à mon hôtel. Je lui ai dit la vérité, c’est-à-dire que la faute était à mes gens, et que j’étais prêt à vous en faire mes excuses. Puisque je vous rencontre, veuillez les recevoir, et me tenir toujours pour un de vos amis.
– Monsieur le duc, dit M. de Tréville, j’étais si plein de confiance dans votre loyauté, que je n’avais pas voulu près de Sa Majesté d’autre défenseur que vous-même. Je vois que je ne m’étais pas abusé, et je vous remercie de ce qu’il y a encore en France un homme de qui on puisse dire sans se tromper ce que j’ai dit de vous.
– C’est bien, c’est bien ! dit le roi qui avait écouté tous ces compliments entre les deux portes ; seulement, dites-lui, Tréville, puisqu’il se prétend un de vos amis, que moi aussi je voudrais être des siens, mais qu’il me néglige ; qu’il y a tantôt trois ans que je ne l’ai vu, et que je ne le vois que quand je l’envoie chercher. Dites-lui tout cela de ma part, car ce sont de ces choses qu’un roi ne peut dire lui-même.
– Merci, Sire, merci, dit le duc ; mais que Votre Majesté croie bien que ce ne sont pas ceux, je ne dis point cela pour M. de Tréville, que ce ne sont point ceux qu’elle voit à toute heure du jour qui lui sont le plus dévoués.
– Ah ! vous avez entendu ce que j’ai dit ; tant mieux, duc, tant mieux, dit le roi en s’avançant jusque sur la porte. Ah ! c’est vous, Tréville ! où sont vos mousquetaires ? Je vous avais dit avant-hier de me les amener, pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
– Ils sont en bas, Sire, et avec votre congé La Chesnaye va leur dire de monter.
– Oui, oui, qu’ils viennent tout de suite ; il va être huit heures, et à neuf heures j’attends une visite. Allez, monsieur le duc, et revenez surtout. Entrez, Tréville. »
Le duc salua et sortit. Au moment où il ouvrait la porte, les trois mousquetaires et d’Artagnan, conduits par La Chesnaye, apparaissaient au haut de l’escalier.
« Venez, mes braves, dit le roi, venez ; j’ai à vous gronder. »
Les mousquetaires s’approchèrent en s’inclinant ; d’Artagnan les suivait par-derrière.
« Comment diable ! continua le roi ; à vous quatre, sept gardes de Son Éminence mis hors de combat en deux jours ! C’est trop, messieurs, c’est trop. À ce compte-là, Son Éminence serait forcée de renouveler sa compagnie dans trois semaines, et moi de faire appliquer les édits dans toute leur rigueur. Un par hasard, je ne dis pas ; mais sept en deux jours, je le répète, c’est trop, c’est beaucoup trop.
– Aussi, Sire, Votre Majesté voit qu’ils viennent tout contrits et
The end of 1555 words.
La COPIE -
21.12pm
quoi ai-je été assez malheureux pour déplaire à Votre Majesté? demanda M. de Tréville en feignant le plus profond étonnement.
Est-ce ainsi que vous faites votre charge, monsieur? continua le roi sans répondre directement à la question de M. de Tréville; est-ce pour cela que je vous ai nommé capitaine de mes mousquetaires, que ceux-ci assassinent un homme, émeuvent tout un quartier et veulent brûler Paris sans que vous en disiez un mot? Mais, au reste, continua le roi, sans doute que je me hâte de vous accuser, sans doute que les perturbateurs sont en prison et que vous venez m'annoncer que justice est faite.
- Sire, répondit tranquillement M. de Tréville, je viens vous la demander au contraire.
- Et contre qui? s'écria le roi.
Contre les calomniateurs, dit M. de Tréville.
- Ah! voilà qui est nouveau, reprit le roi. N'allez-vous pas dire que vos trois mousquetaires damnés, Athos, Porthos et Aramis et votre cadet de Béarn, ne se sont pas jetés comme des furieux sur le pauvre Bernajoux, et ne l'ont pas maltraité de telle façon qu'il est probable qu'il est en train de trépasser à cette heure! N'allez-vous pas dire qu'ensuite ils n'ont pas fait le siège de l'hôtel du duc de La Trémouille, et qu'ils n'ont point voulu le brûler! ce qui n'aurait peut-être pas été un très grand malheur en temps de guerre, vu que c'est un nid de huguenots, mais ce qui, en temps de paix, est un fâcheux exemple. Dites, n'allez-vous pas nier tout cela?
Et qui vous a fait ce beau récit, Sire? demanda tranquillement M. de Tréville.
Qui m'a fait ce beau récit, monsieur! et qui voulez-vous que ce soit, si ce n'est celui qui veille quand je dors qui travaille quand je m'amuse, qui mène tout au-dedans et au-dehors du royaume, en France comme en Europe?
Sa Majesté veut parler de Dieu, sans doute, dit M. de Tréville, car je ne connais que Dieu qui soit si fort au-dessus de Sa Majesté.
Non monsieur; je veux parler du soutien de l'État, de mon seul serviteur, de mon seul ami, de M. le cardinal.
Son Éminence n'est pas Sa Sainteté, Sire.
Qu'entendez-vous par là, monsieur?
Qu'il n'y a que le pape qui soit infaillible, et que cette infaillibilité ne s'étend pas aux cardinaux.
Vous voulez dire qu'il me trompe, vous voulez dire qu'il me trahit. Vous l'accusez alors. Voyons, dites, avouez franchement que vous l'accusez.
Non, Sire; mais je dis qu'il se trompe lui-même, je dis qu'il a été mal renseigné; je dis qu'il a eu hâte d'accuser les mousquetaires de Votre Majesté, pour lesquels il est injuste, et qu'il n'a pas été puiser ses renseignements aux bonnes sources.
L'accusation vient de M. de La Trémouille, du duc lui-même. Que répondrez-vous à cela?
Je pourrais répondre, Sire, qu'il est trop intéressé dans la question pour être un témoin bien impartial; mais loin de là, Sire, je connais le duc pour un loyal gentilhomme, et je m'en rapporterai à lui, mais à une condition, Sire.
Laquelle?
C'est que Votre Majesté le fera venir, l'interrogera, mais elle-même, en tête-à-tête, sans témoins, et que je reverrai Votre Majesté aussitôt qu'elle aura reçu le duc.
Oui-da! fit le roi, et vous vous en rapporterez à ce que dira M. de La Trémouille?
Oui, Sire.
Vous accepterez son jugement?
Sans doute.
Et vous vous soumettrez aux réparations qu'il exigera?
Parfaitement.
La Chesnaye! fit le roi. La Chesnaye!"
Le valet de chambre de confiance de Louis XIII, qui se tenait toujours à la porte, entra.
"La Chesnaye, dit le roi, qu'on aille à l'instant même me quérir M. de La Trémouille; je veux lui parler ce soir.
Votre Majesté me donne sa parole qu'elle ne verra personne entre M. de La Trémouille et moi?
Personne, foi de gentilhomme.
À demain, Sire, alors.
À demain, monsieur.
À quelle heure, s'il plaît à Votre Majesté?
À l'heure que vous voudrez.
Mais, en venant par trop matin, je crains de réveiller votre Majesté.
Me réveiller? Est-ce que je dors? Je ne dors plus, monsieur; je rêve quelquefois, voilà tout. Venez donc d'aussi bon matin que vous voudrez, à sept heures; mais gare à vous, si vos mousquetaires sont coupable!
Si mes mousquetaires sont coupables, Sire, les coupables seront remis aux mains de Votre Majesté, qui ordonnera d'eux selon son bon plaisir. Votre Majesté exige-t-elle quelque chose de plus? qu'elle parle, je suis prêt à lui obéir.
Non, monsieur, non, et ce n'est pas sans raison qu'on m'a appelé Louis le Juste. À demain donc, monsieur, à demain.
Dieu garde jusque-là Votre Majesté!"
Si peu que dormit le roi, M. de Tréville dormit plus mal encore; il avait fait prévenir dès le soir même ses trois mousquetaires et leur compagnon de se trouver chez lui à six heures et demie du matin. Il les emmena avec lui sans rien leur affirmer, sans leur rien promettre, et ne leur cachant pas que leur faveur et même la sienne tenaient à un coup de dès.
Arrivé au bas du petit escalier, il les fit attendre. Si le roi était toujours irrité contre eux, ils s'éloigneraient sans être vus; si le roi consentait à les recevoir, on n'aurait qu'à les faire appeler.
En arrivant dans l'antichambre particulière du roi, M. de Tréville trouva La Chesnaye, qui lui apprit qu'on n'avait pas rencontré le duc de La Trémouille le veille au soir à son hôtel, qu'il était rentré trop tard pour se présenter au Louvre, qu'il venait seulement d'arriver, et qu'il était à cette heure chez le roi.
Cette circonstance plut beaucoup à M. de Tréville, qui, de cette façon, fut certain qu'aucune suggestion étrangère ne se glisserait entre la déposition de M. de La Trémouille et lui.
En effet, dix minutes s'étaient à peine écoulées, que la porte du cabinet s'ouvrit et que M. de Tréville en vit sortir le duc de La Trémouille, lequel vint à lui et lui dit:
"Monsieur de Tréville, Sa Majesté vient de m'envoyer quérir pour savoir comment les choses s'étaient passées hier matin à mon hôtel. Je lui ai dit la vérité, c'est-à-dire que la faute était à mes gens, et que j'étais prêt à vous en faire mes excuses. Puisque je vous rencontre, veuillez les recevoir, et me tenir toujours pour un de vos amis.
Monsieur le duc, dit M. de Tréville, j'étais si plein de confiance dans votre loyauté, que je n'avais pas voulu près de Sa Majesté d'autre défenseur que vous-même. Je vois que je ne m'étais pas abusé, et je vous remercie de ce qu'il y a encore en France un homme de qui on puisse dire sans se tromper ce que j'ai dit de vous.
C'est bien, c'est bien! dit le roi qui avait écouté tous ces compliments entre les deux portes; seulement, dites-lui, Tréville, puisqu'il se prétend un de vos amis, que moi aussi je voudrais être des siens, mais qu'il me néglige; qu'il y a tantôt trois ans que je ne l'ai vu, et que je ne le vois que quand je l'envoie chercher. Dites-lui tout cela de ma part, car ce sont de ces choses qu'un roi ne peut dire lui-même.
Merci, Sire, merci, dit le duc; mais que Votre Majesté croie bien que ce ne sont pas ceux, je ne dis point cela pour M. de Tréville, que ce ne sont point ceux qu'elle voit à toute heure du jour qui lui sont le plus dévoués.
Ah! vous avez entendu ce que j'ai dit; tant mieux, duc, tant mieux, dit le roi en s'avançant jusque sur la porte. Ah! c'est vous, Tréville! où sont vos mousquetaires? Je vous avais dit avant-hier de me les amener, pourquoi ne l'avez-vous pas fait?
Ils sont en bas, Sire, et avec votre congé La Chesnaye va leur dire de monter.
Oui, oui, qu'ils viennent tout de suite; il va être huit heures, et à neuf heures j'attends une visite. Allez, monsieur le duc, et revenez surtout. Entrez, Tréville."
Le duc salua et sortit. Au moment où il ouvrait la porte, les trois mousquetaires et d'Artagnan, conduits par la Chesnaye, apparaissaient au haut de l'escalier.
"Venez, mes braves, dit le roi, venez; j'ai à vous gronder."
Les mousquetaires s'approchèrent en s'inclinant; d'Artagnan les suivait par-derrière.
"Comment diable! continua le roi; à vous quatre, sept gardes de Son Éminence mis hors de combat en deux jours! C'est trop, messieurs, c'est trop. À ce compte-là, Son Éminence serait forcée de renouveler sa compagnie dans trois semaines, et moi de faire appliquer les édits dans toute leur rigueur. Un par hasard, je ne dis pas; mais sept en deux jours, Je le répète, c'est trop, c'est beaucoup trop.
Aussi, Sire, Votre Majesté voit qu'ils viennent tout contrits et
The END. I copied exactly 1555 words. From 21.12pm to 22.56pm
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ao3-feed-musketeers · 6 years
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De l’atonie du désespoir
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by Arakasi
L’aube venait à peine de se lever quand le nouveau-venu se présenta à la garnison. Le capitaine Jean-Armand du Peyrer de Tréville était déjà debout depuis deux bonnes heures lorsqu’il frappa à la porte de son bureau. Fanfic se déroulant quatre ans avant le début de la 1ère saison.
Words: 1386, Chapters: 1/1, Language: Français
Fandoms: The Musketeers (2014)
Rating: Not Rated
Warnings: Creator Chose Not To Use Archive Warnings
Categories: Gen
Characters: Athos, de Tréville (Trois Mousquetaires)
Additional Tags: Prequel
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bibliotheek · 7 years
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Les Trois Mousquetaires Alexandre Dumas 2011, Poche, 888 pages
ISBN-10: 2253008885   ISBN-13: 978-2253008880
LE PREMIER LUNDI DU MOIS D'AVRIL 1625, le bourg de Meung semblait être dans une révolution. Plusieurs bourgeois se hâtaient vers l'hôtellerie du Franc-Meunier, devant laquelle s'empressait un groupe compact, bruyant et plein de curiosité. Un jeune homme... - traçons son portrait d'un trait de plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans : visage long et brun, la pommette des joues saillante, signe d'astuce ; l'oeil ouvert et intelligent ; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et qu'un oeil peu exercé eût pris pour un fils de fermier en voyage, sans sa longue épée qui, pendue à un baudrier, battait les mollets de son propriétaire quand il était à pied et le poil hérissé de sa monture quand il était à cheval. Car notre jeune homme avait une monture : c'était un bidet du Béarn, jaune de robe, sans crin à la queue. «Ce cheval est né il y a tantôt treize ans, avait dit d'Artagnan père à son fils. Laissez-le mourir tranquillement. A la cour, continua le gentilhomme gascon, soutenez dignement votre nom. C'est par son courage qu'un gentilhomme fait son chemin. Cherchez les aventures. Battez-vous à tout propos. Je n'ai, mon fils, à vous donner que quinze écus, mon cheval et les conseils que vous venez d'entendre. Je n'ai plus qu'un mot à ajouter ; je veux parler de M. de Tréville, qui était mon voisin autrefois. Le voilà capitaine des mousquetaires. Allez le voir avec cette lettre, et réglez-vous sur lui.» Sur quoi, M. d'Artagnan père ceignit à son fils sa propre épée, l'embrassa et lui donna sa bénédiction. En sortant de la chambre paternelle, le garçon trouva sa mère. Les adieux furent de ce côté plus longs et plus tendres qu'ils ne l'avaient été de l'autre. Le même jour le jeune homme se mit en route. Mais à Meung, comme il descendait de cheval à la porte du Franc-Meunier, d'Artagnan avisa à une fenêtre un gentilhomme qui causait avec deux personnes. Il crut être l'objet de la conversation. Il ne s'était trompé qu'à moitié : ce n'était pas de lui qu'il était question, mais de son cheval, et les auditeurs éclataient de rire à tout moment. D'Artagnan fixa son regard fier sur l'étranger et reconnut un homme aux yeux noirs et perçants, au teint pâle, à la moustache noire et parfaitement taillée. Il s'avança, une main sur la garde de son épée. «Eh ! Monsieur, s'écria-t-il, dites-moi donc un peu de quoi vous riez, et nous rirons ensemble.» L'homme le regarda avec son léger sourire et, se retirant de la fenêtre, sortit lentement. «Ce cheval est décidément bouton d'or», reprit l'inconnu sans paraître remarquer l'exaspération de d'Artagnan.
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xian-moriarty · 1 year
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The Musketeers. 2014. 3 saisons. 30 épisodes.
Synopsis : Dans la France du XVII siècle, Athos, Porthos, Aramis et D'Artagnan, mousquetaires du Roi sous les ordres du capitaine de Tréville, qui déjouent les complots organisés par le cardinal de Richelieu, le comte de Rochefort et la mystérieuse Milady de Winter.
Casting : Tom Burke, Santiago Cabrera, Howard Charles, Alexandra Dowling, Ryan Gage, Tamla Kari, Maimie McCoy, Luke Pasqualino, Hugo Speer, Peter Capaldi(S1), Marc Warren(S2), Matthew McNulty (S3), Rupert Everett (S3)
Plaisir de visionnage : J'ai trippé comme une folle. Coup de coeur pour Monsieur de Tréville. Des libertés historiques que j'ai aimé. Note : 5 chats.
Historicité : Exploite des points de détails historiques intéressants, peu souvent mis en valeur, mais c'est tout. Ne se veut pas historique. Note : 1 chat.
Disponibilité : Existe en DVD et Bluray. Pas disponible sur les plateforme de streaming à ma connaissance.
Bonus Point Chat : Y a pas. Snif. Note : 1 chat.
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writingplacegym · 2 years
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March 28th - 1000 Words a Day - Les Trois Mousquetaires
Chapitre 15
que pour le service de Votre Majesté. Mais, que voulez-vous, les gardes de M. le cardinal sont sans cesse à leur chercher querelle, et, pour l’honneur même du corps, les pauvres jeunes gens sont obligés de se défendre.
– Écoutez M. de Tréville ! dit le roi, écoutez-le ! ne dirait-on pas qu’il parle d’une communauté religieuse ! En vérité, mon cher capitaine, j’ai envie de vous ôter votre brevet et de le donner à Mlle de Chémerault, à laquelle j’ai promis une abbaye. Mais ne pensez pas que je vous croirai ainsi sur parole. On m’appelle Louis le Juste, monsieur de Tréville, et tout à l’heure, tout à l’heure nous verrons.
– Ah ! c’est parce que je me fie à cette justice, Sire, que j’attendrai patiemment et tranquillement le bon plaisir de Votre Majesté.
– Attendez donc, monsieur, attendez donc, dit le roi, je ne vous ferai pas longtemps attendre. »
En effet, la chance tournait, et comme le roi commençait à perdre ce qu’il avait gagné, il n’était pas fâché de trouver un prétexte pour faire – qu’on nous passe cette expression de joueur, dont, nous l’avouons, nous ne connaissons pas l’origine –, pour faire charlemagne. Le roi se leva donc au bout d’un instant, et mettant dans sa poche l’argent qui était devant lui et dont la majeure partie venait de son gain :
« La Vieuville, dit-il, prenez ma place, il faut que je parle à M. de Tréville pour affaire d’importance. Ah !… j’avais quatre-vingts louis devant moi ; mettez la même somme, afin que ceux qui ont perdu n’aient point à se plaindre. La justice avant tout. »
Puis, se retournant vers M. de Tréville et marchant avec lui vers l’embrasure d’une fenêtre :
« Eh bien, monsieur, continua-t-il, vous dites que ce sont les gardes de l’Éminentissime qui ont été chercher querelle à vos mousquetaires ?
– Oui, Sire, comme toujours.
– Et comment la chose est-elle venue, voyons ? car, vous le savez, mon cher capitaine, il faut qu’un juge écoute les deux parties.
– Ah ! mon Dieu ! de la façon la plus simple et la plus naturelle. Trois de mes meilleurs soldats, que Votre Majesté connaît de nom et dont elle a plus d’une fois apprécié le dévouement, et qui ont, je puis l’affirmer au roi, son service fort à cœur ; – trois de mes meilleurs soldats, dis-je, MM. Athos, Porthos et Aramis, avaient fait une partie de plaisir avec un jeune cadet de Gascogne que je leur avais recommandé le matin même. La partie allait avoir lieu à Saint-Germain, je crois, et ils s’étaient donné rendez-vous aux Carmes-Deschaux, lorsqu’elle fut troublée par M. de Jussac et MM. Cahusac, Biscarat, et deux autres gardes qui ne venaient certes pas là en si nombreuse compagnie sans mauvaise intention contre les édits.
– Ah ! ah ! vous m’y faites penser, dit le roi : sans doute, ils venaient pour se battre eux-mêmes.
– Je ne les accuse pas, Sire, mais je laisse Votre Majesté apprécier ce que peuvent aller faire cinq hommes armés dans un lieu aussi désert que le sont les environs du couvent des Carmes.
– Oui, vous avez raison, Tréville, vous avez raison.
– Alors, quand ils ont vu mes mousquetaires, ils ont changé d’idée et ils ont oublié leur haine particulière pour la haine de corps ; car Votre Majesté n’ignore pas que les mousquetaires, qui sont au roi et rien qu’au roi, sont les ennemis naturels des gardes, qui sont à M. le cardinal.
– Oui, Tréville, oui, dit le roi mélancoliquement, et c’est bien triste, croyez-moi, de voir ainsi deux partis en France, deux têtes à la royauté ; mais tout cela finira, Tréville, tout cela finira. Vous dites donc que les gardes ont cherché querelle aux mousquetaires ?
– Je dis qu’il est probable que les choses se sont passées ainsi, mais je n’en jure pas, Sire. Vous savez combien la vérité est difficile à connaître, et à moins d’être doué de cet instinct admirable qui a fait nommer Louis XIII le Juste…
– Et vous avez raison, Tréville ; mais ils n’étaient pas seuls, vos mousquetaires, il y avait avec eux un enfant ?
– Oui, Sire, et un homme blessé, de sorte que trois mousquetaires du roi, dont un blessé, et un enfant, non seulement ont tenu tête à cinq des plus terribles gardes de M. le cardinal, mais encore en ont porté quatre à terre.
– Mais c’est une victoire, cela ! s’écria le roi tout rayonnant ; une victoire complète !
– Oui, Sire, aussi complète que celle du pont de Cé.
– Quatre hommes, dont un blessé, et un enfant, dites-vous ?
– Un jeune homme à peine ; lequel s’est même si parfaitement conduit en cette occasion, que je prendrai la liberté de le recommander à Votre Majesté.
– Comment s’appelle-t-il ?
– D’Artagnan, Sire. C’est le fils d’un de mes plus anciens amis ; le fils d’un homme qui a fait avec le roi votre père, de glorieuse mémoire, la guerre de partisan.
– Et vous dites qu’il s’est bien conduit, ce jeune homme ? Racontez-moi cela, Tréville ; vous savez que j’aime les récits de guerre et de combat. »
Et le roi Louis XIII releva fièrement sa moustache en se posant sur la hanche.
« Sire, reprit Tréville, comme je vous l’ai dit M. d’Artagnan est presque un enfant, et comme il n’a pas l’honneur d’être mousquetaire, il était en habit bourgeois ; les gardes de M. le cardinal, reconnaissant sa grande jeunesse et, de plus, qu’il était étranger au corps, l’invitèrent donc à se retirer avant qu’ils attaquassent.
– Alors, vous voyez bien, Tréville, interrompit le roi, que ce sont eux qui ont attaqué.
– C’est juste, Sire : ainsi, plus de doute ; ils le sommèrent donc de se retirer ; mais il répondit qu’il était mousquetaire de cœur et tout à Sa Majesté, qu’ainsi donc il resterait avec messieurs les mousquetaires.
– Brave jeune homme ! murmura le roi.
– En effet, il demeura avec eux ; et Votre Majesté a là un si ferme champion, que ce fut lui qui donna à Jussac ce terrible coup d’épée qui met si fort en colère M. le cardinal.
– C’est lui qui a blessé Jussac ? s’écria le roi ; lui, un enfant ! Ceci, Tréville, c’est impossible.
– C’est comme j’ai l’honneur de le dire à Votre Majesté.
– Jussac, une des premières lames du royaume !
– Eh bien, Sire ! il a trouvé son maître.
– Je veux voir ce jeune homme, Tréville, je veux le voir, et si l’on peut faire quelque chose, eh bien, nous nous en occuperons.
– Quand Votre Majesté daignera-t-elle le recevoir ?
– Demain à midi, Tréville.
– L’amènerai-je seul ?
– Non, amenez-les-moi tous les quatre ensemble. Je veux les remercier tous à la fois ; les hommes dévoués sont rares, Tréville, et il faut récompenser le dévouement.
– À midi, Sire, nous serons au Louvre.
– Ah ! par le petit escalier, Tréville, par le petit escalier. Il est inutile que le cardinal sache…
– Oui, Sire.
– Vous comprenez, Tréville, un édit est toujours un édit ; il est défendu de se battre, au bout du compte.
– Mais cette rencontre, Sire, sort tout à fait des conditions ordinaires d’un duel : c’est une rixe, et la preuve, c’est qu’ils étaient cinq gardes du cardinal contre mes trois mousquetaires et M. d’Artagnan.
– C’est juste, dit le roi ; mais n’importe, Tréville, venez toujours par le petit escalier. »
Tréville sourit. Mais comme c’était déjà beaucoup pour lui d’avoir obtenu de cet enfant qu’il se révoltât contre son maître, il salua respectueusement le roi, et avec son agrément prit congé de lui.
Dès le soir même, les trois mousquetaires furent prévenus de l’honneur qui leur était accordé. Comme ils connaissaient depuis longtemps le roi, ils n’en furent pas trop échauffés : mais d’Artagnan, avec son imagination gasconne, y vit sa fortune à venir, et passa la nuit à faire des rêves d’or. Aussi, dès huit heures du matin, était-il chez Athos.
D’Artagnan trouva le mousquetaire tout habillé et prêt à sortir. Comme on n’avait rendez-vous chez le roi qu’à midi, il avait formé le projet, avec Porthos et Aramis, d’aller faire une partie de paume dans un tripot situé tout près des écuries du Luxembourg. Athos invita d’Artagnan à les suivre, et malgré son ignorance de ce jeu, auquel il n’avait jamais joué, celui-ci accepta, ne sachant que faire de son temps, depuis neuf heures du matin qu’il était à peine jusqu’à midi.
Les deux mousquetaires étaient déjà arrivés et pelotaient ensemble. Athos, qui était très fort à tous les exercices du corps, passa avec d’Artagnan du côté opposé, et leur fit défi. Mais au premier mouvement qu’il essaya, quoiqu’il jouât de la main gauche, il comprit que sa blessure était encore trop récente pour lui permettre un pareil exercice. D’Artagnan resta donc seul, et comme il déclara qu’il était trop maladroit pour soutenir une partie en règle, on continua seulement à s’envoyer des balles sans compter le jeu. Mais une de ces balles, lancée par le poignet herculéen de Porthos, passa si près du visage de d’Artagnan,
The end of 1550 words.
La COPIE -
17.15pm
que pour le service de Votre Majesté. Mais, que voulez-vous, les gardes de M. le cardinal sont sans cesse à leur chercher querelle, et, pour l’honneur même du corps, les pauvres jeunes gens sont obligés de se défendre.
- Écoutez M. de Tréville! dit le roi, écoutez-le! ne dirait-on pas qu’il parle d’une communauté religieuse! En vérité, mon cher capitaine, j’ai envie de vous ôter votre brevent et de le donner à Mlle de Chémerault, à laquelle j’ai promis une abbaye. Mais ne pensez pas que je vous croirai ainsi sur parole. On m’appelle Louis le Juste, monsieur de Tréville, et tout à l’heure, tout à l’heure nous verrons.
- Ah! c’est parce que je me fie à cette justice, Sire, que j’attendrai patiemment et tranquillement le bon plaisir de Votre Majesté.
- Attendez donc, monsieur, attendez donc, dit le roi, je ne vous ferai pas longtemps attendre.”
En effet, la chance tournait, et comme le roi commençait à perdre ce qu’il avait gagné, il n’était pas faché de trouver un prétexte pour faire - qu’on nous passe cette expression de joueur, dont, nous l’avouons, nous ne connaissons pas l’origine -, pour faire charlemagne. Le roi se leva donc au bout d’un instant, et mettant dans sa poche l’argent qui était devant lui et dont la majeure partie venait de son gain:
“La Vieuville, dit-il, prenez ma place, il faut que je parle à M. de Tréville pour affaire d’importance. Ah!... j’avais quatre-vingts louis devant moi; mettez la même somme, afin que ceux qui ont perdu n’aient point à se plaindre. La justice avant tout.”
Puis, se retournant vers M. de Tréville et marchant avec lui vers l’embrasure d’une fenêtre:
“Eh bien, monsieur, continua-t-il, vous dites que ce sont les gardes de l’Éminentissime qui ont été chercher querelle à vos mousquetaires?
- Oui, Sire, comme toujours.
- Et comment la chose est-elle venue, voyons? car, vous le savez, mon cher capitaine, il faut qu’un juge écoute les deux parties.
- Ah! mon Dieu! de la façon la plus simple et la plus naturelle. Trois de me meilleurs soldats, que Votre Majesté connaît de nom et dont elle a plus d’une fois apprécié le dévouement, et qui ont, je puis l’affirmer au roi, son service fort à coeur; - trois de mes meilleurs soldats, dis-je, MM. Athis, Porthos et Aramis, avaient fait une partie de plaisir avec un jeune cadet de Gascogne que je leur avais recommandé le matin même. La partie allait avoir lieu à Saint-Germain, je crois, et ils s’étaient donné rendez-vous aux Carmes-Deschaux, lorsqu’elle fut troublée par M. de Jussac et MM. Cahusac, Biscarat, et deux autres gardes qui ne venaient certes pas là en si nombreuse compagnie sans mauvaise intention contre les édits.
- Ah! ah! vous m’y faites penser, dit le roi: sans doute, ils venaient pour se battre eux-mêmes.
- Je ne les accuse pas, Sire, mais je laisse Votre Majesté apprécier ce que peuvent aller faire cinq hommes armés dans un lieu aussi désert que le sont les environs du couvent des Carmes.
- Oui, vous avez raison, Tréville, vous avez raison.
- Alors, quand ils ont vu mes mousquetaires, ils ont changé d’idée et ils ont oublié leur haine particulière pour la haine de corps; car Votre Majesté n’ignore pas que les mousquetaires, qui sont au roi et rien qu’au roi, sont les ennemis naturels des gardes, qui sont à M. le cardinal.
- Oui, Tréville, oui, dit le roi mélancoliquement, et c’est bien triste, croyez-moi, de voir ainsi deux partis en France, deux têtes à la royauté ; mais tout cela finira, Tréville, tout cela finira. Vous dites donc que les gardes ont cherché querelle aux mousquetaires?
- Je dis qu’il est probable que les choses se sont passées ainsi, mais je n’en jure pas, Sire. Vous savez combien la vérité est difficile à connaître, et à moins d’être doué de cet instinct admirable qui a fait nommer Louis XIII le Juste...
- Et vous avez raison, Tréville ; mais ils n’étaient pas seuls, vos mousquetaires, il y avait avec eux un enfant?
- Oui, Sire, et un homme blessé, de sorte que trois mousquetaires du roi, dont un blessé, et un enfant, non seulement ont tenu tête à cinq des plus terribles gardes de M. le cardinal, mais encore en ont porté quatre à terre.
- Mais c’est une victoire, cela! s’écria le roi tout rayonnant; une victoire complète!
- Oui, Sire, aussi complète que celle du pont de Cé.
- Quatre hommes, dont un blessé, et un enfant, dites-vous?
-Un jeune homme à peine; lequel s’est même si parfaitement conduit en cette occasion, que je prendrai la liberté de le recommander à Votre Majesté.
- Comment s’appelle-t-il?
- D’Artagnan, Sire. C’est le fils d’un de mes plus anciens amis; le fils d’un homme qui a fait avec le roi votre père, de glorieuse mémoire, la guerre de partisan.
- Et vous dites qu’il s’est bien conduit, ce jeune homme? Racontez-moi cela, Tréville; vous savez que j’aime les récits de guerre et de combat.”
Et le roi Louis XIII releva fièrement sa moustache en se posant sur la hanche.
“ Sire, reprit Tréville, comme je vous l’ai dit M. d’Artagnan est presque un enfant, et comme il n’a pas l’honneur d’être mousquetaire, il était en habit bourgeois; les gardes de M. le cardinal, reconnaissant sa grande jeunesse et, de plus, qu’il était étranger au corps, l’invitèrent donc à se retirer avant qu’ils attaquassent.
- Alors, vous voyez bien, Tréville, interrompit le roi, que ce sont eux qui ont attaqué.
- C’est juste, Sire: ainsi, plus de doute; ils le sommèrent donc de se retirer ; mais il répondit qu’il était mousquetaire de coeur et tout à Sa Majesté, qu’ainsi donc il resterait avec messieurs les mousquetaires.
- Brave jeune homme! murmura le roi.
– En effet, il demeura avec eux ; et Votre Majesté a là un si ferme champion, que ce fut lui qui donna à Jussac ce terrible coup d’épée qui met si fort en colère M. le cardinal.
- C’est lui qui a blessé Jussac? s’écria le roi; lui, un enfant! Ceci, Tréville, c’est impossible.
- C’est comme j’ai l’honneur de le dire à Votre Majesté.
- Jussac, une des premières lames du royaume!
- Eh bien, Sire! il a trouvé son maître.
- Je veux voir ce jeune homme, Tréville, je veux le voir, et si l’on peut faire quelque chose, eh bien, nous nous en occuperons.
- Quand Votre Majesté daignera-t-elle le recevoir?
- Demain à midi, Tréville.
- L’amènerai-je seul?
- Non, amenez-les-moi tous les quatre ensemble. Je veux les remercier tous à la fois ; les hommes dévoués sont rares, Tréville, et il faut récompenser le dévouement.
- À midi, Sire, nous serons au Louvre.
- Ah ! par le petit escalier, Tréville, par le petit escalier. Il est inutile que le cardinal sache...
- Oui, Sire.
- Vous comprenez, Tréville, un édit est toujours un édit; il est défendu de se battre, au bout du compte.
- Mais cette rencontre, Sire, sort tout à fait des conditions ordinaires d’un duel: c’est une rixe, et la preuve, c’est qu’ils étaient cinq gardes du cardinal contre mes trois mousquetaires et M. d’Artagnan.
- C’est juste, dit le roi; mais n’importe, Tréville, venez toujours par le petit escalier.”
Tréville sourit. Mais comme c’était déjà beaucoup pour lui d’avoir obtenu de cet enfant qu’il se révoltât contre son maître, il salua respectueusement le roi, et avec son agrément prit congé de lui.
Dès le soir même, les trois mousquetaires furent prévenus de l’honneur qui leur était accordé. Comme ils connaissaient depuis longtemps le roi, ils n’en furent pas trop échauffés: mais d’Artagnan, avec son imagination gasconne, y vit sa fortune à venir, et passa la nuit à faire des rêves d’or. Aussi, dès huit heures du matin, était-il chez Athos.
D’Artagnan trouva le mousquetaire tout habillé et prêt à sortir. Comme on n’avait rendez-vous chez le roi qu’à midi, il avait formé le project, avec Porthos et Aramis, d’aller faire une partie de paume dans un tripot situé tout près des écuries du Luxembourg. Athos invita d’Artagnan à les suivre, et malgré son ignorance de ce jeu, auquel il n’avait jamais joué, celui-ci accepta, ne sachant que faire de son temps, depuis neuf heures du matin qu’il était à peine jusqu’à midi.
Les deux mousquetaires étaient déjà arrivés et pelotaient ensemble. Athos, qui était très fort à tous les exercices du corps, passa avec d’Artagnan du côté opposé, et leur fit défi. Mais au premier mouvement qu’il essaya, quoiqu’il jouât de la main gauche, il comprit que sa blessure était encore trop récente pour lui permettre un pareil exercice. D’Artagnan resta donc seul, et comme il déclara qu’il était trop maladroit pour soutenir une partie en règle, on continua seulement à s’envoyer des balles sans compter le jeu. Mais une de ces balles, lancée par le poignet herculéen de Porthos, passa si près du visage de d’Artagnan,
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October 22nd - 1000 Words a Day - Les Trois Mousquetaires
Chapitre 9
si respecté, devint momentanément une succursale de l’antichambre. Chacun discourait, pérorait, parlait haut, jurant, sacrant, donnant le cardinal et ses gardes à tous les diables.
Un instant après, Porthos et Aramis rentrèrent ; le chirurgien et M. de Tréville seuls étaient restés près du blessé.
Enfin M. de Tréville rentra à son tour. Le blessé avait repris connaissance ; le chirurgien déclarait que l’état du mousquetaire n’avait rien qui pût inquiéter ses amis, sa faiblesse ayant été purement et simplement occasionnée par la perte de son sang.
Puis M. de Tréville fit un signe de la main, et chacun se retira, excepté d’Artagnan, qui n’oubliait point qu’il avait audience et qui, avec sa ténacité de Gascon, était demeuré à la même place.
Lorsque tout le monde fut sorti et que la porte fut refermée, M. de Tréville se retourna et se trouva seul avec le jeune homme. L’événement qui venait d’arriver lui avait quelque peu fait perdre le fil de ses idées. Il s’informa de ce que lui voulait l’obstiné solliciteur. D’Artagnan alors se nomma, et M. de Tréville, se rappelant d’un seul coup tous ses souvenirs du présent et du passé, se trouva au courant de sa situation.
« Pardon lui dit-il en souriant, pardon, mon cher compatriote, mais je vous avais parfaitement oublié. Que voulez-vous ! un capitaine n’est rien qu’un père de famille chargé d’une plus grande responsabilité qu’un père de famille ordinaire. Les soldats sont de grands enfants ; mais comme je tiens à ce que les ordres du roi, et surtout ceux de M. le cardinal, soient exécutés… »
D’Artagnan ne put dissimuler un sourire. À ce sourire, M. de Tréville jugea qu’il n’avait point affaire à un sot, et venant droit au fait, tout en changeant de conversation :
« J’ai beaucoup aimé monsieur votre père, dit-il. Que puis-je faire pour son fils ? hâtez-vous, mon temps n’est pas à moi.
– Monsieur, dit d’Artagnan, en quittant Tarbes et en venant ici, je me proposais de vous demander, en souvenir de cette amitié dont vous n’avez pas perdu mémoire, une casaque de mousquetaire ; mais, après tout ce que je vois depuis deux heures, je comprends qu’une telle faveur serait énorme, et je tremble de ne point la mériter.
– C’est une faveur en effet, jeune homme, répondit M. de Tréville ; mais elle peut ne pas être si fort au-dessus de vous que vous le croyez ou que vous avez l’air de le croire. Toutefois une décision de Sa Majesté a prévu ce cas, et je vous annonce avec regret qu’on ne reçoit personne mousquetaire avant l’épreuve préalable de quelques campagnes, de certaines actions d’éclat, ou d’un service de deux ans dans quelque autre régiment moins favorisé que le nôtre. »
D’Artagnan s’inclina sans rien répondre. Il se sentait encore plus avide d’endosser l’uniforme de mousquetaire depuis qu’il y avait de si grandes difficultés à l’obtenir.
« Mais, continua Tréville en fixant sur son compatriote un regard si perçant qu’on eût dit qu’il voulait lire jusqu’au fond de son cœur, mais, en faveur de votre père, mon ancien compagnon, comme je vous l’ai dit, je veux faire quelque chose pour vous, jeune homme. Nos cadets de Béarn ne sont ordinairement pas riches, et je doute que les choses aient fort changé de face depuis mon départ de la province. Vous ne devez donc pas avoir de trop, pour vivre, de l’argent que vous avez apporté avec vous. »
D’Artagnan se redressa d’un air fier qui voulait dire qu’il ne demandait l’aumône à personne.
« C’est bien, jeune homme, c’est bien, continua Tréville, je connais ces airs-là, je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre. »
D’Artagnan se redressa de plus en plus ; grâce à la vente de son cheval, il commençait sa carrière avec quatre écus de plus que M. de Tréville n’avait commencé la sienne.
« Vous devez donc, disais-je, avoir besoin de conserver ce que vous avez, si forte que soit cette somme ; mais vous devez avoir besoin aussi de vous perfectionner dans les exercices qui conviennent à un gentilhomme. J’écrirai dès aujourd’hui une lettre au directeur de l’académie royale, et dès demain il vous recevra sans rétribution aucune. Ne refusez pas cette petite douceur. Nos gentilshommes les mieux nés et les plus riches la sollicitent quelquefois, sans pouvoir l’obtenir. Vous apprendrez le manège du cheval, l’escrime et la danse ; vous y ferez de bonnes connaissances, et de temps en temps vous reviendrez me voir pour me dire où vous en êtes et si je puis faire quelque chose pour vous. »
D’Artagnan, tout étranger qu’il fût encore aux façons de cour, s’aperçut de la froideur de cet accueil.
« Hélas, monsieur, dit-il, je vois combien la lettre de recommandation que mon père m’avait remise pour vous me fait défaut aujourd’hui !
– En effet, répondit M. de Tréville, je m’étonne que vous ayez entrepris un aussi long voyage sans ce viatique obligé, notre seule ressource à nous autres Béarnais.
– Je l’avais, monsieur, et, Dieu merci, en bonne forme, s’écria d’Artagnan ; mais on me l’a perfidement dérobé. »
Et il raconta toute la scène de Meung, dépeignit le gentilhomme inconnu dans ses moindres détails, le tout avec une chaleur, une vérité qui charmèrent M. de Tréville.
« Voilà qui est étrange, dit ce dernier en méditant ; vous aviez donc parlé de moi tout haut ?
– Oui, monsieur, sans doute j’avais commis cette imprudence ; que voulez-vous, un nom comme le vôtre devait me servir de bouclier en route : jugez si je me suis mis souvent à couvert ! »
La flatterie était fort de mise alors, et M. de Tréville aimait l’encens comme un roi ou comme un cardinal. Il ne put donc s’empêcher de sourire avec une visible satisfaction, mais ce sourire s’effaça bientôt, et revenant de lui-même à l’aventure de Meung :
« Dites-moi, continua-t-il, ce gentilhomme n’avait-il pas une légère cicatrice à la tempe ?
– Oui, comme le ferait l’éraflure d’une balle.
– N’était-ce pas un homme de belle mine ?
– Oui.
– De haute taille ?
– Oui.
– Pâle de teint et brun de poil ?
– Oui, oui, c’est cela. Comment se fait-il, monsieur, que vous connaissiez cet homme ? Ah ! si jamais je le retrouve, et je le retrouverai, je vous le jure, fût-ce en enfer…
– Il attendait une femme ? continua Tréville.
– Il est du moins parti après avoir causé un instant avec celle qu’il attendait.
– Vous ne savez pas quel était le sujet de leur conversation ?
– Il lui remettait une boîte, lui disait que cette boîte contenait ses instructions, et lui recommandait de ne l’ouvrir qu’à Londres.
– Cette femme était anglaise ?
– Il l’appelait Milady.
– C’est lui ! murmura Tréville, c’est lui ! je le croyais encore à Bruxelles !
– Oh ! monsieur, si vous savez quel est cet homme, s’écria d’Artagnan, indiquez-moi qui il est et d’où il est, puis je vous tiens quitte de tout, même de votre promesse de me faire entrer dans les mousquetaires ; car avant toute chose je veux me venger.
– Gardez-vous-en bien, jeune homme, s’écria Tréville ; si vous le voyez venir, au contraire, d’un côté de la rue, passez de l’autre ! Ne vous heurtez pas à un pareil rocher : il vous briserait comme un verre.
– Cela n’empêche pas, dit d’Artagnan, que si jamais je le retrouve…
– En attendant, reprit Tréville, ne le cherchez pas, si j’ai un conseil à vous donner. »
Tout à coup Tréville s’arrêta, frappé d’un soupçon subit. Cette grande haine que manifestait si hautement le jeune voyageur pour cet homme, qui, chose assez peu vraisemblable, lui avait dérobé la lettre de son père, cette haine ne cachait-elle pas quelque perfidie ? ce jeune homme n’était-il pas envoyé par Son Éminence ? ne venait-il pas pour lui tendre quelque piège ? ce prétendu d’Artagnan n’était-il pas un émissaire du cardinal qu’on cherchait à introduire dans sa maison, et qu’on avait placé près de lui pour surprendre sa confiance et pour le perdre plus tard, comme cela s’était mille fois pratiqué ? Il regarda d’Artagnan plus fixement encore cette seconde fois que la première. Il fut médiocrement rassuré par l’aspect de cette physionomie pétillante d’esprit astucieux et d’humilité affectée.
« Je sais bien qu’il est Gascon, pensa-t-il ; mais il peut l’être aussi bien pour le cardinal que pour moi. Voyons, éprouvons-le. »
« Mon ami, lui dit-il lentement, je veux, comme au fils de mon ancien ami, car je tiens pour vraie l’histoire de cette lettre perdue, je veux, dis-je, pour réparer la froideur que vous avez d’abord remarquée dans mon accueil, vous découvrir les secrets de notre politique. Le roi et le cardinal sont les meilleurs amis ; leurs apparents démêlés ne sont que pour tromper les sots. Je ne prétends pas qu’un compatriote, un joli cavalier, un brave garçon, fait pour avancer, soit la dupe de toutes ces feintises et donne comme un niais dans le panneau, à la suite de tant d’autres qui s’y sont perdus. Songez
The end of 1599 words.
La COPIE -
14.45pm
si respecté, devint momentanément une succursale de l’antichambre. Chacun discourait, pérorait, parlait haut, jurant, sacrant, donnant le cardinal et ses gardes à tous les diables.
Un instant après, Porthos et Aramis rentrèrent; le chirurgien et M. de Tréville seuls étaient restés près du blessé.
Enfin M. de Tréville rentra à son tour. Le blessé avait repris connaissance; le chirurgien déclarait que l’état du mousquetaire n’avait rien qui pût inquiéter ses amis, sa faiblesse ayant été purement et simplement occasionnée p)ar la perte de son sang.
Puis M. de Tréville fit un signe de la main, et chacun se retira, excepté d’Artagnan, qui n’oubliait point qu’il avait audience et qui, avec sa ténacité de Gascon, était demeuré à la même place.
Lorsque tout le monde fut sorti et que la porte fut refermée, M. de Tréville se retourna et se trouva seul avec le jeune homme. L’événement qui venait d’arriver lui avait quelque peu fait perdre le fil de ses idées. Il s’informa de ce que lui voulait l’obstiné solliciteur. D’Artagnan alors se nomma, et M. de Tréville, se rappelant d’un seul coup tous ses souvenirs du présent et du passé, se trouva au courant de sa situation.
“Pardon lui dit-il en souriant, pardon, mon cher compatriote, mais je vous avais parfaitement oublié. Que voulez-vous! un capitaine n’est rien qu’un père de famille chargé d’une plus grande responsabilité qu’un père de famille ordinaire. Les soldats sont de grands enfants; mais comme je tiens à ce que les ordres du roi, et surtout ceux de M. le cardinal, soient exécutés...”
D’Artagnan ne put dissimuler un sourire. À ce sourire, M. de Tréville jugea qu’il n’avait point affaire à un sot, et venant droit au fait, tout en changeant de conversation.
“J’ai beaucoup aimé monsieur votre père, dit-il. Que puis-je faire pour son fils? hâtez-vous, mon temps n’est pas à moi.
- Monsieur, dit d’Artagnan, en quittant Tarbes et en venant ici, je me proposais de vous demander, en souvenir de cette amitié dont vous n’avez pas perdu mémoire, une casaque de mousquetaire; mais, après tout ce que je vois depuis deux heures, je comprends qu’une telle faveur serait énorme, et je tremble de ne point la mériter.
- C’est une faveur en effet, jeune homme, répondit M. de Tréville; mais elle peut ne pas être si fort au-dessus de vous que vous le croyez ou que vous avez l’air de le croire. Toutefois une décision de Sa Majesté a prévu ce cas, et je vous annonce avec regret qu’on ne reçoit personne mousquetaire avant l’épreuve préalable de quelques campagnes, de certaines actions d’éclat, ou d’un service de deux ans dans quelque autre régiment moins favorisé que le nôtre.”
D’Artagnan s’inclina sans rien répondre. Il se sentait encore plus avide d’endosser l’uniforme de mousquetaire depuis qu’il y avait de si grandes difficultés à l’obtenir.
“Mais, continua Tréville en fixant sur son compatriote un regard si perçant qu’on eût dit qu’il voulait lire jusqu’au fond de son coeur, mais, en faveur de votre père, mon ancien compagnon, comme je vous l’ai dit, je veux faire quelque chose pour vous, jeune homme. Nos cadets de Béarn ne sont ordinairement pas riches, et je doute que les choses aient fort changé de face depuis mon départ de la province. Vous ne devez donc pas avoir de trop, pour vivre, de l’argent que vous avez apporté avec vous.”
D’Artagnan se redressa d’un air fier qui voulait dire qu’il ne demandait l’aumône à personne.
“C’est bien, jeune homme, c’est bien, continua Tréville, je connais ces airs-là, je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre.”
D’Artagnan se redressa de plus en plus; frâce à la vente de son cheval, il commençait sa carrière avec quatre écus de plus que M. de Tréville n’avait commencé la sienne.
“Vous devez donc, disais-je, avoir besoin de conserver ce que vous avez, si forte que soit cette somme; mais vous devez avoir besoin aussi de vous perfectionner dans les exercices qui conviennent à un gentilhomme. J’écrirai dès aujourd’hui une lettre au directeur de l’académie royale, et dès demain il vous recevra sans rétribution aucune. Ne refusez pas cette petite douceur. Nos gentilshommes les mieux nés et les plus riches la sollicitent quelquefois, sans pouvoir l’obtenir. Vous apprendrez le manège du cheval, l’escrime et la danse; vous y ferez de bonnes connaissances, et de temps en temps vous reviendrez me voir pour me dire où vous en êtes et si je puis faire quelque chose pour vous.”
D’Artagnan, tout étranger qu’il fût encore aux façons de cour, s’aperçut de la froideur de cet accueil.
“Hélas, monsieur, dit-il, je vois combien la lettre de recommandation que mon père m’avait remise pour vous me fait défaut aujourd’hui!
- En effet, répondit M. de Tréville, je m’étonne que vous ayez entrepris un aussi long voyage sans ce viatique obligé, notre seule ressource à nous autres Béarnais.
- Je l’avais, monsieur, et, Dieu merci, en bonne forme, s’écria d’Artagnan; mais on me l’a perfidement dérobé.”
Et il raconta toute la scène de Meung, dépeignit le gentilhomme inconnu dans ses moindres détails, le tout avec une chaleur, une vérité qui charmèrent M. de Tréville.
“Voilà qui est étrange, dit ce dernier en méditant; vous aviez donc parlé de moi tout haut?
- Oui, monsieur, sans doute j’avais commis cette imprudence; que voulez-vous, un nom comme le vôtre devait me servir de bouclier en route: jugez si je me suis mis souvent à couvert!”
La flatterie était fort de mise alors, et M. de Tréville aimait l’encens comme un roi ou comme un cardinal. Il ne put donc s’empêcher de sourire avec une visible satisfaction, mais ce sourire s’effaça bientôt, et revenant de lui-même à l’aventure de Meune:
“Dites-moi, continua-t-il, ce gentilhomme n’avait-il pas une lègère cicatrice à la tempe?
- Oui, comme le ferait l’éraflure d’une balle.
- N’était-ce pas un homme de belle mine?
- Oui.
- De haute taille?
- Oui.
- Pâle de teint et brun de poil?
- Oui, oui, c’est cela. Comment se fait-il, monsieur, que vous connaissiez cet homme? Ah! si jamais je le retrouve, et je le retrouverai, je vous le jure, fût-ce en enfer...
- Il attendait une femme? continua Tréville.
- Il est du moins parti après avoir causé un instant avec celle qu’il attendait.
- Vous ne savez pas quel était le sujet de leur conversation?
- Il lui remettait une boîte, lui disait que cette boîte contenait ses instructions, et lui recommandait de ne l’ouvrir qu’à Londres.
- Cette femme était anglais?
- Il l’appelait Milady.
- C’est lui! murmura Tréville, c’est lui! je le croyais encore à Bruxelles!
- Oh! monsieur, si vous savez quel est cet homme, s’écria d’Artagnan, indiquez-moi qui il est et d’où il est, puis je vous tiens quitte de tout, même de voyre promesse de me faire entrer dans les mousquetaires; car avant toute chose je veux me venger.
- Gardez-vous-en-bien, jeune homme, s’écria Tréville; si vous le voyez venir, au contraire, d’un côté de la rue, passez de l’autre! Ne vous heurtez pas à un pareil rocher: il vous briserait comme un verre.
- Cela n’empêche pas, dit d’Artagnan, que si jamais je le retrouve...
- En attendant, reprit Tréville, ne le cherchez pas, si j’ai un conseil à vous donner.”
Tout à coup Tréville s’arrêta, frappé d’un soupçon subit. Cette grande haine que manifestait si hautement le jeune voyageur pour cet homme, qui, chose assez peu vraisemblable, lui avait dérobé la lettre de son père, cette haine ne cachait-elle pas quelque perfidie? ce jeune homme n’était-il pas envoyé par Son Éminence? ne venait-il pas pour lui tendre quelque piège? ce prétendu d’Artagnan n’était-il pas un émissaire du cardinal qu’on cherchait à introduire dans sa maison, et qu’on avait placé près de lui pour surprendre sa confiance et pour le perdre plus tard, comme cela s’était mille fois pratiqué? Il regarda d’Artagnan plus fixement encore cette seconde fois que la première. Il fut médiocrement rassuré par l’aspect de cette physionomie pétillante d’esprit astucieux et d’himilité affectée.
“Je sais bien qu’il est Gascon, pensa-t-il; mais il peut l’être aussi bien pour le cardinal que pour moi. Voyons, éprouvons-le.”
“Mon ami, lui dit-il lentement, je veux, comme au fils de mon ancien ami, car je tiens pour vraie l’histoire de cette lettre perdue, je veux, dis-je, pour réparer la froideur que vous avez d’abord remarquée dans mon accueil, vous découvrir les secrets de notre politique. Le roi et le cardinal sont les meilleurs amis; leurs apparents démêlés ne sont que pour tromper les sots. Je ne prétends pas qu’un compatriote, un joli cavalier, un brave garçon, fait pour avancer, soit la dupe de toutes ces feintises et donne comme un niais dans le panneau, à la suite de tant d’autres qui s’y sont perdus. Songez
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October 21st - 1000 Words a Day - Les Trois Mousquetaires
Chapitre 8
oui, et Sa Majesté avait raison, car, sur mon honneur, il est vrai que les mousquetaires font triste figure à la cour. M. le cardinal racontait hier au jeu du roi, avec un air de condoléance qui me déplut fort, qu’avant-hier ces damnés mousquetaires, ces diables à quatre – il appuyait sur ces mots avec un accent ironique qui me déplut encore davantage –, ces pourfendeurs, ajoutait-il en me regardant de son œil de chat-tigre, s’étaient attardés rue Férou, dans un cabaret, et qu’une ronde de ses gardes – j’ai cru qu’il allait me rire au nez – avait été forcée d’arrêter les perturbateurs. Morbleu ! vous devez en savoir quelque chose ! Arrêter des mousquetaires ! Vous en étiez, vous autres, ne vous en défendez pas, on vous a reconnus, et le cardinal vous a nommés. Voilà bien ma faute, oui, ma faute, puisque c’est moi qui choisis mes hommes. Voyons, vous, Aramis, pourquoi diable m’avez-vous demandé la casaque quand vous alliez être si bien sous la soutane ? Voyons, vous, Porthos, n’avez-vous un si beau baudrier d’or que pour y suspendre une épée de paille ? Et Athos ! je ne vois pas Athos. Où est-il ?
– Monsieur, répondit tristement Aramis, il est malade, fort malade.
– Malade, fort malade, dites-vous ? et de quelle maladie ?
– On craint que ce ne soit de la petite vérole, monsieur, répondit Porthos voulant mêler à son tour un mot à la conversation, et ce qui serait fâcheux en ce que très certainement cela gâterait son visage.
– De la petite vérole ! Voilà encore une glorieuse histoire que vous me contez là, Porthos !… Malade de la petite vérole, à son âge ?… Non pas !… mais blessé sans doute, tué peut-être… Ah ! si je le savais !… Sangdieu ! messieurs les mousquetaires, je n’entends pas que l’on hante ainsi les mauvais lieux, qu’on se prenne de querelle dans la rue et qu’on joue de l’épée dans les carrefours. Je ne veux pas enfin qu’on prête à rire aux gardes de M. le cardinal, qui sont de braves gens, tranquilles, adroits, qui ne se mettent jamais dans le cas d’être arrêtés, et qui d’ailleurs ne se laisseraient pas arrêter, eux !… j’en suis sûr… Ils aimeraient mieux mourir sur la place que de faire un pas en arrière… Se sauver, détaler, fuir, c’est bon pour les mousquetaires du roi, cela ! »
Porthos et Aramis frémissaient de rage. Ils auraient volontiers étranglé M. de Tréville, si au fond de tout cela ils n’avaient pas senti que c’était le grand amour qu’il leur portait qui le faisait leur parler ainsi. Ils frappaient le tapis du pied, se mordaient les lèvres jusqu’au sang et serraient de toute leur force la garde de leur épée. Au-dehors on avait entendu appeler, comme nous l’avons dit, Athos, Porthos et Aramis, et l’on avait deviné, à l’accent de la voix de M. de Tréville, qu’il était parfaitement en colère. Dix têtes curieuses étaient appuyées à la tapisserie et pâlissaient de fureur, car leurs oreilles collées à la porte ne perdaient pas une syllabe de ce qui se disait, tandis que leurs bouches répétaient au fur et à mesure les paroles insultantes du capitaine à toute la population de l’antichambre. En un instant depuis la porte du cabinet jusqu’à la porte de la rue, tout l’hôtel fut en ébullition.
« Ah ! les mousquetaires du roi se font arrêter par les gardes de M. le cardinal », continua M. de Tréville aussi furieux à l’intérieur que ses soldats, mais saccadant ses paroles et les plongeant une à une pour ainsi dire et comme autant de coups de stylet dans la poitrine de ses auditeurs. « Ah ! six gardes de Son Éminence arrêtent six mousquetaires de Sa Majesté ! Morbleu ! j’ai pris mon parti. Je vais de ce pas au Louvre ; je donne ma démission de capitaine des mousquetaires du roi pour demander une lieutenance dans les gardes du cardinal, et s’il me refuse, morbleu ! je me fais abbé. »
À ces paroles, le murmure de l’extérieur devint une explosion : partout on n’entendait que jurons et blasphèmes. Les morbleu ! les sangdieu ! les morts de tous les diables ! se croisaient dans l’air. D’Artagnan cherchait une tapisserie derrière laquelle se cacher, et se sentait une envie démesurée de se fourrer sous la table.
« Eh bien, mon capitaine, dit Porthos hors de lui, la vérité est que nous étions six contre six, mais nous avons été pris en traître, et avant que nous eussions eu le temps de tirer nos épées, deux d’entre nous étaient tombés morts, et Athos, blessé grièvement, ne valait guère mieux. Car vous le connaissez, Athos ; eh bien, capitaine, il a essayé de se relever deux fois, et il est retombé deux fois. Cependant nous ne nous sommes pas rendus, non ! l’on nous a entraînés de force. En chemin, nous nous sommes sauvés. Quant à Athos, on l’avait cru mort, et on l’a laissé bien tranquillement sur le champ de bataille, ne pensant pas qu’il valût la peine d’être emporté. Voilà l’histoire. Que diable, capitaine ! on ne gagne pas toutes les batailles. Le grand Pompée a perdu celle de Pharsale, et le roi François Ier, qui, à ce que j’ai entendu dire, en valait bien un autre, a perdu cependant celle de Pavie.
– Et j’ai l’honneur de vous assurer que j’en ai tué un avec sa propre épée, dit Aramis, car la mienne s’est brisée à la première parade… Tué ou poignardé, monsieur, comme il vous sera agréable.
– Je ne savais pas cela, reprit M. de Tréville d’un ton un peu radouci. M. le cardinal avait exagéré, à ce que je vois.
– Mais de grâce, monsieur, continua Aramis, qui, voyant son capitaine s’apaiser, osait hasarder une prière, de grâce, monsieur, ne dites pas qu’Athos lui-même est blessé : il serait au désespoir que cela parvint aux oreilles du roi, et comme la blessure est des plus graves, attendu qu’après avoir traversé l’épaule elle pénètre dans la poitrine, il serait à craindre… »
Au même instant la portière se souleva, et une tête noble et belle, mais affreusement pâle, parut sous la frange.
« Athos ! s’écrièrent les deux mousquetaires.
– Athos ! répéta M. de Tréville lui-même.
– Vous m’avez mandé, monsieur, dit Athos à M. de Tréville d’une voix affaiblie mais parfaitement calme, vous m’avez demandé, à ce que m’ont dit nos camarades, et je m’empresse de me rendre à vos ordres ; voilà, monsieur, que me voulez-vous ? »
Et à ces mots le mousquetaire, en tenue irréprochable, sanglé comme de coutume, entra d’un pas ferme dans le cabinet. M. de Tréville, ému jusqu’au fond du cœur de cette preuve de courage, se précipita vers lui.
« J’étais en train de dire à ces messieurs, ajouta-t-il, que je défends à mes mousquetaires d’exposer leurs jours sans nécessité, car les braves gens sont bien chers au roi, et le roi sait que ses mousquetaires sont les plus braves gens de la terre. Votre main, Athos. »
Et sans attendre que le nouveau venu répondît de lui-même à cette preuve d’affection, M. de Tréville saisissait sa main droite et la lui serrait de toutes ses forces, sans s’apercevoir qu’Athos, quel que fût son empire sur lui-même, laissait échapper un mouvement de douleur et pâlissait encore, ce que l’on aurait pu croire impossible.
La porte était restée entrouverte, tant l’arrivée d’Athos, dont, malgré le secret gardé, la blessure était connue de tous, avait produit de sensation. Un brouhaha de satisfaction accueillit les derniers mots du capitaine et deux ou trois têtes, entraînées par l’enthousiasme, apparurent par les ouvertures de la tapisserie. Sans doute, M. de Tréville allait réprimer par de vives paroles cette infraction aux lois de l’étiquette, lorsqu’il sentit tout à coup la main d’Athos se crisper dans la sienne, et qu’en portant les yeux sur lui il s’aperçut qu’il allait s’évanouir. Au même instant Athos, qui avait rassemblé toutes ses forces pour lutter contre la douleur, vaincu enfin par elle, tomba sur le parquet comme s’il fût mort.
« Un chirurgien ! cria M. de Tréville. Le mien, celui du roi, le meilleur ! Un chirurgien ! ou, sangdieu ! mon brave Athos va trépasser. »
Aux cris de M. de Tréville, tout le monde se précipita dans son cabinet sans qu’il songeât à en fermer la porte à personne, chacun s’empressant autour du blessé. Mais tout cet empressement eût été inutile, si le docteur demandé ne se fût trouvé dans l’hôtel même ; il fendit la foule, s’approcha d’Athos toujours évanoui, et, comme tout ce bruit et tout ce mouvement le gênait fort, il demanda comme première chose et comme la plus urgente que le mousquetaire fût emporté dans une chambre voisine. Aussitôt M. de Tréville ouvrit une porte et montra le chemin à Porthos et à Aramis, qui emportèrent leur camarade dans leurs bras. Derrière ce groupe marchait le chirurgien, et derrière le chirurgien, la porte se referma.
Alors le cabinet de M. de Tréville, ce lieu ordinairement
The end of 1551 words.
La COPIE -
4.52am
oui, et Sa Majesté avait raison, car, sur mon honneur, il est vrai que les mousquetaires font triste figure à la cour. M. le cardinal racontait hier au jeu du roi, avec un air de condoléance qui me déplut fort, qu’avant-hier ces damnés mousquetaires, ces diables à quatre - il appuyait sur ces mots avec un accent ironique qui me déplut encore davantage -, ces pourfendeurs, ajoutait-il en me regardant de son oeil de chat-tigre, s’étaient attardés rue Férou, dans un cabaret, et qu’une ronde de ses gardes - j’ai cru qu’il allait me rire au nez - avait été forcée d’arrêter les pertubateurs. Morbleu! vous devez en savoir quelque chose! Arrêter des mousquetaires! Vous en étiez, vous autres, ne vous en défendez pas, on vous a reconnus, et le cardinal vous a nommés. Voilà bien ma faute, oui, ma faute, puisque c’est moi qui choisis mes hommes. Voyons, vous, Aramis, pourquoi diable m’avez-vous demandé la casaque quand vous alliez être si bien sous la soutane? Voyons, vous, Porthos, n’avez-vous un si beau baudrier d’or que pour y suspendre une épée de paille? Et Athos! je ne vois pas Athos. Où est-il?
- Monsieur, répondit tristement Aramis, il est malade, fort malade.
- Malade, fort malade, dites-vous? et de quelle maladie?
- On craint que ce ne soit de la petite vérole, monsier, répondit Porthos voulant mêler à son tour un mot à la conversation, et ce qui serait fâcheux en ce que très certainement cela gâterait son visage.
- De la petite vérole! Voilà encore une glorieuse histoire que vous me contez là, Porthos!... Malade de la petite vérole, à son âge?... Non pas!... mais blessé sans doute, tué peut-être... Ah! si je le savais!... Sangdieu! messieurs les mousquetaires, je n’entends pas que l’on hante ainsi les mauvais lieux, qu’on se prenne de querelle dans la rue et qu’on joue de l’épée dans les carrefours. Je ne veux pas enfin qu’on prête à rire aux gardes de M. le cardinal, qui sont de braves gens, tranquilles, adroits, qui ne se mettent jamais dans le cas d’être arrêtés, et qui d’ailleurs ne se laisseraient pas arrêter, eux!... j’en suis sûr... Ils aimeraient mieux mourrir sur la place que de faire un pas en arrière... Se sauver, détaler, fuir, c’est bon pour les mousquetaires du roi, cela!”
Porthos et Aramis frémissaient de rage. Ils auraient volontiers étranglé M. de Tréville, si au fond de tout cela ils n’avaient pas senti que c’était le grand amour qu’il leur portait qui le faisait leur parler ainsi. Ils frappaient le tapis du pied, se mordaient les lèvres jusqu’au sang et serraient de toute leur force la garde de leur épée. Au-dehors on avait entendu appeler, comme nous l’avons dit, Athos, Porthos et Aramis, et l’on avait deviné, à l’accent de la voix de M. de Tréville, qu’il était parfaitement en colère. Dix têtes curieuses étaient appuyées à la tapisserie et pâlissaient de fureur, car leurs oreilles collées à la porte ne perdaient pas une syllabe de ce qui se disait, tandis que leurs bouches répétaient au fur et à mesure les paroles insultantes du capitaine à toute la population de l’antichambre. En un instant depuis la porte du cabinet jusqu’à la porte de la rue, tout l’hôtel fut en ébullition.
“Ah! les mousquetaires du roi se font arrêter par les gardes de M. le cardinal”, continua M. de Tréville aussi furieux à l’intérieur que ses soldats, mais saccadant ses paroles et les plongeant une à une pour ainsi dire et comme autant de coups de stylet dans la poitrine de ses auditeurs. “Ah! six gardes de Son Éminence arrêtent six mousquetaires de Sa Majesté! Morbleu! j’ai pris mon parti. Je vais de ce pas au Louvre; je donne ma démission de capitaine des mousquetaires du roi pour demander une lieutenance dans les gardes du cardinal, et s’il me refuse, morbleu! je me fais abbé.”
À ces paroles, le murmure de l’extérieur devint une explosion: partout on n’entendait que jurons et blasphèmes. Les morbleu! les sangdieu! les morts de tous les diables! se croisaient dans l’air. D’Artagnan cherchait une tapisserie derrière laquelle se cacher, et se sentait une envie démesurée de se fourrer sous la table.
“Eh bien, mon capitaine, dit Porthos hors de lui, la vérité est que nous étions six contre six, mais nous avons été pris en traître, et avant que nous eussions eu le temps de tirer nos épées, deux d’entre nous étaient tombés morts, et Athos, blessé grièvement, ne valait guère mieux. Car vous le connaissez, Athos; eh bien, capitaine, il a essayé de se relever deux fois, et il est retombé deux fois. Cependant nous ne nous sommes pas rendus, non! l’on nous a entraînés de force. En chemin, nous nous sommes sauvés. Quant à Athos, on l’avait cru mort, et on l’a laissé bien tranquillement sur le champ de bataille, ne pensant pas qu’il valût la peine d’être emporté. Voilà l’histoire. Que diable, capitaine! on ne gagne pas toutes les batailles. Le grand Pompée a perdu celle de Pharsale, et le roi François Ier, qui, à ce que j’ai entendu dire, en valait bien un autre, a perdu cependant celle de Pavie.
- Et j’ai l’honneur de vous assurer que j’en ai tué un avec sa propre épée, dit Aramis, car la mienne s’est brisée à la première parade... Tué ou poignardé, monsieur, comme il vous sera agréable.
- Je ne savais pas cela, reprit M. de Tréville d’un ton un peu radouci. M. le cardinal avait exagéré, à ce que je vois.
- Mais de grâce, monsieur, continua Aramis, qui, voyant son capitaine s’apaiser, osait hasarder une prière, de grâce, monsieur, ne dits pas qu’Athos lui-même est blessé: il serait au désespoir que cela parvint aux oreilles du roi, et comme la blessure est des plus graves, attendu qu’après avoir traversé l’épaule elle pénètre dans la poitrine, il serait à craindre...”
Au même instant la portière se souleva, et une tête noble et belle, mais affreusement pâle, parut sous la frange.
“ Athos! s’écrièrent les deux mousquetaires.
- Athos! répéta M. de Tréville lui-même.
- Vous m’avez mandé, monsieur, dit Athos à M. de Tréville d’une voix affaiblie mais parfaitement calme, vous m’avez demandé, à ce que m’ont dit nos camarades, et je m’empresse de me rendre à vos ordres; voilà, monsieur, que me voulez-vous?”
Et à ces mots le mousquetaire, en tenue irréprochable, sanglé comme de coutume, entra d’un pas ferme dans le cabinet. M. de Tréville, ému jusqu’au fond du coeur de cette preuve de courage, se précipita vers lui.
“J’étais en train de dire à ces messieurs, ajouta-t-il, que je défends à mes mousquetaires d’exposer leurs jours sans nécessité, car les braves gens sont bien chers au roi, et le roi sait que ses mousquetaires sont les plus braves gens de la terre. Votre main, Athos.”
Et sans attendre que le nouveau venu répondit de lui-même à cette preuve d’affection, M. de Tréville saisissait sa main droite et la lui serrait de toutes ses forces, sans s’apercevoir qu’Athos, quel que fût son empire sur lui-même, laissait échapper un mouvement de douleur et pâlissait encore, ce que l’on aurait pu croire impossible.
La porte était restée entrouverte, tant l’arrivée d’Athos, dont, malgré le secret gardé, la blessure était connue de tous, avait produit de sensation. Un brouhaha de satisfaction accueillit les derniers mots du capitaine et deux ou trois têtes, entraînées par l’enthousiasme, apparurent par les ouvertures de la tapisserie. Sans doute, M. de Tréville allait réprimer par de vives paroles cette infraction aux lois de l’étiquette, lorsqu’il sentit tout à coup la main d’Athos se crisper dans la sienne, et qu’en portant les yeux sur lui il s’aperçut qu’il allait s’évanouir. Au même instant Athos, qui avait rassemblé toutes ses forces pour lutter contre la douleur, vaincu enfin par elle, tomba sur le parquet comme s’il fût mort.
“Un chirurgien! cria M. de Tréville. Le mien, celui du roi, le meilleur! Un chirurgien! ou, sangdieu! mon brave Athos va tréspasser.”
Aux cris de M. de Tréville, tout le monde se précipita dans son cabinet sans qu’il songeât à en fermer la porte à personne, chacun s’empressant autour du blessé. Mais tout cet empressement eût été inutile, si le docteur demandé ne se fût trouvé dans l’hôtel même; il fendit la foule, s’approcha d’Athos toujours évanoui, et, comme tout ce bruit et tout ce mouvement le gênait fort, il demanda comme première chose et comme la plus urgente que le mousquetaire fût emporté dans une chambre voisine. Aussitôt M. de Tréville ouvrit une porte et montra le chemin à Porthos et à Aramis, qui emportèrent leur camarade dans leurs bras. Derrière ce groupe marchait le chirurgien, et derrière le chirurgien, la porte se referma.
Alors le cabinet de M. de Tréville, ce lieu ordinairement
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October 12th - 1000 Words a Day - Les Trois Mousquetaires
Chapitre 2
nom de gentilhomme, qui a été porté dignement par vos ancêtres depuis plus de cinq cents ans. Pour vous et pour les vôtres – par les vôtres, j’entends vos parents et vos amis –, ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et du roi. C’est par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, qu’un gentilhomme fait son chemin aujourd’hui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-être échapper l’appât que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous êtes jeune, vous devez être brave par deux raisons : la première, c’est que vous êtes Gascon, et la seconde, c’est que vous êtes mon fils. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre à manier l’épée ; vous avez un jarret de fer, un poignet d’acier ; battez-vous à tout propos ; battez-vous d’autant plus que les duels sont défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre. Je n’ai, mon fils, à vous donner que quinze écus, mon cheval et les conseils que vous venez d’entendre. Votre mère y ajoutera la recette d’un certain baume qu’elle tient d’une bohémienne, et qui a une vertu miraculeuse pour guérir toute blessure qui n’atteint pas le cœur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et longtemps. – Je n’ai plus qu’un mot à ajouter, et c’est un exemple que je vous propose, non pas le mien, car je n’ai, moi, jamais paru à la cour et n’ai fait que les guerres de religion en volontaire ; je veux parler de M. de Tréville, qui était mon voisin autrefois, et qui a eu l’honneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis treizième, que Dieu conserve ! Quelquefois leurs jeux dégénéraient en bataille et dans ces batailles le roi n’était pas toujours le plus fort. Les coups qu’il en reçut lui donnèrent beaucoup d’estime et d’amitié pour M. de Tréville. Plus tard, M. de Tréville se battit contre d’autres dans son premier voyage à Paris, cinq fois ; depuis la mort du feu roi jusqu’à la majorité du jeune sans compter les guerres et les sièges, sept fois ; et depuis cette majorité jusqu’aujourd’hui, cent fois peut-être ! – Aussi, malgré les édits, les ordonnances et les arrêts, le voilà capitaine des mousquetaires, c’est-à-dire chef d’une légion de Césars, dont le roi fait un très grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grand-chose, comme chacun sait. De plus, M. de Tréville gagne dix mille écus par an ; c’est donc un fort grand seigneur. – Il a commencé comme vous, allez le voir avec cette lettre, et réglez-vous sur lui, afin de faire comme lui. »
Sur quoi, M. d’Artagnan père ceignit à son fils sa propre épée, l’embrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bénédiction.
En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva sa mère qui l’attendait avec la fameuse recette dont les conseils que nous venons de rapporter devaient nécessiter un assez fréquent emploi. Les adieux furent de ce côté plus longs et plus tendres qu’ils ne l’avaient été de l’autre, non pas que M. d’Artagnan n’aimât son fils, qui était sa seule progéniture, mais M. d’Artagnan était un homme, et il eût regardé comme indigne d’un homme de se laisser aller à son émotion, tandis que Mme d’Artagnan était femme et, de plus, était mère. – Elle pleura abondamment, et, disons-le à la louange de M. d’Artagnan fils, quelques efforts qu’il tentât pour rester ferme comme le devait être un futur mousquetaire, la nature l’emporta et il versa force larmes, dont il parvint à grand-peine à cacher la moitié.
Le même jour le jeune homme se mit en route, muni des trois présents paternels et qui se composaient, comme nous l’avons dit, de quinze écus, du cheval et de la lettre pour M. de Tréville ; comme on le pense bien, les conseils avaient été donnés par-dessus le marché.
Avec un pareil vade-mecum, d’Artagnan se trouva, au moral comme au physique, une copie exacte du héros de Cervantes, auquel nous l’avons si heureusement comparé lorsque nos devoirs d’historien nous ont fait une nécessité de tracer son portrait. Don Quichotte prenait les moulins à vent pour des géants et les moutons pour des armées, d’Artagnan prit chaque sourire pour une insulte et chaque regard pour une provocation. Il en résulta qu’il eut toujours le poing fermé depuis Tarbes jusqu’à Meung, et que l’un dans l’autre il porta la main au pommeau de son épée dix fois par jour ; toutefois le poing ne descendit sur aucune mâchoire, et l’épée ne sortit point de son fourreau. Ce n’est pas que la vue du malencontreux bidet jaune n’épanouît bien des sourires sur les visages des passants ; mais, comme au-dessus du bidet sonnait une épée de taille respectable et qu’au-dessus de cette épée brillait un œil plutôt féroce que fier, les passants réprimaient leur hilarité, ou, si l’hilarité l’emportait sur la prudence, ils tâchaient au moins de ne rire que d’un seul côté, comme les masques antiques. D’Artagnan demeura donc majestueux et intact dans sa susceptibilité jusqu’à cette malheureuse ville de Meung.
Mais là, comme il descendait de cheval à la porte du Franc Meunier sans que personne, hôte, garçon ou palefrenier, fût venu prendre l’étrier au montoir, d’Artagnan avisa à une fenêtre entrouverte du rez-de-chaussée un gentilhomme de belle taille et de haute mine, quoique au visage légèrement renfrogné, lequel causait avec deux personnes qui paraissaient l’écouter avec déférence. D’Artagnan crut tout naturellement, selon son habitude, être l’objet de la conversation et écouta. Cette fois, d’Artagnan ne s’était trompé qu’à moitié : ce n’était pas de lui qu’il était question, mais de son cheval. Le gentilhomme paraissait énumérer à ses auditeurs toutes ses qualités, et comme, ainsi que je l’ai dit, les auditeurs paraissaient avoir une grande déférence pour le narrateur, ils éclataient de rire à tout moment. Or, comme un demi-sourire suffisait pour éveiller l’irascibilité du jeune homme, on comprend quel effet produisit sur lui tant de bruyante hilarité.
Cependant d’Artagnan voulut d’abord se rendre compte de la physionomie de l’impertinent qui se moquait de lui. Il fixa son regard fier sur l’étranger et reconnut un homme de quarante à quarante-cinq ans, aux yeux noirs et perçants, au teint pâle, au nez fortement accentué, à la moustache noire et parfaitement taillée ; il était vêtu d’un pourpoint et d’un haut-de-chausses violet avec des aiguillettes de même couleur, sans aucun ornement que les crevés habituels par lesquels passait la chemise. Ce haut-de-chausses et ce pourpoint, quoique neufs, paraissaient froissés comme des habits de voyage longtemps renfermés dans un portemanteau. D’Artagnan fit toutes ces remarques avec la rapidité de l’observateur le plus minutieux, et sans doute par un sentiment instinctif qui lui disait que cet inconnu devait avoir une grande influence sur sa vie à venir.
Or, comme au moment où d’Artagnan fixait son regard sur le gentilhomme au pourpoint violet, le gentilhomme faisait à l’endroit du bidet béarnais une de ses plus savantes et de ses plus profondes démonstrations, ses deux auditeurs éclatèrent de rire, et lui-même laissa visiblement, contre son habitude, errer, si l’on peut parler ainsi, un pâle sourire sur son visage. Cette fois, il n’y avait plus de doute, d’Artagnan était réellement insulté. Aussi, plein de cette conviction, enfonça-t-il son béret sur ses yeux, et, tâchant de copier quelques-uns des airs de cour qu’il avait surpris en Gascogne chez des seigneurs en voyage, il s’avança, une main sur la garde de son épée et l’autre appuyée sur la hanche. Malheureusement, au fur et à mesure qu’il avançait, la colère l’aveuglant de plus en plus, au lieu du discours digne et hautain qu’il avait préparé pour formuler sa provocation, il ne trouva plus au bout de sa langue qu’une personnalité grossière qu’il accompagna d’un geste furieux.
« Eh ! Monsieur, s’écria-t-il, monsieur, qui vous cachez derrière ce volet ! oui, vous, dites-moi donc un peu de quoi vous riez, et nous rirons ensemble. »
Le gentilhomme ramena lentement les yeux de la monture au cavalier, comme s’il lui eût fallu un certain temps pour comprendre que c’était à lui que s’adressaient de si étranges reproches ; puis, lorsqu’il ne put plus conserver aucun doute, ses sourcils se froncèrent légèrement, et après une assez longue pause, avec un accent d’ironie et d’insolence impossible à décrire, il répondit à d’Artagnan :
« Je ne vous parle pas, monsieur.
– Mais je vous parle, moi ! » s’écria le jeune homme exaspéré de ce mélange d’insolence et de bonnes manières, de convenances et de dédains.
L’inconnu le regarda encore un instant avec son léger sourire, et, se retirant de la fenêtre, sortit lentement de l’hôtellerie pour venir à deux pas de d’Artagnan se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublé l’hilarité de ceux avec lesquels il causait et qui, eux, étaient restés à la fenêtre.
D’Artagnan, le voyant arriver, tira son épée d’un pied hors du fourreau.
« Ce cheval est décidément ou plutôt a
The end of 1626 words.
La COPIE -
13.13pm
nom de gentilhomme, qui a été porté dignement par vos ancêtres depuis plus de cinq cents ans. Pour vous et pour les vôtres - par les vôtres, j’entends vos parents et vos amis -, ne supportez jamais rien que de M.le cardinal et du roi. C’est par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, qu’un gentilhomme fait son chemin aujourd’hui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-être échapper l’appât que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous étes jeune, vous devez être brave par deux raisons: la première, c’est que vous êtes Gascon, et la seconde, c’est que vous êtes mon fils. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre à manier l’épée; vous avez un jarret de fer, un poignet d’acier; battez-vous à tout propos; battez-vous d’autant plus que les duels sont défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre. Je n’ai, mon fils, à vous donner que quinze écus, mon cheval et les conseils que vous venez d’entendre. Votre mèere y ajoutera la recette d’un certain baume qu’elle tient d’une bohémienne, et qui a une vertu miraculeuse pour guérir toute blessure qui n’atteint pas le coeur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et longtemps. - Je n’ai plus qu’un mot à ajouter, et c’est un exemple que je vous propose, non pas le mien, car je n’ai, moi, jamais paru à la cour et n’ai fait que les guerres de religion en volontaire; je veux parler de M. de Tréville, qui était mon voisin autrefois, et qui a eu l’honneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis treizième, que Dieu conserve! Quelquefois leurs jeux dégénéraient en bataille et dans ces batailles le roi n’était pas toujours le plus fort. Les coups qu’il en reçut lui donnèrent beaucoup d’estime et d’amitié pour M. de Tréville. Plus tard, M. de Tréville se battit contre d’autres dans son premier voyage à Paris, cinq fois; depuis la mort du feu roi jusqu’à la majorité du jeune sans compter les guerres et les sièges, sept fois; et depuis cette majorité jusqu’aujourd’hui, cent fois peut-être! - Aussi, malgré les édits, les ordannances et les arrêts, le voilà capitaine des mousquetaires, c’est-à-dire chef d’une légion de Césars, dont le roi fait un très grand cas, et que M.le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grand-chose, comme chacun sait. De plus, M. de Tréville gagne dix mille écus par an; c’est donc un fort grand seigneur. - Il a commencé comme vous, allez le voir avec cette lettre, et réglez-vous sur lui, afin de faire comme lui.”
Sur quoi, M. d’Artagnan père ceignit à son fils sa propre épée, l’embrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bénédiction.
En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva se mère qui l’attendait avec la fameuse recette dont les conseils que nous venons de rapporter devaient nécessiter un assez fréquent emploi. Les adieux furent de ce côté plus longs et plus tendres qu’ils ne l’avaient été de l’autre, non pas que M. d’Artagnan n’aimât son fils, qui était sa seule progéniture, mais M. d’Artagnan était un homme, et il eût regardé comme indigne d’un homme de se laisser aller à son émotion, tandis que Mme d’Artagnan était femme et, de plus, était mère. - Elle pleura abondamment, et, disons-le à la louange de M. d’Artagnan fils, quelques efforts qu’il tentât pour rester ferme comme le devait être un futur musquetaire, la nature l’emporta et il versa force larmes, dont il parvint à grand-peine à cacher la moitié.
Le même jour le jeune homme se mit en route, muni des trois présents paternels et qui se composaient, comme nous l’avons dit, de quinze écus, du cheval et de la lettre pour M. de Tréville; comme on le pense bien, les conseils avaient été donnés par-dessus le marché.
Avec un pareil vade-mecum, d’Artagnan se trouva, au moral comme au physique, une copie exacte du héros de Cervantes, auquel nous l’avons si heureusement comparé lorsque nos devoirs d’historien nous ont fait une nécessité de tracer son portrait. Don Quichotte prenait les moulins à vent pour des géants et les moutons pour des armées, d’Artagnan prit chaque sourire pour une insulte et chaque regard pour une provocation. Il en résulta qu’il eut toujours le poing fermé depuis Tarbes jusqu’à Meung, et que l’un dans l’autre il porta la main au pommeau de son épée dix fois; toutefois le poing ne descendit sur aucune mâchoire, et l’épée ne sortit point de son fourreau. Ce n’est pas que la vue du malencontreux bidet jaune n’épanouît bien des sourires sur les visages des passants; mais, comme au-dessus du bidet sonnait une épée de taille respectable et qu’au-dessus de cette épée brillait un oeil plutôt féroce que fier, les passants réprimaient leur hilarité, ou, si l’hilarité l’emportait sur la prudence, ils tâchaient au moins de ne rire que d’un seul côté, comme les masque antiques. D’Artagnan demeura donc majestueux et intact dans sa susceptibilité jusqu’à cette malheureuse ville de Meung.
Mais là, comme il descendait de cheval à la porte du Franc Meunier sans que personne, hôte, garçon ou palefrenier, fût venu prendre l’étrier au montoir, d’Artagnan avisa à une fenêtre entrouverte du rez-de-chausée un gentilhomme de belle taille et de haute mine, quoique au visage légèrement renfrogné, lequel causait avec deux personnes qui paraissaient l’écouter avec déférence.  D’Artagnan crut tout naturellement, selon son habitude, être l’objet de la conversation et écouta. Cette fois, d’Artagnan ne s’était trompé qu’à moitié: ce n’était pas de lui qu’il était question, mais de son cheval. Le gentilhomme paraissait énumérer à ses auditeurs toutes ses qualités, et comme, ainsi que je l’ai dit, les auditeurs paraissaient avoir une grande déférence pour le narrateur, ils éclataient de rire à tout moment. Or, comme un demi-sourire suffisait pour éveiller l’irascibilité du jeune homme, on comprend quel effet produisit sur lui tant de bruyante hilarité.
Cependant d’Artagnan voulut d’abord se rendre compte de la physionomie de l’impertinent qui se moquait de lui. Il fixa son regard fier sur l’étranger et reconnut un homme de quarante à quarante-cinq ans, aux yeux noirs et perçants, au teint pâle, au nez fortement accentué, à la moustache noire et parfaitement taillée; il était vêtu d’un pourpoint et d’un haut-de-chausses violet avec des aiguillettes de même couleur, sans aucun ornement que les crevés habituels par lesquels passait la chemise. Ce haut-de-chausses et ce pourpoint, quoique neufs, paraissaient froissés comme des habits de voyage longtemps renfermés dans un portemanteau. D’Artagnan fit toutes ces remarques avec la rapidité de l’observateur le plus minutieux, et sans doute par un sentiment instinctif qui lui disait que cet inconnu devait avoir une grande influence sur sa vie à venir.
Or, comme au moment où d’Artagnan fixait son regard sur le gentilhomme au pourpoint violet, le gentilhomme faisait à l’endroit du bidet béarnais une de ses plus savantes et de ses plus profondes démonstrations, ses deux auditeurs éclatèrent de rire, et lui-même laissa visiblement, contre son habitude, errer, si l’on peut parler ainsi, un pâle sourire sur son visage. Cette fois, il n’y avait plus de doute, d’Artagnan était réellement insulté. Aussi, plein de cette convinction, enfonça-t-il son béret sur ses yeux, et, tâchant de copier quelques-uns des airs de cour qu’il avait surpris en Gascogne chez des seigneurs en voyage, il s’avança, une main sur la garde de son épée et l’autre appûyée sur la hanche. Malheureusement, au fur et à mesure qu’il avançait, la colère l’aveuglant de plus en plus, au lieu du discours digne et hautain qu’il avait préparé pour formuler sa provocation, il ne trouva plus au bout de sa langue qu’une personnalité grossière qu’il accompagna d’un geste furieux.
“Eh! Monsieur, s’écria-t-il, monsieur, qui vous cachez derrière ce volet! oui, vous, dites-moi donc un peu de quoi vous riez, et nous rirons ensemble.”
Le gentilhomme ramena lentement les yeux de la monture au cavalier, comme s’il lui eût fallu un certain temps pour comprendre que c’était à lui que s’adressaient de si étranges reproches; puis, lorsqu’il ne put plus conserver aucun doute, ses sourcils se froncèrent légèrement, et après une assez longue pause, avec un accent d’ironie et d’insolence impossible à décrire, il répondit à d’Artagnan:
“Je ne vous parle pas, monsieur.
- Mais je vous parle, moi!” s’écria le jeune homme exaspéré de ce mélange d’insolence et de bonnes manières, de convenances et de dédains.
L’inconnu le regarda encore un instant avec son léger sourire, et, se retirant de la fenêtre, sortit lentement de l’hôtellerie pour venir à deux pas de d’Artagnan se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublé l’hilarité de ceux avec lesquels il causait et qui, eux, étaient restés à la fenêtre.
D’Artagnan, le voyant arriver, tira son épée d’un pied hors du fourreau.
“Ce cheval est décidément ou plutôt a
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October 11th - 1000 Words a Day - Les Trois Mousquetaires
Chapitre 1
LES TROIS MOUSQUETAIRES
(1844)
INTRODUCTION
Il y a un an à peu près, qu’en faisant à la Bibliothèque royale des recherches pour mon histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur les Mémoires de M. d’Artagnan, imprimés – comme la plus grande partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille – à Amsterdam, chez Pierre Rouge. Le titre me séduisit : je les emportai chez moi, avec la permission de M. le conservateur ; bien entendu, je les dévorai.
Mon intention n’est pas de faire ici une analyse de ce curieux ouvrage, et je me contenterai d’y renvoyer ceux de mes lecteurs qui apprécient les tableaux d’époques. Ils y trouveront des portraits crayonnés de main de maître ; et, quoique les esquisses soient, pour la plupart du temps, tracées sur des portes de caserne et sur des murs de cabaret, ils n’y reconnaîtront pas moins, aussi ressemblantes que dans l’histoire de M. Anquetil, les images de Louis XIII, d’Anne d’Autriche, de Richelieu, de Mazarin et de la plupart des courtisans de l’époque.
Mais, comme on le sait, ce qui frappe l’esprit capricieux du poète n’est pas toujours ce qui impressionne la masse des lecteurs. Or, tout en admirant, comme les autres admireront sans doute, les détails que nous avons signalés, la chose qui nous préoccupa le plus est une chose à laquelle bien certainement personne avant nous n’avait fait la moindre attention. D’Artagnan raconte qu’à sa première visite à M. de Tréville, le capitaine des mousquetaires du roi, il rencontra dans son antichambre trois jeunes gens servant dans l’illustre corps où il sollicitait l’honneur d’être reçu, et ayant nom Athos, Porthos et Aramis.
Nous l’avouons, ces trois noms étrangers nous frappèrent, et il nous vint aussitôt à l’esprit qu’ils n’étaient que des pseudonymes à l’aide desquels d’Artagnan avait déguisé des noms peut-être illustres, si toutefois les porteurs de ces noms d’emprunt ne les avaient pas choisis eux-mêmes le jour où, par caprice, par mécontentement ou par défaut de fortune, ils avaient endossé la simple casaque de mousquetaire.
Dès lors nous n’eûmes plus de repos que nous n’eussions retrouvé, dans les ouvrages contemporains, une trace quelconque de ces noms extraordinaires qui avaient fort éveillé notre curiosité.
Le seul catalogue des livres que nous lûmes pour arriver à ce but remplirait un feuilleton tout entier, ce qui serait peut-être fort instructif, mais à coups sûr peu amusant pour nos lecteurs. Nous nous contenterons donc de leur dire qu’au moment où, découragé de tant d’investigations infructueuses, nous allions abandonner notre recherche, nous trouvâmes enfin, guidé par les conseils de notre illustre et savant ami Paulin Paris, un manuscrit in-folio, coté le n° 4772 ou 4773, nous ne nous le rappelons plus bien, ayant pour titre :
« Mémoires de M. le comte de La Fère, concernant quelques-uns des événements qui se passèrent en France vers la fin du règne du roi Louis XIII et le commencement du règne du roi Louis XIV. »
On devine si notre joie fut grande, lorsqu’en feuilletant ce manuscrit, notre dernier espoir, nous trouvâmes à la vingtième page le nom d’Athos, à la vingt-septième le nom de Porthos, et à la trente et unième le nom d’Aramis.
La découverte d’un manuscrit complètement inconnu, dans une époque où la science historique est poussée à un si haut degré, nous parut presque miraculeuse. Aussi nous hâtâmes-nous de solliciter la permission de le faire imprimer, dans le but de nous présenter un jour avec le bagage des autres à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, si nous n’arrivions, chose fort probable, à entrer à l’Académie française avec notre propre bagage. Cette permission, nous devons le dire, nous fut gracieusement accordée ; ce que nous consignons ici pour donner un démenti public aux malveillants qui prétendent que nous vivons sous un gouvernement assez médiocrement disposé à l’endroit des gens de lettres.
Or, c’est la première partie de ce précieux manuscrit que nous offrons aujourd’hui à nos lecteurs, en lui restituant le titre qui lui convient, prenant l’engagement, si, comme nous n’en doutons pas, cette première partie obtient le succès qu’elle mérite, de publier incessamment la seconde.
En attendant, comme le parrain est un second père, nous invitons le lecteur à s’en prendre à nous, et non au comte de La Fère, de son plaisir ou de son ennui.
Cela posé, passons à notre histoire.
CHAPITRE PREMIER
LES TROIS PRÉSENTS DE M. D’ARTAGNAN PÈRE
Le premier lundi du mois d’avril 1625, le bourg de Meung, où naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les femmes du côté de la Grande-Rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d’endosser la cuirasse et, appuyant leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une pertuisane, se dirigeaient vers l’hôtellerie du Franc Meunier, devant laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compact, bruyant et plein de curiosité.
En ce temps-là les paniques étaient fréquentes, et peu de jours se passaient sans qu’une ville ou l’autre enregistrât sur ses archives quelque événement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux ; il y avait le roi qui faisait la guerre au cardinal ; il y avait l’Espagnol qui faisait la guerre au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrètes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre à tout le monde. Les bourgeois s’armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais, – souvent contre les seigneurs et les huguenots, – quelquefois contre le roi, – mais jamais contre le cardinal et l’Espagnol. Il résulta donc de cette habitude prise, que, ce susdit premier lundi du mois d’avril 1625, les bourgeois, entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrée du duc de Richelieu, se précipitèrent du côté de l’hôtel du Franc Meunier.
Arrivé là, chacun put voir et reconnaître la cause de cette rumeur.
Un jeune homme… – traçons son portrait d’un seul trait de plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d’un pourpoint de laine dont la couleur bleue s’était transformée en une nuance insaisissable de lie-de-vin et d’azur céleste. Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe d’astuce ; les muscles maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait un béret orné d’une espèce de plume ; l’œil ouvert et intelligent ; le nez crochu, mais finement dessiné ; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et qu’un œil peu exercé eût pris pour un fils de fermier en voyage, sans sa longue épée qui, pendue à un baudrier de peau, battait les mollets de son propriétaire quand il était à pied, et le poil hérissé de sa monture quand il était à cheval.
Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture était même si remarquable, qu’elle fut remarquée : c’était un bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, sans crins à la queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant la tête plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile l’application de la martingale, faisait encore également ses huit lieues par jour. Malheureusement les qualités de ce cheval étaient si bien cachées sous son poil étrange et son allure incongrue, que dans un temps où tout le monde se connaissait en chevaux, l’apparition du susdit bidet à Meung, où il était entré il y avait un quart d’heure à peu près par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la défaveur rejaillit jusqu’à son cavalier.
Et cette sensation avait été d’autant plus pénible au jeune d’Artagnan (ainsi s’appelait le don Quichotte de cette autre Rossinante), qu’il ne se cachait pas le côté ridicule que lui donnait, si bon cavalier qu’il fût, une pareille monture ; aussi avait-il fort soupiré en acceptant le don que lui en avait fait M. d’Artagnan père. Il n’ignorait pas qu’une pareille bête valait au moins vingt livres : il est vrai que les paroles dont le présent avait été accompagné n’avaient pas de prix.
« Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon – dans ce pur patois de Béarn dont Henri IV n’avait jamais pu parvenir à se défaire –, mon fils, ce cheval est né dans la maison de votre père, il y a tantôt treize ans, et y est resté depuis ce temps-là, ce qui doit vous porter à l’aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, ménagez-le comme vous ménageriez un vieux serviteur. À la cour, continua M. d’Artagnan père, si toutefois vous avez l’honneur d’y aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne des droits, soutenez dignement votre
The end of 1595 words.
La COPIE -
16.23pm
LES TROIS MOUSQUETAIRES
(1844)
INTRODUCTION
Il y a un an à peu près, qu’en faisant à la Bibliothèque royale des recherches pour mon histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur les Mémoires de M.d’Artagnan, imprimés - comme la plus grande partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille - à Amsterdam, chez Pierre Rouge. Le titre me séduisit: je les emportai chez moi, avec la permission de M. le conservateur; bien entendu, je les dévorai.
Mon intention n’est pas de faire ici une analyse de ce curieux ouvrage, et je me contenterai d’y renvoyer ceux de mes lecteurs qui apprécient les tableaux d’époques. Ils y trouveront des portraits crayonnés de main de maître; et, quoique les esquisses soient, pour la plupart du temps, tracées sur des portes de caserne et sur des murs de cabaret, ils n’y reconnaîtront pas moins, aussi ressemblantes que dans l’histoire de M.Anquetil, les images de Louis XIII, d’Anne d’Autriche, de Richelieu, de Mazarin et de la plupart des courtisans de l’époque.
Mais, comme on le sait, ce qui frappe l’esprit capricieux du poète n’est pas toujours ce qui impressionne la masse des lecteurs. Or, tout en admirant, comme les autres admireront sans doute, les détails que nous avons signalés, la chose qui nous préoccupa le plus est une chose à laquelle bien certainement personne avant nous n’avait fait la moindre attention. D’Artagnan raconte qu’à sa première visite à M. de Tréville, le capitaine des mousquetaires du roi, il rencontra dans son antichambre trois jeunes gens servant dans l’illustre corps où il sollicitait l’honneur d’être reçu, et ayant nom Athos, Porthos et Aramis.
Nous l’avouons, ces trois noms étrangers nous frappèrent, et il nous vint aussitôt à l’esprit qu’ils n’étaient que des pseudonymes à l’aide desquels d’Artagnan avait déguisé des noms peut-être illustres, si toutefois les porteurs de ces noms d’emprunt ne les avaient pas choisis eux-mêmes le jour où, par caprice, par mécontentement ou par défaut de fortune, ils avaient endossé la simple casaque de mousquetaire.
Dès lors nous n’eûmes plus de repos que nous n’eussions retrouvé, dans les ouvrages contemporains, une trace quelconque de ces noms extraordinaires qui avaient fort éveillé notre curiosité.
Le seul catalogue des livres que nous lûmes pour arriver à ce but remplirait un feuilleton tout entier, ce qui serait peut-être fort instructif, mais à coups sûr peu amusant pour nos lecteurs. Nous nous contenterons donc de leur dire qu’au moment où, découragé de tant d’investigations infructueuses, nous allions abandonner notre recherche, nous trouvâmes enfin, guidé par les conseils de notre illustre et savant ami Paulin Paris, un manuscrit in-folio, coté le n° 4772 ou 4773, nous ne nous le rappelons plus bien, ayant pour titre:
“Mémoires de M.le comte de La Fère, concernant quelques-uns des événements qui se passèrent en France vers la fin du règne du roi Louis XIII et le commencement du règne du roi Louis XIV.”
On devine si notre joie fut grande, lorsqu’en feuilletant ce manuscrit, notre dernier espoir, nous trouvâmes à la vingtième page le nom d’Athos, à la vingt-septième le nom de Porthos, et à la trente et unième le nom d’Aramis.
La découverte d’un manuscrit complètement inconnu, dans une époque où la science historique est poussée à un si haut degré, nous parut presque miraculeuse. Aussi nous hâtâmes-nous de solliciter la permission de le faire imprimer, dans le but de nous présenter un jour avec le bagage des autres à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, si nous n’arrivions, chose fort probable, à entrer à l’Académie française avec notre propre bagage. Cette permission, nous devons le dire, nous fut gracieusement accordée; ce que nous consignons ici pour donner un démenti public aux malveillants qui prétendent que nous vivons sous un gouvernement assez médiocrement disposé à l’endroit des gens de lettres.
Or, c’est la première partie de ce précieux manuscrit que nous offrons aujourd’hui à nos lecteurs, en lui restituant le titre qui lui convient, prenant l’engagement, si, comme nous n’en doutons pas, cette première partie obtient le succès qu’elle mérite, de publier incessamment la seconde.
En attendant, comme le parrain est un second père, nous invitons le lecteur à s’en prendre à nous, et non au comte de La Fère, de son plaisir ou de son ennui.
Cela posé, passons à notre histoire.
CHAPITRE PREMIER
LES TROIS PRÉSENTS DE M.D’ARTAGNAN PÈRE
Le premier lundi du mois d’avril 1625, le bourg de Meung, où naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les femmes du côté de la Grande-Rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d’endosser la cuirasse et, appuyant leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une pertuisane, se dirigeaient vers l’hôtellerie du Franc Meunier, devant laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compact, bruyant et plein de curiosité.
En ce temps-là les paniques étaient fréquentes, et peu de jours se passaient sans qu’une ville ou l’autre engregistrât sur ses archives quelque événement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux; il y avait le roi qui faisait la guerre au cardinal; il y avait l’Espagnol qui faisait la guerre au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrètes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre à tout le monde. Les bourgeois s’armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais, - souvent contre les seigneurs et les huguenots, - quelquefois contre le roi, - mais jamais contre le cardinal et l’Espagnol. Il résulta donc de cette habitude prise, que, ce susdit premier lundi du mois d’avril 1625, les bourgeois, entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrée du duc de Richelieu, se précipitèrent du côté de l’hôtel de Franc Meunier.
Arrivé là, chacun put voir et reconnaître la cause de cette rumeur.
Un jeune homme... - traçons son portrait d’un seul trait de plume: figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d’un pourpoint de laine dont la couleur bleue s’était transformée en une nuance insaisissable de lie-de-vin et d’azur céleste. Visage long et brun; la pommette des joues saillante, signe d’astuce; les muscle”s maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait un béret orné d’une espèce de plume; l’oeil ouvert et intelligent; le nez crochu, mais finement dessiné; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et qu’un oeil peu exercé eût pris pour un fils de fermier en voyage, sans sa longue épée qui, pendue à un baudrier de peau, battait les mollets de son propriètaire quand il était à pied, et le poil hérissé de sa monture quand il était à cheval.
Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture était même si remarquable, qu’elle fut remarquée: c’était un bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, sans crins à la queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant la tête plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile l’application de la martingale, faisait encore également ses huit lieues par jour. Malheureusement les qualités de ce cheval étaient si bien cachées sous son poil étrange et son allure incongrue, que dans un temps où tout le monde se connaissait en chevaux, l’apparition du susdit bidet à Meung, où il était entré il y avait un quart d’heure à peu près par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la défaveur rejaillit jusqu’à son cavalier.
Et cette sensation avait été d’autant plus pénible au jeune d’Artagnan (ainsi s’appelait le don Quichotte de cette autre Rossinante), qu’il ne se cachait pas le côté ridicule que lui donnait, si bon cavalier qu’il fût, une pareille monture; aussi avait-il fort soupiré en acceptant le don que lui en avait fait M.d’Artagnan père. Il n’ignorait pas qu’une pareille bête valait au moins vingt livres: il est vrai que les paroles dont le présent avait été accompagné n’avaient pas de prix.
“Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon - dans ce pur patois de Béarn dont Henri IV n’avait jamais pu parvenir à se défaire -, mon fils, ce cheval est né dans la maison de votre père, il y a tantôt treize ans, et y est resté depuis ce temps-là, ce qui doit vous porter à l’aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, ménagez-le comme vous ménageriez un vieux serviteur. À la cour, continua M. d’Artagnan père, si toutefois vous avez l’honneur d’y aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne des droits, soutenez dignement votre
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