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#gamin au képi
alexar60 · 1 year
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L’enfant des fées (2)
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Le premier épisode est disponible à ce lien
Sa moustache se dessinait parfaitement sur son visage. Louis venait de tailler les bords, cependant, ses pensées s’orientaient encore sur la petite Jeanne. Il revoyait sa visite médicale auprès d’un médecin appelé d’urgence. Le savant, un vieil homme d’une cinquantaine d’années, à la barbe blanche, restait sceptique face aux ecchymoses ainsi qu’aux brulures sur la peau de la fillette. Il avait beau poser des questions, il n’obtenait que des mots mal articulés dans des phrases incomplètes. Louis fut pris de colère en regardant le corps squelettique de Jeanne. Elle ne mangeait pas à sa faim, c’était évident.
Le docteur s’éloigna dans un coin du cabinet, emmenant le commissaire avant de murmurer à son oreille :
-          Vous me dites qu’elle vient d’un milieu aisé ? En êtes-vous certain ?
Les deux hommes observèrent silencieusement Jeanne. Ses cheveux décoiffés couleur paille, le visage bruni par la saleté, des traces noires et bleues visibles à l’œil nu sur les bras, elle ressemblait plus à un fragile épouvantail qu’à une petite fille modèle.
-          J’ai déjà vu des cas similaires dans les bas-fonds de Glasgow et de Londres, pendant mes études, de l’autre côté de la Manche. Mais ces enfants vivaient dans des taudis…pas dans un château, ajouta-t-il.
En fixant plus attentivement, Louis constata de nouveau la maigreur de la gamine. Ses côtes se dessinaient à travers la peau. Il soupira lorsqu’un cri le ramena à la réalité. Une femme intervint en haussant la voix. Une petite voix répondit en promettant de ne plus recommencer. Le commissaire passa ses bras dans un gilet avant de descendre et rejoindre sa famille.
Dans la cuisine, son ainée, Henriette ramassait les restes d’une assiette tombée sur le sol, pendant que son épouse nourrissait un bambin assis sur une chaise longue. L’enfant sourit en voyant Louis.
-          Papa !
Il ria de toutes ses dents. Peu après, il sortit sans avoir oublié d’embrasser tout le monde, sa femme et ses trois enfants. Il aimait énormément ses petits, même s’il ne les voyait pas souvent.
Ce matin-là, il ne faisait pas beau et il oublia son parapluie. Malgré le crachin, il faillit flâner dans le jardin des plantes. Cependant, il remonta l’Erdre à pieds, jusqu’au commissariat, son lieu de travail. Un agent affublé d’une cape et d’un képi, en garde devant l’ancienne caserne, salua Louis qui l’ignora totalement. Il remarqua la limousine de Dion dans laquelle il était monté trois mois plus tôt. Il reconnut son chauffeur qui attendait sagement, le moteur en marche. Soudain Léon, son second l’interpela :
-          On t’attendait ! affirma-t-il.
Et sans obtenir de réponse, il se retrouva dans la voiture qui démarra à toute trombe, faillant renverser un cycliste en sortant de la cours. Durant le trajet, Louis se remémora sa discussion avec le médecin. Il se souvint comment une nonne, travaillant comme infirmière, aida Jeanne à se rhabiller, lui donnant au passage quelques leçons de dictions. Son regard croisa celui de la fillette. Elle semblait triste et perdue, ne comprenant pas pourquoi on était gentil ; pourquoi elle était si seule. Puis elle sortit entrainée par l’infirmière vers une salle d’eau, avant de rejoindre un orphelinat.
-          Je crains qu’elle n’ait des séquelles, annonça-le médecin. Et pour la procédure ?
Le crachin laissa place à un rayon de soleil. Toutefois la route demeurait mouillée voire boueuse en certains endroits. Léon frotta sa casquette. Assis à côté du chauffeur, il se retourna pour distraire son chef de ses pensées. Il annonça une nouvelle pourtant énervante.
-          Joubert est déjà parti. Il devrait nous attendre !
Louis détestait ce magistrat de pacotille. Leur dernière discussion avait fini par l’humiliation du commissaire. Il se revoyait dans le bureau du juge qui, ne s’était pas retenu pour faire la morale. En fait, c’était un lèche-cul de première auprès des personnes de bonne société.
-          Enlever un enfant de sa famille est une honte ! avait-il hurlé. Ce n’était pas votre rôle de vous déplacer pour une histoire pareille ! Vous êtes au service de l’Etat pour nous débarrasser de la racaille, certainement pas pour discréditer des familles honorables et  exemplaires!
A la demande du père qui était revenu de voyage, Jeanne fut restituée à ses parents. Pour Louis, il était évident que ce fut une terrible erreur, mais son opinion ainsi que celle du médecin ne changèrent rien à la décision du juge Joubert ; Il voulut se faire mousser auprès d’une des plus grosses fortunes de Bretagne.
Le portail était grand ouvert, la voiture entra sans ralentir. Devant, plusieurs gendarmes saluèrent les passagers du véhicule. L’allée sembla plus longue qu’à sa première visite. Louis observa le château grandir, s’approcher. Enfin, le véhicule s’arrêta, il descendit sans attendre l’arrêt du moteur. Puis, il prit la direction du parc, vers les policiers visibles à l’orée d’un bois.
Il connaissait l’horreur de la nuit. Il savait ce qu’il s’était passé. Pourtant, il ne pouvait y croire. Il marcha cherchant des têtes connus. Il comprit en voyant la mine déconfite d’un homme qu’il s’agissait du père. Il était encore en robe de chambre. Le commissaire marcha plus vite. Il approcha du lieu du crime. Son regard s’agrandit. Il porta la main sur sa bouche ouverte. Il était devant l’horreur. Ce qu’il ne voulait pas croire. Joubert s’approcha, il gardait la tête basse sous un chapeau de feutre noir.
-          Je suis désolé, murmura-t-il. Si j’avais su…
Louis dévisagea le juge. La colère l’envahit, toutefois, il rangea le poing sans sa poche. Mais, il souhaitait avoir un moment de discrétion pour le cogner. Le bruit d’un appareil photographique ramena son attention sur le crime. Il avait envie de pleurer.
Les policiers regardèrent le tas de cendre sans savoir quoi faire. Ils demeurèrent impuissants, à la fois pris de dégout et de tristesse, devant le petit corps carbonisé de Jeanne au milieu du bucher improvisé. Ses doigts comprimés laissèrent à penser qu’elle était encore vivante quand elle prit feu. Un officier de gendarmerie, képi sous le bras se présenta. Il claqua les talons.
-          Apparemment, elle a été sortie en pleine nuit par sa mère. Cette dernière l’aurait aspergée de pétrole et l’aurait enflammée. La petite n’a pas pu se défendre.
Un sanglot envahit sa voix à chacun de ses mots. Il déglutit puis regarda au loin. Ecœuré, il cracha au sol pour maudire la femme qui sortait du manoir, encadrée par deux de ses hommes. Ses cheveux longs et bruns pendant le long de son corps et de sa figure, amplifièrent sa folie. A la demande de son mari, elle ne portait pas de menottes. Elle marchait lentement, recouverte d’une robe de nuit et d’un châle sur les épaules. Elle tenait dans ses bras une bûche. Quelques protubérances offraient au morceau de bois une forme de visage.
Louis courut vers elle. Il avait besoin de comprendre comment une mère pouvait tuer aussi sauvagement son enfant. Elle s’arrêta lorsqu’elle le vit. Son visage irradiait, ses yeux brillèrent, illuminés par le bonheur. Elle serra le rondin contre sa poitrine et soupira.
-          Elle est revenue ! Vous voyez, j’ai bien fait de m’être débarrassée du monstre. Ils me l’ont rendue, ma petite Jeanne.
Elle se mit à chanter une comptine, tout en berçant la buche. Les policiers demeurèrent effarés devant ses baisers sur le bois.
-          Je ne t’abandonnerai plus jamais, susurra-t-elle au morceau de bois.
Puis, elle partit emmenée par les gendarmes. Un corbeau vola au-dessus des cimes des arbres. Son croassement effraya les autres oiseaux qui s’envolèrent subitement. Au loin, on entendait une cloche ; le tocsin annonçait la guerre.
En ce trois août 1914, Louis Macé comprit qu’à l’image de Béatrice Grayo de Kersilly,  le monde devenait fou.
Alex@r60 – février 2023
Dessin de Rim Baudey
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bioaesthetics · 2 years
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Lew Parrella. 1976. Lina Bo Bardi testa suporte de vidro para a Pinacoteca do MASP.
Vincent van Gogh. 1888. Gamin au képi.
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kawakeiko · 4 years
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Estudo sobre a pintura do Van Gogh, “Gamin au Képi”, que faz parte do acervo do @masp :) Também é a pintura favorita do @zeppodan do Masp. Quando um amigo conta sobre o que ama, o que o move, aquilo ganha uma nova dimensão, um novo significado, dum jeito muito bom :) Study after a Van Gogh painting, “Gamin au Képi”, which is in @masp ‘s collection. This painting is @zeppodan ‘s favourite painting showcased at Masp. I feel like when a friend talks about the things they love, those subjects gains new meanings and dimensions, in a good way :) #vangogh #masp #acervo #maspemcasa #digital #procreate #study #painting #gaminaukepi https://www.instagram.com/p/B_yPUrtJB9Y/?igshid=1rfqdc1xhpukm
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darkpalmor · 5 years
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9 JANVIER 2019
Programme royal
Les amorces d’Amélie (10-15 minutes) : Affaire à suivre ! www.ameliecharcosset.com  « Je n’en étais pas à mon coup d’essai. »
Je n’en étais pas à mon coup d’essai dans les beaux quartiers. J’y allais donc en toute tranquillité, certain de réussir. Des voitures étaient garée assez loin des lampadaires, les trottoirs larges bordés de grilles étaient déserts. Pas un chat, pas un képi à l’horizon. Il faisait trop froid. J’avais le tour de main nécessaire pour ma cueillette du soir. Je visais cinq étoiles, pas une de moins. Une légère torsion de côté, un arrachage comme pour un bouchon de bourgogne rétif, et le bruit du ressort qui casse, c’était ainsi, la chasse. Mes clients, et mes clientes, pourraient se fabriquer des porte-clefs originaux, lourds, solides, chromés. Je ne me chargeais pas du service après-vente : c’est à chacun ses goûts. La première fut facile. Elle céda sans résistance. Cinquante mètres plus loin, je voyais l’arrière de la suivante. Ce serait un jeu d’enfant. Je ferais la série, et il ne me resterait qu’à marcher vite, de l’air du gars qui rentre se réchauffer chez lui, et frotte ses gants l’un contre l’autre. Et la plaque de verglas n’était pas signalée. Je suis resté deux heures au sol, jambe cassée, juste à côté de la Mercedes qui me narguait, étoile inviolée.
À juste titre (10-15 minutes maximum) : Première page attirante. On écrit un court texte à partir d’un titre imposé par l’animateur. Ce texte sera ici la première page du roman dont le titre est «La loi du Fouettard», par Noël Le Gal, Série Noire, Gallimard, 2017. On s’efforcera de rendre cette première page attractive, de manière à ce que le lecteur se sente contraint de lire la suite. On pourra s’interrompre au milieu d’une phrase…
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La part de réel dans les explications de l’unique témoin, c’était le plus difficile à discerner. Parce que le témoin, c’était un bavard. Un bavard bègue, à moitié dessaoulé, et qui ne craignait pas les redites. Alors l’inspecteur patientait, faisait reprendre un détail, mais le détail changeait souvent. Les nuances de forme et de couleur, c’était son fort, au témoin. Le seul point sur lequel il ne déviait pas, entre deux hoquets, c’était le fouet. Mais c’était cela, le plus bizarre. Que venait faire un fouet dans un égorgement ? La victime continuait de se vider, calmement, ça ne datait pas de plus de dix minutes. « Il avait un fouet, je vous dit, m’sieur l’agent ; un  drôle de fouet. Et je me suis baissé derrière les poubelles quand j’ai vu comment il menaçait la pauvre dame. Après, quand elle a eu fini de crier, je me suis relevé et j’ai gueulé. Et puis vous êtes arrivés, tous, vous autres. Mais ce gars-là, je l’ai pas vu arriver. Il venait d’en haut, comme du mur, ou de la fenêtre, ou bien des arbres. Peut-être. Et puis il avait un grand sac. Ou bien un manteau gonflé. Et puis une espèce de bonnet. Vous me croyez pas, m’sieur ? Y avait d’abord la bonne femme toute seule, loin devant moi, et puis il est arrivé avec son fouet. Il sortait de nulle part, je vous…
Expérimental (5 minutes) : LSD, Littérature sémio-définitionnelle à visée poétique. On part d’une phrase (littéraire ou non) assez banale et plate et on en développe le plus grand nombre possible de substantifs, de verbes, par des périphrases censées représenter leur sens. Il s’agit d’allonger et de rendre très imagée la phrase de départ. Phrase imposée : René Bazin, Ma tante Giron (1885). « La grande propriété y domine. Les fermes, généralement étendues, sont louées, depuis des générations, par les mêmes familles de fermiers aux mêmes familles de propriétaires. »
La grande caractéristique qui fonde la plupart des sociétés capitalistes et que Proudhon assimilait au vol, y étend son influence sans craindre d’écraser tous ceux auxquels elle s’impose, par la violence ou par ses qualités morales. Les bâtiments où s’échinent à faire entrer le maximum de blé et de foin des laboureurs qui y sont nés et qui y périront, tôt ou tard, parfois pendus à une poutre du grenier, généralement étendus, sont prêtés contre des sommes d’argent impossibles à réunir, depuis des séries d’humains se succédant sans avoir demandé à prendre la suite de ceux qui les ont mis dans ce pétrin qu’est la vie, par les mêmes groupes indistincts de frères, de cousins, d’oncles, aux prénoms qui se ressemblent ou se répètent, groupes de travailleurs qui doivent fermer leur gueule et payer le fermage en novembre, courir après les vaches et entretenir des bâtiments qui ne leur appartiennent pas, prêtés, donc, aux mêmes groupes distincts de fils uniques, élevés dans le sentiment de la continuité et de la légitimité, et dans l’amour de la richesse terrienne, qui se transmettent ce patrimoine sans faiblir depuis des siècles, groupes d’individus nés nantis et ne voient pas pourquoi cela ne durerait pas indéfiniment.
Concept pour une réminiscence de sensations (15 minutes) : Les souhaits de nouvel an rituels. On exposera les impressions que ce mot éveille dans les souvenirs, ou dans l’imagination.
Les souhaits du nouvel an, c’est la ritournelle sonore des bêtises de gamins sur le thème de la bonne année, « Bonne santé, la goutte au nez jusqu’à la fin de l’année », et les rires niais, d’année en année, à la reprise de ces couplets. J’entends encore ces parodies de vœux adultes, anticipation de la lassitude à venir. Les souhaits de nouvel an, c’est le double contact de la barbe qui pique chez les grand-père, et de la pièce de un franc dans la main, pièce appuyée avec force jusqu’à ce qu’on dise « merci, pépé », et c’est le goût de la papillote un peu rance, celle de l’an dernier, qu’on croque ou qu’on suce en même temps qu’on se chatouille avec le papier roulé en petit pinceau brillant. Ce bruit de la papillote, c’est celui de la bonne année. Les souhaits de nouvel an, à l’école, c’est l’essoufflement à courir après les filles, à la récréation, pour leur souhaiter la bonne année, les filles qui s’esquivent, se réfugient en petits groupes piaillants qui tournent le dos, c’est parfois le bruit des gros bisous et les rires étouffés quand on arrive à en attraper une qui a bien voulu se laisser capturer. Les souhaits de nouvel an, c’est l’ouverture de la boîte aux lettres, le tri rapide pour vérifier si Untel ou Unetelle a répondu, c’est le crissement des cartes colorées où sont collés,éphémères et brillants, de minuscules grains de sable, côté face, c’est la lecture survolée et toujours déçue des trois lignes rituelles. Les souhaits de nouvel an, avec le temps, c’est le sentiment que l’histoire bégaie, que la banalité est inévitable, avec « la santé surtout ». Les souhaits de nouvel an, finalement, c’est pesant.
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rosa2424-blog1 · 6 years
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Das surpresas maravilhosas de SP.... Recordar é viver... 》O Escolar ( O Filho do Carteiro - Gamin au Képi) Van Gogh 《 #saopaulo #sp #masp #brasil #vangogh #peintre #art #neerlandais #holand #arte #liberté #rosafoiporaí #maisamorporfavor (à MASP - Museu de Arte de São Paulo Assis Chateaubriand)
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patriciaba · 7 years
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"Gamin au Képi" (Filho do Carteiro) de Vincent Van Gogh e eu 😁 via Facebook http://ift.tt/2rx7t02
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