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#je suis malade mais ce n'est pas dans le sens qu'on croit. quelle sens ? quelle croyance ?
outlying-hyppocrate · 10 months
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et si je me suis trompé ? et si ces voix étaient réels ? et si ils parlaient vraiment de moi ? il m'a dit avant qu'elle parlait de moi, qu'elle me m'aime plus, à force de ne plus être sa fille (et d'avoir jamais été sa fille). je suppose qu'il me dit des bêtises, j'espère qu'il me ment, je fais tout dans mon pouvoir pour qu'elle m'aime encore, je ne sais plus, je ne sais plus, je ne sais plus, quel est mon nom ? je ne dis jamais la même chose mais jamais jamais jamais dans la vie je me m'appellerais encore comme elle m'a appellé(e). satisfait mais j'ai toujours mal au cœur, mal au ventre encore, je ne peux jamais parler quand je la vois, quand elle me voit, quand nous sommes seuls elle nous pense seules
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claudehenrion · 3 years
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Ouvrez les yeux : nous ne sommes pas en dictature !
 Le ''cahier des charges'' de ce blog précise que, de quotidienne, la parution devient hebdomadaire pendant les vacances, ''sauf événements le justifiant''. Beaucoup de lecteurs pensant que la décision prise avant-hier par le Conseil  constitutionnel --que beaucoup trouvent incompréhensible et inexplicable-- fait partie de la catégorie des ''urgences éditoriales'', donnons-leur satisfaction : à ceux-là, il reste vraiment très peu de raisons de se réjouir d'appartenir à une ''communauté nationale'' qui n'est plus, désormais, ni l'une, ni l'autre, pour eux plus encore que pour les autres...
Faute d’être capables de résoudre les vrais problèmes, nos  gouvernants nous font perdre notre temps avec des balivernes et des faux-problèmes, et le grand sujet de l'été (NDLR : celui qui anime nos repas ‘’de famille’’, celui qui justifie (?) les ''unes'' répétitives de nos quotidiens, les ''tables rondes'' de toute forme entre spécialistes de rien, et des disputes convenues entre cons, venus étaler leur néant sur nos écrans à coups de mots dont ils ont dénaturé le sens...) est  donc un immense ''rien-du-tout'', un ''OVNI'' (objet vicieux non identifié) : ''Nous sommes en dictature'' disent les uns (ajoutant parfois ''sanitaire'')... ce à quoi les autres répliquent vite : ''Une dictature, c'est tout sauf ça. Allez donc en Corée du Nord''... Et chacun de prendre feu et flamme, comme s'il s'agissait d'un vrai problème. Byzance s'est suicidée, dit-on, en pinaillant sur le sexe des anges. Décidément, nous n'avons rien appris de l'Histoire : la gestion calamiteuse de cette calamité a permis de cacher la gestion dramatique du drame qu'est l'immigration ! Pas de doute : la note va être terrible !
Depuis quelques années, mais revenant régulièrement, circule sur la Toile l'histoire en forme de fable, énervante à force d'être vue et revue, d'une grenouille plongée dans une casserole d'eau fraîche que quelque méchante personne s'amuse à chauffer très lentement. Au début, elle ne remarque rien, et même elle trouve la douce tiédeur qui l'environne de plus en plus agréable : sa mare nourricière aussi, se réchauffait à l'approche de la saison des amours. Mais voilà que, du printemps, elle se sent passer à l'été, puis à la canicule : il fait carrément chaud... de plus en plus chaud... et bientôt beaucoup trop chaud : cela n'est plus agréable du tout...
Et là, notre pauvre grenouille est bien forcée de se poser la question à laquelle elle n'avait pas pensé jusque là : ne fait-il pas trop chaud... insupportablement chaud ? Elle essaye de se débattre, mais la chaleur est telle que ses forces l' abandonnent. Elle réalise que ''il y a quelque chose qui ne tourne pas rond'' dans sa casserole initialement amicale devenue prison, mais il est trop tard : son sort est scellé sans appel, sans plus d'espoir. Grenouillette mon amie, tu vas être cuite et mangée... comme le savaient depuis le début de la fable ceux qui avaient décidé ton destin : te faire croire à un mieux-être temporaire en te gardant la fin que tu voulais éviter.                                                                                                                                         Finalement, je crois que je vais présenter mes excuses à tous ces ''amis'' inconnus qui voulaient me donner des idées pour alimenter mes blogs : ils voyaient, mieux que moi, se profiler notre devenir. Lors des premières parutions, c'était à peine une ''éventuelle possibilité'' à très long terme. Mais les vrais ennemis de l'humanité, qui sont à l’œuvre et bossent ''24/24 et 7/7'' à notre perte en tant qu'êtres humains, ont réussi à accélérer la course de l'Histoire en un grand ''à qui perd, perd'' dans lequel l'élection de notre actuel Président --dans les circonstances honteuses, indignes et cauchemardesques que nous avons trop tendance à oublier-- n'aura été qu'une péripétie dans l'immense drame historique qui se déroule devant, avec, et surtout contre nous... et dont l'enjeu final est la fin du si beau rêve que fut notre Humanité ''classique'' (je devrais écrire ''la civilisation judéo-chrétienne'' --ce que je pense !).
Revenons à notre question initiale : ''Sommes nous en dictature --fut-elle sanitaire'' ?  Non, bien évidemment, répond la grenouille ! Et elle ajoute, se croyant perspicace, se trouvant malicieuse et étant un brin méprisante : ''Regardez les autres casseroles, autour de vous, remplies des cuisses de mes sœurs de la mare, aujourd'hui ratatinées en amuse-gueules pour les hommes, ces fauves''...  Il n'empêche que, au moment où le Conseil Constitutionnel (présidé par Fabius ! Chacun peut en tirer les conclusions qu'il veut !) ne voit rien à ''retoquer'' dans le refus d'accès de malades non vaccinés à l'Hôpital prétendu public, au moment où les libertés des uns sont encore plus réduites à rien que celles de... tous, en ces jours où la liberté de penser, d'aller-venir, de s'exprimer, de parler ou d'avoir un accès aux réseaux sociaux est devenue conditionnelle (sous l'ancien régime, on disait ''censitaire'', et il paraît que c'était pas bien. Expliquez-moi la différence), il est difficile d'éviter à ceux qui ont une bonne vue de ne pas voir ce que les myopes-par-système refusent d'apercevoir : les bêlements consentants des moutons de Panurge n'ont jamais influencé quoi que ce soit : ‘’suivre’’ n’est pas ‘’décider’’...
Juste pour sourire un instant sur ce sujet si dramatique, permettez-moi de vous rappeler l'histoire telle que ''racontée'' par Rabelais dans le 'Quart Livre', chapitre VIII : Pantagruel et ses compagnons, dont Panurge, parcourent la mer pour aller consulter l'oracle Dive Bouteille, et ils abordent un navire qui transporte des moutons de la race Chrysomalios, le bélier à la toison d'or. ''Et Panurge, sans aultre chose dire, jette en pleine mer son mouton criant et bellant. Tous les aultres moutons crians et bellant en pareille intonation commencerent soy jecter et saulter en mer aprés lui, à la file. La foulle estoit à qui premier y saulteroit aprés leur compaignon''. Ce qu'il y a de merveilleux, avec les grands textes, c'est leur valeur exemplaire éternelle. Aujourd'hui encore, on peut presque mettre un nom sur chacun des moutons qui font ce qu'ils sont censés faire : suivre le ''main stream''... C'est peut-être beau, vu d'un certain côté. Mais mon Dieu... que c'est triste !
L'Occident est tombé bien bas... Quant à la France, c'est en vain qu'on cherche les cendres de ce qu'elle fut et les traces de ce qu'elle devrait et pourrait être, encore : le peu qui reste de ce qui fut la lumière du monde, de ce qui était la langue parlée par toutes les Cours royales, et de cette merveilleuse culture classique puis romantique qui illuminait toutes les ''intelligentzias'' du temps, mais dont tout cuistre se croit autorisé de nier jusqu'à l'existence sous le prétexte fallacieux qu'il n'en connaît pas la moindre bribe, est en train de se dissoudre dans l'inutilité perverse de mauvais jeux sur des mots dévoyés et vidés de tout sens : liberté, dictature, démocratie, intérêt général.... et jusqu'aux ''vaccins'', désormais privés de leur vache qui riait (du latin, vacca. Pauvre Edward Jenner, pauvre Louis Pasteur !). Amies grenouilles, mes sœurs (et mes frères, car les mâles partagent ces maux), réveillez vous pendant qu’il est temps encore : très bientôt, il sera trop tard ! Aux temps bibliques, la Loi hébraïque contraignait les lépreux à porter un voile et à avertir les passants de leur approche en criant : ''Tâmé, tâmé'', (= je suis impur !). Quelle prophylaxie la République va-t-elle imposer à ses nouveaux hérétiques, puisque la seule hérésie subsistante est celle qui se méfie de l'injection de produits estampillés ‘’BigPharma’’ ? Devront-ils activer une crécelle, ces nouveaux lépreux ?
Comme tout ce qui existe sur terre, les démocraties, comme les civilisations, sont mortelles, et toute dictature --même ''soft''-- a une naissance, une croissance, et une maturité... avant de tomber, toujours et pour toujours, mais trop tard, dans le néant d'où elle n'aurait jamais dû sortir. Au stade où en est celle, multiforme, qui nous menace incontestablement, on peut encore, si on garde les yeux grands fermés, prétendre qu'elle n'est pas encore pire que les pires des autres : c'est la vieille dialectique entre ''relatif'' et ''absolu'' qu'on nous ressort là... preuve qu'il y a anguille sous roche. Mais ‘’être myope’’ n'a jamais été ni une qualité, ni une obligation...
H-Cl.
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fallenrazziel · 5 years
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Les Chroniques de Livaï #384 ~ POUR TE PROTEGER, J'IRAI EN ENFER (septembre 845) Gratia Heilwig, chef-médecin
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Encore un casse-cou, celui-là. Il sera remis en un rien de temps. Pendant que nous restons intra-muros, je vais devoir me contenter des petits bobos quotidiens. Rien à voir avec ce que je dois endurer sur le terrain. Ce n'est pas plus mal pour mon moral, les dernières sorties ont été si désastreuses...
Avec Erwin Smith à notre tête, j'ai bon espoir que le taux de survie remonte, emballer des cadavres de jeunes gens finit par me donner des cauchemars.
Je jette un oeil aux blessés qui resteront ici pour la nuit, puis éteins les bougies dans le dortoir. Quelques soupirs et gémissements se font entendre, mais ils sont peu de choses. Un garde de nuit va prendre le relais pendant que j'irai m'étendre un moment. Je ne peux me permettre de quitter l'hôpital, un accident grave peut toujours survenir, même à cette heure.
Nadja essuie ses mains propres avec un linge et s'apprête à rentrer. Elle loge au QGR avec les autres recrues, et je lui ai dit qu'elle n'avait pas besoin de rester. Elle s'est fait une place dans la section des soins du bataillon assez rapidement, j'ai vite vu qu'elle avait un don pour soigner les gens. Elle diagnostique très vite et imagine souvent des remèdes que je ne connaissais pas. La jeunesse, sans doute. Cependant, je la sens peu motivée pour aller au combat. Il est vrai que notre rôle est paradoxal : nous devons côtoyer la souffrance et la mort pour sauver ceux qui peuvent l'être. Mais la vue du sang semble lui faire horreur.
Nous ne parlons que peu, et cela me convient. Elle n'a pas besoin de me dévoiler ses motivations et son passé, le travail qu'elle fournit me suffit. Je lui tape sur l'épaule et lui dit à demain, mais elle m'arrête avant que je puisse m'éloigner. Son regard est différent de d'habitude, elle paraît déterminée, alors que ses yeux sont la plupart du temps dans le vague, suivant ses mains avec automatisme mais sans réel intérêt. Qu'y a-t-il, ma petite ?
Elle se tord un peu les doigts devant moi avant de se lancer. Elle m'informe qu'après-demain, il y a un test de vol et qu'elle aimerait y participer. Je n'y vois pas d'inconvénient. Mais si tu ne peux pas venir de la journée, je devrais sans doute te remplacer. Tu es la meilleure pour me seconder, et peu d'explorateurs choisissent la filière médicale. Seras-tu là plus tard ? Elle répond que cela risque de lui prendre la journée car il peut y avoir des imprévus. De quel genre ?
Elle annonce que le caporal-chef Livaï cherche un cinquième membre à son escouade d'élite et qu'apparemment, elle serait sur les rangs ; elle vient de l'apprendre d'un camarade. Ah oui, celui dont tu t'es occupée. Il n'avait rien de grave à première vue. Dis-moi, si tu ne veux pas être recrutée, tu peux toujours refuser, personne ne t'en tiendra rigueur. La question que tu dois te poser est "en es-tu capable ?"
Elle se met à balbutier et je comprends qu'elle est sous le choc. Ce n'est pas facile, quand on vient de changer de régiment, de se voir proposer une telle opportunité. Nadja est une fille plutôt douce et gentille, pas une guerrière implacable. Enfin, je ne l'ai pas vue à l'oeuvre, je ne saurais pas dire, peut-être qu'un fauve enragé sommeille en elle... Là, dans l'immédiat, elle ressemble plus à un chaton apeuré. Je l'emmène dans une pièce vide et lui demande de se calmer et de me dire vraiment ce qui ne va pas.
C'est la première fois qu'une telle intimité s'installe entre nous. Je ne fais pas semblant de m'intéresser à son problème. Elle est vraiment perturbée par ce qui lui arrive. Elle a besoin d'être écoutée et conseillée.
Elle m'avoue entre deux sanglots réprimés qu'elle n'a pas du tout envie d'aller affronter des titans, mais que deux de ses amis font partie de l'escouade tactique et qu'elle en serait malade s'ils devaient aller à l'extérieur sans elle. Je vois, c'est donc ça... Une petite amourette, peut-être ? Elle secoue la tête énergiquement et je lui souris pour lui montrer que je détends l'atmosphère. Je sais ce que c'est, j'ai été jeune aussi. Et j'ai perdu beaucoup de mes amis... On ne peut pas toujours les sauver, c'est un fait. Mais ne même pas pouvoir essayer, c'est encore pire.
Ma petite, tu dois braver ta peur des titans et aller là où tu seras utile. Tu peux rester ici à soigner des chutes de cheval ou des chevilles foulées, mais est-ce vraiment ce que tu es venue chercher ? Même un médecin se doit d'avoir des qualités guerrières. Je ne suis pas particulièrement douée moi-même, mais j'ai survécu à nombre de périls. D'autres n'ont pas eu cette chance. Si Livaï a jugé que tu avais les qualités requises...
Elle m'interrompt pour me dire qu'il ne l'a jamais vue à l'oeuvre, que ce sont ses amis qui l'ont proposée au poste. Eh bien, difficile de dire si ce sont réellement des amis ou non ! Ceci dit, ils doivent avoir foi en toi pour avoir fait ça. Tu veux savoir s'il faut te donner à fond au test de vol, ou bien mentir sur tes capacités réelles ? Je n'ai pas de réponse. Mais ce dont je suis sûre, c'est que cette occasion ne se présente qu'une fois dans une vie. L'escouade d'élite, c'est pas rien.
Elle ne semble pas vouloir prendre de décision tout de suite et je lui conseille d'aller dormir pour avoir les idées claires. Avant de s'en aller, elle me demande si je connais le caporal-chef et je ne peux m'empêcher de rire. Oh oui, un peu. J'ai dû lui recoudre le crâne une fois, une sacrée tranchée qu'il avait dans la tête ! Il n'a du surhomme que l'apparence, crois-moi. C'est un être comme toi et moi et son sang coule aussi rouge que celui de n'importe quelle bête. Même si j'admets que ses capacités de guérison sont assez hors normes... Si tu apprends à le connaître, ça devrait aller. Regarde comment il est avec le major. Pourtant, leurs premiers contacts étaient très difficiles, voire... musclés ! Ils sont comme cul et chemise maintenant, comme quoi tout arrive. Il faut savoir l'apprivoiser, c'est tout. Il ne fera pas de misère à une fille comme toi.
Si j'ai bien compris, en fonction de ta décision et de tes résultats, il se peut que je ne te vois plus ici ? Elle soupire que c'est ce qui risque d'arriver. Ne soit pas désolée. Je vais avoir du mal à te remplacer. Je regrette presque qu'on ne se soit pas plus parlé que ça. Mais je suis honorée que tu aies voulu de mes conseils.
Si j'en ai un dernier : quel que soit ton choix, mets-lui en plein la vue, à ce gnome ! Au moins, tu ne regretteras rien.
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reseau-actu · 6 years
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L'historien et essayiste revient sur le manifeste des 300 personnalités contre l'antisémitisme paru dans Le Parisien. Il se réjouit que prenne fin le déni du réel et analyse la reconfiguration politique que produit la question de l'islamo-gauchisme. À force d'abandonner ses valeurs, la gauche court le risque d'être rayé de la carte au profit d'un seul duel entre centre et droite.
● Sur la question judéo-musulmane
Eh bien! oui, il y a un antisémitisme musulman. Grande nouvelle! Il y a longtemps que cette évidence était un secret de Polichinelle, mais le fait nouveau est qu'on a désormais le droit d'en parler. L'ère de la communication est d'abord celle de l'intimidation. Ainsi tout le monde, dans les années 1950, connaissait l'existence du goulag, mais il a fallu que Khrouchtchev en personne en donnât la permission (1956) pour que dans les milieux stalinoïdes de l'intelligentsia parisienne, on s'enhardît à y faire allusion.
Le grand mérite du manifeste des 300 (Le Parisien, 22/4), mais aussi de celui des 30 imams (Le Monde, 24/4) est d'avoir mis un terme à ces pudeurs de vierges effarouchées qui, à l'ère victorienne, étaient tenues de dire leur «estomac», pour ne pas parler de leur ventre. Désormais quand une vieille dame juive sera torturée et égorgée aux cris de Allah akbar! il ne sera plus systématiquement question, y compris dans la bouche des magistrats instructeurs, de détraqués et de malades mentaux ; quand on dénoncera l'impossibilité d'enseigner la Shoah dans certaines écoles à dominante musulmane, Le Mondenous épargnera peut-être ses rituelles considérations générales sur le vieil et tenace antisémitisme français ; quand il faudra bien constater que nos compatriotes juifs ont peur dans certains quartiers et les quittent pour des lieux plus hospitaliers, en France, en Israël, ou ailleurs, on nous dispensera peut-être de ces statistiques boiteuses sur la décroissance de la croissance du phénomène…
● Contre l'islamisme de précaution
Naturellement, tous les musulmans ne sont pas antisémites, et tous les antisémites ne sont pas musulmans. Mais pour combattre un mal, il faut d'abord le nommer. Quand dans mon précédent carnet du Figaro je dénonçais, aux côtés de l'antisémitisme d'extrême droite et de l'antisémitisme populaire et avant même l'apparition en France de l'antisémitisme musulman, un antisémitisme chrétien, jadis virulent, je ne me suis pas cru obligé d'ajouter que tous les chrétiens n'étaient pas antisémites, que Jésus lui-même… et ainsi de suite.
Pour savoir de quel côté balance le racisme, il suffit de consulter les statistiques. Les juifs votent avec leurs pieds, les musulmans aussi.
À cet égard, on ne saurait trop recommander le dernier livre de Pierre-André Taguieff,Judéophobie, la dernière vague(Fayard) qui montre avec son érudition et sa rigueur habituelles que l'antisémitisme musulman est loin d'être un recyclage des vieux antisémitismes occidentaux. Il procède en grande partie de l'humiliation ressentie par le monde arabo-musulman lors de l'installation d'Israël et des guerres qui ont suivi. On assiste à une véritable «islamisation de la judéophobie». À quand, demande-t-il, un Vatican II de l'islam sunnite?
J'en conclus qu'il faut en finir avec l'islamisme de précaution, qui berce les belles âmes, leur permet de se savoir gré de leur propre délicatesse. Non, ce n'est pas l'antisémitisme maurrassien qui est la cause de cette «épuration à bas bruit» dénoncée par les 300 ; non, ce ne sont pas de pieux parallèles entre l'antisémitisme en particulier et le racisme en général qui expliquent que le pays de l'abbé Grégoire, de Bernard Lazare et de Péguy soit devenu un lieu répulsif pour les juifs, quand il demeure attractif pour les musulmans, comme il est aisé de le voir. C'est tout simple. Pour savoir de quel côté balance le racisme, il suffit de consulter les statistiques. Les juifs votent avec leurs pieds, les musulmans aussi.
Car le déni du réel est un crime ; dans le cas qui nous occupe, il constitue une complicité passive avec l'antisémitisme, au point de persuader ce pauvre Poutou, alors que onze juifs sont tombés ces dernières années sous les balles ou les couteaux des tueurs islamistes, que ce sont les musulmans français qui ont payé le plus lourd tribut au racisme criminel…
Comme dit Proust, les faits ne pénètrent pas dans les lieux où vivent nos croyances
J'ajoute une recommandation à l'adresse de nos compatriotes musulmans: qu'ils se méfient donc un peu de ces islamophiles au cœur sensible, qui leur font plus de caresses que Donald Trump à un Emmanuel Macron qui n'en pouvait plus. Quand ils auront vraiment besoin de leur engagement actif, ils peuvent être à peu près sûrs qu'ils ne pourront pas compter dessus. Ayant fait récemment le bilan de ma vie militante, et constaté qu'elle avait été consacrée pour la plus grande part à la défense des musulmans en France, en Algérie, en Bosnie, au Darfour, je me suis fait à moi-même cette remarque bien plus intéressante: c'est que jamais quand il fallait se battre, les islamolâtres d'aujourd'hui ne se sont trouvés là. Étrange tout de même. Certains se reconnaîtront peut-être, mais je n'en suis pas sûr, —: comme dit Proust, les faits ne pénètrent pas dans les lieux où vivent nos croyances.
● Un étrange chassé-croisé
Une dernière observation. Elle relève de l'analyse politique. Aujourd'hui, quand vous entendez quelqu'un prendre la défense des musulmans, vous pouvez être sûr qu'il est de gauche ou qu'il se croit tel. Quand vous en entendez un autre prendre la défense des juifs, vous pouvez désormais présumer qu'il est de droite. Je reconnais que c'est là un critère un peu sommaire, qui fait bon marché d'honorables exceptions, dans les deux cas et dans les deux sens. C'est navrant, mais c'est pourtant ainsi, le monde à l'envers. Un Charles Maurras, dont il est aujourd'hui beaucoup question, s'il revenait parmi nous, n'en croirait pas ses yeux ; encore moins ses oreilles, qu'il avait mauvaises.
J'irai encore plus loin: la question judéo-musulmane est en train de créer en France un ahurissant chassé-croisé au chapitre des valeurs. Tout au long de la IIIe République, et naguère encore, on reconnaissait un homme de gauche à un certain nombre de traits: l'attachement indéfectible à la laïcité, à l'école républicaine, à la République elle-même, à la nation, à la France. Et à la haine de l'antisémitisme! Prenez tous les grands hommes dont la gauche se réclame traditionnellement, de Gambetta à Mitterrand, en passant par Clemenceau, Jaurès, Blum, Mendès, et combien d'autres, comme mes amis disparus, Michel Rocard et Edmond Maire, et encore notre cher Robert Badinter: ils sont tout entiers pétris de ces valeurs.
● L'islamisme de compensation
Mais à l'inverse, il y a désormais à gauche beaucoup d'Orgon victimes des Tartuffe-Ramadan de l'islamo-gauchisme.
Écoutez attentivement les porte-parole de la gauche, ou de ce qu'il en reste. La laïcité? Bien sûr, elle doit être honorée, mais avec modération.
La République n'est-elle pas tout au long de notre histoire synonyme de colonialisme, voire de racisme ?
À trop l'exalter, ne finirait-on pas par «stigmatiser» les musulmans? L'école républicaine? À trop rechercher l'excellence, ne sont-ce pas les inégalités que l'on creuse au détriment des moins bien armés? La République n'est-elle pas tout au long de notre histoire synonyme de colonialisme, voire de racisme? La nation? N'est-elle pas facteur d'exclusion pour les nouveaux arrivants? La France? Ce «récit» où nos ancêtres avaient trouvé le lien qui les unissait, est-il autre chose qu'une pure fiction, depuis les «racines judéo-chrétiennes» jusqu'à la philosophie des Lumières, issue de ces racines?
Cette déconstruction est en cours. Ses bases scientifiques et philosophiques sont fragiles ; elles reposent le plus souvent sur l'esbroufe et la mauvaise foi. Mais elle est assez efficace pour rayer la gauche du paysage politique présent, pour au moins dix ans. Car enfin, je vous le demande: si la gauche renie de facto les valeurs sur lesquelles elle a jadis fondé son pacte avec la nation, spécialement avec les classes populaires, quelle raison restera-t-il à ces dernières pour la soutenir? La proximité sociale? Elle n'existe pas. Le clientélisme généralisé? Il n'est pas crédible. Décidément, cette ferveur soudaine pour la religion de l'autre a quelque chose de stupéfiant de la part d'un personnel politique en majorité agnostique ; c'est payer bien cher une tardive rectification de tir destinée à faire oublier son molleto-colonialisme de naguère.
Pendant ce temps, une partie de la droite républicaine, soit pour faire pièce à la gauche, soit pour faire barrage à la montée de l'islamisme, se rapproche des valeurs évoquées plus haut. Je ne vois pas pourquoi les hommes de gauche authentiques, héritiers des Lumières et convaincus que leurs valeurs sont universelles devraient s'en affliger. En tout cas, le fait est difficilement contestable. À cause de cette ridicule bigoterie islamique, qui ne se confond en rien avec la nécessité de l'intégration des musulmans, la gauche laisse pour dix ans le champ libre à une confrontation exclusive entre la droite et le centre.
● J'ai fait un rêve
Oui, je fais ce rêve. Que les personnalités, plus nombreuses que l'on ne le croit, éprises de paix et de fraternité dans les diverses religions et sociétés spirituelles se réunissent et établissent entre elles un lien permanent. Le manifeste des 300 se termine par un appel aux musulmans. De leur côté les 30 imams dénonçant «la confiscation de leur religion par des criminels» et définissant l'islam comme une «aspiration spirituelle», en quête de «transcendance de lagénérosité et de l'altérité», ont employé des formules qui vont au cœur de tout homme libre et de tout citoyen français.
L'Église de France, qui a déjà accompli le trajet de la réconciliation avec les juifs et qui entretient de bons rapports avec les musulmans, serait bien placée pour proposer une initiative commune
Il me semble que l'Église de France, qui a déjà accompli le trajet de la réconciliation avec les juifs et qui entretient de bons rapports avec les musulmans, serait bien placée pour proposer une initiative commune. Qu'à côté de l'archevêque de Paris, le grand rabbin Korsia, l'imam de Bordeaux Oubrou, des personnalités comme Élisabeth Badinter, Patrick Kessel, Pascal Bruckner, Boualem Sansal, Kamel Daoud, Caroline Fourest, — ce sont des noms que je lance un peu à la volée -, établissent entre elles un organe de liaison permanent destiné à lutter contre le racisme et l'antisémitisme, serait la preuve que l'offensive aurait cessé d'être l'apanage des fanatiques et des assassins. Ajouterai-je qu'une telle initiative serait une contribution à la laïcité véritable à l'intérieur des lois de la République. Il ne sera pas dit que dans ce pays le dernier mot revienne aux porteurs de haine, ou tout simplement aux imbéciles. Au-delà de son objet, la lutte contre le racisme et l'antisémitisme et pour la fraternité, qui ne ferait nullement double emploi avec les organismes de défense des droits de l'homme déjà existants, un tel organe de liaison redonnerait à un pays ravagé par la mesquinerie et l'insignifiance, le signal d'une révolte du spirituel.
● Atmosphère, atmosphère…
Dans son éditorial de Libération (28-29 avril 2018), Laurent Joffrin a tenu à souligner que M.M. Finkielkraut et Zemmour n'ont pas la responsabilité «directe» (le mot figure textuellement) dans un éventuel retour de la violence fasciste. C'est très généreux de sa part. Merci pour eux. Tout au plus contribuent-ils à créer une «atmosphère», ajoute-t-il, favorable à cette résurgence.
À la place des intéressés, je me sentirais tenu de renvoyer l'ascenseur à Laurent Joffrin, en précisant avec la plus grande netteté qu'il n'a de son côté aucune responsabilité directe dans le terrorisme islamiste.
On dit même - mais que ne dit-on pas? - que Libération préparerait en grand secret un numéro spécial intitulé: «Au secours! Mahomet revient!»
● Paris est une fête pour les yeux
On peut actuellement visiter à Paris trois expositions consacrées à des peintres majeurs, Delacroix, Tintoret, Corot, la beauté convulsive et la beauté apollinienne. Malgré mon amour immodéré de Tintoret, c'est de Camille Corot que je voudrais dire un mot, tant l'exposition du Musée Marmottan, consacrée à Corot portraitiste sort de l'ordinaire. Dire que le portrait n'était, si l'on peut dire, que son violon d'Ingres! On en sort l'esprit clair, l'âme apaisée, le cœur en fête. Comme si le réalisme poétique de ses portraits, aussi éloignés du vérisme de Courbet que de la subjectivité impressionniste de la génération suivante était la manifestation tranquille d'une évidence cachée. Corot (1796-1875) est un peintre qui ne fait jamais le malin, qui n'administre pas de leçon, mais qui à chaque instant donne à voir les choses et les gens comme on ne les avait jamais vus, tels qu'en eux-mêmes enfin l'instantané les change. Et quel coloriste! De LaDame en bleu, qui est comme le bouquet final de cette exposition, le critique Gustave Geffroy a écrit «avec cette minute passagère, Corot a fait une réalité définitive». Et un bleu définitif.* Éditorialiste de l'hebdomadaire «Marianne». Le carnet de Jacques Julliard, qui paraît ordinairement le premier lundi du mois, a été exceptionnellement décalé en raison du pont. Le rythme habituel reprendra à partir du mois de juin.
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mumusefanny · 6 years
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Vieux ”faire”, vieux “singes”, vieilles “machines à penser”...
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Inquiétude.
Un thérapeute m'avoue recevoir bon nombre d'enseignants en consultation.
C'est déjà inquiétant en soi. Cela ne fait qu'amplifier l'impression de difficultés de vivre un métier qu'on aime pourtant.
Qu'on aime pourtant?
Le gars m'explique ceci: "Ils ont l'air tellement dégoûtés de leur métier qu'ils m'avouent ne plus vivre que pour leurs loisirs et vivre leur métier en fonctionnaire".
Et moi, je m'étonne tout haut: "Ils en ont encore le temps? Parce que, même fonctionnaire, tout de même...?"
Et lui de répondre que de toute façon, oui, une heure de cours, cela ne fait jamais qu'une heure de plus à la maison.
J'hallucine tout de même! Que sont-ils allés lui raconter? Il n’a en consultation que des croûtons en mi-temps de survie?
A la limite, s'il ne s'agissait que d'une heure en plus chez soi pour préparer ou corriger l'heure prestée, nous aurions alors une charge de 40 heures, de 44 heures, de 48 heures chez les instits. Il le trouve où le “bon” fonctionnaire son temps pour les loisirs? Quels loisirs déjà? Diamétralement opposés au contenu des cours? Ou en prolongation du cours, là où il va se nourrir et donc, finalement, encore en train de bosser? Et le passionné alors, il bosse combien d'heures? Et le jeune prof qui se retrouve avec quatre à cinq cours différents à préparer? Il lui compte comment ses heures? Parce que, lorsque je crée un nouveau cours, je compte en moyenne trois heures chez moi pour une prestée. On comprendra que je ne souhaite pas diversifier les cours!
Donc, je m'interroge, parce que, je tente de me ménager depuis que je me suis rendue compte que la vie était très courte, que j’en avais gaspillé une bonne moitié à pas grand-chose de sympa ni d’utile et que, tout compte fait, aimant tout de même ce foutu métier, il fallait bien chercher à y tenir le mieux du monde et le plus longtemps possible. En faire moins, mais en faire mieux. Etre heureuse dans mon job et dans ma vie, tout simplement. Me soulager un maximum, triant l’utile et l’inutile afin de me garantir le luxe du “temps pour moi”.
Mais vraiment!
Pourtant, je constate que malgré l’état d’esprit, même en diminuant la charge horaire, même en bossant durant les congés pour alléger la charge hebdomadaire sur le front, j'arrive à peine à respirer. Et, je n'ai pas quatre ou cinq cours... Et je n'ai plus -ou presque- de petits à la maison. Et je n'ai pas, miracle de l'année, un horaire gruyère.
Alors, oui, je suis inquiète. Comment les jeunes profs vivent-ils leur job? Non pas comment ils survivent, mais comment ils le vivent. Nuance!
D'autant que, mine de rien, un jeune, quel que soit son job, il se lance dans la vie, il lui faut remplir sa cuve à mazout, payer son loyer, trouver de quoi alimenter son véhicule nécessaire aux déplacements dont il se passe bien en vacances. Comme tout le monde. Mais, si tout a augmenté, le salaire du débutant, lui, n’a pas pris le même chemin. C'était déjà pénible pour moi à l'époque, mais pour eux, maintenant, qu'en est-il?
J'observe et je constate: "Ben ils ont un autre job, forcément!" Là où le vieux prof usé devenu fonctionnaire "ne vit que pour ses loisirs", le jeune prof qui va bientôt être usé a un deuxième job. Sauf que, faut pas déconner, quand tu les entends, il y a bien les loisirs. Normal, faut bien qu'ils vivent vraiment. Faut pas déconner! Alors, vivre l’enseignement comme job principal? Sérieusement, ça doit coincer. Non?
Et là, je me dis: "Mais, t'es con ou t'es con toi? T’es le pigeon de service en somme?”
Je cherche là où j’en fais trop pour ne pas vivre assez. Je ne vois pas.
Et, petit à petit, j’en viens à m’avouer une vérité, suivie d’un vrai bon conseil: "Tu as un autre job! Assume-le totalement! Pose tes jours! Et ces jours-là, envoie-les tous se faire foutre! Cela coincera moins dans tes plis! A la vue des derniers résultats, faut te l’avouer, t’es pas forcément ni indispensable, ni franchement meilleure qu’un autre! Et, apprends à devenir encore un peu plus fonctionnaire ! Respire!”
Désabusée, alors? Est-ce que je pourrais tenir dans un état si déprimant?
Et après tout? Est-ce là s’afficher désabusée ou, au contraire, philosophe?
Peut-être est-ce là la question de survie du monde scolaire?
Peut-être que prendre en considération cette immense vérité obligerait l'école à se repenser socialement? A se réorganiser autrement?
Est-ce qu'enfin, ce n'est pas là, face au vide créé par le fonctionnarisé volontaire, que les structures scolaires vont enfin se mettre à valoriser les interventions extra-pédagogiques? Celles qui, tout compte fait, serait bien ce qui manque le plus cruellement si on veut récupérer, à temps, quelques marmots, chevaliers à former pour vaincre l’obscurité. Non pas l’obscurantisme, qui est une attitude volontaire, mais l’obscurité subite, la panne d’électricité. Pouf! Les plombs ont sauté!
Ne pourrait-on, enfin, responsabiliser davantage les étudiants? Mais pas en surplus du job habituel, pas en punition non plus, de manière intégrée. Un investissement personnel librement consenti parce que reconnu formatif. Une utopie? A l’état présent, sans doute!
Il faudra bien, pourtant, qu'on trouve des solutions pour amener un peu de lumière.
Le monde scolaire ne tourne plus rond. C’est bien ce constat qui nous amenait à en discuter, mon interlocuteur et moi.
Le cadre scolaire, ses exigences, ses contraintes, ses impératifs, ne correspond plus au mode de vie des familles, ni à celui des jeunes.
“Les jeunes eux-mêmes ne correspondent plus à leurs parents”, répondait notre amie parmi les oreilles attentives qui suivaient notre discussion. Il y a une rupture de repères incroyables! Ils se construisent dans un monde pour lequel nous avouons n'avoir aucun repère, aucune prise. Impossible de les ramener dans notre monde, c'est nous qui nous voyons contraints de plonger dans le leur dont nous ne voulons pas.
Une autre, qui avait bien eu le temps d’observer la vie, la sienne étant bien remplie et semée de rencontres nombreuses et bien riches, insistait pourtant en ce sens: “Mais leur monde est-il bon? Est-ce profitable ce qu’ils vivent? Sommes-nous obligés d’aller nous perdre tous ensemble dans cette dérive absurde? Pouvons-nous les laisser s’y perdre?”
Non! Mais, je ne peux pas, pourtant, m’aligner sur des mouvements rétrogrades tout autant absurdes, telle cette nouvelle lubie française d’interdire les GSM en espace scolaire. Et demain, on leur interdira les lunettes ou les montres à options informatisée? Elles sont déjà bel et bien là pourtant!
Notre amie commune, qui évoquait déjà l’ impossibilité de reconnecter les jeunes à la génération précédente, ne faisait que renforcer l’idée que, non seulement, il était indispensable de ne pas nous trouver en rupture avec le monde dans lequel les jeunes évoluaient, mais, surtout, qu’il nous fallait tenter de les reconnecter au nôtre dans ce qu’il avait de plus concret et de plus proche de l’essentiel. Sans doute était-il plus profitable d’admettre le GSM, mais d’imposer son silence lors des repas communs et de vivre ensemble, telle une nouvelle discipline familiale, un retour sporadique à la nature, que les jeunes et les vieux prennent réellement l’air, qu’ils retrouvent, complices, le bruit de leurs pas sur la terre, qu’ils s’émerveillent ensemble et sans crainte de leurs souffles embués qui traverseraient leurs écharpes.
Parce que les reconnecter à notre monde par un autre biais, en dehors du fait que c’est une cause perdue d’avance, ce serait pour leur en proposer quoi?
Sincèrement, en quoi sommes-nous crédibles? C’est quoi “notre” monde? Trump, Lepen, La NVA, le retour des armes nucléaires, les centrales nucléaires malades qu'on tient en vie malgré les perfusions qui sautent, les déchets qu'on ne parvient plus à évacuer, le scandale des éco-chèques à avaler de travers et par le fond, les djihadistes, les batailles de Saint-Nicolas avec ou sans croix, les semaines et les semaines à nous disséquer la mort de Johnny, les femmes qui avouent la maltraitance sexuelle sous tous les projecteurs même là où ça brille le plus fort, les pauvres qui ne peuvent même plus s'allonger dehors sur un banc hors du sol gelé, les clandestins refoulés là où on sait qu’ils seront esclaves, ...
C’est quoi le monde auquel on veut les reconnecter de force? Sommes-nous donc des adultes inconscients d’imaginer notre monde meilleur que leur avenir? Un avenir sans lequel ils ne veulent pas se projeter. On pourrait bien les comprendre non? Quel adulte honnête, doté de cervelle, est capable de s’y projeter volontairement et sereinement?
Alors, les obliger à entrer dans ce moule fêlé...
A toutes ces réflexions entendues, j’ai envie d’ajouter: “Et si en plus, en plus, c'est pour devenir enseignant”...
T'es con ou t'es con?
Ben voilà, c'est là que cela ne va pas.
Ce monde scolaire n’a aucun avenir!
On est déjà très, très, très loin de ceux pour lesquels on bosse. Optimisme, qui appelle rectification plus réaliste: “ Pour lesquels on croit bosser!”.
De chaque côté frustration et mal être.
Mai 68 a connu ses barricades et ses pavés.
Novembre 89, la chute d’un mur, en communion dans la joie entre générations. Quelle chance! Deux murs qui sautent, en somme!
Entre les vieux et les jeunes de 2018, au milieu, un fossé immense, imprévisible, instantané. Pouf!
L'école, le lieu du relais, un trou!
Avec des paravents rétrogrades érigés en exemple et que les jeunes n’escaladeront pas. Parce que, mine de rien, c’est au-delà de certaines possibilités, de plus en plus, soyons lucides, et parce que cela fait partie de leur mode d’opposition: “Je ne pense pas pour ne pas penser comme toi et donc, peut-être que j’existe, mais peut-être que je n’existerai pas comme toi”, “Je deviens con? Tant mieux! Tu t’es vu, toi qui dis posséder le savoir, la réflexion, le savoir-faire, la rigueur?”, “Tu t’es vu, toi avec tes passions? J’aime autant être une moule, c’est moins dangereux, les passionnés maintenant ce sont des radicalisés. Tu me préférerais radicalisé?”, “Ton orthographe -quand t’en as une!-, ça te sert à quoi si c’est de toute façon voter pour des crapules qui te tondent la laine sur le dos? Autant utiliser des mots de moins de trois syllabes. Non seulement je ne saignerai pas du nez après avoir cherché à les prononcer, mais mon “oui” et mon “non” sonneront plus forts!”, “Tu me proposes de chanter Imagine de ton Lennon, je te propose de fermer les yeux et, avec mon Soprano, d’imaginer si tu étais à la place de ceux que tu as fait semblant de voir”, ...
Un gouffre!
Un ravin!
Pas le choix...
L’école doit mourir et doit renaître.
Comment?
J'en sais rien.
Quand?
Après le chaos...
Cela prendra le temps qu’il faudra, probablement bien longtemps.
Tout ce qu'on fait maintenant, ce sera poser un sparadrap.
L'an prochain, je crois que je ne ferai pas d'examen tant que je n’y suis pas contrainte.
Pour examiner quoi? Pour poser un diagnostic que je connais déjà? C’est une forme d’acharnement inutile et coûteux. Sauf que, c’est le praticien qui paie, le patient est, de fait, insolvable.
Je tente, dès à présent, de survivre, artisan improbable, dans la nouvelle ère médiévale.
Après, il y aura bien la renaissance.
En attendant, apprendre la vannerie à celui qui veut, apprendre les gestes du potier, filer et tisser la laine, faire sécher un voile de papier, gratter et tendre une peau, tailler un crayon, tenir une plume, s’essayer au pinceau, cuire un pain, reconnaître une plante comestible, en prendre la graine, la faire germer, allumer un feu...
Oui, j’ai un autre métier, je suis un passeur, rémouleur des mémoires, je suis vitrier, opticien dans la brume, philosophe à deux balles, mais des balles magiques.
Profitez bien du passage dans votre espace commun.
Vieux “faire”, vieux “singe”, vieille “machine à penser”...
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myname9us-blog · 7 years
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Pantera - 5 Minutes Alone (Official Video) FRANCO nouvelle le sens s'excède dans sa dé-figure, il faut un geste pour rompre avec l'appauvrissement du sens dans sa forme (sa synchronicité visible) FRANCO nouvelle               la nuit s'achève  La tête lui tourne en grinçant...du moins, si c'est pas sa tête c'est dans sa tête  Un sentiment d'écoeurement lui serre la gorge : c'est la première fois qu'il va si loin    il a frappé...pareil comme on défonce une porte, qu'on l'ouvre jusqu'au sang  Sans vouloir l'achever remarquez bien...(malgré tout, cette fois il est allé trop loin)  C'est pas vraiment la porte qui le dérange, un Interdit parmi d'autres, un coup de sonnette incontrôlable...mais, comment dire...achever une porte ç'a des conséquences désagréables parfois...jamais il a tué un mec avant cette nuit  Pas plus qu'une porte, du reste    le soleil, paresseusement, commence à se lever  Son réveil semble pénible, peut-être, comme Franco, qu'il a passé une sale nuit...  Ça l'irrite de sentir cette putain de boule de ferraille, ampoule des homeless, venir le surprendre au petit matin, au petit répit, épier son récent visage d'assassin...sans parler du déjeuner   Franco file en direction des chiottes se braquer devant le miroir tout en pissant sur le sol  C'est la première fois qu'il aperçoit son visage depuis...essayant de voir ce qu'il y a de changé dans ces traits grossiers, crevassés, lunaires  Rien, qu'il pense, rien qui pourrait permettre de dire : voila une tête d'assassin ! Voilà l'eau forte d'un malade mental, mortel    voilà, c'est fait       de retour dans la cuisine, il essuie le sang qui macule les murs (comme une éjaculation précoce, surdouée), jetant un oeil par moment sur cette masse de viande inerte écrasée sur le plancher, catégorie je sais pas, les deux bras entortillés autour d'une des pattes indifférentes de la table  Un corps sale et mal rasé qui provoque chez lui un violent attrait de dégoût de la race, de la crace humaine ... la mort a réussi à poser sur cette chair flasque et molle une certaine dignité qu'elle n'avait jamais eu de son vivant, un moment de répit peut-être, de petit déjeûner  Écoeuré et faschiné a la fois, franco le fixe, le cliche dans sa tête  Il s'était souvent demandé ce qu'un meurtrier pouvait ressentir après son geste, une sensation très forte -agréable, à la limite?- de peur, de kierkegaardisme?  Non Même pas  Rien, absolument rien  Un abîme d'indifférence, une panne de courant, voila tout ce qu'il ressent    laissant ses réflexions sur le sol, il va ouvrir la porte-arrière, question de laisser entrer un peu d'air frais  À ce moment  une fille s'esquisse dans l'escalier extérieur qui mène au logement    oh, pardon, sursaute la p'lotte en apercevant Franco  Je savais pas qu'André attendait quelqu'un    André est sorti, réplique sèchement son meurtrier    ah, y est pas là, est-ce que tu sais quand est-ce qu'y est supposé de r'venir?   pas avant ce soir, j'imagine  Assez tard  Franco balance ces mots avec une certaine impatience mêlée de nervosité malsaine dans la voix    s'aperçevant de son malaise, brusquement la fille opère un recul, d'inquiétude  Puis elle demande t'es qui au juste, un de ses amis? quelqu'un de la famille?  Remarque, je veux pas me mêler de mes oignons...    Franco se demande comment se débarasser de cette emmerdeuse -sans user de la méthode forte, cela va de soi, un meurtre par jour, suffit sa peine  André m'a déja parlé d'un de ses cousins qu'habite pas loin, poursuit la fouineuse, c'est toi peut-être?...  Plus je te regarde, plus je vous trouve une vague ressemblance, un air de famille    agacé par les remarques de la putain, Franco commence à envisager le pire Qu'est-ce qu'elle raconte là, la salope, un air de famille avec cette viande avariée?  Dégoûtant  Et stupide  Oui, c'est ça, on est cousin, qu'il finit par s'entendre dire  Pas proche mais loin Ecoute, quand il reviendra je lui dirai que t'es passée, ok? Maintenant faut que je te laisse    bof pas la peine d'y dire, j'tais juste passé comme ça y dire salut (le sucer serait plus juste, pense Franco)  Je repasserai, c'est tout, j'habite pas aux Indes, anyway   En passant, t'as faim, j'ai fait du spaghetti? je peux t'en monter une assiette, si tu veux...    qu'est-ce qui te fait dire que j'ai faim?    ben, j'sais pas, ça sent une espèce d'odeur de viande brûlée, j'en déduis que t'as sûrement gâché ce que tu te faisais...    ouais, mets-en  Mais ça m'a coupé l'appétit  Anyway, si j'ai faim, je commanderai une pizza plus tard ou j'm'arrêtrai dans un snack en chemin    bon, c'est toi qui sait  À un autre tantôt peut-être, bybye   salut    elle redescend lentement l'escalier avec son air de chien battu et disparaît dans la petite ruelle  Franco referme la porte de la cuisine  Il s'en veut de son imprudence  D'un autre côté, s'il avait pas ouvert, la suceuse aux spaghettis aurait pu se mettre à linger près de la fenêtre, à se faire sécher le haut des cuisses, ce qui aurait pu être cent fois pire  Mais quand même, il a agi avec légèreté, en parfait amateur  -je suis un pro désormais, à pas oublier  T'as un cadavre sur les bras, mec, forget pas ça, qu'il se sermonne    ressembler à cette pourriture, quelle connerie !  Le petit commentaire idiot de la poule l'a de toute évidence contrarié  Il retourne vérifier la glace dans les chiottes pour s'assurer qu'aucun "p'tit air de famile" s'est incrustré, pas le plus minuscule trait commun entre lui et cette vermine, mais...quelque chose le tracasse sans qu'il puisse parvenir à mettre le doigt dessus   Au bout d'une dizaine de secondes il revient dans la cuisine et ouvre le frigo, question de voir ce qu'il pourrait bien bouffer  Dégueulasse ce qu'on peut cacher dans un fridg  Viande pourrie, fromage moisi, sans doute moins risqué que du spaghatt après tout  Soudain il se met à transpirer sans raison apparente...   la peur érige un mur (non visible, sans fond de teint, quelque chose qu'on a pas fini de peindre), un mur sans horizon  Or l'angoisse permet au "sujet" (captif) de passer au travers du mur...enfin, j'ai pas encore assez réfléchi à la question  D'ailleurs la peur ne demeure-t-elle pas la plus intense motivation de la science, la peur de mourir, la peur de vieillir  -en revanche l'absence de peur ouvrirait sur une extension spirituelle   Mais sommes-nous jamais en état de non-peur?  Peut-être est-ce plutôt la quête spirituelle qui nous libère de la peur?   maintenant il se demande s'il a peur, s'il y a encore un horizon devant lui, derrière les murs...  La peur érige un mur infranchissable, ou que nous allions le mur nous précède, nous cerne, nous confisque à nous-mêmes  La prison ne représente qu'un symbole de ce mur, un fait  En fait, les murs de la  prison nient la peur, on peut facilement passer au travers  Car la certitude n'a d'autres issues que la foi  Est-ce la quête spirituelle qui nous libère de la peur, de l'angoisse, ou l'inverse?    maintenant je sais plus, je sais plus pourquoi je l'ai tué, pourquoi je devais le tuer? Est-ce qu'y avait seulement une raison? ou la folie est-ce ce qui peut pas trouver sa raison, une sorte de...pot de vin?  Ouais, c'est ça, la folie c'est confidentiel  Sa mort me semble pas mystérieuse  Ma vie l'est : comment expliquer sa mort si ma vie est inexplicable?       XXX//notes /    la peur érige un mur (non visible, sans fond de teint, quelque chose qu'on a pas fini de peindre), un mur sans horizon  Or l'angoisse permet au "sujet" (captif) de passer au travers du mur...enfin, j'ai pas encore assez réfléchi à la question D'ailleurs la peur ne demeure-t-elle pas la plus intense motivation de la science, la peur de mourir, la peur de vieillir  -en revanche l'absence de peur ouvrirait sur une extension spirituelle   Mais sommes-nous jamais en état de non-peur?  Peut-être est-ce plutôt la quête spirituelle qui nous libère de la peur?   maintenant il se demande s'il a peur, s'il y a encore un horizon devant lui, derrière les murs...  La peur érige un mur infranchissable, ou que nous allions le mur nous précède, nous cerne, nous confisque à nous-mêmes  La prison ne représente qu'un symbole de ce mur, un fait  En fait, les murs de la  prison nient la peur, on peut facilement passer au travers  /Car la certitude n'a d'autres issues que la foi  Est-ce la quête spirituelle qui nous libère de la peur, de l'angoisse, ou l'inverse? PLUS BAS, VERS LA FIN/   L'Ancien Testament  Pourquoi ce Dieu cruel?  Si l'on croit en Dieu, un système politique s'instaure constitué par la peur  Mais si l'on n'y croit pas, alors on s'angoisse devant nos propres fictions    maintenant je sais plus, je sais plus pourquoi je l'ai tué, pourquoi je devais le tuer? Est-ce qu'y avait seulement une raison? ou la folie est-ce ce qui peut pas trouver sa raison, une sorte de...pot de vin?  Ouais, c'est ça, la folie c'est confidentiel  Sa mort me semble pas mystérieuse  Ma vie l'est : comment expliquer sa mort si ma vie est inexplicable?       quand il se réveille. le soleil a foutu le camp depuis un boutt   « Pas faché », qu'il se dit, « et moi aussi je devrais être parti »  L'acte meurt avec ses motifs, ses raisons, le jour n'est plus qu'une oublié de flusher ou quoi?  La porte du garde-robe de la chambre est restée ouverte, un oubli  En se levant la fille aperçoit le corps et pousse un grincement effrayé en se tournant vers Franco tu...tu l'as tué?...tu l'as tué ce putain de salaud qui m'a violée...  Bien fait !  Mais qu'est-ce tu vas en faire, tu peux pas le laisser là, ça pu au max  On devrait au moins le foutre dans l'bain  Puis elle ajoute, après une rapide cueillette d'air :   toi aussi, un bon bain ça te ferait pas de tort...pis moi aussi tant qu'à y être...immense fatigue que la nuit se refuse à cautionner : la nuit veille  La nuit, maintenue éveillée par la douleur d'une rationalité, d'une clarté cartésienne, cicatrise la brûlure : le geste qui cicatrise et non l'apaisement d'une réconciliation : la guérison souffre      d'un pas encore sommeillant, étoilé, Franco va jeter un oeil à la fenêtre, apercevant au loin l'entrée du cimetière, jardin fané des guérisons anesthésiées  The night of the living dead, métaphore qui, pense-t-il, rend assez bien l'état broussailleux de son estomac  On y accède par la grand- route  Le cimetière, of course  Par contre, il existe un raccourci que les habitués de la place connaissent bien,  mais vaut mieux éviter les raccourcis, ils sont toujours piégés   vaisselles sales, bouteilles de bières pas finies, billets de loterie jaunis    la fille dort encore, écrasée sur le lit : épuisante tache de sueur en été  La baiser s'est avéré un début de solution  Un début seulement  Qu'est-ce qu'il va faire d'elle maintenant, la laisser là, la tuer elle aussi?  D'un côté comme de l'autre les risques sont non nuls    dans les tiroirs du défunt, Franco trouve des vêtements propres  Pas du dernier cri mais bon ! on choisit pas toujours ce qu'on porte    tu peux me détacher, marmonne maintenant la tache de sueur, d'une voix fatiguante, comme un perroquet qui insisterait pour avoir votre numéro de cellulaire ou votre E-mail  Fran...Franco, c'est toi? qu'elle dit en relevant la tête dans un geste brouillon  Où est passé ton frère?  Débarasse-moi de ça, tu veux...      il la détache où est-ce qu'i' est passé? qu'elle insiste   qui?    ben le mec qui t'attendait, ton demi-frère?... Pouah, quelle puanteur ici d'dans, t'as    pas nécessaire, on le laisse où y est, on lève les pattes  Et arrête de m'appeler Franco    pourquoi, t'as changé de nom?...    si tu veux    elle l'interroge du regard un moment  Puis, haussant les épaules, t'as de quoi fumer?    sur la table du salon Juste une, après tu te savonnes pis on part    on?...   si tu préfères rester icitt va falloir que je te foute dans le garde-robe aussi    t'es cinglé ou quoi, qu'elle lance en se dirigeant vers le salon, toujours à poil  Au bout d'une minute elle revient en fumant  j'aurais jamais cru que tu pusses faire une chose de même, tu sais, comme quoi on connaît mal le monde, surtout le monde avec qui on couche  Y disait qu'était ton frère, le con, j'y ai pas cru une minute  Où c'est que t'as mis mon linge?  Hey, ça va pas, non, qu'elle crie en apercevant ses vêtements sur le sol dans le fond du placard à côté du macchabée  C'est toi qu'as mis ça là ou c'est lui?  Quand est-ce que tu l'as tué?  en tous cas ça devait être une mort douce parce que j'ai rien entendu  Tu dis rien? pourquoi tu dis rien, parle...    le gars achève tranquillement sa bière  va te laver avant qu'on parte    me semblait que t'haissait ça boire à' bouteille...    tu peux la fermer un boutt, va te laver, t'empestes    pis toi, tu penses    après un temps, la fille finit de s'habiller ( ça faisait un boutt qu'elle avait envie de se recycler dans le crime, qu'elle avait dit pendant qu'il la fourrait) qu'est-ce tu fais?   je décrisse, ça se voit pas?    t'as quand même pas l'intention de me laisser icitt tout seule    viens si tu veux, mais plus un mot sinon je te balance par la fenêtre  Avant de sortir il fouille dans le porte-feuille de Franco et en sort une carte de crédit et une carte de guichet automatique CIBC , merde, j'ai oublié le code  Tu le sais, toi?    comment veux-tu que je le sache, j'le connais même pas c'gars-là    bon, viens, on s'en va, qu'il ordonne en se levant      ils roulent un moment en silence    j'au tué Franco, qu'il lance subitement comme un coup de poignard au bout d'une phrase banale    quoi, t'as tué Franco?  Mais c'est toi Franco...    non    si c'est ça ton alibi t'as intérêt à te trouver un bon avocat    j'ai tué Franco, tu comprends?    non, je comprends pas   Si t'as tué Franco, toi t'es qui?  son jumeau?    non, le gars qui t'a violé  Le mec que t'as sucé hier après-midi    ton demi-frère?    y a pas de demi-frère    arrête, je veux descendre    pour quoi faire?    parce je pense que t'as des sérieux problèmes, je parle pas de la police qui va sûrement te courrir après, mais des problèmes dans ta tête  j'ai aucun problème, qu'il crie en freinant brusquement sur le bord de la route  Aucun problème, osti !  Mais si tu continues, toé tu vas en avoir en crisse   Descend, je t'ai assez vu le portrait  Je sais même pas ce que je fous avec toi, t'étais pas prévue...anyway, rien de tout ça était prévu    Tanya descemd  Le rôle du langage pourrait consister à nous frayer un chemin jusqu'au silemce Le langage défriche la route mais ne peut pas la franchir  Elle réembarque    démarre Elle s'allune une cigarette et posent ses pieds nus sur le dash  après avoir envoyé promener ses running sur le siège arrière  Après quelques bouffées elle place sa cigarette entre son gros orteils et sa proxime compagne t'en veux que'qu's bouffées?  Une pancarte indique : motel, 1 miles   on s'arrête un peu? qu'elle demande      évidemment les choses auraient pu se passer de cette façon, mais alors le fait divers risquait de basculer dans le roman, dans le mal à 'la p'tite semaine, dans l'odeur indiscrète d'une petite poignée de poils au-dessus de la fente, simple catégorie juridique  Anyway, les nanas c'est toujours encombrant dans une histoire et en bout de ligne ça signifie pas grand-chose (sans compter que ça risque toujours de témoigner contre vous pour assurer leurs petites fesses : les gonzesses ça a toujours un arrière-goût de roman-photo à chier) Ça cadre mal dans un fait divers, pas de place pour la dentelle, les orifices sans secret, les idéaux : les faits, rien que les faits, purs et durs  Bien cuits  Non, c'est abandonné à lui-même qu'il a vécu sa métamorphose  En aucun moment il n'a quitté la sphère de l'être, des albums-photos-jaunies , c'est seulement comme si l'être s'était modifié en lui, comme si en tuant Franco, il n'avait ouvert que l'enveloppe, déchiqueté sa surface, son épiderme et non son Être : et à son tour, cet Être avait tué son Être et s'y était substitué...il avait frappé, frappé, frappé...    son Être !  Quelle bêtise !  //reprenons                                                                                 et le meurtre immanent  Le meurtre transcendant est essentiellement de nature politique, il s'agit d'une mécanique  Ce n'est pas un individu qui est visé en ce cas mais une fonction Quant au meurtre immanent, celui-ci se réclame de l'affect, le crime passionnel par exemple  Là non plus ce n'est pas une personne qui est visée mais sa périphérie  Prenons Franco  Son assassinat n'est pas seulement du à sa personne physique mais à tout ce qui l'enveloppe, poêle, frigo, draps, set de salon,                                 X [ ici s'ajoutait un curieux passage entièrement rayé, sauf la dernière phrase  si l'on écarte le meurtre dans son aspect pathologique, bien que lui aussi se réclame d'une transcendance, et qui doit faire l'objet d'une étude séparée, on pourrait diviser l'acte de tuer en deux grande catégories : le meurtre transcendant les livres qu'il lit, qu'il ne lit pas, ce qu'il mange, ce qu'il ne mange pas, etcetcetc  C'est pourquoi le logement de Franco peut être considéré comme aussi mort que lui Dehors il n'y a que des murs, toutes sortes de murs, de honte, de Chine, de berlin, mais chez soi...c'est trop cher des murs, l'est, l'ouest... qui a les moyens de payer?    mais bon, individuellement parlant, si les causes diffèrent, l'effet, pour sa part,  revient insensiblement au même  Le meurtre rationnel, ou logique, à la différence du crime affectif, n'agresse pas la périphérie, qui demeure extérieure au tué, située, centrée, frontpagée : c'est un lieu d'autorité  En ce sens, l'assassinat politique, ou encore à contrat, peut se résumer dans les normes d'un attentat nécessaire, d'un anéantissement au nom d'une instance supérieure, d'une Loi conceptuelle arrosée de divinité  Je n'ai jamais cherché à prendre la place de Dieu, mes gestes n'ont jamais été clairs et distincts, nécessaires  Tué ça a jamais été ma profession]   c'est alors qu'au cours du procès se produisit un événement étrange que personne ne remarquat : l'accusé disparut et qu'on fit monter l'avocat a la barre des accusés   une fois isolé dans la salle de bain il plonge son visage dans la glace  Celui-ci glisse sur la surface  Contrairement au visage des gonzesses, un visage d'homme apprend difficilement à patiner  Il fixe celui-ci    rien n'a changé  Rien dont on pourrait dire : voilà le visage d'un assassin  Et pourtant...    quelque chose le tracasse dans ces traits tiraillés qui se prétendent les siens  Il esquisse un sourire de reconnaissance qui faillit éclater de rire  Mais il n'est pas d'humeur    il retourne à la cuisine  Le corps commençe à empester en sacrament  « Pourquoi qu'il pue, après tout c'est plus qu'un objet? pourquoi le passage de la vie dans une notice nécrologique laisse-t-il une odeur si désagréable?  Une fois la vie partit, le corps retrouve son odeur naturelle, comme une télé qu'on éteint laisse toujours dans l'air une sorte d'odeur de brûlé »    pensant ça, il va ouvrir la télé puis la referme aussitôt en respirant profondément  Mais il ne sent que l'odeur de l'autre... l'objet  C'est alors qu'il constate que lui-même dégage une odeur désagréable, comme si la mort se collait à lui pour un slow...  « Faudra que je prenne une douche »   il retourne dans la salle de bain  Lorsqu'il se rhabille, il empeste toujours  « Faut que je débarrasse d'icitt au plus vite »   reste qu'à attendre la nuit, le soleil vient à peine de se lever En se retournant, juste avant de quitter la salle de bain, du coin de l'oeil, il aperçoit de nouveau son visage dans la glace et s'immobilise après un bref sursaut  « Y a qu'q'chose de pas normal », qu'il pense en dévisageant celui-ci    en revenant dans la cuisine, il aperçoit une fille qui descend l'escalier colimaçon arrière en fer forgé  Rapidement il attrape l'objet et le traîne dans la chambre où il le remise dans le garde-robe  « Profites-en pour réfléchir à ce que tu vas mettre au salon, si salon y a »   à ce moment, on frappe sur la porte de la cuisine  Faut-il ouvrir?  Elle l'a sûrement aperçu de l'extérieur en descendant   à contrecoeur, il ouvre    salut, Franco est là? qu'elle demande en promenant son regard par dessus l'épaule du type   non, y est sorti    ah...  Pis toi t'es qui?    son frère (trop tard pour changer de réponse)    son frère?...bizarre, y m'a jamais dit qu'avait un frère    on est pas vraiment en bons termes  De toute façon, on est juste demi-frères  Ma mère a été violée, ça doit être pour ça qu'y t'a jamais parlé de moé  (C'est dingue ce qu'on peut inventer des fois)    sa mère violée?...  J'pensais qu'elle était morte   un empêche pas l'autre    ouais, tant qu'à ça  Bon ben, tu y diras que chu passée    elle se retourne et remonte l'escalier  Puis brusquement elle dévisse sa tête en direction du gars et dit : c'est vrai que vous avez un air de famille   puis continue son ascension    « un air de famille », rage le « frère » de Franco en refermant la porte, « tu peux ben aller chier avec tes airs de famille, pauv' conne »    il jette un oeil sur la vieille horloge accrochée au mur, onze heures sept du mat'  « Encore toute la putain de journée », qu'il pense en allant s'écraser sur le divan du salon, question de dormir un peu, de tuer le temps    en se réveillant, assis sur le bord du vieux divan colonial, il voit une pile de photos sur un des meubles  Des photos de la fille  Quelques unes à poil  « L'odeur, qu'il pense subitement en rejetant les photos, elle a forcément dû sentir  Si elle revient, je vais être obligé d'la tuer aussi »    comme un bing bang odorifié, la puanteur prend de l'expansion, et vite  Il lui a pas tiré dessus mais l'a poignardé, est-ce que ça fait une différence? est-ce qu'au couteau ça pu plus?  Question idiote, qu'il se dit    l'idée lui vient de se commander quelque chose à bouffer  Trop risqué  Tuer le livreur?...ça reste  une option   il empeste comme une vieille scrap et ça le fait bander  La fille    une bière, c'est la seule chose qu'il peut encore accepter de la part du vieux frigo  Il débouche deux bières et les pose sur la table de la cuisine    assis-toé, qu'il dit  tu trouves pas que ça sent drôle icitt, qu'elle dit en s'assoyant    ça sent comme d'habitude    elle prend une gorgée puis demande : pourquoi comme d'habitude, tu viens souvent?...    non, mais quand je viens ça pu    c'est peut-être toi qu'amène la mauvaise odeur...    ça se peut ben    d'habitude c'est pas si pire, qu'elle dit en respirant le dessous de son bras    tu sens si tu pus toé 'si?...  Ben non, tu sens bon  Tu veux une autre bière?    non, ça va  Je vais aller prendre un peu d'air, c'est presque une urgence   Franco débouche une autre bière qu'il pose en équilibre sur la table, devant elle    awèye boé, y est à veille d'arriver Elle cale une gorgée en le fixant encore une fois    vous vous ressemblez vraiment beaucoup    ah, ça va, arrête avec ça J'y ressemble pas tant que ça  Pas du tout, même  À t'entendre parler, on dirait qu'on est jumeaux    presque trois heures Encore au moins neuf heures    i' prenait souvent des photos de toi, à ce que j'ai pu constater    qui, ton frère?   demi-frère    quoi, y t'a montré?    non, elles traînent dans le salon    toutes?...    toutes, ouais, même celles à poil    un temps passe, puis elle demande :   tu fais quoi dans' vie?    j'travaille comme déménageur   tu déménages quoi?    qu'est-ce tu penses, des meubles, des poêles, des boîtes  Toé, tu fa' quoi?    pas grand-chose, je bosse        c'est ben beau mais dans quoi?   chu su'l'chomage dans l'moment    pis quand t'es pas su'l'chomage?    qu'est-ce ça peut foutt !...  c'est quoi toutes ces questions stupides, tu travailles pour la police?   garde-lé pour toé, ton secret, c'est toutt  Pas plus compliqué que ça    putain que ça pu, veux-tu ben me dire c'est quoi qu'empeste de même?    elle se leve    où tu vas?   j'pu capable de rester icitt, faut qu'j'sorte    il la retient par le bras    reste, la puanteur c'est pas contagieux   lâche-moé, c'é toé qu'empeste  Ça fa' combien de temps tu t'es pas lavé?    quatre heures, à peu près    on dirait pas  Lâche-moé, j'm'en va    y est pas question que tu partes d'icitt    c'é quoi c't'histoire-là?  Si je veux m'en aller, moé...    les nerfs ! ��Viens, on va aller dans le salon, c'é moins pire    elle le suit sans rien dire, si on peut appeler ça suivre, disons qu'il la tient plutôt serrée par le bras  Dans le couloir, lorsqu'ils arrivent à côté de la porte entrouverte de la salle de bain, il freine  « Qu'est-ce tu fais, lâche-moé, tu m'fa' mal », marmonne la fille  Avec son pied droit, il pousse la porte qui réchigne  Il reste un moment sans bouger Puis continue vers le salon, traînant toujours derrière lui par le bras la pute de Franco  Il a décidé de se la taper, un peu de violence sexuelle lui fera du bien « Je pense pas que Franco s'en formalise si je frotte un peu le trou de sa connasse »    mais la question ultime n'est toujours pas résolue : faut-il la tuer elle aussi?   cette odeur de bifteak carbonisé qui grille sur son corps comme un gros sac de vidanges rempli de merde  Un tas de merde qui s'était mis à vivre, à la gifler, à la violer, à l'insulter  Franco est une merde dans son genre, mais une merde qui se respecte même si sa chambre ressemble à une chiotte  Il l'aime comme un désodorisant, un vaporisateur   À tâtons dans ses visions, elle jouit quand même Elle se voit écrasée anco d'avoir oublié de sortir les vidanges, maintenant si elle se retrouve enceinte va savoir de quoi elle peut accoucher ! « tu connais une bonne dump pour mettre bas? »  Laisser le sac se vider, prendre une douche pis engueuler Franco  S'en tenir au programme  Aux filles qui se font cochonner : tenez-vous-en au programme  Soudain elle se demande si la dernière fois qu'elle est allée chier elle a tiré la chaîne?...  Faudra en parler, se confier aux autres, mais c'est pas facile d'avouer qu'on a eu des rapports intimes avec un sac de vidanges, aux autres qui ont vu votre merde parce que vous avez oublié de flusher    quand IL se releve, éreinté, elle a déjà sombré dans un sommeil profond  Il ignore si elle va se réveiller, il a pas lésiné sur la dose  Si elle se réveille pas, la question sera réglée  Sinon...   ah, pis j'en ai assez de jouer à ça, j'en ai ma claque de traîner mon lecteur paresseux par le bout du nez, de lui dire quoi penser, de faire des choix à sa place  Il l'a voulu autant que moi ce viol et ce possible meurtre, alors pourquoi l'auteur devrait-il tout prendre à sa charge?  Être le seul à se confier, à se râcler le coeur, à prendre des risques : à se trancher la gorge et celle d'autrui?sur le lit, les jambes écartées, gesticulant, soufflant, perdant, pendant qu'IL s'excite dans son petit sac IGA, bourré de cochonneries  Peut-être qu'il est bio-dégradable, qu'y va se dissoudre une fois vidé?  Fallait pas oublier d'engueuler Fr    en ignorant tout d'une décision capitale sise au coeur même du récit, comme si finalement ce putain de récit, de conte se voyait brusquement purgé de sa syntaxe, il se peut que le lecteur ressente une certaine frustration  Un peu comme à un enfant auquel on annonce un matin qu'il est assez vieux pour subvenir lui-même à ses besoins, un certain ressentiment à l'égard de l'auteur -et des parents- se voit ainsi mis en branle  Autrement dit, le bypass du récit sur certains événements peut conduire directement au crime Or en vain le lecteur demandera : mais est-elle morte la fille, l'auteur l'a-t-il zigouillée? triturée?   À ce lecteur contrarié nous conseillons d'en rester là, car la réponse pourrait s'avérer dangereuse pour sa sécurité  Force est de constater que si l'on accepte volontiers le cogito de l'auteur, l'on est beaucoup moins enthousiasme quand vient le temps de s'en attibuer un à soi : en aucun moment, le lecteur entend substantialiser son moi, payer pour l'auteur  D'aucune manière, le lecteur ne tient à être tenu responsable des gestes dont il prend peu à peu connaissance  C'est avec cette fâcheuse immunité du lecteur, du facturé, que nous voulons en finir    loin derrière nous nous apparaît l'époque dorée des jupes de Dieu  Celui-ci mort, pour user d'un verbiage moderne, le lecteur se retrouve dans la position gênante d'un sans-abri sémantique  Loin derrière les perruques de sa transcendance verticale, de son immunité impériale tout autant que scandaleuse, le lecteur reste pris en otage de sa lecture, qu'on se le dise  « Pourquoi l'avez-vous tué? »  « C'ést...c'était à cause du lecteur  Il m'a aveuglé », voilà le genre de plaidoyé littéraire auquel nous serons de plus en plus confronté  Ou l'ego est partagé, ou il se dissout à l'unisson, face à cet état de chose, il n'est plus question d'isoler un certain « ça » de l'auteur dans quelques serres subventionnées, à l'abri d'impôts          d'une voix forte et percusive qui fait vibrer les murs repeints de la salle: une lettre, un mot  Oui, une lettre, un mot, une note explicative près du défunt...  Rien, rien trouvé dans mon coeur  Pourquoi je l'ai tué?  un fantasme? une projection extérieure?...  Mais qui a tué qui au bout du compte?   brefs remous dans la salle    oui, je vous le demande, qui a violenté l'autre? qui?  Ça je vous laisse le soin d'en débattre, messieurs, madame  Pour ma part, je n'ai produit que la neutralité d'un signe, un effet de sens  MAIS   Mais l'articulation de ce sens, sa machinerie, tout ça je laisse ça à votre discrétion  (« ça y est, je parle comme un putain d'avocat petit-bourgeois », pense Franco) et à celle de ces braves policemen et psychologues qui déjà reniflent cet engrenage morbide dans la neutralité préobjective de sa signalité inversement superficielle à sa signification profonde qui se montre toujours intéressée, ratureuse, raturante, conflictualisant celle dite, cette maudite neutralité espérant imposer sa domination, s'évader de son abstraction en soumettant sa part récalcitrante, objet de sa convoitise, à son diagnostique Transiter de l'abstraction formelle du signe à l'université concrète du cas  Au contenu  Vous me suivez jusqu'ici?  Moi j'avoue que je m'y perd, tout ça est si...je trouve pas le mot, y a pas de mot pour ça  Toutes ces formalités qu'il faut remplir, essorer de leur énigme, nettoyer de leur idéalité, en fausser l'identité Mais tenons-nous-en aux faits, aux braves faits, faisons preuve d'objectivité scientifique, allons jouer dehors : il ne s'agit pas ici d'une oeuvre expérimentale, hasardeuse, pâle et désarticulée Insymbolisable  Oh que non !  Je veux me donner une âme, une suite dans les idées, une raison de mourir  Ne devrais-je pas vous sômer de me conduire au tombeau?  Messieurs, madame, à vous l'honneur   la foule se murmure en elle-même et soudain, quittant sa stupeur, ses a priori routiniers, elle hurle de frayeur à la vue du mort lui-même    on finit toujours par ressembler à sa victime, n'est-ce pas?  C'est pourquoi nous avons pris les traits du divin, du chef de gare, du gérant d'entrepôt et craignons ce que nous {sommes}, ce que de jour en jour nous devenons plus intensément sans jamais pouvoir s'en vanter : le Mal...ou peut-être préférez-vous le Bien?  Qu'importe, nous n'avons plus de corps pour trancher  Et du reste, l'innocence est une vertu de classe, une petite morale de boutique sans caméra de surveillance                                                                                         j'ai tué sans raison, parce que c'est ma nature, mon essence, ma manière à moi de vous ressembler (ou du moins /d'enfiler les vêtements auquels vous me réduisez/ à ce que vous me réduisez, en quelque sorte ma ressemblance devrait m'immuniser) : le meurtre n'est condamnable qu'au moment où cette Nature vire au Culturel, au mal-pensant, s'active, distribue des tracts  Que lorsque le regard posé sur Le Patron se détourne de Dégoût et de Différence :  le meurtre n'est répréhensible que dans un regard détourné, gestème absolu, ce Détour sans lequel aucune communauté humaine n'aurait pu se former    pour le meurtrier il n'a pas d'à-Dieu proférable à l'endroit de la victime, même un simple au revoir serait tout à fait déplacé : la mort provoquée ne pourvoit aucun rendez-vous Non que le criminel nie catégoriquement Dieu (il lui arrive même d'avoir la foi)  Mais il s'exclut ded sa demeure, là où une rencontre, forcément gênante, pourrait se produire entre sa victime et son meurtrier  Plus à son attention qu'à celle de sa victime, l'assassin repousse toute invitation divine  Pour celui-ci il s'agit d'un exil définitif du monde de Dieu et du monde humain     (cette note a été retrouvée, criblée de ratures, dans la cellule du condamné  Ndl'É)                                                                                                                                                                                                                                 [ ici s'ajoutait un curieux passage entièrement rayé, sauf la dernière phrase  si l'on écarte le meurtre dans son aspect pathologique, bien que lui aussi se réclame d'une transcendance manquée, et qui doit faire l'objet d'une étude séparée, on pourrait diviser l'acte de tuer en deux grandes catégories : le meurtre transcendant et le meurtre immanent  Le meurtre transcendant est essentiellement de nature politique, ça tient de l'horlogerie Ce n'est pas un individu qui est visé en ce cas mais une fonction, un mécanisme  Quant au meurtre immanent, celui-ci se réclame de l'affect, le crime passionnel par exemple  Là non plus ce n'est pas une personne qui est visée mais sa périphérie, son symbole Prenons Franco  Son assassinat n'est pas seulement du à sa personne physique mais à tout ce qui l'enveloppe, poêle, frigo, draps, set de salon, les livres qu'il lit, qu'il ne lit pas, ce qu'il mange, ce qu'il ne mange pas, etcetcetc.  C'est pourquoi le logement de Franco peut être considéré comme aussi mort que lui  Dehors il n'y a que des murs, toutes sortes de murs, de honte, de Chine, de Berlin, mais chez soi...c'est trop cher des murs, l'est, l'ouest... qui a les moyens de payer?    mais bon, individuellement parlant, si les causes diffèrent, l'effet, pour sa part, revient insensiblement au même  Le meurtre rationnel, ou logique, à la différence du crime affectif, n'agresse pas la périphérie, qui de-meure extérieure au tué, située, centrée, frontpagée : c'est un lieu d'autorité  En ce sens, l'assassinat politique, ou encore à contrat, peut se compresser dans les normes d'un attentat nécessaire, d'un anéantissement au nom d'une instance supposée supérieure, d'une Loi conceptuelle arrosée de divinité  Je n'ai jamais cherché à prendre la place du Boss ni celle de Descartes, mes gestes n'ont jamais été clairs et distincts, nécessaires  Tuer ça a jamais été de mon rayon  L'affect, c'est toujours une balle perdue, un numéro confidentiel, même au cirque -surtout au cirque                                                                                                                                              1986 NOTES ///   les accusés, en tête de liste viennent se loger les meurtriers, par préférence sans doute, les accusés donc -toujours Autres, terroristes de toutes essentialités, de toute paix d'après-souper, l'Autre scandalise-, les accusés, dis-je, ne pouvant accéder à l'existence sociale que si préalablement ils ont été déduits de la bonne société, réduits à l'état de simulacres, simulacre du juge, du Procureur de la Couronne, du citoyen honnête, et c'est là le prix à mettre pour les condamner en toute justice (lire bonne conscience), leur fesser dessus en toute impunité, puisque cette Justice est une opération de balancier et que ce balancier, cette balance ne peut peser que du même avec du même  /"on ne juge jamais que des analogues dévoyés"/  Mais on peut tricher, vous m'avez fait à votre image pour mieux m'effacer, m'ombrer : la restauration du système est en cours d'initialisation   nous sommes pareils, nous tous, car vous m'avez confiné dans un rôle ressemblant, je parle bien sûr de votre personne, de votre indécrassable identité Car pour mieux nier l'Autre, ce Vous-même qui vous effraie, vous bourrez vos balances justicières de Mêmeté, me réduisant ainsi à l'identique tout en prenant soin cependant que cette identification demeure unidirectionnelle, càd qu'elle préserve du même geste le justicier du mal qu'il dévoile dans une sorte d'empathie, de sympathie représentationnelle   Vous activez mon langage en le truquant, opération de mise en marche, en fonction, dans le but de le politiser (ce qui en somme revient à le criminaliser, puisque geste politique)  Mon langage, à savoir le langage visant à transformer le monde (transformation qui inclut la mort, l'accidentel, l'inexplicable) et qui s'oppose au langage, le vôtre, qui vise à l'inverse, à maintenir ce même monde dans son éternité toute vitrifiée, irréelle, sans histoire (et donc à déjouer, à renier la mort, l'imprévisible tapi dans tous risque : car le langage transformationnel ne va pas sans risque)    pour le meurtrier il n'y a pas d'à-Dieu proférable à l'endroit de la victime La mort provoquée ne donne aucun rendez-vous, n'appointe aucun dieu Non que le criminel nie catégoriquement -cela resterait à prouver, du reste- Dieu  Mais en s'exécutant, en tuant il s'exclut de sa demeure, là où une rencontre, forcément gênante, pourrait avoir lieu entre sa victime et lui  Plus à son intention personnelle qu'à celle de la victime, le meurtrier rejete toute invitation divine Pour le meurtrier il s'agit d'un exil définitif /du monde de Dieu et du monde des hommes/    en devenant un mythe, le meurtrier pourrait être purgé d'une part de son histoire, même si flous, le mythe dessinent des contours dont le sens bascule hors oeuvre (les contours exercant toujours une compression vers l'intérieur, //la forme vide le sens, le dé-figure//), il faut un procès du sens pour lui soutirer une signification  Comme les pierres du Temple, les hommes ne parlent pas, ne signifient rien en soi///vous ne parlerez qu'en présence de votre avocat prend ici une tournure fort inquiétante///  la Justice peut réduire la peine, jamais la joie d'un acte :
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myname9us-blog · 7 years
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FRANCO   starring  Jennifer White, par moments toute habillée, par d’autres, toute nue FRANCO nouvelle le sens s'excède dans sa dé-figure, il faut un geste pour rompre avec l'appauvrissement du sens dans sa forme (sa synchronicité visible) FRANCO nouvelle               la nuit s'achève  La tête lui tourne en grinçant...du moins, si c'est pas sa tête c'est dans sa tête  Un sentiment d'écoeurement lui serre la gorge : c'est la première fois qu'il va si loin    il a frappé...pareil comme on défonce une porte, qu'on l'ouvre jusqu'au sang  Sans vouloir l'achever remarquez bien...(malgré tout, cette fois il est allé trop loin)  C'est pas vraiment la porte qui le dérange, un Interdit parmi d'autres, un coup de sonnette incontrôlable...mais, comment dire...achever une porte ç'a des conséquences désagréables parfois...jamais il a tué un mec avant cette nuit  Pas plus qu'une porte, du reste    le soleil, paresseusement, commence à se lever  Son réveil semble pénible, peut-être, comme Franco, qu'il a passé une sale nuit...  Ça l'irrite de sentir cette putain de boule de ferraille, ampoule des homeless, venir le surprendre au petit matin, au petit répit, épier son récent visage d'assassin...sans parler du déjeuner   Franco file en direction des chiottes se braquer devant le miroir tout en pissant sur le sol  C'est la première fois qu'il aperçoit son visage depuis...essayant de voir ce qu'il y a de changé dans ces traits grossiers, crevassés, lunaires  Rien, qu'il pense, rien qui pourrait permettre de dire : voila une tête d'assassin ! Voilà l'eau forte d'un malade mental, mortel    voilà, c'est fait       de retour dans la cuisine, il essuie le sang qui macule les murs (comme une éjaculation précoce, surdouée), jettant un oeil par moment sur cette masse de viande inerte écrasée sur le plancher, les deux bras entortillés autour d'une des pattes indifférentes de la table  Un corps sale et mal rasé qui provoque chez lui un violent sentiment de dégoût de la race, de la crace humaine  Et pourtant, la mort a réussi à poser sur cette chair flasque une certaine dignité qu'elle n'avait jamais eu de son vivant, un moment de répit peut-être, de petit déjeûner  Écoeuré et fasciné a la fois, franco le fixe  Il s'était souvent demandé ce qu'un meurtrier pouvait ressentir après son geste, une sensation très forte -agréable, à la limite?- de peur, de kierkegaardisme?  Non Même pas  Rien, absolument rien  Un abîme d'indifférence, une panne de courant, voila tout ce qu'il ressent    laissant ses réflexions sur le sol, il va ouvrir la porte-arrière, question de laisser entrer un peu d'air frais  À ce moment  une fille s'esquisse dans l'escalier extérieur qui mène au logement    oh, pardon, sursaute la p'lotte en apercevant Franco  Je savais pas qu'André attendait quelqu'un    André est sorti, réplique sèchement son meurtrier    ah, y est pas là, est-ce que tu sais quand est-ce qu'y est supposé de r'venir?    pas avant ce soir, j'imagine  Assez tard  Franco balance ces mots avec une certaine impatience mêlée de nervosité malsaine dans la voix   s'aperçevant de son malaise, brusquement la fille opère un recul, d'inquiétude  Puis elle demande t'es qui au juste, un de ses amis? quelqu'un de la famille?  Remarque, je veux pas me mêler de mes oignons...    Franco se demande comment se débarasser de cette emmerdeuse -sans user de la méthode forte, cela va de soi, un meurtre par jour, suffit sa peine  André m'a déja parlé d'un de ses cousins qu'habite pas loin, poursuit la fouineuse, c'est toi peut-être?...  Plus je te regarde, plus je vous trouve une vague ressemblance, un air de famille    agacé par les remarques de la putain, Franco commence à envisager le pire  Qu'est-ce qu'elle raconte là, la salope, un air de famille avec cette viande avariée? Dégoûtant  Et stupide  Oui, c'est ça, on est cousin, qu'il finit par s'entendre dire  Pas proche mais loin  Ecoute, quand il reviendra je lui dirai que t'es passée, ok?  Maintenant faut que je te laisse   bof pas la peine d'y dire, j'tais juste passé comme ça y dire salut (le sucer serait plus juste, pense Franco)  Je repasserai, c'est tout, j'habite pas aux Indes, anyway   En passant, t'as faim, j'ai fait du spaghetti? je peux t'en monter une assiette, si tu veux...    qu'est-ce qui te fait dire que j'ai faim?   ben, j'sais pas, ça sent une espèce d'odeur de viande brûlée, j'en déduis que t'as sûrement gâché ce que tu te faisais...   ouais, mets-en  Mais ça m'a coupé l'appétit  Anyway, si j'ai faim, je commanderai une pizza plus tard ou j'm'arrêtrai dans un snack en chemin    bon, c'est toi qui sait  À un autre tantôt peut-être, bybye    salut    elle redescend lentement l'escalier avec son air de chien battu et disparaît dans la petite ruelle  Franco referme la porte de la cuisine  Il s'en veut de son imprudence  D'un autre côté, s'il avait pas ouvert, la suceuse aux spaghettis aurait pu se mettre à linger près de la fenêtre, à se faire sécher le haut des cuisses, ce qui aurait pu être cent fois pire  Mais quand même, il a agi avec légèreté, en parfait amateur -je suis un pro désormais, à pas oublier  T'as un cadavre sur les bras, mec, forget pas ça, qu'il se sermonne    ressembler à cette pourriture, quelle connerie !  Le petit commentaire idiot de la poule l'a de toute évidence contrarié  Il retourne vérifier la glace dans les chiottes pour s'assurer qu'aucun "p'tit air de famile" s'est incrustré, pas le plus minuscule trait commun entre lui et cette vermine, mais...quelque chose le tracasse sans qu'il puisse parvenir à mettre le doigt dessus   Au bout d'une dizaine de secondes il revient dans la cuisine et ouvre le frigo, question de voir ce qu'il pourrait bien bouffer  Dégueulasse ce qu'on peut cacher dans un fridg  Viande pourrie, fromage moisi, sans doute moins risqué que du spaghatt après tout  Soudain il se met à transpirer sans raison apparente...   la peur érige un mur (non visible, sans fond de teint, quelque chose qu'on a pas fini de peindre), un mur sans horizon  Or l'angoisse permet au "sujet" (captif) de passer au travers du mur...enfin, j'ai pas encore assez réfléchi à la question  D'ailleurs la peur ne demeure-t-elle pas la plus intense motivation de la science, la peur de mourir, la peur de vieillir  -en revanche l'absence de peur ouvrirait sur une extension spirituelle   Mais sommes-nous jamais en état de non-peur? Peut-être est-ce plutôt la quête spirituelle qui nous libère de la peur?    maintenant il se demande s'il a peur, s'il y a encore un horizon devant lui, derrière les murs...  La peur érige un mur infranchissable, ou que nous allions le mur nous précède, nous cerne, nous confisque à nous-mêmes  La prison ne représente qu'un symbole de ce mur, un fait  En fait, les murs de la  prison nient la peur, on peut facilement passer au travers  Car la certitude n'a d'autres issues que la foi  Est-ce la quête spirituelle qui nous libère de la peur, de l'angoisse, ou l'inverse?    maintenant je sais plus, je sais plus pourquoi je l'ai tué, pourquoi je devais le tuer? Est-ce qu'y avait seulement une raison? ou la folie est-ce ce qui peut pas trouver sa raison, une sorte de...pot de vin?  Ouais, c'est ça, la folie c'est confidentiel  Sa mort me semble pas mystérieuse  Ma vie l'est : comment expliquer sa mort si ma vie est inexplicable?       XXX//notes /    la peur érige un mur (non visible, sans fond de teint, quelque chose qu'on a pas fini de peindre), un mur sans horizon  Or l'angoisse permet au "sujet" (captif) de passer au travers du mur...enfin, j'ai pas encore assez réfléchi à la question D'ailleurs la peur ne demeure-t-elle pas la plus intense motivation de la science, la peur de mourir, la peur de vieillir  -en revanche l'absence de peur ouvrirait sur une extension spirituelle   Mais sommes-nous jamais en état de non-peur?  Peut-être est-ce plutôt la quête spirituelle qui nous libère de la peur?   maintenant il se demande s'il a peur, s'il y a encore un horizon devant lui, derrière les murs...  La peur érige un mur infranchissable, ou que nous allions le mur nous précède, nous cerne, nous confisque à nous-mêmes  La prison ne représente qu'un symbole de ce mur, un fait  En fait, les murs de la  prison nient la peur, on peut facilement passer au travers  /Car la certitude n'a d'autres issues que la foi  Est-ce la quête spirituelle qui nous libère de la peur, de l'angoisse, ou l'inverse? PLUS BAS, VERS LA FIN/   L'Ancien Testament  Pourquoi ce Dieu cruel?  Si l'on croit en Dieu, un système politique s'instaure constitué par la peur  Mais si l'on n'y croit pas, alors on s'angoisse devant nos propres fictions    maintenant je sais plus, je sais plus pourquoi je l'ai tué, pourquoi je devais le tuer? Est-ce qu'y avait seulement une raison? ou la folie est-ce ce qui peut pas trouver sa raison, une sorte de...pot de vin?  Ouais, c'est ça, la folie c'est confidentiel  Sa mort me semble pas mystérieuse  Ma vie l'est : comment expliquer sa mort si ma vie est inexplicable?       quand il se réveille. le soleil a foutu le camp depuis un boutt   « Pas faché », qu'il se dit, « et moi aussi je devrais être parti »  L'acte meurt avec ses motifs, ses raisons, le jour n'est plus qu'une oublié de flusher ou quoi?  La porte du garde-robe de la chambre est restée ouverte, un oubli  En se levant la fille aperçoit le corps et pousse un grincement effrayé en se tournant vers Franco tu...tu l'as tué?...tu l'as tué ce putain de salaud qui m'a violée...  Bien fait !  Mais qu'est-ce tu vas en faire, tu peux pas le laisser là, ça pu au max  On devrait au moins le foutre dans l'bain  Puis elle ajoute, après une rapide cueillette d'air :   toi aussi, un bon bain ça te ferait pas de tort...pis moi aussi tant qu'à y être...immense fatigue que la nuit se refuse à cautionner : la nuit veille  La nuit, maintenue éveillée par la douleur d'une rationalité, d'une clarté cartésienne, cicatrise la brûlure : le geste qui cicatrise et non l'apaisement d'une réconciliation : la guérison souffre      d'un pas encore sommeillant, étoilé, Franco va jeter un oeil à la fenêtre, apercevant au loin l'entrée du cimetière, jardin fané des guérisons anesthésiées  The night of the living dead, métaphore qui, pense-t-il, rend assez bien l'état broussailleux de son estomac  On y accède par la grand- route  Le cimetière, of course  Par contre, il existe un raccourci que les habitués de la place connaissent bien,  mais vaut mieux éviter les raccourcis, ils sont toujours piégés   vaisselles sales, bouteilles de bières pas finies, billets de loterie jaunis    la fille dort encore, écrasée sur le lit : épuisante tache de sueur en été  La baiser s'est avéré un début de solution  Un début seulement  Qu'est-ce qu'il va faire d'elle maintenant, la laisser là, la tuer elle aussi?  D'un côté comme de l'autre les risques sont non nuls    dans les tiroirs du défunt, Franco trouve des vêtements propres  Pas du dernier cri mais bon ! on choisit pas toujours ce qu'on porte    tu peux me détacher, marmonne maintenant la tache de sueur, d'une voix fatiguante, comme un perroquet qui insisterait pour avoir votre numéro de cellulaire ou votre E-mail  Fran...Franco, c'est toi? qu'elle dit en relevant la tête dans un geste brouillon  Où est passé ton frère?  Débarasse-moi de ça, tu veux...      il la détache où est-ce qu'i' est passé? qu'elle insiste   qui?    ben le mec qui t'attendait, ton demi-frère?... Pouah, quelle puanteur ici d'dans, t'as    pas nécessaire, on le laisse où y est, on lève les pattes  Et arrête de m'appeler Franco    pourquoi, t'as changé de nom?...    si tu veux    elle l'interroge du regard un moment  Puis, haussant les épaules, t'as de quoi fumer?    sur la table du salon Juste une, après tu te savonnes pis on part    on?...   si tu préfères rester icitt va falloir que je te foute dans le garde-robe aussi    t'es cinglé ou quoi, qu'elle lance en se dirigeant vers le salon, toujours à poil  Au bout d'une minute elle revient en fumant  j'aurais jamais cru que tu pusses faire une chose de même, tu sais, comme quoi on connaît mal le monde, surtout le monde avec qui on couche  Y disait qu'était ton frère, le con, j'y ai pas cru une minute  Où c'est que t'as mis mon linge?  Hey, ça va pas, non, qu'elle crie en apercevant ses vêtements sur le sol dans le fond du placard à côté du macchabée  C'est toi qu'as mis ça là ou c'est lui?  Quand est-ce que tu l'as tué?  en tous cas ça devait être une mort douce parce que j'ai rien entendu  Tu dis rien? pourquoi tu dis rien, parle...    le gars achève tranquillement sa bière  va te laver avant qu'on parte    me semblait que t'haissait ça boire à' bouteille...    tu peux la fermer un boutt, va te laver, t'empestes    pis toi, tu penses    après un temps, la fille finit de s'habiller qu'est-ce tu fais?    je décrisse, ça se voit, non?   t'as quand même pas l'intention de me laisser icitt tout seule   viens si tu veux, mais plus un mot sinon je te balance par la fenêtre  Avant de sortir il fouille dans le porte-feuille de Franco et en sort une carte de crédit et une carte de guichet automatique CIBC , merde, j'ai oublié le code  Tu le sais, toi?    comment veux-tu que je le sache, j'le connais même pas c'gars-là    bon, viens, on s'en va, qu'il ordonne en se levant      ils roulent un moment en silence    j'au tué Franco, qu'il lance subitement comme un coup de poignard au bout d'une phrase banale    quoi, t'as tué Franco?  Mais c'est toi Franco...    non    si c'est ça ton alibi t'as intérêt à te trouver un bon avocat    j'ai tué Franco, tu comprends?    non, je comprends pas   Si t'as tué Franco, toi t'es qui?  son jumeau?    non, le gars qui t'a violé  Le mec que t'as sucé hier après-midi    ton demi-frère?    y a pas de demi-frère    arrête, je veux descendre    pour quoi faire?    parce je pense que t'as des sérieux problèmes, je parle pas de la police qui va sûrement te courrir après, mais des problèmes dans ta tête  j'ai aucun problème, qu'il crie en freinant brusquement sur le bord de la route  Aucun problème, osti !  Mais si tu continues, toé tu vas en avoir en crisse   Descend, je t'ai assez vu le portrait  Je sais même pas ce que je fous avec toi, t'étais pas prévue...anyway, rien de tout ça était prévu    Tanya descemd  Le rôle du langage pourrait consister à nous frayer un chemin jusqu'au silemce Le langage défriche la route mais ne peut pas la franchir  Elle réembarque    démarre Elle s'allune une cigarette et posent ses pieds nus sur le dash  après avoir envoyé promener ses running sur le siège arrière  Après quelques bouffées elle place sa cigarette entre son gros orteils et sa proxime compagne t'en veux que'qu's bouffées?  Une pancarte indique : motel, 1 miles   on s'arrête un peu? qu'elle demande      évidemment les choses auraient pu se passer de cette façon, mais alors le fait divers risquait de basculer dans le roman, dans le mal à 'la p'tite semaine, dans l'odeur indiscrète d'une petite poignée de poils au-dessus de la fente, simple catégorie juridique  Anyway, les nanas c'est toujours encombrant dans une histoire et en bout de ligne ça signifie pas grand-chose (sans compter que ça risque toujours de témoigner contre vous pour assurer leurs petites fesses : les gonzesses ça a toujours un arrière-goût de roman-photo à chier) Ça cadre mal dans un fait divers, pas de place pour la dentelle, les orifices sans secret, les idéaux : les faits, rien que les faits, purs et durs  Bien cuits  Non, c'est abandonné à lui-même qu'il a vécu sa métamorphose  En aucun moment il n'a quitté la sphère de l'être, des albums-photos-jaunies , c'est seulement comme si l'être s'était modifié en lui, comme si en tuant Franco, il n'avait ouvert que l'enveloppe, déchiqueté sa surface, son épiderme et non son Être : et à son tour, cet Être avait tué son Être et s'y était substitué...il avait frappé, frappé, frappé...    son Être !  Quelle bêtise !  //reprenons                                                                                 et le meurtre immanent  Le meurtre transcendant est essentiellement de nature politique, il s'agit d'une mécanique  Ce n'est pas un individu qui est visé en ce cas mais une fonction Quant au meurtre immanent, celui-ci se réclame de l'affect, le crime passionnel par exemple  Là non plus ce n'est pas une personne qui est visée mais sa périphérie  Prenons Franco  Son assassinat n'est pas seulement du à sa personne physique mais à tout ce qui l'enveloppe, poêle, frigo, draps, set de salon,                                 X [ ici s'ajoutait un curieux passage entièrement rayé, sauf la dernière phrase  si l'on écarte le meurtre dans son aspect pathologique, bien que lui aussi se réclame d'une transcendance, et qui doit faire l'objet d'une étude séparée, on pourrait diviser l'acte de tuer en deux grande catégories : le meurtre transcendant les livres qu'il lit, qu'il ne lit pas, ce qu'il mange, ce qu'il ne mange pas, etcetcetc  C'est pourquoi le logement de Franco peut être considéré comme aussi mort que lui Dehors il n'y a que des murs, toutes sortes de murs, de honte, de Chine, de berlin, mais chez soi...c'est trop cher des murs, l'est, l'ouest... qui a les moyens de payer?    mais bon, individuellement parlant, si les causes diffèrent, l'effet, pour sa part,  revient insensiblement au même  Le meurtre rationnel, ou logique, à la différence du crime affectif, n'agresse pas la périphérie, qui demeure extérieure au tué, située, centrée, frontpagée : c'est un lieu d'autorité  En ce sens, l'assassinat politique, ou encore à contrat, peut se résumer dans les normes d'un attentat nécessaire, d'un anéantissement au nom d'une instance supérieure, d'une Loi conceptuelle arrosée de divinité  Je n'ai jamais cherché à prendre la place de Dieu, mes gestes n'ont jamais été clairs et distincts, nécessaires  Tué ça a jamais été ma profession]   c'est alors qu'au cours du procès se produisit un événement étrange que personne ne remarquat : l'accusé disparut et qu'on fit monter l'avocat a la barre des accusés   une fois isolé dans la salle de bain il plonge son visage dans la glace  Celui-ci glisse sur la surface  Contrairement au visage des gonzesses, un visage d'homme apprend difficilement à patiner  Il fixe celui-ci    rien n'a changé  Rien dont on pourrait dire : voilà le visage d'un assassin  Et pourtant...    quelque chose le tracasse dans ces traits tiraillés qui se prétendent les siens  Il esquisse un sourire de reconnaissance qui faillit éclater de rire  Mais il n'est pas d'humeur    il retourne à la cuisine  Le corps commençe à empester en sacrament  « Pourquoi qu'il pue, après tout c'est plus qu'un objet? pourquoi le passage de la vie dans une notice nécrologique laisse-t-il une odeur si désagréable?  Une fois la vie partit, le corps retrouve son odeur naturelle, comme une télé qu'on éteint laisse toujours dans l'air une sorte d'odeur de brûlé »    pensant ça, il va ouvrir la télé puis la referme aussitôt en respirant profondément  Mais il ne sent que l'odeur de l'autre... l'objet  C'est alors qu'il constate que lui-même dégage une odeur désagréable, comme si la mort se collait à lui pour un slow...  « Faudra que je prenne une douche »   il retourne dans la salle de bain  Lorsqu'il se rhabille, il empeste toujours  « Faut que je débarrasse d'icitt au plus vite »   reste qu'à attendre la nuit, le soleil vient à peine de se lever En se retournant, juste avant de quitter la salle de bain, du coin de l'oeil, il aperçoit de nouveau son visage dans la glace et s'immobilise après un bref sursaut  « Y a qu'q'chose de pas normal », qu'il pense en dévisageant celui-ci    en revenant dans la cuisine, il aperçoit une fille qui descend l'escalier colimaçon arrière en fer forgé  Rapidement il attrape l'objet et le traîne dans la chambre où il le remise dans le garde-robe  « Profites-en pour réfléchir à ce que tu vas mettre au salon, si salon y a »   à ce moment, on frappe sur la porte de la cuisine  Faut-il ouvrir?  Elle l'a sûrement aperçu de l'extérieur en descendant   à contrecoeur, il ouvre    salut, Franco est là? qu'elle demande en promenant son regard par dessus l'épaule du type   non, y est sorti    ah...  Pis toi t'es qui?    son frère (trop tard pour changer de réponse)    son frère?...bizarre, y m'a jamais dit qu'avait un frère    on est pas vraiment en bons termes  De toute façon, on est juste demi-frères  Ma mère a été violée, ça doit être pour ça qu'y t'a jamais parlé de moé  (C'est dingue ce qu'on peut inventer des fois)    sa mère violée?...  J'pensais qu'elle était morte   un empêche pas l'autre    ouais, tant qu'à ça  Bon ben, tu y diras que chu passée    elle se retourne et remonte l'escalier  Puis brusquement elle dévisse sa tête en direction du gars et dit : c'est vrai que vous avez un air de famille   puis continue son ascension    « un air de famille », rage le « frère » de Franco en refermant la porte, « tu peux ben aller chier avec tes airs de famille, pauv' conne »    il jette un oeil sur la vieille horloge accrochée au mur, onze heures sept du mat'  « Encore toute la putain de journée », qu'il pense en allant s'écraser sur le divan du salon, question de dormir un peu, de tuer le temps    en se réveillant, assis sur le bord du vieux divan colonial, il voit une pile de photos sur un des meubles  Des photos de la fille  Quelques unes à poil  « L'odeur, qu'il pense subitement en rejetant les photos, elle a forcément dû sentir  Si elle revient, je vais être obligé d'la tuer aussi »    comme un bing bang odorifié, la puanteur prend de l'expansion, et vite  Il lui a pas tiré dessus mais l'a poignardé, est-ce que ça fait une différence? est-ce qu'au couteau ça pu plus?  Question idiote, qu'il se dit    l'idée lui vient de se commander quelque chose à bouffer  Trop risqué  Tuer le livreur?...ça reste  une option   il empeste comme une vieille scrap et ça le fait bander  La fille    une bière, c'est la seule chose qu'il peut encore accepter de la part du vieux frigo  Il débouche deux bières et les pose sur la table de la cuisine    assis-toé, qu'il dit  tu trouves pas que ça sent drôle icitt, qu'elle dit en s'assoyant    ça sent comme d'habitude    elle prend une gorgée puis demande : pourquoi comme d'habitude, tu viens souvent?...    non, mais quand je viens ça pu    c'est peut-être toi qu'amène la mauvaise odeur...    ça se peut ben    d'habitude c'est pas si pire, qu'elle dit en respirant le dessous de son bras    tu sens si tu pus toé 'si?...  Ben non, tu sens bon  Tu veux une autre bière?    non, ça va  Je vais aller prendre un peu d'air, c'est presque une urgence   Franco débouche une autre bière qu'il pose en équilibre sur la table, devant elle    awèye boé, y est à veille d'arriver Elle cale une gorgée en le fixant encore une fois    vous vous ressemblez vraiment beaucoup    ah, ça va, arrête avec ça J'y ressemble pas tant que ça  Pas du tout, même  À t'entendre parler, on dirait qu'on est jumeaux    presque trois heures Encore au moins neuf heures    i' prenait souvent des photos de toi, à ce que j'ai pu constater    qui, ton frère?   demi-frère    quoi, y t'a montré?    non, elles traînent dans le salon    toutes?...    toutes, ouais, même celles à poil    un temps passe, puis elle demande :   tu fais quoi dans' vie?    j'travaille comme déménageur   tu déménages quoi?    qu'est-ce tu penses, des meubles, des poêles, des boîtes  Toé, tu fa' quoi?    pas grand-chose, je bosse        c'est ben beau mais dans quoi?   chu su'l'chomage dans l'moment    pis quand t'es pas su'l'chomage?    qu'est-ce ça peut foutt !...  c'est quoi toutes ces questions stupides, tu travailles pour la police?   garde-lé pour toé, ton secret, c'est toutt  Pas plus compliqué que ça    putain que ça pu, veux-tu ben me dire c'est quoi qu'empeste de même?    elle se leve    où tu vas?   j'pu capable de rester icitt, faut qu'j'sorte    il la retient par le bras    reste, la puanteur c'est pas contagieux   lâche-moé, c'é toé qu'empeste  Ça fa' combien de temps tu t'es pas lavé?    quatre heures, à peu près    on dirait pas  Lâche-moé, j'm'en va    y est pas question que tu partes d'icitt    c'é quoi c't'histoire-là?  Si je veux m'en aller, moé...    les nerfs !  Viens, on va aller dans le salon, c'é moins pire    elle le suit sans rien dire, si on peut appeler ça suivre, disons qu'il la tient plutôt serrée par le bras  Dans le couloir, lorsqu'ils arrivent à côté de la porte entrouverte de la salle de bain, il freine  « Qu'est-ce tu fais, lâche-moé, tu m'fa' mal », marmonne la fille  Avec son pied droit, il pousse la porte qui réchigne  Il reste un moment sans bouger Puis continue vers le salon, traînant toujours derrière lui par le bras la pute de Franco  Il a décidé de se la taper, un peu de violence sexuelle lui fera du bien « Je pense pas que Franco s'en formalise si je frotte un peu le trou de sa connasse »    mais la question ultime n'est toujours pas résolue : faut-il la tuer elle aussi?   cette odeur de bifteak carbonisé qui grille sur son corps comme un gros sac de vidanges rempli de merde  Un tas de merde qui s'était mis à vivre, à la gifler, à la violer, à l'insulter  Franco est une merde dans son genre, mais une merde qui se respecte même si sa chambre ressemble à une chiotte  Il l'aime comme un désodorisant, un vaporisateur   À tâtons dans ses visions, elle jouit quand même Elle se voit écrasée anco d'avoir oublié de sortir les vidanges, maintenant si elle se retrouve enceinte va savoir de quoi elle peut accoucher ! « tu connais une bonne dump pour mettre bas? »  Laisser le sac se vider, prendre une douche pis engueuler Franco  S'en tenir au programme  Aux filles qui se font cochonner : tenez-vous-en au programme  Soudain elle se demande si la dernière fois qu'elle est allée chier elle a tiré la chaîne?...  Faudra en parler, se confier aux autres, mais c'est pas facile d'avouer qu'on a eu des rapports intimes avec un sac de vidanges, aux autres qui ont vu votre merde parce que vous avez oublié de flusher    quand IL se releve, éreinté, elle a déjà sombré dans un sommeil profond  Il ignore si elle va se réveiller, il a pas lésiné sur la dose  Si elle se réveille pas, la question sera réglée  Sinon...   ah, pis j'en ai assez de jouer à ça, j'en ai ma claque de traîner mon lecteur paresseux par le bout du nez, de lui dire quoi penser, de faire des choix à sa place  Il l'a voulu autant que moi ce viol et ce possible meurtre, alors pourquoi l'auteur devrait-il tout prendre à sa charge?  Être le seul à se confier, à se râcler le coeur, à prendre des risques : à se trancher la gorge et celle d'autrui?sur le lit, les jambes écartées, gesticulant, soufflant, perdant, pendant qu'IL s'excite dans son petit sac IGA, bourré de cochonneries  Peut-être qu'il est bio-dégradable, qu'y va se dissoudre une fois vidé?  Fallait pas oublier d'engueuler Fr    en ignorant tout d'une décision capitale sise au coeur même du récit, comme si finalement ce putain de récit, de conte se voyait brusquement purgé de sa syntaxe, il se peut que le lecteur ressente une certaine frustration  Un peu comme à un enfant auquel on annonce un matin qu'il est assez vieux pour subvenir lui-même à ses besoins, un certain ressentiment à l'égard de l'auteur -et des parents- se voit ainsi mis en branle  Autrement dit, le bypass du récit sur certains événements peut conduire directement au crime Or en vain le lecteur demandera : mais est-elle morte la fille, l'auteur l'a-t-il zigouillée? triturée?   À ce lecteur contrarié nous conseillons d'en rester là, car la réponse pourrait s'avérer dangereuse pour sa sécurité  Force est de constater que si l'on accepte volontiers le cogito de l'auteur, l'on est beaucoup moins enthousiasme quand vient le temps de s'en attibuer un à soi : en aucun moment, le lecteur entend substantialiser son moi, payer pour l'auteur  D'aucune manière, le lecteur ne tient à être tenu responsable des gestes dont il prend peu à peu connaissance  C'est avec cette fâcheuse immunité du lecteur, du facturé, que nous voulons en finir    loin derrière nous nous apparaît l'époque dorée des jupes de Dieu  Celui-ci mort, pour user d'un verbiage moderne, le lecteur se retrouve dans la position gênante d'un sans-abri sémantique  Loin derrière les perruques de sa transcendance verticale, de son immunité impériale tout autant que scandaleuse, le lecteur reste pris en otage de sa lecture, qu'on se le dise  « Pourquoi l'avez-vous tué? »  « C'ést...c'était à cause du lecteur  Il m'a aveuglé », voilà le genre de plaidoyé littéraire auquel nous serons de plus en plus confronté  Ou l'ego est partagé, ou il se dissout à l'unisson, face à cet état de chose, il n'est plus question d'isoler un certain « ça » de l'auteur dans quelques serres subventionnées, à l'abri d'impôts          d'une voix forte et percusive qui fait vibrer les murs repeints de la salle: une lettre, un mot  Oui, une lettre, un mot, une note explicative près du défunt...  Rien, rien trouvé dans mon coeur  Pourquoi je l'ai tué?  un fantasme? une projection extérieure?...  Mais qui a tué qui au bout du compte?   brefs remous dans la salle    oui, je vous le demande, qui a violenté l'autre? qui?  Ça je vous laisse le soin d'en débattre, messieurs, madame  Pour ma part, je n'ai produit que la neutralité d'un signe, un effet de sens  MAIS   Mais l'articulation de ce sens, sa machinerie, tout ça je laisse ça à votre discrétion  (« ça y est, je parle comme un putain d'avocat petit-bourgeois », pense Franco) et à celle de ces braves policemen et psychologues qui déjà reniflent cet engrenage morbide dans la neutralité préobjective de sa signalité inversement superficielle à sa signification profonde qui se montre toujours intéressée, ratureuse, raturante, conflictualisant celle dite, cette maudite neutralité espérant imposer sa domination, s'évader de son abstraction en soumettant sa part récalcitrante, objet de sa convoitise, à son diagnostique Transiter de l'abstraction formelle du signe à l'université concrète du cas  Au contenu  Vous me suivez jusqu'ici?  Moi j'avoue que je m'y perd, tout ça est si...je trouve pas le mot, y a pas de mot pour ça  Toutes ces formalités qu'il faut remplir, essorer de leur énigme, nettoyer de leur idéalité, en fausser l'identité Mais tenons-nous-en aux faits, aux braves faits, faisons preuve d'objectivité scientifique, allons jouer dehors : il ne s'agit pas ici d'une oeuvre expérimentale, hasardeuse, pâle et désarticulée Insymbolisable  Oh que non !  Je veux me donner une âme, une suite dans les idées, une raison de mourir  Ne devrais-je pas vous sômer de me conduire au tombeau?  Messieurs, madame, à vous l'honneur   la foule se murmure en elle-même et soudain, quittant sa stupeur, ses a priori routiniers, elle hurle de frayeur à la vue du mort lui-même    on finit toujours par ressembler à sa victime, n'est-ce pas?  C'est pourquoi nous avons pris les traits du divin, du chef de gare, du gérant d'entrepôt et craignons ce que nous {sommes}, ce que de jour en jour nous devenons plus intensément sans jamais pouvoir s'en vanter : le Mal...ou peut-être préférez-vous le Bien?  Qu'importe, nous n'avons plus de corps pour trancher  Et du reste, l'innocence est une vertu de classe, une petite morale de boutique sans caméra de surveillance                                                                                         j'ai tué sans raison, parce que c'est ma nature, mon essence, ma manière à moi de vous ressembler (ou du moins /d'enfiler les vêtements auquels vous me réduisez/ à ce que vous me réduisez, en quelque sorte ma ressemblance devrait m'immuniser) : le meurtre n'est condamnable qu'au moment où cette Nature vire au Culturel, au mal-pensant, s'active, distribue des tracts  Que lorsque le regard posé sur Le Patron se détourne de Dégoût et de Différence :  le meurtre n'est répréhensible que dans un regard détourné, gestème absolu, ce Détour sans lequel aucune communauté humaine n'aurait pu se former    pour le meurtrier il n'a pas d'à-Dieu proférable à l'endroit de la victime, même un simple au revoir serait tout à fait déplacé : la mort provoquée ne pourvoit aucun rendez-vous Non que le criminel nie catégoriquement Dieu (il lui arrive même d'avoir la foi)  Mais il s'exclut ded sa demeure, là où une rencontre, forcément gênante, pourrait se produire entre sa victime et son meurtrier  Plus à son attention qu'à celle de sa victime, l'assassin repousse toute invitation divine  Pour celui-ci il s'agit d'un exil définitif du monde de Dieu et du monde humain     (cette note a été retrouvée, criblée de ratures, dans la cellule du condamné  Ndl'É)                                                                                                                                                                                                                                 [ ici s'ajoutait un curieux passage entièrement rayé, sauf la dernière phrase  si l'on écarte le meurtre dans son aspect pathologique, bien que lui aussi se réclame d'une transcendance manquée, et qui doit faire l'objet d'une étude séparée, on pourrait diviser l'acte de tuer en deux grandes catégories : le meurtre transcendant et le meurtre immanent  Le meurtre transcendant est essentiellement de nature politique, ça tient de l'horlogerie Ce n'est pas un individu qui est visé en ce cas mais une fonction, un mécanisme  Quant au meurtre immanent, celui-ci se réclame de l'affect, le crime passionnel par exemple  Là non plus ce n'est pas une personne qui est visée mais sa périphérie, son symbole Prenons Franco  Son assassinat n'est pas seulement du à sa personne physique mais à tout ce qui l'enveloppe, poêle, frigo, draps, set de salon, les livres qu'il lit, qu'il ne lit pas, ce qu'il mange, ce qu'il ne mange pas, etcetcetc.  C'est pourquoi le logement de Franco peut être considéré comme aussi mort que lui  Dehors il n'y a que des murs, toutes sortes de murs, de honte, de Chine, de Berlin, mais chez soi...c'est trop cher des murs, l'est, l'ouest... qui a les moyens de payer?    mais bon, individuellement parlant, si les causes diffèrent, l'effet, pour sa part, revient insensiblement au même  Le meurtre rationnel, ou logique, à la différence du crime affectif, n'agresse pas la périphérie, qui de-meure extérieure au tué, située, centrée, frontpagée : c'est un lieu d'autorité  En ce sens, l'assassinat politique, ou encore à contrat, peut se compresser dans les normes d'un attentat nécessaire, d'un anéantissement au nom d'une instance supposée supérieure, d'une Loi conceptuelle arrosée de divinité  Je n'ai jamais cherché à prendre la place du Boss ni celle de Descartes, mes gestes n'ont jamais été clairs et distincts, nécessaires  Tuer ça a jamais été de mon rayon  L'affect, c'est toujours une balle perdue, un numéro confidentiel, même au cirque -surtout au cirque                                                                                                                                              1986 NOTES ///   les accusés, en tête de liste viennent se loger les meurtriers, par préférence sans doute, les accusés donc -toujours Autres, terroristes de toutes essentialités, de toute paix d'après-souper, l'Autre scandalise-, les accusés, dis-je, ne pouvant accéder à l'existence sociale que si préalablement ils ont été déduits de la bonne société, réduits à l'état de simulacres, simulacre du juge, du Procureur de la Couronne, du citoyen honnête, et c'est là le prix à mettre pour les condamner en toute justice (lire bonne conscience), leur fesser dessus en toute impunité, puisque cette Justice est une opération de balancier et que ce balancier, cette balance ne peut peser que du même avec du même  /"on ne juge jamais que des analogues dévoyés"/  Mais on peut tricher, vous m'avez fait à votre image pour mieux m'effacer, m'ombrer : la restauration du système est en cours d'initialisation   nous sommes pareils, nous tous, car vous m'avez confiné dans un rôle ressemblant, je parle bien sûr de votre personne, de votre indécrassable identité Car pour mieux nier l'Autre, ce Vous-même qui vous effraie, vous bourrez vos balances justicières de Mêmeté, me réduisant ainsi à l'identique tout en prenant soin cependant que cette identification demeure unidirectionnelle, càd qu'elle préserve du même geste le justicier du mal qu'il dévoile dans une sorte d'empathie, de sympathie représentationnelle   Vous activez mon langage en le truquant, opération de mise en marche, en fonction, dans le but de le politiser (ce qui en somme revient à le criminaliser, puisque geste politique)  Mon langage, à savoir le langage visant à transformer le monde (transformation qui inclut la mort, l'accidentel, l'inexplicable) et qui s'oppose au langage, le vôtre, qui vise à l'inverse, à maintenir ce même monde dans son éternité toute vitrifiée, irréelle, sans histoire (et donc à déjouer, à renier la mort, l'imprévisible tapi dans tous risque : car le langage transformationnel ne va pas sans risque)    pour le meurtrier il n'y a pas d'à-Dieu proférable à l'endroit de la victime La mort provoquée ne donne aucun rendez-vous, n'appointe aucun dieu Non que le criminel nie catégoriquement -cela resterait à prouver, du reste- Dieu  Mais en s'exécutant, en tuant il s'exclut de sa demeure, là où une rencontre, forcément gênante, pourrait avoir lieu entre sa victime et lui  Plus à son intention personnelle qu'à celle de la victime, le meurtrier rejete toute invitation divine Pour le meurtrier il s'agit d'un exil définitif /du monde de Dieu et du monde des hommes/    en devenant un mythe, le meurtrier pourrait être purgé d'une part de son histoire, même si flous, le mythe dessinent des contours dont le sens bascule hors oeuvre (les contours exercant toujours une compression vers l'intérieur, //la forme vide le sens, le dé-figure//), il faut un procès du sens pour lui soutirer une signification  Comme les pierres du Temple, les hommes ne parlent pas, ne signifient rien en soi///vous ne parlerez qu'en présence de votre avocat prend ici une tournure fort inquiétante///  la Justice peut réduire la peine, jamais la joie d'un acte
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