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#planeur
carbone14 · 7 months
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Réplique du planeur Airspeed AS. 51 Horsa – Mémorial Pegasus – Ranville – Calvados – Février 2008
Photograhe : Fodfish
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fidjiefidjie · 2 years
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👍🤗 On s'envoie en l'air ?
Bel après-midi 🙋‍♀️
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2t2r · 2 years
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Le colugo, un mammifère surnommé lémurien volant
Nouvel article publié sur https://www.2tout2rien.fr/le-colugo-un-mammifere-surnomme-lemurien-volant/
Le colugo, un mammifère surnommé lémurien volant
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information-2-0 · 7 months
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villefrancois · 2 years
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deltafox · 2 years
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jacquesdor-poesie · 4 months
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J'ai tout digéré du monde et bientôt je serai digéré par lui. Gibier du temps, proie fragile oxydée d'émotions. Lutter contre quoi ? Vous avez inventé la roue, le canon, le parapluie, le planeur mais rien qui empêche ou guérisse des disparitions. De mon côté je n'aurais fait que des mots ; ils ne seront parvenus ni à faire basculer un amour, ni à convaincre d'un retour les âmes en allées. Des phrases éphémères relâchées dans la nature, sur la toile, comme des souris de labratoire. Des mots sauvés ou perdus d'avance : confettis, éclats de clarinette, sourire en douce. À la fin, c'est le point qui clos la recherche du sens et des frissons ; pas d'autre issue pour l'écrit, la pensée, l'existence ; tout s'arrête à cette ponctuation ... Et puis l'écho d'une suspension, d'une errance, d'un silence et son oubli magnifique ; point final au-delà du point.
jacques dor
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elleferrocerium · 4 months
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En 2023
Je re-rencontre un homme aux yeux si malicieux. Sous les cheveux blancs, le crâne est rose comme une crevette.
Je regarde l’homme qui danse-vole en ailes de pardessus, devant le cercueil de son amour assassiné. Mon cœur s’est remis en marche.
Mon cœur repart en chamade. Attention.
Attention à celui qui a les yeux aux rides jolies.
C’est une folle envolée. C’est une pointe d’amour.
Au final, point d’amour, en 3 jours. Je ris. J’ai pleuré puis je ris. De m’observer être si nulle en ça. Je ne m'y entends pas en rétention d'homme.
A tout âge, on apprend. En 2023 je rencontre un goujat.
En 2023, Dominique A, Bertrand Belin, Inspector Cluzo, Arthur H, et aussi des plus et aussi des moins au Bateau Ivre.
Je fais un pogo à Aucard. J'adore Aucard comme tous les ans.
Je ne dors pas pendant une semaine. J'arrive avec mes valises à la librairie. Il y a foule et je sors les rames et ma honte.
Orelsan à Terres du Son. J'ai supporté Terres du Son comme il y a 15 ans.
En 2023, c'est l'été. J’attire la curiosité de deux petits alpagas. Je mange des larves d'insectes. Goût de chips. Je mangé des grillons. Goût d'amande. Je fais du pédalo, du VTT cross, du paddle, du canoë. J'ai le mal de mer en rêve tous les soirs au bord du lac.
Je suis claustrophobe quand je ferme le gilet de sauvetage. Ma fille rit.
En 2023 je rencontre Galaad le facho de 18 ans. Son espoir en la vie est de buter une racaille. Il a le bac, il reçoit un mail, il est admis dans un truc militaire pour devenir instructeur en arme à feu. Son papa chéri conduit un Duster avec un très gros autocollant " Support our troups". Il fait du jogging avec un sac à dos rempli de pierres.
Le chien vomit à l'avant de leur canoë kayak.
Je visite des trucs qui se visitent. Je pense aux trucs qui se pensent.
J'écris au calme et au cagnard au bord du Cher chez E et A.
En 2023, je fais l'amour deux fois pour la dernière fois avec l'homme de ma vie qui ne m'aime plus depuis 3 ans. On ne peut pas faire l'amour à deux, seule.
En 2023, je veux acheter un bidon d'eau.
Je serre fort Fanie ma belette dans les bras deux fois par semaine car la tendresse se partage.
Je récupère des bidons d'eau dans la rue.
Je perds beaucoup de kilos. Je cours des kilomètres en portant mes parpaings.
En 2023 j'entends bien creuser une cave ou un abri antinucléaire au milieu de mon jardin. Creuser la nuit.
En 2023 j’ai peur de manquer d’eau
En 2023 je fais l'amour quelques fois avec un homme qui se demande encore après 50 ans si elle est assez grosse.
Je veux me couper les cheveux en juillet.
En 2023, S tombe dans les bras d'un camion de pompiers.
Je prends M dans mes bras parce qu'elle tremble de peur. Je serre S dans mes bras car elle tombe d’effroi. Je prends J dans mes bras parce qu'elle est trop fière. Pour le faire. Je prends B dans mes bras parce qu'elle, son amour est mort à 47 ans. Je pleure longuement.
Je me coupe les cheveux en août et ils se rebiquent en biquelettes.
En 2023 je parle et pense espagnol, beaucoup. Je pense breton beaucoup à l'intérieur de moi.
Jane B. est morte et je pleure une avalanche
Je me souviens d'Agnès Varda. De Gainsbourg. Je pense à Charlotte. Tous ils sont mes intimes. Je ne suis pas la leur. J'ai écouté tous les podcasts. J'ai pleuré pour tous ceux qui étaient tristes.
En 2023, je me fonds toujours, en grâce, avec elle et eux: la Nature. Je suis devenue longuement une biche.
Je discute avec un rouge gorge très gourmand.
J'entends une invasion de geais.
En 2023 les deux canards en planeur sont empêchés par un grand bouclier de vent de traverser l’autoroute.
Le cormoran se prend les pieds dans les glouglous tourbillonnants du Cher.
Je parle des écrevisses de Californie, qui marchent des heures pour disperser leurs gènes.
En 2023, je m'inquiète pour Miossec. Je discute avec ma collègue MC. Pour qu'elle sauve sa voix. Elle dit que c’est du carton maintenant.
En 2023 j'ai dû faire un choix de merde. J’ai dit adieu à la libido. Le choix de vivre.
Je me suis enfin lancée pour expliquer aux miens comme Noël m’est un odieux moment. Je me sens libérée de Noël.
Je pense beaucoup trop à F et son amoureux décevant.
J’écrase une souris écrasée. Je la remets sur ses pattes. Plate.
Je compte 23 oiseaux. Mangés par mon chat.
Je mange une tarte au fenouil et au saint nectaire. Les Studio, un lieu safe, une deuxième maison, une tanière.
J’aime encore plus mon vélo d'amour, ma ville-cité, les cinés Studio, mes chats.
J’ai de nouveaux voisins. Ils sont gentils et silencieux.
Je fusionne avec ma fille enchantée.
Je glisse sur l'asphalte. Fais du roller à toute bombe
En 2023 je suis correspondante fière des Studio, je vais voir un match de Roller Derby.
Mes lunettes me vont bien.
En 2023, au Bateau Ivre j’ai porté à bout de bras une drag queen magnifique et terrifiante de désespoir.
Je compte 31 oiseaux.
Tu fais chier Paprika - c'est le chat.
J'aime encore plus fort Piment- c'est le chat.
En 2023, j’affine la légende de moi. Comment les autres nous voient. Est-ce soi ? Est-ce un bazar de soi ?
Je m’interloque.
Je réponds à la journaliste.
J’ai mon comportement-ben-ouais.
J’en fais trop mais avec conviction.
J’écoute les autres.
En 2023 je rencontre un plaintif,
Ça me fait chier.
Ma fille prépare une cape jaune fluo en crochet pour le chat.
J'aime mettre des chaussettes colorées. C'est du soleil aux chevilles dès le matin, et la fierté.
Je crois que j'ai fait une grosse boulette au boulot. Il y a 15 ans, j’ai couché avec le mari d'une collègue avant qu'il soit son mari, avant qu'elle soit ma collègue. Il y a des trucs à ne pas raconter mais aussi bon, je ne pouvais pas deviner hein. La reine des boulettes mais c'était drôle.
Je m’interpelle.
J’ai failli pleurer. Le film était si réussi. Ce n’est pas un film. Little Girl Blue. Et la tendresse en ce jour.
La boutique Emmaüs s’est rapprochée de la maison tendrement. Ma fille et moi déposons quelques euros pour des tas de vêtements à mettre en tous sens. C’est chaud et coloré, c’est vivant et plein de cœur de plein de gens.
Je parle beaucoup avec l’homme aux yeux malicieux. Il est tendre froid, il aime et n’aime pas, il est seul et entouré. Il aimerait, mais abandonne. Il aime, mais pas trop longtemps. Il ne sait pas, il est perdu au milieu de sa vie
On met les vêtements au congélateur pour ôter les phobies de punaises.
En 2023, j’ai envie de donner une vie entière et mon royaume pour la santé de mon fils.
Je fusionne tendrement avec mon amie I au poignet qui se tord de rire, mon amie A qui fuit à l'intérieur, mon amie A à l'épaule qui tressaute d'envie, mon amie B au bras qui s'enfuit déjà. Oublier le temps.
Je mange une galette FCPE. Ecoute attentivement ma copine D, chargée de comm'. On ne croirait pas comme cela, mais elle aussi a besoin des autres.
En 2023 je marche sur le fil des émotions de mon fils. Je me sens éléphant dans son magasin de porcelaine.
Je ne peux plus pleurer.
C'est l'hiver. J’écris au calme et encheminée chez E et A. J’y rencontre Totoro le vrai.
En 2023 je pense encore avec tendresse au goujat plaintif.
J’aime tant serrer dans mes bras celui aux yeux si malicieux et perdus.
Je fais arrêter les voitures pour la traversée lente du brocard. Il me sourit.
Le douanier Bolo, lui, ne laisse rien passer, son képi lui va comme un gant.
En 2023, je fais un doggy bag avec les macarons au fois gras du séminaire.
Dans le train du retour, j'ouvre mon doggy bag devant le gros monsieur qui fait semblant de lire le dernier F.O.G. Il regarde par-dessus, un peu en biais comme tous, les fesses rouges serrées de la belle lurette entrée après moi dans le wagon. On ne regarde plus mes fesses comme une belle belette.
J'emmène ma fille au spectacle encore. Elle parle au micro.
Mon fils est dans le dur.
En 2023 l’homme de ma vie qui ne m’aime plus depuis trois ans envoie en sms en décembre. Qu’en faire.
Quand.
Paprika ramène un 32ème oiseau.
Avec la cape jaune fluo en crochet, sa saison 2024 sera une saison maigre.
On ne peut pas laisser ce chat gourmet liquider tous mes efforts pour la biodiversité de ces jardins urbains.
Il n’y aura plus un seul hérisson dans deux ans, dit l’article.
Le 31 je marche seule dans les rues qui se donnent et j’m’en fous de ces chaines qui pendent à nos cous. J’apprends ce qu’est un Rashômon. Je reste jusqu’au bout du bout du film, je sors la toute toute dernière de la salle de la toute toute dernière séance. Je rentre à pied. Je verse des petites étoiles dorées dans les boîtes à lettres des gens de mon quartier.
Je monte une toute dernière fois en 2023 sur mon tabouret magique pour mieux y voir ce qui est tout petit, de haut.
Un petit tour de 2023.
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Les Draco volans, connus sous le nom de dragon volant commun.
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Draco volans, est une espèce de lézard de la famille des Agamidae et est originaire d'Asie du Sud-Est et de l'Inde du Sud-Est. Cette espèce peut atteindre jusqu'à 22 cm (8,7 po) de longueur, y compris la queue, les mâles étant généralement plus courts que les femelles. Draco volans est équipé d'extensions latérales de peau en forme d'ailes appelées patagia qui permettent au lézard de glisser. En fait, le reptile est entièrement arboricole et est considéré comme un planeur passif, ou parachutiste. Le patagium du mâle est beige à orange vif avec des bandes sombres tandis que celui de la femelle a des motifs irréguliers plutôt que des bandes.
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havaforever · 10 months
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NORMAN FOSTER - Rétrospective au Centre Pompidou
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Un planeur en suspension. Une voiture de collection. Un camping-car aérodynamique. Un dôme géodésique. Des sculptures de Brancusi. Un bronze de Boccioni… Non, ce n’est pas une chanson de Boris Vian. C’est le cœur de l’exposition Norman Foster », une exposition d’architecture qui excède largement les frontières du genre.
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C’est la première fois que la discipline qu’on appelle « mère de tous les arts » a les honneurs de la Galerie 1, l’espace le plus prestigieux de l’institution parisienne.
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Patron d’une agence de 1 800 salariés dont il n’est pas exagéré de dire qu’elle a remodelé, en quelques décennies, la face de notre monde et reconfiguré la manière dont on y vit, Norman Foster est présenté ici comme un démiurge qui n’aurait jamais renoncé à ses rêves d’enfant et qui aurait même mis toute sa puissance au service de leur réalisation.
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Un garçon issu d’un milieu modeste, fils d’un comptable et d’une caissière, qui s’est hissé au firmament des architectes (il a reçu le prix Pritzker en 1999), a été anobli par la reine Elizabeth II (en 1999 également), qui collectionne les voitures prototypiques et pilote des avions dès qu’il en a l’occasion (il en aurait essayé soixante-quinze types différents, du planeur à l’avion de ligne).
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L’entrée dans l’espace principal de l’exposition dévoile une diversité de maquettes et de manière de les faire que les étudiants en architecture apprécieront certainement. En filigrane de ces immenses modèles réduits qui côtoient des détails à l’échelle 1, c’est l’histoire professionnelle de l’architecte britannique qui se donne à lire : ses rencontres, particulièrement celle avec Buckminster Fuller, et sa principale rupture, celle avec la Team Four et Richard Rogers en 1963, point de départ de l’agence Foster + Partners.
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Norman Foster se défend, dans une interview accordée au commissaire de l’exposition Frédéric Migayrou d’une «architecture intemporelle». Il semble surtout se servir de cette exposition pour réécrire son histoire de concepteur. Car cet événement, le starchitecte en est à l’origine : il l’a conçue et financée, en partenariat avec sa propre fondation, la Norman Foster Foundation, et des partenaires privés, Bloomberg, J.P. Morgan et JCDecaux. 
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chrisfriel · 1 year
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Glasgow coma scale 170323
facial tracking as a diagnostic tool
Chassol / Wersailles (Planeur)
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carbone14 · 7 months
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Garçons des Jeunesses hitlériennes lors d'une compétition de planeurs faits maison – Worms – Allemagne – 1938
©Bundesarchiv - Bild 133-288
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2t2r · 11 years
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La stupéfiante fourmi Dark Vador
Nouvel article publié sur https://www.2tout2rien.fr/la-fourmi-dark-vador/
La stupéfiante fourmi Dark Vador
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Vautour fauve - C'est un oiseau planeur : il utilise les courent ascendant pour planer sur plusieurs centaines de kilomètres à la recherche de nourriture.
Lieu : Zoo de Maubeuge
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gamer-sttuf · 7 days
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Trousse Fortnite Planeur | 19€ | Matière : Canvas Taille : 20×10×7,5cm Impression haute qualité Fermeture éclair et autoagrippante Livraison Gratuite Voir le Porduit
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bachassclub · 22 days
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RIQUITA
Une nouvelle inédite de Jean-Marc Félix
Le préfet passa outre. Malgré les procédures et les recours des associations riveraines, l’extension de la piste de de l’aérodrome de Chabeuil fut décidée. Elle passerait de 1700m à 2200m et permettrait d’accueillir les gros porteurs indispensables au trafic  stratégique aéroporté. D’ailleurs était-ce un aérodrome ou bien un aéroport ? Si elle avait conservé ses identifiants  OACI et IATA (LFLU et VAF) il y avait belle lurette que cette installation modeste n’accueillait plus de trafic commercial régulier. Il y avait des vols à la demande. Un biréacteur y était stationné. Quand l’avion du Président s’y posait, et c’était plusieurs fois  par mandat, madame le maire (ou monsieur, suivant la fortune des urnes...) ceinte de son écharpe tricolore, attendait en compagnie du préfet de la Drôme au pied de la passerelle que le Chef de l’Etat passe brièvement en revue le détachement de l’Aviation Légère de l’Armée de l’Air qui restait le principal utilisateur de l’infrastructure avec ses vols d’hélicoptères. On cherchait à oublier que de cette piste décollèrent les planeurs allemands qui en juillet 1944 assaillirent le plateau du Vercors où les maquisards qui avaient vainement attendu le parachutage d’armes lourdes furent balayés et massacrés.
La piste est orientée Nord/Sud. Au sud elle démarre derrière un grillage qui longe la D68 très fréquentée  et trace la frontière entre les communes de Chabeuil et Malissard. Au nord entre les hameaux de  Parlanges  et des Bérards rien ne faisait vraiment obstacle à son extension. Quelques haies, des prairies inondables et le ruisseau du Guimand à détourner ou à buser. Vingt ans  plus tôt on y pêchait et j’y avais vu une famille de foulques se cacher vivement sous la rive, et souvent des hérons qui y trouvaient pitance, nullement dérangés par le rugissement de rares réacteurs. Quelques expropriations convenables assurèrent la maîtrise foncière du projet. On s’attaqua au détournement du Guimand qui fut la solution retenue à l’unanimité. Il suffirait de créer un méandre plein ouest dans les prairies inondables de Fauconnières avant de rebiquer vers le lit naturel sur la commune de Montélier. Il fallut de nombreuses réunions pour s’accorder sur le tracé. Un expert en ripisylves  détailla le projet final. Tout le monde en avait marre et signa son document.
Au printemps 2023 le nouveau lit du ruisseau était prêt. Il fallait maintenant dévier le ruisseau en ouvrant  les berges aux deux lèvres de conjonction et en les refermant aussitôt dans l’ordre convenu.  Cela se fit sans problème et le lit ancien et  boueux du ruisseau se mit aussitôt à sécher sous le soleil d’avril. En pareil cas  on s’attend à retrouver dans la vase de vieux vélos, des lave-linge, ce dont on se débarrasse quand on a la flemme d’aller jusqu’à la déchetterie. Il n’y en avait pas tant que ça finalement. Vers midi on aperçut une cantine métallique rouillée qu’on tira sur la berge. C’était le genre de cantine militaire très commune fermée par une tringle qui n’était pas fermée par un cadenas. C’était la rouille qui l’avait verrouillée  cette tringle ! Elle ne résista pas et on ouvrit le couvercle. Il y avait dans la malle un squelette. Je crois que personne n’imagina un instant que ce puisse être un squelette humain même s’il y semblait apparenté. Un crâne d’enfant, rond, et des bras qui s’allongeaient le long de courtes jambes…La main droite arrivait à la cheville droite. La main gauche manquait. Au pied du coffre  on voyait des boules d’acier. Oxydées certes, mais une douzaine de boules de pétanque. Elles avaient lesté la  sépulture et l’avaient ancrée à cet endroit un peu plus profond du Guimand. La gendarmerie arriva. Ecartez-vous bonnes gens. Voici les chevaliers du guet. Rubalise, etc…Vous imaginez les titres des journaux le lendemain ! Et les posts qui flambèrent sur les réseaux sociaux !  Un communiqué du parquet en début de soirée avait attesté que le squelette était celui d’un singe et avait été déposé  à la clinique vétérinaire la plus proche. Un spécialiste des primates allait venir l’étudier. Mais beaucoup d’internautes refusaient d’y croire et la folle rumeur d’un enfant supplicié prospéra.
Le professeur Dubreuil donna une brève conférence de presse dans le hall en pente de la gare Valence-TGV . Le squelette était celui d’une guenon Siamang, une variété de Gibbons d’Asie du Sud-Est. Elle avait dû peser entre dix et douze kilos et mesurer entre 75 et 80 centimètres. «  C’est une espèce monogame à poil noir qui vit facilement une trentaine d’années ». La dépouille avait séjourné plusieurs décennies dans ce ruisseau. La malle rouillée n’était pas étanche et le courant l’avait lessivée. Dubreuil avait prélevé de quoi pratiquer une analyse ADN qui confirmerait certainement sa conclusion. On l’interrogea sur la main manquante. Il n’y avait aucune trace de cicatrisation, de quoi conclure qu’elle avait été tranchée sur le cadavre de l’animal. « Désolé, mais mon train est à quai ! »
Le parquet déclara que la  « victime » n’étant que vaguement apparentée à la race humaine il n’était pas possible d’engager  la moindre procédure. La déléguée régionale du Parti Animaliste et la SPA s’indignèrent. La maltraitance animale, c’était pas un sujet ? Sans doute mais il y avait prescription depuis belle lurette dans ce cas.
Ce qui m’intriguait, et je n’étais pas le seul, c’était cette douzaine de boules de pétanque rouillées qui avaient servi à lester la cantine funèbre. Un de mes camarades de bar, Pierre-A*** venait d’être enfin nommé titulaire au greffe du tribunal de Valence après une longue itinérance de tribunal en tribunal. Les boules étaient conservées au greffe sans statut puisque qu’il n’y avait pas d’enquête.  « Si tu veux  je peux te les sortir, personne ne les réclamera jamais ! Tu verras il y a un truc bizarre avec ». Le truc bizarre c’était une broche  en argent retrouvée dans la vase parmi les boules. Un large disque d’ambre de couleur miel, avec des fourmis en inclusion, avait été serti sur la monture à épingle. C’était de l’argent 835 et le poinçon de la broche était un poisson. Cliquez, surfez, embrassez qui vous pouvez ! C’était très certainement une pièce de la joaillerie Fishland , active dans l’ex RDA…
 Chabeuil est une ville bouliste. Des boulistes il y en a même qui sont champions et d’autres siègent au conseil municipal. Je les sollicitai sur le terrain de leurs exploits à l’heure de l’apéro. Leur expertise me laissa rêveur. Les boules étaient rouillées, certes, c’était de l’acier carbone, mais leurs  dessins striés restaient visibles. Leur conclusion formelle  me laissa perplexe. Ils avaient identifié sept boules « OBUT » et cinq boules « VEDETTE ». J’avais l’air légèrement ahuri. On me fit un cours de rattrapage. Les boules  OBUT sont usinées à Saint-Bonnet-le Château, dans le Forez, et c’est le fleuron mondial  de cette industrie depuis 1955. Les boules VEDETTE avaient été longtemps  usinées à Pont-de-Chéruy dans l’Isère, mais cette usine avait cessé son activité depuis une trentaine d’années.  Merci beaucoup messeigneurs !
J’aime les énigmes. Elles me tiennent en vie. Je ne marcherais sur les brisées de personne en enquêtant. Mais par où commencer ? Je résume. Le cadavre d’une guenon Siamang à qui on avait coupé la main gauche avait été immergé dans une cantine de type militaire lestée d’une douzaine de boules en acier pesant au total environ huit kilos et demi. Une broche est-allemande en ambre et argent avait accompagné la dame dans sa sépulture, laissant supposer que son cadavre avait été  confié habillé au cours du Guimand . Par où commencer ?
Je listais les zoos et les parcs animaliers qui étaient connus pour héberger des gibbons avec une ancienneté suffisante. Lille, Lisieux, Doué-la-Fontaine , Arcachon, Branféré dans le Morbihan… Quand j’appelais pour demander si on avait enregistré le vol ou l’évasion d’un  primate  un quart de siècle plus tôt on m’envoyait sur les roses ou on me traitait de cinglé. Il aurait fallu s’incruster dans les archives papiers des quotidiens régionaux de ces territoires pour déceler  la trace d’un tel événement. J’y renonçai.
Je fréquentais les salles des ventes. Celle de Maître Cassagne à Romans pouvait réserver des surprises. On y adjugeait pour trois fois rien en fin de séance des cartons grossièrement étiquetés et sans inventaire. Pour 25 euros j’emportai trois cartons. Le premier contenait des brochures et des albums consacrés à la Tunisie coloniale, le second, celui qui m’avait décidé, était désigné comme  « Gloire et Misère de l’Aérostation ». Je m’étais dit qu’il y avait peut-être là-dedans des clichés de Nadar. Le troisième carton contenait une volumineuse revue de presse consacrée au renouveau du cirque. Il y avait très peu d’articles en langue française. La plupart étaient imprimés en russe, en polonais, en hongrois… toutes sortes de langues  hiéroglyphiques ou peu s’en faut. Heureusement il y avait de nombreuses photos. De bons tirages professionnels.  Je ne commençai à dépouiller ce dernier carton que peu avant Noël. Une série de clichés retint mon attention. Elle concernait le cirque Todorov, basé à Varna en Bulgarie, qui tournait en France depuis quelques mois selon un article du « Progrès » et se distinguait par de brillants numéros équestres. L’article était signé C.Meunier qui recommandait le spectacle. L’un des clichés m’étonna. On y voyait un zèbre caracoler sur la piste , les rênes fermement tenues par un singe debout sur la selle qui brandissait un fouet de la main gauche. Le singe portait un chapeau d’écuyère à la hongroise et une queue de pie. C’était à l’évidence un gibbon. Mâle ou femelle ? La photo était légendée «  Prospero sous les ordres de Riquita ». Une autre coupure de presse, un article de «  La Savoie », nous informait  que  Michel Barnier  en charge de la préparation des Jeux Olympiques d’Albertville désormais imminents avait obtenu l’interdiction de séjour sur les territoires concernés de tout chapiteau, roulotte, ou installations provisoires jusque là tolérés.
Les cartons avaient été constitués un peu à l’arrache par les héritiers de  M. Lucien Z***, récemment décédé, très pressés de vider pour le vendre le pavillon de l’aïeul. Je les contactai. Non sans mal. Le pavillon était à vendre et ils me proposèrent de le visiter. Le samedi suivant nous avions rendez-vous. Les passions de cet homme dont j’ignorais tout, ses rêves, ses angoisses, avaient manifestement imprégné les tentures et les rideaux qui étaient restés en place. Je fus pris d’un malaise inhabituel. Nous sortîmes sur le perron. La descendance  de M. Z***était courtoise et avait perçu mon vertige. On me proposa de visiter l’ancienne écurie attenante qui faisait naturellement partie du lot foncier. Nous traversâmes une large bande sablée. La petite-fille du défunt s’excusa. Le ménage, disait-elle, était programmé mais n’avait pas encore été mené à bien. « Mon grand-père était un homme généreux et fantasque, né à Koenigsberg, enfin maintenant Kaliningrad. Il a logé là pendant plusieurs années un lituanien et son zèbre….Comme c’était une ancienne écurie les voisins ne disaient trop rien.… Nous,  quand  on était gosses on l’a vu ici le zèbre ! Il s’appelait  Prospéro. On jouait avec lui. Il y avait aussi  au début un singe ; quand mon grand-père et son hôte jouaient à la pétanque c’est lui qui lançait le cochonnet.» L’écurie était en beau désordre, tendue de toiles d’araignée, odorante de céréales moisies. Des harnais et des courroies s’empoussiéraient accrochés aux râteliers vides.  Des malles en osier et des cantines métallique s’entassaient comme une installation de Boltanski. Mémoires abolies, indéchiffrables et mugissantes. Ne les ouvrez surtout pas ! Ce pouvait être aussi un ordre discret, sibyllin, qui nous narguait. Sur le rebord d’une étagère, dans un bocal d’alcool une main coupée parcheminée pinçait entre  le pouce et l’index une bille d’ambre de la Baltique.
La nuit suivante je n’eus aucun mal à revenir sur les lieux. Le pavillon ne m’intéressait plus guère. Le portillon sur la rue  n’était pas clos et je me rendis  jusqu’à l’écurie qui ne l’était pas davantage. A la lueur de ma torche je retrouvai le bocal sur son étagère. J’avais gardé les mêmes chaussures et mes empreintes se lisaient déjà dans la poussière. Je pris garde à ne rien déranger dans l’agencement du sépulcre gémissant et ressortis  avec le bocal dans une sacoche de vélo (car j’étais venu à bicyclette dans la nuit silencieuse et complice qu’une lune décroissante éclairait comme une lampe à carbure).
Le bocal était scellé hermétiquement par son anneau de caoutchouc racorni et avant de l’ouvrir je le tournai et retournai pour l’examiner sous tous les angles. J’eus du mal à l’ouvrir. Une odeur méphitique s’en échappa. J’évitais de toucher aux phalanges. Je pus extraire avec une pince à cornichons la bille d’ambre que je mis à tremper dans un gobelet. J’avais dans un tiroir de la cuisine un anneau de caoutchouc d’un  diamètre adéquat qui me permit de fermer à nouveau le bocal d’alcool où la main simiesque esquissait maintenant un geste de marionnette désoeuvrée. Je possédais désormais la broche d’argent au disque d’ambre retrouvée dans la malle  rouillée et la bille d’ambre que je venais de subtiliser, à bon droit me semblait-il, ces deux reliques apparentées  et réunies me laissaient présager d’âpres veilles. Le surlendemain au milieu de la nuit je me risquai à retourner à l’écurie. La lune avait minci. Aucune précaution nouvelle n’affectait le portillon. Je pus sans souci entrer dans l’écurie et remettre le bocal à sa place exacte non sans avoir essuyé mes empreintes. Il me semblait que l’odeur des cuirs fermentés et des céréales moisies n’était pas la même. Elle était moins musquée, plus suave. Le sol avait été balayé, esquisse du ménage annoncé par l’héritière sans doute.
« Il y a ambre et ambre ! » insista Pierre-A***, mon ami le greffier. La bière Markus ambrée était excellente et servie depuis peu à la terrasse du bar de Montélier. La broche et la bille étaient sur la table. Leur couleur entre miel et citrine différait un peu mais ce pouvait être l’effet de la lumière, de l’incidence vespérale des clignements du soleil dans le feuillage. Je ne connaissais à Pierre-A*** aucune expertise en matière d’ambre mais à qui se fier ? Lui savait comment je détenais ces deux pièces, aussi illégalement l’une que l’autre. « Il faudrait les montrer à ma belle-sœur...Elle est cristallographe. » J’ignorais qu’il eût une belle-sœur, mais ce terme « cristallographe » m’épata et je donnai mon accord. Ludivine nous resservit une chope de Markus ambrée que nous fîmes tournoyer dans nos verres sérigraphiés d’un hippopotame rigolard. Je lui confiai les deux pièces d’ambre avec mission de les soumettre à l’expertise de sa belle-sœur. Il me tiendrait au courant.
Pierre-A*** m’appela une dizaine de jours plus tard. « Faudrait qu’on aille à Cadarache, au Labo de cristallographie isotopique, samedi matin, Suzanna a découvert quelque chose d’intéressant ! ».Suzanna était une grande brune aux cheveux courts. Elle nous attendait et nous fit franchir deux sas sécurisés grâce à son badge. Il y avait des caméras dans tous les angles. Pierre-A*** nous présenta.. En fait Suzanna  n’était pas sa belle-sœur mais son ex-épouse, une étudiante moldave avec qui il avait contracté un mariage blanc pour lui permettre de rester en France et d’y poursuivre une carrière universitaire prometteuse. « L’ambre, j’imagine que vous le savez, n’est pas un minéral, c’est une résine fossile, il n’y a pas lieu de mobiliser officiellement les ressources de ce labo, ce que j’ai accepté de faire subrepticement (Décidément dans cette histoire, tout serait subreptice !), mais quelques analyses spectroscopiques ne vont pas cramer mon budget ! Voulez vous une tasse de détoxifiant ? » Elle me regarda d’un regard bleu pervenche qui analysait en direct mon taux de triglycérides. Elle nous servit sa tisane subcarpathique dans des tasses en verre et, tout en activant un diaporama qu’elle avait préparé pour cette conférence particulière, elle s’élança….
« Aucun doute sur l’authenticité du premier échantillon, la broche Fishland, ambre de Königsberg assurément, environ 38 millions d’années d’après  les inclusions de fourmis diptères…la bille c’est pareil question origine géographique, mais cette bille de 33 millimètres de diamètre a été fondue et pressée, c’est certain ! L’ambre devient mou et malléable un peu avant 200 degrés. Les faussaires peuvent alors y injecter des artéfacts alléchants avant de reformater la pièce. C’est purement spéculatif, mais pendant la Seconde Guerre Mondiale l’Abwehr avait créé à Königsberg un atelier où des bijoutiers juifs plus ou moins recrutés par l’Amiral Canaris produisaient à la chaîne ce genre de breloques… Dans quel but ? on ne sait pas. On en a retrouvées en Amérique du Sud dans les années cinquante tout de même. Dès lors que Königsberg est devenu Kaliningrad ce savoir faire a pu subsister un certain temps. Et cette bille en témoigne… Regardez bien ! » Une macro photo en thermoluminescence faisait apparaître la bille comme une planète bleue sans axe majeur mais en la faisant rouler en tous sens il y avait un plan d’incidence remarquable avec un scintillement de points que la séquence photo avait capté. Suzanna imprima les quelques clichés qui révélaient cette figure invisible à l’œil nu, les agrafa avec sa carte de visite et me les tendit. « Je pense que c’est un code, me dit-elle, à vous de jouer ! » Elle me rendit les deux bijoux d’ambre dont le plus précieux n’était plus le Fischland désormais à mes yeux.
Ma perplexité était sans limite. Comment décrypter cet essaim de points que quelqu’un avait jugé nécessaire d’insérer invisiblement au sein de cette bille d’ambre ? Quel message ou quel code avait été gravé ainsi ? Ce pouvait être de l’allemand, du russe, du yiddish, ou encore un volapük insoupçonné. Ce pouvait être non point le message mais le code lui-même !  Canaris avait été un as  polyglotte de la cryptographie et les Nazis qui l’exécutèrent ne purent même pas déchiffrer l’intégralité de ses carnets.  Je me décourageai assez vite.
Quelques mois plus tard, souffrant d’une cruralgie irréductible aux anti-inflammatoires je me résolus à consulter « le Grand Vicaire »…On appelait ainsi  à Chabeuil une sorte de guérisseur, rebouteux, chamane, dont l’adresse aux Bourbourées  circulait au grand jour. L’usage était de glisser un billet de cinquante euros dans la gueule d’une grenouille en fonte qui trônait dans l’entrée. Après quelques passes, alors que je me sentais mieux, le Grand Vicaire s’interrompit en tremblant. « Mais qu’est-ce que vous avez dans vos poches ? » Dans mes poches ? Mais rien…Ah oui j’avais la bille d’ambre qui servait d’antimites à ma vieille veste en Harris tweed ! Je la sortis et la posai sur la table. Elle rayonna de l’éclat bleu que je lui avais vu au labo de Cadarache. Lorsque le Grand Vicaire en approcha ses mains jointes en arche j’entendis ronfler un essaim d’abeilles escortant une reine en exil ! La vibration était stridente. Le chamane des Bourbourées avait fermé les yeux, réfugié dans une transe qu’il n’avait peut-être jamais connue jusqu’ici. Je l’entendis énoncer d’une voix qui n’avait rien à voir avec la sienne : « La pierre a été roulée….La pierre a été roulée ».  Il reprit ses esprits. Je l’interrogeai. Ah j’ai dit ça ?  Vous savez ça arrive ce genre de choses…Je ne ressentais plus aucune douleur crurale. Je repris ma bille, le saluai et pris congé.
Le soir même j’appelai Suzanna et lui fis part de cette séance.  Elle ne parut pas surprise. J’eus l’impression qu’elle attendait mon appel.  Elle me donna rendez-vous le surlendemain à midi à la gare de Valence-Ville. Elle aurait deux heures à me consacrer. Son TER était à l’heure. J’hésitai à la reconnaître. Elle n’était pas en tenue de laborantine, telle que je l’avais rencontrée à Cadarache, mais en jupe de cuir et doudoune laminée. Nous allâmes nous assoir sur une banquette du Continental. Elle quitta sa pelure ouatée et éteignit son téléphone . « Vous avez saisi le message ? » me demanda-t-elle avec espièglerie. Son regard pervenche était moqueur. « Eh bien j’ai pensé que La pierre a été roulée dénonçait le traitement de l’ambre, chauffé et façonné en bille, un message commercial pour spécialiste, ce genre voyez-vous… » Elle éclata de rire. « Ah oui et un message tellement confidentiel qu’il est quasi impossible à lire si vous n’êtes pas en même temps lapidaire et chamane ! Vous êtes athée n’est-ce pas ? » Certes, mais quel rapport ? «  La pierre a été roulée est la phrase que rapportent tous les Évangiles lorsque les femmes et les disciples découvrent le tombeau vide de Jésus, c’est une concordance stricte entre les quatre récits et c’est ainsi que s’ouvre le récit de la Résurrection … »  Elle me regardait avec commisération, sans méchanceté, avec un espoir infime de déceler en moi des capacités dont le monde manquait cruellement. C’était comme attendre le dégel de la toundra. Je ne savais quoi dire. « Voulez-vous qu’on se retrouve ici la semaine prochaine ? ça vous laisse le temps d’investiguer un peu ! »
Investiguer ! C’est épatant comme démarche si vous n’êtes pas Nestor Burma…J’avais la semaine pour m’y consacrer et je décidai de commencer par le carton,  le troisième, celui qui m’avait permis d’identifier Riquita. Bonne pioche ! Une enveloppe  kraft était restée sous un des rabats repliés à l’intérieur. Elle contenait un passeport Nansen au nom de Markus Radvila, citoyen lituanien, de profession « écuyer » délivré à Oslo le 17 février 1955. Était-ce lui le dresseur de Prospero et de Riquita ? Je l’imaginai sur le champ, trop de coïncidences sinon… Cet homme, apatride, avait vécu de ses numéros équestres animaliers dans des cirques en tournées européennes à en juger par les visas successifs.
 Donc nous avons Lucien Z* et Markus R* qui se connaissent, cohabitent, jouent à la pétanque avec la guenon Riquita dans une propriété au pied du Vercors pendant des années… Vu leur parcours au fil du siècle, l’ambre c’est du beurre à tartine, mais il se peut qu’ils connaissent le message dissimulé dans la bille. Qu’y avait-il d’autre dans le carton ? Je le dépouillai à nouveau et fis des tas distincts des documents selon leur langue. Je vis assez vite que la pile en langue lituanienne gagnait en hauteur. Quand j’eus terminé j’entrepris de regarder ce tas de plus près. Une brochure imprimée sur du mauvais papier, en mars 1943 à Kaunas, contenait des feuillets dactylographiés qui semblaient être  la traduction de certains articles…Ainsi l’article « Pagyrimas tustumai » avait été traduit en « Eloge de la vacuité ». L’article était de Algirdo Juliaus Greimo et la traduction française paraphée AJG… Greimas !  L’auteur et le traducteur ! Greimas, le pape de la sémiologie structurale ! Que venait-il faire dans ce carton ? Greimas, je lui en voulais un peu. Lors de mes études à la Sorbonne j’avais dû plancher sur son fameux carré  narratif dans un séminaire de maîtrise et  (j’ignore encore ce qui m’y poussa) j’assurai que ce carré devait être plutôt reformaté en une pyramide si on considérait la verticalité de la temporalité…C’était le genre de théorie dont s’abrutissait notre jeunesse d’alors. On me demanda la hauteur de cette pyramide. «  PI , évidemment, puisque tout carré s’inscrit dans un cercle », assurai-je (cela n’engageait à rien). Après cet éclat théorique je fus abordé par deux minettes en caftan d’agneau retourné et brodé qui m’invitèrent à un séminaire de Théosophie. Nous étions au printemps 1973 et les manifestations contre la loi Debré tournèrent vinaigre. Je me souviens d’avoir réclamé la libération de Michel Field dans un sit-in au Quartier Latin. La grève en fac me dispensa d’assumer ma théorie de la pyramide, peut-être avais-je trop lu Jacobs…
Cette brochure était dans une enveloppe avec des cartes postales. Certaines étaient vierges, par exemple celles représentant le mausolée et la tombe de Kant à Konigsberg/Kaliningrad. D’autres, de Turquie, surtout datées de 1961, étaient écrites en français. Un vue de Sainte-Sophie avait été glissée dans une enveloppe airmail et deux feuillets précisaient ceci : « ….je vous suis très reconnaissant de m’avoir accueilli dans cette maison dont je garde d’excellents souvenirs ! Lorsque j’étais étudiant à la Faculté des Lettres de Grenoble avant la guerre, j’y venais souvent. J’avais le béguin pour Marie-Thérèse, la fille des propriétaires, qui nous récitait du Marivaux après les cours ! je n’ai plus de nouvelles d’elle , hélas ! J’avais pour prétexte mon enquête toponymique et lexicologique sur les racines ligures en Dauphiné… je vous promets de vous rendre visite dès que possible !  Je vous assure de ma sincère amitié ! AJG…. ». Ainsi Algirdas Julien Greimas avait été un familier des lieux avant la seconde guerre mondiale et y était revenu ensuite, se liant avec le nouveau propriétaire né à Konigsberg…Tout s’emboîtait. Je remarquai aussi que Greimas était mort en 1992, l’année des Jeux d’Albertville. Je me demandai si les paysages du Grésivaudan et le sourire de Marie-Thérèse l’avaient accompagné lors de l’extinction des feux.
Suzanna était en avance, assise au Continental, lorsque j’arrivai. Elle était coiffée d’un béret bleu ciel qui accentuait son regard de fleur d’hysope. « Je dois vous dire que notre analyse n’est pas restée subreptice…tout est plus contrôlé que je ne croyais dans mon labo ! mais rassurez-vous, il n’y aura pas de conséquences…pour personne ! » Pas de quoi me rassurer tout de même…Elle consultait son smartphone. Plus fébrile que lors de notre rencontre précédente. « Nous avons rendez-vous avec quelqu’un qui vous en dira davantage… » Je lui parlai de Greimas, de ses passages et de ses séjours dans la région et de son essai de jeunesse en lituanien publié pendant la guerre, « Éloge de la vacuité ». Elle me sourit.
- Tout est là…La pierre a été roulée…La tombe est vide…Avez-vous deviné de quelle tombe il s’agit ? 
- Je n’en vois qu’une , d’après le dossier Greimas, la tombe de Kant ! Mais alors c’est énorme… 
-Oui c’est énorme… »
Une berline noire s’arrête devant la brasserie. Un homme en gabardine en descend et nous rejoint sans hésiter un instant. « Je suis le colonel Michel. Rassurez-vous , je suis là pour clore cette histoire et d’ailleurs l’enquête que vous avez conduite ne porte préjudice à personne…Il y a longtemps que tout est connu !  Qu’est-ce qu’on peut boire ici ?»
« Je ne reviendrai pas sur tout ce que vous savez déjà concernant l’atelier d’ambre de l’amiral Canaris à Koenigsberg….Lorsque Canaris  voit que l’Allemagne sera vaincue et que les Russes s’empareront de la place, il ne peut se résoudre à y abandonner la sépulture de Kant. Le plus grand philosophe allemand, tellement casanier qu’il n’a jamais quitté Königsberg, a été inhumé dans la cathédrale en février 1804, puis transféré dans un mausolée proche et monumental en 1880. Canaris n’est pas un nazi, nous en avons des preuves. C’est un patriote.  Abandonner la dépouille de Kant aux Russes, il n’y songe pas un instant. Il organise l’exhumation du cercueil, fait rejointer les dalles, et embarque le corps glorieux de la philosophie allemande des Lumières à bord d’un sous-marin. Direction Lisbonne. La tombe est vide, tout autant que le cénotaphe de Jean Moulin au Panthéon ; ça n’empêche pas les hommages et le culte patriotique ou l’édition de timbres-poste… Mais l’affaire s’ébruite au sein de l’atelier d’ambre : Canaris a fait presser douze billes  comme la vôtre où il fait insérer un message libellé dans son code personnel ultracrypté. Il n’y a plus de secret depuis longtemps. Sauf celui-ci : aucun sous-marin de la Kriegsmarine n’est arrivé à Lisbonne ce mois-là. Il ne s’est pas signalé en détresse et n’est jamais arrivé nulle part. Votre bille est celle que Markus Radziwill (c’est son nom polonais) avait volée dans l’atelier, on ne sait pas si c’est l’une des douze ou si c’est une treizième filoutée… Alors gardez-là et dites vous que Poutine et Merkel ont chacun la leur… »
Le colonel se leva, posa un billet de 20 euros sur la table, claqua des talons et sortit. Sa voiture l’attendait.
« Vous pensez qu’on peut déjeuner ici ? »
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