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1996 sales gosses !! plein ma brouette n°2
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marciamattos · 11 months
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L'Angélus de Jean-François Millet
Publié par Viviane Jeannot
L'Angélus de Jean-François Millet
Millet a dit : « C'est le côté humain, franchement humain qui me touche. »
Peintre pastelliste, graveur et dessinateur, Jean-François Millet réalise L'angélus entre 1857 et 1859. Cette huile sur toile de 55,5 cm sur 66 cm était à l'origine, une commande d'un artiste américain nommé Thomas Gold Appleton. Elle est désormais au Musée d'Orsay à Paris.
Ce tableau s'inspire de l'enfance paysanne de Millet : « L'angélus est un tableau que j'ai fait en pansant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l'angélus ». En effet, ce dernier signifie « prière de l'ange », elle est sonnée 18h.
Nous verrons donc dans ce dossier comment ce tableau est devenu célèbre et s'est « popularisé ». Tout d'abord nous étudierons la composition du tableau afin d'en tiré le sens premier. Puis nous étudierons les différentes formes qu'a pris le tableau de sa création à nos jours afin de constater l'évolution de ce tableau devenu une icône.
L'Angélus de Jean-François Millet
1- QUAND LA PRIERE DEVIENT TABLEAU
L'angélus représente deux paysans en prière : un homme et une femme dans un champ. À la gauche de l'homme se situe une fourche, à la droite de la femme une brouette et à leurs pieds une panier. Dans la partie supérieure du tableau se trouve le ciel et un clocher au loin.
Nous pouvons remarquer que le tableau est séparé en deux parties (horizontalement) : la terre, qui occupe les deux tiers du tableau et le ciel. De même les travailleurs sont placés à deux endroits stratégiques ce qui permet de constater que le tableau est coupé en trois parties (verticalement) : partie homme, partie centrale et enfin partie femme.
Nous pouvons aussi observer deux lignes de force qui prendront une
importante signification dans notre future analyse :
L'Angélus de Jean-François Millet
Dans ce tableau les couleurs ont également une place décisive. En effet la seule lumière vient du ciel. Jean-François Millet à préféré une palette assez chaude en choisissant le jaune, la couleur ocre, le marron et ses dérivés. Seules quelques touches de bleu et de vert viennent se refléter sur le pantalon de l'homme ou la chemise de la femme par exemple. Ce tableau d'apparence terne est en réalité très lumineux grâce à la maîtrise de la lumière par le peintre (reflets sur le sol, ou encore sur le tablier de la paysanne).
2- AU NOM DE LA TERRE ET DU CIEL AINSI SOIT L'HOMME
Ainsi, à l'aide de toutes ces informations nous pouvons en déduire le sens de cette oeuvre si célèbre.
En effet, le fait que la terre occupe la majeure partie du tableau signifie qu'elle a une grande importance dans la signification de l’oeuvre. Le sujet est d'ailleurs deux cultivateurs qui prient en plein travail.
De même, peut-être le peintre, a choisi de placer les personnages ainsi afin que grâce à la symétrie de son tableau, le spectateur puisse ressentir la dureté et la rigide du travail au champs. Cela reste une hypothèse personnelle. Les lignes de force utilisées sont également très parlantes. En effet, on remarque qu'elles se dirigent vers le ciel en passant pas le cloché de l'arrière plan et par les fermiers ; ainsi Millet nous donne l'impression de vouloir réunir le temps de la prière les Hommes au ciel.
Quant aux couleurs, la luminosité nous confirme qu'il doit être, lors de cette scène, aux alentours de 18h (voir définition angélus en introduction), probablement en automne. Ce ciel ciel vaporeux, doux et légèrement nuageux est en opposition avec la terre sèche sur-cultivée.
3- DALI ROMPIT LE CLICHE ET DONNA LA REPRODUCTION EN DISANT :
« Faire surgir le drame insoupçonnable, caché sous les apparence hypocrites du
monde, dans le simulacre obsessif, énigmatique et menaçant de soi-disant
prière crépusculaire et désertique qui s’appelle officiellement encore : «
L’Angélus de Millet ».
Cette toile est une des oeuvres françaises les plus célèbres. Elle représente en effet la France profonde : la terre, le travail en famille et la prière. D'ailleurs lors de sa première exposition au grand public en 1869, la révolution industrielle commençait à bouleverser le quotidien des Français. Dès lors cette oeuvre est devenue le symbole de la "France éternelle" ; la France paysanne qui commence à disparaître.
Cependant, Dali interpretera cette toile selon sa propre symbolique afin de nous en faire une critique mettant en évidence « le drame délirant ».
Selon lui, cette « répétition stéréotypée et devenue symbolique de l’agression sexuelle ancestrale » qui donne à la femme un côté violent, comme si elle souhaitait tuer l'homme en face d'elle. Ce qui expliquerait le position immobile de l'homme face à celle-ci, qui aurait honte de sa virilité et chercherait à cacher à l'aide de son chapeau son sexe en érection.
Ainsi, cette oeuvre se trouve désormais dans toute les chaumières.
Le sujet étant commun, chacun que l'on voit de l'aspect d'autre fois ou bien d'un oeil nouveau, il parle à tous. Grâce à son aspect, sa notoriété, chacun se l'est accaparé et en à fait une icône, qu'elle soit religieuse, de travaille ou bien de famille. L'angélus a trouvé sa place dans chaque foyer. Ce tableau est devenu une icône de la peinture populaire.
http://histoire-des-arts.over-blog.com/2015/04/l-angelus-de-jean-francois-millet.html
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isfresh · 3 years
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Draft - Nouvelle : Camélia - 2015 (lecture 1H - écriture 21 jours)
Cet été, je le passais entièrement à la cueillette dans un gigantesque champ d’arbres fruitiers de la Charbonnière. Je m’y rendais de bon matin, avec le vélo de ma mère, et parcourais plusieurs kilomètres sur une route bordée de maisons coquettes filant plein Est. A mesure que je progressais sur cette route, les maisons se faisaient plus vieilles, les herbes poussant dans les jardins devenaient plus touffues et les arbres plus secs. Et c’est à la lisière de la forêt d’Orléans, près du château de la Charbonnière que j’arrivais à cette ferme qui bordait plusieurs hectares de vergers. Ces vergers appartenaient à un vieil agriculteur du nom de Claude. Claude avait passé sa vie dans la ferme qui était la possession de sa famille depuis un siècle. Autrefois véritable ferme paysanne, avec ses poules qui picorent dans la cour, ses moutons et chèvres chantant dans les étables, son moulin qui grince et son puits qui s’assèche et se remplit au rythme des pluies, elle avait perdu aujourd’hui le charme de son authenticité. Ses habitants l’avaient un par un quitté pour aller se fondre dans le rêve de la ville. Même les animaux avaient disparu, ou plutôt s’étaient changé en machines. La cour était envahie d’engins agricoles en panne et de brouettes qui avaient perdu leurs roues. Un entrepôt avait vu le jour et sa tôle n’avait pas tardé à rouiller. Des paires de bottes jetées ça-et-là témoignaient encore d’une activité qui persistait à survivre.
J’y arrivai le matin de bonne heure, aux alentours de 7h30, et rejoignait les saisonniers qui discutaient devant la ferme. Là, Claude, qui s’était levé avec le soleil, nous faisait tous monter dans son tracteur et nous dispersait aux quatre coins des vergers. Avec ses soixante-cinq étés au compteur, Claude ne s’économisait pas dans ses tâches. Grand et fort malgré ses cheveux gris, c’était un taureau tout de muscles et sans un gramme de graisse qui savait montrer l’exemple aux saisonniers en abattant en une demi-journée le double de leur travail quotidien. Il avait des yeux d’un bleu intense et un long visage à la peau raviné par le soleil, les pluies et les pesticides ; soit tous les aléas de la vie. Quand j’entendais son sifflement joyeux à travers les allées d’arbres fruitiers, je me mettais à accélérer alors la cadence car il risquait à tout moment me tomber dessus. Et alors, s’il me trouvait trop rêveur, il pourrait lui venir l‘envie d’améliorer mon rendement en essuyant ses bottes sur mon derrière.
Durant les deux mois de l’été, je cueillis plusieurs tonnes de succulents fruits. Il y avait des pommes Granny Smith, vertes comme des raisins et des Fujis, rouges, vertes et si acides qu’elles vous laissaient les dents toutes blanches. Il y avait aussi des poires Conférence bien juteuses dont le goût frais et tendre vous rafraîchissait pour plusieurs heures. Il avait fait très chaud tout le mois d’août et dans la chaleur de la journée, il n’y avait rien de plus désaltérant que de croquer à pleines dents dans ces fruits tout justes cueillis après en avoir essuyé et fait luire la peau.
Sous l’action du soleil, ma peau à moi s’était colorée d’un marron intense. Mon corps presque entier était tartiné de cette couche de miel venu des cieux. Sur mes bras, j’avais emporté les griffures jalouses de ces arbres. Les pommiers faisaient parfois plusieurs mètres de haut et il fallait toujours grimper sur une échelle et pénétrer tout entier dans les feuillages pour récupérer les précieux fruits. Je m’y plongeais en short et torse nu, à la sauvage, avec l’instinct animal des premiers cueilleurs. Durant cet été, les branches avaient tracé une multitude de cicatrices sur mes membres. Les plus anciennes m’avaient laissé de fines et longues griffures blanches sur les avant-bras et les jambes. Les plus fraîches complétaient ce quadrillage par des sillons rougeoyants. Les fruits que je cueillais étaient destinés à remplir les rayons des supermarchés de la région. Mais avant ça, elles allaient dans un panier que je portais sur le dos. Une fois plein, je déposais le contenu du panier dans une remorque qu’il fallait tirer dans les rangées au fur et à mesure que l’on progressait dans le champ. Cette remorque pesait plusieurs centaines de kilos une fois pleine et deux fois par jour, je devais la ramener à la force des bras jusqu’à la ferme. Claude stockait les fruits dans un immense compartiment réfrigéré en briques situé dans l’entrepôt. Quand je lui amenais une remorque, il fallait en prendre une nouvelle et alors, rebelote. Ce job estival et les coups de pieds attentionnés de Claude avaient incroyablement durci mes bras et mes jambes, m’avait redressé le dos et semblait même avoir élargi ma carrure. En plus de mon salaire, j’avais une nouvelle silhouette et c’est dans ces dispositions que je débarquais à la fac, une journée chaude de septembre, pour assister à ma pré-rentrée de première année de droit.
*
Le premier jour, les autres étudiants me regardaient curieusement. Il est vrai que mon aspect excessivement hâlé contrastait avec leurs mines grises et pâlottes. Certains avaient légèrement bruni leurs couleurs dans des cabines ou dans un soleil situé à l’autre bout du pays, voire du monde. Mais aucun n’avait cet aspect cuivré qui ne s’acquiert que dans l’effort, de 8h à 18h et en plein soleil. En vain, je voulus passer inaperçu. J’étais vêtu d’un short et d’un t-shirt tout neuf : j’avais le portefeuille et l’ego bien rempli et souhaitais par-dessus tout me fondre dans la masse pour en rejoindre l’élite. C’est la raison pour laquelle j’avais choisis le droit après le lycée. Enfin, c’est une des raisons que je donnerais, s’il me fallait en trouver une. La vérité, c’est que je n’étais intéressé par rien et apprendre le droit ne me paraissait pas plus dénué de sens que de m’exercer à la médecine ou à la plomberie. Et puis, il fallait bien faire quelque chose de sa vie et rendre fier ses parents non ? Enfin j’arrête là mes digressions car ce n’est pas une histoire sur les problèmes parents-enfants. Revenons donc à la fac.
Cette première journée, des deuxièmes années bénévoles nous firent visiter la faculté. Elle était située bien à l’écart de la ville, dans un vaste parc boisé qui comprenait de nombreuses forêts de chênes, d’hêtres, de bouleaux et de châtaigniers, ainsi qu’un grand lac où se baignaient plusieurs familles de canards et même quelques cygnes. Disséminés aux quatre coins du parc se trouvaient les bâtiments où l’on enseignait le Droit, les Lettres et les Sciences et chaque département occupait un territoire bien séparé des autres.
Nous visitâmes les amphithéâtres, les bibliothèques, les restaurants et rencontrâmes quelques professeurs et chefs d’administration qui nous firent des discours fastidieux sur le déroulement de l’année. Pour ma part, je m’occupais l’esprit en parcourant les formes de toutes ces filles qui se présentaient à mon regard. Je déchiffrais dans les traits de leurs courbes d’innombrables fantasmes, les imaginant nues ou en sous-vêtements, et m’imaginais leur faire connaître l’extase. A la fin de la journée, je me rappelle m’être assis seul sur le banc d’un abris-bus et là, je me perdis dans la contemplation des griffures sur mes membres. J’étais dans un état de béatitude enthousiaste propre aux adolescents et, plein d’optimisme, je me jurais de tout faire pour connaître une ou deux passions renversantes durant cette nouvelle année. J’étais un rêveur et il n’y avait pas pour moi plus beau rêve que celui de la Femme. Je la voyais comme le voyageur contemple une fleur pousser dans un jardin interdit d’accès. En rasant les murs et en marchant la tête droite, on peut la voir par-dessus la haie s’élever vers le ciel et dévoiler ses corolles aux rayons du jour. Il était interdit cependant de la cueillir. Pour cela, il fallait être aux bons soins avec son voisinage et pouvoir pénétrer dans le jardin. Et moi, j’habitais une cave ou rien ne pousse ; j’étais le pestiféré du coin.
Une légende dit que les premières fleurs qui ont poussé dans ce monde, choisirent entre toutes les terres, celles romantiques et sauvages de la belle Espagne. C’est dans ce pays que naquit Camélia. Je la rencontrais dès la première semaine de cours, et l’histoire que je vous conte est celle de ma rencontre avec cette fleur aux multiples pétales, cousine de la rose dont elle a pris la beauté et dédaigné les épines, une fleur qui déjoue les complots des jardiniers pour pousser si haut que tous peuvent la sentir et la contempler.
Dans le bassin orléanais, au nord de la Loire, la météo est aussi traitresse que les femmes de ce pays lointain qui poignardent leurs maris quand elles sentent que leur amour baisse. A Orléans, à la fin de l’automne, les températures peuvent monter et faire croire aux fleurs qui commencent à bourgeonner que le printemps est venu. De même en juin, on peut se retrouver soudainement à devoir revêtir pull, manteau et écharpe, et garnir ses poches de nombreux mouchoirs car nous voilà soudainement six mois en arrière. C’était une de ces journées au temps trompeur où je fis la connaissance de Camélia.
**
Durant la première semaine de cours, nous n’avions pas encore d’emploi du temps défini. Pour connaître notre programme du lendemain, il nous fallait nous reporter chaque jour aux panneaux d’informations situés à l’extérieur du bâtiment principal.
Les programmes du lendemain, qui figuraient sous forme de listes et s’étalaient sur plusieurs feuilles, avaient été accrochés pendant le dernier cours de l’après-midi. Ce jour-là, la température avoisinait les 13 degrés et la pluie résonnait en tombant sur les toits et sur les flaques d’eau, alors que la simple veille, il avait fait un temps évoquant Les Coquelicots de Monet. Les panneaux d’information se trouvaient sous un minuscule préau, pas plus grand qu’un porche de poissonnier et ne pouvait contenir au mieux qu’une cinquantaine de personnes. Nous, nous étions quatre cent étudiants voulant connaître le plus rapidement possible les groupes nous étant assignés. Quatre cent premiers années en Droit Privé, Droit Public, Histoire du Droit et Droit Européen qui jouaient des coudes et se chahutaient pour récupérer la précieuse information avant les autres. Les plus sages et les moins courageux attendaient dans le bâtiment que la foule se disperse. Quant aux hâtifs, ils avaient tous pris place dans cette arène sous le préau. La queue n’en finissait pas de grossir et bon nombre d’étudiants s’étaient retrouvés à la merci de la pluie qui tombait en trombe. Au 1er rang, une petite dizaine de personnes étaient collées aux tableaux et, du bout du doigt, cherchaient leurs noms parmi les différentes listes. Après avoir épluché une liste entière sans succès, les étudiants en première ligne devaient se reporter sur une des listes adjacentes, perdant ainsi leurs places et se retrouvant à attendre de nouveau. Le processus de lecture prenait ainsi un temps considérable. A l’arrière, les étudiants cherchaient à accélérer le rythme de lectures de ceux se trouvant devant eux. Ils poussaient, huaient, s’excitaient et se houspillaient, incapables de patienter une seule minute. Il est vrai qu’on se semblait piégé dans un monde d’une exaspérante lenteur : les étudiants mettaient un temps considérable pour débusquer leurs noms et s’échapper par une ouverture située sous les panneaux. Pendant ce temps, dans la fosse, quelques jeunes filles ballotées en tous sens invectivaient les pousseurs situés derrière, en vain car ces derniers étaient dans la même situation qu’elles. Les coupables étaient ceux situés à l’entrée du bâtiment ainsi que ceux qui se retrouvaient sous la pluie. Ces deux groupes formaient un étau qui pressait une bonne centaine de personnes. Certains se retrouvaient collés aux vitres des portes, incapables de bouger d’un seul centimètre, dans une position plutôt grotesque. J’étais moi-même dans la fosse, au beau milieu de ce spectacle. En ce qui me concerne, je gardais mon calme et j’observais sereinement les différents mouvements de foule pour avancer le plus efficacement possible. En mettant un pied en avant et l’autre en arrière, je gardais une parfaite stabilité qui me permettait d’atténuer les poussées venant de l’arrière garde. Quand un étudiant essayait de me doubler par la force, il me suffisait d’un regard pour lui faire calmer ses ardeurs. J’étais plus grand que la moyenne et un halo sauvage rayonnait autour de moi de par ma peau dorée. Par un langage muet du corps, j’arrivais à faire entendre ma voix dans ce tintamarre sans même bouger mes lèvres. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi sans que l’on ne puisse avancer beaucoup. Non loin de moi, des jeunes filles évacuées sans ménagement du couvert du préau par les ressacs poussifs des étudiants se retrouvaient à la merci des pluies. Leurs cheveux trempés leurs collaient au visage et quelques-unes pleuraient de rage, maudissant l’administration de la Fac pour son absence d’organisation.
Tournant la tête dans l’autre sens, je vis à quelques mètres de moi, une fille qui me souriait. Elle me fixait d’un regard rieur et sans gêne aucune. Parmi tous les visages sévères et excédés, elle, silencieuse et amusée, m’avait choisi comme distraction pour une raison que j’ignorais. Elle avait de grands yeux noirs, des lèvres fines et le teint hâlé du sud. Sur sa petite tête menue reposait son sac qu’elle tenait d’une main et avec habileté, à l’instar de ces femmes maghrébines qui portent des plateaux de pain sur leurs têtes pour les emmener au fourneau. Je compris vite l’étrangeté de cette position en remarquant qu’une fuite dans le préau faisait couler une multitude de gouttelettes directement sur sa tête. Son sac était gorgé comme une éponge et de l’eau coulait sur ses tempes et dans son cou. Mais même dans cette situation critique, qui aurait fait perdre les nerfs à n’importe qui, elle gardait intact son sourire et m’observait avec la même curiosité que j’avais maintenant à son égard. Le hasard voulu qu’à ce moment-là, un mouvement de foule se fasse, si bien que cette jeune fille se retrouva juste à côté de moi. Libérée de la menace de l’eau, elle remit son sac sur ses épaules et plongea son regard dans le mien. Ses cheveux très courts et trempés frisaient dans d’incroyables boucles et formaient de petites pelotes sur sa tête menue. Je n’avais jamais vu, et encore aujourd’hui, de coiffure aussi singulière, mais malgré cet aspect étrange, elle était d’une beauté farfelue. Elle avait le visage fin et un magnifique sourire. Son expression semblait ne trouver de sens que lorsque les muscles de ses joues s’étiraient dans ce demi-arc plein d’espièglerie. Elle continua à me fixer ainsi, je cherchais alors quelque chose à dire et la seule chose qui me vint à l’esprit fut : « Sacré bordel ». Elle éclata alors de rire et le son qu’elle fit était un rayon de soleil. A son rire, des étudiants se retournèrent, tant ce son paraissait incongru dans cette situation. Et moi, je ne pouvais m’empêcher de sourire bêtement. Là, dans cette étroitesse humide, dans ces bousculements et ce froid précoce, je connus mon premier coup de foudre ; bien que je ne le sache pas encore. Nous n’ajoutâmes pas un mot et fûmes de nouveau séparés très vite. Après une demi-heure de patience sourde, je pus finalement accéder aux tableaux d’affichage et m’extirper à mon tour de ce guêpier.
Je ne dus pas patienter longtemps pour me retrouver à nouveau devant cette apparition. En effet, ce n’est que quelques minutes plus tard seulement que je revis cette fille au regard printanier. Dans le tram qui retournait en ville, je la vis là, qui m’observait fixement, avec toujours cet air jovial, presque moqueur. Je décidais d’engager la conversation avec elle. Elle me dit son nom, Camélia, et j’ignorais alors que c’était le nom d’une fleur. Nous nous mîmes à discuter et à plaisanter sur les événements qui venaient de se dérouler sous le préau. Elle riait à gorge déployée, attirant les regards des passagers et s’empressait de faire des commentaires amusants à chacune de mes observations, y jugeant des attraits qu’elle seule trouvait comique, tout en me tapant sur l’épaule pour me prier d’arrêter de la faire glousser ainsi. Ses commentaires avait quelque chose d’anachronique : elle s’empressait de traiter la foule des étudiants de « mouflets » ou de designer un cas précis de « vieille chaussette » car il l’avait poussé sans ménagement. Quand elle se lançait dans ces invectives, je ne décelais chez elle aucun plaisir à critiquer ou moquer. C’est comme si elle se plaisait à formuler ces expressions désuètes pour la simple joie de former un calambour mélodique. Elle était d’une totale absence de réserve et dégageait une incroyable joie de vivre qui déteignaient tout autour d’elle. D’autres étudiants qui étaient avec nous sous le préau de la fac étaient également présents dans le wagon et elle ne s’en gêna pas plus que ça. Ses différentes remarques amusaient d’ailleurs les garçons et faisaient rouler les yeux des filles qui détournaient alors leurs regards vers les vitres et la grisaille du monde extérieur. Un passager, mis de bonne humeur par son rire, engagea la conversation avec nous. C’était un sexagénaire usé, fatigué par la vie mais qui avait trouvé dans le rire de Camélia un miroir à la joie qu’il contenait encore dans son vieux cœur. Il la gratifia de quelques blagues et complimenta Camélia sur sa beauté, puis nous quitta en nous souhaitant une belle journée. Une fois qu’il eut passé les portes battantes du wagon, Camélia s’approcha de moi et me chuchota à l’oreille un étonnant propos :
-          « Quel adorable papi ! Un peu plus et il m’invitait dans son manoir pour prendre le thé et me conter les mœurs amoureuses sous l’empire et la troisième république ».
Elle dit ça d’un ton presque de regret, puis éclata de rire à nouveau. Il semblait impossible de pouvoir stopper sa bonne humeur.
Nous descendîmes ensuite au même arrêt et avant de nous séparer, je ne pus m’empêcher de lui proposer de prendre un verre un prochain jour. Elle fixa alors sur moi un regard surpris mais méfiant. Elle jaugea l’audace de ma proposition en une seconde et dut conclure que je n’étais pas un mauvais gars car elle accepta.
« Mais en tout bien tout honneur, n’est-ce pas ? J’ai un petit copain ».
Je répondis par l’affirmative sans réaliser tout de suite que je venais d’essuyer un râteau. Nous nous quittâmes ensuite en nous promettant de nous retrouver sur le campus et je partis alors à la suite d’un dernier bus, tout embaumé encore par les parfums de cette belle plante décidément peu commune.
A cette époque, je nourrissais une multitude de complexes qui me rendaient incapables de comprendre comment nouer une relation avec le beau sexe. Déprimé depuis le plus jeune âge par la vie, je gardais de ma condition une amertume certaine et une timidité qui n’allait pas vraiment avec mon physique. Plusieurs filles m’avaient couru après au lycée. Deux ou trois m’avaient même faite des propositions explicites qui ne laissaient aucune place au doute. J’étais cependant incroyablement con, taciturne et réservé, et complexifiais à outrance leurs messages non codés, décelant des moqueries là où il n’y avait que flatterie et confondant l’attention pour le dédain. J’idéalisais la Femme à un point ou je pensais l’amour comme un conte de fée. Pour moi, coucher avec une fille sans amour était un outrage à leur féminité. J’étais loin de supposer que les filles sont aussi friandes de libertinage que les garçons et rien dans mon entourage n’aurait pu m’amener à penser le contraire. Au lycée, nous avions eu une grosse dame du planning familiale qui était venu dans notre classe pour nous parler des risques liés aux MST. Elle nous avait également fait la démonstration d’un enfilage de capote sur un vieux godemichet usé, suscitant non pas rires et gloussements, mais un malaise et un ennui profond. Nous faisions partie de la génération qui avait grandi dans les années 90. Le Sida et ses sœurs, nous en étions parfaitement sensibles. De plus, internet et le porno étaient déjà entrés dans les mœurs et les foyers des ados. Les filles savaient enfiler une capote rien qu’avec la bouche et les garçons trouvaient leur inspiration sentimentale dans les vidéos streaming de Youporn. A la place de cette grosse dame et de son gode, un cours sur l’art de la séduction aurait été largement plus profitable à tous, et en particulier à moi. Ainsi, avant la fac, j’avais laissé filer un grand nombre d’occasion de bonheur terrestre et j’étais dans mon aveuglement tout juvénile, bien décidé à inverser la tendance pour cette nouvelle année.
*
Le lendemain, je racontais ma rencontre avec Camélia à mon ami à la fac : Balthazar. Le beau temps était revenu aussi promptement qu’il avait fui la veille. Le soleil baignait maintenant le parc de la faculté d’une douce chaleur propice au retour des tenues légères. Il était midi et nous étions sur un des bancs de la Fac situé sur le chemin de terre reliant les amphithéâtres à la bibliothèque. C’était un point de passage pour tous les étudiants de ce côté de l’université et Balthazar avait choisi de déjeuner à cet endroit pour son panorama stratégique. Il pouvait ainsi balader ses regards vers toutes les fraiches petites étudiantes qui, en cette rentrée, étaient encore émerveillées par tout ce qui avait trait au campus.  
Balthazar avait une année de moins que moi. Grand, mince et la mâchoire carrée, ses yeux marrons reflétaient d’une manière fourbe toute l’arrogance qu’il avait en lui quand il zieutait les filles. Arrogance qui se traduisait avec la même vilénie sur ses tenues vestimentaires. Il était soigné, classe même, et malhonnête, prompt à la critique et infidèle. Tout mon inverse. Mais nous formions cette combinaison que seul deux êtres opposés parviennent parfois à créer grâce aux tempérances et exubérances qui s’exercent l’un sur l’autre. Nous partagions en outre le même enthousiasme pour le beau sexe. Balthazar avait eu plusieurs petites amies et s’était fait connaître par toutes les filles de son lycée en giflant celle avec qui il sortait. Cette fille, une petite blonde à belles lèvres, qui venait d’acquérir toute la sensualité d’une jeune ex-vierge, chargea une de ses copines d’annoncer à B qu’elle rompait. Cette amie vint lui annoncer la nouvelle alors qu’il était au milieu de sa bande. B, furieux, était parti retrouver sa désormais ex-copine et sans aucune parole d’explication, l’avait giflé, puis quitté. Paradoxalement, ce coup d’éclat raviva la flamme de son ex et attira sur B toutes les attentions de filles qui voyait en lui le voyou parfait. B était ce genre de branleur qui d’un geste aussi violent peuvent acquérir la gloire et l’admiration de la population féminine. Par ailleurs il se vantait de connaître la vraie nature des femmes. Quand je lui eus raconté les circonstances de mon revers avec Camélia, il ne parut pas s’étonner.
-          Youn, d’après ce que tu me dis, cette fille doit être au mieux, une originale qui toute sa vie, bien que ça paraisse incroyable, n’a pas été influencée par les charmes qu’on lui faisait pour son esthétique. C’est une beauté vierge ou toute nouvelle. Ce qui est extrêmement rare. Ou alors, c’est une débile mentale. Si tu veux qu’elle en pince pour toi, qui n’a d’autre talent que de devenir ami avec les filles que tu convoites, tu dois te montrer tout aussi impétueux. Voire même le double.
Il tenait un sandwich à la main et me faisait face, debout, tournant sans cesse la tête de tous côtés pour interpeller du regard les filles qui passaient.
-          De toute manière, elle est prise, dis-je déjà vaincu. Et ça n’a pas l’air d’être le genre de fille à partir avec le premier type qu’elle rencontre.
Ma rencontre avec Camélia, bien que marquante pour mon jeune « moi » encore puceau de la volupté et de l’horreur de l’amour, était tout tendu vers l’immense champ de possibilités que cette nouvelle année pouvait m’apporter. Réussir à détourner un cœur déjà pris me semblait une difficulté insurmontable.
-          Tu te trompes Youn ! me reprit B. C’est le type de toutes les filles de partir avec le premier inconnu. C’est ce dont elles rêvent même. Crois-moi. Le romantisme d’une rencontre ! Les promesses d’un nouvel amant ! Il n’y a rien de mieux pour réveiller les instincts qu’elles couvent entre les jambes.
-          Tu déconnes. Elles ne pensent pas du tout à ça.
J’étais un romantique idiot.
-          Sois un mec ! me gronda B. Oublies-tu systématiquement tes couilles sur ta table de chevet quand tu te lèves le matin ? Allez, souris de toutes tes dents et mets lui la main aux fesses, tu verras comment elle réagit.
-          Mince, on n’est pas dans un film (sa théorie était réellement tirée d’un film)
-          Mais si ça marche. Une chance sur deux.
-          Ok, vas-y, montre-moi, le défiais-je
B me prit au mot et balada ses yeux de rapace sur un axe à 360°. Il me montra une étudiante qui marchait dans notre direction, seule, à quelques centaines de mètres de là où nous étions.
-          Regarde-moi cette fille, avec son trench. Elle a l’air bonasse.
-          Elle est trop loin, comment tu peux savoir de quoi elle a l’air.
-          Regarde-la !
Il prit sur lui de guider mon regard en m’agrippant la tête d’une main et la tournant vers ma gauche. Balthazar aimait toucher les gens. Je le fis fuir d’un geste.
-          Regarde-là, elle et sa tenue. Je peux te dire à sa démarche qu’elle a toute l’arrogance de son trench. C’est une de ces filles de bonne famille qui dîne de la soupe avec papa-maman avant de s’envoyer en l’air à la première fête étudiante. Je suis sûr qu’elle ne serait pas mécontente de se prendre une grosse bite.
En disant cela, il se mit la main à l’entre-jambe. La fille arriva sur nous quelques instants après. C’était une brune sans teint, en bottines et en trench rouge, portant un sac à main sur l’épaule, les mains dans les poches et le regard dans le néant. Une brise souffla et nous pûmes sentir tout le parfum de sa haute descendance. Quand elle fût à notre niveau, B qui lui tournait le dos, fit un mouvement vers elle à l’aveugle pour lui barrer la route : feindre la maladresse en vue d’engager la conversation était une de ses astuces. Je l’avais vu pratiquer cette technique à de nombreuses reprises et cette approche gauche était toujours un échec. Mais cela avait de l’audace et ça me faisait aussi toujours rire. Cette fois, la fille bien-née ne parut même pas faire attention à lui. Elle fit un léger écart et poursuivit sa route sans même remarquer B qui levait déjà les mains en l’air en signe d’excuses. Puis elle s’éloigna.
-          Elle a des pieds trop grands pour ses petites bottines, me confia-t-il. Chaque pas lui arrache une grimace, c’est pour ça qu’elle ne marche pas droit la salope ! »
C’était le traditionnel « Salope » lancé à mi-voix qui sauve la virilité des hommes quand ils vident les étriers devant une matrone. Sa fierté était intacte et moi, cette scène m’avait bien amusé.
Nous continuâmes à discuter jusqu’à ce que l’heure de reprise des cours arrive. A ce moment-là, Balthazar prit un regard troublé et j’entendis alors un bruissement de pas sur des feuilles mortes derrière moi. Une fille surgit alors de derrière mon champ de vision pour se placer à mes côtés. C’était … Camélia. Elle avait les chaussures boueuses et tout un tas de feuilles s’étaient accrochées à ses vêtements. Elle tenait un sandwich à la main et avait la bouche encore pleine de sa dernière bouchée.
-          Je suis à la bourre ! Je n’ai même pas le temps de finir mon sandwiche !
Elle se mit alors littéralement à se tourner elle-même en dérision, tout en époussetant de la main les feuilles qui s’étaient collées à elle. Elle se mit à rire et je pus réentendre ce son si doux et plein de soleil qui m’avait tant charmé la veille. Elle fit une pause le temps d’avaler ce qu’elle avait en bouche, puis me fit la bise sans même se présenter à Balthazar ni s’enquérir de qui il était.
-          Je t’ai vu assis, je me suis dit que j’allais venir te faire coucou. Oh la la, je crois que je vais finir mon sandwich en classe. Pas le temps ! Et j’ai horreur de me presser quand je déguste un bon sandwiche à la dinde. Je préfère avoir le temps de manger, comme ça je digère bien mieux.
-          Ah euh oui, tout à fait. Manger, c’est important, répondis-je
Avec une entrée aussi soudaine, mon esprit n’arrivait pas à former autre chose que de pures babilles. Je pouvais sentir le regard désapprobateur de Balthazar face à cette absence de réparti. Il avait compris qui elle était en un clin d’œil et il l’observait maintenant avec une curiosité scientifique.
Camélia revêtait ce jour-là une polaire verte pleine de bouloches et une sorte de treillis beige avec au pied des baskets encore boueuses. Elle nous expliqua qu’elle avait raté son arrêt de tram et avait dû couper par les sous-bois pour rejoindre les amphis de droit. B était particulièrement captivé par chaque détail de sa tenue vestimentaire et je savais qu’il me nourrirait de commentaires analytiques sur elle pendant des heures. Je devinais qu’il y aurait plus d’objections que d’encouragements ; objections allant de son entrée en scène à la couleur de ses chaussettes.
Quand l’heure pile arriva, Balthazar partit rejoindre sa promotion. En compagnie de Camélia, je me rendis à l’amphi Baudelaire. C’était un immense amphithéâtre de près de 500 places qui formait trois rangées de tables séparées par deux escaliers. Les sièges en mousse qu’il fallait rabattre pour s’assoir étaient accolés à de longues lignes de tables en bois clair. A l’avant se trouvait une estrade avec un bureau en bois surplombé par un immense tableau coulissant. Je rejoignis une des rangées du centre et m’y installais. Camélia me suivit et prit place à ma gauche, finissant son déjeuner en vitesse tout en commentant le goût des cornichons. Les étudiants finirent d’entrer avec bruits et chacun prit place sur une des rangées des trois ailes de l’amphithéâtre.
Pendant que je m’installais, une fille que je ne connaissais pas vint s’assoir à ma droite. C’était une autre sorte de beauté. Pimpante et fraîche, avec des cheveux châtains qui lui tombaient sur les épaules. Camélia lui fit un accueil chaleureux (visiblement elles se connaissaient de longue date) et une conversation s’engagea, avec moi entre elles dans la position désagréable de celui qui se sent comme la cinquième roue du carrosse.
Durant cette causerie dont je fus malgré moi exclu, mon portable posé sur la table vibra. C’était un message texte de B.
« C’est bien elle Camélia ? »
Je lui répondis en cachant discrètement l’écran, pour passer le temps et rendre moins gênant mon silence.
« Oui, tu l’as trouves comment ? »demandais-je
« J’aime bien la tenue, on aurait dit qu’elle revenait d’une cueillette aux champignons. Mais jla défonce ! J » répondit-il à son tour
 La vibration de la table et le sourire que je dus afficher à la lecture du message de B attirèrent l’attention de la nouvelle demoiselle sur moi.
-          Salut, je m’appelle Alice !
Alice avait des yeux d’un vert intense, une petite bouche et des taches de rousseurs qui parsemaient ses joues rouges. Sa voix était emplie de tonalités aigues et elle avait la fraicheur d’une rose. Elle s’installa en vitesse et sans autre préliminaires, m’asséna tout un tas de questions. La première porta sur le modèle de mon téléphone que j’avais posé sur le pupitre, puis sur le forfait, le prix, et continua son questionnaire avec une naïveté enfantine et sa curiosité porta sur un tas d’autres sujets comme mon style vestimentaire, l’origine de mes parents, mon ancien lycée et ainsi de suite. Comme elle parlait, je remarquais que la ligne de ses dents sortait légèrement vers l’extérieur, comme poussées par son débit oral. Camélia écoutait attentivement mes réponses et me posait quelques questions à son tour, mais la soif de connaissance d’Alice ne lui laissait que peu de temps de parole. Loin de me gêner, je me sentais fier d’être l’objet de ses attentions. D’habitude, je n’aimais pas me mettre en avant et dévoiler les détails de ma vie, mais entre ces deux muses, je me sentais très à l’aise. Alice écoutait attentivement les réponses que je lui faisais et laissais une marge entre chaque question pour que je puisse lui en poser à mon tour. Toute bavarde qu’elle fut, elle n’avait pas ce défaut qu’ont les cancans à toujours couper la parole pour le simple plaisir de s’écouter parler.  
Bientôt, le professeur entra et commença son cours devant les 400 élèves, dont deux tiers de filles. Mais même ainsi, nous continuâmes à parler tout trois en chuchotant, prenant de temps à autre des notes que nous complétions lors d’intermèdes en récupérant les notes de nos voisins. Nous n’étions que la première semaine et j’avais fait la connaissance de deux des plus belles filles de la promotion. Le lycée était décidément bien loin.
*
Je ne garde que peu de souvenirs des mois qui suivirent, si ce n’est les conversations que nous avions avec Alice et Camélia durant les cours ou les pauses déjeuners. Nous avions chacun fait d’autres connaissances au sein de la promotion et vaquions parfois de notre côté. Mais ces épisodes, nombreux les premiers mois, se faisaient de plus en plus rares à mesure que le semestre avançait. Je me demandais toujours ce qui poussait ces deux belles jeunes filles à s’afficher en ma compagnie.
Selon moi, j’avais un gros handicap par rapport à elles. Elles, étaient belles, bien mises et heureuses. Moi, de ma vie, je n’avais eu qu’une petite amie, au collège, et cette passion n’avait duré que trois semaines. Elles, avaient déjà connu plusieurs relations et exhalaient une aura toute féminine présageant qu’elles en savaient déjà long sur l’art de l’amour. Elles allaient au théâtre, au cinéma et dans les cafés, partaient en vacances au ski ou à l’étranger et achetaient leurs vêtements toute l’année. Moi, je passais mes soirées avec des amis dans des squats, des garages abandonnés, des halls ou dans des parcs publics, hiver comme été, à consommer des paquets de chips à trente centimes d’euros. Avant mon travail estival, j’avais vécu dans un luxe de prolétaire. Au lycée, j’étais habitué à emprunter les affaires de mon grand frère. Je m’introduisais dans sa chambre sans bruit au matin pour y dérober un jean ou vêtement qu’il ne mettrait pas dans la journée. Je récupérais parfois même ses frusques qu’il déposait dans la corbeille à linge sale pour pouvoir m’afficher avec, ne serait-ce qu’une demi-journée. Cette année, j’avais pu m’acheter quelques affaires qui me permirent de dissimuler quelque peu mon origine sociale. Avec mon travail et ma bourse, je jouissais dorénavant d’une relative et modeste sécurité financière mais il me restait quelques discrets détails qui trahissaient ma condition, comme ma paire de lunettes que je ne portais que rarement car l’une des branches cassée était rafistolée au scotch.
Bien sûr, je cachais cet aspect socialement dégradant de moi-même et inventais tout un tas de mensonges pour combler le fossé que je me figurais entre Alice, Camélia et moi. J’avais ainsi complété mon CV relationnel d’idylles amoureuses qui avaient duré des années, m’inspirant de filles que j’avais secrètement aimé et brodais autour de ces histoires, romançant les rencontres et les séparations. Dans ces contes que je leur composais, toujours je me retrouvais largué par ces belles brunes sorties de mon  imagination étoilé.
Tantôt avec Alice, tantôt avec Camélia, je passais des heures à parler de mes amours déçues et fictifs. Camélia perdait alors son exubérance et m’écoutait en prenant un air grave plein de compassion. Alice, elle, était plus active et souhaitait à tout prix que je rappelle ces bachelettes que j’inventais, persuadée qu’elles pourraient m’accorder une seconde chance. Je n’avais pas de scrupules à leur mentir ainsi. Les barrières injustes de la destinée, que j’avais matérialisée entre nos modes de vie distincts, m’ôtaient tout remord car sans ces mensonges, j’eus trop honte de rester en leur compagnie. A cette époque, j’avais eu une relation aussi brève que chaste avec une fille que je rencontrais au milieu du semestre. Quand elles l’apprirent, Camélia et Alice furent enchantées et voulurent connaître tous les détails. J’aurais pu dans cette histoire me donner un bon rôle ou exagérer mon audace mais je n’en fis rien. Je racontais cette aventure sans filtre, sans rien enjoliver ni ajouter, tant mes mensonges tenaient plus de la nécessité que du vice. Mais je restais toujours sur cette fourbe réserve tandis qu’elles, se livraient parfaitement à moi.
Camélia était né en Espagne, dans une ville près de Séville. Son père était un espagnol andalou qui travaillait dans l’industrie. Il rencontra la mère de Camélia dans un café. La mère de Camélia était la serveuse qui lui apportât un pichet de Sangria. Ensemble, ils partirent s’installer en France dans une ville proche d’Orléans. Camélia avait passé le reste de son enfance en France, grandissant à son gré et jouant dans un jardin plein d’arbres décoratifs qu’elle sublimait par ses rires. Elle ne parlait que rarement de son petit ami, toute occupée à rire de l’instant présent. Elle le rencontra à sa première année de lycée et ensemble, ils ne se quittèrent plus.
Je tombais vite dans une sorte d’admiration devant Camélia. Elle ne paraissait avoir aucune timidité ni complexe. Sa beauté était naturelle et dénuée de cet aspect hautain que portent souvent les belles filles à la plèbe. Sa gentillesse la poussait à discuter avec tout le monde sans gêne aucune et cet aspect de son caractère faisait graviter toute une communauté de garçons autour d’elle. Insensible aux nombreuses personnes qui avaient tenté de s’attirer ses faveurs, inconsciente même du charme qu’elle dégageait, elle ne flirtait jamais et restait tout à fait fidèle à son Cédric.
Alice, elle, était née et avait vécu toute sa vie dans la région orléanaise. File unique, ses parents l’avaient choyé et surprotégé, à tel point qu’elle ne rêvait plus que de voyages. Elle n’avait pas de petit ami, ce qui était extrêmement curieux pour une fille aussi belle. Elle me raconta par la suite qu’elle avait connu une passion désastreuse pour le copain d’une de ses amies l’année précédente. Pendant tout le lycée, elle avait gardé ses sentiments secrets même à ses plus proches amis, hormis Camélia . Sur ses conseils forts avisés, Alice avait eu le courage, durant la dernière année de lycée, de sauter au coup de son amoureux pour l’embrasser au beau milieu des couloirs bondés. Ce dénouement avait fort impressionné Camélia mais avait couté à Alice la perte de toutes ses amies qui se mirent à la traiter de trainée. Elle remontait seulement maintenant la pente de ce désastreux amour. Comme Camélia, elle aussi était très courtisée mais intéressait surtout les garçons bien nés pullulant en Droit qui avaient remarqué que son nom de famille contenait une préposition. Elle ne paraissait malgré tout prendre parti pour personne et vaquait avec désinvolture à ses occupations.
J’entretins vite une amitié désintéressé avec Alice. Nous étions devenus comme deux vieux amis se connaissant depuis longtemps. Je la jalousais un peu malgré moi car elle venait d’une famille noble, bien que rien dans son apparence ne le laisse supposer. Seul son nom de famille laissait entrevoir l’honorabilité de sa lignée.
En fac de Droit, un nom pareil ouvre des portes. Je me souviens qu’un jour, nous étions en retard au même cours de TD (des cours par groupes de 20 à 30 personnes tenus par des étudiants de 4ème année). J’arrivais avant elle et entrais avec cinq minutes de retard. La chargée de TD, une jeune femme de 24 ans, au ton mal assuré et à la tête aussi ronde que les gentes dames représentées dans ces peintures du Moyen-Âge, voulut assoir son autorité et ne s’embarrassa même pas de connaître mon motif pour me renvoyer. Rater un TD pouvait signifier l’arrêt de sa bourse, ainsi mon retard pouvait avoir de sérieuses conséquences. Cinq minutes plus tard, Alice arriva à la salle, présenta ses excuses et pus s’installer comme si de rien n’était. Elle s’étonna de mon absence et m’envoya un message signalant qu’elle venait d’entrer. Quand je l‘appris, j’en fus estomaqué. J’attendis la fin du cours, ruminant mes arguments et, dans la salle vide, je partis à la rencontre de la chargée de TD. J’étais enflammé. Dans une diatribe à la limite de l’insulte, j’appliquais les règles d’argumentation sans failles des arrêts de justice que nous bouffions à longueur de journée face à la jeune chargée de TD.
-          Je voudrais vous entretenir d’une certaine chose, Ma Demoiselle. Comme vous le savez, je me suis malencontreusement trouvé dans l’incapacité de rejoindre votre cours à temps. Celui-ci débutait à 15h00. J’ai appris par la suite que vous étiez vous-même en retard et êtes arrivé à 15h03. Je me suis moi-même présenté à 15h06 comme vous le savez, et c’est là que vous avez eu le beau geste de me refuser l’entrée, ce que je comprends tout à fait et ne saurais remettre en cause. Non, ce qui m’attriste en revanche, ce qui me chagrine même, c’est qu’à 15h12, soit six minutes après que je me sois vu refuser l’accès à cette respectable enceinte, vous avez accepté de laisser entrer Mme Alice De Boisvilliers. Alors, expliquez-moi, vous, jeune chargée de Travaux Dirigés en Droit Constitutionnel, avez-vous instauré une constitution propre à la condition féminine pour qu’elles se voient dispensé de règlement durant vos cours ?
-          Eh bien non mais…
-          Dans ce cas, si ce n’est le sexe, l’avez-vous laissé entrer par familiarité avec la couleur de ses cheveux ?
-          Non, c’est ridicule, j’ai…
-          Dans ce cas, si ce n’est ni l’un ni l’autre, il s’agit au mieux, d’un exemple flagrant de favoritisme, ou au pire, d’un cas avéré de racisme. Car pourquoi refuser son accès au noir et non à la blanche ? Allez-y expliquez-moi.
Elle ne put rien expliquer. Cette dernière fut apeurée et pour me calmer, promit de ne pas signaler mon absence. Alice et d’autres avaient assisté à la scène. Elle me dit plus tard qu’elle avait été très impressionnée, bien qu’elle ne comprenne pas l’objet de ma colère. Ah… ces doux enfants de France qui ne connaissent pas le goût âpre de l’injustice liée à une couleur ou une origine… Puissiez-vous jouir toute votre vie dans cette lumière incrédule qui vous rend aveugle aux ténèbres qui nous recouvrent… j’aurais souhaité lui expliquer ce que le racisme, ce que l’inégalité des chances institué par l’Education et ses représentants pouvait avoir de catastrophique… Mais cela m’aurait demandé bien trop d’énergie. Je me contentais de lui sourire, en lui disant que je ne savais pas me contenir.
Entre temps, de l’autre côté de la faculté, B avait jeté son dévolu sur une dénommée Marie Dupont qui était dans son groupe de TD. C’était une fille de la campagne issue d’une riche famille de propriétaires terriens. Fatiguée de contempler des tracteurs à longueur de journée, Marie avait voulu, après le lycée, connaître le frisson de la vie universitaire et était donc partie seule au grand désarroi de son copain et de ses parents.
Grâce à je ne sais quel enchantement, Balthazar était parvenu à la séduire suffisamment bien pour faire fondre ses défenses et annihiler son instinct de conservation féminin. Je ne la vis en tout et pour tout que deux fois car en dehors des cours, elle passait tout son temps dans son appartement à l’écart de la fac. Même à la pause déjeuner, elle rentrait toujours chez elle grâce à la Mini Cooper que ses parents lui avaient offert pour lui éviter de longs trajets quotidiens. Marie était aussi grande que moi. Elle avait une élégante chevelure brune qui lui arrivait au bas du dos et affichait un visage candide au maquillage discret. Gracieuse dans sa simplicité, on la remarquait à peine. B en était littéralement obsédé et m’en parlait pendant des heures. Il me détaillait avec soin ses tenues qu’elle achetait dans des magasins luxueux, les mots recherchés qu’elle employait, sa manière qu’elle avait d’ignorer le monde et de le regarder lui. Il aimait dessiner la forme de ses fesses sur ses feuilles de cours et se mettait à les caresser à même le papier, d’un air rêveur. Son objectif était, selon ses propres mots, de « sceller en elle et sur toute sa famille le déshonneur de la débauche ».Il me racontait également toutes ses tentatives pour la faire rire et lui plaire, mais malgré ses efforts incessants, B échoua à se faire inviter à passer une nuit chez elle. Les résistances de Marie Dupont tenaient dans le fait qu’elle avait déjà un petit ami avec qui elle entretenait une relation depuis la maternelle. Son copain était le gendre idéal, futur héritier de l’entreprise familiale, et faisait déjà partie de la famille Dupont, participant à tous les repas compris entre le jour de l’An et Noël.
Avec B, nous prîmes l’habitude de nous retrouver après les cours dans un kebab près de la fac. C’était un kebab semblable à tous les kebabs avec des tables et chaises en plastique souple qui glissaient sur le carrelage blanc dès qu’on y posait les fesses ou le coude. On y servait les traditionnels sandwiches de petits pains garnis de salade, tomates, oignons et viande d’agneau, accompagnés de frites surgelés. Le gérant, qui était aussi le cuisinier, le plongeur et le comptable, nous aimait bien et nous filait des frites à l’œil. Il était aussi un des rares de sa profession à cuire ses pains lui-même et à les fourrer de fromage cheddar. Cela rendait l’addition plus salée mais le goût en était extraordinaire. En y plongeant les dents, on pouvait oublier momentanément la solitude, l’amertume et la nostalgie qui nous recouvrait l’esprit. La viande grillée croustillait. Les tomates et la salade fondaient dans la chaleur du pain et formaient partie intégrante des sauces épicées qui vous picotaient avec délice la gorge et coulaient abondamment sur vos doigts. Ces sandwiches nous filaient la chiasse et des boutons mais leur goût était incomparable. C’était comme croquer dans les fesses d’un ange. Les frites, elles, n’étaient pas fameuses, mais ça restait des frites. Elles baignaient dans de la mayonnaise ou du ketchup et permettaient de tempérer ce goût olympien qui dressait son empire dans nos bouches. Nous les piquions avec des fourchettes en plastique qui finissaient toujours par se briser. On finissait alors de les picorer avec nos doigts.
Là, l’appétit en extase et le cœur comblé, B aimait faire un point sur ce qu’il savait de mes différents contacts féminins.
 -          Dis-moi un truc que je ne sais pas encore sur De Boisvilliers, la petite chienne (c’était le nom de famille d’Alice)
-          Alice, c’est une glace à la fraise. Tu sens qu’elle est restée quelque peu une enfant bien qu’elle ait déjà bien souffert à cause de l’amour. On dirait qu’elle se refuse à toute relation. D’ailleurs, elle vient de plaquer Simon Dindin (c’était le playboy de l’amphi) après seulement un rancart.
-          Non c’est une pute. Quoi d’autre ?
-          Ses parents sont douaniers
-          Douaniers ? Ouh les cochons ! Ses parents sont douaniers ! Les douaniers c’est encore pire que des flics. Ils se croient faire partie d’une milice spéciale, comme si c’était le FBI ou je sais pas quoi. Tu le vois dans leur regard et leurs questions à double sens, quand ils te contrôlent aux frontières. C’est comme s’ils avaient une troisième couille qui leur donne un surplus d’arrogance. Pourtant, ils ont toutes des têtes de buraliste ! Curieux que ta Alice ait ce type de descendance.
B était parfois lourd. Pour passer le temps, je trempais généralement une frite dans la mayonnaise. Voyant que je ne l’écoutais pas avec l’attention qu’il se pensait mériter, B aiguilla la conversation sur un sujet qui me laissait autrement plus bavard.
-          Et ta Camélia alors ? Je sens bien que tu la kiffe.
-          Elle est maquée, ça ne sert à rien de vouloir s’accrocher à elle. Elle vit comme si elle était seule au monde, laissant ses charmes rendre fous tous ceux qu’elle côtoie.
-          PPPfff, elle est dingo. Avec les dingos tu peux tout te permettre.
-          Quoi dingo ? Absolument pas. Cette fille aime vivre. Elle ne cherche pas à plaire, ni à faire rire. Elle est naturelle, généreuse, une bonne âme dans un corps plein de grâce. Elle a plus de charmes que toutes les filles de ta promo. Dingo, non. Unique serait le mot juste.
-          Pfff t’es amoureux toi ! Tu ne sais pas t’y prendre. T’as pas cette faim qui nous anime, nous les carnivores. Si tu veux bouffer de la meuf, faut que tu te mettes en chasse, que tu pistes, débusques et une fois que tu auras acculé ta proie, que tu la mordes au sang. Après ça viendra tout seul. Les autres meufs pourront sentir que t’as bouffé de la chatte et elles viendront toutes seules te chercher. C’est l’envie de conquête, le désir sexuel qui attire les filles. Regarde comment j’ai fait avec Marie. Elle était toute seule, paumée, elle débarquait juste de sa cambrousse. Des tas de types lui tournaient autour. Mais elle les regardait à peine. Avec un animal aussi farouche, faut pas faire le chaud, faut attendre l’occasion. Je vais t’expliquer comment je l’ai séduite. Peut-être que ça peut te servir avec ta Camélia.
Un jour je me suis retrouvé dans la même queue qu’elle au self. Cette débile, c’était la première fois que je l’y voyais et on aurait dit qu’elle n’avait jamais mis les pieds dans un self-service. Elle essayait de comprendre ou commençait la queue, ou payer, ou prendre un plateau. Elle était nerveuse et stressée. J’ai vu qu’elle tendait un billet au cuistot qui grillait les viandes et des gens se sont moqués d’elle. Elle a rougi mais je l’ai laissée se démerder. J’ai attendu. Puis elle est parti s’assoir seule. Là j’ai attaqué. J’ai pris que des plats sans graisse. Des légumes, des salades et des fruits. Avec du jus de tomate en boisson. Je suis arrivé à sa table et j’ai posé mon plateau, en lui demandant de me le garder le temps d’aller me laver les mains. Elle accepta et là je suis reparti, pour lui laisser tout le temps de contempler ce menu bizarre. J’ai attendu 5 minutes, suis parti pisser sans me laver les mains puis je suis revenu. J’avais remarqué qu’elle ne bouffait que de la salade et c’était jour de frites et pizza au self. Presque tout le monde bouffait ces merdes, et moi j’avais une assiette de carottes rappées et une salade au fromage de chèvre avec du raisin en dessert. Là ma gueule, je l’avais déjà à moitié séduite. Le mystère c’est la clé. L’originalité, la classe. Je suis revenu m’assoir l’air de rien et c’est ELLE qui m’a adressé la parole.
Ensuite, il repartait dans l’exposé de sa séduction. Exposé qu’il m’avait déjà bien répété une dizaine de fois.
-          D’ailleurs en attendant que tu finisses ton kebab, je vais l’appeler.
Je mettais toujours le triple du temps que prenait B pour finir mon pain garni, ce qui l’exaspérait beaucoup. De même lorsque nous devions écouler nos repas gras aux toilettes, il finissait toujours plus vite et venait tambouriner à ma porte pour me prier de me dépêcher. Il était vraiment comme ça, aussi exaspérant. Mais je restais avec lui car il avait toujours quelque chose de drôle à vous raconter.
Il prit mon téléphone et appela sa Marie. B le faisait pour simplement se donner en spectacle devant les autres clients. Plus il y avait de filles, plus il parlait fort. Moi, je l’écoutais dérouler ses bobards tout en mangeant et c’était mieux que la TV. Quand il raccrochait, il me racontait qu’elle salope c’était. Il ne pouvait pourtant pas s’empêcher d’appeler sa salope tous les jours.
Les semaines passèrent et le statut quo se poursuivit entre moi et le reste de la population féminine de la Fac. Quelques filles me courraient après mais elles n’étaient pas mon genre. B me poussait à les embobiner pour les baiser mais cette idée me faisait plus de peine que de plaisir. Tout menteur que j’étais, je n’aimais pas jouer avec les sentiments des autres. Et je lisais dans ces prétendantes la même détresse amoureuse que celle qui s’était fixé en moi, ce qui bizarrement me faisait les fuir. Quant à B et Marie, B avait réussi à se faire inviter chez elle peu avant les vacances. Il avait emprunté la voiture d’un ami et s’était rendu à son appartement. Il ne voulut jamais me raconter ce qui s’était passé ce soir-là, malgré mes questions incessantes. Tout ce que j’en puis dire, c’est qu’au second semestre, B changea de filière et Marie ne revint plus à la fac. Il n’aborda plus que rarement ce sujet qui l’avait pourtant tant fait jaser ces derniers mois. Et ce n’est qu’à la toute fin de l’année que j’appris le fin mot de cette histoire.
*
Les vacances de noël arrivèrent et passèrent à toute vitesse, comme les examens de janvier que je ne pris même pas la peine de préparer. Sans surprise, je me plantais à toutes les matières. Alice avait réussi dans toutes et Camélia n’en avait raté qu’une ou deux. Bouk quant à lui avait réussi son semestre et se rendait en fac de Lettres pour étudier les langues dans une filière presque exclusivement féminine, ce qui le mettait en joie.
C’est au début du second semestre qu’arriva Gregory. C’était un type sur lesquelles toutes les filles se retournaient. Il était vulgairement grand, large d’épaules et dans ses ricanements, on pouvait sentir l’assurance du type qui baise tous les matins. Il avait pour objectif de se faire Camélia. Il l’approcha un jour à la bibliothèque et l’amusa, ce qui est la meilleure des méthodes avec elle. Il pensait avoir un ticket d’enfer auprès d’elle car Camélia riait à gorge déployée à ses blagues (comme avec les blagues de tout le monde d’ailleurs). Avec ses grands airs, je le vis arriver à deux kilomètres. Ce n’était pas le genre de type qui devenait ami avec vous sans raison. Dans sa naïveté, Camélia fut très heureuse de se faire un nouvel ami et ne soupçonna pas chez Grégory de mauvaises intentions. Elles émanaient pourtant de sa personne comme les odeurs de tabac d’un cendrier. Alice, elle, restait silencieuse quand il était avec nous. Elle ne paraissait pas apprécier sa présence, ou sa taille exagérément longue qui lui faisait presque prendre deux sièges aux amphis et obstruait la vue des étudiants jusqu’à deux rangs derrière. Faisant semblant de me concentrer mieux sur les cours, je pris un peu de distance avec Camélia. Grégory, avait remarqué ma proximité avec elle. Il me demanda des conseils et voulut d’abord savoir si j’étais intéressé par elle. Je niais, ce qui le rassura. Puis il se mit à la plaisanter tout en m’interrogeant sur ce que je savais d’elle. Je n’appréciais pas du tout ses questions. J’avais l’impression qu’il me baratinait comme il baratine les filles. Parfois, il me rejoignait à la bibliothèque et me racontait ses histoires de cul comme on raconte sa soirée télé.
-          Tu vois cette fille, Jessica ?
Jessica était une belle portugaise à la coiffure toute frisée qui passait parfois du temps avec Alice et Camélia. J’avais essayé de me rapprocher d’elle avant de découvrir qu’elle avait un mec. J’avais vite abandonné l’idée d’en devenir intime, mais pas lui.
-       ��  Elle m’a invité à son appartement et on a couché ensemble. Putain, j’ai rarement vu une salope pareille. Après avoir baisé, elle a pris ma bite et s’est mise à me sucer, avec la capote et tout ! Pendant qu’elle me suçait, je lui disais « Et ton mec va pas débarquer ? » et elle répondait « il est au foot. Il est tout le temps au foot ». Nan mais tu l’imaginais comme ça toi ? Et quand son mec pathétique a débarqué de son entrainement de foot, j’étais déjà loin. Et peut-être qu’elle l’a embrassé sans même se rincer la bouche. Nan mais tu imagines ? Tu l’imagines ?
Je n’imaginais rien. Ses discours faisaient monter de la bile de mon estomac.
-          Camélia elle est à fond sur moi ! Dis, tu crois qu’elle s’épile la chatte ?
Telle était cette grande gueule de Gregory. Il ne me cachait pas son impur dessein, sûr que je ne dirais rien, et il avait raison. Les vices des hommes ne se mélangent pas aux vertus des femmes, et inversement.
Je commençais à en vouloir à Camélia de trainer avec un type pareil. Un jour, à mon grand désarroi, elle me dit qu’elle avait envie de prendre du bon temps, et qu’elle s’ennuyait avec son copain. Elle l’avait rencontré en seconde et avait passé tout le lycée en sa compagnie. La proximité qu’ils avaient alors l’avait amené à reconsidérer maintes fois sa relation.
-          Je me dis que je suis jeune, que j’ai la vie devant moi. Il faut bien profiter de la jeunesse et s’éclater non ?
Je voyais dans cette révélation comme un oracle du sort à venir. Comme Jessica aux cheveux frisés, Camélia n’allait pas tarder à tomber sous le charme de Gregory, j’en étais persuadé.
Un samedi, nous devions nous retrouver avec Camélia, Grégory et deux ou trois autres personnes de la promotion à la bibliothèque d’Orléans pour réviser collégialement. A lieu de ça, je décidais de passer l’après-midi seul dans mon lit en position fœtale pour ruminer en paix ma jalousie. Camélia m’appela au moins trois fois. « Elle veut que tous ses amis soient avec elle, sûrement pour maximiser la fréquence de ses éclats de rire », pensais-je amèrement. Pour elle, je formais une partie de ses distractions. Pour elle, et pour toutes les filles je n’étais rien de plus qu’un ami.
Mais les dieux se montrèrent cléments envers la chatte de cette tendre Camélia. Il s’avérait que l’histoire entre Grégory et Jessica  s’était répandue à tous les cercles d’étudiant de première année de droit. Ce n’était pas étonnant étant donné que Gregory s’en vantait à tous. Camélia et Alice l’apprirent et en furent choqué. Pour elles, le couple était quelque chose de sacré et qu’on puisse tromper son conjoint était quelque chose de plutôt immoral. Suite à cela, Gregory ne roda plus autour de Camélia et se mit à sortir avec une fille qui était dans leur groupe de TD. Cette poupée, une brune sans expression, avait constaté le rapprochement entre son nouveau copain et Camélia qui s’effectua les semaines passées. Dans un délire bien féminin, elle se mit à jalouser Camélia et lui faire tout un tas de réflexion désobligeantes, allant même jusqu’à lui interdire de s’approcher de Gregory. Ce dernier lui avait confié que c’était Camélia qui lui tournait autour et qu’il lui avait fallu repousser ses avances avec toute l’entière ardeur de son cœur de mousquetaire. Toutes ces mesquineries propres aux donzelles, Camélia n’en avait cure. Jusqu’au jour où l’attitude de cette fille qui ne décolérait pas à son encontre, lui tapa sur le système et qu’elle manque de l’écraser en voiture. Il faut que je vous raconte cette histoire.
***
C’était au mois de février. Camélia avait réussi à économiser suffisamment sur les gardes de baby-sitting qu’elle effectuait après les cours pour s’acheter une voiture. C’était une petite Renault 5 blanche à cinq portes, une voiture vieille et modeste mais qui avait un moteur nerveux qui pouvait monter à 220 kilomètres par heure facilement. Dans sa coquetterie, elle avait apposé des autocollants de fleurs roses sur les ailes ainsi que des sapins odorants et des peluches sur le rétroviseur intérieur. Elle avait également garni de bonbons et chocolats la boîte à gants et tous les compartiments avant et arrière. Un vendredi après un cours d’anglais que nous avions en commun, elle se proposa de me ramener à Orléans. J’acceptais et montais avec elle dans sa super 5. Cette expression faisait rire Camélia. Je lui dis que c’était vraiment le nom du modèle, mais elle n’en croyait rien, préférant penser que c’était là une de mes tournures de langage. En voiture, je pus constater que Camélia se comportait sur la route de la même manière qu’elle se comportait dans la vie. Avec fougue et désinvolture, sans se soucier du monde. Une fois à bord, elle mit sa ceinture et démarra, roulant à toute vitesse en marche arrière sur le parking et freinant à ras d’une autre voiture garée derrière. J’avais à peine eu le temps de m’installer.
-          Oups ! Putain, j’ai failli rentrer dans la voiture ! dit-elle hilare.
-          Ouah, mais attends, t’as le permis depuis combien de temps ? dis-je
-          Oh, cela fait un an, mais je ne conduis pas très souvent !
Elle passa la première et repartit en faisant crisser les pneus sur le gravier. Elle roula à presque 50 km/h dans le parking, en surrégime, effrayant des étudiants qui se réfugièrent derrière une voiture garée. A la sortie du parking, au lieu de prendre la route, elle se mit à rouler sur le trottoir, heureusement désert. Elle roula dessus une dizaine de mètres durant, jusqu’à passer un dos-d’âne, puis se rabattu sur la route dans un grand cahot.
-          Mais t’es pas sérieuse ? T’as fait ça pour éviter le dos-d’âne ? Et après ça tu prends le trottoir à la sauvage ! dis-je les sourcils froncés
-          Oh, rabat-joie ! Tout le monde le fait !
Sur la route, elle fit rugir le moteur. Je mis vite ma ceinture et m’agrippais à la poignet. Camélia remarqua mon air anxieux et ça la chauffa. Elle fixait ses grands yeux noirs sur moi et commençait à partir en fou rire.
-          Merde, regarde la route !
Elle la regarda et à quelques mètres sur le trottoir, on vit la nouvelle copine de Gregory qui marchait en regardant son téléphone.
-          Regarde, c’est elle la conasse qui veut que j’arrête de parler à Gregory. Allez viens on lui fait peur !
-          Merde !
La fille de Grégory voulut traverser la route. Il n’y avait pas de voiture devant nous, si bien que Camélia fonça dans sa direction. Elle passa à deux mètres d’elle, à près de 60 km/h l’évitant de justesse d’un coup de volant au dernier moment.
-          Sacré nom d’une pipe ! s’exclama Camélia. Une folle tenait le volant et que je ne la reconnaissais plus.
Effrayée, la fille de Gregory s’était jetée à terre. On l’entendit pousser un cri et je n’eus pas le courage de me retourner, préférant me tasser sur mon siège et mettre une main devant mon visage pour éviter qu’on ne me reconnaisse. Camélia était hilare et se sentais un peu coupable, mais ça ne l’empêchait pas de s’égosiller de bon cœur. Je me mis moi aussi à rire alors et Camélia se mit enfin à conduire plus prudemment. Elle n’arrêtait pas de me jeter des regards en biais, toute fière du tour qu’elle venait de jouer.
-          Si t’avais vu ta tête !
Elle avait déjà oublié qu’elle avait failli tuer quelqu’un et toutes ses pensées étaient maintenant tournées vers ma réaction.
-          Merde, tu viens d’échapper à une condamnation pour meurtre. J’ai vraiment cru que t’allais lui rouler dessus. Cinq ans minimum, t’aurais pris. N’empêche, ça t’aurait laissé le temps de passer ta maîtrise de droit dans le calme d’une prison.
Elle se remit à rire, aux larmes.
Après qu’elle m’ait déposé en ville, je pris un bus et rentrais chez moi. Une heure ou une heure et demi plus tard, elle m’appela. La petite peste riait encore !
-          Ah mais Youn, tu me fais rire putain. C’était génial ! Faut absolument qu’on se voit plus souvent ! Depuis tout à l’heure, je repense à la tête que tu faisais. Et je n’arrête pas de rire. Toute seule. Les gens m’ont pris pour une folle ! Ça m’avait manqué que tu sois plus avec nous. On ne te voyait plus trop depuis la rentrée. C’est ce que je disais à Alice et elle était d’accord avec moi. Faut vraiment qu’on fasse ça plus souvent, c’était délirant ! Et ne va pas croire que j’allais l’écraser, cette fille dont je ne me rappelle même pas le nom. Si tu n’avais pas été là, je n’aurais rien fait de tel. Y’a qu’avec toi que je peux me lâcher comme ça. » Etc.
La conversation dura entre nous plus d’une heure. J’étais arrivé depuis bien longtemps devant la maison de mes parents et étais resté à discuter sur le perron. En raccrochant, je fis quelques pas. Les mots de Camélia résonnaient en moi et faisaient bouillir mon sang. Chacun de mes pas était léger, j’avais les joues rouges et chaudes et le cœur qui battait vite. Je ne pouvais me la sortir de la tête et elle m’obséda totalement. Je sus alors que j’étais amoureux.
*
Je passais le week-end suivant à me remémorer les mots de cette dernière conversation, tentant de déceler ce qui tenait du lieu commun et de la tendresse qu’elle pouvait éventuellement éprouver à mon égard. Je me figurais toutes ses attentions, tous ses gestes, ses éclats de rire, puis je repensais aux circonstances de notre rencontre. Sous le porche, par une forte pluie, elle trempée et amusée, n’ayant cure des malchances qui lui tombaient dessus, seulement occupée à rire et à jouir de la vie. C’était une fleur comme jamais ne n’en avais connu. Elle personnifiait la joie, le bonheur et tous les sentiments heureux. J’en étais vraiment amoureux. Puis je pensais à son copain, je pensais à mes mensonges pathétiques et je retombais dans le désespoir. « Peut-on vraiment entreprendre une relation avec quelqu’un après s’être montré si fourbe et malhonnête ? Mentir pour s’attirer une amitié, il n’y a rien de tel. Après tout ça, je ne me vois vraiment pas lui déclarer ma flamme. Dans l’espoir idyllique d’une relation, elle s’apercevrait des absurdités que je lui ai contées. Cette histoire n’a donc aucun débouché. » Puis je repensais à ses mots, son rire et cette façon qu’elle avait de me regarder. J’étais pris dans la douleur du combat intérieur du cœur, d’où la raison est exclue.
Si l’amour peut paraître une bénédiction, ce n’est rien de moins que le plus grand des désastres pour certains. A partir de ce jour, je me rendais en cours le cœur dans un étau. Sitôt que je m’asseyais dans l’amphi, je me mettais à trembler et sentais le sang battre à mes tempes en attendant l’arrivée de Camélia. J’étais incroyablement attiré par elle. Je voulais la prendre dans mes bras, la couvrir de baiser. Mais j’étais bien trop lâche pour me montrer aussi entreprenant. Au lieu de ça, je multipliais les gaucheries et me détestais d’être aussi faible. Ma proximité avec elle devenait un véritable supplice et ma seule consolation à cet amour sans espoir était mon amitié avec Alice.
Tout au long de l’année, nous apprîmes à nous connaitre et éprouvions un plaisir similaire à rester l’un près de l’autre. Alice était intelligente, brillante même. Elle faisait partie des meilleurs élèves de la promotion. Ce qui m’intéressait chez elle, exception faite de sa beauté, était ses goûts en matière de culture qu’elle me faisait partager. Elle aimait le cinéma norvégien d’Ingmar Bergman, la littérature de Marguerite Duras et se passionnait pour la vie de Frida Khalo, qu’elle connaissait par cœur et dont elle se sentait proche. Ensemble, nous nous rendions parfois dans un petit  cinéma de la rue des Carmes voir des films d’art et d’essai qu’elle choisissait. Elle était également très altruiste et tempérée dans ses mots, bien qu’elle fût aveugle à bon nombre d’aspect du monde qui l’entourait. Elle avait grandi fille unique et chérie, et sa conception du monde lui venait surtout de ses parents. Ainsi, elle était curieuse de tout ce qu’elle ne connaissait pas encore et me posait foule de questions sur ma vie. Je lui parlais des pays que j’avais visité, des jobs ou j’avais été employé, et elle m’écoutait, insatiable dans ses questions et sa soif d’en apprendre plus sur la vie. Sa présence amicale me faisait toujours du bien. Parfois, je l’accompagnais quand elle faisait les magasins, la conseillant sur les chaussures ou les robes qu’elle essayait. Nous entretenions une relation ambigüe à des yeux extérieurs mais ensemble, il n’y avait aucune gêne. C’était une beauté généreuse dotée d’une belle bonté. La complicité que nous développions ensemble faisait s’effondrer mes barrières et oublier mes maux. Je ne pouvais cependant pas lui parler de mes sentiments pour Camélia, sentiments que je ne m’avouais pas même à haute voix. Ni même à B. J’étais en effet redevenu le con coincé du lycée. Séparé de B ou d’Alice, je ne pouvais que penser à Camélia et les affres de mes méditations muettes ne m’amenaient qu’à une parfaite terreur accompagnée d’une sévère servitude à un maître invisible.
Après plusieurs semaines de cette auto-flagellation névrotique, je décidais de renoncer à elle. Mais plus je m’éloignais, plus Camélia s’accrochait. Parfois, j’arrivais presque au moment où le cours commençait et Camélia ou Alice me gardait toujours une place, guettant mon arrivée et me faisant de grands signes de la main quand elles m’apercevaient. D’autres fois, je m’asseyais à dessein avec une autre connaissance sur les rangs les plus élevés. Ça ne les décourageait pas et elles me rejoignaient alors à la pause. Ne pouvant lutter, je décidais de me résigner à un amour caché plutôt qu’au désespoir d’une déclaration à sens unique. L’amour volatile peut être étrange. Un jour tout est blanc, le suivant est un feu d’artifice de ténèbres. Mais dans l’inconstance de mes sentiments, une chose restait immuable : le rapport proportionnel entre ma détestation de soi et l’amour que je portais à Camélia. Plus il était grand, mieux je me haïssais. Après des heures de tourmente, j’étais arrivé au point de réflexion suivant : Je ne peux la rendre heureuse mais je peux l’accompagner, devenir son ami, la faire rire, et passer du temps avec elle. Peu importait que je ne sois pas son compagnon, tant que je pouvais être son ami. Le pathétique d’une telle situation ne m’effleura même pas tant cette nouvelle idée me fit du bien. Ainsi, je pouvais jouer un rôle qui me convenait.
Le reste du second semestre se passa ainsi. Côte à côte avec Camélia, nous ne suivions pas une ligne du cours. J’étais comme bercé par ses intonations de voix et cela me donnait une inspiration verbale toute particulière faisant que, d’ordinaire timide, j’étais on ne peut plus bavard. Quand elle se levait, aux différentes pauses je ne pouvais me lasser d’admirer furtivement ses formes : sa taille était veloutée, sa silhouette si légère qu’elle semblait flotter dans le tissus fin de ses habits. Ses autres courbes me laissaient tout aussi rêveur mais il m’était plus difficile de les observer sans me faire prendre pour un pervers. Le style vestimentaire de Camélia variait d’une semaine sur l’autre, d’une saison à une autre. Parfois elle venait rollers à la main (et c’était bien la seule personne de tout le campus, soit 20.000 étudiants, à venir à la fac en roller), habillée en tenues de sport que B aurait qualifié d’infâme. J’admirais fortement cette manière qu’elle avait de vivre comme si le monde n’existait pas, insensible aux regards et jugements de son genre qui claquaient pourtant dans son dos comme des fouets. C’était là une matérialisation banale de la jalousie que les femmes peuvent se porter entre elles. Dans l’amphi, Camélia avait acquise la réputation de fille manquant de manière. Cette réputation lui venait de sa façon d’expédier sans ménagement tous ses prétendants.
Plus la fin de l’année approchait, plus elle attirait auprès d’elle les personnalités les plus différentes. Elle les faisait cohabiter sous son attraction comme les comètes qui, dans leurs courses solitaires, font le tour d’une planète avant d’aller se perdre dans l’immensité. La moitié du temps, je restais avec mes propres connaissances, me contentant de la contempler de loin à travers ces groupes qui se formaient autour d’elle. Mais parfois, nous nous retrouvions tous les deux seulement, et ces moments étaient exquis. Je me mis à chérir ces instants passés avec Camélia où quand elle me parlait, je ne manquais jamais de tomber dans une béatitude collante et passive. Elle me lançait alors des coups de coude dans les côtes pour me réveiller.  
Une fois, Camélia me montra des photos d’elle-même qu’elle avait prise au photomaton. Je lui dis, d’un air plein de tendresse, qu’elle ressemblait à une enfant. Elle me regarda alors, troublée et silencieuse et me dit :
-          Tu es le seul à me dire ce genre de choses. Vraiment. C’est comme si tu voyais parfaitement en moi.
Cette parole me plongea dans la plus délicieuse des extases.
Quand le soleil revint pour de bon avec le printemps, nous nous retrouvions souvent sur les pelouses pour déjeuner. Alice s’installait sur sa veste et Camélia et moi à même l’herbe. Elles bavardaient, accroupies et les mains sur les genoux. Je discutais un peu puis finissais par m’allonger pour glaner quelques minutes de sommeil. Je m’assoupissais toujours vite, bercé par le murmure de ces deux fleurs et par la chaleur que diffusait le soleil sur nous. Elles prenaient plaisir à me jeter de petits brins d’herbes ou de pétales de marguerites, en dissimulant parfois dans mon sac ou dans mes vêtements. Nous nous retrouvions aussi en dehors de la fac pour boire des verres dans des bars. Je rencontrais ainsi le copain de Camélia, Cédric, et ma foi, c’était un gars super. Il avait passé un bac professionnel et travaillait dans la plomberie. Gentil, charmant, pas exubérant ni prétentieux, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la sympathie pour lui et approuvais le choix de Camélia de rester avec lui. Il avait la capacité de la rendre heureuse, moi qu’aurais-je fait, sinon rester à ses basques et la suivre partout où elle allait ? Et partout où elle allait, des regards se tournaient vers elle. Toute sa vie, elle se trouverait ainsi courtisée. Elle était une de ces princesses qui existent en dehors des contes. Un être si lumineux qu’à son passage, personne ne reste indifférent. Elle aurait mérité un prince, un château. Moi, je n’avais rien, si ce n’est mon cœur et ma personnalité, tous deux alors en lambeaux. Je ne pouvais nourrir en elle cette soif de rires, d’aventures et de plaisir simples. Et dans mon désespoir, j’étais heureux qu’elle puisse les trouver auprès de quelqu’un.
 Les dernières semaines de l’année s’écoulèrent sans que personne ne les voient filer. Notre quotidien était déjà rythmé par les travaux dirigés, les exposés, les cours magistraux, les dissertations et les commentaires d’arrêts donnés par des chargés de TD insupportables faisant parfois autant de politique que de pédagogie. Mais avec les examens finaux, on ressentait une anxiété qui flottait parmi les étudiants. Les visages devenaient plus sévères et les rires, plus rares. Moi, je n’en branlais pas une et commençais à réfléchir à ce que je devrais faire l’année suivante.
Les partiels du second semestre arrivèrent et se déroulèrent pour moi comme ceux de janvier. Pendant les longues matinées d’examens, je me contentais de noter sur des feuilles de brouillons des contes fantastiques que j’inventais, avec des fiches de personnages, des cartes, des scénarios et tout le reste. Dans l’immense amphi totalement muet, avec pour seule mélodie le bruissement des billes de stylos sur le papier, là dans la concentration des regards, le stress des étudiants, je m’évadais du monde de la plus belle des manières. Les dernières demi-heures, je rédigeais uniquement les introductions des dissertations. J’étais assez doué pour les introductions. J’avais totalement assimilé la manière de présenter un sujet, en partant d’une idée vague et générale et au fur et à mesure des lignes, en approchant le sujet de manière originale et parfois inédite. Je finissais en posant une problématique qui touchait à des points philosophiques ou sociétaux. Comme je ne souhaitais pas de note élevée, je me permettais des points de vue innovants, pertinents ou révolutionnaires qui enthousiasmaient mes correcteurs quand ils les lisaient, marquant en rouge la mention « Oui ! » ou « Très bien ». Puis ils tournaient les pages et s’apercevaient qu’il n’y avait rien de plus. Mes notes ne dépassaient ainsi jamais 05/20.
Après les journées d’examens, les discussions étaient toutes tournées sur le débriefing des sujets, chacun donnait son point de vue, exultait ou se morfondait de ses choix, du manque de temps, de ce qu’il n’avait pas pu finir d’écrire, de ce qu’il avait oublié. Je jetais un dernier regard effacé sur la foule des étudiants et m’éloignais pour prendre le bus qui me ramènerait vers ma solitude.
Un mois plus tard, les cours étaient finis et je me retrouvais en rattrapage avec Camélia. Le jour de l’examen, j’étais en voiture près de Chaingy pour débuter ce qui serait le premier boulot d’une longue liste de jobs que j’accomplirais tout l’été. Peu avant 8h, tandis que je cherchais mon chemin à travers les routes sans vie d’une zone industrielle, mon téléphone se mit à vibrer. C’était Camélia qui m’appelait. Elle devait être inquiète de ne pas me voir devant la salle d’examen. Je ne lui répondis pas et la laissais à son futur en fac de droit. Moi, j’avais choisi un autre chemin. Il me fallait trouver ma voie, trouver qui j’étais vraiment et surtout, surmonter ma peur de l’amour. Cela ne passerait qu’en menant une vie d’ascète ou de débauché.
Mais j’étais encore bien trop jeune, trop lâche et trop pris dans des rêves consuméristes pour prendre une réelle décision quant à mon futur. Et là, cher lecteur, vous vous direz peut-être «  Mais quoi, c’est là ta plus grande histoire d’amour ? Ou sont les baisers sous la pluie, les déclarations écrites sur du papier parfumé et glissées secrètement dans des casiers ? Où est le premier baiser, la première nuit, le premier je-t’aime, la rencontre avec les parents, la première dispute et tous les autres stéréotypes classiques ? » Et bien, je te répondrais, cher lecteur, que cette histoire n’est pas un stéréotype, c’est la réalité de ma vie, aussi pénible, aussi pathétique qu’elle puisse être. Dans la vie, vous rencontrerez peut être de ces gens-là, qui comme moi, sont si bizarres, maussades et renfermés qu’ils s’éloignent de la plupart des personnes qu’ils rencontrent et préfèrent l’atmosphère d’un cloître sombre à n’importe quelle fête ou soirée. Qui fuient le bonheur car ce n’est pour eux qu’une angoisse de plus à supporter. Si vous croisez sur votre route cette variété de l’espèce humaine, et si vous les remarquez, vous aurez tôt fait de les qualifier de cinglés, d’asociaux ou d’user d’autres quolibets sociologiques que vous ne maîtrisez guère. Ces êtres-là vous paraitront toujours étrangers. Ils ne baisent presque pas, sortent peu et ne connaissent jamais que des amours à sens unique. Mais quand ils rencontrent des êtres aussi naturels, aussi spontanés et aussi emplies de chaleur humaine que l’étaient Camélia et Alice, alors vous les verrez rire, sourire et générer du fond de leur âme un art que vous ne maîtriserez jamais, quand bien même vous le comprendriez. Toujours est-il que vous verrez alors quelle folie ils contiennent en eux. Car ils seront inspirés et c’est là un bonheur qui se refusera toujours au commun des mortels. C’est un bonheur qui n’est réservé qu’aux artistes. Et c’est le seul dont ils peuvent jouir.
Un jour de cet été 2007, je retrouvais B dans un fast-food du centre-ville. B avait aussi abandonné la fac et s’apprêtait à rejoindre une école de commerce pour la rentrée suivante. Il travaillait alors toutes les nuits dans une pompe à essence sur l’autoroute. Je le retrouvais habillé en survêtement du dimanche, attablé devant deux plateaux, l’un contenant une dizaine de pièces de poulets frits et l’autre débordante de frites.
« J’ai commandé pour nous, c’est tout chaud. Viens manger ! »
J’étais affamé. J’avais passé la journée à courir dans un immense entrepôt et à mettre dans des cartons du matériel médical à destination de centres de soin. Balthazar, lui, venait de se lever et devait dans quelques heures se rendre sur son aire d’autoroute pour prendre son service. Je pris place en face de lui et nous nous mîmes à dévorer voracement pièce après pièce les ailes et cuisses de poulets frits. Peu nous importait les tortures subies par ces pauvres poulets réduits à l’esclavage, marqués au fer alors qu’ils n’étaient encore que dans l’œuf. D’une si horrible mort, les prix Nobels de l’agroalimentaire avaient réussi à tirer un goût si doux, si croustillant, et s’associant si bien avec toute sorte de sauces, que l’âme de ces volailles ne pouvait que reposer en paix. Une fois repus et après avoir débriefé comme à notre habitude nos différents jobs, Balthazar me parla de Camélia.
-          Ecoute vieux, je te connais depuis longtemps maintenant. Faut pas que tu te tracasses pour cette fille. Tu l’as aimé, et c’est très bien. Mais va falloir que tu passes à autre chose. Comme moi avec Marie… »
Et il repartait sur l’exposé de sa Marie. Je vous jure, il était vraiment comme ça.
-          Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi vous avez arrêté de vous voir, dis-je pour couper court à sa logorrhée.
B s’essuya les mains et me contempla avec un sourire ironique. Il était dans cet état d’ivresse que fournit un bon gueuleton. Cette fois-ci, je sentais que je pouvais peut être réussir à lui tirer les vers du nez.
-          Ecoute, pourquoi tu veux parler de ça ? C’est de l’histoire ancienne.
-          Tu plaisantes, t’es toujours en train de me rabâcher ton histoire avec ta Marie Dupont ! Je la connais par cœur, je pourrais écrire un livre là-dessus. Mais tu te gardes bien de m’en dévoiler la fin.
-          Inutile de mettre ça sur le tapis. C’est de l’histoire ancienne. Tu piges ?
-          Ok.. répondis-je dépité
B se leva et partit aux toilettes. Il revint cinq minutes plus tard, un immense sourire au visage qui lui servait à contenir un éclat de rire.
-          Qu’est-ce que t’as ? dis-je
-          Bon écoute, je veux bien te raconter l’histoire, mais ça reste entre nous, compris ?
Je fis instantanément vœux de silence et me penchai vers lui pour ne rien perdre de ce qu’il allait me dire. Il me chuchota alors :
-          Bon, tu te rappelles ce jour où je devais retrouver Marie chez elle ? Bah, j’y suis allé, j’avais emprunté la voiture de Joe et j’avais acheté des fleurs, des chocolats et ce genre de conneries. Elle habite une résidence près de La Source. C’est assez proche de la fac. J’arrive chez elle et elle m’ouvre. Putain, elle était habillée vraiment sexy la salope : petite jupe noire, haut noir décolleté. Maquillée, parfumée, porte-jarretelle et sous-vêtements de la marque décroche-moi-ça et tout. Bref, j’entre, elle m’installe et on commence à discuter. Elle n’avait pas dit un mot que je bandais déjà comme un âne. Mon pantalon faisait un pli, un tertre plus exactement, comme la racine qui grandit et forme un monticule sous la peau de la graine avant de pousser vers le soleil. Je commençais à transpirer et elle, elle me jetait des regards de feu tout en faisant glisser ses dents sur ses lèvres. C’était plus que je ne pouvais supporter. Là, Je la prends, je la retourne sur le canapé, je lui ouvre les jambes et me colle à son giron si fort qu’elle commence même à pousser des petits cris, comme ça « ah » « ah ». Mes mains s’infiltraient partout sous ses vêtements, sa peau était en feu et ses lèvres si douces ! Je lui ai fait oublier sa condition de petite bourgeoise de campagne, privilégié, choyé, enfant unique et gâtée qu’a passé toute son enfance à faire du cheval comme une grosse pute. Je lui ai fait oublier son père, sa mère et son copain, je les ai tous envoyé sur un bateau de l’autre côté de l’océan. C’est moi qu’avait pris possession de leur petite fille chérie, leur sainte Marie.
Il s’interrompit pour me tendre sa paume afin que je la claque en guise de félicitation.
-          Continue ! lançais-je
-          Bon, on passe dans sa chambre et là elle va se repoudrer la chatte ou je sais pas quoi dans la salle de bain. Je commence à me dessaper. Je reste en boxer et je commence à regarder de plus prêt sa chambre. Elle avait mis un foulard rouge sur la lampe et toute la pièce était tamisée dans cette couleur. Y’avait un tas de connerie zen bouddhiste, de l’encens, des statues de Ganesh et des genres de fontaine ou de l’eau coule sur un pousse de bambou coupé en deux, tu vois le genre. Ma parole, elle ne filait vraiment pas droit. Elle avait allumé de l’encens avant que j’arrive et y’avait plein de fumée dans la pièce et l’odeur me faisait tourner la tête et le bide. Et là mec, je me suis senti pas bien. C’était mon ventre. Ces putains de kebabs qu’on s’enfilait toute la semaine commençaient à faire des dégâts terribles. J’avais toute une armée de cavaliers mongols dans les intestins qui voulaient sortir et dévaster Rome. Marie était toujours dans la salle de bain à se préparer et me dire qu’elle arrivait tout de suite et moi, je ne savais pas s’il y avait une autre salle de bain, donc j’ai décidé de m’allonger sur lit et de prier pour que ça passe. »
-          Et alors ?
-          Et bah, le fait que je me sois allongé, ça a stabilisé la douleur mais mon estomac commençait à rugir, de vrais cris de guerre. Même Marie devait les entendre. Ces merdes de kebabs ne passaient vraiment pas. Et puis…. J’ai eu envie de péter. Je savais pas si ce serait un gros ou un petit pet, odorant ou discret mais je ne pouvais pas le retenir celui-là, il me tordait les boyaux et fallait absolument qu’il sorte. Je sentais qu’une fois après avoir pété, l’infâme sensation disparaîtrait aussi vite qu’elle m’est venue, et que tout irait pour le mieux.
-          Et qu’est-ce qui s’est passé ?
-          Et bah je me suis mis sur le côté, j’ai baissé mon boxer pour ne pas que l’odeur reste piégée sur moi. Putain, je peux encore ressentir la sensation de ses draps de satin couleur saumon et tout, c’était trop doux pour les fesses.
-          EEEEETTTTTT ??
Balthazar commençait à rigoler en baissant la tête, une main sur son front. Il rigolait tellement qu’il avait du mal à reprendre son histoire.  
-          Bah putain, c’est sorti dieu du ciel ! Putain j’ai honte.
Balthazar était hilare et ne pouvait plus parler, moi je n’étais pas sûr de comprendre encore.
-          Qu’est-ce qui est sorti ? T’as pété ?
Il reprit son souffle.
-          Putain, non c’est la diarrhée qu’est sortie. J’ai rien pu contrôler. Tout ça dans le pet le plus énorme qui ait pu être poussé par un homme. Un pet d’éléphant. Ça a fait un bruit immense qu’a fait trembler les cloisons et éteindre les bougies. Et ça a été suivi tout de suite par un gros SPLASSHHH. J’étais plié en deux, tétanisé car mine de rien, c’était douloureux mais ça faisait un bien fou ! J’étais incapable de bouger ni de me retenir ou quoi que ce soit.
-          Attends mais t’as chié dans son lit ??? m’écriais-je, comprenant enfin.
-          CHHHUUUTTTT.
Des regards se tournèrent vers nous et je riais à en pleurer. B aussi. Les autres clients du fast-food commençaient à nous dévisager étrangement.
-          Oui bordel ça pouvait pas s’arrêter, reprit Balthazar qui hoquetait maintenant. Ça coulait en cascade, en grumeaux, et j’étais plié en deux de douleur et de soulagement. Et là-dessus Marie elle entend du bruit et elle débarque.
Nous partîmes tous deux en fou rire. Impossible de nous arrêter. Balthazar réussit ensuite à livrer la suite de son histoire par petits mots. Il se tenait les côtes et d’abondantes larmes coulaient de ses yeux.
-          Putain… Elle vient… face à moi… Elle me voit avec le cale-bute baissé… Le cul à l’air… Elle demande « qu’est-ce qui va pas ? » Elle comprend pas…. Moi je pouvais pas parler… L’odeur… était cachée par l’encens. Puis elle s’est approché…. a senti….. elle s’est mise la main sur le nez… Et mon ventre a éjecté un autre jet …. Dans un gros SSSSPPPPPRRRRROUUUUT… Elle a ouvert grand ses yeux…. elle a bien mise cinq secondes à réagir… C’était les plus long secondes de ma vie… Puis elle a crié « Oh mon dieu » Et elle est partie s’enfermer dans les chiottes….. je l’ai entendue pleurer… puis elle s’est mise à crier ou prier, chai pas quoi …. Elle était folle… Elle pleurait même… Et elle répétait « Mon dieu mon dieu mon dieu » … et moi j’étais incapable de bouger… Plié en deux sur son lit de satin avec toute la merde des kebabs de la fac qui me sortait du cul.
Notre fou rire dura bien trente minutes. Nous pleurions tellement que le gérant, de derrière sa caisse s’était mis à rire avec nous et nous apporta des serviettes pour nous essuyer les yeux. Bientôt nous n’en pûmes plus. Les muscles de nos joues et de nos abdominaux étaient tout endolories. Balthazar reprit une énième fois son souffle et termina l’histoire.
-          Je me suis relevé, bordel y’en avait partout, c’était la plus grosse diarrhée de l’histoire. Ça avait même coulé sur le tapis. Et Marie, toujours dans la salle de bain me hurlait de partir et me menaçait d’appeler les flics. Donc je me suis levé, j’ai pris un bout de drap propre pour m’essuyer puis j’ai roulé tous les linges en boules, plus le tapis, me suis rhabillé et suis parti sans lui dire un mot. J’ai tout jeté dans une poubelle de la rue et suis rentré. La semaine suivante elle n’est pas venu en cours, ni celle d’après. Je crois que je l’ai faite partir en dépression ou un truc comme ça. Bordel, je crois qu’elle n’est pas prête d’oublier sa première année de fac !
-          Bordel, concluais-je, m’essuyant une ultime fois les yeux. Elle a dû penser que tu l’avais fait exprès… La pauvre
-          Putain, t’es le seul à qui j’ai raconté ça. T’as vu à quel point je te fais confiance salopard ?
Cette histoire et le fou rire qui en résulta me firent du bien. J’avais oublié ma dépression et ma solitude et me sentais parfaitement heureux. Ce genre de bonheur ne vient qu’avec de vrais amis. J’avais alors commencé à faire mon deuil de Camélia.
Je n’avais toujours pas décidé de ce que je ferais l’année suivante. Mon seul but était d’éviter une nouvelle année de fac ou perdu, je contemplerais les filles sans jamais parvenir à en séduire une seule.
-          Reparle-moi de ton école ?  dis-je à Balthazar.
Ou qu’il allait, et peu importe le prix que ça allait me couter, je n’avais pas envie de lâcher Balthazar de sitôt. Il me restait de longues années d’études à accomplir et parmi les déboires, les examens, les révisions et les mauvaises notes, j’étais bien décider à toujours me donner du bon temps et des fous rires en sa compagnie. Le meilleur remède à l’amour reste l’amitié.
Par la suite, je retrouverais maintes fois Camélia, et Alice également.
Il me revient en mémoire un souvenir particulièrement jouissif. C’était un début de soirée et j’étais attablé en terrasse en compagnie d’une tripotée de jeunes filles qui m’ennuyaient royalement. C’était les amies de Charlène, une coiffeuse sur laquelle j’avais jeté mon dévolu et qui m’avait invité à prendre un verre avec ses amies du boulot. Les conversations me barbaient au plus haut point. Elles ne parlaient que de leurs ciseaux, de leurs patronnes, de colorations et de shampoings, sans même faire attention à moi. Je commençais à regretter d’être venu courtiser cette coiffeuse quand soudainement, elles firent silence et contemplèrent quelque chose derrière mois. J’entendais un raffut pas possible de tables et de chaises. J’eus juste le temps d’entendre une amie de ma coiffeuse lui chuchoter envieusement « Regarde ce qu’elles sont belles ! » avant de me retourner et d’apercevoir dans un grand rayon de soleil, Camélia et Alice qui venaient dans ma direction, tous sourires et me faisant de grands gestes. La terrasse était bondée, elles avaient dû passer dans la rue et m’apercevoir puis se décider à venir me dire bonjour. Tous les regards des gens présents contemplaient ces deux déesses et Camélia s’empressait d’alpaguer les gens, riant de les déranger. Arrivant à mon niveau, elle me servit des sous-entendus du type « Eh bien, qu’est-ce que tu es bien entourée, ça va pour toi, tu ne t’ennuie pas ! » Charlène était bouche-bée. Elles m’embrassèrent et Camélia se mit à naturellement discuter et me blaguer avec les coiffeuses, qui ne savaient que dire. Je pris la décision de laisser là les pipelettes et partais en compagnie de Camélia et Alice. Le soir même, la coiffeuse m’envoya un nombre conséquent de messages explicites.
Camélia eut plusieurs autres copains dans les années qui suivirent mais elle ne semblait jamais rester célibataire plus de vingt-quatre heures. Nous nous retrouvions régulièrement pendant plusieurs années et c’est un été, deux ans après ma rencontre avec elle, que je garde mes plus beaux souvenirs de sa compagnie. Nous échangeâmes une danse dans un bal sur les quais un soir d’été, puis une course à vélo effrénée et de nuit dans les rues pavées d’Orléans, moi pédalant et elle assise sur le guidon, sa tête sur mon épaule, et riant, riant du danger et d’une mauvaise chute, comme si elle n’avait cure de la peur. Sa personnalité était hors du commun. Une personnalité qu’on ne rencontre que peu de fois dans sa vie et qui devait laisser en moi son éternel souvenir, souvenir auquel je me raccrocherais avec bonheur toute ma vie probablement, comme pour me rappeler qu’un jour, je fus bien amoureux. Elle n’avait peur de rien, et rien ou presque n’aurait pu entacher son sourire.  Mais du temps a passé et bien que l’idéalisant toujours, je ne retrouverais jamais cette tendresse qui me faisait trembler à son approche.
Un soir où je bossais comme serveur dans un bar du centre-ville, elle vint me présenter son nouveau copain. Je débarrassais alors des verres dans une salle ou s’organisait tous les vendredis une soirée salsa. Avec un plateau plein à ras bord que je tenais d’une main, je naviguais parmi les danseurs et danseuses qui tournoyaient avec passion, tentant d’éviter leurs valses amoureuses. Il me fallait garder intact l’intégrité des pintes et verres à cocktails d’où il ne restait que des fonds de liquides multicolores et des tranches de fruits à la chair aspirée. Je me frayais ainsi un chemin de table en table, parmi les troupes de toupies danseurs qui virevoltaient aux rythmes d’une musique cubaine faite pour la fête si ce n’est l’amour. Et je vis Camélia avec son nouveau Jules qu’elle connaissait depuis un mois. Elle portait une jupe argentée et un haut blanc, léger et transparent, qui laissait voir un soutien-gorge noir. Elle était rayonnante, plus que d’habitude si je puis dire. Là, elle m’annonça qu’elle était enceinte. Je la contemplais alors avec un sourire d’affection, l’embrassais et la félicitais, réellement heureux de son bonheur. Avant de la quitter, je lui dis que toute sa vie, jamais elle ne cesserait de m’étonner.
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manieresdedire · 3 years
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Histoire d'un village pyrénéen cher à mon cœur - III /IV
Au printemps, les ruisseaux débordant de bonheur s'écoulaient des sommets jusqu'aux bassins, abreuvoirs, fontaines, lavoirs ... simplifiant le quotidien, abreuvant bêtes et gens. C'est que la vie était rude dans ces montagnes. Les ménagères véhiculaient leur brouette pleine de linge sale et partaient d'un bon pied, en sabots, par le chemin caillouteux et souvent boueux jusqu'au lavoir à la sortie du village afin d'éradiquer les miasmes et salissures de l'hiver des tissus toujours sombres pour les vêtements, pour ne pas voir les tâches disait ma grand tante, et étalaient tout ce linge au soleil dans les prés. Les draps,serviettes, torchons ... blancs eux, fleurissaient l'herbe d'un mouchetage éclatant imitant pâquerettes et marguerites.
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Les bergers rassemblaient les bêtes du village tous les matins sans neige et les amenaient paître dans les prés environnants. Ils ressemblaient à des sentinelles recroquevillés dans leur cape, tenant de leurs mitaines les grands parapluies bleus. Ils passaient leurs journées ainsi, accroupis ou assis sans broncher. Ainsi statufiés, on pouvait les confondre avec les rochers alentours si l'on n'y prenait pas garde. Le soir c'était la joie des enfants de voir les moutons, agneaux et quelques chevrettes emplir les rues du village d'un grouillement de laine, bêlements et clarines.
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Il ne fallait tout de même pas être trop entreprenant et laisser passer tout ce beau monde sinon gare ! un semblant de caresse à un cabri et hop ! vous voilà le pull détricoté par les cornes expertes d'une biquette protectrice. Et ça aussi c'est du vécu !! C'était eux les maîtres. Eux et les grosses bêtes à cornes accompagnées de leur Seigneur LE TAUREAU ! Mon compatriote s'appelait Pompidou et n'était pas commode ! Quel sport quand il traversait le village avec sa bande ! Dès le retour de la belle saison et la fonte des neiges bêtes et pâtres montaient à l'estive et disparaissaient de la vie du village pour six bons mois. Les enfants, dès leurs quatre ... cinq ... six ans montaient pain, vin, charcuterie et fromages bien sûr, régulièrement, dans des paniers d'osier recouverts d'un torchon bien blanc aux hommes repus de soleil et de grand air. Enfants qui, chaque année, à la même époque, faisaient retentir le carillon de la sombre épicerie en sous-sol pas nécessairement propre et certainement pas aseptisée, bien loin de l'aspect de nos grandes surfaces et hyper marchés. Pas de frigo ou glacière !!!!!! Ils entraient pour échanger leurs piécettes d'un ou deux francs, francs anciens, trouvées en guise de fèves dans la galette des rois et généreusement offertes par les mamans à leur progéniture, contre de grandes poches de papier marron remplies de roudoudous, tube de coco et autres sucreries oubliés et même disparues de nos jours. Pendant que dans le bouge noir, enfumé, encrassé, accolé à l'échoppe, les adultes, hommes s'entend bien, bruyants, assis sur des bancs de chaque côté des longues tables monastères, vidaient chopines et carafes d'un vin âcre, fabriqué à partir des raisins du terroir. Gros rires aux histoires de ceux qui n'avaient pas retrouvé le chemin de leurs pénates, pas si lointaines que ça pourtant, et que l'on retrouvait au petit matin endormis dans la rosée des fossés. C'est que le village comptait pas moins de quatre caves-bistrots, plutôt plus, pour un maximum de cinq cents habitants, trois cent quatre vingt treize exactement en 1881, dont la majorité étaient des enfants. Une cinquantaine d'adultes, au moins 4-5 enfants par famille, quelques vieux ... le compte est vite fait ... en gros quatre bistrots pour cinquante hommes !!!!! Trouvé dans les archives : "il se buvait cent cinquante hectolitres par an ; les deux-tiers dans les cabarets, le reste dans les familles" ! Le chemin du retour était forcément parsemé d'embûches et plus long qu'à l'aller de quelques mètres, on ne devait pas marcher bien droit d'autant que la coutume voulait que l'on s'arrête payer sa tournée dans chaque cave à l'aller comme au retour ! D'abord devant l'église puis un peu à l'écart, en dehors des maisons, le cimetière autrefois fréquenté par les feux follets hérissant les cheveux des non-initiés, dont ma pomme !! et concurrençant les lueurs de la formidable voie lactée les nuits sans lune. Les jardins entouraient le village. Plus haut les champs retenus par des murets de pierre et encore plus haut les prés à foin que l'on descendait dans les granges sur les traîneaux à patins de bois tiraient par les bœufs et retenus par les hommes qui s'arcboutaient devant quand les pentes étaient trop rudes.
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Le chemin s'arrête là. Pourquoi venir se perdre si haut ? Sûrement pour les ardoises et les minerais que l'on atteignait grâce à un petit viaduc dans la montagne dirigeant des wagonnets jusqu'au village. Il y avait un village d'été, là-haut, avec le "château", maison du contremaître. En 1819 le "vrai" village a flambé ; les hommes sont montés encore plus haut, au milieu des bois, construire un "village-camping" de secours en attendant de réintégrer leurs demeures. Ils étaient durs à la tâche les Montagnards !
à suivre... Flo
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cellobis · 5 years
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En début de nuit est arrivé ce qui aurait pu être un malheur. Un enfant de neuf ans, piqué par un serpent, est amené par son cousin en brouette, bon réflexe, pour que la victime ne s'épuise pas et que le venin ne disperse pas. Grage petit carreaux. Très joil avec ses couleurs. Il est dit que ce n'est pas toujours mortel sauf, quant à la dose, que l'animal ignore s'il s'agit d'un adulte ou d'un enfant de petit poids et, à plusieurs centaines de kilomètres d'un vrai centre hospitalier(où par ailleurs meurent chaque année des victimes de ce type) on ne fait pas le fier, on réaprend même à prier. Que les carreaux de l'ophydien soient grands pu petits, rouges ou jaunes, foi d'animal, je n'en menais pas large, me souvenant de la dernière page du Petit Prince. Bref, après une nuit de soins et de veille, tout finit par rentrer dans l'ordre. Finalisant ma journée, j'allais envisager de me couler dans mon hamac quand deux petits loustics viennent frapper au carreau, cette foi de ma porte: - tu veux des noix de cacao? Elles ne sont pas encore mûres, alors je te les laisse pour seulement deux euros, ça te va?
Comment résister à ces sourires et à ces yeux? Vas donc, et je me ferai demain improvisateur torréfacteur de cacao dans une poëlle à frire. Ca me fera peut-être en rentrant une jolie tasse de chocolat à offrir à ma petite fille. Cette fois entre deux eaux, je rêvassait vraiment quand, rebelotte, on refrappe à ma porte:
-docteur, mon frère a péché un joli poisson dans le fleuve. Ma maman sait très bien les préparer, ça te dit pour ton souper?
-ben pourquoi pas, c'est une bonne idée, j'étais de garde la nuit passée et je n'ai rien rien préparé à manger.
-oui, on sait, d'ailleurs tout le village le sait. Y va très bien notre copain, tu sais, merci, mais pour le poisson, comme t'es docteur, ça te fera quand même cinq euros, pour toi, c'est pas trop cher.
-marché conclu, pour 7 heure, après il faut dormir tôt pour être frais demain, vous pour l'école, moi pour mon dispensaire.
Un peu plus tard, on venait donc me servir un plat de poisson si bien frais, sans doute porteur de toxines et de mercure, mais qu'importe. Si l'assiette n'était ni d'argent comme celui venant de leurs mines, et n'avait pas ce fil d'or comme celles de mon grand-père, les yeux de mes petits serviteurs étaient brillants et plein d'étoiles. Je découvrais le vrai paradis terrestre, fait d'échanges tellement simples au soir tombant dans une lumière divine qui, avec ma bougie allumée pour faire semblant d'écarter les moustiques, transperçait les prunelles de ces enfants lesquels sont les plus beaux du monde. A la veille de Noêl, les boules sont ici les yeux diamant des enfants, les cierges magiques leurs touches de piano quand ils rient, et ils rient tout le temps ce qu'on oublie en Europe. Seul à ma table à vous écrire, après avoir roulé ma cigarette, je pensais au mur du début de mon histoire 180 pages en avant, et à la muraille de Citadelle de Saint Exupéry. Pour être honnête, je me sentais empreint d'une investiture, j'étais tellement serein après la trouille de la nuit dernière. Je palpais en mon être une sagesse presque princière en regardant la fumée de ma cigarette monter dans les nuages. Certes, je n'étais pas Dieu en fumeur de Havannes de Gainsba,r ni le roi du monde, mon compte en banque était, avec ce que je donne, encore passé au rouge comme souvent après le 20 du mois, mais j'étais fondamentalement heureux.
#Cell
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Slow Burn, BatB fic, StanFou, chap 14
Stanley étendit le tissu sur la grande table, le lissa à grands gestes efficaces, puis épingla dessus le patron qu’il avait passé une journée à modifier pour le faire correspondre aux mesures de la cliente. Il ne se sentait pas très sûr de lui, c’était une robe d’une mode nouvelle, avec une jupe supplémentaire par-dessus la première, et une espèce de petite capuche au col. Il vérifia dix fois que tout correspondait, qu’il n’avait pas oublié les espaces pour faire les ourlets, qu’il n’avait pas emporté par erreur les morceaux de patron où il s’était trompé, puis commença à découper. Le tissu était une soie somptueuse, d’une magnifique qualité. La cliente avait payé d’avance pour les fournitures, que le père de Stanley avait commandé en priorité et reçues la veille. Comme pour tout ouvrage avec un tissu aussi cher, Stanley avait des sueurs froides à l’idée de se tromper. Il avait pourtant pris la peine de faire un modèle d’essai avec le tissu de quelques vieux draps, mais l’angoisse était toujours présente.
Ses sœurs étaient déjà en train d’assembler et de presser des volants plissés pour lui faire gagner du temps. L’ouvrage était de taille, les délais serrés.
La découpe se déroula sans accroc, et Stanley profita du fait qu’Éloïse avait pris sur elle les ouvrages de retouches pour entamer l’assemblage sans attendre. Il alla s’installer dans son fauteuil habituel, profitant de la lumière pâle du soleil de début d’hiver pour y voir clair. Le temps d’enfiler plusieurs aiguilles d’avance pour gagner un peu de temps et Stanley commença par le corsage. Il était concentré sur sa tâche, le visage totalement inexpressif, l’attitude recroquevillée sur son ouvrage. Il fallait que cette robe soit parfaite, et elle le serait. L’ambiance feutrée de la boutique, qui lui arrivait par la porte ouverte, le berçait dans cette transe où il se mettait d’ordinaire, qui le faisait travailler vite et bien.
Il entendit la clochette de l’entrée de la boutique grelotter et des pas pointus frapper le plancher.
La voix aigre de Clothilde retentit.
- Bonjour Clothilde, salua madame Laurent.
- Bonjour madame. Mon bonnet est-il prêt ?
- Un instant, je vais voir.
Madame Laurent chercha dans la boutique, demanda à ses filles qui lui dirent que l’ouvrage était dans l’arrière-boutique.
- Stanley ! Tu peux m’apporter le bonnet de Clothilde, s’il te plaît ?
Clothilde toussota.
- Ne pouvez-vous pas venir le chercher vous-même, madame ?
- Voyons, Stanley est juste à côté en train de travailler à une commande, ça ne lui prendra que quelques…
- Je préfère que Stanley ne touche pas mon bonnet, asséna Clothilde.
Stanley s’était réveillé de sa transe à l’appel de sa mère, s’était levé, avait repéré le bonnet qui trônait sur un buste de bois léger et s’apprêtait à l’apporter, mais s’arrêta net.
Madame Laurent regarda Clothilde avec étonnement.
- Pour quelle raison voulez-vous que Stanley ne touche pas votre bonnet ?
Clothilde se redressa sur toute sa hauteur.
- Je ne veux pas qu’il le salisse.
Madame Laurent fronça les sourcils. Les triplées interrompirent leur travail et regardèrent alternativement leur mère, leur cliente, et Eliana distingua Stanley, qui avait posé l’ouvrage près de la porte et qui craignait de comprendre ce dégoût soudain.
- Mon fils a les mains impeccables, madame, annonça Madame Laurent de ce ton paisible qu’elle prenait quand elle commençait à se mettre en colère. Il n’a jamais entamé un ouvrage sans s’être lavé les mains. C’est une règle de base chez les ouvriers du textile.
- Y compris lors des leçons qu’il donnait à LeFou ?
Stanley sortit de l’arrière-boutique. Il jeta un regard à Eliana qui s’occupa du bonnet.
- Bonjour Clothilde. Si vous avez quelque chose à me dire, faites-le en face.
Clothilde rougit de voir Stanley face à elle, mais elle continua sur sa lancée.
- Je… Je ne remets pas en doute tes capacités professionnelles, mais…
- Je ne suis pas modiste. Je ne me suis pas occupé de votre ouvrage, je ne fais que les vêtements. En revanche, il semble que les ragots nous visant, LeFou et moi, sont bien à la mode ces temps-ci.
- Ce que vous faites est contre-nature ! Cracha la femme.
Madame Laurent s’interposa immédiatement entre la mégère et son petit, mais Stanley s’avança, écarta doucement sa mère.
- Va m’attendre dans l’arrière-boutique, maman. Dis à Eliana d’apporter la commande de Clothilde.
- Mais mon chéri…
Stanley embrassa sa mère sur le front.
- Tout va bien se passer, maman. Je m’en occupe.
Madame Laurent eut un regard pour la femme qui agressait son fils, puis pour Stanley.
- Fais attention, mon cœur.
Puis elle emmena ses filles, laissant Stanley et Clothilde seuls.
- Alors, comme ça vous vous intéressez à LeFou et moi ? Comme c’est étonnant.
- Le Seigneur condamne à l’enfer les gens comme vous, fit Clothilde avec un air de dame patronnesse.
- Et comme vous êtes une sainte femme, débordant d’inquiétude pour son prochain, vous vous êtes noblement chargée de venir importuner ma mère et mes sœurs pour venir me dire ça ici, ironisa Stanley.
- Vous faites des choses monstrueuses !
- Tiens donc ! Alors, cela voudrait-il dire qu’en plus d’épier les allées et venues devant la maison de LeFou, vous écoutez aussi aux portes ? Ce n’est pas une attitude très charitable !
- Je n’écoute pas aux portes ! Cracha Clothilde.
- Et quelles choses monstrueuses pensez-vous que nous fassions ? Demanda Stanley, qui s’amusait de la gêne de la mégère.
Ladite mégère se signa en levant les yeux au ciel.
- Je n’ose me salir les lèvres en les énonçant !
- Autant dire que vous ne savez absolument rien, mais que votre imagination de vieille perverse en mal de médisances a bien dû fonctionner à plein régime pour venir à de telles conclusions.
Clothilde rougit.
- Comment oses-tu me traiter de perverse !
- Et de menteuse, tant que j’y suis, ajouta Stanley avec un sourire cruel. Vous n’avez pas la moindre idée de ce dont vous parlez, mais vous allez broder des histoires immondes uniquement pour flatter votre goût du scandale. Je vous plaindrais presque de voir que vous n’avez que ça pour vous sentir l’impression d’exister, si je ne vous savais pas aussi mauvaise. LeFou est une personne admirable, à laquelle la somme bien maigre de vos qualités ne vous fait pas atteindre sa cheville. Vous êtes toujours la première à courir à l’office pour réprimander ceux qui ne sont pas arrivés aussi tôt que vous, mais peu vous chaut ce que vous entendez pendant les sermons. Vous êtes totalement dénuée d’esprit chrétien. Bon ! Je vous libère, fit Stanley en laissant le passage à Eliana, qui s’avançait timidement avec l’ouvrage dans une boîte. Ma mère a mis tout son talent à réparer votre bonnet, faites-y honneur. Après tout, ce n’est pas tous les jours que vous pourrez en arracher un pareil à la tête d’une morte !
Eliana et Clothilde sursautèrent violemment.
Clothilde avait servi de garde-malade à une veuve, quelques années en arrière. On savait que cette femme était relativement aisée, mais lorsque le père Robert arriva pour l’extrême-onction, on se rendit compte que la malheureuse avait passé ses derniers jours dans un quasi-dénuement. Curieusement, Clothilde, quelques mois après le décès, arborait des coiffes et des robes que son état ne lui aurait pas permis de s’offrir, en sus de literies fines aux initiales brodées ne correspondant pas aux siennes, au lavoir. Les héritiers de la veuve avaient reçu le partage des biens, où aucun vêtement n’avait été réclamé. Naturellement, nombre de villageois soupçonnèrent Clothilde d’avoir vidé les placards de la mourante pour augmenter sa part. Cette histoire avait été soigneusement étouffée, mais Stanley avait jeté un énorme pavé dans la mare en la rappelant.
Eliana annonça la somme due, que Clothilde chercha rageusement dans sa bourse avant de jeter les pièces sur le comptoir, dont certaines tombèrent et roulèrent à terre. Elle empoigna la boîte contenant son bonnet et se prépara à quitter en trombe la boutique.
- Je vous remercie bien, chère madame, lança Stanley, qui se retenait de rire. Au plaisir de vous servir à nouveau !
Clothilde repartit d’un pas irrité vers sa maison, où elle croisa Samuel qui brouettait des fournitures pour ses poules.
- Bonjour Clothilde ! Quelque chose ne va pas ?
- Ce… Ce coquin de Stanley ! Feula la vieille femme en serrant son carton contre elle.
- Stanley ?…
- Vous savez qu’il commet des atrocités ? Dit-elle, espérant gagner une oreille à sa cause.
- Hein ??
- Il se livre à des actes contre-nature avec le laquais de Gaston, le chasseur !
Samuel écarquilla les yeux, puis secoua doucement la tête. Il posa sa brouette et accompagna Clothilde vers un banc, où il la pria de s’asseoir.
- Pauvre Clothilde, murmura-t-il. Vous aurez sans doute glissé et vous vous serez cognée sur la tête ce matin…
- Mais non !!
- Vous divaguez, ma pauvre dame, dit le fermier d’un air compatissant. Voulez-vous que j’appelle quelqu’un ?
Clothilde allait refuser, mais c’était l’occasion rêvée de répandre ses horreurs devant un auditoire choisi.
- Heu… Oui ! Je… Je vois que la forge est ouverte, pouvez-vous demander à madame Déroulède de venir ?
- J’y cours !
Samuel revint bientôt avec la femme de Tom, une dame charmante, rousse aux yeux intensément bleus, qui arriva avec une boîte de premiers soins.
- Samuel m’a dit que vous vous sentiez mal, madame, que vous arrive-t-il ?
- Oh, je suis atrocement choquée ! J’ai, heu, appris une nouvelle scandaleuse qui m’a retournée ! Une nouvelle choquante, mais choquante !!
Marianne Déroulède allait sortir un flacon de sels de sa boîte, puis s’interrompit.
- Un choc ?
- Oui ! Comment ne pas être horriblement secouée quand on apprend que Stanley Laurent et LeFou se livrent à des actes démoniaques !
Marianne ouvrit des yeux comme des écoutilles.
- Ils tracent des pentacles ??
- Heu, non…
- Vous les avez vus égorger des poulets !
- Non !
- Ils se revêtent de robes noires et psalmodient entourés de cierges, en récitant la messe à l’envers ?
- Ça ne m’étonnerait pas ! Lança Clothilde, enchantée de voir de l’eau à son moulin.
- Vraiment… Ces garçons devraient trouver d’autres façons d’occuper leurs soirées, fit Marianne d’un ton définitif en refermant sa boîte, faisant comprendre qu’elle était totalement incrédule. Vous n’avez pas l’air blessée, je suppose que vous devriez pouvoir rentrer chez vous après quelques minutes de repos.
- Vous… Vous ne me croyez pas ?
- Madame ! Lança Marianne en riant. Stanley et LeFou sont deux garçons absolument charmants. Je pense bien que jamais nul n’a eu à se plaindre de leur conduite. Celui qui vous a relayé ces accusations n’a pas le sens commun ! Allez, je dois vous laisser, les enfants rentrent bientôt de l’école. Au revoir !
Clothilde enrageait d’autant plus qu’elle n’osait reprendre sa route, de peur de perdre les miettes de compassion des quelques passants qui avaient assisté à la scène. Lorsqu’elle compta quelques minutes, elle se rua sur l’échoppe du boulanger.
- Maître Louis !
Le gros boulanger passa sa tête chauve, moustachue et réjouie dans l’encadrement de sa porte.
- Oh, bonjour Clothilde ! Quel vent vous amène ?
- Celui de la tempête, Maître Louis ! Le démon rôde dans le village, et ses serviteurs se livrent à des actes contre-nature ici même !
Louis eut une expression choquée.
- Mais de quoi parlez-vous ?
- Le cadet des Laurent et LeFou !
- Eh bien ?
- Ils… Ils commettent des actes scandaleux ! Immondes !
- Vous avez dit contre-nature, tout à l’heure.
- Exactement ! Des pratiques horribles, inversées, propres à provoquer la colère du Seigneur sur notre pauvre village !
- Le cas est grave.
- De quels actes contre-nature vous parlez ? Demanda Benjamin, l’apprenti boulanger et neveu de Maître Louis.
- Je n’ose les dire ! Je pourrais choquer tes jeunes oreilles ! Cria Clothilde en se tordant les mains.
- Oohhh ! Je vois ! Fit Benjamin. Ils ont créé des chevaux qui mangent de la viande !
- Ou des lièvres qui respirent sous l’eau, proposa Maître Louis.
- Heu, non, ce n’est pas de ça qu’il s’agit…
- De l’eau qui ne mouille pas ?
- Du feu froid !
- Mais quelle utilité aurait du feu froid ?
- Alors là mon garçon, tu me poses une colle…
- Maître Louis ! Cria Clothilde.
- Oui ?
- Ce n’est pas de ces actes que je parlais !
- Lesquels alors ?
- Et ils les ont fait quand ? Demanda Benjamin. Parce que pour avoir des accusations solides, il faut des preuves !
- Alors qu’un lièvre qui respire sous l’eau, c’est facile à prouver…
- De l’alchimie ! Mon oncle, tu penses que LeFou a réussi à créer de l’or ??
- S’il y est parvenu, je voudrais bien qu’il m’en donne un brin !
Clothilde voyait qu’elle ne tirerait rien du boulanger et de son apprenti, qui, elle l’ignorait, étaient totalement ralliés à la cause de LeFou. Maître Louis avait été, enfant, amoureux de la fillette qui allait devenir la mère de LeFou, et avait transposé sur son fils l’affection qu’il lui vouait autrefois, aidant le jeune garçon lorsqu’il se fut retrouvé orphelin. Il se doutait évidemment de ce dont la vieille mégère voulait parler, mais entendait protéger le jeune homme.
Clothilde poussa un rugissement exaspéré et sortit de la boutique. Elle vit Gaston qui s’en retournait chez lui. Voilà quelqu’un qu’il fallait convaincre ! Elle était sûre que le chasseur et vedette de la ville allait faire le nécessaire pour remettre de l’ordre dans cette situation.
Gaston, lui, était d’humeur massacrante. Frustré au dernier degré par une chasse infructueuse et une belle qui avait résisté à ses charmes, il vit à peine la vieille femme courir vers lui de toute la force de ses jambes.
- Ah ! Gaston, une nouvelle terrible, LeFou et Stan…
- FICHE-MOI LA PAIX, VIEILLE BIQUE !!! meugla Gaston d’une voix qui retentit dans tout le village, avant de reprendre sa route. Déjà que sa journée était gâchée, qu’on ne vienne pas lui parler de Stanley !
Clothilde resta un peu stupidement au milieu de la place, son carton sous le bras, incapable d’avoir pu convaincre les villageois de ses accusations. Elle maugréa dans sa barbe et rentra chez elle, où son chat fit les frais de son humeur.
OoO
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griffes · 5 years
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“Les oiseaux commençaient de chanter. Elle était à proprement parler enchantée quand elle a découvert la profondeur du jardin, jusqu’au petit bois, jusqu’à l’étang. Ma femme était toujours dehors. A vrai dire c’est moi qui m’occupais de la maison, qui faisais la cuisine, qui restais dans mon bureau pour composer mes sermons, qui ouvrais la porte-fenêtre du salon pour recevoir les paroissiennes. C’est moi qui faisais le thé, qui offrais les tuiles pleines de beurre et craquelantes de sucre, les biscuits, les langues de chat, les pains d’épice, le pudding des jours de fête. Elle, elle était toujours fourrée au jardin. Elle était heureuse en poussant sa brouette, avec sa bêche à la main, ses ciseaux, sa serpette, son arrosoir...”
“Dans ce jardin qu’on aimait”, Pascal Quignard
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cesontlessaisons · 6 years
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“Par contre il a perdu des poils, j’en ai enlevé une pleine brouette!” Les avancées du dégraissage. j’ai utilisé mon petit opinel et finalement ma demi lune de maro. J’ai fixé la peau au cadre en utilisant une agrafeuse murale en tirant la peau avec une petite pince d’élec que je chevauchais pour  tirer l’agrafe plus tard. J’ai retendu souvent. J’utilisais la demi lune pour tirer la peau et l’assouplir.
Finalement ça m’aura pris la journée  et j’ai enroulée à nouveau la peau dans du sel. Je vais la retendre aujourd'hui pour la laisser sécher la semaine. idéalement il faudrait que je la travaille tous les jours, puis-je l’apporter chez mes hôtes de Bourges?
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Liste de vieux fanzines français
Ces fanzines sont dans la collection de la petite fanzinothèque belge mais ne sont pas encodés sur notre site/base de donnée :
voici cette liste :
1970 mai / Amenphis n°6
1973 nov / zinc n°16
1974 fev / falatoff n°24/25
1975 / fume c’est du volny
1985 / charlie mensuel (les ghlomettes)
1981 / spirou spécial
1982 decbd splatchn2
1982 mai / ça pue (spécial cul 2)
1973 / le canard sauvage n°2
1978 / haga n°35
1974/ album le canard sauvage
1974 sept / fantasmagorie n°2
1970 / popeye n°1
1975 le citron hallucinogène (spécial giono) n°7
1979 / espace temps n°6
1974 / le canard sauvage n° 7
1977 / gelule n°3
1977 / les grands succès de la BD (satanax)
1973 / phenix n°34
1987 juin / kostaz kzavat (hors série tour de france)
1988 fev / kostaz kzavat n°5
1987 oct / kostaz kzavat n° 3
1987 juin / kostaz kzavat n°2
1987 / kostaz kzavat n°1
1986 / Trizonik 21 n°7
1986 oct / le papier occult n°4 (spécial petit bouleau)
1987 / de la friture sur la ligne
1989 mars / bidule n°3
1985 / 25 mensuel n°91-92
1985 / les grosses bêtes
1985 juin / bonté divine ! n°6
1984 nov / bonté divine ! n°5
1984 juin / tonnerre ! n°4
1983 dec / bonté divine ! n°3
1983 juillet / bonté divine ! n°2
1982-83 / haga n°51-52
1980 avril / peur n°0 (le journal qui vous donne des frissons)
1987 / ziiip !!! n°6
1987 / ziiip !!! n°5
1987 avril / papier occult n°7
1987 / blizz arts n°1
1987 / ZAP
1988 / planche n°2
1988 jan / papier occult n°10
1988 avril / papier occult n°11
1988 mai-juin / blizz arts n°2 (x2)
1988 / cartoonoide N 4 (x3)
1983 juin-juill / devenir n°11
1988 nov-dec / noir fluo n°1
1976 juin / HOP ! n°8
1984 / HOP ! n°34
1992/ HOP !n°54
1993 / HOP ! n°59
1989 / planchen4
1989 mars / ziiip !!!n7
1989 / séduction de l’innocent (hors série spécial dédicace)
1989 / séduction de l’innocent n°4
1989 / ziiip !!! n°10
1989 / loup beau n°7
1989 fev / loup beau n°8
1989 mars / loup beau n°9
1989 juin / loup beau n°10
1988 / Calendrier … 1989
1989 nov / le lézard n°1
1989 oct / on a faim ! n°13
1988 / Domino Comix (mezzo)
1982 / Rubrica (wasterlain)N°0
1976 / Surprise (wilem choron)N°5
1975 / Tousse BourinN°1
1992 / l’enculeur de mouches
1992 / racaillen1
1992 / rumeurn7
1992 / jaden4
1992 / actes de vengeancen11993le mélèzen0
1993 / l’art Eaistencen1 x2
1993 / parfum d’oseille
1993 / ma premiere bd
1993 / mon premier ami ?
1993 / abus dangereux Face 31
1993 / heroes n°11
1993 / heroes n°6
1993 / solenoide n°1
1993 / a l’aise n°vin
1993 / œil carnivore n°2
1994 / le mélèzen
11994 / les aventures d’ossour hyrsidoux n°1
1994 / mune comixn5
1994 / raôul
1994 / El buildingn1
1994 / pulsions terroristesx2
1994 / pour autant que je m’en souvienne
1994 / groinn1 un cri
1994 / allo les pompiersn2 x2
1994 / les rêveurs de runes n°4
1995 / houba ! n°17 x2
1993 / houba ! n°16
1994 / approximate continuum comics n°6
1995 / popo color n°1
1995 / coma lucide n°3
1995 / coma lucide n°4
1995 / la monstrueuse n°1
1995 / blood club
1995 / reptile n°2
1995 / cosmiques triples n°6 etn° 7
1995 / bananas n°4
1995 – 1996 / motus n°15
1995 / les rêveurs de runes n°5
1995 / rustine n°3
1995 / cosmiques triples n°5
1995 / plein ma brouette n°1 (l’avis des bêtes)
1995 / ogoun ! n°1
1995 / ogoun ! n°2
1995 / l’écho du calcre n°106
1996 / féraille n°2
1996feraille n°6
1997 / feraillen10
1998 / les animaux morts
1996 / caramel n°5
1995 / caramel n°2
1995 / caramel n°3
1996 / sales gosses !! plein ma brouette n°2
1996 / 60 dessins contre le gang des 7
1996 / la monstrueuse n°2
1996 / vacarmes n°4
1996 / spoutnik n°1
1996 / spoutnik n°2
1996 / tripotin
1996- 1997 / ogoun ! n°5
1996 / jade n°5
1996 / tout s’explique
1996 / fun en bulles n°12
1996 / hard luckn8
1996 / délires posthumes et … frites-merguez (x2)
1996 / gatôn7
1996 / On @ faim !n0
1996 / barokn1 hors série POGO
1996 / ogoun !n4
1996 / ogoun !n3
1996 / d.t. comixn1
1996 / l’elephant (la saga livre 1-
1996 / carotte comixn1
1996 / le journal de Judith et marinette n°2
1996 / billeversées dithyrambique n°5 (c’est grave docteur)
1996 / le pli n°1
1996 / d’ac raôul (le supplément estival)
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marciamattos · 5 years
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L'Angélus de Jean-François Millet et Dali, Réminiscences archéologiques de l'Angelus de Millet (1933-5)
Publié par Viviane Jeannot
L'Angélus de Jean-François Millet
Millet a dit : « C'est le côté humain, franchement humain qui me touche. »
Peintre pastelliste, graveur et dessinateur, Jean-François Millet réalise L'angélus entre 1857 et 1859. Cette huile sur toile de 55,5 cm sur 66 cm était à l'origine, une commande d'un artiste américain nommé Thomas Gold Appleton. Elle est désormais au Musée d'Orsay à Paris.
Ce tableau s'inspire de l'enfance paysanne de Millet : « L'angélus est un tableau que j'ai fait en pansant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l'angélus ». En effet, ce dernier signifie « prière de l'ange », elle est sonnée 18h.
Nous verrons donc dans ce dossier comment ce tableau est devenu célèbre et s'est « popularisé ». Tout d'abord nous étudierons la composition du tableau afin d'en tiré le sens premier. Puis nous étudierons les différentes formes qu'a pris le tableau de sa création à nos jours afin de constater l'évolution de ce tableau devenu une icône.
L'Angélus de Jean-François Millet
1- QUAND LA PRIERE DEVIENT TABLEAU
L'angélus représente deux paysans en prière : un homme et une femme dans un champ. À la gauche de l'homme se situe une fourche, à la droite de la femme une brouette et à leurs pieds une panier. Dans la partie supérieure du tableau se trouve le ciel et un clocher au loin.
Nous pouvons remarquer que le tableau est séparé en deux parties (horizontalement) : la terre, qui occupe les deux tiers du tableau et le ciel. De même les travailleurs sont placés à deux endroits stratégiques ce qui permet de constater que le tableau est coupé en trois parties (verticalement) : partie homme, partie centrale et enfin partie femme.
Nous pouvons aussi observer deux lignes de force qui prendront une
importante signification dans notre future analyse :
L'Angélus de Jean-François Millet
Dans ce tableau les couleurs ont également une place décisive. En effet la seule lumière vient du ciel. Jean-François Millet à préféré une palette assez chaude en choisissant le jaune, la couleur ocre, le marron et ses dérivés. Seules quelques touches de bleu et de vert viennent se refléter sur le pantalon de l'homme ou la chemise de la femme par exemple. Ce tableau d'apparence terne est en réalité très lumineux grâce à la maîtrise de la lumière par le peintre (reflets sur le sol, ou encore sur le tablier de la paysanne).
2- AU NOM DE LA TERRE ET DU CIEL AINSI SOIT L'HOMME
Ainsi, à l'aide de toutes ces informations nous pouvons en déduire le sens de cette oeuvre si célèbre.
En effet, le fait que la terre occupe la majeure partie du tableau signifie qu'elle a une grande importance dans la signification de l’oeuvre. Le sujet est d'ailleurs deux cultivateurs qui prient en plein travail.
De même, peut-être le peintre, a choisi de placer les personnages ainsi afin que grâce à la symétrie de son tableau, le spectateur puisse ressentir la dureté et la rigide du travail au champs. Cela reste une hypothèse personnelle. Les lignes de force utilisées sont également très parlantes. En effet, on remarque qu'elles se dirigent vers le ciel en passant pas le cloché de l'arrière plan et par les fermiers ; ainsi Millet nous donne l'impression de vouloir réunir le temps de la prière les Hommes au ciel.
Quant aux couleurs, la luminosité nous confirme qu'il doit être, lors de cette scène, aux alentours de 18h (voir définition angélus en introduction), probablement en automne. Ce ciel ciel vaporeux, doux et légèrement nuageux est en opposition avec la terre sèche sur-cultivée.
3- DALI ROMPIT LE CLICHE ET DONNA LA REPRODUCTION EN DISANT :
« Faire surgir le drame insoupçonnable, caché sous les apparence hypocrites du
monde, dans le simulacre obsessif, énigmatique et menaçant de soi-disant
prière crépusculaire et désertique qui s’appelle officiellement encore : «
L’Angélus de Millet ».
Cette toile est une des oeuvres françaises les plus célèbres. Elle représente en effet la France profonde : la terre, le travail en famille et la prière. D'ailleurs lors de sa première exposition au grand public en 1869, la révolution industrielle commençait à bouleverser le quotidien des Français. Dès lors cette oeuvre est devenue le symbole de la "France éternelle" ; la France paysanne qui commence à disparaître.
Cependant, Dali interpretera cette toile selon sa propre symbolique afin de nous en faire une critique mettant en évidence « le drame délirant ».
Selon lui, cette « répétition stéréotypée et devenue symbolique de l’agression sexuelle ancestrale » qui donne à la femme un côté violent, comme si elle souhaitait tuer l'homme en face d'elle. Ce qui expliquerait le position immobile de l'homme face à celle-ci, qui aurait honte de sa virilité et chercherait à cacher à l'aide de son chapeau son sexe en érection.
Ainsi, cette oeuvre se trouve désormais dans toute les chaumières.
Le sujet étant commun, chacun que l'on voit de l'aspect d'autre fois ou bien d'un oeil nouveau, il parle à tous. Grâce à son aspect, sa notoriété, chacun se l'est accaparé et en à fait une icône, qu'elle soit religieuse, de travaille ou bien de famille. L'angélus a trouvé sa place dans chaque foyer. Ce tableau est devenu une icône de la peinture populaire.
http://histoire-des-arts.over-blog.com/2015/04/l-angelus-de-jean-francois-millet.html
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projetgenre · 7 years
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Sasha
Je viens de changer de prénom. J’ai choisi Sasha parce que c’est neutre, mais comme c’est récent, quand on me demande comment je m’appelle, j’ai toujours un moment d’hésitation. Ce que je préfère, c’est qu’on me genre un coup au masculin, un coup au féminin. C’est le plus simple parce que la langue française est très compliquée pour parler en inclusif !
Mon évolution personnelle sur mon genre a accompagné ma pensée sur le genre en général. Quand j’étais ado, j’étais très misogyne. J’ai fait dans la danse classique, et c’est un milieu où on t’apprend à ne pas aimer les autres filles parce qu’elles sont tes ennemies. Donc pendant des années j’ai eu un rapport conflictuel avec mon genre féminin. Pour moi, les femmes c’était le mal. Puis j’en suis venu.e au féminisme et j’ai compris que je ne détestais pas les femmes, mais l’image que la femme a dans la société, et que par extension on me colle cette image. J’en suis venu.e plus tard à me considérer comme personne non binaire, et plus récemment comme personne transgenre non binaire. Est-ce qu'un jour je ferai une transition complète? Peut-être. Peut-être pas. C'est une évolution, et je verrai avec le temps.
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Le genre qui m’a été assigné à la naissance en fonction de mon sexe biologique ne me convient pas. C’est ça qui me fait me définir comme transgenre. Ce qu’il y a dans mon pantalon ça regarde personne. Tu peux être transgenre et ne pas souhaiter de transition médicale. Cela dit, à partir du moment où tu parles de transidentité avec des gens, ils vont souvent avoir besoin de parler de l’aspect biologique : c’est presque un passage obligé de leur expliquer. Donc oui, ça existe, mais il y a une différence entre la biologie et la construction sociale, et c’est plutôt ça qui me concerne.
Au quotidien ça me suit puisque je suis aussi assez militant.e et activiste. Un truc qui m’a beaucoup aidé.e c’est de m’entourer de personnes qui connaissent et vivent la même chose que moi, avec qui j’ai pu parler et échanger, notamment dans mon combat féministe. Et comme je travaille avec des jeunes c’est aussi quelque chose de central. Par exemple quand je donne des cours d’impro je mets des balises tout de suite : je refuse les blagues homophobes ou sexistes. S’il y en a, on s’arrête et on en parle. En fait je pense que je ne passe pas un jour sans en parler.
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La communauté, pour moi c’est quelque chose de très important, parce que justement ça te permet d’avoir un échange avec des personnes sans pour autant devoir expliquer en détails, ce qui peut être vraiment éreintant. C’est important de se sentir soutenu.e, de ne pas se sentir seul.e, de pouvoir prendre le relais les uns des autres, et les unes des autres surtout. Par exemple, j’adore me maquiller et c’est quelque chose pour lequel je dois souvent me justifier : on me dit que je change de prénom mais que je continue à "m’habiller en fille" comme si c’était incohérent. J’ai de la chance parce que je suis female passing mais je peux aussi m’habiller de manière plus neutre sans que ça passe trop mal. Mais c’est compliqué d’expliquer que je suis transgenre et que j’aime me maquiller, que j’ai plein de robes, etc. Du coup on m'a invité.e à rejoindre un groupe de maquillage inclusif, et ça fait trop de bien. On échange avec des personnes racisé.e.s, avec des personnes qui ont un type de corps différents, des type de peaux différentes, et on est dans un espace safe où personne vient nous emmerder et où on peut parler de sujets qui nous tiennent à cœur, avec une extrême bienveillance. J’ai besoin, de temps en temps, de cette non-mixité. On m’a déjà dit que c’était se fermer à l’opinion de gens qui ne pensent pas comme moi, sauf que des gens comme ça, dès que je sors de chez moi j’en trouve six brouettes. Et en fait il y a des moments où ça me fatigue ! C’est ça que je recherche dans la communauté : un peu de confort.
Mais cette même communauté peut ne pas toujours être accueillante, c’est sûr. En ce qui concerne la bisexualité par exemple c’est difficile. Même si j’ai évolué pour me considérer plutôt comme pansexuel.le aujourd’hui, j’ai entendu pas mal de trucs remettant en cause mon adhésion à la communauté LGBT parce que j’étais bi.e. On nous prend pas au sérieux : les bi.e.s ça n’existe pas, c’est juste qu’on n’a pas encore choisi, ou qu'on assume pas. Les gens qui me disent « c’est une phase », je n’essaie plus de leur expliquer, j’ai plus envie d’entendre que c’est juste une période avant de me découvrir complètement gay. Parce que même si c’est une phase, et alors ? Ça n’autorise personne à être méprisant. Et puis si tu te présentes comme pan, ben on dit que t’as juste envie de coucher avec tout le monde. Et alors si en plus t’es poly, c’est foutu, tout le monde pense avoir le droit de venir te draguer, que c’est open bar. Quand tu dis non, on te dit « mais t’as dit que t’étais poly » ! Et si tu es dans une relation monogame, on te demande « bah t’es devenu.e monogame du coup ? ». Non. Les préférences de mon/ma partenaire ne me définissent pas. Les autres ne me définissent pas.  
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josuesypi362 · 4 years
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7 Choses à Ne Pas Faire Avec épicerie Vrac Nimes
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Armées de leurs vélos et de boîtes réutilisables consignées, la startup LoopeEat et l’association Les Coursiers montpelliérains veulent révolutionner la livraison de repas en ville. À Montpellier, salades, poke bowl et burgers sont livrés de façon éthique et zéro déchet.
» Les acteurs de la filière soulignent en effet le manque de connaissances sur le devenir des plastiques compostables, au milieu des autres biodéchets, à l'instar de ceux laissés en pleine nature.
L'Utilisateur s'engage à une utilisation des contenus du site dans un cadre strictement privé.
Faites vos courses sans emballage jetable, mais avec des contenants réutilisables et durables en quelques clics seulement !
Grâce à cette somme, CityZen Market compte agrandir ses locaux et ouvrira un restaurant à Montpellier, entre la gare Saint-Roch et l’Observatoire d’ici fin juillet.
Variez les plaisirs à chaque repas grâce à nos huiles végétales bio et aides culinaire bio.
Certains sont agrémentés de noisettes, caramel, citron, gingembre, fruits rouges ou pralinés. Découvrez également notre tablette de chocolat sans sucre et notre gamme de chocolat bio cru de la marque Ombar. L'agriculture biologique, c'est également l'assurance de l'authenticité de ce que vous consommez. Confinement oblige, leurs habitudes d’achat en grandes surfaces ont été modifiées. Pourquoi subir le suremballage, comment utiliser les circuits courts pour préserver l’environnement, comment favoriser la consommation bio sans aller en grandes surfaces ? Autant de questions parmi beaucoup d’autres auxquelles les deux frères ont voulu apporter des réponses.
Créer un drive zéro-déchet et locavore, c'est le projet de Vinciane et Pierre Hugo-Devin. Enfin, à l'origine, surtout celui de Vinciane, qui travaillait déjà dans le domaine du commerce en vrac.
Cliquez sur les différentes rubriques de la catégorie pour en savoir plus. Car nous comprenons que les courses peuvent parfois être prises de tête, nous avons mis au point un processus de commande le plus souple et le plus transparent qui soit.
40% de nos producteurs sont des Deux-Sèvres, et 70% proviennent des départements limitrophes. Nous avons fait le choix d’être une épicerie indépendante afin d’être libres de choisir nos producteurs. Fières de notre région, nous avons dédié en boutique un comptoir de produits normands. Des emballages vides et réutilisables sont également disponibles en magasin. A votre arrivée au magasin, pesez vos contenants vides et propres.
Dans notre magasin vrac en ligne, nous vous proposerons des produits de saison, locaux et produits bio en vrac conditionnés dans des contenants réutilisables en verre consignés. Vous trouverez également dans votre boutique zéro déchet en ligne tout un choix de produits ménagers, cosmétiques et accessoires zéro déchet. Un nouveau concept https://www.la-brouette-occitane.com zéro déchet va ouvrir courant décembre 2020 à Wambrechies, dans la métropole de Lille.
Une carte des enseignes de produits vrac - et non uniquement des drives zéro déchet -, est également disponible sur le site Réseau Vrac. Elle recense les commerces zéro déchet en France et à l'étranger. Pour faire ajouter un drive zéro déchet à cette carte, vous pouvez nous contacter directement par mail à l'adresse "redactionlinfodurable.fr".
Cuisine Zéro
Découvrez les produits de la gamme botanic pour toutes vos envies de jardinage, décoration ou aménagement. Suivez-nous sur Facebook et restez informé de notre actualité, des nouveaux produits disponibles et lieux où nous trouver.
Les locavores trouveront leur bonheur en poussant les portes de l’épicerie La Bonne Mesure puisque vous aurez le choix parmi de nombreux produits issus de producteurs locaux. En tant que commerce indépendant, La Bonne Mesure fait le choix de ses produits et des producteurs avec lesquels elle travaille afin de vous offrir un produit de qualité, éco-responsable et garantissant un circuit court. Vous pouvez donc utiliser vos propres contenants pour le vrac alimentaire et pour les produits à la coupe. Pour lutter contre la pollution environnementale et limiter la masse de déchets d’emballage, Biocoop propose aux consommateurs de nombreux produits en vrac. parmi les nombreuses références en épicerie vrac, cosmétiques et produits d'hygiène. J’ai des produits vrac bio français comme du riz de Camargue, des haricots rouges et blancs, des noix, etc. et du bio comme les fruits secs, le chocolat noir, blanc, lait, pépites, et encore pleins d’autres produits a découvrir.
Nous cherchons avant tout des candidats familiers avec ce type d’entreprises participatives pour co-construire ensemble un nouveau modèle”, explique Léa Robine, directrice de la communication au sein du Drive tout nu. La société reste encore discrète sur les conditions d’accès au réseau, tant en termes de droits d’entrées que de redevances. En 2021, au regard de l’évolution de la crise sanitaire, le Drive tout nu devrait lancer entre trois et quatre nouveaux entrepôts en franchise. À Pontaix, Esprit Biscuit, les biscuits bio sucrés et salés de Bernard et Hélène 16 février 2021 Des biscuits sucrés, salé, croquants ! Des biscuits plaisir à déguster avec le café ou à l'apéritif, fabriqués artisanalement avec des produits bio et majoritairement locaux. Je récupère ma commande dans des contenants réutilisables, dans un des différents drives Le Petit Circuit.
Accessoires 0 Déchet
« Fille d’agriculteurs, j’ai toujours consommé local », glisse la trentenaire originaire de Saône-et-Loire. Elle s’est aussi lancée dans une démarche « zéro déchet » depuis quatre ans. « Il faut y aller petit à petit pour que ça fonctionne, si on a un magasin à proximité c’est vraiment facile.
Vous ne recevrez jamais de propositions commerciales tierces suite à votre activité sur le site HelloAsso. HelloAsso est une entreprise sociale et solidaire, qui fournit gratuitement ses technologies de paiement à l’organisme l'accent local.
Notre réserve fait donc 60 m2, donc 20 m2 réservé aux ateliers. C’est le moment de se rapprocher des agences immobilières, des particuliers, sans oublier les pouvoirs publics.
La consigne inversée, ce sont des contenants, bocaux et sacs, prêtés gratuitement pour transporter vos bons produits. Vous bénéficiez d'un bon d'achat de 0,10 € pour chaque bocal ensuite ramené. « La consigne ne vous coûte pas un radis et vous ramène même un peu d'oseille ».
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und100 · 4 years
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Phil Vizcarro
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Aujourd'hui j’ai l’immense plaisir d'interviewer Phil Vizcarro, l’auteur du dernier Undercover Turbo Duckies, mais aussi de la collection Cosmo Duck Roll&Write Collection, chez Cosmo Duck, de Dany, Dany se fait des films chez Grrre Games, ou encore #ashtag et Journée de Merde chez Mango. Il est également le fondateur de sa maison d’édition: Cosmo Duck.
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Bonjour Phil, tout d’abord un grand merci d’avoir accepté de répondre à mes questions! Peux tu nous décrire ton parcours? Alors j’ai commencé dans le jeu de société un peu par hasard, en développant des jeux pour moi, pour le fun, alors que je n’étais pas du tout dans le milieu. Je ne jouais pas aux jeux modernes, et mes vieux jeux de société étaient sur une étagère dans mon garage. Et puis j’ai acheté des jeux dits “modernes” pour m’y remettre, par curiosité et je me suis rendu compte que le milieu avait vachement changé, depuis La Bonne Paye ! (rires) Ça m’a donné envie de m’y frotter et j’ai commencé à développer deux jeux : Streums avec un pote et un hommage aux Fous du Volant, qui allait devenir Hollywood Death Race. J’ai montré un peu mes jeux sur Internet, et l’intérêt -à ma grande surprise- a été vif et rapide, ce qui n’a fait que me motiver davantage. J’ai commencé à bosser sur d’autres projets de jeux, à être contacté par différents éditeurs et c’est là que j’ai compris que j’avais sans doute un truc à faire dans ce milieu.
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Streums High Quel est ton processus de création? Difficile à dire. Ça dépend du jeu, de mes humeurs, de mes envies, de si je bosse sur un jeu seul ou avec des co-auteurs… Je dis souvent qu’il y a au moins autant de processus que de créateurs et que demander des conseils à quelqu’un sur la façon de créer est une hérésie. Bien-sûr il y a quelques évidences, mais au final je pense que si l’intention est bonne, peu importe le chemin emprunté. Et surtout, il faut faire ce qui sonne juste pour soi et pas essayer de faire comme tel ou tel auteur. Parce que ce qui marche pour l’un ne fonctionnera pas forcément pour un autre. J’ai créé des jeux en quelques heures, parce que tout étais là, que c’était fluide et naturel, et d’autres m’ont pris des semaines entières. Et les plus longs ne sont pas forcément les plus complexes.  Créer un jeu, c’est un peu comme avoir un enfant : tu sais ce que tu voudrais, mais c’est pas forcément ce que tu as au final et tu n’as pas forcément fait tout à fait comme tu avais prévu non plus. Mais au final tu l’aimes… enfin en principe. (rires) Pourquoi avoir décidé de créer ta propre maison d’édition plutôt que de proposer tes jeux aux éditeurs existants? Ah mais l’un n’empêche pas l’autre. Même si l’équipe de Cosmo Duck travaille principalement sur nos projets, on continue à bosser aussi avec des éditeurs. Par exemple, avec Amine, on a 2-3 jeux qui sortent cette année en dehors de Cosmo, Grrre Games sort mon Dany se fait des films, j’ai d’autres trucs signés par-ci par-là… Donc en fait on continue à faire les deux. Déjà parce qu’il arrive que des éditeurs nous demandent des jeux spécifiques, et puis certains trucs sur lesquels on a bossé ne correspondent pas forcément à la ligne éditoriale de Cosmo, ou il s’agit de “gros jeux” et que pour le moment, c’est pas ce qu’on cherche à faire avec Cosmo. Quelle est la ligne éditoriale de Cosmo Duck? Un univers riche et très appuyé, qui sert généralement le gameplay. On pense toujours les deux conjointement. Des jeux accessibles, fun, qui te permettent de te refaire l’histoire après avoir joué. Des expériences qui rappellent les bons moments entre potes à jouer à Worms, Bomberman ou Goldeneye 64. Des fous-rires, des crasses entre potes, des références à la popculture dans tous les coins… Mais aussi et surtout, des messages positifs. Parce que ça me paraît important. Je pense que quand tu crées de l’entertainment (je fais mon VanDamme), quand tu crées quelque chose qui va potentiellement impacter des gens, tu te dois d’essayer de véhiculer des choses bienveillantes et positives. Parce que l’éducation passive se fait aussi par le jeu. Planter des graines, tout ça. Alors je n’en fais pas une vérité absolue, mais c’est un élément clé chez Cosmo, en tout cas. Et ça ne nuit pas au fun, alors pourquoi s’en priver ?  Tu finances tes jeux sur Ulule? Pourquoi cette méthode de financement et pourquoi Ulule? Disons que pour un jeune éditeur comme nous, c’est un peu le meilleur moyen de présenter nos jeux et de vraiment jauger l’intérêt. Bien sûr, on adorerait être en boutique, mais la réalité du marché fait que quand tu débutes, les distributeurs ne te connaissent pas, il faut des fonds de ouf pour faire un premier tirage décent et tu n’as aucune garantie que ton jeu sera vraiment mis en avant en boutiques. Avec un financement participatif, tu as plus de contrôle. Ceci dit, en tant que “petit”, tu sais que les volumes que tu vas produire avec un Ulule ou un KS ne seront pas les mêmes qu’avec une distribution en boutique. Les risques ne sont pas au même endroit et les acheteurs ne sont pas non plus tout à fait les mêmes. En réalité, un financement participatif, c’est vraiment une méthode à part. Pour te dire, nous avons des jeux que l’on sait aujourd’hui qu’on veut placer directement en boutique et d’autres que l’on veut présenter en participatif. C’est vraiment deux mondes différents, même s’il arrive à des jeux financés de se retrouver ensuite en boutique. Quand à ta question sur Ulule, c’est juste que nos deux premiers projets étaient en français, et qu’Ulule est plus adapté que KS pour un projet français. Nos prochains projets n’auront plus cette barrière de la langue et on pourra donc passer sur une plateforme plus internationale. Peux tu nous partager les coulisses d’une campagne de financement participatif? Quelles sont les grandes étapes? J’aurais été tenté de te dire qu’il y a autant de façons de faire que de gens qui le font, mais c’est pas super vrai, et on le voit aux résultats de certaines campagnes. Avant toute chose, il faut donc beaucoup observer ce qu’ont fait les autres, ce qui marche ou au contraire pas du tout. Avec une campagne, tu vas vivre quelques jours intenses et si tu ne te blindes pas, ça peut être très stressant. L’important, c’est d’avoir tout bien préparé avant. Ce que tu veux proposer en stretch goal si le financement est atteint, ça se décide bien en amont. Pas trois jours avant ou pire, en pleine campagne. Il faut aussi avoir préparé une période de promo avant la campagne, pour montrer le jeu et susciter l’envie chez les joueuses et joueurs. Ta campagne ne va durer qu’environ un mois, c’est avant ça qu’il faut que les gens apprennent l’existence de ton jeu. Quand tu as bien défini la structure de ta page, la dynamique envisagée de ta campagne (nombre de stretchs, espaces entre eux, etc) et que tu as préparé ta comm, t’as déjà fait le plus gros du boulot.  L’idéal, c’est aussi d’envoyer des boîtes à des revieweuses et reviewers. Ça demande un investissement préalable, mais c’est quelque chose d’important. Ça donne aux gens la possibilité de découvrir ton jeu sous un spectre différent de ta propre promo. Faut pas oublier qu’on est là avant-tout pour divertir les gens, que l’offre est actuellement plus que pléthorique et que si tu veux vendre pour vendre, tu ne feras pas long feu. Mieux vaut se concentrer à faire kiffer ton public qu’à essayer d’écouler des brouettes de ton jeu aux mauvaises personnes. Et ton public, il se construit aussi grâce à ces reviews. Quels sont les pièges à éviter pour réussir une campagne à financement participatif? Le premier piège, celui qui plombe la plupart des financements, ou qui peut retarder drastiquement certaines prods, c’est d’avoir mal calculé des coûts et les frais. C’est difficile quand tu débutes de voir réellement tous les coûts cachés. Mais bordel y’en a partout. (rires) Par exemple, si tu décides de faire produire 25 boîtes de ton jeu pour les envoyer à des reviewers, bah faut intégrer tous les coûts que ça représente, et pas seulement la prod. Les jeux, tu vas les envoyer dans des cartons, avec du bulle, tu vas payer l’affranchissement, etc. Ça paraît évident comme ça, mais pourtant… Et puis il y a toujours une galère par-ci, une autre par-là, et les galères, bah ça coûte toujours de l’argent. Donc mieux vaut éviter de budgetter trop serré. L’autre truc aussi, c’est de bien penser à la façon dont les stretch goals vont modifier le produit fini. Rajouter des pièces en métal, c’est pas juste plus joli, c’est aussi plus lourd. Parfois, rajouter juste 3 cartes te met dedans parce qu’en matière de prod, ça demande une planche en plus. Et ça, crois-moi, si tu t’en rends compte post-financement, bah tu vas pas passer un bon moment. Et puis il y a aussi l’aspect humain. Croire que tu peux gérer une bonne campagne tout seul est illusoire, sauf si tu es adepte du vieillissement accéléré. Mais je pense que le professeur Xavier a perdu ses cheveux en lançant une campagne de financement participatif. Non, il faut une équipe dans laquelle chacun a son rôle. Et le dernier piège à éviter, c’est de répondre aux trolls. Mais ça, c’est un autre sujet ! (rires) D’où t’es venu l’idée d’Undercover Turbo Duckies? Hm. En fait c’est amusant parce qu’au départ, la mécanique de Turbo Duckies est un mix de deux autres jeux que j’avais dans un tiroir : Un jeu sur les Tortues Ninja et un autre sur les Power Rangers (deux licences que j’aime beaucoup). Et un jour, Armand Texier, avec qui j’avais déjà discuté de la possibilité qu’on bosse ensemble mais qui n’avait pas encore rejoint officiellement le studio, m’envoie un dessin trop classe avec 3 ou 4 canards hyper stylés dessus, dont un qui ressemblait méchamment à Musclor. Ça m’a tout de suite donné envie de développer un jeu dans lequel les héros seraient des canards badass. J’avais l’idée, il ne me manquait plus que la mécanique. Alors j’ai sorti mes deux jeux à licence, j’ai mixé un peu les deux, j’ai enrichi le tout avec quelques nouvelles mécaniques, ça fonctionnait bien. Je me suis posé devant ma table à dessin un après midi et j’en suis ressorti avec le visuel de la première version du titre, que j’ai envoyé à l’équipe, qu’Armand avait rejoint entre temps. Je leur ai pitché mon idée d’une équipe de chasseurs de primes intergalactiques, et on a dit banco. Pour l’anecdote, l’aspect “Undercover” est arrivé avec le titre, car on cherchait un truc en quatre fois deux syllabes, pour faire comme Teenage Mutant Ninja Turtles ou Mighty Morphin Power Rangers, un truc à rallonge qui fasse très dessin animé énervé des années 80. (rires)  Et donc les canards sont devenus Undercover dans l’histoire, à cause du nom du jeu. J’aime beaucoup cette liberté créative où l’on s’autorise à ce que la forme impacte le fond, et pas seulement l’inverse.  En tant que joueur, quel est ton jeu préféré? Pourquoi? J’aime particulièrement les jeux abstraits. J’adore Santorini et Sagrada, par exemple. J’aime aussi les jeux co-op avec un univers riche et immersif, genre Thunderbirds ou Ghostbusters. Et les trucs où tu dois calculer tes coups à plusieur tours d’avance, comme avec Taluva, qui est clairement un de mes jeux préférés.  Je ne vais pas te faire un top non plus, parce qu’en vrai ça change beaucoup et que ça dépend aussi des gens avec qui je joue. Ah ! Et j’aime aussi beaucoup les bons jeux solo, genre l’Expédition Perdue, ou la version Judge Dredd, où j’ai pas encore réussi à gagner, mais bon, je désespère pas... (rires) Sinon récemment, gros coup de cœur pour Afternova, un petit KS que j’ai reçu il y a quelques semaines, en plein confinement, et qui tourne quasi quotidiennement depuis.
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Si tu devais citer un jeu sous-coté, lequel ce serait? Pourquoi? J’ai du mal avec l’aspect bien côté, sous-côté, bon jeu, mauvais jeu… Je dirais bien que perso je prends beaucoup de plaisir à jouer à Zombicide Invader (mon premier Zombicide, c’est peut-être aussi pour ça), alors que j’ai vu beaucoup de critiques dessus lors du KS. Mais je suis pas persuadé qu’un jeu CMON qui fait plusieurs millions de dollars puisse être considéré comme sous-côté… (rires)
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As tu un scoop à nous partager? Si je le fais, je vais me faire engueuler par Steve et Matthieu, mes deux associés. (rires) Après, je peux dire qu’on a ressorti des projets de ma pile de protos, avec le confinement, et qu’on a de nouveaux projets qui commencent à prendre forme. Le mieux reste encore de suivre ma page FB, où je tease régulièrement des trucs, avant de me faire reprendre par les deux autres… (rires) Pour continuer cette interview, je te propose de sortir le jeu “Questions de merde” Je tire 3 cartes, prêt? Toujours. Voici les questions de la première carte: Quel est le meilleur moyen pour développer sa culture générale? Éteindre sa télé et ouvrir des livres. Quelle petite attention te rend heureux? Quand on me laisse le dernier carré de chocolat. Qu’est ce qui te met de très bonne humeur? Les gens qui prennent le temps d’écrire une critique positive, ou un mot gentil, sur Internet. Voici les questions de la deuxième carte: Quel est le pire moment pour dire “Je t’aime”? Tout dépend à qui tu le dis, mais j’ai plein de situations horriblement inadaptées qui me viennent, là. (rires) Où faut-il se cacher pour gagner une partie de Cache-Cache? Ah ouais, c’est vraiment des questions de merde. Cherche pas, je ne te donnerai pas la réponse que tu attends. Mais tout le monde sait à quoi on pense en premier quand on entend une question comme ça… (rires) Quel nom est particulièrement con pour un animal de compagnie? Adolf, de façon assez générale, ou sinon Podpaille, Pomelon ou Pomou pour un chat. Voici les questions de la dernière carte: Pour quel genre de vidéo aimerais-tu atteindre des millions de vues sur Youtube? Ça va être un peu chiant comme réponse, mais sans doute un truc qui éveille les consciences et qui motive les gens à développer leur esprit critique personnel, au lieu d’une sorte de conscience collective qui est aujourd’hui plus que jamais un cancer de la pensée. Je t’avais dit que ce serait chiant. Quelle est la devise de ta vie? N’aie pas peur de donner de l’amour, c’est une des rares choses qui ne diminue pas à mesure que tu la partages. Y’a aussi “Comme on dit chez moi, si t’as rien à dire, ferme ta gueule.” de Joey Starr,  mais c’est tout de suite moins glamour. Je te donne une batte de Baseball. Qu’as tu envie de péter en premier? La batte. Comme ça on évite de cultiver la violence. Mais en même temps je viens de casser un cadeau, et ça va sans doute te rendre triste. Arf. Dilemme. Je suis obligé de casser un truc ? Je peux pas créer, plutôt ? Genre un jeu avec une batte. Question Bonus: Qui aimerais tu que j’interviewe après toi et quelle question lui poserais-tu? Camille Boissel, l’auteure de Nebula. Et ma question serait, parce que je sais qu’elle attache de l’importance à l’aspect culturel de ses jeux : “Penses-tu que le jeu qui a aussi pour vocation de cultiver les gens, de leur ouvrir de nouvelles portes, soit forcément une niche, ou qu’il représente l’avenir du jeu de société ?” Merci infiniment, Phil, d’avoir répondu à mes questions! J’ai hâte de découvrir ton prochain jeu! Merci à toi, pour ce partage et au plaisir de se retrouver autour d’un jeu un de ces jours.
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tiabalacey · 4 years
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1-18
Un arbre flou. Mon ombre plonge dans de nombreuses années et remonte à la surface en prenant ma main. 
1 AN Monter les escaliers avant même de savoir marcher.
2 ANS  Sensations garanties sur les jeux à ressort des parcs. Frayeurs de papa. Épuisement du cheval. Endommager les installations. 
3 ANS Faire des ballades en brouette. Madagascar, toujours sur les épaules de papa. 
4 ANS Initiation cirque à l’école de cirque de Capbreton. Souvenir de mon corps qui rebondit sur le trampoline. Vouloir faire du cirque. Inscriptions surbookées. Maman dit “plus tard”. Voir le spectacle du Festival Européen de Saint-Paul les Dax, les lions, les clowns, les trapézistes, l’odeur du cirque. Franchir un volcan à Bali presque toute seule. Fierté de mes parents. 
5 ANS Des dessins de cirque, d’éléphants et de souris à l’école maternelle. Des copines qui trouvent ça trop beau. Maitresse aussi. Faire du vélo sans les petites roues. Apprendre à nager.
 6 ANS Le livre “l’imagerie du cirque” comme cadeau après mon opération des amygdales. Spectacle de fin d’année où les CM2 faisaient du cirque. Fan des jeux à l’élastique. Premier concert d’Henri Dès. Du surf avec papa.  
7 ANS Des roues, des ponts et des fleurs de piquets à la cours de récréation. Des lignes de souplesses arrières avec ma voisine Lorie dans le jardin derrière le magasin de maman. “Juliette va au cirque” s’ajoute à ma collection des Juliette. Année corde à sauter à l’école, la mienne comptait les tours. Deuxième concert d’Henri Dès. Des descentes en roller et des chutes à vélo avec papa. Toujours des bobos aux genoux. Des cabanes dans les arbres avec les cousins.
8 ANS Carnaval. Une parade de l’école Alex Galaprini. Les filles faisaient des vagues arrière en costume bleu à paillettes. Fascinée. Toujours des roues, des ponts, des fleurs et des souplesses arrière à l’école. Je sautais jusqu’au 4ème barreau. Des spectacles crées avec les cousins dans la cabane de chez mamie.. Maman m’avait offerte un set de jonglage. Troisième année de natation. Me créer une bulle, la tête dans l’eau. 
9 ANS Plongée-sous-marine en Tunisie. Entendre sa respiration sous l’eau.  Premier spectacle d’Arlette Gruss offert par mamie à Bordeaux. Colonie de cirque à Aire-sur-l’Adour. Fill de fer et de acrobatie. 
10 ANS Inscription à l’école de cirque Alex Galaprini. Machine de barbe à papa à Noel. Premier spectacle de mini-tramp. Deuxième spectacle. Boules et trapèze en justaucorps bleu turquoise. Maman et papa sont venus me voir. 
11 ANS Niveau des grands. Monocycle à Noel. Et tout pour faire du dessin et de la peinture. Exposé à l’école où j’avais présenté le cirque avec déjà beaucoup d’enthousiasme et de convictions. Ouverture du Festival Européen de Saint Paul les Dax. Je marchais en pont sur les bordures de piste. Des paillettes, des répétitions. Émerveillée. Numéro de cerceau aérien d’une fille qui s’appelait Camille de l’école de Cirque de Bordeaux. Deuxième spectacle d’Arlette Gruss pour mon anniversaire par mamie. 
12 ANS Le début de nombreux spectacles pour les maisons de retraites, les marchés de Noel, les CE, quasi tous les week-ends. Rondade Flip sur la piste au Festival Européen. S’entrainer pour avoir mes grands-écarts. 
13 ANS Aller au cirque pour être avec mes copines. Refus en flip et salto. Début des blocages. Maxime Steffan en Bart Simson, saxophone et boule. 
 14 ANS Entrée dans la troupe de Galaprini. Rebellions. Le début des cours “chelou”, “le cirque c’est pas du théâtre”. Spectacle le Repas du Cheptel à Capbreton. Les 25 ans de l’école. Deux soirs, deux spectacles. Succession de chute au fil. Honte, tristesse. Participer à la petite création des anciens élèves de l’école (Cirque Leroux et la Cie Bam). Les voir se changer en coulisse. 
15 ANS Premier solo d’acrobatie. U-turn de Lili Aaron. Beaucoup de stress et trou noir sur scène. Un des plus beaux retours de ma vie lorsque la maman de William Thomas m’a dit “tu m’as mis les larmes aux yeux”. Rencontres régionales de la FREC Aquitaine avec Mael Thierry. CIRCA!! This is the end du CNAC!!!!! Première immersion dans ce monde. Nouvelles formes de cirque (Johan Le Guillherm), nouvelles spécialités, ateliers au Pop Circus, jouer dans la salle Bernard Turin, pirouettes dans les gradins du plateau national. Des étoiles pleins la vue.  
16 ANS Participation à la nuit du Jeune Cirque Aquitain. Plateau national? Freedom ou les jumeaux Enriquez? Choix difficile. Grosse déception. Spectacle à la piscine d’Aygueblue. Mélanger cirque et natation synchronisée. Des agrées sur l’eau, se déplacer en paddle, première fois que je mettais des faux cils, sauter dans le bassin à la fin du numéro. Festival des Rencontres Enchantées l’été. Début des spectacles de rue pour se financer Auch. Circa en scènes ouvertes. Aital, Le grand C, Trottola, Circa Tsuica, Klaxon, Nous sommes pareils à ces crapauds qui.... Un si grand élan. Le début du Young Circus. Le début d’une grande histoire d’amour. 
17 ANS   Young Circus à fond. Trouver un lieu, faire des demandes, créer. Spectacles de rue l’été. Quelques festivals de proximités. Initiation cirque dans les campings. Déambulations de AOC dans les rues de Capbreton. Le clip de Sia. Feeling good de la Cie Bam. Incarnation. 
18 ANS Avenir, choix, post bac. Cirque ou Prépa CBPST? Année charnière. Beaucoup d’enjeu. Bac, permis, admission parcours sup. Muscu en plus, souplesse, pompes et abdos dans la chambre de l’internat tous les matins. Beaucoup de doutes, de peur, et de méfiance. Beaucoup d’inconnu et peu de valorisation. Permis. Concours à l’École de cirque de Bordeaux. Sélectionnée directement. Bac. Admission Prépa CBPST. Choix. Cirque. Fil de fer et acrobatie. Toujours Young Circus l’été. Toujours initiation cirque dans les campings. Septembre. Chamboulement à l’ECB. 
Un premier début....
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loup-venant · 7 years
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Les voyages en train
Les voyages en train, c’est quelque chose qui me manque. J’ai pas toujours choisi ma destination. Parce que le travaille oblige. J’ai pas non plus choisi qui serait dans le wagon. Prononcé à la belge, avec un “W”.
Mais ils sont là, tous. Cet enfant qui se rend à l’école, et qui ne connait personne. Et regarde ses pieds, ne trouvant pas le courage d’affronter sa curiosité d’explorer le monde autour de lui. J’étais comme lui à son age
A coté de lui, coté fenêtre, une fille à la vingtaine, des écouteurs dans les oreilles, écoute passionnément le dernier titre de son artiste préféré. Celui qui mystérieusement lui rappelle la personne qui lui est chère, dans cette période de sa vie. Elle regarde par la fenêtre, l’obscurité de la nuit en ce tôt matin d’avant cours d'un mois d’hiver. Elle a chimie en première heure, avec un test sur la matière du mois qui vient de passer. Mais tout ce qu’elle voit sont les arbres qui défilent un à un à toute allure. Quand je ne les observent pas, eux tous. Je fais comme elle. Et parfois remarque celui là, qui a des branches comme ça, ou comme ça. Ou cette brouette, qui n’était pas là ce matin, dans le jardin quand on a passé le pont.
En face, une femme regarde son téléphone. L’heure n’a pas beaucoup changé depuis deux minutes. Mais elle continue d’espérer. Le dernier message reçu vient de son père, qui lui confirme qu’il se rendra bien à la dialyse. Qu’il est désolé d’avoir fait tout se foin.
Adossé, et de l’autre coté, deux garçons discutent de leur sortie du weekend. L’un est allé avec sa copine à la mer. Il faisait froid, mais elle était belle et c’est tout ce qui compte. Aucun regret et moi je l’envie.
L’autre à joué au dernier Assassin’s Creed, une vraie tuerie. Mais c’est vrai que c’est un peu répétitif. Et je le comprends, j’ai pas encore fini le troisième, ni n’ai pris le temps de m’intéresser au contenue additionnel.
Personne ne s’est assis en face d’eux. Ils occupent tout l’espace avec leur sacs et leur attitude. Enfin, jusqu’à cet arrêt où cet homme est monté, s’est assis. Après avoir déposé sa canne, il a ouvert son sac, et a commencé à lire son livre. Ce n’est pas le premier, ni le dernier. D’ailleurs il va certainement devoir bientôt acheter une nouvelle bibliothèque. Les siennes commencent à débordent. Son livre parle d’un autre monde. Avec des dragons, je n’ai pas retenu le titre, mais lui avait l’air passionné. J’étais envieux.
De l’autre coté se trouve une fille, qui discute avec ses deux amies. Elle ne sait pas ce qu’elle va faire le weekend prochain. Elle veut vraiment prendre son courage à deux main et commencer des études pour devenir scénariste, mais elle a peur de ne pas être assez compétente. Sa mère ne lui permettrait pas. Elle devrait plutôt chercher un travail, et prendre sa vie en main, lui a-t-elle dit.Ses copines l’encourage à suivre son cœur. Et bien qu’elle ne comprends pas pourquoi sa mère ne l’encourage pas à se réaliser, essayer ce qu’elle rêve de faire. Elle sait déjà où elle va postuler, et quelle école elle ne fréquentera pas. J’aimerais être là, et lui dire, fait pas ça.
Ses amies. L’une brune, avec de jolies joues un tantinet gonflées, et des yeux à tomber. Plus rayonnante que ce qu’elle imagine. Elle, elle étudie l’art. Peint un peu, même si elle n’aime pas faire que ça. Je ne la connais pas, la désire déjà. J’imagine nos enfants, ce qu’on leur apprend. On a vécu ensemble, jusqu’à ce qu’elle parlent de son copain. Après quoi je l’ai imaginée heureuse, et moi l’envie de ne pas m’imposer dans sa vie. Même si j’en mourrais d’envie. L’autre, elle était rousse. Avec des boucles, avec des tâches. Le nez pointu, les lèvres hautes. Elle sautait du haut d’un rocher, et tombais dans mes bras. On avait couru toute la matinée. A qui fatiguerait le premier. Elle rigolait à penser que j’avais pu être charmé, par ses yeux, par son nez, et son incroyable talent d’être elle même, aujourd’hui et hier. Puis elle a parlé de Cédric, qui l’avait embrassé sur la joue, et elle ne savait que faire. Et moi sur le coté, par la fenêtre, je lui souhaitais le plus beau des bonheur, avec Cédric ou quiconque, d’ailleurs.
Les nuages étaient bas. On ne voyait bien que ça. A part bien sur les arbres, que Julie regardait attentivement. En écoutant ce morceau si cher. Mathias, après avoir longuement regardé ses chaussures, leva la tête, et dirigea en ma direction, ses yeux marrons et son indiscrétion.
Ces gens, je les ais tous jugés, j’ai pas de bonne raisons, j’ai juste suivi mes pensées. Ces filles je les ai toutes aimées, le temps d’un songe, d’un rêve. Si par chance j’en trouvais une qui souhaitait m’adresser la parole, je serais enjoué, enthousiaste. Je me souviendrais de nos voyages, de nos premiers baisers, de ce soir où on a décidé d’avoir notre premier enfant. Et de ces années passées à encore s’apprivoiser. Moi sa confiance, elle ma liberté. Je ne saurais quoi lui dire. Un bonjour, une blague, pour son sourire. Et puis elle me dirait, entre sa fac de droit, et son histoire de bras cassé en vacances l’été dernier. Qu’elle sort avec Timothé, il beau, et grand, et plein de curiosités. Je me retrouverais, à nouveau, face à ma solitude. Incapable de faire face à cette fille, pleine de charme, pleine de vie. Incapable de voir en elle une future amie après la vie qu’on avait vécu ensemble dans mes rêves, bien qu’elle soit toute Elle, j’aurais perdu l’envie, malgré moi. Je ne sais pas pourquoi, et alors je doute. Était-ce pour son corps ? Était-ce pour le miens ? Puis finalement je me souviens, je suis tombé amoureux de son regard, de ses mots , pas de son lit, ni du miens. C’était notre premier rendez vous, je suis perdu, qu’en pensez vous ?
Moi je savais pas, je t’avais juste vu dans le train. T’étais souriante, avec l’air sure de toi. Je t’avais demandé l’heure, puis ton prénom. Car le contrôleur était passé, il avait douté de la validité de mon ticket, remettant en cause mon age du à ma barbe. Ça t’avais fait rire. Moi j’avais du sortir ma carte d’identité. T’avais l’air d’être sympathique, et une belle opportunité. D’avoir une belle histoire, jusqu’à l’éternité.
Désolé, j’ai l’impression de t’avoir importuné, tu ne réponds pas à mes attentes. Et moi au tiennes. Tu cherchais un ami, et moi une fille. Autant se quitter tout de suite. Maladroit que je suis, sans te laisser le temps de comprendre, tu m’oublieras vite, et moi, j’ai j’aurai juste pris la fuite.
Aujourd’hui j’ai une voiture. Je ne les vois plus que de loin, toutes ses histoires. Toutes ces personnes, mais quand je croise une fille, je ne peux m’empêcher d’imaginer, toutes les possibilités.
Alors les voyages en train, aussi long qu’ils furent, cruellement me manquent. Et toi, tu te rappelles que d’un garçon, qui comme tous tes autres, était juste con.
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niyaplt · 5 years
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Je sens que j'arrive à ma limite de l'aquarelle quotidienne... je vais peut-être m'arrêter sur celle-ci plus que médiocre.. mais je ne pouvais pas passer à côté de Laàs où nous étions hier. Laàs, c'est une principauté... elle a un château, un passeport, une douane... son boulevard des étoiles avec toute les célébrités qui y viennent chanter... et son grand prix ! Les 3 heures de la Brouette ! C'est un petit village qui a plein d'humour et où on a passé vraiment une super journée (geocaching et château des énigmes) et soirée à encourager les équipes valeureuses qui ont couru pendant 3 heures en relais en poussant une brouette ! Tout ça au son de la cornemuse d'un groupe pseudo écossais en kilt ! Si vous passez à Laàs l'année prochaine à cette période, allez-y ! #brouette #vivalaasvegas #laasvegas #laas #course #principaute #bearn #pyreneesatlantiques #nouvelleaquitaine @bearndesgaves #aquarelle #watercolor #painting #dessin #defi #carnetdete @cendrilene https://www.instagram.com/p/B1mYfH6CdKd/?igshid=ow2ujv2gpg7b
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