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Nocturnal Animals (2017)
Les deux bandes-annonces mises en ligne réussissent à nous masquer avec brio la double intrigue d’un thriller qui n’en est pas tout à fait un. 
[ATTENTION: le film étant sorti il y a peu, je préfère prévenir que les spoilers sont nombreux]
Il y a une maîtrise et un goût de l’esthétique évident chez Tom Ford, styliste et réalisateur cette année de Nocturnal Animals, adapté d’un roman d’Austin Wright. Couleur, lumière, cadrage... chaque plan semble être millimétré et calculé pour servir un objectif particulier. Cette quête de la perfection visuelle est parfaitement retranscrite dans les deux trailers du film, brillamment trompeurs.
Pour mieux comprendre cela, j’ai fait deux lectures des trailers et analysé d’abord ce que l’on entend, puis ce que l’on voit.
«Je lui ai fait quelque chose d’horrible»
Commençons donc par les dialogues choisis pour la première bande-annonce.  Le premier trailer, publié le 15 septembre dernier, nous présente le personnage de Susan Morrow, interprétée par Amy Adams. Au détour de quelques phrases, on comprend alors que Susan vit seule, ou souffre de la solitude, et qu’elle ne compte plus ses nuits sans sommeil, perturbée par son ex-mari. Ce dernier vient de lui envoyer un livre «violent et triste» appelé Nocturnal Animals, surnom qu’elle avait quand ils étaient encore ensemble. On entend alors Susan dire qu’elle lui a fait «quelque chose d’horrible» par le passé. 
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Un autre homme, que l’on devine être Edward, l’ex-mari interprété par Jake Gyllenhaal, est alors montré en train de discuter avec un policier qui lui propose de rendre justice. «Vous êtes fous, vous faites une grosse erreur», lance alors un autre personnage secondaire inquiétant à Edward, avant de dire, dans un autre plan: «Ce n’est pas grave de tuer quelqu’un, vous devriez essayer à l’occasion». La musique commence alors à s’emballer et tout laisse penser que l’ex-mari veut alors se venger, faire payer à son ex ce qu’elle lui a fait subir. «Tu ne peux pas t’en tirer après ce que tu as fait», lance Gyllenhaal à la fin du trailer. Si l’on se fie donc aux dialogues, Nocturnal Animals un thriller romantique où la vengeance est au cœur de l’intrigue. 
Ce sentiment est évidemment parfaitement servi par une avalanche d’images inquiétantes, donc voici une sélection commentée avec les impressions données lors du visionnage: 
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Une main d’homme marié ensanglantée. Edward?
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Deux femmes rousses, sûrement une fille et sa mère, se font enlever. Susan et sa fille? 
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Edward est-il sur le point de tuer quelqu’un? 
Cette hypothèse de vengeance meurtrière est renforcée par le second trailer, sorti le 21 octobre, qui en dit plus sur l’histoire d’amour qui a tout déclenché entre Susan et Edward et renforce l’idée d’une trahison et d’un besoin de revanche. Il est intéressant de noter que les médias, dont les critiques sont reprises par extraits dans cette bande-annonce, participent à cette vision du film. «Un thriller émotionnel extrêmement intelligent», écrit le Daily Mail avant que Variety fasse du film une fable sur «l’amour, la violence et la vengeance». 
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Un film dans le film
Sauf que, génie du montage, ce thriller policier n’existe pas dans le film, ou du moins pas réellement. Toutes les images de violence ne sont en fait que l’incarnation visuelle du roman envoyé par Edward à Susan, qui lit cette histoire dans sa maison vide. 
On comprend alors à quel point Tom Ford et les réalisateurs des trailers nous ont berné. Jake Gyllenhaal joue bien le rôle d’Edward, ex-mari de Susan. Mais il joue aussi celui de Tony, héros du roman d’Edward, deux personnages que Susan confond dans son esprit, et nous avec dans ces trailers.
On réalise également assez vite que Susan passe la plupart de son temps dans son lit ou à la galerie où elle travaille, pas dans le mystérieux décor désertique où le thriller du roman se déroule. Dans le roman «Nocturnal Animals» mis en abyme dans le film Noctunal Animals, c’est Isla Fisher qui joue Laura, la femme de Tony/Edward, pas Amy Adams. Isla Fisher qui, vous le remarquerez, n’est pas annoncée à la fin des bandes-annonces. Et ce n’est pas un hasard non plus si le roman sur lequel est basé le film, publié en 1993 par Austin Wright, s’appelle Tony and Susan, mêlant ainsi personnage «réel» et personnage «fictif». 
Pour mieux comprendre, je vous ai fait un petit schéma d’une qualité artistique sans égale. 
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Le tour de passe-passe pour nous faire confondre Isla Fisher (qu’on entraperçoit dans le trailer) et Amy Adams est d’autant plus fascinant que les deux actrices sont parfois qualifiées, un peu facilement, de sosies l’une de l’autre. Après tout, si on les confond, c’est qu’il y a peu d’actrices rousses à Hollywood. La confusion est même devenu un jeu pour Isla Fisher qui en remplacé une fois son visage par celui de sa consœur sur ses cartes de vœux... sans que personne ne remarque la différence. 
C’est grâce à cette «ressemblance» que l’équipe marketing du film a pu construire un trailer qui se tient en mêlant les deux histoires du film, qui n’ont pourtant en commun que le double personnage incarné par Jake Gyllenhaal. Le meilleur moment des trailers pour s’en rendre compte tient à une succession de plans, que j’ai extraits ci-dessous, où l’on croit à tort que Susan est sous le coup d’une menace physique. 
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Et voici comment, en quelques coups de ciseaux, on fait croire que Nocturnal Animals est une histoire de vengeance pour attirer le public et lui faire réaliser, une fois dans la salle de cinéma, que le film est bien plus que cela. 
BONUS: je vous conseille fortement cette petite analyse des «deux» fins du films, fascinantes à bien des égards.
Merci de m’avoir lu ! Comme d’habitude, toutes les remarques, conseils, demandes, sont bienvenues. A très vite ! 
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Batman v Superman (2016)
Les trois trailers de ce film sont fascinants car ils nous vendent un affrontement qui n’a pas vraiment lieu. 
Par chance pour Zack Snyder, réalisateur de Batman v Superman, le pire film de super-héros de l’année n’était pas le sien, mais celui de son camarade David Ayer, l’infâme Suicide Squad. Et pourtant, le long-métrage de Snyder est sorti en mars 2016 est truffé de défauts, à commencer par le plus important: l’affrontement Batman contre Superman dure moins de 10 minutes sur les presque trois heures de films (j’ai chronométré) et ne prend fin que lorsque les deux musclés réalisent que leur maman ont le même prénom.  Oui oui. 
En fait, le véritable affrontement du film tourne autour d’une espèce de Tortue Ninja en quête de Biactol. Cette fois, l’affrontement dure 16 minutes (là encore, j’ai chronométré).
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Un tournant décevant quand on regarde les trailers et que l’on fait la liste des éléments qui nous ont complètement survendu la promesse du titre du film. 
Dans le premier trailer, présenté au Comic-Con en 2015, il faut attendre la toute fin pour obtenir un aperçu. Après un premier plan montrant effectivement un Batman écrasant Superman de tout son poids, le montage de ce qui vient après est très intéressant. 
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Des flammes, des ruines, l’usage de la vision laser... Cet enchaînement de plans nous fait croire que la bataille entre les deux héros dégénère. Sauf que voici ce qui se passe réellement dans le film au moment de ces deux plans. 
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Ci-dessous, même problème. Je n’ai pas retrouvé le plan de Superman dans le film (ce qui arrive souvent, on l’a vu avec Star Wars VII) et l’arrivée fracassante de Batman vise en réalité à sauver la mère de Superman, alors retenue en otage par des malfrats. 
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La seconde bande-annonce (et dans une moindre mesure la troisième) reprend les mêmes mécanismes, mélangeant champs et contrechamps trompeurs pour nous faire croire à un affrontement qui n’a pas lieu. Les réalisateurs de la bande-annonce sont même jusqu’à aller reprendre un rêve prémonitoire (mais non réel) de Batman pour laisser penser que Superman le démasque. Dans le même cauchemar, on voit même le chevalier noir tuer ses ennemis, acte impossible pour le héros. L’équipe marketing auraient pu s’en servir hors contexte dans les bandes-annonces, mais ne l’a pas fait pour éviter toute polémique auprès des fans. 
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Fort heureusement, le monstre est présenté en toute fin de bande-annonce, permettant de teaser plus correctement le tournant final du film et la réconciliation entre les super-héros, bien aidés par Wonder Woman.
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La campagne marketing autour de Batman v Superman ne fait pas que retarder l’aveu d’un affrontement final avec un monstre, elle nous induit en erreur sur son contenu réel, en pleine contradiction avec le titre. Tous ces éléments peuvent paraître anodins, d’autant plus que la réconciliation finale est largement prévisible. Mais mis bout à bout, ils nuisent à la promesse du film et alimentent le mensonge sur la guéguerre entre le milliardaire et le Krytponien.  
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TUTO #1 : Attention aux musiques de trailers
[De temps en temps, pour varier un peu les contenus proposés ici, je ferai ce que j’appelle de manière exagérée des «tutos». Cela concernera toujours les bandes-annonces, mais plutôt que d’en analyser une en particulier j’évoquerai des modes, des mécanismes que l’on retrouve dans plusieurs d’entre elles. Voici donc le premier «TUTO», consacré à la bande-son des trailers. Comme à chaque fois, n’hésitez pas à me faire vos retours, merci et bonne lecture !]
Il y a quelques semaines était mis en ligne le trailer du très attendu (ou redouté, c’est selon) Valerian, adaptation par Luc Besson de la célèbre bande dessinée de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières (qui au passage aurait grandement inspiré Star Wars). 
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Sur mon fil Twitter à l’époque, tout le monde faisait part de son impatience (ou de sa méfiance), mais un échange en particulier m’a interpellé. Assma Maad, journaliste chez Buzzfeed France, expliquait avoir particulièrement aimé l’usage de Because, des Beatles, dans la bande-annonce de Valerian. Daniel Andreyev, co-animateur du podcast After Hate contributeur chez Slate.fr, lui avait alors répondu que cette technique est un piège, qu’il faut l’enlever «mentalement» pour juger l’aperçu du film.
Cette remarque est très intéressante car les bandes-annonces qui attribuent autant de place à la musique qu’au contenu du film sont extrêmement nombreuses. Et Logan en est l’exemple parfait ces dernières semaines. Le film est très attendu car il s’agit de la dernière fois que Hugh Jackman enfile les griffes pour interpréter Wolverine. Les fans ont donc adoré la musique qui accompagne le trailer, le génial Hurt, de Johnny Cash («hurt» ou «blessé» est d’ailleurs une belle métaphore de l’état de Wolverine dans le film puisqu’il ne semble plus pouvoir cicatriser ses plaies).
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Au fur et à mesure des notes, on sent la tension du film monter sous nos yeux. Le résultat n’appelle qu’une réaction: 
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Mais il faut se méfier de ces trailers qui se transforment en clips, où le contenu réel est enrobé d’une musique culte qui ne sera peut-être plus là dans le montage final, mais qui influence déjà notre préjugé sur le film. On ne regarde plus une bande-annonce de film, on regarde une danse où les images s’inclinent devant la musique. Musique dont la tonalité est souvent en contradiction avec le ton du film. Ce mécanisme marche souvent, mais cela peut aussi devenir problème s’il cache un mensonge sur le contenu.
 L’exemple de la bande-annonce de Suicide Squad, sortie en janvier dernier dont j’avais déjà parlé dans un post précédent, est frappant à ce titre. Les images ont été montées au rythme de Bohemian Rhapsody, chanson de Queen que l’a Terre entière idolâtre. Comment ne pas aimer ce trailer si la musique de Freddy Mercury et de son groupe l’anime tout le long?
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À l’époque la hype était à son maximum et tout le monde mourrait d’impatience de voir le film. Une autre bande-annonce, ou plutôt un clip puisque Warner l’a appelé «remix», avait également fait parler de lui au Comic Con 2016. Aujourd’hui, avec le recul, on a juste envie d’oublier le film et de saluer la performance des réalisateurs de la bande-annonce, qui ont réalisé le meilleur montage possible avec du contenu extrêmement pauvre.
Cette méthode n’est évidemment pas nouvelle et cache parfois de belles réussites. Par le passé, le trailer de Gatsby le Magnifique (2012) appuyait son esprit faste et festif en débutant avec No Church In The Wild, de Jay Z et Kanye West. Pour l’une des bandes-annonces de Marie-Antoinette en 2006, Sofia Coppola créé un autre anachronisme très intéressant en utilisant Age of Consent de New Order. American Beauty excellait en 1998 grâce l’usage de Baba O’Riley des Who, dont l’intro marcherait pour n’importe quelle bande-annonce quand on y pense un instant. Le mécanisme est rôdé depuis si longtemps que, l’année dernière, l’équipe marketing de 10 Cloverfield Lane a décidé d’en jouer en utilisant le réjouissant I Think We`re Alone Now, de Tommy James & The Shondells, pour lui apporter une connotation de plus en plus angoissante au fil des secondes. Une vraie réussite d’autant plus que la bande-annonce ne ment pas: 10 Cloverfield Lane est un huis clos angoissant.
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Mais il faut garder en tête qu’une bande-annonce est là pour nous convaincre de venir voir le film, et la musique est une technique parfois malhonnête pour y arriver. Voici donc une liste rapide de films dont la sortie est prévue pour les mois qui viennent. Je vous conseille de les regarder sans la musique, quitte à rajouter les sous-titres pour suivre les bribes de dialogues. Je suis sûr que votre attente sur ces films changera.
-Logan (Johnny Cash avec Hurt)
-Valerian (les Beatles avec Because)
-The Lego Batman Movie (Wiz Khalifa avec Black and Yellow, Three Dog Night avec One Is The Loneliest Number et un remix electro de We Built This City, de Starship)
-Fast and Furious 8 (Bassnectar avec Speakerbox)
-Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 (Fox On The Run de Sweet, mais ce film a une B.O. rock très importante, c’est même sa marque de fabrique et un pilier de de la saga, donc on lui pardonnera)
-Fifty Shades Darker (Une reprise par Miguel de Crazy in Love de Beyoncé)
Sur ce dernier trailer, un moment m’a particulièrement marqué. Enlevez la musique sensuelle et votre expression faciale sera identique à celle de cette femme, qui retranscrit parfaitement notre malaise face à cette scène de l’ascenseur.
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BONUS: Je voulais aussi dire que la musique originale d’un film peut se révéler être le meilleur argument de vente dans une bande-annonce. Ainsi, dans le trailer de Moonlight, dont la sortie est prévue le 1er février en France, on retrouve l’une des magnifiques compositions de Nicholas Britell, qui l’ont devait la B.O. de 12 Years a Slave ou The Big Short. 
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Premier Contact / Arrival (2016)
[Attention, le film étant sorti il y a peu, je préfère prévenir qu’il y a aura beaucoup de spoilers dans ce post.]
Rarement un film m’a donné envie de le revoir immédiatement après un premier visionnage. C’est pourtant ce qui est arrivé avec le génial Premier contact (Arrival en VO), huitième long-métrage de Denis Villeneuve à qui l’on doit Prisonners et plus récemment Sicario. On y suit le travail d’une linguiste, interprétée par Amy Adams, chargée de décrypter le langage d’extra-terrestres venus se poser un peu partout autour de la planète. L’inquiétude des gouvernements étant de savoir que ces êtres venus d’ailleurs ont pour objectif de détruire la Terre ou s’ils veulent simplement goûter les bubble tea à la mangue. 
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Pourtant, ce qui suit n’est pas aussi simple.
Très vite, on comprend que Premier contact n’est pas un film d’extra-terrestres, ou du moins seulement en apparence. Il parle avant tout des Hommes, de leurs difficultés à communiquer et à coopérer entre eux et de leurs choix face à leur destin commun et individuel. Il est difficile de résumer le dénouement, mais les extra-terrestres étaient venus en réalité sur Terre pour donner aux humains la capacité de voir leur future et donc d’éviter que leur espèce, et celle de leur bienfaiteur, ne disparaissent dans les millénaires à venir. Une intrigue très différente des nombreux blockbusters où les visiteurs sont, dans 90% des cas, une menace pour l’humanité. 
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Pourtant, quand on visionne les quelques bandes-annonces mises en ligne dans les mois précédents, la posture marketing est sensiblement différente. 
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Publié le 16 août après un spot TV similaire, ce trailer présente bien les personnages principaux (le trio Adams-Whitaker-Renner) et l’enjeu de base du film: comprendre les intentions des visiteurs. On peut même dire que le début suit assez bien le fil conducteur du film, jusqu’au «premier contact». Mais assez vite, à coup d’images chocs et de phrases d’accroches bien choisies («Elle est la seule à pouvoir découvrir le secret de notre survie»), le trailer propose une tension bien différente de celle du long-métrage. Dans les 20 dernières secondes, on entend les mots «guerre mondiale», «le pire» et l’on voit des images qui laisse croire à un affrontement tel qu’on le voit dans les blockbusters. Les voici ci-dessous, annotées avec le contexte réel du film, souvent très différent de ce que laisse croire la bande-annonce. 
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Ces personnes ne fuient pas les extra-terrestres, qui restent immobiles, mais plutôt le chaos provoqué par leur présence. Des magasins sont pillés et des affrontements entre humains ont lieu un peu partout autour du monde, notamment après une crainte infondée de contamination biologique. A ce moment-là du film, les visiteurs n’ont toujours pas montré un seul signe d’hostilité. 
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Cette image correspond à la décision de la Chine de poser un ultimatum au vaisseau avant de faire usage de la force. Ils ne vont pas l’affronter, mais simplement se positionner. 
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Ces basculements successifs des vaisseaux, que l’on voit dans les trailers, n’auront pas d’explication réelle dans le film, ni d’impact sur la menace vis-à-vis de la Terre, si ce n’est un nouveau mouvement de panique. 
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Ces images sont très intéressantes car elles laissent croire que les extra-terrestres ont mené une série d’actions violentes. Alors que, en réalité, l’explosion a été provoquée par des soldats dissidents à l’intérieur du vaisseau et que les hommes ci-dessus cherchent plutôt à arrêter l’héroïne lorsqu’elle refuse d’obéir aux ordres.
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Etant donné le montage, on pourrait croire que le vaisseau passe en phase d’attaque. En réalité, et on le voit furtivement sur l’image, il commence à s’évaporer. A ce moment-là du film, les visiteurs repartent chez eux. 
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Le plan final du trailer est très important, c’est l’image qu’on garde en mémoire. Sauf que ce plan, qui montre des hélicoptères chinois en train de faire feu près de Shanghai, n’existe pas dans le film. Certes, il est courant que le montage final ne garde pas toutes les scènes des trailers, mais montrer ici un affrontement lourdement armé va carrément à l’encontre du déroulement du film. A aucun moment l’armée chinoise a fait feu contre le vaisseau. Finalement, avec le recul, on se rend compte que cette bande-annonce concentre les principales scènes de tensions et de «violence» du film. 
Tout au long de sa campagne marketing (le trailer final va dans le même sens), Paramount vend donc un film d’affrontement, dans la pure tradition hollywoodienne. Il est difficile de cerner les intentions de la major, mais on comprend aisément qu’il était plus facile pour eux de vendre un film d’action et de menace, genre qui a déjà fait ses preuves par le passé, plutôt qu’un questionnement de la nature humaine face à ses différences et son destin, aussi fascinant soit-il. Cela a permis de préserver l’effet de surprise du film, l’un des plus réussis de l’année dernière. 
BONUS: Premier contact est basé sur une nouvelle de Ted Chiang, «The Story of Your Life», dont la lecture permet de mieux comprendre tous les enjeux sur la temporalité du film. The Verge a, sur le sujet, écrit un article passionnant. 
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Suicide Squad (2016)
Difficile de ne pas donner à Suicide Squad le titre de pire film de l’année écoulée. Mais malgré des défauts innombrables, le film de David Ayer a tout de même réussi à dépasser les 700 millions de dollars au box-office. Comment? Là encore, je crois que la réponse se trouve dans la triste, mais efficace, campagne marketing en amont du film.
Sur Slate, j’avais déjà écrit un article sur l’overdose du marketing pop mis en place par la Warner mais je vais y revenir plus précisément ci-dessous, en m’appuyant évidemment sur les trailers et teasers de trailers.
Tout commence évidemment en juillet 2015 à la Mecque du blockbuster, le Comic-Con de San Diego, où David Ayer est venu proposer les images sombres d’un film sombre avec une des héros sombres. 
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Dans ce «First Look», trois choses ont, a postériori, retenu mon attention: l’ambiance générale du teaser (pas une seule blague et une photographie sombre, où les couleurs jonglent entre le noir de la nuit, le gris métallique et le rouge feu), la musique (volontairement inquiétante) et plusieurs passages qui n’ont pas tenu face au «final cut», en particulier l’apparition du très attendu Joker de Jared Leto.
Commençons par comparer l’ambiance des bandes-annonces et celle du film. Pour cela, rien de plus simple que de montrer la succession des logos, trailer après trailer.
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Rappelez-vous le trio colorimétrique: noir-gris-rouge
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Oh tiens, du bleu et du vert font leur apparition. Encore un petit effort et on a l’affiche de Vice Versa.
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En fait, Suicide Squad nous plongera dans les coulisses d’une Color Run. 
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Ha, la production a compris qu’il fallait se la jouer plus sérieux pour les connaisseurs du Comic-Con?
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Alors, pourquoi? Ce logo final est un triste mélange de logo fini aux Crayola et des armes aux graphismes 3D que l’on avait pas vu depuis les premiers Half-Life.
Et le reste n’est pas mieux.
Quid des blagues. Voici un décompte pour les quatre trailers cités juste au-dessus: 
First Look (3 min) : 0, rien du tout, pas un seul sourire ou en tout cas volonté de faire sourire. Trailer #1 (2 min 30) : 6 mais, et on y reviendra, la musique à beaucoup à faire dans cette histoire.  Blitz Trailer (2 min 30) : 10, presque autant que dans le film (je ne mens pas, le niveau est affligeant). Comic Con 2016 trailer (3 min) : 10 environ (mais je reviendrai sur son format spécial).
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Là encore, au fil des bandes-annonces, on remarque une tonalité beaucoup plus comique, enjouée, goguenarde, farfelue [insérer ici n’importe quel synonyme adéquat].  
Mais une tonalité largement aidée par la bande-son. On l’a vu dans le «First Look» du Comic-Con, la musique, où une voix de cathédrale accompagnait une flopée de violons, soulignait la noirceur des images. Il s’agit d’une reprise ténébreuse de I Started A Joke des Bee Gees, chanson aux paroles, il faut bien le dire, plutôt déprimantes malgré un accompagnement musical plus joyeux que la reprise du trailer. 
Et puis est arrivée la seconde bande-annonce, unanimement saluée par les fans et la presse spécialisée. Le tube planétaire de Queen, Bohemian Rhapsody, permet de souligner les traits d’humour et d’apporter de la légèreté à la violence des images. 
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Le montage tout entier du trailer est basé sur la rythmique de Queen: les coups de feu suivent le martèlement de la batterie et certaines blagues surgissent à contretemps, quand la musique s’interrompt. Un effet que l’on ne retrouve évidemment pas dans le film, qui, rappelons-le, n’est pas un clip musical comme le laisse entendre le trailer. Par exemple, dans le teaser, on pense que le fait que Captain Boomerang s’ouvre une cannette de bière est hilarant étant donné le contexte de guerre civile. Et bien, dans le film, ce passage-là, sans musique mais perdu au milieu de coups de feu, est d’une banalité déconcertante. 
J’y reviendrai dans un autre post, mais comme l’a très suggéré dans un tweet Daniel Andreyev, animateur notamment du podcast After Hate, il faut «enlever mentalement» la musique des trailers pour savoir si le film vaut le coup. Sans le brio de Queen et des réalisateurs de ce trailer, les blagues de cette bande-annonce apparaissent sous leur vrai jour, c’est-à-dire ridicules, comme dans le film. Le blitz trailer utilisera le même mécanisme, avec les chansons You Don't Own Me By (Grace en duo G-Eazy) et Ballroom Blitz (par The Sweet)... Et lors du Comic-Con 2016, le teaser montre un film qui n’en est plus un, il s’agit un clip musical, d’un objet pop acidulé monté en fonction du rythme de Sucker for Pain, par Lil Wayne, Wiz Khalifa... et Imagine Dragons. Warner Bros titre d’ailleurs sa vidéo «Soundtrack Remix»... 
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Le dernier point que je voulais aborder concerne, comme je l’avais fait avec Star Wars VII, les scènes des trailers qui n’apparaissent pas dans le film. On en compte une dizaine, et je ne les montrerai pas toutes étant donné qu’elles sont devenue un argument marketing pour les «extended cut», mais celles qui m’ont le plus marquées concernent le Joker, largement coupé au montage. 
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«I can’t wait to show you my toys» dans le trailer... 
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... devient «You gonna be my friend» dans le film. 
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Il semblerait que, dans l’histoire originale, le Joker ressurgit une dernière fois face à la Suicide Squad pour rendre hommage à Double-Face. 
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Ce gif a été repris partout... sauf dans le film. 
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Quelque chose de «fun»? Cara Delevingne n’avait visiblement pas lu le script du film en entier. 
Enfin, je voulais finir sur un détail important puisqu’il en dit beaucoup sur l’ambiguïté du film. Sur le site Reddit, un internaute a repéré une différence de taille entre le trailer Comic-Con de 2016 et un spot de promotion diffusé à la télévision américaine: dans le premier, la «culotte» de l’héroïne est plus courte que dans le second. La raison est simple: pour satisfaire les règles plus exigeantes de la télévision, la production a numériquement allongé la tenue. C’est un détail, mais il souligne le problème de l’hypersexualisation galopante du personnage d’Harley Quinn. Margot Robbie, son interprète, avait par ailleurs confié au New York Times qu’elle n’aimait pas porter ce costume... 
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Tous ces petits éléments, mis bout à bout, illustrent l’angoisse qui a régné chez Warner, inquiet à l’idée de voir un film trop sombre sortir sur les écrans après leur échec avec Batman V Superman et le succès de Deadpool et des Gardiens de la Galaxie chez Marvel. Les petits génies de Screen Junkies l’ont très bien expliqué dans leur «Honest Trailer» consacré au film. Trop vouloir se coller aux attentes du public et la mode est une règle malheureusement essentielle à Hollywood, mais Suicide Squad restera comme l’exemple parfait de l’échec à long terme d’une telle règle. On espère que Warner saura s’en souvenir à l’avenir, mais le trailer de Justice League laisse craindre le pire... 
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Star Wars VII : le Réveil de la Force (2015)
Etant donné l’actualité très «Star Wars» de la fin d’année 2016, à savoir le décès tragique de Carrie Fisher et la sortie de Rogue One, je ne pouvais pas passer à côté de cet univers. De grosses différences entre les trailers de Rogue One et le film en lui-même ont déjà été soulignées par certains sites, mais j’y reviendrai plus tard, une fois qu’il aura fait son chemin dans les salles. Aujourd’hui donc, je vais plutôt me pencher sur Star Wars: Le Réveil de la Force, le film le plus attendu de 2015 et certainement le mieux «teasé» de l’histoire.
Entre le 28 novembre 2014 et le 18 décembre 2015, jour de sa sortie aux Etats-Unis, pas moins de trente teasers, bandes-annonces, «sneak peeks» et spots TV ont été diffusés sur internet et à la télévision. Collés les uns derrière les autres, ces montages promotionnels forment un total de treize minutes de vidéos.
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Mais si l’on reprend chaque plan l’un après l’autre, ainsi que les différents dialogues et voix off, on note des différences notables entre les bandes-annonces et le film en lui-même. 
Voici donc une série de plans montrant les différences entre les bandes-annonces et la version du film, en particulier la toute première, avec à chaque fois un commentaire pour mieux comprendre le contexte.
En ce qui concerne le premier trailer, sorti le 28 novembre 2014, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne montrait rien ou presque du montage final. 
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Ha, tiens, dans le trailer on n’aperçoit pas le parachute. Une belle façon de garder le mystère sur l’arrivée de Finn sur la planète Jakku. 
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Ces deux plans du trailer n’existent pas dans le film, mais ils permettent de souligner rapidement l’atmosphère menaçante du trailer. 
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Ce moment est très intéressant car dans la bande-annonce on croit que Rey est menacée alors que dans le film, elle ne regarde pas derrière elle: elle repart simplement de sa journée de travail. 
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Aller de gauche à droite, un sens de lecture sûrement plus adéquat pour un public occidental ? 
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Dommage, le plan du trailer était magnifique. 
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Là encore, les deux héros n’apparaissent pas dans le trailer et Kylo «emo» Ren a encore sa capuche sur la tête. Montrer Rey et Finn ensemble face à Ren aurait donné trop d’indices sur le film. Cela permettait aussi de concentrer toute l’attention des fans sur le sabre en croix, inédit dans la saga. 
Le second trailer, sorti le 16 avril 2015, est important car il montre le casque fondu de Dark Vador et reprend une célèbre ligne de dialogue des vieux Star Wars.
Pourtant, là encore, il montre de nombreuses images absentes du film, notamment un plan des X-wings rebelles. Mais le plan manquant le plus important montre Maz Kanata donner le sabre laser de Luke à la sœur du Jedi, Leia. 
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Les deux personnages ne se croisant jamais dans le film, les fans se sont donc posés beaucoup de questions auxquelles le réalisateur J.J. Abrams a dû répondre lors d’une interview avec EW. La scène a bien été tournée et Maz suivait même les personnages vers la base rebelle. «Mais nous avons réalisé qu’elle n’avait rien à apporter là-bas d’important, à part s’asseoir dans un coin...» Au moment du trailer donc, le réalisateur avait une vision différente de la version finale du film. Mais le plan sera encore présent dans la bande-annonce japonaise, mise en ligne un peu plus d’un mois avant la sortie officielle.
Dans les bandes-annonces qui suivent, les détails qui nous interpellent sont toujours là, mais le montage du film avançant, ils sont moins nombreux, ou moins perceptibles. Dans le troisième trailer, on entend à nouveau la voix de Maz Kanata, mais avec des dialogues différents de ceux du film, avec pour objectif de nous faire croire à un lien de parenté entre Rey et les Skywalker (lien qui n’a pas été établi dans Star Wars VII). Dans un extrait du film mis en ligne le 22 novembre, Rey et Finn courent vers un vaisseau pour s’échapper de la planète Jakku. Dans le teaser, la scène est coupée juste avant que Finn évoque le Faucon Millenium, vaisseau légendaire d’Han Solo garé juste à côté de lui, afin de garder la surprise pour le public. 
CONCLUSION: Toutes ces petites manigances répondent à deux impératifs, l’un logique, l’autre beaucoup plus technique. Tout d’abord garder le mystère sur des éléments d’intrigues importants, que ce soit sur les capacités de Rey, l’identité du méchant ou l’introduction du Faucon Millenium. Puis, parce qu’il faut commencer le teasing un an avant la sortie officielle, accepter de montrer des plans ou des dialogues qui ne seront pas dans la version finale, quitte à orienter les fans vers de fausses pistes. 
«Quand vous êtes dans la salle de montage vous réaliser, par exemple, qu’introduire un personnage ici diminue en fait sa puissance, expliquait ainsi J.J. Abrams à EW. Ou que donner telle information vous distrait des choses sur lesquelles vous deviez vous concentrer.» Ces scènes, dont Abrams ignorait encore la faiblesse ou l’incongruité, ont ainsi survécu de manière éphémère grâce aux trailers qu’il fallait mettre en ligne très tôt au moment de la post-production. Une logique que l’on aura l’occasion de revoir de nombreuses fois lors de futurs comparatifs ! 
[C’était mon premier vrai post sur ce Tumblr, alors n’hésitez surtout pas à me faire part de vos retours, commentaires, idées ou critiques (orthographiques ou non), et à le partager s’il vous a plu, merci 🙌 ]
Vincent 
BONUS: Tu vas nous manquer, Général Organa. 
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Bienvenue !
Bonjour internet, 
Merci beaucoup d’être venu au moins une fois sur ce Tumblr, et doublement merci si vous décidez d’y revenir un jour. Je voulais écrire un petit post rapide de présentation pour expliquer le principe de LTDT (je lâche l’acronyme tout de suite par flemme d’écrire “Le teaser du trailer” mais aussi parce que ça me donne l’impression d’avoir fait un vrai site alors que non). 
J’ai toujours aimé visionner le plus de bandes-annonces (ou trailers) possible, et encore plus depuis que je me suis affranchi des lenteurs de YouTube chez Free. Comme beaucoup de monde, je regarde absolument tout: des premières images du prochain film Wolwerine aux derniers malaises proposés par les prochains films de Christian Clavier en passant par les teasers de trailers. Mais il y a quelque chose que j’aime encore plus : regarder à nouveau la bande-annonce d’un film une fois que j’ai visionné ce dernier. Une façon de comparer les deux et de voir à quel point le trailer a réussi à me tromper ou non.
Récemment, en allant voir Rogue One (spin-off de Star Wars) et en visionnant de nouveau les trois bandes-annonces sorties ces derniers mois, j’ai constaté que de nombreux plans et passages n’existaient pas du tout dans le film. Cela veut-il dire tout simplement qu’on nous “ment” sur le produit vendu?
La question est naïve car la réponse est évidente, mais il me semblait que l’on en parlait pas assez étant donné l’importance marketing colossale des bandes-annonces. C’est pour cela que j’ai décidé de lancer ce petit Tumblr, où vous pourrez trouver les derniers trailers importants, leur commentaire à chaud et à froid, mais également des comparaisons entre les films et leurs bandes-annonces et des tentatives d’analyse pour tenter de comprendre un peu mieux ces objets culturels essentiels, et parfois plus réussis que les films, dans le monde du cinéma. 
Pour commencer je vous propose donc une petite analyse comparative entre les bandes-annonces et le film Star Wars VII : Le Réveil de la Force !
Merci encore d’être venu jusqu’ici, bonne lecture, et n’hésitez surtout pas à m’envoyer des messages/DM/mails/commentaires/pokes/wizz pour me donner votre avis ou me poser des questions ! 
Vincent  
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