madamenonchalante - Tumblr blog

[madamenonchalante]

Thérapie Parentale

Je suis blasée d’être la thérapeute conjugale de mes parents. Voilà une bonne quinzaine d’années que je tiens ce rôle. Ils en sont quand même à 45 ans de mariage, ils devraient quand même se débrouiller un minimum sans moi. Sauf que dès qu’il y a une embrouille, c’est moi qu’ils appellent. Mes parents sont des anciens, et comme la quasi-totalité des anciens, ils ne savent absolument pas communiquer. Hein ? Communiquer tu dis ? C’est quoi cette mode à la gomme ? Ainsi, lorsque leur couple connait une dispute majeure, ils me téléphonent à tour de rôle en mode grosses victimes, et c’est parti pour une semaine de « ta mère est méchante » et de « ton père est un connard. » On pourrait croire que mon père a trompé ma mère ou que ma mère a fait un gros coup de vice, mais si vous saviez, mes enfants … Si vous aviez la moindre idée des motifs de ces guerres intestines … C’est tellement de la merde que je comprendrais presque qu’ils soient véners à ce point. Je crois que la pire embrouille a été générée à cause d’un … non je peux pas dire ça c’est pas possible moi-même j’ai du mal à y croire. Tant pis, je me lance, mais accrochez-vous, que les âmes sensibles s’abstiennent de lire ces lignes. La pire embrouille, c’est quand ils ne se sont pas adressé la parole pendant dix jours à cause d’un morceau de fromage qui était tombé par terre. Oui, oui, vous avez bien lu. Et chacun avait sa version des faits, d'après mon père, ma mère l’aurait insulté alors qu’il voulait généreusement lui donner ce fameux morceau de camembert avant qu’il ne tombe accidentellement sur le sol, et selon ma mère, mon père lui aurait jeté la part de camembert à la tronche. Je les connais, je sais que les deux versions sont purement mensongères, et qu’il fallait faire le tri dans leurs dépositions respectives pour reconstituer un semblant de réalité, d’où une enquête approfondie, suivie d’une conciliation préalable entre les deux parties. La dernière fois, après dix jours de brouille, mon père attendait que ma mère revienne de chez sa famille avec un bouquet de fleurs avant de l’emmener dans son restaurant préféré. J’allais repartir, mais mon père était nerveux et apeuré comme à un premier date. Il me fait « tu veux pas rester attendre maman avec moi s’il te plait ? », comme s’il avait peur de prendre des coups. Papa j’ai ma vie aussi mon propre mari va venir me chercher d’une seconde à l’autre pour aller dîner. Du coup j’appelle ma mère pour la briefer, en lui expliquant que papa l’attendait tout pisseux et qu’ils passent un dîner sans animosité. Réponse « oui mais c’est un fumier ». Allez stop : « ça suffit maintenant maman c’est de la merde vos histoires vous allez pas rester fâchés jusqu’à la fin de vos jours pour une dispute à la con maintenant tu débarques, vous allez dîner et TU ES GENTILLE AVEC PAPA, MERDE ! ». Elle a bien voulu, et ce fut l’Armistice. C’est fatigant. La prochaine fois je m’en fous je leur présente ma facture. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Lectures Sélectives

Je suis blasée de la littérature contemporaine française. Vous ne me verrez jamais me ruer en librairie pour aller me procurer le dernier Goncourt ainsi qu’une personnalité. Ce n’est pas faute d’essayer, mais ce qui sort aux rentrées littéraires depuis que je suis en âge de lire est d’un ennui indescriptible. C’est ronflant, c’est prétentieux, ça n’a aucun intérêt. Évidemment, il y a quelques auteurs d’aujourd’hui que j’apprécie avec plus ou moins d’ardeur, mais dont je sais que je ne consommerais pas leur œuvre en entier, comme Delphine de Vigan, Amélie Nothomb, Michel Houellebecq, David Foenkinos, Faiza Guène, ou Cécile Coulon que j’ai découvert l’été dernier. J’ai aussi lu Raphael Rupert dont je vais suivre la carrière de près. Je sais aussi qu’il faut absolument que je lise Sylvain Tesson dont je suis à peu près certaine que je l’aime déjà. Mais à l’heure où j’écris ces lignes des deux mains, j’ai assez des doigts d’une seule pour compter les écrivains actuels dont j’achète les livres avec délice et impatience. Eva Ionesco dont les larmes éblouissent comme les paillettes qui parsèment ses récits. Justine Lévy pour son humour, son décalage, sa douceur. Lolita Pille pour sa rage et ses formules de nulle part ailleurs. Monica Sabolo pour sa mélancolie et sa poésie à mourir de beauté. Et enfin Frédéric Beigbeder, sans qui la littérature française d’aujourd’hui ne vaudrait pas un clou à tel point il relève la moyenne. Par son irrévérence, son insolence et son génie. Qui dit génie pour moi, vous l’aurez compris, ne sera jamais politiquement correct. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Anonymous Driver

Je suis blasée car je ne reconnais jamais mon voisin quand il est en voiture alors que nous sommes amis. A ma décharge, il a deux voitures. Une pour tous les jours et une de collection. Du coup, quand il prend sa voiture de collection, que nous nous croisons au volant et qu’il me fait un grand coucou je lui mets un énorme vent car je suis persuadée de ne pas connaître cet opportun. En le croisant tout à l’heure en rentrant je l’ai vouvoyé. Bon de toute façon il me connait, il sait que je suis myope comme une taupe, que je ne reconnais parfois pas les gens avec mes lunettes, et je sais très bien qu’il me prend déjà pour une extraterrestre donc il ne m’en veut jamais.  J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

French Kiss

Je suis blasée car je sais pas ce qu’il s’est passé avec les mecs depuis me too. Avant ça les dragueurs de rue étaient très lourds, maintenant par peur des représailles juridiques ils ont juste l’air très cons. Comme si on les avait évidés du peu de neurones qu’ils avaient en leur possession. Perso, avant, après, ça ne m’a jamais vraiment perturbée, je fais ce que j’ai toujours fait, c’est à dire rien, les ignorer, faire comme si je n’avais pas entendu. Je ne sais pas si je suis intimidante, mais j’ai eu cette immense chance de ne jamais me faire insulter, et c’est déjà sympa merci messieurs vous êtes un peu débiles quand même mais voilà. L’autre jour, j’ai eu le comble de l’absurde, alors que je sortais gaiement en jupe courte. Il faut savoir qu’à l’approche de mes 40 ans, mes jupes ont naturellement rallongé. Non pas que j’ai honte de mes jambes, simplement, à part certains modèles un peu amples dans lesquels je me sens à l’aise, l’envie m’est passée de me sentir étriquée dans un mini bout de tissu sur lequel je ne cesse de tirer pour ne pas qu’il remonte en marchant. C’est chiant, j’ai eu ma dose, je n’achète plus que des jupes qui descendent un peu avant le dessus du genou, ça me suffit et je trouve ça plus distingué. Bref je me balade avec une jupe un peu plus courte et là un mec passe en voiture, ouvre sa vitre et m’envoie un bisou dans le vent. Mais genre un énorme bisou avec le bruit et tout alors qu’il roulait à 50 kilomètres heures et que j’ai aussitôt disparu de son champ de vision. Ça m’a fait marrer toute seule. Parce que je me suis demandé : pourquoi ? Mais pourquoi ? Quel est le projet ? Vraiment, que s’est-il passé dans sa tête ? Clairement il n’y avait aucun objectif car il a fait ça en passant. Il n’allait même pas s’arrêter pour m’aborder, et heureusement. En plus je l’ai vu en flash il avait l’air beau gosse il doit bien avoir deux trois nanas intéressées par son cas dans son entourage immédiat. Mais sérieusement, qu’est-ce qui lui est passé par la tête ? Le mystère demeure. Et il est un peu trop compliqué pour moi. Limite percer les secrets de Dieu et de l’univers semble chose plus aisée. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Oedipe à l’aise

Je suis blasée car mon mari tient beaucoup de ma mère dans son sens des proportions. Parfois je le blâme aussi de faire des trucs un peu trop comme mon père. En fait j’ai parfois l’impression d’avoir épousé un mix de mes deux parents alors que j’ai fui leur domicile depuis longtemps. Bref, vient ce moment où nous décidons de nous mettre à la diète en même temps. Ma moitié est prise d’une soudaine obsession pour les crudités alors que je n’aime pas ça. Lui non plus d’ailleurs. Je tolère les légumes, à condition qu’ils soient cuisinés cuits et bien assaisonnés. Sur ce, je réceptionne une grosse livraison de courses que mon époux a commandé sur internet. Je découvre avec effroi un premier paquet d’un kilo et demi de carottes biologiques. Je le dépose sur la table en attendant de le ranger mais ne suis pas au bout de mes surprises. Parce qu’il n’y en a pas qu’un, de paquet. Il y en a … tenez-vous bien : il y en a cinq ! Soit sept kilos et demi de carottes. Nous sommes deux dans la maison. Et j’aime pas les carottes. Que va-t-il se passer ? Mon mari avoue qu’il s’est trompé sur les quantités. Bon ok mais on fait quoi maintenant ? Parce qu’en plus il faut les éplucher. Cet achat compulsif de carottes trône sur le blanc de la cuisine, faute de place, en attendant son sort. Pendant ce temps, chaque personne qui passe à la maison nous demande si nous venons d’adopter un lapin ou sommes simplement des fétichistes de ce tubercule. Ni l’un ni l’autre, donc. J’ai la phobie du gaspillage, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de nourriture. Après 48h où notre maison aura servi d’entrepôt agricole, ma moitié m’avoue qu’il ne les mangera pas. Nous en avons fait don. Il était hors de question, que j’épluche près de huit kilos de carottes. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Transport de Marchandises

Je suis blasée parce que mes amies sont cheloues. En même temps on a les amis qu’on mérite, et je ne m’entends pas avec les gens normaux de toute façon. Donc ça me convient parfaitement. Surtout, j’ai des amies qui me ressemblent car je suis toujours en train de trimballer des trucs. J’essaye d’épurer au max ce qu’il y a dans le cabas XXL qui me sert de sac à main mais c’est pas toujours ça. J’ai besoin de mes lunettes de soleil et de vue, d’une bouteille d’eau, de mon fric, de tout un tas de machins, sans compter au moins un magazine sur lequel je me jette comme un vautour si je dois attendre cinq minutes quelque part dehors. Cinq minutes à avoir le nez en l’air alors je que je pourrais lire à la place, ce n’est pas possible. Sauf que mes copines sont bien plus improbables que moi question transport autonome de marchandises. J’en ai une qui a toujours au moins quatre sacs avec elle. Un grand cabas un peu comme le mien, un sac pour son bichon, un autre pour son teckel (ne me demandez pas pourquoi, c’est un grand mystère), et un autre grand cabas dans lequel elle fourre les trucs qu’elle achète sur son passage. Mais toujours des trucs lourds, une table gigogne, des cadres photos, des bougies de huit kilos, vous l’aurez compris, elle adore la déco. Et puis l’autre jour, je suis tombée nez à nez dans le bus avec ma meilleure amie en quatre phases, incrédulité, déni, embrassades et sauts de joie. Il y a eu cette cinquième phase tout de même où je me suis mise à renifler en disant que ça sentait bizarre dans le bus. Là ma pote, toute fière, dit « ah c’est moi ». Elle brandit devant mon nez le sac plastique qu’elle tient à la main. C’est ça qui pue c’est quoi ? Elle m’explique que ce sont des merguez. Je n’ai pas envie de connaitre le contexte mais en gros il s’agit d’une sombre histoire de barbecue où elle doit ramener de la came. Lorsqu’en retrouvant mon frère juste après ça je lui ai raconté cette rencontre improbable de ma meilleure amie et ses merguez, il a éclaté de rire avant de faire cette réflexion : « pourquoi je ne suis même pas étonné ? ». Parce que ce sont mes amies. Et qu’elles sont aussi bizarres que moi. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Uniforme

Je suis blasée des jeans. Ça fait un an que je n’en porte plus. Je me suis débarrassée de tous ceux que j’avais et n’en ai gardé que deux que j’aime bien car ils sont confortables, mais d’aussi loin que je me souvienne, ça fait fort longtemps que je ne les ai pas portés. J’ai eu comme une révélation il y a un an en regardant une vidéo d’une nana qui expliquait que le jean n’était pas un vêtement élégant. Je ne suis pas influençable, et encore moins par des influenceurs, mais je me suis dit qu’elle avait tout de même raison. Le jean n’est pas franchement un vêtement très chic. J’ai ouvert mon placard et vu tous ces jeans empilés que je ne mettais quasiment jamais. Je me suis demandé pourquoi je ne les portais que si rarement. Et je me suis répondue toute seule car je suis une personne tout à fait normale. Bah euh déjà j’aime pas la couleur « jean », je sais jamais quoi mettre avec alors que c’est « censé » aller avec tout et j’aime pas mixer plus de deux couleurs. Et ensuite parce que putain mais je suis mal là-dedans ! Ça me comprime, ça me serre, ça me gratte, ça respire pas en vrai je déteste. Oui mais imbécile, pourquoi ça fait 25 ans que tu en portes de ton plein gré et que tu en achètes ? Ben parce que … c’est un pantalon. C’est là que je me sens complètement débile. Des vrais pantalons, j’en ai, des pantalons à pinces, des pantalons cigarettes, you name it. Ils sont sobres, distingués et putain de confortables. Ça ne gratte ni ne comprime ni ne serre mais qu’est-ce que je fous à me torturer avec tous ces jeans ? Là j’ai compris le plus grave : c’est parce que tout le monde en porte. Chose que j’ai pu vérifier par moi-même quelques semaines plus tard. Je dîne dans une brasserie. La salle est immense. Je fais tomber un truc par terre. En me baissant pour le ramasser, j’ai une vue dégagée sur les jambes de dizaines et de dizaines de clients. Et devinez quoi ? J’étais la seule à ne pas être en jean. Non décidément, c’était ça qui coinçait. Je ne suis pas faite pour les uniformes. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Sinistre Véhicule

Je suis blasée des gens qui font les gros beaufs en voiture. Je crois que le comble du mauvais goût, c’est la Limousine. Le luxe du bouffon par excellence. Si vous avez une idée, je veux bien un élément de réponse à cette question : à quel moment c’est classe de louer ces véhicules dont la laideur odieuse est proportionnelle à la longueur ? A quel moment on se sent élevé socialement quand on ouvre les fenêtres pour pousser des beuglements d’animaux aux piétons qui n’ont rien demandé comme quoi on circule dans une merde géante et pas eux ? A quel moment lesdits piétons qui ont été outrageusement nargués par des kékés vont se rouler de désespoir dans le caniveau comme quoi ils ont raté leur vie de pas êtes assis à côté de cette bande de génies sur une banquette où le mousseux coule à flots ? Même si on me paye je renterais pas dans un véhicule aussi vulgaire. Et franchement si j’avais pas le choix, si c’était ça ou faire 1000 kilomètres à pieds, je la jouerais discrète derrière les vitres teintées. Hors de question qu’on me voit entrer ou sortir de là-dedans. Si vraiment je voulais me faire conduire comme une princesse (pas comme Diana cependant), c’est un tout autre véhicule que je choisirais. Une Chrysler ou une Bentley. Sans Champagne parce que ça fout la gerbe pendant le trajet. Sans hurler par la vitre ouverte non plus car je ne suis pas dans la cage d’un Zoo, je me rends juste d’un point A à un point B. J’irai faire du z��le dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Chasse au Trésor

Je suis blasée parce que mon mari ne trouve jamais rien dans la maison. Il ne sait pas où sont les choses alors qu’il y passe autant de temps que moi et que je range tout au millimètre. J’ai une sainte horreur du désordre et ne trouve la paix que dans l’ordre absolu des objets du quotidien. Pour mon époux, c’est une autre histoire. Il me demande où je « cache » les choses qu’il cherche. Oui, oui c’est le verbe qu’il emploie. D’après lui, je cache le linge qui sèche sur l’étendoir à linge, je cache les couverts dans le tiroir à couverts, je cache les serviettes propres dans le placard de linge de maison. Je vais même jusqu’à cacher la bouffe dans le frigo et les déchets dans la poubelle. Une vraie sorcière maléfique. Le pauvre, il semble vivre dans un véritable jeu de piste dans lequel il part hirsute dans une chasse au trésor infinie, muni d’une carte et d’un sac à dos, prêt pour un voyage initiatique à travers la maison duquel, je l’espère, il en sortira grandi. Là-dessus je joue le rôle du sage qu’il croise dans le couloir. « Ils sont où les cintres en bois ? » Calmement, je réponds « tu trouveras la réponse dans ton cœur. » J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

[madamenonchalante]

Bon appétit

Je suis blasée d’entendre « bon appétit ». Je trouve cette formule pas chic du tout. Si le serveur me le dit au restaurant, je réponds merci, évidemment. Si on se lance ça entre convives à table, je vais le dire par politesse. Mais j’aime pas du tout. Par bon appétit, j’entends « bonne ripaille et bonne digestion », et je revois les schémas du système digestif du cours de sciences du collège. Du coup c’est contre-productif parce que ça me coupe un peu l’appétit, de me dire que même si on en est pas encore là, bientôt, tout ça va faire son bonhomme de chemin dans l’intestin grêle. C’est un petit peu dégoutant. En revanche, dire « santé » en trinquant, on a l’air un peu con-con mais c’est quand même plus élégant. De toute façon on a souvent l’air un peu con-con quand on est élégant, donc je ne débats pas trop de ça je laisse comme c’est car je suis bien élevée. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Lacunes

Je suis blasée quand je passe pour une psychopathe. C’est précisément qui m’arrive ce jour-là, en entrant dans un magasin de vêtements pour enfants. Je dois trouver un cadeau pour mon neveu. Je me dis des jouets non je lui en ai déjà offerts il en a des tonnes je vais plutôt lui acheter des fringues, ça fera plaisir à ses parents aussi. Et puis c’est tellement craquant ces mini-vêtements. Franchement si les enfants ne grandissaient jamais au-delà de trois ans j’en aurais fabriqué un c’est beaucoup trop mignon. Mais ça grandit donc non. Bref, je rentre dans la boutique mais ça se voit tout de suite que je suis complètement à l’Ouest. La vendeuse bienveillante doit avoir l’œil pour ça et vient immédiatement me proposer son aide, sous-entendu « j’ai compris que vous étiez totalement à la ramasse on dirait que vous avez mis les pieds dans un entrepôt d’uranium j’ai le flair pour détecter les gens comme vous sur le point de vous évanouir de confusion, comment puis-je vous aider afin que vous ressortiez de cette boutique dans un état mental acceptable ? » J’accueille cette proposition telle une noyée à qui on jette une bouée au milieu d’une tempête. « Oui c’est pour mon petit neveu. Il a deux ans, mais je sais pas quoi lui prendre comme taille. J’y connais rien en enfants. » La vendeuse m’avait bien lue comme un livre ouvert. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Synchro

Je suis blasée parce que je n’ai aucune synchronisation dans mes mouvements. J’ai hérité ça de mon père, c’est une tare insupportable. Vous imaginez donc que je ne suis pas une grande sportive. Petite j’ai longtemps pris des cours de danse et ma mère venait me filmer pour le spectacle de fin d’année : A FUCKING DESASTER ! Je faisais n’imp dans mon tutu qui me grattait ma race je faisais tous les mouvements à l’envers sans aucune grâce et j’étais incapable de retenir une chorégraphie correctement. Heureusement comme j’étais mignonne et que j’étais la plus petite je faisais craquer la prof et les autres élèves qui venaient tout le temps faire de gros bisous sur mes joues de hamster donc j’étais nulle mais on me le pardonnait. J’ai dû passer mon permis en boite automatique parce que j’arrivais pas à passer les vitesses et conduire en même temps, ce qui est compliqué. Si j’ai des deux mains prises, un objet dans chacune d’elle, je deviens Mr Bean, je me mets à bugger complètement et à me comporter bizarrement, on peut entendre les fils de mon cerveau disjoncter. Mon paternel fait exactement la même chose et j’ai envie de me taper. Mais je peux pas, j’ai les mains prises, je suis perdue dans l’espace-temps. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Refreshing

Je suis blasée de ma famille de gloutons. Mes frères et moi avons été élevés aux plats en sauce avec plateau de fromages pour finir avec des machins bourrés ras la gueule de crème pâtissière. Merci maman. Tu m’étonnes que mon père ait du diabète et moi un cholestérol tout beau tout neuf. A chaque fois que mon mari sort de bouffer chez mes parents il est malade et ahuri : « Mais sérieusement vous allez bien tous après ça ? Comment vous faites pour bouffer tout ça ? ». L’habitude, mon amour, l’habitude. Bref mes frères et moi, même combat, aucun plat gras ne nous fait peur. Comme ce dîner au resto entre frères et sœur où nous avons commandé des tartiflettes que nous dévorons avec appétit. Juste après avoir mangé une entrée et avant le buffet de desserts que nous comptons saigner à blanc juste après. Alors que je viens à bout de ma cassolette de reblochon fondue, je remarque tout haut « c’est rafraîchissant ces petits lardons dans le fromage. » Mes frères m’ont regardée, un peu perplexes : « meuf si tu trouves que des lardons rafraichissent un plat c’est qu’il y a un sacré problème avec le plat quand même ». J’avais pas encore vu ça sous cet angle, mais j’y travaille. J'irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Relax

Je suis blasée car j’ai beau être nonchalante, je n’en suis pas pour autant des plus décontractées. Mon cerveau tourne à plein régime du réveil au coucher, et même mes rêves ne me foutent pas la paix. J’ai l’esprit en tension constante. J’ai essayé le yoga plusieurs fois mais je me suis découragée car je voulais être détendue immédiatement. Naturellement, ça n’a pas fonctionné. Je compte renouveler mes tentatives de yoga prochainement en m’armant d’un peu plus de patience, nous verrons bien. Si ça ne marche pas, tant pis. J’ai en revanche essayé tous les épisodes de méditation Head Space sur Netflix. Là j’ai eu du résultat. Je ressortais relaxée à fond de chaque séance. Par contre, sur le tout dernier exercice, j’étais si détendue que j’ai fait une crise d’angoisse tellement j’ai pas l’habitude. Il y a encore du boulot mais je vais y aller tranquillement, rien ne sert d’être trop détente trop vite finalement. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Bien s’informer

Je suis blasée car si je suis une lectrice compulsive, mon mari beaucoup moins. Du coup, quand il ramène un nouveau livre à la maison, je m’empresse de regarder ce qu’il a acheté par curiosité, pour voir si je vais lui piquer ou non une fois qu’il l’aura lu, annoté dans tous les sens et corné à toutes les pages. Quelle n’est pas ma stupeur en découvrant le pavé sur l’existence possible des Anges Gardiens de Pierre Jovanovic. J’observe incrédule mon mari qui n’est pourtant pas du tout croyant, ce qui là encore, est l’inverse de mon côté. Je lui demande s’il ne s’est pas trompé de bouquin. Non, non, pas du tout. Et à ma question ahurie « mais pourquoi t’as acheté ça ? » se produit la réponse la plus magistrale de l’histoire de notre couple : « parce que je veux me renseigner. » Comme s’il s’agissait d’économie, de finance ou de géopolitique. Il était très sérieux. Tellement qu’il n’a pas tout de suite compris le fou rire qui s’est emparé de moi comme un démon. S’il ne croit pas en Dieu mais quand même aux Anges Gardiens, c’est déjà un pas prometteur vers un semblant de foi dont je ne ferai rien pour l’altérer. J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre

[madamenonchalante]

Climax

Je suis blasée car il y a presque toujours ce moment où je me perds, dans une fiction. Qu’il s’agisse d’un film ou d’un roman, j’ai toujours du mal à grimper sur le climax. J’ai lu ou regardé sagement tout le truc, mais quand arrive ce moment critique vers la fin où tout le monde s’agite dans tous les sens, je ne sais pas pourquoi, je m’ennuie profondément. Évidemment que le climax est un passage obligé pour la structure narrative de toute bonne fiction mais quand même, parfois c’est long, fastidieux, fatigant, comme si on cuisinait un plat et qu’on savait qu’à un moment de la cuisson, juste avant la fin, il fallait tout cramer. Je crois que c’est un problème de dosage. Ou alors c’est juste moi. Si j’avais pas la flemme, je militerais pour de meilleurs climax.  J’irai faire du zèle dans une autre vie.

Nonchalamment Votre