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Bienvenue au Danemark, pays des contes et des sirènes
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Ode à la ville de Copenhague, à ses habitants et à l’enfance, la nouvelle bande dessinée de Pandolfo et Ribjerg démarre en fanfare au propre, au figuré et surtout dans un joli désordre! Selon un rituel immuable, la Garde Royale quitte le château de Rosenborg pour rejoindre Amalienborg à midi. Durant une demi-heure, elle défile à cheval, à pied et en musique dans les rues de la ville. Bloquée dans un taxi, Nana Miller, une touriste française fraîchement débarquée, tente de joindre son ado de fille restée à Paris. L’échange est compliqué. Nana a pris quelques jours de vacances sur un coup de tête, sans vraiment avertir sa fille. La musique, la gaieté et les embouteillages occasionnés par la relève de la garde n’arrangent pas les choses. Mais voilà que l’atmosphère change et se transforme en chaos total. Imaginez que le corps sans vie d’une sirène a été découvert du côté d’Amalienborg.
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Commence pour Nana un séjour qu’elle n’aurait jamais cru possible, même dans les livres! En arrivant à son hôtel, elle découvre des employés et des voyageurs en sidération devant le poste de télévision, puis les voilà qui quittent en hâte l’établissement sans dire un mot. Les Danois en émoi sont en passe de se calfeutrer pour plusieurs jours dans un silence pesant. Presque tous car Nana est rapidement prise en charge par le seul habitant de l’hôtel à l’année, Thyge - prononcez « Thüü » - un géant sonore et remuant qui parle un français un peu folklorique. Pour compléter le portrait, il est le maître d’un caniche rose qu’il a appelé « Nom d’un chien ». Les présentations faites, entrons dans le vif du sujet.
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Tant que l’énigme de la mort de la sirène n’est pas résolue, Nana ne peut pas rentrer chez elle. Afin d’accélérer les choses, elle et Thyge vont enquêter et suivre un premier indice : la jeune femme a remarqué à plusieurs reprises un individu louche traînant dans les parages…
Le scénario, émaillé d’avertissements au lecteur, et les dessins sont truffés d’humour. Voyez par exemple, dans les premières pages, cette famille de canards qui eux aussi défilent.
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Terkel Risbjerg excelle à représenter sa ville et les corps en mouvement. Les plans alternent au gré des atmosphères, tantôt inquiétantes ou, au contraire, gaies et folles lorsque nos deux casse-cou de héros et leurs amis sont en scène.
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Les dialogues sont un régal, surtout quand Thyge parle le français. La relation entre Nana et sa fille sonne très juste. L’histoire est rocambolesque et c’est ce qui fait son charme. Pandolfo et Risbjerg auraient eu tort de s’en priver dès lors qu’elle se déroule dans la patrie de Hans Christian Andersen, auteur de La Petite Sirène. Et qui dit contes, dit enfants : notre géant au grand coeur ayant conservé une part d’enfance en lui, il est d’une sincérité touchante quand il dialogue avec les gamins dans l’émission qu’il anime à la radio.
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C’est à croire que Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg se sont amusés à réaliser cette bande dessinée. Sachant la somme de travail que cela représente, au niveau du dessin du scénario et des textes, ce n’est sans doute qu’une impression. Toutefois, il est à relever que Terkel a bénéficié d’une bourse du Staten Kunstfond, le Conseil des arts du Danemark, bourse qui a permis au couple d’envisager leur travail différemment pendant un an. Les artistes vous le diront: la pression est grande et obtenir le soutien d’une institution permet de respirer et d’avoir l’esprit libre pour créer. On le ressent à la lecture de cette bande dessinée que l’on referme en applaudissant.
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Copenhague, Anne-Caroline Pandolfo, Terkel Risbjerg, Dargaud, 2024
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Les orphelins héros
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Voici quatre romans - deux pour adultes, deux pour enfants - qui ont pour héros des orphelins.
Convoi pour Samarcande - Gouzel Iakhina
Au début des années 1920, une terrible famine se déclare en Russie. La région de la Volga est particulièrement touchée. En 1923, le gouvernement met en place un programme d’évacuation des enfants, la plupart orphelins, de Kazan, la capitale du Tatarstan, à Samarcande, ville du Turkestan, épargnée par les désastres de la révolution et de la guerre civile. Le voyage se poursuit sur quatre mille kilomètres à travers forêts, steppes et déserts. Deïev, un jeune officier de l’Armée rouge, se voit attribuer la responsabilité d’un train qui accueille à son bord pas moins de cinq cents enfants, tous très atteints dans leur santé physique et parfois mentale. Les accompagnent également la commissaire Blanche, l’infirmer Bourg, un chauffeur, des femmes chargées de s’occuper des enfants et, j’allais oublier, le lecteur pris dans ce périple souvent cauchemardesque dès les premières pages.
Les chapitres s’enchaînent tels les wagons du convoi. Le lecteur ne repose le livre que pour faire des pauses tant la situation est dramatique, mais il le reprend vite, attaché qu’il est aux personnages, aux enfants, incarnés, qui se sont donné mutuellement des surnoms; au gré de petites victoires, par exemple, quand il y a à manger. Mais ce n’est pas tout: même si ces gamins portent sur leurs corps et leurs visages les traces d’un vécu qui les fait ressembler à des petits vieux, ils conservent au fond d’eux des étincelles d’enfance, et les accompagnants en sont bouleversés. Les adultes ne sont pas en reste. On devine chez eux des blessures, en particulier chez Deïev qui, ayant pris part à la guerre civile, cherche à tout prix à expier ses horreurs, au risque de devenir fou. Mais quel héros magnifique, en particulier dans ses bras de fer contre les périls que sont la maladie, la famine, les conflits et dangers qui surgissent en route!
Gouzel Iakhina nous offre un des plus beaux romans parus en 2023 et dont on se souviendra longtemps. Son travail de documentation est à saluer. A la fin du livre, elle a pris soin de faire figurer un lexique avec les noms des enfants et leur signification. Elle les a inventés sur le modèle de sobriquets réels en se basant sur différentes sources. Son humanité leur donne une existence.
Le Verger de poires - Nana Ekvtimishvili
Autre lieu, autre époque. Nous sommes à Tbilissi, capitale de la Géorgie, au début des années 1990. Dans la proche banlieue, et plus particulièrement dans la rue de Kertch, nous faisons la connaissance de Lela, une jeune fille qui a été élevée à l’ « école des idiots ». Cette institution, héritée du passé soviétique, accueille des handicapés mentaux et des enfants orphelins. Agée de 18 ans, Lela y demeure encore - faisant partie des meubles - et y travaille. Elle protège comme elle peut les enfants, les pousse à étudier, malgré la médiocrité des cours, pour qu’ils puissent un jour tenter de voler de leurs propres ailes. Parmi eux, il y a Irakli, un garçon obnubilé par l’idée que sa mère vienne le chercher, ce qu’elle ne fera bien sûr jamais. Un jour, c’est l’effervescence dans l’internat: un couple d’Américains se présente qui cherche à adopter un enfant. Et si c’était Irakli ?
Le roman s’ouvre alors que Lela prend une douche dans le vieux bâtiment des bains. Sous le jet d’eau chaude, elle répète inlassablement : « Je vais tuer Vano… Il faut que je tue Vano. » Vano est le professeur des enfants dont il abuse, comme il a abusé de Lela. Et ce n’est pas le seul. Le ton est donné. Mais reprenons le récit. Voici justement Irakli qui vient chercher Lela. Dali, la surveillante, a besoin d’elle. Nous traversons la cour et découvrons par la même occasion le bâtiment et ses habitants. L’institution fait partie du quartier et sa vie y est imbriquée. Par exemple, les mariages se font dans le grand réfectoire. Les enfants y participent, de loin certes, mais ils assistent aux préparatifs, à la fête - une grande table est dressée pour eux un peu à l’écart. C’est l’occasion de se remplir la panse et de tout observer. Une bien maigre ouverture sur un monde où l’horizon se ferme, pour ses habitants comme pour les orphelins, au-delà de la rue de Kertch.
Malgré tout, Lela, comme d’autres, lutte pour que ses protégés en réchappent. Et une fois qu’elle aura tué Vano, elle partira elle aussi. Ce récit qui décrit bien l’atmosphère post-soviétique n’est pas dénué d’humour, voire d’une certaine naïveté, celle du regard de Lela, héroïne attachante à qui l’on souhaite, ainsi qu’à tous ces enfants grandis trop vite, un avenir un peu moins sombre.
Le Corbeau de nuit - Johan Rundberg
Place à des romans pour la jeunesse. Le premier se déroule à Stockholm en1880. Mika a 11 ans. Elle ignore tout de sa naissance et vit dans un orphelinat. Trop âgée pour aller à l’école, elle y travaille, quand elle ne sert pas à « La Chapelle », une taverne peu recommandable. A l’orphelinat, elle a un oeil sur les enfants qu’elle tente de protéger. C’est l’hiver, la nourriture manque et le froid est glacial. Des gamins des rues tentent régulièrement d’être admis dans l’établissement. En vain. Une nuit, un adolescent s’y présente. Mika lui ouvre la porte et se retrouve avec un paquet dans les bras qui contient un nouveau-né. Le jeune, terrorisé, confie à Mika que L’Ange noir est au courant de l’enlèvement du bébé. Puis, il s’enfuit.
Le lendemain, à la demande de la directrice, un agent de police se présente pour procéder à l'enregistrement du bébé et poser des questions à Mika sur les circonstances de l’abandon. Cette dernière décrit l’adolescent et mentionne l’Ange noir. Cela attise la curiosité d’un de ses collègues, l’inspecteur Valdemar Hoff, qui convoque à son tour Mika. Un crime a été commis la nuit où le bébé a été déposé à l'orphelinat. L’Ange noir en est-il l’auteur ? Le mode opératoire rappelle celui du Corbeau de nuit, un assassin en série qui a été exécuté quelques mois auparavant. Hoff ne met pas long à réaliser que la gamine est futée et ferait une excellente enquêtrice, habituée qu’elle est à tout observer afin d’échapper à de potentiels dangers. Le géant bourru aux méthodes peu conventionnelles et la fine mouche vont s’associer pour élucider une affaire de crimes en série, tous plus horribles les uns que les autres. Pour Mika, ce sera aussi l’occasion de tenter de percer le secret qui plane autour de ses origines; surtout quand elle découvre que, comme le bébé abandonné, elle portait à la naissance un bracelet de cuir orné de petites fleurs…
De ce roman, on aime tout: les personnages hauts en couleur et très attachants - dont le duo improbable de héros -, l’atmosphère sombre et glaciale, les descriptions des lieux, l’enquête palpitante, les moments de douceur entre Mika et le bébé. Le mystère autour de la naissance de Mika ne sera pas résolu, mais quelques indices sont avancés. Et comme, il s’agit d’une série, on a hâte d’en savoir plus et de participer à une nouvelle enquête.
Elisabeth sous les toits - Vincent Cuvellier
A l’âge de 10 ans, Elisabeth s’est enfuie de son orphelinat en Bretagne pour rejoindre Paris où elle pense mener une vie meilleure et obtenir des informations sur ses parents. Arrivée dans la capitale, deux clochards l’adoptent et la conduisent à l’immeuble de la rue Marbeuf où ses parents ont vécu et où elle s’installe dans la clandestinité, se cachant le jour et sortant la nuit. La capitale se répartit en plusieurs territoires: dont, à l’est, celui des apaches, voyous et truands en tout genre, et, côté Opéra, celui les riches. Voyous et bourgeois se côtoient à la Bastille où les Auvergnats ont ouvert des restaurants et des commerces de charbon. Rue de Lappe, les bals musette fleurissent et l’on danse la java. La gamine, qui n’a pas froid aux yeux, n’hésite pas à franchir la porte du Balajo où elle fait la connaissance de Blaise Cendrars qui la prend sous son aile et lui présente ses amis : Picasso, Foujita, Max Jacob, entre autres. Et même un « nègre » danseur de charleston. On se prend d’amitié pour cette gamine débrouillarde et courageuse qui ne craint ni les Schmolls, petits êtres fantastiques et malfaisants dont son immeuble est envahi, ni les fantômes. Elle nous fait découvrir des personnages et des lieux emblématiques du Paris d’après-guerre et l’atmosphère des années folles. Vincent Cuvellier signe ce bon roman d’aventure lié à l’Histoire. A l’instar de ses personnages, son écriture est vivante, émaillée de mots d’argot, en particulier dans les dialogues. A la fin du livre figure un bonus avec les paroles de la chanson « Les Goélands », un quizz sur les années 1920 à Paris et trois femmes qui ont fait bouger les Années folles: Coco Chanel, Joséphine Baker et Louise Brooks.
Alexandre sur les flots, suite des aventures d'Elisabeth, sortira au mois de mai. On s'en réjouit!
Convoi pour Samarcande, Gouzel Iakhina, trad. Maud Mabillard, Noir sur Blanc, 2023
Le Verger de poires, Nana Ekvtimishvili, trad. Maïa Varsimashvili-Raphael et Isabelle Ribadeau Dumas, Noir sur Blanc, 2023
Le Corbeau de nuit, Johan Rundberg, trad. Marina Heide, Thierry Magnier, 2023
Elisabeth sous les toits, Vincent Cuvellier, ill. Guillaume Bianco, Little Urban, 2023
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Anne Herbauts - parce que parce que parce que. Marion Canevascini - Notre frère
Dans un article de fond publié il y a presque dix ans et enrichi entre temps de nouveaux livres, il était question d'enfants porteurs d'un handicap mental. Anne Herbauts et Marion Canevascini en parlent également, du point de vue de la fratrie.
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On ne sait pas grand chose de la famille qui vit ici. Elle est suggérée par quelques objets, une tasse sur la table, des autocollants sur la fenêtre. C’est un chat qui nous mène, page après page, au gré de ses déambulations, même si parfois il s’en absente. De la maison au jardin; du jardin où poussent des herbes folles et des ronces à la maison, la narratrice, en voix off, utilise le même procédé que le chat pour raconter sa soeur.
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Des herbes folles, apprend-on, il en pousse justement dans sa tête. Et pas que. Il y a aussi « des branches en colère, un jardin en pente, très en pente ». Ainsi va le livre. Le lecteur ignore qui, du chat, de la narratrice, des illustrations, mène la danse. Les pages défilent, réchauffées par un jaune lumineux, entrecoupé de végétation, de chaises de jardin en plastique blanc, comme abandonnées, d’un treillis dont les mailles se défont.
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Dans les livres d’Anne Herbauts, la poésie jaillit de toutes parts, aussi bien du texte que du dessin. Elle prend des libertés dans les mots et les phrases; et dans son dessin, libre lui aussi de migrer d’un lieu à l’autre, elle passe d’un plan serré à un plan large, d’une double page presque vide et à une autre pleine. Dans cet album en particulier, les séquences se suivent qu’on pourrait presque déplacer. C’est à se demander si Anne n’est pas un peu chat.
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Comment expliquer le handicap mental ? « parce que parce que parce que », il n’y a pas à raisonner, rien à expliquer, mais juste à accepter, comme le fait la narratrice, les hauts et les bas, la force et la faiblesse, tout ce qu’on ne comprend pas.
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Marion vit dans une une famille « normale », avec son père, sa mère, son grand frère et sa petite soeur. Quand le frère se met à dire des choses étranges, les parents expliquent qu’il est malade, qu’il ne guérira pas complètement, mais que les médicaments l’aideront.
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Ce n’est pas contagieux et il ne faut pas avoir peur. Les fillettes sont témoins de ses hallucinations. A l’âge de dix-sept ans, un diagnostic est posé: la schizophrénie. Les soeurs se rapprochent de plus en plus, le frère s’isole. Leur enfance se déroule entre tristesse et moments heureux.
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Le jour où elles sont envoyées seules en vacances, la maladie s’éloigne et elles se sentent enfin grandes car malgré tout, c’est le frère qui a toujours été le grand. Quand il quitte la maison pour s’installer ailleurs, elles peuvent commencer à vivre leur propre vie dans une famille comme les autres et atteindre, elles aussi, l’âge de dix-sept ans.
Marion Canevascini a puisé dans ses souvenirs et ceux de sa soeur pour tenter de restituer leurs sensations et faire un bilan de leur enfance… à hauteur d’enfants. Elle relate également les tentatives des parents pour protéger leurs filles en les laissant le plus possible en dehors de leurs soucis. Elle cherche et trie afin de faire ressortir des bribes d’enfance normale, mais ce n’est vraiment qu’au départ du grand frère qu’elles peuvent se mettre à exister, riches du lien exceptionnel qui les unit.
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Après avoir relu ce court roman graphique paru en 2020, mon esprit a glissé vers les deux autres livres de Marion Canevascini, Sables mouvants (2022) et Masterkrep (2023). Il m’a semblé que ce travail sur l’enfance, à l’origine de Notre frère, a offert à l’auteure des clés qui lui ont permis de poursuivre sa voie. Sa sensibilité l’amène à s’exprimer dans des récits intimes et sincères qui conservent une forme de légèreté, parce que simples, à fleur de mots et de descriptions.
parce que parce que parce que / Anne Herbauts. Casterman, 2023 Notre frère / Marion Canevascini. Antipodes, 2020
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En voiture, s'il vous plaît
Les albums "Quel train incroyable!" et "Aller bon train" sont parus récemment. Mais on le sait : un train peut en cacher un autre!
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Léo et sa maman attendent sagement sur le quai l’arrivée de leur train. Ils ont un peu d’avance. Une annonce les avertit du passage d’un convoi qui ne s’arrête pas. Et effectivement, un beau train orange traverse la gare à toute allure. A son bord, on aperçoit une quantité d’oiseaux de toutes espèces et de toutes tailles. Le petit garçon en reste bouche bée.
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La maman n’a rien remarqué, elle cherchait quelque chose dans son sac. Voilà qu’un autre train arrive qui, cette fois, est rempli d’animaux terrestres. Le quai s’est rempli entre temps, mais Léo est toujours le seul à avoir remarqué l’étrangeté de la situation. Enfin, leur train arrive. Les passagers montent à bord, le voyage commence. Quelle n’est pas la surprise du garçon quand, en passant sur un pont, il découvre qu’en contrebas, tous les animaux sont réunis et prennent un bain.
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Léo n’a pas rêvé! il a juste la capacité de voir ce que d’autres ne voient plus. Mais d’ailleurs, le jeune lecteur lui aussi a été témoin du passage de ces étranges trains. Il a pu observer les animaux, voir voler deux plumes après le passage du premier train et déchiffrer les destinations inscrites sur les wagons. Et de s’immerger dans la double page qui se déplie à la taille du train et surtout du vaste plan d’eau où s’ébattent les animaux.
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Comment ne pas penser à l’incroyable Règlobus dans lequel prennent place toutes sortes d’animaux ? Ils sont conduits par une rainette au caractère bien trempé qui a concocté un règlement strict sur la façon de se conduire à bord, lequel règlement n’est de loin pas toujours suivi par ses passagers. Pour ce premier album, Pierre Alexis, a reçu en 2022 la Pépite du livre illustré du SLPJ en Seine-Saint-Denis.
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Une petite fille et sa mère partent en vacances en train. Le voyage sera long puisque, partant le matin, elles n’arriveront que le lendemain. Mais quelle excitation à cette idée ! Le récit commence la veille du départ avec les derniers préparatifs. En plus de son doudou, de son carnet et de ses crayons, la petite a choisi d’emporter un abécédaire à l’intention des voyageurs. Et puis nous, car nous faisons partie de ce périple tout au long duquel nous voyagerons en immersion à travers le regard émerveillé de la gamine. Nous l’observerons, elle et sa maman, mais aussi les passagers, leurs activités, l’intérieur du train, les paysages qui défilent, les arrêts dans les gares. L’album est documenté, copieux. Que ce soit aux niveau des illustrations ou du texte, il prend son temps, à hauteur de ce long trajet.
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En filigrane sous les images, un autre récit prend place en résonance, constitué des aphorismes contenus dans l’abécédaire. Sous forme d’un rail sans fin qui traverse le livre, il amène de la poésie et un peu de magie grâce à des dessins libres, griffonnés par Cati Baur.
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L’album suivant a été présenté dans Le Temps du 20 mai 2023
Demain, à l’aube, nous partons en voyage. Nous verrons le soleil se lever, la ville disparaître. Les décors défileront. A un moment donné, bri��vement, nous apercevrons la mer. Il faudra encore attendre qu’elle apparaisse dans toute sa grandeur. Et là, nous serons arrivés. Jusque-là, il te faut dormir. Un adulte décrit à un enfant leur voyage à venir, ce qu’ils verront par la fenêtre, une fois assis dans le train qui les mènera au bord de la mer. Mais pour l’instant, ils sont dans la chambre à coucher et ça, le lecteur ne le sait pas, qui les suit au fil des pages dans les décors qu’ils imaginent, et n’entend que le dialogue entre les deux protagonistes, sans les voir. Les paysages qu’ils décrivent sont parfois ponctués de détails qui rappellent le contenu d’une chambre d’enfant : ici, des briques de construction, là un ourson en peluche. En regardant de plus près, on découvre que la lune et les montagnes ont un visage. Entre rêve et réalité, l’album se clôt en silence dans la chambre où l’enfant est endormi dans son lit. A ses pieds, un train en bois ; près de la porte, une valise avec son ours en peluche, chaussé de lunettes à soleil, prêt à partir. La lune, aussi, a fermé les yeux ; les livres – tous en lien avec le voyage – sont bien rangés dans la bibliothèque.
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Simon sur les rails ? Oui, au sens propre ! Le lapin ayant terminé son travail à l’usine de marteaux, il se rend à la gare pour prendre le train de nuit qui le mènera chez son grand frère où il va passer le week-end. Mais le train est annulé. Alors Simon court, il court le long des rails qu’il quitte ensuite pour prendre un raccourci qui le fait escalader une montagne. Enfin, le village et la gare apparaissent. Simon arrivera-t-il à temps ? Car voilà que le train surgit. En 2012, tout nous surprenait avec cet album : la thématique, le rythme, les cadrages, les couleurs en aplats, le choix des paysages dans lesquels ce lapin blanc semblait tout petit, mais bien courageux. Ce n’était que le début, Adrien Albert n’a cessé depuis de nous surprendre.
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Et d’ailleurs, il nous mène en train dans un autre album, paru plus tard : Train fantôme. Et mieux encore, il continuera à nous embarquer puisqu’en janvier 2024 devrait paraître : ChocoTrain. Affaire à suivre…
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De mémoire, car je ne le possède pas, que vous dire de cet album paru en 2012, sinon qu’il m’avait marquée ? Alors voici ce que dit La Joie de lire de Ligne 135 :
« Dans ce livre, inspiré d’un voyage au Japon, le lecteur suit le parcours d’une ligne de monorail du coeur d’une mégapole jusqu’à la campagne. À l’intérieur du train, une petite fille que sa maman vient de quitter sur le quai et qui va rendre visite à sa grand-mère. Les paysages se succèdent, et les pensées de la fillette défilent à leur rythme : quartier des affaires, quartier populaire, banlieue industrielle, no man’s land, forêt… Un livre sur le temps, son appréhension, mais aussi une critique en douceur et par petites touches de notre monde moderne, un monde qui va vite, trop vite peut-être, engendrant inégalités et pollution… Entre paysages réels et allégoriques, dessinés au rotring par Albertine, en noir et blanc, avec juste une touche de couleur pour le monorail, ce livre est une sorte de mélodie philosophique. »
Et Brigitte Andrieux dans La Revue des Livres pour Enfants : « Pourquoi vouloir faire le tour du monde quand il est déjà si difficile de faire le tour de soi-même ? La petite fille ne comprend pas toujours très bien ce que lui disent sa mère et sa grand-mère mais elle est bien décidée à leur prouver, une fois grande, qu'il est possible de réaliser ses rêves. Un minutieux dessin au trait en noir et blanc d'où ressort le beau train (un monorail) en couleurs nous emmène avec ravissement sur ce chemin des possibles, de la ville à la campagne. Une ode au voyage et à la vie. Un texte juste et concis, à la première personne, un format à l'italienne parfaitement adapté au propos, beaucoup de détails à voir dans l'illustration et une formidable invitation à prendre le temps de savourer l'instant présent et à mordre la vie à pleines dents… ça fait du bien ! »
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Autant on peut hésiter à faire une croisière sur un paquebot géant, autant on prendrait un billet pour voyager dans le train d’Hubert Poirot-Bourdain! Ils ont en de la chance ces deux enfants d’y embarquer. Curieux, ils vont parcourir la rame et s’arrêter dans chaque wagon. Imaginez qu’on y trouve un aquarium, une galerie d’art avec, accrochés aux cimaises, des portraits de personnalités (y figurent, entre autres, Babar, Gaston, un maximonstre de Toni Ungerer et le Bon Gros Géant de Quentin Blake), une piscine, un jardin botanique, une bibliothèque, un cinéma, une cuisine, des couchettes et j’en passe. Arrivés en bout du train, nos deux espiègles s’asseyent sagement. Mais serions-nous à destination car voici la gare ? Heureusement, il faudra bien rentrer et reprendre le train.
L’utilisation du leporello se prête particulièrement bien à cette histoire. En carton et sans texte, il offre, une fois déplié, une vue en coupe sur l’intérieur du train du dernier wagon à la locomotive. Empreint d’humour et à l’aspect un peu enfantin, on apprécie l’utilisation d’un trait noir jeté et rapide et de belles couleurs en aplats.
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On citera encore :
Un Train passe, de Donald Crews. Paru pour la première fois en 1981, ce cartonné sans texte aux couleurs arc-en-ciel est un classique toujours édité.
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Le Train des souris où, pour décider ses sept petits à aller à l'école, Maman Souris a une idée formidable: elle invente une voie ferrée qui passe sous un tunnel. Tous les matins, elle se met sur les rails et fait la locomotive. Ses sept enfants et tous les amis s'accrochent à elle, comme des wagons. Là encore un classique, ce d’autant plus qu’on trouve la Famille Souris dans dix albums.
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Boréal-Express. Il y a longtemps, une nuit, la nuit de Noël, un train s'arrête dans la rue devant la fenêtre d'un petit garçon. Invité à y monter, celui-ci y retrouve quantité d'autres enfants vêtus de pyjamas ou de chemises de nuit. Commence alors un voyage fantastique à travers bois, sur des montagnes enneigées, jusqu'au Pôle Nord, le pays du… Père Noël ! Rêve ou réalité?
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Enfin, rendons hommage aux A.T.I. (Les Ateliers du Texte et de l’Image), à Liège, qui abritent le fonds Michel Defourny, et à Brigitte Van den Bosche, sa responsable. Ils ont monté, en 2022, la belle exposition Trains en jeux.
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Ce dernier article, écrit également par Michel Defourny, est paru dans le numéro 26 (janvier-février 2022) de la revue Lectures Cultures
Bibliographie:
Quel train incroyable!, Tomoko Ohmura, L’Ecole des loisirs, 2023 - Dès 3 ans Règlobus, Pierre Alexis, La Partie, 2022 - Dès 3-4 ans Aller bon train, Pauline Delabroy-Allard, ill. Cati Baur, Thierry Magnier, 2023 - Dès 5 ans Notre Voyage, Romain Bernard, La Partie, 2023 - Dès 4 ans Simon sur les rails, Adrien Albert, L’Ecole des loisirs, 2012 - Dès 3 ans Train Fantôme, Adrien Albert, L’Ecole des loisirs, 2015 - Dès 3 ans Ligne 135, Germano Zullo, ill. Albertine Zullo, La Joie de lire, 2012 - Dès 6 ans Le Train, Hubert Poirot-Bourdain, La Joie de lire, 2022 - Dès 3 ans Un train passe, Donald Crews, L’Ecole des loisirs, 0-3 ans Le Train des Souris, Haruo Yamashita, ill. Kazuo Iwamura, L’Ecole des loisirs, 1986 - Dès 3 ans Boréal-Express, Chris Van Allsburg, L’Ecole des loisirs, 1986 - Dès 8 ans
Et Sophie van der Linden de rappeler les trains d'Anne Brouillard, du premier Voyage (1994), chez Grandir, au Voyage d'hiver (2013), chez Esperluette.
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Ils font coin coin wouf ou encore cui
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Dans ses livres, Rascal aime insérer une citation. Ici, c’est une phrase de Jean de la Fontaine: « Je me sers des animaux pour instruire les hommes. »
L’album, de format carré, comme le sont souvent les livres pour les petits, n’est pas cartonné, comme s’il pouvait aussi s’adresser à un lectorat un peu plus âgé. Une fois ouvert, il se transforme en format oblong où les images sont en pleine page. Le propos, simple, est de montrer des animaux et d’évoquer leur cri.
Voici un chat noir. Assis à gauche, on ne voit que sa silhouette percée par deux yeux qui nous regardent fixement ; ombre chinoise dans un décor qui se réduit à un sol blanc et un fond de couleur unie, vieux rose. Sur la page de droite, est écrit en noir, comme dactylographié sur une vieille machine à écrire, « Miaou ». Vient ensuite l’âne.
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De profil sur fond blanc, il est coupé à hauteur de poitrail. Sa robe est de couleur sable mouillé. Au fond de l’image, il y a des taches vertes qu’on devine être de l’herbe. L’âne fait « Hi-Han ». Et ainsi de suite. Le livre se referme sur un perroquet posé sur un perchoir. Que dit-il ? Il dit : « Encore ! Encore! » C'est une chute bien amenée, un brin d’humour et un appel communicatif que l’enfant à qui on a lu le livre pourrait bien utiliser.
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D’une grande simplicité, ce livre est une promenade esthétique de toute beauté due à des teintes subtiles et à un dessin extrêmement lisible. Ainsi, animaux et décors sont simplifiés au maximum afin de les rendre immédiatement identifiables, même quand, de la grenouille, on ne voit que les pattes et un bout de l’abdomen, le reste étant caché, on le devine, dans l’eau d’une mare simplement suggérée par le blanc de la page. Usant de techniques mixtes, les gravures ont été scannées, retouchées à l'informatique, puis le choix des couleurs a été fait au moment de l'impression en risographie*. Ce qui veut dire que les originaux étaient dans des couleurs très vives. Ils ont ensuite été scannés pour être passés en quadrichromie. Grâce à ce processus, le lecteur a entre les mains un livre au style à la fois un peu rétro, avec son côté artisanal, et graphique. Le perroquet était-il sous le charme ? Nous on l’est!
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Cet éminent ornithologue connaît tout des oiseaux. Pourtant, il en est un qu’il n’est jamais parvenu à approcher : le canard ! Un comble, car contrairement au flamant rose, point besoin d’aller en Camargue pour le trouver. Ou plus loin, comme en Chine pour le rossignol. Muni d’un appeau qu’il a soigneusement sculpté dans du bois, l’ornithologue sort de chez lui et s’accroupit au bord de la mare. Le voilà prêt à attirer le colvert en imitant son cri. Mais quand il souffle dans l’instrument, le son qui est en sort fait « Côa ». Pire, une jolie grenouille bondit de l’eau. Sans se décourager, notre scientifique rentre chez lui, fabrique un nouvel appeau et sans perdre une minute repart le tester. Cette fois, c’est un « Crôa » qui se fait entendre. Aussitôt, surgit un corbeau ! « Côa » « Croâ » « Croc » « Colin », vous l’aurez compris, on n’est pas près d’apercevoir le bec d’un canard dans cette histoire. Quoique…
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L’effet comique est dû aux tentatives du héros, à leur répétition. Cette structure narrative de type randonnée plaît beaucoup aux enfants dès lors qu’ils peuvent anticiper ce qu’il va se passer. Au fil des pages, on note également une accumulation de personnages. Ainsi et entre autres, la grenouille, le corbeau, un crocodile, un homme prénommé Colin se joignent aux tentatives de l’ornithologue dont les efforts l’éloignent de plus en plus du résultat souhaité. Oui, plus on avance, plus l’histoire devient absurde. C’est ce qui fait son charme et ce d’autant que les protagonistes se retrouveront à faire la fête ensemble. A défaut de canard, c’est déjà pas mal. Quelques mots encore sur les dessins. Et c’est Alexandra Pichard qui prend la parole :
J'ai directement dessiné à l'ordinateur. Pour obtenir des effets de matière, j'ai préalablement imprimé des masses d'encre, sur le même principe que celui de la gravure, puis j'ai scanné ces matières, dans lesquelles j'ai ensuite "découpé", à l'ordinateur, chaque forme de mes illustrations.
Au résultat et comme dans l’album précédent, il y a un petit côté rétro et graphique dans les illustrations. Il n’est pas sans rappeler l’univers de Nathalie Parain. D’ailleurs, une babouchka s’invite dans le récit…
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D'autres albums viennent à l'esprit qui, eux aussi, font "coin", "wouf" ou encore "cui". On pense à :
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Publié en 2009, le tout premier album de Cécile Boyer met en scène un chien, un chat et un oiseau dans leur environnement sans qu'eux mêmes ne soient jamais dessinés. Ils n'apparaissent que par leur cri. Un « cui-cui » perché sur un fil électrique, un «miaou » lové dans un fauteuil, ou un « ouaf » faisant pipi sur un mur, nous en racontent tout autant sur les mœurs et habitudes de ces animaux familiers que s’ils étaient représentés. Ce livre a obtenu plusieurs prix.
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La maman de Georges dit: "Allez, aboie, Georges!" Georges fait "Miaou". "Non, Georges", dit la maman de Georges. "Les chats font miaou mais les chiens font wouf. Allez, aboie, Georges!" Et Georges fait "Coin Coin". Gageons que cet album, paru la première fois en 2000, compte parmi les best sellers de l'Ecole des loisirs! Il est disponible en collection "Pastel" et en collection "Les Lutins".
Bibliographie:
Cui Cui Cui, Rascal, L'Ecole des loisirs, 2023 (Pastel) Le bon coin, Alexandra Pichard, Les Fourmis rouges, 2020 Ouaf miaou cui-cui, Cécile Boyer, Albin Michel Jeunesse, 2009 Aboie, Georges!, Jules Feiffer, L'Ecole des loisirs, 2000 (Pastel)
*Assez facilement reconnaissable, la risographie est une technique d’impression à jet d’encre, aux couleurs vives, et qui n’imprime qu’une seule couleur par passage, comme c’est le cas en sérigraphie. Ce procédé qui a aujourd’hui le vent en poupe est utilisé par le fanzine bruxellois pour enfants Cuistax depuis sa création en 2013.
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Pas l'temps je lis (septembre 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture du quotidien Le Temps. Ci-dessous vous retrouvez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permet aux abonné.es du Temps de les retrouver facilement, offre des pistes aux lecteur.ices du blog et est utile aux éditeurs.trices qui voient ainsi quels livres ont été retenus et se font une idée du ton de la chronique.
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09 septembre 2023 - Chats
Milton chez le voisin, Haydé, la Joie de lire - Dès 3 ans Comme dans un film, Rémi Courgeon, ill. Arnaud Nebbache, Seuil Jeunesse - Roman dès 8-9 ans
16 septembre 2023 - Les liens qui unissent
Ce qui nous lie, Anne Laval, Les Fourmis rouges - Dès 3-4 ans Pour demain et bien plus loin, Germano Zullo, Albertine, la Joie de lire - Album tout public dès 6 ans De 0 à dix, Christian Demily, Alice de Nussy, Grasset Jeunesse - Dès 2-3 ans
22 septembre 2023 - Traces
Buffalo Kid, Rascal, Louis Joos, L'Ecole des loisirs (Pastel) - Album dès 6 ans Les derniers géants, François Place, Casterman - Album dès 8 ans Nuit de chance, Sarah Cheveau, La Partie - Album dès 4 ans
30 septembre 2023 - Parole d'objets et autres bizarreries
Si les mouches pouvaient parler, Bruno Gibert, L'Ecole des loisirs (Neuf) - Dès 8-9 ans Le Livre que personne ne voulait lire, Richard Ayoade, Tor Freeman, Hélium - Roman dès 8-9 ans L'Arrosoir, Julien Baer, Marie Dorléans, Kaléidoscope - Album dès 6 ans
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Pas l'temps je lis (août 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
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05 août 2023 - Lectures facétieuses
Carnet de voyage autour de mon étang, Thierry Dedieu, Seuil Jeunesse - Album 6-9 ans Le grand livre de l'inutile, Bruno Gibert, La Partie - Dès 7 ans Gentils ou méchants? Julien Baer, L'Ecole des loisirs - Cartonné dès 3 ans
12 août 2023 - Des cartonnés à déguster
Imagier qui roule, qui glisse et qui vole. Imagier des outils, François Delebecque, Les Grandes personnes - 0-3 ans Et si? Chris Haughton, Thierry Magnier - 0-3 ans Les Animaux sauvages, Raphaëlle Giaux, Marguerite Courtieu, Albin Michel Jeunesse - 0-3 ans
19 août 2023 - C'est la rentrée !
Le grand jour de poussin, Claire Garralon, MeMo - Album dès 3 ans Séraphine à l'école, Albertine Zullo, La Joie de lire - Album cartonné dès 18 mois Mira à l'école des grands, Stina Klintberg, David Henson - Album dès 4 ans
26 août 2023 - Des retrouvailles tant attendues
La Course des mamans - Album dès 3-4 ans La Disparition, Béatrice Serre, Thibaut Guittet - Album dès 8 ans
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Pas l'temps je lis (juillet 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
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01 juillet 2023 - Des livres pour les vacances
Tous au parc ; Tous à la plage, Martine Perrin, Les Grandes Personnes - Cartonné de 6 mois à 2 ans Une Journée extraordinaire, Philip Waechter, Didier Jeunesse - Album dès 3 ans Doudous pride, Valentine Goby, Aurore Carric, Thierry Magnier - Album dès 4 ans Les Ebouriffés, Anne Cortey, Thomas Baas, Grasset Jeunesse - Album dès 4 ans Billy. Le bon, la brute et l'héroïne, Loïc Clément, Clément Lefèvre, Little Urban - Album dès 5-6 ans L'Heure magique, Jean-Philippe Arrou-Vignod, François Ravard, Gallimard Jeunesse - Album dès 8 ans Juliette Pommerol chez les angliches, Valentine Goby, Lili Cortina, Thierry Magnier - Roman dès 8-9 ans Elisabeth sous les toits, Vincent Cuvellier, Guillaume Bianco, Little Urban - Roman dès 10 ans Armande Cornix sauve le monde, Guillaume Nail, Milan Jeunesse - Roman dès 11 ans La Saison des disparus, Matthieu Sylvander, L'Ecole des loisirs - Roman dès 13 ans
08 juillet 2023 - Briser les chaînes
La véritable histoire de King Kong, Luca Tortolini, Marco Somà, Sarbacane - Album dès 6 ans Les deux perroquets et la liberté, Rashin Kheirieh, Rue du Monde - Conte dès 6 ans
15 juillet 2023 - Les pieds dans l'eau
La Plage, Ximo Abadia, Gallimard Jeunesse - Album dès 3 ans Marée haute, marée basse, Max Ducos, Sarbacane - Album dès 5 ans Rendez-vous à la piscine, Jean-Baptiste Drouot, Hélium - Album dès 4-5 ans
Les deux albums suivants ne sont pas parus dans la chronique, pourtant ils l'auraient mérité...
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Le vieil homme et les mouettes, Rémi Courgeon, Rozenn Brécard, Seuil Jeunesse - Album dès 5-6 ans
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Après, Hubert Poirot-Bourdain, La Joie de lire - Leporello dès 4 ans
22 juillet 2023 - Des romans d'apprentissage pour adolescents
Yvan et moi, Françoise Girard, La Joie de lire - Roman dès 12 ans Ma famille, mon voisin loufoque et moi, Lucie Lindemann, Amaterra - Roman dès 12 ans Apitoxine, Mélody Gornet, Thierry Magnier - Roman dès 14 ans
29 juillet 2023 - Avant de dormir, on lira
Un dernier livre et au lit!, Frode Grytten, Mari Kanstad, Cambourakis - Album dès 3-4 ans Trois grands copains (sur le tout petit chemin), Nadine Brun-Cosme, Olivier Tallec, Père Castor Flammarion - Album dès 3-4 ans
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Pas l'temps je lis (mai-juin 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
06 mai 2023 - Comment dorment les animaux
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Les Animaux dorment, Kjersti Annesdatter Skomsvold, Mari Kanstad Johnsen, Cambourakis - Album dès 4 ans
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Vive la sieste, Yuichi Kasano, L'Ecole des loisirs - Cartonné 0-3 ans
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Comment dorment les animaux, Marie Stumpfova, Jiri Dvorak, La Partie - Documentaire dès 3-4 ans
13 mai 2023 - Cadeaux de naissance
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Tu vois le jour, Laurent Moreau, Hélium - Livre accordéon dès la naissance
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Je, Olivier Douzou, Le Rouergue Jeunesse - Album dès 3 mois
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Les Images de Lou et Mouf: le chantier, la ville, Jeanne Ashbé, Pastel / L'Ecole des loisirs - Cartonnés 0-2 ans
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Mes p'tits doigts, Anne Crahay, CotCotCot - Album 0-2 ans
20 mai 2023 - Le temps du voyage
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Notre Voyage, Romain Bernard, La Partie - Album dès 3 ans
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Le Temps est rond, Victoria Kaario, Juliette Binet, Le Rouergue - Cartonné dès 2 ans
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Killiok, Anne Brouillard, Pastel / L'Ecole des loisirs - Album dès 6 ans
27 mai 2023 - Wouf Wouf !
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Iggy, Alex Cousseau, Janik Coat, Les Fourmis rouges - Album dès 4-5 ans
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Tout le monde a un teckel sauf moi, Charlotte Pollet, Biscoto - Album dès 4-5 ans
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Chien Pourri, le grand fourre toutout, Colas Gutman, Marc Boutavant, L'Ecole des loisirs - 6-9 ans
03 juin 2023 - Trois bandes dessinées
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Swamp, Johann G. Louis, Dargaud - Dès 12 ans
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Béa Wolf, Zach Weinersmith, Boulet, trad. Aude Pasquier, Albin Michel - Tous âges dès 10 ans
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Blancaflor, la princesse aux pouvoirs secrets, Sergio Garcia Sanchez, Rue de Sèvres - Dès 9-10 ans
10 juin 2023 - Des animaux pas si domestiqués que ça
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Bonne nuit, gorille, Peggy Rathmann, L'Ecole des loisirs - Cartonné dès 3 ans
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Tigre et Chat, Allira Tee, La Joie de lire - Album dès 5 ans
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Hector, Fred Dupouy, Lucie Maillot, Talents Hauts - Roman dès 8-9 ans
17 juin 2023 - Que fait-on le samedi?
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Jour de marché, Alice Oehr, La Partie - Album dès 3-4 ans
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Tommy fait les courses, Rotraut Susanne Berner, La Joie de lire - Cartonné dès 2 ans
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Pops et Mimosa. Mission salade, Emile Cucherousset, Thomas Baas, Actes Sud Junior - Album dès 6 ans
24 juin 2023 - Au coeur du végétal, les cycles de la vie
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Comment naissent les arbres, Charles Berberian, La Martinière - Album dès 4 ans
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De fleurs en fleurs, Anne Crausaz, MeMo - Album documentaire dès 6 ans
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Végétal, Juliette Einhorn, Hélène Druvert, la Martinière - Documentaire dès 9-10 ans
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Pas l'temps je lis (mars-avril 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
4 mars 2023 - John Lennon et Franz Kafka
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John, Emmanuel Bourdier, Flammarion - Roman 10-12 ans
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Kafka et la poupée, Larissa Theule, Rebecca Green, Les Editions des Eléphants - Album dès 5 ans
11 mars 2023 - L'amitié
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L'Arbre généreux, Shel Silverstein, L'Ecole des loisirs - Album dès 5-6 ans
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Un meilleur meilleur ami, Olivier Tallec, Pastel / L'Ecole des loisirs - Album dès 5-6 ans
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Hipou, Oili Tanninen, La Partie - Album 0-3 ans
18 mars 2023 - Le Cycle de la vie
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Il est où Diouke, Emilie Boré, Vincent Di Silvestro, La Joie de lire - Album dès 5 ans
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La Fougère et le bambou, Marie Tibi, Jérémy Pailler, Kaléidoscope - Conte dès 5-6 ans
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Insectorama, Lisa Voisard, Helvetiq - Documentaire dès 8 ans
25 mars 2023 - Salon du livre de Genève
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Elles : tomes 1 et 2, Aveline Stokart, Kid Toussaint, Le Lombard - Bande dessinée dès 11 ans
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Magda, cuisinière intergalactique, Nicolas Wouters, Mathilde Van Gheluwe, Sarbacane - Bande dessinée dès 10 ans
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Le Livre bleu, Germano Zullo, Albertine, La Joie de lire - Album dès 5 ans
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Dix petites souris, Colin Thibert, Haydé, La Joie de lire - Album dès 3 ans
1er avril 2023 - Dès livres animés pour les petits
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Bleu pop. Blanc pop, Aurore Petit, La Martinière - Livres animés dès 9 mois
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Jazzy dans la jungle, Lucy Cousins, Hélium - Livre à caches dès 2 ans
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La Souris qui portait sa maison sur son dos, Jonathan Stutzman, Isabelle Arsenault, Les éditions des Eléphants - Album dès 3-4 ans
08 avril 2023 - Des romans pour les vacances
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Moumoute et la boîte aux trésors, Inbar Heller Algazi, L'Ecole des loisirs - Roman dès 6 ans
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Suzanne Griotte et le parc aux limaces, Thibault Bérard, Clément Devaux, Gallimard Jeunesse - Roman dès 8 ans
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Les treize sorcières, Jodi Lynn Anderson, Nathan - Roman dès 9-10 ans
15 avril 2023 - L'engagement à hauteur d'enfant
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La Chambre de Warren, Jérémie Moreau, Albin Michel Jeunesse - Album dès 4 ans
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Eddie et Noé: plus chauds que le climat, Max de Radiguès, Hugo Piette, Sarbacane - Bande dessinée dès 11 ans
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Le Cercle des Dryades : opération Eurydice, Richard Couaillet, Actes Sud Jeunesse - Roman dès 8-9 ans
22 avril 2023 - Le pouvoir de l'imagination
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L'Ami du grenier, Mamiko Shiotani, La Partie - Album dès 4 ans
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On ferait comme si, André Marois, Gérard DuBois, Grasset Jeunesse - Album dès 5 ans
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L'Idée du placard, Jean-Luc Englebert, Pastel / L'Ecole des loisirs - Album dès 6 ans
29 avril 2023 - En vacances
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Ah! les voyages, Marie Caudry, Editions Thierry Magnier - Album dès 5 ans
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Emile dort chez des gens, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, Gallimard Giboulées - Album de 3 à 6 ans
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Presque perdu, Hervé Giraud, Aurélie Castex, Seuil Jeunesse - Roman dès 8-9 ans
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Pas l'temps je lis (janvier-février 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
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25 février 2023 - Parents modèles
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Une Maman si pressée, Sara Lundberg, Seuil Jeunesse, 2023 - Dès 4-5 ans
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Un Livre pour deux, Jean Leroy, Ella Charbon, L'Ecole des loisirs (loulou & cie), 2023 - Dès 1-2 ans
18 février 2023 - Orphelins pour de vrai ou pour de faux
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Le septième étage et demi, Suzanne Aubry, Delphie Côté-Lacroix, Québec-Amérique, 2023 - Dès 9-10 ans
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Trois fleurs sauvages, Liniers, La Joie de lire, 2023 - Dès 6 ans
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Les Enfants Boxcar : Le secret des orphelins, Gertrude Chandler Warner, Novel, 2023 - Dès 8-9 ans
11 février 2023 - Un temps pour tout
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Un Instant sur la terre, Seoha Lim, La Partie, 2023 - Dès 3 ans
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Un Million de points, Sven Völker, Helvetiq, 2023 - Dès 4 ans et pour longtemps
4 février 2023 - La prospérité et ses revers
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La Soupe Lepron, Giovanna Zoboli, Mariachiara Di Giorgio, Les Fourmis rouges, 2023 - Dès 5-6 ans
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Ours d'hiver, Irène Schoch, Les Editions des Eléphants, 2023 - Dès 4-5 ans
28 janvier 2023 - Des métamorphoses pour rire
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Où est mon boa?, Mathis, Ed. Thierry Magnier, 2023 - Dès 2-3 ans
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Les trois souhaits, Anthony Browne, Kaléidoscope, 2023 - De 3 à 6 ans
21 janvier 2023 - Partir ou non
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Cocorico Archie, Matthieu Sylvander, Perceval Barrier, L'Ecole des loisirs (Moucheron), 2023 - Dès 6-7 ans
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N'aie pas peur, Gabriel Cirpacio, Benoît Charlat, Sarbacane, 2023 - Dès 2 ans
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Dix petites souris, Colin Thibert, Haydé, La Joie de lire, 2023 - Dès 3 ans
14 janvier 2023 - Désobéir
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Dans le noir de l'ascenseur, Constance Orbeck-Nilssen, Oyvind Torseter, La Joie de lire, 2023 - Dès 5 ans
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Pas de baiser pour Maman, Mathieu Sapin, d'après l'oeuvre de Tomi Ungerer, Rue de Sèvres, 2023 - Dès 5 ans
7 janvier 2023 - On enquête
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Les Mystères de Sainte-Virginie-les-sapins, Séraphine Menu, Thierry Magnier (En voiture Simone), 2022 - Dès 9-10 ans
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Comment j'ai disparu dans la jungle, Simon van der Geest, La Joie de lire, 2022 - Dès 11 ans
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Griffes, Malika Ferdjoukh, L'Ecole des loisirs, 2022 - Dès 13 ans
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Le sel des albums illustrés : de l’importance du texte par trois exemples
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Ils/elles dessinent, écrivent ou traduisent des livres où l’illustration prime grandement sur le texte. L’équilibre est savant où le texte – même s’agissant d’une courte phrase courant sur la page – est tout aussi important que l’image. Il en est le sel. Les enfants le savent, qui, lorsqu'on leur fait la lecture, perçoivent simultanément texte et image.
A sa sortie, dans ma chronique dans Le Temps, je me suis penchée sur un album d’Olivier Tallec, Le Roi et rien. Voici ce que j’en disais :
Ce roi avait tout. Normal pour un roi, direz-vous. Il avait vraiment tout car il était collectionneur de tout et de rien. Pour vous donner un exemple, il possédait un orage qui refusait de faire des éclairs. Et tous les jours, il commençait une nouvelle collection qu’il rangeait, organisait, numérotait. Tout aurait pu être bien, sauf qu’il lui manquait RIEN. Il chercha bien, mais ne trouva rien ou plutôt ne trouva pas rien. Son entourage fut convoqué, cela ne donna rien. De plus en plus contrarié, il chercha, chercha et eut l’idée de se débarrasser de tout,  même de ses éléphants sans trompe ! Absolument tout ? Si vous vous souvenez de la fin du conte Les Habits neufs de l’empereur, alors vous comprendrez que notre roi finit tout nu. C’est à se demander comment fait Olivier Tallec pour réussir chaque album qu’il publie. Ses personnages, qu’ils soient humains, à poil ou à plume, sont hilarants. Leurs défauts et manies sont prétexte à aborder quantité de thèmes qui font réfléchir. Ici, le pouvoir sur fond de philosophie. Le choix d’offrir à cet album tout de rouge vêtu un format généreux permet d’accueillir une collection à la taille de la solitude d’un roi. La grande classe !
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On notera que je ne parle pas du texte. Pourtant je m’en suis régalée. Pour ma défense, je n’avais droit, peu ou prou, qu’à 1'000 signes. Or, et je l’ai découvert plus tard, si cet album compte particulièrement pour Olivier Tallec, c’est en raison du texte. Il en dit la chose suivante :
Il y a des albums auxquels tu es attaché parce que tu as l’impression d’avoir réussi quelque chose ou d’être arrivé à une étape importante. Et c’est le cas pour ce texte. Je ne pensais pas y arriver, car comment rendre concrète une notion si abstraite si ce n’est en la personnifiant, et en faisant de ce « Rien » une personne, avec toutes les questions qui se sont posées : majuscule ou pas majuscule à « Rien », jusqu’où pousser le jeu avec ce mot ? Et finalement j’ai réussi à l’écrire ! C’est un peu comme une marche de huit heures où tu te dis que tu ne parviendras jamais en haut de la colline, et finalement tu y arrives.
"Et si on faisait un petit feu pour brûler cette toute petite feuille minuscule de rien du tout? Alors il resterait Rien. Mais NON! Parce qu'une minuscule petite feuille qui brûle, ça donne de minuscules petites cendres. Et de minuscules petites cendres, ce n'est pas Rien! Non, non, et non, rien à faire! Rien est introuvable. Ça ne sert à rien d'avoir tout si on ne peut même pas avoir Rien!
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Olivier Tallec, ce jour-là, m'a donné une leçon. Talentueux, au crayon comme à la plume, il conserve toutefois l'étiquette - fort honorable d'ailleurs - d'illustrateur. Illustrateur, il l'est. Et puisqu'il invente des histoires et a des choses à dire, il est auteur-illustrateur. Et si ses livres sont aussi bons, c'est aussi grâce à la qualité de ses textes, ce qui n'empêche pas que certains lecteurs soient avant tout attentifs aux images. L'exemple d'Olivier pose la question de l'enseignement dans les écoles d'art. Combien sont-elles à offrir des cours de narration et d'écriture? A quel moment ose-t-on se lancer dans l'écriture d'un texte quand on a appris le dessin, l'illustration? Pourtant, on sait la valeur qu'ont, pour ceux qu'on appelle "illustrateurs," les livres dont ils sont à la fois auteur et illustrateur. Et de rappeler, une fois encore, que la qualité d'un texte ne se mesure pas au nombre de lignes. Les livres pour les tout petits en sont un bon exemple. Ces questions de perception de la qualité d'un texte ou d'envie se lancer dans l'écriture pourraient être l'objet d'un autre article.
De prime abord, Piloti a un œil bleu, est un album de photos en pleines pages d’un chien dans son quotidien, dans la nature ou en intérieur. D’ailleurs, l’argumentaire de la maison d’édition le présente ainsi : « A la manière des livres des années 50, un album-photo avec le chien Piloti comme héros ! »
Sur les photos qui illustrent le livre, on ne voit que Piloti. Il ne porte pas de laisse, d’où l’impression qu’il est de caractère indépendant. Et, d’ailleurs, on a vite fait de se demander à quoi il pense. Cela nous amène au texte de Julien Baer qui figure sur la page de gauche, entièrement réservée aux réflexions de l’auteur qui n’ont, évidemment, rien à voir avec les images du chien !
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Sur la couverture, le titre, Piloti a un œil bleu, pose un problème au lecteur puisque, sur la photo, on voit bien un oeil bleu, mais l’autre œil est caché dans les poils grâce à une subtile prise de vue.
L’auteur nous tient déjà, alors, vite, on avance. La page de garde est ornée d’un cercle bleu avec à l’intérieur un petit cercle noir.... Le jeu continue à la première page avec une phrase qui nous prend à témoin : « Vous avez remarqué ? » Notre regard se pose sur la photo du chien sur la belle page. On y voit cette fois ses deux yeux et ils ne sont pas de la même couleur : ce chien est particulier ! Et la dernière garde le confirmera avec son beau cercle marron.
Sur la double page suivante, il est écrit : « Piloti est un chien. » Ici, l’auteur nous surprend en n’apportant pas la réponse à laquelle on s’attendait, à savoir : « Vous avez remarqué ? Piloti a un œil bleu. ».  C’est bien égal puisqu’il sait, le malin, que le message est désormais bien ancré : avec ses yeux vairons, Piloti est particulier, mais pas que pour cette raison. D'ailleurs, si, en prenant le livre, nous avions été attentifs à la quatrième de couverture, nous nous serions aperçus que l'éditeur, lui aussi, se joue du lecteur. On rappellera que sur la quatrième de couverture figure souvent un bref résumé du livre avec des éléments qui susceptibles d'accrocher le lecteur.
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On a tenté de nous faire croire qu’il s’agissait d’un album-photo avec un chien pour héros, mais c’est bien le texte, extrêmement simple et quasi philosophique, qui fait l’originalité et la profondeur de ce livre. L’auteur y aborde les sentiments, les questions relatives à l’attachement d’un « maître » à son chien et à leur relation. Fait-il partie de la famille, bien qu’il ne soit pas un cousin ? Est-il un ami ? Que ressent-il ? En résumé, malgré ce que l’on a là aussi tenté de nous faire croire, si Piloti est particulier, c’est surtout pour d’autres raisons que la couleur de ses yeux !
D’entrée, je me suis posé la question de la genèse et de la construction de l’album : de l’œuf ou la poule, du texte ou des photos, quel avait été le déclencheur ? Et ces photos étaient-elles des photos de « famille » ou des photos prises pour le livre ?
Julien Baer m’a renseignée et la simplicité de sa réponse m’a étonnée : Il a tout d’abord écrit un petit texte qui s’apparentait à un poème, entre rimes et prose. Il pensait l’inclure dans un recueil de poèmes pour enfants. Puis, il a pensé à l’illustrer avec des photos qu’il avait prises de Piloti et choisies avec soin. L’histoire ne dit pas s’il a sué sur son texte. Le voici, en respectant son placement sur les pages :
"Vous avez remarqué ? Piloti est un chien. C’est même un teckel nain. Il a trois mois demain. Arrivé sur la Terre entre automne et hiver, Il a un œil bleu et la robe arlequin. Parfois on dirait un renard ou un hérisson, d’autres fois un ourson. Il n’est pas de ma famille, ce n’est pas mon cousin, et pourtant je me sens proche de lui comme si je l’avais toujours connu. Ressent-il la même chose ? Vraiment je n’en sais rien. Soyons raisonnable, Piloti est un chien, pas un être humain, c’est même un teckel nain. Dans les bois il est bien et sur le sable aussi, dans mon appartement ou au cœur d’un jardin. Il est facile à vivre, je suis facile à vivre, nous sommes faciles à vivre, ça tombe bien. Il y a un grand mystère dans notre grande entente. Après une longue réflexion voici ma conclusion : Piloti est un être teckel et moi un humain nain."
Abordons la traduction avec un dernier album, Animaux humains, dont voici la notule parue dans Le Temps :
Il y a des milliers d’années, nous nous levions déjà le matin et nous nous couchions le soir. Certains animaux étaient nos amis, d’autres non. Nous fabriquions nos vêtements et les objets dont nous avions besoin. Nous communiquions par la parole et nous entendions. Dans notre monde dominé par la technologie et la consommation, ce précieux album nous invite à reconsidérer nos origines, la filiation avec nos ancêtres les homo sapiens et notre rapport à la nature. Si les enfants d’aujourd’hui sont passionnés de préhistoire, c’est peut-être parce qu’ils sont en quête du lien à la fois fort et ténu qui nous conduit au mode de vie d’alors, en prise avec les forces de la nature et l’animalité.
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En examinant les pages de garde qui représentent des bustes d’êtres humains d’ethnies diverses, on peine à dire si certains des portraits sont ceux de contemporains ou de lointains ancêtres. En fin d’ouvrage, l’autrice nous adresse un plaidoyer, avec, en regard, des objets et leur descriptif, qui confirment que la culture de nos prédécesseurs avait peu à envier à la nôtre. A noter enfin la qualité de la traduction de Ramona Badescu, où chaque mot, chaque phrase ont été soupesés. Elle est l’autrice, entre autres, des histoires de l’éléphant Pomelo.
On rappellera que Ramona Badescu a quitté la Roumanie pour la France à l’âge de dix ans et que l’apprentissage de notre langue a représenté une âpre conquête. Puis, toujours à l’école, elle a appris l’allemand, l’anglais et le grec ancien. L’italien l’a même tentée, qui lui semblait faire comme une jonction entre le roumain et le français. On peut donc affirmer que Ramona s’intéresse aux langues ! Ayant par le passé effectué plusieurs séjours aux Etats-Unis, c’est à partir de 2016 qu’elle réalise – sur une proposition de ses éditrices de l’époque chez Albin Michel Jeunesse, Béatrice Vincent et Camille Vasseur - ses premières traductions d’albums de l’anglais au français. Ainsi, elle deviendra la traductrice française des albums de Judith Kerr, une autrice dont elle parle avec fierté et émotion.
Ramona Badescu a toujours écouté des histoires. Elle le dit d’ailleurs joliment : « Depuis toujours je suis oreille ». Il n’est donc pas surprenant que la traduction l’ait attirée. Ayant à cœur de conserver précieusement de la place pour son propre travail de création, elle n’effectue qu’une à deux traductions par an, toujours des albums. S’immerger dans un travail qui n’est pas le sien demande beaucoup de sérieux. Elle s’efforce de comprendre, d���être au plus près d’un univers autre qu’il faut respecter et ne pas s’approprier ; ce qui n’empêche toutefois pas de tenir compte du lecteur francophone et des codes qui lui sont propres : par exemple, dans les pays anglo-saxons, les auteurs sont attentifs à ce que texte et image correspondent, ce qui peut paraître redondant chez nous. Dans ses traductions, il lui arrive de prendre la liberté d’éloigner avec subtilité l’un et l’autre afin d’éviter cet effet de répétition. Ci-après, en revanche, il lui a semblé devoir être un peu plus explicite.
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"Everything we had we made." La phrase est traduite par : "Tout ce que nous avions, nous le faisions de nos mains." A noter qu'il est établi que les textes en anglais sont compacts - bien que cette langue soit riche - et que leur traduction en français gagne en longueur. Cela peut influer sur la mise en page, mais ça, c'est une encore une autre histoire!
En découvrant Animaux humains, je ne me suis pas d’emblée posé la question de la traduction. En revanche, j’ai immédiatement été saisie par la justesse du ton, en totale adéquation avec les images. Le texte de cet album est d’une extrême simplicité et chaque mot semble à sa place. D’où l’importance d'apprécier le travail de traduction à sa juste valeur, de tout texte de qualité, à vrai dire ; si cette dernière en est absente, même les belles images n’y feront rien !
Le Roi et rien, Olivier Tallec, L'Ecole des loisirs, 2022 (Pastel) Piloti a un oeil bleu, Julien Baer, Hélium, 2022 Animaux humains, Rosie Haine, trad. Ramona Badescu, Albin Michel jeunesse, 2022
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Pas l'temps je lis (novembre-décembre 2022)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
Retrouvez la chronique sur le site du Temps
23 décembre 2022
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Dessus, dessous, devant, dedans, Fanny Pageaud, Les Grandes Personnes, 2022
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Tourne, pense, regarde, Beau Gardner, Les Grandes Personnes, 2022
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Pizza 4 saisons, Thomas Vinau, Anne Brouillard, Ed. Thierry Magnier, 2022
17 décembre 2022
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Animaux humains, Rosie Haine, Albin Michel Jeunesse, 2022
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Félixe et la maison qui marchait la nuit, Sophie Bédard, La Ville brûle, 2022
10 décembre 2022
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Photo de famille, Chloé Millet, Delphine Jacquot, Les Fourmis rouges, 2022
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Que fait-on quand il pleut?, Ralph Doumit, Julia Wauters, Hélium, 2022
3 décembre 2022
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Le Festin de Noël, Nathalie Dargent, Magali Le Huche, Gallimard Jeunesse, 2022 (L'heure des histoires)
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Le dernier mouton, Ulrich Hub, Jörg Mülhe, Gallimard Jeunesse, 2022 (Premiers romans)
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Le pire Noël de ma vie, Victoria Kaario, Juliette Binet, Rouergue, 2022
26 novembre 2022
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Le petit livre des grandes choses, Sophie Vissière, Hélium, 2022
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Bravo, maman manchot!, Chris Haughton, Thierry Magnier, 2022
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Un Océan d'amour, Pieter Gaudesaboos, Hélium, 2022
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Björn: une vie bien remplie, Delphine Perret, Les Fourmis rouges, 2022
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Le grand livre de ma planète, Raphaële Botte, Elisa Géhin, Thierry Magnier, 2022
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De Cape et de mots, Flore Vesco, Kerascoët, Dargaud, 2022
19 novembre 2022
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Trésors de collectionneurs, Lucie Brunellière, Albin Michel jeunesse, 2022
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Pirates Bric-à-brac, ATAK, Thierry Magnier, 2022
12 novembre 2022
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Ce Jour-là, Pierre-Emmanuel Lyet, Seuil jeunesse, 2022
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T'es pas mort!, Catherine Pineur, Ecole des loisirs, 2022 (Pastel)
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Où vont les doudous quand ils meurent?, Laurence Salaün, Gilles Rapaport, Seuil jeunesse, 2022
5 novembre 2022
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Mais où est-elle?, Marie Mirgaine, Les Fourmis rouges, 2022
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Tout se transforme, Tony Durand, Motus, 2022
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Anne Crausaz. A fleur de sens
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Vous découvrez ici la version longue d'un article paru dans Le Temps du 22 octobre 2022 où je tiens la rubrique hebdomadaire "Pas l'temps je lis" dans le supplément culture du week-end. Cet article n'en faisant pas partie, je me permets de le faire figurer sur Page à pages.
Les dessins effectués à l’ordinateur nous sont désormais familiers. La technique est si maîtrisée que parfois on ne sait plus quel medium l’artiste a utilisé : crayon, peinture, collage, ordinateur ou leur combinaison, tout est possible. Il y a une quinzaine d’années, quand la Lausannoise Anne Crausaz envoya son livre Raymond rêve à Christine Morault des Editions MeMo à Nantes, le dessin numérique était fort peu courant : ceux qui osaient le pratiquer étaient soupçonnés de ne pas savoir dessiner à la main. L’album reçut le prix Sorcières 2009 et le catalogue de MeMo compte désormais une vingtaine de livres d’Anne Crausaz, tous réalisés à l’aide du logiciel Illustrator. Le dernier en date, Quand il fait mauvais temps, paraît ces jours-ci et développe ce que chacun et chacune, chèvres, canards, escargots, inventent et imaginent quand il fait gris. Et les enfants, que font-ils quand il pleut ?
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Cet automne, Anne Crausaz fait un pas de côté en offrant à la petite structure lausannoise des éditions Askip un album entièrement réalisé à la main et à la gouache, qui porte le titre d’  Imagier des sens, d’ores et déjà en lice pour une Pépite 2022 du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil.  Avec une courte phrase en exergue, « A ce qui nous entoure », l’imagier est bâti en quatre chapitres et fait défiler les éléments - air, eau, terre, feu – qui vont solliciter nos cinq sens : vue, odorat, goût, toucher, ouïe. Au moment de choisir le titre, le mot « sensations » avait été évoqué, puis écarté : les sensations, c’est au lecteur de éprouver en faisant appel à ses souvenirs. Dès la première page, la magie opère à la faveur d’images de toute beauté ; à se demander où va le vent et écarquiller les yeux. Ainsi Anne suscite-t-elle des saveurs insoupçonnées lorsqu’elle met en image un feu de camp. Car le propos de ce livre est bien là : apprendre aux enfants l’importance des sensations – celles qu’ils ont vécues, qu’ils vivront – et réactiver les nôtres ; partir ensemble à leur recherche en toute subjectivité, car si l’odeur de la pluie sur un sol peut évoquer pour l’un des pierres chaudes, ce sera celle du bitume pour l’autre. Une odeur de vacances, c’est parfois aussi, selon d’où vient le vent, celle qui s’échappe de la cheminée d’une usine. Loin de toute idéalisation, Anne brosse par petites touches un monde dans lequel la nature telle que nous avons pu la ressentir fait valoir ses droits. En conclusion, l’ouvrage nous invite à faire un vœu au passage d’une étoile filante. J’ai pensé aux quatre éléments, à ces quatre mots d’une simplicité folle, mais toujours plus problématiques. Qu’en avons-nous fait ?
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©Anne Crausaz
D’emblée, Anne Crausaz a souhaité explorer ces thèmes qu’elle avait déjà abordés par le biais des saisons dans Premiers printemps. Mais ici, plutôt que de documenter, il s’agissait, comme nous l’avons vu, de se concentrer sur les sensations. L’outil informatique, qui permet d’ailleurs des rendus très réalistes, ne lui a pas semblé approprié en l’occurrence ; elle a donc décidé d’utiliser la gouache, qu’elle avait déjà pratiquée dans sa jeunesse, mais à des fins réalistes ; ici matière sensuelle, tactile, alliant la matité et le velours, et qu’elle aime diluer.
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Ici, une illustration à la gouache
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Là, à l'ordinateur (tirée de Bon voyage petite goutte ©MeMo 2010)
Elle nous fait ainsi partager ses propres délectations : la buée, les marrons chauds, un ciel immense, une cheminée, l’odeur des champignons, autant de sensations qui, en fermant les yeux, lui reviennent en mémoire. Il ne lui serait pas venu à l’idée de dessiner des palmiers ! Cet album serait-il autobiographique ? Anne ne l’a pas pensé ainsi ; pourtant, après avoir dessiné une femme qui nage, elle a réalisé avec étonnement que c’est d’elle-même qu’il s’agissait.
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Le film Les Ailes du désir de Wim Wenders  l’a également accompagnée durant tout le projet, dans lequel un ange se dit prêt à renoncer à l’immortalité pour l’odeur du café. De son enfance dans les Cévennes où il n’y avait pas de loisirs organisés, elle se souvient avoir passé des heures à observer et tenter de comprendre les choses ; par exemple ce que devient la neige qui tombe sur l’eau. Il lui en reste le goût de l’expérimentation.
Remy Charlip l’a également inspirée en la poussant à quitter parfois la double page pour mettre en regard des images qui se répondent. Cet artiste new yorkais, touche-à-tout de génie, a réalisé dès les années 1950 des livres pour enfants qui sont devenus des classiques de la littérature jeunesse et ont reçu de nombreux prix.
Fruit d’une collaboration étroite avec l’équipe d’Askip – Hélène Montero, Julia Sorensen et Stéphanie Tschopp –, ce livre a donné à Anne l’envie d’alterner désormais des ouvrages très graphiques à l’ordinateur et d’autres plus sensuels à la main. On osera avancer que les éditrices n’y sont pas pour rien, qui l’ont encouragée à prendre des libertés. Au début de leur collaboration, Anne restait axée sur chaque sens isolément. Il fallait trouver la façon précise de le décrire dans sa relation avec un élément. « Prenons l’exemple de l’eau : on peut l’écouter, la goûter, la toucher et la regarder. Quand il s’agit de la sentir, cela se complique. On peut imaginer de l’eau croupie, mais elle se mélange avec l’élément terre. Un vrai casse-tête.
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En apprenant à faire fi des contraintes que je m’étais imposées, quantité de sensations me sont apparues. » Mais la voilà qui s’inquiète : « Quand les enfants liront le livre, ce ne sera peut-être pas évident pour eux de comprendre que ça c’est l’eau et l’odeur. Au début, j’avais fait en sorte qu’il y ait toujours un verbe qui rappelle le sens. S’endormir au son de la pluie, on l’écoute. Plonger un brin de menthe dans de l’eau chaude, on doit réfléchir à quel sens cela se rapporte. »
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Le projet bouclé, le travail d’équipe s’est poursuivi dans l’atelier de Roger Emmenegger, photolithographe des plus exigeants, jusqu’à ce que le livre, le vrai, voie le jour au Tessin dans la fameuse imprimerie d’Angelo Miele, La Buona Stampa.
A propos d’Askip et de ce projet
Les éditions Askip ont vu le jour à Lausanne en 2020 grâce à la rencontre entre Hélène Montero, relieuse, Stéphanie Tschopp, graphiste, et Julia Sorensen, autrice. Toutes les trois partagent le goût des livres pour enfants, de l’édition, du dessin à la main et des beaux papiers. Julia Sorensen nous en dit un peu plus :
Chez Askip, on fonctionne au feeling, dans la confiance et avec l’envie que l’artiste se fasse plaisir. Ce projet a démarré dans l’enthousiasme. A mi-chantier, nous avons rencontré des difficultés. Et puis il y a eu un déclic qui nous a permis d’avancer, de laisser parler la page et la gouache, de suggérer à Anne qu’elle aille plus loin dans les sensations en ôtant des personnages, des détails, en réduisant le texte à l’essentiel. Anne a fait quantité de recherches et de dessins. Nous étions là pour l’encourager.
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Cette expérience nous a aidées, mes associées et moi, à définir une ligne pour Askip, à assumer notre rythme d’un livre par an - le temps que l’accompagnement du livre d’Anne -, en résumé à faire des livres qui prennent du temps et sont des prises de risques. Car nous souhaitons offrir un espace expérimental à des auteurs.trices dont c’est le premier livre ou à des artistes confirmés qui veulent sortir de leur travail habituel. A côté de cela, nous organisons des ateliers pour les enfants sur la thématique de l’édition où ils expérimentant toutes les étapes de la création d’un livre, de l’écriture et l’illustration à la fabrication. https://askip.ch/ateliers/
L’imagier des sens, Anne Crausaz, Askip, 2022 Quand il fait mauvais temps, Anne Crausaz, MeMo, 2022
Anne Crausaz est une des marraines de ce blog.
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Pas l’temps je lis (août-octobre 2022)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
Retrouvez la chronique sur le site du Temps.
29 octobre 2022
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La huitième chèvre de M. Seguin, Bruno Heitz, Le Genévrier, 2022
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Pitsi-Mitsi, Marie-Aude Murail, Régis Lejonc, L'école des loisirs, 2022
15 octobre 2022
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Merci pour la tendresse, Myren Duval, Emma Constant, Rouergue, 2022
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Magda cuisinière intergalactique, Nicolas Wouters, Mathilde Van Gheluwe, Sarbacane, 2022 (tome 1)
08 octobre 2022
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Les Couleurs c'est comme ça!, Agnès Rosenstiehl, Gallimard Jeunesse, 2022.
1er octobre 2022
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La petite poule qui volait des perles, Axel Scheffler, La Joie de lire, 2022
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Le Roi et rien, Olivier Tallec, L'école des loisirs, 2022 (Pastel)
24 septembre 2022
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Fluidothèque, Berta Paramo, La Partie, 2022
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Un Vent de paix, Suzanne Arhex, Jonathan Blezard, Hélium, 2022
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Le Voleur de feuilles, Alice Hemming, Nicola Slater, Flammarion, 2022 (Père Castor)
17 septembre 2022
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Jefferson fait de son mieux, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard Jeunesse, 2022
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C'est dans la boîte, Edouard Manceau Coco et Moumouche, Mathis Roule, Noisette, Caroline Romanet, Magali Clavelet Petiote, Jane Massey Nathan, 2022 (Mini Bulles)
10 septembre 2022
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La longue marche des dindes, Léonie Bischoff, Kathleen Karr, Rue de Sèvres, 2022
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La Fille du phare, Annet Schaap, L'école des loisirs, 2022 (Médium)
03 septembre 2022
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Arnold, Didier Lévy, Anne-Lise Boutin, Helvetiq, 2022
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Le tout petit monsieur et la très grande dame, Claire Renaud, François Ravard, Gallimard Jeunesse, 2022 (Folio Cadet)
27 août 2022
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Monsieur Paul et le poisson Alfred, Sylvie Neeman, Serge Bloch, L'école des loisirs, 2022 (Mouche)
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Violette contre Diablot 1, Emilie Clarke, Biscoto, 2022
À bientôt !
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Quelques albums militants publiés par des éditeurs romands
Khat : journal d’un réfugié
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Argumentaire :
Le 17 juin 2018, trois bateaux accostent au port de Valence. A leur bord, des centaines de migrants. Ximo Abadia raconte le destin de l’un de ces anonymes qu’il a rencontré.
Le périple de Natan, un jeune Erythréen, commence dès son plus jeune âge. Pour fuir la dictature, sa famille part en Ethiopie. Mais la situation n’est guère meilleure dans le pays voisin. Très vite, l’existence de Nathan devient un vrai enfer. Faim et misère n’entament toutefois pas son optimisme et surtout son instinct de survie. Après une succession de séjours en prison, il décide de tout tenter pour rejoindre l’Europe.
Mon avis :
A mi-chemin entre le roman graphique et l’album illustré, ce grand beau livre entremêle avec intelligence l’histoire bouleversante de Natan - et accessoirement celle de son père - à des aspects plus documentaires qui nous apprennent beaucoup sur la condition des exilés érythréens en Ethiopie et le long chemin parcouru par les réfugiés. Ximo Abadia a choisi de terminer son récit lorsque que Natan pose le pied sur le sol espagnol. Alors, bien sûr, le lecteur aimerait en savoir plus, ce qu’il s’est-il passé ensuite. Mais c’est fort d’arrêter le récit à ce moment-là. J’aime y voir de la pudeur de la part de l’auteur et puis, c’est une autre histoire, une histoire qui n’a pas dû être simple. Du point de vue graphique, le trait et la mise en pages varient au rythme du récit, alternant les couleurs sur un fond jaune pâle, mais offrant aussi parfois au lecteur des pages sombres dans les noirs, les bleus, où les mots n’ont plus leur place et qui disent à leur manière l’horreur, mais sont paradoxalement comme des plages de repos pour ce dernier.
Face à face
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Argumentaire :
Ce livre est l’écho d’un dialogue, d’un face à face. Anisa raconte à Maeva sa vie en Syrie et la fuite de son pays natal après des mois de guerre civile. Elle partage ses défis et ses espérances en tant que femme et mère dans un pays étranger, à Delémont, son nouveau foyer. En réponse, Maeva donne forme à ses confidences en mots et en couleurs. Ces deux vois, portées par des poèmes en arabe et des dessins sensibles, résonnent avec l’espoir de nous interpeler.
Mon avis :
Le récit d’Anisa est posé, comme apaisé malgré le fait qu’elle ait vécu la guerre, eu un enfant qui n’aurait pas dû voir le jour dans ces conditions et quitté sa famille. On ne peut qu'être profondément ému par le parcours qu’elle a effectué avec son mari Khldoun. Leur première fille Marya est née en Syrie pendant la guerre ; Eva, la cadette, en Suisse, à Delémont, où la famille a obtenu le statut de réfugiés. Marya et Eva nous touchent également car elles portent en elles le déchirement de leurs parents. C’est si proche.
Quant au travail de Maeva Rubli, il est d’autant plus impressionnant qu’il a été réalisé dans le cadre de son travail de bachelor. Les dessins (gouache, crayons papier et couleur, pastel blanc), souvent dans des couleurs vives, apportent de la chaleur au récit lorsqu'il se déroule dans l’appartement d’Anisa. Quand il est question de souvenirs, du sang de la guerre et d’un accouchement difficile, Maeva utilise le rouge. Elle y met également une touche sans doute très personnelle et c’est bien. Il y a de la douceur et de la sincérité des deux côtés. On le sent également dans le texte, concis, qui se contente de relater. Ce face à face est décidément un livre de femmes, un livre de mères. Un long poème d’Anisa ouvre le livre en français et il le clôt en arabe.
Celeste: l'enfant du placard
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Argumentaire :
Cette bande dessinée évoque la rencontre de Léane, adolescente d’origine italienne, et de sa voisine, Celeste. Fille de saisonnier italien et enfant cachée dans les années 60/70, Celeste vécu les conséquences du statut de son père qui interdisait le regroupement familial. A travers les yeux de Léane, c’est l’histoire passée de l’immigration italienne en Suisse qui est évoquée.
Mon avis :
Il n'est pas inutile de rappeler cette période de l’histoire suisse et des initiatives Schwartzenbach, le politicien suisse à l’origine de l’initiative contre la surpopulation étrangère à la fin des années 60. Si la première a passé, la seconde a été refusée par le peuple suisse. L’ouvrage est court – un peu scolaire à mon goût - et un volet historique explique le contexte social et politique. Qu’il soit le bienvenu dans les écoles, il a sans doute été pensé pour.
Notre Frère
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Argumentaire :
L’autrice livre un roman graphique évoquant la schizophrénie, une histoire racontée à hauteur d’enfants. La maladie psychique n’y est pas analysée, détaillée, disséquée, mais avant tout ressentie, dans ses dimensions primitives faites de peur, d’incompréhension, de tristesse, d’angoisse, mais aussi d’espoir, d’empathie et de fraternité.
Dans un récit intime, Marion Canevascini livre son enfance et celle de sa sœur au sein d’une famille dont le frère aîné est atteint de schizophrénie. On les suit au fil des années, à hauteur d’enfant qu'elles sont, en fonction de leur âge, de ce qu’elles ressentent, de ce qu’elles observent chez leurs parents qui font ce qu’ils peuvent pour les épargner et garantir à la famille un semblant d’équilibre, quitte à ne pas partager leur tristesse, leurs soucis et leur fatigue. Dans son monde occupé par les esprits, le frère est comme absent de la fratrie. Les liens entre les deux sœurs se font de plus en plus forts, dans l’adversité. Elles grandissent et découvrent la légèreté de la vie le jour où elles peuvent partir seules en vacances. Puis, c’est le fils qui un jour vole de ses propres ailes. Elles vont enfin pouvoir exister et la famille devenir une vraie famille. Pour une première œuvre, l’essai est réussi. Bravo à Marion qui continue d’explorer l’enfance dans son ouvrage suivant, Sables mouvants, qui oscille entre le poème graphique et le récit dessiné introspectif dans lequel une jeune femme se penche sur la petite fille invisible qu’elle était, l’absence du père, les secrets des adultes et l’importance du deuil dans la construction identitaire.
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Khat: journal d'un réfugié, Ximo Abadia, La joie de lire, 2022
Face à face, Maeva Rubli, Anisa Alrefaei Roomieh, Antipodes, 2022 Celeste, Pierdomenico Bortune, Cecilia Bozzoli, Antipodes, 2022 Notre frère, Marion Canevascini, Antipodes, 2020 Sables mouvants, Marion Canevascini, Antipodes, 2022
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Des lectures pour l'été
La plupart des titres jeunesse de cette chronique figurent dans la double-page "Lectures jeunesse pour l'été" du supplément littéraire du quotidien Le Temps, que Sylvie Neeman et moi nous sommes partagée. Ils sont suivis par des romans adultes lus ces derniers mois et que j'ai aimés.
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Qu'on ne s'y fie pas. Si sur la couverture ces deux ont l'air bien tranquilles, dans la vraie vie, c'est autre chose...
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Si je partais en vacances avec petit enfant et ne pouvais emporter qu'un livre, je choisirais "Une vie de chatons". Avec un nombre suffisant de pages, ce livre permet d'y passer du temps, d'y revenir et de piocher dans la journée de Noyau et de Plume qui s'étire de repas en sieste, de découvertes en découvertes qui sont autant de jeux pour ces deux petits. On ne voit qu'eux et le monde qui les entoure, mais leur posture parfois ou encore une phrase nous disent qu'ils ne sont pas seuls. Dans un format presque carré, les illustrations un peu japonisantes alternent les pages d'action et celles qui mettent en avant des détails de leur quotidien à la façon d'un imagier. On peut y apprendre la langue des chats et aussi à compter, découvrir le nom d'animaux et d'objets. Irrésistible, ce bijou de livre est très complet, bien observé et très rythmé.
Une vie de chatons, Fleur van der Weel, La Partie, 2021
L’océan à hauteur de petits scientifiques
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Hôtels, campings, maisons de vacances, amoureux de l’océan... tous devraient avoir à disposition cette bande dessinée documentaire, histoire de la partager en famille et de faire connaissance de ses quatre petits personnages bien croqués qui, le temps d'un week-end, se retrouvent à camper sur une île. Les parents ne sont pas bien loin qui reviendront les prendre à la fin du séjour. De picnics en baignades, ils prennent le temps d'observer, émerveillés, ce qui les entourent, s'expliquer les uns aux autres l’océan dans toute sa diversité ; de sa surface à ses abysses, de ses plages au ciel qui le surplombe, de sa faune à sa flore. Au fil des chapitres, s'ouvrent de temps à autres de larges planches de la taille de quatre pages, histoire pour le lecteur de plonger un peu plus dans ces espaces. A noter que tout a été validé par des scientifiques. Une vraie réussite. Pour preuve, l'album figure désormais dans la bibliothèque de l'hôtel en Bretagne où j'ai passé une semaine tout récemment ! Dès 7 ans et pour longtemps
Le super week-end de l’océan, Gaëlle Almeras, Maison Georges, 2022
Des blagues en veux-tu, en voilà
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Voici les chiens Brioche et Tartine, rois de la farce et de la chamaillerie. Pas un pour rattraper l’autre, même si Tartine est le plus futé des deux. Proches des enfants, les historiettes de cette BD se déroulent en planches de huit cases qui se terminent invariablement par un gag plutôt potache qui les ravira et ce d’autant plus s’ils sont amateurs de blagues Carambar et J’Aime lire. A noter que certains gags pourraient bien devenir des « private jokes » au sein des familles ! Plus délirant, mais tout aussi réussi que l’Ours Barnabé (La Boîte à Bulles)  et Le Club des amis (Editions 2024). Dès 6 ans
Brioche et Tartine. Toutou et n’importe quoi, Violette Vaïsse, La Joie de lire, 2022
Un anti-héros au Moyen Age
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Bientôt, pour sûr, Hagrildur-le-Valeureux sera membre du Grand Ordre des Cavaliers, quitte à risquer de louper l’heure de sa sieste et quelques ripailles. Il part donc en quête du lieu où doit se dérouler la Convention des Cavaliers afin d’être intronisé.  L’accompagnent deux valets empotés qu’il a dégotés et une étrange fille habillée comme un garçon qui l’agace profondément. Mais rien ne se déroule comme prévu. On l’aura compris, dans ce roman médiéval hilarant, Hagrildur fait figure d’anti-héros. Quant aux autres personnages, c’est du même acabit, exception faite de l’énigmatique Gerda. Dès 9-10 ans
Hagrildur le Valeureux et la brigade du renne, Sandrine Bonini, Grasset Jeunesse, 2022
Quel bazar avec Léon !
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Parce qu’il a traité la voisine de dindon, Léon est puni et dans sa chambre s’ennuie.
Couché sur le lit, il boude. Une voix off entre en scène et le questionne sur qu’il pourrait faire. « J’en sais rien, c’est pour ça que je m’ennuie ». Finement observé, le geste - ici l’image - rejoint la parole, où Léon,  toujours sur le lit, fait la bougie… pour l’instant ! On les aime ces petits albums qui sentent le vécu. L’histoire se déroule sans que le point de vue sur la chambre, comme une scène de théâtre sur la double page, ne change. Les dessins en aplats bordés de traits noirs rappellent celles, simplissimes et efficaces, de Lucy Cousins et sa souris Mimi. Dès 3 ans
Léon s’ennuie, Violette Vaïsse, L’Agrume, 2022
En vacances, prendre de la distance pour réfléchir au harcèlement à l'école, ici celui d'un prof, et s'en souvenir à la rentrée
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Un jeune prof aborde sa première rentrée au collège. Même s’il a – c’est normal – un peu d’appréhension, il a hâte de partager sa passion de la littérature. « Quand il entre dans la classe, ils devinent que ça va être facile de lui faire la misère, même s’ils ne savent pas exactement pourquoi. » Dans une des classes, un élève en particulier entraîne les autres et lui mène la vie dure ; de mal en pis jusqu’au drame. Cruel, ce beau roman pour ados aborde la thématique de la mise au ban et également de l’homosexualité. Dès 14 ans
Des Rires de hyènes, Marion Brunet, Editions IN8, 2022
Les couleurs de Keith Haring
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Keith Haring était un chic type, libre et amoureux de la vie, proche de l’enfance et des enfants. Ses graffitis et ses dessins sont présents et copiés dans le monde entier. Avec beaucoup de générosité, il a soutenu quantité de causes et de combats. Homosexuel et mort du SIDA ? Et alors ! Sa vie est un exemple de force et de courage pour petits et grands qui liront cet album dont les couleurs swinguent et où chaque mot est choisi avec pudeur et sensibilité. Le publier, c’est lui rendre « un hommage joyeux et vibrant qui appelle à la créativité ». Le pari est réussi, faites danser vos crayons ! Dès 6 ans
Dessiner sur les murs, Matthew Burgess et Josh Cochran, Versant Sud, 2022
Championnes de mère en fille
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Sa maman devant concourir au championnat de deltaplane, une petite fille passe le week-end chez sa mamie et c’est en deltaplane que sa mère la dépose sur le toit de la maison. Cela tombe un peu mal car mamie a prévu de faire les grands nettoyages. Qu’à cela ne tienne, la petite participera. Pour nettoyer une maison, on la vide et on met tout dans la machine à laver, sauf les verres qui sont fragiles. Ici, tout est possible et quantité de thèmes sont abordés. Pourtant, le récit est factuel et le dessin d’une extrême simplicité. La médaille d’or sera pour la maman. On la partage avec Andrien Albert ! Dès 3 ans
Chantier chouchou debout, Adrien Albert, L’école des loisirs, 2022
Un mensonge pas bien méchant
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Kaia, Kotti et Carmen sont copines, peut-être même « meilleures copines ». Enfin cela dépend des jours car l’amitié chez les enfants est parfois mouvante, surtout s’agissant d’un trio. Aujourd’hui, c’est Kaia qui en fait l’expérience. Les deux autres ont chacune un lapin, un vrai, mais pas Kaia. Pour se rapprocher de ses copines qui l’évitent, la fillette s’invente un lapin sauvage qui vit dans le pré, donc qu’on ne voit pas souvent… Depuis une dizaine d’années sont traduits des albums venant de Scandinavie où le monde de l’enfance est merveilleusement bien décrit, comme ici. Dès 4-5ans
Un lapin sauvage ?, Tove Pierrou et Marika Maijala, Versant Sud, 2022
Des livres pour les adultes
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Juste avant de partir en vacances, j'ai lu...
Un court roman de Claire Keegan, "Ce genre de petites choses", parfait quand on ne veut pas partir avec un livre entamé.
Bill Furlong est né et a toujours vécu dans une petite ville d'Irlande. Sa mère, domestique, est tombée enceinte à seize ans. Sa patronne, une veuve protestante, n'a rejeté ni la mère, ni l'enfant, ayant même assuré une bonne éducation à ce dernier. Bill s'est marié. Il est père de cinq filles et possède une dépôt de bois de chauffage et de charbon. Cet homme bon croule sous le travail, mais c'est ainsi que cela doit être dans cette région sévère et croyante.
La bourgade abrite un couvent. Peu avant Noël, Bill doit y livrer du charbon. Il découvre que les soeurs y exploitent à la blanchisserie des filles non mariées qui ont fauté et sont tombées enceintes.
Abordant le thème des blanchisseries de couvent en Irlande, on apprend que ces institutions, dont la dernière a fermée en 1996, étaient administrées et financées par l'Eglise catholique conjointement avec l'Etat irlandais. Il a fallu attendre 2013 pour que le gouvernement présente des excuses.
L'histoire se déroule en 1985. Les gens y sont si pauvres qu'on a parfois d'être cinquante ans plus tôt. Le thème, l'atmosphère, la description de ce héros simple et des questions qu'il se pose font de ce roman une petite merveille. Claire Keegan est décidément une grande écrivaine. Si vous ne le lisez pas prochainement, faites-le en fin d'année. Vous aurez entre les mains le parfait conte de Noël.
Ce genre de petites choses, Claire Keegan, Le Livre de poche, 2022
Et encore avant...
"Là où chantent les écrevisses" de Delia Owens. L'histoire d'une gamine abandonnée à l'âge de dix ans par sa famille, qui se retrouve à vivre seule dans les marais de Barkley Cove, en Caroline du Nord.
"Nickel Boys" de Colson Whitehead. Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, un jeune garçon noir, prêt à intégrer l'université, est envoyé dans une maison de correction où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices.
"Le Serpent majuscule" de Pierre Lemaître. Un polar aussi immoral et déjanté que ceux de Hannelore Cayre, puisqu'il n'a pas été sans me rappeler l'héroïne de "La Daronne".
"La Péninsule aux 24 saisons" de Inaba Mayumi. Une femme vivant à Tokyo décide de passer une année loin de la ville, dans une région au bord de la mer. Elle y fera l'apprentissage de la nature, de la lenteur, du travail, au fil des 24 saisons qui composent une année japonaise.
"Coupe sombre" et "La vieille maison" de Oscar Peer. Deux livres qui se ressemblent (à ne pas lire peut-être l'un à la suite de l'autre) où, dans un petit village des Grisons, le héros solitaire et rejeté livre un combat avec la nature dans l'un, avec les hommes dans l'autre. Oscar Peer est un des écrivains emblématiques du canton alpin des Grisons.
Des romans à paraître cet automne
"L'Odyssée de Sven" de Nathaniel Ian Miller. Retenez bien ce titre si vous souhaitez être embarqués par le jeune Sven dans le Spitzberg, île au nord de la Norvège. Il y apprendra l'art de la chasse et de la survie, accompagné de nombreux personnages qui vont et viennent, tous plus étonnants les uns que les autres. J'ai adoré ce roman.
Fans de Gaëlle Josse, réjouissez-vous. Bientôt vous lirez "La Nuit des pères" où une jeune femme qui avait coupé les ponts avec son père autoritaire - et c'est peu dire - est appelée par son frère à revenir au village des Alpes où ils ont grandi. Le père décline et perd la mémoire.
A lire sans doute le court roman "C'est plus beau là-bas" de Violaine Bérot. J'avais beaucoup aimé son précédent roman "Comme des bêtes". Ici, le décor semble tout autre. Un homme se retrouve enfermé du jour au lendemain dans un hangar avec d'autres hommes. Ce texte sur la vie communautaire pose des questions sur ce que nous sommes en train de devenir. On en reparlera.
Pendant mes vacances, j'ai lu et continue de lire...
Les six tomes de la saga "Blackwater" de Michael McDowell qui me rappellent l'appétit avec lequel j'ai dévoré, à l'âge de 10-12 ans, les seize tomes de "Jalna" de Mazo de la Roche que ma mère avait lus. Dans le même esprit, enfant, lors des vacances en famille sur la Costa Brava, je lisais un Agatha Christie par jour. J'avais une telle soif!
Bibliographie des romans adultes
Ce genre de petites choses, Claire Keegan, Le Livre de poche, 2022 Là où chantent les écrevisses, Delia Owens, Points, 2021 Nickel Boys, Colson Whitehead, Le Livre de Poche, 2022 Le Serpent majuscule, Pierre Lemaître, Le Livre de Poche, 2022 La Péninsule aux 24 saisons, Inaba Mayumi. Picquier poche, 2022 La vieille maison, Oscar Peer, Zoé poche, 2022 Coupe sombre, Oscar Peer, Zoé poche, 2020 Blackwater, Michael McDowell, Monsieur Toussaint Louverture, 2022 L'Odyssée de Sven, Nathaniel Ian Miller, Buchet Chastel. A paraître La Nuit des pères, Gaëlle Josse, Notabilia. A paraître C'est plus beau là-bas, Buchet Chastel. A paraître.
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