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#bougie rouge pour qu’il revienne
vodoungnon · 1 year
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Comment faire pour récupéré son ex, Professeur Vodoungnon Medjo
Comment faire pour récupéré son ex COMMENT FAIRE POUR RÉCUPÉRER SON EX ? Perdre l’amour de sa vie est un malheur que nous avons eu la malchance de connaître. Qu’on s’y attendait ou pas, savoir que l’on doit vivre désormais sans la personne qu’on a aimée de tout son cœur est une chose difficile à vivre. A cause de cette douleur, peu sont les personnes qui ont su tourner la page et refaire leur…
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roihangbe · 2 years
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Comment faire renaitre les sentiments dans un couple ; Faire revenir l'être aimé
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Comment faire renaitre les sentiments dans un couple – Faire revenir l’être aimé: Le travail d’envoûtement d’amour est un rituel hautement spirituel. L’envoûtement d’amour consiste à appeler l’esprit de la personne à envoûter et effectuer le rituel sur son esprit. Parfois ce travail de rappel peut s’avérer compliquer lorsque la personne bénéficie d’une protection mystique très forte. Dans ces…
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babavigantrom1 · 2 years
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Comment réussir à convaincre celui que vous considérez comme votre moitié. Faire revenir l'être aimé grâce à la volonté. Je connais des femmes qui, après avoir subi une rupture, publient des photos. Sa curiosité sera aussi piquée. Rituel de magie noire pour faire rompre un couple - retour de l'être aimé en 24h gratuit - rituel retour de l'être aimé gratuit - retour de l'être aimé avis, retour de l'être aimé prière - rituel d'amour qui fonctionne avis, rituel retour amoureux à faire soi-même - retour affectif immédiat gratuit, faire revenir l'être aimé par la pensée.
Comment réussir à convaincre celui que vous considérez comme votre moitié. Faire revenir l’être aimé grâce à la volonté. Je connais des femmes qui, après avoir subi une rupture, publient des photos. Sa curiosité sera aussi piquée. Rituel de magie noire pour faire rompre un couple – retour de l’être aimé en 24h gratuit – rituel retour de l’être aimé gratuit – retour de l’être aimé avis, retour de l’être aimé prière – rituel d’amour qui fonctionne avis, rituel retour amoureux à faire soi-même – retour affectif immédiat gratuit, faire revenir l’être aimé par la pensée.
Comment réussir à convaincre celui que vous considérez comme votre moitié. Faire revenir l’être aimé grâce à la volonté. Je connais des femmes qui, après avoir subi une rupture, publient des photos. Sa curiosité sera aussi piquée. Rituel de magie noire pour faire rompre un couple – retour de l’être aimé en 24h gratuit – rituel retour de l’être aimé gratuit – retour de l’être aimé avis, retour de…
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maraboutkixa · 3 years
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SIGNÉ PACTE AVEC MAMI WATTA L'ESPRIT DES EAU POUR AVOIR LA RICHESSES DE VOTRE DE VOTRE DESTIN SANS AUCUN CONSÉQUENCES OU INCONVÉNIENTS APRÈS
SIGNÉ PACTE AVEC MAMI WATTA L’ESPRIT DES EAU POUR AVOIR LA RICHESSES DE VOTRE DE VOTRE DESTIN SANS AUCUN CONSÉQUENCES OU INCONVÉNIENTS APRÈS
SIGNÉ PACTE AVEC MAMI WATTA L’ESPRIT DES EAU POUR AVOIR LA RICHESSES DE VOTRE DE VOTRE DESTIN SANS AUCUN CONSÉQUENCES OU INCONVÉNIENTS APRÈS :QUE_LES_BÉNÉDICTIONS_SOIENT Né cherchez pas ailleurs, je détiens les puissants secrets de la richesse.Où que vous soyez, je suis capable de répondre à toutes vos attentes car mes génies sont avec moi.Vous avez beaucoup souffert, vous n’avez absolument rien…
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Comment utiliser la magie blanche pour attirer l’amour ou l’attention de l’être aimé ?
Nombreuses sont les personnes qui souffrent par manque d’amour. En réalité, l’amour est un sentiment de bien-être, de confiance et de satisfaction que tous souhaiteraient expérimenter. Il arrive que ce soit difficile de ressentir ce sentiment. Soit, parce que l’amour n’a pas encore fait son apparition dans votre vie, soit, la personne aimée et désirée ne vous aime pas en retour. Heureusement, il existe des moyens tels que la magie blanche pour attirer l’amour ou l’attention de l’être aimé. Découvrez plus de précision .
Qu’est-ce que la magie blanche et dans quel cas l’utiliser ?
Pratique fondée sur des croyances ancestrales et sur l’utilisation de méthodes quelque peu mystérieuses, la magie blanche prend davantage de place dans la société. On entend par magie blanche un ensemble de rituels qui a pour objectif d’interagir sur certains aspects de la vie qui impliquent la magie blanche amour, la magie blanche chance (travail, finances, prospérité), la santé, etc. Elle permet de modifier ces aspects dans le sens positif. La magie blanche contrairement aux autres types de magies (noire et rouge), permet d’activer les forces positives dans votre vie et de prévenir certaines situations qui peuvent être désastreuses. En outre, ce type de magie peut être utilisé pour détourner les mauvais sorts de votre vie et pour vous apporter du bonheur.
Par ailleurs, le fonctionnement de la magie blanche est simple. Elle se base sur l’utilisation de rituels, des lois d’un univers invisible et des sortilèges avec des accessoires élémentaires, pas difficile à trouver. Ce sont entre autres : les bougies de différentes couleurs, les fleurs, les huiles essentielles, du parfum, des pierres, des allumettes, etc. Certains rituels peuvent s’exécuter avec des aliments, dont la banane, le miel, les plantes, etc.
Comment réaliser un rituel d’amour ? Pour réaliser un rituel d’amour et espérer avoir des résultats concluants, il faut que vous soyez dans un état d’âme donné. En effet, vous devez avoir des pensées positives, savoir ce que vous désirez, vous prémunir des ingrédients nécessaires et surtout bien manipuler ces derniers pour réussir le rituel. Par exemple, si vous souhaitez juste passer du bon temps avec l’être visé, vous pouvez faire un rituel séduction au lieu d’un rituel d’amour. Ce dernier comporte une certaine notion d’engagement et se réalise pour attirer et rendre amoureux une personne précise tout en recherchant une certaine durabilité dans la relation. Ces deux types de rituels nécessitent des ingrédients et réalisations différents. Une fois cette nuance établie, vous devriez à présent apprendre à réaliser la magie blanche.
Toute magie blanche se réalise avec le concours de 4 éléments indispensables, dont le feu, l’air, la terre, le vent. Dans l’exécution du rituel, chacun de ces éléments doit être représenté par des ingrédients bien précis. Par ailleurs, les rituels d’amour de la magie blanche doivent être réalisés dans un endroit propre, sein, où personne ne viendra vous déranger. En outre, aussi bien les jours de la semaine que la pleine lune influencent sur les sentiments et donc sur les résultats de votre rituel. Étant directement lié aux astres, le jour favorable pour un sortilège d’amour est vendredi, car il est régi par Vénus (planète de la femme, de la beauté, de l’amour…).
Toutefois, si vous ne mettez pas un peu de sérieux dans la réalisation du rituel, il ne pourra pas fonctionner et donc, vous n’aurez pas le résultat attendu. Vous devriez vous mettre dans la peau de l’envouteur et penser comme lui. Sachez que ce type de magie n’a aucune conséquence ou d’effets secondaires sur la personne envoutée ou sur vous.
Quels rituels de la magie blanche exécuter pour trouver l’amour ?
Il existe tellement de rituels de magie blanche à faire pour trouver l’amour. L’important est de connaitre les ingrédients qui y sont associés et surtout, de respecter les règles de réalisation de ceux-ci. Découvrez ci-dessous des recettes simples que vous pouvez réaliser Rituel de magie blanche pour trouver l’amour
Ce rituel est très simple et inoffensif. Vous n’aurez besoin de convoquer que les bons esprits. Aussi, vous aurez à vous servir des objets tels que la bougie blanche ou rouge, le miel, le cure-dent, et les allumettes.
Pour réaliser ce rituel, asseyez-vous devant une table bien nettoyée. Prenez la bougie, inscrivez votre nom sur une face puis de l’autre côté celui de l’être aimé à l’aide du cure-dent. Sur les deux autres faces, inscrivez le mot « amour » et enduisez la bougie de miel de sorte qu’il traverse les inscriptions. Allumez ensuite la bougie à l’aide de l’allumette et laissez consumer tout en vous concentrant sur la flamme et en prononçant la formule pour attirer l’amour, trois fois, puis laissez la bougie bruler jusqu’à la fin. Une fois totalement consumée, jetez la bougie dans une eau qui coule (rivière ou ruisseau).
La formule est flamme de Vénus, flamme d’amour. Brule dans le cœur de (prononcez le nom de votre amoureux). Que son amour me soit donné et qu’il vienne vers moi qui l’attend.
Rituel de retour affectif
On effectue le rituel de retour affectif lorsqu’on constate les premiers signes de l’éloignement de son conjoint. Comme ingrédient, vous aurez besoin de deux bougies rouges, une photo de la personne aimée, votre bijou préféré (or de préférence), des allumettes.
Mettez les bougies sur la table et entre elles placez la photo de l’individu. Allumez ensuite les bougies. Prenez le bijou avec votre main et faites 07 cercles au-dessus de la photo avec le bijou en main, dans le sens des aiguilles d’une montre tout en visionnant les moments heureux avec ce dernier, puis prononcez la formule. Reprendre les étapes deux fois successives. Ce rituel doit être réalisé durant 03 soirs consécutifs durant la semaine de la nouvelle lune.
La formule est : « » je t’invoque Vénus, déesse de l’amour, Vénus qui donne le bonheur de l’amour, je t’en prie. Fasse que (prénom de la personne) revienne à moi, amoureux (se) comme au premier jour, prochainement et pour toujours.
En somme, la magie blanche est une magie inoffensive et sans conséquence pour la personne qui l’utilise. Il existe plusieurs rituels pour trouver l’amour ou des rituels de retour affectif. Il suffit de bien respecter les étapes de réalisation ainsi que les ingrédients pour bénéficier des résultats.
Merci de contacter votre Médium Voyant pour plus d’informations
Wossou Dogboli Contactez moi sur WhatsApp ou sur signal 0022969102375 Que les bénédictions soient...
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  Boltanski Christian – Centre Pompidou
Faire son temps
Le centre Pompidou propose une nouvelle rétrospective de l’œuvre de Christian Boltanski (né entre 1944). La dernière a eu lieu en 1984. Quelques cinquante œuvres sont présentées sous sa supervision. Le visiteur découvre 50 années de création.
Boltanski est reconnu comme un des principaux artistes plasticiens contemporains à la fois photographe, sculpteur et cinéaste même s’il se définit comme peintre.
Il faut comprendre l’exposition comme une installation à part entière. Alors, je vous emmène découvrir une œuvre à partir de la présentation qu’en fait cet hiver à Beaubourg Christian Boltanski, âgé de 75 ans.
Je vous entraîne vers ses obsessions :  la mémoire, le temps, le particulier et l’universel, le hasard et le destin.
Toutes les œuvres que j’ai faites sont une tentative pour trouver une réponse à des questions que je me pose (…) La question principale concerne l’importance que je donne à un être humain mais aussi à sa fragilité.
C. Boltanski
Conçue comme un chemin que le visiteur fait, cette exposition a un départ et une arrivée. Actuellement, 90% des installations sont détruites et peuvent être refaites. Donc, c’est à la fois une même œuvre et une autre. Il y a une partition que Christian Boltanski rejoue à chaque installation.
A l’entrée, le visiteur se trouve confronté à une vidéo produite en 1969 “L’homme qui tousse”: un homme éructe de la peinture rouge, figurant évidemment du sang. Christian Boltanski ne sait pourquoi il a fait ce type de film  dans sa jeunesse. Est-ce un trait d’humour pour se moquer de cet art contemporain qui se cherche et quelque fois se prend trop au sérieux ? Ou est-ce les obsessions sur la mémoire qui reviennent ? …
Pour lui, il clôt une période très perturbée. Né dans une famille juive au lendemain de la guerre, Christian Boltanski vit une enfance imprégnée de traumatismes. Sa mère ne cesse de raconter comment elle a sauvé son père en prétendant qu’ils s’étaient séparés, alors que celui-ci vivait caché (pendant 2 ans) sous le plancher de leur appartement. Christian et ses deux frères ont passé leur enfance à dormir dans la chambre de leurs parents et ne sortaient jamais dans la rue tout seul jusqu’à l’âge de 18 ans. A 14 ans, Boltanski quitte l’école sans savoir lire et écrire et commence à dessiner et à produire des vidéos. Il se veut peintre. Ses parents le laissent faire. Cette vidéo témoigne de l’expressionniste minimaliste dont il se revendique.
                                      Album photo de la famille D – 1971 – En achetant une série de photos anciennes et en les plaçant ainsi sur un mur en rang serrés, Christian Boltanski fait appel à nos souvenirs. L’album photos est un repère social qui parle à tout le monde. D. représente un nom de famille comme celui de Durand, le plus répandu en France. Cette vie est un peu celle de tout le monde. Elles nous entraînent vers le temps qui passe, l’enfance et indéniablement, la mort.
Ces installations photographiques, composées de portraits anonymes, renvoient à la fragilité de l’être humain et à la question de la disparition personnelle, liée à mon histoire personnelle. 
Boltanski – Connaissance des arts.
  Les habits de François C. 1971 – En photographiant ainsi les vêtements de son neveu, l’artiste préfigure les inventaires de vêtements qu’il proposera comme trace d’un corps humain disparu.
À partir de la fin des années 1960, l’artiste s’empare de l’écriture, de photographies récupérées ou d’objets trouvés pour reconstruire des épisodes d’une vie jamais vécue. Cette autobiographie fictionnelle prend la forme de livres, d’assemblages, d’installations multimédias aux matériaux divers tels que le vêtement, la boite de métal, le luminaire ou la bougie. Chacune de ces œuvres plonge le spectateur dans une traversée du passé, à la fois personnel et collectif, à la fois fictif et réel. À travers son œuvre, Christian Boltanski interroge la mémoire affective individuelle et collective, la véracité du souvenir et de la trace, la frontière entre l’absence et la présence. Art
Entre – temps (2003)  Cette installation se composent de photographies de Boltanski à différents âges projetés sur un rideau de fil. On voit l’artiste vieillir puis retourner à l’enfance dans un cycle infernal infini.
En 1984, Boltanski élabore son Théâtre d’ombres (ci dessous) à partir de fil de fer et de cuivre, de dessins découpés et d’éclairages qui par projection agrandissent les éléments. On y retrouve encore l’enfance, mais les éléments découpés font penser à une danse macabre, avec des squelettes, une faucheuse, etc.
Être artiste, c’est une manière de guérir.
C. Boltanski
Une nouvelle période s’ouvre par le décès de ses parents et l’exposition à la Salpêtrière (1986). Dans ce lieu particulier, il découvre l’espace et la manière de l’occuper. A partir de  ce moment, Boltanski conçoit ses expositions comme des œuvres à part entière.
Deux ans après la disparition de ses parents, il aborde la question de la Shoah en suscitant plutôt qu’en montrant directement.
Réserve de suisses morts – 1990 – A partir de photos de défunts parues dans les pages de journaux suisses (d’un journal sérieux d’information au “Détective” local), Boltanski les agrandit à l’extrême en les poussant vers le flou et en les éclairant chacune par une lampe de bureau, rappelant des tortures.
En représentant des portraits d’inconnus que l’on ne peut reconnaître, Boltanski dépasse la représentation d’hommes particuliers pour aller vers l’universalité. En  mélangeant les photos, Boltanski pose aussi la question “Qui est bourreau ? Qui est victime ?” et oblige le visiteur à se poser la question : “Aurais-été victime ou bourreau? “
Des sortes autels ou oratoires appelés “Monuments” sont créés jusqu’aux années 2000 en fonction des espaces et des photographies récoltées. L’exposition à Pompidou en présente un certain nombre. Boltanski a utilisé des photos agrandies à l’extrême de jeunes d’un lycée de Vienne, de photos trouvées aux puces, des photographies d’enfants d’école maternelle, etc…
Tous uniques, sans mémoire, sans identité, pas remplaçables et remplacés.
C. Boltanski
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En 2005, Christian Boltanski décide d’enregistrer son cœur et de faire battre une ampoule à son rythme. L’artiste précise avec humour que le lendemain il s’est précipité chez un cardiologue pour faire un électrocardiogramme tant ce son l’avait angoissé.
En Occident, les reliques, considérées comme saintes, ont fondées l’émergence du Christianisme en développant les cathédrales et autour, des centres économiques. Boltanski rappelle, non sans provocation, que ce sont uniquement des bouts d’os. En Asie, et notamment au Japon, les immeubles, les temples, etc sont refaits tous les 20/25 ans. C’est ainsi qu’est né le projet suivant :
La bibliothèque des cœurs- 2005
En 2005, Christian Boltanski s’est lancé dans un projet de collecte d’enregistrements de battements de cœur à travers le monde – de Séoul à Berlin en passant par Stockholm- intitulé « Les Archives du cœur », afin de rassembler tous les cœurs de l’humanité. Véritable projet universel et utopique, « Les Archives du cœur » sont conservées, depuis 2010, à l’abri du temps sur l’île japonaise de Teshima, dans la mer intérieure de Seto, mise à sa disposition par un mécène. Chaque enregistrement est répertorié et nominatif. Arsper Magazine
A la même période, Christian Boltanski utilise les boîtes à biscuit. Considérée comme le coffre-fort du pauvre, la boîte à biscuits rassemble tous les objets qui comptent pour une personne vivante ou morte. Qui n’a pas trouvé plaisir à découvrir ces boîtes renfermant des lettres, des cartes portales, des photos jaunies, un billet, une coque de noix transformée en bateau, etc..? Évidement, assemblées comme le propose Boltanski, ces boites avec la photo collée devant évoquent les columbariums de nos cimetières.
Réserves – Les suisses morts – 1991– Christian Boltanski utilise des objets que chacun peut reconnaître. La boîte de biscuit est à relier à son âge. En général, ses objets sont bon marché et capable de garder des mystères.
Tous les humains savent tout et l’artiste pointe ce que partagent les humains.
C. Boltanski
L’artiste envoie un stimuli, un message qui du coup révèle un ressenti. C’est comme si lorsque le texte existe, l’artiste vient souligner un mot pour donner à l’autre à ressentir. L’art est fait pour montrer la vie mais ce n’est pas la vérité.
L’artiste a placé ces “boites à biscuits” dans cette superbe salle du Centre Beaubourg comme pour permettre au visiteur une respiration sur le présent et la beauté de la ville de Paris. Et, c’est très réussi ! Nous sous sommes échappés dans la contemplation de la beauté de la vue. Et, nous n’étions pas les seuls !
Les regards – 2011 Sorte de voiles où sont imprimés des regards, l’installation bouge au fil du passage des visiteurs. Cette installation fait penser aux “portraits du Fayoum”, peints de leur vivant, mais pour être enfermés dans leur tombe.
C’est celui qui regarde qui fait l’œuvre. C. Bolstanski
Dans le cadre d’un projet réalisé pour la biennale d’art contemporain d’Amérique du sud, en 2017, Boltanski souhaite approcher les baleines. Selon une tradition amérindienne, les baleines connaissent le secret de l’univers. Dans un endroit perdu de 100 000 hectares en Patagonie du nord, au milieu de 40 000 moutons, l’artiste déploie son installation qui avec le vent reproduit le chant des baleines. L’installation est filmée. Il suffit qu’en Patagonie quelqu’un rapporte qu’un homme a essayé d’approcher le secret de l’univers pour créer des légendes, comme des contes pour adultes qui deviennent les mythes modernes.
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Misterios – 2017– Les écrans synthétisent trois concepts : le questionnement (les baleines), le vide (le manque de réponses) et l’image de la mort (la carcasse).
Christian Boltanski ne produit plus d’œuvres qu’on peut acheter. Certains de ses assemblages sont estimées entre 15 000 et 100 000 euros. Ce qui l’intéresse maintenant, c’est de construire à travers le monde des installations dans des lieux improbables, loin et difficilement accessibles, afin de créer de nouveaux “mythes”. Qu’on puisse dire un jour, ici un homme a essayé de parler avec les baleines, est une préoccupation importante, comme une manière de transcender le temps d’une vie et de passer à la postérité.
En occident, Boltanski considère que la transmission ce fait par les reliques, alors qu’en orient, elle se fait par la connaissance. Il suffit uniquement d’avoir connu quelque chose pour y croire. Cette conception a poussé l’artiste à produire des œuvres dans des lieux improbables.
Crépuscule – 2015 – Chaque jour, une ampoule s’éteint. A la fin de l’exposition, la pièce sera obscur.
C’est une façon de souligner le temps qui passe et la précarité  de l’existence. Malgré tout, Boltanski se dit être un bon vivant, aimant la légèreté.
On ne peut vivre que parce qu’on oublie.
C. Boltanski
Le terril Grand-Hornu – 2015 Cette installation fut créé pour le Musée des arts contemporains du Grand-Hornu en Belgique pour célébrer les mineurs de cette région.
C’est en 1988 que l’artiste commence à utiliser des vêtements usagers en grande quantité comme pour laisser trace et marquer l’absence. Au Grand Palais en 2010, une pince métallique vient prendre de façon aléatoire un vêtement au somment pour le lâcher après. L’artiste la décrit comme le “maître du temps” et le “maître de la vie et la mort”. Boltanski penche plus vers le hasard qui guide une vie mais ne peut ôter de ses réflexions la présence de Dieu.
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Prendre la parole – 2013 – Au nombre de quatre dans la dernière salle, celle du terril, l’installation récite une question à chaque fois qu’un visiteur s’approche.
Comme un homme qui marche de Giacometti, ces installations déclinent des questions existentielles posées au visiteur.
Un artiste a forcément une famille, il est toujours dépendant. Aucun progrès en art. Mais, il y a un déroulement et des ruisseaux qui sont de la même famille.
C. Boltanski
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Animatas Chili -2014 et Animatas blanc en 2017 – “Il y a des clochettes japonaises qui sonnent dans le désert du Chili et qui représentent le ciel et les âmes perdues”. En référence aux autels édifiés aux bord des routes à l’endroit des accidents, l’installation s’appelle Animatas. Dans ce désert, on peut observer le plus près les étoiles mais c’est aussi dans ce lieu que le gouvernement de Pinochet se débarrassait de milliers de opposants en jetant leurs corps torturés des avions. Il y a 800 clochettes. Les Japonnais les utilisent pour faire des vœux. De plus, ces clochettes tracent la carte du ciel le jour de la naissance de l’artiste.
Placée ainsi à la fin de l’exposition, c’est un moment de méditation que nous offre l’artiste. D’autres installations ont été mises en place sur l’île d’Orléans à Québec, près de la Mer Morte et sur l’île de Teshima. 
Au cours de ses pérégrinations, Christian Boltanski a rencontré un homme étrange qui habite en Tasmanie, dans le sud de l’Australie. Ayant amassé sa fortune grâce aux jeux de hasard, il s’est constitué une collection aussi bizarre que lui et qui compte notamment huit momies égyptiennes. Alors que ce collectionneur voulait acquérir une de ses pièces, Boltanski lui a proposé d’acheter sa vie en viager… Ainsi, depuis janvier 2010, quatre caméras sont accrochées dans son atelier et filment sa vie en direct, 24 heures sur 24. Les images sont retransmises en temps réel dans une grotte située dans la propriété de ce collectionneur. Elles ne peuvent pas être diffusées ailleurs, mais le lieu est ouvert à tous. C’est en cela que l’œuvre consiste, mais plutôt que de l’acheter une fois pour toute, le collectionneur verse un viager à l’artiste. Homme de pari, le collectionneur a misé sur le fait que Christian Boltanski mourrait en 2018. Arsper Magazine
Voilà deux ans que le diable de Tasmanie, comme l’appelle le peintre, a perdu ! Et, comme ce diable là ne peut passer sa vie à regarder Boltanski, il, paye quelqu’un. Pourtant, Boltanki dit qu’il n’y a rien à regarder. Il arrive à 11 h  30 et repart à 19 h. Il ne fait rien dans son atelier que réfléchir et…se gratter le nez car “lorsqu’on est artiste, ce que l’on fait c’est attendre et espérer“.
Sources :
Céline, ma conférencière préférée
Masterclasse Christian Boltanski – France Culture
L’art et la matière Christian Boltanski – France culture
Connaissance des arts – HS – Bolstanski
Questions pratiques :
Faire son temps
13 novembre 2019 – 16 mars 2020
Galerie 1 – Centre Pompidou – Paris
Commissaire : Mnam/Cci, Bernard Blistène
        Courez voir la grande rétrospective sur Boltanski Christian à Beaubourg. En attendant, un petit tour ici   Boltanski Christian - Centre Pompidou Faire son temps Le centre Pompidou propose une nouvelle rétrospective de l’œuvre de…
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redlabopedagogique · 6 years
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#La Petite école : khadra
Nous voulons mettre en place un rituel pour le repas de midi. Hier, nous hésitons à la forme qu’il doit prendre, on se dit que nous commencerons la semaine prochaine.
11h, les enfants sont au parc, Khadra reste à l’école. Elle cherche quelque chose : des bougies .. elle veut des bougies qui sentent bon. On lui en donne une, elle prend un plateau, place la bougie au centre et découpe de petits confettis dans des feuilles de couleur. Elle dit “India, India” .. et va chercher l’ecoline rouge, s’approche de nous, tout en fredonnant une petite musique et  pose un point rouge entre nos sourcils. On rigole. Puis, elle nous apporte un morceau de papier ..”mets ici le nom de tous les enfants ? Moi je vais là et puis je dis : Kelly, Khoder, Samira,..”  Elle s’installe à une table dans la pièce d’à côté. Les enfants reviennent du parc. Une musique indienne en fond, khadra les appelle un à un et leur pose un point rouge. Les enfants, souriants et respectueux, acceptent le nouveau rituel. Khadra range son matériel “madame demain encore ça, oui ?”   
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voyagelitteraire · 5 years
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Noël continue grâce à Mille et Un Livres! Fin Novembre j’ai commandé ma box de Noël et je l’attends avec impatience depuis ce jour. La box du mois de Décembre 2019 a pour thème UNIVERS FAVORIS.
Mille et un Livres c’est quoi?
Mille et un Livres est un site offrant des box livresques Young Adult avec différents thèmes chaque mois. Mille et un Livres est une petite structure familiale qui a commencé à commercialisé des box en avril 2016 grâce à Milena.
Il existe différents formats de box, le premier prix propose un roman YA grand format publié récemment, 3/4 objets livresques inspirés du thème du mois, une note explicative concernant les objets présents dans la box et un bonus.
Coté tarif…
Exeptionnellement, la box de Noël coutait €42.
Les frais de port: Box standard: €5 pour une livraison en point relais et de €6.70 pour une livraison à domicile Maxi box: €5.95 pour une livraison en point relais et de €7.50 pour une livraison à domicile
Mon Avis sur la Box
La Box de Noël aurait du arriver aux alentours du 24 décembre mais suite à la grève nationale causant beaucoup de retard sur les livraisons, elle n’est arrivée que le 6 janvier à la maison. Ce retard n’étant absolument pas de leur faute je me suis armée de patiente et j’ai scruté mes mails autant que possible en attendant une confirmation d’envoi. (Oui la folie s’est emparée de moi!)
Pour Noël il existait un format classique et un format XL. J’ai commandé le format XL dès qu’il a été mis en ligne car ces box se sont vendu plus vite que des places de concert pour aller voir Ed Sheeran! Et franchement : JE L’AIME D’AMOUR CETTE BOX ! J’ai adoré toutes les box que j’ai commandé chez eux donc je n’étais pas surprise d’aimer celle là. Mais si vous n’avez jamais commandé de box chez eux, juste, foncez! Mille et Un Livres vont faire une pause mais dès qu’ils reviennent, achetez votre box car c’est les meilleures!
Cette box contenait donc un livre inédit dont Mille et Un Livres a acquit les droits pour la publication en français. C’est la superbe surprise de fin d’année!  Il y avait également non pas 6 goodies, mais 9 goodies ! Il y avait : une Book Sleeve, deux marques-pages, un tote bag, une bougie, une rose en savon, un jeu de carte, deux cartes et deux magnets. Place à la présentation des goodies! 
Côté Goodies ….
Une bougie Hunger Games réalisée par La Bougie Livresque qui sent super bon !! Elle est super jolie avec des petites bulles violettes sur le dessus et son odeur de menthe poivrée, j’adore. Je la trouve juste toute petite mais elle est superbe.
Un tote Bag des Chroniques Lunaires par Ritzbitzfei que je trouve super jolie! J’adore les tote bag, c’est super pratique et les tote bag livresques sont les meilleurs! Depuis le temps que je me dis que je dois lire les Chroniques Lunaires, ce tote bag m’a convaincu!
Un marque page magnétique réalisé par Idle Stuff. Il représente pour moi il s’agit de Theodosia de la saga Ash Princess. Le marque page est très beau mais très (trop) fin et j’ai un peu peur qu’il se déchire dès sa première utilisation. J’adore les marque page magnétique donc c’est tout de même super!
Une rose en savon La Belle et La Bête dont le packaging a été réalisé par Blanca Design. Cette rose sent super bon et est super jolie. Tellement jolie qu’elle va plus me servire de décoration que de savon ! J’adore!!
Un marque-page double sur l’univers Un Palais d’Epines et de Roses par PhantomRin que je trouve magnifique! Chaque fois qu’un marque-page se glisse dans une Box Mille et Un Livres, je les adore! Ils sont de qualité, ils sont beau et ils représentent à chaque fois des univers que j’adore! Et bonus: Feyre est magnifique et Rhysand est juste parfait! J’ai tellement envie de relire la saga maintenant !!
Un jeu de carte Shadowhunters illustré par Vivien Gintner et Noverantale. Même si la série et le film m’ont énormément déçu j’ai reçu le tome 1 il y a quelques jours et j’ai bien l’intention de découvrir cet univers comme il se doit. Les cartes sont tellement jolie ! J’aime vraiment le design des cartes et du packaging!
Un lot de deux cartes Red Rising et Illuminae par Tokio92 que j’adore! Certes je me répète mais tous ces goodies sont de superbe qualité et sont vraiment très beau et ces deux cartes ne font pas exeption !
2 magnets Une Braise Sous La Cendre et Shades of Magic de SnCinder et Faeriereverie. Je ne connais pas encore les deux univers donc je ne saurais dire lequel correpond à quoi mais ils sont très bien fait et les dessins sont de superbe qualité!
Le meilleur pour la fin : UNE BOOKSLEEVE GRISHA ! OUIII ! Cette Book Sleeve réalisée par BookChic est tellement belle! Je suis fan et je vais l’utiliser à chaque transport de livre tellement je l’aime d’amour. Elle a une face Alina et une autre sur le Darkling et elles sont vraiment ma-gni-fi-que !
Côté Livresque … 
J’ai décidé de ne rien me spoiler quand j’ai vu qu’il s’agit d’un livre dont ils avaient acquit les droits. Même si le nom du roman nous avait été donné j’ai décidé de ne faire aucune recherche le concernant et j’ai vraiment eu du mal.
Le roman s’appelle Trône de Cendres de Jessica Pierce aux edition Rivka. Le livre est très beau et en format Hard Back avec de superbes illustrations à l’intérieur. Il me tarde de le commencer !!
Résumé : “Tombée en disgrâce suite à l’exécution de son père pour haute trahison, Tesla Petrov vit sous la coupe de Minko, chef du gang des Cendres Rouges dans les entrailles de l’Atlas. Seule et endettée, Tesla risque sa vie dans des combats de robots illégaux. Son existence ne tient qu’a un fil, et la moindre erreur peut lui couter la vie. En visite officielle à bord de l’Atlas pour célébrer le Centenaire de la Couronne, Daxton LaRose a une mission : empêcher une attaque imminente qui menace de mettre fin à cent ans de paix sur Terre. Pour ce faire, le jeune pilote a besoin d’aide. Une aide que Tesla pourrait bien lui apporter.”
Ce livre a l’air tellement intéressant. J’adore les romans se déroulant dans l’espace avec un brin de science-fiction. J’ai tellement hâte de le découvrir et de me plonger dedans !!
Si vous ne l’avez toujours pas compris, Mille et Un Livres c’est LA box pour les amoureux de YA! J’aime énormément tout le travail qu’ils font et les box sont toujours superbes.
Box Livresque – Mille et Un Livres (Décembre 2019) Noël continue grâce à Mille et Un Livres! Fin Novembre j'ai commandé ma box de Noël et je l'attends avec impatience depuis ce jour.
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vodoungnon · 1 year
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vrai témoignage sur le retour affectif rapide du Grand medium vodoungnon medjo
Je viens surtout pour témoigner de mon histoire et j’espère qu’elle profitera à certaines d’entre vous. Je suis mariée depuis 8 ans avec un homme exemplaire d’origine Française, nous avons eu 2 enfants.Son comportement a changé du jour au lendemain, agressif avec moi et même les enfants. Lorsque nous nous disputions c’était très violent, insultes et une fois une gifle alors qu’il ne m’avait…
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roihangbe · 2 years
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comment faire pour que mon mari revienne de lui meme
Rituel pour qu’il revienne de lui même: comment faire pour qu’il revienne de lui-même- En somme, la magie blanche est une magie inoffensive et sans conséquence pour la personne qui l’utilise. Il existe plusieurs rituels pour trouver l’amour ou des rituels
Rituel pour qu’il revienne de lui même: comment faire pour qu’il revienne de lui-même- On effectue le rituel de retour affectif lorsqu’on constate les premiers signes de l’éloignement de son conjoint. Comme ingrédient, vous aurez besoin de deux bougies rouges, une photo de la personne aimée, votre bijou préféré (or de préférence), des allumettes. Mettez les bougies sur la table et entre elles…
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babavigantrom1 · 2 years
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Comment récupérer son ex après l'avoir fait souffrir. - Comment récupérer son ex qui nous a quitté. Récupérer son ex en 4h. - ROI BABA VIGAN TROM
Comment récupérer son ex après l’avoir fait souffrir. – Comment récupérer son ex qui nous a quitté. Récupérer son ex en 4h. – ROI BABA VIGAN TROM
Comment récupérer son ex après l’avoir fait souffrir. – Comment récupérer son ex qui nous a quitté. Récupérer son ex en 4h. – ROI BABA VIGAN TROM Par conséquent. Comment récupérer son ex après l’avoir fait souffrir, est de même cote que Comment récupérer son ex qui nous a quitté. Reconquérir son ex qui n’a plus de sentiment c’est un travail rapide et ses résultat sont dans ( 3 ) jour et…
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reseau-actu · 5 years
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RÉCIT - Notre-Dame de Paris n’est pas qu’une cathédrale, vestige d’une époque où les hommes regardaient vers le ciel: c’est la maison commune, l’arche de notre histoire. C’est un pan inestimable de la France qui a été dévasté par les flammes.
Échouée au fil de l’eau, vers le milieu de la Seine, elle est «le vaisseau où nous pouvons embarquer et voguer hors du temps», disait François Mauriac. Elle étend sa majesté le long des voies sur berges et lance avec grâce les arcs sur son chevet. Vu du parvis, le bloc de calcaire blanc allie puissance et raffinement, force et légèreté. Les tours, bien qu’inégales (la droite est plus robuste que sa jumelle), croisent dans un parfait équilibre la grande galerie. Elles s’élèvent massivement dans le gris perlé du ciel de Paris.
Notre-Dame de Paris (*) n’est pas qu’une cathédrale, vestige d’une époque où les hommes regardaient vers le ciel: c’est la maison commune, l’arche de notre histoire. «Si tous les chemins mènent à Rome, tous partent de Notre-Dame de Paris», assure Mgr Patrick Jacquin, son énergique recteur. Et y reviennent. Vingt millions de badauds chaque année arpentent le parvis. Les promeneurs peuvent monter les marches de bois qui mènent sur un promontoire. Sur toute la largeur de la façade occidentale, les rois de l’Ancien Testament leur font face. Ils ont, dit-on, les traits des rois de France. Les Parisiens tentaient de reconnaître ici Charlemagne, là Pépin le Bref. Les historiens depuis des décennies s’interrogent sur le bien-fondé de cette croyance populaire. Les révolutionnaires, eux, ont tranché, au propre comme au figuré.
Un temple dédié au culte de la Raison
En 1793, il n’y a plus de cathédrale sur l’île de la Cité, mais un temple dédié au culte de la Raison. On peut y lire sur la façade: «Le peuple français reconnaît l’Être suprême et l’immortalité de l’âme.» On a supprimé les couronnes de la galerie des Rois. Ce n’est pas assez pour la Commune de Paris: elle exige que, sous «huit jours, les gothiques simulacres des rois de France» disparaissent. Ils sont méthodiquement détruits, décapités. Du 7 novembre 1792 au 15 août 1795, Notre-Dame est fermée. En 1796, sur le parvis, les pierres obstruent la voie publique, les immondices s’accumulent, l’endroit se transforme en latrines sauvages.
Le roi de France Louis IX (Saint Louis) apporte en procession a Notre Dame de Paris la relique de couronne d’epines de la Passion du Christ 19 aout 1239. - Crédits photo : Rue des Archives/Mary Evans/Rue des Archives
Dépouillée de ses statues, la nef est plus froide que le Panthéon, on stocke le vin dans les chapelles, les cloches se taisent. Madame se meurt. Elle qui, pendant plus de six siècles, a célébré les noces du trône et de l’autel, n’a plus ni trône ni autel.
Comme un bourdonnement entêtant après la fin de la volée, la plus belle des processions hante le vaisseau fantôme. Voici Louis IX, qui vénère, pieds nus et tunique blanche, les reliques de la Passion du Christ. Philippe le Bel a fière allure après sa victoire de Mons-en-Pévèle sur les Flamands, en 1304. Henri VI de Lancastre, l’enfant de 9 ans sacré roi de France, tremble d’être si frêle dans cette nef immense.
On songe en 1800 à y installer le Musée des monuments français
Voici la mère et le frère de Jeanne d’Arc qui assistent au procès en réhabilitation de l’héroïne. Henri IV, sa grande carcasse courbée, lave les pieds de douze pauvres le jeudi saint. Bossuet monte en chaire pour l’oraison funèbre du Grand Condé. Louis XIV s’agenouille devant les bras ouverts de la Piéta de Coustou. Louis XV rend grâce d’avoir échappé à l’attentat de Damiens ; le chœur chante, en 1785, la naissance du duc de Normandie (le futur Louis XVII). La procession s’achève. Le 14 février 1790, on donne un Te Deum en l’honneur du serment constitutionnel. L’Église de France a juré: Madame est morte.
Dio vi salvi Regina… un général corse va lui rendre la vie. Nous sommes en 1802, le jour de la messe de Pâques. Bonaparte a signé le concordat avec le pape Pie VII. Voilà des jours que l’on s’affaire pour rendre à la cathédrale un peu de sa splendeur. Pendant le Directoire, catholiques constitutionnels et théophilanthropes se sont partagé les lieux. On a songé en 1800 à y installer le Musée des monuments français. Désormais, elle a un archevêque. Un vrai. Mgr de Belloy attend le premier consul. Le vieil homme en a vu d’autres. Il est né en 1709, sous Louis XIV! Et le 2 décembre 1804, deux ans plus tard, bon pied, bon œil, il accueille le futur empereur des Français. Cartons, tapisseries, tribunes superposées sur les nefs latérales, «N» impérial cerclé de lauriers: la cathédrale est rutilante… «Dieu ne s’y reconnaîtra plus», dira Julie Talma. Tout ce que la Révolution a compté d’athées, de régicides, d’enragés s’est empanaché pour l’occasion. Fouché est déguisé en duc (il le sera bientôt) et les frères Bonaparte entrent en propriétaires. «On avait ainsi obtenu une sorte de temple néogrec, avec quelque chose de romain, çà et là, qui parut splendide», écrit José Cabanis, dans son admirable Sacre de Napoléon. Il n’y a qu’un absent, note encore l’écrivain: «Ce Nazaréen crotté qui n’avait que faire dans les triomphes qui se préparaient.» Son vicaire, le pape Pie VII, tentera de faire bonne figure.
L’arrivée de Napoléon et de l’impératrice Joséphine à Notre-Dame-de-Paris pour leur cérémonie de couronnement, le 2 décembre 1904. - Crédits photo : Bridgeman Images/RDA/Bridgeman Images
Paul Claudel est touché par la grâce
Lors, selon les mots du cardinal Feltin, à Notre-Dame, «la France récite le rosaire perpétuel de ses joies, de ses deuils et de ses gloires». Le 17 juin 1816, le mariage du duc de Berry et de Caroline des Deux-Siciles donne lieu à une cérémonie éblouissante. Des pilastres en trompe-l’œil, que surplombent des angelots porteurs de bougies, couvrent les piliers. Des tribunes accrochées de tapis et d’étoffes scandent la nef tandis qu’un dais rouge et or est suspendu entre le pavement et la voûte. Quinze ans plus tard, en 1831, après une émeute, des pillards se rendent à Notre-Dame et dévalisent la sacristie et le trésor.
Frollo tombant de la cathedrale de Notre dame de Paris sous les yeux de Quasimodo, illustration pour le roman Notre Dame de Paris de Victor Hugo (1831), gravure. - Crédits photo : Rue des Archives/©Rue des Archives/Collection Gre
Avec la parution cette même année de Notre-Dame de Paris, la République des lettres s’empare du lieu. Victor Hugo marche en tête avec, derrière lui, Nerval, Flaubert, Verlaine, Huysmans (qui n’aime pas ces tours «accablées par le poids des péchés, retenues par le vice de la ville au sol»), plus tard Péguy. Près du second pilier, à l’entrée du chœur à côté de la sacristie, en ce jour de Noël 1886, Paul Claudel est touché par la grâce: il croit!
De Second empire en IIIe République, du Te Deum pour la victoire de Sébastopol aux funérailles nationales du président Sadi Carnot, «la vieille reine de nos cathédrales» (Hugo) apprend à vivre avec l’État moderne. Les secousses de l’histoire, cependant, n’épargnent pas ses archevêques. Le 25 juin 1848, Mgr Denys Affre grimpe sur la barricade du faubourg Saint-Antoine pour tenter d’apaiser les combattants. Le calme ne dure qu’un instant. Une balle siffle et le prélat s’effondre. Il meurt dans la nuit à l’hôpital. En 1871, son successeur, Mgr Darboy, emprisonné par des communards, est fusillé le 25 mai à la prison de la Roquette.
Viollet-le-Duc lui rend sa fierté
À la fin du XIXe siècle, Notre-Dame s’est retrouvée. Viollet-le-Duc lui a rendu sa fierté, dressant statues, chimères, gargouilles. Les façades dénudées par le temps et les hommes sont peuplées de figures de pierre. Dans la galerie des Rois, une statue a les traits du génial architecte. On le retrouve aussi sur le toit, qu’il a couvert d’une nappe de plomb. Au pied de la flèche qu’il a lancée, comme un jet, vers le ciel.
Le 17 novembre 1918, on célèbre dans la cathédrale le Te Deum de la victoire. Le 19 mai 1940, le gouvernement issu du Front populaire vient en délégation implorer Notre-Dame pour qu’elle soutienne nos armées dans la bataille: laïcité oblige! Le 26 août 1944, Leclerc, la 2e DB et le général de Gaulle y entendent le Magnificat royal: Paris est libéré!
Le trésor de la cathédrale conserve un fragment de la couronne d’épines du Christ. - Crédits photo : Philippe Wojazer/Reuters
Les églises se vident, mais Notre-Dame continue d’être le point vers lequel tous convergent. On y célèbre des messes de funérailles pour de Gaulle, Pompidou, Mitterrand. Au son du glas, les Parisiens viennent y prier pour les victimes du 11 septembre 2001, celles du tsunami de l’hiver 2004, celles encore des crimes de Mohamed Merah.
Aujourd’hui encore, sous la voûte, la petite histoire rejoint la grande. Barack Obama, lors d’une visite à Paris, en juin 2009, est venu, en famille, s’incliner devant le fragment de la couronne d’épines que conserve le trésor de la cathédrale. Le 2 mars 2010, jour de la visite du président russe Dmitri Medvedev, l’orgue a joué le même morceau que celui qui avait accueilli Nicolas II et le tsarévitch. À l’Élysée, Nicolas Sarkozy a dû patienter. Son homologue avait près d’une heure de retard. Il était en prière, agenouillé devant la pauvre couronne du Roi des rois.
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Notre-Dame : quel symbole pour vous ? - Regarder sur Figaro Live
* «Notre-Dame de Paris, la grâce d’une cathédrale», Éditions Place des victoires, 512 pages, 85 €.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 16/04/2019. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
Vincent Tremolet de Villers Source: premium.lefigaro.fr
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wikprod · 7 years
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Des Collines
Il se met à pleuvoir dès que je quitte la voiture. Une pluie lourde, mauvaise, poisseuse. Les gouttes cognent et frappent dans le théâtre de la rue. Contre l’asphalte, contre les lampadaires. Contre les carreaux brillants, contre le métal froid. Je me précipite à l’abri d’une devanture. Dans la ruelle noyée devant moi, dans l’onde liquide des cieux, les contours flous des objets se découpent comme des reliefs sous-marins. Seul repère dans cette nuit liquide, l’enseigne lumineuse d’un bar clignote. CLOSED, en lettres rouge. Très bien. Je vais attendre. A l’intérieur une silhouette trouble valse entre les chaises. On dirait un poisson, dans son aquarium.
Je sors une clope de la poche de ma veste, la porte ma lèvre et en approche mon briquet. Le raclement de la pierre à feu. Une fois, deux fois… Trois fois. Rien à faire. Le tabac est trop humide, mon briquet trop trempé. Fichu pays. Je jette un coup d’œil à ma montre. Vingt heures. J’ai faim. J’ai roulé toute l’après-midi avant de trouver cette ville. Des Collines. Son lac, ses forêts. Ses collines. Les mystères engourdis de ces rues brumeuses… Ces vingt gamines qui y sont entrée pour ne jamais en sortir. Bon sang mais quand est-ce-que ce bar ouvre ? La clope inutile pend tristement à mes lèvres, la silhouette dans le bar valse toujours entre ses chaises, comme une danseuse désarticulée parmi son public.
Je sucotte ma cigarette, sors mon téléphone portable, fait défiler quelques dossiers, trouve et lance l’enregistrement.
*clic* Comment s’appelle la ville ?
Comment s’appelle la ville !
Des Collines…
Des Collines ? Jamais entendu parler…
Je connais moi chef, j’y allais quand j’étais petit, avec mes parents. Il y a un lac, des thermes… C’est au sud d’ici, après la faille et le désert.
Ah ouais ? Encore un trou à rats, remplis d’arriérés et de consanguins !
Chef, c’est la campagne !
Je hais la campagne ! C’est là-bas que vous emmeniez les enfants, c’est ça ? Réponds !
Je, je sais pas, j’étais que le chauffeur, je…
Réponds, putain !
Oui ! Oui, c’est le seul arrêt que j’ai fait, pour aller pisser !
Et quand t’es remonté dans le car ?
Elles étaient là… enfin, je crois.
Tu crois ? Vingt gamines, tu crois ?! Tu te fous de ma gueule ?
Je sais pas, je vous jure ! La brume s’était levée le temps que je revienne, elle s’était infiltrée dans le car, et y’avait des silhouettes, j’ai pas fait gaffe, il faisait nuit, je voulais juste rentrer, je vous jure ! l’homme sanglote.
Ok… Ça ira… T’as tout enregistré ?
Ouais chef… Qu’est-ce-qu’on fait de ces infos ?
C’est qu’un pauvre type, il sait pas grand-chose… Mais bon, on va quand même aller vérifier, pour avoir le cœur net. Henry, t’es déjà allé là-bas, tu disais ?
Euh… bah j’étais gamin et ça a dû pas mal changer alors… En plus j’ai dit à Sophie qu’on irait à la mer ce week-end donc…
Et bin tu lui enverras une carte postale ! Henry, t’es tout pâlot, une promenade à la campagne te fera du bien. Tu pars de suite : vérifie son histoire, va jeter un coup d’œil à l’école et tu seras peut-être même rentré avant le week-end. Charles, qu’est-ce-que tu fous encore un enregistrer ? Tu veux faire le making off ? Coupe ce putain de truc, bordel ! *clic*
L’enregistrement s’arrête là. C’est la seule piste à ma disposition. Le témoignage du chauffeur, et un lieu : le parking de l’école. Pas suffisant pour commencer une enquête mais juste assez pour gâcher un week-end. Je soupire alors que la pluie s’arrête lentement. Et Sophie qui…
Un bruit de verre brisé : dans le bar la petite danseuse vient de tomber, au milieu des chaises et des tables bien ordonnées. Je me précipite vers le commerce, mes pas font gicler l’eau de la rue inondée sous le ciel gris et sans pluie. J’ouvre la porte d’un coup d’épaule et l’envoi claquer contre le mur.
« Ça va, vous allez bien ?
Pas réponse. La nana derrière le bar m’observe d’un l’air las. Je regarde le sol : il n’y pas de petite danseuse effondrée, juste deux chaises renversées.
- On est fermé, me dit-elle d’une voix éteinte. C’est marqué derrière vous.
Je me retourne et change d’une pichenette la position de l’interrupteur sur l’enseigne. Ca fait trop longtemps qu’ils sont fermés.
- Plus maintenant, dis-je en désignant le signe OPEN sur les néons rouge clignotants.
Je secoue la pluie de mon manteau et m’approche du bar, relevant les chaises tombées au passage. Un petit objet se trouvait entre elles. Une de ces valseuses en porcelaine qui tournoient sous le couvercle des boites à musique. Je la ramasse et l’empoche du bout des doigts.
- Vous auriez un truc à manger ? Genre, un sandwich, ou ça ? je demande en montrant la dernière part de tarte sous son présentoir de verre.
- On a les deux, dit-elle en posant devant moi la tasse et la soucoupe qu’elle essuyait. Je vous mets un café aussi avec ?
- S’il vous plaît.
Je m’assieds au comptoir et accroche mon manteau au dossier du tabouret. Personne dans le bar. Je suis le seul client. La tête d’un ours naturalisé m’observe d’un œil torve accroché au mur. Juste en face une carpe fixe sur moi un regard similaire. J’ai dû interrompre une grande conversation.
- Je ne vous dérange pas au moins ? la question s’adresse autant à la serveuse qu’aux animaux empaillés.
Elle s’approche et verse du café dans ma tasse. Noir et dense, comme la nuit qui nous englobe.
- Pas du tout. C’est juste qu’on ne reçoit pas…
- …beaucoup de monde par ici ?
Elle sourit. Coup d’œil à mon manteau.
- Flic ?
Je souris. Coup d’œil à son bouquin. Le Grand Sommeil, de Chamber.
- Amatrice d’enquêtes policières ?
- Vous ne ressemblez pas beaucoup à Philip Marlowe.
- Vous n’êtes pas non plus une blonde incendiaire.
- Ce monde est décevant en bien des aspects !
Elle repart vers la cuisine.
- C’est juste que… il ne se passe pas grand-chose par ici, continue-t’elle. Vous venez là pour quoi ?
Des gamines ont disparu. Une équipe de basketball, tout un car. Elles sont rentrées dans ces collines et le car est ressorti vide, il y a moins d’une semaine. Le chauffeur est incapable comme nous d’expliquer ce qu’il s’est passé. Il n’a fait qu’un arrêt, et c’était dans cette ville. Pourquoi lui raconterai-je cette histoire ? Ce n’est pas une heure pour se dire des horreurs…
- Du tourisme. Je suis pas là pour le boulot, étonnant, non ?
Bruit de vaisselle cassée dans la cuisine. Exclamation de surprise, puis juron.
- Merde-euh !
- Ça va ?
- Oui oui, ça va, je me suis juste coupée, ce n’est rien, dit-elle en revenant, se suçant le doigt. Elle pose devant moi une assiette où attend un sandwich thon-maïs. Je lui tends mon mouchoir. A la serveuse, pas au sandwich.
- Tenez. Il est propre.
- Merci, minaude-t’elle en tendant son doigt.  Je fais un nœud autour de la coupure.
- Voilà.
- Et le bisou magique ?
Je souris en regardant ses grands yeux gris, presque jaunes, et dépose un bisou sur son doigt. La femme sent la cigarette, mais une autre odeur se glisse derrière. Comme de la cire, ou du savon.
- Ma mère m’en faisait toujours un, quand j’étais petite…
- On a dû avoir la même ! Pas des masses de clients ? je demande en mordant dans mon sandwich.
- C’est une ville plutôt tranquille, personne ne reste à Des Collines. Dès qu’ils sont en âge, la plupart de nos jeunes partent dans des villes plus grandes, pour le travail ou les études… C’est ce qu’a fait mon fils, en tout cas.
- Qu’est-il allé faire ?
Elle s’accoude au bar et sourit. Elle doit avoir dans les quarante ans.
- Informaticien, à Reno.
- Des Collines n’avait rien à lui offrir ?
- Des Collines n’a pas grand-chose à offrir à quiconque…
- Et l’usine de bougies ?
La serveuse se fige. Je poursuis.
- Celle qu’on voit depuis la vallée, au sommet de la colline.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit la femme d’un ton sec. Elle se détourne et s’approche d’une vieille radio ouverte au fond du bar. Elle plonge ses doigts dans les organes électriques.
- Je dis ça parce que j’ai cru voir ses cheminées s’activer, depuis la vallée. Et vu que les bougies Des Collines étaient plutôt connues à une époque, je me disais…
- L’usine ne marche plus, m’interrompt la femme. Elle a mis la clef sous la porte depuis longtemps. Vous avez dû rêver.
- Pourtant…
La radio se met à grésiller et la femme recule en jurant. Elle jette rageusement mon mouchoir devant moi, sur le comptoir.
- Je n’arrive à rien avec ça !
Bon. Très bien. Autant pour le bagou du détective Marlowe ! Je pose un billet sur le comptoir, empoche mon mouchoir, me lève et remets mon manteau. La radio s’est mise à cracher un bruit blanc, brouillé, où quelques voix fantomatiques percent parfois dans le brouhaha crépitant.
- Au fait, dis-je avant de sortir, je cherche l’école pour filles de la ville. Nous nous arrêtions toujours sur son parking quand je venais là, petit. Sauriez-vous où…
- Au centre-ville. Il y a un présentoir avec des plans de la ville, près de la sortie, servez-vous ! Il va faire nuit : on ferme.
- Très bien, merci. Bonne soirée.
La femme ne répond pas et continue à me tourner le dos. Je pose un billet sur le comptoir, récupère un plan de la ville et quitte la pièce. Dehors, la pluie est finie, le brouillard se lève.
Je fais quelques pas sur le trottoir jusqu’à un carrefour où j’allume une cigarette sous l’enseigne d’un magasin de prêt-à-porter. Les mannequins figés dans la vitrine m’observent de leurs regards éternellement surpris. Je frissonne, chasse les écharpes de brouillard qui s’entortillent autour de moi et reprend la vague direction pointée par la serveuse.
Des collines n’a guère changé depuis mon enfance. Nous venions là en cure thermale, avec mes parents, pour les problèmes de santé du paternel. Les médecins semblaient convaincus que respirer les émanations souffreteuses de la ville le ferait se sentir mieux. Tu parles ! Nous sommes venus trois fois de suite ici, durant l’été. Ma mère prenait une chambre à l’hôtel du rivage, en bordure du lac, et mon père partait sur la colline, dans le bâtiment thermal au pied de l’usine de bougies, de l’autre côté du lac. Nous venions le visiter une fois par jour. Ma mère ramait et moi, impressionné, je voyais l’immense bâtiment se rapprocher, jaillissant de la brume comme un bateau fantôme. La troisième année mon père est mort, immobile sur son grand lit blanc, dans sa chambre de cure thermale, dans cette odeur de soufre qui collait à la peau. Une odeur d’allumette, qui se consume trop vite, jusqu’à s’éteindre en vous brûlant les doigts. Je jure en jetant la mienne qui vient d’illustrer ma métaphore. Je hais cette ville. J’aurais dû en référer à mon chef. Je tire rageusement sur ma cigarette et continue d’avancer.
Autour de moi des immeubles bas délimitent des rues désertes en briques rouges. Quelques boutiques, peu de voitures, aucun passant. Des lumières, rares, percent à certaines fenêtres mais semblent s’étioler, voir même s’éteindre si je les regarde un peu trop longtemps. Et des flots de brume nappent la ville comme un épais coulis, brouillant les contours des choses, figeant le temps dans un éternel clair-obscur, un entre chien et loup constant.
Je sors le plan de la ville de ma poche. Mon mouchoir vient avec. Sur le tissus à carreaux, une tâche blanche et grasse là où la serveuse a saigné. Etrange. Peut-être de la crème ? Un examen attentif du plan confirme mon absence totale d’orientation. La ville est minuscule mais je tourne en rond… Où est cette fichue école ? Une silhouette sort de la brume, devant moi, en plein milieu du croisement. Un enfant ? La silhouette n’est pas très grande.
- Hé, petite ? sans savoir pourquoi je féminise l’apparition. Petite ?
La silhouette se détourne et part en courant dans le brouillard.
- Bon sang, mais… Attends !
Je m’élance à sa poursuite. Elle court vite. Mes pas résonnent sur la chaussée de vieil asphalte craquelé. La gamine court en plein milieu de la rue, c’est un peu dangereux. Droite, gauche, elle tourne encore dans une ruelle, nous passons un terrain vague où attend une poussette abandonnée, je commence à perdre mon souffle, pourquoi je la poursuis comme ça, merde, aussi bien elle est effrayée, puis un éclair blanc, dans le brouillard m’aveugle soudain ! Je tressaille, lève le bras pour me protéger les yeux, mais l’éclaire est fugace, il est déjà passé… Là, juste devant moi ! Le crissement de pneus, un dérapage, le bruit d’une collision. Une vitre qui se brise, de la tôle qui se froisse, un moteur qui hurle, s’éteint et puis plus rien, le silence.
Je m’approche lentement dans les écharpes de brumes qui font comme des grands doigts éthérés… Le lampadaire est plié, détruit par la collision. Il y a des traces de pneus au sol, d’huile et une légère odeur de brulé flotte dans l’air. Nulle trace de la voiture, encore moins de la silhouette. Où est la gamine ? Au pied du lampadaire, une chaussure d’enfant. Coincée sous elle, une page de journal.
Tragique accident à Des Collines. La fille d’un riche entrepreneur tuée lors d’un accident de la route. Toute la ville sous le choc.
Une sonnerie retentit derrière moi, je me retourne dans un sursaut. Le brouillard s’est légèrement levé. Dans ses volutes laiteuses, se dessine les contours d’un vaste bâtiment. Ecole pour filles de Des Collines indique son portail de fer. C’est là que s’est arrêté le chauffeur de bus, sur ce grand parking derrière ces barreaux noirs. Là qu’il a vu les filles pour la dernière fois. Quand à cette silhouette… Peut-être une gamine de l’école ? Les feux et la voiture ? J’ai dû rêver…
Machinalement, j’empoche le journal et traverse la rue. Devant l’école se trouve un vaste parking, idéal pour garer un bus. Je comprends pourquoi le chauffeur s’est arrêté là. Derrière le portail de fer, la cour est silencieuse. Le grand bâtiment au style victorien qui s’élève devant moi semble abandonné, comme tout le reste de la ville. Une lumière brille au rez-de-chaussée. Je vais peut-être avoir de la chance, finalement. Peut-être quelqu’un a vu quelque chose.
Je monte quatre à quatre le perron et frappe à la porte.
Pas de réponse.
Nouveau coup de sonnette. Ce que j’avais pris pour un rideau se déplace soudain et renverse un meuble dans sa fuite. La lumière au rez-de-chaussée s’éteint. Les gens sont-ils toujours aussi accueillants à Des Collines ?
- Attendez !
Pas de réponses, évidemment. Et la silhouette a disparu. Je recule sur le perron et avise une fenêtre entr’ouverte donnant sur le hall d’accueil. Un coup d’œil à droite, à gauche… Personne. M’approchant discrètement, je soulève la fenêtre qui s’ouvre en grinçant et pénètre à l’intérieur…
J’atterris sans bruit sur le parquet, le bruit de ma chute étouffé par l’épaisse couche de poussière. Personne ne semble avoir pénétré dans ces lieux depuis des lustres. Tout est calme, endormi, poussiéreux… Le chauffeur de car a-t’il au moins trouvé des toilettes ici ?
- Vous êtes en retard, mademoiselle Peckinpah !
Je sursaute. Le couloir vient de s’illuminer. La poussière a disparu, tout est propre et rangé dans le hall d’accueil de l’école des filles. Dehors, règne un grand soleil et les brises légères du printemps.
- C’est-à-dire…
Devant moi une imposante pionne se tient debout, air sévère et poings sur les hanches. Je reconnais la silhouette qui se planquait derrière le rideau.
- Vous devez faire erreur, je ne suis pas…
- Combien de fois devrais-je vous répéter de ne pas jouer au ballon devant l’école ? Un jour vous finirez par…
Dehors, un cri retentit et l’interrompt. La pionne me dépasse et se précipite à la fenêtre. En face de l’école, derrière les barreaux étincelants, une voiture est encastrée dans un lampadaire et un ballon rouge rebondit sur la route, roule dans le caniveau. La porte de la voiture s’ouvre, le conducteur en sort, hagard, plusieurs passants s’attroupent autour de l’accident, horrifiés. Derrière la carcasse fumante, on peut voir la jambe d’une petite fille dépasser, et une chaussure jaune à boucle, en cuir brillant.
- La jeune Peckinpah… balbutie la pionne, mais vous n’êtes pas…
La femme me regarde et, horrifiée, s’enfuie en courant.
- Attendez !
Je me lance à sa poursuite, autour de nous, l’école est redevenue vieille, abandonnée. Que s’est-il passé, là-bas, à l’entrée ?
La femme zigzag dans les couloirs poussiéreux, encombrés de bureaux, de chaises, de meubles renversés. Elle s’engouffre dans une salle de classe, fait tomber une armoire sur ma route et se cache derrière un bureau, saisissant une large équerre en bois qu’elle maintient en tremblant.
- Ça va ? je demande en approchant lentement, les bras levés. Je ne vous veux pas de mal…
- Ce… ce n’est pas elle ? J’ai cru… j’ai cru la revoir un court instant…
- Qui ça ?
- Ca… Camille…
- Camille ? La fille de l’accident, n’est-ce-pas, la jeune… Peckinpah ? je repense au journal dans ma poche. Vous étiez là, le jour de l’accident, c’est vous qui l’avez… trouvée ?
Derrière le bureau, la femme ne dit rien. Le visage constellé de larmes, elle se tait. Je monte sur l’estrade et soupire. La femme a un sursaut.
- Détendez-vous, dis-je en retournant une chaise pour m’assoir. Qu’est-ce-qu’il se passe dans cette ville…
- Vous êtes venu pour elles ? Je ne les ai pas prises, pas prises, dit la femme en reniflant, se balançant sur ses talons, jouant avec son équerre de bois.
- De qui parlez-vous ? dis-je en portant une cigarette à mes lèvres. Mais la femme se tait, elle ne dit plus rien. Quel âge a-t-elle ? Difficile à dire, sous son visage crasseux. Elle n’a pas l’air d’avoir toute sa tête, avec sa vieille jupe plissée et son pull flambant neuf de… Son pull. Bleu, avec la tête d’un renard jaune aux lunettes de soleil, la mascotte de l’équipe de basket !
- Je ne les ai pas prises, pas prises… continue la femme.
- Elles, les filles de l’équipe de basket, c’est ça ? Tu les as vu ?
- Non ! Pas vues, pas prises ! Paule n’a rien fait, rien vu !
Comment la faire parler ? Elle est manifestement sous le choc… En fouillant mes poches à la recherche de mon briquet je tombe sur la statuette de la valseuse, ramassée un peu plus tôt dans le bar. Peut-être que…. Je la sors de ma poche, la petite danseuse attire le regard de la femme.
- Elle te plaît ? Tiens, lui dis-je en lui tendant la figurine. Elle ne marche plus vraiment maintenant, mais avant elle se tenait sur une boite, tu vois ? Et quand tu l’ouvrais, il y avait de la musique qui se mettait à jouer et la valseuse dansait, comme ça… je sifflote et fait tourner la danseuse à ses pieds. La femme ne la quitte pas des yeux. Tu la veux ?
Elle hoche la tête.
- Alors tu vas devoir…
La femme n’attend pas la fin de la phrase et court vers le fond de la salle. Elle y ouvre un placard d’où tombent en cascade plusieurs sacs de sport et quelques ballons de basket.
- Vues… mais pas prises !
- Prises, quelqu’un les a prises ?
- A l’usine, là-haut…
- Mais qui ?
- Elle.
- Elle ?
La femme lève doigt et désigne un point derrière moi, dans l’entrée de la salle de classe.
- Elle.
Une femme se tient là. Une colosse, large comme une armoire, en costume trois pièces rayé. Mais la femme n’a pas de visage. Sa tête est comme fondue, un amas de chair aux épais bourrelets figé comme la cire d’une bougie. Elle lève les bras, pousse comme un long hurlement silencieux et court vers moi en renversant les tables sur son passage.
- Police, je…
Son poing s’écrase juste devant moi et éclate un bureau, sa main, molle ?, s’aplatissant sur le bois et le sol. Sa deuxième poigne attrape ma jambe, je dégaine, tire dans le bras, les balles disparaissent avec des sons mats dans son membre, déchirant le costume, avalées par sa chair molle qui se distend. A la cinquième balle, l’avant-bras explose en une sorte de bouillie flasque et la poigne me lâche. Je bondis, recule et trébuche et m’enfuis vers la fenêtre. Pendant ce temps, la gardienne de l’école rit en battant des mains.
- La colline, court sur la colline où la Fondue t’attrapera !
Je passe à travers, brise la vitre et atterris lourdement sur le sol, mon épaule me lance, et quitte à toutes jambes l’école. Je ne prends pas la temps de me retourner, c’est comme si j’entendais le pas lourd de la femme sans visage à ma poursuite. Doum, doum, doum, mais qu’est-il arrivé à sa tête ?, doum, doum, doum…
Je cours pendant un temps qui me paraît une éternité dans ces ruelles vides, dans cette nuit de poix, où seuls quelques timides lampadaires crèvent l’obscurité d’une blessure de rouille, quand enfin je m’arrête, m’octroyant une brève pause, avant de repartir.
La femme n’a pas crié mais c’est tout comme. Je revois encore son visage fondu, sa poigne ferme mais froide, molle, alors que j’avance, titubant dans les rues de Des Collines. Me poursuit-elle ? Sont-ils plusieurs ? Je me retourne, je ne vois rien, le brouillard est retombé, il recouvre la ville comme… La cire d’une bougie… Je presse le pas, que dois-je faire ? Appeler mon boss ? Il ne me croira jamais ; faire envoyer du renfort ? Sous quel prétexte ?
Soudain j’arrive à un croisement. Le croisement. Le néon rouge du bar, le premier endroit où je me suis arrêté. La porte est fermée du commerce est fermée, barricadée cette fois, a-t’elle jamais été ouverte ?, les vitres à l’intérieur sont comme blanchies à la chaux ou couvertes de journaux. Ma voiture est là, garée juste devant ! Je m’en approche, fouille dans mes poches, trouve les clefs, vais appuyer pour déverrouiller les portes quand tout d’un coup, la brume se lève.
Lentement, doucement, comme un magicien soulèverait le voile sur son tour de passe-passe.
La brume se lève et dévoile le lac, au pied de la rue, à quelques mètres de moi.
Au-dessus du lac, une colline domine la ville. A son sommet, je vois nettement les contours de l’usine. Ses cheminées crachent, ses fours rougeoient. De là où je suis il me semble entendre les grondements de ses organes mécaniques. La fabrique de bougies de Des Collines. Sur les berges du lac une barque attend, profondément enfoncée dans la boue. Je me retourne. Personne n’est derrière moi, pas de femme fondue, pas de pionne possédée. Je suis seul dans la rue, et la barque attend.
Je remets mes clefs de voiture dans ma poche, remonte le col de mon manteau et me dirige vers la barque sous les lumières lointaines de l’usine.
Et déjà la brume retombe…
Tou bi continuaide
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babavigantrom1 · 2 years
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reseau-actu · 5 years
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RÉCIT - Notre-Dame de Paris n’est pas qu’une cathédrale, vestige d’une époque où les hommes regardaient vers le ciel: c’est la maison commune, l’arche de notre histoire. C’est un pan inestimable de la France qui a été dévasté par les flammes.
Échouée au fil de l’eau, vers le milieu de la Seine, elle est «le vaisseau où nous pouvons embarquer et voguer hors du temps», disait François Mauriac. Elle étend sa majesté le long des voies sur berges et lance avec grâce les arcs sur son chevet. Vu du parvis, le bloc de calcaire blanc allie puissance et raffinement, force et légèreté. Les tours, bien qu’inégales (la droite est plus robuste que sa jumelle), croisent dans un parfait équilibre la grande galerie. Elles s’élèvent massivement dans le gris perlé du ciel de Paris.
Notre-Dame de Paris (*) n’est pas qu’une cathédrale, vestige d’une époque où les hommes regardaient vers le ciel: c’est la maison commune, l’arche de notre histoire. «Si tous les chemins mènent à Rome, tous partent de Notre-Dame de Paris», assure Mgr Patrick Jacquin, son énergique recteur. Et y reviennent. Vingt millions de badauds chaque année arpentent le parvis. Les promeneurs peuvent monter les marches de bois qui mènent sur un promontoire. Sur toute la largeur de la façade occidentale, les rois de l’Ancien Testament leur font face. Ils ont, dit-on, les traits des rois de France. Les Parisiens tentaient de reconnaître ici Charlemagne, là Pépin le Bref. Les historiens depuis des décennies s’interrogent sur le bien-fondé de cette croyance populaire. Les révolutionnaires, eux, ont tranché, au propre comme au figuré.
Un temple dédié au culte de la Raison
En 1793, il n’y a plus de cathédrale sur l’île de la Cité, mais un temple dédié au culte de la Raison. On peut y lire sur la façade: «Le peuple français reconnaît l’Être suprême et l’immortalité de l’âme.» On a supprimé les couronnes de la galerie des Rois. Ce n’est pas assez pour la Commune de Paris: elle exige que, sous «huit jours, les gothiques simulacres des rois de France» disparaissent. Ils sont méthodiquement détruits, décapités. Du 7 novembre 1792 au 15 août 1795, Notre-Dame est fermée. En 1796, sur le parvis, les pierres obstruent la voie publique, les immondices s’accumulent, l’endroit se transforme en latrines sauvages.
Le roi de France Louis IX (Saint Louis) apporte en procession a Notre Dame de Paris la relique de couronne d’epines de la Passion du Christ 19 aout 1239. - Crédits photo : Rue des Archives/Mary Evans/Rue des Archives
Dépouillée de ses statues, la nef est plus froide que le Panthéon, on stocke le vin dans les chapelles, les cloches se taisent. Madame se meurt. Elle qui, pendant plus de six siècles, a célébré les noces du trône et de l’autel, n’a plus ni trône ni autel.
Comme un bourdonnement entêtant après la fin de la volée, la plus belle des processions hante le vaisseau fantôme. Voici Louis IX, qui vénère, pieds nus et tunique blanche, les reliques de la Passion du Christ. Philippe le Bel a fière allure après sa victoire de Mons-en-Pévèle sur les Flamands, en 1304. Henri VI de Lancastre, l’enfant de 9 ans sacré roi de France, tremble d’être si frêle dans cette nef immense.
On songe en 1800 à y installer le Musée des monuments français
Voici la mère et le frère de Jeanne d’Arc qui assistent au procès en réhabilitation de l’héroïne. Henri IV, sa grande carcasse courbée, lave les pieds de douze pauvres le jeudi saint. Bossuet monte en chaire pour l’oraison funèbre du Grand Condé. Louis XIV s’agenouille devant les bras ouverts de la Piéta de Coustou. Louis XV rend grâce d’avoir échappé à l’attentat de Damiens ; le chœur chante, en 1785, la naissance du duc de Normandie (le futur Louis XVII). La procession s’achève. Le 14 février 1790, on donne un Te Deum en l’honneur du serment constitutionnel. L’Église de France a juré: Madame est morte.
Dio vi salvi Regina… un général corse va lui rendre la vie. Nous sommes en 1802, le jour de la messe de Pâques. Bonaparte a signé le concordat avec le pape Pie VII. Voilà des jours que l’on s’affaire pour rendre à la cathédrale un peu de sa splendeur. Pendant le Directoire, catholiques constitutionnels et théophilanthropes se sont partagé les lieux. On a songé en 1800 à y installer le Musée des monuments français. Désormais, elle a un archevêque. Un vrai. Mgr de Belloy attend le premier consul. Le vieil homme en a vu d’autres. Il est né en 1709, sous Louis XIV! Et le 2 décembre 1804, deux ans plus tard, bon pied, bon œil, il accueille le futur empereur des Français. Cartons, tapisseries, tribunes superposées sur les nefs latérales, «N» impérial cerclé de lauriers: la cathédrale est rutilante… «Dieu ne s’y reconnaîtra plus», dira Julie Talma. Tout ce que la Révolution a compté d’athées, de régicides, d’enragés s’est empanaché pour l’occasion. Fouché est déguisé en duc (il le sera bientôt) et les frères Bonaparte entrent en propriétaires. «On avait ainsi obtenu une sorte de temple néogrec, avec quelque chose de romain, çà et là, qui parut splendide», écrit José Cabanis, dans son admirable Sacre de Napoléon. Il n’y a qu’un absent, note encore l’écrivain: «Ce Nazaréen crotté qui n’avait que faire dans les triomphes qui se préparaient.» Son vicaire, le pape Pie VII, tentera de faire bonne figure.
L’arrivée de Napoléon et de l’impératrice Joséphine à Notre-Dame-de-Paris pour leur cérémonie de couronnement, le 2 décembre 1904. - Crédits photo : Bridgeman Images/RDA/Bridgeman Images
Paul Claudel est touché par la grâce
Lors, selon les mots du cardinal Feltin, à Notre-Dame, «la France récite le rosaire perpétuel de ses joies, de ses deuils et de ses gloires». Le 17 juin 1816, le mariage du duc de Berry et de Caroline des Deux-Siciles donne lieu à une cérémonie éblouissante. Des pilastres en trompe-l’œil, que surplombent des angelots porteurs de bougies, couvrent les piliers. Des tribunes accrochées de tapis et d’étoffes scandent la nef tandis qu’un dais rouge et or est suspendu entre le pavement et la voûte. Quinze ans plus tard, en 1831, après une émeute, des pillards se rendent à Notre-Dame et dévalisent la sacristie et le trésor.
Frollo tombant de la cathedrale de Notre dame de Paris sous les yeux de Quasimodo, illustration pour le roman Notre Dame de Paris de Victor Hugo (1831), gravure. - Crédits photo : Rue des Archives/©Rue des Archives/Collection Gre
Avec la parution cette même année de Notre-Dame de Paris, la République des lettres s’empare du lieu. Victor Hugo marche en tête avec, derrière lui, Nerval, Flaubert, Verlaine, Huysmans (qui n’aime pas ces tours «accablées par le poids des péchés, retenues par le vice de la ville au sol»), plus tard Péguy. Près du second pilier, à l’entrée du chœur à côté de la sacristie, en ce jour de Noël 1886, Paul Claudel est touché par la grâce: il croit!
De Second empire en IIIe République, du Te Deumpour la victoire de Sébastopol aux funérailles nationales du président Sadi Carnot, «la vieille reine de nos cathédrales» (Hugo) apprend à vivre avec l’État moderne. Les secousses de l’histoire, cependant, n’épargnent pas ses archevêques. Le 25 juin 1848, Mgr Denys Affre grimpe sur la barricade du faubourg Saint-Antoine pour tenter d’apaiser les combattants. Le calme ne dure qu’un instant. Une balle siffle et le prélat s’effondre. Il meurt dans la nuit à l’hôpital. En 1871, son successeur, Mgr Darboy, emprisonné par des communards, est fusillé le 25 mai à la prison de la Roquette.
Viollet-le-Duc lui rend sa fierté
À la fin du XIXe siècle, Notre-Dame s’est retrouvée. Viollet-le-Duc lui a rendu sa fierté, dressant statues, chimères, gargouilles. Les façades dénudées par le temps et les hommes sont peuplées de figures de pierre. Dans la galerie des Rois, une statue a les traits du génial architecte. On le retrouve aussi sur le toit, qu’il a couvert d’une nappe de plomb. Au pied de la flèche qu’il a lancée, comme un jet, vers le ciel.
Le 17 novembre 1918, on célèbre dans la cathédrale le Te Deumde la victoire. Le 19 mai 1940, le gouvernement issu du Front populaire vient en délégation implorer Notre-Dame pour qu’elle soutienne nos armées dans la bataille: laïcité oblige! Le 26 août 1944, Leclerc, la 2e DB et le général de Gaulle y entendent le Magnificat royal: Paris est libéré!
Le trésor de la cathédrale conserve un fragment de la couronne d’épines du Christ. - Crédits photo : Philippe Wojazer/Reuters
Les églises se vident, mais Notre-Dame continue d’être le point vers lequel tous convergent. On y célèbre des messes de funérailles pour de Gaulle, Pompidou, Mitterrand. Au son du glas, les Parisiens viennent y prier pour les victimes du 11 septembre 2001, celles du tsunami de l’hiver 2004, celles encore des crimes de Mohamed Merah.
Aujourd’hui encore, sous la voûte, la petite histoire rejoint la grande. Barack Obama, lors d’une visite à Paris, en juin 2009, est venu, en famille, s’incliner devant le fragment de la couronne d’épines que conserve le trésor de la cathédrale. Le 2 mars 2010, jour de la visite du président russe Dmitri Medvedev, l’orgue a joué le même morceau que celui qui avait accueilli Nicolas II et le tsarévitch. À l’Élysée, Nicolas Sarkozy a dû patienter. Son homologue avait près d’une heure de retard. Il était en prière, agenouillé devant la pauvre couronne du Roi des rois.
* «Notre-Dame de Paris, la grâce d’une cathédrale», Éditions Place des victoires, 512 pages, 85 €.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 16/04/2019. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
Vincent Tremolet de Villers Source: premium.lefigaro.fr
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