Tumgik
#c'est juste que entre ca
lilias42 · 2 years
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Rufus m'a fait péter une durite en jouant à 3nopes donc, j'en parle
3nopes!Rufus : "Les personnes avec un emblème ne sont pas complètement humaines ! Ce sont des monstres !"
Mes Braves : regarde leurs descendants de haut en bas, puis leur propre bras déformé par la pratique de la sorcellerie "Non, ils ont une tête normale. Et t'as vu ce qu'on se tape dans ce monde ? Y a des animaux qui deviennent des géants et pour toi, c'est cette magie bizarre qui est monstrueuse ? Vous êtes étranges dans le futur... car bon, votre magie, elle n'est pas bien puissante mais au moins, elle ne vous déforme pas, c'est déjà pas mal, tu ne penses pas ?"
3nopes!Rufus a cessé de fonctionner (doublé d'une jaunisse en voyant que non seulement, Dimitri est le portrait vivant de son père ET de Blaiddyd, et que Blaiddyd est un duscurien)
Fanon et blagues à part, je trouve l'angle intéressant que certains voient les porteurs d'emblème comme des monstres (surtout par rapport à... comment ça est arrivé dans le sang de ces familles ces petits trucs dans le canon, ça rend ça bien glauque et assez ironique je trouve). C'est un Miklan qui a réussi son coup pendant un temps mais il va plus loin que juste dire "il m'a piqué l'héritage que j'aurais dû avoir car, maman m'a pondu en premier" et construit une rhétorique autour de cette manière de pensée pour se justifier (et surement se dédouaner lui-même de ses actes ignobles), bien qu'elle soit du niveau d'Edelgard celle-là, et c'est peu de le dire ! Il va juste moins loin qu'elle dans la réflexion (l'église et donc les nabatéens sont aussi responsables de tout ça) car il n'a pas pu jouer à la partie de téléphone arabe qui se joue depuis 1000 dans la famille impériale. Mais bon, y a déjà tellement de trucs qui vont pas que ça m'a fait "un peu" péter un câble donc, faut que j'en parle.
Petit avertissement avant de commencer : je n'ai pas fini la route "Lueur Azure" de 3nopes quand j'écris ce billet, qui est ma 1ère route testée donc, je ne sais quasi rien des autres routes à part ce que je voie sur Tumblr. J'en suis à l'exploration du nouveau camp après que Rufus a été décapité pour haute-trahison. Etant donné qu'il est mort et qu'il y a déjà pas mal de chose à dire, je pense qu'on peut discuter un peu de tout ça - ou c'est juste moi qui ait pété une durite pour rien et le jeu entier me contredira entièrement, même si je n'espère pas vu le nauséabond que nous sort Rufus. Je n'ai également joué à tout ça qu'une fois, et même si souvent, je relis souvent les citations deux fois pour être sûre d'avoir tout compris et que je crois bien m'en souvenir, je peux facilement me tromper car, il n'y a pas encore de datamine, encore moins en français. Je ne regardes pas non plus les fuites d'infos car, de ce que j'ai vu, c'est surtout des images sans qu'on ait de contexte alors, je préfère attendre d'avoir tout le contexte pour juger, et encore plus le contexte dans ma langue si possible car, je travaille toujours sur du français et pas de l'anglais (ex : y a une image où Claude sert la main d'Edelgard et où elle prend plus ou moins le contrôle de l'Alliance si j'ai bien compris. Donc, deux possibilité pour le moment : la plus pessimiste est que le jeu assassine le personnage de Claude (c'est-à-dire un antiraciste assumé et dont l'antiracisme fait partie intégrante de ses motivations et de son personnages) pour qu'il courbe l'échine devant la fureur Edelgard (c'est à dire une raciste assumée envers les nabatéens, dont le racisme envers les nabatéens fait partie intégrante de ses motivations et de son personnages) sans se battre, ce que laisse penser cette image sans le contexte, et ce jeu va mourir pour ça car, Claude peut s'allier sans souci à Dimitri vu qu'ils ont des objectifs / ambitions / priorités assez proches et le fait dans FE3H mais, JAMAIS du Saint Jamais à Edelgard. SOIT, dans le contexte, c'est une tentative de manipulation de la part de Claude qui va revenir dans la gueule d'Edelgard avec un couteau dans le dos, et là on se rapproche plus de Claude. ça sent toujours les pieds et j'ai pas confiance mais, on a pas le contexte donc, on ne peut pas vraiment le savoir)
Bon, déjà, le coup que les emblèmes sont l'origine de tous les problèmes d'une personnage, très original. On est à... quoi ? Edelgard et Dorothéa qui blâment les emblèmes et l'Eglise avec une mauvaise foi absolue, un peu Hanneman avec sa soeur qui n'existe que pour justifier qu'il remette les pieds dans l'Empire dans CF. De manière plus compréhensible, on a Sylvain qui pense que tout le monde le juge avec son emblème et que Miklan lui a surement bourré le crâne pour lui faire croire qu'il lui a tout volé à cause d'elle (d'où le fait qu'il tente de l'assassiner aussi), Ingrid qui croit qu'elle doit se marier pour le bien de sa famille car, elle a leur emblème et cela attirerait un riche mari qui sauverait leur fief de la ruine, Lysithéa qui a de bonne raison de ne pas l'aimer car, on lui a juste mis une (voir deux) de force dans le sang ce qui a eu pour effet de réduire considérablement sa durée de vie, Marianne car tout le monde pense que son emblème est maudit... soit sept persos principaux en comptant vite, ça fait déjà pas mal de monde. Et je ne parle pas de Mercedes qui est utilisé pour accéder à la noblesse grâce à son emblème car, elle ne l'accuse pas et dit que c'est plutôt qu'elle se laisse ballotter par les décisions des autres, de sa mère qui a vraiment eu plusieurs mariages pour son emblème, ni Hapi qui a un emblème qui semble attirer les bêtes démoniaques car, je n'ai pas joué au DLC et j'ai peur de me tromper sur son cas. Encore une fois, très original de mettre "ouin, ouin, les emblèmes sont la source de tous mes problèmes !"
Et puis bon... Rufus, mec. Tu es né dans une famille avec un emblème ! Si ton petit frère et ton neveu sont des monstres ou "seulement" en partie des monstres à cause de ce truc dans leur sang, tu es quoi toi ? Un monstre raté ? Tu partages ton sang avec eux aux dernières nouvelles ! Tu as le même père que Lambert ! (car oui, Dimitri parle de la paix de son grand-père, pas de sa grand-mère car, les mamans, ça n'existent pas à Fodlan) Tu peux avoir un enfant avec un emblème qui a sauté une génération, tu le sais ça, non ? Et tu diras quoi à ce moment-là ? Ces yeux te feraient peur ? Tu devras le tuer car, c'est un monstre ? Au nom de Sothis, t'as aucune logique ! Ecoute un peu Dimitri qui dit à Chaise - et à raison ! - que le pouvoir est un outil qui n'est ni bon, ni mauvais, et il utilise justement le pouvoir que lui donne son emblème (à savoir sa force surhumaine) pour illustrer son propos ! Sa force n'est ni bonne, ni mauvaise, c'est comment il l'utilise qui en fait une bénédiction ou une malédiction ! Il peut autant utiliser sa force pour porter des blessés ou des charges lourdes, que pour fracasser le crâne de quelqu'un à coup de poing mais, est-ce que cela fait de sa force quelque chose de mauvais en soi ? Non, c'est ce qu'il décide d'en faire ! (ça me rappelle les débats sophistes de la Grèce Classique tout ça. Un d'eux est resté célèbre car, ils ont débattu pendant des jours pour savoir si quand quelqu'un était tué d'une flèche, qui était le coupable : la personne qui tire, l'arc lui-même ou la flèche... oui, le but du jeu est d'avoir raison, pas d'avoir la vérité, d'où le fait que le terme soit devenu péjoratif avec le temps... attendez un peu... "but du jeu = avoir raison =/= trouver la vérité"... [zieute le fandom autour d'un certain perso] ... ... ... hun... on ne change pas en moins d'une petite trentaine de siècle finalement. Et on y reviendra au coup de l'archer, de l'arc et de la flèche)
Et aussi, Dimitri qui est froid et insensible, ne laisse transparaître aucune émotion (alors que si, même dans la partie speedrun de l'académie, il en a, il s'en fait pour les autres et aide même Chaise, ce qui montre encore une fois sa gentillesse), ce qui le rend encore plus monstrueux aux yeux de Rufus. Effectivement, c'est inquiétant quelqu'un qui n'a pas d'émotion mais, tu voies... je me demande si ça n'a pas à voir avec... je sais pas... entre autres et à tout hasard :
le fait qu'il ait vu son père se faire décapiter, grâce à toi d'ailleurs,
le grand frère de son meilleur ami d'enfance et fiancée de son autre amie d'enfance mourir dans d'affreuses souffrances, avec un visage rempli de regret et il était tellement déchiqueté qu'on a pas pu ramener son corps selon le jeu original, grâce à toi aussi,
tous les compagnons et chevaliers qui étaient avec eux aussi... dans d'affreuses souffrances également et sous ses yeux aussi, toujours grâce à toi,
le fait qu'il ait dû affronter les troubles politiques suite à la mort de son paternel... entre les rébellions, le brigandage et le reste, c'est pas vraiment ce qu'il y a de plus sain pour un ado déjà traumatisé... et on apprend que c'est grâce à toi aussi pour la rébellion dans ce jeu vu que c'était pour le tuer,
le génocide d'un peuple innocent, dont fait partie une personne qui l'a maintenu à peu près entier pendant tout ce temps, et surement la personne la plus importante de sa vie (sérieusement, il manque plus que l'alliance et c'est bon, Dedue et Dimitri sont officiellement mariés pour moi dans ce jeu !)... et pour les citations sur Duscur, voir tout le jeu original. Cela fait partie de la trame de fond donc, aucune raison que le fait d'avoir rencontré Chaise à la place de Byleth change ce qui s'est passé à Duscur,
que tu l'as complètement abandonné et surveillé H24 en tentant de l'assassiné au passage... (exploration dans le camp du chapitre avant Fhirdiad)
le fait d'être allé mater une rébellion à 15 piges minimum, 16 maximum...
rébellion que TU as commandité pour l'assassiner d'ailleurs (car le poison, c'est surfait et trop voyant à l'autopsie je suppose)...
qu'à cette occasion, son meilleur ami ait vu la violence dont il peut faire preuve à cause de son traumatisme et de sa santé mentale pas excellente, et qu'il l'a donc rejeté en le déshumanisant au passage...
que toi aussi, tu le déshumanises si tu lui dis tout ça en face...
Et tout ça, c'est soit dans le pré-canon du jeu original donc, il n'y a aucune raison que ça change dans 3nopes, ou c'est directement dans cette assumée UA qu'est 3nopes.
Non ? T'es sûr que c'est pas plutôt la somme de tout ça plutôt que les emblèmes qui rendent Dimitri aussi impassible ? T'es sûr Sherlock ? Les PNJ te décrivent comme étant un fin politique mais, j'ai de sérieux doute côté intelligence émotionnelle ! Là, le PNJ qui dit que tu es le contraire de ton frère (Lambert étant décrit ainsi en gros : le contraire de Rufus mais, avec un très bon esprit tactique) semble avoir raison : tu as l'air d'être assez malin pour être comploteur, mais tu ne comprends pas les autres contrairement à lui ! Tu manques complètement d'empathie ! Gros défaut pour un politicien ! Lambert fait bien mieux que toi à ce sujet ! (et je suis la première à dire que Lambert est un assez mauvais politique à cause de sa trop grande gentillesse et de sa naïveté donc, félicitation pour m'avoir fait dire qu'il était meilleur politicard que toi !)
Et enfin, cerise sur le gateau, le mensonge que les Fraldarius qui tentent de transformer Dimitri en roi fantoche, et le fait que le Rufus essaye de tous les assassiner pour ce qu'il décrit comme une trahison car, les Fraldarius ne le portent visiblement pas dans leur coeur et on les comprend ! (et Pertinax va revenir d'entre les morts pour noyer tous ses hommes jusqu'au dernier s'ils s'approchent trop près de sa famille... ce serait à écrire d'ailleurs ça... un petit big bang d'univers où mes Braves débarquent dans ce bazar et arrête eux-mêmes les hommes de Rufus... rien que avoir sa réaction quand Simplex lui fait face pour l'arrêter) Là j'avoue Rufus, t'aurais à faire avec une famille moins fidèle et dévouée, j'aurais presque pu y croire au coup du grand vizir qui veut être calife à la place du calife (et les PNJ qui te disent bon politique auraient eu plus de raisons de le faire), même si c'est pas du tout le genre de Rodrigue de faire ça. Cependant, mes Guillaume et Aliénor t'envoient une lettre de l'univers "bye !" vu qu'ils sont encore vivant là-bas (et une fois que Rufus ne peut plus faire de mal à leurs louveteaux) :
"Petite leçon de manipulation. Si tu veux transformer un gosse en ta marionnette, y a une manière toute simple : tu l'élèves et tu l'éduques toi-même avec tes propres valeurs à toi ducon !"
Bah oui Rufus, un gamin, c'est encore assez malléable donc, t'aurais eu tout le loisir de transformer Dimitri en ton héritier à toi plutôt qu'il reste celui de Lambert ! Bon, à treize, quatorze ans, ça devient compliqué mais, t'es sa seule famille et t'as été son seul référent pendant deux ans étant donné qu'il n'a pas vu Rodrigue pendant ce laps de temps dans le jeu original, t'aurais eu tout le loisir de le manipuler ! Reste avec lui ! Isole-le de ses amis et de ses autres référents si nécessaire ! (ce qui est plus facile vu que Gustave s'est tiré et que Rodrigue a surement d'autres chats à fouetter dans ce bazar) Devient primordiale pour lui comme Dedue l'est dans le jeu ! Devient une personne de confiance ! Fait en sorte qu'il te fasse confiance et ne te remette pas en question ! Abreuve-le de ce que tu penses et c'est bon ! C'est ta marionnette et ton double à toi maintenant ! Car bon, aussi, l'horloge tourne mon gars, tu ne vas pas vivre éternellement ! Faut bien penser à la succession ! Vraiment, élever Dimitri, ça me semble un meilleur plan bien moins hasardeux que d'essayer de le faire assassiner discrètement ! Mais bon, ça demande de faire des efforts soi-même, et de toute façon, ce n'est qu'une bête à cause de son emblème, n'est-ce pas ?
Et quand tu as attaqué les Fraldarius, tu t'attendais à quoi ? Qu'ils viennent te voir, te donnent l'épée de Moralta, pose la tête sur le billot qu'ils ont apporté eux-mêmes - c'est même Aegis le billot pendant qu'on y est - et te demandent avec plaisir de les décapiter pour haute-trahison ? Evidemment qu'ils vont se défendre ! Qu'est-ce que tu crois ?! Et visiblement, t'as pas envoyé assez d'homme vu que Rodrigue est arrivé à anéantir toutes forces que tu as envoyé ! Dimitri utilise le mot "anéantir" en français (et google trad me dit que "stamped" signifie "éliminer" en anglais), pas "repousser" donc, je suppose que tes soldats sont soit presque tous morts, soit en déroute, soit bien affaibli sinon, Dimitri aurait utilisé un autre mot, ce qui fait que tu as encore plus diminué les forces du Royaume ! C'est juste la deuxième famille du Royaume ! Evidemment qu'ils ont les moyens de se défendre même contre le roi ! Et si tu étais si sûr qu'ils le manipulaient, pourquoi t'es pas passé devant un tribunal ? Rhéa fait un procès à ses ennemis dans le jeu original (on annonce les crimes de l'église occidentale, ça peut correspondre à la fin d'un procès, même si on ne voie pas la délibération, Seteth précise même que les accusés ont été identifié comme faisant partie de l'Eglise occidentale donc, qu'il y a surement eu une investigation, même si on ne le voie pas pour ne pas ralentir l'histoire) donc, si tu es si sûr de ton coup, pourquoi tu n'as pas attaqué les Fraldarius pour haute trahison ? Tu montres tes preuves (limite, tu soudoies le juge et les jurés vu que t'es pas au-dessus de la corruption dans ce jeu, et il y a surement beaucoup de famille qui voudrait avoir la place des Fraldarius), tu gagnes ton procès et tadam ! T'as prouvé leur culpabilité, tu mets surement la population de Fhiridiad et du Royaume de ton côté, voir celle de leur fief à eux qui se retourneraient contre leur duc, ce qui te permets de les neutraliser plus facilement et surtout LEGALEMENT ! C'est un poil plus long mais, avec un minimum de préparation et d'élan, je suis sûre que ça passe !
Vraiment, Rufus, roi et politicard du siècle ! Un fin politicien comme le dise les PNJ ! Et pas juste gros bébé qui pleurniche car, son petit frère a eu le trône et pas lui, tout en refusant de partager le pouvoir avec lui alors que connaissant Lambert, il aurait accepté et même les PNJ disent qu'ils sont complémentaires ! Donc, aucune raison d'aller direct à l'assassinat !
Sothis, ce mec, c'est Scar dans le Roi Lion ! Doué pour prendre le pouvoir, beaucoup moins pour le tenir sur le long terme, et encore pire pour se débarrasser des rivaux et héritiers légitimes potentiels !
Je ne fais pas vraiment de méta d'habitude. Quand j'en fais une sorte d'analyse de personnage ou du jeu, c'est plus pour comprendre un personnage quand je le réécris, c'est bien plus utilitaire que de la vraie réflexion poussée. Je ne sais même pas si ces ronchonnements salés sont vraiment de la méta ou juste moi qui m'énerve toute seule mais bon, on ne va pas se mentir...
Les emblèmes, c'est vachement pratique quand même.
C'est la meilleure excuse et l'origine de tooouuut vos problèmes.
Sérieusement. J'avais un prof qui avait dit en parlant de la conquête de la Saxe : "la religion, c'est la meilleure excuse du monde !" car, cette conquête a été justifiée par le fait d'aller apporter la bonne parole aux Saxons encore païens, ce qui est une raison parmi d'autres plus... profanes on va dire. Mais Fodlan, elle a trouvé encore mieux comme excuse, les emblèmes. Et si vous vous appelez Edelgard ou Dorothéa, vous pouvez mélanger les deux pour cocher tous les points d'avoir l'excuse du siècle pour mal agir et justifier toutes vos actions sans distinction.
Vous n'avez pas hérité ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que c'est un système d'héritage tout aussi péter que la primo-géniture et qu'il y a des systèmes d'héritage plus juste ! (chez les francs, on prend l'héritage et on le partage en partie égale entre chaque héritier)
Vous n'avez pas de pouvoir politique même si vous êtes de la famille royale ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez qu'on ne vous a jamais vu tenter de demander à votre frère de partager le pouvoir - chose qu'il aurait surement accepté du peu qu'on connait de lui - comme le suggère un PNJ !
Vous avez du mal avec les autres ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que vous vous comportez mal avec eux !
Les gens vous utilisent car vous êtes dans une position avantageuse ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que les gens sans emblème dans une bonne position ou une position de pouvoir subisse la même chose ! Pas vrai Pétra ? Hein tu n'es pas utilisé grâce à ta position avantageuse de petite-fille du roi et future reine de Brigid pour forcer ton pays à se tenir tranquille ? N'est-ce pas ?
Vous ne vous entendez pas avec votre famille ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que vous leur faites du mal en vous dédouanant sur le hasard de la génétique !
Vous avez des problèmes avec le noble qui dirige votre ville ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que des nobles sans emblème comme Lonato font aussi du mal aux autres comme dans le jeu original ! Et le gars qui a dirigé la rébellion que vous avez provoqué pour tuer votre neveu ? Il avait un emblème ou non ? Il n'empêche qu'il a fait du mal à ses sujets aussi !
Votre nation est en déclin, surement à cause de mauvaises décisions politiques et surement des facteurs contextuelles entre autres ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que les autres nations s'en sortent bien mieux que vous maintenant qu'elles sont hors de votre empire !
Votre royaume vous haït car, vous êtes un très mauvais souverain ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez tous les problèmes que vous avez provoqué en gouvernant avec vos pieds !
Votre neveu vous combat et n'est pas d'accord avec vous car, vous avez génocidé un peuple pour couvrir le meurtre de votre propre frère soit son père, et tellement mal géré son futur royaume que c'est l'anarchie là-bas ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez la question qui a mené à cette réponse !
En règle général, les puissants abusent de leur autorité et de leurs pouvoirs ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez Arundel, Lonato, Bergliez et tous les autres qui abusent de leur pouvoir sans avoir d'emblème !
Les autres ne vous font pas confiance car, vous n'avez pas prouvé en être digne ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez que vous n'avez jamais rien fait pour la mériter cette confiance !
Pour résumer, vous n'avez pas ce que vous, vous voulez ? Parfois voir souvent aux détriments des autres ? Mais c'est la faute des emblèmes ! Rien de tout ça n'existerait sans elles ! Oubliez qu'on ne vous a jamais vu faire quoi que ce soit de non-violent ou de raisonnable pour atteindre votre objectif !
Tout est toujours de la faute des emblèmes.
Ce n'est pas la faute de celui qui tient l'arc qui a tiré la flèche qui a tué quelqu'un. C'est la faute de l'arc ou de la flèche, pas celui qui les manie.
Ce n'est jamais de VOTRE faute. C'est toujours leurs fautes.
C'est toujours de la faute des emblèmes et des personnes qui, par hasard, sont nées avec.
C'est pour ça que ces personnes sont des monstres, et que cela justifient que vous les assassiniez violemment.
Elles et toutes les personnes qui les accompagnent - sans doute sans emblème - pour couvrir vos traces, puis en tuant encore plus de personnes sans emblème pour servir de bouc-émissaire à la tuerie que vous avez provoqué vous-mêmes de manière consciente et réfléchit.
Evidemment, ce sont eux les monstres... à cause de leur emblème. Car les emblèmes sont à l'origine de tous vos problèmes. Ce n'est jamais vous.
Mais au bout d'un moment... ce n'est pas un peu facile ?
C'est dur de dire que vous vous êtes trompés, ou que vous avez échoué, ou même merdé pour parler grossièrement. Mais, quand c'est toujours la faute de quelque chose d'autre ou de quelqu'un d'autre, il faudrait commencer à se demander si ce n'est pas la vôtre, de faute.
Bref, désolé pour ce coup de gueule grognon, surtout que ça surement déjà été dit mille fois. Simplement, cela m'énerve vraiment de voir que quelqu'un d'autre se dédouane en accusant les emblèmes d'être responsable de tout ses malheurs. On se farcit déjà Edelgard qui mélangent ça à l'Eglise pour dire que tout va mal selon elle, et Dorothéa qui pleurniche aussi sur les emblèmes (et l'église avec ça mais bon, ça a été analyser mille fois) alors que bon... c'est pas comme si les deux avaient 1000 autres solutions pour s'en sortir "malgré" les emblèmes (El, t'es juste la future impératrice, t'as pas les poings liés et on le voie dès que t'arrive sur le trône ! Et va taper sur ceux qui t'ont torturé plutôt que sur des gens qui n'ont rien à voir avec ça car, ils étaient chassés de ton empire depuis 120 ans ! + Dorothéa, tu sors de la plus grande école militaire du continent ! Devient prof de magie [ou de chant si tu veux] et déjà, tu devrais t'en sortir un peu mieux financièrement sans devoir dépendre de quelqu'un ! Et arrêtez d'harceler les gens ! Rien ne justifiera jamais ton comportement avec Ingrid partout ou avec Félix dans vos soutiens C !). En plus, étant donné que Rufus finit avec sa tête sous le bras assez vite, je pense qu'on peut déjà un peu réfléchir à sa manière de pensée, même s'il est (fort) probable que le jeu entier me contredise, au moins en partie (même si j'espère qu'il ne le blanchira pas complètement vu ce qu'il a fait !).
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mare-avatars · 4 months
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Quand je vois tous ces forums forums 'pour public mature et averti' qui ne sont pourtant que "interdit aux -16ans", j'ai VRAIMENT envie de secouer des gens.
On le sait que c'est pour pouvoir poster vos publicités sans balise [hide] sur PRD et dans le chan général de serveurs de pub, mais damn ça ne vous gêne pas de potentiellement jouer des trucs sensibles avec des mineurs.es juste pour avoir de la visibilité ? Non parce que news flash de vieille : à 16 ans on est ni mature, ni averti.e, on pense l'être mais on est ultra influençable et impressionnable.
A mesure que la population rpgique prend de l'âge, il va vraiment falloir qu'on trouve un moyen de protéger les jeunes. C'est pas sain ou normal de jouer des ships tourmentés ++ avec un age-gap de 11 ans entre les personnes de chaque côté de l'écran, surtout quand le.a plus jeune a vu ses années lycées/fac impactées par la pandémie et le.a plus vieux se souvient du passage à l'euro. J'vais pas parler de grooming ou de manipulation, mais juste rappeler qu'il y a une différence monstrueuse de vécu et de recul. Evidemment que c'est à gérer au cas par cas et que j'ai des potes rpgique en début de vingtaine... Evidemment aussi que c'est pas avec elleux que j'écris mes trucs les plus sombres.
Les trentenaires-ou-presque, on a tous vécu des situations louches dans le rpg, j'crois que c'est un peu notre devoir de veiller sur celleux qui débarquent maintenant et n'ont pas nos expériences traumatiques pour savoir se méfier...
Dans la même veine, il va aussi falloir qu'on trouve une façon de distinguer les forums +18 qui le sont parce qu'ils traitent de q* et ceux qui sont +18 parce que la communauté a conscience des sujets et des tw abordés et ne veut pas interagir avec des ENFANTS. Oui, un adolescent est un enfant. Non, pas moyen de contourner, vous sonnez juste comme Jean-Kylian, 23 ans qui vient en Twingo tunée pour chercher sa copine 'mature pour son âge' sur le parking du collège. C'est glauque.
*aucun mal à être sur un forum olé olé, il n'y a pas de jugement, ce sont juste deux communautés différentes qui n'ont pas besoin d'être toujours foutues dans le même panier.
Fin bref, j'arrête de /rant/, j'vous encourage juste à vous interroger sur les priorités morales des gens qui ont des forums darkos mais qui laissent la porte ouverte aux enfants. On se sait et on souffle un peu.
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homomenhommes · 21 days
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saga: SOUMISSION / DOMINATION 184
PH, vacances à la maison-1
Levés tôt et après que nous ayons fait l'amour (Emma et moi) paisiblement puis sauvagement, je suis rentré à la maison changer de moyen de transport.
Peut être le surprendrais-je plus au guidon de mon ZX10R qu'au volant d'une 300SLS. Je pense surtout emporter l'adhésion avec ma combinaison cuir moulante !! J'emporte un casque supplémentaire au cas où il voudrait faire un tour.
Quelques 10aines de minutes de route et je me pointe au " château ". Il est 11h. Il devait me guetter car à peine ai- je tourné la clef et posé ma moto sur sa béquille qu'il apparaît en haut du perron. Encore casqué, je le détaille. Aujourd'hui il est en Jeans et polo. Toujours très " propre sur lui " même en tenue décontractée !
Quand je quitte le casque, il se jette sur moi et me roule un patin. Après bien 5 minutes, il arrive à se décoller et il me questionne sur ma moto. Quelle marque ? Quelle cylindrée ? Quelle puissance ? Puis il me traine dans son " appartement ". Nouveau roulage de pelle qui nous laisse tout bandant. Il m'aide à me désincarcérer de ma combi et je le mets à poil. Nous roulons sur son lit, frottant nos épidermes et surtout nos sexes l'un contre l'autre. Le premier, sa bouche quitte la mienne et s'aventure vers mes pieds. Sa langue glisse dans mon cou, suit le contour extérieur de mon pec gauche. Sa bouche s'attarde un peu sur mon téton. Coups de langue puis coups de dents quand il voit que j'y prends plaisir. Descente vers mon nombril en passant par le sillon médian qui sépare mes abdos. Avant d'y arriver (au nombril), il rencontre mon gland. Je sens sa bouche l'envelopper d'une chaleur douce et humide et tout de suite sa langue entrer en action. J'apprécie en connaisseur sa technique de pipe. Il utilise sa longue langue avec merveille, l'enroulant autour de ma bite, sachant la sortir pour pouvoir m'avaler jusqu'aux couilles. C'est la première fois qu'alors que ma bite était totalement entrée et que mon gland soulevait sa pomme d'Adam, j'ai senti la langue de mon suceur jouer avec mes boules. Trop bon !! Quand il m'a recraché, à bout de souffle, j'ai pris sa tête ente mes mains, l'ai attiré devant mon visage et je l'ai remercié. Une petite pelle où j'ai retrouvé un peu le goût de ma bite puis je l'ai laissé reprendre là où il s'était arrêté.
Vorace le gamin ! S'il n'avait pas baisé ou presque pendant un an, je sens qu'il se rattrape ! Il manque plusieurs fois de me faire jouir mais sait s'arrêter juste à temps. Il me maintient ainsi un bon moment à la limite de juter. Quand je bouge pour m'occuper de lui (enfin de sa queue), il me repousse et me dit de laisser faire. Ok j'ai compris.
Bientôt, il me recouvre d'une kpote et s'installe à califourchon sur mes abdos. Il se penche pour qu'on se roule un patin et je sens son bassin reculer et faire des petits mouvements jusqu'à ce que mon gland se retrouve pile sur sa rondelle. Sans que sa langue quitte la mienne, il recule doucement le bassin et arrive à faire pénétrer ma bite dans son cul. Arrivé à, à peu près la moitié, il se redresse et s'enfonce le reste d'un coup. Je sens ses fesses dures écraser mes boules. Là, sans bouger, il serre et desserre ma queue avec son anneau. Je pose mes mains sur ses fesses. Elles sont petites et très ferme, (danse oblige !). il me chevauche à rythme lent. C'est très bon. Il n'a peut être pas connu beaucoup de mec mais il a bien été " éduqué ".
Il n'empêche qu'au bout d'un moment je reprends la direction des opérations. Je le bascule en arrière et me relève. Je me retrouve à genoux entre ses cuisses à le sodomiser à ma cadence. Il aime. Je relève ses jambes jusqu'à poser ses chevilles sur mes épaules et me penche pour venir l'embrasser. Ça marche, il est très souple. Je m'active dans son cul, il me fait penser à celui de Jimmy dans ses capacités. Il couine sous mon assaut. Sa souplesse me fait penser à une possibilité. Il doit pouvoir se faire une auto-fellation. Je pousse sur mes pieds et le relève en chandelle. J'appui un peu et effectivement sa bite raide arrive à portée de sa bouche. Je lui dis de se sucer. Il ouvre la bouche et j'appui sur son bassin. Son gland pénètre entre ses lèvres. J'insiste et il arrive à se plier jusqu' à s'avaler presque en entier. Trop fun ! Du coup quand je me retire, son dos fait ressort et sa bite quitte sa bouche. Dès que je me ré-enfonce, il se chatouille les amygdales avec son propre gland.
C'est super excitant, au point que j'en rempli ma kpote. PH se jute dessus et s'il arrive à boire la majorité de sa production, deux trainées blanches viennent zébrer ses joues et son front. Avant de me retirer, je récupère son sperme d'un doigt et le lui apporte à la bouche. Il me suce le doigt d'une façon très salope. Il me dit que c'est sa première fois, qu'il n'y avait jamais pensé avant. Que c'est trop bon. Il avait déjà bouffé son sperme mais toujours en ayant juté dans sa main.
Nous restons quelques instants sans bouger, couchés l'un contre l'autre. Dans le silence je l'entends cogiter. Tout d'un coup il me demande comment est mon mec. Je lui décris Marc, lui confiant qu'il est le genre de mec qu'il kiffe bien. Nouveau silence. Puis " Et coté sexe il est comment ? " Moi " autoritaire, exigeant, directif et dominant ". PH " OK, ça me va ". Silence. PH " tu me fais faire un tour sur ta moto ? "
Nous voilà donc partis à s'équiper. Il m'aide à rentrer dans ma combi et bien sur j'ai du coup un peu de difficultés à la zipper tellement je bande ! Je lui choisis ses vêtements. Un bon jean, des chaussures montantes, un blouson en cuir.
Nous sortons et comme nous allions enfiler nos casques, madame mère se pointe pour s'effrayer des risques que j'allais faire prendre à sa progéniture. Je la rassure, il l'a cajole un peu et nous sommes libres. Explications sur le comportement à adopter. S'accrocher à mon paquet l'amuse beaucoup, il retient néanmoins qu'il doit déplacer ses mains sur le réservoir et s'y arque bouter lors des freinages pour éviter de m'écraser les couilles, et de se pencher comme moi dans les virages.
Nous partons. Quelques km pour vérifier ses reflexes et qu'il a bien assimilé mes conseils et nous passons aux choses sérieuses. Accélérations et pour lui en mettre plein la vue, pointe de vitesse à plus de 250, je lui donne un aperçu d'une ballade en moto. Il me tape sur l'épaule. J'enquille la première aire de repos qui suit (pour faire des pointes de vitesse avec un passager, je préfère les autoroutes, c'est plus sûr). Arrêt devant la boutique. Il descend alors que je reste en selle. Il enlève son casque et sa chevelure bouge façon pub Oréal. Quel cabotin ! Comme dirait sa mère. Il tente de défaire le mien. Je le retire aussi et c'est pour le voir approcher son visage et me rouler la pelle du siècle (coté longueur). Quand il se décolle, je vois que quelques spectateurs s'étaient arrêtés pour nous mater. Des jeunes cons se choquent quand ils s'aperçoivent que la personne qui me roulait un patin est un mec alors qu'un vieux couple d'au moins 70 ans passés (chacun), nous gratifie de leurs plus beaux sourires et nous félicite alors qu'il passe auprès de nous et la femme ajouta " vous êtes trop beaux ". Nous les remercions en coeur avec un sourire en prime. La vieille pose sa main sur mon bras et me dit de toujours faire ce que nous voulions et se tournant vers les jeunes réprobateurs d'ajouter fort " sans faire attention aux cons ". Les deux jeunes nous lâchent et du coup je propose aux vieux de prendre un verre avec nous.
Ils acceptent et nous voila attablés ensemble au snack. Ils nous confient que dans leur jeunesse, ils avaient subi la désapprobation générale en affichant un peu trop leur amour débridé. Nous prenons plaisir à discuter encore un peu avec eux. Quand nous les quittons, ils nous souhaitent une vie ensemble aussi longue que la leur. Alors que nous les doublons, PH leur fait des grands signes.
Retour au château. Madame mère, sur le perron, nous attend pour examiner son poussin. Elle me dit qu'heureusement que j'étais le fils d'Emma sinon elle n'aurait jamais donné son accord. Je retiens les remarques désagréables qui me viennent à l'esprit.
PH lève les yeux au ciel en attendant que cela passe. Finalement il me prend par la main et il nous emmène aux cuisines. C'est vrai que nous n'avons pas encore mangé et il est quand même 15h !
Nous tombons sur la cuisinière en train de préparer le dessert du diner. A force de caresses et de suppliques, PH réussit à nous faire servir un encas. Nous grignotons alors que je me fais prendre à partie par la cuisinière sur la maigreur de PH. Si elle comptait trouver un allier en moi, elle s'est trompée. PH et ses 70Kg tout mouillés me vont très bien. Histoire de couper court, je lui dis que, pour moi, c'est le poids idéal pour que nous puissions faire l'amour. Effectivement ça lui cloue le bec alors que PH éclate de rire.
Nous nous sauvons et regagnons son " appartement ". Direct je me mets en shorty. Le cuir c'est bien mais là, il n'a pas une vocation sexe mais moto et du coup je suis plus à l'aise sans. Couchés sur le lit, PH me raconte un peu son histoire, ses envies, j'ai l'impression qu'il m'a élu confident. En résumé, c'est l'histoire d'un pauvre petit garçon riche ! Un peu seul (évidemment il est fils unique !), qui se fait piéger dans une relation amoureuse et sexuelle avec son prof de danse (ça aurait pu être n'importe quel autre sport, enfin pas trop peuple quand même, pas de foot !). Je m'aperçois qu'il a quand même du ressort et que même s'il s'était laissé glisser dans une déprime post rupture sentimentale, il a su rebondir quand nous nous sommes rencontrés (ok certain vont me demander si j'ai pas les chevilles qui gonflent mais déso c'est ainsi !).
Toujours est-il qu'il a su m'émouvoir ce petit con ! Ça et surtout son corps de rêve. Il ne faut pas se le cacher, ça le fait un corps de danseur ! Nous refaisons l'amour une fois de plus avant que je parte. Il a bien aimé ma trouvaille de tout à l'heure et nous explosons dans la même position. Ce coup ci, je maintiens la pression au moment ou il jute et comme cela il arrive à tout verser dans sa bouche. Moi je rempli ma kpote bien enfoncé dans son cul. Avant de partir je vole avec mon portable une photo de lui nu.
Quand je le quitte, je passe chez Emma. Elle me demande comment s'est passée la journée. Je lui raconte sans entrer dans les détails de nos baises. J'ai du m'étaler un peu trop car quand j'ai fini mon récit trois bons quarts d'heure plus tard, elle me dit que je suis accro à ce jeune homme. Je la charrie et repousse cette analyse. Elle insiste et me le prouve en soulignant certains passages de mon récit.
Merde ! ; ; ; ;Enfin pas tant que ça, il est vraiment bandant après tout.
Je rentre à la maison. Après une heure à tourner et virer seul dans notre grand salon,
J'appelle Marc. Je lui raconte tout, de mon premier regard posé sur PH aux analyses d'Emma. Il me confirme ces dernières. Je lui envoie par mail la photo de PH que j'ai prise. Il ouvre le fichier dès qu'il l'a reçu et il me dit que, OK il voit pourquoi j'en suis tombé amoureux. Je me récrie que c'est pas ça. Il me rétorque qu'on verra ça à son retour. Je lui dis pour preuve que je n'en suis pas amoureux, c'est que je n'aurais aucun problème à ce qu'il le baise lui aussi. Marc me répond que cela ne veut rien dire car selon lui, j'aime de façon non exclusive, et que c'est déjà pourquoi je peux me partager entre lui et Emma coté sentiments et sexe, sans compter tous les potes coté sexe. ;Il me donne l'autorisation de continuer avec PH. Je lui dis que comme il est en vacances (PH) et avec le couvert d'Emma auprès de sa mère, je compte l'inviter à passer la semaine et demi qui nous sépares de son retour (de Marc) à la maison. Marc me dit que c'est OK. Qu'il est impatient d'y être pour le baiser lui aussi et qu'en attendant, les " locaux " vont s'en prendre plein le cul !
Aussitôt j'appelle PH pour lui proposer le deal. Il est totalement d'accord et très enthousiaste. Malgré ses 18 ans, il craint que sa mère pose problème. Je lui dis qu'elle recevra demain matin un appel d'Emma pour la faire céder. Il me dit qu'avec son appel, c'est sûr qu'il aura l'autorisation. J'appelle Emma dans la foulée pour lui demander le service. Elle rit et me promet d'appeler la mère de PH dès 10h le lendemain.
Le lendemain 10h30.
Appel d'Emma qui m'informe que c'est Ok pour deux semaines. Je saute de joie et l'embrasse très fort lui promettant de futurs moments de folie.
Je prends la Mercedes, là il faut en mettre plein la vue à Madame mère ! Effet réussi à voir ses yeux quand je gare la voiture au pied du perron. J'en sors et la remercie de bien vouloir nous autoriser à mieux nous connaître PH et moi (c'est le moment où jamais de mettre les formes). Elle me répond que cela lui fait très plaisir aussi que son fils rencontre d'autres jeunes gens de bonne famille. Elle a juste le temps de me demander ce que nous allons faire de nos journées que déboule PH qui se retient avec difficultés de m'embrasser. J'explique en deux mots, piscine, balades, peut être quelques jours au bord de la mer. Elle s'assure que sa progéniture emporte assez de bagage et s'inquiète de la petitesse de son sac. Je lui dis que je lui prêterais mes affaires puisque nous faisons la même taille. Elle vérifie qu'il à son téléphone portable et nous pouvons enfin partir.
Dès le portail de la propriété passé, il me demande de m'arrêter au plus vite. Je m'engage dans une entrée de bois qui me parait carrossable sur quelques mètres. Le frein à main mis, il me saute au cou et nous nous roulons un patin enflammé. Il m'avoue avoir très mal dormi la nuit dernière, excité qu'il était à l'idée que nous nous retrouvions seuls tous les deux.
Nous repartons après bien 10mn à nous manger la langue. Je passe par chez Emma, déjà pour la remercier de nous couvrir et deuxièmement elle tenait à voir de plus près l'objet de, selon elle, mon amour. PH est parfait de bonne éducation. Emma est même obligée de lui dire qu'elle savait très bien à quoi nous allions passer le plus clair de notre temps pour qu'il s'aperçoive de sa largeur d'esprit. Nous nous sauvons. Je fais ronfler la voiture, désolé je sais que je suis un peu beauf avec ma caisse ! Arrivée à la maison. A coté de chez lui évidement c'est beaucoup plus petit mais la maison a de belles proportions et les motos au fond du garage attire plus son regard.
Quand nous sortons des communs, Samir est là pour prendre le sac de PH. Comme je ne l'avais pas prévenu, ce dernier est surpris, mais habitué à avoir des domestiques, il le laisse prendre son bagage. Ce qui l'étonne le plus c'est quand même sa tenue minimale (rappel : short en cuir). Du coup quand Ammed nous ouvre la porte il a déjà entériné le fait.
Je lui fais les honneurs de la maison. Il adore ce que nous avons fait de l'intérieur. Le traitement moderne des surfaces qui tranche avec le style XVIIIème de l'architecture lui plait bien. Il apprécie la grande terrasse et la piscine. Nous passons au sous sol. Son traitement comme salle de sport le fait kiffer, surtout la partie sanitaire !
Samir nous y rejoint pour nous prévenir que le déjeuner est prêt. Je ne sais plus ce que nous avons mangé et je crois que PH non plus !
Excités mais assurés d'avoir tout notre temps pour nous découvrir, nous avons passé le café dans le canapé. A moitié couchés, lui son dos collé contre mon torse et sa tête dans le creux de mon épaule, il s'est endormi comme un bébé. Malgré la venue de fourmis dans mon bras écrasé, je n'ai pas bougé, regardant le profil qu'il me présentait.
Il n'y a que 4 ans entre nous deux mais je me sens une âme de protecteur envers lui ! ; ; ; ; ; ;Ça promet !!
Quand il se réveille, il se décolle en sursaut et s'excuse de m'avoir écrasé. Je le prends dans mes bras et lui dis qu'il va falloir qu'il se décoince un peu. Je ne lui demande pas de virer racaille de banlieue (j'ai déjà ça avec Jimmy) mais seulement d'être plus naturel et spontané. Comme il a bien senti dans ses reins ma bite bandée, il glisse au sol et s'attaque à la fermeture de mon jeans. Je le laisse faire. Il y parvient vite et embouche mon gland dès qu'il apparait. Il tire mon slip sous mes couilles et enfonce ma hampe plus franchement dans sa bouche. Petite résistance au passage de la glotte et mon gland va jouer avec ses amygdales. Il est bon en apnée ! Il me fait une super pipe. Il va pour s'arrêter alors qu'Ammed entrait dans le salon débarrasser les mugs mais je retiens sa tête et, après une rupture de rythme, il a repris sa fellation. Il est vraiment très bon à cet exercice. Quand il m'amène aux portes de la jouissance, je tire sur son menton et ramène son visage devant le mien pour lui rouler une pelle. Puis, une fois la pression redescendue un peu, je relâchais son menton et il redescendait bien vite téter à nouveau mon gland. A la troisième rotation, je l'ai repoussé, relevé et mis à poil. De lui-même il s'est agenouillé sur le canapé, les bras en appuis sur le dossier et les jambes écartées. Le temps de me kpoter et d'ouvrir un flacon de poppers et je me mettais en place. Le gland posé sur sa rondelle, j'approchais de ses narines le flacon. De confiance, il a sniffé. Au même moment, d'un coup de rein je l'enculais. La simultanéité des deux (poppers et sodo) a fait crier PH. Au son, j'étais sûr que c'était du plaisir. Il me l'a confirmé aussitôt après en soufflant " que c'est bon ! " suivit d'un " va y fort ".
Ce genre de truc, il ne faut pas me le dire deux fois.
Je les pris aux hanches et je me suis mis à le limer en faisant bien attention à laisser mon gland toujours dans son cul. Puis, quand ce dernier a été bien rodé, j'ai amplifié le mouvement sortant entièrement avant de le ré-enculer. De temps en temps j'attendais même qu'il me supplie de l'enculer pour rentrer à nouveau. Je me suis mis à le branler pour que nous jouissions en même temps. Quand il m'a juté dans la main, j'ai rempli ma kpote. Puis je lui ai fait boire son jus. Il m'a léché la main, glissant sa longue langue entre mes doigts pour aspirer le moindre de ses spermatozoïdes. Je me suis dit qu'il fallait que nous fassions rapidement un test VIH pour pouvoir nous passer de kpote entre nous ! J'ai très envie de lui faire boire mon jus !
JARDINIER
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e642 · 1 month
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Quelque chose que j'ai toujours été fière d'avoir et de garder en moi c'est ma vision de l'amour. Au sens large du terme. Bien qu'il y ait eu une rupture, des temps d'errance, des angoisses existentielles, la relation de mes parents qui s'érode, j'ai toujours su faire la part des choses. Tous les schémas existent. L'amour se decline de manière infinie ou en tout cas autant qu'il y a d'être humain présent sur cette planète. Je n'ai jamais cessé d'être profondément convaincue que ce sentiment est rare, qu'il évolue et qu'il peut annihiler beaucoup de choses. J'ai toujours été honnête avec moi et ma manière d'aimer, je sais que je peux aimer énormément, et sur le temps. Je sais que je peux trouver quelqu'un exceptionnel autant de temps qu'il me montre qu'il l'est. Je sais qu'une personne peut me suffire et que je pourrai passer ma vie à la découvrir sans jamais me dire que j'en aurai fait le tour. Je sais que je peux vouloir des projets, des choses précises, intimes avec quelqu'un sans pour autant savoir si je saurais les calquer sur quelqu'un d'autre si je venais à perdre cette personne. Je sais que l'amour que je peux donner est unique et spécifique. Je sais que je n'aurai jamais de place pour avoir plusieurs amours comme ça en même temps, autrement dit, je sais que je ne pourrai jamais concevoir de relation ouverte et c'est pas grave. Je sais que je suis capable de ne voir qu'une personne et seulement elle, pas dans le sens obsédant du terme mais suffisant. Le couple, et surtout sa fin n'est plus quelque chose qui m'angoisse au point d'y penser chaque jour. Je sais que ce n'est pas grave de ne plus aimer et surtout être aimée. Mais j'ai la sensation foudroyante que je serai en capacité d'aimer une même personne toute une vie et pas uniquement parce que je suis habituée à l'aimer. Je sais aussi que la majorité des gens ne sont pas prêts à être aimé toute une vie. Car ça fait peur maintenant d'aimer bien une seule personne quand tu sais que tu pourrais aimer mal plusieurs autres personnes. C'est un aspect qualitatif que je me sais personnel et rare mais qui me rassure. Ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est pas un défaut pour autant. Mais je ne pense pas un jour me lever, après des années de couple, et me dire que je regrette de n'avoir aimé qu'une personne pendant toutes ces années (si la relation et la personne en valent le coup évidemment). Je sais aussi que je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui avait cette vision des choses. Ça ne me fait plus peur. J'attire juste mon attention sur le fait que je me crois être capable de me dévouer émotionnellement et amoureusement à la même personne sur un temps indéfini. Je sais que je rencontrerai des gens qui partiront pour ça précisément, pour cette appréhension de l'amour vrai et durable. Cette peur de se dire que même si on a vécu des belles années avec quelqu'un, on aurait pu rencontrer et avoir tellement de vies entre temps. Je pense seulement que si on pense à toutes les vies qu'on s'empêche d'avoir pour chaque infime choix qu'on fait, alors c'est là que les regrets naîtront. Ils naîtront de l'indécision et de la frustration de se dire qu'au fond, le meilleur peut-être partout. C'est vrai. Le pire aussi. Est-ce vraiment la recherche constante du meilleur qui nous satisfait ou le maintien du bon ?
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empiredesimparte · 11 months
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Joachim: Oyez oyez! The Emperor is back from Compiègne! Aimery: And in very good company!
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Napoléon V: Who could resist such beauty? I'll give her my hand, and... my life
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Philippe: A rare beauty, indeed, with a lot of character.
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Napoléon V: Just the way we like them, eh Philippe? Joachim: Are you jealous, Phil?
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Philippe: Not at all, I'm happy for Louis Grégoire: How does it feel, your last night as a free man?
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Napoléon V: I must admit, I don't feel much difference. Is that a good sign?
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Oliver: Don't worry, Louis, you'll soon feel the difference
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Joachim (laughs) Napoléon V: It should go well with a bit of your whisky
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Joachim: Between the whisky and Charlotte, our Emperor's in no position to reign! Thank you Oliver!
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Oliver: Well, I hope the Emperor is sure of himself. He'll soon be looking like a sober man with his soda, surrounded by tempting and delicious spirits
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Napoléon V (teasing): What women are you talking about, my dear friend? Shall I tell my sister?
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Oliver: I just want to point out that once you're married, you'll attract all the more women. Many want the benefits of a wife, without the official duties associated with it. And… In view of your ancestors, my theory seems to be borne out
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Napoléon V: Really?
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Grégoire: Charlotte can look after herself, don't worry Louis
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Napoléon V (can't resist the whisky, drunk): Anyway, I don't need your help, I'm guided by Providence Oliver: Come on
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Napoléon V: I'm doing all this for Phil', poor chap, he nearly became Emperor of the French
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Philippe: Don't talk nonsense Louis Joachim: It's nothing Phil', he's already completely drunk Napoléon V: Shut up!
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⚜ Le Cabinet Noir | Palais des Tuileries, 20 Prairial An 230
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Napoléon V and a few friends celebrated his bachelor party at the palace. Joachim, his best friend and organizer, wanted to make it a rococo party, as he couldn't have fun outside the palace for security reasons.
(Thanks @officalroyalsofpierreland !)
⚜ Traduction française
Napoléon V et quelques proches fêtent son enterrement de vie de jeune homme au palais. Joachim, son meilleur ami et organisateur, a souhaité en faire une soirée rococo, à défaut de pouvoir s'amuser à l'extérieur du palais pour des raisons de sécurité.
Joachim : Oyez oyez! L'Empereur est de retour de Compiègne! Aimery : Et en très bonne compagnie!
Napoléon V : Qui aurait pu résister à une telle beauté? Je veux bien y laisser ma main
Philippe : Une rare beauté, en effet, avec beaucoup de caractère
Napoléon V : Comme on les aime, n'est-ce pas Philippe? Joachim : Tu es jaloux Phil' ?
Philippe : Nullement, je suis heureux pour Louis Grégoire : Ca fait quoi, ta dernière nuit comme homme libre ?
Napoléon V : Je ne ressens pas trop de différence, je dois l'avouer. Est-ce bon signe ?
Oliver : Ne t'en fais pas Louis, tu sentiras rapidement la différence
Joachim (rigole) Napoléon V : Ca devrait aller avec un peu de ton whisky
Joachim : Entre le whisky et Charlotte, notre Empereur est mal barré pour régner! Merci Oliver!
Oliver : Hé bien, j'espère que l'Empereur est sûr de lui. Il aura bientôt l'air d'un homme sobre avec son soda, entouré d'alcools tentants et délicieux
Napoléon V (taquine) : De quelles femmes parlez-vous, très cher ami? Dois-je en avertir ma soeur?
Oliver : Je veux simplement souligner qu'une fois marié, tu attireras d'autant plus de femmes. Beaucoup souhaitent les avantages d'une épouse, sans les devoirs officiels associés. Et... Au-vu de tes ancêtres, ma théorie semble se confirmer
Napoléon V : Vraiment ? Je ne souhaite pas faire de mal à Charlotte
Grégoire : Charlotte saura se défendre toute seule, ne t'en fais pas Louis
Napoléon V (ne résiste pas au whisky, bourré) : De toute façon, j'ai pas besoin de votre aide, je suis guidé par la Providence Oliver : Allons donc
Napoléon V : Je fais tout ça pour Phil', le pauvre, il a failli être Empereur des Français
Philippe : Ne dis pas n'importe quoi Louis Joachim : C'est rien Phil', il est déjà complètement saoul Napoléon V : Ta gueule toi!
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kurosefr · 8 days
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J'ai une théorie sur France
Comme j'ai beaucoup écrit j'ai mis un cut ↓
Aujourd'hui j'ai eu cours de musique et comme je m'ennuyais mon esprit à dérivé sur des trucs aléatoires.
Et donc j'ai créé une théorie (je sais pas si elle existe déjà, si c'est le cas ne me tapez pas dessus).
Donc si vous n'êtes pas des Hetaliens toxiques, normalement vous devez savoir que Francis n'est PAS un foutu pervers ou autre chose du genre (il ressemble à un ange, il EST un ange).
Mais n'empêche que son comportement un peu... Hum... Coquin (?) est réel, il l'a toujours été et ça fait partie de lui. Mais du coup je me suis demandé d'où venait sa facilité à faire des contacts physiques (n'ayez pas l'esprit mal placé, je parle des contacts physiques de base de la vie de tous les jours).
Et là mon esprit de fangirl dépravée s'est transformé en esprit de philosophe, et je me suis dit : et si France n'avait jamais violé personne, mais que c'était lui qui était victime de viols ?
En vrai c'est logique. Il est très social, son caractère enfantin, mignon et dramatique le rend attachant (ou ennuyeux si vous êtes anglais), il parle à tout le monde, il est ultra beau... S'il fait pas gaffe à son verre en boîte de nuit, il se fait facilement avoir, non ?
Et peut-être qu'à force de subir tout ça en silence, vu qu'il n'a personne à qui se confier, sa santé mentale en a prit un coup et il a commencé à vouloir plus de contacts physiques ?
Mais vu qu'avant la naissance d'Arthur, Francis était seul (car du coup il est ennemi avec Papy Rome. Tout le monde connait la rivalité entre les Gaulois et les Romains. Donc être ennemi avec Papy Rome = Être ennemi avec les deux frères Vargas, Germania, Gilbert, Elisabeth, etc) donc peut-être qu'il se faisait déjà harceler ou agressé même enfant ? Et le fait d'être seul l'a forcé a assumer ses responsabilités de pays dès le plus jeune âge et par conséquent, il n'a jamais eu de réelle enfance et c'est pour ça qu'après, quand il est adulte, il a tendance à être enfantin ou immature. Il rattrape son enfance gâchée ?
Du coup, le fait d'avoir été seul, ça l'a rendu en quelque sorte un peu égoïste et arrogant (mais malgré tout il reste gentil, heureusement. Ça se voit que c'est dans sa nature d'être gentil. C'est subtil, mais on peut voir sa gentillesse dans l'anime ou le manga).
Mais du coup d'où vient son obsession pour l'apparence physique ? Peut-être que c'est à force d'avoir été critiqué lorsqu'il était enfant ?ou alors l'influence de la bourgeoisie Française au Moyen-Âge et après ?
J'allais conclure ma théorie, mais j'ai pensé à autre chose encore. Je pense que tout le monde sait quand pendant le brexit d'Arthur et ses frères, Francis était parti dans un délire de toucher des pectoraux et plus particulièrement ceux de Ludwig. Et il y a d'autres fois encore où Francis était un peu bizarre et faisait des expressions bizarres, comme récemment dans un des chapitres Gangsta.
Alors je vous arrête tout de suite, je ne vais pas partir dans des délires des maladies mentales, car il en existe tellement pour des trucs idiots que tout le monde pourrait en avoir une à force, et puis j'aime pas la psychologie j'y comprends jamais rien.
Ce que je voulais dire, c'est que nous aussi, ça nous arrive d'avoir soudainement des délires bizarres, non ? Nous aussi, avec les réseaux sociaux et les influenceurs, on veut faire attention à notre apparence et on est plus jugeur envers les autres. Nous aussi, on a tous notre petit côté pervers qu'on essaie de cacher. De nos jours, les personnes égoïstes sont de plus en plus fréquentes, les personnes un peu trop dramatiques aussi... En fait, Francis est juste le personnage le plus humain d'Hetalia ? Beaucoup de gens ne sont peut-être pas d'accord, et au début je n'y croyais pas non plus, mais il représente en fait parfaitement les gens d'aujourd'hui.
Bien sûr, vous êtes libres d'argumenter en commentaires ou autre chose, c'était juste ma théorie...
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The deepest and largest natural well on the planet is called Xiaozhai Tiankeng. It is located in Fengjie, Chonqinun Municipality, in the heart of China. This amazing well is completely natural and reaches a depth of 662 meters, with a length of 626 meters and a width of 537 meters. But what’s most striking isn’t just its dimensions or its almost-vertical walls, but the explosion of life it houses. Xiaozhai Tiankeng is what geologists call a sinkhole or ditch, a depression of the land generated, among other factors, by the effect of water. In this case, it was formed on top of a cave and houses an underground river measuring a total of 8.5 kilometers and flows into a spectacular waterfall. Its enormous size makes it the sinkhole of its kind, known as tiankeng, the largest and deepest in the world. Besides its size, Xiaozhai Tiankeng impresses by the biodiversity it houses inside. Its base is so large that it houses nearly 1,300 plant species, like ginkgo, and wild animals. Among the most fascinating "tenants" who stroll through their underground forest, stands out the nebula panther (Neofelis nebulosa), an unmistakable fur cat that reaches 1.1 meters and usually rests in trees. This tiankeng lies in a vast karstic area of 280 km2 formed by limestone. Experts believe the sinkhole, which is between 511 and 662 meters deep, has taken shape over the last 128,000 years. For much of its history, until the roof of the cave collapsed, it was a massive underground cave. There are also other remarkably sized tiankengs, such as Dashiwei, located across China. Curiously, despite its size, Xiaozhai Tiankeng began studying relatively recently, although the local people have known him since ancient times
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Le puits naturel le plus profond et le plus grand de la planète s'appelle Xiaozhai Tiankeng. Il est situé à Fengjie, dans la municipalité de Chonqinun, au cœur de la Chine. Il est entièrement naturel et atteint une profondeur de 662 mètres, avec une longueur de 626 mètres et une largeur de 537 mètres. Mais ce qui frappe le plus, c'est l’explosion de vie qu’il abrite. Xiaozhai Tiankeng est ce que les géologues appellent un gouffre ou un fossé, une dépression du terrain générée, entre autres facteurs, par l'effet de l'eau. Dans ce cas, il a été formé au sommet d'une grotte et abrite une rivière souterraine mesurant au total 8,5 kilomètres et se jette dans une cascade spectaculaire. Outre sa taille il impressionne par la biodiversité qu'il abrite à l'intérieur. Sa base est si vaste qu'elle abrite près de 1 300 espèces de plantes, des animaux sauvages. Parmi les « locataires » les plus fascinants qui se promènent dans leur forêt souterraine, se distingue la panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa), un chat à fourrure incomparable qui atteint 1,1 mètre et se repose généralement dans les arbres. Ce tiankeng s'étend sur une vaste zone karstique de 280 km2 formée de calcaire. Les experts estiment que ce gouffre, d'une profondeur comprise entre 511 et 662 mètres, s'est formé au cours des 128 000 dernières années. Pendant une grande partie de son histoire, jusqu’à l’effondrement du toit de la grotte, c’était une immense grotte souterraine. Il existe également d’autres tiankengs de taille remarquable, comme le Dashiwei, situés à travers la Chine. Curieusement, malgré sa taille, Xiaozhai Tiankeng a commencé ses études relativement récemment, même si la population locale le connaît depuis l'Antiquité
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talaricula · 1 month
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Bon et du coup update de santé :
Pendant ma grossesse mes reins se sont mis à galérer vachement. C'est une des raisons pour lesquelles on a déclenché l'accouchement (ça plus le fait que bébéschtroumpf était dans le 95ieme centile), parce que les médecins croyaient que ne plus être enceinte aiderait à résoudre le problème. Puis six semaines après mon accouchement j'ai eu un contrôle chez la néphrologue, et ça ne s'était pas amélioré du tout, au contraire, c'était exponentiellement pire. Du coup ça a été un mois hyper angoissant, parce que j'avais clairement une maladie des reins, et en plus que ce type de maladies des reins peuvent parfois être causées par un cancer, et avec mes trente-six facteurs de risque pour des cancers c'était évidemment une véritable possibilité. Du coup j'ai eu plein de tests, une biopsie des reins, un PET scan, plein de contrôles sanguins et urinaires. Ça a pris un mois d'avoir un diagnostic définitif mais il s'avère 1. Que ce n'est pas un cancer !!! (🥳🥳🥳🥳) et 2. Que c'est effectivement une maladie des reins, mais heureusement une des "moins pires", qui est bien traitable même si je fais une récidive. C'est auto immunitaire donc j'ai dû commencé un très lourd traitement à la cortisone avec plein d'autres médicaments pour gérer les effets secondaires, mais j'ai appris ce week-end que le traitement marche apparemment déjà très bien donc ce sera sans doute plutôt 6-7 mois sous cortisone (et de moins en moins) plutôt que un an, ce qui est déjà super. Donc mauvaises nouvelles évidemment et je reste illness Georg mais dans le genre c'était la meilleure option entre les mauvaises nouvelles.
On ne sait pas trop à quoi c'est dû (ce qui est apparemment souvent le cas avec cette maladie - minimal change nephropathy - mais j'ai évidemment eu plein de chimios très mauvaises pour les reins donc les médecins pensent peut-être que mes reins souffraient déjà et que ma grossesse a juste tout fait exploser. Ce qui serait énervant mais évidemment personne ne pouvait avoir prévu ça - je sous-estime souvent à quel point je suis un cas médical spécifique mais il n'y a évidemment pas grand monde qui a eu deux cancers et deux traitements avant l'âge d'avoir des enfants et qui en plus réussit à tomber enceinte malgré l'impact des traitements oncologiques sur la fertilité.
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kilfeur · 22 days
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Prendre par les cornes (Take by the horns)
Callum : Hé ! Rayla je me demandais si les constellations sont différentes entre les elfes et les humains alors les expressions aussi ? Rayla : J'imagine. Callum : Ok par exemple chez nous, pour prendre les choses au sérieux, on dit prendre le taureau par les cornes. Tu as un équivalent ? Rayla : Oh... Oui, c'est... Prendre... L'elfe par les cornes... Callum rigole et Rayla sourit mais se retient de rire.
Rayla : Ri.. Rigole pas ! Callum : Dé... Désolé, c'est... C'est juste que je m'imagine la scène. Rayla : Je te jure Callum s'approche d'elle : Et qu'en est il de nous ? Devrais-je te prendre par les cornes ? Rayla rougit un peu : Ca... CALLUM !
Callum: Hey Rayla, I was wondering if the constellations are different between elves and humans, are the expressions different? Rayla: I guess so. Callum: Okay, for example, with us, to take things seriously, we say take the bull by the horns. Do you have an equivalent? Rayla: Oh… Yes, it's… Take… The elf by the horns…
Callum laughs and Rayla smiles but holds back her laughter. Rayla: Don.. Don't laugh! Callum: So… Sorry, it's… I'm just imagining the scene. Rayla: I swear. Callum approaches her: And what about us? Should I take you by the horns? Rayla blushes a little: That… CALLUM!
J'ai des questions auxquelles j'aurai jamais de réponses. (I have questions that would never have answers)
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lespetitspoisons · 7 months
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Bound to happen, I suppose
Lily fronce des sourcils au dessus de ses spaghettis bolognese lorsqu'elle entends le rire de Quinn résonner dans le hall, pas vraiment habituée à reconnaitre un son aussi fort venir de la blonde. Elle prends un instant, sans lever les yeux, pour essayer de déchiffrer la cacophonie qui arrive de la table des serpentards, mais sans succès. Ils ont l'air de plutôt bonne humeur en tout cas, et ça ne prédit jamais rien de bon. Marlène et les autres filles autour d'elle ne semblent pas trop s'en formaliser, alors Lily essaye de passer au dessus et de finir son repas, mais ça n'a jamais été son point fort, d'attendre. Alors elle se lève discrètement et cherche autour, repère les quatre idiots un peu plus loin. Elle n'a jamais eu de confirmation, pas vraiment, mais... une intuition lui dit que si quelqu'un d'autre que les serpentards est au courant, ça pourrait être eux. Il faut juste éviter de croiser le regard de Potter où elle va perdre plus de temps qu'il n'en faut, alors elle se penche plutôt entre Black et Pettigrew. "Hey. Qu'est-ce qu'il se passe derrière ? C'est une affaire de Quidditch ?" elle demande, juste au cas où elle passerait pour une folle, et préfère se tourner légèrement vers Black, qui pour tous ses défauts est quand même plus compétent pour faire des phrases concises.
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issialou · 2 months
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Alors ce post est un peu un espece de characters studies à propos de Gamebreakers et de lnévolution de leur relation entre l'arrivée des français sur le serveur et jusqy'à aujourd'hui. Et vu que je vais le poster pour le Language Day, ce poste sera écrite en français. Si j'ai vraiment la force je le tradurerai en anglais mais ce n'est pas du tout sûre. Aussi ce que je vais partager est juste mon opinion, donc ne prenez pas celà comme la vérité absolue. Aussi, je vais surtout parler du POV de q!Aypierre. Bref, après ce loooong intro allons au sujet qui intéresse aujourd'hui.
Alors l'évolution d'AyHalo peuvent être vu en trois étapes chronologique (pour l'instant).
La première va de l'arrivée des français sur l'île jusqu'au vol des meuble.
Et pour être plus précise ça a vraiment commencer lors de la deuxième connexion d'Aypierre sur le serveur où BadBoyHalo lui a fait une p'tite visite de l'île et lui a montrer sa ferme, lui a donner des quelques stuffs pour lui et pour Pomme, et l'a aider à avoir ses 20 cœurs. Tout cela a vraiment marquer dans une très bonne manière Pierre. Grâce à cela et dû qu'à l'époque où Aypierre se connectait durant la matinée (en France) et que Bébou était généralement la seule autre personne qui était connecter sur le serveur, il a était le premier dont Pierre lui a montrer sa ferme à XP et aussi le premier non FR, en remerciement pour l'aide qu'il a donner aux frenchies et à leurs œufs durant les premiers jours de leur arriver sur l'île, dont Aypierre a ajouter dans l'allowlist pour y accéder. En en retour, il a été un des premiers (si pas le premier mais je ne suis pas sûre à propos de ça) dont Bad lui montrer sa nouvelle base quand il était en construction.
Durant toute cette période il s'apprenaient à se connaître et ils n'étaient pas aussi proche comme ils vont l'être plus tard. Ca a surtout poser les bases de leurs relations.
Aussi c'était durant cette période là où Aypierre couchait à gauche et à droite (son but principal était d'avoir tout les gars de l'île dans son lit). Aussi, en même temps, côté il y avait sa relation entre lui et Maximus qui commençait à se développer (un p'tit truc amusant, c'est à grâce à Bébou ces deux là se sont vraiment rencontrer lorsqu'ils leur a proposer de faire des shenaningans dans le dragon de Foolish). Et BadBoy avait toute cette chose avec "l'Autre Gars" (je penses que certain.e. savent de qui je veux parler).
Bref, après cette p'tite interlude on va passer au live 24h d'Aypierre où il a passait beaucoup de temps avec Bébou. Et tout cela avec Bad demandant à Pierre de l'aider à interroger Foolish en construisant une machine pour le torturer et ce dernier accepta. Puis après avoir avoir le Lucky avec Foolish et "l'Autre Gars" il apprit que ce dernier et Pierre avait déjà coucher ensemble (même si ce dernier essaya de le nier) ce qui conduisit plus tard dans la nuit à Bébou jaloux envers Aypierre, lui demandant si beaucoup de personnes étaient passer dans son lit et Pierre lui répondit en lui citant les noms. Et ensuite, Bad lui demander sarcastiquement si Skeppy était passer dans son lit et il a profiter de l'occassion pour lui demander que si c'était le cas, est ce que il coucheraient avec eux aussi. Bébou a éviter de répondre même si Aypierre continuer à le taquiner avec notamment un photomontage de Skeppy dans le lit d'Aypierre. Et ensuite, ils commencèrent à construire la machine à torture pour Foolish. Puis ils emprisonna ce dernier.
Selon moi, cette live là marqua un moment important dans leur relation surtout, je penses, du côté de Bébou qui a pu voir que la boussole morale d'Aypierre était aussi fucked up que la sienne et que ça ne le dérangeait pas de construire une machine pour torturer quelqu'un et que ce dernier ne le jugerait pas pour ça.
L'autre moment qui une autre étape importante dans leurs relation est lors de l'affaire des vols des meubles où Pierre est le seule adultes qui été présent ce jour à penser que BadBoyHalo était innocent et devait être libérer. Ce qui fait qu'il a était avec Pomme et Dapper les premiers à avoir accès à la nouvelle waystone de chez Bébou. Aypierre lui avoua c'était qui avait trafiquer le système des votes pour un nouveau mod (ce qui va installer une habitude chez Pierre de ne pas lui cacher des choses importantes, que ce soit lorsqu'il avait voler les waystones pour détourner l'attention des gens de Bébou ou bien plus avec ses rêves et de son passé avec la Fédé). Puis les œufs disparurent et à partir de ce moment là Aypierre passèrent plus de temps ensemble. Ils essaient de faire que l'autre ne plonge pas complètement. Et par exemple, durant je crois le premier jour, Pierre a été celui qui a fait rire BadBoy. Et ils passèrent aussi de longues heures à discuter et à théoriser sur ce qu'ils se passaient avec les oeufs et certaines personnes. Aypierre a aussi été un des premiers à être témoin de la dégradation mentale et physique de Bébou et à s'inquiéter de cela. Aussi, il avait prit l'habitude d'aller chez Bad lorsqu'il le voyait se connecter sur le serveur.
Après sa rupture avec Maximus, BadBoy a été la personne vers qui Aypierre s'est pour parler à propos de jambe infecté de Maxo.
En gros, durant cette période leur amitié, confiance et affection en l'un et l'autre s'est vraiment renforcé et c'est encore devenue plus forte avec le 1er Purgatory où il s'effectuaient souvent les missions et les assassinats des teams adverse en compagnie de l'un et l'autre (et il ne faut pas oublier Aypierre disant à Bad que c'est eux deux contre le reste du monde).
Puis on arrive à la troisième de Gamebreakers où les deux sont devenu plus souder que jamais, meilleures amies, étant toujours partant à participer qu'un faisant sur un des habitants de l'île (Tubbo) et aussi en faisant des pranks contre l'un et l'autre.
Et puis il y a aussi lors du dernier jour de "l'Autre Gars" lorsque Aypierre passa du temps pour replanter les graines dans la ferme de Bébou et Dapper alors qu'il n'était obliger de le faire et Bad le étant à le prévenir de ce qui se passait au même moment. Et c'était aussi le même soir où Pierre a dit à Bad qu'il savait qu'il pourrait compter sur lui pour ne pas disparaître comme Maximus avait fait.
Et il y a aussi ce moment lorsque Pomme et lui donnent les peintures qu'ils ont fait de lui comme CatBoyHalo et qu'il lui demande de miauler ce que Bad finit de faire.
Et puis arrive le Jail Event où Aypierre et BadBoy sont compagnons de cellules et cela est un grand moment pour Gamebreakers/Ayhalo. Avec Aypierre essaient de détourner l'attention des gardes de la prison lorsqu'ils les trouvèrent en train de chuchoter dans un coin, avec lui disant qu'il étaient de s'embrasser et Bébou riant à propos de ça. Pierre s'inquiétant lorsque Bad ne revient avant l'extinction des feux dans leur cellule et aussi Pierre disant lors de son entretien par les gardiens durant le dernier jour de l'évent, que la personne avec qui il quitterait l'île serait BadBoy
Puis vit le reboot et grâce à Bébou qui lui proposa de devenir partenaire d'affaire/de crime, ceci aida à le réveiller de son sommeil/dépression après avoir perdu son château. Puis il devinrent aussi voisins et ils commencèrent à développer une domesticité entre eux. Et Aypierre commença à utiliser un ton un peu flirteur avec Bad et qu'on ne l'avait seulement entendu utiliser qu'avec Maximus.
Ensuite Bad mourut et il et il revit à la vit mais en étant amnésie et essaya de l'aider à regagner sa mémoire par un prank, en lui disant que Richars et Dapper étaient ses parents.
Bref, tout cela pour dire que Gamebreakers est un de mes duos favoris sur QSMP car c'est une relation que l'on voit évoluer très naturellement et avec le temps et je presser de voir ce que le futur leur réserve. Pour ceux qui ont pris le temps de lire ce long pavée merci. Sur ce je vais aller me coucher car il est déjà 4h du mat'.
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lilias42 · 2 years
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De nouveau CF avec le pré-Duscur mais, développé cette fois !
Et voilà ! J'ai enfin fini de développer et de relire les chapitres avant Duscur ! J'espère que ça te plaira @ladyniniane !
Pour ceux qui viennent d'arriver, j'avais publié il y a quelques temps une sorte de brouillon sur les évènements d'avant Duscur tel que je les imagine dans ma version de CF car, je ne savais pas si je le développerais ou non, même si j'ai fini par le faire. Pour les détails et plus de contexte, je vous renvoie à ce billet d'ailleurs, vu que celui-ci est déjà assez long vu que bon... de quatre pages, je suis passé à trois puis quatre chapitre car l'un d'entre eux était trop long et que je l'ai coupé. Normalement, tout est dans le prélude du brouillon alors, je vais juste ajouter des rappel sur les personnages qui apparaissent ici et pas avant :
Jacques = roturier, le soldat qui était chargé de surveiller les enfants quand Arundel a brûlé Félix. Il n'était pas là car, l'ordre de sa mission était de surveiller Dimitri mais, étant donné qu'il était seul pour le faire et que le groupe d'ami s'est séparé, il a dû le suivre et laisser Félix seul avec Arundel; même s'il se méfiait de lui (comme tout le monde d'ailleurs). Il s'en ai voulu terriblement alors, il a demandé à Rodrigue et Alix de le prendre à leur service pour réparer sa faute, notamment en se mettant à genoux devant eux alors qu'ils ne sont "que" duc et pas roi. Il éprouve un immense respect envers les jumeaux, mais il respecte aussi Lambert en tant qu'homme.
=>Je pense ajouter un chapitre où on verrait les conséquences de l'affaire de "l'Adrestien brûleur d'enfant" où les jumeaux deviennent plus indépendant mais très respecté par les roturiers de tous le royaume et pas seulement de leur fief, pour montrer que Félix guérit avec ses amis et sa famille, l'évolution de l'état d'esprit de Glenn qui reste méfiant envers Lambert même s'il a fini par faire ce qu'il devait faire et que leur fief est vraiment sain et uni derrière eux mais, à côté de ça, cela ferait beaucoup d'ambitieux et d'envieux qui voudrait en profiter pour les faire tomber car, ils prennent trop de pouvoir (plus une discussion avec Patricia qui leur en veut aussi à mort d'avoir déclenché l'exil de son frère dans sa tête, vu que les trois ne se supportent pas)
Estelle Duchesne = roturière, capitaine d'un régiment de troupe fraldarienne et proche des jumeaux. Elle est très opposé à Lambert et considère que le roi cause plus de problème qu'autre chose à Fraldarius car, ils sont quasi autonome et qu'elle voie bien où est la raison dans le groupe des dirigeants (soit pas chez Lambert). Elle est d'une fidélité sans faille à ses ducs et à son fief
Bernard Parjean = roturier, adjudant d'Estelle, ils sont toujours en équipe pendant leur travail et en-dehors, même s'il n'y a rien de romantique entre eux. C'est juste des compagnons d'armes qui ont beaucoup d'estime l'un pour l'autre. Il est moins vocal qu'Estelle sur son opposition au roi et la freine souvent pour qu'elle n'ai pas d'ennui mais, il voie également Lambert d'un mauvais oeil, bien qu'il respecte Dimitri
Nicola Terrail = roturier, meilleur ami de Guillaume, le père des jumeaux, et son plus fidèle soutien avec Aliénor, puis le plus proche conseiller d'Aliénor quand son mari est assassiné. Fils de domestique qui a accédé à la noblesse grâce à tous les loyaux services qu'il a rendu au couple ducal, il est également le compère de Rodrigue et Alix (l'équivalent d'un parrain au sens médiéval du terme ; il arrive quelque chose aux parents, c'est les parrains et les marraines d'un enfant qui s'en occupent). Il est d'une fidélité sans faille envers les jumeaux et considèrent les Fraldarius comme faisant partie de sa propre famille, au même titre que sa fille, son gendre et ses petites-filles surnommé les lapines (car elles adorent les lapins et que la plus âgé en a adopté un). Il commence à être très âgé pour un tel voyage et devrait bientôt être à la retraite si les circonstances ne l'obligeaient pas à reprendre la route pour protéger son petits-fils de coeur Glenn et surveiller Lambert. A une très mauvaise opinion de ce dernier, même s'il tient le roi Ludovic en haute estime
Ludovic III Blaiddyd = noble, le père de Lambert et Rufus. Tenant plus que tout au Royaume, il a commencé à comploter vers quatorze, quinze ans pour renverser son père, a réuni toutes les oppositions (dont les Fraldarius et les Charon) et a fait un coup d'Etat pour mettre fin au règne sanglant de Clovis qui faisait guerre sur guerre l'année de ses dix-huit ans. C'était un homme très froid et assez inexpressif, même s'il montrait plus d'émotion quand il a une confiance absolu envers son interlocuteur. Il considère Guillaume comme son grand frère et Aliénor comme sa belle-soeur étant donné que le couple ducal lui a tout appris en politique (et encore heureux pour le Royaume), et il a une tendresse certaine pour les jumeaux, surtout qu'il se sent responsable de la mort de Guillaume et qu'il les trouve très doué comme dirigeants. Même si Rufus prétend le contraire, il aime aussi ses fils de sang mais, reste lucide sur leurs capacités. Il a travaillé toute sa vie pour instaurer une monarchie héréditaire afin que le règne de Clovis ne se répète pas, et d'être plus sûr qu'une personne compétente s'occupe de Faerghus mais, Rufus a volé le testament de son père et ses travaux pour éviter que la couronne échappe à son petit frère qu'il considère comme digne du poste. Il est mort de la tuberculose, ce qui fait que beaucoup de gens mette son idée de la monarchie élective sur une folie de sa maladie, même s'il avait publiquement ce projet en tête depuis son accession au trône. Il reste tout de même respecté et craint de tous même hors des frontières
Héléna Charon = noble, première épouse de Lambert, mère de Dimitri et sixième enfant Charon. Elle est une juriste accomplie et une prêtresse guerrière qui combat avec des gantelets (même si je trouve le nom "clerc de guerre" plus classe, je vais essayer de respecter la terminologie du jeu), ce qui résume assez bien sa personnalité. Elle était également une fine politicienne et c'est une des raisons pour laquelle son mariage a été arrangée avec Lambert, afin qu'il y ait une personne capable de le gérer au quotidien en plus des jumeaux si Ludovic échouait à mettre en place la monarchie élective. Dimitri ne l'a jamais connue car elle est morte de la peste quand il n'avait que quelques mois mais, il lui ressemble beaucoup dans le caractère. Il s'en est rendu compte trop tard mais, Lambert était très amoureux d'elle et a mis un peu de temps à faire son deuil d'elle, même si elle reste une des femmes les plus importante de sa vie.
Clovis IV Blaiddyd = noble, grand-père de Lambert et Rufus. Il a mené énormément de guerre au mépris de son propre peuple, au point que même Areadbhar le rejetait et que Ludovic a dû faire un coup d'Etat pour arrêter le massacre. C'est l'exemple-type du mauvais souverain en Faerghus et c'est toujours une critique quand quelqu'un est comparé à lui.
Rufus = évidemment grand frère de Lambert, mais le mien ne ressemble pas du tout à celui de Nopes. Il est très content d'avoir échappé à la responsabilité du trône et considère son petit frère comme apte à ce poste, surtout qu'il l'adore et il le soutient toujours. Sa relation avec Ludovic est par contre bien plus compliqué et il accuse notamment son père de faire du favoritisme pour les Fraldarius car, il tenait en trop haute estime Guillaume et Aliénor. Il le trouve notamment trop dur envers Lambert, Ludovic ne cachant absolument pas que même s'il aime son fils et trouve que c'est un homme bien, il trouve qu'il ne ferait pas du tout un bon roi. Rufus vole le testament de son père pour empêcher que la monarchie élective se mette en place par amour et confiance envers son petit frère. C'est la seule personne qui peut faire changer d'avis Lambert quand il s'obstine et n'écoute personne.
Fregn dite l'Ombre chez elle = mère de Sylvain et Miklan, c'est une sreng et la soeur de leur reine la plus importante de leurs territoires depuis son élection. Elle était éclaireuse (donc, grosso modo une espionne, on ne va pas se mentir) pour les srengs donc, c'est une femme avec une grande capacité d'adaptation et qui sait attendre son heure mais, sa patience a ses limites. Elle a un système de valeur sreng donc, elle s'oppose très vite et facilement aux personnes qu'elle estime indignes de respect. Elle a par exemple beaucoup de mal avec le système héréditaire de Fodlan qu'elle trouve dénué de sens contrairement à Sreng où on est sur un système électif. Plus j'y pense, plus je me dis que Ludovic aurait pu faire exprès de choisir l'espionne dans la fratrie de quatre soeurs, afin d'avoir un élément plus imprévisible qui viendrait s'opposer à Lambert si son projet de monarchie élective échouait ou s'il mourrait avant de réussir à le mettre en place. Comme le vouvoiement n'existe pas dans la langue sreng, elle utilise des surnoms pour parler des personnes qu'elle estime (par exemple "Loups Inséparables" pour parler des jumeaux) mais tutoie les personnes qu'elle méprise en utilisant leur prénom, ce qui ne se fait que dans ce contexte ou par familiarité chez les srengs
Lachésis, Thècle, Myrina et Kimon Charon = nobles, frère et soeurs de la reine Héléna, membre de la grande fratrie de douze enfants des Charon, enfants de la matriarche Catherine. Ils occupent tous des postes importants dans l'administration du Royaume, notamment dans la justice, sauf Myrina qui est la seigneuresse de leur fief, même si ce n'est pas l'ainé et la plus disposée à tout ce qui touche au combat. C'est la mère de Cassandra (future Catherine qui a pris le nom de sa grand-mère par respect envers elle étant donné qu'elle a participé au coup d'Etat contre Clovis).
Félicia = noble, la mère de Félix et de Glenn, ainsi que la femme de Rodrigue. Fille d'un comte de Leicester, elle était une femme d'une grande joie de vivre mais, qui souffrait de très gros problèmes cardiaques qui la condamnaient à mourir jeune (c'est à peu près sûr qu'elle ne passera pas les trente ans) alors, elle a pris le parti de vivre à fond avant la date fatidique de sa mort, même si c'était dangereux pour elle. Sa gentillesse, sa capacité à prendre soin des autres, le bon placement géographique de son fief (l'ile où transite toutes les marchandises du nord, notamment celle qui passe par Fraldarius), ses excellente relations avec énormément de marchands, son don pour le négoce, et le fait que son coeur défaillant vienne surement d'une malformation et non d'une maladie héréditaire ont convaincu Aliénor d'accepter le mariage d'amour entre elle et Rodrigue malgré sa maladie et son côté inconscient. Elle est morte de septicémie en mettant Félix au monde deux mois trop tôt car, son corps la lâchait (pas forcément à cause de la grossesse, même si c'était un facteur aggravant), d'où le fait que Félix porte son nom, surtout que ça correspond à son voeu que ses fils soient heureux (Félix = "celui qui a bonne chance" en latin). Rodrigue l'aimait profondément et ne se remariera jamais par amour pour elle, faisant même le voeu pieux envers la Déesse de tenir sa promesse envers elle et de lui rester fidèle. Félix ressemble beaucoup à sa mère, même s'il tient ses yeux de chat de son père.
"Grand-père" dit par Félix = il s'agit de Fraldarius (de son nom complet Lucius Fraldarius Pertinax), là où il appelle plus Guillaume et Nicola "papi". Il le surnomme ainsi depuis qu'il l'a sauvé des brûlures infligées par Arundel / Thalès. Il est attaché à son ancêtre, même s'il le rejettera après Duscur et sa dispute avec Rodrigue, justement à cause de son rejet en bloc de sa famille, l'énergie de Pertinax qu'il ressent parfois lui faisant trop penser à Rodrigue entre autre.
Maintenant que tout le monde est là et que les relations sont posés, bonne lecture à tous !
(suite sous la coupe, comme toujours !)
Chapitre 29
« Merci d’être tous venu aussi vite. Comme vous le savez, l’heure est grave, nous sommes au bord de la guerre avec Duscur…
Lambert posa directement l’ordre du jour dès le début du conseil, réuni peu de temps après le nouvel an. Tous ses membres étaient présents ou représentés par des proches de confiance. Le benjamin de la fratrie Charon et le chargé de la diplomatie et des relations avec les autres états, Kimon, se leva et résuma la situation, afin d’être sûr que tout le monde avait les mêmes informations et commencer sur de bonnes bases, deux scribes prenant en note la séance pour en garder une trace.
– Il y a de cela trois mois, un chatelain de Mateus se trouvant sur la frontière avec Duscur s’est mis à attaquer nos voisins sans raison préalable. Il s’agit du sieur Kleimain, un vassal des comtes de Mateus. Apparemment et après la première enquête dirigée par les missi dominici, il n’attaquerait pas pour se défendre mais, pour agrandir sa châtellenie en rognant sur la frontière et essayerait de prendre une de leurs mines afin d’augmenter ses revenus. Visiblement, son fief est trop petit pour lui. Il va s’en dire que le conseil de chef de Duscur est furieux et a immédiatement envoyé des plaintes en demandant à ce que les agressions sur son territoire cessent.
– Vous m’apprenez que c’était pour des raisons aussi matérielles que Kleiman a agis, déclara vaguement Mateus. Il a prétendu devant mon ban et le plaid de mon comté n’avoir envoyé que des prédicateurs, afin d’emmener les païens de Duscur à vénérer correctement la Très-Haute, plutôt que de l’abaisser à côtoyer plusieurs fausses divinités et démons, mais que devant l’hostilité des agneaux à ramener dans Son grand troupeau, il avait été forcé de les faire escorter par des frères d’une congrégation militaire. Je l’aurais su, je l’aurais sévèrement réprimandé.
– Même sans cela, il aurait fallu agir dès le départ, » rétorqua Rodrigue, Alix lui laissant le soin de répondre. C’était le plus crédible des deux pour parler de religion. « Il a tout de même envoyé des hommes sous son commandement prétendre dans leur pays que leurs divinités sont fausses et qu’ils honorent mal l’une d’entre eux, encore plus quand il les a faits escorter par des hommes d’armes, ayant prononcé des vœux ou non. Après tout, il n’y a rien dans les Écritures ou les Cinq Commandements de Seiros contre le polythéisme ou le fait d’intégrer la Déesse au sein d’un autre panthéon, que ce soit la version originale en latin ou la version traduite officielle. Leur manière de lui rendre un culte respecte également les Écritures tout en l’adaptant à leurs pratiques, comme le fait chaque pays de Fodlan. Il n’y avait donc aucune raison d’envoyer des prédicateurs dans un pays étranger, un pays ami de surcroit.
– Il est vrai que cela était… un peu maladroit et malavisé de sa part, et je lui ferais les remontrances qu’il mérite. Cependant, il est clair que si on suit ses dires à la lettre, il n’avait pas pour objectif d’envenimer nos relations avec Duscur, seulement de les guider vers le chemin de la Seule et Unique Vraie Foi, nuança faussement Mateus. Cependant, il est clair qu’en poursuivant des objectifs aussi terrestre et vils, il n’a rien fait pour la Déesse et n’a agi que pour lui-même.
– C’est clair que c’est la meilleure manière de détruire nos relations avec Duscur. Il y a peu de risque que cela dégénère en guerre, ce serait suicidaire pour les duscuriens vu qu’ils ne sont pas nombreux et moins bien équipés que notre armée mais, même s’ils tentent toujours de rester pacifistes, ils se défendront car bon, honnêtement, qui ne défend pas ses gosses quand on les attaque pour voler leurs terres et leurs ressources ?! Et tu parles de prédicateurs ! Ils ont quand même eu le temps de tué une vingtaine de personnes ! Et c’est le chiffre connu ! Congrégation ou pas, ils ont oublié qu’il y a écrit en toutes lettres « tu ne tueras point » dans les Écritures ! Ajouta Alix avec plus de virulence. Cela risque aussi d’envenimer nos relations commerciales avec eux, et ils sont nos premiers pourvoyeurs de métaux rares. On se débrouille plus ou moins pour le fer mais, ce serait compliqué de trouver d’autres fournisseurs, surtout à ses prix.
– Il est vrai que leurs prix sont extrêmement raisonnable grâce à la paix entre nos deux pays, permises par l’action de la Dame du Vent Lucine Dominic qui était elle-même duscurienne par moitié, ajouta Gustave, représentant son frère ainé qui n’avait pas pu se déplacer à cause de tension entre deux de ses villes qu’il devait régler. Ils respectent encore les traitées datant du Roi Loog le Lion et nous de même. Les attaquer risquent de briser les accords et de commencer une ère de méfiance, et cela se ressentira sur les prix, surtout que nous ne sommes pas leurs seuls clients. Albinéa et les srengs font également beaucoup d’affaire avec eux. Les duscuriens tiennent à leurs terres qui est un don de leur dieu de la Terre et veulent qu’on les respecte, comme toute personne vivante. Ne pas respecter cette terre sacrée risque de nous attirer les foudres du dieu du ciel selon leurs croyances…
– Oui, je suis bien d’accord, ajouta Lambert. Nous avons déjà envoyé un avertissement à Kleiman. Nous devons aussi nous rendre dans son fief afin d’effectuer des contrôles et voir si tout est en ordre avec le concours de Thècle Charon qui est en charges des affaires fiscales, comme nous l’avions convenu dès que l’enquête préliminaire a pris fin, déclara-t-il en regardant sa belle-sœur ainée. Il semblerait qu’il y ait de graves irrégularités dans ses comptes donc, cela permettra de fouiller dans tous ses documents ainsi que son courrier.
– Oui, nous avons commencé à mettre en place notre conseil d’enquête ainsi que notre méthode et notre plan d’action une fois dans la châtellenie de Kleiman, afin d’être le plus efficace possible dans nos recherches. Elles pourront commencer dès le quinze de cette lune, déclara-t-elle en posant sa main devant son cœur pour prêter serment. L’ensemble des contrôleurs royaux jure solennellement d’effectuer ses investigations avec la plus grande rigueur possible dans le bien de notre Royaume. Si nous découvrons la moindre irrégularité qu’il soit, nous jurons d’en informer Sa Majesté ainsi qu’à la Justice, elle qui était si chère au Flutiste des Glaces Blaiddyd.
– Merci pour toute votre dévotion Thècle, sourit Lambert. Je sais que je peux vous faire confiance, autant à vous qu’à Lachésis.
– Merci Votre Majesté, le remercièrent les deux sœurs.
– Bien. Maintenant, nous sommes au clair sur la marche à suivre avec Kleiman. Une fois que les scribes auront fini de retranscrire nos dires et fait une pause, nous pourrons débattre de la manière dont nous pouvons résoudre les tensions avec Duscur, déclara Rodrigue en regardant le duo noter aussi vite que possible tout ce qui s’était dire, le remerciant d’un regard de leur laisser un instant pour reposer leur main et boire un peu.
– Oui, prenez votre temps, continua Lambert alors que les rapporteurs posaient leur plume pour nouer la première partie du procès-verbal, ainsi que plonger leur main dans l’eau. Même si je ne pense pas que cela soit bien long, j’ai déjà commencé à parlementer avec eux et ils sont d’accord pour une rencontre diplomatique entre nos deux pays.
Un silence très lourd tomba dans le conseil, tous se regardant avec étonnement, les jumeaux les premiers. Ils n’avaient jamais entendu parler de ça ! Même les rapporteurs en posèrent leur verre d’étonnement, alors que c’était ceux qui rédigeaient tous les procès-verbaux du conseil royal. Si même eux n’étaient pas au courant, cela voulait dire que personne ne l’était ou presque.
– Que… que dites-vous ? Lui demanda Rodrigue, priant de toutes ses forces pour avoir mal entendu ou compris.
– Une rencontre diplomatique est prévue entre Duscur et Faerghus, répéta Lambert. Je leur ai écrit dans ce sens.
– Tu… Vous leur avez écrit Votre Majesté ? Se corrigea l’ainé des jumeaux dans son effarement. Vous ne l’aviez jamais mentionné auparavant… quand cela a été fait ? Et avec quel représentant des duscuriens ?
– Dès que j’ai eu vent de ces attaques. J’ai échangé plusieurs lettres avec le conseil des chefs, ainsi que la famille Zaindari, chargée d’entretenir la Grande Maison des Dieux étant donné qu’ils sont chargés de représenter leur pays.
– Je ne suis pas non plus au courant ! Ajouta Kimon, furieux d’aussi l’apprendre que maintenant. La chancellerie ne m’a rien transmis de tel ! Ils sont pourtant chargés de tous les documents officiels de la couronne ! J’aurais dû être prévenu si une telle correspondance avait eu lieu ! Ne me dites pas que vous êtes passé par des messagers privés pour une affaire aussi importante ?!
– Et bien… oui, confirma-t-il avant de se justifier. Cela allait beaucoup plus vite que de passer par l’administration et la chancellerie.
– Il est vrai que cela peut être un peu long mais, cela permet de contrôler que rien ne risque de blesser le destinataire, surtout dans un moment aussi tendu que celui-là, lui rappela Francis Galatéa, essayant de garder son calme tant bien que mal.
– Oui, surtout que lorsqu’elle était encore parmi nous, vous faisiez relire toutes vos lettres officielles et vos ordres à notre chère petite sœur Héléna, ajouta Lachésis, contenant mieux sa colère que son benjamin. Comment cela se fait-il que vous soyez passé de plusieurs relectures, même à titre privé, à l’envoie direct de missive à caractère officiel à des pays étrangers sans relecture ?
– Je vous rassure, je faisais très attention à ce que je disais et je m’exprimais en duscurien pour montrer ma bonne volonté de trouver un compromis, ainsi que la paix entre nos peuples. De plus, comme nous venons de le dire, nous nous entendons bien depuis toujours avec Duscur. Une des fondatrices du Royaume, Lucine Dominic, était elle-même à moitié duscurienne du côté de sa mère.
– Ouais, des accords de plus de quatre cents ans suffisent à assurer le fait que tout ira bien, ironisa Alix avant d’exploser. Sérieusement Lambert ?! T’as pris un risque pareil pour ça ?! On est déjà sur le point de s’entretuer sur la frontière ou au moins de perdre nos principaux fournisseurs de métaux ! Le moindre mot de travers peut ruiner des siècles d’entente ! Il a fallu que quelques attaques par un type qui avait la mauvaise idée d’avoir une garde armée pour qu’elle se fracture ! Tu devrais le savoir, on te traite encore de complice de brûleur d’enfants vu que tu as mis trois plombes à agir contre ce monstre ! Être diplomate ne s’improvise pas ! Et t’as toujours été nulle en la matière sans te faire plumer !
– Bien sûr que non Alix ! Répondit-il, un peu étonné de sa fureur. J’ai aussi pensé à ce que tu as avancé toi-même : Duscur possède un territoire beaucoup plus petit que le nôtre, ils sont moins nombreux, moins bien équipé et ils sont pacifistes. À part ce différent à la frontière, tout s’est toujours bien passé entre nous. Ils n’ont pas intérêt à nous attaquer, argumenta-t-il. Et nous nous sommes plutôt bien sortis pendant les négociations avec Sreng après la guerre ou Adrestia.
– Ouais, car t’as eu une chance de cocu, avec les révoltes qui ont éclaté de partout dans l’Empire et t’ont arrangé le coup, lui renvoya le cadet des jumeaux en pleine figure. On ne va pas aller bien loin si tu comptes juste sur ta chatte pour t’en sortir à chaque fois.
– J’ajouterais que les traités de paix avec les différents territoires srengs ne tiennent pas grâce à toi Lambert mais, surtout grâce aux Loups Inséparables qui ont su se montrer dignes de notre respect et de bons adversaires, en particulier pour le Kænn, intervient Fregn avec froideur, représentant son mari toujours posté à la frontière. Ne t’en enorgueillit pas à leur place, ce serait du vol. On peut voler, il n’y a rien d’immoral à le faire si cela est fait avec talent ou pour nourrir sa famille mais, il ne faut pas se faire prendre, et on ne vole pas un ami. De plus, ne rêve pas, avec le coup de poignard dans le dos que tu viens de donner à tes propres alliés, personne ne respectera quelqu’un comme toi alors, cela se sait, tous les srengs jetterons les traités à la mer et si on ne le fait pas, ce ne sera pas pour toi mais, seulement pour tes conseiller. On pariera aussi tous sur quand ils vont te renverser.
– Vous êtes surement un peu pessimiste Dame Fregn. Votre peuple et votre sœur les ont toujours respectés à la lettre depuis plus de sept ans, pourquoi ne le feraient-ils plus d’un coup à cause d’une tension avec Duscur ? La questionna Gustave avant de la rappeler à l’ordre. De plus, vous vous devez de respecter Sa Majesté, comme vous l’avez toujours fait.
– Respecter des personnes irrespectables revient à s’insulter soi-même. Cela signifie que vous considérez comme égale ou supérieure une personne inférieure à vous. Je refuse de me rabaisser car, il a une couronne dans les veines », rétorqua-t-elle en faisant ressortir son accent dur et en relevant ses manches pour exposer ses tatouages de runes, un signe d’hostilité chez les srengs, que les gardes ne loupèrent pas non plus, un ou deux mettant leur main sur leur épée. Même si la plupart des runes avaient été barrées et modifiées pour qu’elles soient inutilisables, elle pouvait toujours rappeler son poignard avec celles sur ses mains. « Je vous parle honnêtement, et je ne dirais rien de ce camouflet qu’il vient de vous faire à part à mon mari, pas même à mon fils cadet alors qu’il commencera bientôt à entrer dans les affaires politiques. Je ne veux pas que mes enfants soient menacés par mes propres camarades, le Royaume a déjà assez de problème. Mais rappelez-vous bien la Pierre Stoïque que pour nous, seules les personnes qui nous ont offerts un bon défi pendant les négociations sont dignes de respect, ce qui n’a pas été le cas de Lambert. On a accepté de signer en tant que peuple avec un autre peuple uniquement pour cela, cela reste de personnes à personnes dans notre esprit. Il est respecté en tant que guerrier mais, un roi doit être plus que cela, il ne peut pas se contenter d’avoir un corps fort, son esprit doit l’être aussi. Ma réaction serait celle qu’aurait n’importe quel sreng se respectant lui-même un minimum en apprenant tout ceci. Je tenais juste à tous vous mettre en garde, et pas par respect ou sympathie, juste parce que le pays où je vis avec mes enfants dépends de ce que cet homme fait et que je ne veux pas que mes fils soient en danger… et j’espère pour vous que les duscuriens sont moins regardants que nous à ce sujet. Pour nous, ce serait appeler du pied des raids sur Fhirdiad pour récupérer toutes ses richesses et tenter de le tuer. On n’attaquera pas la terre des loups car, ils ont notre respect et celle des goupils étant donné que mes fils et moi-même y vivons mais, on ne se gênera pas pour celle des lions. Tuer un homme avec la force d’un troll est un exploit qui vous fait entrer dans la légende et les sagas. La plupart de nos guerriers les plus respectés ont un emblème de Blaiddyd parmi leurs trophées.
– Dame Fregn… » hoqueta Lambert avant d’ajouter, essayant de faire redescendre l’hostilité dans l’air d’un cran. « Je comprends votre appréhension et vos doutes mais, je vous jure que je ne voulais pas manquer de respect au conseil, ni à qui que ce soit. Il me semblait simplement plus pertinent d’agir au plus vite et directement, et cela ne me semblait pas dangereux pour le Royaume. Comme nous l’avons déjà dit, les duscuriens sont pacifiques et personne ne veut la guerre. Nous devons simplement faire en sorte que Kleiman comprenne qu’il n'a pas à attaquer les duscuriens, et agir en conséquence s’il s’obstine. Il va déjà surement passer devant la justice si on se fie à l’enquête préliminaire, c’est un bon début et étant donné qu’ils ont eu vent de cela grâce à la proximité, cela a mis les chefs duscuriens en confiance. De plus, si cela peut vous rassurer, je peux vous montrer mes brouillons, je les ai tous gardés.
– Y a intérêt, histoire de savoir ce que tu nous as réservés, mordit Alix. Espérons que ce ne sera pas à vomir d’amateurisme…
Rodrigue roula les perles de son chapelet dans ses doigts, très mal à l’aise et anxieux. Pourquoi Lambert avait fait une chose pareille ? Il savait pourtant que c’était des affaires délicates et que le moindre faux pas aurait d’énormes conséquences pour le Royaume ! Son optimisme sans borne empirait avec l’âge mais, cela n’avait jamais été à ce point, et la dernière fois qu’il avait pris une décision aussi dangereuse dans leur dos, c’était…
« Non ! Non ! Allez-vous en ! Papa ! Glenn ! Alix ! Pitié ! Ça fait mal ! »
Chassant les mauvais souvenirs couverts de brûlures maudites, le duc fit tout ce qu’il put pour garder le contrôle de lui-même et demanda, priant de toutes ses forces pour que sa voix ne tremble pas.
– Est-ce que vous avez décidé d’autres choses sans nous en parler ? Nous devons tous nous adapter en vitesse pour que maintenant, tout se passe bien et dans les règles. Nous devons tous tout savoir.
– Oui, nous avons également décidé de la date de l’entrevue, ajouta-t-il et visiblement, il essayait de ne pas trop le bousculer. Ce sera pour leur nouvel an qui tombe le quatre de la lune des Guirlandes cette année.
– Le quatre de la lune des Guirlandes… ?! Kimon devient livide une seconde, puis s’empourpra à nouveau de colère. Vous avez perdu la tête ?! C’est dans deux mois ! Les ambassadeurs n’auront jamais le temps de bien préparer le dossier ! C’est des mois de travail ce genre de choses ! Vous allez bien trop vite !
– Nous aussi, nous n’aurons jamais fini notre enquête ! Ajouta Thècle, tout aussi véhémente que son petit frère. Vous allez vous pointer chez les duscuriens et leur parler de choses qui vont se faire ?! On ne sait même pas ce qu’on va trouver ! Oui, ce n’est pas net mais, ça peut être des manœuvres de comptes pour en donner le moins possible à la couronne ! Pas très moral mais, cela joue sur la fine limite de l’illégalité et la légalité ! C’est aussi très long à détricoter ! Enfer ! Je pensais en avoir pour un an d’enquête ! Et on va devoir tout faire en même pas deux mois ?! C’est à peine le temps de rassembler et organiser tous les documents ! C’est impossible ! Il faut qu’on la finisse pour que le procès complet se tienne ! On ne peut pas faire une parodie de justice avec une enquête à moitié cuite ! Même le pire des avocats de Faerghus pourra le tirer de là en argumentant que rien de tangible n’est dans le dossier et que donc, les autres preuves qu’on a de son comportement violent ne sont pas recevables !
– Mais ne vous en faites pas pour les ambassadeurs, je compte me charger de ces négociations moi-même, leur indiqua Lambert. C’est pour cela que je me rendrais moi-même en Duscur afin de rencontrer l’assemblée des chefs, ainsi que la famille Zaindari. La nouvelle année est un moment extrêmement important en Duscur, qui marque le renouveau et le début d’une nouvelle air. C’est également un grand moment religieux où les dieux sortiraient rendre visite aux humains et se mêleraient aux festivités. À l’issue des négociations et pour sceller la paix, nous les aiderons dans les rituels en lien avec la Déesse afin de marquer la bonne entente entre nos peuples. Le rituel veut que le premier enfant Zaindari fasse une offrande et un vœu de paix avec un autre enfant mais, originaire de Fodlan. Dimitri l’accompagnera donc pour effectuer cette cérémonie et marqué le renouveau de la paix entre Duscur et Faerghus en plus de la nouvelle année.
Cette fois, Rodrigue se crut en plein cauchemar ! Ce n’était pas possible ! Cela devait en être un ! Il allait se réveiller ! Lambert voulait se rendre en personne en Duscur ? Avec Dimitri en plus ?! Le roi lui-même et l’unique héritier de la couronne en territoire étranger et pendant une période de tension ?! C’était de la folie ! Une folie éveillée ! Ce n’était pas possible ! Et il semblait être parfaitement confiant vis-à-vis de cette décision ! Non… il ne pouvait pas être aussi… aussi…
« …Idiot… ce n’est qu’un chien idiot qui ne sait que remuer la queue et s’aplatir devant tout le monde. »
Les mots de sa mère résonnaient dans sa tête, toutes les mises en garde et les fois où elle répétait qu’heureusement, Ludovic voulait en finir avec la succession héréditaire car sinon, le Royaume allait hériter d’un imbécile fini comme roi… il ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose qu’elle ne soit plus là…
– Votre Majesté… ces négociations pourraient très bien mal tournées, vous en êtes conscient ? Reprit-il en priant de toutes ses forces pour que Lambert l’écoute. Après tout, c’est un seigneur du Royaume qui a débuté les hostilités et qui a tué des duscuriens. Le conseil des chefs et la famille Zaindari doivent être sur leurs gardes. Ils craignent surement que cela soit qu’une manière de leur assurer que tout va bien sans rien faire de plus mais, si Kleiman s’approche à nouveau de la frontière avant votre arrivée, ils vont tout de suite penser que nous ne tenons pas nos engagements. Ils sont également garants de la sécurité de leur peuple, ils vous réclameront forcément des comptes pour les villageois assassinés… de plus, ce temple se trouve en plein cœur des montagnes duscuriennes. Il sera difficile pour votre garde d’avancer facilement sans être à découvert, ou de pouvoir réagir rapidement à la moindre attaque. Nous connaissons peu ce terrain et il est parfait pour une embuscade. Cela arrive, les renforts auront beaucoup de mal à arriver pour vous aider et d’un autre côté, nous ne pouvons pas nous permettre aussi d’envoyer trop de troupes avec vous, pour ne pas donner l’impression d’envahir Duscur, surtout pendant une fête religieuse. Vous allez emmener votre fils en plein dans les montagnes duscurienne, sous escorté, et pendant une période de crise. Êtes-vous conscient d’à quel point cela est dangereux ? À la moindre erreur, les négociations ont de très grandes chances de mal finir, vous vous en rendez compte ?
– Bien évidemment, c’est une possibilité mais, je suis sûr qu’il n’y aura aucun problème, lui assura Lambert, ses mots glaçant le sang de Rodrigue, trop conscient de tout ce qui pourrait mal tourné. Nous voulons tous la paix, il n’y a pas de raison que les uns ou les autres envenimions la situation. Je suis sûr que nous trouverons une solution qui satisfera tout le monde…
– Ouais, comme la dernière fois où ta solution qui devait contenter tout le monde a brûlé à mort notre louveteau », le coupa Alix, le criblant du regard. Tout le monde autour de cette table connaissait une grande majorité de l’histoire, mis à part le fait qu’Arundel était son beau-frère, surtout pour éviter que les Charon deviennent fous de rage en apprenant qui avait remplacé leur sœur et servait de belle-mère à leur neveu. Dans une situation pareille, les jumeaux se diraient presque que ce serait limite mieux qu’ils pètent une amarre, rien que pour obstruer les actions royales grâce à leur contrôle de l’administration et de la justice. « Tu fais des folies Lambert, et tu es surement sur le point de ruiner nos relations avec Duscur ! Félicitation ! Tout le monde est fier que tu te sois débrouillé tout seul comme un grand pour tous nous foutre dans la merde jusqu’au cou ! On ne peut même pas déplacer la date ou le lieu de l’entrevue à cause de toute cette symbolique à la con avec la nouvelle année et le reste ! On ne peut même pas tirer Dimitri de ce merdier à cause de ça ! Donc bon, tu finis de nous vomir à la figure toutes tes conneries, donnes-nous tes putains de brouillons, toutes les réponses que tu as reçues et si tu as prévu quelque chose de plus que ton baluchon pour aller à pied à Duscur, et nous, on va passer derrière toi pour tout nettoyer comme d’habitude ! Lui ordonna-t-il en montrant les crocs, hors de lui. Et magnes-toi ! À ta différence, on n’a pas tout le temps du monde pour tout organiser ! »
Alix semblait être sur le point de lui sauter à la gorge, furieux, et Rodrigue n’avait pas assez d’énergie pour le calmer. Il avait l’impression d’avoir un énorme creux dans la poitrine, un mélange d’appréhension et de terreur poisseuse en coulant pour le remplir entièrement. Et l’expression de Lambert… il ne s’attendait surement pas à des réactions aussi extrêmes… il venait de tous les poignarder dans le dos et il s’attendait à ce qu’ils ne se plaignent pas ?! Par pitié… c’était un vrai cauchemar ! Et tout ça avec deux lunes pour limiter la casse ! Deux lunes… deux lunes pour préparer tout l’arsenal des négociations, rassembler les anciens traités et compiler tout ce qui avait été déjà fait, les arguments, contre-arguments, une défense, les gages de bonne foi, les éventuelles menaces voilées… ainsi que tout le convoi royal qui l’accompagnerait soit l’intendance, les chevaux, les palefreniers, la domesticité, les cuisiniers, les médecins, les fournisseurs de nourriture, les gardes chargés de la sécurité du convoi, le corps expérimenté des Lions pour protéger le roi, la garde rapprochée pour compléter et protéger le prince…
La garde rapprochée… la garde royale ! Elle allait forcément faire partie du convoi qui irait en Duscur ! Glenn en ferait forcément partie ! Encore plus vu qu’il était affecté à la garde rapprochée de Dimitri ! Il y serait ! Il serait dans cette mascarade complètement folle que Lambert leur imposait ! Lambert allait le trainer en Duscur sans préparation sérieuse !
« Non ! Non ! N’emmène pas mon fils là-dedans ! C’est trop dangereux ! »
L’horreur de Rodrigue fut coupée par Lambert qui retrouva de la voix pour présenter ses premiers préparatifs, bien incomplet et qu’ils devraient aussi revoir… ça, ce serait un de ses boulots à lui… en plus de superviser tout le reste… il attrapa la main de son jumeau pour garder pied, tant pis pour leur stature, personne ne volait bien haut dans le conseil de toute façon après avoir entendu des choses pareils… les réactions allaient de l’horreur à la colère mais, personne n’était satisfait de tout ce qu’ils venaient de se prendre en pleine figure… heureusement, Alix comprit très vite ce qui se passait dans sa tête et resserra l’étreinte de ses doigts autour des siens, tentant de lui donner de sa force et de sa rage pour tenir. Déesse… merci de les avoir faits jumeaux…
À la fin, Lambert leur donna ses brouillons qu’il avait pensé à apporter au conseil. Alix lui arracha des mains, puis les posa sur la table du conseil en grognant qu’ils feraient mieux de tout recopier, car c’était un peu leur seule base de travail pour le moment. Ils prirent du papier et de l’encre sur la table des rapporteurs qui en allèrent chercher plus de matériel d’écriture pour eux tous rapidement, puis les conseillers se mirent au travail, demandant souvent au roi d’éclaircir plusieurs points pour mieux comprendre. Heureusement que les chefs duscuriens et les Zaindari avaient eu l’amabilité de continuer à écrire leurs missives dans les deux langues, leur faisant gagner un temps précieux. C’était d’usage depuis la fondation du Royaume mais, ils auraient pu arrêter afin de marquer leur hostilité après ce qui s’était passé… Rodrigue prit à peine le temps de comprendre ce qu’il écrivait, il recopiait juste aussi vite et bien que possible et réfléchirait après… il se sentait si fatigué d’un coup… comme vidé de ses forces…
Une fois tout recopié correctement, le conseil prit fin pour que chacun puisse commencer à réfléchir et travailler de son côté. Ils devaient tout faire en catastrophe, ce serait difficile de travailler tous ensemble. Les jumeaux entendirent Kimon marmonner à ses sœurs que les diplomates allaient très mal prendre la décision de Lambert de les exclure, et que ce serait bien sûr lui qui allait se prendre leur mécontentement en pleine figure, pas Lambert. La plupart d’entre eux avaient travaillé toute leur vie sur Duscur et d’un coup, le roi décidait qu’il serait mieux qu’il négocie lui-même sans passer par eux, les laissant de côté… évidemment, ce serait pris comme une insulte à leur labeur… et la chancellerie aussi allait être en colère de ne pas avoir été consultée pour ces échanges diplomatiques… ça sentait le souffre cette histoire…
« Vos Grâces… Nicola les rejoignit vite à la sortie du conseil, il avait dû s’occuper de leurs soldats présents à Fhirdiad pour voir si tout se passait bien, visiblement inquiet en les voyant. Vous êtes livides… Déesse, qu’est-ce qui vous est arrivé ?
– On va t’expliquer… c’est promis… mais tu peux demander à Glenn de venir s’il te plait ? Lui demanda Rodrigue, trop conscient de sa voix minuscule d’épuisement et d’abattement. Lui aussi est concerné…
– …Bien. Je vous raccompagne à vos chambres et je vais le chercher, répondit-il en comprenant qu’il aurait vite tout l’histoire.
– Merci beaucoup… par contre, tu peux éviter que Félix te suive pour le moment ? On ne veut pas l’inquiéter et on préférerait qu’il reste en dehors de ça…
– Je comprends. »
Leur compère les suivit jusqu’à leur chambre où il les laissa tomber sur une chaise avec une tasse de thé fait en vitesse pour se calmer un peu, même si les jumeaux ni touchèrent pas, faisant le point dans leur tête. Ils ne se réveillaient toujours pas de ce cauchemar… c’était trop horrible pour que cela en soit un… ils essayèrent de mettre tout dans l’ordre ensemble, relisant leurs notes et copies des documents que leur avait donné Lambert… leur tête traitait trop d’information en trop peu de temps… et ils devraient le faire en vitesse… leurs papiers seraient difficiles à utiliser, ils étaient allés vite et avaient abrégé beaucoup de choses. Rodrigue avait même écrit à l’envers pour éviter d’étaler l’encre dans sa précipitation, il faudrait un miroir pour le relire… il faudrait surement tout recopier au propre et dans l’ordre… ça allait demander du temps… et c’était tout ce qu’ils n’avaient pas…
La porte grinça un peu sur ses gonds, laissant entrer la voix de Glenn.
« Papa ? Alix ? Nicola m’a dit qu’il y a urgence et que vous n’alliez pas bien… eh ! Il se précipita vers eux en les voyant, n’ayant surement pas regagner des couleurs entre temps. Par les Braves ! Qu’est-ce qui vous est arrivé ?! On dirait que vous êtes blessés !
– Ce n’est rien, on t’assure, tenta de le rassurer un peu son père avant de bégayer, totalement perdu dans le fil de ses pensées. C’est juste… Déesse… trop d’informations… trop peu de temps… on n’aura jamais assez de temps… c’est trop dangereux… beaucoup trop…
– En plus, faut qu’on vous explique tout efficacement… grrrr… ce con nous laisse deux lunes pour tout organiser… et on ne sait même pas par où commencer pour vous raconter ce bordel… grogna Alix en passant sa main sur son visage.
– Pour l’instant, le plus important est que vous vous reposiez une seconde pour vous calmer et retrouver quelques forces, intervient Nicola qui ajouta, conscient de ce qu’ils allaient dire ensuite. Vous mangez un peu et vous restez au calme quelques minutes, et il n’y a pas de mais qui tienne. Qui veut voyager loin ménage sa monture, vous n’arriverez à rien si vous êtes épuisés. Vous êtes déjà maigres de constitution, ne forcez pas trop sur vos forces.
– Il a raison, ajouta plus doucement Glenn en prenant une de leurs mains chacun pour les ancrer un peu plus, même s’il s’inquiétait. Vous avez besoin de reprendre des forces…
– M… hein… vous avez raison, souffla Rodrigue, reconnaissant. Merci beaucoup… et pardonnez-nous de nous comporter comme des enfants pressés…
– C’est normal de s’occuper des gens qui en ont besoin, rétorqua son fils. En plus, vous ressortez d’un conseil avec le chien idiot de Faerghus, c’est normal d’être épuisé.
Aucun des deux n’avait l’énergie ou l’envie de rectifier le surnom.
Nicola partit aux cuisines pour récupérer de quoi les requinquer, laissant le temps aux jumeaux le temps de se vider un peu l’esprit alors que Glenn décryptait leurs pattes de mouches. Au vu de son expression, il comprenait tout ce qui se passait… ça allait être compliqué…
Le vieux chevalier revient assez vite avec un plateau et un panier, rapportant un bouillon fumant, du pain noir, du fromage et quelques pommes. Tout ce qui fallait pour les remettre d’aplomb. Le conseil s’était arrêté après midi et ils n’avaient pas pensé à manger. Heureusement que Félix dinait avec ses amis à midi, il avait surement pu se restaurer sereinement. Les jumeaux remercièrent leur compère avec reconnaissance, puis se mirent à manger leur repas en se concentrant dessus, savourant comme ils purent la nourriture. La chaleur du bouillon et de la mie fraichement sortie du four faisait un bien fou… Rodrigue croquait dans une pomme bien acide quand Alix lui montra une tranche d’emmental très troué, tenant plus d’air que de fromage, les mots silencieux sur son visage, ce à quoi il répondit de la même manière, avant que son frère ne morde dedans après une autre déclaration faite d’expression après l’avoir un peu fixé, la discussion se poursuivant avec un hochement de tête de l’ainé.
« Ça ne te rappelle pas quelqu’un ?
– Oui, c’est son portrait craché pour le coup.
– Ce serait bien si on pouvait gérer ça aussi facilement que ça.
– On est bien d’accord…
– …Surtout qu’il est tout aussi con », conclut-il en finissant de l’avaler.
Comme Nicola l’avait prévu, le simple fait de manger et se poser quelques minutes leurs fit un bien fou, les idées s’ordonnant un peu dans leur esprit alors qu’ils pensaient à autre chose, et Glenn et lui avaient eu le temps de lire eux-mêmes leurs notes. Une fois sûr d’avoir tout compris eux-mêmes, ils leur résumèrent le conseil d’aujourd’hui, essayant de rester le plus neutre possible pour ne pas les influencer, bien que leurs avis transparaissaient toujours et qu’ils savaient pertinemment quelle serait leur réaction. À la fin de leur récit, Glenn ne put s’empêcher de taper son poing sur la table de frustration, Rodrigue devinant aisément qu’il aimerait le mettre dans la figure de Lambert.
« Crétin ! C’est ça ce qu’on se tape comme roi ?! Il discute au calme avec les duscuriens, fixe un rendez-vous et n’en parle à personne ?! On n’est même pas au courant dans la garde ! Alors qu’on devrait s’entrainer à se battre en pleine montagne ! Et j’ai entendu personne dans le corps des diplomates dire qu’ils étaient au courant !
– Car personne ne l’était, toutes ces tractations ont été faites par Lambert seul, lui rappela son père.
– Et ça se voie vu à quel point il s’écrase facilement face aux demandes des chefs duscuriens et des Zaindari. Heureusement qu’elles étaient raisonnables… je n’ose même pas imaginer si on avait eu Ionius en face… je préfère même pas tenter en fait, marmonna Alix. En plus de dix ans de règne, c’est à pleurer qu’il ne sache toujours pas négocier.
– Voir même à son âge… Ludovic négociait mieux que lui à une quinzaine d’année… il lui donne entièrement raison quand il disait qu’il ferait tout pour que ses fils ne portent jamais la couronne… Déesse… si seulement… grommela Nicola avant de se reprendre. Enfin, ça ne sert à rien de marmonner sur cela. Heureusement que les duscuriens ont été modestes et ne demandent que la fin des hostilités, mais ils demandent aussi une renégociation des prix d’amis qu’ils nous accordent sur leurs métaux… c’est leur manière de dire « on ne vous fait moins confiance », c’est évident.
– …Et il a pas compris visiblement… il a juste compris que ce serait mieux qu’il se charge un des plus gros dossiers diplomatiques avec eux, alors qu’il est nul en négociation et en diplomatie, grogna Glenn. Et pour les préparatifs ? Ça ne se fait pas comme ça un tel voyage… il a commencé ?
– – Néant absolu, répondirent en chœur les jumeaux.
– Il a juste fait la liste des choses à faire, et à nous de nous débrouiller avec… en deux putain de lunes… marmonna Alix. Il veut notre mort à tous…
– Et encore, nous, on peut se débrouiller pour que cela tienne, même si c’est de bric et de broc. L’enquête de Thècle va devoir bâcler ses premières conclusions car, elle n’aura jamais le temps de tout finir avant l’échéance… ajouta tristement Rodrigue. Il va devoir annoncer le sort de Kleiman aux duscuriens avant la fin de l’enquête…
– Il est plus pressé avec Kleiman qu’avec son putain de beau-frère… pesta pour lui-même Glenn, serrant son sachet entre ses doigts pour tenter de se calmer un peu.
– Il ne peut pas se permettre de ne pas leur donner de réponse, alors que c’est lui qui a débuté les hostilités et qu’il a déjà tué plusieurs duscuriens… le conseil des chefs demande même son extradition entre les lignes pour le juger eux-mêmes, ajouta Nicola en relisant les lettres.
– Car tu crois que ce chien idiot sait lire entre les lignes ? Répliqua le jeune loup. Il voie « nous aimerons beaucoup pouvoir mettre fin à cette affaire par nous-mêmes donc, pouvez-vous faire venir le responsable dans notre pays afin qu’il s’explique devant nous », il va juste amener Kleiman comme invité et dire qu’on peut tous discuter en chantant gaiement tous ensemble ! Il en serait capable à ce stade !
– Par pitié, ne le dit jamais devant lui… lâcha son père à bout de force et de patience.
– …Ne lui donne surtout pas de mauvaise idée… continua son oncle.
– Promis, je ne veux pas votre mort d’épuisement à sa différence. Grumhf… en plus, on est bloqué, pensa tout haut le jeune homme en se mettant à tourner en rond, incapable de rester immobile dans une situation pareille. On ne peut pas changer la date ou l’emplacement car, c’est symbolique, et ça entraine aussi Dimitri dans cette histoire alors que ça le met en danger et que ça peint une autre cible sur le convoi. Lambert connait tout le dossier et pas les diplomates donc, il est malheureusement le plus calé dessus car, ils n’auront jamais le temps de bien tout préparer en si peu de temps, comme tout le monde. On peut à peine leur livrer Kleiman car il ne sera pas jugé de notre côté… et même niveau organisation, ça va être un gâchis complet. Il nous a mis dans une de ces merdes…
– Ajoute à cela que d’après Fregn, ce genre de décision se sait, les srengs ne le respecteront plus car, il n’est pas un roi complet selon eux et donc, les traités de la dernière guerre ne tiendront que par les personnes qu’ils estiment encore. Elle nous a prévenus que si l’inconscience de Lambert se savait, il y aurait sans doute des raids sur Fhirdiad car, ils ne le considéreraient plus comme dangereux mais, comme un défi à celui qui le tuera le premier car, il a une force surnaturelle…
– Il ne manquait plus qu’eux… ou pas… s’ils décident de s’ajouter à ce bordel, ça ferait une excuse pour ne pas aller là-bas… on doit balayer leurs attaques alors, on ne peut pas se rendre au rendez-vous et pour le prochain, c’est vous qui décider, grommela Glenn. Enfin bon, c’est toujours un problème d’avoir des raids donc, je l’espère pas… mais comment on peut limiter les dégâts ?
– A part tout faire pour tout préparer à temps afin de limiter les risques, tout en essayant de mobiliser un maximum d’opposition pour qu’il renonce devant la pression, on ne sait pas… avoua son père. Il faut qu’on prépare sérieusement le convoi et la rencontre sinon, on ne fera que rendre tout cela plus dangereux pour tout le monde, même si on est formellement contre. Ce n’est pas que la sécurité de Lambert et Dimitri qui est en jeu, c’est celle de toute personne qui va les suivre…
– Et on va devoir en même temps essayer de tout faire pour convaincre un maximum de monde qu’il ne faut pas l’encourager, et tout faire pour le dissuader d’y aller. Il faut qu’on arrive à mettre Rufus de notre côté en lui faisant voir à quel point c’est dangereux pour son frère et son neveu. S’il est contre et intervient, Lambert l’écoutera forcément, comme il l’a fait avec Arundel, ajouta Alix. On va devoir être au four, au moulin et au pressoir en même temps mais, on ne voie pas d’autres solutions. À part que vraiment, Fregn en ait marre de sa tête pleine de vide et décide d’écrire à ses sœurs pour leur dire que respecter Lambert, ça revient à s’insulter soi-même et qu’elles prennent ça comme une porte ouverte pour attaquer, une révolte ou une opposition générale, ou un coup d’État car quelqu’un veut arrêter les conneries deux secondes, on ne voie pas vraiment comment s’en sortir… vu comment il s’obstinait et la situation dans laquelle il nous a foutus, on est fait comme des rats…
– Le tout en trouvant un moyen de te sortir de là, même si tu fais partie de la garde rapprochée de Dimitri, ajouta Rodrigue en regardant Glenn. C’est beaucoup trop dangereux, il est hors de question qu’il te traine dans sa folie. J’irais à ta place étant donné qu’un d’entre nous devra être présent, cela entre dans les clauses du Kyphonis Corpus. Nos deux familles doivent toujours se soutenir, et s’il lui arrive quoi que ce soit alors que nous ne sommes pas là pour remplir notre rôle de bouclier, cela aura de très lourdes conséquences sur notre famille. Nous pourrions être accusé de haute trahison.
– Ou j’irais plutôt, intervient Alix. Que ce soit toi ou moi, ce sera exactement la même chose, sauf que ce ne sera pas le duc en titre qui viendra vu que c’est toi, et ça permettra aux louveteaux d’encore avoir un père et qu’ils ne se retrouvent pas sans parents. Surtout Félix, il est trop jeune pour être duc et il est toujours collé à toi, il ne supportera surement pas de te perdre, que ce soit toi ou Glenn.
– Et ni l’un ni l’autre ne supportera de perdre son frère, rétorqua le Jeune Loup. Le Royaume a besoin de personnes qui réfléchissent, et vous êtes ces personnes avec les Charon pour le moment, tout en ayant suffisamment de marge de manœuvre pour agir efficacement grâce au Kyphonis Corpus, même si c’est à double tranchant. En plus, on ne peut pas ne pas l’accompagner. Comme tu l’as dit, on doit toujours se soutenir et être les boucliers du roi. Si on ne l’ait pas et qu’il y a le problème qui doit arriver car vous avez du tout faire en deux lunes au lieu d’un an, ça nous retombera forcément dessus car, on n’aura pas rempli notre rôle et à cause des liens de notre famille avec les Blaiddyd. On pourrait tous finir exécuter pour haute trahison, surtout s’il arrive quoi que ce soit à Lambert ou Dimitri. Le seul épargner sera Félix mais ça, ce serait parce qu’il est mineur. En plus, je suis majeur dans notre fief maintenant, on ne peut plus se cacher derrière ça pour me tirer des pétrins où nous jette Lambert. Ce serait encore plus suspect si ce n’est pas moi qui y vais alors que je fais partie de la garde de Dimitri, pour que vous y alliez à ma place. Il arrive quelque chose à ce chien idiot, ou Dimitri, ou on se fait vraiment prendre dans une embuscade où l’un ou l’autre ou les deux y restent mais pas nous, ce sera suspect, nos ennemis pourraient dire qu’on a trempé dedans et que c’est pour ça que le bouclier a survécu à son porteur au lieu du contraire. Dans tous les cas, on est coincé entre la peste et le choléra alors…
– Pour le domaine royal et les duscuriens, tu l’es encore, la majorité est à vingt-et-un ans pour eux… répliqua son père avec le filet de voix qui lui restait, avant de se rendre à l’évidence, ne pouvant pas se permettre de l’ignorer contrairement à Lambert. Cependant, tu as malheureusement raison, on est complètement coincé entre deux maux… et nous devons penser au bien du Royaume avant nos propres désirs personnels… c’est notre devoir envers lui… Rodrigue se leva pour prendre ses mains en le suppliant, déjà inquiet comme si Glenn partait demain matin avec juste une chemise et une canne en bois pour se défendre. Fait attention, je t’en prie… rentre à la maison entier… je ne veux pas que tu ailles là-bas, et je veux encore moins que tu y restes… fait très attention à toi, je t’en supplie…
– Je te le promet papa… il posa son front contre le sien malgré la différence de taille, essayant de le rassurer avec le contact. Je suis toujours rentré et vous m’avez tous bien formé, je reviendrais. Je protégerais Dimitri de toutes mes forces, et je me ferais violence pour protéger Lambert aussi, même s’il mériterait de se prendre une conséquence dans la gueule pour tout ce qu’il fait. Le petit a la tête sur les épaules, ça motive à tout donner pour le protéger, et un peu pour protéger le chien idiot vu qu’il ne veut surement pas perdre son père et que ça lui ferait beaucoup de mal si cela arrive, même si le père en question a confiance en des brûleurs d’enfants. J’irais et je reviendrais, rien que pour protéger Dimitri de son père et de ses comparses.
– J’irais également pour protéger le Jeune Loup et surveiller de plus près les agissements politiques de Lambert, ajouta Nicola en argumentant. Étant donné la situation et le peu de temps accordé à la préparation de ce voyage, personne ne voudra y aller sans y être forcé alors, cela permet d’avoir une personne en plus pour lui, et des yeux pour le surveiller à votre place pour nous. Mes mots auront également plus de poids étant donné que je suis plus âgé et expérimenté que lui.
– Même si tu es dans les personnes qu’on ne veut pas voir aller là-bas, tu n’as pas tort… marmonna Alix avec dépit. Les Charon aussi seront là-bas, au moins Kimon vu que normalement, c’est son boulot les relations internationales, et Myrina pour le défendre étant donné que c’est une de leurs meilleures combattantes. Ils ne vont surement pas envoyer Cassandra vu son âge. Mais dans tous les cas, faut quelqu’un pour le surveiller et être sûr qu’il ne nous refasse pas un autre coup dans le dos… on a pas envie de t’envoyer mais bon, tu es le plus qualifié pour ça… mais c’est comme pour Glenn, tu dois revenir Nicola. Revient vite toi aussi et en entier…
– Je vous jure de faire tout mon possible pour protéger votre louveteau et revenir vivant avec lui. J’ai bien l’intention de mourir de vieillesse au lieu d’avant l’heure, encore moins pour ce chien idiot et incompétent.
Rodrigue essaya de sourire un peu à la tentative de Nicola de les rassurer mais, son visage ne faisait que se tordre de manière difforme. Tout sauf les voir tous les deux là-bas… tout sauf qu’ils partent aussi en Duscur… tout sauf ça… il serait si loin… loin du lac et de la protection de Fraldarius… Glenn ne pourra même pas prendre Aegis ou Moralta… emmenez une Relique serait vu comme un signe d’agression et il n’avait pas d’emblème pour la manier… leur ancêtre ne pourrait pas lui venir en aide directement, que ce soit par l’eau du lac ou son bouclier… et Nicola vieillissait bien et était toujours aussi fort mais, il avait tout de même soixante-cinq ans, comme Guillaume et Aliénor s’ils avaient vécu ou survécu plus longtemps… il mériterait de juste laisser son marteau de guerre dans son armoire, ne plus reprendre la route dans ses conditions, et plutôt passer du temps avec ses petits-enfants…
« Déesse… Déesse de pitié et de miséricorde… je t’en supplie, fais en sorte qu’ils soient préservés de la folie de Lambert… je ne veux plus voir de boite sortir de la voiture plutôt que la personne vivante… par pitié, protège-les tous les deux… protège les tous… »
Ils se mirent à discuter de leur organisation pour les semaines à suivre, tout en décidant d’un mot d’ordre : pas un mot de tout cela et de leur opposition à Lambert à Félix. Il était trop jeune pour être mêlé à tout cela, ils devaient tous le protéger de l’agitation politique ambiante et lui éviter de se retrouver dans ils ne savaient quelle querelle. Félix était le futur duc, mais ses ainés feraient tout pour lui permettre de rester un enfant un peu plus longtemps qu’eux. En plus, il avait encore du mal avec Lambert après qu’il n’ait pas chassé Arundel dès le départ, alors qu’il aurait aussi pu s’en prendre à Dimitri. Mieux valait ne pas aggraver sa méfiance, même s’ils savaient que le louveteau sentirait que quelque chose n’allait pas, il était assez perspicace pour le voir. Au moins qu’il puisse lui épargner le plus grave…
Les seigneurs étaient en train de planifier ce qu’ils devaient organiser au plus vite pour le convoi, quand la porte s’ouvrit sur Félix, suivit des chats de Glenn qui devaient le chercher pour avoir à manger. Ils n’avaient pas vu le temps passé tellement ils avaient de choses à faire, la nuit était déjà tombée. Une journée de moins pour tout préparer… ils ne pourraient pas se permettre d’en gaspiller une seule… le louveteau se figea une seconde, puis pris un air résolu au visage en s’avançant dans la pièce alors qu’il déclarait.
« Vous êtes épuisé, ça se voie et vous travailler trop. Vous êtes comme tout le monde dans le palais qui courre partout. Y en a un qui est tombé dans les escaliers car il courrait dedans avec deux tonnes de papiers dans les mains.
– Il va bien ? Le questionna Rodrigue avant de lui expliquer, espérant que ces justifications vagues lui suffiraient et ne l’inquiéterait pas aussi. C’est que nous allons avoir beaucoup de travail pour les prochaines semaines alors, tout le monde doit déjà courir pour être dans les temps. Ce sera difficile de tenir les délais. Déesse, il y a déjà des personnes qui se blessent en essayant d’aller trop vite !
– Oui, le papier a amorti sa chute. Mais vous, vous allez vous reposer ! Je ne veux pas que ça vous arrive ! Humf !
Il attrapa les petits de Fleurette et les posa sur leurs genoux, espérant surement les ancrer sur leur chaise sous leur poids ou le manque d’envie de déranger les chats, puis partit en courant lui aussi en leur recommandant encore de ne pas bouger. Après une seconde, un petit éclat de rire allégea un peu l’atmosphère tendue, touché par l’intention de leur cadet. Il revient assez vite des cuisines avec leur repas, aidé par Estelle et Bernard pour tout porter. Ces deux derniers restèrent manger avec eux, bavardant des dernières nouvelles entendues dans le palais et la capitale. Visiblement, la nouvelle de leur départ pour Duscur dans deux mois ne s’était pas encore répandue… tant mieux, moins de personnes savaient, moins il y avait de risque que cela tombe dans les mauvaises oreilles, que ce soit celle d’ennemi du roi à l’intérieur du Royaume, des srengs, ou pire encore de l’Empire… cette situation était vraiment un vrai champ rempli de pied-de-corbeau…
Cependant, Rodrigue essaya de ne pas trop y penser et plutôt de profiter de son repas. Ce serait surement sa dernière soirée où il aurait de l’énergie jusqu’à ce que cette histoire se finisse, il voulait en profiter un peu… simplement écouter Félix lui raconter sa journée avec Sylvain, Ingrid et Dimitri alors qu’ils s’entrainaient en disant qu’ils seraient aussi forts que leurs ainés et leurs ancêtres, lui expliquant comment il arrivait à entourer sa lame avec ses éclairs à présent. Il pouvait encore profiter de l’enthousiasme de son cadet sans avoir l’esprit embrumé par la fatigue.
Il l’embrassa avant qu’il aille se coucher, faisant encore une prière à la Déesse pour le préserver encore un peu de tout cela et de la bêtise de Lambert.
« Qu’il puisse encore un peu rester un louveteau… »
*
« Tout le monde n’arrête pas de courir en ce moment… je me demande ce qui se passe… mon père et mon oncle sont toujours fatigués depuis qu’on est arrivés… Glenn aussi s’entraine et les aide beaucoup plus que d’habitude …
Félix arrêta, regardant les personnes de l’administration et les gardes courir de partout dans le couloir, ce qui était le quotidien à l’intérieur du palais depuis deux semaines. Ingrid fit de même en posant sa lance, pensive.
– Mon père et mon grand frère aussi… j’ai essayé de leur demander ce qui se passe mais, ils n’ont pas voulu me répondre et m’ont juste dit qu’ils avaient tous beaucoup de travail… j’ai aussi essayé avec Glenn mais, il n’a rien dit non plus… il a l’air très énervé en ce moment…
– Oui, il grogne souvent, même s’il essaye de le cacher, ajouta le magicien. Tout le monde a l’air vraiment mal et angoissé… les jumeaux dorment à peine et ils sont encore fatigués quand ils se réveillent…
– Oui, ma mère aussi est bien remontée, ajouta Sylvain. Elle sait le cacher et elle doit garder la plupart des choses qu’elle pense pour elle mais, ça se voie qu’elle est furieuse. Elle s’est mise à appeler Lambert par son prénom, même si elle ne le fait que quand on discute en sreng et seuls.
– Elle le tutoies ? ça veut dire qu’elle ne le respecte pas, c’est ça ? Lui demanda Dimitri pour être sûr.
– Oui, soit ça, soit de la familiarité mais, c’est clairement pas ce cas de figure à sa tête et à sa manière de parler. Je suis sûr que ça a un lien avec l’agitation et ces « moins de deux lunes » qu’on entend partout.
– Mmmmhhhhnnn… je pense, mon père aussi travaille beaucoup avec les diplomates en ce moment, même si Kimon a l’air sur le point de l’étrangler dès qu’il lui parle. Hum… Dimitri hésita un peu avant d’ajouter, passant au sreng, ce qui confirma à ses amis qu’il n’était pas sensé en parler, il ne devait pas vouloir que les gardes de Blaiddyd et de Fraldarius comprennent ces dires. Je crois que cela à avoir avec le voyage qui se prépare. On doit se rendre en Duscur pour leur nouvel an, c’est le quatre de la lune des Guirlandes cette année. On doit aller dans leur ville sainte pour la visite diplomatique et effectuer un rituel qui marque le renouveau et l’entente, pour signer la fin des tensions.
– Vraiment ?! Tu ne nous l’avais pas dit ! S’exclama Félix dans la même langue.
– C’est ce que tu travailles les après-midis ? Ajouta Ingrid.
– Oui, mon père m’a dit d’éviter d’en parler car, ça pourrait tomber dans les mauvaises oreilles. C’est pour ça que je le dis en sreng, vu que peu de personne le parle.
– C’est clair que c’est risqué… marmonna Sylvain, pensif. Normalement, on évite d’envoyer le roi et son seul héritier à l’étranger. En plus, si j’ai bien compris, on est sur le point de s’entretuer avec eux, vu qu’un seigneur les a attaqués pour agrandir son territoire sur la frontière, et qu’il a tué des leurs.
– Pourtant, on est ami avec Duscur grâce à Lucine Dominic, lui rappela Ingrid. Il n’avait aucune raison de les attaquer ! C’est indigne d’un chevalier !
– D’après mon père, ça devrait aller justement parce qu’on est amis avec Duscur. Et il va aussi régler les problèmes avec Kleiman d’après lui. Ma tante Thècle travaille beaucoup dessus en ce moment pour faire en sorte qu’il ne fasse plus de mal à personne.
– Oui mais, son enquête a commencé il n’y a pas longtemps non ? Lui demanda le rouquin, l’air de plus en plus inquiet. C’est comme pour ce voyage, tu sais depuis combien de temps ils travaillent dessus ?
– Il y travaille depuis des mois avec le conseil de chef et la famille Zaindari, mais la chancellerie et les diplomates n’étaient pas au courant. Il a tout fait lui-même pour réduire les délais et qu’on trouve plus vite un terrain d’entente. Pour ce qui est du convoi, je crois que les préparatifs ont vraiment débuté que quand il l’a annoncé au conseil, même s’il avait aussi commencé à travailler dessus de son côté.
– Et bien… honnêtement, je sais qu’on s’entend avec Duscur mais bon, ça me semble vraiment rapide… il a fallu des mois de préparation avant que les rois srengs et Lambert se rencontrent, et c’était chez nous… ma mère m’a aussi raconté qu’il avait mis trois ans avant que mes grands-parents et le roi Ludovic tombent d’accord sur le contrat de mariage entre mes parents, raconta Sylvain. Ça m’a l’air assez précipité comme histoire…
– Mon père m’a dit le soir où est arrivé qu’ils allaient tous avoir beaucoup de travail dans les prochaines semaines, et qu’ils auraient des délais très courts et difficile à tenir… ma main au feu que c’était pour ce voyage à Duscur vu que c’est dans deux lunes… grogna Félix, le nez froncé, sentant l’énergie de la marque irradier dans son dos pour le rassurer. Rassure-moi, Lambert ne fait pas une autre connerie…
– Ta langue Félix ! Le rappela à l’ordre la blonde avec sévérité.
– T’appelle le sale coup avec Arundel comment ? Rétorqua-t-il, se souvenant de la morsure des brûlures dévorant sa peau et son cœur. Après les deux lunes que j’ai mis pour guérir, il ne l’avait toujours pas chassé loin de Dimitri ! Je ne veux pas qu’il risque encore la sécurité de Dimitri, de Glenn ou des autres ! Mon père et mon oncle aussi étaient mal ! Et plus personne n’a confiance en lui en Fraldarius à cause de ça ! Estelle est loin d’être la seule à dire qu’on serait mieux sans roi ! Faut qu’il fasse gaffe ! Rodrigue et Alix s’épuisent avec tout ça ! Nicola aussi !
– Moi aussi, j’ai de sérieux doutes, admit à son tour Sylvain. Je connais mieux les manières de négocier et de discuter avec les srengs, et leurs réactions sont forcément différentes de celle des duscuriens vu que leurs cultures sont différentes mais, ça me semble beaucoup trop rapide pour des négociations aussi importantes. Si je me fie à ce que tu dis, les préparatifs du convoi ont commencé il y a à peine deux semaines pour partir à la fin du mois prochain, c’est vraiment court, surtout si personne n’était au courant. Je comprends pourquoi ma mère était comme ça d’un coup… c’est la première fois que je la voie exprimer aussi sincèrement ce qu’elle pense, sans prendre deux tonnes de précautions pour que cela ne retombe pas sur Sreng… pour un sreng, voir quelqu’un qui ne parle à personne de ce qu’il va faire pour quelque chose d’aussi important et qui concerne tout le territoire, avant de les mettre au pied du mur où ils ne peuvent plus objecter sans créer d’autres problèmes, ce n’est pas très responsable, et encore moins respectable alors, elle ne le respecte pas en retour. Le faire, ce serait comme si elle s’insultait elle-même en se mettant à son niveau.
– Hum… elle n’a pas tort dans un sens, je n’aimerais pas non plus qu’on me dise du jour au lendemain quelque chose d’aussi important, surtout que tout le conseil doit aussi travailler dessus… admit Ingrid. Mon père aussi est épuisés… Frédérique a également beaucoup de travail alors que c’est encore qu’un scribe de la chancellerie… je comprends mieux… et je comprends mieux qu’il n’ait rien dit avant, il ne savait pas… tu es sûr que ça ira Dimitri ? Car honnêtement, ça me semble bizarre tout ça… je veux dire… quand on part pour Fhirdiad, on doit se préparer, et les préparatifs de la campagne de Sreng ont été beaucoup plus long alors, ça m’étonne que ce soit aussi court pour se rendre en visite diplomatique, surtout qu’un convoi royal mobilise beaucoup de monde…
– Hum… mon père assure que tout ira bien et que tout était normal quand je lui ai demandé alors, je pense… Cornélia ne donne pas vraiment son avis dessus et Patricia aussi… Cornélia dit que c’est parce qu’elles sont de l’Empire alors, elles ne peuvent pas trop donner leur avis sur les affaires faerghiennes. Je crois aussi qu’elle veut éviter d’énerver mon père car, il l’a beaucoup aidé et qu’elle lui en ait reconnaissante… j’ai aussi demandé à Rufus et il m’a dit de ne pas m’en faire, et que je devais faire confiance à mon père car, il faisait toujours tout pour que tout le monde soit satisfait…
– Ouais mais là, il fatigue tout le monde surtout, grogna Félix, le souvenir de ce jour au fond de la tête, accompagné par le visage fatigué de son père et de son oncle. J’espère pour lui qu’il ne recommence pas comme avec Volkhard sinon, je vais m’énerver s’il fait encore mal à papa et Alix ! Comme Glenn !
À la fin de leur entrainement, quand ils se séparèrent pour retourner dans leurs appartements respectifs, Félix le trouva vide, comme presque tous les jours depuis deux semaines. Glenn aidait les jumeaux et Nicola aujourd’hui, ils rentreraient tous tard. Il n’y avait que les chats qui déambulaient à gauche à droite, entrant et sortant par la petite trappe dans la porte. Aux vues du soleil, il ne rentrerait pas avant la nuit, et surement sans rien avaler ou pas grand-chose… il n'y aurait plus personne en cuisine quand ils finiraient… et en général, ils sautaient simplement leur repas, ce n’était pas des gros mangeurs dans la famille… ils lui avaient même dit de ne pas les attendre pour souper, même s’ils faisaient tout pour manger le matin avec lui, pour avoir au moins quelques instants en famille…
« Ils ne m’en ont pas parlé alors, ils ne doivent pas vouloir que je m’en mêle… mais au moins… »
Il ressortit tout de suite de leurs appartements, une idée en tête.
Le soir, alors qu’ils rentraient bien après la sonnerie des vêpres, Rodrigue, Alix, Glenn et Nicola trouvèrent leur repas sur la grande table, tous les plats fermés avec couvercle pour éviter qu’un des chats ne mettent son nez dedans, avec une théière pleine à l’odeur, gardée au chaud dans une grosse écharpe. Félix était allongé sur le banc encore assez large pour qu’il y tienne sans difficulté, ayant aussi hérité de la petite taille de Félicia, endormi dans ses vêtements du soir. La seule assiette sale était près de lui, Lunaire lapant encore la surface, même si elle fila quand ils rentrèrent, prises sur le fait.
Malgré la fatigue, l’inquiétude et la tension dû au travail, ils arrivèrent tous à sourire, touché par l’intention. Rodrigue s’approcha de son cadet, lui embrassant la tempe pour le réveiller doucement. Félix frissonna un peu, puis ouvrit ses grands yeux d’ambre, avant d’assurer en les voyant, ce qui fit sourire son père.
« Je viens juste de m’endormir, je jure…
– Ne t’en fais pas, on comprend, lui assura Alix avec la même expression que son jumeau. On devrait tous être au lit depuis longtemps… tu es allé chercher tout ça ?
– Hum… oui, vous rentrez toujours trop tard pour qu’il y ait encore quelqu’un et soit vous ne mangez pas, soit vous mangez à peine alors, je suis allé chercher votre souper…
– C’est très gentil petit frère, lui assura Glenn. Surtout que tout ça ouvre l’appétit, je meure de faim maintenant !
– Alors, oublie pas de manger… rétorqua-t-il en rassemblant ses forces pour se redresser et s’asseoir correctement.
– On va essayer. Merci beaucoup pour nous avoir amené notre souper, le remercia à son tour son père. J’espère qu’on ne t’a pas trop fait attendre.
– Non… j’ai juste eu le temps d’avoir un peu faim alors, j’ai mangé, c’est tout. J’ai même pas eu le temps de ranger mon coffre… je le ferais demain, promis… marmonna-t-il, même s’il savait tous que son coffre resterait un bazar soigneusement organisé et ignoré tant qu’il s’y retrouvait. Vous êtes tous tout le temps fatigué ces derniers temps, je voulais aider.
– C’est vrai que nous sommes débordés, admit Rodrigue, un peu gêné. Pardonne-nous de t’inquiéter… on préférerait ne pas t’impliquer là-dedans…
– Raison de plus pour que je m’occupe de monter le souper. Vous avez assez de travail comme ça.
Nicola arriva à rire un peu, touché et nostalgique.
– Cela me rappelle d’autres petits loups qui voulaient toujours aider leur mère débordée… merci beaucoup louveteau.
Les adultes s’assirent autour de la table et dévorèrent leur repas après l’avoir fait réchauffer avec un sort de feu, n’en laissant aucune miette tellement la journée les avait affamés. Ils n’avaient pratiquement pas touché terre depuis ce matin… entre les réunions, les ordres à faire, les commandes, l’établissement de l’itinéraire le plus sûr, les préparatifs purement politique et diplomatiques, les arguments, les discours… le tout en essayant de convaincre un maximum de monde de faire barrage à cette folie, ils avaient à peine le temps de respirer… trouver un repas frais leur mettait du baume au cœur…
Félix luttait vaillamment contre le sommeil afin de rester un peu plus avec eux mais, c’était évident qu’il allait s’endormir dès qu’il serait dans son lit, comme eux tous. Personne ne fit attendre sa couverture, trop fatigués pour ça.
Félix se glissa sous ses draps, soufflant à son père et son frère juste à côté de lui.
« Dimitri nous a dits… il nous a dits qu’il partirait pour Duscur à la fin du mois prochain… et que ça faisait même pas deux semaines que vous étiez au courant… c’est pour ça que vous travaillez autant ?
Rodrigue eut du mal à cacher sa gêne, ne voulant pas impliquer son cadet, pas encore plus mais, c’était trop tard maintenant… il savait l’essentiel après tout…
– Oui, admit-il. C’est sur ça qu’on travaille, même si c’est tenu au secret normalement…
– Hum… c’est trop court pour tout faire, non ? D’après Sylvain, pour les négociations avec Sreng, les préparatifs étaient beaucoup plus longs… pas juste deux lunes alors que là, c’est notre faute si des gens sont morts… pourquoi vous n’avez pas plus de temps ? Vous ne pouvez pas déplacer ?
– Non, la date est trop chargée symboliquement pour qu’on la déplace alors, nous n’avons pas d’autres choix que de faire en sorte que tout soit prêt pour le départ…
– Et Dimitri doit forcément y aller ? C’est dangereux… et tu vas aussi y aller Glenn ?
– Oui, encore à cause d’un symbole pour dire que l’amitié entre Duscur et Faerghus revit ou quelque chose comme ça. Et oui, je vais aussi y aller, confirma Glenn avant de lui expliquer. Un d’entre nous doit être présent et je fais partie de la garde rapprochée de Dimitri après tout. Nicola aussi vient.
– Tu ne peux pas rester ici ou à la maison ? Nicola aussi ? Ça a vraiment l’air de sentir mauvais… d’après Dimitri, Rufus dit qu’il faut faire confiance à Lambert mais bon, il est pas malin et Lambert, j’ai pas envie de lui faire confiance… pas après Volkhard… et s’il tombait sur un autre type comme lui ?
– C’est justement pour ça que j’y vais aussi, pour protéger Dimitri des types du genre d’Arundel. En plus, ça lui ferait de la peine s’il arrivait quelque chose à son père alors, je le protégerais au passage. Nicola sera aussi là pour le rappeler à l’ordre et l’empêcher de faire de trop grosses conneries à l’heure. Avec Kimon et Myrina Charon, on devrait réussir à le garder sous contrôle, lui assura son grand frère avec autant d’aplomb que possible.
Félix hocha un peu la tête, vaincu par le sommeil alors qu’il s’endormait en marmonnant.
– D’accord… mais tu reviens… et tu t’entraineras encore avec moi…
– Bien sûr petit frère… souffla-t-il en remontant la couverture sur ses épaules, le protégeant de la fraicheur du printemps.
Glenn resta immobile un instant, regardant son frère déjà profondément endormir, un léger ronron sortant de sa poitrine.
– Il a encore un visage d’enfant… souffla-t-il à voix basse, grave. Il a les joues toutes rondes et une voix aigüe… il est aussi si petit…
– Oui, la puberté arrive souvent assez tard dans notre famille, tu n’as fait la tienne que quand tu avais pratiquement quatorze ans… peut-être pour cette année… après tout, il n’a treize ans que depuis deux mois, et normalement, il devrait les avoir ce mois-ci s’il était né à l’heure, lui rappela Rodrigue. Même si pour la taille, c’est surement parce que vous tenez de Félicia, elle était toute menue…
– Oui… je me souviens un peu que quand elle était encore là, tu pouvais la porter sans soucis à travers toute la forteresse si elle se sentait mal… dire qu’il va avoir quatorze ans à la fin de l’année… je m’entrainais pour entrer dans la garde royale à ce moment-là… s’il ne devait pas être le prochain duc, je suis sûr que lui aussi serait en train de s’entrainer pour y entrer, il progresse à une vitesse folle en magie… je m’arrête une seconde de m’entrainer et il va me battre à plat de couture tellement il travaille… sourit-il avec fierté avant d’ajouter, plus sombre. Mais, j’ai l’impression qu’il grandit trop vite… il est encore tout petit… c’est encore un louveteau…
– Vous grandissez tous à votre rythme, même si vous semblez aussi avancer toujours trop vite. Tu as toujours été pressé, et Félix aussi… même si on préférerait tous qu’il reste encore un peu un louveteau, admit leur père.
Le regard de Glenn se perdit un peu dans l’obscurité, la faible lueur de la chandelle luisant dans ses yeux bleus mais, elle ne suffisait pas pour cacher l’inquiétude qui troublait ses prunelles d’eau.
– Dire que dans quatre ans, il va aller à Garreg Mach, puis il t’aidera avec le fief puis, il sera déjà adulte chez nous et pourra devenir duc… ça semble être pour demain… encore plus en ce moment… on courre tellement que le temps semble aller plus vite…
– C’est vrai… même s’il deviendra surement duc quand il sera plus vieux, j’ai encore quelques années devant moi… on ne vit pas très vieux dans la famille mais… pas pour des raisons de santé… je prie la Déesse pour qu’il vive sa jeunesse aussi tranquillement qu’il le pourra…
– J’espère… souffla-t-il en passant sa main dans les cheveux nattés de son frère. Même si… hein…
Il se tut, les yeux à nouveau dans le vague. Rodrigue pouvait presque l’entendre réfléchir à toute vitesse d’ici.
– Qu’est-ce qu’il y a Glenn ? Quelque chose te tracasse, je le voie bien, lui demanda-t-il, attentif et inquiet. Qu’est-ce qui t’arrive ?
– C’est juste… hum… son ainé se renfrogna un peu. Ça ne va pas te plaire…
– Te voir dans cet état me plait encore moins. Tu peux tout me dire, toujours. Même si cela me déplait, je t’écouterais et j’essayerais de t’aider autant que possible, que ce soit pour te conseiller de persévérer ou pour t’en dissuader.
Son fils ainé hésita encore une seconde avant de lâcher, regardant un peu de côté avant de le fixer dans les yeux.
– Je me disais que lui aussi, il devra servir Lambert et subir ses caprices. Ce chien idiot a une santé de fer, et les idiots ne tombent jamais malades, c’est à ça qu’on les reconnait avec le fait qu’il ne change jamais d’avis… et si la santé tient, les Blaiddyd vivent vieux à notre différence… Félix va devoir le subir lui aussi… sa main se resserra en poing sur son genou. Je ne veux pas qu’il mette mon petit frère en danger ou dans une situation pareille… Félix sera aussi au service de Dimitri mais, si on est sous ses ordres à lui, on est forcément sous ceux du roi dont les ordres prime sur ceux du prince… dans tous les cas, si on sert Dimitri, on sert aussi Lambert… … … Félix mérite mieux que de servir un chien idiot pareil, finit-il par lâcher après avoir pesé ses mots, regardant à nouveau son petit frère, en train de dormir tranquillement. Il est emporté, borné et s’inquiète facilement pour ceux qu’il aime mais, il est perspicace, déterminé, travailleur, dévoué à la tâche et à ses amis, tenace même face à la mort, et il n’hésite pas à appeler un chien un chien. Je ne veux pas que ses nerfs craquent car, il est obligé de servir un roi comme Lambert… cet idiot vous fait déjà assez de mal à vous deux en ne vous écoutant jamais, et il a fait assez de mal à Félix en défendant Arundel… les loups ne devraient pas servir un chien errant qui sait juste donner la patte à tout le monde… il ne vous mérite ni vous deux, ni lui… vous êtes trop compétents pour lui…
– Je n’ai pas l’intention de le laisser faire ce qu’il veut de Félix. Jamais.
Glenn releva les yeux vers son père. Il avait répondu sans attendre, sans une once d’hésitation. Son regard était comme sa voix, rempli de détermination, le calme dissimulant soigneusement les crocs prêts à être utilisés, prêts à mordre la moindre menace envers leur famille, l’attitude droite et inflexible tourné vers quelqu’un qui n’était pas là, protectrice avec eux. La dernière fois que Glenn avait vu son père comme ça, c’était quand ce maudit Arundel avait tenté de tuer Félix, toute personne essayant de les « calmer » avait été accueilli de cette manière, mélangeant cette froideur calme et l’attitude inflexible d’un loup défendant sa meute et sa tanière. Il ne se souvenait pas de sa grand-mère Aliénor et n’avait jamais connu Guillaume mais, d’après Nicola, Rodrigue ressemblait beaucoup à ses parents, surtout dans des moments comme celui-là.
« Les gens trouvent que c’est surtout Alix le loup de la famille et que Rodrigue est plus apprivoisé… s’ils savaient à quel point il se trompe, ils le sont tous les deux… papa est juste plus discret quand il commence à s’énerver… et il est comme Félix, quand il mord, il ne lâche pas… »
– Même si nous sommes toujours tous sous les ordres du roi, Félix ne rentrera pas dans la garde royale étant donné qu’il est mon héritier, continua-t-il, aucun de ses mots ne semblant hésitant. Il pourra rester plus facilement à Egua sans que nous ayons à nous justifier ou en appeler au Kyphonis Corpus. En tant que futur duc, il restera à mes côtés pour m’aider à m’occuper du fief tout en continuant sa formation. De plus, même s’il sera surement appelé par Dimitri en cas de besoin ou pour des occasions comme celle-ci, il sera surement plus âgé et il aura la force nécessaire pour refuser l’inacceptable avec notre soutien à tous, surtout que ce n’est pas dans les habitudes de Dimitri de faire quelque chose d’aussi important dans le dos des autres… » Il tourna ses yeux vers lui, les plantant dans les siens. « Et dans tous les cas, il sera bien plus difficile pour Lambert de forcer Félix à le suivre dans ses folies. Je ne le laisserais jamais faire, et lui apprendre une leçon en le laissant se débrouiller seul a déjà réussi une fois, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas à nouveau. La situation ne serait pas aussi grave, Alix et moi l’aurions déjà fait avec les Charon mais, cela reviendrait à abandonner le Royaume et à le trahir. Néanmoins, je ne compte pas le laisser faire ce qu’il veut de notre famille. Pas avant que Lambert ne se reprenne pas et arrête d’agir ainsi au mépris des conséquences…
Cette dernière phrase fut la seule tremblante, toutes les autres étant claires et sûres, déterminées. Et encore, Glenn sentait bien que son hésitation venait surtout du fait qu’il était triste d’en arriver là. Après tout, malgré ce qui était arrivé avec Arundel, Lambert restait leur ami de toujours et les jumeaux étaient très attachés à lui, même si le fait qu’il n’ait pas agi contre ce brûleur d’enfant les ait légitimement éloignés les uns des autres. Glenn sentait que c’était dur pour eux de savoir comment agir avec Lambert, et Alix avait perdu presque toute patience avec lui.
« Quand il lui disait qu’il ne voulait pas gérer une autre affaire « de l’asdrestien brûleur d’enfant », il ne plaisantait pas mais, ce chien idiot ne l’a évidemment pas compris… »
Pour son père, c’était plus difficile à cerner. Il était toujours très patient avec lui mais, c’était dans la nature de Rodrigue de l’être. À part avec Arundel et dans le bordel actuel, Glenn ne l’avait pratiquement jamais vu perdre son calme. Cependant, il ne laissait plus Félix ou Sylvain seuls avec des soldats de Lambert ou chargé de la surveillance de Dimitri, il y avait toujours un de leur fidèle pour veiller sur eux. Les gardes de Fhirdiad l’avaient pris assez mal pour les plus hauts-gradés ou ceux issus de la noblesse mais, les roturiers et les petites mains comprenaient parfaitement le mouvement après ce qui s’était passé, Jacques le premier. Pour les nobles, leur famille devait être constitués de gentils toutous, tout juste bon à remuer la queue devant le roi sans réfléchir, obéissant à ses moindres désirs en attendant une caresse ou une petite récompense… ils oubliaient que l’animal sur leur blason était un loup bien avant la naissance de Guillaume, depuis Kyphon qui était très protecteur avec sa fille unique Clothilde, et que leur famille restait quand même la deuxième plus puissante du Royaume, avec un fief grand et sain, de plus en plus proches de la famille royale… il y aurait même eu des rumeurs selon laquelle le roi Ludovic espérait que ce soit l’un des jumeaux qui soient élus pour lui succéder… la famille du loup n’avait de compte à rendre qu’à son fief et à ses ancêtres au final. Ils pouvaient être dévoués mais, c’était un dévouement qui se gagnaient à la sueur du front royal. Ludovic l’avait eu de Guillaume et Aliénor, et Lambert l’avaient eu des jumeaux pendant un temps mais, il fallait qu’il reste à la hauteur pour le mériter.
– Tant mieux, finit-il par déclarer. Il sera en sécurité comme ça, et il est déjà un louveteau qui réfléchit bien, quand il ne fonce pas pour aider ses amis ou quand on le provoque. On n’est pas des chiens dans la famille, mais la meute s’entraide toujours.
– C’est le portrait de Félicia jusqu’au bout, arriva à sourire Rodrigue, passant ses doigts sur son alliance en les regardant tous les deux avec tendresse. Elle pouvait foncer sans réfléchir à sa propre sécurité ou à son cœur pour aider les autres, tant qu’elle était la seule à se mettre en danger. Je suis sûre que Félix et elle se seraient très bien entendu s’ils avaient pu se rencontrer…
– De ce dont je me souviens, ça ressemble bien à maman… lui rendit Glenn.
« Mmmmmhhhhnnn… Félix remua dans son sommeil, s’étalant comme un chaton dans son lit en ronronnant. Glenn… vient jouer… papa… Alix… aussi… »
Ses ainés rirent à ses mots, fondant encore et encore pour leur cadet. Glenn se redressa et l’embrassa en soufflant, passant sa main sur sa tête.
– Promis, on jouera tous ensemble dès que cet enfer sera fini…
Rodrigue le reborda, remontant la couverture jusqu’à ses épaules pour le protéger de la fraicheur du début du printemps, tout en priant pour lui.
– Que la Déesse et Félicia veillent sur toi jusque dans tes rêves, et puisses-tu encore rester un louveteau au sommeil tranquille pendant quelques années de plus.
Il posa à son tour un baiser sur son front, espérant encore et encore que bientôt, plus rien ne perturberait leur sommeil à tous et n’inquiète son louveteau.
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Chapitre 30
Même si les jours s’allongeaient à cette période de l’année, les journées semblaient désespérément courtes pour les Fraldarius mais, d’un autre côté, elles devenaient de plus en plus éreintantes alors que la date fatidique se rapprochait. Encore trois semaines avaient cavalé à toute vitesse… eux aussi… tout le monde… ils avaient tous tellement de travail qu’ils en dormaient à peine la nuit…
Rodrigue et Alix faisaient ce qu’ils pouvaient pour tout organiser, même si leur répugnance à le faire, à juste l’idée que cette rencontre ait lieu, d’envoyer Glenn, Nicola et leurs fidèles ayant accepté de se sacrifier à la cause dans une rencontre aussi dangereuse les ralentissait, rendait leur travail plus bâclé encore que la course perpétuelle qu’ils courraient depuis plus d’un mois. Ils cavalaient de partout pour essayer de tout faire correctement, afin que le convoi soit le plus sûr et le mieux préparer possible, le tout en essayant de convaincre un maximum de monde de faire barrage. Cependant, plus ils se rapprochaient de la fin du mois, plus il serait difficile et risqué de refuser d’aller en Duscur. Ils en étaient au stade d’au moins empêcher que Dimitri parte mais, Lambert refusait d’écouter en disant que sa présence était nécessaire pour le rituel, alors qu’il serait si simple de le prétendre malade… ils soupçonnaient même certains Charon d’hésiter à glisser un peu de poison dans la nourriture de leur neveu, afin qu’il ne puisse pas se rendre en Duscur mais, c’était bien trop dangereux. La nourriture de la famille royale était goûtée avant qu’ils ne la mangent et même s’ils arrivaient à le faire, ils risquaient leur tête s’ils se faisaient prendre, et la faute de dosage n’était jamais loin. C’était bien trop dangereux pour eux, même si ça aurait pu fonctionner.
Nicola les aidait autant qu’il pouvait mais, il fatiguait également, surtout à son âge, et Glenn était soit avec eux pour les assister, soit au terrain d’entrainement pour s’exercer et entrainer les personnes de leur fief qui avaient accepté d’être dans le convoi ou avaient été désignés. Tout était tellement fait en catastrophe et au dernier moment que personne ne voulait y aller, il avait fallu tirer les malheureux au sort… leur fief devait envoyer beaucoup de soldats et d’aide dans ce convoi en vertu de la réciprocité du Kyphonis Corpus, même s’il n’était pas le seul dans ce cas. Dans certaines petites baronnies ou comtés pauvres, les seigneurs rechignaient tellement à envoyer une partie des quelques gens qu’ils avaient à leur service, qu’ils étaient allés chercher dans leurs prisons des criminels en attente de la corde ou des travaux forcés pour les envoyer là-bas. Même les mercenaires ne voulaient pas y aller, bien que le salaire soit intéressant, mais les Fraldarius comprenaient. Même pour tout l’or du monde, ils ne seraient pas allés en Duscur s’ils avaient eu le choix…
Rodrigue faisait ce qu’il pouvait pour tenir entre deux entretiens avec des fournisseurs, des envoyés des différents fiefs, vérifier le travail des autres, le sien, celui de Lambert… il était exténué… dormait très mal quand il pouvait… ni lui ni aucun d’entre eux ne savaient comme ils faisaient pour tenir… l’inquiétude et la prière que tout se passe aussi bien que possible surement… mais il fallait bien continuer et tout faire pour que tout se passe bien.
En plus, Félix était maintenant impliqué dans cette maudite histoire… pas en tant que personne qui décidait – la Déesse le préserve d’une telle responsabilité ! – mais, il s’occupait beaucoup d’eux, allant consciencieusement chercher leur repas, voir leur apportant dans leur étude quand ils travaillaient trop tard et que les domestiques étaient rentrés chez eux, mettaient les habits de nuit sur leur oreiller pour qu’ils n’oublient pas de se changer en se couchant, courraient de salle en salle pour leur apporter un peu de thé ou du pain pour leur redonner de l’énergie, voir poser la couverture qu’ils laissaient dans leur étude sur leur épaule quand ils s’endormaient dans leurs parchemins… son cadet dormait même plus en journée que pendant la nuit, la passant souvent à courir de partout pour leur apporter ce dont ils pourraient avoir besoin… Rodrigue avait eu beau lui dire qu’il n’avait pas à travailler ainsi, qu’il devrait retourner jouer ou s’entrainer avec ses amis, son louveteau n’en faisait qu’à sa tête… les Galatéa, Fregn et les Charon avaient les mêmes problèmes avec leurs plus jeunes qui s’impliquaient bien trop dans cette histoire, courant de partout pour aider leurs parents. Le seul qui écoutait son père qui lui disait qu’il n’avait pas à travailler là-dessus, c’était Dimitri mais bon, comme le dirait Alix : « Lambert est le seul qui pense que c’est une bonne idée et qui est content de travailler sur cette rencontre alors, c’est le seul à dormir sur ses deux oreilles. ».
Fregn faisait tout ce qu’elle pouvait pour les aider mais, elle était dans la même position que Cornélia en pire, c’était trop risqué qu’elle prenne part aux préparatifs. Elle pouvait perdre patience et prévenir ses sœurs si les choses tournaient encore plus mal, ce qui était déjà le cas en ce moment, même si elle gardait du mieux qu’elle pouvait son calme après sa mise en garde lors du premier conseil sur Duscur. Cornélia les aidait aussi dans la mesure du possible mais, elle ne pouvait guère donner son avis ni trop s’impliqué à cause de ses origines adrestiennes.
En fait, les pires à gérer en plus de tout le reste, c’était Lambert et Rufus. Le premier à cause de son optimisme démesuré qui le faisait croire que tout se passerait bien, même si tous les roturiers qui feraient partie du convoi et les seigneurs de l’Est étaient vent debout contre ce voyage, et le second pour soutenir mordicus son frère alors que si lui intervenait, son cadet se remettrait surement en question et arrêtait de s’obstiner… en attendant, il fallait tout faire pour que ce convoi soit le plus sûr possible…
Rodrigue ressortit d’entrevue avec les fournisseurs de vivres du convoi en compagnie d’Alix. Il se massa l’arête du nez, ses yeux le piquant de fatigue. La déesse soit louée, elle avait duré moins longtemps que prévu… peut-être que les marchands les avaient pris en pitié à cause de leur tête à faire peur. S’ils avaient dormi à eux tous plus de deux heures cette nuit et celles d’avant, cela tiendrait du miracle… ils marchaient tous les deux à peine droit…
« On a dix minutes de battement… Lambert aussi doit avoir fini sa propre entrevue avec les diplomates… je vais aller le voir…
– S’ils ne l’ont pas encore tué à coup de plumes d’oie… ils l’ont accueilli avec des chiffons imbibés d’encre quand ils ont su pour ses tractations avec Duscur, tellement sa « correspondance diplomatique » était un travail de tâcheron… lui rappela Alix avant d’ajouter. Tu veux tenter de lui parler ?
– Oui, je crois encore aux miracles… il nous a déjà écouté dans le passé, peut-être qu’il recommencera… j’espère surtout le convaincre de laisser Dimitri ici. Lambert, je me doute qu’il sera du voyage vu que c’est lui qui a tout orchestré mais, j’espère lui faire entendre raison sur Dimitri… c’est beaucoup trop dangereux que le roi et son unique héritier se rendent en territoire étranger, surtout dans une période pareille…
– Espérons-le…
– Vos Grâces ! Estelle les appela, accompagnée de Bernard, Jacques devant s’entrainer avec les autres soldats désignés pour accompagner le convoi, même si lui était volontaire. On a une délégation d’un comte de l’Est qui vient pour dire qu’ils seront trois à aller en Duscur au lieu de trente. Apparemment, leur seigneur « n’aurait pas assez d’homme à sacrifier dans cette balade stupide en Duscur ».
– Ce qu’on l’envie de pouvoir se permettre dire ça… on pourrait envoyer personne, on le ferait… grogna le cadet des jumeaux avant d’ajouter. Bon, je m’en charge, Lambert t’écoute souvent plus que moi et je suis plutôt doué pour ce genre de situation.
– D’accord, fait attention à ne pas trop les mordre, lui souhaita Rodrigue, alors que Bernard guidait Alix vers la délégation.
Lui-même prit le chemin inverse mais, son pas tremblant fit qu’Estelle le rattrapa un peu avant de demander, inquiète.
– Vous vous sentez bien ?
– Oui, ne vous en faites pas Estelle… je suis juste un peu fatigué…
– Juste un peu ? Vraiment ? On est tous sur le pont, même le louveteau mais, vous quatre avec le seigneur Alix, le Jeune Loup et le sieur Terrail, c’est nuit et jour. Vous devriez vous reposer un peu.
– Nous ne sommes pas les seuls à travailler autant, nous pouvons tenir. Vous faites également beaucoup d’effort, alors que vous êtes aussi contre ce voyage. Vous-même, vous ne faites rien pour alléger votre peine, alors que vous êtes la première à critiquer Lambert et son idée de se rendre en Duscur.
– Nous, on dort la nuit à votre différence, rétorqua-t-elle. Et c’est vrai, je déteste ce mec à ce stade. Il fait que mettre son propre peuple en danger pour faire ce qu’il veut. Je sais que c’est lui qui a fait les grands travaux d’assainissement, qu’il essaye de prendre parti pour les communes et les parlements bourgeois contre les seigneurs mais, il essaye toujours d’arranger tout le monde pour ces derniers, et je vais pas me faire aveugler par une mesure pour dire « ouais, le roi a toujours raison ». Depuis l’affaire du brûleur d’enfant, il enchaine les pires idées les unes après les autres, et la Déesse seule sait à quoi ressemblerait le Royaume si vous n’étiez pas là pour le contenir. Il pourrait crever, si ce n’est pas Rufus qui le remplace, très honnêtement, ça ne pourrait pas être pire à mon avis. Je lui obéis car vous le faites mais, le jour où vous arrêtez, j’hurle « à bas le roi » la première. Je vous respecte bien plus que lui, et je vous considère comme mes seuls seigneurs. C’est pour cela que je m’inquiète pour vous et votre santé, je n’ai pas envie qu’ils vous arrivent quoi que ce soit.
– Estelle… souffla Rodrigue, ne sachant pas trop quoi répondre à ses mots.
Qu’elle détestât Lambert n’était plus un secret pour personne dans leurs rangs à ce stade, tout comme le fait qu’elle pensait que leur duché serait bien mieux sans le roi mais, l’admettre aussi ouvertement était autre chose. Cela se savait, elle pourrait se faire attaquer et poursuivre pour rébellion et haute-trahison, et les jumeaux ne pourraient pas faire grand-chose pour la défendre, de peur que cela retombe sur eux et leur fief, ce dont elle était aussi parfaitement consciente. Qu’elle ose le dire avec autant de force et d’assurance devant lui était une marque de confiance. Vu la situation et le fait qu’ils n’arrivaient pas à faire changer d’avis Lambert, il n’était bien sûr de la mériter mais, même si ce n’était pas le cas, il continuerait à travailler de toute ses forces pour faire en sorte d’en être digne.
– Merci beaucoup pour votre sollicitude capitaine Duchesne. Je vais de nouveau tenter de faire entendre raison à Sa Majesté, afin qu’elle laisse Son Altesse à la capitale au lieu de l’emmener dans ce voyage périlleux. Prions pour qu’il accepte au moins de faire cette concession à l’opposition.
– Que la Déesse soit avec vous Votre Grâce, lui souhaita-t-elle en le laissant partir.
Rodrigue lui fit un signe de tête avant de se détourner, allant vers l’étude consacré aux relations étrangères d’où sortait Lambert. Encore heureux, il n’aurait pas à lui courir après dans le palais… et visiblement, l’entrevue s’était aussi bien déroulé que les autres, il en ressortait avec une joue maculée d’encre et quelques tâches sur ses habits, qu’il tentait d’essuyer avec son mouchoir, sans encore plus étalé le liquide noir coupé avec de la sève pour le rendre plus collant. Les diplomates avaient dû recommencer à lui envoyer des chiffons imbibés de leur outil de travail principal en le traitant de tâcheron… bref, comme quasiment à chaque fois que Lambert venait travailler avec eux, quand ils n’avaient pas passé une autre nuit blanche à tenter de rattraper toutes les erreurs que le roi avait faite dans sa correspondance… même alité pour cause de surmenage, Kimon continuait à travailler pour réparer les dégâts… Déesse… les Charon les lâchaient, toute l’administration du nord et de l’est lâchait Lambert au passage tellement tous étaient exténués… mais personne ne voulait laisser tomber les pauvres désignés forcés d’aller en Duscur… lâchez le voyage serait une haute-trahison envers le roi et le devoir des seigneurs de protéger les plus faibles et ceux dépendants d’eux… ils étaient tous comme des mouches piégés dans une toile d’araignée, soigneusement construite par Lambert à ce stade…
« Ah ! Rodrigue ! Le salua ce dernier en tentant de sourire, malgré le fait qu’il bataillait encore à enlever l’encre. Il y a un problème ? C’est rare que tu ne sois pas avec Alix depuis le mois dernier…
– En ce moment, tous les jours. Et justement, je voudrais te parler de ce voyage et de… de son Altesse », se corrigea-t-il. Même si la discussion était informelle, cela restait au sujet d’un voyage officiel, il devait rester proche de l’étiquette même s’ils se tutoyaient…
Lambert fit un peu la moue, l’air profondément ennuyé qu’il revienne à la charge pour encore tenter de le raisonner mais, Rodrigue refusait de laisser tomber. Pas si cela pouvait protéger plus de personne de cette folie et mettre Dimitri et toute sa suite avec lui en sécurité. Glenn, Nicola et la plupart de ses hommes seraient aussi en sécurité si le prince n’était pas du convoi… qu’aucun d’entre eux ne soit en danger… que ce jour ne se répète pas… qu’aucun d’entre eux ne rentre à la maison avant l’heure… qu’aucun d’eux ne rentre en dormant dans une « boite »…
– Rien de ce que tu pourras dire ne me fera changer d’avis, lui rappela-t-il dans un soupir, alors qu’il allait dans une petite cour à part pour discuter tranquillement. Tu le sais pourtant.
– Rien ne m’empêche d’essayer et de prier pour que mes mots te fassent entendre raison. La situation est trop grave pour que je n’essaye pas.
– Vraiment, tu te fais toujours beaucoup de trop de souci mon ami… rétorqua-t-il, essayant d’être apaisant même si son impatience se sentait toujours dans sa voix. Nous nous sommes toujours bien entendus avec Duscur, non ?
Rodrigue pouvait presque l’entendre penser « Ce n’est pas comme avec Albinéa. Cela ne se passera pas comme ce jour-là. » Évidemment, ce n’était pas historiquement comme avec Albinéa mais, les tensions d’aujourd’hui étaient toujours très fortes, autant que plus de trente ans auparavant. Il avait besoin de plus que des paroles creuses, dont il savait pertinemment qu’elles n’étaient suivies de rien de solide… beaucoup plus… surtout quand son propre fils était parmi les condamnés à y aller… Il fallait toujours bien se préparer dans les réunions diplomatiques, encore plus pendant les rencontres entre deux souverains, tout préparer au grain près, penser à tout et anticiper la moindre action possible des opposants, mêmes les plus inoffensifs et les plus fous… il fallait vraiment penser à tout, comme Ludovic, Guillaume et Aliénor l’avaient fait trente ans auparavant. Ils avaient pensé à tout… mais ça n’avait pas empêché Guillaume de revenir chez eux dans une boite… une zone d’ombre existait toujours… et à cause d’elle, son père était…
Le duc essaya de s’extirper de ses souvenirs, repoussant encore et encore le souvenir trop précis de la cour et le visage de Ludovic qui leur annonçait le pire, rester parfaitement net malgré les années alors que la voix de Guillaume avait été emporté comme du sable par les vagues du temps… évidemment que ce n’était pas les souvenirs heureux qui étaient impérissable… évidemment que c’était les pires, même quand on essayait de les enfermer dans une « boite »… et le voilà qui dérivait à nouveau… essayant de reprendre autant que possible son calme malgré tout, autant malgré sa fatigue que sa peur, Rodrigue ne cacha pas son scepticisme, Lambert continuant avec l’évidence et les chaines auxquels il les avait tous attachés.
– Tu es le mieux placé pour comprendre l’importance de ces négociations.
– Bien évidemment, mais… », admit-il malgré tout en tentant de contrôler au mieux sa voix, de garder son calme, de rester aussi maitre de ses émotions qu’Aliénor ou Ludovic. Déesse… si oncle Lud… si Sa Majesté Ludovic voyait dans quelle situation les avait mis son fils… il ne saurait imaginer sa réaction, mais il savait que Lambert aurait eu des chances de ne pas s’en ressortir en entier. « … que le roi en personne se déplace… comprend bien que c’est dangereux, lui rappela-t-il avant d’enchainer sur ce qui le comptait le plus aujourd’hui. De plus, Son Altesse est encore jeune. Si le pire devait arriver…
« …Il risque d’être blessé ou pire. Il risque de te perdre aussi. Dimitri est bien trop jeune pour être exposé à de tel danger, pour régner, et encore plus pour perdre son père et le voir lui aussi dans une boite… il a déjà perdu Héléna, il n’a jamais pu connaitre la femme et la reine brillante qu’était sa mère, ne le prive pas de son père et ne le force pas à subir une régence… … … Héléna ne voudrait pas que tu fasses cela… elle aurait été contre ce voyage en Duscur… elle aurait travaillé avec l’ensemble des diplomates nuit et jour s’il le fallait mais, elle aurait fait autrement, et tu le sais… elle aurait tout fait pour prendre le moins de risque possible… et surtout, si elle savait que tu emmenais votre fils unique que vous avez eu tant de mal à concevoir et qu’elle aimait tant droit dans le danger, elle se serait opposé à toi de toute ses forces… quitte à se battre à mains nues pour protéger son lionceau… »
Cependant, Lambert ne le laissa pas continuer, le coupant avant qu’il puisse dire tout cela, tout ce qu’il avait à lui dire avant que ce ne soit trop tard. Il déclara alors avec une assurance indécente, comme une évidence qu’il devrait connaitre alors que tous deux savaient que ce n’étaient jamais aussi simple.
– Même si le pire devait arriver, tout ira bien. C’est un garçon intelligent Rodrigue. Même s’il devait perdre son père, je sais qu’il deviendrait un homme bon et respectable.
Rodrigue ne sut pas vraiment ce qui lui arrivait, tout défilant dans son esprit d’un coup, les mots de son ami se répétant encore et encore dans sa tête en l’espace d’une poignée de seconde. Lambert aurait pu le poignarder à mort, le tuer encore et encore avec un percemaille semblable à un harpon, finir ce que ce sreng avait commencé et échoué à faire grâce à sa propre intervention miraculeuse, et brûlé ce qui restait de lui, que Rodrigue se serait senti mieux. Tout se mélangeait, la fatigue amalgamant autant ses réactions et les souvenirs de ce jour maudit…
« Même si le pire devait arriver, tout ira bien. C’est un garçon intelligent Rodrigue. Même s’il devait perdre son père, je sais qu’il deviendrait un homme bon et respectable. » Que… comment… comment pouvait-il dire une chose pareille ?! Il était roi ! Il ne pouvait pas parler ainsi ! Quel homme respectable pouvait seulement formulé des mots aussi atroces ?! Quel ami dirait cela à son ami d’enfance qu’il savait orphelin de père ?! Quel père pouvait parler ainsi de l’avenir de son enfant ?! Qui pouvait penser cela à part un chien idiot ou un chien errant qui se fichait de tout ?!
Le bruit du convoi sous les remparts, la joie de penser que papa reviendrait plus vite que prévu… qu’il arrivait avec la fin des ancolies au lieu du début des capucines… inconscient qu’ils ne trouveraient qu’une boite froide et silencieuse au lieu de sa chaleur et sa voix mélodieuse…
Même si le pire devait arriver… mais Lambert les jetait tous dans le danger ! Il courrait à toute vitesse dans le pire ! Il courrait sans réfléchir dans un territoire hostile ! Sans préparation ! Sans prévenir personne ! Sans demander à personne ! En se faisant presque haïr de tous ceux qui réfléchissaient un peu ! Il se jetait dans le danger et il emmenait tout le monde avec lui marcher sur des pieds-de-corbeaux chauffés au rouge ! Il emmenait toute une suite ! Il emmenait toute une escorte ! Il emmenait son propre fils unique ! Il emmenait son ainé à lui ! Lambert emmenait Glenn ! Il emmenait Nicola qui protégeait Glenn ! Il emmenait le fils ainé et le compère de l’orphelin dans cette folie ! Il n’y allait pas tout seul ! Et il agissait avec autant d’inconscience ?!
Cavaler dans les couloirs, descendre plus prudemment les escaliers trop hauts pour leurs petites jambes, se mettre d’accord sur leur plan pour mettre des fleurs dans sa longue natte toute douce, changer les fleurs qui la décorerait vraiment cette fois… inconscient qu’ils ne reverraient jamais les longues mèches noirs identiques aux leurs, enfermé pour toujours dans la boite…
C’était un garçon intelligent… mais… mais… d’où tout cela avait un rapport avec l’intelligence ?! D’où cela aidait quand on t’arrachait une des personnes à qui tu tenais le plus au monde ?! La personne que tu aimais de tout ton cœur et qui t’aimait avec le même amour démesuré, comme un loup avec sa portée, prêt à tout pour défendre la meute ?! La personne que tu aimais et admirait le plus avec sa compagne ?! Depuis quand l’intelligence… ce n’était même pas une question d’intelligence ! C’était une question de ne pas comprendre quand une boite arrivait à la place de son père ! Que son père soit dans une boite ! D’avoir l’impression d’être seul au monde en étant toujours deux ou trois ! Et Dimitri était tout seul ! Rufus serait détruit sans son petit frère ! Et ce n’était pas Patricia non plus qui pourrait remplacer Lambert ! Pas après qu’elle le repousse autant en lui interdisant de la voir sans Cornélia comme entremetteuse ! Pas dans ces conditions ! Jamais ! Dans aucune ! C’était juste se retrouver au milieu de chiens errants et de vautours voulant profiter de l’occasion trop belle pour s’engraisser ! Seule une louve avec des crocs et des griffes pouvaient faire face ! Pas une petite chienne incapable de comprendre avec quoi elle s’était aussi mariée en épousant Lambert, et ce à quoi elle avait consenti à renoncer en se mariant au roi du pays ennemi de son ancien époux ! Qu’est-ce que Lambert croyait ?! Que lors d’une régence, on ne voyait pas sa mère être sur le point de se faire enlever pour être marié de force afin de récupérer la tutelle de ses enfants et de leur fortune ?! Que des enfants ne voulaient pas aider à tout prix leur mère pour préserver l’héritage de leur père ? Quitte à agir comme des adultes alors qu’ils jouaient encore avec des chevaux en bois et que le chat était le cheval Mallet ? Que ce n’était pas vivre dans la peur de perdre quelqu’un d’autre ? Déesse ! Qu’est-ce que Lambert croyait ?!
La douleur de Ludovic… toutes ses difficultés à leur dire que leur papa ne sortirait pas de la boite… ne sortirait pas et ne souriait plus… ne chanterait plus… ne serait plus avec eux… que leur père ne reviendrait pas… qu’il resterait dans la boite… ne pas comprendre ses mots si vagues et abstraits, croire que leur papa dormait dans la boite et allait se réveiller… eux qui ne comprennent que quand Oncle Ludovic leur dit vraiment qu’il était mort… que Guillaume est mort comme un vrai chevalier… ils ne comprennent que la vérité et la réalité brute tellement ils voulaient que leur père soit là…
Même si Dimitri perdait son père, Lambert savait qu’il deviendrait un homme bon et respectable… mais il le serait aussi avec son père ! Sans connaitre la douleur de ne plus l’avoir à ses côtés ! Il lui arrivait quelque chose pendant le voyage, Dimitri risquait de le voir en plus ! Il risquait de voir son père être blessé ou pire ! C’était pourtant déjà une torture de le perdre sans le voir ! De n’avoir pas d’autres espoirs à part qu’il était auprès de la Déesse et veillait sur eux de loin ! Le désespoir de se dire qu’il ne veillerait plus sur eux en étant tout près, assez pour lui prendre la main et vivre avec lui ! À quel point cette réalité était difficile à accepter et à vivre !
Leurs petits poings se serrent, tapent contre la grande poitrine d’Oncle Ludovic, le traitant de menteur, qu’ils allaient le dire à papa, que papa arriverait pour le disputer, que papa sortirait de la boite pour le faire… niant qu’il ne ment jamais, toute sa peine de leur dire cela, de leur annoncer que Guillaume resterait dans la boite… le couvercle de la boite qui reste désespérément immobile et leur père silencieux pour la première fois de leur existence si longue à leurs yeux d’enfant… l’année qu’ils ont mis à comprendre tout cela… ces maudits feux follets qui les trompent en jouant sur leur vœu le plus cher de revoir leur papa encore une fois… au moins une dernière fois… s’accrocher aux mots de Ludovic pour que l’absence de papa ait un sens… que Guillaume est mort comme un vrai chevalier… pas loin pour rien… qu’ils feraient tout pour le rendre fier d’eux, autant lui que maman… que lui et Alix seraient d’aussi grands duc qu’eux…
Toute sa tête tournait si vite, s’enchainait dans son esprit en quelques fractions de secondes. Comme un moulin à aube dont les roues étaient entrainées dans un courant trop fort, brûlant la précieuse farine à l’intérieur, ne gardant que les pires parties sous les meules avec des cendres… la poussière prête à exploser à la moindre étincelle de trop…
Comment Lambert pouvait-il dire des choses aussi horribles ?
Comment pouvait-il nier le danger qu’il revienne dans une boite ?
Comment pouvait-il se moquer que son fils le voie dans une boite ?
Comment pouvait-il mettre en danger son fils à ce point ?
Comment pouvait-il lui dire cela avec autant d’assurance ?
Comment pouvait-il lui dire alors que Lambert savait que son propre père avait fini dans une boite ainsi ?
Comment pouvait-il lui dire alors qu’il avait eu ses deux parents jusqu’à l’âge adulte ? Qu’il n’avait jamais subi le deuil en étant enfant ? Qu’il n’avait jamais eu à subir une régence ?
Comment pouvait-il…
Et d’un coup, tout s’arrêta. Comme le meunier qui mettait la calle dans la dérivation pour bloquer l’eau en trop et stopper les roues, avant que les étincelles ne fassent exploser la poussière de farine. Rodrigue avait l’impression que son esprit était vidé, ses pensées trop saturées étant évacué d’un coup avec tout le reste. Il ne se souvenait même plus comment bouger… tout son corps refusait de le faire… comme enfermer dans une boite à sa taille… comme le ferait Glenn et Nicola si eux aussi ils finissaient dans une boite… comme le ferait Dimitri… comme le ferait tout le monde… Rodrigue avait l’impression de suffoquer tellement il n’avait plus de souffle ni de volonté, tout son esprit étant seulement tourné à faire fonctionner à nouveau ses poumons et son cœur malgré tout, malgré tous les coups de poignards donnés par Lambert et ses propres souvenirs qui le trahissaient. La seule chose qu’il avait encore en tête était une phrase, qu’il n’eut même pas la force de dire jusqu’au bout.
– Lambert… tu me fais peur…
Mais celui qu’il appelait pourtant encore son ami d’enfance malgré tout, malgré le temps, les difficultés, les brûlures et les Arundel… celui qu’il considérait comme son ami le plus proche après son propre frère jumeau… celui-là même qui lui avait sauvé la vie ne semblait pas remarqué son trouble, continuant comme si de rien n’était… comme si les pensées de Rodrigue ne venait pas de le lâcher, son corps avec… comme s’il n’était pas sur le point de se mettre à trembler de terreur en imaginant le moindre de ses mots et quelles nouvelles horreurs il allait lui vomir dessus…
– Toutefois… S’il devait un jour s’écarter du droit chemin et que je n’étais pas là pour le sermonner, promets-moi de t’en charger à ma place.
Rodrigue arriva à peine à traiter sa question… sermonner Dimitri à sa place… si Lambert ne le pouvait pas… si Lambert ne le pouvait plus… il savait lui-même que c’était dangereux… il ne lui demanderait pas ça sinon… il ne lui demanderait pas de prendre son rôle auprès de son fils s’il était si sûr de revenir vivant… pourquoi lui demander s’il était persuadé du contraire ? Il se sentait trembler de partout… tout se disloquait… l’orphelin crut qu’il allait s’effondrer… tomber aussi profondément qu’était la boite où dormait les os de son propre père assassiné… remplacer ses traits de peinture se substituant à ceux de chair perdus dans l’oubli et le temps par la blancheur de ses os et de son crâne, par ses côtes tailladé par la dague de ce fanatique, cassé et coupé à la place de celles du roi… Rodrigue était incapable de s’enlever cette image de la tête…
Ses frissons de terreur durent ressembler à un hochement de tête, une soumission silencieuse à sa volonté… un soulagement ignoble apparut sur le visage de Lambert, glaçant encore plus l’orphelin de l’intérieur, avant qu’il ne parte en le saluant d’un ton trop léger quand on l’appela pour régler une affaire. Surement une autre de ses conneries qu’il devait expliquer… en tout cas, il partit, le laissant seul…
Rodrigue n’avait aucune idée du temps qu’il avait passé là, presque immobile dans cette cour, l’esprit vide et le cœur poignardé… il finit par arriver à tenir ses bras tout contre lui, les serrant contre son corps avec ses mains pour tenter d’arrêter les tremblements de plus en plus forts… ce ne fut guère concluant… c’était même pire qu’avant…
Ces pieds finirent par accepter de bouger, retroussant chemin et avançant mécaniquement dans les couloirs du palais, heureusement vide… il n’arriva même pas à penser que c’était parce que tout le monde s’épuisait pour rendre la folie de Lambert moins dangereuse… avec le ballotement de ses pas incertains, une pensée arriva à émerger de l’abysse de son esprit… Alix… il devait trouver Alix… il devait absolument le trouver, il avait besoin de lui… et ne surtout pas tomber sur Félix ou Glenn… il refusait que ses louveteaux le voient dans cet état… il refusait de les inquiéter… il avait juste besoin de son jumeau… seulement lui… Déesse merci de lui avoir donné le trésor d’avoir un frère comme lui… il le retrouverait vite… il le retrouvait toujours… comme s’ils se tenaient encore par la main…
Il déambulait quand il entendit la voix d’Alix l’appeler, puis vit son frère courir vers lui… Nicola aussi… mais il ne voyait que son jumeau… Déesse, il se sentait déjà un tout petit mieux peu mieux rien qu’en le voyant venir vers lui.
« Rodrigue ! Par les Braves ! Tu es blafard ! Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Le questionna-t-il en le prenant par les épaules pour le soutenir. Je te cherchais de partout ! Je sentais que quelque chose n’allait pas ! Tu mettais tellement de temps !
Comme réponse, son frère s’accrocha à lui, s’encrant à lui comme un navire en pleine tempête, ne pouvant faillir quand il était avec lui…
– Parler… arriva-t-il à formuler, incapable de penser des phrases complètes. Juste toi… important… il a… Félix… Glenn… pas… surtout…
Il se tut, sentant le sel lui monter dans la bouche et sur la langue malgré la présence d’Alix, se débattant pour que tout ne déborde pas après cet enfer d’un mois pas encore terminé. Heureusement, son jumeau comprit, comme toujours et traduisit en le tirant avec lui vers leurs appartements.
– Dites qu’on est malade, on ne l’a pas encore fait et on doit parler tous les deux. C’est grave et ça concerne Lambert. Et s’il te plait Nicola, fait en sorte que Félix et Glenn ne viennent pas nous voir, pas avant qu’on se soit bien parler en tout cas.
– Bien sûr, répondit leur compère sans hésitation.
Rodrigue tenta de le remercier mais, aucun son ne sortit de sa bouche. Pas avant qu’Alix les ait ramenés, ait vérifier qu’ils étaient seuls et fermé la porte à clé, alors que son ainé s’accrochait toujours à lui comme quand ils étaient petits, puis qu’ils se soient assis tous les deux sur le banc. Rodrigue avait cru sentir un regard venant de leur chambre, mais elle était vide, Félix n’y rattrapait pas sa nuit… Déesse… son louveteau devait rattraper ses nuits à cause de la folie de Lambert… quel père horrible il faisait pour que cela arrive…
Alix passa sa main dans son dos, dans un geste simple vraiment apaisant, restant silencieux jusqu’à ce que les tremblements cessent enfin. Les pensées de Rodrigue arrêtèrent enfin de s’entrechoquer à cause d’eux, s’ordonnant légèrement pour que la discussion d’à l’instant redevienne claire… Déesse, ça faisait encore si mal, même en souvenir… après qu’il soit arrivé à lui faire boire un peu d’eau, Alix lui demanda, comme un écho de sa propre voix dans ses pensées… même s’ils entendaient des différences quand ils parlaient, les jumeaux savaient que leur voix était la même, c’était dur de savoir qui parlait s’ils disaient la même chose… toujours… toujours identique jusqu’au plus petit morceau d’eux-mêmes…
– Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Raconte-moi… Qu’est-ce que Lambert t’a dit pour te mettre dans cet état ?
– Je… je lui ai parlé de Duscur… comme je te l’avais dit… j’ai essayé de lui dire de ne pas emmener Dimitri… que c’était dangereux… encore… mais il m’a dit… que je m’en faisais trop… et surtout, il m’a dit… il m’a dit… Déesse… comment a-t-il pu dire une chose pareille… il… que…
Rodrigue se tut, sa langue refusant de prononcer de tels mots… il s’accrocha à Alix, trouvant du courage dans ses yeux, la force de les prononcer dans ses doigts liés aux siens depuis qu’ils dormaient dans le ventre de leur mère… avant de les vomir vite, comme si tout cela le rendait malade.
– « Même si le pire devait arriver, tout ira bien. C’est un garçon intelligent Rodrigue. Même s’il devait perdre son père, je sais qu’il deviendrait un homme bon et respectable »… … … sans hésiter ou douter une seule seconde…
Alix en devient aussi muet que lui, son visage passant de l’effarement, au blanc livide, avant de passer au rouge écarlate de la colère mélanger à la pâleur de l’inquiétude alors qu’il lui demandait, nouant ses mains avec les siennes.
– Il t’a dit ça ? À toi ?
Incapable de parler de peur de perdre encore plus ses moyens, son ainé hocha la tête, confirmation silencieuse de tout.
– Il te l’a dit alors qu’il sait qu’on est orphelin de père ? Et que lui ne l’est pas justement car, papa a donné sa vie pour protéger le sien ?
Un autre hochement de tête, les tremblements revenant sournoisement dans son dos, le piquant encore et encore en remontant le long de son échine.
– Et il ne voyait pas le problème ? Il ne se rendait pas compte qu’il venait de te vomir une horreur pareille dessus ?
– Non… arriva-t-il à articuler. Et… et il m’a demandé de remettre Dimitri dans le droit chemin s’il ne pouvait pas le faire lui-même…
– Ce qu’on peut traduire « si je finis tuer par ma connerie, fait mon boulot de père à ma place » ! Il a osé dire ça ?! Après t’avoir vomi que ce n’était pas grave de perdre son père ?! Alors qu’on a perdu Guillaume ?! Il se fout de notre gueule ! Et il prétend être notre ami ?! Ô Déesse… je comprends pourquoi tu es dans cet état… ajouta-t-il plus doucement, compréhensif comme jamais. Personne ne devrait entendre des horreurs pareilles…
– Je… je n’ai rien pu dire contre ça… j’avais l’impression que… que j’étais paralysé… je crois qu’il a pris mes tremblements pour une acceptation de le faire… évidemment, je le ferais s’il lui arrivait quelque chose et que Dimitri a besoin de moi mais… mais… mais ça fait tellement mal… je n’aurais jamais cru que…
Sa voix se brisa alors que les larmes le vainquirent et envahir ses joues, l’impression pitoyable d’être complètement impuissant contre elles et le roi le terrassant alors que Rodrigue s’affaissait, cachant son visage misérable dans ses mains.
– Lambert me fait peur…
Alix l’entoura de ses bras, formant un bouclier avec sa chaleur et son soutien. L’ainé s’attacha de toute ses forces à lui, cherchant cette protection toute simple et si forte contre son cadet en laissant toutes ses émotions, son anxiété, son inquiétude et sa fatigue avoir raison de lui et couler hors de son corps en nageant sur ses pleurs. Heureusement qu’il était là…
Aucun des deux ne savaient combien de temps cela avait duré mais, les jumeaux se figèrent à nouveau en entendant la dernière voix qu’il voulait entendre ici et maintenant, toute petite.
– Papa…
Rodrigue essaya d’essuyer ses larmes en vitesse avant de se retourner vers la porte de la chambre. Félix se tenait dans l’entrebâillement, visiblement peiné, ses propres larmes retenues de toutes ses forces… Déesse, il n’avait jamais voulu que son louveteau le voie dans cet état et angoisse encore plus !
– Félix… mais…
– Je… je venais de me réveiller quand vous êtes revenus… tu n’allais pas bien alors, je m’inquiétais pour toi… mais, Alix allait me faire sortir alors, je me suis caché dans mon coffre… il y a assez de bazar pour qu’on ne me voie pas dessous…
– Faut vraiment que tu le ranges celui-là… tu as donc tout entendu, soupira Alix.
– Je pense… et vue… mais c’est vrai ? Lambert t’a vraiment dit tout ça ? Il t’a dit tout ça alors que papi est mort quand vous étiez petit pour protéger le roi Ludovic ? Alors que tu lui disais de ne pas emmener Dimitri ?
– Oui… hein… je suis désolé… je n’aurais pas dû perdre mon sang-froid comme ça… je dois surement beaucoup t’inquièt…
– Non ! C’est pas à toi de t’excuser ! C’est Lambert qui agit mal ! Pas toi ! S’écria-t-il en le coupant. Et inquiète-toi pour toi ! C’est toi qui es blessé !
Son fils se précipita de la porte jusque dans ses bras, l’enlaçant de toutes ses forces… comme pour lui en donner un peu… lui qui en avait toujours eu tellement, même quand il était au plus mal… Rodrigue devrait prendre plus exemple sur sa ténacité… il lui répondit en lui rendant son geste, tentant de l’apaiser comme il pouvait et de le rassurer un peu…
Le père sentit un courant doux et apaisant le traverser, l’onde claire et fraiche lavant ses angoisses, délogeant les pensées sombres de son cœur et de son esprit par sa présence et son mouvement, lui rappelant son enfance à respirer l’air sain mêlé à l’eau toujours pure… la magie de guérison de Félix… plus il grandissait, plus elle ressemblait au lac et à leur ancêtre… sa magie était si forte… nul doute qu’il serait un des meilleurs magiciens de sa génération et un des plus fins bretteurs… son corps était aussi fort que lui…
– T’en veux pas papa… souffla-t-il en se serrant encore plus contre lui, la voix étouffée par la veste de son père. Tu fais tout correctement, c’est Lambert qui fait tout de travers et trop vite… tu es le meilleur papa… tu te débrouilles bien mieux que lui… pleure pas… je n’aime pas quand tu as mal…
Les mots de son louveteau lui mirent du baume au cœur, pansant un peu toutes les plaies que lui avait fait Lambert avec ces mots et sa présence… même si cela devrait plutôt être lui qui disait à son fils que ça irait, cela lui donnait des forces qu’il soit à ses côtés…
– Merci Félix… merci d’être là… souffla-t-il en lui rendant son étreinte, retrouvant un peu de calme en le serrant contre son cœur. Merci d’être là mon louveteau… merci pour tout…
Rodrigue garda Félix contre lui, se calmant petit à petit à ses côtés. S’il ne pouvait empêcher cette folie, il devait tout faire pour tenir, que tout se passe bien et que tout le monde ait le plus de chance de revenir en entier de ce voyage… que son louveteau n’ait plus jamais à s’inquiéter comme ça…
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     Chapitre 1
Lambert arriva à trouver quelques minutes pour discuter avec Patricia entre deux entrevues pour le voyage, heureux de pouvoir simplement parler avec elle seul à seul, sans qu’elle n’impose Cornélia entre eux. Elle semblait heureuse, plus souriante que jamais depuis qu’Arundel avait été exilé de Faerghus et avait ramené Edelgard dans l’Empire avec lui. Peut-être que tout s’améliorerait après le voyage… ils discutaient tranquillement, s’étant à peine vue ces dernières semaines quand soudain, on se mit à tambouriner à sa porte, les coups de poings faisant crier de douleur le bois avant que ses protestations ne soient couvertes par la voix d’Alix.
« Lambert ! Ouvre cette porte ! Je sais que t’es là ! T’as des choses à expliquer ! Ouvre-moi tout de suite !
– Oui ! J’arrive ! Répondit-il en se dirigeant vers la porte. Arrête de tambouriner comme ça ! Tu vas la casser !
– C’est ton nez que je vais casser oui ! On a beaucoup de choses à se dire !
Bon, au moins, ça confirmait qu’il était dans une colère noire… surement à cause du voyage diplomatique. Si Rodrigue arrivait à garder son calme, Alix était très souvent énervé contre lui en le traitant d’inconscient, même s’il ne l’avait jamais vu entrer dans une telle fureur pour quoi que ce soit, à part à cause d’Arundel. Cela devait vraiment être très grave…
Alix en était presque méconnaissable. Dès qu’il le vit, son visage se ferma, contenant à peine sa rage, ses yeux se plissèrent, focalisé sur lui comme ceux d’un loup sur sa proie, prêt à la courser pendant des jours et des nuits jusqu’à ce qu’elle tombe d’épuisement. C’était très grave et ça allait être très compliqué…
« Nicola serait là, je suis sûr qu’il dirait que tu ressembles à Guillaume comme deux gouttes d’eau… »
La voix d’Alix était basse, presque un grondement quand il déclara, froid comme un lac gelé alors que la fureur bouillonnait sous la surface.
– Faut qu’on parle. » Son regard coula dans toute la pièce, même si son corps restait complètement immobile, avant de se fixer sur Patricia, toujours assise dans son fauteuil. « Toi, tu sors, Cornélia aussi si elle te chaperonne encore, ordonna-t-il en entrant finalement, le pas sûr et silencieux, s’imposant dans la pièce sans se gêner. Je dois dire deux mots à ce qui nous sert de roi… seul. À ta différence, je lave mon linge sale avec juste la personne concernée sans ajouté un troisième parti.
Sa voix ne tolérait aucune réponse. Déesse, celle de Ludovic n’aurait rien eu à envier à une telle froideur !
Évidemment, Patricia obéit sans protester, filant vite avant de se prendre un autre coup de croc gratuitement. L’homme aux cheveux noirs la regarda s’exécuter en silence avant d’ajouter quand la porte dissimulée claqua, sans cacher une once de son mépris.
– Prends du bon temps ? Quelle chance. Tu t’en autorises un peu alors que de notre côté, on est tellement débordé qu’on ne dort plus la nuit et que même le louveteau rattrape les siennes. C’est bon ? J’espère que je n’interromps rien de plus important que de s’assurer que tout le monde revienne en entier de ta connerie…
– Ne commence pas comme ça Alix… soupira Lambert devant son attitude déplorable et ses insinuations calomnieuses. Je travaille aussi beaucoup sur la rencontre diplomatique avec Duscur et je fais tout mon possible pour que tout se passe bien. Je ne veux pas non plus que vous vous épuisiez tous ainsi. Je vous ai déjà dit mille fois à tous de prendre du repos.
– Oh… quelle gentillesse et grandes attentions de ta part, se moqua-t-il. Nous devrions tous dormir tranquillement sur nos deux oreilles comme tu le fais. C’est vrai, il ne nous reste plus que trois semaines pour faire… quoi ? L’équivalent de six mois à un an de travail ? Minimum ? Nous avons effectivement tout le temps du monde devant nous. Quelle prévenance…
– Car vous êtes tous persuadés que cette rencontre va tourner au fiasco…
– D’après les diplomates et Kimon, le désastre diplomatique est déjà acté. Tu es toujours aussi nul pour négocier et tu as fait montre de tes talents. Je sais que Félicia et Ivy sont de très bonnes négociatrices et marchandes mais, Félicia te plumait sans problème en étant très gentille avec toi, et Ivy, laisse tomber, elle te rachèterait le Royaume pour dix pièces d’or en deux minutes, et pour une noix en plus, elle se paye ta chemise en prime tellement elle te roulait dans la farine quand on s’entrainait à négocier à Garreg Mach. Son perroquet lui donne plus de fil à retordre que toi ! Héléna te tordrait le cou devant une incompétence pareille, encore plus si elle savait que tu emmènes son fils dans une embuscade gratuite pour tous nos ennemis. Ludovic aussi. Tu mets tout son royaume en danger pour rien.
– A force de le répéter, ça va vraiment arriver, surtout que vous êtes bien durs avec ceux qui sont historiquement nos alliés commerciaux et nos amis.
– On parle normalement. T’as pas d’amis en politique, t’as juste des alliés et des chiens errants qui veulent ta peau. Faut bien qu’on ramasse ta merde que t’as bien étalé de partout…
– C’est bon ? Tu as fini ? Le coupa-t-il, perdant déjà patience devant ses yeux méprisant et son venin. J’ai compris, t’es encore en colère à cause de ce voyage à Duscur. Dis-moi ce qui cloche que…
– Ce qui cloche ? Tout Ta Majesté.
– Tu vas me laisser finir ? De quoi tu veux me parler précisément ?
– De quoi je veux te parler précisément ? Répéta-t-il, de plus en plus furieux avant de le dire à nouveau. De quoi je veux te parler précisément ?! Car c’est pas évident ?! T’es encore plus stupide que je ne le pensais ma parole !
– Alix… marmonna-t-il en essayant de garder au mieux son calme devant son attitude. Non, je ne voie pas ce dont tu veux parler… Je ne lis pas dans les pensées, je ne suis pas ton vrai jumeau qui peut deviner ce à quoi tu penses car, vous êtes toujours collé et si tu n’as pas remarqué, tu ne me fais que des reproches ces derniers temps !
– Car tu le mérites pour nous avoir mis dans un merdier pareil et d’y entrainer tout le monde ! Je viens à cause de ce que tu as osé vomir sur Rodrigue ! Rugit Alix, tout croc dehors.
– Ce que j’ai… mais on a parlé normalement ! S’étonna-t-il.
– Oh ? Vraiment ? C’est pas ce que j’ai constaté ! Je l’ai retrouvé en état de choc ! Tu l’as complètement tétanisé !
– Quoi ?! Mais… mais non ! Je n’ai rien dit de si terrible ! Je t’assure ! Lui jura Lambert sans comprendre, et en essayant de se souvenir plus précisément de leur conversation de tout à l’heure. Il s’inquiétait pour Dimitri mais, je lui ai rappelé que même s’il y avait un problème, il s’en sortirait toujours et que…
– Justement, gronda-t-il.
– Justement quoi ?
– Rappelle-toi ce que tu as dit… fouille dans ta tête pleine de vide et rappelle-toi ce que tu as osé vomir sur mon frère…
Lambert ne voyait pas vraiment pourquoi ces mots avaient autant d’importance mais, devant le regard acéré d’Alix, il essaya de se souvenir de ce qu’il avait dit en début d’après-midi. Hérissé comme son ami l’était, il lui arracherait surement une main s’il voyait qu’il ne faisait pas d’effort pour se souvenir correctement de cette conversation.
– Hummm… il s’inquiétait pour Dimitri si le pire arrivait pendant le voyage. Vous le faites beaucoup tous les deux, surtout dans ce genre de situation alors, je lui ai rappelé que même si le pire arrivait, Dimitri s’en sortirait toujours, il a l’esprit vif d’Héléna. Je crois que je lui ai dit… « Même si le pire devait arriver, tout ira bien. C’est un garçon intelligent Rodrigue. Même s’il devait perdre son père, je sais qu’il deviendrait un homme bon et respectable »… ou quelque chose comme ça. Puis je lui ai demandé de veiller sur Dimitri et de le sermonner à ma place si je ne peux pas, ce qu’il a accepté d’un hochement de tête. Il n’y a aucune raison que cela se passe mal mais, comme vous le dites tout le temps, on ne sait jamais alors, je lui ai demandé de me rendre ce service. Je ne voie pas ce qui aurait pu le mettre en état de choc au point de le tétaniser…
– Car tu es un chien stupide. Putain… ! Tu ne voies vraiment pas ?! Y a rien qui te choque ?!
– Pas vraiment, je veux juste dire que Dimitri…
– Tu viens de dire que tu t’en fiches si Dimitri devient orphelin ! Que même s’il vit quelque chose d’aussi horrible que de perdre son père, il va s’en sortir ! Et tu oses dire ça à Rodrigue ! Tu le dis à nous alors qu’on l’est aussi !
– Mais… mais non ! Alix ! Là, c’est vous deux qui extrapoler et ramener tout à la mort de Guillaume ! Je voulais juste dire que j’avais confiance en Dimitri ! Je sais que même s’il me perd, il…
– Tu penses ça car toi, tu as la chance d’avoir perdu tes parents quand t’étais adulte ! Et les deux de maladies ! Aucun n’est mort assassiné… oh attend ! Ludovic n’a pas été assassiné car c’est notre père qui a pris le coup de poignard à sa place ! Lors d’une réunion diplomatique pour signer un traité de paix ! Aucune ressemblance avec la situation actuelle ! Et pas quand on avait vingt-cinq ans ! Nous, on en avait six et on s’est bouffé une régence dans la gueule ! C’est pas une question d’intelligence ou de sensiblerie ! C’est une question que c’est la pire chose au monde d’avoir pour seul souvenir clair de son père une boite de sapin !
– C’est parce que vous étiez petits, et vous vous en êtes très bien sorti. Regarde-toi et Rodrigue, vous êtes d’excellents ducs, des hommes respectables et aimé de tout votre fief et de Faerghus. Vous vous en êtes sorti malgré tout, tenta-t-il de le calmer malgré tout. Même si le pire devait arriver, Dimitri arriverait à se souvenir de moi autrement que dans un cercueil.
– Tu parles, c’est surtout qu’on avait la meilleure mère du monde et un excellent compère, ainsi que des personnes de confiance, même si on s’en est bouffé des chiens errants d’entrée de jeu ! Ça forge le caractère de faire son premier plaid à huit piges pour que ton fief ne se fasse pas dépecer car, t’es plus légitime que ta mère qui n’a pas le sang de son mari et du Brave dans les veines et que t’as une horde de chiens errants qui veulent son veuvage pour te voler ta tutelle, ton héritage et tes terres, voir ta vie en prime pour mettre leurs gosses à ta place ! Notre père a vécu la même chose en pire car lui, il était seul avec sa nourrice, les roturiers de notre fief, un tuteur jamais là, un Clovis assoiffé de sang qui aurait surement adoré que notre fief se retrouve sans duc pour le récupérer et il vivait chez les habitants d’Egua pour tenter de survivre aux voleurs de terres et aux profiteurs ! Bizarrement, ça lui a forgé le caractère de survivre comme ça ! Et c’est ça que tu veux pour ton fils ?! Tu veux lui infliger de vivre dans la peur constante de se faire assassiner ou voler en permanence ? Il arrive quelque chose pendant le voyage, Dimitri va le voir en plus ! Il t’arrive quelque chose, ton fils le verra ! Allez, dis-le juste que tu veux qu’il te voie te faire trouer la peau, ce sera plus honnête ! À ce stade, je serais presque tenté d’y croire !
– Alix ! Ça suffit ! S’exclama-t-il, outré par ses paroles. Tu dépasses les bornes !
– Je me met juste à ton niveau ! Tu as osé dire à mon frère que c’était pas grave d’être orphelin ! Qu’on peut s’en sortir aussi bien sans un de ses parents, voir sans les deux pour Dimitri car, si tu ne l’as remarqué, Héléna est morte depuis des années ! Alors que tu sais à quel point ça nous a faits souffrir quand Guillaume est mort ! T’étais aux premières loges ! T’étais aux premières loges pour voir à quel point c’était dur et que même avec la meilleure mère du monde, on est obligé de grandir à toute vitesse pour empêcher de se faire dévorer par des chiens errants ! Même un chien idiot comme toi devrait le comprendre ! Tes mots ont fait tellement de mal à Rodrigue que ça l’a ramener au jour où Ludovic a ramené la boite chez nous pour l’enterrer ! Tout s’est rejoué dans sa tête Tu l’as tétanisé ! C’est pas Rodrigue qui te disais « oui, je vais ENCORE faire ton travail à ta place quand tu te seras jeté dans la mort » ! C’est toi qui étais tellement égoïste et inconscient que tu ne l’as pas remarqué et a juste vu ce que tu voulais voir ! Lui, il tremblait de tous ses os tellement tu l’horrifiais et que tu lui faisais peur ! On a mis des heures à le calmer jusqu’au bout ! Félix l’a vu dans cet état en plus ! Il s’en fait déjà assez pour nous, on ne voulait pas en rajouter une couche ! Et t’as réussi à rendre Glenn encore plus furieux contre toi qu’il ne l’ait de base depuis qu’Arundel a tenté de tuer notre louveteau !
– Je sais, je sais que ça a été dur, et je te jure que je ne voulais pas lui faire mal à ce point, je te le promets Alix, et à Rodrigue aussi », lui assura plus doucement Lambert en essayant de poser ses mains sur ses épaules pour le calmer, comprenant un peu que ses mots avaient eu plus d’impact qu’il ne le pensait, ce n’était que des mots après tout… « Je ne m’en étais pas rendu compte… il était plus pale que d’habitude mais, il n’avait pas l’air de trembler à ce point… je ne voulais pas… et je suis désolé que Félix ait dû voir Rodrigue dans cet état… je te promet que je ne voulais pas que…
– C’est toujours la même chose et la même excuse avec toi, gronda-t-il en le repoussant sans hésiter, les bras croisés devant sa poitrine en signe de fermeture. « Je ne voulais pas », « je ne pensais pas », « je ne m’en suis pas rendu compte », « je ne recommencerais plus », « je vous écouterais la prochaine fois »… et à chaque fois, tu refais les mêmes conneries qu’on doit balayer derrière. C’est notre boulot de t’empêcher de faire des conneries dans la famille mais, c’est aussi le tien d’apprendre de tes erreurs pour ne plus les répéter au lieu de les refaire encore et encore en te disant que ça va encore passer par chance ! Et c’est pas qu’avec nous ! Tout le monde dit que ce voyage, c’est la pire idée du siècle ! Tout le monde est unanime à ce sujet et toi, au lieu de lâcher l’affaire car bon, après avoir lu ta correspondance, c’est bon, on va forcément les énerver quand on va dire que non, finalement, on ne peut pas tout leur céder et encore heureux, les duscuriens n’ont pas demandé notre chemise, tu t’obstines alors que tu vas jeter tout le convoi dans le danger, ton propre fils, Nicola et Glenn les premiers ! T’es pas tout seul à partir ! T’aurais pu partir tout seul avec juste ton baluchon, honnêtement, à ce stade, je ne t’en aurais pas empêcher histoire que tu te bouffes le mur une bonne fois pour toute mais, ça ne marche pas comme ça ! Tu vas avoir des gens avec toi ! Des gens qui ne veulent pas y aller mais qui se dévoue quand même car, faut le faire et que t’es le roi ! On ne peut pas te laisser partir tout seul ! Trouve-moi une personne – juste une personne ! – dans tout le Royaume qui veut de bonne foi que tu partes en Duscur, au lieu de juste enfin jeter Kleiman au cachot et de parlementer avec les duscuriens une fois que les enquêteurs lui auront fait un sort ?! Un ordre d’arrestation de ta part, il finit sous les barreaux avec ses hommes de mains, Thècle et ses collègues peuvent faire leur boulot correctement avec tout le temps qu’il leur faut au lieu de bâcler, on a une idée claire de tout ce qu’il a fait, on le juge et ensuite, là on va voir les duscuriens ! Voir on leur envoie vu que bon, le mec a quand même le sang de vingt-et-un de leurs frères et sœurs sur les mains, tu m’étonnes qu’ils doivent vouloir sa tête ! Voilà ! Simple, efficace et t’emmène personne dans un territoire qu’on connait mal et parfait pour une embuscade en période de tension !
– Les ordres d’arrestations avant une enquête et un procès, c’était la manière de faire de Ludovic, pas la mienne…
– …Qui avait bien raison de ne pas vouloir te laisser la couronne, il avait senti que t’allais être un putain d’incapable inconscient et égoïste ! Il avait bien raison de vouloir une monarchie élective ! Si je tenais le voleur de son testament et de ses travaux ! On les aurait eus, on ne serait pas dans cette situation pareille ! Tu n’emmènerais pas Glenn et Nicola à l’abattoir car, personne n’aurait été assez con pour t’élire roi !
– …Et, continua Lambert sans prendre compte de l’insulte, il y a des seigneurs de l’Ouest qui sont d’accord…
– Oui, les girouettes de l’Ouest qui te crachait dessus y a pas deux mois pour ne pas brûler de l’hérétique et d’en être un, d’un coup, ils sont d’accord avec ce voyage pacifique chez les polythéistes honorant le ciel et la terre de Duscur, et de participer à une fête religieuse à eux très loin des croyances intégristes de l’Église Occidentale. C’est pas du tout suspect ça. Ils n’auront surement rien à gagner là-dedans quand les négociations auront échoué et que le ton montrera encore. Je suis sûr qu’ils ont plein de très gentils bons bergers heureux de partir en mission pastorale, et qui vont se faire une joie d’aller expliquer le sens de la vie et de la paix de Seiros à coup de crosse aux païens duscuriens, comme Kleiman était censé le faire au lieu d’attaquer la frontière pour agrandir sa châtellenie selon Mateus. C’est d’excellents alliés, on est au niveau d’Arundel là ! Là où nous, on se prend des tombereaux d’insultes et de menace à peine voilées de leur part car soi-disant, on est des mauvais fils de Fraldarius vu qu’on ne te mange pas dans la main ! Comme si une maison comme la nôtre devait être au pied de qui que ce soit sans raison ! Comme si c’était dans les habitudes de notre famille d’être des chiens !
– Patricia aussi est d’accord pour dire que c’est une bonne idée. Elle est tellement enthousiaste à cette idée qu’elle va même nous accompagner, en tant que nourrice de Dimitri, je te rassure. Elle dit aussi que ce sera l’occasion de prendre un nouveau départ avec la nouvelle année.
– Attends… quoi ?!
Un instant de silence passa, avant qu’Alix ne se redresse d’un coup alors qu’il réalisait, hors de lui comme s’il venait de lui envoyer du poison en pleine figure. Tous ses muscles étaient tendus, comme prêt à lui bondir dessus pour l’égorger à mains nues, le foudroyant du regard avec un mélange de mépris, de colère et de détestation, les yeux plissés, les crocs découverts… un vrai loup fou de rage sur le point de lui arracher la gorge…
« Tu n’as pas les épaules pour être un roi ! Tu n’es pas fait pour ça ! Jamais je ne laisserais le Royaume entre les mains d’un inconscient comme toi ! Jamais ! »
– Non mais je rêve ! Dis-moi que j’ai mal entendu ou que je fais un cauchemar ! Tu as fait quoi là ?! Tu vas faire une réunion diplomatique pour sauver nos relations avec Duscur ou c’est un rendez-vous galant pour sauver ton couple ?! Tu vas emmener Glenn et Nicola en territoire hostile et dangereux car tu veux… rah !
Il leva d’un coup le poing dans sa direction mais, au lieu de le frapper comme Lambert sentait que le loup voulait le faire, il se contenta de le rabattre sur la table, la lumière de son emblème sortant de lui alors que le bois craquait en mille morceaux sous le poids de sa fureur. Son poing était rouge de son propre sang, blessé par les échardes mais, Alix ne lui laissa pas le droit de s’inquiéter, hachant avec une froideur mortelle.
– Je ne te l’ai pas mis dans la gueule juste parce que tu es le roi, car tu as eu l’excellente idée de céder aux traditionnalistes « pour que tout le monde soit satisfait » et a remis le crime de lèse-majesté en même temps que tu donnais plus de droit aux communes car bon, la cohérence dans ta politique, ça fait longtemps qu’on ne la cherche plus, alors que Ludovic l’avait aboli à la fin de sa vie car à ta différence, il allait au bout de ses idées. On a déjà assez d’ennemi qui persiffle qu’on est trop indépendant avec Rodrigue, alors qu’on ne fait notre devoir de duc envers notre peuple et qu’on te dit quand tu fais de la merde. Je tiens à ma tête et à ma famille. Je ne suis pas comme toi, je ne ferais rien qui pourrait la menacer.
– Alix… tenta-t-il encore. Ce n’est pas ce que tu crois… oui, Patricia vient mais, elle ne me l’a demandé qu’une fois qu’elle a su que cette réunion allait avoir lieu. Elle l’a su un peu avant vous mais, pas tant que ça, un mois ou à peine plus, grand maximum. Je te jure que…
– Tait-toi, on l’aurait su un mois avant, on aurait pu annuler plus facilement, gronda-t-il, le défiant du regard de le couper. Je ne veux plus rien entendre de ta part. Je vais sauver ce qui me reste d’estime pour toi et croire que tu profites juste de l’occasion, que tu ne l’as pas créé de toute pièce pour faire ce que voulait une femme qui défend un brûleur d’enfant, quitte à entrainer tout le monde dans ta folie… mais tu ne m’ôteras pas de l’idée que tu t’obstines à y aller justement parce que tu veux juste faire plaisir à ta chienne qui agit vraiment bizarrement car bon, y a pas deux mois, tu te lamentais encore que tu ne pouvais plus la voir sans Cornélia. Grrr… Héléna doit se retourner dans sa tombe ! Même au-delà de la réincarnation ! Elle s’est fait remplacer par une chienne irresponsable qui te pousse à mettre tout le monde en danger ! Votre fils compris ! Elle doit rêver de l’expulser de sa place et très loin de son fils de là où elle est, et de te refaire le portrait par la même occasion ! C’était pas une sœur guerrière et la descendante de la Flamme Passionnée pour rien ! Et Ludovic… Déesse, que tu fais honte à Ludovic ! Il a toujours fait passer le Royaume avant tout, même ce que lui voulait ! Il a toujours été un roi consciencieux et prudent, qui ne prenait jamais de risque inconsidéré et malgré tout, il a quand même perdu l’homme qu’il admirait le plus au monde et ça l’a tourmenté toute sa vie ! Il était même prêt à détrôner son propre père pour arrêter ses carnages, et à changer tout le système de succession pour ne plus avoir de roi comme Clovis ou toi sur le trône ! La tuberculose ne l’aurait pas vaincu avant, on serait dans une monarchie élective et tu ne serais surement pas roi à l’heure qui l’est ! On ne serait pas dans une situation pareille où quoi qu’on fasse, on fout en l’air quelque chose ! Tu lui fais honte alors qu’il n’est surement pas mort tranquille de base ! Tu m’étonnes qu’il se soit accroché à ce point alors qu’il souffrait le martyr… et maintenant, le royaume à qui il a tout donné est gouverné par… hum ! On est dans une farce grotesque ! Cracha-t-il en se détournant.
– Alix… tenta de le rattraper Lambert mais, le regard de loup qu’il lui lança de derrière son épaule le figea sur place, laissant une trainée écarlate derrière lui.
– Ne m’approche pas, lui ordonna-t-il. Tu ne serais pas roi, je ne perdrais plus mon temps avec un chien idiot comme toi. Je vais faire mon devoir car, faut bien que quelqu’un réfléchisse un peu dans ce foutu Royaume, même si tu mériterais qu’on te laisse finir de ruiner ton règne tout seul et de battre le cadavre de ton père à coup de pied. Rodrigue le fera aussi le connaissant car il est dévoué à la tâche, malgré le fait que tu viens de le poignarder avec un harpon et de cracher sur les os de notre père en te foutant des conséquences de tes actes sur tout le monde, que ce soit ceux sur ton peuple, tes amis, et même ton propre fils, mais ne t’attend à rien de plus de ma part que du professionnalisme et du mépris. Tu ne mérites rien de plus. »
Alix partit en claquant la porte sans attendre de répondre, laissant Lambert réfléchir à ses actes s’il en était capable, et il ne voulait pas respirer le même air que ce type plus longtemps. Entre ça, Arundel et le reste, il avait déjà été trop patient avec lui.
Il trouva Rodrigue avec Nicola et Glenn, ainsi que Félix qui somnolait sur ses genoux, afin de le forcer à ne pas bouger et de se reposer un peu. Quand leur compère était arrivé un peu plus tard dans l’après-midi avec le jeune loup après avoir échoué à le laisser en dehors de tout ça, et dès qu’il avait su ce qui s’était passé, il leur avait recommandé de rester un peu au calme cette après-midi, ce que les jumeaux avaient accepté. Ils ne l’avaient pas fait depuis le début de cet enfer et ils n’étaient pas en état pour prendre des décisions aussi importantes… ils avaient toujours été fusionnels, l’état émotionnel de l’un avait toujours un impact sur l’autre. L’un était vraiment l’autre, et l’autre était l’un…
Les yeux de son jumeau s’écarquillèrent en voyant son humeur et encore plus d’inquiétude en remarquant l’écarlate sur sa main. Alix lui assura tout de suite pour ne pas l’angoisser encore plus… enfin pas au sujet de la mauvaise chose.
« Mon poing a fini dans une table. Je voulais le mettre dans la gueule de ce connard mais, je me suis retenu, je tiens à ma tête et à notre famille, à sa différence, cracha-t-il.
– Je vais te soigner », dit-il tout de suite, s’agitant autant qu’il pouvait avec la tête de son cadet calé contre lui. Déesse, ce n’était qu’un louveteau… il était trop petit pour devoir se coller à son père afin qu’il se repose… mais au moins, il avait la chance d’en avoir un qui se souciait des conséquences de son comportement sur lui… déjà qu’il allait s’inquiéter à nouveau… il semblait trop épuisé par sa journée pour réagir mais, Alix voyait encore l’éclat de l’ambre dans ses yeux entrouverts, il avait forcément tout entendu… il faudrait attendre que la fatigue ait raison de lui pour s’expliquer, il en avait déjà trop dit en sa présence…
« Bouge pas, j’arrive. »
Après avoir dérangé un peu Glaïeul qui alla continuer sa sieste sur le dos d’Écharpe, il s’assit à côté de son frère et lui tendit son poing gauche. Rodrigue nettoya la plaie avec un peu d’eau qu’avait apporté Glenn, puis fit circuler sa magie de guérison dans sa chair. Même si c’était rarement une bonne nouvelle d’en avoir besoin, Alix avait toujours aimé la sensation de ses soins. Il avait l’impression qu’elle mêlait la fraicheur du lac et la chaleur humaine qui émanait de son frère, ça lui faisait penser à tous les bons moments avec lui… c’était apaisant…
Une fois l’os réparé et remis en place, son jumeau ne le lâcha pas, lui demandant en essayant de ne pas trembler après toutes les émotions de la journée, et avoir bien vérifié que le louveteau dormait vraiment sans faire semblant. C’était devenu sa spécialité ces dernières semaines quand il voulait savoir ce qui se passait pour mieux les aider.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Alix soupira en résumant l’échange qu’il venait d’avoir avec ce qui leur servait de roi, contenant au mieux qu’il pouvait sa rage et gardant sa voix basse. Félix dormait profondément à présent, ronronnant un peu sur les genoux de son père, il ne voulait pas risquer de le réveiller en parlant trop fort ou en le déplaçant et l’inquiéter encore plus pour eux à cause de des deniers évènements avec Lambert.
« … il me dégoute encore plus… cracha-t-il à la fin de son récit. Sa chienne savait pour cette catastrophe un mois avant nous, et il l’emmène pour renouer avec elle… il dit que ce n’était pas elle qui l’a poussé à y aller mais, je suis persuadé que le fait qu’elle veuille être du voyage le motive encore plus à y aller. Il n’a toujours pas compris que la situation de Patricia ne serait pas un tel bordel, elle l’aurait surement quitté après qu’il ait exilé à vie Arundel de Faerghus. Il ne veut pas l’admettre et il s’accroche à l’espoir que ça aille mieux alors que bon, le fait qu’elle refuse de lui parler seul à seul, c’est un énorme signal pour dire que leur couple est quasi mort, même si je ne suis pas spécialiste à ce sujet.
– C’est vrai que même s’ils se sont surement aimés, cela s’est détérioré entre eux au fil des années, surtout après qu’il ait exilé Arundel, ce qui a emmené sa fille loin d’elle. D’un côté, je ne peux que la comprendre, je n’aurais jamais pu supporter de vivre sans mes louveteaux, encore plus quand Félicia est morte, concéda Rodrigue en regardant ses fils, les bras de son cadet enroulé autour de sa taille. Cela doit être très dur pour elle de vivre loin de sa fille et de ne pas la voir grandir. Elle a frôlé l’espoir de pouvoir vivre à nouveau avec elle avant qu’elle ne lui soit arrachée à nouveau, je ne peux que comprendre sa colère… mais d’un autre, Edelgard ne pouvait pas rester, ce n’était qu’une autre excuse vivante pour Ionius d’attaquer, c’était beaucoup trop dangereux. Et les fhirdiadiens étaient déjà sur le point de se révolter car, Lambert avait mis trop de temps à décider du sort d’Arundel. Les deux devaient partir, et elle peut s’estimer heureuse que les habitants de la capitale n’aient pas fait justice eux-mêmes en allant chercher son frère chez lui pour le pendre. C’est normal qu’elle soit en colère d’avoir à nouveau perdu sa fille mais, elle a épousé le roi du pays ennemi au sien, elle savait que le Royaume allait passer avant ces désirs personnels. Elle a épousé deux souverains, elle devrait savoir que la raison d’État doit toujours primer sur les intérêts personnels, tout comme Lambert devrait aussi le savoir.
– Surtout qu’il a eu l’exemple de Sa Majesté Ludovic pour apprendre cette réalité, ajouta Nicola. Le Royaume comptait plus que tout pour son père, il est allé jusqu’à renverser le sien pour le protéger. C’était très risqué pour lui et ses soutiens qui comptaient tout de même Guillaume et Aliénor mais, il l’a fait car, il fallait que ce bain de sang s’arrête. Mais lui, il a plus souvent payé les conséquences de ses actes au lieu d’avoir une chance insolente…
– Là où Lambert fait tout l’inverse de son père, souligna le cadet des jumeaux. Quand je lui ai parlé de la solution qu’il enferme Kleiman avec un ordre d’arrestation pour que tout le monde travail plus facilement et avec plus de temps, il m’a dit que c’était les méthodes de son père, pas les siennes.
– Il oublie que si Sa Majesté Ludovic agissait ainsi, c’était qu’il avait de bonnes raisons, et surtout une politique claire qui ne déviait pas tous les jours selon qui lui faisait les yeux doux, marmonna leur compère.
– Donc, c’est aussi ça Duscur… on va tous partir dans ces montagnes, tous perdre du temps, de l’argent, de l’énergie, être loin de nos familles, risquer notre peau, être sur le qui-vive pendant des semaines… et on va aller là-bas, juste parce que le roi veut conter fleurette à sa femme ? Femme qui met tout le Royaume en danger si son ex sait qu’elle est là et veut la récupérer pour nous envahir ? Tout ça car, pour une fois, le roi a agi en roi responsable en chassant un criminel qui a failli tuer un gamin sur un coup de tête mais, ça a pas plu à sa chienne car l’exilé était son frère ? Il va mettre en danger tout le monde, dont son propre fils unique qu’il a eu avec une autre femme qu’il a aimé aussi, juste pour sauver son couple ? Il se fout de notre gueule ! Il se fout de la gueule de tout le Royaume ! C’est pas un roi ! C’est juste un chien idiot et le toutou de sa femme ! Autant dire tout de suite que c’est Patricia qui décide tout dans le Royaume ! À ce stade, ça ne m’étonnerait plus ! Fulmina Glenn en gardant sa voix aussi basse que possible, Félix remuant un peu sur les genoux de leur père.
Rodrigue passa sa main dans les cheveux de son cadet, espérant l’apaiser et attendit qu’il soit de nouveau profondément endormi pour prendre la parole. Il était très fatigué en ce moment, il ne mettait pas beaucoup de temps à sombrer à nouveau. Il s’angoissait trop pour eux… et bien trop pour un enfant…
– Pas qu’elle décide tout mais, elle a un pouvoir d’influence certain, le corrigea-t-il. Il l’écoute beaucoup donc, ses mots peuvent facilement le convaincre ou le faire changer d’avis.
– Déjà que c’est simple… marmonna son fils ainé. Je m’écouterais, je lui renverrais mon épée en pleine figure… j’ai juré de servir le Royaume, pas les caprices d’un chien idiot et de sa maitresse irresponsable, et la Déesse seule sait si elle ne reçoit pas des conseils de son cher et tendre frère qui s’amuse à brûler des gosses. Mais bon, le faire maintenant, ce serait comme demander à ce qu’on me coupe la tête pour haute trahison, je vais éviter. Je ne suis pas comme lui à me dire qu’un deuil ou la mort, c’est pas grave.
– Je comprends que le servir puisse vous dégouter à présent Jeune Loup mais, nous devons encore tenir, au moins jusqu’à la fin de ce cauchemar, lui conseilla Nicola. Pour le moment, la situation est trop délicate pour que l’on puisse s’autoriser des mouvements trop brusques et inconsidérés, surtout seuls. Il faudrait que d’autres grandes maisons nous suivent pour pouvoir tenter de jouer ce coup de dé, et nous ne pouvons guère compter sur la chance… pas sans préparation en tout cas. Les Charon pourraient être nos alliés tout comme Fregn peut être un atout imprévisible mais, nous sommes trop désorganisés pour pouvoir être efficace et le temps joue encore contre nous. C’est un coup de cartes bien trop risqué pour nous tous.
– Nicola a raison, le soutient Rodrigue. Nous marchons sur des œufs, il faut que nous restions prudents pour qu’ils ne nous arrivent rien, autant à notre famille qu’à notre fief. Nos ennemis sont nombreux à envier nos privilèges et notre place près du roi. Ce serait l’occasion rêvée pour nous détrousser. De plus et surtout, nous risquons beaucoup si nous nous opposons au roi dans une situation critique comme celle-ci. On pourrait nous accuser de ne pas respecter le Kyphonis Corpus et de haute-trahison, ce qui nous vaudrait à tous une condamnation à mort, autant notre famille que nos plus proches conseillers, lui rappela-t-il. Le seul épargné serait Félix car, il est mineur mais, la Déesse sait ce qui lui arriverait… il risquerait d’être envoyé dans une « bonne famille » afin de « l’éduquer correctement » ou laissez à son sort en portant le sceau des traitres à cause de nous… Nous devons au moins attendre que cet enfer passe pour commencer à nous concentrer sur cette question.
– Il n’a pas tort, chaque chose en son temps. En plus, Patricia nous déteste et c’est réciproque donc, elle sautera sur l’occasion pour se débarrasser de nous, il l’écoutera surement à ce stade si elle dit que nous sommes dangereux pour le Royaume. Il arrive quelque chose à notre famille, la couronne pourra récupérer nos terres pour les intégrer au domaine royal, et avoir un meilleur contrôle de point stratégique comme la côte du côté de l’Alliance. Nous sommes presque complètement autonomes de la couronne à ce stade, et nous pouvons être un contre-pouvoir sérieux alors, la disparition de notre famille et de notre fief pour le transformer en élément du domaine royal, se serait s’enlever une potentiel très grosse épine du pied pour les Blaiddyd. Je ne sais pas si Lambert voudra le faire mais, si on applique la loi, c’est ce qui arrivera, et il ne pourra pas trop abuser de son véto ou de sa capacité à gracier les condamnés sinon, il risquerait de se prendre des représailles de ses nouveaux alliés en pleine gueule… Même si bon, je suis sûr que nos sujets seront ravis d’avoir un ami de brûleurs d’enfants comme seigneur et que ça ne provoquera pas du tout des révoltes internes, rien que pour se tirer très loin de lui… cela pourrait provoquer le chaos et un état de guerre civile si cela arrivait alors, nos ennemis et ceux qui veulent notre perte doivent surement être aussi prudent que nous alors, ça nous laisse un peu de marge de manœuvre, même si nous devons aussi redoublé de vigilance. Tout Fraldarius veut mettre une mandale à Lambert mais, on le fera une fois le fiasco finit… marmonna Alix.
– Ce sera plus sage, confirma Nicola.
– Hum… bien, je vais serrer les dents, concéda Glenn. Je ne veux pas vous mettre en danger.
Rodrigue hocha la tête, avant de passer la main dans les cheveux de Félix qui se blottissait contre lui dans son sommeil. Un vrai petit chaton… son tout petit louveteau trop jeune pour connaitre un tel enfer… comme Glenn… il était adulte mais, il ne devrait pas avoir à subir une telle situation… personne…
– Il faut qu’on vous mette en sécurité dès que cela sera possible… murmura le père en passant ses bras autour de son petit pour le protéger de tout ce qui pourrait le menacer.
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       Chapitre 32
Lambert ouvrit les yeux devant un grand miroir, ne se reconnut pas. Un lion remplaçait son reflet, alors que des souris et des mulots s’affairaient derrière lui.
« J’ai l’impression d’être dans le roman de Renart… songea-t-il en fermant sa chemise pour continuer son rêve. C’est surement à cause de la fatigue et de la dispute… »
Il avala sa bile et ses regrets, se jurant encore d’aller s’expliquer dès que possible avec les jumeaux demain matin… s’ils acceptaient de vouloir l’écouter… pour Alix, c’était mal parti et pareil pour Rodrigue s’il avait été si choqué de ça par ses propos… il ne pensait vraiment pas que…
Enfin, son rêve ne le laissa penser plus loin, ses pieds bougeant tous seuls pour gagner le couloir. Il vit un ours qu’il reconnut comme étant Gustave qui l’attendait, déclarant d’entrée de jeu.
« Nos troupes ont été contraintes de reculer Votre Majesté.
– Nos troupes ? Répéta-t-il sans comprendre. Mais pour…
– Elles se sont fait piéger par une ruse de Nicola le Blaireau. Il s’est servi d’une sombre superstition pour effrayer nos hommes et les repousser alors qu’il faisait le siège de son fortin. Les loups Fraldarius étaient également en embuscade prêt à nous sauter à la gorge dès que nous avons perdu du terrain. Les pertes sont assez faibles mais, c’est surtout à cause du fait que beaucoup de nos hommes sont passés à l’ennemi.
– De… de quoi ?! Gustave ! Excusez-moi mais, je ne comprends rien ! Les Fraldarius ont toujours été à nos côtés ! On s’est disputé mais jamais…
– Vous êtes mal réveillé Votre Majesté, soupira-t-il. Après ce qui s’est passé à Duscur, ils se sont rebellés et ont décidé de faire sécession du Royaume.
– Ce qui… mais…
– Comme vous le savez, continua Gustave sans l’entendre. Le convoi a été attaqué, et si Son Altesse et vous-mêmes vous en êtes sorti, la grande majorité des nôtres a été décimé. Glenn et Nicola s’en sont sortis de peu et encore, le blaireau a perdu un bras et le jeune loup l’usage de ses jambes. Seul Fraldarius a réussi à le faire remarcher grâce au don de sang de son petit frère, même si cela l’a énormément affaibli, il est encore en convalescence d’après nos renseignements. Les Charon aussi ont pris leur suite et ont décidé de rejoindre leur félonie, le tout en entrainant Galatéa qui est bloqué entre leurs deux fiefs. Ils ont également emporté Son Altesse avec eux.
– Ils ont Dimitri ?! Ils m’ont pris mon fils ?! Mais comment !
– Oui, même s’ils ont obtenu légalement sa garde exclusive en tant que membre de sa famille maternelle. Ils prétendaient que vous le mettiez en danger inutilement et que vous étiez aussi irresponsable qu’inconscient et donc, inapte à l’élever. Cela n’aurait pas dû brouiller l’ordre de succession mais, les martres ont décidé de rejoindre la rébellion des Fraldarius alors, cela pose d’autant plus problème… avec ceci, l’hermine Fregn a décidé de divorcer et de rentrer chez elle avec Sylvain mais, devant le refus d’Isidore de mettre fin à leur mariage, elle a décidé de divorcer à la sreng. Ses sœurs sont descendues de leurs fjords et ont mis à sac la capitale des Gautier. Elle en a profité pour filer avec son fils pour rentrer chez elles. Les raids srengs menacent à présent tout le nord de Faerghus, surtout que ce sont des alliés des loups et des martres à présents… nous devons être extrêmement prudents.
Lambert ne comprenait plus rien… pourquoi son esprit lui faisait croire une chose pareille ?! Ce n’était pas possible ! ça n’arriverait jamais ! Les Fraldarius et les Charon ne pourraient…
« Es-tu satisfait ? »
Lambert se retourna et vit son père, le teint gris et les joues creusés, du sang tout autour de la bouche comme s’il venait de tousser à s’en arracher les poumons, son regard terne rempli d’inquiétude et de regret, tel qu’il était avant de mourir… non… il y avait autre chose… de la colère… de la déception… du mépris… dès que le lion l’avait réalisé, en un instant, Ludovic se métamorphosa. Il n’était plus courbé sous le poids de la tuberculose, mais droit et vaillant, le regard rempli de détermination et de morgue, portant l’habit traditionnel de Fhirdiad, Areadbhar à la main, la couronne de Loog ceignant ses cheveux d’or, à nouveau un jeune premier que la maladie n’avait pas encore miné de l’intérieur pour le faucher avant qu’il ne sorte de la force de l’âge… à nouveau, son père avait dix-huit ans, brandissait la Relique de leur famille qui semblait revivre entre ses doigts et hurlait, la voix forte et ferme, déterminé, sa froideur devenant un instant une flamme gelée et mortelle dans ses yeux, alors qu’il le défiait du regard après des années à recouvrir patiemment de glace froide à en brûler la peau sa colère et sa détermination, puis de les unir à celles d’autres afin accomplir ce qu’il estimait être son devoir de prince et de futur roi.
« Je suis prêt à tout pour le Royaume ! Je ferais n’importe quoi pour lui ! S’il faut que je marche sur le palais pour stopper le bain de sang de tes guerres, je le ferais sans hésiter pour le bien de mes sujets Père ! »
Il lui fonça dessus, s’élançant avec Areadbhar pour le transpercer comme cela avait failli arriver lors du coup d’État, une lueur meurtrière dans son regard, mélangeant détermination et désespoir que cette guerre perpétuelle s’achève enfin. Mais contrairement à son père, Lambert ne put que fermer les yeux en attendant le coup, incapable de s’opposer ainsi à Ludovic, encore plus de lui faire du mal. Ils se disputaient beaucoup et leurs personnalités étaient diamétralement opposées mais, malgré tout, il aimait son père et refusait de lever la main sur lui, même pour se défendre alors qu’il le prenait pour Clovis, même dans un cauchemar.
Cependant, aucune lance ou douleur ne le transperça, le sang ne coula pas. Quand le lion rouvrir les yeux, il n’était plus dans le palais en compagnie de Gustave, il était aux abords d’Egua, près du lac et du ponton de pierre où Félix emmenait souvent ses amis jouer et où il nageait tout le temps. Le petit, maintenant vrai louveteau, était là, en compagnie de Dimitri semblable à un lionceau, d’Ingrid l’oiselle et de Sylvain le goupil, ainsi que de Glenn, également devenu loup avec l’emblème de Fraldarius sur sa patte gauche. Ce dernier marchait difficilement dans l’eau, soutenu par sa fiancée et le rouquin, ce dernier étant habillé à la sreng mettant en valeur sa pelisse rousse, pendant que Dimitri tenait Félix immergé dans l’eau alors qu’il somnolait dans ses bras. Il ne semblait pas avoir assez d’énergie pour bouger seul, encore plus pale que d’habitude. S’il avait vraiment donner du sang à son frère pour que leur ancêtre sauve ses jambes, cela expliquait surement cette pâleur… il n’avait pas dû donner deux gouttes pour qu’un tel miracle ait lieu…
Lambert allait s’approcher pour tenter de leur parler et de comprendre ce qui se passait dans son rêve mais, un grondement l’en empêcha.
Les jumeaux venaient d’apparaître sous la forme de grands loups noirs, encore plus semblables qu’à l’ordinaire, une expression de fureur et de rage sur le museau. Lambert venait de trouver leur nid et leurs petits, et ils allaient lui faire payer pour cet affront en l’égorgeant en punition.
« Rodrigue… Alix… je vous jure, je peux vous expliquer…
– Toujours pareil… gronda Alix, reconnaissable à son habit vert, ses crocs et ses griffes brillants comme l’acier de ses flèches. On ne veut rien entendre ! On ne veut rien entendre ! On ne veut rien entendre !!! Pas de ta part ! Pas de la part d’un connard égoïste ! Tu as osé t’approcher de nos petits ! Tu nous le paieras ! »
Il se jeta sur lui et le mordit, lui arracha chair et os, faisant couler le sang sur le sol de la forêt. Le lion avait beau tenté de le repousser, il n’arrivait qu’à frapper dans le vide, incapable de contrer la fureur du loup noir qui le déchiquetait en mille morceaux. À nouveau, Lambert était incapable de se défendre, refusant de le faire. Un seul de ses coups de poings mal placé pouvait tuer un homme, rompre une nuque aussi facilement qu’on cassait une tige de fleur, il refusait de risquer d’arracher le crâne à Alix par mégarde ! Il leur avait fait assez de mal à tous les deux pour le restant du siècle hier !
Le grand loup noir finit par disparaitre, laissant Lambert étendu au sol, le corps entier à vif…
« Es-tu satisfait ? »
Cette fois, ce n’était pas la voix de Ludovic mais, celle de Rodrigue qui résonna autour du rêveur, lui posant la même question que le précédent roi. Il se redressa et le vit face à lui, à nouveau humain mais à présent, une couronne d’or ornait sa tête à la place de l’anneau ducal en argent, contrastant avec ses cheveux noirs, droit, calme comme toujours, le visage complètement neutre comme pouvait l’être celui du précédent roi… ce que son père aurait souhaité comme successeur… il ne faisait pas trop de mystère à ce sujet et il comprenait ce souhait… un roi calme et réfléchi, prudent, avisé, qui savait prendre des décisions difficiles et trancher les problèmes épineux, ayant une ligne politique claire proche de la sienne : le bien du plus grand nombre presque à tout prix… tout le contraire de ce qu’était Lambert… il ne voulait pas laisser le calcul et la froideur le guider comme pour Ludovic, même si cela le rendait plus erratique… il savait que son père avait régné d’une main de maitre et que son tempérament l’avait beaucoup aidé mais, il savait aussi que ce n’était pas la seule manière de faire… qu’il y avait d’autres moyens d’être un bon roi… une voie où il pouvait s’en sortir en arrangeant tout le monde autant de fois que cela était possible, et en écoutant toujours son cœur et ses émotions plutôt qu’une logique froide et implacable, comme une main de fer dans un gant de velours… Rodrigue était bien plus chaleureux que Ludovic, et de très loin mais, il savait aussi n’écouter que sa raison sans se faire distraire par ses émotions, tout comme Alix même si leur manière de l’exprimer différait…
S’approchant de lui, Lambert posa doucement ses mains redevenues humaines sur ses épaules en lui soufflant, sincère avec lui… il faudrait tellement qu’il lui dise quand il se réveillerait…
« Je suis désolé de t’avoir dit des choses aussi horribles et de ne pas m’être rendu compte que je te faisais aussi mal… ce n’était pas mon intention… tout ce que j’essayais de te dire, c’était que j’avais confiance en Dimitri, même si je m’y suis pris de la pire des manières possibles… je ne voulais pas te faire de la peine ou te rappeler la mort de Guillaume, je te le jure… je suis vraiment désolé de t’avoir ramené à ce jour-là… juste… juste… je veux juste te demander de me faire encore un peu confiance, d’accord ?
Rodrigue le repoussa, appuyant sa main sur sa poitrine pour le faire reculer, l’autre sur son propre cœur, le sachet de Félicia entre les doigts. Lambert obéit, ne voulant pas lui faire encore plus de mal.
Des larmes naquirent dans ses yeux, roulant sur ses joues alors qu’il lui demandait, le visage rempli de tristesse et de déception.
– Est-tu satisfait de mettre à nouveau en danger ma famille ?
Cela brisa le cœur de l’homme blond. Il détestait le voir pleurer, il détestait voir ses amis pleurer et être mal, surtout quand c’était de sa faute. Il n’avait jamais voulu leur faire autant de mal !
– Non ! Non ! S’il te plait Rodrigue ! Ne pleure pas ! Je ne voulais pas…
Il essaya de l’étreindre pour tenter de le consoler mais, ces bras ne trouvèrent que du vide, Rodrigue se dissolvant tout autour de lui dans un nuage de brume salée, le laissant seul dans un espace vide.
Des pas se fit entendre derrière lui, résonnant dans le noir… il se retourna et vit la silhouette éthérée d’Héléna avancer vers lui, sa longue crinière de boucles blondes auréolant sa tête, portant son armure de sœur guerrière frappé aux armes des Charon, comme son ancêtre Sybilles Charon lors de la guerre du Lion et de l’Aigle, comme aurait combattu Charon elle-même, à main nue et sans armure à part ses habits tissés avec ces propres cheveux, ses flammes faisant fondre tout ce qui entrait en contact avec elle. Ses protections métalliques couvraient tout son corps ferme et tonique, musclé par la pratique du corps-à-corps, celles de ses jambes dissimulées par sa robe de juge, les pièces d’aciers suffisamment articulées pour lui permettre de se battre à mains nues, ses poings entourés des gantelets qu’il lui avait offert pour leur mariage, mêlant l’emblème de leur deux familles, son visage complètement neutre et fermé, surement elle aussi remplie de reproche, droite et digne, le pas d’une reine, ces yeux bleus azur comme des aigues-marines lisant en lui comme dans un livre…
Lambert sentit son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, enflammé par des souvenirs vieux et tendres, quand il n’avait pas réalisé assez vite à quel point elle était chère à son cœur… à nouveau, ils étaient tantôt à Garreg Mach, s’entrainant tous les deux au combat aux gantelets, Héléna menant sur le plan technique, lui la complétant avec sa puissance brute… tantôt en train de travailler côte à côte à Fhirdiad, la patience d’Héléna quand elle lui expliquait des notions de droits et de diplomatie complexes qu’elle arrivait à rendre simple à comprendre… elle n’aurait pas été reine, elle aurait fait des merveilles comme professeure… tantôt en train de déjeuner tous les deux, elle dévorant un plat de fromage, appréciant la texture coulante des différentes spécialités de Faerghus, Lambert ne pouvant s’empêcher de sourire en voyant le contraste entre son attitude toujours très droite et digne, et sa joie simple de racler de la meule la raclette ayant fondu sous l’action d’une flamme pour l’étaler sur du pain, comme on le faisait souvent dans les piémonts de Charon… Dimitri tenait son gout pour eux de sa mère, il adorait à peu près tous les types de fromages… elle aurait survécu, l’homme était sûr qu’ils se seraient très bien entendu… Dimitri avait beau lui ressembler comme deux gouttes d’eau, à l’intérieur, il tenait de sa mère… ils se ressemblaient tellement…
Il ne pourrait jamais oublier son soulagement quand elle fut sûre d’être « enfin » enceinte, sa peur de rêver pendant les premiers mois, de juste trop vouloir l’être et que son corps lui jouait un tour cruel, demandant tous les matins si ce petit être en elle était bien là, jusqu’à ces coups de nourrisson, se sentant légèrement plus tôt grâce à son emblème, ne balaye tous ses doutes, même si la peur de la fausse couche restait toujours dans son esprit… dans ces moments-là, Lambert la prenait dans ses bras et restait avec elle en lui assurant que oui, qu’ils avaient réussi, qu’ils allaient vraiment avoir un enfant et que ce bébé serait aussi formidable que sa mère… il la revoyait sourire, son fredonnement qui sonnait comme un rire alors qu’elle n’avait pas l’amusement facile… ces moments tout doux qui commençaient à lui faire réaliser qu’elle avait une place si particulière pour lui… même s’il avait compris bien trop tard…
La revoir maintenant, même après les années, le deuil et le temps qui avait passé, c’était comme approcher son doigt d’une bougie… on se rapprochait pour mieux y voir, avoir plus chaud et être rassuré par sa lueur mais, à trop s’en approcher, on s’y brûlait à cause de vieux sentiments gelés par le temps mais, qui semblait revenir à la vie à sa lumière… il se maudit à moitié en sentant son cœur retomber à nouveau amoureux de sa première épouse, malgré ses sentiments pour Patricia toujours vifs… la chercher à nouveau… cette douce chaleur qu’il pouvait suivre les yeux fermés, sachant qu’elle le guiderait toujours à bon port en temps et en heure, même si elle le brûlait parfois… tout le contraire de Patricia alors qu’elles se ressemblaient comme deux jumelles, mise à part qu’Héléna était blonde comme les blés et Patricia brune comme certaines feuilles d’automne… elles ne s’entendraient surement même pas toutes les deux…
À son arrivée, Rodrigue lui avait demandé s’il voyait Héléna ou Patricia en regardant la seconde… c’était pourtant impossible de les confondre… si Héléna était une bougie, Patricia était un feu de forêt une fois la gêne et la peur du début évaporer, toujours vif, toujours fort, enrageant de plus belle dès qu’on négligeait de le contenir ou de l’entretenir, sachant parfaitement dans quel sens il voulait progresser… impossible à ignorer, il ne pouvait y résister… Lambert aimait les deux femmes, aimait Patricia et ne voulait pas que leur histoire s’arrête, avait accepté de faire son deuil d’Héléna mais à l’instant, dans ce rêve… son cœur voulait juste se souvenir de cette flamme qui lui réchauffait doucement les mains… même si Patricia pouvait être jalouse, comme cela arrivait parfois quand il parlait de sa mère à Dimitri, qu’il mentionnait à quelqu’un que son fils avait toutes les qualités d’Héléna… Lambert osait à peine fermer les yeux de peur que la bise autour d’eux ne la souffle à nouveau et qu’il la perde encore à jamais…
Cependant, après avoir longtemps lutté, il fut obligé à un moment de battre des paupières… cela ne dura qu’un instant mais, Héléna fut remplacer par Patricia, en grande robe adrestienne, alors que le rêveur maudissait son cœur de pleurer la perte de la première… mais il eut à peine le temps de le faire.
Sa deuxième épouse se déforma, se changeant en énorme chien de chasse, un sourire aux babines alors qu’elle se jetait sur lui, lui arracha la gorge en riant, se moquant de lui… la douleur le foudroyait sur place mais, contrairement avec Alix où il n’avait pas voulu contre-attaquer de peur de le blesser, il sentit sa main se serrer en poing, puis se lever pour la frapper en pleine tête selon une technique d’Héléna, sûr de la tuer sur le coup à cause de la force de son emblème… la tête de Patricia qui replonge pour…
« Tu n’as pas les épaules pour être un roi ! Tu n’es pas fait pour ça ! Jamais je ne laisserais le Royaume entre les mains d’un inconscient comme toi ! Jamais ! »
Lambert se réveilla en sursaut, haletant et couvert de sueur. Déesse ! Quel cauchemar ! Il n’en avait jamais fait des comme ça ! Qu’est-ce que cela voulait dire ?!
« C’est à cause de la dispute… songea-t-il en passant ses mains sur son visage. Il faut que j’aille m’excuser… »
Il but à grandes gorgées et se passa de l’eau sur la figure pour bien se réveiller et enlever le gout de cendre de son rêve de son être, puis se leva, ayant beaucoup à faire aujourd’hui.
L’homme vit Areadbhar luire sur son présentoir, comme certains minéraux luisant dans le noir, droite et fière, entouré de son aura gelée… elle semblait un peu différente aujourd’hui, son froid ne ressemblait plus à la neige comme quand il la maniait mais, aux glaciers trônant silencieusement au-dessus des montagnes, comme son père en était encore le porteur… il s’en occuperait plus tard, il allait avoir une journée chargée…
En sortant, Lambert rejoint Gustave pour s’occuper de ses obligations du début de journée, gérant autant qu’il pouvait les colères des diplomates et de la chancellerie, semblant découvrir de nouvelles erreurs chaque jour dans sa correspondance, ainsi que gérer les vassaux du Royaume. Encore quatre délégations de petits fiefs qui annonçaient que leurs seigneurs ne pourraient envoyer personnes à Duscur, manquant eux-mêmes de bras dans la vie de tous les jours, mais ils voulaient bien envoyés ceux qui croupissaient dans un cachot pour compléter le convoi si nécessaire… ils étaient nombreux dans ce cas…
Vers midi, après avoir avalé son déjeuner en deux bouchées, Lambert trouva cinq minutes pour tenter d’aller voir les jumeaux, autant pour s’excuser que pour le travail. Ils étaient chargés de la coordination entre les différents corps de métier présents dans le convoi, de l’organisation, fixait l’approvisionnement… le roi devait vérifier que tout se passe bien. En plus, ils étaient débordés, et comme l’avait fait remarqué Alix hier, ça passerait mal s’il s’interrompait dans son travail pour quelque chose qui pourrait sembler trivial, et le leur par la même occasion…
Il laissa passer un messager qui sortait en courant de leur étude, puis entra. Lambert les entendait discuter à toute vitesse entre eux, se comprenant malgré les mots mâchés ou oublié pour aller plus vite, sachant que l’autre arriverait à traduire. Au moins, personne ne pouvait espérer grapiller des informations en les écoutant, c’était trop incompréhensible pour être espionné… même s’ils lui rétorqueraient surement que quelqu’un de motiver à grapiller des informations ferait tous les efforts du monde pour les comprendre. Nicola leur faisait face, notant en silence les résultats de ses comptes tout en maniant avec habilité et habitude son abaque.
« Les jumeaux ? Demanda l’homme blond en entrant, s’annonçant avec un léger coup à la porte. Est-ce que je peux…
Leur échange s’interrompit brutalement quand il entra, leurs visages se fermant complètement, devenant lisse comme de l’eau, même si l’expression de colère restait sur celui d’Alix. Comme toujours, celui de Rodrigue était plus neutre, impossible à lire mais, il ne pouvait cacher ce que reflétait ses yeux : de la tristesse, de la déception, et à sa grande honte, un peu de peur… Lambert ne voulait vraiment pas lui faire mal à ce point ! Nicola ne disait rien, relevant à peine les yeux de son travail avant de retourner à ses calculs, bien que le roi sache qu’il écoutait toujours attentivement et ne laisserait pas passer la moindre faute.
– Qu’est-ce que tu veux ? Lui demanda le cadet avec froideur. Si c’est pour le ravitaillement du convoi, on est allé racler de partout pour que les marchands arrivent à tout fournir pour le jour du départ mais bon, ça a un prix la précipitation.
– D’accord, je l’ai aussi vu, et Maxine Sully m’en a parlé, les agents du trésor se chargeront de cela avec elle, tout en évitant d’acheter à crédit le plus possible pour ne pas avoir d’intérêt à payer plus tard…
– Tiens ? Un soupçon de bon sens dans cette farce, ça change, rétorqua-t-il, le silence de son ainé toujours aussi lourd de sens.
– Alix… Lambert mordit un peu son envie de répliquer, ne voulant pas encore plus foutre en l’air leur amitié qu’il ne l’avait déjà fait en moins de vingt-quatre heure, avant de tenter de commencer. Rodrigue, Alix, écoutez… je voulais vous dire pour hier que je suis vraiment…
– Vos Grâces ! Un soldat de la troupe ordinaire rentra en trombe dans l’étude, visiblement paniqué alors qu’il hurlait. Venez vite ! C’est les troupes des Blaiddyd et celles de Fraldarius ! Elles sont en train de se battre dans la cour d’entrainement principale ! Le Jeune Loup a été pris dans la bagarre quand il a essayé de les séparer !
– Quoi ?! Hoquetèrent les jumeaux.
Sans hésiter, ils sautèrent de leur siège et se précipitèrent sans attendre là-bas avec leur compère, Lambert les suivant sans hésiter. Les choses ne faisaient qu’empirer si leurs troupes se battaient entre elles ! C’était pas le moment d’être divisé à ce point !
La cour d’entrainement ressemblait à un champ de bataille, les soldats en sarcelle et ceux en bleu roi se battaient sans retenir leurs coups sur le sable, même heureusement, la Déesse soit louée, il ne semblait pas avoir pris leurs armes de bois ou utiliser la magie, ça ferait moins de dégâts.
« Assez ! »
La voix de Rodrigue retentit comme un coup de tonnerre dans la cour, soutenu par un éclair lancé vers le ciel pour figer tout le monde. Les soldats retrouvant leur calme après s’être fait prendre, ils se séparèrent de chaque côté des sables, même s’ils se foudroyaient tous du regard, des insultes marmonnés dans les deux troupes. Bernard tirait une Estelle hors d’elle en arrière, le sang coulant de son nez cassé, alors que Glenn aidait Jacques à se retirer, ce dernier ayant le visage tuméfié et ayant du mal à marcher comme s’il avait été roué de coups.
Lambert s’avança pour essayer de savoir ce qui s’était passé mais, Nicola le retient d’un bras, soufflant simplement des mots froids.
« Restez en arrière, regardez et apprenez lionceau. »
Les jumeaux se redressèrent, droit et calme, même si leur mécontentement était impossible à ignorer, le regard sévère. Ils s’avancèrent au milieu du terrain d’entrainement, Alix questionnant les deux côtés du conflit pendant que Rodrigue soignait Jacques, le plus blessé de tous.
« Qu’est-ce qui se passe ici pour que vous vous battiez comme des ivrognes dans une taverne ? Vous faites honte à votre fonction !
– Cette bande de��� Estelle se retient d’être grossière en voyant le regard de loup sur elle, devenant plus mesurée. On s’entrainait chacun de son côté à la base, puis Jacques est allé voir d’anciens compagnons d’armes, mais des co… des nobles lui sont tombés dessus et ils se sont mis à le rouer de coups ! On est venu pour les séparer mais, d’autres sont arrivés et oui, on s’est mis à se battre ! Mais bon, entre ça et cette folie furieuse d’aller en Duscur, au bout d’un moment, faut pas pousser les gens à bout !
– Qu’est-ce que vous vous êtes dit exactement Jacques ? Demanda l’ainé des jumeaux en finissant de remettre son nez droit, même s’il garderait probablement une bosse dessus, le visage et la voix toujours aussi lisse que la surface du lac.
– Merci Votre Grâce… je leur parlais de mon travail à votre service, et je disais que j’en étais très content car, je comprenais mieux la logique des ordres et de vos actions… que c’était plus cohérent donc, je savais mieux qui je protégeais… j’ai aussi dit que même si j’avais accepté d’aller en Duscur, c’était plus pour remplacer une personne désignée car, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, expliqua-t-il, honteux de les avoir mis dans une situation pareille. J’en parlais à des amis roturiers quand des soldats de la noblesse de l’Ouest sont venus pour me dire que vous étiez trop remuant pour des Fraldarius… … … que vous vous comportiez presque en roi dans votre fief car, vous appeliez Sa Majesté sur ses erreurs et vous vous opposiez souvent à lui ces dernières années, que ce soit dans l’affaire de l’Adrestien brûleur d’enfant ou pour cette rencontre diplomatique à Duscur… et que je n’avais pas à m’agenouillez devant vous quand je vous ai demandé de me prendre à votre service pour payer ma faute car, on ne pose les deux genoux à terre que devant le roi ou les prêtres… même si je l’ai plus fait en signe de repentance que de soumission… ils voyaient cela comme un signe de rébellion et d’arrogance de votre part… j’ai un peu haussé le ton pour leur dire que c’était faux mais, je me suis retrouvé à voir des étoiles à cause d’un coup de poing en pleine figure… je vous demande humblement pardon pour vous causez autant de tort… je ne pensais pas que cela tournerait aussi mal… je n’aurais pas dû parler ainsi… le Jeune Loup et la Capitaine Duchesne ont voulu nous séparé quand ils ont vu qu’ils m’avaient frappé mais, ils se sont pris des coups aussi alors, ils les ont rendus, puis d’autres des deux côtés sont venus soutenir les premiers… ce n’est pas leur faute Vos Grâces, je le jure… tout est de mon entière responsabilité, j’aurais dû mieux me tenir… tout le monde est à cran ces dernières semaines à cause du voyage qui se prépare, je n’ai fait qu’attiser inutilement les tensions entre les différentes factions. Je suis prêt à en assumer toutes les conséquences.
– Hun ! Vous avez tous un problème de comportement chez les Fraldarius ! Vous vous comportez avec vos ducs comme si c’était les rois alors que quand Sa Majesté vous ordonne quelque chose, vous devez obéir ! Mais non ! Il faut que vos chers ducs répètent l’ordre pour que vous le fassiez ! S’exclama un des soldats en bleu roi, un fils de seigneur mineur de l’Ouest s’il ne se trompait pas.
– C’est vrai ! Et quand vous recevez le roi, tout votre fief est froid à en geler l’air avec lui ! Ajouta une autre, également une petite-fille d’un châtelain de l’Ouest. On sait, vous lui en voulez pour ce qui s’est passé y a quatre ans mais, passer à autre chose ! Surtout que vous avez eu ce que vous vouliez ! Il est chassé à vie votre dangereux assassin de gosse ! Vous pouvez réobéir aux ordres maintenant ?! Et on sait que Loog a été très généreux avec son conseiller Kyphon et sa famille mais tout de même ! N’oubliez pas qui est le roi dans ce Royaume !
– Votre Majesté ! L’appela une autre soldate d’origine noble, apparenté aux Rowe s’il ne se trompait pas. Vous devriez vous méfier d’eux ! Sérieusement ! Leurs terres sont immenses, leur duché riche, ils tiennent la côte est, et leurs sujets leur obéissent sans discuter ou réfléchir ! Vous devriez vous méfier qu’ils ne tentent rien contre vous ! Après tout, ils sont quasi indépendants grâce aux Kyphonis Corpus !
– Qu’on leur mette un chien à la place de leur loup sur leurs armoiries ! Ils comprendraient surement mieux quel est leur vrai rôle ! Cracha un autre.
Lambert vit les soldats de Fraldarius se raidirent, se retenant de leurs renvoyer leur venin en pleine figure mais, un regard et un signe de tête de leurs ducs suffit à les empêcher de répondre.
– Nous respectons toujours le principe fondamental du Kyphonis Corpus, nos deux familles se soutiennent et s’entraident en toute réciprocité avec interdiction de prendre les armes l’une contre l’autre, ainsi que celle de protection familiale, qui nous donne le droit de nous retirer si un membre de notre famille est menacé par l’autre, rétorqua Rodrigue, imperturbable. « Que nos deux familles se prêtent un appui mutuel et s’aident réciproquement suivant les occasions contre les ennemis du Royaume, de son peuple et de la Sainte-Église de Seiros. ». « Que personne n’ose, pour un quelconque sentiment de cupidité, ruiner ce traité de paix dans l’un quelconque de leurs domaines : que si quelqu’un l’ose faire, qu’il encoure le châtiment commun de tous les deux. », tels sont les mots rédigés par Sa Majesté Loog le Lion lui-même à la faveur de son plus fidèle ami, alors qu’il n’était encore qu’un bâtard ayant passé sa vie à errer dans le nord pour nourrir sa fille Clothilde. La protection de la famille à tout prix est un des fondements de notre lignée, remontant même jusqu’à Fraldarius lui-même. Le Brave de la persévérance a toujours travaillé d’arrache-pied pour protéger son peuple qu’il nommait lui-même la « maison de son père », est toujours rentré chez lui afin d’accomplir sa tâche, même après plus de quinze ans d’esclavage, et aujourd’hui encore, il protège son sang des maux qui le menace.
– De plus, même si nous sommes fidèles à la couronne, fidélité ne signifie pas fanatisme, ajouta Alix, la voix plus dure que celle de son frère. Nous avons notre propre ligne politique, nos propres opinions, nos propres pensées, nos propres devoirs en dehors de la couronne… il est normal et même sain que nous nous opposions à ce que nous trouvons dangereux pour le bien commun. Nous sommes contre ce voyage en Duscur, cela n’est un secret pour personne, mais nous continuons à remplir au mieux nos devoirs envers toutes les personnes faisant partie du convoi royal, afin que tout se passe du mieux possible, soit ce que nous devons tous faire, conclut-il en regardant tous les partis présents sur le champ d’entrainement.
Il eut un instant de silence d’acceptation, avant que Rodrigue ne le rompe en tapant dans ses mains, regardant à nouveau Lambert avant de déclarer.
– Bien. Maintenant que nous savons ce qui s’est passé, nous devrions parler de tout cela chacun de notre côté pour mettre les choses au clair, afin que ce genre de situation ne se répète pas. Comme l’a très justement fait remarquer Jacques, la situation est tendue, nos relations avec Duscur dépendent de ce voyage alors, nous devons éviter de nous diviser, même si les circonstances rendent cela très difficile.
Nicola laissa alors Lambert partir, marmonnant dans sa barbe en rejoignant ses seigneurs pour sermonner leurs hommes et Glenn. Le roi fit de même avec sa garde, leur assurant que les Fraldarius lui étaient bien fidèles et qu’ils ne faisaient rien contre la loi, leur rappelant aussi qu’ils ne feraient rien qui mettrait en péril la sécurité de leur famille, ce qu’une trahison ferait étant donné qu’à cause des immenses privilèges des dix lois du Kyphonis Corpus, ils avaient des peines plus lourdes s’ils manquaient à leurs obligations, tout comme la famille royale, même si on ne pouvait plus les condamner à mort contrairement à leurs conseillers, même si c’était des ajouts plus tardifs au texte de Loog. Heureusement, les roturiers comprirent assez vite mais, les soldats d’origine nobles n’avaient pas l’air convaincu, surtout ceux de l’Ouest. Malgré les contreparties, les privilèges accordés à Kyphon par Loog faisaient énormément d’envieux, tout comme leur position…
Une fois les esprits un peu apaisés, Lambert retourna dans son étude pour se remettre au travail, ayant encore des courriers à envoyer et des actes à lire, ainsi que des demandes d’appel à traiter… bref, il allait bien être occupé… et il ne s’était toujours pas excusé… pour demain… une fois que tous les esprits se seraient refroidis…
Il travailla jusqu’à tard avec Gustave, avant de finir quand les cloches de l’église sonnèrent les vêpres. Posant sa plume et refermant son encrier en veillant à ne pas les casser dans sa fatigue, il se leva en gardant juste encore quelques dossiers à traiter avec lui, il s’en occuperait après avoir mangé avec Dimitri, il se réservait toujours du temps pour passer au moins dix minutes avec lui tous les soirs, même s’il devait rogner sur sa nuit et travailler dans sa chambre. Le roi, accompagné de son maitre d’arme, se rendit donc dans l’aile du palais où son fils et lui dormaient mais, au lieu d’être tout seul comme souvent en ce moment, Dimitri l’attendait avec Félix, ce dernier ayant le nez et les sourcils froncés de colère alors qu’il marmonnait.
« …et moi je te dis qu’il dépasse les bornes ! Il agit vraiment très mal avec eux en ce moment !
– Mais non ! Je te jure que mon père ne pense pas à… ah ! Papa ! S’écria son fils en le voyant. Félix voudrait te dire quelque chose !
– J’entends ça, répondit-il, devinant un peu ce qu’allait dire le louveteau. Qu’est-ce qu…
Félix le coupa brutalement en lui donnant un coup de pied dans les jambes, son emblème majeur brillant autour de lui. Elle s’activait déjà très souvent mais, elle intervenait presque à chacun de ses coups sérieux depuis que Fraldarius l’avait sauvé. C’était peut-être à cause de sa marque dans son dos… Le louveteau s’écria, furieux.
– T’es méchant ! Pourquoi tu fais du mal à mon père, à mon oncle, à mon frère et à Nicola ?! Ma famille ne t’a rien fait ! C’est toi qui nous as fait mal le premier avec Volkhard ! Pourquoi tu continues à être aussi mauvais avec nous ?!
– Mais enfin Félix ! Pourquoi il serait méchant avec eux ? Ils sont amis ! Les amis ne sont pas méchants et ne se font pas de mal les uns les autres ! S’exclama Dimitri sans comprendre, Lambert se rappelant douloureusement ce qu’Alix lui avait dit, que son neveu avait vu son père après qu’il se soit tétanisé à cause de leur discussion.
– Alors, c’est le pire des amis ! Feula-t-il en le regardant. Il a dit des choses horribles à mon père et l’a fait pleurer ! Mon oncle était furieux après avoir parlé avec lui ! J’appelle pas ça un ami !
– Félix… hum… Gustave ? Tu peux emmener Dimitri à la salle où on a dressé la table ? Lui demanda-t-il. Je vous rejoints très vite pour souper, c’est promis. Tu veux bien Dimitri ? Je parle un peu avec Félix de ce qui se passe, je ne devrais pas en avoir pour très longtemps, d’accord ?
– Hum… d’accord… » répondit son fils en suivant Gustave, même si tout cela l’étonnait et qu’il s’inquiétait déjà. Il devait également se demander ce qui se passait. Il avait l’esprit vif d’Héléna après tout…
Une fois qu’il fut hors de portée d’audition, Lambert se baissa à la hauteur de Félix en soufflant, espérant se faire comprendre du louveteau.
« Je te promet que je ne voulais pas les blesser Félix. Je n’y ai juste… pas pensé, même si j’en ai honte maintenant. Je n’ai pas du tout pensé à Guillaume quand je l’ai dit. C’était extrêmement maladroit de ma part mais, je voulais juste dire que j’avais confiance en Dimitri et en l’avenir, surtout que je pense que tout se passera bien. Personne n’a d’intérêt à ce qu’une guerre se déclenche, même si je comprends pourquoi ça les angoisse autant. Je te promets que ce n’était pas volontaire et que je ne voulais pas leur faire du mal. Je n’ai pas pu le faire aujourd’hui mais, je vais aller m’excuser et m’expliquer avec eux.
– Même ! Tu aurais dû y penser avant ! Nous, on fait attention quand on parle ! Personne ne dira à Sylvain que c’est bien que les frères se battent, à Ingrid que ça endurcit de vivre dans un fief pauvre, ou à Dimitri ou moi que ce n’est pas grave de ne pas avoir de mère ! Pourquoi t’as dit que c’était pas grave si tu mourrais ?! Dimitri t’adore ! Tu ne vas pas lui faire ça ?! Comment tu as pu leur dire ça alors que leur père est mort quand ils étaient petits ! Tu as fait pleurer mon père à cause de tout ça car lui, il n’est pas un idiot insensible comme toi ! T’es juste trop bête pour ne pas y avoir pensé ! Tu fais rien à la bonne vitesse en plus ! Tout le monde dit que tout va trop vite pour aller à Duscur mais quand c’est pour ton copain Volkhard, là, tu vas lentement alors qu’il aurait pu brûler Dimitri aussi ! T’es vraiment stupide ! Tu connais mon père et mon oncle depuis que t’es né non ? Comme nous quatre ?! Pourquoi tu les écoutes pas alors qu’ils ont toujours été avec toi ?!
– Félix… c’est plus compliqué que ça… je sais que j’ai fait une énorme erreur en disant cela, je n’aurais jamais dû le dire devant eux… je te promet que je vais aller m’excuser mais, ce n’est vraiment pas pour ça que…
– Tu le penses alors, c’est pareil, rétorqua-t-il. En plus, tu leurs fais peur en forçant tout le monde à aller à Duscur alors que personne n’a envie d’y aller ! T’emmène Glenn et Papi Nicola ! T’as intérêt à les ramener entier sinon… sinon… sinon je serais pas content et je te tape encore !
Comme pour souligner qu’il le ferait, il lui donna un autre coup de pied, puis fila après lui avoir hurlé sans cacher son inquiétude.
– Ne fait plus de mal à ma famille ! »
Lambert ne le rattrapa pas, sachant à peine quoi dire au louveteau et sachant que quoi qu’il dise, Félix s’obstinerait et ne l’écouterait pas… il ne put que marmonner, passant sa main sur son visage.
« Vous êtes vraiment une meute… il faut que tu arrêtes de dire qu’il ressemble à Félicia Rodrigue… c’est ton portrait craché… c’est un loup aussi… vous tenez autant à votre famille l’un que l’autre…
– Qu’est-ce qui t’arrive frangin ?
Il tourna la tête et vit Rufus s’approcher, les mains dans ses poches, visiblement un peu étonné de le trouver comme ça.
– Ce… ce n’est rien… Félix m’a disputé à cause de ce qui s’est passé avec les jumeaux hier… faut dire, j’aurais jamais dû dire ça à Rodrigue… c’était évident qu’il allait faire le lien avec la mort de Guillaume… j’ai vraiment merdé pour le coup… j’ai même pas eu le temps de m’excuser aujourd’hui…
– Mon petit frère qui devient grossier, c’est rare. Et c’est un fifils à son papa le gamin, il est capricieux, rétorqua Rufus. C’est normal qu’il vienne te pourrir car, t’as légèrement froissé l’égo de ces deux-là. Ils en ont beaucoup trop depuis qu’Arundel a été exilé à vie. Bon, c’était la chose à faire mais bon, depuis, ils ne se sentent plus pisser et leur fief aussi. Laissez-les mariner, ils font juste d’une montagne une sourie car, tu ne leurs as pas cédés sur ce voyage. Je suis sûr que tu n’as rien dit de si terrible en plus. C’était ce que tu m’as raconté hier soir ?
– Oui… enfin… ça leur a quand même rappelé la mort de Guillaume…
– Tout leur rappelle la mort de Guillaume. Le vieux Ludovic avait bien tort en pensant qu’il aurait pu avoir les épaules pour tenir le Royaume à ta place… t’as rien à te rapprocher, je te jure alors, enlève-toi ça de la tête. En plus, on fait attendre Dimitri là. Allons manger, ça te fera du bien.
– J’espère que tu as raison… se rendit Lambert, même si cela lui resta en tête. Et oui, il nous attend. Je pose ses dossiers et j’arrive. »
Il soupira en espérant que tout cela n’impacterait pas l’amitié de Félix avec Dimitri, puis l’homme alla poser sa liasse de document sur son bureau, ayant déjà fait suffisamment attendre son fils comme ça.
Il crut gelé sur place en entrant dans la pièce, l’atmosphère lourde et glaciale comme si le blizzard avait soufflé à l’intérieur et tout recouvert de glace, même si rien n’avait changé depuis ce matin, à part son lit qui avait été refait, sa carafe d’eau reremplie et la table remplacée par une qui n’était pas cassée. Il avait justifié la trace de coup par un moment de fatigue qui l’avait fait tomber un peu trop fort dessus.
« Déesse, il caille ici ! On se croirait en Sreng ! Se plaint Rufus qui l’avait suivi. Mais qu’est-ce qui pourrait prov… »
Areadbhar s’agitait sur son présentoir, semblait grelotter sur sa hampe, brillant dans le noir comme un astre ensanglanté dans un ciel d’encre en hiver.
Ce n’était pas normal. La Lance de la Destruction pouvait bouger, s’agitait même souvent comme si elle voulait s’échapper des mains de son porteur, porteur qu’elle mordait continuellement quand ils n’étaient pas sur le champ de bataille, mais pas Areadbhar. La Lance de la Destruction était liée à Gautier, le Protecteur Sauvage, le Brave des Bêtes, capable de leur parler et de se transformer en l’un des leurs, mais leur Relique était l’arme de Blaiddyd, le Flutiste des Glaces, commandant à la neige et au froid. Elle était toujours immobile, toujours silencieuse, majestueuse malgré son fer trop semblable à une main, surement pour rappeler les doigts agiles de musicien de leur ancêtre, son souffle froid enveloppant son manieur avec à la fois force et douceur. Il ne l’avait jamais vu grelotter comme ça, comme si elle voulait tomber de son présentoir. Déesse, qu’est-ce qui lui arrivait d’un coup ?!
Posant en vitesse ses papiers dans les bras de son frère, Lambert se précipita vers sa Relique pour voir ce qui se passait mais, à peine eut-il frôlé la hampe de métal noir qu’il fut obligé de retirer ses mains.
« Eh ! Lambert ! ça va ?! S’inquiéta Rufus en courant vers lui, les papiers abandonnés sur la table. Qu’est-ce qui t’arrive pour que tu la lâches comme ça… »
Il se tût en découvrant les doigts de son cadet…
Ils étaient couverts d’engelure… comme après avoir encaissé un très puissant sort de glace…
Lambert ne put s’empêcher de fixer ses mains brûlées par le froid, horrifié.
Il se souvient alors d’une bêtise d’enfance avec son frère, alors qu’ils essayaient encore de s’approcher d’Areadbhar. Pas pour l’utiliser, seulement pour la voir alors que leur père ne la sortait jamais de son armoire, n’en ayant pas besoin depuis que son autorité était incontestée et Clovis mort…
« Tu veux essayer de la prendre Rufus ?
– Hum… pourquoi pas… après tout, bénie par la Déesse ou pas, ce n’est qu’une lance très lourde… Aïe !
– Rufus ! Rufus ! ça va ?! Qu’est-ce qu’il y a ?! »
Les doigts de son grand frère étaient couverts d’engelure, presque transformé en glaçon. Lambert le prit sur ses épaules pour le porter, assez fort pour le faire, puis l’emmena en courant chez un médecin de peur qu’il ne perde ses doigts, tant pis s’il devait se faire gronder par leur père après. Il ne voulait pas que Rufus soit blessé à cause de lui !
« Areadbhar ne m’a pourtant rien fait quand je l’ai touché, bégaya-t-il alors que la médecin soignait les brûlures de froid puis bandait les doigts blessés.
– C’est normal, c’est parce que vous avez l’emblème qui correspond à cette Relique contrairement à votre grand frère. Geler les doigts est sa manière de rejeter et de faire reculer les personnes osant la toucher sans avoir la bénédiction de Blaiddyd. »
C’était la manière dont Areadbhar rejetait les personnes qui n’avaient pas l’emblème pour la manier, comme un avertissement avant de faire pire et de les maudire… mais il avait son emblème pourtant ! Il l’avait depuis toujours ! Pourquoi leur Relique le rejetterait maintenant ?
« Je me souviens que quand j’ai arraché notre lance familiale des mains de mon père, elle s’est calmée et semblait soulagée, comme si elle était vivante et que je venais de l’arracher à un cauchemar… lui avait raconté une fois son père. Il faut dire, elle haïssait tellement Clovis qu’elle lui avait gelé les doigts. »
« Areadbhar gèle tous ceux qu’elle rejette… hacha Lambert en réalisant ce qui venait de se passer. Tous… Sans exception… Même ceux avec son emblème… Et elle a couvert mes mains d’engelure malgré mon emblème… ça veut dire qu’elle me… »
« Suffit ! » Avait craché Ludovic lors de leur dernière dispute la veille de sa mort, faisant tout pour éviter que son sang contaminé ne le touche en restant loin de lui, tremblant de tous ses membres alors qu’il se redressait pour lui faire face avec les faibles forces que lui avait laissé la tuberculose, seul son emblème lui permettant de continuer à se tenir debout et à se mouvoir, alors qu’ils se battaient encore sur le sort du plateau de Brionnic à nouveau… Déesse, il ne se serait jamais disputé comme ça avec lui s’il avait su qu’il mourrait le lendemain ! « Tu n’as pas les épaules pour être un roi ! Tu n’es pas fait pour ça ! Jamais je ne laisserais le Royaume entre les mains d’un inconscient comme toi ! Jamais ! »
« Tu t’y mets aussi… hein… vous vous liguez tous contre moi, c’est ça ? » Marmonna-t-il à sa Relique plutôt qu’à son frère, revoyant l’aura majestueuse qui l’entourait toujours quand son père la maniait, semblable aux neiges éternelles trônant en haut des montagnes, attentives à tout ce qui se passaient autour d’elle. Tout le contraire de lui quand il la maniait hors d’un combat, son énergie ressemblant alors à de la neige fraiche facile à manipuler pour jouer avec. « Je ne sais pas ce que tu imagines mais, je suis sûr que ce ne sera pas un tel désastre. Nous nous entendons depuis toujours avec Duscur, cette attaque est l’œuvre d’un seigneur isolé et ils sont pacifiques… et même si je déteste devoir penser à ce cas de figure, le rapport de force militaire est très clairement en notre faveur… il n’y a pas de raison que cela se passe si mal… juste… fais-moi confiance Areadbhar… … … et je perds la boule, soupira-t-il en se massant le front, je parle à une lance maintenant…
– Oui, c’est surement un hasard ou la fatigue si tes mains ont gelé, intervient Rufus. Et même si c’était vraiment c’est Areadbhar qui les a provoquées ces engelures, et alors ? C’est qu’une lance ! C’est juste une arme ! Elle n’y connait rien en politique et elle sait encore moins de choses sur celle de notre époque ! Elle a plus de mille ans ! Tout Fodlan s’est civilisé entre temps ! Il aurait fait quoi Blaiddyd à ta place à ton avis ?
– Je pense qu’il aurait discuté avec tous les partis et aurait tout fait pour trouver une solution pacifique à la situation, répondit-il honnêtement. Après tout, il s’agit du Brave de la Justice. Il a toujours agi quand la situation était injuste, comme lors qu’il a mis fin à l’esclavage, même s’il a dû passer par les armes pour arriver à ses fins… je suis sûr qu’il a tout tenté avant d’en arriver à la révolte générale…
– Tu parles ! S’exclama-t-il avec plus d’énergie que le cadet n’en avait jamais vu de la part de son frère ainé. Il a pris les armes en premier et il a discuté avec les cadavres après ! C’était il y a mille ans ! Ils ne réfléchissaient pas plus loin ou avec autres choses que leurs armes à l’époque ! Fraldarius et Dominic ne devaient pas voler bien plus haut que lui ! C’était peut-être de grands artistes et surement même les plus grands de l’histoire de Faerghus mais, c’était aussi des êtres pas très civilisés comme tout le monde à cette époque ! Ils ont défoncé l’opposition, fait des morts car c’était plus simple et évident, puis ils ont imposé ce qu’ils voulaient ! Oui, bon, c’était pour mettre fin à l’esclavage mais bon, c’était parce qu’ils avaient assez de jugeote pour que la Déesse les estiment digne d’un emblème et d’une de ses armes mais, imagine Blaiddyd aurait eu un objectif moins noble, il aurait juste installé sa tyrannie ! C’est juste ça ! Et je parie qu’ils étaient du genre à dire qu’ils ne font que suivre les ordres de la Déesse ou de leurs dieux avant qu’ils ne se convertissent ces trois-là ! Leur Aube est rempli de références aux dieux et à la nature qu'ils invoquent pour un oui ou pour un non ! Comme si c'était leurs dieux les serviteurs ! Si c’est pas la preuve qu’ils avaient la grosse tête ! Tu n’as pas à écouter un type de plus de mille ans ou ce qui en reste ! Il est forcément à côté de la plaque ! Est-ce que tu penses que cette rencontre en Duscur est la bonne chose et ce qu’il doit être fait pour que la paix perdure ?
– Oui, sincèrement mais…
– Il n’y a pas de « mais » qui tienne ! Le coupa Rufus en lui prenant les épaules. Tu penses que c’est ce qui a de mieux à faire alors, c’est que ça doit l’être ! T’as quand même la tête sur les épaules et qu’importe ce que Ludovic disait ! De toute façon, les jumeaux n’auraient pas autant ressemblé à leur paternel, ça aurait pu être ses gosses tellement il les préférait à nous deux ! Alors, arrête de te mettre Dominic en tête avec ce qu’il t’a dit alors qu’il était rongé de partout par la tuberculose ! Il n’avait plus du tout la capacité de raisonner de manière lucide de toute façon à ce moment-là ! Tu fais très bien ton travail de roi ! C’est juste que Ludovic était complètement paranoïaque pour être aussi prudent ! Faut dire… tu te souviens de sa tête ? Ce mec ne souriait jamais, n’avait aucune expression faciale, encore plus quand Guillaume a eu l’idée très conne de se faire poignarder devant lui alors que bon, il aurait pu s’arranger pour se prendre le poignard dans le bras ou quelque part où ce n’était pas mortel ! Ludovic était carrément morbide après ça ! Et bizarrement, les seuls moments où il dégelait un peu, c’est quand Aliénor venait se pavaner avec les moufflets qu’elle avait eu avec ce loup enragé de Guillaume et là, bizarrement, quand c’est les gamins de son grand frère adoré, tout devient bon et il arrivait à sourire un peu ! C’est juste qu’il avait ses chouchous et nous, on passait après ! Alors, emmerde ce qu’ils pensent tous deux, autant Blaiddyd que Ludovic ! Ils sont juste trop étriqués dans leur manière de pensée ! Tu fais très bien ton travail et tu es un très bon roi ! Arrête de douter de ça car, des types plus coincés et fermés te disent que tu fais catastrophe sur catastrophe ! Regarde ! Ils disaient tous que rien ne serait jamais prêt à temps mais, le convoi se monte bien ! C’est la preuve qu’ils ont tort et qu’ils ne voulaient juste pas se presser ! C’est tout !
Lambert n’était pas forcément d’accord avec tout ce que disait Rufus mais, il évita de trop commenter, surtout les parties sur Ludovic. Il savait que son frère ne portait vraiment pas leur père dans son cœur, surtout depuis sa mort, même s’il n’arrivait pas à brûler leur correspondance qu’il gardait dans sa cassette… leur relation était compliqué, comme souvent avec Ludovic… aucune des tentatives du cadet pour lui parler de leur père avec un peu plus de nuance n’avait réussi alors, il voulait éviter de se disputer avec Rufus aussi… ça ferait trop de tensions d’un coup pour lui et il craignait suffisamment de perdre les jumeaux… Lambert ne voulait pas perdre son grand frère aussi…
– Peut-être... céda-t-il. Ne faisons pas attendre plus longtemps Dimitri… on y réfléchira après… »
Cependant, la désagréable impression d’être épié ne le quitta pas, même quand Lambert ne regardait plus Areadbhar. C’était comme si le joyau à la base du fer jaune le jugeait en le regardant de haut…
Il cacha ses engelures sous des gants et les deux frères allèrent manger avec Dimitri, les attendant toujours. Ils ne lui dirent rien de ce qu’il venait de se passer pour ne pas l’inquiéter. Lambert le laissa parler en faisant tout pour cacher son trouble, ce qu’il arriva heureusement à faire.
Après l’avoir couché et embrassé, le roi et son frère allèrent voir Cornélia pour qu’elle soigne ces engelures étranges, tout lui faisant jurer de ne rien dire à personne, ce qu’elle promit sans contester. Au moins une autre personne en plus de Rufus qui l’aidait un peu…
En revenant dans sa chambre, Areadbhar s’agitait toujours, remuant en exhalant ce froid glacial digne des pires hivers srengs. Il avait l’impression que le Brave lui-même allait finir par débarquer, par sortir de sa lance pour lui hurler des reproches…
« Tu n’as pas les épaules pour être un roi ! Tu n’es pas fait pour ça ! Jamais je ne laisserais le Royaume entre les mains d’un inconscient comme toi ! Jamais ! »
Sans hésiter, les deux frères attrapèrent une couverture, roulèrent la Relique à l’intérieur pour ne pas se brûler à nouveau en la touchant, et l’enfermèrent à double tour dans une armoire malgré ses tremblements de protestation. Même enfermé dans du bois et du tissu, il l'entendait taper contre la paroi... quelle arme étrange...
« Je sens que c'est un signe du Brave... avoua Lambert en posant sa main sur le couvercle dur, vibrant à cause de sa prisonnière enragée. Après tout, c'est un don de la Déesse elle-même... peut-être qu'Elle essaye de communiquer comme elle peut...
- C'est plutôt que c'est l'arme la plus étrange de Fodlan, ou alors la preuve de plus que Blaiddyd n'y connait rien, rétorqua Rufus. Elle n'a jamais agi comme ça mais, c'est pas comme si c'était la seule Relique a bougé toute seule. La Lance de la Destruction aussi se tortille tout le temps et ça ne veut rien dire. Tu te fais des idées. »
Lambert n'était pas sûr mais, il hocha la tête, son ainé n'avait pas forcément tort... il espérait en tout cas...
Quand son cadet eu le dos tourné, Rufus donna un coup de pied dans la prison de bois, maugréant à l’arme cachée à l’intérieur.
« Ne t’en mêle pas. Tu sers juste à éventrer des gens, t’y comprends rien. T’es juste une lance et lui, il se débrouille très bien comme roi. Si c’est Blaiddyd, t’as encore moins de choses à dire, tu ne comprends surement rien à la politique de notre époque. Et si c’est toi Ludovic, ferme-là et apprend de Lambert, il se débrouille mieux que tu ne l’as jamais fait en se salissant moins les mains que toi. Il discute avant de prendre les armes lui au moins. Donc, ferme ta gueule et apprend. »
Il ignora le souffle glacial de désespoir qui exhala du coffre, qu’il fit taire en bouchant la serrure avec un peu de tissu et n’en parla pas à Lambert. Il l’enlaça avant de retourner dans ses appartements, confiant en son petit frère. En voyant la cassette enfermant le testament et les travaux de son père, Rufus l’empoigna de toute sa rage et voulut la lancer dans le feu, histoire d’effacer tous ce que Ludovic avait tenté de faire une bonne fois pour toute. Cependant, comme à chaque fois, il n’y arriva pas, les yeux de son père le fixant en le jugeant et comme lors de leur dernière dispute.
« Ne fait pas ce que toi tu veux. Fait ce dont le Royaume et nos sujets ont besoin.
– Non, c’est toi qui faisait ce que tu voulais et pas ce dont Faerghus avait besoin. Tu te cachais juste derrière pour faire en sorte que ces deux-là soient rois à la place de Lambert alors que la place lui revient de droit car, c’était les fils de ton « grand frère ». C’est de lui dont le Royaume a besoin et personne d’autres… il reposa la cassette dans sa cachette en se disant. Quand Lambert rentrera en ayant réussi à gérer Duscur, je lui montrerais le testament de ce vieux goupil. Rien que pour lui montrer à quel point Ludovic se trompait sur toute la ligne… »
*
Glenn s’exerçait encore avant de dormir, histoire de se calmer un peu de la journée, quand il vit Félix entrer dans la cour d’entrainement. Enfin… « s’exerçait »… si les pauvres passes qu’il faisait étaient dignes d’être appelés comme telles… il était tellement peu motivé que tout son travail était bâclé, comme quand il étudiait la magie tellement ça l’ennuyait… surement le contrecoup de subir un abruti fini doublé d’un connard… et c’était clair et net qu’il n’était pas le seul à le penser… il partageait ce dégout avec toutes leurs troupes, et quand ces imbéciles de l’Ouest avaient osé frappé Jacques juste pour avoir défendu ceux qui étaient maintenant ses ducs… c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase pour beaucoup, profitant de la bagarre pour juste évacuer leur frustration les uns sur les autres… même lui n’avait pas pu s’empêcher de coller une beigne à un con qui lui disait qu’il devrait être un gentil toutou… et le pire, c’était qu’après le sermon public, les jumeaux et Nicola n’avaient même pas été si durs avec qu’eux qu’ils auraient pu – et même dû – l’être. C’était tout au plus un appel à garder son calme et patience, lâchant qu’ils comprenaient leur colère mais, qu’ils devaient tous être prudents pour que le fief ne subisse pas les conséquences de leur impulsivité… argument qui avait mis à peu près tout le monde d’accord quand ils ajoutèrent que chaque chose viendrait en son temps… même eux en avaient plus qu’assez de cette mascarade…
Mais ça, Félix ne devait pas le savoir, pas plus qu’il n’en savait déjà en tout cas. Il était trop petit pour ça et déjà beaucoup trop appliqué dans cette farce grotesque… Déjà qu’il avait la tête basse et semblait furieux…
« Oui Félix ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Son petit frère ne répondit pas tout de suite. Il le rejoignit juste et noua ses bras autour de sa taille, le serrant assez fort pour le retenir, son emblème brillant légèrement sous sa longue tresse courant dans son dos, comme s’il essayait de se coller à lui. Il cacha son visage dans son gambison d’entrainement en ordonnant, même si sa voix était faible.
– Tu ne pars pas.
Il aurait dû parier que ce serait à cause de ce foutu voyage…
– Ça ne marche pas comme ça louveteau, soupira-t-il. Il va falloir que j’y aille, il faut qu’un membre de notre famille soit toujours au côté du roi dans ce genre d’occasion.
– Pas si je te tiens comme ça. Je suis trop petit pour y aller même si Dimitri y va. Si je ne te lâche pas, tu ne pourras pas partir.
– Si ce n’est pas moi, ce sera papa ou Alix… » rétorqua-t-il, même si c’était plus pour la forme et parce qu’il le devait, pas parce qu’il le voulait. Il aurait voulu que ce soit aussi simple que dans les pensées de son petit frère. Il préférerait que la solution de Félix marche et rester ici avec lui.
« Alors je les tiendrais aussi. Nicola aussi. J’ai failli réussir empêcher papa à aller à Sreng comme ça, je vais juste y arriver cette fois. Si Ingrid ou Sylvain tienne Dimitri, il ne devrait pas partir aussi. Personne ne part, point », la prise se resserra alors qu’il crachait, aussi dégouté que lui. « Lambert ne vous mérite pas de toute façon.
– À ce stade, ce n’est pas moi qui vais te dire le contraire, assuma Glenn, mentir ne ferait que lui attirer l’ire de son petit frère, il détestait les menteurs. Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu agisses comme ça d’un coup ?
– Je suis allé voir Lambert pour lui dire que c’était un abruti et qu’il avait fait mal à papa et Alix. Je voulais savoir pourquoi il était aussi méchant avec eux…
– Et il t’a dit quoi ?
– Qu’il était désolé et qu’il ne voulait pas dire ça devant eux… qu’il n’y avait pas pensé et qu’il n’aurait pas dû le dire à papa. Mais bon, il le pense quand même que c’est pas grave quand quelqu’un meurt, c’est pareil… c’est juste un crétin… alors je lui ai dit qu’il avait intérêt à vous ramener entier car sinon, je le frappe encore…
– Car tu l’as frappé ? Quelqu’un t’a vu ? Hoqueta-t-il un peu, ne s’attendant pas à ce que Félix soit allé aussi loin.
– Je lui ai donné un coup de pied dans les jambes quand il est arrivé, avec mon emblème qui s’est activé car, il le mérite. Puis un autre normal avant de partir en lui disant de ne pas faire de mal à notre famille. Il y avait Dimitri et Gustave pour le premier coup mais, Lambert les a fait partir alors, ils n’ont pas vu le deuxième.
Glenn fit tout pour étrangler la satisfaction que Lambert se soit pris la baffe qu’il méritait, revenant très vite à la réalité. Félix pouvait risquer très gros pour le coup. Frapper le roi était une atteinte à la dignité royale et un crime de lèse-majesté, ce geste de colère pouvait être très dangereux pour eux tous si un de leurs ennemis l’avait vu.
– Je comprends que tu ne l’aimes vraiment pas et très honnêtement, je suis d’accord avec toi Félix. Mais il faut que tu fasses très attention. La mauvaise personne t’aurait vu, cela aurait pu couter très cher à notre famille. Tu es mineur alors, il ne t’arrivera rien de trop grave car tu n’es pas encore responsable de tes actes mais, c’est papa qui doit en répondre à ta place, lui expliqua-t-il. Cela pourrait lui causer de gros ennuis.
– Ah non ! S’exclama-t-il, n’y ayant clairement pas pensé, serrant encore plus les poings dans son gambison. Je ne suis pas Lambert ! Je veux qu’il ne lui arrive rien !
– Alors, il faut faire attention jusqu’à la fin de ce voyage et se tenir tranquille, même si ça nous dégoutte… et crois-moi que je sais de quoi je parle… songea-t-il en repensant à cette farce grotesque dans laquelle les avait tous précipités Lambert. Je comprends mieux pourquoi les srengs pensent que respecter quelqu’un d’irrespectable, c’est s’insulter et se rabaisser soi-même… … … … quand je reviendrais, on s’entrainera à nouveau ensemble à la maison, lui jura-t-il en passant sa main dans ses cheveux après un instant de silence.
– Vraiment ? Lui demanda-t-il en relevant enfin la tête, les yeux brillant de joie à cette nouvelle. Mais ça ne te prendra pas trop de temps sur ton travail ici ?
– Oh… tu sais, je ne suis pas sûr de rester dans la garde royale plus longtemps que les cinq ans obligatoire… y a beaucoup à faire à la maison aussi. Papa et Alix ont beaucoup de travail et Nicola a bien mérité de prendre sa retraite alors, ce ne serait pas mal s’ils avaient plus d’aide.
– Mais tu ne veux pas être duc, tu veux être chevalier ! Tu as toujours voulu l’être ! S’exclama-t-il en se décrochant un peu de lui, étonné à son tour.
– Je le serais toujours, t’en fais pas ! je ne vais pas arrêter et enterrer ma vocation comme ça ! Rétorqua-t-il. Un chevalier, un vrai, c’est quelqu’un qui aide les autres et qui fait tout pour que le plus grand nombre de personne s’en sorte, tout en sachant qui aider en premier et remettre les choses en question tout en s’en posant. Je ne vais pas arrêter de le faire, ne t’en fais pas. Je le ferais encore jusqu’à ce que mes genoux soient tellement cailleux que je ne pourrais plus marcher mais, au lieu de le faire à Fhirdiad, je le ferais à la maison, à Egua. Il y a aussi différentes manières d’être un chevalier. On peut se battre pour défendre la veuve et l’orphelin des brigands sur les routes, mais on peut également défendre les gens avec des mots, comme le font les avocats dans un tribunal quand ils défendent les victimes d’une injustice, ou en faisant en sorte que les choses soient plus simples pour les roturiers et ceux qui n’ont pas de privilèges. Papa se bat assez peu au final mais, c’est un vrai chevalier car, il fait tout pour faciliter la vie de nos sujets, en faisant attention à ce que le syst��me d’éducation et de santé de Guillaume tiennent l’épreuve du temps, en modernisant les infrastructures des villes du fief et en veillant à ce que tout le monde mange à sa faim sans se ruiner. Ça, c’est être un chevalier dans l’âme, même si on appelle plutôt ça être un loup dans la famille. Ce n’est pas agité une épée en hurlant, c’est aider et protéger les autres.
– Comme grand-père ?
– Oui, comme grand-père qui a fait en sorte que l’eau du lac soit toujours pure, et qui chante pour éloigner le mal sans se battre. Il aide les autres lui aussi, et même si je ne suis pas sûr que ça existait déjà à son époque la chevalerie, c’est aussi un chevalier et un loup dans l’âme, comme Guillaume, Aliénor, Nicola, Alix et papa. Maman aussi était une chevalière et une louve. C’était une excellente négociatrice et avait des contacts avec tous les marchands de l’Alliance. Elle nous a dégotés du blé à des prix défiant toutes concurrences plus d’une fois. Elle était aussi très gentille et prévenante avec ces amies, comme avec la reine Héléna qu’elle a aidé à se détendre quand elle n’arrivait pas à tomber enceinte à cause de son anxiété. Tu m’étonnes que papa l’aime encore, maman était un vrai rayon de soleil ! Ria-t-il un peu avant d’ajouter en passant sa main sur sa propre tresse noire, nostalgique, les vagues souvenirs de sa mère flottant dans son esprit, les bruissements de sa voix conseillant à Sa Majesté Héléna de se détendre et de boire du jus de grenade, argumentant que plus qu’un fruit bon pour la fertilité, il était surtout très bon pour la santé. Tu lui ressembles vraiment beaucoup tu sais… vous ne l’exprimez pas de la même manière mais, tu es comme maman quand tu t’inquiètes pour les autres. Quand ça arrive, rien ne t’arrête.
– Je te crois… j’aurais bien aimé la connaitre… souffla-t-il. Dès que papa parle d’elle, ça se voie qu’elle lui manque beaucoup et que c’était la meilleure… Ivy aussi quand elle vient… je me demande comment elle était… tu me reparleras encore d’elle quand tu viendras t’entrainer à la maison ?
– Bien sûr, je te répéterais encore mille fois tout ce dont je me souviens. Et comme toujours, le jour où tu arrives à me battre, je me mets à la magie !
– Humf ! Je vais te battre à plat de couture quand tu reviendras Glenn ! S’exclama-t-il avec force, toujours aussi déterminé quand ils s’entrainaient ensemble. Tu verras Glenn ! Je pourrais même te battre maintenant ! Surtout que tes passes étaient nulles aujourd’hui ! Ta tresse en faisant des meilleures !
– C’est vrai que je rouille un peu… On fait un petit duel épée contre éclair pour voir si tu arrives enfin à me faire toucher à la magie ?
– D’accord ! Mais à l’épée ! Je veux te montrer ma technique pour entourer la lame d’éclair ! Je vais te battre ! Tu vas voir ! S’écria-t-il en attrapant en vitesse une lame de bois et en se mettant en position.
Revigoré à l’idée d’affronter son petit frère, Glenn se débrouilla bien mieux que tout à l’heure, trouvant plus de plaisir à contrer chaque coup de son cadet qu’à s’entrainer pour protéger un type comme Lambert, surtout que le combat était serré. Il ne fallait vraiment pas qu’il s’arrête de s’entrainer, même une journée ! Félix le dépasserait en un clin d’œil sinon ! Il progressait tellement vite en magie en plus ! Rien que le fait qu’il soit capable d’enchanter son arme sans qu’elle soit conçue pour était impressionnant ! Il fallait déjà être un excellent magicien pour y arriver !
– Rha ! J’ai encore perdu ! Râla Félix après être tombé sur le sable en haletant de fatigue, Glenn ayant encore réussi à lui faire l��cher son arme.
– Mais tu t’es très bien défendu, le félicita son grand frère. Et tu voies que tu peux y arriver louveteau ! Tu galérais à enchanter ton épée mais, tu y es arrivé finalement !
– Grâce à l’entrainement ! Assura-t-il avec fierté.
– C’est clair que t’es un vrai acharné de l’exercice ! Comme quoi, je ne suis pas le seul à tenir de papa ! Allez ! Il l’aida à se relever en disant. On devrait aller se coucher, la journée va être longue demain, et papa doit se demander où tu es passé… »
Les deux frères retournèrent dans leurs appartements où ils trouvèrent Alix tenter de calmer son frère qui semblait les avoir cherchés de partout, encore plus agité en ne les retrouvant pas. Les deux frères lui expliquèrent ce qui s’était passé, puis Félix annonça à leur père ce que comptait faire son ainé.
« Il va revenir à la maison pour t’aider quand ces cinq ans seront finis ! Il peut aussi être un chevalier à Egua après tout ! Comme toi ! Et il n'aura pas à supporter Lambert !
Glenn devait avouer qu’il redoutait un peu la réaction de son père. Malgré tout ce qui s’était passé et toutes les crasses que leur avait vomi ce chien idiot dessus, Rodrigue restait quelqu’un de fidèle, et il craignait qu’il prenne assez mal qu’il déserte plus ou moins son poste auprès du roi. Bon, il attendait quand même la fin officielle de ses cinq ans de services à la Couronne, heureusement achevées l’année prochaine. Même si techniquement, il ne rompait pas ses vœux et n’enfreignait aucune règle en opérant sur ses terres plutôt qu’à la capitale, c’était attendu qu’un chevalier de la noblesse serve le roi plutôt que son fief, sauf ceux qui manquaient vraiment de bras. Ce n’était pas une règle écrite mais, le contraire était devenu tellement rare que c’était devenue une coutume que tout le monde respectait, même si ce n’était que de l’habitude et du non-dit…
Cependant, son père les embrassa tous les deux et murmura, la voix comme le chuchotement d’un loup lancé à la lune, une main sur leur épaule. Il avait les joues et les yeux creusés, le teint cireux… cela tenait du miracle qu’aucun d’eux ne soit tombé malade dans cette histoire…
– Ce sera la meilleure chose à faire…
Glenn lui répondit en le serrant dans ses bras, voulant lui transmettre de la force. Il savait que Rodrigue avait autant de force qu’un loup mais, n’importe quel être humain était faillible… Lambert arrivait à user le bout de sa patience et de son abnégation… le voir aussi épuisé, anxieux et triste à cause de ce chien idiot le dégoutait, lui donnait envie de provoquer ce connard en duel et de hurler au monde tout ce qu’il osait faire pour ses désirs personnels… cela ne mettrait pas en péril la paix interne du Royaume, Glenn l’aurait déjà fait… il ne se retenait que parce que c’était le roi… il ne supportait plus cette situation…
– Je ne vous quitte plus quand je rentre, ça je le jure… je te protégerais à mon tour papa, toi et toute la meute, je te le promets…
– Moi aussi, ajouta Félix en imitant son ainé, se serrant contre leur père. Je te protégerais de tout ! Alix aussi ! Glenn aussi ! Et Nicola aussi ! Vous pourrez vous reposer comme ça !
– Merci… souffla leur père, arrivant enfin à sourire depuis trop longtemps. Merci pour tout… »
Alix s’ajouta au câlin familial, les quatre loups restant fourrure contre fourrure pour se promettre de se retrouver au plus vite à la maison.
Le soir, en se couchant, Glenn emprunta le chapelet de son père et fit une prière à la Déesse pour qu’elle exauce leur vœu… il ne croyait pas beaucoup mais, il voulait juste qu’elle les entende pour une fois après leur avoir arraché tant des leurs ainsi…
« Déesse d’Amour et de Miséricorde… tu es censé être attentive et bonne non ? Alors, s’il te plait, entend-moi et entend tous les autres pauvres bougres qui vont être trainés de force à Duscur… ramène-nous tous à la maison en entier… je ne veux pas déjà les quitter… je veux retrouver papa et Félix... notre famille est déjà orpheline de bien assez de ses membres... la mort nous a déjà pris Guillaume, Aliénor et maman, c'est bien assez... tu n’as pas souvent entendu les prières de notre famille, vu qu’on a tendance à mourir jeune pour la Couronne alors, vu le chien idiot qu’on se tape, tu peux bien nous faire au moins une fleur pour cette fois… »
*
Quelques semaines plus tard, le convoi était sur le point de partir mais, au lieu de voir une ambassade pour la paix, on aurait pu se croire à un enterrement. Tout le monde avait le teint terne, les yeux creusés, le visage marqué par l’épuisement et l’angoisse… les trop longues semaines de travails sans s’arrêter se ressentaient sur chacun d’entre eux… le ressentiment même… la plupart des organisateurs en étaient venus à détester même ce maudit convoi qui emmenait trop de leurs proches.
Félix, Ingrid et Sylvain allèrent souhaiter un bon voyage à Dimitri, tout en lui recommandant de faire bien attention à lui et de ne pas prendre de risque. Le jeune prince leur promit qu’il reviendrait vite sans une égratignure, tout en assurant que cela ira selon son père, avant que ses trois amis rejoignent leur famille pour leur faire leurs adieux. De son côté, Dimitri retourna auprès de son père, ce dernier attendant encore un peu avant de sonner le départ. Personne n’étant venu le saluer à part Gustave avant de rejoindre les troupes de son grand frère et Rufus qui restait avec lui.
La fratrie Charon et leurs enfants firent ses adieux à Myrina et Kimon ainsi qu’aux ainés des fratries qui partaient avec eux, toute la famille au grand complet étant réunie pour leur donner du courage, foule dans la foule tellement ils étaient nombreux. Cassandra jura à sa mère de protéger leur fief en son absence, reprenant Foudroyante à sa place et de foncer lui apporter si elle en avait besoin. Les reliques et autres armes sacrées avaient été interdites dans le convoi, pour ne pas envoyer un message trop belliqueux aux duscuriens… Une décision qui se comprenait, mais pour des familles inquiètes, cela semblait une autre preuve de déraison et d’inconscience…
Fregn souhaitait bonne chance aux soldats de Gautier étant du voyage avec Sylvain. Ils essayaient de rester neutres mais, ils étaient tous les deux bien assez lucides sur ce voyage, même si le visage de la mère était impossible à lire, digne d’une éclaireuse aussi douée et habile qu’elle. Les srengs admiraient ceux qui prenaient des risques pour atteindre leur objectif mais, risquer ainsi la vie de ses dépendants dans son pari et défi n’était pas digne de respect à leurs yeux, mais plutôt de mépris… ce serait comme se jeter dans le vide sans réfléchir en pensant s’en sortir vivant… les selles et les sacoches de leurs hommes portaient toutes des runes, surement un vœu de protection ou un sort de renforcement, mettant les leurs sous la protection de Sothis et du grand panthéon sreng… la mère et le fils eux-mêmes arboraient une phrase runique sur leur bras gauche, celui plus près du cœur, porteuse de la même supplique à tous les dieux les regardant…
Les Galatéa entourèrent Frédérique en lui faisant leurs dernières recommandations. Ils avaient dépensé une grosse partie de leurs maigres économies pour lui offrir un bon gambison discret et un bouclier de voyageur de bonne qualité à leur fils ainé, histoire qu’il puisse se défendre au cas où. Si ces protections s’avéraient inutiles, ils pourraient récupérer l’argent en les revendant. Ingrid lui offrit même un fer de sa propre monture afin de lui porter chance, en donnant un à ces deux autres frères et gardant le quatrième, les liant avec ce bout de métal. Frédérique promit de revenir vite pour qu’ils soient à nouveau réunis.
Nicola essayait d’apaiser les craintes de sa fille et de son gendre, leur assurant qu’il ne ferait rien de trop extravagant ou risqué pour son âge. Sa dernière petite-fille se pendait à son cou en pleurant et la première-née s’accrochait ses jambes en sanglotant en silence, ne voulant pas que leur grand-père parte aussi loin d’elles.
« Pars pas ! Pars pas chez les dusuriens papi ! Non ! Non !
– Chuuut… mes petites lapines, je reviendrais vite, c’est promis… votre grand-père a encore quelques années devant lui avant d’être complètement sénile et inapte au combat… »
Il pria très fort la Déesse pour qu’Elle ne lui donne pas tort…
Enfin, les Fraldarius s’étreignirent longtemps, silencieux comme ils l’étaient rarement dans leur famille… le silence était souvent chassé par un chant ou des bruits de vie de tous les jours… ici, seul des voix tremblantes l’ébréchèrent, trop faible pour vraiment le rompre…
« Fait bien attention à toi et reviens nous vite… lui recommanda encore Rodrigue.
– On t’attendra tous avec impatience à la maison, ajouta Alix.
– Tu reviens, et t’es assez en entier pour qu’on s’entraine ensemble, poursuivit Félix.
– C’est promis… je reviendrais vite et on sera de nouveau tous les quatre à la maison. Je serais là pour l’anniversaire de maman, vous verrez, jura-t-il, Félicia étant né le trente du mois des Guirlande.
– J’en suis sûr… mais avant que tu partes…
Rodrigue prit la main de son ainé et posa délicatement une toute petite ampoule d’eau claire à l’intérieur… l’eau d’Egua… c’était surement superstitieux de sa part, et très frivole d’avoir demandé à leur intendant de leur en envoyer une petite ampoule dans une de ses lettres alors qu’il avait mille autres choses à faire mais, cela le rassurait… l’eau du lac de leur ancêtre… l’onde bénie par son pouvoir… toujours pure et claire, qui ne rendait jamais malade… l’eau qui avait guéri son plus jeune louveteau de ses brûlures maudites… presque des gouttes du pouvoir de leur ancêtre… cela le rassurait de savoir que Glenn l’aurait sur lui, même si ce n’était ni Aegis, ni Moralta… le Brave serait à ses côtés d’une certaine manière, pourrait le protéger un peu plus… c’était tout ce qui comptait…
Glenn comprit assez vite et glissa la petite fiole à l’intérieur de son armure, tout près du sachet de Félicia qui pendait à son cou.
– Merci papa… d’ailleurs…
Il sortit un petit linge de son sac de voyage qu’il donna à Félix. En l’ouvrant, son petit frère découvrit ses éperons de chevalier, soigneusement ranger à l’intérieur.
– Je dirais que j’ai fait mon tête-en-l’air et que je les ai encore oubliés. Comme ça, je suis obligé de revenir pour les récupérer, lui assura-t-il avec un clin d’œil qu’il espérait rassurant.
– D’accord ! S’exclama Félix en les serrant contre son cœur. Et t’oublie toujours tout ! Cette fois, on ne te les rapporte pas à Fhirdiad ! Tu viens les chercher à la maison !
– Quand on n’a pas de tête, faut des jambes, renchérit Alix en échouant à faire une mine sévère, plus proche du vœu que de la réprimande.
– Ah ! Ah ! Arriva à rire un peu Glenn devant le ton de son frère. Exactement ! Je reviendrais les chercher à la maison !
– Et… et tiens, pour te protéger aussi…
Félix lui tendit une écaille sarcelle, toute semblable à celles dans son dos. Il avait dû la perdre en dormant, elles tombaient parfois.
– C’est grand-père qui les a fait apparaitre, ajouta-t-il en refermant ses doigts dessus, elles doivent contenir un peu de sa force… il sera avec toi comme ça, encore plus avec l’eau du lac.
Glenn lui sourit doucement en le mettant dans son sachet, puis embrassa son petit frère en soufflant.
– Merci beaucoup louveteau… je vais vite revenir, c’est promis…
Ils s’embrassèrent encore tous les quatre, suppliant la sonnerie du départ de s’endormir pour que personne ne parte.
Malheureusement, la corne résonna trop vite, trop forte, trop effrontée, comme si cela l’amusait de leur arracher à tous leurs familles… ce fut dur mais, il fallut se lâcher, s’embrasser une dernière fois, supplier une dernière fois de revenir entier, prier une dernière fois la Déesse ensemble pour que tout se passe bien… une dernière supplique pour qu’un miracle se produise…
Glenn enfourcha sa jument, prit du retard pour embrasser encore une dernière fois son père, son petit frère et son oncle depuis sa selle, puis partit à regret rejoindre sa formation, leur faisant de grands gestes d’au revoir, comme tous ces camarades. Cela ne se faisait pas pour les départs de voyages diplomatiques, on ne se saluait pas aussi désespérément à part pour partir à la guerre avec la peur au ventre… mais personne ne put s’empêcher de le faire… Félix tenta de le suivre mais, Rodrigue le prit doucement contre lui, lui rappelant sans un mot qu’il ne pouvait pas, que c’était trop dangereux et qu’il était bien trop jeune… cela semblait hypocrite… Dimitri était à peine plus âgé que lui et était du voyage mais, il ne devrait jamais être dans ce convoi de base… c’était si dangereux… mais c’était trop tard pour tout changer ou annuler…
Nicola passa près d’eux, puis se pencha autant qu’il put de sa selle pour passer la main sur la tête de Félix en lui assurant, tout comme aux jumeaux dont il tapota les cheveux. De tels expéditions n’étaient plus de son âge…
« Je veillerais sur lui et il ne lui arrivera rien, c’est promis louveteaux.
– Reviens vite aussi papi, lui demanda Félix, à moitié enfoui dans la cape de son père.
– Oui, revient nous vite Nicola… ne meurs pas comme papa… le supplièrent les jumeaux, la peur poisseuse s’accrochant à leurs mots pour les empêcher de sortir nets, tout tremblants sur sous son poids.
– C’est promis, je reviendrais vite à la maison pour mourir de vieillesse comme Aliénor… je dois encore passer un peu de temps avec mes lapines et les louveteaux… » leur assura-t-il malgré sa propre appréhension.
Il les embrassa à son tour et rejoignit le corps des vétérans auquel il était affecté avec un dernier au revoir à toutes ses familles.
Lambert les rejoint, visiblement affecté par la morosité ambiante et s’en voulant un peu, même s’il restait obséder par l’idée que tout allait bien se passer. Comme si toute cette situation n’était pas de son entière responsabilité… Il posa alors l’anneau d’argent de la couronne ducale sur la tête de Rodrigue et sa copie sur celle d’Alix en signe de confiance et de corégence avec Rufus, puis déclara solennellement, comme se devait de le faire le roi quand il partait en voyage.
« Je vous confie le Royaume. Grâce à la confiance entre nos deux familles, à cette amitié remontant à Loog et Kyphon eux-mêmes, je sais que je peux partir l’esprit tranquille car, Faerghus est entre de bonnes mains.
– Nous remplirons au mieux notre tâche de vous remplacer pendant votre absence… Votre Majesté… déclarèrent les jumeaux avec autant de gravité que lui, même si le ton était bien plus froid.
Lambert ne put qu’entendre tous les reproches et inquiétudes qu’ils gardaient au fond de leur cœur, mais qui perçaient la surface par l’eau de leurs yeux. Déesse... il n'avait jamais voulu les inquiéter à ce point… mais ce voyage devait être accompli et de toute façon, ce n’était plus possible de faire marche arrière, sauf si une menace majeure venait mettre en péril l’existence même du Saint-Royaume…
« Je n’ai toujours pas pu trouver le temps de m’excuser… » songea-t-il en serrant ses doigts gantés sur ses rênes, espérant qu’aucune engelure de sa dernière tentative de toucher Areadbhar ne se voie… ce cauchemar qui revenait tout le temps… l’illusion que le fin anneau d’argent ducal était remplacé par une couronne d’or, ornant leurs cheveux noirs… leur allait bien mieux… que la couronne devrait ceindre leur tête s’il se fiait aux mots de Ludovic…
« Tu n’as pas les épaules pour être un roi ! Tu n’es pas fait pour ça ! Jamais je ne laisserais le Royaume entre les mains d’un inconscient comme toi ! Jamais ! »
« Si… ça va aller… tu verras, on peut aussi régner sans être un bloc de glace rejetant ses émotions comme tu l’étais… »
– Il faudra vraiment qu’on se parle tous les trois une fois que tout cela sera fini…
– Quand tu auras ramené tous nos parents et nos enfants en vie, le corrigèrent-ils, Lambert ne loupant pas le regard mauvais que lui lançait Félix depuis la cape de son père.
– Bien sûr… » se résigna-t-il ne baissant la tête.
Il donna alors l’ordre de partir.
Aucune acclamation, aucun cri, aucun appel, aucun murmure n’accompagna le départ. Seul un silence de mort régnait dans les rangs du convoi et dans les familles venues les embrasser avant qu’il ne parte. Seul résonnait le pas lent des chevaux et des lourdes roues des longs chariots où reposaient vivres et équipement, les tentes et les tentures allongés dans de longues boites… le cliquetis des armures quand chaque membre du convoi se retournait pour saluer encore une dernière fois les siens…
Tous restèrent devant la porte de la capitale jusqu’à ce que le cortège silencieux disparaisse au loin, tous muets et immobiles, glacé de l’intérieur en cette fin de printemps…
Rodrigue sentit Félix s’accrocher un peu plus à lui en tournant le dos à l’horizon où avait disparu son frère, même s’il ne pouvait pas non plus détacher son regard de l’endroit où s’étaient fondu Glenn et Nicola.
« Ils sont partis assez longtemps… glapit-il. Ils doivent revenir maintenant… C’est déjà trop long… et Glenn va oublier le chemin… faut qu’il rentre maintenant… sinon, il va encore se perdre… Nicola est trop fatigué donc, il rentre aussi… il est trop vieux papi… c’est déjà trop long pour lui ce voyage… ça dure trop, faut qu’ils rentrent… »
Il cacha complètement son visage dans son manteau, déjà à moitié enveloppé dans la longue cape de son père. Ce dernier ne put que passer sa main dans ses cheveux et son dos, espérant que le geste serait rassurant, assez pour dompter ses angoisses… ils retourneraient à Fort Egua la première semaine pour s’occuper de leur fief, après l’avoir laissé pendant deux mois. Félix pourrait nager dans le lac comme ça, être dans l’eau l’apaisait toujours… même si rien ne pourrait soulager leur inquiétude à part le retour de Glenn et Nicola en bonne santé… silencieusement, Rodrigue souhaitait la même chose que son louveteau : que son fils ainé et son compère reviennent maintenant, qu’ils soient enfin de retour et qu’ils puissent rester tous les quatre à Fort Egua, mettre autant de distance que possible entre eux et Fhirdiad, tous se mettre en sécurité loin des folies de Lambert et de ses caprices…
Rodrigue embrassa son front, une prière coulant de ses lèvres comme une chanson en espérant que cela l’apaiserait à nouveau.
« Au loin, dans le soleil orange, tu pars,
Le vent se lève, murmure à l’oreille un présage,
La poussière qu’il soulève voile notre visage,
Cache les larmes qui à présent le parent.
La lumière du jour est puissante, le soleil nous blesse,
Impérieux et capricieux, il impose sa présence,
Impossible d’ignorer ses ordres et indécences,
Mais jamais il ne se rend compte de sa folle hardiesse,
Mais toujours, nous gardons espoir,
À la lueur de la pleine lune, nous chantons,
Fredonnant le chant des loups, nous prions,
Nos voix s’unissent pour enfin te voir,
Car même si ce Soleil inconscient t’arrache à nous,
Pour toujours et à jamais, nous resterons des loups,
Nos cœurs dans le tien, ce chant que tous on te voue,
Est dans ce rayon de lune qui essuie un peu nos joues.
La peur gèle notre cœur, nous ne pouvons jamais mentir,
Mais tant que nous hurlerons à la lueur de la lune, on le sait,
Notre voix te parviendra, même au plus profond de la forêt,
La suivant dans la nuit, tu pourras toujours revenir, »
« Par pitié… Glenn… Nicola… revenez… par pitié Déesse… Déesse d’Amour… toi qui est Mère, la mère de toute vie, toi qui a une famille, toi dont la famille est tous les êtres de cette Terre… laisse-les tous revenir en vie… donne raison à Lambert et à nous tous tort… je t’en supplie… préserve-les tous de la mort... »
#fe3h#écriture de curieuse#route cf + divergente canon#j'espère que ça vous plait surtout !#c'était long à écrire ! Surtout la conversation entre Glenn et Rodrigue au sujet de l'avenir de Félix où j'ai bien bloqué#j'avais l'idée de ce que je voulais faire en partant au boulot le matin mais le temps de rentrer le soir je l'oubliais à chaque fois#puis j'ai juste emmené mon texte au travail pour l'écrire à la pause midi et s'est passé tout seul#les trucs bizarres de l'écriture#Simplex : par pitié ! Aux noms des dieux ! Ecoute-moi !#Lambert et Rufus (surtout Rufus) : lalala ! J'entend pas ! C'est pas du tout un présage ou un signe du Brave à prendre au sérieux !#j'espère juste que je n'ai pas trop forcé le trait sur Lambert... je trouve toujours que la scène de la promesse est de très mauvais gout..#mais quand même c'est pas censé être le cas et Lambert est censé être un perso positif...#même si là honnêtement je suis avec Alix et Glenn pour le traiter de connard vu comment il se comporte#et qu'encore une fois je pense que Duscur aurait pu être facilement éviter mais bon ça arrive car scénario et nécessité scénaristique !#j'avoue aussi que tout du long j'avais juste envie de faire : et puis zut ! on laisse tombé CF et je fais juste un UA bye!#Ou version Lambert se prend les conséquences de ses actes avant Duscur et se fait dégager !#j'ai même tout le scénar avec Fregn qui en a marre#une petite réunion familiale en mettant à sac Fhirdiad avec une grande partie de Sreng pour piller la nourriture dont ils ont besoin#et le divorce à la sreng où elle tire Sylvain de là même si elle le confie d'abord aux Fraldarius le temps de retrouver ses soeurs#les jumeaux se barrent car Lambert et les autres commencent à trop les prendre pour des paillassons et pour protéger leurs louveteaux#et les Charon aussi car on leur a manqué de respect et en particulier envers Héléna (et Lambert va payer pour mettre en danger leur neveu!)#et le peuple qui en a aussi marre de ses conneries et prend les choses en main#un petit souffle de révolution ? Non juste des révoltes paysannes... même si bon sait-on jamais (au moins changement de dynastie)#pour un OS peut-être... même si je devrais aussi faire celui où Guillaume et Aliénor survivent et gère Arundel comme des rois#en tout cas merci beaucoup d'avoir lu tout ça !
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lisa972kdlz · 5 months
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Portails Interunivers :
Vous ne vous êtes jamais demandé comment les personnages faisaient pour passer d'un univers alternatif à un autre ?
Selon les histoires, les comics et les headcanons, la possibilité d'accès aux AU's est très relative. Il n'y a pas de créateur du Multivers d'Undertale, donc pas de canon vis à vis des liens que l'on fait entre les univers. Il a été observé une pluralité de chemins, premièrement à travers des moyens spécifiques et précis :
Par les portes de l'Oméga Timeline (assez limitée dans la mesure où on ne peut pas circuler ailleurs que dans son univers si l'on n'a pas d'abord été invité (je crois, c'est pas très clair, détrompez-moi si vous êtes sûrs de quelque chose)),
Par le biais de machines scientifiques, programmées par Gaster la plupart du temps, comme dans Chancetale avec les plans repris par Ace et Alphys,
Par des personnages qui ont la capacité de créer des portails où de se téléporter naturellement comme Dream ou Nightmare.
Secondement, les chemins... Sans explication notable. Dans certaines histoires, les personnages peuvent voyager d'AU en AU sans questionnement, sans règle, sans précision, on sait juste que c'est possible, genre comme on prend un bus. Passages secrets, téléportations, etc, on peut imaginer ce qu'on veut que ce ne sera jamais mentionné. Franchement, je n'accepte qu'avec des One-Shot ou des histoires délirantes sans enjeu, parce que... Essayer de trouver une logique à tout est mon hobby, va falloir vous y habituer \⁠(☆⁠▽⁠☆)⁠/
Mais les plus intéressants de cette problématique sont les personnages qui peuvent directement ouvrir des portails/se téléporter comme Ace, Color, Error ou Fresh, dans le cadre où c'est considéré comme un pouvoir spécial. Il en existe plein d'autres, mais ce sont eux que je connais le plus. Ça pose beaucoup de questionnements, surtout Ace qui obtient cette capacité du jour au lendemain alors que son créateur est quand même très réfléchi à propos de la cohérence. La seule solution en correspondance avec son pouvoir de briser le quatrième mur serait qu'il passe de case en case pour sauter d'un AU à un autre. Seulement ce n'est pas ce qu'il fait, il se téléporte ou créé un portail. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi d'un coup ?
J'ai réfléchi, réfléchi, puis j'ai trouvé une corrélation entre ces personnages qui pourraient se révéler être une causalité.
Ce sont tous des Outer-Characters. C'est-à-dire des personnages extérieurs à la réalité, sans AU, sans monde auquel fusionner leurs codes.
L'univers de Ace a été détruit par Error et n'existe plus dorénavant.
Color a été effacé de sa réalité, comme Gaster, son code s'est donc détaché.
Error a été littéralement expulsé dans l'Anti-void et s'est transformé en créature de glitchs (on en reparle plus tard).
Fresh est un parasite sans univers maternel, on sait pas trop d'où il sort mais en tout cas comme il n'existe pas officiellement d'Underfresh, il n'appartient à aucun univers.
Tels des électrons libres passants d'un courant à un autre, exilés entre les blocs qui façonnent les univers, ne possédant plus de point fixe, ils bénéficieraient donc d'une liberté de mouvement que les autres n'ont pas. Hors de l'espace, et pour certains (Core!Frisk, Gaster), carrément hors du temps.
Bon, ils ont un rapport assez étroit avec le Multivers, leurs codes ne sont pas "collés" à des blocs, et ça leur permet de zigzaguer entre les AU's . Mais comment ?
Et bien en considérant le fait que les AU's sont eux-mêmes liés entre eux. Le Multivers d'Undertale est une toile. Les Timelines qui finissent par se détacher pour devenir des AU's à part entière (Aftertale, Dusttale, Horrortale), des concepts qui se ressemblent (Underswap, Storyshift), et même les plus éloignés, TOUS sont reliés les uns aux autres. Et c'est par ce point de vue que je propose la théorie des brèches :
Il existe dans notre monde des hypothèses comme quoi des failles de la réalité existeraient et laisseraient parfois entrer des choses bizarres... Des créatures extraordinaires, des malédictions... Et les lieux mystiques et intenses en concentration de bizarrerie comme le Triangle des Bermudes seraient des lieux de ce genre. Abracadabrantesque pour notre monde, mais dans celui de la fiction, pourquoi pas ? Après tout quelle histoire est parfaite ? Quel Lore n'a pas son couac ? Quel jeu n'a aucun bug ? Ces anomalies, ces petites erreurs que nous faisons sans corriger des paradoxes formeraient ainsi des failles qu'il serait possible d'exploiter et d'ouvrir. Les Outer-Character, de part leur nature d'électron libre et leur conscience de la Toile, seraient plus sensibles à ces failles et seraient plus à même de les repérer et de les exploiter. En revanche, non seulement ces failles ne se trouvent pas partout, mais en plus certaines sont des anomalies au-delà de notre perception de la réalité, elles auraient leur propre place dans l'espace-temps. Ce qui veut dire qu'elles pourraient être présentes durant un certain laps de temps puis disparaître, ou n'être disponible qu'à un endroit précis une certaine heure un certain jour... On peut également imaginer que des univers sont plus "fermés" et inaccessibles que d'autres ? (J'accorde personnellement ça aux Multivers/AU's, genre un AU qui regroupe les personnages principaux du Multivers comme Vampireverse, Empireverse, Minuscultale etc.) Comme ça, on veut inventer des histoires où les protagonistes se confrontent à des contraintes de temps et d'espace qui les empêchent de s'enfuir à tout bout de champ !
Excuses scénaristiques offertes par la maison, ne me remerciez pas (☞◖■ᴥ■◗)⁠☞✨✨ !
C'est assez gros et ça implique beaucoup de choses... Voyons voir...
Donc, cela voudrait-il dire que par exemple tous les habitants de l'Oméga Timeline dont les AU's ont été détruits par Error auraient la possibilité d'ouvrir des brèches comme ils le veulent ?
Ben euh... Oui, techniquement. Mais on peut imaginer des centaines de raisons pour laquelle ils ne le feraient pas. Ouvrir une brèche demande de l'entraînement et de l'expérience, c'est risqué, dangereux, ça amène à des erreurs de parcours, de coordonnées, ou bien tout simplement ils ne sont pas au courant qu'ils peuvent le faire. Ce n'est pas parce que tu as techniquement la capacité humaine de faire des saltos arrières que tu sais forcément en faire.
Et Geno, c'est un Outer-Character ? Mmmh... Techniquement il est coincé dans l'écran de Sauvegarde, ce qui ne veut pas dire qu'il a été expulsé de son AU. Plus de sa Timeline, mais ça n'en fait pas un Outer-Character non plus.
Ink, c'est assez intéressant, il y a plusieurs possibilités. Son AU existe techniquement, il est juste incomplet et oublié de tous. Cependant, il pourrait être un Outer-Character dû au fait qu'il s'y est effacé quand il a déchiré son âme (étant l'essence de son être une âme pourrait aussi être le lien d'un individu à son univers, pourquoi pas ?), ou bien, étant donné qu'il semble plutôt ouvrir des portails spéciaux et qu'il se téléporte aussi dans l'encre, parce que ça fait partie de ses pouvoirs acquis des Créateur via la "peinture magique" (certaines versions veulent qu'il ne peut pas ouvrir de portail sans son pinceau). Personnellement je préfère ça, car si on adhère à la théorie qu'il a finalement encore une âme mais qu'elle est détachée de son corps, ça réglerait le paradoxe.
À moins qu'il soit pleinement un Outer-Character parce qu'Error aurait détruit son AU il y a longtemps, c'est tout à fait possible aussi.
En ce qui concerne les personnages qui voyagent habituellement entre les AU's comme le Facteur ou le Sans de UnderEat, ou même parfois Death, il y a deux hypothèses : soient ils ont tout simplement appris à ouvrir des brèches même sans être des Outer-Character (car je pense que c'est possible, il faut juste être très doué, très sensible et très déterminé), soit ils détiennent cette capacité car c'est le principe même de leur existence. Le Facteur et UnderEat!Sans ont été créés POUR créer des liens entre les AU's (je ne sais même pas si le Facteur a son propre univers en fait), tandis que Death... Et bien ça dépend car je n'ai jamais réussi à comprendre si son influence de la grande Faucheuse était juste propre à son AU ou si cela s'étendait sur tout le Multivers. S'il n'est propre qu'à son AU, techniquement il ne devrait pas avoir ce privilège. Mais si les dieux de Reapertale, autant lui que Toriel, Papyrus, Gaster ou Asgore, s'occupent du Multivers entier, alors c'est logique qu'ils puissent tous voyager entre les AU's comme bon leur semble.
Et les autres ? Et bien, selon moi ils ne sont juste pas capables d'ouvrir des brèches, et les personnages comme Sans, Red ou Blue ne devraient pas en détenir la capacité. Encore moins ceux qui n'ont aucune connaissance des univers. Parce que si n'importe qui pouvait le faire ce serait quand même un gros, gros bordel. Même, scénaristiquement, ce serait un peu chiant si tout le monde pouvait aller où il voulait quand il voulait et s'enfuir pareillement. Mais pour le coup c'est juste mon interprétation des choses.
Mais ce n'est pas fini ! Qu'est-ce qui fait encore que c'est comme ça ? Extrapolons un peu. Peut-on, dans le Multivers d'Undertale, relier cette histoire de brèches et de liens à quelque chose qu'on connait ? Existe-t-il une dimension où tous les AU's se rejoignent en un même centre ? Une dimension pour être le Noyau ?
Et oui !
Je parle bien sûr de la Doodlesph– l'Anti-Void.
Qu'est-ce que l'Anti-Void ? On a jamais eu de définition exacte. On sait par le comic de CrayonQueen que c'est un néant blanc un peu mysterieux dans lequel s'est retrouvé Geno quand une expérience de Détermination a mal tourné. Il a été baptisé l'Anti-Void parce qu'il est blanc et pas noir comme le Void.... Mais c'est tout. Et c'est pas cool parce que des néants blancs, y'en a un peu à foison. La plupart du temps, ce sont des AU's vides dont il ne reste plus rien, Chancetale, par exemple. Des AU's vides, mais pas détruits cependant, car dans Undertale pendant la route Génocide, on sait qu'après l'effacement du monde il ne reste plus rien, c'est le Void. Noir, froid, silencieux. Le Void est les ténèbres qui compose les étoiles du ciel.
On en déduit que ces AU's vide tout blanc, ce serait plutôt quand le CONTENU de l'AU est vide, mais pas l'AU lui-même, comme X-tale ou ___tale (c'est contradictoire avec Chancetale qui est détruit de chez détruit, cependant c'est normal d'avoir quelques contradictions quand on parle d'un monde créé par des centaines de personnes différentes). Ce qui est sûr, c'est que l'Anti-Void ne fait pas partie de cette catégorie. Ce n'est pas une coquille vide. C'est autre chose. Ça se voit dans ce qu'il fait à ses locataires, en les transformant littéralement en glitchs amnésiques et détraqués. Cela se voit dans les brèches qu'ouvre Error, donnant sur ses souvenirs anciens. Cela se voit quand on sait que c'est un moyen, au bout d'un certain temps, d'entendre la voix des Créateurs.
L'Anti-Void est l'exact opposé du Void : c'est le Tout, le Lien où tout chemin se croise. Après tout, combien de personnages s'y sont déjà rendus accidentellement ? Ne parlons pas des centaines d'histoire x reader où le protagoniste se retrouve par hasard dans l'Anti-Void après je ne sais quelle péripétie 😂 et allons plutôt vers ce qui est arrivé à Geno, ou bien à la machine de Ace dont l'Anti-void a été la première destination. Rien qu'à observer comment Error a appris à utiliser les brèches... À chaque fois il passe D'ABORD par l'Anti-Void avant d'ouvrir un portail d'un AU à un autre. C'est la Gare Centrale des passages entre les dimensions. Je dirais même, c'est un passage OBLIGATOIRE. Chaque AU est en connexion avec un autre VIA l'Anti-Void. Disons juste que la plupart des gens font le raccourci instinctivement.
Mais pourquoi le Noyau serait l'Anti-Void et pas la Doodlesphère ? C'est une dimension qui semble bien mieux disposée à remplir ce rôle...
Et bien... L'un n'empêche pas l'autre.
En fait, la Doodlesphère et l'Anti-Void sont étroitement liés. J'ai remarqué qu'il y a souvent deux points de vue abordables dans le Multivers : la partie code (le Joueur, les algorithmes, glitchs et bugs, comme Error, Fatal, Glitchtale, etc.) et la partie spirituelle (la pensée, la foi, les émotions, les Créateurs, Ink, Faith, Dreamtale, etc.) Et si l'Anti-Void était le Noyau "codé" du Multivers tandis que la Doodlesphère était son Noyau spirituel ?
Car il y a la toile informatique et la toile du peintre 🤣 !
Mhrm–... Pardon :'> (cette blague marche en anglais ?)
N'est-ce toute de même pas un drôle de hasard que les deux plus grands ennemis du Multivers au passé similaire vivent dans deux habitats qui se ressemblent et se complètent ?
La toile... Assez ironique d'ailleurs que son locataire soit un squelette qui manie les fils...
Error est le SDF de la réalité par excellence, c'est dans sa thématique de personnage et dans son design, donc pas étonnant que ce soit sans doute l'être le plus apte à repérer les failles dans le Multivers. C'est caractéristique extrêmement adoptée dans les fanfics ou les comics, il peut ouvrir des fenêtres quasiment où il veut quand il veut ! (c'est pour ça que je trouve bizarre le fait que Corrompu trouve canoniquement Error inutile alors que c'est justement LE type qui peut lui ouvrir les portes vers tous les AU's qu'il veut, même les positifs) Après tout, il est resté piégé au sein même du Tout pendant un temps indéterminé. Canoniquement, au bout d'un certain moment passé dans l'Anti-Void, tout le monde peut devenir un "error" : un être ayant perdu et acquis toute sorte de codes venant de partout et nulle part à la fois, jusqu'à ce qu'il ne reste presque plus rien de ce qu'il était avant, personnalité, couleurs, souvenirs. Pas étonnant si on admet c'est l'agglomération de tous les codes du Multivers ! Au bout d'un moment, n'importe quelle chose finit par se disperser et se disloquer !
Partiellement ?
Entièrement ?
Au bout d'un moment, Error finirait-il par disparaître à force de vivre dans l'Anti-void ?
Subirait-il moins de perte de mémoire s'il arrêtait d'y aller ?
Euh... au choix. ¯⁠\⁠(⁠°⁠_⁠o⁠)⁠/⁠¯ j'aime pas trop l'idée qu'on puisse se dissoudre entièrement dans l'Anti-Void mais après tout pourquoi pas.
Attends, attends... Si les brèches ont un rapport spatio-temporel, que l'Anti-Void est le regroupement de toutes ces dimensions et qu'Error a pu créer une fenêtre vers son passé dans son comic, alors est-ce qu'Error serait en mesure de voyager dans le temps ???
Euh..............euh... (⁠@⁠_⁠@⁠;⁠) c'est vrai que CQ a déjà mentionné l'hypothèse qu'il pouvait exister plusieurs Error en même temps, mais...euh....je...
Je sais pas (⁠•⁠ ⁠▽⁠ ⁠•⁠;⁠)
Je sais pas...
Peut-être que non, ou du moins personne qui serait, certes détaché de l'espace, mais pas forcément détaché du temps ? Error est-il seulement conscient de ce qu'il est capable de faire ? Peut-être qu'il peut simplement regarder mais pas y entrer ?
Mais alors... Il pourrait quand même voir n'importe quel futur et passé ? Ou seulement ce qui le concerne ?
J'en.
Sais.
Foutre rien.
Je suis pas allée jusque là xD
Mais bon, c'est déjà pas mal, non ?
Si vous avez des théories, headcanons ou même que vous avez repéré des incohérences dans mes propos, n'hésitez pas à m'en faire part, c'est un Headcanon mais ce n'est pas parfait, alors j'aimerais bien le peaufiner le plus possible :3
À la revoyure !
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homomenhommes · 4 months
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saga: SOUMISSION / DOMINATION 109
Vendredi :
J'emmène Jimmy chez le père de Ric, hé oui, les amis en premier. Son troisième client sera le père de Pierre. Les autres passeront après.
Même si il s'occupe encore beaucoup de Ric, il n'est pas sans porter intérêt à ce que je peux lui proposer comme nouveauté. ;Je lui précise juste en arrivant qu'il n'a pas l'expérience de son Ric et donc qu'il faut qu'il y aille cool. Il me dit qu'il se souvient très bien des débuts.
Il me remet mon enveloppe. Je feuillette les billets pendant qu'on le suit dans son bureau. Comme Xavier, il a majoré la somme. Je le remercie, il me dit que c'est normal pour me remercier du service apporté. J'empoche. Il s'assied derrière son bureau et demande à Jimmy de se mettre nu. Ce dernier s'exécute, ce n'est pas trop mal. Quand il en arrive à descendre son slip, je vois bien qu'André (le vieux) bande comme un taureau. Il ne peut cacher ses 27cm x 7 qui dépassent du plateau de son bureau. Jimmy est surpris. C'est vrai que même à coté de Xavier, la bite d'André fait monstrueuse. Il se lève de son fauteuil, fait le tour du bureau et appui ses fesses dessus. Sa bite sort de par la braguette. Il passe une main dedans pour passer ses couilles à l'air libre. Jimmy comme hypnotisé, avance s'agenouille et le prend dans sa bouche. Je l'observe faire, pour pouvoir corriger au retour. Il s'applique sur le gland et arrache à André un satisfécit. Ce dernier m'en fait part et dit reconnaitre ma patte dans sa façon de travailler un gland. Je lui demande si c'est un problème, il me répond que s'en serait un si c'était du mauvais travail mais que ce n'est pas le cas.
Il pose sa main sur la nuque de Jimmy et appui doucement pour lui faire comprendre d'en bouffer un peu plus. Aussitôt Jimmy se met à pomper. J'observe la mâchoire, il ouvre grand pour en prendre le maximum et sa gorge se déforme sous la poussée d'André. Dan cette position (à genoux devant André debout) il ne peu en prendre plus de ma moitié. André le soulève comme une plume et le pose en travers du bureau, la tête pendante sur le bord. Jimmy connait cette position qui lui permet d'en prendre plus en gorge. De lui-même il pousse sa tête en arrière et ouvre grand la bouche. André s'y engouffre et lui tenant la tête entre ses mains, s'enfonce derrière la glotte. Malgré tous les efforts de Jimmy, il laisse 3 bons cm dehors. Quand André sort, il s'excuse de ne pouvoir faire mieux. Ce dernier lui caresse la joue et lui dit que ce n'est qu'une histoire de temps (Ric lui arrive à la bouffer totalement), et il lui renfourne sa bite. Se tournant vers moi, André me demande si de l'autre coté, il aura autant de mal. Je le rassure et lui certifie qu'il pourra y entrer tout son matériel. Aussitôt dit aussitôt fait et il le fait pivoter pour avoir son cul devant les yeux. Il se baisse et va tâter de la langue l'anneau qu'il ne va pas tarder à défoncer. Il le mouille bien mais je lui dis qu'il faudra quand même mettre du lubrifiant. Il se redresse, se kpote et se couvre de gel. Il pose son gland sur l'anneau et me demande du poppers. Je lui dis qu'avec Jimmy ce n'est pas nécessaire, il s'ouvre aux dimensions désirées sans artifices. Rassuré, il s'enfonce dans les profondeurs des on boyau. Comme prévu, Jimmy s'ouvre bien et son anus se déplisse pour accepter la saillie. André me fait la remarque qu'il se sent quand même bien serré malgré la facilité de pénétration. Il s'enfonce jusqu'aux couilles. Jimmy tourne la tête vers moi et je lui fais un signe de la tête pour le féliciter. Il regarde alors André avec un sourire qui lui barre le visage. André commence alors un limage en règle. Lentement dans un premier temps, pour bien habituer le boyau au diamètre de son mandrin puis, plus rapidement. Jimmy se redresse et passe ses mains derrière le cou d'André, je saurais plus tard que son dos raclait la surface du bureau et que ce n'était pas agréable.
André se déchaine et je sens qu'il va bientôt jouir. Il se redresse brusquement, soulevant Jimmy du bureau. Il le tient bien enfoncé sur sa queue et je le vois trembler à chaque éjaculation. Jimmy ne peut se retenir et lui jute sur son gilet de costume.
Il m'offre un whisky pendant que Jimmy se douche dans la salle d'eau attenante. Il me demande comment est ma deuxième recrue. Je le lui décris et ajoutant que pour lui c'est poppers ou pas de pénétration. Il me répond que le principal c'est de pouvoir entrer. Il me dit aussi qu'avec un peu "entrainement, Jimmy sera capable de l'avaler entier comme Ric, j'acquiesce.
Je lui demande comment ça va avec son fils. Il me dit que ce dernier lui donne toute satisfaction, aussi bien à la fac que dans son lit. Je lui dis que bientôt, il devra se faire à l'idée que Ric puisse se trouver un mec à lui. Ça me vaut un regard noir. Je l'assure que je serais toujours là pour lui fournir de quoi s'amuser. Il me dit surement moins disponible que son fils. Je lui réponds alors qu'à terme, un ptit mec comme Jimmy pourrait lui être un serviteur full services.
Il me dit qu'il n'y avait pas encore pensé mais que ce serait surement la bonne solution pour lui.
Jimmy nous rejoint et nous cessons cette conversation.
Nous rentrons. En cours de route (nous sommes en voiture) je lui demande comment il a trouvé André. Il me dit qu'il l'a trouvé sympathique. Je lui demande si un jour il pourrait envisager d'entrer à son service, il ne comprend pas et je lui explique ce que pourrait être sa vie future. Il réfléchit et me dit que si c'est ce que je pense être le mieux pour lui alors pourquoi pas. Je lui dis que ce n'est pas encore d'actualité mais que s'il le voulait, nous pourrions envisager une formation " maitre d'hôtel / secrétariat" plutôt que son taf de jardinier. Il me dit que ce serait peut être mieux alors. Je me promets d'en reparler à André et de voir ce qui existe comme formation dans les environs.
Quand Marc rentre je lui fais part de mes cogitations. Il est d'accord avec moi. La formation secrétariat / maitre d'hôtel en sus des services sexuels pourrait être une bonne porte de sortie pour Jimmy. Comme on est vendredi, j'en touche deux mots à Samir et lui demande par la même occasion comment le père de Jimmy prenait les choses. Il me dit que c'est une bonne idée et que pour le vieux de Jimmy y'avait pas à s'en faire, il avait annoncé à son entourage que son fils s'était trouvé un travail dans une autre ville et qu'il était obligé d'y vivre.
Samedi matin Classique, cours et baise pour le père de Jean.
Samedi après midi Je suis un peu tendu, ce soir je fais excort-boy dans le grand monde !! Je passe l'après midi à me préparer, épilation, rasage. Je me lime les ongles pour les avoir tous à la longueur parfaite. Marc vient m'inspecter. Il me trouve parfait (ça m'avance ce genre de remarque !) puis prend la pince à épiler et l'approchant de mon visage retire deux poils un peu trop longs de mes sourcils. Il me claque les fesses et me dit que maintenant c'est vraiment parfait.
Je suis trop impatient et j'arrive dès 17h chez Emma. Elle a finit par mettre au courant son personnel (une vielle cuisinière / femme de ménage et le valet / major d'homme de feu son mari). Ils sont à son service depuis des années et lui sont d'une fidélité à toute épreuve.
Je fais connaissance. Après tout je suis un employé comme eux (enfin pas tout à fait quand même). Devant mon léger stress, la cuisinière me prépare une tisane calmante mais énergisante quand même, pas question que je m'endorme au beau milieu du dîner.
Je vais me changer avec Emma. Quand je suis nu, elle s'aperçoit du soin avec lequel je me suis préparé. Ce n'est pas qu'habituellement je sois négligé mais là, j'ai vraiment fait une préparation spéciale. Elle me caresse, je lui dis de cesser car je vais bander et même avec un costume bien taillé, ça va se voir. Aussitôt elle glisse à genoux et enfonce ma bite dans sa bouche. Je veux me retirer mais elle s'accroche et me pompe jusqu'à ce que j'explose. Ce qui est assez rapide vu mon stress. Je suis bon pour une douche ! Quand j'en sors, Emma est presque prête. Il ne lui reste qu'un ajustement de maquillage. Je revêts la tenue qu'elle m'a préparé. Slip Aussiebum wonderjock, chaussettes, chemise blanche avec les boutons de manchettes en diamants blancs, pantalon de costume anthracite, chaussures noires, cravate et enfin la veste du costume. Je secoue les épaules et elle tombe naturellement. Je n'oublie pas de passer la montre qu'elle m'a offerte. Dans la glace, je vois un autre homme, plutôt un frère (que je n'ai pas) que moi.
Emma est enchantée du résultat. Quand nous sortons de ses appartements, j'ai droit à une bise de la vieille cuisinière et un regard approbateur du major d'homme. Ce soir la grosse Mercedes est de sortie, le major d'homme faisant aussi chauffeur. Nous arrivons avec une bonne demi-heure de retard. Le 1/4 d'heure c'est pour les hommes ! Dans la cour de la propriété déjà une dizaine de véhicule haut de gamme sont garés, avec au coté de certains un chauffeur en train de fumer.
Monté du perron (la propriété est très grande et la maison ressemble plutôt à un château), on nous ouvre, je laisse passer Emma en premier (elle connait le lieu). On nous débarrasse de nos manteaux et nous conduit vers un salon d'où monte un certain brouhaha. L'entrée d'Emma fait sensation. Je remarque quelques femmes dans l'assistance, mais aucune ne peut rivaliser avec elle (sauf en bijoux, deux en sont couvertes).
Elle m'entraine vers notre hôte qui la salut d'un baise main parfait. Elle me présente comme son escort-boy. Je lui serre la main avec un beau sourire pour lui montrer que je suis complètement à l'aise avec cela. Il essaye de me la broyer. Mon costume cache assez bien ma musculature et il ne s'attendait pas à ce que l'inverse se produise. Toujours en souriant, je lui demande s'il veut s'essayer à qui fera pipi le plus loin. Il ne me répond pas et engage Emma à saluer ses autres invités. Nous faisons le tour. Deux hommes d'un certain âge sont accompagnés de jeunes hommes aussi élégants que moi, présentés comme leurs neveux (faut pas prendre les gens pour des billes !!, ce sont des escorts comme moi... enfin moins beau que moi quand même !). Un troisième me demande qui a gagné le concours. Je mets quelques secondes à réaliser qu'il avait entendu ma conversation avec notre hôte et à son sourire, j'ai compris que je me l'étais mis dans la poche.
Pendant le diner, je suis placé à la droite d'Emma elle-même à la droite de notre hôte et coincé de l'autre coté par un des vieux à escort-boy. Je suis les seuls des trois à être aussi bien placé, les deux autres sont relégués avec les accompagnantes. Si ils sont bien ce que je pense, ils vont être malheureux !
Notre hôte essaye plusieurs fois d'amener Emma vers plus de confidence me concernant pendant que mon voisin de droite m'entretien d'industrie, de commerce international et de finance. J'essaye de sortir avec à propos mes connaissances fraîchement acquises. Ça a l'air de marcher et j'arrive à faire illusion. Quelques analyses d'Andrée me valent même un regard impressionné et un aparté où le vieux aimerait que son " gigolo " s'intéresse à autre chose qu'à son fric. Au moins il est lucide à défaut d'avoir eu du discernement concernant son choix d'accompagnateur !
Emma qui me surveille sans en avoir l'air, apprécie que je me sois mis dans la poche mon voisin. C'est un grand capitaine d'industrie (plutôt général vu l'âge). Quelques instants plus tard, il me demande ce que je fais dans la vie, oublieux que je sois arrivé au bras d'Emma. Je lui dis que je viens de monter ma propre société de design d'espace vert. Il me demande mon âge et s'étonne que j'en sois déjà là.
Après le diner, je vais aux toilettes, j'y retrouve les deux autres escort-boy en train de vérifier leurs mises. Je demande qui accompagne le vieux qui était à coté de moi pendant le diner. Le brun s'avance, je le préviens qu'il à intérêt à se montrer intéressé au taf de son boss si il veut rester dans son entourage. Sa réponse me montre qu'il ne comprend pas, tant pis pour lui si il perd sa situation. Le second me drague plus qu'ouvertement puisqu'il me met la main au paquet en me disant qu'il kiffe les hétéros. Nous sommes pressés, il me fait bander. Je sors ma bite et il me l'avale direct. Il me pompe comme un affamé alors que l'autre se barre. Il est très efficace et je dois le repousser au moment ou je jute en évitant de tacher sa veste. Nous nous réajustons. Il me dit que son vieux n'est plus actif et que c'est juste comme un trophée qu'il l'accompagne partout. Je lui confie que pour moi tout va bien de ce coté là. Il me dit que la prochaine fois il souhaiterait que je l'encule. Je lui dis pourquoi pas, après tout je sais qu'il ne dira rien, il a trop à perdre.
Dans la soirée, Emma s'accroche plus d'une fois à mon bras, surtout quand notre hôte est près de nous. Comme il m'envoit un Scud destiné à me faire passer pour un con, je le remets en place à l'aide d'une des infos hyper confidentielles que m'a donné André. Il cesse aussitôt se demandant bien comment j'avais pu avoir accès à cela. Au retour, j'ai droit aux félicitations d'Emma, avoir mouché deux fois son connard d'associé et m'être mis dans la poche les deux plus importants personnages de la soirée l'avait enchantée.
Elle relève la glace sans tain nous séparant du chauffeur, puis me tombe dans les bras. Notre pelle m'a électrisé et fait bander grave. L'espace étant quand même exigu, j'ai arraché sa culotte pour pouvoir lui manger la chatte. Elle était toute mouillée et me dit avoir attendu cela depuis notre arrivée chez notre hôte. Je déboucle ma ceinture et me kpote vite. Elle m'enjambe pour s'assoir sur mes genoux et s'enfiler ma bite en elle. Est-ce le lieu, l'excitation du moment, ses félicitations, toujours est il qu'elle m'a fait jouir avec son vagin.
Changé, ;je reprends ma voiture, elle me glisse mon salaire du soir.
JARDINIER
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pommunist · 2 months
Note
Chère Pommunist,
Merci pour ta patience, ta nuance et ta gentillesse à toutes épreuves. J'espère que tu prends soin de toi car même si les gens ne t'envoient pas de haine, ce type de situation peut devenir rapidement épuisant.
Je tiens à t'informer que dans un climat grandissant de mauvaise fois assumée et d'une incapacité à lire inquiétante du beau site qu'est tumblr – où il est toujours de bon goût de poster "si j'ai bien compris, le syndicat veut que Q MEURT 😨" plutôt que de relire les phrases lentement et avec le doigt qui suit la ligne – je résiste à l'envie terrible de laisser un message passif agressif d'explications en anon en ton honneur.
En effet, alors que je tapais un long message sarcastique et un peu méchant dans mes notes pour l'effacer ensuite comme j'en ai maintenant l'habitude (ça permet d'extérioriser...), m'est venue l'idée saugrenue que peut-être, sans doute, ça ne ferait pas trop de mal de poster ce message dans les asks d'une personne particulièrement obtuse... et je me suis dit que Pommunist, rayon de soleil de tumblr, symbole de patience à toute épreuve et de gentillesse sans faille dans l'adversité, n'approuverait pas. On a tous des moments de faiblesse je suppose, mais je suis contente de ne pas avoir suivi le mien, et c'est grâce à toi que ça a été possible.
(Je continue d'être aigrie cela dit. Mais aigrie selon les principes pommunistiens de respect et de tolérance.)
Bref continue comme ça, t'es incroyable, j'en deviendrait presque parasociale (/j)
(Mais entre nous........ parfois ce message ultra sarcastique dans les notes du téléphone démange les doigts........ je sais pas comment tu fais pour garder ton calme tout le temps mais j'admire........ Mais plus sérieusement, continue d'être quelqu'un de super (autant que possible, tu reste humaine !!), parce que je trouve ça vraiment cool que ta gentillesse m'ait inspirée moi et peut-être d'autres à ne pas écouter la petite voix dans la tête qui donne envie d'être méchant parfois. Dans une situation déjà tendue ça n'aiderait à rien mais parfois j'ai envie de m'énerver quand même. Bref, long message mais voilà, je t'envoie beaucoup de force et d'amour, prends soin de toi !!)
Franchement j’ai fait la paix avec le fait que certaines personnes ne savent juste pas lire quand j’ai vu un tweet qui répondait à la trad qu’on a fait de l’interview de léa en demandant quand s’etait passée l’interview (c’est literallement dans la première phrase du doc, tout en haut, écrite en gras 🫡). Et je pense que y’a beaucoup de gens qui sont tellement attachés à Q ou au serveur qu’ils vont inconsciemment chercher la moindre petite bête dans les discours d’en face pour les discréditer et se dire que tout va bien se passer, force à eux mdrrrr
Et vraiment c’est pas l’envie qui me manque des fois de passer en mode full français vnr full gilet jauné ambiance bien on brûle des poubelles dans la rue mais bon déjà qu’on galère à faire passer le message si on garde pas calme ça serait encore pire mdr
Mon astuce c’est juste de ronchonner en parlant à mes chats pour rester zen (ils captent rien ils doivent penser que je leur exprime mon amour et good for them franchement)
En tous cas trop doux ton message, merci beaucoup et plein d’amour en retour !!! Par contre, attends, t’as dit parasoQUOI ?????
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/jjjjj
Je rigole dsl ça fait trop longtemps que j’avais cette image sans pouvoir l’utiliser car j’ai le malheur d’avoir la chance de pas recevoir de haine en anon 😔✊✊
Et on oublie pas que les valeurs pommunistiennes sont certes le respect et la tolérance mais aussi les droits des travailleurs, la grève, la RÉVOLUTION DRAAAAA (now playing l’internationale)
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marche-murmure · 2 months
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La culpabilité
La pièce finale de ma petit thérapie trumblerienne, j'espère. Le plus dur et le plus gros morceau, que j'ai même pas réussi a calé à ma brêle de psychologue.
J'étais parti pour vous écrire une énième longue tirade de romantisme bullshit. Je vous aurais bien raconté une fois de lpus comment j'avais "fondu mon âme dans la sienne" et tout un train train ouin-ouinesque qui aurait débouché sur la longue et transcendante phase mélancolique que je me tape actuellement. Mais ça n'a pas trop d'importance.
La vérité c'est que pour cette femme AKA "mon seul, unique et véritable amour", je n'étais au mieux qu'une épée, même pas, une machette. Alors je n'ai pas envie de céder à ça, au romantisme envers cette personne, parce que de toute façon, elle a sucé chaque centimètre de poésie, de sensibilité et de douceur qui résidait en moi.
Je suis un ancien militaire, un mec à l'air patibulaire, avec une mâchoire carrée, des épaules larges et un peu de vécu. Typiquement celui que tu veux embaucher quand ton ex est un peu relou, que les flics ont pas voulu t'aider, et qu'il faut qu'il te foute la paix. J'ai pas compris assez vite que c'était pour ça qu'elle m'avait choisi. Que j'allais être qu'un pion dans un jeu sordide entre deux gros tarés, deux monstres. J'étais le champion de cette femme, sacrifiable bien entendu.
Je vais pas vous donner tous les détails, mais lui, c'était l'incarnation du beauf crade qui se trimballe avec des armes pas déclarées, qu'il hésite pas à utiliser en dehors de toutes règles de sécurité élémentaire genre "tiens j'ai envie de butter un random piaff devant chez moi", qui est beurré H24, dangereux, instable et violent. Violent au point de tabasser le chien 2 à 3 fois par semaine jusqu'à ce qu'il tombe inconscient (je rentrerai pas dans le volet chien, ça me fait autant culpabiliser que le gosse). Violent au point de filer des bleus bien énervés à son gamin de 2 ans. Et suffisamment tordu pour faire d'autres trucs.
Et elle. Vous avez déjà vu de la lave se jeter dans l'eau ? Ca vous donnera une idée de ce qui lui coulait le long des épaules. Des cascades infinies... Un regard... Et surtout, dissimulé à l'intérieur, la digne compagne du mec précédemment cité. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi méchant, calculateur et froid. C'est un truc que j'ai compris que maintenant, en fait, eux deux, c'était genre "infinite loop de pervers hardcore" et tout ce qui était au milieux, moi inclut, on était juste des nouvelles pièces de l'échiquier. Genre ces deux personnes là, tout ça, c'était un jeu pour eux, une espèce de pièce de théâtre glauque asfuck. Vraiment je veux pas alourdir mon texte sinon ça va devenir imbuvable, mais sordide, c'est le mot qui me revenait tout le temps les concernant.
Alors vous me direz, bon du coup la messe est prononcée. T'es juste tombée sur une average tarée à peu prés aussi toxique que son ex.
Mais c'est pas ça le soucis, c'est pas ça qui me butte.
Découvrir que l'autre moitié de son âme c'est juste un truc tellement sordide que j'ai la nausée à l'idée de l'avoir aimé, c'est une chose et j'ai déjà assez posté sur elle par ici.
Vivre en ayant unlock une nouvelle peur tellement hardcore vis à vis des femmes que je suis terrifié à l'idée de retomber amoureux... Allez ça me passera, ça peut pas être pire que ma seule OPEX en RCA qui m'a vacciné de l'armée.
Je vais gober chacun de mes maux et les laisser me ronger l'estomac :) Je vais faire pénitence en quelques sortes.
C'est le gamin que j'ai abandonné qui me bouffe. Leur gamin. Pas le miens hein. Celui qui était déjà là quand j'ai déboulé.
Chaque putain de jour, je pense à lui.
Je comprends pas comment deux personnes aussi monstrueuses peuvent avoir un gamin aussi mignon, aussi intelligent, aussi doux.
Ce gosse, la première fois que je l'ai pris dans mes bras et que je lui ai fait un bisous sur la joue il m'a immédiatement demandé si j'étais son papa, parce qu'il savait même pas comment ça faisait. Parce que ça lui paraissait tellement incongru qu'on lui accorde de l'affection, qu'il en tirait déjà des déductions que tu tires quand t'es en détresse affective à 25 ans et qu'une nana daigne t'adresser la parole.
Au début c'était une boule de colère sur le point d'exploser, il était là à hurler "c'est moi qui décide" - ce que son père lui disait quand il lui tapait dessus. Du mieux que j'ai pu, j'ai tenté de remplacer tout ça par de la tendresse, du temps à jouer ensemble... A réparer. Je lui ai raconté et écris des histoires de chevalier qui sauvent les loups et les princesses. Je lui ai dit comme c'était important le courage, la bravoure, d'être cool avec les autres, de pas taper, de regarder les étoiles et ce genre de trucs.
Et il est très vite devenu, juste un gamin normal. Avec un gros brain quand même, parce que clairement, il sortait des phrases philosophiques, tu lui donnais pas 3 ans. Je l'ai amené à l'école le matin, je l'ai porté sur mon dos pendant nos randonnées, il est venu sur la terre où j'ai grandi, il a rencontré toute ma famille et chaque jour je me disais qu'à la longue, j'allais sans doute finir par l'adopter. Je lui avais monté sa petite playlist rien que pour nous deux, pour le bercer, l'apaiser, le tenir contre moi quand ça n'allait pas.
C'était il y a des mois. Une éternité.
Demain c'est le jugement [15 jours à cette date]. Je ne saurais jamais ce qui a été décidé, je ne pense pas que la juge se rend compte que de toute façon, le père, la mère... à la fin ce gosse il est damné. J'espère à minima que le père ne le reverra plus jamais ça va de soi hein. Mais le truc, c'est que je sais que sa mère est un monstre aussi. Plus sournois, plus patient, mais tout aussi violente et dangereuse à sa manière. Et que l'un dans l'autre, la meilleur solution ça aurait été "aucun des deux" même si ça, le gosse lui même pourrait pas le comprendre.
Ca me rend dingue. Si j'avais su, si j'avais vu plutôt, si j'avais réfléchi... j'aurais au moins eu la présence d'esprit de juste les sortir de là, de les éloigner de lui et d'ensuite disparaitre. Pour qu'au moins il ne s'attache pas à moi.
Je suis désolé gamin. Je suis personne vis à vis de toi aux yeux de la loi, je peux pas juste t'emmener avec moi. J'entends encore ta voix au téléphone, je n'avais que mon impuissance à te répondre. Je suis désolé petit. Moi aussi tu me manques.
J'ai honte. Je peux juste rester là, à écrire sur internet en chialant, parce que je suis pas foutu de protéger des gamins de maintenant 3 piges.
Je sais que dans quelques années tu m'auras oublié, ça doit déjà être le cas.
Au moins comme ça t'auras pas à me pardonner.
Comme pour ta maman, notre chanson, une dernière fois, tu te souviens "la chanson du loup qui marche doucement ?". C'était dans le jardin de ton grand-père, on était sur le transat et tu dormais contre moi.
Je t'aime petit.
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