Tumgik
#genre dans une dizaine de chapitre je pense que c'est bon
kaantt · 2 years
Text
ἀλέξω : Chapitre 27
4 notes · View notes
hildagirl99 · 5 years
Text
Tome 4, Chapitre 11 : le traître
(french version)
Attention : scènes violentes pour ce chapitre (-18)
Après que Oswald ait repris ses esprits, il retourne au château. Il entre dans la salle des conseils, Fio était là, seul, face à la fenêtre. 
"Et bien, Oswald, quelle tête vous faîtes, vous avez vu un mort ?" Dit Fio avec amusement. 
"Heu… non non… je… j'ai médité un peu." Répond Oswald en chuchotant. 
"Un peu de repos vous fera le plus grand bien." 
"C'est gentil, Altesse, mais en vérité, j'ai un mauvais pressentiment. Quelqu'un vous veut du mal, faites attention à qui vous parlez !" Dit Oswald. 
"Je ne sais pas ce que vous fumez pour vos méditations, mais arrêtez, hehe." Dit Fio en haussant les épaules, pour rire. 
"Altesse, je suis sérieux…" dit Oswald en essayant d'être convaincant. 
Fio s'arrête dans sa marche. 
"Dites moi alors qui pourrait m'en vouloir ?"
"Vous ne trouvez pas que lord Eustache est très étrange, ces derniers jours ? Enfin… plutôt en début de semaine, des rumeurs circulent, des choses disparaissent…" 
"Vous affirmer qu'il y est pour quelque chose ?"
"Non, je constate. Ne niez pas que vous le trouvez pas étrange…" 
"Mmmh, je dois admettre oui. Il m'avait posé des questions étranges vis à vis de Linda, comme si il savait à l'avance que c'était ma tante… comme si il avait essayé de me prévenir. Mais je ne vois pas le mal qu'il a fait ! Il a essayé de me prévenir." 
"Mais ouvrez les yeux ! Il tourne autour de votre mère, il a une attitude étrange ! Il écrit de la main droite alors qu'il est gaucher ! Et les D-mons semblent terrorisés dès qu'on parle de lui." 
Fio garde le silence un moment, puis dit : 
"Très bien… gardez un oeil sur lui, je commence à avoir des doutes." 
"Entendu…" dit Oswald en quittant la salle des conseils. 
Un peu plus loin, Cagney était assis en terrasse, il pense à ce qui s'est passé hier soir avec Fluffy, après avoir découvert la vérité que ses parents étaient morts. Il pense qu'il ne lui pardonnerai jamais, il avait commencé à s'attacher à lui, ne voulant le laisser seul, il avait besoin d'une famille. Jusqu'à ce que un des trois D-mons vient interrompre ses pensées, C'était Boom. 
"Que fais-tu ici tout seul ?" Demande-t-il timidement. 
"J'ai besoin d'aucune aide… laisse moi s'il te plaît." Dit sèchement Cagney. 
Il remarque que Boom était lui aussi tout seul. 
"Et où est ta bande ?" Demande-t-il.
"Ils sont partis ailleurs surveiller quelqu'un puis je t'ai remarqué et je m'en suis séparé." Répond Boom en se mettant à côté de lui. 
"Je vois, tu es le sage du groupe, c'est ça ? Qui me dit que tu vas pas encore me piéger." Dit Cagney. 
"Non, je ne te veux rien. Tu sais, j'ai tout vu hier soir, pour Fluffy." 
À ce moment là, celui-ci passe sous le balcon et en entendant son prénom, il se cache pour écouter. 
"J'ai essayé de lui redonner espoir pour retrouver ses parents vivants, mais j'étais sûr de rien… je peux comprendre qu'il m'en veuille. J'ai commencé à m'attacher à lui et maintenant, je ne sais pas où il est, ce qu'il fait, il a besoin de quelqu'un, d'une famille…" 
En entendant ces mots, Fluffy sourit. 
"Tu voudrais l'adopter ?" Demande Boom. 
"Je … je ne sais pas, peut-être, mais il faut que j'en parle à ma femme." 
Soudainement, Fluffy avait le sentiment qu'il trouverait une bonne famille ! Il veut pardonner à Cagney, jusqu'à ce que la conversation change de sujet. 
"Je suis sûr qu'elle dirait d'accord. En parlant de ta femme, il faut que tu reste près d'elle." 
"Pourquoi dis-tu ça ?" 
"En réalité, Tic et Tac sont partis surveiller Lord Eustache. Il est vrai qu'on a été complices avec lui au début mais il nous retiens comme ses otages pour se débarrasser de toi, on a décidé de ne plus se laisser faire mais nous sommes en mission depuis le début, je ne peux pas t'en dire plus, nous sommes sûrs que lord Eustache n'est pas celui qu'il prétend être ! Il en veut à ta femme ! Il faut que tu ailles la retrouver !" 
"Tu es sûr de ça ? Où est t'il !" S'exclame Cagney en écarquillant les yeux. 
"Oui… je pense qu'il est vers le dortoir des invités !" 
À cela, Cagney se lève et se précipite pour retrouver Hilda.
"Fais attention ! Monsieur Carnation !" Prévient Boom.
Fluffy, ayant tout entendu, décide de le suivre discrètement. 
Pendant ce temps, Hilda longe les couloirs sombres des chambres, elle veut profiter de ses derniers jours sur sa terre d'origine. 
"On cherche son chemin ?" Dit une voix.
"Lord Eustache, je sais que c'est vous…" dit Hilda. 
Il apparaît à ses côtés. 
"C'est quoi votre délire d'apparaître dans le noir…" 
"J'ai toujours préféré l'ombre à la lumière, c'est ce qui fait mon charme." Dit Eustache en s'approchant un peu d'elle. 
Elle s'écarte doucement puis continue de marcher. 
"Et pour répondre à votre question, je profite de mes derniers jours, là où je suis née." 
"Justement, pourquoi ne pas profiter avec moi, depuis le début, vous semblez m'éviter alors que je vous tend gentiment la main." Dit Eustache en approchant sa main de son visage. À ce geste, Hilda repousse sa main violemment. 
"Monsieur ! Je ne suis pas intéressée ! Et je ne tromperai pas mon mari !" Crit Hilda.
"Vous devriez vous lâcher un peu plus souvent, tout les couples le font, vous devez vous ennuyer au lit. Avec moi, vous pouvez vous libérer." Celui-ci se positionne devant elle. 
"Jamais ! Laissez-moi ! Pauvre fou !" Dit-elle avec énervement. 
"Mais tu me cherches bien, petite allumeuse, hehe, à 50 ans, vous êtes encore de la chair fraîche, prête à baiser." Il lui attrape le bras et la bloque contre le mur. 
"Non !! Lâchez moi !" Hurle Hilda, elle prend peur. Elle essaie de se débattre mais il a une grande emprise sur elle. Elle se concentre pour utiliser sa magie mais rien ne se passe, elle en reste sans voix. 
"Comme c'est triste, sans pouvoirs pour se défendre, t'es à moi maintenant !" Dit Eustache dans un rire machiavélique et s'approche de son visage en lui touchant le corps.
Tumblr media
"Enlève tes sales mains de ma femme ! Pervers !!" Crit une voix dans le couloir et une énorme liane vint frapper Eustache en pleine face et en tombe inconscient. Cagney apparaît, les yeux pleins de colère. Hilda cours vers lui. 
"Cagney… il… a" 
"Ne t'inquiètes pas, je suis là, heureusement que je suis arrivé à temps, je m'en doutais qu'il était pas net ! C'est un des D-mons qui m'a averti."
"Merci chéri… mais mes pouvoirs, ils ne semblent plus fonctionner !" 
"Comment ça ?"
"Regarde…" elle essaie de faire apparaître une étoile mais rien n'y fait. 
"C'est pour ça que je n'ai pas réussi à me défendre." 
"Étrange… il faut vite prévenir Fio ! Son bras droit n'est pas quelqu'un de confiance, dit lui ce qu'il a essayé de te faire." Dit Cagney en prenant Hilda dans ses bras, il était très inquiet, et ils se précipitent pour avertir Fio. 
"Quoi ? Comment c'est possible ?" S'écrit Fio, complètement abasourdi. 
"C'est la vérité ! Sinon, je ne serai pas choquée ou ébouriffée !" Dit Hilda, encore sous le choc. 
"Je sais qu'il est un peu fou, mais de là, te faire des attouchements sexuels, c'est pas son genre…" 
"Fio ! Il faut que tu l'arrête et tout de suite ! Sinon, il va recommencer !" 
"Je vais m'en charger, on va l'avoir par surprise, j'ai besoin d'être certain. Vous êtes pas les premiers à vous plaindre de son comportement, Oswald l'a dit, et les D-mons aussi." 
"Altesse, je vais le confronter, restez derrière moi." Dit Oswald en ouvrant la marche. Pendant ce temps, Eustache, ayant repris connaissance, devient nerveux, sa liqueur dans laquelle il buvait était vide et il commence à trembler. 
"Et merde… et cet abruti qui est mort, son sang n'est plus bon… il faut vite que je trouve quelqu'un d'autre, le chef serait pas mal… haha… je prendrai sa place et je prendrai ma revanche sur la montagne." 
Il commence à boiter et ne tarde pas à se retrouver face à Oswald. 
"Tiens, mon cher, quel bon vent aujourd'hui ?" Dit-il en essayant de cacher ses tremblements
"Je vous prie de bien vouloir me suivre." Répond Oswald. 
"Et pourquoi cela?" 
"Tu as agressé miss Berg dans ce couloir ! Son Altesse se chargera de ta punition." 
"Agressé… pfff, tout de suite les grands mots, hehe. Elle m'a chauffé aussi ! Une femme comme elle, on ne peut pas résisté."
Il ignore que dans l'ombre, Cagney, Hilda et Fio avaient tout entendu.
"Mais qui êtes-vous, bon sang ! Cela ne vous ressemble pas !" Surgit Fio. 
"Oooh ! Altesse, je ne vous avais pas vu !" Dit-il avec arrogance.
"Assez ! Vous avez fait du mal à ma mère ! Votre sanction sera lourde de conséquences !" Dit Fio en fronçant les sourcils. 
Soudainement, Eustache se tient la tête, et la moitié de son visage devient noir. Tout le monde recule à cette apparence effrayante. Voyant une bonne opportunité, comme une force brute, il se jette sur Fio, les mains autour de son cou.
"Aaah !! Fio !" Hurle Hilda complétement apeurée.
"Arhhgg, lâchez moi !" Crit Fio en repoussant violemment Eustache, Oswald le rattrape et le plaque au sol. Une dizaine de gardes rejoignent le couloir et le tiennent par les bras. Eustache avait maintenant les yeux rouges, semblant baver comme si il avait la rage. 
Fio se relève rapidement.
"Vous n'êtes pas Eustache… qui êtes vous ? Et OÙ EST-IL ?" hurle-t-il. 
Il répond en ricanant. 
"Si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer quelque chose…" 
"Je ne serai pas seul, alors qu'avez-vous a me montrer." 
Il conduit le reste du groupe dans un sous-sol. 
"Je suis sûr que vous détenez le vrai Eustache ! Il est ici ?" Demande Oswald.
"Pour une fois, t'as l'air moins débile que tu en as l'air…" répond l'individu. 
"Tais-toi et montre nous où il est !" Demande Fio. 
Soudain, une vive odeur nauséabonde monte au nez. 
"Mon Dieu ! Mais ça pue ici !" Dit Fio en se bouchant le nez. 
"On dirait l'odeur qui dérangeait le personnel, souvenez vous, je vous en avais parlé." Dit Oswald
"Purée… il y a un mort ou quoi ?" Dit Cagney.
"C'est bien ce que vous croyez." Répond le faux Eustache. 
Il ouvre une porte, à côté des canalisations, leurs coeurs ratent un battement quand ils voient avec horreur, un corps gisant sur le sol. Il semble être un cadavre en état de décomposition avancée. 
"Mon dieu… non !!" 
Le faux Eustache s'approche du corps, le saisi par le col de la chemise et le jette au sol devant eux. Ce cadavre, c'était le VRAI Eustache ! 
"Que lui avez-vous fait !" Hurle Fio. 
"Je ne faisais que prendre son sang pour garder son apparence et vous tromper ! Il est vrai que je l'ai maltraité, mais jamais je ne lui aurait taillé les veines si j'avais besoin de lui !" Répond le faux Eustache, toujours dans sa folie et de son apparence défigurée. 
Hilda se cache dans les bras de Cagney pour ne pas regarder. Cagney était dégoûté à la vue du cadavre et du faux Eustache qui a voulu faire du mal à sa femme. Fio avait perdu son deuxième conseiller, son fidèle bras droit. 
"Mettez le derrière les barreaux ! Tu as intérêt à nous dire ton identité avant ton jugement !" 
"Vous pouvez toujours essayer, je ne parlerai pas." Dit l'individu en le narguant. 
"Toute la nuit, tu m'entends ? Tu parleras !" Crit Fio. 
Et les gardes l'emmènent dans la plus solide prison, pour éviter qu'il puisse s'échapper sans avoir révélé son identité. 
"Et… prenez Eustache… on va lui faire un enterrement digne de lui." Dit Fio en baissant la tête. 
"Altesse, j'en suis navré… il faut être fort maintenant, je pense qu'il a voulu mettre fin à ses jours pour éviter que cet intru continue de nous berner avec son apparence. Pour nous sauver, sinon, qui sait ce qu'il aurait pu vous faire." Dit Oswald en essayant de réconforter son chef. Fio ne pu s'empêcher de faire tomber une larme. Ses parents se rapprochent de lui pour le réconforter. 
Après l'enterrement de Eustache, la nuit tombe et promet d'être longue pour les gardes et Fio qui essayent tant bien que mal de faire parler l'individu sur son identité, qui se contente de lâcher quelques rires tout en restant muet aux questions. 
"Il est coriace." Dit Fio, épuisé. 
"Oui… il finira par céder." Réplique Oswald. 
"Papa, maman, aller dormir, c'est le mieux pour vous." 
"Oui… mais Fio, fais attention." Dit Cagney.
"Ne t'inquiètes pas, si dans une heure, il n'a répond pas, j'irai me coucher." 
"Très bien, essayons de dormir maintenant." 
"Son jugement sera demain soir, on verra bien." 
À ce moment là, Oswald repense à ce que le diable lui a dit. "Demain soir, à minuit sur la place royale" Ces mots résonnent dans sa tête, il pense immédiatement qu'il pourrait essayer de convaincre Hilda et Linda de le suivre à cette endroit pendant le jugement. Cela lui faisait beaucoup mal au fond de lui, mais il n'a pas le choix. 
To be continued
9 notes · View notes
navisseli · 6 years
Text
La Quête d’Ewilan
L’intégrale
Tumblr media
Encore une fois, je suis navré pour la qualité de cette image. J’ai l’impression qu’il est très dur de trouver des images en HD pour les couvertures de livres français sortis la décennie dernière... #Naviss
Auteurice : Pierre Bottero
Maison d’édition : Rageot
Date de publication : 2003 (première édition), 2010 (présente édition)
Nombre de pages : 805
Genre : Fantasy, Fantastique
Ce qu’en pense Naviss : 
J’aimerais vous confier une petite histoire.
Je l’ai déjà partagée sur Livraddict ; aussi, si vous venez de la Coupe des Quatre Maisons, vous sera-t-elle peut-être familière. Quand j’étais au collège, notamment en 6ème - l’époque douce et bénie où on avait 2h pour manger, j’avais une amie, appelons-la S. S. et moi avions un rituel : puisque la queue, à la cantine, était interminable à midi, nous nous précipitions dans la salle de lecture du CDI où nous restions jusqu’à 13h, et nous nous lisions à voix haute les passages que nous trouvions beaux, cocasses, étonnants ou drôles. S. avait lu le premier tome de La Quête d’Ewilan quand nous étions en primaire, et je ne sais plus ce que je lisais à ce moment là, mais S. était plongée dans le troisième tome et interrompait constamment sa lecture pour me citer une réplique cinglante d’Ellana, ou une pique de Bjorn à Salim. Toutes ces phrases hors contexte ont désormais un sens !!
Si ma lecture des deux premiers volumes de cette trilogie est en vérité une relecture, je découvre en exclusivité le 3ème livre. Si vous avez lu mes autres billets, vous savez à quel point la plupart de mes lectures m’exaspèrent car j’y trouve toujours les mêmes problèmes. J’ai même laissé un appel au secours sur le forum de madmoizelle, que je vous cite :
Bon, je vous écris parce que j'ai un gros problème. J'adore lire, j'adore la littérature de l'imaginaire, mais je déteste pratiquement tout ce que je lis (ou alors ça me laisse complètement froid...). Déjà, j'ai remarqué que la littérature fantastique young adult rafale de romance nulles/forcées/abusives, et ça c'est un gros non sauf que forcément j'en croise tout le temps. Même quand le contenu est "safe", l'intrigue est pas forcément très bien rodée (univers incohérents qui ne devraient juste pas fonctionner) ou regorge de clichés (genre tous les personnages sont des mannequins et l'héroïne est une Mary Sue), ou le style est très basique... Même des bouquins estampillés féministes, comme ceux de Nnedi Okorafor, vont me décevoir (dans son cas, beaucoup d'essentialisme des fonctions dites féminines et masculines). Du coup à chaque fois que je termine un livre, en ce moment, je mets ensuite plusieurs jours à me relancer dans une nouvelle lecture... parce que j'ai été déçu par la précédente et je me résigne pratiquement à l'idée que je serai également déçu par la suivante. (...)
Du coup j'en appelle à vous. Est-ce que vous connaissez des bouquins de la littérature de l'imaginaire (je préfère la fantasy, mais le fantastique, l'urban, la dystopie, même la bit-lit si vous avez du bon me vont aussi) qui répondent à toutes ces caractéristiques : - Un beau style travaillé - Un univers cohérent pour lequel vous ne vous êtes jamais dit "nan mais en vrai ça fonctionne pas comme système" - Les personnages ne sont pas tous des bonnasses et des mannequins, pas de sexualisation inutile des personnages féminins - Les héro.ïnes ont de vrais défauts (ex : héroïne qui n'est pas juste timide/maladroite, et si elle l'est, c'est un véritable défaut handicapant, pas juste un trait mignon) - Si romance il doit y avoir, elle n'est pas abusive et elle est la moins niaise/nulle possible (les personnages ne tombent pas amoureux au premier regard, ils ont des DISCUSSIONS et une véritable relation avant d'être romancés !)
J’ai reçu énormément de réponses (pour vous dire, ma wish-list sur Livraddict a été enrichie de 167 bouquins depuis...), mais parmi les suggestions qui revenaient beaucoup, il y avait : La Quête d’Ewilan de Pierre Bottero. Ayant un grand besoin de me laver les yeux après La Moïra qui m’a considérablement agacé, j’ai sauté le pas et (partiellement) relu ce livre dont j’avais fait la connaissance il y a plus de dix ans. Après la hype que tout le monde m’a mis, inutile de dire que j’étais très excité, et j’avais le coeur battant en commençant à lire les premières pages de ce roman. 
Eh ben les gens, en lisant Avant - la partie introductive à la saga en 8 chapitres, j’ai frissonné. Pour de vrai. Avant, c’est le prologue. Chose rigolote : ça a été rajouté après, en 2010, au moment où Rageot publiait cette intégrale. Le style, surtout sur les premiers chapitres, est unique. Son récit est construit comme un poème, avec un travail considérable sur la forme, et laisse une impression frappante. J’ai vraiment adoré. Malheureusement, tout le bouquin n’est pas écrit comme cela, et le style redevient plus "basique” dès le début D’un Monde à l’autre, tout en restant joli et très fluide. J’ai mangé la moitié du livre en une demie journée : le premier volume est passionnant, la première moitié du second l’est aussi ; j’ai été un peu moins captivé par la seconde moitié du second et tout le troisième tome, mais il reste intéressant.
Je tiens à souligner le contexte de départ : l’exposition se déroule en France, mais pas à Paris ! On ne connait pas exactement la ville, mais on sait qu’elle se trouve en province et qu’elle possède une ligne de train direct vers la Gare de Lyon à Paris, donc qu’elle se trouve probablement au sud. C’est toujours un point qui me fait plaisir : la France n’est pas Paris...
Je ne ferai aucune remarque sur les anachronismes qui pourraient être présents dans l’univers médiévalisant d’Autremonde… car je pense que ça n’a pas lieu d’être ! Il s’agit ici d’un monde complètement imaginé et hors de nos temporalités, le livre ne prétend pas décrire une uchronie, et Bottero écrit lui-même que c’est un univers qui « mélan{ge} allègrement {les} connaissances historiques {de Salim} et son goût pour le fantastique ».
Les personnages sont très caractérisés, et cela les rend très plaisants. A la fin du livre, dans le « Making off », Bottero exprime un reproche qu’on lui a fait et qu’il se fait à lui-même : ils sont trop caricaturaux. Alors oui, ils sont un peu archétypaux : on a le soldat froid, le gros guerrier, le garçon espiègle, le vieux sage, le mec coincé, la fière combattante... En matière de personnages, l’archétype permet leur identification rapide ; l’impression de familiarité ainsi formée aide à l’attachement de læ lecteurice. Et en l’occurrence, ça fonctionne  (sauf dans le cas de Camille/Ewilan, mais on y reviendra). Cette caractérisation des personnages ne touche pas uniquement l’équipe principale. Je pense par exemple à Paul Verran. On le croise fugacement, peut-être une dizaine de pages, puis on ne le revoit plus. Pourtant, cet amateur de littérature touché par une sévère presbytie laisse une forte impression. 
Autre bon point qui manquait à ma précédente lecture : les relations entre les personnages existent indépendamment de l’héroïne ! Cela permet de faire fonctionner même les personnages qui n’ont pas de ligne de dialogue, comme Hans avec Maniel. Ces personnages nouent des amitiés ou des sympathies (Bjorn et Salim, Bjorn et Maniel, Bjorn et Ellana, Bjorn et Doume, Maniel et Hans, Salim et Ellana, Ellana et Edwin, Ellana et Chiam, Edwin et Maniel, Edwin et Bjorn, Edwin et Doume), ou au contraire des rivalités (Ellana et Artis, Edwin et tout le monde...). Je n’ai pas tenu de table des dialogues, mais je crois bien que tous les personnages ou presque interagissent entre eux sans Salim et Camille/Ewilan. Parce que ce qui pour moi démontre le mieux le fait que les relations entre les personnages sont efficaces, ce sont les dialogues. Les amitiés et rivalités sont tangibles, en ce qu’elles sont montrées à travers de nombreux dialogues que j’ai trouvés hilarants. Les personnages se vannent tout le temps (mention spéciale à ce sujet aux piques d’Ellana !), et c’est drôle ! J’ai recopié quelques dialogues qui m’ont beaucoup fait rire, mais je n’ai pensé à le faire qu’à partir du troisième tome, et il y en a beaucoup d’autres !
Bjorn, s’entaillant la joue avec sa lame de rasoir : C’est malin. Comment veux-tu que les jolies Frontalières me considèrent à ma juste valeur si je me présente défiguré ?
Salim : Pas de soucis, Bjorn, pas de soucis ! Tu es si laid que, barbu ou pas, balafré ou non, les filles de la Citadelle feront des cauchemars pendant des siècles !
Maniel, qui les observait jusque là : Je te préférais barbu.
Bjorn : Tu crois ?
Maniel : Bien sûr ! Les vilaines choses, moins on les voit, mieux on se porte !
Doume, débarquant dans la pièce et remarquant Bjorn : Tu t’es rasé ? Drôle d’idée. Tu étais moins laid avec ta barbe.
{LÉGER SPOIL}
Bjorn, hurlant sur Salim et le secouant dans tous les sens : Traître ! Faux frère ! Sale égoïste menteur et fourbe ! Je vais te faire payer ta félonie ! Quand j’en aurai fini avec toi, tu ressembleras à un rat tombé d’une falaise !
Ellana, à Mathieu/Akiro : Ne t’inquiète pas, c’est leur manière de se dire bonjour.
{FIN DU LÉGER SPOIL}
Pour moi, Ellana est le meilleur perso. J’ai dû lire les 2 premiers tomes de La Quête d’Ewilan quand j’étais en 5ème, Ellana m’avait déjà fait forte impression et j’avais décidé d’acheter le premier tome du Pacte des marchombres. Du coup je suis très biaisé puisqu’en retrouvant ce personnage, j’avais déjà une opinion sur elle, mais je la trouve tellement cool. Elle est badass mais faillible, elle a des défauts quand même (du genre le fait qu’elle soit si sûre d’elle qu’elle peut en paraître hautaine et que ça lui joue des tours à deux reprises dans le livre, ou bien le fait qu’elle est parfois un peu sèche) ; et elle a des lignes de dialogues mémorables où elle envoie valdinguer tout le monde avec sa répartie :D
Tumblr media
En parallèle, Camille/Ewilan parait très fade... Parce qu’elle a les problèmes que je reproche à la moitié des héroïnes de fantasy/fantastique que je rencontre. Elle est belle, brillante, courageuse, gentille, son seul défaut évoqué c’est sa curiosité (u-u), comme elle est surpuissante-parce-qu’elle-a-le-meilleur-don-depuis-Merwyn elle fait tout sans difficultés... Bref, elle est parfaite. Camille/Ewilan a tout de même le mérite de ne pas être insupportable comme Aléa de La Moïra. J’ai dit qu’elle paraissait très fade en comparaison avec Ellana. Pas qu’elle est très fade. Parce que malgré ça, l’auteur lui donne un intérêt... via sa relation à Salim. Pour moi, ce sont les échanges et les railleries qu’elle partage avec son ami qui lui donnent une consistance, une humanité, que je n’aurais pas vu en elle sinon. Par ailleurs, j’ai apprécié la manière dont son intelligence est montrée. Elle l’est parce qu’elle n’a littéralement rien d’autre à foutre de sa vie que travailler et étudier, et quand il veut montrer qu’elle est géniale en calcul mental, Bottero le fait en évitant l’écueil de la calculatrice ambulante... en dévoilant sa méthode !
Je tiens maintenant à parler du sujet qui fâche : le féminisme. L’on m’avait présenté La Quête d’Ewilan comme étant l’oeuvre emblématique féministe de la littérature jeunesse, et comme je vous l’ai dit, il était d’ailleurs en tête de ma liste de 167 livres à lire répondant aux critères énoncés plus haut. Et hélas, ce livre tombe dans le même travers que beaucoup de ses confrères. On pourra me reprocher d’avoir été plus sévère avec ce livre sur des points que je n’évoque même pas quand je parle d’autres oeuvres, qui, elles, ne sont clairement pas présentées comme féministe. C’est vrai. Parce que dans un autre bouquin, je m’attends à être déçu et confronté à du sexisme, à des propos oppressifs. Dans un livre que tout le monde présente comme étant la meilleure représentation existante de personnages féminins, j’ai forcément plus d’attentes, et je m’attends à quelque chose d’irréprochable. Et même si Pierre Bottero est meilleur sur ce point que la plupart de ses conadelphes*, il n’est pas parfait.
*  épicène pour confrères/consoeurs
J’ai d’abord noté le manque général de personnages féminins. J’ai listé la totalité des personnages de ce livre, et j’ai regardé quelle était la part des personnages féminins et masculins, selon le degré d’importance des personnages. Je souhaite premièrement évoquer le cas des personnages féminins nommés qui ont la parole, à savoir les personnages 1) qui sont des femmes 2) qui ont un nom 3) qui s’expriment grâce à un dialogue direct et non rapporté. Il y en a 8, pour 21 personnages masculins nommés qui ont la parole. On passe à 9 contre 24 si on estime que les citations des personnages en début de chapitre comptent comme un discours direct d’un personnage nommé. On a donc un ratio de 0,27 dans les deux cas : seuls 27% des personnages nommés ayant la parole dans ce livre sont des personnages féminins.
{SPOILER}
Liste des personnages féminins nommés ayant la parole : Camille/Ewilan, Mme Duciel, Eléa, Ellana, Elise/Elicia, Milia Jundo, Siam, Mme Boulanger = 8
Liste des personnages féminins cités en début de chapitre à partir du tome 2 : Ellundril Chariakin = 1
Liste des personnages masculins nommés ayant la parole : M. Duciel, Salim, Bjorn, Edwin, Wouwou, Duom, inspecteur Franchina, Paul Verran, Mathieu/Akiro, Doume Fil’ Battis, maître Carboist, Artis Valpierre, Maniel, Chiam Vite, Sil’ Afian, Iliam Polim, Hander Til’ Illan, Holts Kil’ Muirt, Thuy, Merwyn Ril' Avalon, Hal Nil’ Bround, Alain/Altan = 21.
Liste des personnages masculins cités en début de chapitre à partir du tome 2 : Elis Mil’ Truif, Saï Hil’ Muran, Hon Sil’ Pulim = 3
{/SPOILER}
Si l’on regarde les personnages non nommés qui ont la parole, on compte :
en personnages féminins : la tenancière qui ne veut pas de loups dans son auberge
en personnages masculins : le taverniers et les soulards qui se moquent de Bjorn
Je n’ai pas listé les figurant.es nommés n’ayant pas la parole, mais j’ai noté le seul personnage féminin dans ce cas : il s’agit de Mlle Nicolas.
On voit donc que même ces personnages non nommés n’améliorent pas le ratio ; si je voulais le prendre en compte, il ne ferait qu’aggraver ce chiffre. Alors on pourrait se dire : « oui mais quelle importance que le PNJ random n°15 soit une femme, si les personnages principaux sont féminins ? ». Mais même là, le ratio n’est pas ouf… Sur les 7 personnages qui constituent le groupe central fixe, 2 sont des femmes et 5 sont des hommes. Sur les 11 personnages du groupe élargi, on est désormais à 3 personnages féminins pour 8 personnages masculins, soient des ratios respectifs de 0,28 soit 28% et 0,27 soit 27%. 
{SPOILER}
Liste des personnages féminins du groupe central fixe : Ewilan, Ellana = 2
Liste des personnages masculins du groupe central fixe : Salim, Edwin, Bjorn, Maniel, Doume = 5
Liste des personnages féminins du groupe élargi : Ewilan,  Ellana, Siam
Liste des personnages masculins du groupe élargi : Salim, Edwin, Bjorn, Maniel, Doume, Chiam, Akiro, Artis = 8
Je n’ai pas compté Hans, dans cette dernière catégorie, car Hans n’a jamais la parole et le seul discours qu’on a de lui est rapporté.
{/SPOILER}
Ce que l’on constate ici, c’est que peu importe si l’on regarde la totalité des personnages, ou seulement les personnages récurrents et principaux : seuls un quart des personnages de ce livre sont des personnages féminins. Et malheureusement, ce livre n’échappe pas à la malédiction des personnages féminins trop belles pour être vraies… et on se retrouve avec 27% de personnages féminins dont 100% de celles qui sont décrites sont des bonnasses. Dans son infinie patience, votre serviteur a recopié la totalité des descriptions ou commentaires descriptifs sur la totalité des personnages qui apparaissent dans ce livre, féminin comme masculin.
Descriptions des personnages féminins :
Camille/Ewilan : « Elle était jolie, très jolie, avec d’immenses yeux violets, beaux à vous faire tourner la tête » ; « Ses cheveux, qu’il croyait châtains, étaient plus dorés que bruns. Ils retombaient en boucles autour de son visage, mettant en valeur le hâle de sa peau. Elle avait les pommettes hautes et bien dessinées, de longs cils et des yeux immenses d’un violet intense. » ; « Une fille, blonde, les cheveux longs, les yeux d’un violet remarquable, assez jolie » ;  « De prime abord, on ne remarquait d’elle que la grâce de son visage et la beauté de ses grands yeux violets ».
Mme Duciel : « Une grande femme sèche, aux cheveux d’un blond très pâle, tirés en arrière. Elle aurait pu être jolie si elle avait appris à sourire et si son regard avait dégagé plus de chaleur ». 
Ellana : « C’était une jeune femme d’une vingtaine d’années. Elle avait la peau mate, de longs cheveux noirs brillants tirés en arrière et tressés. Ses vêtements de cuir sombre, semblables à ceux d’Edwin, mettaient en valeur sa silhouette élancée. » ; « dents éclatantes » ; « jolie » ; « beauté » ; « ils étaient éblouissant de charisme (…) et éclatants de force »
Fille rousse anonyme : « une jeune fille élancée, au regard malicieux et à la chevelure d’un roux flamboyant » ; « beaux yeux ».
Elise/Elicia : « Elle était merveilleusement belle, intelligente, fine » ; « Ta mère était toujours aussi belle. » ; « La femme qui lui parlait avait les mêmes yeux que Camille, violets, immenses, lumineux. Elle était belle au-delà de tout ce qu’il avait imaginé, et il y avait tant de douceur sur ses traits »
Milia Jundo : « une femme menue » 
Vivyan : « prodigieusement belle » ; « La mort n’avait su gommer la douceur et la noblesse de ses traits, ni ternir l’éclat de sa peau. Une masse de cheveux dorés cascadait autour d’un visage aux contours parfaits et accompagnait les courbes d’un corps merveilleux. » ; « très belle » ; « si belle, si douce » ; « parfaite » ; « la perfection faite femme »
Siam : « jeune femme » ; « elle était vraiment jolie, avec sa natte blonde et sa peau mate qui mettait en valeur deux grands yeux gris. Tout son être dégageait une impression de grâce, mais, malgré sa silhouette menue, on la devinait musclée et résistante » ; « Je ne pensais pas qu’en arrivant ici je découvrirais ce que j’ai toujours cherché. (…) La beauté (…). Ou la grâce. Ou la perfection. La féminité. L’absolu. Tout ça à la fois sans doute. » ; « petite taille » ; « silhouette menue » ; « charmante »
Description des personnages masculins :
Le juge : « vieux et sec » ; « un vieux tas d’os »
M. Duciel : « gros et gras, avec des joues molles et des petits yeux »
Salim : « magnifique coiffure de petites tresses » ; « son torse s’était élargi, ses muscles durcis »
Bjorn : « Le chevalier était un véritable colosse, bâti comme une armoire à glace. Salim sourit en voyant son ventre bien rond. » ; « gras » ; « dépourvu de charmes » ; « laid » ; « Tu as au moins dix kilos en trop. »
Edwin : « A la différence de Bjorn, le maître d’armes d’avait pas une once de graisse. Il n’était que muscles et nerfs. Une longue cicatrice blanche barrait son torse à la peau hâlée, presque aussi foncée que celle de Salim. Deux balafres plus récentes n’étaient pas tout à fait refermées, l’une sur l’épaule droite, l’autre sur la cuisse. » ; « ils étaient éblouissant de charisme (…) et éclatants de force »
Mathieu/Akiro : « C’est certainement le garçon le plus beau de l’école. Grand, bien bâti, des cheveux châtain clairs et des yeux d’une couleur incroyable. » ; « C’était en effet un garçon séduisant ».
Artis Valpierre : « Il était de haute taille, maigre, les traits émaciés et les cheveux ras »
Carboist : « un homme d’une soixantaine d’années, à la carrure encore athlétique »
Maniel : « C’était un colosse de cent vingt kilos mesurant dix bons centimètres de plus que Bjorn, pourtant impressionnant. Des muscles épais et noueux roulaient sous sa peau. »
Sil’ Afian : « Il était grand, âgé d’une quarantaine d’années,  un fin collier de barbe encadrait un visage aux traits fatigués mais aux yeux vifs et perçants. »
Hander Til’ Illan : « traits tout en méplat » ; « yeux gris acier » ; « s’il paraissait très âgé, il n’en était pas moins impressionnant de force et de charisme »
Thuy : « Presque chauve, il portait une longue barbe blanche et ses yeux, d’un bleu très clair, brillaient d’intelligence »
Merwyn : « âgé d’une quarantaine d’années, peut-être moins » ; « un regard pétillant d’intelligence aux iris noisette et un nez légèrement tordu »
Je commence à prendre l’habitude de recopier les descriptions des personnages et les classer par genre me semble être un exercice très intéressant, car il permet de mettre en évidence les différences de traitements entre personnages masculins et féminins. Présenter ces descriptions comme je viens de le faire, en listes factuelles, me donne la possibilité de les comparer.  
Et du coup, qu’est ce qu’on remarque ? Les femmes sont toutes belles, toutes minces et toutes jeunes ; tous leurs adjectifs sont mélioratifs sauf ceux de Mme Duciel, qui est une antagoniste. Les hommes sont beaucoup plus diversifiés dans leur apparence. Même les physiques ayant des qualités sont accompagnés ensuite par des défauts : ce sont des physiques plutôt réalistes, avec des éléments plus « harmonieux » et d’autres moins. On a certes une prédominance d’hommes musclés, mais ils n’ont malgré tout pas le même physique : Edwin est sec et plein de nerfs, Bjorn est musclé gras, Maniel est massif. Seul Mathieu/Akiro a le droit à un vague « bien bâti » (qu’est-ce que ça veut dire ?). Chez les femmes, elles sont toutes « minces » ou « menures » et « élancées », sans que l’auteur ne décrive en quoi exactement leur corps est ainsi. On notera également que chez les hommes, on insiste beaucoup moins sur à quoi leur corps ressemble exactement, mais sur ce que ces corps dégagent. La seule qui fait exception à cette dernière affirmation est Ellana, éblouissante de charisme et éclatante de force. De plus, le traitement de l’âge est également symptomatique : les femmes décrites, on l’a dit, sont toutes jeunes ou dégagent une impression de jeunesse quand elles ne le sont plus ; les hommes quant à eux ont le droit à une palette d’âge bien plus vaste : on trouve des jeunes, des hommes d’âge « mûr », et des vieillards. La Quête d’Ewilan n’est pas la seule à avoir ce problème, qui est dominant en général en littérature. Dans la fiction, les femmes vieilles n’existent pas : elles disparaissent dès qu’elles n’ont plus l’âge d’être mères, laissant aux hommes le soin d’être des guides, des sages et des mentors. 
Malgré le manque de personnages féminins, ce livre présente les femmes de l’équipe principale comme étant fortes (physiquement ou dans leurs domaines), indépendantes et puissantes. Ellana et Siam sont extrêmement charismatiques ; Ewilan est plus basique, mais elle est chouette quand même. Bottero en profite pour glisser des messages féministes… parfois très maladroits. Je pense notamment à cet échange, qui m’a laissé une impression bizarre et mitigée :
Artis Valpierre : Cette jeune femme semble avoir parfaitement récupéré et depuis ce matin, elle s’entraine avec les autres dans la cour. Comment voulez-vous que mes élèves se concentrent sur l’enseignement que je leur dispense, avec cette jeune femme qui se donne en spectacle ?
Maître Carboist : Est-elle jolie ?
Artis Valpierre : Oui, elle est… jolie.
Maître Carboist : Vos élèves ont donc raison de la regarder. Elle les fait certainement plus rêver que vous. N’en soyez pas jaloux, c’est la nature qui veut ça.
Le discours de Valpierre me fait penser à l’argument « les filles ne devraient pas mettre des shorts à l’école, même s’il fait 40 degrés à l’ombre, car cela déconcentre les garçons, et si elles ne se plient pas à ce règlement, elles doivent être exclues ». Ce genre de phrases déshumanisantes présente donc le bien-être des filles et leur éducation comme moins important.es, et légitime leur exclusion de l’espace public car elles sont moins des personnes que des distractions, éminemment sexuelles par essence, quel que soit leur âge. Ce genre de discours, tenu par Artis à propos d’Ellana, est aussitôt tourné en ridicule par Carboist, qui le « remet à sa place »… d’une manière qui me dérange profondément. Il est désormais en position de force, puisqu’on vient de le voir ridiculiser Artis qui se sent tout bête, et le dialogue est étudié pour que læ lecteurice se positionne contre Artis et pour Carboist dans cette situation. Et donc une fois la légitimité du personnage assurée dans ce passage, Bottero lui fait dire que si les femmes sont jolies, alors il n’y a aucun mal à les regarder et que par conséquent, elles ont leur place dans l’espace public… Et du coup, si elles sont « laides », elles devraient se couvrir et rentrer chez elles ? Les femmes ne sont ni des peintures ni des pots de fleurs, elles ne sont pas là pour décorer, faire joli… ou distraire, justement. Même si j’applaudis l’ambition initiale du passage, où Artis passe pour un gros con sexiste qui veut empêcher Ellana de s’entrainer parce que ça le distrait, je ne suis pas du tout satisfait avec le message final de ce dialogue.
A l’opposé, d’autres passages m’ont donné envie de me lever pour aller faire la révolution, tellement ils sont justes et émancipateurs. Je pense notamment à cette tirade de Siam :
« Depuis que j’ai ton âge, je passe mon temps à me cogner sur des garçons convaincus de savoir mieux que moi ce qu’il me faut, sous prétexte que je suis une fille, exposa-t-elle. J’ai plusieurs fois été obligée de faire couler le sang de bons copains qui n’avaient pas compris que je décide seule de ma vie. Je suis d’accord avec Ellana. Nous devons rester libres, et, pour cela, nous sommes obligées d’êtres fortes. D’être dures ! »
Oui, ce livre n’est pas parfait en terme de représentation et d’oppression. Mais il est quand même bien mieux que la moyenne, même si, en voulant bien faire, il se plante. Par exemple, fait éminemment rare dans la fiction et la SFF française, le deuxième personnage principal est noir, avec Salim, dont les parent.es sont camerounais.es. Cela permet de parler brièvement de négrophobie, avec un passage où Salim est victime de racisme ordinaire, et je trouve ça chouette dans un livre où ce n’est pas du tout le sujet d’évoquer quand même ces problématiques, même brièvement. Mais ce traitement est tout de même accompagné de clichés, puisque du coup Salim vient d’un quartier difficile avec une famille avec pleine d’enfants dont le père s’est barré, et il aurait mal tourné sans Camille. Pour être tout à fait honnête, la toute dernière affirmation n’est pas exacte : Salim discute de ses insécurités avec Bjorn, et il lui dit cela, que sans Camille, il aurait mal tourné. Bjorn lui rétorque que c’est faux : ses qualités, comme son courage, viennent de lui, pas de Camille.
Au sujet de la race, un autre point positif est le nombre de personnages importants dont la peau n’est pas blanche : il y a donc Salim, mais aussi Ellana, Edwin, Chiam et Siam - presque la moitié de l’équipe élargie avec un ratio de 0,45 soit 45% !
Tumblr media
Source : WNBA
Concernant les romances, qui sont je crois le “chaînon narratif” que j’apprécie le moins dans les romans car je les trouve toujours mal faites... Eh bien, l’histoire d’amour ne casse pas trois pattes à un canard, mais elle est tout à fait décente et même plutôt chouette et mignonne. Et pour une fois, il y a eu de nombreuses interactions entre les personnages, et on sent leur affection mutuelle ! 
{MOYEN SPOIL} La seule chose que je reprocherais, je pense, c’est qu’on se concentre trop sur ce que Salim pense de Camille/Ewilan, et on ne sent pas trop l’amour de Camille/Ewilan envers Salim.  {/MOYEN SPOIL}
Chose chouette : même après leur mise en couple, les personnages sont toujours complices et railleurs. Le fait d’être en couple ne transforme pas la relation, ni même ne prétend la débuter : elle existait bien avant. Plus qu’un remplacement d’une relation par une autre, c’est quelque chose qui s’ajoute à la relation préexistante sans l’éclipser, et ça fait du bien.
Par ailleurs, il existe des romances secondaires qui se développent plus ou moins progressivement, donc là encore on ne gravite pas uniquement autour du personnage principal.
{MOYEN SPOIL} Même si entre nous, la romance Ellana/Edwin reprend le topos de la fille de la vingtaine qui sort avec un mec de la quarantaine. L’inverse est tellement inenvisageable que, pour ne pas que Mathieu/Akiro se retrouve à sortir avec une fille plus vieille que lui, Bottero donne à Siam environ l’âge d’Ellana alors qu’elle devrait en avoir dix de plus puisqu’elle est la soeur d’Edwin... Par ailleurs, tous les personnages féminins du groupe étendu finissent casées. Ce qui n’est bien entendu pas le cas des personnages masculins. {/MOYEN SPOIL}
L’intrigue est assez classique - c’est l’histoire d’une fille avec un pouvoir qui doit sauver le monde - mais comporte tout de même des originalités qui la rendent intéressante.
{SPOIL} Par exemple, Camille/Ewilan n’est pas l’élue tant attendue... Puisque celui que tout le monde attend, celui dont le pouvoir dépasse toutes les espérances, c’est son frère. Et c’est parce que celui-ci s’avère n’être pas être à la hauteur “moralement” que Camille/Ewilan prend les choses en main, et part sauver le monde. 
J’ai trouvé certaines scènes très imaginatives et intelligentes. Par exemple, quand Camille/Ewilan va à Paris retrouver son frère, elle est attaquée par un Mentaï, un type qui possède le même don qu’elle mais l’utilise pour faire le mal. Et pour le défaire, elle “invoque” une succession de tissus qui force le Mentaï à tailler dedans avec sa lame, de plus en plus fort... pour finalement, profitant du fait qu’il frappe en boucle comme un forcené, invoquer de l’acier contre lequel il brise son sabre, sans pouvoir arrêter son mouvement. Et des scènes un peu ingénieuses comme ça, il y en a plusieurs ! {/ SPOIL} 
Je terminerai avec quelques réflexions concernant l’univers en lui-même, et les quelques incohérences que j’ai pu noter.
Bon, déjà, pour le pinaillage sur les topos : 
D’où iels parlent français en Gwendalavir, et surtout, d’où iels parlent le même français qu’en France métropolitaine ? Alors oui, je veux bien que les deux mondes évoluent en parallèle, mais on nous dit que les personnes qui vont entre les mondes sont rares ! Par ailleurs, on sait que le peuplement de Gwenalavir par les humain.es est antique, puisqu’il date d’un peu plus de -1000 avant Jésus-Christ. On va supposer que ce peuplement s’est fait à partir de la France, vu que c’est le pays avec lequel Autremonde a le plus de lien... J’ai cherché, et entre -2000 et -1500, la vallée du Rhône est peuplée par un ensemble de civilisations dites du Rhône. Alors, je sais pas du tout quelle(s) langue(s) parlaient les Rhodaniens, et je ne trouve rien du tout à leur sujet, mais je suis pratiquement sûr qu’en 3000 ans, leur langue a plutôt évolué, et même si  le français a pu avoir une influence sur la langue parlée en Gwendalavir (genre du niveau de la colonisation française du XIXe) les gens devraient au moins avoir un gros accent, des tonnes de mots bizarres issus du dialecte local, ce genre de choses...
Mathieu suit un entrainement minime à l’escrime vu que Siam lui apprend deux trois trucs une fois, et il est capable de tenir tête à des pirates... armé d’un sabre ??
Ensuite, le fait que les personnages restent aussi insensibles à la mort la première fois qu’ils y sont confrontés m’a un peu dérangé. 
{SPOIL} Lorsque les personnages partent d’Al-Vor, ils sont attaqués par vingt pillards qui sont occis jusqu’au dernier. Et Camille/Ewilan et Salim s’en battent les steaks. Leurs cadavres sont encore là parce qu’Edwin ne veut pas perdre de temps à les enterrer, et ça ne les choque absolument pas ! Le seul moment où ça semble les choquer un peu (et encore pas longtemps, une journée), c’est quand c’est au tour de Hans de mourir - c’est la première fois qu’ils perdent l’un de leurs compagnons. Et les fois d’après, balec, ça ne les choque plus. Les jeunes, de nos jours, sont complètement désabusé.es ! {/SPOIL}
Enfin, le fait qu’il ne semble y avoir aucune réglementation sur le dessin. Il est dit qu’il est très dur de créer un objet uniquement par la magie (le dessin) qui ne disparaisse jamais, mais qu’en s’associant, plusieurs dessinateurices peuvent y arriver. S’il suffit que plusieurs dessinateurices travaillent ensemble pour créer des objets éternels, comment leur économie peut-elle tenir ? Comment s’assurer qu’il n’y ait pas de débordements ?
J’ai bien aimé les récaps de début de tomes, qui ne sont pas de simples résumés hors du livre, mais présentés comme un cours d’histoire dans le futur, mais entre nous, je n’étais pas super convaincu par la manière pas très historienne de raconter du maître de conférence :p
Ça, c’est pour les trucs où je cherche la petite bête. Il y en a d’autres pas très importants, comme le fait que Salim habite tantôt au onzième étage, tantôt au dix-septième sans déménager, mais franchement on s’en fout. Non, ce qui m’a vraiment dérangé, c’est ceci.
{SPOIL} Quand Camille/Ewilan va sur Terre pour voir une seconde fois son frère, elle emmène avec elle Salim et Bjorn qui finissent en prison. Et Salim, pour “justifier ce que Bjorn faisait avec lui”, a la lubie d’affirmer qu’il est son kidnappeur ! Parce que apparemment c’est moins grave de dire ça que de ne pas avoir d’explication sur le fait qu’il y a un type bizarre sans papiers en garde à vue ?! A quel moment ça paraissait être une bonne idée ? Si Salim n’avait rien dit, les policiers auraient simplement cru à un SDF qui perd la boule, et il suffisait qu’il affirme être une connaissance de Salim... Je trouvais que c’était une manière très grossière de créer un rebondissement qui n’avait pas lieu d’être. {/SPOIL}
Je sais que c’est un bouquin jeunesse donc ça n’a pas le droit d’être trop sérieux. Et qui a dit ça, d’abord ? Ce livre montre bien qu’on peut tout à fait cibler un public jeune et être intelligent quand même, en témoignent toutes les références à tout un tas de trucs variés comme Kant, la chromatographie, les catacombes de Paris, le cycle arthurien... Et du coup j’aurais bien voulu un peu plus de recul sur le traitement des Ts’liches et des Raïs. Car quand on y pense, ces deux peuples sont les populations indigènes de ce monde, volé par les humain.es. Les Ts’liches ont réduit les humain.es en esclavage pendant cinq cent ans, entre les Ier et Ve siècles, et ce fait est censé les rendre méchant.es et condamnables, et justifier leur éradication totale. Mais les humain.es aussi pratiquaient l’esclavage dans leur monde : iels le faisaient avant cette date et ont continué après, sur d’autres humains en plus... Les Ts’liches ont fait des humain.es des esclaves et occasionnellement de la nourriture, mais les humain.es leur ont volé leurs terre, ont pratiquement anéanti leur peuple et leur civilisation, et entreprennent désormais leur génocide. Quant aux Raïs, iels ont été repoussé.es au nord et condamné.es à vivre dans un endroit si aride et invivable que les personnes qui vivent à sa proximité - les Frontalier.es - sont admirées.  Les Ts’liches et les Raïs sont-iels vraiment les méchant.es de l’histoire ?
C’est à peu près tout ce que j’avais à dire. Même si je râle, c’était une très bonne lecture que je recommande aux jeunes personnes et aux plus vieilles : vous passerez un bon moment. Feu Pierre Bottero est pour moi le meilleur auteur jeunesse français des années 2000, et les défauts qui sont présents dans son livres sont en fait très communs, et surtout outrepassés par la qualité générale de l’oeuvre. Ce livre a été pour beaucoup de gens un coup de coeur, et je pense qu’il mérite ce titre.
Ma note : 18/20
14 notes · View notes
Text
Chapitre 4 : Ma vie maintenant
PDV REYNOLDS LEYWIN :
Mon bébé !
J'étais tellement content que nous ayons un fils. Je me demande quand les bébés peuvent commencer à s’entraîner ? Quand ai-je commencé à m’entraîner ? Mon dieu, j'ai hâte d'apprendre la magie à mon bébé! J'espère qu'il se révélera être un augmentateur comme ses parents. Je connais peut-être les bases de la conjuration, mais je ne peux rien en faire de pratique, sauf l'utiliser comme une forme d'exercice mental. Alice, en revanche, est l'une des personnes les plus talentueuses que j'ai jamais vu. Même en tant qu'émettrice, elle est exceptionnelle. À l'époque, après avoir accepté de sortir avec moi, elle a rejoint mon groupe d’aventuriers et nous sommes partis en mission ensemble. Ses pouvoirs de soins étaient incroyables en soit, mais ce qui m'a le plus choqué, c'est quand elle a utilisé un sort à effet de zone, qui a guéri tous les alliés à l'intérieur. Dire que je parle d’une personne unique en son genre ! Et je suis son mari !
Hehe… Je ne me lasse toujours pas de dire ça.
Dans le bon vieux temps avant que nous ne nous installions, nous allions dans les Beast Glades et chassions les bêtes de mana. Les bêtes de mana étaient des animaux ou créatures uniques nés avec la capacité d'absorber le mana dans leur corps et de créer leur propre noyau de mana, que nous appelons les noyaux de bête. Les noyaux de bête ont une quantité illimitée d'utilisations, ce qui les rend très précieux et très recherchés. Bien sûr, plus les classes de noyaux de bêtes sont élevées, plus elles ont de la valeur. Les bêtes de mana sont classées par classe, de la classe E (par exemple le taureau domestique à crocs utilisé pour la viande et le cuir) à un monstre de classe SS. Je ne peux pas vous en dire beaucoup à ce sujet, simplement parce que je n'en ai jamais vu ni entendu parler, mais ils sont censés exister. En règle générale, vous devez toujours supposer que les bêtes de mana sont plus fortes que les humains de la même classe. Tout simplement parce que, même si nous retirons le mana de l'équation, le corps physique d'une bête était beaucoup plus fort que celui d'un humain moyen.
Alors que les Beast Glades étaient dangereuses, tant que vous restiez prudent et que vous ne vous perdiez pas, il était assez facile de se garder des ennuis. Les bêtes les plus fortes avaient tendance à vivre plus profondément dans les grottes souterraines ressemblant à des donjons, ou plus près du cœur des Glades. Les premières dizaines de kilomètres autour du périmètre des Beast Glades étaient plutôt bien cartographiées, et tant que vous étiez au moins un aventurier de classe C, tout allait bien. De temps en temps, il y avait des missions postées par la Guilde des Aventuriers qui nécessitaient quelques groupes d'aventuriers. Celles-ci étaient généralement destinées à essayer de nettoyer et de cartographier les donjons les plus difficiles qui n'étaient pas complètement explorés. Si une bête de mana avait le pouvoir de créer son propre repaire et d'avoir d'autres bêtes de mana à son service, alors vous pouviez être sûr qu'il y avait des trésors à gagner.
Je parle à mon fils Art de cette vie, en lui disant ceci et bien plus encore pour que je puisse faire du brainwa1… Je veux dire… le pousser à au moins acquérir de l'expérience en tant qu'aventurier quand il vieillira. Je ne sais pas ce que je ferai si le petit Art ne s'éveille jamais. Oh mon Dieu, peu importe le temps que cela prend, tant qu'il peut s'entraîner pour devenir n'importe quel type de mage, je serai un père fier et heureux.
Il est assez facile de dire quel type de mage sera quelqu'un quand il se réveillera, car lorsque les augmentateurs, les conjurateurs et les déviants forment une barrière translucide, le mana se comporte différemment autour d'eux pendant ce temps. Les augmentateurs, lorsqu'ils se réveillent pour la première fois, forment une sorte de force de répulsion autour de la barrière, ce qui signifie qu'ils ont des canaux de mana dominants dans leur corps. Les conjurateurs, d'un autre côté, forment un vide de mana autour d'eux, ce qui signifie que leurs veines de mana sont beaucoup plus dominantes. Bien sûr, les degrés de force de poussée et de force d'aspiration dépendent de leur talent dans l'une ou l'autre des catégories. Je ne veux pas me vanter, mais quand je me suis réveillé pour la première fois, à l'âge de douze ans,  je dormais et la force de poussée m'a fait léviter pendant  dix bonnes minutes ! Il y avait assez de force que pour soulever un corps humain.
Si ce n'était pas pour ce temps-là… Je suis sûr que nous ne nous serions pas installés aussi vite.
Bref, dès qu'il se réveillera, je vais le former. S'il finit par devenir un prestidigitateur, je pense que je peux lui trouver un tuteur de la ville principale puisque Alice et moi ne sommes pas assez habiles pour lui apprendre…
… C'est ce que j'ai dit mais…
*BOOM ! *
Actuellement, les 3/4 de la maison ont disparu…
Qu'est-il arrivé ?
Heureusement, j'étais avec Alice dans la cour, un peu après le dîner, mais… Art… Le petit Art était toujours dans la maison…
« ARTHUR ! »
Le visage d'Alice se vida de tout sang alors que je la voyais pâlir, les yeux écarquillés d'incrédulité et d'inquiétude. J'ai poussé ma femme vers le sol tout en la couvrant avec un bouclier temporaire qui durerait quelques minutes. Je me suis précipité vers la direction de l'explosion, protégeant mon corps d'une couche de mana sur ma peau.
Les débris étaient constamment projetés vers moi alors que j’approchais de la source de l'explosion. Après m'être frayé un chemin parmi les restes de ce qui restait de la maison et de plusieurs morceaux de roches, je l'ai vu.
Mon fils était entouré d’une barrière translucide presque visible qui scintillait autour de lui. Mieux encore, c'est la répulsion de ses pouvoirs éveillés qui avait provoqué cette explosion. Il flottait au centre d'un cratère qui a dégagé les 3/4 de notre maison, ainsi que toute notre arrière-cour.
Haha…
Mes jambes ont lâché et j'ai atterri sur mes genoux pendant que ma mâchoire pendait. Mon fils avait presque trois ans et il venait de s’éveiller. Seulement trois… Je ne savais pas s'il fallait rire ou pleurer
« Reynolds ! Chéri ! »
J'ai jeté un coup d'œil à ma femme, la bouche toujours ouverte suite au choc. Elle a réussi à se diriger lentement vers moi après que les restes de l'explosion se soient déposés au sol et qu'il n'y avait plus de danger. Elle avança d’un demi-pas vers moi, couvrant son visage avec ses bras pour se protéger de ce qu'elle pouvait et lutter contre la forte force de poussée qui émanait toujours de Art.
« Reynolds ! Que s'est-il passé ? Que se passe-t-il ? Où est Art ? »
Toujours incapable de trouver la force de parler, j'ai simplement indiqué la direction de notre fils. Tout en étant confuse, elle regarda la direction que je désignais et tout ce qu'elle put réussir à murmurer fut :
« Oh mon... »
PDV ARTHUR LEYWIN :
Wow je me sens bien !
Me sentant rafraîchi par ma percée, j'ai fermé les yeux pour sentir mon noyau de mana nouvellement formé. Mon doux petit noyau de mana !
« ART ! OH MON BÉBÉ ! Ça va ? »
J'ai vu ma mère se précipiter vers moi tandis que mon père était à genoux par terre. Qu'a-t-il fait cette fois ? Pourquoi mère l’a-t-elle puni ? Ma mère m'a soulevée et m'a serrée dans ses bras, presque au point que mes côtes de bébé de 3 ans ont cédé.
J'ai réussi à hurler un :
« Maman, pas de pleurs. Qu'est-ce qui va pas ? »
Elle ne m'a pas répondu et a continué à sangloter en me berçant. Mon père est arrivé à côté d'elle, lui tapotant le dos et me tapotant la tête aussi, me donnant un faible sourire. Après un bref moment de confusion, j'ai décollé ma tête du sein de ma mère et j'ai regardé autour de moi pour voir que nous nous tenions au centre d'un cratère géant, avec la plupart de notre maison disparue.
… C'est quoi ce bordel ? Qui a fait cela ? Qui a eu l'audace de détruire la maison d'un roi ?! Les auteurs vont regretter ce jour ! Je les traquerai jour et nuit et je ne me reposerai pas avant…
« Félicitations, Art chéri. Tu t’es éveillé, Champion. »
« … »
« … »
J'ai fait ça ?
Dans mon ancien monde, sur Terre, un phénomène similaire se produisait lorsqu'un jeune s'éveillait. Une barrière claire apparaissait autour de l'éveillé et une petite force de poussée entourait la barrière. Je suppose, cependant, que la force de répulsion dans ce monde était beaucoup plus forte à cause du mana dans l'atmosphère, quelque chose qui n'était pas présent sur Terre.
En tant que roi intègre, j'ai décidé de m'excuser pour cette… euh… situation.
« Je suis désolé maman, papa. Est-ce que j’ai des problèmes ? »
« Haha… Non Art chéri, tu n'as pas de problème. Nous étions juste inquiets pour toi. Je suis content que tu ailles bien. »
Ma mère a réussi à rire à travers ses yeux à moitié larmoyants. Mon père idiot, lui, était beaucoup plus excité.
« Mon garçon est un génie ! Éveillé avant ses trois ans ! C'est sans précédent ! Je pensais que j'étais rapide, mais merde ! »
Ainsi, les quelques instants de cette atmosphère parfaite ont été brisés quand un voisin a crié :
« Que diable ?! »
« Haha, nous ferions mieux de nettoyer ce bazar », dit mon père en souriant, se frottant l'arrière de la tête.
________________________________
Deux semaines se sont écoulées depuis. Nous avons décidé de garder mon éveil secret pour le moment. Mon père a réussi à contacter quelques-uns des anciens membres de son groupe d’aventurier pour aider à reconstruire la partie décimée de notre maison pendant que nous restions dans l'auberge voisine. Avec les prestidigitateurs soulevant le terrain pour les fondations et les augmentateurs faisant le gros travail, la maison n'a pas tardé à être comme neuve. La beauté de la magie ! Étonnamment, aucun des ex-membres du groupe de mon père ne semblait se demander pourquoi notre maison avait explosé. Cela semblait en dire long sur mon idiot de père.
Au milieu de la reconstruction de notre maison, mon anniversaire est arrivé (29 mai). Mes parents m'ont réveillé ce matin-là avec un cadeau, et ce qui semblait être une miche de… pain (?) Dans les mains. Ahh ! C'était un gâteau !… Il aurait été plus facile de le dire s'il n’avait pas été noir.
Ouvrant la boîte à cadeaux pour trouver une épée en bois soigneusement sculptée, j'ai serré mes deux parents dans mes bras, les remerciant pour le cadeau et le gâteau. Cela m'a surpris parce que mes parents n'avaient pas pris la peine de célébrer mes deux derniers anniversaires, alors j'ai supposé que ce monde ne célébrait pas vraiment une telle occasion. J'ai appris plus tard que les anniversaires sont célébrés à partir de l'âge de 3 ans en raison d'une tradition d'il y a longtemps, lorsque les bébés étaient plus susceptibles de mourir avant l'âge de trois ans.
Coutume médiéval.
Il y a une autre chose qui a piqué mon intérêt. En voyant des enfants, ainsi que des adolescents travailler dans des fermes avec leur famille et dans des forges comme apprentis forgerons, je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune forme de système obligatoire d’éducation structurée. L’éducation était plutôt rudimentaire et était dispensée par la famille, se limitant aux bases comme la lecture et l'écriture.
Dès que j'ai eu trois ans, ma mère a commencé à me donner des cours pendant quelques heures chaque jour, m'apprenant à lire et à écrire. Jouant le rôle d'un fils de génie, j'ai fait semblant d'apprendre rapidement, à sa grande joie, pour pouvoir lire des livres plus difficiles dans la bibliothèque sans attirer les soupçons.
Ces dernières semaines sont passées en un éclair. Après mon éveil, mon père m'a appris les bases de la manipulation du mana et comment commencer à m'entraîner du mieux qu'il le pouvait. Je suppose qu’il a essayé de le simplifier autant que possible pour qu'un enfant en bas âge puisse comprendre, mais sans mes capacités globales de niveau adulte, je ne pense pas que j'aurais compris grand-chose.
Les bases sont les suivantes :
Il est facile de connaître sa force car elle est déterminée par la couleur du noyau de mana. Au départ, le noyau de mana est noir, en raison du sang et des autres impuretés qui se mêlent aux particules de mana lorsqu'elles se regroupent pour former un noyau. À mesure que le mana à l'intérieur du corps se purifie et que les impuretés s’éliminent avec le temps, il prend une couleur rouge foncé. À partir de là, la couleur du noyau de mana s’éclaircira, passant du rouge foncé au rouge, puis au rouge clair.
L'ordre est le suivant : noir, rouge, orange, jaune, argent, puis blanc.
Du noyau de mana rouge au noyau de mana jaune, les couleurs se divisent en trois nuances (orange foncé, orange solide, orange clair). En règle générale, plus la couleur du noyau de mana est claire, plus le noyau de mana est pur et plus il a accès à de la puissance.
Alors que les cours avec mon père se sont avérés utiles, je devenais impatient du rythme auquel nous avancions. J'ai demandé à ma mère quelques jours plus tard :
« Maman, est-ce que je peux avoir des livres sur la magie ? »
Comme ma mère avait encore des relations dans la Guilde des Aventuriers, elle a réussi à acquérir une collection assez fournie de livres sur la manipulation de base du mana, ainsi que sur le combat avec différentes armes. Certains d'entre eux n'étaient que des livres avec des mots simples et principalement des images des bases sur la façon dont le mana était condensé, mais je les ai ignorés. Ma mère m'a jeté un regard étrange parce que les livres que je regardais étaient d'un niveau supérieur. Elle a supposé que je ne pourrais même pas comprendre la plupart des mots là-dedans et a essayé de m’inciter à lire certains des livres les plus simples, en disant que ce serait plus facile à comprendre, mais elle a finalement cédé.
Une journée typique impliquerait de prendre des cours de lecture et d'écriture de la part de ma mère et de pratiquer avec mon père. Après avoir couvert la théorie de base et l'application de l'augmentation, nous avons commencé l'entraînement physique. Voyant à quel point mon corps était trop petit pour commencer le combat, nous avons opté pour la course à pied et les entraînements corporels. Je pense que voir mon corps de trois ans essayer de faire des pompes était la chose la plus drôle, mais mon père a fait du bon travail en retenant son rire. Quand je ne prenais aucune de ces leçons, je restais généralement enfermé dans la bibliothèque nouvellement améliorée, lisant et méditant pour condenser et purifier davantage mon noyau de mana.
Au fur et à mesure que l'année passait et qu'il ne se passait pas grand-chose en dehors de mon emploi du temps habituel, mon père a pris la parole pendant que nous dînions un soir.
« Chérie, je pense qu'il est temps que Art ait un bon mentor. »
1Je suppose qu’il veut dire brainwashing (lavage de cerveau)
Chapitre suivant
1 note · View note
blue-lumen15 · 7 years
Text
Un Jardin pour deux
Chapitre 26 (Re)Naissance
Durant le mois Arihas eut peu l'occasion de voir le prince ou alors il était toujours accompagné. Finalement le fait qu'il ne soit pas là, donnait la possibilité à Hilmes de monopoliser son oméga autant qu'il le souhaitait. La marque sur la gorge du prince ne lui échappa pas. Les marques ont des significations différentes selon l'endroit où elles se trouvent : sur la nuque, c'est le marquage des chaleurs et souvent le plus bestiale; dans le cou, c'est une marque plus basique, assez habituelle mais qui montre un couple plutôt attaché l'un à l'autre et enfin la gorge, la marque de la passion, qui montre un très grand attachement et une totale confiance de l'oméga envers son alpha. Il était heureux de voir que tout se passait bien entre eux.
Maintenant il devait se concentrer sur son mariage, il commençait à angoisser. Il croisait très rarement Daryûn ces derniers jours, sa mère lui interdisait car selon elle ça porterait malheur. Alfreed s'amusait beaucoup pour l'aider dans les préparatifs et pour choisir sa tenue. Arslan s'ajouta à eux dans les derniers jours pour faire le choix final, Alfreed l'obligea à revêtir des dizaines de tenues. L'air désespéré d'Arihas amusa le prince, Ghîb et Faranghîs se joignirent aussi à eux. L'effervescence d'Alfreed amusa tout le monde.
« Tu comptes préparer le tien avec Narsus après ? Plaisanta Ghîb. - Je ne me marierais pas avant mes dix-huit ans de toute manière alors j'ai le temps ! Répondit-elle sérieusement. - Elle va l'avoir à l'usure, murmura Ghîb à Arihas. »
Il acquiesça silencieusement, mais en attendant de se marier avec Narsus elle reportait sa frustration sur lui. Il savait déjà ce qu'il voulait porter alors tous ses essayages étaient inutiles mais puisque cela lui faisait plaisir, il l'a laissé faire…
Le jour j arriva très vite, il revêtit sa tenue : une tunique longue fendu sur l'avant et l'arrière couverte de broderies dorés et cuivrés avec un pantalon ocre plutôt simple. Alfreed avait insisté pour qu'il s'attache les cheveux alors il avait cédé. Il les tira vers l'arrière et les attacha avec une broche doré. Le prince quant à lui tient à lui offrir des bijoux qu'il porta évidemment. Il s'agissait de boucles d'oreilles pendantes dorés serties d'un petit rubis écarlate avec un collier fin et assorti qui tombait sur le haut de son torse. Sa mère le rejoignit et dès qu'elle le vit elle se mit à pleurer sous l'émotion :
« Tu es tellement beau ! Pleura-t-elle. - Mère voyons… C'est mon deuxième mariage pourtant. - Justement… Je-je croyais que cela n'arriverait plus jamais après Kahzac… Tu étais si effondré, et puis tu ne voulais tellement pas te marier la première fois… Je me suis toujours dit que tu nous en voulais pour ça. Je n'aurais pas cru que tu souhaiterais te marier de ton plein grès comme ça… Ce garçon doit être bien pour que tu acceptes sa demande… - Maman… Je suis heureux tu sais. »
Sa mère se mit à pleurer de plus belle, jamais elle n'aurait pensé qu'Arihas lui dirait ses mots un jour. Il avait toujours renié sa position d'oméga et n'avait cessé de lutter contre depuis qu'il l'avait appris. Sa mère était heureuse qu'il ait enfin réussi à s'accepter et surtout qu'il lui dît.
« Peut-être verrais-je des petits-enfants cette fois… Sourit-elle. - Ce n'est pas encore gagné mais sait-on jamais ! »
Les enfants voilà un sujet qui ne le préoccupait pas, à son âge les chances étaient plus réduites et rien ne disait que la stérilité de son dernier mariage ne venait que de Kahzac. Il serait content s'il en avait mais ne chercherait pas forcement à en avoir. Cela ne lui avait jamais paru indispensable bien qu'il était très frustré avec Kahzac il savait que ce dernier en voulait alors cela le rendait triste de ne pouvoir exhausser le souhait de son alpha. Cependant cela fonctionnerait peut-être avec Daryûn… Il faudrait surement du temps car ses chaleurs étaient courtes et ils en avaient peu maintenant, il avait déjà trente-trois ans et les grossesses pouvaient s'annoncer difficiles… Il n'était pas aussi fringant que le prince. Il se résignait déjà à ne pas avoir enfants mais peut-être que Daryûn en voulait lui ?
Daryûn angoissait. Narsus se moquait de lui pour essayer de le détendre mais cela n'était pas efficace. Sa mère tentait de la convaincre de sourire.
« C'est la première fois que je te vois dans cet état, remarqua Narsus. Pourtant on se connait depuis longtemps… - La dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'est lorsqu'il est parti vivre ici avec mon frère… - Mère… Grogna-t-il. - Et vous, Narsus ? Quand comptez-vous vous marier ? J'ai entendu que cela s'organisait avec la demoiselle du clan Zot ? - Non pas exactement, dit-il embarrassé. - Je suis contente que mon fils se marie enfin ! Et qu'il s'implique, cela a été si difficile de lui présenter des jeunes demoiselles… Pourquoi ne pas nous avoir dit que tu préférais les hommes ? J'aurais compris, bon peut-être pas ton père… Mais j'aurais essayé de te trouver un oméga… - Je n'étais juste pas intéressé à l'époque, répondit-il. Arihas est spécial, c'est tout ! - Alors c'est bien que tu es trouvé la personne… Je suis enfin comblée, il y aura quelqu'un pour veiller sur ma brute de fils ! - Je ne pense pas qu'il ait besoin d'être protégé, intervint Narsus. - Peut-être, mais on a tous besoin de quelqu'un avec qui tout partager… »
Elle ajusta son col et le lissa consciencieusement, Daryûn remarqua que ses mains tremblaient. Il ne dit rien et prit ses mains dans les siennes pour les embrasser.
« Ça va aller mère… - Pff… Ne t'en fais pas pour moi ! »
Daryûn eut l'impression de reprendre conscience lors du repas. La cérémonie était passée à une vitesse folle… Ils étaient mariés… Arihas et lui étaient mariés… Ils étaient mariés !
« Daryûn, souffla Arihas, est-ce que ça va ? - Je ne pourrais être mieux ! »
Arihas sourit face à l'enthousiasme de son, maintenant, mari. La fête devint rapidement bruyante et animée, les marzbâhns imbibés d'alcool devenaient très bavard et joyeux. Le temps s'écoula sans qu'ils ne le voient passer et la nuit était déjà bien avancée. Ghîb attendait le moment propice pour s'approcher de Daryûn car l'envi de le taquiner le démangeait depuis un moment déjà. Il réussit à s'approcher du nouveau couple :
« Il serait temps pour les jeunes mariés de s'éclipser. »
Daryûn faillit s'étouffer avec sa boisson et se tourna vers Ghîb avec un regard noir puis vers Arihas qui lui jeta un regard complice. Il lui tendit la main pour l'entraîner à l'extérieur de la salle où deux serviteurs les attendaient. Ils furent guidés à leurs appartements décorés pour l'occasion.
Alfreed s'était amusée à placer des fleurs partout. Arihas éternua à cause de tout ce pollen, ce n'était pas une bonne idée de mettre autant de fleurs dans un endroit restreint. Il sentit Daryûn se rapprocher et il se tourna vers lui. Il agissait plus timidement que d'habitude. Il sortit son collier de sous sa tunique et Arihas vit une petite clef y pendre.
« Je pense que tu n'as plus besoin de ton collier, maintenant… Bredouilla-t-il. »
Il lui tendit la clef mais Arihas se contenta de pencher la tête sur le côté pour donner l'accès à Daryûn. Il lui avait confié la clef pour qu'il déverrouille lui-même son collier. Daryûn hésita mais le fit, il agit lentement de peur de le blesser. Il entendit un léger cliquetis et le collier s'ouvrit, il l'enleva avec précaution et regarda ce qui venait de s'offrir à lui. Il voyait pour la première fois cette parcelle de peau qui se présenter à lui. Il posa sa main dans son cou, presque avec crainte, et le caressa. Il se pencha pour l'embrasser et ressentit un frisson de désir le parcourir au contact de sa peau. Arihas posa ses mains sur ses joues et releva son visage vers lui pour l'embrasser.
« Alors ? Tu es heureux ? Sourit-il. - Tu n'imagines même pas à quel point ! - Tu es d'humeur pour nôtre nuit de noce, alors ? - Tu sais je ne veux pas t'obliger… On peut très bien attendre encore un peu, rougit-il. - Hum… Arihas resta perplexe. Que t'arrive-t-il tout à coup ? - Je… Je n'ai jamais fait ça avec un homme… J'ai peur de mal m'y prendre et de te faire mal… Dit-il gêné. - Dans ce cas laisse-moi te montrer comment faire… »
Arihas attira Daryûn contre le lit et l'allongea dessus sans hésitation avant de recommencer à l'embrasser. Il se laissa faire et pour le coup il trouva ça agréable d'être choyé par Arihas. Il se laissa déshabiller, toucher et caresser sans opposer de résistance. Lorsqu'il venait l'embrasser, il l'attirait de tout son corps contre lui, accrochant ses mains sur ses épaules et enroulant ses jambes autour de son bassin. Il se demandait si sa réaction était normale. Plus ils se découvraient et plus la température montait et son désir d'être possédé par Arihas augmentait tout autant. Pourtant il était l'alpha, il devrait être « dessus », non ? Il s'inquiétait de voir son comportement si différent de ce qu'on lui avait rapporté des alphas. Il décida d'arrêter Arihas :
« Arihas, soupira-t-il essoufflé, est-ce vraiment « normal » de le faire ainsi ? Je veux dire n'est-ce pas l'alpha qui doit mener, rougit-il. - Tu souhaitais que je te montre, pas vrai ? Et puis il n'y a rien de mal… - Mais je… J'ai envie que tu me prennes… Murmura-t-il encore plus rouge. - Et moi j'ai très envie de te faire mien, souffla-t-il à son oreille. - N'est-ce pas bizarre ? - Non pas vraiment, c'est vrai qu'on en parle peu mais cela arriva plus souvent que tu ne le penses. Nous sommes deux hommes, pas vrai ? Peu importe le genre on garde le même instinct et le même désir de posséder son partenaire… Et puis certains couples y ont recoure pendant les chaleurs pour limiter les grossesses, donc ce n'est pas étrange du tout ! - Je ne savais pas tout ça… - Tu veux qu'on continue ? »
Daryûn n'eut pas besoin de répondre pour faire comprendre son consentement, un mouvement de hanche suffit à inviter Arihas à continuer ses attentions. L'alpha se laissa faire, il se sentait bien et en confiance avec Arihas. Cependant il se crispa lorsqu'il sentit Arihas venir toucher une zone plutôt intime. Il se doutait que c'était par là mais il n'avait jamais songé que cela se passerait ainsi. Arihas s'arrêta soudainement, Daryûn le regarda surpris.
« Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il. - Je cherche quelque chose… Ah ! Voilà ceci devrait faciliter les choses. »
Il saisit quelque chose posé sur la table de nuit que Daryûn ne pouvait pas voir. Il l'interrogea du regard quand il aperçut enfin la fiole dans ses mains. Arihas en vida le contenu sur ses doigts.
« Tu verras, ça ira mieux… »
Daryûn se laissa faire. Il s'abandonna à son partenaire sans retenu et fut surpris de ce qu'il découvrit et éprouva. Il trouva cela d'abord désagréable puis fondit sous les sensations qui parcoururent son corps de long en large. Arihas laissa son empreinte en lui et sur son cou. Il fut surpris d'être mordu par son oméga mais apprécia d'autant plus la sensation. Arihas se laissa tomber à côté de lui essoufflé, les jambes de Daryûn en tremblaient encore.
« Alors ? Souffla-t-il. - Attends un peu, haleta-t-il, je vais te rendre l'appareil ! »
Arihas lui sourit. La cérémonie et la nuit de noce furent une véritable réussite.
La chaleur de l'été étouffait maintenant la capitale et les reconstructions avaient bien avancé. Les aqueducs réparés l'eau circulait à nouveau comme avant, et les habitants pouvaient enfin se resservir des fontaines. Les premiers groupes de soldats lusitaniens furent renvoyés chez eux sous bonne escorte et Etoile s'occupait de faire les liaisons entre les deux anciens ennemis. Quant aux habitants de la capitale, ils se relevaient enfin des épreuves endurées et reprenaient peu à peu leurs vies d'avant.
Hilmes avait profité de ce dernier mois pour se rapprocher d'Arslan pendant qu'Arihas s'occupait de son propre mari et de leurs affaires à déménager. On leur avait proposé de nouveaux appartements plus grands et avec une pièce attenante, en prévision d'un potentiel premier enfant. Alors de son côté il profitait de chaque occasion pour lui parler et le toucher. Arslan s'habituait de plus en plus à lui et se montrait moins gêné lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Hilmes sentait son désir pour son oméga augmenter mais il ne voyait pas de réaction réciproque chez son partenaire. Cela l'inquiétait mais il se dit que sa fausse-couche devait l'avoir refroidi et il culpabilisa de vouloir lui imposer ses propres désirs.
Un matin pourtant son vœu fut exaucé. Les chaleurs d'Arslan montrèrent le bout de leur nez. Elles furent beaucoup plus douces et réconfortantes mais surtout moins épuisantes. De ce fait Hilmes ne chercha pas à forcer la main d'Arslan mais plutôt se plier à ses désirs et ses attentes. Ils finirent par passer le plus clair de leur temps allongés, nus l'un contre l'autre à échanger des baisers et des caresses. Ce fut la chaleur la plus paisible d'Arslan.
Il trouva cela agréable mais éprouva de l'anxiété en se disant qu'il était peut être à nouveau enceint. Cela ne l'inquiétait pas en soi mais il craignait plutôt que cela se passe mal à nouveau. Jusqu'à maintenant il avait réussi à se faire à l'idée que cela arrivait et qu'on y pouvait rien mais il repensait aux douleurs qu'il avait eu avant. Et si même sans les coups d'Ilterish il avait fait une fausse-couche ? Cela lui faisait peur mais il n'eut pas besoin d'en parler pour qu'Hilmes le comprenne. Il lui murmurait des « ça va aller » sans préciser de quoi il parlait exactement. Le dernier jour de ses chaleurs il se mit à pleurer dans ses bras sans pouvoir mettre le doigt sur la raison mais il se sentit plus léger après.
Il en parla avec Arihas et ce dernier le rassura, avoir des douleurs au ventre pendant une grossesse n'étaient pas si rare et le mois de chevauché avait dû le fatiguer. Il lui conseilla de se reposer mais surtout de se détendre en attendant que le premier mois passe car il allait se rendre malade tout seul. Arslan ne put profiter longtemps de sa présence car quelques jours plus tard se fut au tour d'Arihas d'être confiné. Daryûn se fit un plaisir de pouvoir le marquer comme sien et partager ce moment-là avec lui.
La vie paisible fut à nouveau interrompue par des nouvelles inquiétantes venant de Peshawar. Le roi Ilterish tenterait une alliance avec Tûrq pour attaquer à nouveau Parse. Deux marzbâhns furent envoyés pour voir ce qu'il se passait vraiment et vérifier leurs informations. Deux mois plus tard ils reçurent de mauvaises nouvelles. Les négociations entre Turân et Tûrq avaient abouti à un accord mais le roi de Tûrq ne se mouillait pas. Il confia six milles fantassins mais ne se déplaça pas lui-même.
Andragoras décida de se déplacer lui-même cette fois mais emmena Hilmes dans sa campagne. Cependant Arslan resta à la capitale. Le traumatisme de la dernière fois l'ayant profondément marqué, il préférait être sûr de ne pas être à nouveau enceint pour y aller bien qu'il ait passé ses deux mois post-chaleurs sans incident, mais non sans crainte. Il se sentit soulagé de passer ce stade et eut l'impression de respirer à nouveau. Hilmes le quitta à regret, le confiant aux soins d'Arihas et à la garde de Kishward et Daryûn qui protègeraient la capitale en l'absence du roi.
Pourtant au front la situation se dégrada plus facilement que prévu, le mois suivant Daryûn et ses hommes furent appelés en renfort. Il put au moins ramener une bonne nouvelle de capitale… La nouvelle grossesse du prince avait été confirmée. Hilmes se retint de sauter de joie, cela n'aurait pas été très approprié…
Pour régler la crise cette fois ils avaient dû en finir avec Ilterish. Il n'aurait jamais abandonné son ambition de toute manière. Son frère, Itoqt fut nommé roi de Turân mais contraint de signer des accords de non-agression contre Parse durant tout son règne.
o~~O~~o
« Votre Altesse ! Ils sont arrivés ! S'exclama Arihas en courant vers lui. »
Arslan releva la tête vers lui.
« C'est vrai ? »
Arslan se leva pour quitter les jardins accompagné d'Arihas. Il n'eut pas le temps d'en sortir, qu'il entendit des voix bien connues s'élever pas loin d'eux. Il se mit aussitôt à courir vers elles. Il profita d'être en petit comité pour sauter dans les bras de son alpha. Hilmes fut d'abord surpris puis sans plus d'hésitation le serra dans ses bras. Il remarqua alors un petit détail. Lorsqu'il le relâcha il vit le changement qui avait opéré chez son oméga. Son ventre bien rond l'interpella, il le regarda sans pour autant oser le toucher.
« J'ai pris du poids on dirait, sourit Arslan. »
Kishward regarda la scène avec bienveillance, il s'étonnait du contraste entre le couple princier et le couple royale. La reine ignorait complètement le roi à son retour et ne venait même pas pour l'accueillir alors qu'Arslan se jetait dans les bras d'Hilmes. Pourtant cela ne faisait pas si longtemps qu'ils étaient mariés… Il fut aussi surpris qu'Hilmes de voir le ventre arrondi du prince, lorsqu'ils étaient partis Arslan ne montrait aucun signe de grossesse et maintenant on ne voyait que ça.
Arslan se trouvait au milieu de son sixième mois et cela commençait à devenir difficile pour lui. D'après les médecins du palais son bébé arriverait plus tôt que prévu comme c'était souvent le cas pour les grossesses d'omégas mâles. Il ne devait lui rester qu'un mois et demi avant d'accoucher. Cela le rassura quand il apprit qu'Hilmes sera là pour la naissance de leur premier enfant. Il ne savait pas si Hilmes serait vraiment content d'apprendre qu'il aurait très certainement une fille. Les plus anciennes servantes du palais lui avaient dit et même Arihas semblait le penser. La raison ? Son ventre haut apparemment…
« Messire Arihas, vous n'êtes pas en confinement ? Demanda Kishward. -… Non en effet, grogna-t-il. - Vous devriez l'annoncer à Daryûn avant qu'il ne s'inquiète de ne pas vous trouver. Il nous a quittés presque en courant pour vous rejoindre, dit Hilmes. - « L'annoncer » ? Demanda Kishward perplexe. - Une autre bonne nouvelle, soupira Arihas. »
Daryûn explosa de joie lorsqu'il apprit que lui aussi allait être papa dans cinq mois… Arihas ne put que sourire face à sa réaction. Pour le coup il ne se doutait pas que cela arriverait aussi rapidement.
Le ventre d'Arslan s'arrondissait un peu plus chaque jour au grand bonheur d'Hilmes qui se plaisait à le toucher et parler à leur bébé. Il fut tout aussi ravi d'apprendre que serait certainement une fille.
À quelque jours de passer le huitième mois, Arslan espérait que cela se termine. Il priait aussi pour que cela se passe bien et que son enfant soit en bonne santé. Il demanda même à Faranghîs de faire des prières pour l'accouchement. Il angoissait de plus en plus. Arihas l'aidait à se détendre comme ils partageaient maintenant la même situation que lui. Son ventre commençait tout juste à être rebondi.
Arslan avait dû mal à se lever et souffrait de crampes nocturnes qui l'alarmaient régulièrement. Il avait déjà appelé plusieurs fois les médecins, cependant à chaque fois c'était de fausses alertes.
Une nuit il fut à nouveau réveillé par des crampes, il essaya de se rendormir mais en vain. Il finit par réveiller Hilmes, c'était trop douloureux. Hilmes l'aida à se lever pour le faire marcher, le seul moyen pour soulager les douleurs d'apr��s les sages-femmes. Seulement quelque chose d'imprévu arriva : il perdit les eaux à peine fut il debout.
« Oh mon Dieu ! »
Hilmes l'aida à se rassoir et envoya un garde chercher les sages-femmes. Elles ne furent pas trop inquiètes et dire qu'il y avait encore du temps avant que le travail ne commence. Elles demandèrent à Hilmes de quitter la chambre et d'aller se reposer en attendant dans une chambre à côté. Elles le préviendraient lorsque le travail commencerait vraiment. Il trouva leurs propos aberrants, il n'allait pas dormir pendant que son oméga souffrait surtout qu'il était seul dans la chambre. Cela l'embêtait un peu de devoir faire ça mais il fit chercher Arihas pour rassurer Arslan. Arihas arriva bien plus vite qu'il ne pouvait l'imaginer.
« Je suis désolé de vous avoir réveillé si tôt mais je préférerais qu'il ne reste pas seul… - Ne vous en faîtes pas, c'est tout à fait normal ! Je vous tiendrais au courant. »
Les sages-femmes autorisèrent Arihas à rester au plus grand soulagement d'Arslan. Daryûn ne tarda pas à pointer le bout de son nez dans le couloir. Il trouva Hilmes qui faisait les cent pas devant la porte. Il s'arrêta brusquement en voyant Daryûn.
« On vous a réveillé aussi à ce que je vois… - Je me suis dit que je pouvais vous être utile. »
Le silence s'installa. Daryûn remarqua la tenue débraillé d'Hilmes : sa tunique était complètement ouverte sur son torse laissant apparaître des marques d'affection de son oméga mais il ne semblait pas s'en soucier. Les sages-femmes avaient dû le chasser aussitôt qu'elles étaient arrivées et sans ménagement. Il était très agité.
« Vous savez vous devriez peut-être aller vous reposer… - Ah bon ? Et comment suis-je censé dormir tranquillement alors que mon oméga va accoucher ? S'exclama-t-il. »
Daryûn comprit alors que le sujet était sensible et à sa place il ferrait certainement pareil. Il préféra alors changer de sujet.
« Le roi et la reine sont au courant ? - Ils seront prévenus au petit matin à moins que le bébé n'arrive plus tôt… - D'autres personnes savent que le travail a commencé ? - J'ai fait quérir Dame Faranghîs au cas où, murmura-t-il. Les autres seront prévenus le matin. »
Daryûn comprit que les heures allaient être longue jusqu'au matin. De temps à autre ils pouvaient percevoir un gémissement douloureux, à chaque fois Hilmes se tournait vers la porte comme prêt à l'enfoncer.
Les sages-femmes obligeaient toujours Arslan à marcher. Il se stoppait à chaque contraction et elles le poussaient à continuer à marcher. Les contractions se rapprochaient doucement et devenaient plus fortes. Il fut soulagé qu'Arihas soit avec lui mais il semblait épuisé après quelques heures à attendre. Il sortait régulièrement donner des nouvelles à Hilmes, il pouvait l'entendre râler d'ici et cela le faisait sourire à chaque fois. L'aube commençait à s'éclaircir et rosir lorsqu'il sentit une contraction plus forte que les autres, il ne pouvait plus tenir debout. Elles l'allongèrent dans la hâte sur le lit. Le travail sérieux commençait. Arihas sortit une dernière fois puis vint près du prince pour lui tenir la main. Les prochaines heures s'annonçaient difficiles.
Hilmes se tendait un peu plus à chaque cri de son oméga qui lui parvenait bien qu'ils soient étouffés, ils n'en restaient pas moins affreux à supporter.
Aux premières heures du jour, tout le palais savait que prince Arslan mettait au monde leur premier héritier. Tous les compagnons du prince avaient accouru vers les appartements du couple princier pour avoir des nouvelles. Ils furent étonnés de voir Hilmes si blême devant la porte de la chambre mais il ne se souciait pas d'eux et ne cachait pas son anxiété.
La porte s'ouvrit sur Arihas qui annonça qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant que l'enfant naisse. Il referma aussitôt la porte pour retourner auprès du prince épuisé.
« Une dernière fois votre Altesse ! Répétait inlassablement la sage-femme. »
Il y eut un dernier cri déchirant avant le silence. Un silence complet qui inquiéta davantage Hilmes. Les secondes qui passèrent le glacèrent et lui semblèrent des heures. Un petit cri plus aigu et régulier finit par se faire entendre, Hilmes souffla soulagé de l'entendre enfin. Il courut presque lorsque Arihas lui dit qu'il pouvait entrer, il se précipita au côté d'Arslan dont la pâleur le frappa. Il le prit doucement dans ses bras :
« Comment vas-tu ? - Je suis épuisé, souffla-t-il, mais où est notre bébé ? »
Hilmes se tourna vers la sage-femme qui lavait cette nouvelle vie qui s'agitait.
« Alors ? Demanda Hilmes. - Il semble que ce soit une fille en parfaite santé, répondit-elle. - « Il semble » ? Demanda-t-il perplexe. - Eh bien elle présente des caractéristiques d'alpha… - Vous pouvez le dire dès la naissance ? Demanda Arslan. - Disons que c'est plus facile à voir chez une fille que chez un garçon, sourit-elle. »
Elle tendit la petite fille emmaillotée à Hilmes. Il resta figé un moment en regardant leur enfant dans ses bras. Elle avait des yeux gris et des cheveux clairsemés plutôt clair, elle ressemblerait à Arslan. Il s'assit près de son oméga pour la lui présenter.
« Elle est belle tu ne trouves pas ? Elle te ressemble… »
Arslan leva les mains pour la prendre et Hilmes la posa délicatement dans ses bras.
« Oui, souffla-t-il. Elle me paraît si petite maintenant… »
Hilmes autorisa les compagnons d'Arslan à entrer pour voir leur nouvelle princesse bien que ce ne soit pas très protocolaire. Quelques minutes plus tard, une invitée inattendue se présenta : la reine elle-même vint voir sa petite-fille. Elle se montra étonnamment expressive face à cette petite princesse.
« Quel est son nom ? Demanda-t-elle. »
Hilmes et Arslan se regardèrent avant de parler.
« Yildiz, princesse Yildiz de Parse… »
2 notes · View notes
lizziebonnefoy · 7 years
Text
Prepare for Trouble
Chapitre 2 - Home Sweet Home
Fandom : Pokémon - animeverse - Team Rocket
Genre : collaboration, humour, romance, général
Rating : T pour l’instant
Personnages/Pairing : Victoire Morgan (OC de Chacha), Clyde Peverell-Ackerman (OC de Lizzie), Jessie & James, Cassidy & Butch… Et tout le reste des familles ;) (cf. Index des personnages)
Timeline : dix-sept ans après Alola environ
La fanfic qui va suivre est un peu particulière, il s’agit d’une collaboration entre Chacha et moi-même. Nous allons suivre les pas des enfants de Jessie et James ainsi que ceux de Butch et Cassidy, grâce à plusieurs points de vue (POV)
Points de vue de Chacha : Victoire, James, Jessie, Satine, Miaouss
Points de vue de Lizzie : Clyde, Butch, Cassidy, Thelma, Moka
POV Victoire
J'aimais bien être chez moi en fait, même si je disais dans cesse le contraire, et en arrivant, je vis que maman faisait une sieste dans le grand hamac sous l'arbre tandis qu'Oliver s'occupait dans son parc à l'ombre, et que Phyllali jouait avec les Boustiflors. C'était caaaaalme, franchement un moment comme ça, c'était à marquer d'une pierre foudre! Mais ce fut de courte durée lorsque la Pokéball de maman s'ouvrit que ce CRÉTIN de Seviper...
"-Ssssssseviper..." "-Grrrrr..." Mangriffe était en position d'combat et je l'avais rappelé dans sa Pokéball tandis que ce petit pleurnichard d'Oliver s'était mis à chialer et que maman s'est réveillée et levée pour calmer ce petit chouineur, après avoir rappelé son serpent débile "-Pour UNE fois que je peux faire une sieste! RaaaAAAAaaahhhhh NON MAIS C'... c'est rien, mooooh viens là mon trésor..." J'avais baissé les yeux, honteuse. Comme d'habitude, elle était super sympa avec Oliver et moi bah j'étais la méchante! Même si... c'est vrai que j'aurai du y penser, mais c'était quand même pas d'ma faute si ce crétin de Seviper était mal élevé! "Désolée maman.. ehhh au fait!! Demain soir y a une conférence à laquelle j'veux aller à l'arène de Celadopole!!”  J'ignorais pourquoi mais c'était la première chose qui me vint en tête : Sacha, le seul point positif de ma journée, en somme "-Hm, et c'est quoi au juste? Demain soir on va voir le match, n'oublie pas!" Haaaan oui le match, c'est vrai... Mais c'était pas important du tout, en plus on soutenait pas les Elekteks, ni les Staross, et en fait, je m'en fichais du baseball.  "Ouaiiis.. Mais c'est une occasion unique, ça se représentera peut être plus jamais maman!! Tu t'rends compte, on peut visiter l'arène, rencontrer Erika!!! Imagine tous ces Pokemons plantes, et en plus, un génie extrême sera là, il est venu à l'école aujourd'hui pour nous faire un discours et j'ai envie de le voir se battre!!!" Maman avait levé un sourcil tandis qu'Oliver jouait avec ses longs cheveux "Hmm, c'est non Victoire, à moins qu'ton père sacrifie le match pour t'emmener, sinon c'est hors de question." Comme si j'avais 5 ans quoi! Alors Satine pouvait partir à Johto avec trois pélo de 10 ans pour faire des concours avec un carapuce, mais moi je pouvais pas aller à Celadopole le soir toute seule? Aucune logique.. Bon, à première vue elle semblait pas convaincue c'est clair, mais papa n'était pas là donc y avait encore moyen, et je savais que je pouvais compter sur lui, il était bien plus cool qu'elle! Maman m'écoutait qu'à moitié en fait, puisqu'Oliver mâchouillait ses cheveux.. À croire qu'il voulait imiter Vortente.. "Bon bah j'demanderai a papa.." Je l'avais suivi à l'intérieur et avais posé mon sac sans en rajouter parce que franchement, parler avec elle, c'��tait pas possible, un vrai mur lumière! J'avais piqué des gâteaux dans le placard et mis de l'eau à chauffer avant de m'affaler à table. Une fois Oliver dans sa chaise haute en train de goûter, elle m'accorda enfin un peu d'attention.. "Bon, tu as passé une bonne journée? Tu sais que ton imbecile de prof m'a ENCORE appelé pour me dire que tu étais en r'tard!?" Forcément, Goiyo n'avait pas pu s'en empêcher. "Oui j'm'en dout... et tu sais pas quoi?! Ce vieux Houthout nous a donné nos binômes, tu sais, pour le projet d'étude!!! Et fallait que ça tombe sur moi, je dois l'faire en équipe avec le mec le plus con de toute l'école! Celui qui m'avait humilié avec son Fantominus, tu t'souviens?! On va être obligé de travailler ensemble, et pendant le voyage scolaire en plus!" L'idée n'avait pas plu à maman. D'ailleurs, elle s'était énervée en menaçant d'aller voir cet imbecile de Goiyo pour "mettre cartes sur table". "Non mais tant pis maman, c'est comme ça, c'est pas grave..." Apparemment pour elle, si. "Non mais quand je pense qu'on paie MILLE POKEDOLLARDS L'ANNÉE pour que tu puisses étudier à Celadopole! Je me FICHE du règlement, j'ai pas besoin d'une permission pour remettre ce CLOWN à sa place! Tu fera ton projet avec Alice que ça lui plaise ou non, ET MANGE TA COMPOTE OLIVER SINON J'TE FICHE AU LIT ET TOUT DE SUITE!" La soirée s'annonçait banale : mon frère qui repeint les murs avec de la compote, maman qui râle, manquait plus que Satine pour nous raconter à quel point elle était géniale.. Vivement que papa rentre du travail..
POV Clyde
J'étais un peu surpris que Victoire ne réponde pas à ma pique, mais pas déçu en soi. J'avais vraiment trop faim pour m'en préoccuper ! D'ailleurs, j'avais un gros doute, tout d'un coup : ce matin, j'étais partis super vite à cause de mes géniteurs semblant à deux doigts de me refaire une petite sœur et comme un con, je n'avais absolument pas songé à prendre mon déjeuner... Une grimace de dégoût déforma mon visage, alors qu'Arthur me demandait ce qui se passait. Inutile de dire que je préférais ne pas lui faire part des images dégueulasses qui hantaient mon esprit. Bon d'accord, c'était pas "dégueulasse", juste malaisant.  Avec la pluie qui était tombée toute à l'heure, il n'y avait juste pas moyen que je m'assois dans l'herbe mouillée, alors on rentra s'installer dans une salle vide afin de manger pépouze. Je commençais à préparer une tirade dans ma tête pour taxer de la bouffe à Arthur, à Mathias ou à une de ces nanas qui nous suivaient comme nos ombres, mais... J'eus la surprise de voir mon bento tout au fond de mon sac. Maman était peut-être incroyablement gênante quand elle le voulait, mais au moins, elle ne laissait pas son – hurgh – Poussifeu mourir de faim. Je découvris des restes d'hier soir ainsi qu'une part de clafoutis provenant sans doute de la pâtisserie de tata Moka. Comme il n'y avait aucun prof à l'horizon, j'en profitai pour faire sortir Insecateur, afin de le nourrir : il l'avait plus que mérité.  Les conversations allaient de bon train sur le cours qui venait d'avoir lieu et les gens étaient juste trop verts que ce soit moi qui ait affronté l'intervenant. Je ne savais même pas trop quoi répondre, je n'avais rien demandé, à la base.  "Quand je pense que je suis tombé sur cette gonzesse sans gêne ! Et surtout que tu te la tape pour le projet d'histoire, du coup ! - Ouais enfin elle est plutôt mignonne, moi je me la taperais bien autrement..." Il me semblait inutile de préciser l'auteur de la deuxième réplique. Le regard lubrique de Mathias me donnais franchement envie de dégobiller mon clafoutis, qui était pourtant délicieux. Et puis franchement, si je devais vraiment parler de mon binôme d'histoire, j'aurais eu des tas de choses à dire avant de parler de son physique : son manque d'éducation, le fait qu'elle semble douée en origami...  "On peut pas parler d'autre chose ? On est à table, là." Les filles de la table avaient l'air ravi que j'interrompe mon Gruiki de pote. Moi, j'étais juste exaspéré par tout ça. Je n'avais qu'une hâte, être à ce soir pour pouvoir rentrer à la maison, passer un petit moment sur ma batterie et éventuellement jouer un petit moment à Rocket League avec papa. On était tous les deux un peu nazes et mauvais perdants, mais on aimait bien ce petit moment père-fils. Mais avant tout ça, il fallait retourner en cours. L'après-midi fut plutôt banale et il ne se passa rien de très intéressant. Pour une fois, je me tins tranquille, me contentant d'écouter et de prendre des notes à l'occasion. Et puis finalement, la grosse coche en forme d'Eoko finit par sonner, annonçant la fin de la journée, aussi nommée « délivrance ». Il était enfin l'heure de faire ressortir Libégon. Le temps était heureusement clément et elle décolla avec grâce en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Au LIPC, il y avait non seulement un espace pour les vélo, mais aussi une piste pour ceux qui venaient avec des Pokémontures, que ça soit terrestres où aériennes. Les Galopa côtoyaient les Rhinocorne et les Roucarnage aux coupes improbables. Sans vouloir me vanter, je trouvais vraiment que j'avais de la chance d'avoir Libégon, elle suscitait toujours l'admiration !  Le vol de retour ne dura qu'une dizaine de minutes, le vent étant favorable. Je plaignais Thelma qui devait prendre le bus pour rentrer : papa n'aimait pas trop l'idée qu'elle le prenne seule, mais quelque chose me disait que ses répliques bien senties éloignaient les gros lourds sans difficulté. Et puis nous n'habitions pas non plus trop à l'extérieur de la ville, le trajet n'était donc pas si long.  En arrivant à la maison, je pris le temps de nourrir mes quatre Pokémon dans le jardin : il n'était pas forcément grand, ni luxuriant, mais bien entretenu, notamment avec l'aide d'Insécateur. Notre maison en tant que telle était plutôt pas mal. Ce n'était pas un manoir ni une grande villa, mais était loin d'être ridicule. C'était surtout l'intérieur qui rendait maman fière : les pièces étaient lumineuses et décorées avec goût. Je me demandais souvent comment mes parents faisaient pour payer tout ça, car il ne me semblait pas que nous étions siiii aisés que ça. Je soupçonnais maman et papa de ne pas toujours payer ce qu'ils obtenaient, mais je préférais ne rien dire : pour des ex-criminels, ça ne me semblait pas si choquant, comme hypothèse.  J'eus la surprise de constater que Thelma était déjà à la maison, à lire un livre dans le salon. Elle ne leva même pas les yeux de son bouquin et me fit un petit signe. "Salut p'tite sœur. Ça va ? J'étais surpris de ne pas te voir ce matin." Thelma finit par lever le nez vers moi et me sourit. Si je ressemblais beaucoup à maman, elle avait beaucoup pris de papa : elle avait de grands yeux bruns et de longs cheveux verts, coiffés en deux couettes. Il paraît qu'elle avait déjà beaucoup de succès avec les garçons, malgré son jeune âge et j'étais souvent inquiet pour elle. En tant que mec et vu mes potes, je savais comment certains regardaient les jolies filles comme elle. "Salut ! Ça va, c'était une journée tranquille." Je remarquai bien qu'elle ne me disait pas tout. Pourquoi partir plus tôt si c'était une journée tranquille ? Mais elle s'était déjà replongée dans son livre. C'est vrai qu'elle était plutôt du genre à le faire comprendre quand on la dérangeait. Tant pis pour elle ! Je me dirigeai vers le garage où se tenait ma batterie. C'était le seul endroit de la maison à peu près insonorisé correctement. Maman avait été très clair : si j'avais choisi de jouer du piano ou de la guitare, il n'y aurait eu aucun problème pour le faire dans le salon. Mais de la batterie, c'était juste pas possible. Je me mis donc à jouer des rythmes au gré de mes envies. Fantominus était venu me rejoindre et semblait plutôt satisfait de ce que je jouais.  Je profitais de cette tranquillité, tant que maman n'était pas rentrée. Je savais pertinemment que M'sieur Goiyo avait du l'appeler. Parce qu'en plus d'être un vieux sans autorité, il appelait toujours ma mère, jamais mon père, bien plus compréhensif. Je me rappelle assez de la fois où derrière le dos de maman, il avait levé le pouce, fier de la connerie que j'avais faite... D'ailleurs, la porte du garage s'ouvrit et je le vis rentrer sa moto, son casque posé sur la selle. Maman ne devrait plus tarder et je redoutais déjà. Je savais qu'elle ne me dirait sans doute pas grand chose, mais c'était pour le principe. Papa s'approcha de moi, un petit sourire gêné aux lèvres. "Alors, bonne journée ?" Il devait sans doute faire référence au fait que je me suis quasiment enfuit ce matin. Je répondis par la positive. Je crevais d'envie de raconter ma matinée, mais d'un autre côté, je savais que ça me saoulerais de le dire deux fois et que maman voudrait poser plein de questions. "Tu m'aidera pour le dîner ? Ta mère ne pourra pas se plaindre si c'est son Poussifeu qui a cuisiné... " Maman avait effectivement la sale manie de râler lorsque quelque chose n'était pas fait comme elle l'aurait fait. Je ne pu m'empêcher de rire à la requête de papa, malgré le surnom niais. "Tu sais qu'elle trouve à y redire même quand c'est moi ? Avoue que tu ne veux simplement pas te taper les reproches tout seul. - C'est totalement ça." Tandis que papa retirait ses bottes – maman ne les voulait pas dans la maison –, je posai mes baguettes. On avait largement le temps de se faire une petite partie avant d'entamer la préparation du repas, de toute façon.
POV Victoire
J'étais dans ma chambre, allongée à plat ventre sur mon lit en train de faire mes devoirs de biologie Pokémon, lorsque j'avais entendu Caninou aboyer : papa arrivait enfin à la maison. J'avais relevé ma tête brusquement avant de retirer de ma bouche mon stylo tout mâchouillé, l'avait glissé dans mon cahier afin de ne pas perdre la page, et je m'étais levée d'un bond, toute contente, avant de dévaler les escaliers. J'vous entends d'ici me demander mon âge! Oui BON c'est vrai que c'est vraiment ridicule à 17 ans d'agir comme ça, mais c'est plus que mon père vous comprenez? C'est aussi mon meilleur ami, la personne de qui j... Eurk! Arrivée à mi chemin de l'escalier, je l'avais entraperçu en train d'embrasser maman en lui plottant les fesses.. charmant! J'avais attendu avant de descendre plus bas, histoire que ce moment malaisant ne le soit pas davantage.. quand enfin, il l'avait lâché  "Salut Papa!!" J'étais descendue pour lui faire un bisou, il me faisait marrer avec sa bouche barbouillée de rouge à lèvres après avoir embrassé maman. J'allais lui parler de Sacha et de l'arène quand mon élan à venir fut interrompu : tous les Pokémons étaient venus le saluer en même temps, le faisant s'écouler par terre.. "Eeehhh mais doucement..." Il "rigolait", mais j'imaginais que ça devait le saouler à force : dès qu'il rentrait, tout le monde lui sautait dessus comme si on l'avait pas vu depuis plus de 10 ans, Caninou et Vortente le couvraient de bave, Eoko lui cachait la vue.. non franchement il n'était pas aidé.. Maman lui avait tendu la main pour l'aider à se relever. J'allais parler, lui demander de m'emmener à l'arène demain, j'avais pleins de choses à lui raconter! Mais j'avais même pas eu l'temps d'en placer une..  "-T'en as quand même mis du temps! Tu crois qu'le dîner va s'faire tout seul..?" Maman n'avait vraiment AUCUNE pitié : elle n'avait rien fait de la journée! Il m'impressionnait à rester si calme et amoureux d'elle en toutes circonstances.. "-Y avait des embouteillages Jessie, je vais demander à Miaouss de ramener de la pizza.." "-Gegadddd Vitoire!!!" Ils étaient parti dans une discussion pendant que j'accordais mon attention à mon frère qui venait de débarquer, tirant sur mon pantalon pour me montrer ses dessins qui ne ressemblaient à rien.. "Et ça, c'est qui..?" "-C'est onianouss!!" En langage Oliver, ca voulait dire "Oncle Miaouss", et il ressemblait à une créature hybride à mi chemin entre un Shaymin et une sorte de pomme de terre.. Je faisais semblant de trouver ça beau, bien sûr, mais en réalité ça ressemblait à une fresque d'art primitif qui n'a aucun sens. Bref, trêve de plaisanteries, il fallait que je demande à papa pour demain.. "Dis Papa..?" Mais évidemment il n'en avait rien à faire de moi : il n'avait d'yeux que pour Oliver, puis il câlinait maman, puis Mime Jr... Et vas y qu'il parlait de Satine... Cette petite peste ne rentrait que demain parce qu'elle allait voir une "amie de Johto" qui concourait je ne sais où ce soir : alors LÀ! C'était hors de question qu'après ça on m'interdise de sortir demain! J'allais ENCORE essayer de parler lorsqu'il avait pris le téléphone pour commander les pizzas rrraaaaAAAaah et moi alors?! "-... euh.. oui comme d'habitude, une 4 fromages avec double ration de fromage, supplément de viande hachée, sauce ketchup et cornichons pour Jessie.." "-DIS LUI D'PRENDRE AUSSI DU CHEESECAKE!" "-Ah et du cheesecake.. et deux Margharita pour Victoire et moi.." Il m'avait lancé un regard interrogatif pour savoir si c'est bien ce que je voulais : je n'avais rien dit mais en fait, je voulais une calzone, mais peu importait. Une fois qu'il eu raccroché, j'avais enfin le champ libre.. Papa s'était tourné vers moi en retirant sa veste avant de la mettre sur un dossier de chaise.. tandis que maman était partie prendre son bain "-Excuse moi trésor, alors, cette journée?" "Plutôt dans la moyenne.." J'avais aussitôt enchaîné sur mon retard ce matin, Goiyo, le projet d'histoire Pokémon, Clyde, le Fantominus et le fait que je devais aller travailler samedi chez lui... Je l'avais aussi informé de la fureur de maman quant à cette décision de binôme, ce à quoi il avait répondu par un simple levage d'yeux au ciel. Il m'avait dit que c'était pas si grave, qu'avec un peu d'eau dans notre vin à tous les deux on pourrait s'entendre, ne serait que le temps de cette collaboration, au moins pour fournir un bon projet.. Il avait pas tord mais ca me dépitait quand même.. Et j'avais enchaîné sur l'intervention du génie extrême, le match avec Arthur, ma défaite cuisante...  "- Je sais que c'n'est pas facile de rester optimiste mais il faut persévérer, ne te décourage pas chérie, il faut essayer encore! Ce qui compte c'est ton entraînement, c'est le jour de l'examen qu'il faudra que tu sois irréprochable, là tu apprends trésor, et le principal c'est pas de mettre les Pokémons de ton adversaire hors combat, c'est ta stratégie, et..." Oui, oui, bla-bla-bla... Je l'ignorais un peu car en réalité il ne savait pas de quoi il parlait. C'était facile de dire ca alors qu'il n'avait jamais vécu ce genre d'humiliation cuisante, et encore moins devant un dresseur tel que Sacha... Il ne se rendait pas vraiment compte de la réalité de la vie en fait, lui qui avait toujours été tranquille chez lui, puis sur les routes avec maman et oncle Miaouss comme marchands itinérants... C'était clair qu'il avait eu la belle vie, du genre à ne jamais avoir eu d'ennemis! Quand il eu fini son speech, il était venu me réconforter  "-On va s'entraîner, et la prochaine fois tu montreras à ce petit gredin* que ce n'était que partie remi. YIIIIH!" Ce cri, c'était Oliver qui était dans ses bras, et qui avait tiré sèchement sur sa queue de cheval. Je supposais qu'il avait raison dans un sens, que c'était pas parce qu'on avait perdu une bataille qu'on avait perdu la guerre... Enfin bref, j'en oubliais presque le plus important "D'ailleurs demain soir.. le champion nous a proposé de venir voir sa conférence à l'arène de Celadopole, on peut la visiter et participer à des genres d'ateliers je crois, enfin j'ai regardé sur le net en rentrant.. et comme demain c'est soir de match, enfin tu sais, maman m'a dit que si tu pouvais m'emmener..." Il semblait peu ennuyé : je savais que papa aimait le baseball lui aussi, mais je comptais sur son sens aigu du sacrifice pour qu'il m'emmène, jouant sur la corde sensible en exagérant mon air de Rocabot battu "Enfin sinon je peux y aller toute seule, si tu veux bien..." Finalement il avait cédé. Ouiiiii, génial! Je l'savais qu'il l'allait dire oui, je suscite trop bien la pitié!!  "-À condition que tu partes à l'heure demain matin!" J'avais obtempéré avant de lui faire un câlin, tandis qu'oncle Miaouss était arrivé avec les pizza... "-Eh bonsôir la compagnie, j'espère qu'vous ovez fâim!" "-EH COMMENT!!!" L'odeur de sa pizza immonde avait fait rappliquer maman, encore en peignoir avec ses cheveux mouillés, mais l'appel de la dalle était sacré dans cette famille, et elle ne nous avait même pas attendu alors qu'on était parti nourrir les Pokémons de la serre..
POV Clyde
C'était au bout d'un bon moment de jeu et plusieurs pétages de câble suite à nos défaites répétées qu'on se rendit compte de l'heure. On échangea un regard horrifié, avec papa. "Ta mère va rentrer, on n'a pas préparé à manger et t'as même pas fait tes devoirs. On est dans la merde." Je n'osais pas lui dire que mes devoirs de biologie Pokémon, je comptais m'y attaquer après le dîner. Si je m'y attaquais, bien sûr. Je savais pertinemment qu'exceptionnellement, je pourrais gratter sur Arthur. Même si je prenais des risques quant aux résultats, c'était mieux que rien ! Je ne voyais plus aucun signe de Thelma : nous l'avions plus ou moins faite fuir du canapé, elle et son livre. Elle n'avait semble-t-il pas apprécié qu'on insulte le jeu quand on perdait... Je posai la manette sur la table basse et levai mon auguste postérieur du beau canapé, lui aussi en cuir de Tauros. "T'inquiète P'pa, on va gérer." C'était avec confiance qu'on rejoignit la cuisine pour se mettre à préparer un repas qui nous garantirait la fierté de maman... Sauf que ça ne se passa pas exactement comme prévu. Il semblait que dans le précipitation, on n'avait pas franchement respecté la "recette ultra secrète et ultra bonne de la grand-tante de papa". "Pourquoi ça sent le vieux Smogo là dedans ?" Thelma se tenait à côté du bar de la cuisine, une main sur la hanche, l'autre près de son nez, avec une mine dégoûtée. Elle était accompagnée de son Canarticho, qui arborait le même air.  "Je pensais que c'était fini votre lubie de vouloir cuisiner tous les deux..." Elle soupira en avançant dans la pièce. A ce moment là, elle ressemblait vraiment à maman, à nous donner des leçons. Parfois, Thelma m'agaçait tellement avec ses airs de fille parfaite ! Elle était au courant que ça pouvait insupporter les gens ? Je levai les yeux au ciel, blasé, tandis qu'elle ouvrait la fenêtre en grand pour laisser partir l'effluve peu ragoûtante qui se dégageait de la casserole. Canarticho l'aida en battant des ailes pour faire fuir l'odeur. Bon, je devais bien avouer que ça ne se passait jamais vraiment bien quand on essayait de faire des trucs un peu élaborés : au final, il était peut-être mieux qu'on se cantonne aux jeux vidéos et encore, même là ce n'était pas gagné. Et évidemment, papa ne disait rien, puisque c'était sa fifille qui lui faisait une réflexion et que donc elle devait forcément avoir raison ! Papa avait vraiment un problème avec les nanas, j'espérais vraiment ne pas être comme ça. "Roh ça va, c'est p't'être rattrapable !" Thelma haussa un sourcil, peu convaincue et dévoila à ce moment qu'elle avait déjà préparé quelque chose pendant qu'on jouait à la console, nous foutant la honte à tous les deux. Il faut dire qu'on s'était chacun tellement agacé sur le jeu qu'on avait rien vu... "Je voulais voir ce que vous alliez nous pondre et comme je m'y attendais, c'est pépite ! Digne du risotto tout cramé." Son sourire narquois m'insupportait. Elle me rappelait un peu Victoire face à Arthur plus tôt dans la journée, comme si j'avais besoin de ça à la maison ! J'espérais presque que ce qu'elle avait préparé serait dégueulasse. Presque, parce qu'en vrai, je commençais quand même à avoir la dalle. Je n'eus de toute façon pas le temps de répliquer, puisqu'on entendit la clé se tourner dans la serrure de la porte d'entrée : maman rentrait et je sentais déjà les reproches poindre le bout de leur nez. Et des fois, je vous jure que je voudrais être moins génial et me gourer. A peine me vit-elle que maman fronça les sourcils - mais pas longtemps, elle n'avait sans doute pas envie d'accentuer sa ride du Némélios. "Clyde Ackerman. Pourrais-tu s'il te plait faire en sorte que ton prof NE m'appelle PLUS TOUS les jours pour des broutilles ?" S'il fallait savoir quelque chose sur maman, c'est qu'à chaque fois que je faisais une connerie, elle omettait systématiquement la première partie du nom de famille, le sien, quoi. En gros, quand je lui foutais la honte, je n'étais plus son "Poussifeu", mais juste le fils de mon père, qui d'ailleurs soupira en entendant ça. En plus, je savais pertinemment qu'il demanda ce que j'avais fait rien que pour se faire bien voir de maman, le traître ! D'habitude, il était limite fier et me montrait son pouce en l'air derrière le dos de maman, admirant sans doute mon génie. Mais là, impossible de se cacher et puis j'avais rien fait, quoi... Il devait juste vouloir son câlin et ses bisous du soir. Je détournai les yeux, un peu dégoûté, tandis que Thelma commençait à mettre la table, sans rien dire. Depuis quelque temps, elle ne parlait plus beaucoup, avec aucun de nous, d'ailleurs. "Ça sent un peu bizarre ici, non ? Ils ont encore essayé ?" Maman s'était directement adressée à ma sœur, qui s'était marrée en guise de réponse. Fallait avouer qu'elles étaient redoutables toutes les deux.
POV Victoire
Lorsqu'on était rentré dans la serre,  j'avais libéré mes Pokemons afin qu'ils mangent eux aussi, et papa avait fait de même pour les siens, ceux de maman et de Satine qui avait du rester la, sauf Seviper, car afin d'éviter des ennuis, il restait avec maman et mangeait avec nous (Dégueu...) Tous les Pokémons étaient venu nous accueillir et avaient sauté sur leurs gamelles respectives pour s'empiffrer : tels Pokémons, tels dresseurs! Comme quoi ce proverbe n'était pas totalement faux.. On avait fini par retourner dans la maison en rigolant à propos de tout et rien, et franchement, le soleil qui se couchait ne changeait rien : il faisait toujours aussi chaud.. Maman regardait la télé avec attention alors qu'elle partageait sa pizza avec Qulbutoké et Sevi, et en rentrant, notre attention s'était posé sur l'écran qui diffusait le concours de l'amie de ma soeur..  "-Nous avons une invitée de marque aujourd'hui, Satilina qui a participé au grand Festival de Bourgeon ainsi qu'à celui de Poivressel dans la région d'Hoenn..." Même quand elle ne concourait pas, ma soeur savait se faire remarquer.. Elle faisait de la lèche à Contesta, dans sa robe à paillettes, en exposant fièrement tous les rubans qu'elle avait remporté depuis le début de son voyage, autrement dit, ses 12 rubans. Il ne lui en manquait plus que 3 pour participer au Grand Festival de Kanto, mais elle déclarait vouloir "prendre son temps"...   "-Merci à tous, merci à mes fans, à mes compagnons de route et de concours qui m'accompagnent depuis maintenant 3 ans! Merci à mes Pokémons si précieux et talentueux, qui s'entraînent si dur à mes côtés, et surtout, un énorme merci à ma famille et plus particulièrement à mon papa et à ma maman..." Mais c'était diiiingue, même quand elle ne participait pas elle se la racontait, non mais j'étais en plein rêve ou quoi?! Et les gens l'encourageaient dans sa connerie en plus! L'autre vieux beignet de Colhomard grillé lui envoyait des "Remarquable!" à tout bout d'champ, même le célèbre coordinateur Drew qu'elle aimait tant l'avait complimenté, non mais sérieux!!!! Et en plus, papa et maman étaient hypers fiers d'elle!!!! À contre cœur, je devais reconnaître, en faisant abstraction de la jalousie, qu'elle était douée. Il faut dire que Satine avait toujours été la chouchoute, la fille idéale, dans un sens.. et moi, j'étais la première, le "brouillon". Elle était un parfait mélange de papa et maman, elle avait les cheveux violets, ondulés, en plus d'avoir les grands yeux verts de papa et un visage sans défauts, alors que moi, j'avais la crinière de maman (magenta, épaisse et trop galère à démêler), et les yeux marrons de mon horrible grand-maman du côté de papa.. Même Oliver allait devenir un beau gosse, c'était sur à 100%, il avait les cheveux mauve, mi longs comme papa, avec les yeux bleus de maman et une petite tête trop chou : même au sein de la famille, j'avais la poisse. J'étais sur Pokébook sur mon téléphone en train de tagguer Jenny dans une video marrante, n'écoutant pas vraiment oncle Miaouss parler avec les parents tout en terminant ma pizza, lorsque.. "-Victoire!? Allo la terre, tu as fais tes devoirs?!" "Oh euh..." Je n'avais pas fini, mais maman ne semblait pas trop rigoler avec ça tout d'un coup, et je me sentais un peu  stupide car papa ne supportait pas que je sois sur mon téléphone à table, même si j'avais fini.. "-Non mais qu'est ce que tu fiches depuis qu't'es rentrée? File prendre ta douche et monte les faire, sinon demain, pas d'conférence!" Maman avait pas parlé d'un ton sympa, mais heureusement, papa et oncle Miaous m'avaient défendue pendant que je mettais mon assiette dans l'évier en faisant la tronche "-Dis donc chérie, tu n'trouves pas que c'est un peu exagéré? Surtout venant de toi, tu veux qu'j'te rappelle quel genre d'élève tu étais?!" "-Ouaâis eh t'o eu les pires résultots d'toute lo Pokémontech, meme encore pire que ceux d'James!" "-Oui, et bien JUSTEMENT! Je compte sur Victoire pour sauver l'honneur intellectuel de la famille!" Sauver l'honneur intellectuel, a d'autres! Elle voulait juste m'engueuler pour m'engueuler... "J'ai plus qu'à finir mon TD de bio Pokémon, j'remonte..." "-Eh attend Vic, tu veux de l'aide ma puce? Je sais que cette matière te donne du fil à retordre!" Heureusement que papa était la, y avait pas à dire! Et finalement, j'avais descendu mes cahiers et tout le monde m'avait aidé, même maman apres être allée coucher mon frère! Même Qulbutoké avait essayé, mais je comprenais évidemment rien à ce qu'il racontait... Allez, deja 22h, il serait temps d'aller me coucher.. "-Monte mon ange, va vite prendre ta douche et au lit! Je vais rentrer les Pokémons dans leurs Pokéball et je te les met dans ta chambre.." Et j'étais montée avec avoir dit bonne nuit à maman et Miaouss. Encore une journée bizarre mais que voulez vous, on f'sait rien comme les gens normaux...
POV Clyde
Après avoir nourris nos Pokémon, nous étions enfin passé à table et c'était pas trop tôt. Il n'y avait que Caratroc s'amusant à grimper sur les épaules de papa ainsi que Flagadoss et le Lainergie de Thelma dormant sur le tapis du salon qui nous honoraient de leur présence dans la maison. Le reste des Pokémon étaient dehors, vacant à leurs occupations. Ténéfix et Fantominus devaient sans nul doute s'être associés pour jouer quelques méfaits aux voisins ; Canarticho s'entraînait à la voltige avec Libégon ; Kapoera et Colossinge devaient améliorer leurs techniques de combat tandis que les Pokémon Eau barbotaient probablement dans la petite mare que Thelma avait passé des semaines à réclamer quand elle avait eu son Carapuce, qui était maintenant un Carabaffe. J'imaginais aisément le trio composé de Grahyena, Granbull et Démolosse s'être installé sous le grand chêne du jardin, qu'Insécateur devait tailler sous la surveillance de Rattatac. Évidemment, ma frangine était toute fière qu'on mange SA salade à la grecque. Mais c'était peut-être ça notre problème avec papa : on était des artistes incompris et trop ambitieux... Qui se contentait d'une banale salade, comble de facilité ? Bon d'accord, c'était toujours mieux que notre essai raté et maman ne râlait pas, au moins. D'ailleurs, elle avait étonnamment passé l'éponge sur cette histoire d'appel de Goiyo, trop contente de retirer la blouse de cosmétologue qu'elle arborait pourtant fièrement. La conversation avait déviée sur nos journées respectives : papa nous racontait que puisqu'il n'avait pas eu beaucoup de clients aujourd'hui, il avait laissé ses "larbins" s'occuper du garage et il était passé chez tata Moka pour qu'ils continuent à bosser sur leur véhicule ultra-perfectionné. Je ne comprenais pas trop ce que tata Moka venait faire là-dedans, mais en vrai, ça ne m'intéressait pas tant que ça. J'avais juste hâte de raconter MA journée. Ce fut maman qui prit la suite de la conversation, visiblement un peu irritée par ce que papa avait dit : j'avais toujours remarqué qu'il y avait de l'eau dans le gaz entre maman et Moka, mais je n'ai jamais connu la vraie raison et là encore, je ne suis pas sûr de vouloir savoir. Je n'écoutais pas trop quand elle nous parlait de ses étudiants en cosmétologie, ce ne fut que lorsqu'elle m'interpela que je levai la tête de mon assiette. "Ça me rappelle quand ton prof de chimie m'avait appelée pour que j'intervienne dans un de vos cours l'année dernière... Sois franc* mon Poussifeu, c'était inutile ?" Je vis papa grincer des dents, alors que j'acquiesçai en levant les yeux au ciel. La vérité, on la connaissait tous : M'sieur Regnault était beaucoup plus intéressé par le décolleté de maman que par ce qu'elle pouvait raconter à propos de l'application de la chimie à la cosmétique. Je savais bien que c'était un traquenard de donner le métier de ses parents et leur numéro sur la petite fiche que les profs distribuaient en début d'année, ils se croyaient tout permis, après... Et puis on parlait du prof qui faisait tomber sa craie quand il y avait des nanas en jupe au premier rang. Un frisson de dégoût parcouru ma colonne vertébrale : décidément, il pourrait y avoir un concours du plus gros Grotichon entre lui et Mathias ! Thelma fut assez concise sur sa journée. Les parents ne semblaient même pas se poser trop de questions sur le fait qu'elle parte tôt le matin. Fallait croire que c'était ça d'être la fille parfaite au bulletin de note sans bavure, favorite de ses professeurs et toujours serviable à la maison. Quelque part, Thelma était vraiment agaçante, mais... Je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle nous mitonnait quand elle prétendait qu'elle avait du travail à faire. Franchement, si j'étais pas aussi peu du matin, je me lèverais exprès pour la filer et découvrir la vérité... Dommage que mon lit soit aussi possessif ! Finalement, ce fut ENFIN à mon tour de raconter la merveilleuse journée que j'avais passé. Et c'était à peine ironique, parce que franchement, c'était pas la pire. Je commençai par parler de l'exposé avec Victoire. Thelma m'adressa un sourire narquois. "C'est ça le Delcatty en origami que j'ai aperçu dans ton sac, alors. Je croyais que c'était une conquête potentielle. - T'es malade ? Cette nana a été élevée chez les Grahyena, c'est pas possible autrement." Papa me dit de ne pas insulter les Grahyena, car ils valaient mieux que la plupart des gens. J'ignorais s'il disait vrai, mais je continuais mon récit en parlant du cours de dressage, après que maman m'ait sommé de "faire de mon mieux malgré cette greluche et que j'avais intérêt à rattraper mon 8 en biologie Pokémon".  "Insécateur s'est vachement bien défendu, mais bon... Son Pikachu était beaucoup plus fort que ce que j'aurais cru. En même temps, il est génie extrême, alors j'imagine que c'est pas la honte. La honte, c'est plus de toujours porter une casquette à 30 piges passées." Je surpris le regard étrange que mes parents s'échangèrent, mais comme ils ne dirent rien, je poursuivis sur le combat de Victoire et d'Arthur, insistant sur combien cette gueuse pouvait être mal élevée et insupportable. Bon, j’exagérais autant avec le terme "gueuse" qu'avec le "mal élevé". Mais en vrai, je l'imaginais trop vivre dans une cabane dans les bois, en fait. Et puis finalement, c'était la cerise sur le pompon, j'étais trop fier de parler de la conférence organisée par Sacha à l'arène locale. "Oh mon Poussifeu, j'aurais tant voulu venir avec toi pour te voir prendre ta revanche contre ce bouffon de génie extrême !  - T'sais M'man, j'peux y aller seul, je suis grand... - Ca m'aurait bien intéressée aussi, mais je vais déjà réviser les maths chez une copine, dommage." Je soupirai. Maman et Thelma croyaient quoi, que j'en parlais pour les inviter ? Traiter Sacha de bouffon était plutôt abusé et surtout, il n'était nullement question de combat. Mais allez expliquer ça à ma daronne, franchement. "Butch ! Tu ne veux pas y aller avec notre fils pour prendre des photos... Non, filmer !" Papa qui jusqu'à présent jouait sur son téléphone leva les yeux, sans trop comprendre ce qu'il se passait. Il me semblait qu'il avait décroché au moment où maman avait parlé de venir avec moi. "Mais y a le match Elektek-Staros demain et... - J'ai porté tes deux enfants neuf mois chacun dans mon ventre, tu peux bien sacrifier un fichu match pour prendre des photos quand je te le demande, non ?" Mon père ne savait visiblement pas quoi rétorquer à la réplique de maman et échangea un regard de condamné à mort avec moi. Il n'avait visiblement pas très envie de m'accompagner, mais d'un autre côté, je sais que papa est probablement celui qui me foutrait moins la honte à l'arène. Il finit par accepter, je n'avais moi-même pas trop le choix : maman aurait bien été capable de refuser que j'y aille, sinon. Je me demandais vraiment pourquoi papa avait choisi d'épouser un tel Drattak... Non, ne répondez pas à ma question.  Le dîner étant fini, les parents rangeaient la cuisine. Je leur avait dit "bonne nuit" d'avance et je montais dans ma chambre afin de me pencher un peu sur ce foutu DM de biologie Pokémon. Cette matière ne me passionnait pas franchement, sans doute à cause des méthodes du prof. Mais comme disait ma mère, fallait vraiment que je rattrape ce 8, ou sinon, j'en entendrais parler jusqu'à la Saint Glinglin. Je m'installai à mon bureau, regrettant de ne pas pouvoir aller faire un petit vol nocturne sur Libégon, que j'avais faite rentrer dans sa Pokéball pour la nuit. J'observais Flagadoss qui dormait encore et toujours, me disant que j'aurais bien envie d'aller au lit aussi. Mais je me mis au travail sans trainer, jusqu'à ce qu'au bout d'une heure de boulot, je m'endorme en bavant abondamment sur ma copie.
POV Victoire
J'avais eu un peu de mal à m'endormir à cause de la chaleur, je me retournais dans tous les sens, ne trouvant pas de position adéquate, et finalement, je m'étais levée et avait libéré Reptincel, qui avait baillé bruyamment en étirant ses petits bras avant de me dévisager d'un air interrogateur.. "J'arrive pas à dormir... Tu sais, je comprend pourquoi tu veux pas évoluer Repti.." Il avait hoché la tête  "J'ai pas envie de passer mon diplôme et de partir étudier... sans pouvoir rester à la maison..." J'étais complètement déprimée à l'idée de devoir partir d'ici la fin de l'année, mais la perspective d'échouer me faisait tout aussi peur. Ici c'était ma maison, depuis toujours, je me rappellais encore de quand on avait emménagé... C'était flou dans ma tête car je n'avais que 4 ans à l'époque, mais on quittait notre tout petit appartement de Jadielle pour quelques choses de mieux. Grand-papa et grand-maman avaient dit à papa qu'ils lui laissaient le "cabanon", cette "bicoque rupestre" dont ils n'avaient plus que faire, sauf qu'en réalité, ce qu'ils prenaient pour une vieille cabane de jardin était une maison immense de 200m carré avec un jardin de 3 hectares et une grande serre. Papa travaillait deja dans l'horticulture à l'époque, donc cette maison était parfaite pour lui, et maman était enceinte de Satine. On avait chargé un gros camion avec nos affaires et on était parti ; je me rappelle qu'en arrivant, papa m'avait demander de choisir ma chambre et que j'avais directement voulu celle-ci, dans laquelle j'étais encore aujourd'hui. La terrasse était deja comme ça mais il n'y avait pas les arbres fruitiers, les palmiers, ni le salon de jardin et les hamacs. La piscine était déjà la par contre, enfin je crois, car j'avais des souvenirs de baignade avec mes brassards Poissirène, pendant que maman baignait Satine qui n'était qu'un bébé. En fait j'avais pleins de souvenirs ici, j'avais vu pousser les arbres et les fleurs, la serre être inaugurée, l'ouverture de la pension et les premiers dépôts de Pokémons plante arriver. On jouait tout le temps à Chacripan avec ma sœur, on mangeait des glaces sous l'arbre l'été, et l'hiver on était tout le temps dans la serre où il faisait chaud, puis on faisait griller des châtaignes en jouant à des jeux de société avec oncle Miaouss, papa et maman (qui était très mauvaise joueuse), et papa nous jouait du piano ou du violon. On regardait des dessins animés près de la cheminée et j'allais dormir avec maman quand j'avais peur de l'orage. Il faisait bon vivre ici,  chaque recoin de la maison me rappelait un souvenir, je me souvenais même du départ de ma soeur pour Johto, la fête de départ dans le salon, et du retour de l'hôpital de papa et maman après la naissance de mon frère, tout me faisait penser à quelques choses, ne serait ce que les escaliers que l'on s'amusait à dévaler dans des boîtes en cartons... Aussi longtemps que je me souvienne, j'avais toujours aimé la maison, d'ailleurs la seule fois où je l'avais quitté, c'était pour partir jusqu'au Bourg Palette afin de rencontrer le professeur Chen : le jour de mes 10 ans, j'avais voulu partir en voyage moi aussi, comme certains de mes amis : j'avais deja prévu de prendre Bulbizarre et de devenir maître Pokémon plante! Mais arrivée là bas, une fois papa et maman partis, je m'étais retrouvée comme une idiote, et Bulbizarre ne semblait pas très sympa, il grognait comme un Mammochon. J'avais eu le coup de cœur pour Salameche : il était trop mignon et me fixait de ses grands yeux de Barpaud frit, alors je l'avais choisi lui. J'étais plutôt motivée mais arrivée au milieu de la forêt de Jade avec mon Pokémon, j'avais paniqué, pleuré comme un bébé, et un scout avait appelé maman pour qu'elle vienne me chercher......... J'avais jamais raconté ça à personne car cette histoire foutait particulièrement la honte, mais n'empêche que bon, ça prouvait bien que j'étais incapable de quitter la maison quoi. En plus je savais rien faire, j'avais jamais eu à m'occuper d'une maison ni rien, à payer des factures etc, et je savais pas quoi faire comme travail moi! En plus la perspective de vivre en ville c'était carrément l'angoisse, pas de jardin, pas de serre!!! Finalement, après avoir confié toute cette histoire a Repti, j'avais fini par m'endormir contre lui, tandis qu'il avait callé sa flamme dans un récipient résistant au feu fait exprès que papa avait récupéré d'un "ancien robot".. J'avais pas vraiment compris mais peu importait, vivement demain...
POV Thelma
Le soleil filtrait à peine à travers mes rideaux quand j'ouvris les yeux. Je m'étirai tel un Persian et éteignait mon réveil Dodrio avant de bondir de mon lit. Me lever le matin ne m'avait jamais dérangée, j'aimais le calme qui régnait, autant dans la maison qu'en ville. J'avisai Lainergie qui s'était réveillée avec le cri du Pokémon en plastique. Je ne perdis pas de temps et filai vers la salle de bain. Comme tous les matins, je prenais soin de me doucher, de me brosser les dents, de nettoyer mon visage - malheureusement, un spot avait fait son apparition sur mon front -, et de m'occuper de mes cheveux verts, propres de la veille, que j'avais tressés pour la nuit et qui formaient à présent de jolies ondulations. Je les nouais en deux couettes hautes : c'était une coiffure assez enfantine, mais j'aimais assez que les gens pensent ça, justement. Ça me permettait de leur montrer à quel point ils avaient tort en me sous-estimant rien que sur mon apparence. J'enfilai une petite robe noire toute simple et une fois prête, sortis silencieusement de la pièce.  Ça ronflait encore chez Clyde, ce qui était plutôt normal. En passant devant la chambre de papa et maman, j'entendis des choses qu'une adolescente n'aimerait pas entendre venant de la chambre de ses parents. Mais franchement, je suis plutôt contente pour eux. Papa s'était un jour confié à moi en disant que les premières années de leur relation avaient été compliquées : Clyde avait été un accident, mais ils avaient choisi de le garder malgré tout. Papa m'avait avoué qu'il avait failli tout plaquer, qu'il avait fait toute une crise de panique à la naissance de mon frère et que maman avait aussi failli partir avec le blondinet. J'avais aussi entendu parlé d'histoire de jalousie (papa avait douté de la fidélité de maman), de fierté (maman ne voulait pas accepter l'aide de papa), de complication avec leur ancienne carrière de criminels... Ils sont toujours restés relativement peu bavards sur leur passé, mais avec les quelques bribes, je comprenais qu'ils voulaient simplement qu'on ne tourne pas comme eux. En tous cas, mes parents avaient tenu bon et malgré tout, avaient choisi de m'avoir moi. Peut-être un peu tôt par rapport aux prévisions, mais je savais que j'étais planifiée et quelque part, ça me faisait plaisir. Même si Clyde m'embêtait sur le fait que j'étais prématurée et donc "pas finie". C'est lui qui n'était pas fini pour faire autant de conneries, j'vous jure. Bref, tout ça pour dire que j'étais plutôt contente qu'ils fassent encore des galipettes, même si j'aurais préféré rester dans l'ignorance.  Je descendis jusqu'à la cuisine, histoire de préparer du café pour papa et de tout préparer pour quand ils descendraient et que je serais déjà partie. Avec mon image de fille parfaite, mes parents ne se posaient pas trop de questions. Ça mettait davantage la puce à l'oreille de Clyde, mais il n'était pas si difficile de détourner son attention. Je ne voulais pas que ma famille connaisse la vraie raison de mes départs anticipés le matin. Je prenais simplement le temps d'écrire un petit mot à laisser près des tasses que j'avais sorties, prenais mon sac en m'assurant que j'avais mes trois Pokéballs et sortis de la maison. Comme convenu, une silhouette m'attendait à quelques pas de la maison et je me hâtai de la rejoindre, le cœur battant. "Prête à bosser, Thelma ?" Cette voix me faisait toujours frissonner. Je pris la main tendue et souris. "Avec toi, toujours." Je me mettais la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres charnues. "Tu m'as manquée, Elsa..." Tout le monde dormait encore et c'était le seul moment où je ne craignais pas qu'on découvre que malgré tous les mecs qui pouvaient me tourner autour, c'était une très belle brune qui me fascinait. Je me sentais mal de mentir à ma famille, m'étais certaine qu'ils seraient choqués, surtout maman...
POV Clyde
BIP BIP BIP BIP... Je bondis presque comme un Spoink quand j'entendis mon réveil sonner, manquant de peu de tomber de ma chaise. Tout hébété, je me rendis compte que j'avais dormi sur mon DM de biologie Pokémon qui était complètement illisible parce que j'avais du baver dessus... La poisse ! Et puis j'avais tellement mal au dos et au cou, bordel... C'était pas une vie et en plus, ce foutu réveil me vrillait les tympans. Je l'éteignis, de mauvaise humeur. Je levai les yeux au ciel constatant que Flagadoss avait bien profité de mon absence pour dormir bien confortablement sur mon lit moelleux. Je me disais que cette journée promettait d'être bien pourrie, quand je me rappelai de la conférence de Sacha ce soir. Bon, pas de quoi se laisser abattre, il était temps de se préparer, de toute façon. Comme parfois, je faisais mon beau gosse sous la douche en chantant à tue-tête une chanson que j'aimais jouer à la batterie en utilisant le pommeau de douche comme un micro et ma cuisse comme grosse caisse. Je commençais à vouloir apprendre d'autres instruments, mais la pensée que j'allais finir par être à la bourre me rattrapa et je me dépêchai pour le reste de mes préparatifs, pour finalement descendre pour prendre mon petit déjeuner.  Sans grande surprise, Thelma n'était pas là, mais aujourd'hui, les parents se tenaient tranquille, pour mon plus grand soulagement. Papa fumait à la fenêtre tandis que maman buvait son thé devant un magazine people. Elle leva les yeux quand j'entrai et se leva pour venir me faire un câlin, ce qui me gênait un peu à dix-sept ans, mais je lui tapotai gentiment le dos.  "Mon Poussifeu, si tu vois ta sœur dans la journée, pense à lui dire de ne pas trop se surmener, tout de même." J'acquiesçai, un peu blasé. Ils croyaient à l'histoire du boulot, moi, pas trop. Ce matin, je ne fus donc pas perturbé et pu sortir sereinement de la maison, sans images dégueulasses dans l'esprit et avec mon repas du midi soigneusement placé dans mon sac par mes propres moyens. Libégon sortit de sa Pokéball après une bonne nuit de sommeil et c'était parti pour l'un de mes moments favoris de la journée. Le temps était clément aujourd'hui et sans qu je sache pourquoi, ça me fit penser à mon binôme d'histoire. Aujourd'hui, elle ne ressemblerait sans doute pas à une vieille serpillière. Quoique, va savoir avec une gueuse... Et puis ce n'était pas comme si j'en avait quelque chose à faire de quoi elle ressemblait ! L'important était que moi, j'avais la classe : je portais la chemise rouge que j'avais eu pour mon anniversaire qui mettait parfaitement en valeur ma carrure de beau gosse. Maman avait encore très bien choisi, je devais au moins lui reconnaître son bon goût pour les fringues, qu'elle m'avait transmis ! Après un vol sans encombres, Libégon atterrit sur la piste prévue à cet effet, sous le regard des quelques personnes présentes. Je sentais sur moi les regards : envieux de certains, admiratifs d'autres. Franchement, je pourrais carrément m'y habituer si ce n'était pas déjà le cas, évidemment ! En fait, je n'osais même pas penser à l'après-lycée, tellement je ne savais pas quoi faire. Alors pour l'instant, je profitais de cette gloire un peu pathétique de lycéen...
POV James
Les premiers rayons du soleil commençaient à poindre sur Céladopole et ses environs, venant chatouiller les habitants endormis à travers les volets entrouverts, dont moi, qui ronflait en serrant ma merveilleuse femme dans mes bras, mon Caninos à mes pieds, rêvant paisiblement dans mon grand lit si douillet, aaaaah y avait pas à chercher midi à quatorze heure : j'étais loti comme un vrai pacha! Enfin, tout ça c'était avant que le réveil ne sonne...
"-RAAaaaaaaaAaAAaah DEJAAA?!", s'était énervée Jessie en envoyant le réveil valser, avant de se retourner, et de se blottir dans mes bras, en m'enroulant de ses longues jambes fuselées... Cette agitation avait fait fuir Caninou qui s'était carapaté par la Pokémonnière battante de la porte. Encore un réveil-matin qu'il allait falloir que je répare.. "-Hm, faut j'me lève chérie j'ai du pain sur la planche, et toi aussi.. n'oublie pas que tu dois aller chercher Satine à la gare ce matin.." Jessie avait grommelé avant de m'embrasser dans le cou en collant son corps peu vêtu contre moi.. Mince alors, je n'avais pas de solution : mon érection matinale était prise au piège contre elle maintenant et.. "-Hmmm~~ j'ai pas envie.. j'ai envie d'toi ce matin.." ...comme j'étais incapable de lui résister ... et bien j'allais être obligé de lui faire l'amour! Elle savait comment m'avoir et moi je ne disais jamais non, quelle bonne poire j'étais! Quelle misère, j'avais des obligations moi.. Être horticulteur n'était pas de tout repos, contrairement à ce que pensaient les badauds, je ne passais pas mon temps à tailler des haies en forme de Pokémon, c'était un emploi sérieux, et à plein temps! Mais... y avait pas à dire, le choix était vite fait : après trois grossesses, Jessie était toujours aussi sexy, et lorsque je la déshabillais, lentement, et que je dévoilais son corps de déesse à mes yeux, j'avais l'impression de le découvrir pour la première fois.. et j'étais à la limite de saigner du nez! Dans une certaine mesure, ça me permettait de commencer la journée du bon pied!  "-Hmm~~~ Haaa.. han..~~" "Sssshhhh!!! Jessie enfin, ça va pas! Tu vas réveiller Victoire!"
POV Victoire
Ce satané réveil avait sonné hyper aigu et fort comme un Mammochon qu'on égorge et impossible de me rendormir à cause du soleil! Reptincel dormait encore et Mangriffe aussi, alors j'avais quitté ma chambre sans faire de bruit après avoir visiter ma salle de bain le temps de faire pipi et.. Aucun bruit en bas, le truc trop louche! Pourtant il était 6h15 et d'habitude, les parents déjeunaient déjà, papa n'avait pas de livraison en ville ce matin? Je m'étais approchée de leur chambre pour vérifier qu'ils soient là, et... OK j'veux pas en savoir plus, ces petits grincements et bruits douteux m'indiquaient qu'ils étaient sûrement en train de faire des trucs pas clairs dont je ne voulais surtout pas être témoin, alors j'étais descendue toute seule pour me préparer un petit dej. J'avais fait chauffer du lait et ouvert les volets puis j'avais allumé la télé.. Y avait pas grand chose, et j'avais fini par prendre mon petit déjeuner, mon lait chaud au miel d'Apitrini avec mes céréales Joliflor de Kellogg's et une baie Pêcha, en écoutant les infos, et surtout la météo, vérifiant quand même sur divers site internet qu'il ne pleuvrait pas (ma confiance en ce Xatu avait ses limites), enfin, papa et maman avaient débarqué l'air de rien...  "-Bonjour ma puce, tu as bien dormi?" J'avais répondu à papa que oui, même si c'était pas vraiment le cas, et maman était venu me faire un bisou en me mettant les cheveux derriere les oreilles avant de démarrer la cafetière. Je dois dire que je trouvais ça répugnant, je n'savais pas sur quelles parties de l'anatomie de papa ses mains et sa bouche avaient traîné après tout... Et rien qu'à y penser je frissonnais de dégoût  "Je t'emmène ce matin si tu veux, je dois récupérer ta soeur à Céladopole et j'ai des courses à faire.." Bon du coup, elle était pardonnée pour ses galipettes matinales avec sa proposition! Fallait pas me le dire deux fois! Par contre à eux, je préférais leur rappeler les rudiments de notre accord, à savoir que papa devait m'emmener à la conférence après l'école! Ils avaient acquiescé, me disant qu'il serait peut être un peu en retard, et maman avait recommencé avec Clyde et le projet, me certifiant que, je cite, "cet imbécile n'allait pas s'en tirer comme ça" et que si Fantominus s'approchait à moins de deux mètres de moi aujourd'hui, elle irait elle même "montrer à ce petit péteux de quel bois elle se chauffe et lui arracherait les dents une par une". Mouais, je préférais la technique de papa consistant à "faire un effort d'entraide entre petits camarades", avant qu'il ne rajoute que Clyde n'était qu'un "chic jeune homme un peu turbulent"... Mouais. Bon enfin bref, ce qui m'intéressait davantage c'était d'être belle aujourd'hui pour la conférence (oui, bon, pour Sacha, ok, je l'admettais, même si la différence d'âge restait un obstacle..) et j'avais par conséquent demandé à maman de me prêter sa robe rouge.. "-Si tu fais ne serait-ce que tomber UNE miette de pain dessus Victoire, je te préviens que ça va BARDER!" Quelle crétine, mais j'avais accepté le deal. Apres ma douche, je m'étais brossé les dents, enduite de crème hydratante, lissé mes cheveux et j'avais enfilé des sous vêtements et la robe avant de me maquiller avec les affaires de maman.. Enfin prête, j'étais redescendue en sautillant, plutôt contente de m'être apprêtée de la sorte, pour une fois! Je ne mettais jamais de mascara et de rouge à lèvres d'habitude.. Aujourd'hui, j'avais pas dressage, mais j'avais envie d'emmener Repti et Phyllali à l'école car c'étaient les plus forts de mes Pokémons, et je voulais impressionner Sacha.. J'avais mis sous scellé la Pokéball de Mangriffe pour m'assurer que Seviper ne le massacre pas, et j'étais donc descendue rapidement, après avoir prévenue Alice que je venais en voiture, ou plutôt, en pick-up pourri, à l'école. J'avais rejoint papa en bas..  "-Eh mais qu'est ce que cet accoutrement Victoire?! Tu fréquentes un garçon..?" Papa semblait nerveux, voir même inquiet, au bord de l'AVC, mais je l'avais rassuré en disant que je voulais juste être jolie pour visiter l'arène (ce qui n'était pas totalement faux) avant de prendre mon bento et les Pokéblocs, ma bouteille d'eau, et j'étais allée rejoindre maman dans la voiture. Je voyais Oliver baver sur sa main dans son siège auto dans le rétroviseur et enfin, maman avait démarré et on était partie.. Sur la route, on écoutait la radio qui diffusait une chanson que j'aimais bien, avant que maman ne mette un CD de Madonna... C'était ringard mais j'adorais, d'ailleurs c'était parti en karaoké sur le chemin..  ♬ "When you caaaall my naaame it's like a little prayer, I'm down on my kneeeees I WANNA TAKE YOU THEREEEEE in the midnight hour, I can feeeel your power!! Just like a praaaaayer you know I'll taaake you theeeeereee" ♬ Par contre arrivée à l'école, j'avais coupé le son pour ne pas me faire remarquer, deja que maman avait tapé dans une barrière en se garant.. la honte. J'avais vu Clyde déchirer le ciel bleu avec son Libégon et atterrir sur la piste prévue à cet effet... il avait plus la classe que moi, ça c'était sur..  "À ce soir maman, et bon match..!" J'avais esquissé un petit coucou à mon frère et m'étais engouffrée dans le lycée avant de me faire attraper par Black qui me réclamait un match retour... ce qui était plutôt chelou puisque j'avais perdu, non..? Quelle tête de con! Mais sachant que j'avais Repti et Phyllali, j'étais deja plus rassurée et prête à laminer cet abruti. J'allais partir en l'ignorant complètement quand.. "-Au fait.. tu es très belle aujourd'hui Morgan. C'est pas tous les jours que j'fais des compliments, et c'est d'ailleurs assez rare, alors souviens t'en bien, et te la ramène pas trop!" Ce crétin m'avait mis extrêmement mal à l'aise, et je m'étais surprise à rougir comme une mijaurée : la honte! Je n'avais même su quoi répondre, j'avais été à peine capable de susurrer un "merci.." inaudible. En fait, je ne m'étais jamais vraiment intéressée à cet imbécile de première catégorie, mais ce matin, mon cœur avait fait un bond à l'entente de sa remarque.. et son petit air condescendant m'avait rendue toute drôle. Mais qu'est ce qui m'arrivait!? J'agissais comme Alice face aux terminales de l'autre classe, je me fichais la honte, j'avais presque envie de me cacher sous une table*. Mais mon délire s'était vite arrêté lorsque j'avais vu Clyde débarquer avec sa bande de nazes, rejoignant Arthur devant la porte de la salle de classe encore fermée, et comme évidemment, Jenny et les autres étaient encore en retard, j'avais sorti mon téléphone pour lancer une partie de Rondoudou Crush l'air de rien...
2 notes · View notes
borisartamonovblog · 6 years
Text
Haut Pays
Chapitre III. Les religions.
Qu'est-ce qui t'empêche, es-tu mon frère ou soeur de la planète Terre, te mettre en cette route? Qu'est-ce qui répande les doutes et peurs dans ton coeur? Qu'est-ce qui a immobilisé tes jambes et empêche aux cordes de ton âme de répondre au parfait Cantique que tu cherches à étouffer? J'ai deviné les peurs et doutes d'une grande partie des frères et soeurs de la planète: en général ils ont peur de se mettre en marche à la trace de l'homme d'une autre foi. Néanmoins est-ce que j'ai dit une bonne fois que tu changes ta foi? Il s'agit de la foi en Dieu Unique, dont certains entre vous L'appellent Allah, les autres - Élohim; certains - Absolu, les autres - Brahman; certains - Jésus, les autres - Krishna. Beaucoup des peuples appellent beaucoup des Noms du Dieu Unique, mais tu L'appelles par ce nom qui est en harmonie avec ta foi. Est-ce que j'ai t'invité à suivre après moi sur les traces, comme un limier. Est-ce que j'ai dit que je viendrai au sommet plus tôt que toi dans tous les cas? Tous les croyants viendront tôt ou tard au sommet où ils sont attendus toujours et où il est prédestiné à faire le dernier saut à la condition de l'âme que les Hindous nomment Samadhi et Jésus la nommait comme "la Naissance de nouveau". Ne demande pas qu'il y aura, mais crois en Dieu et en Ses grands Prophets qui affirmaient que le bonheur vrai n'existe que là-bas. Tu demanderas: "de quel genre est l'arrêt ultime, plus haut duquel l'autobus ne peut pas monter et aller plus loin n'est possible qu'à pied, tout seul, où il est dangereux, et il faut se tenir sa foi comme la rampe d'un escalier et où les beautés de la nature s'ouvrent plus en plus si monter toujours plus haut, en s'approchant du Sommet?" Je vais répondre: ce n'est pas un seul arrêt d'autobus, ce n'est pas un seul plateau où la foule s'est rassemblé et ne peut pas monter plus haut. Il y a beaucoup d'eux, il y a d'eux autant que des croyances sur la Terre, et ces arrêts sont les églises, les réunions ou les communautés des croyants qui sont nommés d'une autre manière. Il y a beaucoup d'eux. Ils sont situés aux niveaux différents, mais même ceux-là qui sont situés au-dessus de tous les autres, ils sont très loin du Sommet principal, parce qu'il y a un limit pour la foule, plus haut duquel n'est-elle pas capable de monter, parce que la foule est stupide, et cette vérité est actuelle pour tous les temps et les peuples. S'il n'est pas comme ça, on n'aurait pas lapidé les prophets, en rendant la gloire à eux au bout de plusieurs siècles. S'il n'est pas comme ça, la Terre n'aurait jamais été gagnée par le feu apocalyptique du totalitarisme, les adeptes duquel s'appelaient communists et national-socialistes, même ils faisaient la guerre entre eux, mais en fait ils proclamaient la même doctrine diabolique qui estime comme si la foule soit plus haute que la personnalité. Et les fruits étaient terribles après la doctrine qui estimait la foule plus haut que la personnalité. Car Seigneur a estimé l'être humain haut, plus haut que tous les anges, donc cela a provoqué la jalousie de l'ange déchu qui s'appelle en certains pays Lucifer et en autres pays - Iblis. Et il est devenu un adversaire de Dieu, donc Satan. Et il a ravi avec il une partie des anges qui sont devenu les démons. Et ils usaient les gens qui ont choisi le pouvoir de la foule au lieu du pouvoir Divine, d'univers. Et ces gens surpassaient en ses crimes tous les tyrans et scélérats de l'Âge obscur qui s'est allé, et ces tyrans et leurs obséquieux compagnons d'armes, ils ont tué plusieurs dizaines millions de personnes, en transformant le reste en troupeau du bétail qui ne ressemble aux gens qu'en apparence, et seulement ceux-là qui cherchaient la vérité et avait envie de monter plus haut, il y était donné de voir en vrai lumière tout ça que passait et d'être consterné. Et les agents du Satan ont substitué l'adoration de Dieu Unique par culte de fosses doctrines et idols. Et en comparaison des innocentes idoles forestières ou de pierre qui avaient l'air drôle, ces monuments et momies ont porté à l'humanité les calamités innombrables. Les usines de la mort fonctionnaient jour et nuit et beaucoup plus qu'une année, et les drapeaux des adeptes du diable, ils étaient de la couleur écarlate de sang. Est-ce que l'Apôtre Jean le Théologien ne prévenait-il pas de la bête écarlate? Est-ce qu'il ne prévenait pas du dragon rouge? Voilà les fruits de l'athéisme, de l'incrédulité! Voilà les infidèles vrais! Néanmoins, la conflagration du totalitarisme n'est pas encore éteinte. Elle faisait rage avec flamme éclatante et maintenant elle couve, fume et même engloutit les gens, quoique au moins grande quantité. Et à tout moment elle peut s'enflammer plus encore si le vingtième siècle ne sert pas comme une leçon pour l'humanité stupide. Mais n'aie pas peur. La mort ne peut pas vaincre la vie. L'obscurité ne peut pas vaincre la lumière. Ce n'est que les matériels didactiques pour les élèves négligents. C'est comme les lourds équipements sportifs pas pour les muscles, mais pour l'âme. C'est les ombres qui seulement soulignent la beauté de la Lumière éternelle pour que tu estimes son bien. Est-ce possible d'enseigner un élève négligent à aimer la liberté de l'autre façon que l'emprisonner? Pense-y. Et ne murmure pas contre ton Seigneur, et ne reproche pas Lui en cruauté. Il a donné les grands dons à toi: la conscience, la raison, l'intuition et beaucoup d'autres que tu ne sais pas. Mais tu les as mis au frigidaire et apprends à vivre de ceux-là qui ont fait la même erreur. Si tu uses ton intelligence, tu saurais qu'en notre époque apocalyptique il est possible déjà de prouver scientifiquement l'existence de la Cause Première raisonnable, car qui a construit le code génétique de la cellule vivante? Et si un génie extraterrestre l'a construit, alors qui a créé le dernier? Et qui est-il qui avait ajusté si exactement les mondiales physiques constantes fondamentales? Si elles juste un peu changent, et notre univers physique ne pourrait pas exister, mais il existe. Tu peux t'aller de la question, néanmoins un jour ou l'autre tu devras la répondre. C'est pourquoi ne doute pas en ta foi et n'aie pas peur des religions "étrangères". Nous voyons tout, comme à travers un verre terne, mais tout s'éclaircira, quand nous deviendrons Illuminés. Ne juge pas un arbre sans goûter ses fruits. N'est-ce pas que Jésus l'enseignait? Chaque religion a son défaut. Dans le cas contraire nous verrions un certain Eldorado sur la Terre, mais nous ne le voyons pas. Tous les gens sont pécheurs modérément, partout il y avait les guerres, tout d'eux violaient les commandements divins. Tous les gens sont pécheurs modérément, parce qu'ils croient tous ensemble, mais il y a la foule s'ensauvageant des athées qui sont dans une autre foule qui a engendré les doctrines diaboliques inouïes jadis et les fruits de ces doctrines ont fait l'humanité d'être consterné. Et donc reste dans ta foi, spécialement si elle est consonante avec ton âme, mais pas avec la foule que t'entoure, néanmoins évite l'athéisme et l'idolâtrie. N'adore pas les monuments et momies, les notions abstraites comme la "Mère Patrie", l'état, un parti, une organisation - c'est des idoles, et ceux-ci qui sont sains spirituellement, ils n'ont pas de goût à tout cela. Et tout ça qu'aiment ceux-ci qui sont sains spirituellement, soit c'est le gazouillement des oiseaux à la forêt matinale, la fraîcheur d'une rivière ou lac, un beau coucher du soleil à soir doux en été ou bien au soleil levant au matin frais avec brouillard au-dessus de la rivière, les discours bons sincèrement des amis ou parents, les corps enjoués de tes bien-aimées, de ceux-là d'eux dont les âmes ne sont pas mortes, ou une chanson préférable, ou bien quelque chose autre - tout qui t'a fait entendre celui-là grand Cantique, à cause duquel les cordes de ton âme tremblaient - tout ça ne répand pas, mais seulement reflète cette Lumière invisible et éternelle, ce grand amour qui vient de ton Seigneur. Sois reconnaissant à Lui, et Il te n'abandonnera pas, et il n'y a sur la Terre aucun gouverneur, mais seulement conducteurs de Ses biens, parce que sans cela sera-t-il difficilement, presque impossible de Le voir, pendant que tu es à la condition de l'enfance spirituelle. Lorsque tu grandiras spirituellement et te renforceras, alors tu n'auras pas besoin de tout ça, car à quoi bon les réflecteurs et conducteurs, tandis que Il Même luit pour toi par la lumière éternelle et inextinguible? Néanmoins aux idoles fausses n'y a-t-il pas Sa lumière, mais n'est que l'ombre. Les cordes de l'âme ne résonneront jamais à cause de la "Mère-Patrie", du parti, de l'état ou de l'organisation, car il y aura l'éloge des sots et boucs, la flagornerie obséquieuse et flatterie, mais il n'y aura pas la lumière invisible qui vient du Seigneur, et là-bas où il n'y a pas Sa lumière, un ombre se trouve qui est le même enfer. Alors tu boiras l'eau bouillante du ruisseau fétide et inhaleras la puanteur au bord plein d'une moisissure qui se décompose, l'éloge des sots t'hypnotisera, leur flatterie assoupira la douleur de ton âme, et un jour tu te réveilleras, en étant épouvanté, et feras pénitence. Ne serait-il pas mieux le faire maintenant? Tu te plains que sens mal à ceux-ci, avec qui tu peux être sincère, mais en pleine rue fais semblant comme si tout aille bien, car tu as peur de ne pas entendre l'éloge des sots à laquelle tu es accoutumé comme à l'opium. Tu te plains que sens mal, alors cesse de marcher le long des labyrinthes de l'enfer, abandonne les! Tu vas demander: "où est la sortie donc?" Reste seul où rien ne pourra vous distraire. Ou reste tête-à-tête avec une personne, avec qui peux-tu être aussi sincère et franc, comme avec soi-même, et ne reste avec elle que si vous, tous les deux, pouvez être comme un. Et lorsque rien ne te distraira, fais ton premier pas en haut: cherche avec zèle quelque chose qui fera résonner les cordes de ton âme, trouve quelque chose qui fera tes yeux étinceler à cause de larmes de joie, et si dont n'est détruit rien, sache que c'est de Dieu. Et si tu ne croyais pas en Lui, demande pardon de Lui. Et si tu ne croyais pas en Lui ou bien croyais pas en Lui, mais vainement en quelque chose de quoi l'âme ne peut pas chanter, alors remercie Lui pour cette joie, de laquelle Il t'a doué. Tu étais aveugle et te détournais de la lumière, mais Il luisait à toi et continue à luire. Mais peut-être tu as déjà vu Son rayonnement invisible, néanmoins tu ne L'as pas reconnu et as jugé comme si ce soit une lubie? Et peut-être, lorsque les cordes de ton âme retentissaient, en obéissant au conseil des sots, tu as jugé comme si ce soit une lubie? Il t'appelait, mais tu n'a pas reconnu sa voix, néanmoins tu le sais maintenant. Et si les cordes de ton âme ont commencé à sonner, tandis que il n'est détruit aucune vie ni santé, alors ne doute pas, ta voie est juste. Et si ta joie est pareille à la joie du roi David et à cause de ça rien n'est détruit, alors tu es monté un pas plus haut que la foule des coreligionnaires. Maintenant souviens-toi: si à l'autre bout de la Terre, même dans une autre religion, même à un autre temple a-t-il une personne qui a pu entendre la Cantique en ne détruire rien à cause de ça, alors c'est ton frère ou ta soeur de la foi, et quand tu l'apprends, tu feras ton pas deuxième. Si vous tous les deux avez fait ce PAS DEUXIÈME, vous n'estimerez plus l'un l'autre comme les infidèles. Il ne peut être infidèle qu'une foule, mais pas ton frère ou soeur de foi. Dans le meilleur cas une foule peut être faible dans la foi, c'est-à-dire, non développée. Au pis aller - une synagogue de Satan. (Apocalypse 2: 9) Souviens-toi que Jésus prêchait une chose et soi-disant prêtres - une autre. Et étaient près de Dieu ceux-ci qui écoutaient Jésus dans la rue, mais pas la foule qui était au temple. Parce que Dieu est là-bas où il y a la Vérité. Parce que là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Parce que Dieu est amour. Et que ton coeur ne se trouble point: si tu es sincère à la recherche de la vérité, mais tu séjournes dans l'erreur, ton erreur sera vue tôt ou tard, et alors il sera très simplement à l'éliminer comme un éclat de bois qui a émergé à la surface d'un lac, et en jetant l'un mensonge après l'autre, tu t'approcheras du Sommet.
Le texte original en russe:
The same in English:
Lo mismo en español
0 notes
brevesdenatlyn · 7 years
Photo
Tumblr media
INSEPARABLES
Tome : 1.
Nombre de chapitres: 9 / 21.
Pairings: Nick Jonas & Katlyn Itachi.
Synopsis: "Après avoir passé un mois sans nouvelles de son amie, elle daignait enfin reprendre le contact. Il ne lui en voulait pas. Il savait que ce n'était pas sa faute. C'était celle de Tony, son fiancé, qui haïssait Nicholas avec une telle passion qu'il l'empêchait de voir Katlyn ou de la contacter."
CHAPITRE 9 : REFUGE
→ Novembre deux mille treize - Un mois plus tard
  « Bonne merde pour ton examen. Ne réponds pas, ça porte malheur. Rejoins-moi à la bibliothèque cet après-midi pour qu'on discute. Katlyn. »
  Tel était le message que Nicholas avait reçu ce matin-là. Après avoir passé un mois sans nouvelles de son amie, elle daignait enfin reprendre le contact. Il ne lui en voulait pas. Il savait que ce n'était pas sa faute. C'était celle de Tony, son fiancé, qui haïssait Nicholas avec une telle passion qu'il l'empêchait de voir Katlyn ou de la contacter. Cette dernière ignorait la raison de cette haine contrairement au jeune homme. Tous deux en payaient le prix fort. Nicholas ignorait seulement combien sa présence coûtait à Katlyn, combien elle souffrait pour le protéger de la violence d'Anthony. Ce message le motiva un peu plus et balaya l'anxiété qu'il ressentait vis-à-vis de son examen. La perspective de revoir Katlyn le mettait de bonne humeur. Il se leva et prit une douche en sifflant. Une fois prêt, il vérifia le contenu de son sac, y ajouta des barres de céréales, une pomme et une bouteille d'eau avant de le refermer. Il relut une dernière fois ses notes avant l'examen et se décida finalement à partir. Sa mère désapprouva le fait qu'il ne mange rien avant son épreuve mais il la rassura en lui disant qu'il avait tout ce qu'il fallait au cas où il aurait un petit creux. Après avoir salué ses parents et son petit frère et accepté leurs « bonne chance », il monta en voiture. Il ne traina pas, ne prit pas le temps d'observer le jour qui avait du mal à se lever. Le ciel était couvert de nuages gris et l'atmosphère n'était pas sans rappeler celle qui annonçait les tempêtes. Nicholas espérait que ladite tempête ne s'abattrait pas sur la ville tant qu'il passerait son examen. Il ne tenait pas à ce qu'on fasse évacuer la salle pour cause d'inondation. Le vent pouvait atteindre des vitesses incroyables, ébranlant arbres et maisons, obligeant les gens à se cloitrer chez eux. Ils n'en étaient pas encore arrivés là. Le vent qui soufflait était léger mais le froid et la pluie ne faisaient que menacer de s'abattre. Nicholas n'avait donc aucun souci à se faire pour le moment. Il se rendit au lieu de passage de son épreuve et gara sa voiture de société sur le parking. Son patron lui avait confié cette voiture en même temps que l'appartement. Il n'était pas censé s'en servir avant de travailler officiellement pour le journal mais son patron lui avait donné une autorisation spéciale pour cette journée. Le jeune homme alla tranquillement patienter devant la salle où son avenir se déroulerait. Désormais, tout reposait sur lui et sur lui seul.
  ×
  Joseph se hâta de pénétrer dans son bureau. Dehors, le vent soufflait si fort que les arbres pliaient sous la pression. A l'instar de son frère, il songea qu'une tempête se préparait. Des dégâts seraient occasionnés si cette tempête se révélait aussi violente que la précédente qu'ils avaient essuyés. Joseph pensa un instant à son jeune frère et espéra de tout son cœur qu'il réussirait son examen. Il était fier de lui et savait qu'il réussirait sa vie. Nicholas était débrouillard, quoiqu'un peu naïf. Joseph jeta son blouson sur le dossier de son fauteuil de bureau et se laissa tomber dedans en soupirant. En étant promu, il avait gagné un bureau plus grand, plus de confort et un magnifique ordinateur portable dont il n'avait aucune idée du fonctionnement. Le premier jour, il n'y avait pas touché, préférant rédiger ses notes avec du papier et un bon vieux stylo. Il avait rangé l'ordinateur dans ses affaires et avait patiemment attendu la fin de sa journée pour aller chez ses parents et demander l'aide de Nicholas. Ce dernier lui avait expliqué les bases et avait fait tout un tas de manipulations auxquelles l'ainé n'avait rien compris. Le lendemain, son petit frère s'était présenté à son appartement avec un énorme bouquin intitulé L'informatique pour les nuls, un dossier qu'il semblait avoir imprimé lui-même et son propre ordinateur. Il avait passé la journée à expliquer et répondre aux questions de son frère sans jamais perdre patience. Joseph ne sortait jamais sans le guide simplifié que son frère avait pris soin d'imprimer pour lui. Ça lui permettait de se servir de son pc sans assistance et lui évitait ainsi de passer pour un nul. Il alluma l'appareil qui émit un léger ronronnement. Joseph tapa son mot de passe et son bureau s'afficha. Pendant le traitement des données, il sortit une pile de dossiers d'un de ses tiroirs de bureau. Aujourd'hui, il devait faire passer des entretiens à toute une série de jeunes gens afin de dénicher les deux futurs présentateurs des informations locales. Pas moins d'une vingtaine de personnes avaient envoyé leur candidature. Joseph devait en voir une dizaine ce jour-là. Cette partie de son emploi était celle qu'il détestait le plus. Il n'aimait pas recaler les gens. Il trouvait cela incorrect. Cependant, il devait le faire. Il ne voulait pas perdre son boulot. Sans ce travail, il ne pourrait rien faire. Il avait besoin de ce travail pour vivre. Il examina attentivement les dix premiers dossiers, notant les noms de chaque candidat sur des feuilles séparées afin d'y noter les points forts et les points faibles de chacun. Cela l'occupa jusqu'à l'heure de son premier rendez-vous. On toqua à sa porte. Une de ses collègues entra.
  — Joe, ton rendez-vous est arrivé.
— Ah, fais-le entrer.
— Tu sais, tu devrais en profiter pour recruter une secrétaire. Ça te sera sûrement très utile.
— J'y penserais.
  Sa collègue fit signe à une jeune femme qui entra dans le bureau. La porte se ferma. Joseph leva les yeux vers la candidate pour le poste et resta bouche bée. La jeune femme, d'un naturel timide, baissa les yeux en voyant ce regard braqué sur elle. Elle avait au préalable remarqué que son DRH était bel homme et qu'il avait de magnifiques yeux. Gênée, elle se sentit rougir violemment si bien qu'elle fut tentée de s'enfuir et de ne plus remettre les pieds dans ce bureau. Pourtant, elle prit le parti de se ressaisir. Elle respira profondément et ne releva la tête que lorsqu'elle fut de nouveau maitresse d'elle-même. Joseph continuait de la fixer avec un air béat qu'elle trouvait, au final, très craquant. Elle fut surprise de penser une telle chose mais force lui fut de constater que c'était le cas.
  — Euh... Excusez-moi. Tout va bien ?
— Pardonnez cet écart de conduite. Je suis célibataire et, bien entendu, je suis très attiré par les jolies femmes.
— Oh !
  Joseph se sentit fondre devant l'expression de surprise de la jeune femme. Elle était vraiment attendrissante. Que lui arrivait-il ? Il n'avait jamais eu de telles réactions face à une belle femme. Il se sentait soudainement désarçonné. Il se leva brusquement et lui tendit une main.
  — Excusez-moi. Ce que je viens de faire n'est pas correct. Je m'appelle Joseph Jonas. Je suis chargé du personnel ici. C'est la première fois que je fais passer des entretiens donc veuillez excuser mon comportement déplorable.
— Eva Schrapnel. Vous êtes tout excusé. Ce n'est pas la première fois qu'on me fait ce genre de remarque.
  Elle saisit la main de Joseph et la serra. Quoiqu'un un peu hésitante, la poignée de main était franche. Un sentiment étrange traversa le corps entier de Joseph. Une sorte de décharge électrique lui picota la main. Des frissons lui parcoururent tout le corps et une étrange sensation lui enflamma l'estomac. C'était bien la première fois qu'il ressentait cela et cela l'intriguait. Il retrouva ses esprits et reprit place dans son fauteuil.
  — Asseyez-vous. On ne va pas perdre plus de temps qu'on en a déjà perdu. Inutile de vous faire stresser davantage.
— Je vous remercie.
  Elle s'assit après lui avoir adressé un bref sourire qui enflamma à nouveau l'estomac du jeune homme. Joseph se ressaisit rapidement et fit passer l'entretien. Il dut se reprendre plus d'une fois. La voix douce de la jeune femme l'absorbait, l'empêchait de se concentrer. Il ne parvenait pas à comprendre ce qui lui arrivait. Il peinait à prendre des notes tant ses mains tremblaient. Il restait pourtant maitre de sa voix. Elle ne tremblait pas, n'était pas hésitante. C'était la seule chose qui ne trahissait pas la panique de son cœur qui battait la chamade. Que lui arrivait-il ? Il ne le savait pas et ça le perturbait. Eva se tut. C'était la fin de son entretien. Quelques minutes s'écoulèrent avant que Joseph ne s'en rende compte.
  — Bien. Euh... Oui, très bien. Maintenant, je vais noter vos coordonnées et je vous recontacterais.
  Joseph nota soigneusement les coordonnées qu'elle lui donna. Il lui tendit ensuite une carte avec son numéro professionnel.
  — J'ai déjà votre numéro, Monsieur Jonas. Sinon, je ne serais pas là.
— Non, je ne pense pas que vous ayez mes numéros personnels, Mademoiselle Schrapnel.
— Vos numéros personnels ?
  Elle retourna la carte et découvrit qu'il avait noté son numéro de fixe ainsi que son numéro de portable au dos. Elle releva la tête, surprise.
  — J'aimerais que vous me rappeliez, déclara Joseph en souriant.
— Nous ne nous connaissons que depuis une demi-heure et vous me donnez déjà vos numéros personnels ?
— Je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour apprécier une jeune femme.
— Vous me faites du rentre-dedans ?
— Pas exactement. Vous m'intriguez. Je veux apprendre à vous connaitre. Je ne connais que votre nom et votre dossier. Rien d'autre. Je ne me servirais pas dudit dossier pour vous retrouver. Je vous laisse le choix de me revoir en dehors de ce bureau ou non. Cette décision vous appartient. Si vous refusez, je n'insisterais pas.
— Au moins, vous êtes franc.
— Loin de moi l'idée de vous importuner.
— Je prends note.
  Sur ces mots, Eva Schrapnel quitta le bureau de Joseph en refermant la porte derrière elle. Le jeune homme fixa la porte quelques minutes en silence. Cette femme l'intriguait de plus en plus. Il sourit d'un air vague en songeant que cette journée n'était pas si mauvaise. Il se reprit rapidement en entendant frapper. Sa journée n'était pas finie. Il avait encore du pain sur la planche. Il ne devait plus se laisser distraire. Il fit entrer le deuxième candidat et poursuivit ses entretiens.
  ×
  Tentant de se protéger de la pluie battante et du vent qui soufflait, Nicholas se précipita à l'intérieur de la bibliothèque de la ville pour se mettre à l'abri. Il sortait tout juste de son examen. Il n'osait pas se prononcer mais il avait un bon pressentiment quant aux résultats. Il s'était bien préparé et s'était accordé une journée entière pour se détendre. Ainsi, il n'avait pas été plus anxieux que d'ordinaire lorsqu'il s'était retrouvé devant les examinateurs. Il avait trouvé cet examen facile, peut-être même trop. Peu lui importait désormais. Tout ce qui comptait, c'étaient les résultats. S'il décrochait son diplôme, il pourrait enfin travailler officiellement. Il prit le soin de bien s'essuyer les pieds et d'essorer son blouson pour ne pas qu'il s'égoutte sur le sol de la bibliothèque. Il passa une main dans ses cheveux trempés. Il ne pourrait rien faire de ce côté-là avant d'être rentré chez lui. Il finit par pousser la porte d'entrée de l'établissement. Il balaya la pièce du regard mais ne trouva pas son amie. Il se rendit dans la partie de la bibliothèque réservée aux étudiants. Là, à une table isolée, il trouva Katlyn plongée dans un épais livre dont il ne voulait surtout pas connaitre le contenu. Katlyn passait son temps à étudier des procédures médicales et certaines d'entre elles étaient vraiment peu ragoûtantes. Il ignorait comment son amie pouvait rester impassible devant de telles horreurs. Rien que d'y penser, ça lui donnait la nausée. Il s'installa en face d'elle et déposa son sac-à-dos sur la table. Il jeta un œil sur la responsable des lieux. D'ici, elle ne pouvait pas les voir mais il était possible qu'elle les entende s'ils devaient parler. Il tenta néanmoins le coup et chuchota un salut à peine perceptible. Il s'aperçut ensuite qu'il parlait dans le vide. Katlyn avait son iPod sur les oreilles, iPod que Nicholas supposa être le même qu'il y a trois ans. C'était le dernier cadeau de son père et la jeune femme y tenait énormément. Elle ne s'en séparait jamais. Il ôta délicatement l'un des écouteurs pour attirer l'attention de son amie. Surprise, Katlyn repoussa la main qui daignait la toucher et fit un bond en arrière.
  — Excuse-moi. Je ne voulais pas te faire peur, lui murmura-t-il.
  Elle releva la tête et se calma en reconnaissant son ami. Son cœur battait la chamade et sa respiration était rapide mais elle se sentit soudainement apaisée, comme si la simple présence de Nicholas pouvait calmer toutes ses angoisses intérieures. Elle prit le temps de se calmer avant de répondre.
  — Imbécile ! Tu as failli me faire mourir de peur !
— Pardon. Je voulais seulement te dire que j'étais là mais comme tu ne m'entendais pas...
— Ça va. Tu es tout pardonné.
— Merci bien, mademoiselle.
  Katlyn éteignit son iPod et le rangea dans une des poches de son blouson avant de se pencher sur son bloc-note pour faire mine d'étudier et ainsi discuter sans être prise.
  — Je vois que tu as retrouvé le moral.
— Je vois que tu as l'air d'aller beaucoup mieux aussi.
— Je garde quelques cicatrices et je fais encore de la rééducation mais je vais mieux, oui.
— Me voilà rassuré.
— Désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles. J'ai été plutôt occupée ces derniers temps.
  Nicholas remarqua l'hésitation qu'elle marqua sur le mot « occupée » mais ne fit aucun commentaire. Il y avait du mensonge là-dessous. C'était bien la première fois qu'elle lui mentait. Que cherchait-elle à lui cacher ?
  — Ce n'est pas grave. J'ai aussi été pas mal pris ces derniers temps. Entre le déménagement, ma prise de fonctions au journal et les révisions, je n'ai pas eu une minute de répit.
— Tu as déménagé ?
— J'ai un logement de fonction dans le centre-ville.
— En un peu plus d'un mois, tu as réussi à décrocher un boulot et un appartement ? Chapeau.
— Il semble que beaucoup de gens d'ici connaissent mon blog.
— Afterlife-Actuality ? Ils en ont même parlé aux infos locales. Je savais que c'était toi qui rédigeais ce blog.
— Comment l'as-tu su ?
— Je ne connais qu'un seul Tac.
— Le jumeau de Tic.
— Nous sommes Tic et Tac depuis notre rencontre. Ton père avait l'habitude de nous appeler ainsi tant nous étions inséparables.
— Je m'en souviens, répondit le jeune homme en souriant. Le bon vieux temps.
  Un moment de silence lui permit de se remémorer ledit « bon vieux temps ». Il adorait ses souvenirs d'enfance. Tout était si facile à ce moment-là, tellement facile. Ils étaient jeunes, naïfs et même insouciants. Ils rêvaient de devenir grand et de vivre plein d'aventures dignes des plus grands qu'ils avaient été autorisés à voir ou entendre. Ils étaient tous deux de grands lecteurs et s'échangeaient parfois leurs livres pour pouvoir en discuter après. Ils avaient fait les quatre-cent coups ensemble, rendant fous - parfois de rage - leurs parents respectifs. Ils avaient vécu tant de choses que Nicholas en venait à regretter le passé. Leur relation était tellement ambigüe, tellement... Inexistante par rapport à celle qu'ils avaient eue au lycée. A présent, il avait l'impression d'avoir une étrangère en face de lui. Cette femme qui semblait si distante avec lui ne pouvait pas être l'adolescente avec qui il avait été si proche qu'on les avait cru frère et sœur. Ce ne pouvait pas être la fille qu'il avait rencontrée il y a quatorze ans. Comment en étaient-ils arrivés là ? Tony les avait-il séparés à ce point ? Où serait-ce seulement son départ précipité en France ?
  — C'est Amber qui me l'a fait découvrir l'an passé.
— De ? demanda Nicholas en sortant brusquement de ses pensées.
— Ton blog. Amber me parlait d'une nouvelle qui avait été postée dessus. Quand j'ai vu la signature, quelque chose au fond de moi me disait que c'était toi. Je ne sais pas pourquoi j'en étais tant persuadée. Peut-être que j'avais besoin de croire que tu étais en vie quelque part et que tu n'avais pas entièrement disparu de nos vies après notre dernière dispute. J'avais besoin de ce minuscule espoir que mon ami était toujours là.
— Ravi d'entendre que je te manquais.
  Le sourire en coin qu'il afficha fut vite dissipé par le pied qui heurta son tibia avec violence. Il lança un regard surpris mais blessé à son amie qui venait de le frapper. Oui, c'est vrai qu'il lui avait manqué. Enormément. Le jour où elle avait lu cette signature en bas de cet article, son cœur s'était arrêté. Le style d'écriture et ce nom si particulier avaient créé une étincelle en elle, une étincelle que personne n'avait pu éteindre. Cela faisait déjà trois mois que Tony avait un fâcheux penchant pour la violence, trois longs mois qu'il la battait. Avec cette étincelle, elle s'était mise à prier, à prier que Nicholas revienne. Elle avait tant besoin de parler à quelqu’un ! Elle savait qu'elle pouvait parler à Amber qui avait découvert son secret quelques jours auparavant que cet article ne voit le jour mais c'était avec son meilleur ami qu'elle se sentait le plus à l'aise. Malheureusement, après avoir passé des mois à espérer son retour, elle avait fini par arrêter d'y croire, par se laisser sombrer dans la violence de son fiancé pour en finir. Elle était consciente que seul Nicholas pourrait la pousser à parler et ça lui faisait peur. En parlant, elle risquait pire que quelques coups. Si elle parlait, il essaierait de la tuer sans aucun doute. Peut-être même y parviendrait-il avant de finir enfermé en prison. Contre toute attente, Nicholas était revenu. Désormais, il courait un danger en restant près d'elle. Elle le savait mais elle ne parvenait pas à le retenir. Plus elle le repoussait, plus il revenait. Aujourd'hui, elle avait tenu à le voir pour retrouver le courage d'affronter sa vie, pour retrouver une once d'espoir et, surtout, pour pouvoir enfin se sentir apaisée. Nicholas avait ce pouvoir étrange sur elle. Il pouvait lui donner le courage d'affronter n'importe quelle situation et apaiser ses peurs les plus profondes. C'était une chose bien étrange et agréable. Détournant les yeux de son ami, elle baissa la tête sur son bloc-note. Nicholas pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Ses yeux révélaient de nombreuses choses. Le jeune homme se demandait pourquoi l'éclat vif et rieur qui brillait autrefois dans son regard n'était plus là aujourd'hui. Pourquoi ses yeux semblaient-ils si tristes, si éteints ?
  — Tu es sûre d'aller bien ?
— Ta question est stupide.
— Tu m'évites du regard et j'ai remarqué que tu n'as franchement pas l'air heureuse.
— On va éviter de s'aventurer sur ce terrain. Comment s'est passé ton examen ?
— Tu as changé, Katlyn. J'ai du mal à te reconnaitre parfois.
— C'est la vie.
— Ne me dis pas que c'est normal car c'est tout sauf normal.
— Jerry...
  Sa voix s'était faite plaintive. Elle n'aimait pas le tournant que prenait cette conversation. Elle finirait par craquer s'il continuait à la questionner ainsi. Elle n'aimait pas lui mentir mais elle ne pouvait pas lui dire la vérité. Il en souffrirait, peut-être même plus qu'elle. Il ne le supporterait pas. Il avait trop donné pour elle. Elle ne voulait pas qu'il s'en mêle. Elle ne cherchait qu'à le protéger. Elle s'y prenait, certes, mal mais tant qu'elle le tenait loin de Tony, c'était parfait. Il ne risquait rien tant qu'il ignorait la véritable nature du problème.
  — Je finirais par savoir ce que tu me caches. Que tu me le dises ou non.
  Elle détourna les yeux. En affrontant ce regard fuyant, Nicholas sut. Il sut que son amie lui cachait quelque chose d'important et que jamais elle ne lui dirait ce dont il s'agissait. Il en fut choqué. Il sut, cependant, que c'était grave. Il n'ignorait pas non plus le rapport entre son sombre secret et les différentes marques - cicatrices et hématomes - dont elle semblait toujours couverte. Oui, il trouverait l'origine de ses zones d'ombres. Peu importe ce qu'elle cachait, il trouverait. En attendant, il n'avait plus qu'à présenter des excuses à son amie qui n'avait pas daigné relever la tête. Pour se donner une contenance, la jeune femme avait commencé à ranger ses affaires dans le sac-à-dos qu'elle transportait partout ou presque. Il posa sa main sur celle de Katlyn qui sursauta. Le contact chaleureux de cette main si amicale sur sa peau glacée avait déclenché une décharge électrique en elle. Elle ne retira pas sa main. Son ami l'aurait pris pour un signe de rejet et elle ne le voulait pas. Elle ne voulait pas le blesser. Il était son seul atout, son seul espoir.
  — ...
— Katlyn, je ne voulais pas te blesser. Excuse-moi.
— ...
— Je n'aurais pas dû insister.
— Ça va. Ce n'est rien.
  Pourtant, quand elle releva la tête, Nicholas vit très bien les larmes briller dans le regard triste de son amie. Il ne releva pas mais en fut quand même attristé.
  — Mon examen s'est très bien passé. Je ne veux pas trop m'avancer, sait-on jamais.
— Tu auras ton diplôme.
— Ce n'est que pure spéculation.
— Non, c'est une affirmation. Tu es doué et tu as déjà une partie de ton diplôme. Tu t'y prépares depuis des mois. Il n'y aucune raison que tu ne l'aies pas.
— On verra ça le mois prochain. J'aurais les résultats aux alentours du mois de décembre.
— Tu me diras ce qu'il en est.
— Tu seras l'une des premières au courant. Après ma mère. Elle m'achèverait si elle n'était pas la première à savoir que j'ai mon diplôme.
— Vu ce qui s'est passé dernièrement, je te conseille de ne pas la blesser plus que tu ne l'as déjà fait.
  Une bourrasque de vent ouvrit brutalement les portes battantes de la bibliothèque. Les deux amis ainsi que toutes les autres personnes présentes sursautèrent et se tournèrent vers les portes ouvertes. Dehors, le ciel était sombre, si sombre qu'on se serait cru en pleine nuit. La pluie battait rageusement le sol, obligeant les gens à se mettre à l'abri dans leurs voitures ou maisons. Un éclair traversa la noirceur du ciel suivie par le grondement du tonnerre. Quelqu'un essaya de refermer les portes malgré le vent. Un nouvel éclair déchira les ténèbres, faisant sauter l'électricité de la ville.
  — Ah, génial ! Comment je vais travailler maintenant ?!
— Moi, je me demande surtout comment je vais rentrer. C'est Tony qui devait venir me chercher vu que c'est lui qui a la voiture. Je ne sais pas à quelle heure il va venir. Il devait m'appeler.
— En raison de la coupure générale d'électricité qui frappe la ville à l'heure actuelle, nous nous voyons dans l'obligation de fermer la bibliothèque. Veuillez, s'il vous plait, vous diriger vers la sortie.
— Génial. Je me demande bien comment je vais faire.
— Je peux te ramener chez moi en attendant.
— Je pense que je vais retourner à l'hôpital. Amber me ramènera à la fin de son service. De toute façon, ils vont avoir besoin d'aide.
— Katlyn, tu as l'air extenuée. Au lieu de travailler à en faire une crise de surmenage, viens te reposer à la maison. Je ne vais pas te manger.
— Tu m'as dit que tu habitais dans le centre-ville. Le temps qu'on y arrive, on sera trempés.
— J'ai une voiture.
  Sans lui laisser le temps de répliquer, Nicholas se leva et enfila son blouson avant de passer son sac sur son dos. Ensuite, il obligea Katlyn à se lever. Devinant que Nicholas avait l'intention de la « kidnapper », elle se rhabilla et rassembla ses affaires avant de quitter les lieux. Ils s'arrêtèrent un instant pour se donner du courage. Ils finirent par se décider et coururent aussi vite qu'ils le purent à la voiture blanche, estampillée aux couleurs du journal le plus réputé de la ville. Ils se réfugièrent à l'intérieur mais ces quelques mètres sous la pluie les avaient trempés jusqu'aux os.
  — Il va falloir que tu m'expliques tout ça.
— On va commencer par aller chez moi si tu veux bien.
  Il démarra et conduisit avec toute la prudence du monde jusqu'à son appartement. Il fit entrer son amie en premier et se cogna dans chacun de ses meubles en jurant avant de mettre la main sur des lampes torches et de revenir dans l'entrée. Il en tendit une à Katlyn et lui sourit.
  — Du français ?
— J'ai passé trois ans en France. Quand je suis énervé, il m'arrive d'avoir l'accent et les réflexes.
— Vraiment ? Je dirais bien que je voudrais entendre ça mais, s'il faut que je t'énerve, ne compte pas sur moi.
— Je ne te mettrais pas à la porte si c'est ce dont tu as peur.
— Non, c'est toi que j'ai peur de perdre, idiot. La colère nous fait faire de vilaines choses. Je ne me souviens que trop de notre dernière dispute.
— Je n'ai pas l'intention de repartir.
— J'y compte bien.
  Nicholas entreprit de faire visiter les yeux à son amie après qu'ils se soient séchés et changés. L'appartement se révélait grand pour une personne. Les pièces étaient spacieuses et, de jour, lumineuses. Le jeune homme en profita pour récupérer les bougies qu'il avait achetées plus tôt dans la semaine. Les tempêtes étaient monnaie courante sur la côte Est et les coupures de courant étaient fréquentes. Les vieilles habitudes de sa mère lui étaient revenues en tête et, adoptant lesdites habitudes, il avait pris toutes les précautions pour toutes les catastrophes possibles et imaginables. Il était paré et se sentait prêt à affronter toutes les catastrophes... Ou presque. Les bougies allumées, il régnait une lumière tremblante qui produisait un jeu d'ombres sur les murs. C'aurait pu être effrayant si l'ambiance avait été autre. Cependant, assis l'un en face de l'autre à discuter de tout et de rien, les deux amis ressemblaient plus à un jeune couple profitant de la rupture d'électricité pour renouer.
  — Ton appartement est aussi grand que ma maison !
— Je ne suis jamais allé dans ta nouvelle demeure donc je ne saurais te dire.
— Un jour peut-être.
— Tu me laisserais dehors ?
— Il ne faut pas que tu viennes quand Tony est là.
— De quoi as-tu donc peur ?
— Qu'il te fasse du mal. Il est beaucoup trop jaloux.
— A ce point ?
— Souviens-toi de ce qui s'est passé le mois dernier.
— Ow... fit le jeune homme qui se souvenait de la haine violente qu'avait eu son ex-meilleur ami.
  Pour éviter de continuer sur cette conversation et de se souvenir de la violence que Tony avait utilisée pour lui faire comprendre combien il était jaloux, Katlyn changea de sujet. Encore une fois. Nicholas ne fit aucun commentaire et se prêta à cette nouvelle conversation. Ils étaient indifférents au temps qui passait. Ils discutaient sans tabous (ou presque). L'électricité leur fut rendue juste à temps pour le diner. Tony avait appelé un peu plus tôt pour prévenir Katlyn qu'il rentrerait tard et qu'elle devait se débrouiller pour rentrer. Nicholas lui avait proposé de rester diner avant de la ramener chez elle. Elle savait le risque grand mais elle avait tout de même accepté. Il lui avait réservé un accueil chaleureux et lui avait prêté des vêtements chauds, propres et secs. Ils appartenaient certes à une de ses anciennes conquêtes mais c'était mieux que rien. Nicholas se révéla être un piètre cuisinier et Katlyn se retrouva obligée de rattraper les bêtises de son ami. Ce dernier assistait, honteux, au rattrapage de son diner raté. Au final, ils passèrent les pieds sous la table et dégustèrent ce diner.
  — Ne sois pas aussi perturbé, Jerry. Ce n'est pas grave.
— Je t'invite et tu te retrouves obligée de me faire à manger.
— Ce n'est rien.
— Mon ego est blessé.
— Eh, bien, assieds-toi dessus. Je te signale que je ne suis pas meilleure que toi en cuisine.
— Tu as quand même réussi à nous faire un diner comestible.
— Tu te rattraperas plus tard.
— J'espère bien. Je ne peux pas rester sur un échec.
— Si ça peut te consoler.
  Elle fit un signe désinvolte de la main pour montrer que peu lui importait. Nicholas sourit. Ils purent finir leur diner tranquillement et firent la vaisselle en riant. Ils attendirent que la pluie se soit quelque peu calmée avant de reprendre la route. Pour la première fois depuis qu'il était rentré en Amérique, Nicholas put enfin voir où habitait son amie. Cette dernière voulut l'empêcher de se garer devant la maison. Elle avait remarqué que la voiture de Tony était là. Il était rentré. Depuis combien de temps ? Elle remercia Nicholas et descendit de voiture. Le jeune homme attendit qu'elle ait refermé la porte derrière elle avant de partir. La revoir lui avait fait du bien, même beaucoup trop de bien. Cette situation devenait embarrassante.
  ×
  Katlyn referma la porte derrière elle et la verrouilla en soupirant. Elle se sentait extenuée. Cette journée avait été longue. Enfin, longue... Sitôt qu'elle avait mis les pieds dans l'appartement de Nicholas, le temps s'était écoulé très vite. Le jeune homme avait ce don incroyable de vous faire oublier le monde entier par sa simple présence. Elle secoua la tête et se débarrassa de son blouson. Il ne valait mieux pas penser à lui dans cette maison. Tony était installé sur le canapé, son ordinateur sur les genoux. Il semblait absorbé par son travail, ne prêtant qu'une attention limitée à la télévision allumée. Katlyn se laissa tomber à son côté et s'appuya contre lui. Il l'enlaça et lui déposa un baiser sur le crâne.
  — Dure journée ?
— La matinée a été longue.
— Qu'as-tu fait de ton après-midi ?
— Je suis restée à la bibliothèque. Je suis retournée à l'hôpital quand l'électricité a sauté.
— La tempête a fait beaucoup de dégâts à ce qu'ils disaient tout à l'heure.
— Tu es rentré depuis longtemps ?
— Vingt minutes peut-être. Tu as mangé ?
— J'ai pris un truc à l'hôpital.
  Tony déposa l'ordinateur sur la table basse et serra Katlyn contre lui. Cette dernière ferma les yeux et se laissa aller contre lui. Elle se serait bien endormie là.
  — Tu t'es changée ?
— J'étais trempée. J'avais super froid.
— Je ne connais pas tout ça. Où les as-tu trouvés ?
— Quelle importance ? De toute façon, tu vas te charger de les enlever, n'est-ce pas ?
— C'est une invitation ?
— Prends-le comme tu veux, lui souffla-t-elle à l'oreille.
  Ne pouvant résister, il la renversa sur le divan et passa au-dessus d'elle. Il commença à glisser ses mains sous ses vêtements pour caresser la peau de sa fiancée. Il déposa ses lèvres dans son cou en un tendre baiser. Elle gémit. Après la journée qu'elle venait de passer, un peu de douceur ne lui faisait pas de mal. Une main glissa sur ses cuisses. C'était si bon qu'elle lâcha une légère exclamation. Soudainement, la main qui se faisait si douce sur son corps lui enserra brutalement le cou. Tony releva la tête, un éclat étrange dans les yeux. Katlyn le reconnut tout de suite et se débattit contre l'étreinte qui l'étranglait. Que faisait-il ?
  — Avant de passer aux choses sérieuses, tu me dois une petite explication.
— Je ne vois pas... De quoi tu parles.
— Aurais-tu oublié que nous possédions une caméra de surveillance depuis que nous nous sommes fait cambrioler ?
  La caméra ! Evidemment qu'elle l'avait oubliée sinon elle n'aurait jamais pris le risque de se faire raccompagner par Nicholas. Comment avait-elle pu être aussi bête ?
  — Tony...
— Je connais tous tes amis, Katlyn. Tous. Tu n'en as qu'un seul dont le rêve était de devenir journaliste. Que faisais-tu donc avec ce bon vieux Nicholas ?
— Je l'ai croisé à la bibliothèque. Il m'a ramené... Chez lui quand ils l'ont fermée à cause de la coupure de courant. Tu ne pouvais pas venir... Je ne pouvais pas prendre un taxi ! Je n'en avais pas les moyens.
— Tu as passé tout ce temps avec lui ?
— Seulement quelques heures !
  L'étreinte se desserra et Katlyn en fut presque soulagée. Presque. Cet aveu ne resterait pas impuni, elle le savait.
  — Pourquoi mentir ?
— Pour éviter ce qui va suivre.
— Tu ne devrais pas mentir. Ça ne me plait pas.
  La jeune femme ferma les yeux en sentant le poing de Tony s'enfoncer dans sa mâchoire, déclenchant une multitude de sensations diverses. Un deuxième poing la heurta à l'estomac, lui coupant le souffle. Elle en avait assez. Elle n'en pouvait plus. Ce soir, elle était à bout. Elle ne pouvait pas rester là. Elle repoussa son fiancé qui, en tombant du canapé, se cogna brutalement la tête au sol, s'assommant. Katlyn en profita pour fourrer des vêtements dans un sac, récupérer les clés de la voiture et s'enfermer dans le véhicule. Elle savait exactement où aller.
  ×
  Nicholas s'apprêtait à aller se coucher lorsqu'on frappa à sa porte. Se demandant qui des rares personnes ayant son adresse pouvait bien lui rendre visite aussi tard, il se leva en trainant des pieds. Il ouvrit la porte de mauvaise grâce. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il se retrouva face à Katlyn dont le visage, exposé à la lumière crue des néons du couloir, semblait avoir été passé sous les poings d'un boxeur !
  — Katlyn ?
— Ça te dérange si je passe la nuit ici ?
  Loin de refuser, Nicholas la fit entrer dans son appartement et verrouilla la porte derrière elle. Une question le taraudait : Qu'avait-elle donc fait pour se retrouver dans un tel état?
×××
Buy me a coffee?
PART I || PART II || PART III || PART IV || PART V
PART VI || PART VII || PART VIII || PART IX || PART X
PART XI || PART XII || PART XIII || PART XIV || PART XV
PART XVI || PART XVII || PART XVIII || PART XIX || PART XX
PART XXI || EPILOGUE
Télécharger
0 notes
wandering-feathers · 7 years
Text
Independance Dream : Chapitre 9 : Les poing sur les i
La bâtisse se dressait au milieu d'un terrain vague, à quelques kilomètres seulement des derniers buildings de la ville. Personne ne se rappelait vraiment à quoi elle servait avant d'être abandonnée et oubliée. Rachetée une misère par un nouveau riche, elle avait vite perdu de son intérêt à ses yeux et faute de pouvoir la revendre à un prix correct, le propriétaire l'avait laissé à la merci des éléments. C'est ce genre de lieux que les vautours de la pègre recherchaient pour monter leurs petites affaires loin des regards. Et ce bâtiment, sans voisin à moins d'un kilomètre, était parfait pour les combats clandestins dont raffolaient ceux qui voulaient renouer avec leur instinct animal. Combattants, parieurs et sponsors, tous se réunissaient dans ces lieux qui sentaient la sueur et le sang pour se laisser aller aux pulsions de violence que les lois leurs interdisaient au quotidien.
Appuyé sur la barrière de la mezzanine qui donnait sur la zone centrale, là où se déroulaient les combats, YongGuk observait les va-et-vient à l'étage au-dessous. Les combattants s'échauffaient à l'écart tandis que les spectateurs discutaient entre eux à grand renfort de rires forcées et accolades faussement amicales. Le jeune leader n'avait jamais réussi à comprendre et maîtriser l'art de l'hypocrisie qui semblait être la base des relations d'affaires, légales ou non. A quoi bon souhaiter à l'autre de gagner quand on n'attend qu'une chose : que son combattant favori mette à terre, le plus violemment possible, le protégé de l'autre ? Ce n'était pas pour rien qu'il laissait volontiers cette partie du boulot à Himchan et YoungJae. Sa franchise avait davantage son utilité lors de rencontres comme celle avec Zico ou pour mettre les choses au clair. Comme aujourd'hui.
- YongGuk mon vieux ! Je ne pensais pas te revoir de sitôt ! Quand je pense à comment DongChul a essayé de t'avoir comme ça... tss tss tss... enfin, t'es plus un débutant, on ne te la fait plus à toi hein ! Ah, ça fait plaisir de te revoir sur pieds aussi vite tiens !
Un grand sourire commercial, un ton faussement enjoué et mielleux à en faire pâlir d'envie une ruche, Sechan, le maître des lieux était l'exemple typique de celui qui survit en faisant des courbettes aux plus puissants et en faisant ami-ami avec les petits nouveaux... au cas où.
YongGuk savait qu'on ne pouvait jamais se fier aux gens comme lui. Ces personnes ne survivaient que parce qu'elles tenaient des rôles suffisamment clé tout en étant suffisamment inoffensives pour qu'on tolère leur existence. Et puis ils pouvaient s'avérer pratiques parfois.
- Comment sais-tu pour DongChul ? Officiellement GiJoon travaillait seul...
L'homme ne cilla pas.
- Si tu as pu avoir l'information, ne penses-tu pas que le bon vieux SeChan a pu l'avoir aussi ?
- Ce n'est pas impossible.
- D'ailleurs on dit que DongChul a récupéré le corps de GiJoon dans une boîte, en morceaux... J'espère qu'ils se sont calmés depuis, ria-t-il en désignant Daehyun et JongUp en train de s’entraîner, des membres arrachés feraient de la mauvaise pub à mon établissement.
- Ton établissement ? Inutile d'utiliser d'aussi grands mots pour un hangar branlant qui ne tient encore debout que parce que le terrain sur lequel il se tient a été déclaré non constructible et n'intéresse plus son propriétaire. Un jour viendra, un promoteur avec des projets plus innovateurs que de bêtes immeubles pointera le bout de son portefeuille et ton bel établissement ne verra plus que les coups des boulets de démolition.
Caresser les gens dans le sens du poil n'était pas toujours la technique la plus efficace. Avec ce genre d'hommes il fallait montrer qu'on était au-dessus, montrer qu'on est davantage un boss qui mérite des courbettes qu'un stagiaire à qui on donne des tapes dans le dos. YongGuk avait bien prévu de devenir le boss dans cette relation.
- Ton éloquence s'est bien améliorée depuis la dernière fois. Qu'est-il arrivé au petit silencieux qui communiquait par onomatopées, caché derrière son ami chaebol ?
Le ton de son interlocuteur était devenu plus acide. Le chef de gang réprima un sourire. Bébé devenait grand et ça ne lui plaisait pas ? Il allait devoir s'y faire.
- J'ai été à bonne école disons. Agrandir mon gang a été une excellente décision à tous les niveaux tu ne penses pas ?
Il ne lui laissa pas le temps de répondre avant d'enchaîner.
- J'ai même fini par apprendre deux-trois trucs comme, par exemple... arrêter de me faire prendre pour un blaireau, assena-t-il d'un ton dur, le regard d'un coup beaucoup plus sérieux. Tu étais déjà au courant. Tu savais que GiJoon bossait pour DongChul, comment aurais-tu pu l'ignorer ? Toi la plaque tournante des combats illégaux, toi la commère, le roi des faux-semblants et des soumis aux puissants. DongChul t'a donné ton susucre quand tu lui as donné la papatte ?
Au fur et à mesure qu'il parlait, YongGuk s'était rapproché, son regard sombre planté dans les yeux de l'homme en face de lui. Leurs visages n'étaient désormais plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et sa voix était devenue plus grave et menaçante.
- Je ne passerais pas par quatre chemins SeChan. Je ne me laisserai plus faire désormais. Le petit Bang mignon qui fait sa tambouille dans son coin c'est fini. Le prochain qui cherche à me marcher sur les pieds, je lui pète les genoux. Et je compte commencer par celui qui a voulu me faire tomber moi et mon gang. La règle est simple. Désormais Patron, si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi, et tu feras partie des dommages collatéraux. Et je te conseille de bien réfléchir avant de prendre ta décision, parce qu'à partir de maintenant, me sous-estimer devient une erreur potentiellement fatale.
Lorsqu'il remit enfin de la distance entre lui et son interlocuteur, le visage de celui-ci avait perdu des couleurs. Dans un effort pour conserver sa fierté, ce dernier eu un petit rire, bien trop aiguë pour sonner vrai. Il retrouva quand même rapidement une certaine contenance après que deux de ces gardes du corps se soient rapprochés et postés derrière lui.
- Tu me menaces YongGuk ? Pour qui te prends-tu exactement ? Ta misérable tentative d'indépendance t'a beaucoup trop donné confiance en toi mon grand. Tu as réussi à monter un petit business qui commence à marcher après deux ans à ramer, faut-il t'en féliciter ? Tu es encore un débutant dans le métier et tu penses pouvoir t'attaquer aux grands ? Ou même à moi ? Oh, j'ai conscience que je n'ai rien à voir avec un clan comme les Bang, mais toi non plus. Tu es ridicule à balancer des menaces alors que tu n'as que deux hommes qui savent se battre. J'en ai des dizaines à mon service. Et d'autres encore qui me doivent la seule valorisation de leur misérable existence qu'ils n'aient jamais eue. Tu espères vraiment me faire peur ? Un seul de mes champions pourrait mettre tes deux bras cassés à terre et tu oses me menacer ?!
YongGuk, qui était resté impassible tout le long de sa tirade, afficha un léger sourire.
- Oui.
La réponse brève et insolemment confiante du jeune homme sembla quelque peu désarçonner le propriétaire des lieux.
- Oui ? Comment ça « oui. » ? Mais pour qui tu te prends gamin ? Je crois que tu n'as pas bien saisi ce que ce je viens de te dire...
Sans se départir de son sourire, le leader s'appuya sur la balustrade à côté de lui d'un air nonchalant.
- C'est toi qui n’as pas bien saisi quelques détails. Je reconnais que ton principal champion -il désigna une des silhouettes en train de se battre- est aujourd'hui capable de vaincre mes hommes. Peut-être même qu'il peut les battre les deux ensembles. Mais ça se passe dans le cadre de combats organisés. Une fois brisée la sacro-sainte loi du « tu ne tueras pas ton adversaire » la donne change. Laisse-moi t'expliquer clairement : Daehyun est un combattant. JongUp est un tueur. A la seconde même où il cessera de retenir ses coups, ton champion n'aura plus la moindre chance. Alors le reste de tes hommes... enfin, si la moitié d'entre eux ne sont pas déjà sous la coupe de YoungJae à l'heure qu'il est, bien entendu. Ne lève pas ce sourcil sceptique SeChan, tu ne le connais que de réputation, tu n'as encore jamais eu affaire à lui, mais sache qu'il n'a rien volé des bruits de couloirs qui courent le concernant. Chacune des phrases que tu as entendues à son sujet sont vraies.
- Même celle disant que tu ne le contrôles pas vraiment toi-même ? Rétorqua le propriétaire d'un air moqueur.
- Surtout celle-ci, répondit-il alors que son sourire s'élargissait, éclairant son visage d'un air inquiétant. Ce garçon n'a aucune limite que veux-tu, mais il est tellement efficace que je me garderai bien de le brider. Et en parlant de personne sans limite et incontrôlable...
Il laissa un petit temps de silence pour laisser le cerveau de SeChan envisager toutes les possibilités à venir. Il fallait admettre que travailler sa communication avec un amateur de psychologie et un manipulateur théâtral comme professeurs avaient des aspects positifs. Ça pourrait presque compenser pour le nombre de coups qu'il avait envie de leur donner lors de leur « leçons ».
- GiJoon n'est l’œuvre ni de Daehyun ni de JongUp.
Les sourcils de l'homme se froncèrent un instant, cherchant à comprendre ce que YongGuk essayait de dire avant que ses yeux ne finissent pas s'écarquiller.
- Les rumeurs sont donc vraies ? Lâcha-t-il dans un souffle.
- J'ignore ce que racontent ces rumeurs mais à ton air soudainement inquiet, je pense pouvoir dire que oui, elles sont vraies.
Pour être honnête, qu'elles soient vraies ou pas importait peu tant qu'elles inspiraient de la crainte aux personnes comme SeChan. Et de toutes façons, la réalité valait sans doute toutes les rumeurs, personne ne serait déçu.
Le leader se redressa et décida de mettre fin à cette discussion tout en allumant tranquillement une cigarette.
- Je te l'ai dit SeChan, réfléchis bien à ta décision. Tu ne voudrais pas que tous tes hommes finissent en kit IKEA n'est-ce pas ?
Un dernier sourire et il tourna le dos à son interlocuteur, s'éloignant doucement en direction des escaliers. En kit IKEA... il faudrait qu'il la sorte à YoungJae celle-là, il allait aimer.
YongGuk finit de descendre les dernières marches et contourna l'estrade en bois qui servait de ring. Environ 7 mètres de diamètre, 1m20 de hauteur, elle n'avait ni barrière ni même cordage pour en délimiter les bords. Ce qui advenait du combattant qui tombait de ce ring dépendait des lieux de combat. Ici tels les combats de gladiateurs dont SeChan était un grand fan, c'était le public qui demandait au combattant de remonter sur l'estrade ou qui acceptait la fin du combat. Le choix final était donné au maître des lieux mais il allait rarement à l'encontre du public (c'est eux qui faisaient rentrer de l'argent dans les caisses après tout). Ici pas de mise à mort bien évidemment mais difficile de garder la face quand le public lui-même vous a estimé trop faible pour continuer un combat. Et si les combattants indépendants pouvaient par la suite tenter de redorer leur blason, ceux qui dépendaient de sponsors, ce qui était le cas de beaucoup des participants à ce niveau, eux risquaient gros. Dans un monde de paris, si un sponsor estimait qu'un de ses protégés ne pouvait plus être rentable, il ne mettrait pas longtemps à en trouver un autre pour prendre sa place. La joie des pratiques illégales : pas de code du travail.
En quelques enjambées il franchit la petite foule qui commençait à se former et rejoignit ses deux hommes de main qui avaient fini de s'échauffer.
- Alors vous le sentez comment ?
- Bof tranquille. Juste le champion qui va nous défoncer.
- Ça m'attriste de dire ça mais... pour nos combats contre lui, parie sur lui, s'esclaffa Daehyun.
- Si on propose de l'affronter en deux contre un on a peut-être une chance, conclut JongUp le plus sérieusement du monde.
YongGuk ne put s'empêcher de rire doucement. Son homme d'armes haussa un sourcil et se tourna vers Daehyun.
- J'ai raté un code social qui rendait ce que j'ai dit drôle ?
- Disons que ça m'a fait penser à ma petite discussion avec SeChan, expliqua Bang.
L'attention des deux autres membres du gang monta d'un cran.
- Alors ça s'est passé comment ? demanda instantanément un Daehyun bien trop excité au vu du sérieux de la situation.
- Je lui ai expliqué les règles du jeu, la balle est dans son camp.
- Tu sais quoi YongGuk ? J'ai presque envie qu'il fasse le mauvais choix, commenta pensivement JongUp.
- Il rêve de mettre une balle entre les deux yeux d’Alpha.
- D'où il tire ce nom déjà ? demanda le leader d'un air qui laissait clairement entendre ce qu'il pensait de ce pseudo.
- A ton avis ? C'est une idée de SeChan, soupira Daehyun.
YongGuk leva les yeux au ciel. Qui d'autre pouvait avoir des idées de noms aussi ridicules.
- Son champion est un militaire à la base. Il faisait partie d'une unité d'élite, c’est le seul truc qui panse les plaies qu’il inflige à l’estime de JongUp, plaisanta l’homme de main. Quand il a débarqué ici il était accompagné d'un de ses anciens collègues qui a quitté l'armée à peu près en même temps que lui. Le type était sniper, son unité s'appelait Omega, du coup c'est devenu son pseudo. Et en voyant les compétences de l'autre là il s'est dit que « Alpha » ça sonnait bien.
- Et on sait pourquoi il a quitté l'armée ?
- Il s'est fait viré pour insubordination.
- Et parce qu'il a passé plusieurs de ses camarades à tabac accessoirement, compléta JongUp
- Accessoirement, ricana Daehyun.
Leur discussion s'interrompit lorsque l'intéressé leur passa à côté. Grand, pâle, il impressionnait tant par ses épaules larges que son regard froid. Contrairement à son collègue Omega, le champion des lieux était taciturne et daignait à peine noter la présence des combattants autour de lui. Il leva néanmoins les yeux en arrivant à leur hauteur et les salua d'un signe de tête, l'ombre d'un sourire flottant sur ses lèvres. Le trio lui répondit l'air sérieux. Ils le regardèrent s'éloigner avant que Daehyun rompe le silence.
- Il se foutait de nous là non ?
- Aucun doute là-dessus, répondit JongUp.
- Mec je m'en fous si tu perds, mais arrange toi au moins pour lui faire avaler sa superbe dentition.
- Sa... superbe dentition ?
- C'est plus compliqué de lui faire avaler ses abdos de dieu grec...
- Daehyun...
- Quoi ? Il est agréable à regarder qu'est-ce que j'y peux moi ?
- Il va te détruire mec...
- En tout honnêteté, s'il avait fait partie de mes clients à l'époque, le boulot aurait été bien plus agréable.
- C'était... pas la question ? releva un JongUp désormais blasé.
- Ah ? On n’était pas en train de parler de comment il allait nous défoncer ?
YongGuk esquissa un léger sourire. Le Daehyun brisé qu'il avait rencontré deux ans plus tôt avait bien évolué. Le fait qu'il parvenait même à plaisanter sur son passé en était la preuve la plus flagrante. Même plus d'un an après avoir été libéré des griffes de Madame Yoo, il était longtemps resté réservé sur ce sujet, l'évitant soigneusement, et n'était pas vraiment aidé par un YoungJae qui grinçait des dents et devenait glacial dès que la moindre allusion était faite. Il ne pensait pas à mal mais il avait malgré lui empêché son ami d'aller de l'avant en cherchant à le protéger.
Confiant, extraverti et en paix avec lui-même, c'était aujourd'hui un autre homme qui se tenait face à lui.
Ils n'eurent pas le temps d'envisager de rire à la blague délicate de ce dernier que la voix de SeChan appelant toutes les personnes présentes à se rassembler résonna dans le bâtiment. Les combats allaient commencer.
***
L’homme chuta de l’estrade et ne se releva pas.
- Ok Taecyeon est sorti du terrain ! Alpha : vainqueur par K.O !
Deux hommes s’avancèrent pour tenter de réanimer le combattant. Celui-ci ne réagissant toujours pas, ils le soulevèrent pour l’emmener dans la pièce servant d’infirmerie.
Du champion, encore dehors au milieu du ring, émanait une aura à la fois violente et froide. Il était agacé. Ça arrivait de plus en plus tôt ces temps-ci, constatait JongUp. D’ordinaire, même si l’issue de chaque match semblait évidente, Alpha abordait ses tournois comme s’il abordait un vrai challenge. Et chaque tournoi finissait par le décevoir. Lui qui venait pour se défouler, se retrouvait à s’ennuyer à mourir fasse à ses concurrents. Et finissait donc par abandonner ses principes en cours de route. Lui qui refusait de tenter de gagner en faisant sortir un candidat du ring venait de dégager son adversaire en le faisant volontairement tomber de l’estrade. Son coup de pied, violent, n’était même pas destiné à frapper. Il l’avait littéralement poussé avec toute la frustration qu’il n’arrivait plus à contenir et tout l’espoir que celui-ci ne soit pas encouragé à remonter si la chute ne le sonnait pas.
La majorité du public elle, indifférente à la psychologie des combattants, acclamait vivement le vainqueur qui descendait du ring. Ce dernier s’arrêta quelques mètres plus loin, leva la tête vers la mezzanine où était positionné SeChan et lui indiqua rapidement qu’il n’avait pas besoin de temps de pause, cet affrontement l’avait à peine essoufflé, il pouvait directement enchaîner. Le maître des lieux, ravi de cette nouvelle, fit sonner la cloche présente à côté de lui pour attirer l’attention du public.
- Et maintenant, le combat que vous attendez tous ! S'exclama SeChan.
Mais les réactions ne furent pas celles attendues. Au milieu des exclamations qui s’éteignaient, on entendit beaucoup de personnes râler. Certaines se permirent même de huer.
- On sait tous que le champion va gagner, JongUp n'a pas remporté un seul match contre lui ! Hurla un homme dans la foule, suivi par des approbations.
YongGuk n'avait pas besoin de regarder dans la direction de son homme d'armes pour deviner le regard sombre qu'il devait afficher. Sa fierté était en train de se faire piétiner devant lui sans qu'il puisse réagir. Perdre ses combats face à Alpha ne l'avait jamais blessé ; frustré, oui, parce qu'il savait qu'en dehors du ring, le champion n'aurait plus d'avantage sur lui mais il reconnaissait les capacités de son adversaire et acceptait sans peine sa défaite. Mais se faire ainsi regarder de haut par des hommes qui ne tiendraient pas deux secondes face à lui, ça c'était humiliant.
JongUp fusillait désormais celui qui avait parlé du regard. Son visage, habituellement stoïque, se lisait en ce moment même comme un livre ouvert : il priait tous les dieux en lesquels il ne croyait pas qu'un contrat sur la tête de cet homme lui soit proposé. Il était prêt à le faire à prix discount.
- En effet, vous avez raison et je m'en voudrais de vous proposer un combat qui vous ennuierait.
Les yeux du tueur changèrent de cible et semblaient désormais se demander si un contrat sur SeChan ne serait pas plus intéressant.
- Nous avons eu une petite discussion avec YongGuk plus tôt... vous connaissez tous Bang YongGuk n'est-ce pas ? Demanda le maître des lieux d'un air faussement inquiet.
Quelques réponses positives lui parvinrent, des hésitations, des grommellements, des soupirs et quelques ricanements. L’intéressé eut un sourire en coin à ces réactions. Apparemment SeChan avait vraiment mal pris leur petite conversation et cherchait à le remettre à sa place. Gamin, pensa YongGuk, tu te sens puissant avec ton petit public qui te soutient ? Prie pour que ça dure. Il échangea un regard avec ses deux hommes de main : ils savaient déjà tous les trois ce qu'allait proposer l'hôte des lieux.
- Nous avons discuté lui et moi et j'ai exprimé mes doutes quant à une victoire possible de ses deux combattants sur mon champion... même s'ils combattaient ensemble.
Les ricanements et les quolibets se firent soudainement plus nombreux. Quand les lâches se regroupent et s'encouragent entre eux ils ont tendances à oublier qu'ils se pisseraient dessus en croisant un seul des trois concernés dans la rue.
- Je me suis donc dit que plutôt que de rester sur des taquineries sans fondement, nous devrions vérifier si j'ai raison, qu'en dites-vous ? S'exclama SeChan.
Des rugissements d'approbation lui répondirent. Daehyun réprima un sourire, avant de s'avancer vers le ring suivi d'un JongUp dont le visage était désormais inexpressif, à l'image de celui de son rival qui entrait sur le ring en même temps qu'eux.
- Je vous prie donc d’accueillir sur le ring, à ma gauche Alpha, champion invaincu des lieux et à ma droite Moon JongUp, l’éternel second accompagné de son sidekick, Jung Daehyun !
Rires, insultes, hurlements et encouragements se mêlaient désormais dans une masse indistincte au point de n’être plus qu’un bourdonnement confus dans les oreilles des combattants maintenant face à face. La dernière tentative de provocation de SeChan ne parvint même pas à faire réagir Daehyun. Son binôme finissait d’enrouler ses bandes autour de ses mains tandis que l’arbitre les rejoignait. Les deux collègues échangèrent un dernier regard, ce n’était pas la première fois qu’ils combattaient ensemble et ils avaient déjà discuté de la possibilité de ce combat : ils savaient ce qu’ils avaient à faire. Le silence se fit doucement dans la salle.
Et la cloche retentit enfin. Les deux hommes de mains s’élancèrent d’un seul mouvement. Lors de leurs affrontements JongUp et Alpha avaient tendance à se laisser quelques secondes d’observation avant de se lancer. En changeant de façon d’aborder le combat, le tueur à gage misait sur l’effet de surprise pour prendre le champion de vitesse. Désormais la stratégie était simple : obliger leur adversaire à se déplacer vers le centre du ring pour leur permettre de l’attaquer de tous les côtés simultanément et l’obliger à rester dans une attitude défensive, sans ouverture pour riposter. La tâche était ardue. Sachant pertinemment que ses opposants ne tenteraient pas de gagner en le faisant tomber du ring, ce qui n’aurait eu le goût de victoire pour personne, Alpha faisait bien attention à rester sur le bord de celui-ci. Il se contentait de parades simples et ne s’engageait dans aucune contre-attaque. Mais Daehyun comme JongUp savaient qu’il ne raterait pas la moindre occasion qui se présenterait à lui. Le regard calme, Alpha savait que tôt ou tard, une erreur serait faite.
Elle vint de Daehyun.
Désormais habitué à ce qu’Alpha se contente de bloquer ses attaques, il finit par baisser sa garde. Il ne le réalisa que lorsque sa jambe, qui visait sans espoir les flancs de son adversaire, fut brutalement relevée et qu’un pied faucha celle qui lui servait d’appui. La chute fut douloureuse et amère. Lorsqu’il releva la tête, le champion avait enfin quitté le bord du ring et échangeait coups sur coups avec JongUp. Il reculait légèrement, revenant de plus en plus à sa portée. Sous l’adrénaline, Daehyun sembla voir la scène au ralenti. Alpha à peine à un mètre de lui. JongUp enclenchant une série de coups de poing. Les jambes d’Alpha s’ancrant dans le sol pour encaisser les coups. Ses poings se levant devant son visage tandis que sa tête tournait légèrement pour vérifier l’état de son adversaire au sol. Mais c’était trop tard. Daehyun n’avait même pas pris la peine de se redresser et avait pivoté ses hanches de manière à donner la place à sa jambe gauche de frapper. Le coup donné à l’arrière des genoux du champion lui fit immédiatement plier les jambes, le faisant basculer en avant, rencontrant au passage ses propres poings qui venaient de bloquer l’uppercut de JongUp. Un instant sonné, il ne put empêcher Daehyun de passer derrière lui pour lui bloquer jambes et bras.
Ainsi immobilisé, Alpha était désormais à la merci de JongUp. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'était fini.
- Il va falloir venir me mettre K.O Uppie, je ne déclarerai pas forfait, articula le champion.
L'interpellé s'avança pour mettre fin au combat. Mais alors qu'il venait d'armer son bras pour frapper, une lueur dans le regard de son adversaire lui fit comprendre qu'il avait eu raison de douter de la conclusion si rapide et positive de ce combat. Avant qu'il ne puisse réagir, le corps d'Alpha partit en arrière, faisant basculer Daehyun, dont les jambes, bloquées par celles de son rival qu'elles immobilisaient, ne lui permettaient pas de rétablir son équilibre. Une fois à terre le champion se releva prestement et assomma l'homme encore au sol d'un coup de pied. Il se tourna vers JongUp, arborant un de ses rares sourires.
- Il n'y a plus que toi et moi maintenant.
L'homme d'armes regarda un instant son collègue évanoui avant de lentement commencer à défaire la bande entourant sa main droite.
- Ne me dis pas que tu abandonnes... railla son rival d'un ton dans lequel pointait de la déception.
- Ça n'a jamais été une option, le rassura JongUp avec un sourire. Mon boss a parié sur nous pour ce combat et il est hors de question que je lui fasse perdre son argent.
Les adversaires se faisaient face en tournant lentement en cercles sous les exhortations du public impatient. Mais, retrouvant leurs vieilles habitudes, les deux jeunes hommes prenaient leur temps. Ils savaient que le combat allait reprendre et qu'il ne décevrait pas. Après tout, Alpha et JongUp étaient considérés plus ou moins comme les deux meilleurs combattants actuels du monde des combats clandestins, rien que leurs noms attiraient toujours du monde et contrairement à ce que le public voulait faire croire, les voir en face à face restait un spectacle attendu.
Car ce n'était pas une situation si courante au final. Pour une raison inconnue SeChan laissait rarement son champion combattre en dehors des tournois qu'il organisait. Himchan et YoungJae râlaient beaucoup à ce sujet, évoquant un gâchis d'opportunités flagrant et un sens de la communication, du marketing et des affaires affligeant. JongUp avait depuis longtemps arrêté de demander volontairement à l'affronter. Les défaites qu'il avait subi ne l'y encourageaient pas vraiment. Certes, se lancer dans un combat probablement perdu d’avance n’était pas une perspective réjouissante mais plus que ça, c'était l'effronterie dont faisaient preuve les autres combattants qui l'agaçait. Après chaque combat contre Alpha il fallait réexpliquer toute la chaîne alimentaire à ces imbéciles de gros bras. Ce n'est pas parce que le tigre perdait face à l'ours que Bambi avait soudainement sa chance. Et JongUp commençait à se lasser de devoir casser à répétition les mêmes mâchoires qui, incapables de comprendre la leçon, persistaient à afficher des sourires moqueurs.
Mais aujourd'hui serait un jour différent. Aujourd'hui, il allait mettre un terme à ce cercle de défaites sans fin.
- Ça fait quoi d'avoir été un homme de l'ombre et de se retrouver comme ça sous le feu des projecteurs ? Demanda soudainement Alpha d'un ton goguenard. L'effet de surprise ça devient compliqué maintenant, tu penses pouvoir t'en sortir sans ?
- Ça fait quoi d'avoir quitté l'armée parce qu'on en avait marre de cirer les bottes des gradés pour se retrouver à lécher celles de SeChan ? C'est mignon le titre de champion mais si c'est pour être exhibé une fois par mois comme trophée tu vas finir par prendre la poussière.
- En parlant de poussière c'est quand que tu as prévu d'arrêter de la mordre à chacune de nos rencontres ? Je commence à me lasser de gagner contre tout le monde, si même toi tu ne me tiens pas tête, où est le challenge Uppie ?
- Je m'en voudrais de tuer le seul adversaire capable de tenir mes coups, si je veux continuer à m'amuser un peu il faut bien que je te préserve.
Un léger rire s'échappa des lèvres du champion.
- A propos de préservation vu le coup que tu m’as fait la dernière fois...
Alpha s’arrêta et enleva son débardeur qu’il jeta au pied du ring. Lorsque de leur dernier combat, pendant une phase au corps à corps, JongUp avait fini par attraper le haut de son adversaire et s’en servir pour l’étrangler. Alpha avait réussi à se dégager mais il n’avait pas l’air de vouloir retenter l’expérience.
- Et je ne voudrais pas que l’élève dépasse le maître, répondit le tueur à gage avant de suivre le mouvement.
Les projecteurs braqués sur eux faisaient ressortir la blancheur de la peau du champion qui n'était perturbée que par quelques cicatrices. Lorsque JongUp enleva son tee-shirt, l'agitation du public se décupla : si le torse du jeune homme était aussi ponctué de cicatrices, c'était surtout les tatouages qui s'y trouvaient qui provoquaient le plus de réactions. Les plus notables étaient au nombre de trois : entre ses deux omoplates et remontant presque jusqu'à la nuque, une rose des sables à 6 branches surmontées du mot « Indépendance » en caractères chinois, sur son épaule gauche une phrase « As always, it’s nothing personal » surmonté de deux dés qui affichaient respectivement sur leur seule face visible deux et cinq points, et sur son biceps droit s’étalaient deux lignes de tallies.
La foule accueillit ce changement avec un entrain inattendu.
- Et c’est moi la tapette… entendit-on grommeler au pied du ring.
Daehyun, soutenu par YongGuk, avait fini par reprendre ses esprits. Il leva un poing encore faible pour montrer son soutien à JongUp qui lui répondit avec un léger sourire.
- Tu sais... repris ce dernier d’un ton à nouveau sérieux, je pense qu’il est temps qu’on passe aux choses sérieuses toi et moi.
L'homme d'armes leva la main en signe de pause sous le regard intrigué de son adversaire et les grognements mécontents des spectateurs. Il se tourna vers l'homme qui faisait office d'arbitre.
- Je propose de passer à un combat armé.
L'homme leva le regard vers SeChan qui hocha de la tête sous les acclamations ravies du public. Voilà qui allait leur donner le spectacle qu'ils attendaient.
YongGuk observait la scène d'un air soudainement plus inquiet. Même si la règle officiel intimant aux participants de ne pas tuer leur adversaires valait toujours, il était monnaie courante que des dérapages aient lieu. Amputation, blessures définitivement handicapantes et décès sonnaient bien souvent la fin de ces affrontements. Et les participants étaient rarement inquiétés par le milieu : on connaissait les risques. C'est aussi pour cette raison que les armes étaient rarement autorisées. Mais si, comme lui, SeChan ne s'y était pas opposé, c'est qu'il savait les deux adversaires capables de suffisamment retenir leurs coups pour ne pas conclure leur match de façon funeste, du moins, s'ils en avaient envie.
- Combattants, saisissez-vous de vos armes ! Pour rappel, les armes à feu sont interdites !
Sans exprimer le moindre sentiment face à ce revirement, le champion se dirigea vers le bord du ring où son collègue, le fameux Omega, lui tendit un petit objet argenté. C'est lorsqu’ils se firent de nouveau face que JongUp reconnu l'arme de prédilection d'Alpha : la main gauche de son adversaire arborait désormais un poing américain. Il sourit intérieurement.
Si l'homme en face de lui représentait son plus grand rival principalement parce qu'ils faisaient partie des rares combattants à avoir reçu un véritable entraînement, à haut niveau, sur différents styles de combat, un autre détail venait s’y ajouter.
Lors de la plupart de ses combats, JongUp avait un avantage supplémentaire : il était gaucher. Face à une majorité de combattants droitiers, ça pouvait parfois faire la différence. Tant que son adversaire était latéralisé il avait au mieux plus facilement le dessus, au pire aucun désavantage. Malheureusement le champion avait cette caractéristique assez agaçante d'être ambidextre.
Mais aujourd'hui son meilleur ennemi venait de lui faire une fleur : en choisissant le poing américain comme arme, il avait été obligé de choisir un côté. Le gauche, forcément, pour perdre le moins davantage possible mais l'homme d'armes comptait bien tout de même en profiter.
Les deux adversaires se firent de nouveau face alors que l'excitation du public laissait place à la déception. Une simple bande et un poing américain n'étaient sans doute pas suffisamment impressionnants à leur goût. Mais les combats aux couteaux n’étaient plus amusants depuis bien longtemps aux yeux des deux hommes. Ils voulaient s’offrir mutuellement un véritable challenge et ils savaient que le public finirait de toute façon par apprécier.
La tension entre les deux combattants commençait à atteindre la foule et l’atmosphère dans la salle devenait de plus en plus électrique.
- Alors comme ça tu veux te débarrasser définitivement de moi Uppie ? Ça valait bien le coup que je fasse tomber le haut... Lança Alpha avec un léger sourire. C'est dommage j'aimais bien faire durer le plaisir.
- Les préliminaires ont assez duré à mon goût, répondit l'interpellé d'un ton sérieux trahit par l'éclat amusé qui traversait son regard.
Le champion hocha de la tête avec une moue d'acquiescement. Les adversaires se firent à nouveau face. Et s’élancèrent l’un contre l’autre.
Il y eut des échanges de coups, quelques feintes, de jolies esquives et le public qui hurlait. Mais le combat n'avait pas encore véritablement commencé. Ils se contentaient de jouer, de faire le show. Au final, à leur corps défendant, c'était ça leur vrai job une fois sur le ring : divertir les parieurs en plus de les faire gagner. Et pour faire mettre la main au porte-monnaie, il fallait en mettre plein la vue. Ce n’était pas pour rien que le catch avait autant de succès.
Soudain les deux belligérants s’immobilisèrent à un mètre à peine l’un de l’autre. A portée de poing. A portée de mains. Daehyun, YongGuk et Omega, venu les rejoindre, se levèrent en même temps : le combat risquait de se conclure dans la minute qui arrivait.
L’arrêt du combat dura une seconde, sembla une éternité et fut rompu par un crochet du droit de Alpha rapidement suivi de l’autre côté par son point armé. JongUp bascula son torse en arrière pour éviter le premier coup et envoya ses deux mains en avant, précédent de justesse le deuxième coup. Il les ramena rapidement vers lui, et enroula la bande qu’elles tenaient autour du poignet de son adversaire. Il partit sur le côté, entraînant avec lui le bras de son rival qui se retrouva complètement déséquilibré. Un coup de pied bas acheva de le faire tomber en avant. Le plus rapidement possible afin de ne pas lui laisser le temps de se relever, le tueur à gage se mit à genou de part et d’autre du corps du champion, s’assit sur son dos et dégagea sa bande du poignet adverse avant de l’appliquer autour du cou de celui qui était désormais à sa merci. Il serra.
Son attention entièrement concentrée sur son adversaire et ses réactions afin de ne pas lui causer de dommages trop grands, il ne vit pas SeChan se lever le visage livide, l’arbitre s’avancer en se demandant s’il fallait arrêter le combat, il n’entendit pas non plus les quelques voix l’exhortant à achever Alpha.
Bientôt les mains qui lui agrippaient désespérément les avant-bras retombèrent, le corps sous lui cessa de se débattre. JongUp cessa immédiatement sa pression sans pour autant se relever au cas où ce serait du bluff. Mais il avait compté le temps qu’il avait mis et ce n’était sans doute pas feint. L’arbitre s’approcha. Compta jusqu’à 10. Alpha ne broncha pas. Il posa ses doigts sur le cou du champion au sol pour vérifier que celui-ci était encore en vie avant de rassurer SeChan d’un hochement de tête rassuré. JongUp s’avança à son tour, l’air réprobateur. Il retourna le corps d’Alpha pour le mettre sur le dos, se pencha quelques secondes avant de se relever l’air rassuré. L’arbitre le regarda d’un air à la fois outrée et interrogateur. C’est Omega, qui venait de se précipiter sur l’estrade, qui apporta la réponse à sa question muette.
- Il respire ?!
Non sans d’abord jeter un regard clairement dédaigneux à l’arbitre, le vainqueur du jour rassura le jeune homme.
- Il risque d’avoir un peu de mal à avaler pendant quelques heures. Parler aussi mais ça devrait moins le frustrer. Normalement j’ai rien cassé… ce serait indécent de te demander de me le confirmer ?
- Pour la science je suppose… accepta son interlocuteur qui était en train de mettre son collègue en position latérale de sécurité.
Ne sachant quoi rajouter, JongUp descendit de l’estrade pour rejoindre les deux autres membres du gang qui l’accueillirent avec des félicitations.
- Tu l’as enfin eu ! s’exclama Daehyun avec un grand sourire. SeChan a eu la peur de sa vie à l’idée que tu lui tues son champion… c’était assez drôle à voir !
Le gagnant ne répondit que par une vague onomatopée.
- Depuis le temps que tu voulais le battre, c’est tout ce que ça te fait ? s’étonna son partenaire de combat.
- Je peux pas m’empêcher d’avoir l’impression de l’avoir volé cette victoire…
- Tu plaisantes j’espère ? Alpha serait conscient il te botterait à nouveau le cul pour te faire ravaler ça. Des étranglements y en a tous les jours dans ces combats tu le sais aussi bien que moi. Et c’est même pas la première fois que tu l’utilises sur lui… C’est la culpabilité du survivant !
- Himchan serait là, c’est lui qui te botterait le cul pour non-respect des notions de psychologie… rétorqua YongGuk amusé. Tu as gagné à la loyale, tu as mis fin aux lassantes victoires continues de Alpha et grâce à toi Oméga va pouvoir jouer les mamans poule avec lui pendant plusieurs jours. Tu es un bon samaritain en vrai.
- A quand la saint JongUp ? Conclut Daehyun d’un ton solennel.
Le maître des lieux envoya ses hommes de main leur donner l’argent sans daigner les saluer personnellement. Le jeune leader s’amusa intérieurement de l’état dans lequel l’homme devait être. Avec une telle humiliation, les prochaines décisions que prendrait SeChan promettaient d’être intéressantes.
***
Le lendemain, la nouvelle se propagea à la vitesse de la lumière : pour une raison aussi soudaine qu’inconnue Alpha et Omega, les deux champions de SeChan, venaient de quitter l'écurie. Les rumeurs n’avaient pas tardé à circuler elles aussi. On disait qu’Alpha était en fait décédé suite au combat mais que SeChan avait voulu camoufler l’incident. Ou encore que Alpha avaient volontairement perdu pour que SeChan le vire. D’autres affirmaient que, furieux de s’être fait lâché par ses champions, il avait lancé des tueurs à gages à leurs trousses. Certains chuchotaient même que JongUp avait accepté le contrat pour finir ce qu’il avait commencé.
Ce dernier, insensible aux bruits de couloir, se contenta de contacter le principal intéressé dont il avait le numéro depuis leurs premiers combats l’un contre l’autre. Ignorant l’état de la gorge de son rival, il préféra envoyer un message.
« Tu nous quittes déjà ? »
« Ta défaite t’est restée en travers de la gorge ? »
« La blague est de Daehyun, désolé. »
« Tu diras à Daehyun que Omega valide sa blague. Me concernant elle me reste un peu en travers de la gorge. »
« C'était une belle victoire JongUp, ne pas le reconnaître serait te manquer de respect. »
« J'ai mes raisons de partir. »
« Tu vas presque me manquer. »
« Un jour on s'affrontera hors du ring JongUp. Juste toi et moi. Et aucune règle pour retenir nos coups. »
« Je n'attends que ça. »
Lorsqu’il tenta de le recontacter quelques jours plus tard, le numéro était annoncé comme non-attribué. Les combats vont être bien moins intéressants maintenant ne put s’empêcher de penser JongUp. Heureusement que ceux-ci allaient vite devenir le cadet de ses soucis.
0 notes
lifeinbdbelike-blog · 7 years
Text
Chapitre 7 - Je veux une vie d'expat toute la vie
               Ouais je suis de nouveau à la bourre, me juge pas trop, j'aime trop dormir. Et puis tout va beaucoup trop vite aussi.
                 Déjà, je n'ai pas fais la cuisine une seule fois depuis que je suis arrivée. C'est pas très glorieux, j'ai un peu honte. Dimanche soir, je suis sortie diner avec Mehdi et une de ses copines danoise. Ce mec connait tout Dacca, c'est impressionnant. Même les conducteurs de rickshaw lui disent bonjour quand ils le croisent, c'est hallucinant ! On a mangé dans un restau indien pas loin de chez moi. C'était comme d'habitude, censé ne pas être épicé. Ouais. Non mais c'est trop bon hein, mais il me font rire quand iels passent dix minutes à m'assurer qu'il y a zéro épices. Par contre, truc dingue. On était dehors, à un moment j'entends un bruit dans les bambous derrière moi, je me retourne, et là, UN SINGE. UN VRAI DE VRAI. Pas tout seul en plus, avec toute sa petite famille. C'était trop bien ! Je tenais plus en place, j'arrêtais pas de crier. Moi comme d'habitude, mais genre pire. J'ai six ans. Il n'y a pas beaucoup de singes en liberté à Dacca, c'est super rare d'en voir. Ceux là vivent dans le coin apparemment et sont des habitués, le restaurant les nourrit une dizaine de fois par jour ! J'était trop contente.
Tumblr media
Cette photo est très très nulle, j’en conviens, mais je n’ai pas mieux.
Tumblr media
               Lundi, je suis allée dîner chez Rob et Kate, rentrés de Calcutta. Iels avaient invité des ami.e.s et il y avait Maxine évidemment. On est inséparables maintenant héhé. C'était fort sympathique et super bon pour des anglais. Bon je leur ai fait la vanne douze fois dans la soirée, je sais pas s'ils vont me réinviter un jour. Mardi c'était hockey au Canadian club, suivi par pizzza au German, parce qu'il faudrait pas se laisser aller. Et mercredi on a dîné avec Mehdi et Maxine dans un restau chinois.
               Ma vie tourne autour de la nourriture. Faut vraiment que je me calme.
                 En ce qui concerne le boulot. Tout se passe bien pour l'instant. J'ai rencontré Runa Khan qi a fondé Friendship. C'est vraiment une personne très très impressionnante et inspirante. Je n'arrivais plus à respirer quand elle nous a reçu avec Maxine, qui s'est bien marrée d'ailleurs. Elle a été adorable avec nous. Pffiouuu je sais pas quoi dire tellement je me sens toute petite à côté d'elle.
youtube
               Ah et grosse nouvelle, je pars enfin/déjà sur le terrain, lundi prochain ! À Gaibandha plus exactement, dans le nord du pays. Cinq jours avec les gens de mon équipe pour découvrir les différents projets de Friendship et un de leurs bateaux. Je suis trop excitée, ça va être génial !
               Du coup, j'ai préparé le déplacement en bossant sur un questionnaire adressé à celleux qui bénéficient des projets de Friendship. Il vise à déterminer l'efficacité des dispositifs qui ont été mis en place, ce qui marche bien et ce qui est à améliorer, l'impact de tout ça sur la vie quotidienne et la communauté, etc. À part ça, ce n'est pas trop le rush !
                 Jeudi après le boulot, on est allé avec Maxine au Jamuna Future Parc, le plus grand centre commercial d'Asie du Sud Est. Je ne sais pas qui a eu cette idée débile (moi) mais c'était vraiment débile. En fait, on voulait aller au cinéma et on s'est dit que ce serait rigolo et qu'on pourrait en profiter pour faire du shopping. Non. Ca ne s'est pas passé comme ça du tout. On a été rejoint par Shounak et Asif et on a tourné en rond parce que c'est tellement grand que tu peux rien faire et que tu comprends pas comment ça marche et que tu sais pas où aller et que tu fais que te perdre tout le temps et que c'est horrible et beaucoup trop de stress. On a fini par se poser dans un café pour récupérer après tant d'efforts. Après on est allé dans la salle d'arcade jouer à des jeux débiles, et je faisais trop la tête parce qu'il n'y avait même pas de flipper et que la vie est nulle. Mais c'était cool quand même. Aussi j'ai acheté un tapis de yoga et des haltères. J'ai même pas envie de te le dire parce que je sais à quel point tu vas te foutre de ma gueule. Vas y, j'suis prête, j'm'en fout. Mais tu comprends, quand ta vie tourne autour de la nourriture, vient un moment où il faut commencer à penser à compenser, histoire de ne pas avoir à acheter deux billets pour le retour.
               Avant le film, Asif et Shounak sont partis et Shad nous a rejoint. Il y a toujours quelqu'un.e pour s'occuper de nous. On a vu Lalaland. Ma critique sur ce film est la suivante : Meh. Ce sera tout. On a bien rigolé tout de même et les sièges étaient confortables.
                 Vendredi weekend (moi non plus je ne m'habitue pas, t'en fais pas), on voulait aller dans le vieux Dacca avec Max, mais la flemme l'a emporté. Je suis allée déjeuner chez elle, on a glandé, j'ai skypé le bf, elle a vaguement bossé, on est allé glander au German pour se donner l'impression qu'on avait fait quelques choses de la journée. C'était sympa. C'est une bonne compagne de glande. Et puis elle me laisse passer la journée à faire des blagues sur le Luxembourg donc je pense qu'elle ne me déteste pas trop. Ou alors elle attend la saturation pour m'assommer. Mais j'aime à penser que c'est la première option.
               Le soir, on avait été invitée à la soirée St Valentin de l'International Club. Autant te dire qu'on avait déjà connu des niveaux de motivation plus élevés. Mais on nous a offert l'entrée et nos conso toute la soirée donc ça allait. La musique était bien bidon, j'avais l'impression d'être à une soirée lycéenne (no offense Robin) alors que je faisais clairement baisser la moyenne d'âge. Mais on a quand même beaucoup rigolé, c'était cool. On était avec nos copains de la semaine dernière, Mehdi, Shounak et Asif (pas celui du bureau, un autre). Ils sont vraiment hyper drôles ! Il y avait pas mal de bangladais.es, sans doute plus que d'expat. On a rencontré plein de gens chouettes et on a beaucoup dansé, c'était une bonne soirée.
                 La motivation est revenue malgré la fatigue samedi. J'ai retrouvé Maxine, Shad et Hugo pour une journée culturons nous. On est allé au Chobi Mela, le plus important festival de photo d'Asie. Et c'était génial. Déjà on a mangé là bas et c'était trop bon (désolée). On a été rejoint par Aysha, Mymanah et son mari Yusuf qui est un photographe primé super classe et super cool. Le mec pèse un peu dans le game. Les expo étaient super intéressantes et variées, j'ai adoré alors que je ne suis pas toujours hyper fan de photo. On a passé toute notre après midi là bas, puis on est passé par l'Alliance française avant de rentrer chacun chez soi (en une heure et demi parce que le traffic).
Tumblr media
               La semaine s'annonce chargée, je suis sure que le déplacement va être trop chouette. J'ai trop envie de voyager partout c'est horrible. Je suis en train de préparer mes prochains weekend pour aller voir partout dans le Bangladesh et puis au Népal et en Inde aussi. J'aimerai faire toute l'Asie aussi tant que j'y suis, mais je pense que ça va être compliqué. Si tu veux devenir mon sponsor, je peux t'envoyer mon RIB. Des bisous.
0 notes