Tumgik
#honnêtement au premier degré je trouve ça parfaitement normal
luma-az · 10 months
Text
Parfaitement normal
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 8 août 
Thème : monstres/noir et blanc
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Ces vieux films de monstre en noir et blanc la remplissaient de fascination. Mais d’une manière tout à fait normale, bien sûr.
Mona n’y pouvait rien, elle adorait tout simplement ces créatures. Bien que l’Hollywood du début du XXème siècle décerne automatiquement le rôle de méchant à chacun de ces êtres en effets spéciaux hasardeux, Mona était toujours du coté des monstres : incompris, humiliés, chassés impitoyablement, ils étaient sans aucun doute la véritable victime dans toutes ces histoires ! Qui ne commencerait pas à enlever de belles jeunes femmes et tuer des villageois sans nom s’il était traité comme ça ?
Elle était moins fan des monstres de l’horreur modernes. Ce n’était pas parce qu’elle détestait les effets numériques, ni la qualité des œuvres et des monstres. Beaucoup avec été créés avec beaucoup de soin et de passion par de grands artistes. Non, ce qu’elle leur reprochait, c’était la place dans l’histoire. Dans les vieux films, le monstre est un monstre pour ce qu’il est, ce qu’on voit. La réaction du spectateur est censée être la même que celle des humains qui le croisent, et les quelques moments de communication sont chargés de sens et d’émotion, lourds de la possibilité d’un autre avenir, d’une autre façon de faire. Alors que dans les films modernes, le monstre est un prétexte à la bravoure des personnages. Ce ne sont pas les monstres le sujet. Ce que Mona avait beaucoup de mal apprécier.
Enfin, peu importe. A son âge, c’était son petit plaisir coupable et inattendu, voilà. Un jardin secret. C’est parfaitement normal d’avoir ses petites passions de niche. Vive internet et ses pépites de l’âge d’or d’Hollywood, patiemment restaurées pour de belles rééditions blue-rays et tout aussi patiemment piratées pour être disponibles à qui veut se donner la peine de les chercher. Et de les aimer. Différents, oui, différents des humains, différents des autres films, différents des goûts des autres gens. Les petits détails de soi qui n’ont aucune importance et qu’on cache au fond d’un placard ou de son historique de navigation. Ça ne comptait pas.
Et l’envie – juste une vague idée accompagnée d’un désir plus vague encore -  d’être à leur place ne comptait pas non plus. Evidemment qu’elle ne voulait pas réellement provoquer le choc et la peur juste en étant une silhouette floue qui se découpe à l’horizon. Elle ne voulait pas non plus que la seule mention de son nom terrorise des villageois inculte et pousse le héros à s’armer lourdement. Elle n’a jamais rêvé d’avoir des crocs, des griffes ou même des pinces géantes qui feraient hurler les belles jeunes femmes en robe blanche.
C’est juste qu’elle y pense, parfois.
C’est sûr que ce n’est pas avec son mètre cinquante quatre et ses quarante-neuf kilos qu’elle pourrait susciter un jour ce genre de réaction.
Ce n’est qu’une pensée vague. Une idée en l’air. Qui lui vient souvent.
Et de plus en plus.
C’est sans doute parfaitement normal.
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