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#jetaimecolette
benvolioworld · 4 years
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L’ultimo
Les derniers textes de Colette, par certains faux-pas, ou plutôt, par les déviations qu’ils empruntent à la place de ce qui est attendu, acquièrent un charme nouveau, un peu ésotérique… Ou simplement, Colette s’amuse, joue avec les mots absolument domestiqués, au terme d’une vie d’écriture. Le plus souvent, ces derniers textes sont d’une fastueuse beauté.
On les trouve dans le recueil d’articles d’autrefois qui constituent “Paradis terrestre”, œuvre à quatre mains, celles de l’écrivain, et celles du photographe, Izis, consacrée aux mondes sauvage et fantastique. Ce sont des commentaires que Colette fait sur le travail d’Izis. Tandis qu’Izis illustre les grands textes de Colette, Colette commente le travail du photographe…
“ Si je prends maintenant l’habitude de mon émotion devant l’image photographique, la croissante beauté d’un art ne cesse de m’y aider, d’accroître un plaisir qui a sa source dans la fidélité, en même temps qu’il entraîne l’image hors d’une brutale copie. Selon ce qu’invente ou que respecte un photographe exalté, mon corps désormais infirme s’approprie, en toute sécurité, des secrets qu’il n’espérait plus. Que dis-je ? Je lui dois bien souvent, dominée par des génies imagiers, un acheminement vers ce luxe, cette exigence où sait nous entraîner la romanesque amie de tous les noirs et de tous les blancs, des formes sans ménagement ni restriction – la peur… ” 
p. 57
“ La poussée de son front ouvre maintenant un sous-bois qui n’est que fougères. Mais comment comprendre, admettre les dimensions d’un tel front, et la distance qui d’un œil sépare l’autre œil ? Ne les admettons donc pas. Même, nions qu’immédiatement au-dessus du cornet de l’oreille, du pelage de l’oreille, du velours de l’oreille naisse et continue une étendue blonde, qui n’appartient pas à la fougère, à l’océan des fougères, à leurs sporanges foulées par des sabots véhéments. Ici règne la fougère. Ne faites aucune confiance à la tête magnifique qui, étrangère à la fougère, domine le haut de la page. Elle ne fait que feindre de fendre la fougère. ”
p. 28
“Il l’a vue nager… Cet homme, qui prétend se nommer Izis, fait métier d’attendre qu’une biche dans l’air passe un fossé, qu’un lièvre boive, qu’entre deux bouleaux s’élance un rayon, qu’un oiseau, perché, salue…
Il a, entre autres géhennes, attendu qu’un gibier ailé arborant le gris, le noir et le blanc lui offre son petit front inexorable. La couleur des heures changeait, un soleil, une lune, rêvaient au haut du ciel, un mois, des mois perdaient leur nom. L’homme en attente portait son fardeau, peut-être aussi son arme. Il ne se souciait ni de l’aile, ni de l’astre. Peut-être oubliait-il le nom de la saison. De temps à autre il tirait de son bagage le pain et les autres nourritures, se repaissait avec un bonheur qui ne connaissait pas la honte. Celle qu’il attendait lui a accordé un rendez-vous. Au centre d’une page vernissée, elle nage d’ouest en est, dispersant des éclats que suscite le rythme de ses jambes invisibles. Sa tête blonde, sur sa rase encolure, ses divergentes oreilles, l’homme en attente a tout obtenu. Mais il n’avait sans doute pas espéré – le méritait-il? – qu’au large du fauve nageant s’épanouirait une traîne de lumière d’où émergeassent son col, son profil, son œil d’amande, une seule narine… Ne  craignez rien. Vous voyez bien, tout autour de la créature qui prodigieusement nage, vous voyez, à cette robe de lumière propagée sur l’eau, vous voyez qu’il ne s’agit pas d’une biche ou d’un faon, mais simplement d’une fée?”
p. 57
PARADIS TERRESTRE, Éditions Clairefontaine, Lausanne, 1953.
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mysticalfestivalkid · 4 years
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En 1953, une Colette que j’imagine reçoit chez elle, au Palais-Royal, Jean Genet, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre…
    « Alors, que faites-vous de votre été ? lancé-je. Vous partez tous en vacances ?
    – Oui, je pars demain pour l’Italie, me répond Sartre. De son côté, Simone va visiter la Suisse, et si tout se passe bien, nous nous retrouverons à Venise.
    – Je pense aller passer quelques jours à Lourdes, dit Genet.
    – À Lourdes ?! ne puis-je m’empêcher de réagir. Que vas-tu faire à Lourdes ? Naguère, tu allais à Barcelone, garçon. Tu faisais le tapin.
    – Jadis, vous étiez danseuse de music hall.
    – C’est juste. On vieillit… Et donc, vous, Simone, la Suisse… En 46, je n’ai connu de la Suisse que les bords du Léman. L’abondance des fruits, les fraises, les œufs et la crème, le pain genevois qui vaut un gâteau, qui est meilleur qu’un gâteau, mais… aucun fromage ! Croyez-vous cela ? Pas un morceau de gruyère dans tout Genève !
    – J’espère grimper à tous les cols, tous les sommets accessibles en auto, m’envoie Beauvoir. Je veux voir le soleil se lever sur l’Eiger, au pied de la Jungfrau… Après les vacances, nous aurons tous beaucoup de travail. Pas seulement sur nos ouvrages personnels, que nous emportons naturellement avec nous pendant les congés. Il s’est passé tant de choses ces dernières années, que ni la presse, ni l’édition n’ont encore eu les moyens matériels de répandre. Il y a les romans anglais et américains que personne n’a encore lus. Il y a tous ces témoins passionnés qui affluent dans mon bureau des Temps modernes… »
    Il y avait une pointe d’agressivité, de reproche, dans la seule question que m’a posée Simone de Beauvoir : « Pourquoi avez-vous l’air si triste sur tous ces portraits de jeunesse de vous qui nous entourent ? »
    Elle est assez multipliée, c’est vrai, sur la tapisserie à fleurs, cette image de jeune femme que les peintres ont autrefois saisie. Les photographes les ont relayés depuis, mais d’eux je n’affiche, dans cette maison, qu’une photo où, ma foi, j’ai un peu l’air d’un homme. D’un être solide et sûr, en tout cas… Pauline, qui nous servait à ce moment une nouvelle bouteille de champagne, m’épargna la recherche d’une réponse.
    « Si Madame a l’air triste sur ces tableaux, c’est parce qu’elle pense à toutes les choses tristes qui existent dans le monde.
    – Croyez-vous, Pauline ? dit Sartre. Moi, je pense que c’est parce qu’elle n’est pas encore devenue la grande Colette que le monde entier admire.
    – Mais Monsieur, c’est la même chose.
    – Comment cela ?
    – Eh bien, répond Pauline, quand vous ouvrez un des livres de Madame, toute la tristesse que vous aviez s’en va. C’est pour cela qu’elle est devenue un si grand écrivain que tout le monde aime. Et elle-même, c’est bien rare si vous la voyez jamais triste ! »
    Simone de Beauvoir… C’est déjà un nom magnifique. Rassure-toi, jeune femme, détends-toi, Sartre et Pauline ont raison. Cette inquiétude que tu portes s’atténuera, comme s’est allégée la mienne. Elle se déplacera, se portera sur d’autres objets que ta propre réussite, puisque toi aussi, tu seras grande. L’importance que tu vas prendre, je la sens. Ce que je ne vois pas, c’est comment tu vas faire pour toucher le cœur des gens. Une universitaire, une intellectuelle telle que toi, avec ton grand front de guêpe…
    Atteindre le public, le toucher, le conquérir, c’est une question d’énergie, de tempérament. C’est une histoire de séduction. Je ne peux pas dire comment tu feras, mais tu sauras. Ton âme es si belle… Tu es si belle…
    Ils sont partis. Je les aime beaucoup, je crois, ils sont bien. Resté le dernier, Genet a voulu me rendre le cristal dérobé, la rose de Baccarat. Oh, enfant… J’ai dit : « Garde-la, ami. » Et je l’ai serré dans mes bras.
© Frédéric Le Roux, 2020
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yourfredericstuff · 4 years
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Tu es en vrai ?
    “ – Madame Colette, mon amie vous a reconnue… Nous voyons que vous avez bonne mine, et nous en sommes très heureuses. Voudriez-vous signer pour nous sur ce carnet ? – Mais bien sûr, avec plaisir… Merci… C’est vous qui avez bonne mine, Mesdames ! Vous n’avez pas trop souffert de l’hiver ? 
    – Madame Colette, nous vous avons aperçue alors que vous regardiez la vitrine du nouveau couturier. Ma sœur s’est permis d’acheter ce foulard, parce que nous savons que vous craignez beaucoup le froid… – Mais c’est trop d’attention, jeune homme, et de dépense ! Veux-tu nouer le foulard autour de mon cou ? Comme tu as bien choisi, fillette ! Je ne le quitterai plus !
    Un chien, deux chiens… un chat, deux, trois, quatre chats… Eux-aussi sont neufs… Et les enfants… Je m’assieds pour les observer, mais ce sont eux qui viennent me voir…
    – Madame, Madame ! Madame la bisaïeule, trisaïeule, tri-arrière-grand-mère !
    – Voilà… Bonjour !
    – Tu es en vrai ? 
    – Tu as l’air d’être en papier…
    – En céramique !
    – En cuir !
    – Touche, pour voir.
    – Ta peau c’est comme du papier…
    – Doucement…
    – Tes habits, c’est en soie ? Tu as des gros doigts de pieds !
    – Tu es belle, petite.
    – Tu ne sens rien du tout… Reniflez les gars, elle ne sent vraiment rien ! 
    – Quels beaux yeux…
    – Tu es grosse, grosse… plus grosse que la tata à Fifi !
    – C’est gentil…
    Après cette adorable rencontre, je me suis mise à maigrir. Considérablement. Et à dormir aussi, comme une marmotte. Je l’interprète ainsi : les enfants ont tout pris. Donc : c’est parfait… ” 
Je t’aime, Colette © Frédéric Le Roux, 2020
eau-forte de Dunoyer de Segonzac
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yourfredericstuff · 4 years
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     Tu es l’amour
    Un bref extrait, court et intense, comme son objet, de JE T’AIME, COLETTE…
    « – Tu es l’amour, tu es mon amour.
    Maurice n’a jamais été plus sincère de toute sa vie, sur cette terrasse qui plonge dans les vignes avant d’atteindre la mer. Encore lui faut-il passer quelques mas, un rideau de pins parasol et autres symboles provençaux tels le cyprès et le chêne-liège. Au-delà, à l’horizon, elle rejoint l’extrémité du massif des Maures, violette dans l’azur poudré de la baie…
    Colette lui fit écraser sa cigarette et berça sa tête sur son épaule. Mais le garçon était d’un autre bois. Elle aussi. Il n’eut aucun mal à trousser sa belle, qui ne portait qu’une ample robe très simple, en cotonnade. Animalement, c’est-à-dire, sans discours, les deux amoureux font des allers et retours au septième ciel. L’odeur de la résine de pin et des rosiers, la brûlure du soleil à travers le store donnent à ces minutes un goût d’Éden.
    C’est un des moments fugitifs du bonheur dans la vie. Mais un bonheur qui se sera répété presque dix ans, n’est-ce pas déjà beaucoup ? »
© Frédéric Le Roux, 2020.
photo : Colette et Maurice dans les années 1920, sur la terrasse de La treille muscate, à Saint-Tropez.
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benvolioworld · 4 years
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     SE VOIR
     Colette, La vagabonde, Le Livre de Poche, p. 7-8 ; 11-15.
     “ Dix heures trente-cinq : le fantaisiste Bouty. Dix heures quarante-sept : les danseurs russes, et, enfin, onze heures dix : moi !
     Moi… En pensant ce mot-là, j’ai regardé involontairement le miroir. C’est pourtant bien moi qui suis là, masquée de rouge mauve, les yeux cernés d’un halo de bleu gras qui commence à fondre… Vais-je attendre que le reste du visage aussi se délaie ? S’il n’allait demeurer, de tout mon reflet, qu’une coulure teintée, collée à la glace comme une longue larme boueuse ?…
     Mais on gèle, ici ! Je frotte l’une contre l’autre mes mains grises de froid sous le blanc liquide qui se craquelle. Parbleu ! le tuyau du calorifère est glacé : c’est samedi, et, le samedi, on charge ici le public populaire, le joyeux public chahuteur, et un peu saoul, de chauffer la salle. On n’a pas pensé aux loges d’artiste.
     Un coup de poing ébranle la porte, et mes oreilles elles-mêmes. J’ouvre à mon camarade Brague, costumé en bandit roumain, basané et consciencieux.
     – C’est à nous, tu sais ?
     – Je sais. Pas trop tôt ! On attrape la crève ! […]
     Comme d’habitude, c’est avec un grand soupir que je referme derrière moi la porte de mon rez-de-chaussée. Soupir de fatigue, de détente, de soulagement, ou l’angoisse de la solitude ? Ne cherchons pas, ne cherchons pas !
     Qu’est-ce que j’ai donc, ce soir ?… C’est ce brouillard de décembre glacial, tout en paillettes de gel suspendues, qui vibre autour des becs de gaz en halo irisé, qui fond sur les lèvres avec un goût de créosote… Et puis, ce quartier neuf que j’habite, surgi tout blanc derrière les Ternes, décourage la vue et l’esprit. […]
     Ah ! quelle laide soirée de décembre ! Le calorifère sent l’iodoforme. Blandine a oublié de mettre la boule d’eau chaude dans le lit, et ma chienne elle-même, mal lunée, grincheuse, frileuse, me jette tout juste un regard noir et blanc, sans quitter sa corbeille. Mon Dieu ! je ne réclame pas d’arcs de triomphe, ni d’illuminations, mais tout de même…
     Oh ! je peux chercher partout, dans les coins, et même sous le lit, il n’y a personne ici, personne que moi. Le grand miroir de ma chambre ne me renvoie plus l’image maquillée d’une bohémienne pour music-hall, il ne reflète… que moi.
     Me voilà donc, telle que je suis ! Je n’échapperai pas, ce soir, à la rencontre du long miroir, au soliloque cent fois esquivé, accepté, fui, repris et rompu… […]
     Me voilà donc, telle que je suis ! Seule, seule, et pour la vie entière sans doute. Déjà seule ! C’est bien tôt. […]
     Ah ! que je n’aime pas me voir cette bouche découragée et ces épaules veules, et tout ce corps morne qui se repose de travers, sur une seule jambe !… Voilà des cheveux pleureurs, défrisés, qu’il faut tout à l’heure brosser longtemps pour leur rendre leur couleur de castor brillant. Voilà des yeux qui gardent un cerne de crayon bleu, et les ongles où le rouge a laissé une ligne douteuse… Je ne m’en tirerai pas à moins de cinquante bonnes minutes de bain et de pansage… […]
     Pour un visiteur indifférent, pour un fournisseur, même pour Blandine, ma femme de chambre, je redresserais cette nuque qui flanche, cette hanche qui se repose de travers, je nouerais l’une à l’autre ces mains vides… Mais cette nuit, je suis si seule… […]
     Ce soir, je voudrais bien ne pas choisir. Je voudrais me contenter d’hésiter, et ne pas pouvoir dire si le frisson qui me prendra, en glissant entre mes draps froids, sera de peur ou d’aise. ”
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benvolioworld · 4 years
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     Un des textes les plus sensuels, les plus sauvages, les plus adolescents de toute la littérature érotique – on a envie de dire, plus humblement, de toute la littérature de l’amour. Un des plus beaux textes tout court.
     MITSOU ET LE LIEUTENANT BLEU
     “ Elle glisse un regard entre ses cils vers ce joli faune nu penché sur elle. Il rit d’avoir vu l’œil blanc et noir et malicieux, – nerveuse, elle éclate d’une rire aigu. La gaîté charmante des bêtes est toute proche d’eux, chacun prépare la morsure amicale, la ruade pour rire et la lutte, mais chacun se souvient de l’amour nécessaire, de l’étreinte inéluctable… ‘Allons !’
     Il y met une bonne volonté que sa jeunesse échauffe vite, et une méthode sans imprévu. La bouche, oui, la bouche. La gorge ensuite, n’oublions pas la gorge… Il faut avouer que celle-ci, qui ne lui emplit pas les mains, qui n’imite ni la pomme insolente, ni le citron conique, mérite tout le plaisir rêveur et la sollicitude sacrilège qu’il lui consacre…
     MITSOU, atteinte, et près de pleurer. – Ah !…
     Le cri, l’arc désolé de la bouche de Mitsou, l’espoir qu’elle va pleurer, enfièvrent l’agresseur plus qu’il n’avait prévu. Biffant, d’un bond précis, les stations commandées par un code amoureux élémentaire, Robert n’a plus rien à exiger de cette victime blanche, couchée sous lui dans ses cheveux répandus, et qui ne s’est point débattue. Le temps pour lui de savourer, secrètement immobile, le bien qu’il vient de saisir, et la mêlée commence, lente, au chant d’une plainte aérienne, au rythme des deux corps qui se balancent comme pour bercer et endormir une blessure…
     Dans la chambre de Mitsou, sur le mur tendu de dentelle au chevet du lit, il y a pour la première fois une image magnifique : l’ombre d’un torse de cavalier nu, mince à la ceinture, large aux épaules, courbé sur sa cavale invisible…
     * * *
     Trois heures de la nuit. Il dort. Elle s’éveille, parce qu’il a bougé peut-être, ou bien parce qu’ils ont oublié d’éteindre la lampe. Elle s’éveille un peu égarée, mais se souvient tout de suite : un jeune homme est là, un jeune homme qui fut son amant d’une manière brève et quasi muette, vers minuit, puis tomba endormi à côté d’elle, comme on tombe mort.
     Elle est lasse, lucide, et ne se souvient que d’un plaisir exceptionnel, celui d’avoir tenu contre elle un beau corps qui embaumait en s’échauffant comme un bois odorant qu’on frotte, et qui se liait à elle avec une exactitude, une fidélité végétales : ainsi il était bien, et ainsi mieux encore, et toujours mieux à mesure qu’il changeait. ”
     Colette, MITSOU ou Comment l’esprit vient aux filles, Paris, Henri Jonquières et Cie, 1926, p. 144-146.
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benvolioworld · 4 years
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     “ Alors, chaque jour, chaque nuit, ils suivirent à peu près le même programme. Luc-Albert peint la maison à l’huile. André eut droit à ses heures de pose de la part de la propriétaire, qui cessait rarement de travailler si ce n’était pendant les heures de « vraies » vacances – les heures « Maurice ». Une des plus connues parmi les nombreuses eaux-fortes que Segonzac grava cette année-là représente Colette en train d’écrire. Ce n’était pas une pose. Elle écrivait vraiment, quasi immobile à une petite table, dans un coin du salon ; le travail du graveur en était facilité, et tout était naturel, authentique.
     Après l’écriture, Colette retournait à ses poivrons, à sa glycine dont elle déplaçait régulièrement le pied, afin qu’elle « prît », qu’elle trouvât sa veine… “
© Frédéric Le Roux, 2020
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