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Rencontrer son éditeur
“ Ça commence un jour de neige, rue de Fleurus à Paris, le 9 janvier 1979. J’ai écrit un roman, c’est le premier, je ne sais pas que c’est le premier, je ne sais pas si j’en écrirai d’autres. Tout ce que je sais, c’est que j’en ai écrit un et que si je pouvais trouver un éditeur, ce serait bien. Si cet éditeur pouvait être Jérôme Lindon, ce serait bien sûr encore mieux mais ne rêvons pas. Maison trop sérieuse, trop austère et rigoureuse, essence de la vertu littéraire, trop bien pour moi, même pas la peine d’essayer. J’envoie donc mon manuscrit par la poste à quelques éditeurs qui, tous, le refusent. Mais je continue, j’insiste et, au point où j’en suis, détenteur d’une collection presque exhaustive de lettres de refus, je me suis risqué la veille à déposer un exemplaire de mon manuscrit au secrétariat des Éditions de Minuit, rue Bernard-Palissy, sans la moindre illusion, juste pour compléter ma collection. Et comme je suis sans illusions, je continue d’inonder d’exemplaires les quelques éditeurs, de moins en moins nombreux, à qui je n’ai pas encore soumis la chose.
Un jour de neige, donc, en milieu d’après-midi. Je viens de déposer un nouvel exemplaire – j’en ai fait photocopier une vingtaine, ça m’a coûté pas mal d’argent, il faut dire que je suis fauché à cette époque – au siège d’une maison d’édition plus ou moins disparue à ce jour, et dont le principal intérêt consiste à résider, rue de Fleurus, dans une maison qu’a occupée Gertrude Stein. J’en sors, je longe la rue de Fleurus vers le jardin du Luxembourg et je vois arriver Madeleine qui me dit que Jérôme Lindon a téléphoné à la maison en fin de matinée, que mon manuscrit paraît l’intéresser, qu’il souhaite que je l’appelle dès que possible. Il est quatre heures de l’après-midi. ”
Jean Échenoz, Jérôme Lindon, Paris, Les Éditions de Minuit, 2013, premières pages.
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petit gif sympa
Streamside Wildflowers, Yellowstone National Park, Wyoming: © riverwindphotography, August 2020
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Porter la vie
“ Elle ouvre les yeux et pendant quelques instants, plusieurs secondes, une éternité silencieuse, il n’y a rien de changé en elle, ni dans la cuisine autour d’elle ; d’ailleurs, ce n’est plus une cuisine, c’est un mélange d’ombres et de reflets pâles, sans consistance ni signification. Les limbes, peut-être ?
Y a-t-il eu un instant précis où les paupières de la dormeuse se sont écartées ? Ou bien les prunelles sont-elles restées braquées sur le vide comme l’objectif dont un photographe a oublié de rabattre le volet de velours noir ?
Dehors, quelque part – c’est simplement dans la rue Léopold – une vie étrange coule, sombre parce que la nuit est tombée, bruyante, pressée parce qu’il est cinq heures de l’après-midi, mouillée, visqueuse parce qu’il pleut depuis plusieurs jours ; et les globes blêmes des lampes à arc clignotent devant les mannequins des magasins de confection, les trams passent en arrachant des étincelles bleues, aigües comme des éclairs, du bout de leur trolley.
Élise, les yeux ouverts, est encore loin, nulle part ; seules ces lumières fantastiques du dehors pénètrent par la fenêtre et traversent les rideaux de guipure à fleurs blanches dont elles projettent les arabesques sur les murs et sur les objets.
Le ronron familier du poêle est le premier à renaître, et le petit disque rougeâtre de l’ouverture par laquelle on voit parfois tomber de fins charbons en feu ; l’eau se met à chanter, dans la bouilloire d’émail blanc qui a reçu un coup près du bec ; le réveil, sur la cheminée noire, reprend son tic-tac.
Alors seulement Élise sent un sourd travail dans son ventre et elle se voit elle-même, elle sait qu’elle s’est endormie, mal d’aplomb sur une chaise, devant le poêle, avec encore à la main le torchon à vaisselle. Elle sait où elle est, au deuxième étage de chez Cession au beau milieu d’une ville en pleine activité, non loin du pont des Arches qui sépare la ville des faubourgs, et elle a peur, elle se lève, tremblante, la respiration coupée, puis pour se rassurer par des gestes quotidiens, elle met du charbon sur le feu.
– Mon Dieu… dit-elle du bout des lèvres.
Désiré est loin, à l’autre extrémité de la ville, dans son bureau de la rue des Guillemins, et elle va peut-être accoucher, toute seule, pendant que des centaines, des milliers de passants continueront à entrechoquer des parapluies au-dessus des trottoirs luisants. ”
Georges SIMENON, écrivain belge, Pedigree, premières lignes.
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Garder sa qualité d’homme
“ Mon cher Marc,
Je suis descendu ce matin chez mon médecin Hermogène, qui vient de rentrer à la villa après un assez long voyage en Asie. L’examen devait se faire à jeun : nous avions pris rendez-vous pour les premières heures de la matinée. Je me suis couché sur un lit après m’être dépouillé de mon manteau et de ma tunique. Je t’épargne des détails qui te seraient aussi désagréables qu’à moi-même, et la description du corps d’un homme qui avance en âge et s’apprête à mourir d’une hydropisie du cœur. Disons seulement que j’ai toussé, respiré, et retenu mon souffle selon les indications d’Hermogène, alarmé malgré lui par les progrès rapides du mal, et prêt à en rejeter le blâme sur le jeune Iollas qui m’a soigné en son absence. Il est difficile de rester empereur en présence d’un médecin, et difficile aussi de garder sa qualité d’homme. L’œil du praticien ne voyait en moi qu’un monceau d’humeurs, triste amalgame de lymphe et de sang. Ce matin, l’idée m’est venue pour la première fois que mon corps, ce fidèle compagnon, cet ami plus sûr, mieux connu de moi que mon âme, n’est qu’un monstre sournois qui finira par dévorer son maître. Paix… J’aime mon corps, il m’a bien servi, et de toutes les façons, et je ne lui marchande pas les soins nécessaires. Mais je ne compte plus, comme Hermogène prétend encore le faire, sur les vertus merveilleuses des plantes, le dosage exact de sels minéraux qu’il est allé chercher en Orient. Cet homme pourtant si fin m’a débité de vagues formules de réconfort, trop banales pour tromper personne ; il sait combien je hais ce genre d’imposture, mais on n’a pas impunément exercé la médecine pendant plus de trente ans. Je pardonne à ce bon serviteur cette tentative pour me cacher ma mort. Hermogène est savant ; il est même sage ; sa probité est bien supérieure à celle d’un vulgaire médecin de cour. J’aurai pour lot d’être le plus soigné des malades. Mais nul ne peut dépasser les limites prescrites ; mes jambes enflées ne me soutiennent plus pendant les longues cérémonies romaines ; je suffoque ; et j’ai soixante ans. ”
Marguerite Yourcenar, MÉMOIRES D’HADRIEN. Premières pages.
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Le comité s’étant réuni, nous avons décidé, ce matin, d’élire comme Présidente d’Honneur du Coin des littéraires l’immense Catherine Deneuve.
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La perspective du temps
“ Nicolas Grimaldi est l’un des plus grands philosophes contemporains. ” Ce n’est pas moi qui l’écrit (depuis bientôt trente ans que j’ai eu la chance de travailler sous son enseignement), c’est Pocket, à la première page de son dernier essai. Les Songes de la raison, qui viennent de paraître dans la collection Agora, dirigée par Benoît Heilbrunn, sont un régal de l’esprit.
Plus la vie de Nicolas Grimaldi s’accomplit, plus sa liberté croît. Il soulève à présent des questions auxquelles personne n’avait pensé, qui deviennent soudain d’une urgence première… Mais lisons plutôt un extrait — juste un échantillon de cette pensée rationnelle et créative, profondément vivante :
“ Comme tant de philosophes après Aristote nous l’ont donc rappelé, toutes les expressions, toutes les figures, toutes les manifestations de la vie sont autant de tendances. Par ailleurs, comme l’atteste la réflexivité de toute sensation, le seul fait de sentir nous fait sentir qu’on sent. Pas plus qu’on ne peut donc sentir sans avoir conscience de sentir, pas plus n’y a-t-il de vertébré qui vive sans avoir conscience de vivre. S’il est vrai que la vie se réfléchit en conscience, autant doit-il alors être vrai que la tendance (inhérente à toute vie) se réfléchit en attente (inhérente à toute conscience). Il ne pourrait donc y avoir pour toute conscience d’expérience plus originaire que celle de cette attente qui la met à distance de toute chose présente, et qui ouvre à tout ce qu’elle se représente la perspective du temps. ”
Les Songes de la raison, p. 18.
#nicolasgrimaldi#philosophie#lessongesdelaraison#litterature#pensée#raison#temps#attente#vie#vertébré
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Tu es en vrai ?
“ – Madame Colette, mon amie vous a reconnue… Nous voyons que vous avez bonne mine, et nous en sommes très heureuses. Voudriez-vous signer pour nous sur ce carnet ? – Mais bien sûr, avec plaisir… Merci… C’est vous qui avez bonne mine, Mesdames ! Vous n’avez pas trop souffert de l’hiver ?
– Madame Colette, nous vous avons aperçue alors que vous regardiez la vitrine du nouveau couturier. Ma sœur s’est permis d’acheter ce foulard, parce que nous savons que vous craignez beaucoup le froid… – Mais c’est trop d’attention, jeune homme, et de dépense ! Veux-tu nouer le foulard autour de mon cou ? Comme tu as bien choisi, fillette ! Je ne le quitterai plus !
Un chien, deux chiens… un chat, deux, trois, quatre chats… Eux-aussi sont neufs… Et les enfants… Je m’assieds pour les observer, mais ce sont eux qui viennent me voir…
– Madame, Madame ! Madame la bisaïeule, trisaïeule, tri-arrière-grand-mère !
– Voilà… Bonjour !
– Tu es en vrai ?
– Tu as l’air d’être en papier…
– En céramique !
– En cuir !
– Touche, pour voir.
– Ta peau c’est comme du papier…
– Doucement…
– Tes habits, c’est en soie ? Tu as des gros doigts de pieds !
– Tu es belle, petite.
– Tu ne sens rien du tout… Reniflez les gars, elle ne sent vraiment rien !
– Quels beaux yeux…
– Tu es grosse, grosse… plus grosse que la tata à Fifi !
– C’est gentil…
Après cette adorable rencontre, je me suis mise à maigrir. Considérablement. Et à dormir aussi, comme une marmotte. Je l’interprète ainsi : les enfants ont tout pris. Donc : c’est parfait… ”
Je t’aime, Colette © Frédéric Le Roux, 2020
eau-forte de Dunoyer de Segonzac
#jetaimecolette#fredericleroux#roman#novela#vieillesse#sanctification#colette#enfants#dunoyerdesegonzac
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Tu es l’amour
Un bref extrait, court et intense, comme son objet, de JE T’AIME, COLETTE…
« – Tu es l’amour, tu es mon amour.
Maurice n’a jamais été plus sincère de toute sa vie, sur cette terrasse qui plonge dans les vignes avant d’atteindre la mer. Encore lui faut-il passer quelques mas, un rideau de pins parasol et autres symboles provençaux tels le cyprès et le chêne-liège. Au-delà, à l’horizon, elle rejoint l’extrémité du massif des Maures, violette dans l’azur poudré de la baie…
Colette lui fit écraser sa cigarette et berça sa tête sur son épaule. Mais le garçon était d’un autre bois. Elle aussi. Il n’eut aucun mal à trousser sa belle, qui ne portait qu’une ample robe très simple, en cotonnade. Animalement, c’est-à-dire, sans discours, les deux amoureux font des allers et retours au septième ciel. L’odeur de la résine de pin et des rosiers, la brûlure du soleil à travers le store donnent à ces minutes un goût d’Éden.
C’est un des moments fugitifs du bonheur dans la vie. Mais un bonheur qui se sera répété presque dix ans, n’est-ce pas déjà beaucoup ? »
© Frédéric Le Roux, 2020.
photo : Colette et Maurice dans les années 1920, sur la terrasse de La treille muscate, à Saint-Tropez.
#colette#mauricegoudeket#jetaimecolette#fredericleroux#roman#litterature#amateursdelivres#amour#sexe#sainttropez#latreillemuscate#novela
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SACHA. Un étui à cigarettes en or
MON PÈRE A LES CHEVEUX LONGS, COMME MOI… Extrait
Narrateur : Andy
« C’est quelque chose de très personnel, ce n’est peut-être que ma sensibilité, parce qu’il y avait objectivement beaucoup de dureté à Berlin, il y a toujours des éléments violents là-bas. Mais enfin, chez moi, cela se transformait en douceur, en tendresse. Un sentiment fait de mélancolie, de sensualité, d’observation des gens, qui était très proche de l’idée que je me fais du bonheur… La douceur d’un après-midi à ne rien faire, dans ces beaux cafés rococo un peu déserts où les rêveurs dans mon genre planent, avec quelques verres de Pils ou de Sauvignon…
Love is pure gold and time a thief… Toutes les chanteuses noires modulent le standard de Kurt Weill, et je les aime toutes, parce que je m’en fous. Je m’en fous, que le temps soit un voleur… Je suis amoureux… et je sais que cet amour durera, par-delà la séparation et les années, mêlant sa couleur aux saisons futures, mais pas encore ! Sacha sera là, et bien là, tout à l’heure, j’ai tout le temps. Il sortira son étui à cigarettes en or, son unique possession de luxe… Après m’en avoir offert une, que je déclinerai, il le rangera dans la poche intérieure de son caban, contre sa poitrine, sur son cœur. Je penserai que je suis une de ses cigarettes, prisonnière de son cœur d’or… Quand il enlèvera son manteau, il gardera l’étui au même endroit, dans la poche-poitrine de sa chemise de cuir, et l’étui dessinera un carré supplémentaire, noir dans le carré noir de ses pectoraux. Je ne vais pas en faire une chanson… J’ai déjà la structure mélodique, bien sûr, Kurt Weill… Je ne vais pas faire chanter à Ian qu’il est une cigarette dans un étui, prête à être grillée ! Non, ça va être un petit swing très léger, très joli…
A cigarette out of a golden case
Your sensual mouth I want to caress
When I hear that Kurt Weill song
You sing in low tones
Your heart’s pure gold and I’m a thief *
J’ai rencontré Sacha au Kants, alors qu’il était de service au bar central, celui qui forme un carré au milieu de l’espace relax, là où l’on reste pour discuter avec ses potes et se regarder les uns les autres. Une ou deux centaines de mecs, presque tous en cuir exclusivement, avec cette attention à la réussite du look qui ne demande pas forcément des investissements faramineux, mais un minimum, et une vraie passion pour ce fétiche. Ce qui fait que, pour chacun de nous là-bas, il se dégageait une excitation délicieuse du seul fait d’être réunis en nombre. Comme beaucoup d’autres clients, j’aimais particulièrement la tranquillité avec laquelle on restait là à se rincer l’œil, à boire son verre, à échanger les nouvelles au milieu de ce climat ultra hot.
À l’étage inférieur, il y avait du sexe. Là, on changeait de planète, on entrait dans la quatrième dimension, à cause de l’obscurité qui rend attentif aux odeurs, cuir, fond de cave, odeur naturelle des hommes… Leur présence, ce sentiment génial de proximité, de nudité qui suffisait souvent à me rendre heureux, même sans participer. L’endroit était très spacieux. Une longue rangée de slings (sorte de relax suspendus, faits d’un soutien en cuir épais, d’étriers pour les pieds, et destinés à offrir son cul…) ; une autre rangée de cabines ; de larges banquettes le long des murs. Décor très nu, murs en béton et skaï noir sur les banquettes. Les couples se formaient, les “équipes”… Sans être toujours très beaux, les mecs étaient sublimés par les vêtements, les accessoires qu’ils portaient. Chaque scène érotique avait les qualités d’un tableau, les actes accomplis étant souvent très précis, avec un côté hiératique imposé par la délicatesse de certaines postures. Jamais d’agressivité dans les contacts, c’est très allemand ça. Si je devais entrer dans le tableau, cela se faisait naturellement, au feeling. Il n’y avait pas d’insistance dans la drague, ce qui était très neuf et très apaisant pour moi, obsessionnel du cul que j’étais, parmi ces gars qui me plaisaient tous tellement et qui m’apprenaient qu’on peut vivre sa fantaisie sexuelle sans en être dévoré, du simple fait de l’assumer, de la pratiquer librement, dans un cadre approprié, avec des règles. J’ai appris cela d’eux, mais pas tout de suite. Au début je faisais des bonds, je courais le samedi soir, à onze heures, pour rejoindre la file des demi-dieux qui attendaient l’ouverture des portes, menottes et matraque à la ceinture, fesses moulées et bombées, luisantes, exhibées et vivantes, bustes d’empereurs romains sous l’armure de leur cuir !
Et donc, il y a eu Sacha dans ma vie… qui réunissait la passion sexuelle et… l’amour, n’est-ce pas ? Cette merveille intégrale de la vie… qui est aussi une belle merde quand la vie commence à déconner par ailleurs, et qu’on n’est pas forcément à la hauteur. Mais nous avons été très heureux. J’ai été très heureux, et lui, c’était un gamin, dix-neuf ans, il était heureux d’être jeune. Il avait un tempérament très positif, très patient, très calme. Un petit garçon courageux et aimant, sous les apparences d’un guerrier, d’un héros de cinéma heroic fantasy. J’ai pris bien soin de lui, quand même.
La merde a commencé quand il est tombé malade. Il y a eu cette période atroce, entièrement captée par la mort. J’ai vu les gens tomber comme des mouches. J’enterrais un copain mort du sida, et en rentrant du cimetière, un message de ma mère sur le répondeur m’annonçait que ma marraine, que j’aimais tendrement, était condamnée. Cancer du foie, aucun espoir. Elle est partie en deux semaines. Quelques jours après, c’était une choriste qui avait tourné avec nous deux ans plus tôt, jeune maman qui quittait la piste après dix-huit mois d’angoisse, de lutte, d’espoir… d’abandon, à la fin. Leucémie. On a perdu Gégé, d’une overdose, à Londres. Mon Gégé… Et ce connard de Ian qui est tombé dedans après ça, je ne comprendrai jamais.
La mort frappait vraiment à la porte plusieurs fois par semaine. Je n’en pouvais plus de la mort, j’en étais plus que lessivé. C’était devenu le décor, une banalité de la douleur et du désespoir. C’est à cette époque que j’ai cessé de supporter les donneurs de leçons. Je ne me suis jamais senti aussi punk que durant cette période. Pas parce que j’étais hérissé au niveau de la coiffure. Punk… ce que j’entends par ce mot ? Le punk, c’est la taie brune dans l’œil bleu de Ian, celui qui a été amoché dans une bagarre, unique défaut dans ce visage parfait. C’est ce qui ne sera jamais en ordre. C’est avoir réalisé tous ses désirs et souffrir encore de tellement manquer. Souffrir de l’être que nous aimons et qui n’est pas là, de l’être qui est là mais qui ne vient pas dans nos bras… C’est ce par quoi notre vie fuit toujours par l’un ou l’autre côté… »
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* Une cigarette sortie d’un étui d’or
Ta bouche sensuelle que je veux embrasser
Quand j’entends cette chanson de Kurt Weill
Que tu chantes tout doucement
Ton cœur est d’or pur et je suis un voleur
© Frédéric Le Roux, 2020.
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Petit Biscuit - I Leave Again (Instrumental)
Le dernier Petit Biscuit (6 août 2020). Toujours aussi réconfortant et optimiste ! Que j’aime cette génération, quand elle a cet esprit-là…
#ecologie#musique#petitbiscuit#ileaveagain#fredericleroux#soothing#comforting#optimmistic#optimiste#reconfortant
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LE FAN
MON PÈRE A LES CHEVEUX LONGS, COMME MOI… (roman, extrait)
Une des scènes qui me rend le plus heureux, à cause de cette absurdité des prénoms, de la place centrale du gamin… De la note d’espoir que je place, précisément, dans la nouvelle génération…
« Séance de dédicaces à World Of Music, sur Augsburger Strasse.
IAN — Bonjour, tu t’appelles comment ?
AUDOUIN — Audouin.
— Pardon, tu dis ? Baudouin ?
— Non, Audouin… comme le roi des Elges…
— Tu es un rigolo, toi !
— Quand on porte un prénom comme le mien, on n’a pas trop le choix vous savez ! Mes parents sont pourtant des gens normaux… mais je sais pas à quoi ils ont pensé quand je suis arrivé. Ah, sur celui-là vous pouvez mettre Pour Cythise ? Ma sœur. Oui, je sais, elle a un nom d’arbuste… Avec un y en premier et ensuite un i… Je pensais pas que vous parliez le français…
— C, y… Et où donne-t-on aux enfants d’aussi jolis prénoms ?
— On est de Liège, je suis venu avec mon collège. Ils font Checkpoint Charlie là, je vais pas traîner. Mais je voulais vous demander… On se demandait… Comment vous fabriquez vos chansons ? Par exemple Zero absolu, c’est un truc de ouf, ça fout les jetons l’ambiance ! On peut pas le passer sur la chaîne à la maison parce que notre petit frère se met tout de suite à pleurer, et le chien grogne et montre les dents…
— Il s’appelle comment, le petit frère ?
— Oh, vous moquez pas ! Glorian…
— Je ne me moque pas… pas du tout.
— Non, c’est vrai, les espèces de gratouillis bizarres sur l’intro de Zero abs, qu’est-ce que c’est les instruments utilisés ? C’est pas des vraies guitares ?
— Sur l’intro de Zero abs on a joué des guitares saturées, mais ensuite on les a mixées en abaissant le volume, et en doublant la ligne avec un synthé.
— Un Roland ? TB-303 ?
— Tout à fait…
— Je le savais ! Et après il y a aussi une boîte à rythmes Roland n’est-ce pas ? Une TR-909 ? Et les sons d’animaux, les orques, les baleines ? Comment vous faites pour les rendre aussi puissants… alors qu’en fait on les entend pas fort ?
Je regarde le visage de ce gosse adorable. Douze ou treize ans…
— Ça, mon grand, c’est la magie du studio ! Tu es musicien ?
— Tambour. Et on fait de la house avec un pote à moi.
— Continuez à vous amuser… et surtout, ne vous prenez pas la tête ! Tiens, ça devrait te plaire ça, c’est inédit. Ouais, des maquettes, des samples…
— Génial, c’est trop, merci !
— Allez, te mets pas en retard.
— Oh, ça ira ! Merci, merci beaucoup ! Au revoir…
— Au revoir…
Que fait mon Peter à cette heure-ci, cet après-midi ? Met-il un disque sur son lecteur ? A-t-il déclaré à sa mère qu’il avait passé l’âge d’écouter Henri Dès, lui a-t-il réclamé un album d’Étienne Daho ? Si je laisse faire Nadège, elle va lui refiler ses vieux CDs de Goldman, il ne faut pas qu’il ait le goût déformé! Je suis sûr qu’elle se trompe, qu’elle passe du Schumann, du Beethoven dans l’appar-tement, tous les trucs plombants. Qu’est-ce que je pourrais lui envoyer ? Les Beatles, pourquoi pas, il faut commencer par la base ? Mais je suis con, il entend déjà Nirvana à la radio… à huit ans, ça n’a quand même aucun sens ! Oh, je sais, je vais lui envoyer des chansons rigolotes de Petula Clark, de Régine tiens, il va adorer. Henri Salvador, Émilie Jolie, tout ça, c’est bien… Et puis Pierre et le loup, avec la narration de Brel. Pour son oreille, et son esprit… pour la magie de son oreille d’enfant, merde ! »
© Frédéric Le Roux, 2020
photo : Dave Gahan at an albums’ signing
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Pourquoi ai-je écrit ce bouquin ? Parce que j’étais amoureux. Parce que j’étais dingo de Depeche Mode, fasciné par ce groupe… Que je redécouvrais, après des années de philosophie et de littérature classique, mon goût adolescent pour la pop… Je publie ici, pour fixer les repères, une 4ème de couverture possible…
Trois garçons, une fille. Un musicien, un chanteur, un homme sans talent, sauf celui d’être indispensable, une ingénue intelligente. Diverses histoires d’amour possibles en apparence, mais nous verrons qu’en réalité elles s’imposent avec un déterminisme implacable qui, malgré les séparations, ne fait pas machine arrière.
Au milieu des années 1980, à Oxford, Angleterre, Andy Brody pose les principes du retour à une certaine pureté du rock ; dans le même temps, il témoigne d’un don irrésistible pour lever les foules et les mettre à danser. Il forme un groupe que le succès va conduire, son chanteur surtout, aux splendeurs et misères de tant de rockstars…
Un fils est là, qui regarde et décrit, qui tache de vivre malgré les extravagances de ses parents et de leur petit monde.
Que peuvent devenir, une fois la séparation consommée, les membres du band le plus successful de son époque ? Le chanteur, Ian Cole, survivant extraordinaire de tous les excès, va-t-il y retomber à cause d’une remarque vexante et d’un médicament arrêté ? En mourra-t-il, cette fois ?
#monperealescheveuxlongs#roman#rock#popmusic#musiquepop#danser#fredericleroux#depechemode#amour#love#amateursdelivres#book
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-L’innocence n’existe pas , ce n’est pas si beau qu’on le dit l’innocence, ce qui compte c’est de savoir comment reconstruire l’innocence après qu’on l’a perdue, savoir si l’on peut renaître après avoir franchi le point de non retour.
Simona Vinci (via valerielemercier)
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Une ligne sous-jacente, dans “Mon père a les cheveux longs, comme moi…” : The Seagull. Ce mot — la mouette — est le nom de l’immeuble où Ian vit avec sa femme et sa fille ; c’est aussi un surnom pour lui-même ; enfin c’est le titre d’une scène à part dans le roman. Au cours d’une soirée où il est seul chez lui, le chanteur du groupe, Ian, est pris par le vertige du suicide.
Cette scène est postérieure à l’action du roman lui-même. Elle est divisée et disséminée, comme en filigrane, cinq fois au cours du livre, et ne trouve son dénouement qu’avec le livre lui-même. Alors, mourra, mourra pas ?
The Seagull (3)
NEW YORK, Greenwich Village, The Seagull
8 Bank Street, 6ème et dernier étage
23 décembre 2020, 23:47
Ian a passé un pull ; il allume une cigarette de sa marque exclusive, Silk Cut. En général, pas plus de deux par jour, le soir. Le reste du temps, il se sert d’une vapoteuse dosée à 3 mg de nicotine, ce qui est peu. Arôme : Framboise fraîche. Il sort sur la terrasse de son penthouse, tourne autour de la piscine, s’accoude au muret. Le Village est encore animé. Il y a de beaux et de moins beaux jeunes gens ; une grande partie des garçons a les bras intégralement tatoués ; les filles arborent des dessins moins encombrants, plus déliés. Ian se dit que son propre corps tatoué n’a plus rien d’original. C’est la rançon de la gloire.
Il se demande lesquels parmi ces jeunes ont téléchargé Moonlight, son nouvel album ? Depuis Bricks en 2005, sa première tentative solo, la foule de ses fans ‘d’avant’ lui est restée fidèle, et il a su séduire les générations qui les ont suivis. Ses chiffres de vente sont plus importants qu’à l’époque de Bricks ; jusqu’à aujourd’hui en tout cas…
Il a fini sa cigarette, qui était bonne. Il n’éprouve d’écœurement que moral, doublé d’une vive agitation neuronale. Il y a ces accès de froid malgré le pull en cachemire.
Toxicomane repenti, il avait gardé une petite boîte en marqueterie du Canada, contenant de quoi faire deux shoots mortels, comme un alcoolique abstinent conserve, pour le reste de sa vie, une seule bouteille de son alcool préféré, dont il regarde l’opercule scellé comme sa force. Va-t-il le faire, ce shoot ? Il se retient de téléphoner à son fils…
#fredericleroux#monperealescheveuxlongs#roman#livres#amateursdelivres#novel#rock#pop#davegahan#depechemode#tentativedesuicide#suicide#books#drama#comedy
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Petit Biscuit & Møme - Gravitation ft. Isaac Delusion (Official Audio)
Just feels good to me.
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The Smashing Pumpkins - Never Let Me Down Again (1994)
Whose song is it? Martin Gore? The Smashing Pumpkins? Well, it must be their natural daughter…
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