Eeey I haven't painted Drifter for a good while! Here's some new art. Painted for Zingus' video essay devoted to our beloved catboy the most beautiful pixel art game ever made.
(OCs in order): Steven Raksasa, Drama Queen, Bright Future, Zingus Zabloingus, Honey Walnut, Rawry, Ivonna Raksasa, Cerise Alurida, Queen Roxanne, Chaos, Robert Caridata, and meeeee :3 (Helya Bunne) most of them are on my refsheet.net page (the My OCs button in my carrd)
“Mais pour elle, je ferais tout.” A-t-on idée de croire à un féminin sacré et salvateur ? Relisez un instant ces couillons pathétiques des siècles passés. Avachis sur leurs tables de zingue, ils se poivrent sobrement le museau - tout en élégance, s’il-vous-plaît ; que dirais la légende sinon ? - et mêlent à leur absinthe frelatée leurs larmes de crocodiles. Oui, les Romantiques décérébrés, c’est bien vous que nous attaquons ! Et voilà que l’on sanglote sur le départ de celle-ci, que l’on soupire sur la disparition de celle-là, et voilà quelques jolis alexandrins, qui seront soupirés à leur tour par une bande de jeunes dépressifs, qui, par souci d'écologie, liront nous ne savons quels vers pleurnichards, à l’ombre d’un saule pleureur pour ne pas trop bronzer - et pour l’effet dramatique - qu’ils auront préalablement salopé de leur gobelet d’un breuvage immonde, mais bio, et avec leurs petites cigarettes mentholées, parce que, tout de même, l’opium, ça fait mauvais genre, et qu'après, ça fait rien qu’à nous donner des gazs. Remarquez, c’est ainsi que la plupart des Romantiques - et des étudiants en lettres - écrivent leurs torchons, qu’ils nomment littérature, ce qui est facile à faire quand on décide soi-même de ce qui est littérature ou non.
Vous connaissez bien ces vers plaintifs composés par les Victor Lamartine, les Alfred Chateaubriand et autres George Gautier. “Demain, dès l’aube, à l'heure où le temps suspend son vol”, cela vous évoque forcément quelque chose. Mais tout de même, se laisser abattre comme ça, par chagrin, pour écrire des conneries de surcroît. Franchement, il y a de quoi se pendre. À croire qu’ils ne s'étaient pas chauffés la cervelle - ou qu’ils l'avaient trop fait ; remarquez qu’il est difficile d'écrire après s'être plombé la poire -, les pauvres. D’autant que la lamentation sur la femme est déjà dépassée lorsque les Romantiques écrivent. S’ils avaient eu du goût, et un peu d'humilité, ils se seraient dits que d’autres avant eux l’ont fait, sûrement bien mieux qu’ils n’eussent pu le faire eux-mêmes, d’ailleurs, et ce seraient arrêtés là. Mais non, il fallait forcément faire mieux, faire neuf, et voilà des pleurs à tout-va, qui gangrènent encore les gribrouillons des merdeux qui savent tenir un stylo, parce qu’ils n’ont même pas la décence de savoir se servir d’une plume, et que l'encre, c’est pour l’imprimante.
Enfin, dans tout ça, ils écrivent sur la femme. Pas pour elle, pas à son propos, mais sur elle, se servant de la muse comme d’un support vers la postérité. Les mêmes muses qui sont délaissées, trompées, meurtries. Les mêmes dames qui sont cruelles lorsqu’elles éconduisent un amant, mais qui sont faciles si elles cèdent. Est-ce qu’on leur a demandé leur avis, d’ailleurs ? Nous vous entendons déjà vous offusquer : “Mais enfin, c’est un honneur d'être célébrée en tant que muse ! On devient aussi éternel que le poète, on participe à la culture qui nous élève…” Encore faudrait-il que la célébrée puisse trouver un écrivaillon de talent plutôt qu’un misérable qui l’expose au monde et aux générations futures simplement en fétichisant son physique n’ayant besoin d’aucun autre ornement que sa maigre nudité. Mais que voulez-vous ? Voilà de l’art, sans doute un peu cochon, mais n’est-ce pas là la fierté du pays et n’est-il pas bon d'être femme, d'être muse, dans un siècle où les hommes dominent et où on doit servir de pâture à l’inspiration de camés ? Que faudrait-il faire d’autre ? Écrire soi-même et risquer d’avoir du talent, ou, peut-être, n’en avoir aucun et se faire publier sous le nom d’un homme ?
Alors que vous bavez, d’une voix traînante : “Mais t’as vu comment Alfred il écrit trop bien”, nous giclons autant d'étoiles nacrées qui vous tomberont sur la gueule.