“Un jour j'ai entendu de la musique, depuis j'adore” - Charles Baudelaire
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semiwestern : chevauchée semifantastique
Projet texan porté par Ty Borhnstedt et ses potes, semiwestern sonne "comme si Elliott Smith s'était mis au shoegaze" d'après Stereogum. Difficile de faire comparaison plus élogieuse.
Je suis toujours un peu surpris de la manière dont mon algorithme Instagram parvient à viser juste sur certains sujets. C'est grâce à l'aspirateur chronophage de Meta que j'ai découvert semiwestern, joli projet d'origine texane aujourd'hui réparti un peu partout dans le pays. Sa musique évoque immédiatement Elliott Smith (on l'a déjà dit) et ce folk typique des années 90 qui respire le printemps et la joie de vivre. Personnellement j'y ai aussi vu pas mal de DIIV et donc de toutes les références shoegaze classiques qu'on a tendance à rabacher en boucle pour se donner une sorte de légitimité. Pour celles et ceux qui tenteraient de comprendre à quoi ça ressemble, il faut s'imaginer quelqu'un qui marmonne au milieu du brouhaha d'une soirée, jusqu'à ce que le tout devienne étonnamment cohérent à nos oreilles pour nous faire ressentir une nostalgie romantique venue d'on ne sait où. À côté de ça, les morceaux à la guitare acoustique sont à proscrire un dimanche soir d'automne pluvieux malgré de très élégants arrangements électroniques.
Convoquant des sujets aussi personnels que la séparation ou la peur de l'échec, son leader Ty Borhnstedt a gentiment répondu à mes questions envoyées en quelques secondes grâce à la puissance de l'Internet moderne.
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Formé avec Daniel Gonzalez autour d'une passion commune pour le tennis (un élément qui ne transparaît aucunement dans sa musique, sauf dans le nom, qui renvoie à une manière spécifique de tenir une raquette - ne m'en demandez pas plus), le groupe semiwestern, d'abord appelé The Vliets, gravite principalement autour de Borhnstedt, à la manœuvre sur l'enregistrement depuis sa chambre. "Résolument moderne" comme on dirait si on était encore plus ringard que ce qu'on est déjà, semiwestern fonctionne pourtant à la manière d'un autre groupe, présenté comme un phénomène mais totalement oublié aujourd'hui : Superorganism, qui avait réalisé l'exploit de signer sur le label Domino avec comme argument marketing sa formation n'existant qu'au travers des écrans interposés de ses membres, disséminés partout dans le monde, du Royaume-Uni à l'Australie. "Je pense que c'est assez fréquent de nos jours, me répond-il, pragmatique. Aujourd'hui, semiwestern est un projet plus solo qu'avant." Car si Borhnstedt, toujours installé au Texas, conserve le rôle de tête pensante, les échanges d'idées avec Gonzalez et Jeff Morisano (collaborateur de longue date, connu sous le nom Kissed Her Little Sister) sont encore et toujours de rigueur, quelque part entre l'Arkansas et le Connecticut. "Ça me manque parfois, confesse-t-il au sujet de cette époque révolue durant laquelle les trois amis se retrouvaient "pour de vrai." Peut-être que les choses avanceraient plus vite, et l’expérience est complètement différente quand plusieurs personnes écrivent ensemble dans la même pièce."
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Si la forme coule dans l'ère du temps, le fond n'est pas en reste : comme nous tous, Ty Borhnstedt se prend les affres de la vie moderne et les folies du monde en pleine poire. Résultat : une perte de foi dans ses passions et ses inspirations. "Je suis passé par une phase où je n’avais même plus envie d’écouter de musique, et puis un jour, c’est revenu." De quoi se soulager la conscience et nous rappeler que l'envie de créer, le syndrome de l'imposteur et l'ensemble des autosabotages récurrents, comme des réflexes nous empêchant d'accomplir des choses plus vraies que ce qui constitue tout le reste de nos quotidiens un peu tristes, sont des épreuves sur le chemin, mais fort heureusement jamais sa destination finale. "Aujourd'hui, ni l'échec ni les critiques ne me dérangent vraiment" raconte-t-il, serein mais non sans une pointe de regret. "J'aurais aimé mettre plus d'efforts dans certaines choses."
Tout ce foin pour un projet dont le dernier album date de 2023 me direz-vous (exception faite d'une reprise de Johnny Dynamite & The Blood Suckers sortie l'été dernier) ? Pas tout à fait, puisque Ty n'a pas vaincu ses démons intérieurs pour rien : "J'espère avoir un album fini d'ici quelques mois, peut-être cet été si tout se passe comme prévu. Il y a aussi une tournée en préparation." De là à envisager un passage en France ? Très possible, d'après le principal intéressé...
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Pour écouter semiwestern avant que son syndrome de l'imposteur ne prenne le dessus et qu'il arrête à tout jamais de faire de la musique :
Bandcamp - Spotify - Apple Music - Soundcloud - Deezer - Tidal - Amazon Music
#semiwestern#the vliets#Ty Borhnstedt#Jeff Morisano#Kissed Her Little Girl#indie rock#indie#folk#folk music#elliott smith#diiv#Daniel Gonzalez#superorganism
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Faux Real : vrai cool

De passage à Paris pour un concert mémorable au Trabendo, les deux frères m'ont fait m'interroger sur un sujet qui revient en boucle : c'est quoi le cool ? Et comment éviter ses dérives ?
Qu'elle peut être dure, la tâche. Celle qui consiste à se faire voir en évitant d'aller se faire voir aux yeux et aux oreilles d'un public potentiel plus sollicité que jamais. Comment se donner des allures de popstar quand la concurrence n'a jamais été aussi diverse, variée et surtout omniprésente ?
Il y a quelques années encore, une éminence de la critique rock française (JD Beauvallet dans mes souvenirs, mais à vérifier) défendait à juste titre l'intérêt des médias spécialisés et des intermédiaires, dans un océan artistique et culturel impossible à écrémer, même pour les algorithmes des plateformes. Si une écoute passive (aucun jugement là-dedans) suffit largement à faire illusion, pouvoir compter sur des gardes-fous, suivre des suggestions humaines serait un juste retour des choses pour une presse spécialisée ravagée par Internet et ses fausses promesses de gratuité. Si la prophétie ne s'est malheureusement pas réalisée aujourd'hui, il en va évidemment de la responsabilité des artistes de redoubler d'efforts pour se démarquer, parvenir à jouer des coudes d'une manière ou d'une autre.
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Alors en quoi le duo Faux Real y parvient-il ? En évitant de se moquer de son public pour mieux se moquer de lui-même, aurait-on envie de répondre. Son premier EP a été produit par Jay Watson de Tame Impala, et l'album fraîchement sorti, Faux Ever, a été publié sur le label City Slang (Caribou, Los Bitchos, Sprints, Jessica Pratt). Autant de gages de qualité pour une pop ultra calibrée (dans le bon sens du terme), évoquant autant les références précitées que des groupes comme The Garden qui se prendrait moins au sérieux (faut pas déconner non plus) ou encore Parcels et Please, respectivement adoubés par Daft Punk et Justice, avec pour trait d'union une affection toute particulière pour un groove antidaté aux 70's et des arrangements de la décennie suivante.
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Mais y a quoi de drôle là-dedans ? Dans l'imagerie que renvoient les frères Virgile et Elliott Arndt, franco-américains partis s'installer à Los Angeles pour y alimenter cette soif de kitsch, de chorégraphies face caméra subtilement travaillées pour faire croire juste ce qu'il faut que tout ça n'est qu'une vaste blague. Les moues sont très concentrées, les pauses un peu ridicules ; il y a quelque chose d'un peu candide chez Faux Real, et c'est bien pour ça que le (très réussi) premier album du duo prend tout son sens en live.
En assumant complètement l'aspect boys band, sans musicien, les deux frères performent un peu comme dans un cirque, avec l'énergie qui caractérise leur musique, n'hésitant pas à faire un tour dans la fosse pour scander comme s'ils remplissaient un Zénith - il y a forcément un peu d'ironie dans cette démonstration de partage, qui galvanise la foule comme si elle était dix fois plus imposante. Un petit tour de force quand on y pense.
S'il est toujours difficile de définir le cool (surtout pour quelqu'un comme moi, habitué à avoir en moyenne cinq ans de retard sur les tendances), le cool a bien défini Faux Real. Ce qui ne les a pas empêchés de bosser leur copie : une pop contagieuse, presque désarmante et avec, petit bonus esthète, une cohérence artistique comprenant sa pincée d'autodérision. Dans le grand désert des projets tentant de se démarquer comme s'ils avaient déjà conquis les foules qu'ils ambitionnent, voilà une oasis rafraîchissante.
Pour écouter Faux Ever de Faux Real - et peut-être tenter de reproduire le signe à deux mains avec une personne de confiance :
Bandcamp - Spotify - YouTube - Apple Music - Soundcloud - Deezer - Tidal - Amazon Music
Sources : France 24, Konbini
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GIVERZZ : tout à donner
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Formé par d'anciens de la scène indé française (Still Charon, The Sapphics, L'An2000, Penny Was Right), ce véritable supergroupe débarque avec l'addictif « White Slush ». Rencontre avec Clément (chant) et Wandy (guitare) pour une interview-fleuve jusqu'aux confins de l'Australie...
Comment est né le projet ? Je crois savoir que vous êtes un peu un « supergroupe » comme on dit…
Clément : C’est un projet qui nous tenait à cœur depuis un petit moment. On a fait une coloc ensemble à Paris en 2011 avec Benoît (batteur) et Caradec (guitariste). Cette coloc s'est finie avec Wandy (guitariste) et Cara en 2021, donc ça a duré dix ans. On avait tous des projets chacun de notre côté et on s'est dit qu'on aimerait bien faire un projet tous ensemble. Ça nous a pris du temps, mais tous les quatre plus Guillaume (ex-bassiste) qui était avec moi dans les Sapphics, on a fini par trouver l'espace disponible.
Wandy : On est arrivés à Nantes, Guillaume est parti et c’est Clément qui connaissait Florian (ex-Still Charon) de Limoges, un super bassiste qui a pu le remplacer. On est restés à cinq.
Clément : C’est un groupe qui a longtemps été en gestation. On a commencé sur Paris, on répétait dans ma cave à Issy-les-Moulineaux, avec une batterie électronique pour pas faire trop de bruit.
Wandy : C’était bas de plafond aussi !
Clément : Puis on a commencé à tous déménager vers Nantes, et le projet s'est complètement arrêté. À ce stade on répétait peut-être une fois tous les ans, voire tous les deux ans. Pour l'anniversaire de Cara, on a joué nos quatre chansons. On a essayé de garder le groupe sans qu'il n'existe vraiment. Mais quand on est tous arrivés sur Nantes finalement, on s'est dit « Vas-y on reprend » et cette fois-ci, on y fout un vrai coup. Au début, c'était quand même un projet...
Wandy : Blague ?
Clément : Je dirais pas blague, mais c’était un projet pour se faire plaisir. On avait encore tous nos groupes à côté. Donc, au tout départ, c'était pas si évident que ça, et ça l'est devenu quand on est arrivé sur Nantes. À ce moment-là j'avais plus de groupe, Cara s’était éloigné de Penny Was Right, L’An2000 (groupe de Wandy et Benoît, ndlr) était en repos, donc on avait tous du temps. Guillaume a dû nous quitter parce qu'entre le boulot et les enfants, il n'arrivait pas à tout maintenir de front et comme Wandy a dit, Florian nous a rejoint. Voilà la formule actuelle !
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Pour rappel, ça s'appelait GRAS avant, c'est ça ?
Clément : Absolument. Moi j’étais pas forcément fan ! (rires) J’ai beaucoup poussé pour changer de nom. Je m’y retrouvais pas trop.
Wandy : C’était très détente quoi !
Clément : Je trouvais que ça sonnait pas très bien avec le projet qu'on amenait derrière. J'ai beaucoup poussé pour qu'on change. Benoît était plutôt d’accord, Wandy et Cara étaient plutôt du genre à dire « Ouais on aime bien. »
Wandy : Personne n'était fermé au changement, mais disons qu’il y’en a à qui ça allait mieux qu’à d’autres ! (rires)
Et comment vous avez choisi GIVERZZ au final ?
Wandy : C’est Clément qui a trouvé ! Comment ça t'est venu ?
Clément : On est passé par je sais pas combien de noms avant de s'arrêter sur celui-là. C’est surtout les deux Z à la fin, je voulais un truc qui sonne comme les noms qu'on aime bien, Skegss, FIDLAR - bon c’est un acronyme, mais…
Wandy : Graphiquement c'est joli, tu regarde à la fin, il y a un truc esthétique.
Clément : Je voulais un nom en un mot, et pouvoir le distordre un petit peu. J’avais proposé deux ou trois noms avec les deux Z comme ça, et c'est celui-ci qui a retenu l’attention.
Et tous ces anciens projets, vous pensez qu’ils ont nourri celui-ci ?
Clément : On a tous amené quelque chose. Chacun arrive avec sa patte, son vécu. C’est un des trucs qui justement nous a pas mal coincés puis décoincés dans la composition. Au départ, chacun avait une idée très arrêtée sur les chansons. Jusqu'au moment où on s'est rendu compte que chacun amenait une part de lui dans chaque morceau, ça a fini par nous débloquer. Par exemple, les sons de guitare de Wandy et de Cara se mélangent très bien. J'aime beaucoup la musicalité de Wandy, les arpèges qu'il peut amener. C’est un élément qu’il ramène de L’An2000 et on le retrouve ici, à sa manière. Pareil pour ma voix, j’y mets peu de différence avec ce que je faisais dans les Sapphics, même si je suis un petit peu moins gueulard peut-être. Mais ça reste quelque chose qui vient de là.
Wandy : On a tous l'habitude de travailler avec nos anciens groupes. Moi j'ai l'habitude de bosser avec Benoît et pour le coup, on a peut-être notre façon de faire de la musique. Au début c'est un peu compliqué de faire la même chose avec des gars différents. Tu te retrouves dans une salle à composer et le travail n'est pas le même, tu vas bosser avec les sensibilités différentes de chacun alors qu’on aime pas forcément les mêmes choses, même si la base est quand même là. Même si t'as ta façon de jouer, tu vas amener une musicalité ou une rythmique qui vont être plus ou moins différentes. Pour Cara par exemple, je ne sais pas s’il y a énormément de choses qui changent par rapport à Penny Was Right, mais en tout cas, tout ça, ça se lie bien. En gros toutes les musicalités font que ça fait le son de GIVERZZ et pas juste ceux de nos anciens groupes.
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En parlant de composition, comment ça se passe tous ensemble ? Chacun amène des idées ou c’est plus « vertical » ?
Clément : Au début sur Paris, on bossait pas mal les idées ensemble. C’était un peu comme ça venait. « Ah tiens vas-y je vais bosser ça » et puis on décortiquait le truc ensemble. Mais au bout d'un an, on s’est rendu compte que c’était assez limitant cette façon de faire. Quand on s'est retrouvé à vraiment composer, cette méthode a fini par ne plus marcher des masses. On brodait vachement. Cara est pas à l'aise là-dedans, il aime bien pouvoir potasser un peu le truc chez lui, et je crois que ça a commencé à mieux marcher pour nous à partir du moment où une personne arrivait avec une idée déjà bien établie. Il enregistre une base, des fois avec du refrain ou un semblant de mélodie de chant, voire un chant déjà fait. Une espèce de maquette du truc quoi, histoire que tout le monde se mette dans l'ambiance et que chacun puisse après derrière dire « Moi je changerais bien ça. » Quand on fonctionne comme ça en partant d'un produit déjà fini, qu’on a déjà déblayé à au moins 50%, c’est plus facile de créer des changements, d'amener de nouvelles choses.
Wandy : T’as l'ambiance qui va être faite pour après peut-être déconstruire la structure et les mélodies, etc. Donc ça mâche un peu le travail, ça rend les choses un peu plus faciles aussi.
Clément : Au lieu d'amener juste un riff et dire « Ouais j'ai trouvé ce riff-là, vas-y on développe ! » Ça, ça donnait pas grand chose. En fait, ce riff-là, tu peux l'amener dans un morceau complètement construit ou dans une espèce de maquette, rajouter une basse ou une batterie de logiciel derrière. Tu définis un petit peu ton ambiance. C’est là qu'on peut broder derrière, et ça marche beaucoup mieux que si on avait juste amené le riff à la guitare et qu'on l'avait joué à vide devant tout le monde.
Wandy : On met pas mal son ego de côté. C'est bien, parce que ça nous apprend à bosser à plusieurs. Cinq, c'est quand même un bon groupe ! On était trois dans L'An2000, même si toi Clément vous étiez déjà cinq (au sein des Sapphics, ndlr). Mais c'était un peu la première fois qu'on bossait à autant. C’est pas mal de mettre son ego de côté, d’écouter les uns les autres et d'essayer de ravaler sa fierté sur la matière qu’on ramène individuellement.
Ce morceau, « White Slush », est hyper entêtant, et je crois reconnaître un petit peu vos influences, notamment celles de la West Coast. Qu’est-ce que vous amenez individuellement et collectivement à ce niveau ?
Wandy : On a pas mal de références communes : tout ce qui va être Skegss, FIDLAR, toute la scène un peu australienne... Violent Soho...
Clément : Hockey Dad aussi... Tu dis West Coast américaine, mais on est beaucoup plus braqués sur l'Australie. Skegss, Dune Rats, Violent Soho, c'est les trois influences de départ. Il y a aussi une base de FIDLAR, donc il y a bien un peu de cette West Coast, mais dernièrement, l'Australie a vachement pris de place dans nos têtes. Tous les ans on va à Binic (dans le cadre du Binic Folks Blues Festival, ndlr), c'est une programmation à 50% australienne. C’est un endroit où on chope un petit peu des idées, des influences aussi. Il y a beaucoup de groupes australiens qui nous parlent beaucoup.
Wandy : Un peu de garage ensoleillé ! (rires)
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J’ai l’impression que se lancer dans un groupe à guitares, en chantant en anglais, en France en 2025, c’est limite revendicatif. C’est important pour vous de rester fidèles à vos influences ?
Clément : Je crois que je suis incapable de chanter en français - en tout cas pas comme je le fais là. Il faudrait que je reparte de zéro quasiment. Je le vois là, on fait une reprise en français et je sens que je la chante pas pareil. J’ai fait que de l'anglais pendant quinze ans, du coup j’ai plein de choses à revoir si je veux chanter en français. Tu chantes pas exactement pareil. Je sais pas comment dire, mais dans les intonations par exemple, t'as pas les mêmes accroches sur les mêmes sons... C’est quelque chose qui se réapprend. Si tu me laisses trois ou quatre ans, peut-être que je pourrais te sortir un set crédible, mais ça demande du temps. Alors que sur l'anglais, je le fais depuis dix, quinze ans, ça me pose moins de problème. Parfois c'est peut-être plus long de trouver, d’écrire parce que c’est pas ma langue maternelle. Le manque de vocabulaire peut me frustrer aussi, mais au final je sais faire que ça.
Wandy : Et il le fait bien !
Et cette scène nantaise, elle ressemble à quoi ? Vous vous sentez pas trop seuls ?
Clément : On a fait assez peu de rencontres pour le moment...
Wandy : On n'est pas encore calés dans le milieu.
Clément : Mais il y a de chouettes artistes ! Rien qu’avec ce qui a émergé après la fin de Von Pariahs : Swirls, Pamela, Tantric Club, Mad Foxes, Tickles... Y a plein de groupes cool ! Treaks aussi.
Wandy : Y a une bonne grosse scène indé bien cool à Nantes. Et pour les lieux, y’en a toujours, ça se renouvelle quand même pas mal.
Clément : Là par exemple, on est à la Lune froide. C’est cool !
Wandy : GIVERZZ, c’est un tout petit truc pour l’instant. On essaie de voir ce que la recette donne sur scène et au final, on prend un plaisir énorme à jouer ensemble devant des gens. Personnellement, j'ai envie de faire que ça ! Pour l’instant ça s’est très bien passé, on a une bonne réception.
Clément : Moi ça faisait des années que j'avais pas fait ça. Et j'avais une petite appréhension, à me demander si j’en étais encore capable, voire si j’en avais encore envie. Et en fait j’avais juste oublié à quel point c’était cool. C’est génial, et très addictif.
Sans gâcher l’effet de surprise, le clip de votre premier morceau, « White Slush », a de la gueule. Comment vous avez fait ?
Wandy : Petit bonus qui s'appelle Benoît Aubert, batteur du groupe, réalisateur dans le civil. C'est un gars très talentueux qui a fait énormément de clips. C’est à lui qu’on doit ceux de L’An2000 notamment, on a la chance de l'avoir et pour le coup il a fait un travail assez exceptionnel en terme d'image et même d’idées. On les a eues plus ou moins ensemble, mais il les a concrétisées. Il gère tout quoi, de A à Z ! (rires)
Clément : On a la chance de pouvoir être assez autonomes là-dessus. Lui, c'est un peu « Monsieur Image » du groupe, on l'a missionné pour valider toute la partie visuelle, même si on a tous notre mot à dire, bien sûr. Mais globalement, c'est lui qui a le plus de légitimité sur l'identification du groupe. Il savait déjà qu'il voulait clipper les morceaux et continuer comme ça tant qu’il aurait envie de le faire. C'est cool de l’avoir !
Et la suite, c’est quoi pour GIVERZZ ? Me dites pas que vous avez pondu un clip aussi travaillé sans qu’il y ait autre chose derrière…
Wandy : L’Olympia déjà ! (rires)
Clément : D’ici fin d'année, début d'année prochaine, on aimerait bien commencer à enregistrer quelque chose…
Wandy : On n’est pas encore sûrs du format, mais on peut prévoir au moins un EP. L’été dernier, on a enregistré deux titres, dont « White Slush ». L’autre viendra plus tard. Et puis le but c'est d'aller jouer quoi !
Clément : Déjà, dans un premier temps, faire des concerts pour défendre ces deux titres. Et puis dans un deuxième, enregistrer la suite. Mais ce n'est pas pour tout de suite, ce sera plutôt fin d'année.

Pour écouter « White Slush » et tous les futurs morceaux de GIVERZZ :
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Comme Bob Dylan, Elias Rønnenfelt chante mal les plus belles chansons du monde

Pas évident de savoir à qui s'adresse la musique d'Iceage, groupe danois dont Elias Rønnenfelt est le charismatique leader : d'abord hardcore, elle s'ouvre à partir de leur troisième album, le dramatiquement romantique Plowing Into the Field of Love (2014), faisant exploser les références gothiques, de Joy Division à The Birthday Party. Un virage post punk négocié à 180° qui a dû laisser bon nombre de fans de la première heure sur le carreau. Mais s'il y a bien une constante dans la carrière du groupe, c'est la voix de son chanteur, dont les capacités (moins évidentes lors de la première phase du groupe) ont pu être moquées lorsque Rønnenfelt a eu la drôle d'idée de chanter comme s'il ne savait pas vraiment le faire.
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Loin des guitares assommantes d'Iceage, Elias Rønnenfelt a écrit son premier album solo, Heavy Glory, sur les routes d'Europe, libéré de ses surcharges électriques. "D'habitude je suis entouré d'Iceage, un groupe puissant à la force incroyable. Mais là, j'ai appris à tenir debout sur mes jambes tout seul" confiait-il à New Noise.
Un procédé qui rappelle celui du plus célèbre des musiciens vagabonds, Bob Dylan, à qui Rønnenfelt emprunte aussi cette manière de chanter loin des canons du genre, assumant une voix pas tout à fait taillée pour les grandes carrières pop. Mais peu importe, puisque le but affiché est ailleurs : écrire des chansons déchirantes à l'excès, se mettre en scène comme un junkie errant quitte à attirer, une fois n'est pas coutume, les railleries de quelques apôtres de la sobriété (et franchement, on les comprend un peu).
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Pourtant, si les manières de l'artiste peuvent gêner, difficile de lui enlever ses belles références, de Dylan sur "Like Lovers Do" à Lou Reed sur "Sound of Confusion", chanson empruntée à son ami Sonic Boom du groupe Spacemen 3. Même Iggy Pop a avoué être charmé par la plume de l'artiste danois - et ne me dites pas qu'on peut la faire au parrain du punk.
Avec son disque romantique et épuré, écrit dans des conditions qui confèrent au cliché de l'artiste maudit vaguant là où le vent le porte, Elias Rønnenfelt continue de porter ce premier degré, cette gravité brandis au bout d'une voix qui tente sans jamais transformer totalement l'essai. Un charme qui passe ou qui casse.
Lors de la sortie du dernier album d'Iceage, Seek Shelter (2021), il confiait à Pitchfork, à propos des sessions d'enregistrement de la chorale utilisée sur certains morceaux :
"Comme je n'ai aucun bagage technique et que j'apprends à chanter au fur et à mesure de mes erreurs, j'ai presque douté de ma capacité à travailler avec des gens qui savent vraiment le faire. J'avais peur que notre travail en pâtisse et qu'on adopte la mauvaise approche."
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Un sérieux de façade pour tenter de masquer l'évidence : Elias Rønnenfelt est câblé comme tout le monde et souffre du syndrome de l'imposteur. Une manière comme une autre d'assumer des choix artistiques, même lorsqu'on est un chanteur qui ne sait pas chanter. Après tout, ça a marché pour d'autres.
Pour écouter Heavy Glory d'Elias Rønnenfelt et profiter de son affreuse pochette :
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Wunderhorse : champions du monde 98
En 1998, j’ai 8 ans, les Pokémon battent leur plein et je suis très loin de me soucier de la musique. À la maison on écoute Michael Jackson, Richard Gotainer ou des compil’ de musiques de films célèbres. Je me souviens que mon frère s’amusait à nous poursuivre moi et une amie de mon âge que gardait ma mère, en prenant un vague air effrayant sur la musique de SOS Fantômes.
1998, c’est aussi l’année durant laquelle Wunderhorse aurait pu faire son nid. Sauf qu'on est en 2025, ce qui prouve bien que malgré sa folie marquée par des dates comme les 11 septembre et 13 novembre, le monde reste régi par les inexplicables lois de la mode et de ses éternels cycles.
Projet originellement solitaire porté par Jacob Slater (tête pensante des Dead Pretties), Wunderhorse trouve son rythme de course avec l'arrivée de Harry Fowler (guitariste et fils de Kim Wilde), Peter Woodin (bassiste) et Jamie Staples (batterie). Le groupe se forme dans les Cornouailles, cet étrange bras de terre situé à l'extrême sud-ouest de l'Angleterre et semblant tendre sa main en direction de la sœur patrie des Amériques.
Et d'Amérique, de grands espaces de de rêves brisés, il en est bel et bien question sur Midas, sorti à la fin de l'été. Après Cub, premier essai en solitaire pour Slater, Midas fait vraiment office de point de départ pour le quatuor, de l'aveu même de ses géniteurs. Un vrai disque de groupe avec du caractère (ce qui pouvait faire défaut à l'effort précédent), enregistré dans les mêmes studios que ceux utilisés par Steve Albini pour In Utero de Nirvana. Une filiation américaine évidente, tant le quatuor s'évertue avec brio à épouser les codes du grunge, la poésie post-rêve américain de Springsteen, voire même la science du riff de stade façon Foo Fighters. En témoignent des titres comme "Midas", la lente explosion sur "July" qui rappelle tantôt "My Hero", tantôt "In Bloom" (ça ne s'invente pas) ou encore l'immanquable power ballad "Aeroplane", qui vient conclure un disque fougueux comme si on l'avait acheté au rayon CD de l'espace culturel du Mammouth local.
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Et ce qu'il y a de bien avec Wunderhorse, c'est qu'ils mettent du cœur à l'ouvrage. Le rock étant par essence une musique de posture, rares sont les artistes à adopter le bon ton sans tomber dans la caricature, rendue d'autant plus ridicule que l'heure n'est plus vraiment aux riffs, aux index levés et aux ritournelles grossières, sans paroles, qui permettent à des stades entiers de croire chanter en symbiose avec leurs idoles (n'en déplaise à cette vieille truffe de Jared Leto). Donc quand, grâce à ce bon vieil algorithme YouTube, on tombe sur une vidéo de quatre mecs qui jouent de la guitare comme si l'avenir d'un monde qui n'en a plus grand chose à faire depuis bientôt 20 ans en dépendait, sans (trop) tomber dans des grandiloquences balourdes, forcément, ça a quelque chose de touchant.
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Pour écouter Midas de Wunderhorse :
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Sources : NME, Rolling Stone UK, Hot Press, DORK
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Saul Adamczewski a sorti le plus bel album de Noël post apocalyptique

Limogé de la Fat White Family, l'artiste aujourd'hui exilé à Londres a traversé des tempêtes personnelles pour enfin sortir un magnifique premier album, Adventures in Limbo. Il reviendra en 2025 avec son autre groupe, Insecure Men, comme la promesse d'un avenir radieux. Rencontre
Parler à Saul n'a pas été une mince affaire. Non pas que le monsieur soit assailli d'interviews, surtout en France où sa notoriété reste à ce stade relative. Disons simplement que nos emplois du temps respectifs, très occupés par le vide qui les caractérise, se sont tourné autour quelques jours avant d'avoir la certitude que quelques minutes passées ensemble au téléphone allaient plus valoir le coup que d'étendre la deuxième machine de la journée.
J'ai toujours écrit des espèces de morceaux de country triste
Fort heureusement, Saul Adamczewski est un homme patient. Et de patience, il en a eu bien besoin ses dernières années : se prenant la crise du Covid et le Brexit de plein fouet, c'est l'isolement suscité par le premier, en bord de mer en compagnie de son ex-femme, qui l'a poussé à écrire Adventures in Limbo, disponible depuis 2023 sur YouTube de façon plus ou moins légale suite à un démêlé avec le label Domino (Arctic Monkeys, Franz Ferdinand) et de gros soucis de drogues. "Cela faisait des années que j'avais un problème avec le crack." Une situation intolérable qui poussa le label à annuler la sortie du disque au dernier moment, conduisant Saul à sombrer dans une spirale infernale. "J'étais marié, j'étais papa. Et je me suis totalement vautré dans la drogue. J'ai fini par réaliser que je n'étais plus avec ma femme, que je ne pouvais plus voir mon enfant. Et en plus de ça on m'interdisait de publier ma musique." Il documenta sa souffrance sur son compte Instagram, s'affichant à l'hôpital et invitant son audience à exiger du label la sortie du disque. "Je n'ai pas été hospitalisé à cause de la situation avec Domino, mais je voulais que les gens leur mettent la pression. (...) Je vais mieux maintenant, mais j'ai clairement fait une dépression nerveuse l'année dernière."
Vivre en bord de mer, ça peut rendre fou
Des embrouilles qui lui ont coûté sa place au sein de la Fat White Family, fragilisée par les affaires de harcèlement visant le label américain Burger Records (sur lequel le groupe avait sorti ses deux premiers albums au format cassette, pour rappel) : "Le boss de Domino a appelé Lias (Saoudi, leader de la Fat White Family, ndlr) et lui a dit que Pink Floyd était devenu le plus grand groupe du monde après qu'ils se soient débarrassés de Syd Barrett." Un message plutôt explicite, même si Saul me précise que des divergences internes existaient déjà : "Je voulais faire de la drone music mais eux ils voulaient, genre, chanter." Même pour cette team de punks londoniens, Saul sentait le soufre : "Les gens pensent soit que je suis fascite, soit que je suis raciste, soit que je suis fou." En m'avouant sa fascination pour les totalitarismes en général, jugeant les excentricités de Mussolini "camp", on peut comprendre que Saul puisse avoir du mal à se faire comprendre et à s'entourer. On se rappelle aussi que Lemmy de Motörhead, porte étendard de la liberté rock'n'roll et connu pour avoir été l'homme le plus simple et gentil du monde, collectionnait les artefacts nazis, fruit d'une fascination que certains pourraient qualifier de morbide. Cautionne-t-on ce qui suscite notre intérêt ? Impossible de le penser au contact de Saul. Et si par malheur vous imaginiez qu'il aurait mis un portrait d'Hitler comme photo de profil Instagram, perdu : il s'agit d'Austin Osman Spare, artiste occulte du XIXème siècle britannique, "comme Aleister Crowley, mais en bien" me répond-il, amusé.
J'ai fini en taule quelques fois
Aujourd'hui, tout va bien (ou presque) : si son visage émacié, ses grands yeux bleus et sa dent en moins caractéristique portent les stigmates d'une vie d'excès, Saul Adamczewski vient malgré tout de publier officiellement Adventures in Limbo sur toutes les plateformes rémunérant très mal les artistes. Un disque magnifique, rempli de douceur et de mélancolie, proposant ponctuellement des thèmes que l'on se surprendrait à murmurer au coin du feu, le regard perdu pendant un repas de Noël trop bruyant et dont les flammes vous auront extirpé pendant un moment. Un quasi disque de Noël quand on ne connaît pas le background chaotique qui lui a servi d'humus.
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Remis d'aplomb, Saul s'apprête à remettre plusieurs pièces dans la machine : d'abord avec The Coward, projet fondé en collaboration avec John S. Hall, un nom bien connu de l'avant-garde new-yorkaise à l'œuvre notamment au sein de King Missile. L'album devrait arriver d'ici fin janvier. Ensuite avec Insecure Men, side project fondé aux côtés de Ben Romans-Hopcraft du groupe Childhood, dont je garde un souvenir ému du premier album paru en 2018, entre pop, doo-wap et ballade de bord de mer avec un saxo pied au plancher. Une suite qui devrait arriver d'ici le début de l'été.
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Enfin, Saul travaille déjà sur un autre album en solo, aidé par Sonic Boom de Spaceman 3, à qui il doit la vie de son propre aveu. Un projet en forme de bouée de sauvetage, l'artiste ayant semble-t-il trouvé un autre moyen de s'exprimer : "Je ne peux plus écrire de poésie pour mes paroles, j'ai juste besoin de dire ce que je ressens. C'est comme ça que j'ai commencé à écrire plus de chansons d'amour. Et je crois que c'est plutôt une bonne chose, à vrai dire."
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Pour écouter (officiellement) Adventures in Limbo de Saul Adamczewski :
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shame : dernier verre avant la fin du monde

« Je suis pas vraiment une gravure de mode. Et je n’ai rien à donner. Mais si tu penses que je t’aime, tu te goures » chantait Charlie Steen dans « One Rizla », tiré du premier album du quintet londonien - de quoi démontrer l’étendue de la modestie de sa musique. Il faut dire que shame (écrit en minuscules, ça fait sens) n’a jamais prétendu offrir autre chose qu’un revival punk désarmant d’honnêteté, à une époque où des groupes comme Slaves, Fontaines D.C. ou (dans une mesure un peu différente) la Fat White Family, semblaient lui faire reprendre du poil de la crête.
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Comme un effet de mode trop éphémère, que sont-ils devenus ? Une chose est sûre : shame vient de sortir un nouvel album très réussi, et d’une variété insoupçonnée. « On sait qu’on ne sera jamais le groupe le plus populaire au monde » témoignent-ils, lucides. Un constat qui fait du bien pour deux raisons. La première : who cares? Qui s’attend encore à trouver la rédemption de la musique populaire dans un groupe de rock (à part peut-être les fans des Foo Fighters) ? La seconde découle un peu de la première : enfin. Enfin entend-on de jeunes rockeurs conscients que le genre, s’il serait évidemment putassier de le considérer comme mort, est passé à une autre étape. Celle hors des courants de la mode, de la musique qui parle à celles et ceux qui vont, peut-être (l’espoir fait vivre), changer le monde. Le rock fut cette musique. Il a d’ailleurs infusé de son énergie tout ce qui s’est fait après et qui continue de se faire, il n’y a aucun doute. Et peut-être le redeviendra-t-il un jour. Mais il ne l’est plus, et l’entendre dire, aussi fatale puisse la sentence résonner, fait du bien.
Peut-être est-ce un constat à établir pour pouvoir avancer - si tant est qu’avancer serve réellement à quelque chose. Peut-être que le meilleur rock proviendra de ce léger nihilisme mourant, rampant, qui tente de tirer par le pied le genre dans son marais d’origine - en dépit des prédictions d’un Alex Turner très sûr de lui.
C’est peut-être dans ce constat que shame est allé puiser l’inspiration pour Food for Worms, conscient de son fardeau. Car en conservant l’énergie qui caractérise le groupe londonien, on y retrouve des influences pour le moins surprenantes, comme les Red Hot lorsqu’ils reprenaient « Higher Ground » de Stevie Wonder (« Six-Pack »), ou même Coldplay (« All the People »). Moins étonnante, la filiation avec les Pogues et leur capacité surnaturelle à donner l'envie à quiconque d'empoigner son voisin de bar pour lui déclamer sa flamme (« Adderall »).
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Aucune honte ici, juste le bout du raisonnement, celui qui consiste à dire que le rock est partout, et que même les punks l’ont compris en intégrant des bouts de toute l’histoire qui en a découlé, sans jamais faire preuve de snobisme ou d’un élitisme aujourd’hui réservés aux vieux cons. Est-ce vraiment étonnant, de la part des plus nihilistes d’entre nous ? Le bout du chemin n’est-il pas d’embrasser la fin des temps en contemplant le cataclysme main dans la main, plutôt que de se fracasser des pintes de bière sur le crâne et d’hurler la haine d’une société qui semble en phase avec son auto-destruction imminente ? Est-ce que shame qui écrit des ballades déchirantes façon groupe de punk californien des années 2000, ce n’est pas un peu l’épiphanie qu’on attendait pour se ravir définitivement ?
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Model/Actriz : curieuses créatures

Rampant depuis les égouts poisseux de la nouvelle scène new-yorkaise, Model/Actriz vient de frapper un grand coup avec Dogsbody, un des albums de l’année - et on est qu’en mars, c’est dire
Jolie rédemption pour le label True Panther Records : après avoir permis aux albums de Girls d’exister, le voilà à publier un autre disque, surprise personnelle de l’année. Bien loin des plages dorées de son San Francisco natal, le label est allé plonger les pattes dans les profondeurs crasseuses de Brooklyn pour y pêcher Model/Actriz, un jeune quatuor formé par Cole Haden (chant), Jack Wetmore (guitare), Ruben Radlauer (batterie) et Aaron Shapiro (basse). Après la petite claque Bambara il y a quelques années (le groupe venait de l’état de Géorgie, mais s’était formé à Brooklyn), il semblerait que le célèbre quartier new-yorkais cultive un joli vivier de guitares stridentes et de voix torturées.
Parce que Model/Actriz ne néglige pas ses origines : cette voix, traînante parfois à l’excès, évoquera forcément celle de James Murphy - surtout quand le groupe se permettra des rythmiques qu’on ose à peine qualifier de « dansantes » vu la teneur de l’album dans sa globalité, comme sur « Crossing Guard », un single en trompe-l’œil qui laisse à peine percevoir l’horizon des événements au fond du trou noir que constitue Dogsbody.
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Guitares en forme de lame de rasoir, cadences folles qui rappelleront les vraies folies de Gilla Band, voire quelques émois technoïdes façon Nine Inch Nails, ou pourquoi pas Takkyu Ishino (pour ce que j’en sais) : Dogsbody est une machine à laver en plein cycle de séchage, qui vous invite cordialement à considérer le tambour battant à tout rompre comme votre potentiel oreiller. C’est un disque parfois difficile, qui a presque fauché les charmes que j’avais trouvé à « Crossing Guard », mais qui n’en reste pas moins impressionnant pour quiconque prendra la peine d’écouter quelques fois (cocasse, de la part de quelqu’un qui ne se fie qu’aux premières écoutes tant il ne sait jamais où donner de la tête).
Le disque regorge de contrepoints, de trouvailles stylistiques qui, si elles ne sont pas vierges d’influences, provoquent un écho rare dans la musique. Comme si certains passages devenaient des machines à voyager dans le temps de poche, une capsule dans laquelle on resterait figés pour mieux observer un vieux souvenir dans ses moindres détails. Un peu comme ces étranges accords à la fin de « Crossing Guard » (définitivement la porte d’entrée du groupe, même si ce n’est que le troisième morceau de l’album), un truc beau et dissonant, la lumière aveuglante du jour à la sortie d’une trop longue soirée dans une boîte sordide qui a lessivé le corps et l’esprit. Ces accords, ils m’ont ramené devant la petite maison d’un ami d’enfance, à l’été, pendant qu’on fêtait l’anniversaire de son père dans leur garage neuf aux briques grises apparentes. J’y étais, sans que je me l’explique.
En outre (il en fallait), quelques éléments timidement qualifiés de pop viennent apporter un peu de douceur aux quelques soldats restés accrochés aux fils barbelés de l’album : « Divers », qui cloture la première moitié, et la magnifique « Sun In », qui laissent filtrer quelques rayons de la golden hour californienne après une nuit à avoir bravé la mort noire de quelques quartiers craignos.
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Écouter Model/Actriz :
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#model actriz#model/actriz#dogsbody#brookyln#indie rock#noise rock#electro#electronic#crossing guard#Youtube
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Aimerais-je encore les Arctic Monkeys si ce n'étaient pas les Arctic Monkeys ?

Autant que ce soit clair : il ne s'agira pas ici de donner un avis ampoulé sur le septième album des Arctic Monkeys, The Car, qui servira plus ici de prétexte à une observation de mes goûts (douteux) et leur expansion.
Si les Arctic Monkeys nous avaient habitué à changer de peau régulièrement, difficile de prévoir le grand écart opéré en 2018 avec Tranquility Base Hotel + Casino, un concept-album qui propulsait Alex Turner en gérant d'un luxuriant hôtel lunaire. On a beau avoir entendu les rumeurs soupçonnant le disque d'être un projet solo de Turner repackagé pour des raisons marketing, la claque était immense, que l'on aime ou non : arrangement en longueur à la frontière du jazz, paroles déclamées façon Leonard Cohen, guitares et batterie au diapason sans dépasser ; qu'elle paraissait loin l'époque des tronches juvéniles, des cardigans et des guitares portées au niveau du torse. Une leçon à deux morales : l'une pour les amateurs, à qui leur était prouvé l'épanouissement d'une plume, l'autre pour les fans trop rigoristes, laissés sur le bord de la route sans ménagement.
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Cette mue, bien plus radicale qu'auparavant, a apporté une surcouche à l'amour et la relation particulière que j'entretiens avec le groupe depuis mon adolescence, cette époque où l'on s'approprie les choses pour la première fois. Les Arctic Monkeys sont de celles-ci, transfiguratives, déterminantes, des reflets de vérité, des échos de ressenti quand les ressemblances (largement imaginées) entre ce groupe de potes qui joue de la musique et le nôtre renforcent l'attachement.
C'est un fait, j'ai les Arctic Monkeys dans la peau, et ce simple fait retire 83,9% d'intérêt à ce papier. Et j'aime The Car, ce retour sur Terre anachronique, cet OVNI des années 70 période cool funk et cinéma romantique. Alex Turner n'a semble-t-il jamais été aussi proche de réaliser un film. Il aurait dû : c'est sa BO que lui et les autres ont enregistré. Qui les aurait imaginés, au pic de leur gloire à la fin des années 2000, se lancer dans un funk à wah-wah ("I Ain't Quite Where I Think I am"), une soul hyper sexuelle ("Jet Skis on the Moat") ou un blues fantomatique à la Nick Cave ("Sculptures of Anything Goes") ? D'autant plus dur de deviner cette quasi-face B volée à Simon & Garfunkel ("Mr Schwartz", probablement le morceau le moins Arctic Monkeys de toute leur carrière, et y a pourtant du monde en compétition). À ce titre The Car en devient presque schizophrène, l'album étant clairement séparé entre une première moitié plus pop, plus chanson, quand la seconde (dès le morceau-titre, en fait) s'aventure de plain-pied dans la BO de film (le point d'orgue de cette partie, "Big Ideas", que l'on imagine automatiquement en générique de James Bond).
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Si TBH+C était un échappatoire, une fuite en avant maquillée en délire science-fiction et plein de grandes manières, The Car est un disque plus terre-à-terre, presque plus sincère puisqu'il confirme la mue toujours brutale du groupe sans l'habiller d'un concept narratif qui aurait pu faire penser à un simple écart temporaire. C'est donc ça, les Arctic Monkeys en 2022 : ils n'ont pas vraiment tué les anciens, ni les sales gosses, ni les ados boutonneux sous influence des narcotiques du désert californien, ni les grandes rockstars désuètes coiffées à la gomina. Ils cohabitent, mais au profit d'autre chose, d'une cause peut-être plus noble, peut-être plus chiante. Une belle cause, ça il n'y a aucun doute.
Ces grands changements apportent leurs lots de questions sans réponse : si j'aime encore ce qu'ils font, est-ce un signe de changement ? un bon, ou un mauvais ? Mais celle qui met le plus le ravioli en ébullition, c'est celle qui consiste à se demander si j'aimerais autant les Arctic Monkeys, s'ils n'étaient pas les Arctic Monkeys. "Le sont-ils encore ?" demanderont certainement, coquins, les plus sceptiques face à cette nouvelle phase de leur carrière délicieusement pantouflarde. On pourrait considérer que la richesse d'un groupe, d'un artiste fondateur à titre personnel, est une porte d'entrée vers ses influences, ses richesses, et qu'au fond c'est comme ça qu'on découvre sa musique idéale, en suivant cet espèce de fil d'Ariane tissé par ses musiciens favoris, et qu'on détricote à l'envie. Mais quand le groupe en question se transforme, change de peau, quelle valeur conserve cet amour d'adolescent (et donc un peu trop passionné) pour quelque chose qui n'a presque plus rien à voir avec ce qui nous avait séduit au départ ? Est-ce que j'aurais eu quelque chose à cirer de The Car s'il n'avait pas été signé par Alex Turner et sa bande ? En aurais-je ne serait-ce qu'entendu parler ? L'aurais-je écouté avec la même attention ? Et surtout, l'aurais-je autant apprécié si ses géniteurs m'avaient été inconnus au bataillon ? Est-ce qu'aimer un groupe, c'est lui faire confiance quoiqu'il se passe - sans parler de la latitude de notre appréciation propre ?
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D'autant plus difficile à dire aujourd'hui, quelques semaines après sa sortie et n'ayant rien écouté d'autre, toujours très sensible à la force d'attraction que leur musique continue d'exercer sur moi. Pour quelles raisons ? Là est toute la question. Un des lieux communs les plus rincés de la musique consiste à dire qu'on grandit avec celle qu'on a, un jour, aimé. Certaines études récentes affirment carrément que c'est la musique de notre adolescence qui conserve la plus grande influence sur notre cerveau. Un peu comme un surfeur marqué par sa première vague, qu'il aura vécu comme un tsunami, pour finir par chevaucher des monstres trois fois plus gros sans s'en rendre compte. Mais quelle confiance accorder quand ces premiers amours transgressent le souvenir, et deviennent tout-à-fait autre chose ?
On en revient à la question initiale, que je vais peut-être arrêter de poser ici. J'aime ce disque peut-être plus que son prédécesseur, pour ses thématiques plus en phase avec les émotions souhaitées. Pas mal de chroniques évoquent des textes particulièrement abscons, quand je les trouve (sans prétendre capter l'intégralité du sens) très justes et très poétiques. Musicalement on m'a dit que ça ressemblait à Burt Bacharach un peu trop copié (d'après une bonne amie). N'y connaissant rien ça m'a juste semblé très beau, kitsch, élégant, et difficile pour moi de détourner le regard de cette transformation - un peu comme ce vieil ami d'enfance que vous retrouvez par hasard sur Instagram, constatant à quel point sa vie est différente de la vôtre. Vous l'aimez encore ce con, c'est comme si vous connaissiez sa petite poésie interne, celle qui faisait que vous étiez amis sans jamais vous l'expliquer concrètement. La différence, c'est que vous ne le croiserez plus jamais. Mais les Arctic Monkeys, eux, semblent encore vouloir me montrer quelque chose. De différent, encore une fois, comme toujours pourrait-on dire. Une surprise qui n'en est plus une, puisque derrière ces sonorités de crooner endimanché et ces batteries dont on se serait moqué à l'époque de "Brianstorm", c'est bien d'une certaine familiarité dont il s'agit. De vieux copains qu'on recroise et à qui on a envie de ne rien refuser, qu'on parvient encore à comprendre malgré la distance. Une certaine nostalgie, enrobée dans ce qui reste (quand même, et selon mon petit avis) de la très belle musique.
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Prétendre grandir avec un groupe qu’on aime, sous couvert qu’il évolue lui-même, ça peut aussi ressembler à une petite mascarade personnelle, une tentative un peu triste et désespérée de retenir une jeunesse qui s'éloigne inexorablement. C'est un peu ironique, voire même complètement con. Qui suis-je bordel ? Qu’est-ce que l’audace ? Vous avez 4h.
#arctic monkeys#the car#alex turner#jamie cook#matt helders#nick o'malley#alternative#alternative rock#Youtube
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Takkyu Ishino - "Polynasia"
Je me rappellerais toujours de la première fois qu'on m'a montré le clip de "Polynasia" de Takkyu Ishino. Une amie à moi m'en avait parlé, elle l'avait vu dans le cadre d'un festival du clip organisé à Melbourne. Elle m'avait raconté à quel point elle et le reste du public étaient restés scotchés par la vidéo, sa mise en scène, son rythme à s'en mordre les doigts, très certainement aidés par la techno en pleine face du musicien, peu réputé pour ménager les foules.
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De son vrai nom Fumitoshi Ishino, Takkyu Ishino est un prolifique artiste techno japonais (douze albums studio parus depuis 1995, tout de même), membre du duo Denki Groove. Son plus célèbre fait d'arme reste très certainement la musique d'un jeu Ghost in the Shell sorti sur PlayStation en 1997. Voilà tout ce que vous avez besoin de savoir sur le bonhomme, qui, au-delà de ne jamais décoller sa voûte plantaire d'un plancher sonore ravageur, m'a rappelé tout le sens qu'on pouvait conférer à un clip musical.
Il y a quelques années j'ai écrit de vastes conneries sur l'intérêt me semblait-il décroissant du videoclip dans la musique, les géants du secteur ayant, à mon sens, totalement dénaturé le format au profit de véritables courts (voire moyens) métrages, à l'image de ce que Michael Jackson avait fait avec "Thriller". Sauf qu'à mon sens, à l'image des blockbusters du cinéma, les gros rouleaux étaient devenus la norme, à tel point que les artistes "intermédiaires" (pour ne pas dire indépendants) n'avaient ni l'intérêt, ni les fonds pour se lancer dans une production audiovisuelle à la hauteur des standards. Tout ça, en plus d'être basé sur un fond vaseux, était sans compter sur l'ingéniosité des artistes en question, et surtout sur l'explosion de la consommation audiovisuelle induite par nos chers smartphones. En d'autres termes : j'ai dit de la merde. Le clip n'a jamais eu autant de sens qu'aujourd'hui, et sa valeur promotionnelle apparaît plus que jamais évidente, à l'heure où pour vendre sa musique, on lance une chorégraphie sur TikTok.
Fort heureusement, au-delà de toutes velleités commerciales, le clip est aussi un moyen d'expression qui se superpose à la musique qu'il met en scène. Dans le cas de "Polynasia", la techno d'Ishino fait monter la tension encore plus rapidement que ce que suggère ce monde au ralenti, qui nous laisse au bord de notre fauteuil à mesure que le gaz envahit ce modeste appartement japonais. C'est ce même gaz qui remplira la pièce dans laquelle vous regarderez le clip, une même asphyxie annoncée quand vous vous demanderez d'où proviendra la fatale étincelle, vos yeux et votre coeur battant au rythme effréné, à contre emploi et donc angoissant, du morceau.
Montez le volume, mettez le clip sur le plus grand écran possible, plongez-vous dans le noir. Parce que parfois, la musique, ça se regarde.
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La vraie bande originale de ses cinq dernières années, c'est la musique du menu de la PS4
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La musique a ce pouvoir établi de nous ramener à quelque chose de passé, voire de perdu. Elle ravive un souvenir, au même titre qu'une vieille photo, et c'est (aussi) pour ça qu'on y est si attaché, au-delà du simple fait d'en découvrir. On a beau se débattre, la musique qu'on préfère est celle que l'on connaît, idéalement d'un moment qu'on chérit. Seuls les plus curieux (bien aidés par les playlists intelligentes de nos plateformes de streaming) parviennent à dépasser ce stade pour se balader en territoires sonores inexplorés, sans qu'aucune promesse ne puisse y être tenue.
Autre fait : la musique est un amour de feignant. Si on doit la comparer à toutes les autres formes d'art (et on parle bien ici d'appréciation, et non pas de création), que ce soit la lecture, les arts visuels, graphiques, oserais-je citer le jeu vidéo - tous accaparent l'attention de celui qui s'y plonge. Impossible de lire un livre en scrollant sur son smartphone. Certains pensent pouvoir le faire pendant un film, mais c'est au détriment de la compréhension de ce dernier. Avec la musique, on peut tout faire. Elle ne nécessite rien d'autre que d'être écoutée, et par conséquent nous libère les yeux, les mains et tout le reste (hormis les oreilles, mais vous avez compris l'idée). Elle demande, dans une mesure à relativiser, moins d'attention pour être appréciée. En règle générale, l'art en demande plus que son reste, ne serait-ce que pour être compris, assimilé. Bien sûr que l'on peut étudier en profondeur la musique, elle est trop riche pour qu'on s'en abstienne. Mais le fait est que dans son appréciation quotidienne, la musique peut être partout sans qu'elle ne nous accapare tout-à-fait entièrement. Je crois que c'est en partie pour ça qu'on l'aime. Elle nous laisse libres de faire autre chose - voire de ne rien faire du tout à vrai dire, juste d'être appréciée telle quelle sans autre forme de reconnaissance ou d'implication.
Libres, à tel point qu'on la laisse s'infuser partout si on l'y autorise, et qu'elle peut se retrouver à deux doigts de remplacer le silence total qui finit par nous sembler étranger quand on s'y confronte à nouveau. Que ce soit parce qu'on a toujours un air en tête, ou parce qu'il y a concrètement une musique de fond qui traîne, elle est là, à prendre toute la place que l'on veut bien lui laisser. C'est exactement ce qu'il s'est passé pour moi, ces cinq dernières années passées en colocation, avec la musique du menu de la PlayStation 4, tellement souvent allumée qu'on la laissait comme ça, sur le menu principal, sans rien lancer, télé et son ON également pour le plus grand plaisir de la couche d'ozone.
Un substitut au silence
Le responsable de cette sorcellerie auditive s'appelle Tim Wright, grand nom de la "génération PlayStation" à qui l'on doit les musiques des premiers WipEout, de Lemmings ou encore de certains jeux de composition musicale sur PlayStation (MUSIC, MTV Music Generator). Entre la fin des années 90 et le milieu des années 2000, il aura contribué à créer un son très caractéristique de l'époque, et marquera de sa patte le monde du jeu vidéo. Il publie en parallèle plusieurs albums sous le nom CoLD SToRAGE.
Cette composition de musique ambiante, formant une boucle (quasiment) ininterrompue, a accompagné les possesseurs de l'avant dernière console de jeux de Sony depuis sa sortie en 2013. Malgré les nombreuses mises à jour, rien n'est venu altérer ces nappes synthétiques accompagnées de touches de violon et de quelques notes en forme d'étoiles scintillantes dans ce vaste ciel sonore. Une ambiance fort éloignée des parties surexcitées de Call of Duty qui ont malmené nos manettes et nos égos (on a joué à d'autres trucs, promis).
Dire que la musique nous accompagne est un lieu commun, et relève le plus souvent du souvenir qu'un morceau suscite après avoir été plusieurs fois écouté sur une période donnée. Ici, c'est bien au premier degré que l'expression prend tout son sens, tant ces vagues sonores, discrètes mais bien là (et désactivables dans les menus de la console, m'apprend-on), ont rempli notre appartement des journées et des soirées durant. De quoi se substituer au silence, et nous donner rendez-vous dans quelques années, quand sa simple évocation nous ramènera à cette époque pas si révolue.
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Cher Christopher Owens

J’ai mis du temps à t’écrire, car soyons honnêtes : tu ne liras probablement jamais ce papier. Mais comme au sein d’une famille déchirée, qui ne se parle plus, je me lance trop tard, à la lumière d’un drame qui, je l’imagine, te touche personnellement - et moi aussi, dans une mesure incomparable bien sûr : la disparition de Chet “JR” White, ta moitié musicale avec qui tu formais Girls, emporté bien trop tôt à l’âge de 40 ans. C’était fin 2020 et comme d’habitude, je décide de publier des siècles après la bataille.
Est-ce bizarre de te dire que je t’aurais bien pris dans mes bras pour te consoler ? Oui clairement. Qui aime se faire consoler par un inconnu ? Personne, je crois bien. Mais je crois aussi que derrière la façade (bien concrète) de mon affection et du partage déséquilibré de ton deuil, je t’y accueillerais pour d’autres raisons. Des raisons musicales, évidemment, car Girls reste encore à ce jour un de mes groupes favoris.
Je me rappelle encore, adolescent déjà attardé squattant la télévision du salon de mes parents, à regarder MTV Pulse (quand MTV dédiait encore une chaîne entière au rock en France) à un volume trop bas pour en profiter, mais nécessaire pour ne pas susciter la colère de mes géniteurs, pourtant bien tolérants avec moi. Certains soirs (je ne me rappelle plus lesquels) il y avait les émissions thématiques, avec le rock indé, l’alternatif, etc. C’est à ces heures tardives que je découvrais, loin encore des miracles d’Internet, des chansons qui allaient me coller à la peau ma vie durant. Parmi elles, “Morning Light”, son rythme effréné, ses guitares assourdissantes (pour quelqu’un qui n’avait jamais écouté My Bloody Valentine ou Sonic Youth, c’était quelque chose) et sa surprenante douceur, sa violence qui n’en était pas, les quelques rayons de soleil d’un matin californien qu’elle faisait percer jusqu’à une maison de campagne du sud de la France.
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Girls m’a montré que faire preuve de sensibilité n’était pas obligatoirement synonyme de sensiblerie, que pleurer un bon coup en musique n’était pas l’apanage de la pop mièvre et tire-larmes. Il y a quelque chose de fragile et de terriblement pudique dans la musique de Girls, qui aborde pourtant les thématiques hautement personnelles que tu avais décidé d’immiscer dans tes textes. Notamment l’amour inconditionnel pour ta mère, bouleversant sur le pont de “Honey Bunny”.
Ce que tu m’as apporté avec Girls va au-delà de mes goûts. Tu m’as, d’une certaine manière, aidé à comprendre certains éléments de la pop music qui paraissent aujourd’hui évidents, mais qui continuent d’infuser encore aujourd’hui dans mon appréhension des choses. Parmi ces éléments, il y a le chant, le mythe de la “belle” (voire “grande”) voix que la timidité ne laisse que trop rarement passer - sinon pour dérouler un story telling de biopic musical un peu ampoulé. Ce mythe, tu t’en cognes et c’est magnifique. T’es là, caché derrière tes grandes mèches de cheveux blonds, le visage ravagé par les excès, à pousser une voix en souffrance permanente, presque susurrée et à peine distinguable derrière les grands murs de reverb que toi et Chet érigiez sur presque toutes vos compositions.
En plus d’avoir chamboulé mon petit monde sur disque, voilà que vous vient l’idée brillante d’enregistrer une session dans une église abandonnée de Brooklyn, au moment de la sortie de votre deuxième (et évidemment fabuleux) album, Record 3: Father, Son, Holy Ghost. Accompagnés de trois chanteuses gospel d’une générosité folle, les morceaux prennent encore une autre dimension dans un cadre qui ne leur sied que trop bien. Devant la caméra, tu sembles encore plus secoué que d’habitude, te recoiffant nerveusement. Mention spéciale au batteur, BG devant l’Eternel assurant une rythmique super puissante sans jamais prendre le pas sur le reste.
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Bref, mon très cher Christopher, tu l’auras compris, il s’agit avant tout de te remercier pour ton œuvre, comme le veut la formule consacrée et, forcément, un peu pompeuse. On est en 2022 maintenant, il semble qu’on voit le bout de l’épidémie, mais JR est bien parti, et le monde est au bord du gouffre. S’il venait à basculer, j’aime me dire que parmi les choses qui m’apporteraient du réconfort, votre musique aurait une place de choix, au même titre qu’elle continue de m’accompagner depuis ces fameuses découvertes estivales d’un temps révolu.
Tu semblais avoir encore quelques choses à chanter après Girls, projet stoppé bien avant la disparition de ton acolyte, dont je n’attendais de toute manière plus rien, chérissant trop l’existant pour espérer un original accouché dans la douleur ou sous une contrainte superflue. En solo d’abord, avec trois albums plus qu’honnêtes (l’étonnant et médiéval Lysandre avec son thème façon What’s Going On de Marvin Gaye, le country A New Testament, le pop Chrissybaby Forever), mais aussi à plusieurs sur le projet Curls (dont l’énorme similitude avec le nom de ton groupe précédent n’aura échappé à personne), avec lequel tu avais sorti un EP 4 titres très réussi et bourré d’influences, de John Lennon aux Troggs. Depuis, plus rien. Tu as préféré partir comme tu es venu.
Je crois que je préfère ça à des adieux qu’on imaginerait déchirants et qui seraient en fait glaçants de banalité. La vie continue, je l’espère comme ta musique : il y aura parfois des soubresauts qui nous feront dire qu’elle mérite d’être vécue.
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Le salut de la musique passera-t-il par le cryptoart ?

"Pneuma" de l'artiste Andy Gilmore, qui a notamment travaillé sur les pochettes de Gold Panda, et s'est lancé tout récemment dans la vente de NFT
Après la crise économique engendrée par Internet, le piratage et le streaming, le marché de la musique pourrait retrouver un second souffle via de nouveaux usages prometteurs. Au cœur de la démarche : une plus juste rémunération des artistes, premières victimes des plateformes d'écoute aux abonnements peu onéreux.
Dans un billet posté en juin 2019, l'analyste Dmitry Pastukhov observait qu'un artiste gagnait en moyenne 0,003 dollar par écoute sur Spotify, environ 0,004 sur Deezer et 0,005 sur Apple Music et Google Play Musique - en résumé, rien du tout.
Aujourd'hui, l'art numérique est en train de connaître sa petite révolution financière grâce à l'avènement du NFT (pour Non-Fungible Token) et du cryptoart : avec l'essor de plateformes comme Nifty Gateway ou SuperRare, des artistes de tous horizons peuvent proposer à la vente des œuvres "numériques", dont l'authenticité est assurée par la plateforme elle-même via une blockchain - le même système d'authentification qui permet aux possesseurs de Bitcoins ou d'Ethereums d'être sûr·e·s que leur porte-monnaie virtuel est absolument sécurisé. Si la démarche peut paraître difficile à appréhender (pour moi le premier), sachez que le NFT identifie l'œuvre de manière unitaire, et vous assure la propriété officielle de votre exemplaire - n'allez pas imaginer que vous n'obtiendrez qu'un .jpg d'une photographie contre de l'argent, c'est évidemment bien plus fiable et concret que cela. Le phénomène a pris une telle ampleur en à peine quelques semaines, que des records n'ont pas tardé à tomber : début mars, l'artiste Beeple (de son vrai nom Mike Winkelmann) vendait un exemplaire NFT de son œuvre Everydays: The First 5000 Days pour la modique somme de 69 millions de dollars. Christie's, la maison de ventes qui a assuré les enchères, précise que la somme place Beeple sur le podium des artistes en vie les plus lucratifs. Quelques jours plus tard, Jack Dorsey, co-fondateur de Twitter, vendait un "token" du premier tweet de l'Histoire pour un peu moins de 3 millions de dollars. Une œuvre de Bansky a quant à elle été brûlée en vidéo, et vendue 380 000 dollars sous forme de NFT - un écho certain à la propension de l'artiste à jouer avec les codes de l'art, n'hésitant pas à donner du sens hors cadre.
Give life back to music
2020 oblige, les NFT (ou "nifties") sont en train d'exploser, dans un contexte de pandémie qui nous pousse, plus que jamais, à revoir nos habitudes au sujet de l'art, de la culture et de la façon dont nous les faisons vivre. Aujourd'hui, ce nouveau mode d'appropriation de l'art numérique, rendu concret et sécurisé grâce aux technologies empruntées aux cryptomonnaies, est en train de transformer nos écrans en autant de salons d'enchères. Si les artistes numériques sont potentiellement en train de trouver une réponse, quid des musiciens, aux prises avec Internet et les plateformes de streaming depuis près de 20 ans maintenant ?
Certains ont en tout cas bien compris ce qui se passait : récemment, les Kings of Leon ont sorti leur dernier album, When You See Yourself, sous forme de NFT - une première dans l'histoire de la musique. Au-delà d'une copie digitale de l'album (un peu à l'image de ce qu'offre déjà Bandcamp), les différents packages comprennent du contenu supplémentaire, comme des places de concert à vie et des enregistrements (audio et vidéo) exclusifs. En somme, une valorisation inédite de la musique sous format numérique, dont les dernières traces de propriété remontent à l'achat de morceaux sur iTunes pour la somme, entrée depuis dans l'inconscient collectif, de 0,99 euro. En février, ce sont Grimes ou encore Mike Shinoda (le "rappeur" de Linkin Park) qui se lançaient dans la course aux nifties, l'une ayant récolté près de 6 millions de dollars pour la vente cumulée d'une collection, l'autre devenant le premier artiste signé sur une major à vendre un single sous forme de NFT. Depuis, d'autres poids lourds comme Shawn Mendes, Quavo, 2 Chainz ou encore Steve Aoki ont également franchi le pas.
Si les nifties portent avec eux de belles promesses pour les mélomanes, ils suscitent tout autant d'espoir en coulisses : grâce à la blockchain, qui retrace toutes les transactions de manière transparente, un artiste continuerait de toucher des royalties sur chaque revente de son œuvre. Toujours niveau gros sous, la blockchain permettrait également des paiements plus fluides (voire instantanés via applications interposées), là où le système bancaire classique éprouve des limites aujourd'hui considérées comme archaïques, de la période entre l'émission du paiement et sa réception (les fameux trois à cinq jours ouvrés) à son système de sécurité suranné, s'appuyant de manière un peu trop zélée sur le principe de précaution (un paiement bloqué par défaut car émis vers l'étranger, par exemple). Pour Zach Katz, ancien dirigeant de BMG aux États-Unis, ce n'est plus qu'une question de temps avant que les premières utilisations concrètes et à grande échelle ne s'appliquent au marché de la musique. La blockchain pourrait, selon lui, uniformiser les informations relatives à un artiste, aujourd'hui éclatées entre sites web, réseaux sociaux, catalogues de labels, plateformes de streaming, merchandising, etc. - un vœu pieux qui va demander la coopération de très nombreuses parties prenantes.
Libre comme un peintre, comme un photographe
Même le streaming s'y met : avec ses "Bandcamp Fridays", durant lesquels la quasi-totalité des revenus est directement versée aux artistes, Bandcamp remet les créateurs au centre de l'attention, leur laissant la main sur les tarifs appliqués. C'est également dans cette optique que de nouvelles plateformes émergent, tentant de pousser le concept d'indépendance encore plus loin grâce à ce système de jetons induit par les NFT. C'est le cas d'Audius, une sorte de Spotify dont le fonctionnement repose sur une blockchain dédiée, laissant les artistes choisir le prix de leurs œuvres, tout en offrant des contreparties inédites aux fans. Comme l'explique l'artiste RAC, Audius permettrait enfin de considérer un musicien comme un peintre ou un photographe, qui décident eux-mêmes des tarifs de leurs productions.
Cette petite révolution potentielle pourrait même toucher la musique live : Adam Alpert, manager des Chainsmokers, vient de co-créer l'entreprise YellowHeart, dont le but est "de rédiger les conditions d'un concert sous la forme d'un smart contract (un contrat inscrit dans la blockchain, et donc virtuellement inviolable, ndlr). Il pourrait dire : 'Voilà le nombre de places, le prix, le prix de revente, le nombre de fois qu'une place peut être revendue (...)'" But de la manœuvre : garder le marché parallèle de la revente de places de concert sous contrôle, éviter les abus, et continuer à toucher de l'argent sur une seconde main surveillée. Un bénéfice potentiellement exponentiel, qui pourra être redistribué à la discrétion de l'artiste, du tourneur ou du label, avec toujours cette volonté affichée de redonner du pouvoir financier aux acteurs principaux du secteur. Un concept déjà séduisant pour Live Nation, qui vient d'investir des millions de dollars dans le projet.
Si les prochains mois vont être cruciaux, ce nouveau paradigme dans l'art numérique en général et son appropriation pourrait trouver un sérieux écho auprès du public, délaissé par l'épidémie et les décisions gouvernementales au sujet de la culture. En attendant de pouvoir retourner dans une salle de concert ou d'exposition, acheter des exemplaires uniques sans la contrainte (mais aussi les charmes, diront certains) matérielle pourrait se présenter comme un palliatif crédible, au-delà de l'idée, belle en soit, du soutien du secteur. Reste à savoir dans quelle mesure les baleines (Universal, Sony et Warner en tête) joueront le jeu avec ce nouveau modèle, qui cherche avant tout à rendre des privilèges depuis trop longtemps dus aux artistes et aux créateurs. Après la fausse promesse du streaming, le cryptoart pourrait rapprocher Internet de cette idée absolue que nous nous en faisions à ses débuts : un espace de liberté sans limite, pour toutes et tous.
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Au fond, attendions-nous vraiment quelque chose des Daft Punk ?

Capture d’écran YouTube
Ne jouons pas la fine bouche, l’annonce de la séparation des Daft Punk, via une vidéo laconique (tirée de leur film Electroma) sur fond de leur grandiose “Touch” n’a laissé personne indifférent. En témoignent les nombreuses réactions sur la Toile, crises de pleurs convulsées et messages en caplock passionnés retentissant comme si Thomas ou Guy-Man avaient connu un destin funeste.
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Parmi les tout aussi nombreuses réactions médiatiques, celle du blog musical Goûte Mes Disques a failli me faire commettre le tacle en surface du grand jeu d’Internet : laisser un commentaire un peu trop impliqué afin de faire réagir l’auteur. La publication en question, qui annonce bien évidemment la séparation, est ponctuée d’un froid ��et c’est assurément mieux ainsi.” Une remarque que j’ai trouvé aussi gratuite qu’infondée, le duo casqué ayant toujours su entretenir le mystère et l’envie malgré la quantité stellaire de sollicitations et d’appels du pied d’un public assoiffé, et d’un marché de la musique qui rêve encore la nuit des précédents impacts médiatiques laissés par le duo. Cette remarque, allez savoir pourquoi, elle ne passait pas. C’est celle qu’on adresse à des artistes qui s’arrêtent après s’être perdus dans une palanquée de disques médiocres, même pas drôles, trop sérieux pour en retenir quoique ce soit, et donc juste chiants. Un qualificatif peut-être pire que ceux attribués à un “vrai” mauvais disque, celui qui a pour lui de tenter quelque chose - les fameux underdogs de certaines discographies.
Et puis j’ai réfléchi deux secondes (pas plus) pour me dire que Goûte Mes Disques n’avait peut-être pas tout-à-fait tort au fond. Non pas qu’on était au bout du rouleau avec les Daft - tout le monde les attendait au tournant. Mais au fond, était-ce vraiment le cas ? Quand la culture du secret devient le mot d’ordre, quand on s’évertue à donner si peu (en quantité) à un public pourtant en perpétuelle demande, quand le rare devient une donnée de l’oeuvre elle-même, une fin comme celle-ci, en dilettante totale après des années d’avarie assumée (les musiciens n’ont littéralement rien produit depuis le monstrueux Random Access Memories en 2013, sans compter leurs collaborations avec The Weeknd et Parcels plus récemment), n’est-ce pas la suite logique des choses ?
Quoi de plus français qu’un final romantique et gentiment escroc (hormis l’épitaphe, aucune création originale dans la vidéo), après un long et cruel abandon, suscitant autant d’espoir qu’il n’en détruisait chroniquement ? Cet épilogue, c’est leur quart d’heure toulousain, une manière de nous souffler leur fumée de processeur en surchauffe en pleine gueule, de nous dire une dernière fois “En fait non” pour se casser sans regarder derrière. On l’a peut-être oublié, mais malgré leur discographie quasi-parfaite, leur quête de l’amour en circuits imprimés jusqu’aux confins de la galaxie, les Daft Punk, c’étaient des robots avant tout.
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#daft punk#adieu#so long#goodbye#thomas bangalter#guy-manuel de homem-christo#random access memories#discovery#human after all#touch#electroma#homework#electro#french touch#french pop#pop music
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2021, année Iceage

Source : Mexican Summer
Le groupe s’apprête à souffler le chaud et le froid avec un cinquième album qui s’annonce grandiose. Extraits
Période glaciaire ou pas, Iceage convoque plus que jamais les éléments sur ces deux derniers morceaux : l’eau, ses courants, ses tempêtes qui déchirent et séparent sur “The Holding Hand”, avec la montée vertigineuse de son raz-de-marée, conduisant immanquablement au ravage, à l’écrasement sur un final rappelant les premiers amours noise du désormais quintet, officiellement rejoint par le second guitariste Casper Morilla (de Less Win, autre groupe danois), aussi gracieux que le reste de la bande. Ce ne sont donc pas des montagnes : ce sont bien des vagues.
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Retour de flamme avec “Vendetta”, second extrait dévoilé en grande pompe, avec un clip bouillant, tourné directement depuis les enfers et mettant en scène l’acteur Zlatko Burić, l’antihéros de la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn. Sombre, crasseux, un écrin parfait pour un titre au blues salace, qui rappelle forcément la promiscuité moite d’un club craignos (mais qui aurait le mérite d’être ouvert, lui).
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Tous ces échanges de fluides seront à retrouver sur Seek Shelter, cinquième album d’Iceage à paraître le 7 mai prochain chez Mexican Summer. Enregistré en 12 jours à peine à Lisbonne, on y retrouvera également la patte de Sonic Boom (de son vrai nom Peter Kember, du légendaire groupe Spacemen 3) ; une énième raison d’assurer le succès d’un des grands disques de 2021.
Site officiel
#iceage#seek shelter#vendetta#zlatko buric#the holding hand#johan surrballe wieth#dan kjaer nielsen#elias bender ronnenfelt#jakob tvilling pless#casper morilla#less win#mexican summer
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Seul, comme Daniel Trakell

Instagram @danieltrakell
Armé de sa seule guitare acoustique, le Melbournien publie un premier album qui flirte avec la mièvrerie, mais sauve les meubles
On avait déjà senti la douceur de Daniel Trakell sur un premier EP, Paradise (2017), qui rappelait les pamphlets intimistes de Father John Misty - l’humour en moins. Aujourd’hui, l’Australien signe un premier long format (disponible depuis la fin de l’année dernière) toujours acoustique, toujours mélodieux, empruntant aussi bien à Neil Young (l’harmonica de "Oh Love”) qu’aux Pixies (les errances de “So Long”), ou pourquoi pas encore à Travis, auteurs du hit “Sing”. Fragile, Daniel l’est d’autant plus depuis la séparation de ses parents, principale source d’inspiration d’un disque qui, bien que rempli de qualités pop, frôle par moments la mièvrerie outrancière (”Me + You”, “Turnaround”). C’est bien fait, ciselé, plutôt fin, mais on se passerait volontiers de certaines envolées, d’arrangements qui renvoient moins à l’intime qu’à un procédé tire-larmes pas forcément des plus pudiques.
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La solitude étant un des apanages des musiciens folk, on ne peut en revanche pas reprocher à Daniel Trakell de nous faire ressentir son isolement, de gré ou de force - une démarche qui a le mérite d’être raccord avec le contexte actuel, qui n’en finit plus de nous séparer les uns les autres. En ce sens, Warning Bell (enregistré à Nashville et supervisé par Gotye, confrère australien qui inondait les ondes en 2011 avec “Somebody I Used to Know”) gagne un peu en épaisseur, et rappelle que la douceur de la solitude peut aussi être le fruit d’un concours collectif.
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IS TROPICAL, la tête dans le sablier

De g à dr : Simon Milner, Gary Barber, Kirstie Fleck, Dominic Apa et un bras / © Facebook
Cyber-rencontre avec Gary Barber, qui s’apprête à sortir le quatrième album du groupe préféré des kids des 00′s - enfin, si tout va bien...
Qui se souvient d’IS TROPICAL ? Pas grand monde hélas, et c’est bien dommage. On avait déjà senti le vent tourner lors de la sortie pour le moins “confidentielle” de Black Anything en 2016, un ambitieux album en cinq parties, chacune enregistrée dans un coin différent du globe. Une envie d’ailleurs que le désormais quatuor (la chanteuse Kirstie Fleck, réincarnation inavouée de Nico, rejoignait officiellement Gary Barber, Simon Milner et Dominic Apa en 2014) n’a jamais caché : en 2013, il sort un EP, Flags, entièrement dédié à l’Amérique latine. Quelques mois plus tard, le groupe (formé à Londres) partira jouer en Mongolie, devenant un des premiers projets occidentaux à se produire là-bas - Vice avait suivi les musiciens à l’occasion, et le branle-bas de combat diplomatique provoqué par leur venue en disait long sur la teneur de l’événement.
https://youtu.be/NKAk3x-QZI4
https://youtu.be/QledL8dNKsU
Si la pop d’IS TROPICAL a toujours voyagé, elle est aujourd’hui à l’image du reste du monde : clouée au sol. Contacté par mail, Gary Barber nous explique : “La pandémie a pour elle que du coup, on n’est pas pressés de sortir l’album pour partir en tournée derrière, puisqu’on peut pas. Du coup, on prend notre temps.” Et pas qu’un peu, puisque Cola Spirit, le quatrième album du groupe, avait été à la base annoncé pour l’été 2020. “C’était une expérience plus simple, c’est sûr, mais on s’est quand même inspirés de nos voyages pour l’écriture. Une de nos nouvelles chansons parle d’un ministre du pétrole en Arabie saoudite, dans les années 60/70. (...) C’est donc une notion qui transparaît toujours pas mal malgré tout.”
Le temps, IS TROPICAL n’a pas attendu la pandémie pour le prendre : au-delà du retard pris pour Cola Spirit, Black Anything, l’album précédent, est sorti il y a plus de quatre ans déjà. Et les affaires, dans tout ça ? “On a tous été occupés, mais séparément, répond Gary. Dom est parti vivre à New York, Simon en est revenu, et moi et Kirstie on est partis s’installer à Margate, au bord de la mer. Dom a joué dans pas mal d’autres groupes, y a un peu de sa magie sur quelques CD sortis depuis, Simon a réalisé quelques clips et a produit d’autres artistes. De mon côté, j’ai dessiné des artworks pour des groupes, j’ai lancé une agence, et Kirstie a ouvert un super restaurant mexicain. Bref on a été très occupés, mais on a toujours trouvé le temps de se retrouver avec l’objectif de refaire de la musique ensemble.”
Après tout, comment leur reprocher de prendre leur temps dans ce contexte ? D’autant plus qu’IS TROPICAL décélère depuis quelques temps déjà, entre un premier album electro ravageur, dans la pure lignée des sorties Kitsuné du début des années 2010, jusqu’à une pop plus organique, presque plus posée. L’effet Kirstie peut-être ? “Y a clairement une douceur dans sa voix, et ça a sûrement joué sur l’aspect mélodique de certaines chansons, d’une manière ou d’une autre. Et puis soyons honnêtes : on se fait vieux bordel.”
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Mais alors, de quoi va parler Cola Spirit ? En tout cas sûrement pas du bon vieux temps, comme l’explique le musicien : “Cola Spirit a plusieurs facettes, mais aucune au sujet du temps qui passe.” Et vlan. Pourtant, au vu du vide abyssal de nos vies, difficile de s’inspirer du quotidien. Gary rebondit : “Comme on a arrêté de se créer de nouveaux souvenirs, on se tourne vers les anciens, et on reconnecte avec ‘le bon vieux temps’ et de vieux amis. J’ai fait écouter le disque à Blaine (Harrison, des Mystery Jets, ndlr) et il m’a répondu qu’on faisait de la dance music triste, très nostalgique - je sais pas trop si c’est un compliment ou pas à vrai dire.” Pour nous, ça l’est. “Le prochain extrait s’appelle ‘Hummingbird’, et on y chante ‘Je vole droit, comme un colibri’ (hummingbird en anglais, ndlr) - je trouve que c’est à l’opposé de la notion de temps qui passe.”
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En attendant un retour à la normale et sur scène (l’un devrait coïncider avec l’autre), IS TROPICAL continue de ne rien faire comme les autres : alors que l’album est à moitié annoncé, le groupe a mis en ligne un étrange site web composé essentiellement d’un générateur d’anecdotes manifestement inspirées de leurs nombreuses tournées ; aussi improbables que certaines d’entre elles puissent sonner, Gary nous le certifie, “le dieu du site ne ment jamais.” Une manière de faire amende honorable ? Absolument pas. “Je pense qu’on devrait célébrer le joyeux bordel” plus que s’en excuser. Même s’il le confesse, il est désolé pour les haters - “ça doit être chiant pour eux.”
Contacté par mail fin novembre 2020, Gary a fini par me répondre deux mois plus tard, se confondant en excuses pour un retard qui n’en était pas vraiment un. Une preuve supplémentaire de cet autre espace-temps dans lequel évolue IS TROPICAL, celui dans lequel on prend les choses en toute tranquillité, et où les albums arrivent... quand ils arrivent (à ce jour, toujours aucune date de sortie pour Cola Spirit). Par les temps qui courent, qui osera leur en imposer un ?
#is tropical#gary barber#dominic apa#simon milner#kristie fleck#cola spirit#itw#interview#pop#electro
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