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fautpaspousser-fpp · 7 years
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L’Eglise, protectrice de la patrie et de la nation
Nov 30, 2012 
Patrie et Nation dans l’enseignement de l’Eglise
L’amour de la patrie, un amour concret et naturel
Les droits des nationsLa nation, un principe bafoué
Littéralement, la patrie est la terre de nos pères. C’est donc le sol, le territoire auquel l’homme est attaché par son instinct vital. Mais ce n’est pas qu’un sol nu, une donnée géographique. La patrie est un sol avec ses caractéristiques naturelles, ses montagnes, ses plaines, ses fleuves, mais aussi le sol sur lequel ont vécu nos pères, qu’ils ont marqué de leur empreinte, qu’ils ont cultivé, sur lequel ils ont construit toutes sortes de monuments, d’édifices, de villes, sur lequel ils ont livré des batailles. La patrie, c’est donc une réalité concrète, palpable.
Cette réalité est si forte qu’un élan naturel doit nous pousser à aimer notre patrie. En effet, de la même façon que nous n’avons pas choisi d’y naître, de même nous ne choisissons pas de l’aimer; elle est ou devrait être source d’affection spontanée.
L’amour de la patrie est exalté par l’Ecriture Sainte. De nombreux passages de la Bible rappellent la prédilection du peuple juif pour la terre de ses ancêtres. Judas exhorte ses frères à mourir pour la patrie, il leur demande de prier pour ceux qui sont exposés à perdre leur pays et il lutte lui-même pour le salut de son peuple.
Quant au Nouveau Testament, il décrit à maintes reprises l’affection du Christ pour sa patrie et mentionne que Jésus a pleuré sur le sort de Jérusalem qui allait être détruite. Le pape Pie XII le rappelle dans son encyclique « Summi Pontificatus » du 20 octobre 1939: « Le Divin Maître lui même donne l’exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l’imminente destruction de la Cité Sainte« .
L’affection pour la patrie est donc légitime. Elle n’est pas déplacée, dénuée de sens. Elle est au contraire naturelle et parfaitement compréhensible, en dépit de ce qu’affirment certains penseurs. Ces derniers refusent une réalité pourtant toute simple qui est que chaque homme naît sur une terre, digne à ce seul titre de son amour. Et la succession des hommes sur cette terre l’a enrichie d’une multitude d’apports matériels, culturels, techniques. Elle l’a dotée d’un véritable patrimoine artistique, industriel, spirituel dont bénéficie toute personne qui y naît. La patrie est donc un leg de nos pères.
Pour légitime qu’elle soit, cette affection constitue même un devoir pour celui qui reçoit ce don. Saint Thomas le précise clairement dans la « Somme Théologique » (Question 101 – article I): « De même qu’il appartient à la religion de rendre un culte à Dieu, de même, à un degré inférieur, il appartient à la piété de rendre un culte aux parents et à la patrie« .
Ce culte n’est rien d’autre qu’une manifestation de reconnaissance envers la terre qui nous accueille, reconnaissance pour le don reçu. Il s’agit d’une gratitude naturelle, ainsi que le précise le pape Léon XIII dans l’Encyclique « Sapientiae Christianae » du 10 janvier 1890: « La loi naturelle nous ordonne d’aimer d’un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés au point que le bon citoyen ne craint pas d’affronter la mort pour sa patrie… L’amour surnaturel de l’Eglise et l’amour naturel de la patrie procèdent du même et éternel principe. Tous les deux ont Dieu pour auteur et pour cause première« .
L’amour de la patrie s’apparente donc à une forme d’action de grâces. L’Eglise l’a toujours rappelé dans sa tradition: l’amour de la patrie est une vertu, tel que le reformule le Catéchisme de l’Eglise Catholique (n°2239): « L’amour et le service de la patrie relèvent du droit de reconnaissance et de l’ordre de la charité« .
La patrie, nous l’avons vu, désigne donc une réalité tangible, charnelle, un patrimoine reçu en héritage.
La nation, notre famille
L’idée de nation est d’un autre ordre. Elle exprime en effet l’idée de naissance, de filiation (du latin nascor: naître). La nation concerne donc moins l’héritage que l’héritier.
La nation est en effet constituée par la communauté vivante des générations, qui se transmettent et gèrent l’héritage reçu des pères. La nation est la succession des hommes de la patrie, l’union des générations, la communauté des morts, des vivants et des enfants à naître. Elle n’est donc pas seulement la somme des vivants sur un territoire: la nation existait bien avant eux et leur survivra après leur mort.
La nation se caractérise par la conscience d’un « nous commun ». C’est une communauté vivante à laquelle on se trouve rattaché par la naissance et qui agit sur chacun des membres qui la composent à travers la force des mentalités, de l’éducation, de la culture… La nation est donc ce qui fait vivre l’héritage, le patrimoine, ce qui l’entretient et l’enrichit.
La nation, moyen d’épanouissement
A ce stade, il apparaît clairement que des devoirs sont attachés à l’idée de nation, à l’appartenance à une nation.
L’existence de ces devoirs est liée au fait que la nation est un lieu nécessaire au développement et à l’équilibre de chaque être humain. Jean-PaulII le précise lorsqu’il exprime que « la personne humaine ne peut être considérée dans sa seule existence individuelle, elle a une dimension sociale. C’est précisément dans les communautés que se réalise pour une grande part l’épanouissement de la personne« [[Discours à son Directeur Général pour les 50 ans de l’UNESCO, le 21 novembre 1995.]].
Ces communautés, il s’agit bien sûr de la famille en premier lieu, puis de l’ensemble des groupes divers (corps intermédiaires) auxquels les hommes appartiennent de par leur implantation géographique (commune, région…) et de par leur état (entreprise, groupements professionnels…). Il s’agit aussi, en dernier lieu, de la nation, ainsi que le précise le Saint-Père au siège des Nations-Unies le 5 octobre 1995: « en raison de leur communauté de nature, les hommes sont poussés à se sentir membres d’une seule grande famille et ils le sont. Mais à cause du caractère historique, concret, de cette même nature, les hommes sont nécessairement attachés de manière plus intense à des groupes humains particuliers, avant tout à la famille, puis aux divers groupes d’appartenance, jusqu’à l’ensemble du groupe ethnique et culturel désigné, non sans motif, par le terme de « nation » qui évoque la naissance« .
La nation répond au besoin de vie sociale de tout individu. Elle constitue la plus vaste communauté naturelle au sein de laquelle il puisse vivre en harmonie avec ses semblables, une communauté vaste assurant, à la suite de la famille, son épanouissement matériel et spirituel. C’est pourquoi la nation est non seulement un fait, nous l’avons vu, mais aussi un bienfait dont l’être humain ne saurait se passer.
Jean-Paul II l’affirmait clairement à Varsovie le 2 juin 1979: « on ne peut comprendre l’homme en dehors de cette communauté qu’est la nation. Il est naturel qu’elle ne soit pas l’unique communauté. Toutefois, elle est une communauté particulière, peut-être la plus intimement liée à la famille, la plus importante pour l’histoire spirituelle de l’homme« .
Préserver son identité nationale, une marque de frilosité?
Dans la continuité de l’enseignement traditionnel du Magistère, à la suite notamment de Saint Thomas (1227-1274), Léon XIII (1810-1903), Pie X (1835-1914), Benoît XV (1854-1922), Pie XI (1857-1939), et Pie XII (1876-1985), Jean-Paul II réaffirme bien l’importance de la nation pour l’homme. Compte tenu de la nécessité de cette dernière et de ses vertus à l’égard de l’homme, s’ensuit naturellement que la défense de l’identité nationale est un droit légitime.
C’est même un devoir. « Une phrase du serviteur de Dieu Romuald Traugutt, me revient maintenant à l’esprit: « il a plu à Dieu d’avoir les nations » (…). Que la génération qui entre dans le troisième millénaire cultive le sens de son identité nationale, suscite le respect pour la richesse de sa tradition culturelle natale et pour ses valeurs éternelles« [[Jean-Paul II, 10 juin 1996, aux membres des associations des victimes des camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau.]].
Cette défense de l’identité nationale passe avant tout par la transmission du patrimoine. Chaque héritier doit en effet œuvrer à diffuser et à offrir à son tour le leg qu’il a reçu. Jean-Paul II, dans son allocution aux jeunes à Gniezno le 3 juin 1979, appelle solennellement à ce travail: « restez fidèles à ce patrimoine! Faites-en l’objet de votre noble fierté! Conservez et multipliez ce patrimoine, transmettez-le aux générations futures!« .
Cette transmission n’est possible que si chacun est conscient de cette identité nationale et a à cœur de la promouvoir. C’est pourquoi il est du devoir de chaque membre d’une nation de veiller à ses intérêts, de se mettre au service de son pays, à la fois par son travail et sa contribution de tous les jours à l’activité de la cité, par son engagement au service de la communauté. Tout individu a donc un rôle à jouer au sein de la société du fait même de son appartenance à la collectivité et ceci quel que soit son état d’homme politique, d’artisan, d’ouvrier, de père de famille, de militaire, de médecin…
Le droit de préserver sa spécificité culturelle
Parce qu’elle est un tel bienfait, la nation est génératrice de devoirs. Mais elle est également titulaire de droits, au point que Jean-Paul II lui-même a exhorté les Nations Unies, le 5 octobre 1995 à New-York, à formuler une charte des droits des nations.
Le premier droit que le Saint Père reconnaît aux nations est le droit à être respectées dans leur spécificité culturelle. Il est légitime que chaque nation vive selon ses coutumes, ses traditions, et soit fière de ses valeurs culturelles. Le Saint-Père a rappelé fréquemment le « droit de toute nation à posséder sa propre culture et à son développement« [[Audience aux recteurs des Instituts Académiques de Pologne, 4 janvier 1995.]].
Dans le même discours, le Saint-Père poursuit en précisant que « l’histoire nous enseigne en effet qu’en détruisant la culture d’une nation donnée, c’est le point le plus important de sa vie que l’on détruit« . Nation et culture sont donc intimement liées. Elles sont même inséparables. En effet, une nation qui se verrait confisquer son territoire et sa souveraineté pourrait tout de même survivre, à la seule réserve qu’elle parvienne à préserver son identité culturelle. « C’est précisément la culture qui permet à une nation de survivre à la perte de son indépendance politique« [[Jean-Paul II, Nations-Unies, 5 octobre 1995.]]. Culture et souveraineté nationale vont de pair.
Le droit à une reconnaissance politique
Et c’est le deuxième droit des nations que le pape a rappelé à plusieurs reprises: le droit de conserver sa souveraineté nationale. Cette dernière s’appuie sur la culture et ses spécificités mais comporte aussi une dimension politique, qui, attention, ne s’incarne pas automatiquement dans un Etat: depuis la Révolution française qui a donné naissance au fameux « principe des nationalités », selon lequel toute nation est appelé à se constituer en Etat souverain, personne n’ose remettre en cause le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes« , qui fut à l’origine de la décolonisation.
Or, la reconnaissance politique à laquelle toute nation a droit peut se réaliser dans le cadre d’une fédération ou d’une confédération avec d’autres nations si la nation n’est pas prête à se constituer en Etat souverain[[Voir à ce propos l’allocution de Jean-Paul II au départ de Zagreb (septembre 1994) et son homélie à la basilique Saint-François (janvier 1993).]].
Le discours de l’Eglise quant à la nation est donc clair. La nation est un fait, nécessaire à l’épanouissement matériel et spirituel de l’homme. La nation est d’ailleurs le cadre de l’évangélisation, telle que nous l’a demandée le Christ: « allez, enseignez toutes les nations« .
La nation est un bienfait, comme nous le répètent l’Ecriture sainte et le Magistère, digne d’être aimée à ce seul titre. L’actualité politique nous montre néanmoins une remise en cause quotidienne de ce concept, au nom de l’amitié entre les peuples, et, surtout, d’une commodité économique. La construction européenne, telle qu’elle se présente à travers les traités de Maastricht et d’Amsterdam, en est la démonstration flagrante. Sous couvert d’un principe de subsidiarité mal compris ou, tout au moins, appliqué à mauvais escient, l’exécutif européen, la Commission de Bruxelles s’arroge les prérogatives des états membres, intervenant systématiquement à leur place au lieu de se cantonner à pallier leurs éventuelles déficiences. Les nations, déjà souvent écrasées par le poids d’un état interventionniste, se voient de surcroît imposer les strates pesantes d’une législation communautaire souvent contradictoire avec leurs propres lois.
Or lorsque les nations ne sont pas respectées dans leur souveraineté et leur identité, le risque est qu’elles se rebellent et basculent dans un nationalisme exacerbé. Et le Saint-Père constate que la résurgence et l’explosion de certains nationalismes trouvent leur source dans ce mépris de l’identité nationale: « nous voyons la réapparition impétueuse de particularismes qui sont le symptôme d’un besoin d’identité et de survie devant de vastes processus d’assimilation culturelle« [[Audience générale du 11 octobre 1995 à Rome.]].
La nation constitue donc une richesse fabuleuse qu’il convient de préserver. Cadre de l’épanouissement de l’homme, elle est également garante de la paix dans le monde dès lors que le respect de sa souveraineté est assuré.
En dépit des attaques qui pèsent contre elle, la nation doit donc vivre. Le premier moyen pour cela est de l’aimer, comme le Christ a aimé sa patrie. Etant bien entendu que pour l’aimer, il faut la connaître: d’où la nécessité, pour les catholiques plus encore que pour les autres, de se plonger dans son histoire, dans son patrimoine, de s’en nourrir et d’avoir à cœur de les transmettre.
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HOMÉLIE DE SA SAINTETÉ JEAN-PAUL II
Place de la Victoire, Varsovie Samedi 2 juin 1979
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Chers compatriotes, Frères et sœurs très chers, Vous tous qui participez au Sacrifice eucharistique que nous célébrons aujourd’hui à Varsovie, sur la place de la Victoire,
1. Avec vous je voudrais chanter un hymne de louange à la divine Providence qui me permet de me trouver ici en qualité de pèlerin.
Nous savons que Paul VI, récemment disparu — premier pape pèlerin depuis tant de siècles —, désirait ardemment fouler le sol polonais, et en particulier venir à Jasna Gora (Clair-Mont). Jusqu’à la fin de sa vie il a, conservé ce désir dans son cœur, et il est descendu dans la tombe avec lui. Et nous sentons maintenant que ce désir — si puissamment et si profondément enraciné qu’il a survécu à tout un pontificat — se réalise aujourd’hui et d’une façon que l’on pouvait difficilement prévoir. Remercions donc la divine Providence d’avoir donné à Paul VI un désir aussi fort. Et remercions-la pour ce style de pape-pèlerin qu’il a instauré avec le Concile Vatican II. En effet, lorsque l’Église entière eut pris conscience d’une manière renouvelée d’être le peuple de Dieu, un peuple qui participe à la mission du Christ, un peuple qui traverse l’histoire avec cette mission, un peuple « en marche », le pape ne pouvait plus rester « prisonnier du Vatican ». Il devait devenir à nouveau le Pierre pérégrinant, comme le premier du nom qui, de Jérusalem et en passant par Antioche, était arrivé à Rome pour y donner au Christ un témoignage scellé de son propre sang.
Ce désir du défunt pape Paul VI, il m’est donné aujourd’hui de l’accomplir parmi vous, très chers fils et filles de ma patrie. En effet lorsque — par un dessein insondable de la divine Providence, après la mort de Paul VI et le bref pontificat d’à peine quelques semaines de mon prédécesseur immédiat Jean-Paul Ier — je fus appelé, par le vote des cardinaux, de la chaire de saint Stanislas à Cracovie à celle de saint Pierre à Rome, j’ai compris immédiatement qu’il était de mon devoir d’accomplir ce désir que Paul VI n’avait pas pu réaliser lors du millénaire du baptême de la Pologne.
Mon pèlerinage dans la patrie, en cette année où l’Église en Pologne célèbre le neuvième centenaire de la mort de saint Stanislas n’est-il pas un signe particulier de notre pèlerinage polonais à travers l’histoire de l’Église, non seulement au long des routes de notre patrie mais aussi au long de celles de l’Europe et du monde ? Laissant de côté ma propre personne, je n’en dois pas moins me poser avec vous tous la question concernant le motif pour lequel c’est justement en 1978 (après tant de siècles d’une tradition bien établie dans ce domaine) qu’a été appelé sur la chaire de saint Pierre un fils de la nation polonaise, de la terre polonaise. Le Christ exigeait de Pierre et des autres Apôtres qu’ils fussent des « témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En nous référant donc à ces paroles du Christ, n’avons-nous pas le droit de penser que la Pologne est devenue, en notre temps, une terre d’un témoignage particulièrement lourd de responsabilité ? Que d’ici précisément — de Varsovie et aussi de Gniezno, de Jasna Gora, de Cracovie, de tout cet itinéraire historique que j’ai tant de fois parcouru dans ma vie et que je suis heureux de parcourir à nouveau ces jours-ci — il faut annoncer le Christ avec une singulière humilité, mais aussi avec conviction ? Que c’est précisément ici qu’il faut venir, sur cette terre, sur cet itinéraire, pour relire le témoignage de sa croix et de sa résurrection ? Mais si nous acceptons tout ce que je viens d’oser affirmer, combien grands sont les devoirs et les obligations qui en découlent ! Sommes-nous capables d’y répondre ?
2. Il m’est donné aujourd’hui, en cette première étape de mon pèlerinage papal en Pologne, de célébrer le Sacrifice eucharistique à Varsovie, sur la place de la Victoire. La liturgie de ce samedi soir, veille de la Pentecôte, nous transporte au Cénacle de Jérusalem, où les Apôtres — réunis autour de Marie, Mère du Christ — recevront, le jour suivant, l’Esprit Saint. Ils recevront l’Esprit que le Christ, à travers sa croix, a obtenu pour eux afin que dans la force de cet Esprit ils puissent accomplir son commandement. « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19 20). Par ces paroles, le Christ Seigneur, avant de quitter ce monde, a transmis aux Apôtres son ultime recommandation, son « mandat missionnaire ». Et il a ajouté : « Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).
C’est une bonne chose que mon pèlerinage en Pologne, à l’occasion du IXe centenaire du martyre de saint Stanislas, tombe dans la période de la Pentecôte, et en la solennité de la sainte Trinité. Je puis ainsi, accomplissant le désir posthume de Paul VI, vivre encore une fois le millénaire du baptême en la terre polonaise, et inscrire le jubilé de saint Stanislas de cette année dans ce millénaire qui rappelle le début de l’histoire de la nation et de l’Église. Et justement la solennité de la Pentecôte et celle de la sainte Trinité nous rapprochent de ce commencement. Dans les Apôtres qui reçoivent l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte sont déjà en quel que sorte spirituellement présents tous leurs successeurs, tous les évêques, y compris ceux qui ont eu la charge, depuis mille ans, d’annoncer l’Evangile en terre polonaise. Y compris ce Stanislas de Szczepanow qui a payé de son sang sa mission sur la chaire de Cracovie il y a neuf siècles.
Et ce ne sont pas seulement les représentants des peuples et des langues énumérés par le livre des Actes des Apôtres qui sont réunis le Jour de la Pentecôte en ces Apôtres et autour d’eux. Déjà alors se trouvent rassemblés autour d’eux divers peuples et nations qui, par la lumière de l’Évangile et la force de l’Esprit Saint, entreront dans l’Église au cours des époques et des siècles. Le jour de la Pentecôte est le jour de la naissance de la foi et de l’Église en notre terre polonaise aussi. C’est le début de l’annonce des merveilles du Seigneur, en notre langue polonaise aussi. C’est le début du christianisme dans la vie de notre nation aussi : dans son histoire, dans sa culture, dans ses épreuves.
3. a. L’Église a apporté à la Pologne le Christ, c’est-à-dire la clef permettant de comprendre cette grande réalité, cette réalité fondamentale qu’est l’homme. On ne peut en effet comprendre l’homme à fond sans le Christ. Ou plutôt l’homme n’est pas capable de se comprendre lui-même à fond sans le Christ. Il ne peut saisir ni ce qu’il est, ni quelle est sa vraie dignité, ni quelle est sa vocation, ni son destin final. Il ne peut comprendre tout cela sans le Christ.
C’est pourquoi on ne peut exclure le Christ de l’histoire de l’homme en quelque partie que ce soit du globe, sous quelque longitude ou latitude géographique que ce soit. Exclure le Christ de l’histoire de l’homme est un acte contre l’homme. Sans Lui il est impossible de comprendre l’histoire de la Pologne et surtout l’histoire des hommes qui sont passés ou passent par cette terre. L’histoire des hommes. L’histoire de la nation et surtout l’histoire des hommes. Et l’histoire de chaque homme se déroule en Jésus-Christ. En Lui, elle devient l’histoire du salut.
L’histoire de la nation doit être jugée en fonction de la contribution qu’elle a apportée au développement de l’homme et de l’humanité, à l’intelligence, au cœur, à la conscience. C’est là le courant le plus profond de culture. Et c’est son soutien le plus solide. Sa moelle épinière, sa force. Il n’est pas possible de comprendre et d’évaluer, sans le Christ, l’apport de la nation polonaise au développement de l’homme et de son humanité dans le passé et son apport également aujourd’hui. « Ce vieux chêne a poussé ainsi, et aucun vent ne l’a abattu parce que sa racine est le Christ » (Piotr Skarga, Kazania Sejmowe, Biblioteka Narodowa, I, 70, page 92). Il faut marcher sur les traces de ce que fut (ou plutôt de qui fut) le Christ, au long des générations, pour les fils et les filles de cette terre. Et cela, non seulement pour ceux qui ont cru ouvertement en Lui et l’ont professé avec la foi de l’Église mais aussi pour ceux qui étaient apparemment loin, hors de l’Église. Pour ceux qui doutaient ou s’opposaient.
3. b. S’il est juste de saisir l’histoire de la nation à travers l’homme, chaque homme de cette nation, en même temps on ne peut comprendre l’homme en dehors de cette communauté qu’est la nation. Il est naturel qu’elle ne soit pas l’unique communauté ; toutefois, elle est une communauté particulière peut-être la plus intimement liée à la famille, la plus importante pour l’histoire spirituelle de l’homme. Il n’est donc pas possible de comprendre sans le Christ l’histoire d e la nation polonaise — de cette grande communauté millénaire — qui décide si profondément de moi et de chacun de nous. Si nous refusons cette clef pour la compréhension de notre nation, nous nous exposons à une profonde équivoque. Nous ne nous comprenons plus nous-mêmes. Il est impossible de saisir sans le Christ cette nation au passé si splendide et en même temps si terriblement difficile. Il n’est pas possible de comprendre cette ville, Varsovie, capitale de la Pologne, qui en 1944 s’est décidée à une bataille inégale avec l’agresseur, à une bataille dans laquelle elle a été abandonnée par les puissances alliées, à une bataille dans laquelle elle a été ensevelie sous ses propres ruines — si on ne se rappelle pas que sous ces mêmes ruines il y avait aussi le Christ Sauveur avec sa croix qui se trouve devant l’église à Krakowskie Przedmiecie. Il est impossible de comprendre l’histoire de la Pologne, de Stanislas de Skalka à Maximilien Kolbe d’Auschwitz, si on ne leur applique pas encore ce critère unique et fondamental qui porte le nom de Jésus-Christ.
Le millénaire du baptême de la Pologne dont saint Stanislas est le premier fruit mûr — le millénaire du Christ dans notre hier et notre aujourd’hui — est le motif principal de mon pèlerinage, de ma prière d’action de grâces avec vous tous, chers compatriotes auxquels Jésus-Christ ne cesse d’enseigner la grande cause de l’homme, avec vous pour lesquels Jésus-Christ ne cesse d’être un livre toujours ouvert sur l’homme, sur sa dignité, sur ses droits, et en même temps un livre de science sur la dignité et sur les droits de la nation.
Aujourd’hui, sur cette place de la Victoire, dans la capitale de la Pologne, je demande, à travers la grande prière eucharistique avec vous tous, quele Christ ne cesse pas d’être pour nous un livre ouvert de la vie pour l’avenir. Pour notre demain polonais.
4. Nous nous trouvons devant le tombeau du soldat inconnu. Dans l’histoire de la Pologne — ancienne et contemporaine —, ce tombeau a un fondement et une raison d’être particuliers. En combien de lieux de la terre natale n’est-il pas tombé, ce soldat ! En combien de lieu de l’Europe et du monde n’a-t-il pas crié, par sa mort, qu’il ne peut y avoir d’Europe juste sans l’indépendance de la Pologne, marquée sur les cartes de géographie ! Sur combien de champs de bataille n’a-t-il pas témoigné des droits de l’homme profondément gravés dans les droits inviolables du peuple, en tombant pour « notre liberté et la vôtre » !
« Où sont leurs tombes, ô Pologne ? Où ne sont-elles pas ! Tu le sais mieux que tous, et Dieu le sait au ciel » (A. Oppman, Pacierz za zmarlych).
L’histoire de la patrie écrite à travers le tombeau d’un soldat inconnu !
Je veux m’agenouiller près de cette tombe pour vénérer chaque semence qui, tombant en terre et y mourant, porte des fruits. Ce sera la semence du sang du soldat versé sur le champ de bataille ou le sacrifice du martyre dans les camps de concentration ou dans les prisons. Ce sera la semence du dur travail quotidien, la sueur au front dans le champ l’atelier, la mine, les fonderies et les usines. Ce sera la semence d’amour des parents qui ne refusent pas de donner la vie à un nouvel homme et assument le devoir de l’éduquer. Ce sera la semence du travail créateur dans les universités, les instituts supérieurs, les bibliothèques, les chantiers de la culture nationale. Ce sera la semence de la prière, de l’assistance aux malades, à ceux qui souffrent ou sont abandonnés : « tout ce qui constitue la Pologne ».
Tout cela dans les mains de la Mère de Dieu — au pied de la croix sur le Calvaire, et au Cénacle de la Pentecôte !
Tout cela : l’histoire de la patrie formée pendant un millénaire par les générations successives — y compris la présente et la future — par chacun de ses fils et de ses filles, même anonymes et inconnus comme ce soldat devant le tombeau duquel nous nous trouvons en ce moment…
Tout cela : même l’histoire des peuples qui ont vécu avec nous et parmi nous, comme ceux qui sont morts par centaines de milliers entre les murs du ghetto de Varsovie.
Tout cela, je l’embrasse par la pensée et par le cœur en cette Eucharistie et je l’inclus dans cet unique saint Sacrifice du Christ, sur la place de la Victoire.
Et je crie, moi, fils de la terre polonaise, et en même temps moi, le pape Jean-Paul II, je crie du plus profond de ce millénaire, je crie la veille de la Pentecôte:
Que descende ton Esprit !
Que descende ton Esprit ! Et qu’il renouvelle la face de la terre de cette terre !
Amen.
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fautpaspousser-fpp · 8 years
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#Fillon et le libéral-conservatisme : ne pas oublier la question sociale !https://t.co/fRs84zLC5b Chronique @RadioEsperance de la semaine
— Guillaنme de Prémare (@g2premare)
25 novembre 2016
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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Au secours, Robespierre revient ! @g2premare : http://t.co/Zem5nphea3« Il y a une religion suprême, c’est la religion de la République »
— Ichtus - Base 49 (@Ichtus_Base49) 23 Janvier 2015
« La laïcité exigerait-elle aujourd’hui, pour survivre, la proclamation d’un athéisme d’Etat ? Et d’un athéisme de combat ? C’est René Poujol, très remonté contre l’ultra-laïcité, qui s’exprime ainsi. Ultra-laïcité ? De quoi s’agit-il ?
Oh juste quelques déclarations qui en disent long sur ce qui pourrait bien nous attendre. Pour Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, « Il y a une religion suprême, c’est la religion de la République ». Pour Rama Yade, ex-ministre de Sarko, « la République doit redevenir un messianisme, avec ce que le messianisme a de transgressif, de collectif, de discipliné, d’exigeant, de moral. »
Waouh ça cogne ! Plunkett me retire les mots de la bouche lorsqu’il souligne que « c’est la définition d’un régime inquiétant. Si Rama Yade avait écrit « vertueux » au lieu de « moral », ce serait carrément le retour de l’incorruptible ». Au secours, Robespierre revient !
Que se passe-t-il ? Il se passe qu’il ne suffit pas de décréter du jour au lendemain que « Charlie c’est la France et la France c’est Charlie » pour refaire le ciment national, pour sceller le sens commun d’une société. Il faut donc aller plus loin : puisque le sens commun meurt sans religion commune, il faut une religion commune au-dessus des religions. « Il faut un Dieu à la nation » comme on disait à la fête de « l’Etre suprême ».
Ne croyez pas que Bartolone et Yade aient « fumé la moquette », c’est un retour aux sources montagnardes les plus pures et incorruptibles, qui porte en germe le risque totalitaire. Le schéma est simple : ils ne veulent voir qu’une seule religion dans l’espace public – la leur, la laïque ! -, les autres religions étant priées de rester strictement confinées à l’espace privé.
Avec cela, ce sont nos libertés qui sont menacées : la liberté religieuse – qui est « au fondement d’un Etat de droit »disait Benoît XVI -, mais aussi nos libertés familiales, éducatives et scolaires, puisqu’ils entendent reprendre fermement en main l’école. Comme le répète en boucle Belkacem : la laïcité, toute la laïcité, rien que la laïcité, et aucun écart ne sera toléré. Je pressens déjà que nous serons accusés de ne pas nous soumettre, au nom de notre religion, au messianisme transgressif, collectif, disciplinaire, exigeant et moral de Madame Yade.
Que dit notre religion sur Dieu et César ? Reprenons le discours de Benoît XVI au Bundestag (septembre 2012) :« Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’Etat et à la société un droit révélé. (…) Il a, au contraire, renvoyé à la nature et à la raison comme vraie source du droit. » Dans la révélation chrétienne, il n’y a pas de « Charia » catholique.
Cela est entendu, mais il faut dire à Monsieur Bartolone et à Madame Yade que César n’est pas Dieu, que César ne peut pas tout, que l’homme n’appartient pas à César. La distinction Dieu-César ne donne pas un blanc-seing à César car la loi de César est soumise à la nature même de l’homme et à la raison, qui sont reçues de Dieu.
Guillaume de Prémare
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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"Après #Charlie, comment donner l'envie d'aimer la France ?" @radionotredame @g2premare Solange BIED-CHARRETON
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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"#Charliehebdo : état de choc" Chronique de @g2premare @Ichtus_Base49
"Charlie hebdo : état de choc" Chronique hebdo @g2premare Écouter : http://t.co/WWFDJG3Y8s Lire : http://t.co/a7jjr44xba #CharlieHebdo
— Guillaنme de Prémare (@g2premare) 9 Janvier 2015
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(http://www.ichtus.fr/charlie-hebdo-etat-de-choc/)
« Il faut que la communauté musulmane se révolte ». C’est Tareq Oubrou – recteur de la mosquée de Bordeaux – qui parle ainsi en sortant d’une audience avec le pape. « Les musulmans sont traumatisés, ils en ont marre », ajoute à chaud le religieux qui vient d’apprendre l’acte terroriste contre Charlie Hebdo. « Cette majorité silencieuse se voit prise en otage par des fêlés », dit-il encore.
Peu de temps avant d’avoir lu ces lignes, je reçois un texto d’un ami musulman qui me dit la nécessité « d’accélérer la construction de ponts ». Et cet ami cher de terminer en me disant : « Les acteurs de haine et diviseurs sont en joie aujourd’hui, je suis horrifié ». C’est l’état de choc : la France vient de subir un acte de guerre terroriste, avec à la clé un objectif de conquête politico-religieuse.
L’enquête semble désigner, pour le moment, des musulmans issus de l’immigration, de nationalité française. Que l’immense majorité des millions de musulmans qui vivent en France soit horrifiée par cet acte, c’est évident. Mais une guerre urbaine est toujours le fait d’une petite minorité qui grandit sur un terreau politique et culturel plus large que sa seule expression la plus extrême. Bien sûr, c’est un problème grave ; et répéter en boucle « pas d’amalgame, pas de stigmatisation » ne résout pas en soi ce problème.
Le terreau culturel et politique dont il s’agit, c’est ce phénomène mondial d’un Islam de plus en plus radical, une certaine forme d’Islam qui progresse dans le peuple musulman. En face de cela, la peur de l’Islam est un phénomène majeur de notre temps. En face ce cela, le peuple français en a marre, lui aussi. Marre de cette situation hors de contrôle où les frontières ne veulent plus rien dire, marre de l’ouverture à tous les vents, marre des oukases médiatiques contre ceux qui avertissent du danger. Voici par exemple Lydia Guirous, secrétaire nationale du Parti Radical qui, dans une tribune au Figarovox, donne raison à Zemmour et fustige ses censeurs qui pleurent aujourd’hui la liberté d’expression qu’ils voulaient museler hier encore.
J’entends les appels à l’unité nationale. Je suis d’accord. Mais attention : on ne refera pas le ciment national durablement seulement en luttant contre un ennemi commun, cet ennemi islamiste qui ensanglante également des mosquées, comme récemment au Nigéria. On refait une unité nationale sur une culture, sur une histoire, sur une langue, sur une géographie, sur une tradition, bref sur tout ce qui fait une nation.
Alors, « accélérer la construction de ponts », cent fois oui ! Ces ponts doivent être profondément enracinés dans la culture et l’éducation. Cela signifie qu’ils doivent présenter le visage inverse de cette œuvre de déconstruction culturelle et éducative qui a dépouillé les Français de leur identité et enfermé une partie des musulmans de France dans la victimisation, avec ce discours sur les minorités discriminées, cette thèse absurde qui veut que l’histoire de France se confonde avec l’histoire de l’immigration, que le multiculturalisme présente un merveilleux horizon de fraternité. Tout cela est mensonge.
Pendant ce temps, nous n’avons pas transmis ce qu’est la France, nous ne l’avons pas fait aimer. Or, mon ami musulman m’a dit un jour que lorsque les musulmans Français connaissent l’histoire de France, ses arts et sa culture, ses traditions et son excellence, ils aiment et admirent la France, y compris cette substance chrétienne qui a contribué à la façonner. Si nous ne choisissons pas ce chemin de culture et d’éducation, l’incompréhension et la défiance grandiront, le fossé se creusera, jusqu’à l’irréparable. Si nous le choisissons, nous ouvrirons un chemin d’espérance dont le génie français est capable. Impossible n’est pas Français.
Guillaume de Prémare
Chronique Radio Espérance du 9 janvier 2015
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fautpaspousser-fpp · 10 years
Video
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Entretien avec @g2premare (séquence 1/2/3/4) @Ichtus_Base49
Guillaume de Prémare Délégué Général d'Ichtus commente et met en perspective le le Mouvement Social
(source: http://www.ichtus.fr/vers-un-nouveau-catholicisme-social-guillaume-de-premare/)
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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Par Jean-René Binet
Par Guillaume de Prémare
Par Gregor puppinck
Par Anne-Marie le pourhiet
Par Pierre olivier Arduin
Par Didier Maus
.......
Suite, cliquez sur l'image:
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fautpaspousser-fpp · 10 years
Text
Audio: "Médecin catholique, elle pratique l' #Euthanasie" ! par @g2premare sur @RadioEsperance
Audio: http://www.radio-esperance.net/?radio=antenne-principale&media=audio&option=reecouter&date=20141003&id=0014ae30
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Sur l'antenne de radio Espérance, Guillaume de Prémare revient sur le livre « Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie ».
« Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie » : c’est le titre d’un livre de Corinne Van Oost, qui fait actuellement couler beaucoup d’encre. De nombreux commentaires jugent ce titre racoleur, provocateur et commercial. Au contraire, il dit crûment le contenu de l’ouvrage : Corinne Van Oost est médecin, catholique, et elle explique pourquoi elle pratique en effet l’euthanasie, c’est-à-dire l’injection volontaire d’une substance mortelle. Ce livre repose sur un témoignage de la pratique compassionnelle de Corinne Van Oost, sur le récit d’un parcours qui l’a menée des soins palliatifs à l’euthanasie. Et elle tire de son expérience personnelle des conclusions d’ordre général : 1. « Une société qui admet l’euthanasie est une société qui a gagné en humanité », écrit-elle. 2. L’acte euthanasique est justifiable en conscience, y compris pour une conscience catholique. 3. On ne peut vraiment pratiquer les soins palliatifs au principal qu’en acceptant l’euthanasie à la marge, comme ultime recours. L’articulation de l’acte euthanasique avec les soins palliatifs constitue le principal piège dialectique de ce livre. C’est pourquoi, à mon avis, concentrer trop largement l’argumentation anti-euthanasique sur l’alternative offerte par les soins palliatifs offre une prise à ce piège dialectique.  Cela revient en quelque sorte à entrer en « concurrence compassionnelle », en « concurrence d’expériences » : ma compassion (les soins palliatifs) est supérieure à la tienne (l’euthanasie). Et l’argumentaire euthanasique de Corinne Van Oost a beau jeu de retourner la perspective : « Vous avez raison, les soins palliatifs sont merveilleux, ils sont même supérieurs à l’euthanasie, mais l’euthanasie arrive derrière, comme palliatif à l’échec du palliatif. D’une certaine manière, nous avons raison tous les deux. » C’est imparable, c’est le "Ippon rhétorique" parfait : tout en douceur, Corinne Van Oost absorbe la force de l’argumentation adverse, la retourne et l’envoie au tapis. C’est ainsi que la compassion, essentialisée à partir de l’absolu du « moi » et de l’expérience personnelle, construit le grand cimetière universel de la raison. « Ici git la raison qui n’a pas su justifier ses justes raisons », pourrions-nous écrire comme épitaphe sur le marbre froid. Oh il ne s’agit pas de s’interdire de parler de compassion et de soins palliatifs, il s’agit de les mettre à leur juste place dans l’ordre de la raison. En effet, compassion contre compassion, expérience contre expérience, tout est relatif. C’est pourquoi la dialectique de Corinne Van Oost est nettement plus insidieuse que celle du « droit à choisir sa mort », développée par les militants de l’euthanasie. A ce stade, que faire ? S’opposer à la sacralisation des droits individuels, certes. C’est ce que fait Mgr Pontier avec audace dans La Croix : « Renforcer le droit individuel à choisir sa mort constitue une dérive dangereuse », écrit-il. Mais nous ne pouvons faire l’impasse sur le rappel de la fonction morale, sociale et culturelle de l’interdit. Notre société veut "faire tomber les tabous". Il convient de relever le défi et de refonder la fonction structurante et protectrice du tabou, de l’interdit. C’est peut-être un peu froid, mais c’est nécessaire, indispensable. (source Aleteia)
autre: 
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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Plein écran: http://www.radio-esperance.net/?radio=antenne-principale&media=audio&option=reecouter&date=20140926&id=0014ae30
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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22 Aout 2014
Audio: ici
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Il aura fallu que les yeux pleurent pour que les yeux s’ouvrent. Un manque terrible semble poindre progressivement : le "manque de France". Le drame irakien révèle enfin ce "manque de France" qui se fait cruellement sentir en ce monde où les politiques du chaos font rage. Plus grand monde ne fait confiance à l’empire américain pour intervenir utilement là où il a semé la désolation sur fond d’intérêts libellés en pétrodollar. Et plus grand monde ne semble croire dans les capacités d’Europe-puissance d’une Union européenne paralysée.
On semble donc redécouvrir une réalité de l’histoire : la France a une vocation de puissance mondiale. Non pas une puissance qui écrase et domine, mais une force d’équilibre et de justice. C’est ainsi que j’interprète l’appel à une initiative française pour une intervention militaire en Irak sous mandat de l’Onu.
Intitulé Au nom de l’humanité, cet appel témoigne peut-être d’une France qui reprend conscience d’elle-même. Je cite : « L’histoire a montré que notre pays a su se dépasser et trouver les moyens de mobiliser le meilleur de lui-même » ; « La France peut susciter l’élan » ; « Ce n’est pas un hasard si de nombreuses voix s’élèvent pour que la France s’engage ». Grand Dieu oui ce n’est pas un hasard…
Une voix particulière
Cet appel est principalement issu des milieux catholiques, qui ont réalisé ces dernières semaines un remarquable travail de sensibilisation médiatique au sort des chrétiens et minorités d’Irak, et plus largement du peuple d’Irak dans son ensemble. Je suis heureux d’entendre ainsi vigoureusement réclamée« notre voix particulière au Conseil de sécurité de l’Onu ». On aimerait l’entendre en effet, mais cette« voix particulière », on ne l’entend plus.
L’appel Au nom de l’humanité peut favoriser une prise de conscience salutaire. Depuis plus de 20 ans, les milieux catholiques français ont majoritairement accrédité la thèse dominante selon laquelle la France ne pourrait peser que dans la mesure où l’Union européenne pèserait comme Europe-puissance. D’une certaine manière, la France-puissance, c’était le passé. On a vu la France si petite que sa grandeur a été oubliée : la voix de la France, c’était désormais la voix de l’Europe.
L'Europe aphone
Mais l’Union européenne est aphone et l’on se rend compte peut-être aujourd’hui que l’Europe ne peut peser que si la France elle-même pèse et assume un leadership diplomatique et militaire : la voix de l’Europe, c’est d’abord la voix de la France. Et l’on se rend compte peut-être aussi — je l’espère ! — que la dissolution diplomatique de l’indépendance française dans une Union européenne arrimée à l’axe euro-atlantique a lié les mains de la France et bâillonné sa voix. Sarkozy puis Hollande se sont chargés de liquider le maigre reste de doctrine et praxis gaulliennes de Mitterrand puis Chirac.
Si j’encourage à signer et relayer l’appel Au nom de l’humanité, j’encourage aussi à réveiller ce qu’il faut de sain orgueil national français pour ouvrir plus largement les yeux sur l’état de servitude volontaire de notre pays. La France vit une situation de soumission qui est indigne d’elle-même, de son histoire, de sa vocation, mais aussi de sa position de puissance nucléaire et de membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. Celui qui ne veut pas voir cette servitude n’a plus que des yeux pour pleurer…
 Guillaume de Prémare
Chronique diffusée sur Radio Espérance du 22 août 2014.
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25 Juillet   2014
L'appel de vingt personnalités - "Chrétiens d'Orient : Silence, on élimine !"
Le martyre des chrétiens d'Orient est passé sous silence par les médias et les responsables publics. Traqués par les islamistes, ils fuient ou sont tués. Photo © AFP
Sursaut. A l'initiative de Christine Boutin, ancien ministre et de Rachida Dati, ancien ministre et député européen, vingt parlementaires et anciens Députés exhortent François Hollande, Manuel Valls et le Gouvernement à agir pour les Chrétiens d'Orient.
Peuple de France, il est temps de se lever ! Il est temps de se mobiliser face à l'horreur que subissent les Chrétiens d'Orient, notamment en Irak.
Nous sommes face à un risque majeur : la disparition des descendants directs des premiers Chrétiens, qui parlent la langue du Christ.
Nous appelons le gouvernement à briser le silence assourdissant dans lequel il se terre, malgré les suppliques de nombreux élus et de nombreux citoyens inquiets.
Nous appelons Manuel Valls à cesser d'avoir l'indignation sélective ! Partout où la haine et l'intolérance menaceront des populations civiles innocentes, notre pays, grande Patrie des droits de l'Homme, doit réagir !
S'il n'agit pas, son silence risque de rendre notre pays complice des exactions, des enlèvements et des destructions de lieux de culte Chrétiens. Nous ne pouvons le tolérer plus longtemps.
Si les jours que nous vivons sont à l’urgence, ils sont le résultat de plusieurs années d’une politique internationale visant à faire des Chrétiens d’Orient la variable d’ajustement de la situation géopolitique du Proche et du Moyen Orient.
Nous le condamnons, et nous appelons le gouvernement à faire de la France, le leader d'une nouvelle politique internationale de protection des Chrétiens d'Orient.
La France soutient depuis des siècles ces peuples et a toujours appuyé sa diplomatie sur leur connaissance fine et spécifique de leurs pays. Cela lui a permis d’être active au cœur des enjeux géopolitiques de cette région complexe, avec son équilibre sans cesse remis en cause. La France, avec sa culture et son expérience, est considérée par tous ces peuples, croyants de toute religion ou non croyants, comme un grand pays qui soutient les causes des minorités fragiles.
Nous avons aujourd'hui une responsabilité devant l'Histoire !
Depuis la chute de Mossoul le 10 juin dernier, l’élimination des Chrétiens d’Irak s’est accélérée, avec un choix funeste : la fuite, la conversion ou la mort.
Ces derniers jours, les maisons des Chrétiens furent marquées du signe du «ن » en vue d’identifier les derniers Chrétiens présents en Irak.
Les Chrétiens d’Orient sont pourtant chez eux, dans cette partie du monde appelée maintenant le ‘Moyen Orient’, où ils sont implantés depuis deux millénaires.
Il y a là un enjeu civilisationnel de première importance.  Ces communautés incarnent le berceau du christianisme, et par conséquent de notre civilisation. L’Irak et l’Orient en général possèdent un patrimoine cultuel inégalé dans le monde.
Que dirons-nous à nos enfants ? Que la France ne s’est pas préoccupée du sort des Chrétiens d’Orient ? Qu’elle fut complice de la fin de la présence chrétienne en Orient ? Que la France a abandonné sa tradition de sauvegarde d’une minorité persécutée ?
Le Pape François disait récemment « il y a plus de martyrs aujourd’hui que dans les premiers temps de l’Eglise ». Ces paroles faisaient explicitement référence au sort des Chrétiens d’Orient.
Nous demandons à Manuel Valls, à François Hollande de s’exprimer publiquement sur le sujet, de saisir les instances internationales pour que la persécution cesse.
Nous leur demandons de favoriser l’aide humanitaire aux Chrétiens pillés, d’utiliser toutes les voies et tous les moyens diplomatiques et politiques nécessaires à leur protection. 
La France, grande nation diplomatique, ayant toujours considéré la présence des Chrétiens en Orient comme un gage de stabilité, doit agir et vite.
À défaut, c’est une partie de notre âme que nous abandonnerons en Irak.
  Christine Boutin, ancien Ministre
Rachida Dati, ancien Ministre, Député européen
Thierry Mariani, ancien Ministre, Député des Français établis hors de France
Hervé Mariton, ancien Ministre, Député de la Drôme
Pierre-Christophe Baguet, Ancien Député et Maire de Boulogne-Billancourt
Véronique Besse, Député de la Vendée
Valérie Boyer, Député des Bouches-du-Rhône
Xavier Breton, Député de l'Ain
Jean Dionis du Séjour, Ancien Député et Maire d'Agen
Philippe Gosselin, Député de la Manche
Françoise Grossetête, Député européen
Philippe Juvin, Député européen
Constance Le Grip, Député européen
Marc Le Fur, Député des Côtes d’Armor
Laurent Marcangeli, Député de la Corse du Sud
Yannick Moreau, Député de la Vendée
Jean-Frédéric Poisson, Député des Yvelines, Président du PCD
Yves Pozzo di Borgo, Sénateur de Paris
Franck Proust, Député européen
Bruno Retailleau, Sénateur de Vendée
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Au nom de l’humanité
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fautpaspousser-fpp · 10 years
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Tandis que l’UMP ne s’occupait que de son dérisoire nombril, Jean-Christophe Cambadélis a dit une chose très juste hier pendant la soirée électorale européenne : « La France entre dans une zone où tout est possible. » J’ajouterais que tout et son contraire sont possibles. Non pas tant à propos du jeu des partis, mais d’une réalité cruciale pour comprendre ce qui se joue au plan historique : La France se morcelle, la France part en morceaux.
Dans une interview récente au Nouvel Obs, le géographe Christophe Guilly s’exclame :« Le vivre-ensemble c’est fini ! » et explique comment ce morcellement dépasse le cadre ethnico-religieux pour présenter également un visage sociogéographique :
« La révolte gronde dans ce que j'appelle la France périphérique, c'est-à-dire les territoires qui sont à l'écart des grandes métropoles : bourgs, petites villes, la plupart des villes moyennes, une partie du périurbain et le monde rural. C'est une immense partie du territoire qui accueille 60 % de la population et 80 % des nouvelles catégories populaires : ouvriers, employés, petite classe moyenne en voie de paupérisation, jeunes et retraités issus de ces catégories. »
Pourquoi la révolte gronde
Pourquoi la révolte gronde-t-elle ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre les aspirations vitales de cette France profonde et laborieuse :
♦ la protection, notamment des emplois ;   ♦ la sécurité des biens et des personnes ;   ♦ les repères éducatifs et d’identité ;   ♦ l’autorité dans la famille, à l’école et bien sûr dans la sphère politique ;   ♦ la stabilité, car le peuple n’est pas nomade mais sédentaire.
Ajoutons que ce peuple vomit l’assistanat parce que le travail est pour lui une culture profonde et le moteur d’éducation des enfants.
Ces aspirations ne sont pas une idéologie mais se forgent avec bon sens et lucidité à partir de ce que les gens vivent à Saint-Omer, Fresnoy-Folny ou Carhaix. Ici, on a les yeux ouverts quand, à Paris, Strasbourg ou Bruxelles, on les ferme.
Les élites expliquent – en décalage complet avec les besoins du peuple - qu’on n’a pas d’autre choix que de « peser dans la compétition mondiale », que la mondialisation est « irréversible », qu’il faut aller chercher « la croissance avec les dents », qu’il faut « être mobile », etc. Le tout agrémenté de promesses d’égalité jamais réalisées et d’incantations morales inopérantes sur le vivre-ensemble.
Exorciser le peuple
Les élites sont en panique morale et voudraient exorciser le diable populisme. Voici que le peuple – jadis mythifié sous l’étendard de la liberté, de l’égalité et de la fraternité – devient soudain une incongruité, voire un monstre à contenir, quand il réclame protection, frontières, sécurité, repères, identité, stabilité et autorité.
Ce peuple ne se contente plus de la providence de l’État pour adoucir la perception de son sort, pour accepter l’abandon dont il est l’objet. Cette providence ne suffit plus à empêcher les gens de dire « ça va péter », comme en témoigne Jean Lassalle, le député qui marche. On a envie que « ça pète » quand on n’a plus grand-chose à perdre.
À l’inverse, à Paris, Strasbourg ou Bruxelles, on a beaucoup à perdre : la monnaie et les bourses sont stables, l’inflation est faible, l’immobilier continue de grimper et l’or est au plus haut. Bref, le patrimoine et l’épargne sont protégés. Voici donc nos élites urbaines accrochées à leur conservatisme, rétives au moindre renversement de perspective.
Ce conservatisme n’est pas d’abord idéologique, mais social et patrimonial. Il est un instinct grégaire de conservation, un réflexe de classe. « Depuis des années, on entend des partis bourgeois, qui font du gras », disait Eric Brunet hier soir sur BFMTV. C’est tellement vrai…
La France en état de choc vacille donc entre un ras-le-bol pré-révolutionnaire et un conservatisme patrimonial pré-totalitaire.
Le poison de la lutte des classes
Il y a urgence : la France part en morceaux, le bien commun est en miettes. Mais la lutte des classes est un poison, pas une solution. L’urgence n’est pas de faire de la "pédagogie" afin que le peuple comprenne enfin, non. Il y a urgence pour que la France urbaine aisée lève le nez de son relevé de patrimoine, ouvre les yeux, tourne le dos à son conservatisme, s’intéresse au peuple et assume enfin ses responsabilités.
Elle a une responsabilité compte tenu de son niveau de vie, de culture et d’instruction, mais aussi compte tenu de sa position et de son pouvoir. L’égalité n’existe pas dans le corps social, mais la justice doit exister.
Qui défendra le faible sinon le fort ? Qui protégera le peuple des prédations sinon ceux qui ont un pouvoir ? Qui donnera les repères sinon ceux qui sont le plus instruits de la sagesse des siècles ? Qui assumera la véritable autorité ? Qui restaura la substance politique qui est de servir et protéger ?
  Guillaume de Prémare
http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/La-France-en-morceaux
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