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#Atelier pleine lune
esoterique-fr · 4 months
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Thérapeute énergétique et formatrice en radiesthésie - Interview Véronique Squiban - Chemin de l'Energie
Nous avons rencontré Véronique Squiban de chez "Chemin de l'Energie", à l'occasion d'un atelier découverte dédié à la Radiesthésie "Détection des ondes vibratoires", animé le samedi 27 avril 2024 aux "Ateliers Pleine Lune" à Lannion dans les Côtes d'Armor en Bretagne. Véronique Squiban a trouvé sa voie dans le domaine holistique et énergétique grâce à des synchronicités et des rencontres inspirantes. Convaincue de la capacité intrinsèque de chacun à trouver son équilibre, elle met son savoir-faire au service du bien-être physique et émotionnel, et propose des ateliers et stages autour de la radiesthésie et de la pratique du pendule en Bretagne. Découvrez son interview et reportage vidéo dans l'article ! #Radiesthésie #VibrationsÉnergétiques #CheminDeLEnergie #VéroniqueSquiban #AteliersPleineLune #BienÊtreHolistique #Pendule #ÉquilibreÉnergétique #Synchronicité #AteliersEtStages #Lannion #CôtesDArmor #Bretagne #DécouverteÉnergétique #SantéHolistique #InterviewExclusif #ReportageVidéo
Nous avons rencontré Véronique Squiban de chez “Chemin de l’Energie”, à l’occasion d’un atelier découverte dédié à la Radiesthésie “Détection des ondes vibratoires”, animé le samedi 27 avril 2024,  lors des Ateliers pleine lune à Lannion dans les Côtes d’Armor en Bretagne. Lors de cet atelier bien-être, nature et spiritualité, Véronique Squiban, thérapeute énergétique et formatrice en…
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bonheurportatif · 1 year
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C’était bien mars
1er mars J’ai essayé de me placer, l'air de rien, pour des ateliers en Master à la rentrée prochaine. J'ai vu une scène qui m'a amusé en voiture : deux animateurs en gilet fluo regroupaient de très petits enfants devant un point de dépôt de verre. Ils donnaient l'impression qu'ils s'apprêtaient à s'en débarrasser. J'ai préparé une salade de chou-rouge en utilisant une mandoline et une espèce de lame courbe super-tranchante. (J'ai été un peu déçu du rendu de l'affiche commandée en ligne.) J'ai parlé tricot en visio avec la mère de João aux Açores. J'ai acheté la nouvelle biographie de Georges Perec. J'ai vu passer des oies sauvages en formation. (J'ai mangé un Snicker au retour de la supérette.) J'ai repris ma série d'affiches pour régler le problème de transparence visible à l'impression. 2 mars J'ai meublé comme j'ai pu un atelier d'écriture qui commence à tourner un peu à vide. On m'a fait cadeau d'une bière, que je ne boirai sans doute pas. On m'a rappelé le nom d'une ancienne copine de fac. J'ai réservé un logement pour dimanche soir prochain. 3 mars Je me suis réveillé, sans réveil, après une nuit parfaite. J'ai lu une petite heure, dans la maison silencieuse. (J'ai composé, machinalement. mon ancien code de carte bleue.) On m'a rappelé ce très beau mot, "tambourinaire". J'ai vu une de ces buses qui veillent au bord des routes fondre sur un talus pour attraper sa proie. (Je n'ai pas trouvé les bonnes références d'étiquettes pour l'expo Dis-moi ton secret.) J'ai résisté à l'achat de petits écouteurs sans fil. J'ai dicté la plupart de ces notes et j'ai trouvé ça assez satisfaisant. (Je n'ai pas plus accroché au nouvel album de Dominique A qu'au précédent.) J'ai testé la nouvelle passerelle d'accès aux quais de la gare (et rien n'est encore fonctionnel.) 4 mars Je me suis levé tôt, j'ai lancé une machine et plié la précédente. J'ai joué avec Benjamine à compter les voitures rouge à l'aller et au retour de son atelier (près de cent cinquante, quand même). J'ai bouiné/bouquiné tout l'après-midi. J'ai ressorti mes photos de classe pour voir combien de noms et de prénoms pouvaient me revenir.
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5 mars J'ai traversé les marais, dans la lumière rasante du soleil levant. Je suis allé à la piscine à vélo et j'ai nagé un kilomètre cinq cents. J'ai plutôt bien réussi les tartines du déjeuner. J'ai fait cadeau de deux bières que je n'aurais pas bues. J'ai traversé les vignes, dans la lumière rasante du soleil couchant. J'ai fourré dans mon sac un Perec que je n'avais pas, avec l'autorisation écrite de ma logeuse. L'entrée de la chambre au grenier était une porte de hobbit, qui ne dépassait pas mes épaules. (Le resto asiatique était assez médiocre, mais j'y étais avec Cadette.) 6 mars J'ai parcouru la ville où nous avons vécu et j'ai trouvé qu'elle avait vieilli. J'ai travaillé dans une toute petite pièce sous les toits, entre le chauffage et le thé qui infuse. (Je me suis cogné à la grosse poutre traversante à deux ou trois reprises.) J'ai reçu tard un travail urgent et je l'ai expédié en quelques dizaines de minutes avant d'aller manger. (J'ai travaillé assis, et ça ne m'a pas fait de bien.) Le dessert du restaurant de salades était une tarte renversée à l'ananas et c'était drôlement bon. (Les librairies visitées ne m'ont pas emballées.) J'ai trouvé des étiquettes aux bonnes dimensions pour l'expo. La mer avait des reflets violets. J'ai fait le plein sous la pleine lune. Nous avons rivalisé de commentaires élogieux avec mon hôtesse.
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7 mars Réveil sans réveil, et tôt cependant. J'ai avancé dans la lecture inspirante de la bio de Perec. J'ai calé les ateliers à venir. (J'ai à nouveau une petite douleur au niveau des trapèzes.) J'ai fait bureau dans ma voiture. (On a préféré annuler l'atelier du soir.) J'ai évité in extremis les gros bouchons sur la rocade. (J'ai fait un long détour dans la pampa.) (J'ai oublié ma clé USB dans la salle de classe.) On a trouvé une solution pour la récupérer avec l'enseignante. Ma chérie a fait des crêpes. On a bricolé en famille la playlist féminine et impromptue de nos années 90 : The Breeders, Belly, P.J. Harvey, Björk puis, insensiblement, Katerine. J'ai entendu le léger crépitement de la pluie sur le toit. 8 mars J'ai pris la route avec France Culture en grève qui passait Brassens puis aussitôt après, P.J. Harvey. (Il m'a manqué 5 centimes pour m'acheter un deuxième croissant.) J'ai récupéré ma clé USB. J'ai bravé la pluie et la flemme et je suis allé faire du sport. (La flemme m'a vite rattrapé.) 9 mars (Les deux interventions scolaires du matin ont été foireuses.) J'ai mis la main sur le livre québécois que je traquais depuis des mois. (Le type devant moi au resto ponctuait toutes ses phrases de "en mode", de "méga-concept", de "meilleure idée".) J'ai choisi le fondant châtaigne. L'atelier de l'après-midi avec les étudiantes, et la discussion qui s'est poursuivie plus d'une heure après, m'ont requinqué. J'y ai loué la poésie et conchié les poètes. Je me suis couché tôt, et endormi de suite. 10 mars J'ai pris mon temps, tout le matin, et, plus tard, en route, un appel libérateur. J'ai goûté quelques minutes de calme dans l'habitacle protecteur de la voiture à l'arrêt. J'ai regardé l'heure sur la pendule au-dessus du tableau, et la séance était pratiquement finie. Au dernier moment, j'ai tourné à droite pour aller chercher ma fille plutôt qu'à gauche pour aller chercher mon livre. J'ai préparé un riz cantonais maison. 11 mars Je me suis débarrassé (enfin) du vieux short un peu pisseux, élimé et troué qui faisait office (de plus en plus rarement) de pyjama du matin. Je me suis montré raisonnable dans la librairie, différant à un prochain passage l'achat de deux livres, sur les quatre que j'avais en main. J'ai flâné en ville, pour la première fois depuis bien longtemps. (J'ai encore mangé un Snicker en revenant de la supérette.) J'ai dansé avec Benjamine. J'ai fini la biographie de Perec par Burgelin. J'ai lu d'une traite La Rédactrice de Michèle Cohen, l'un des deux livres achetés le matin. (J'ai commencé à taper mon ancien code de carte, avant de me corriger.) J'ai lu Superballe de Philippe Charron dans la soirée. 12 mars J'ai remis la bâche sur les vélos. (Le vent l'a soufflée d'un rien.) J'ai lu Récits d'Ellis Island. J'ai imprimé une carte postale pour Benjamine. (J'ai cherché en vain le titre d'une chanson des années 80.) J'ai lu Sortir au jour, d'Amandine Dhée. J'ai trouvé une course à faire pour occuper la fin de mon dimanche. J'ai vadrouillé dans la pampa, au gré des indications de la voix synthétique de Google Maps. J'ai immortalisé ma première traversée de Blouc. J'ai rapporté notre nouveau tourniquet à cartes postales.
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13 mars J'ai commandé les affiches pour l'expo. Nous avons poussé des soupirs d'aise dans les bras l'un de l'autre. Je me suis laissé bercer par Mady Mesplé. J'ai fait une sieste. (Je suis allé m'acheter un sachet d'oursons à la guimauve.) (Je les ai tous mangés.) (J'ai expédié les affaires courantes.) J'ai remis la bâche sur les vélos. Nous avons longé la plage à marée haute. J'ai fait don de ma très vénérable chapka à Benjamine. Je suis sorti lester de chaises et de tables de jardin la bâche sur les vélos, que le vent s'amusait à gonfler. 14 mars Nous sommes allés marcher sur la plage. Nous avons eu la pluie dans le dos. J'ai trouvé un tout petit oursin. (La pluie nous a fait rebrousser chemin, et s'est arrêtée presque aussitôt.) J'ai rapidement bouclé un article en cours. J'ai fait mes emplettes pour les expos à venir. J'ai couru une demi-heure, et fait un quart d'heure d'autres trucs. L'eau de la douche a été chaude tout de suite. (J'ai demandé à ChatGPT de faire un peu de mon boulot.) J'ai mis en page les travaux des étudiantes pour l'atelier de jeudi. Maps m'a fait découvrir un nouvel itinéraire. J'ai récupéré un deuxième présentoir à cartes postales. J'ai dansé sur The Cure avec Benjamine. J'ai fini la lecture du bouquin de Pierre Bayard. 15 mars J'ai vu une étoile de mer et ramassé un nouvel oursin. J'ai fait mes impressions sur post-it pour la petite expo. J'ai reçu Le Matricule des anges. J'ai trouvé quatre livres pas mal à la petite médiathèque. (Je bricole un nouvel atelier pour lundi prochain, mais sera-ce suffisant ?) Notre expo a été annoncée dans la programmation de la grande médiathèque. J'ai trouvé qui solliciter pour le job d'été de Junior.
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16 mars J'ai vu le ciel bleu du matin finir son croissant de lune. (Impossible de retrouver mon mètre.) J'ai mis à jour mon curriculum. J'ai changé ma formule d'abonnement au Monde. Ma chérie a retrouvé mon mètre. On a éteint tous les chauffages, et laissé le soleil entrer par les baies ouvertes. L'atelier a été très efficace, avec des renforts bienvenus. J'ai échangé les présentoirs par des isoloirs dans le coffre de la voiture. On a répété avec les étudiants pour la lecture publique. Bratislava a fait son entrée dans la géographie familiale. (Je me suis gavé de sandwichs en rentrant tard de l'atelier.) (Le vrai repas a été de trop.) J'ai dansé avec Benjamine sur sa sélection musicale. On a fait du Air Ping-pong. (Le courant a sauté.) 17 mars Le déplacement de 8h a été déplacé à 11h. J'ai cherché la différence entre cheveux bouclés et cheveux frisés. (Mon changement de formule d'abonnement n'a pas été pris en compte.) (La conseillère me propose l'abonnement plus cher, l'air de rien.) J'ai expliqué à Benjamine toute ouïe comment était censée fonctionner notre Ve République. (J'ai glandé sur le net, pour une récolte évidemment nulle.) J'ai mangé avec les filles. J'ai pris une tisane avec Cadette et parlé philo, lettres et méthodo. J'ai fini Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon. J'ai dû m'endormir à peine la tête sur l'oreiller. 18 mars (J'ai commencé un roman d'Éric Neuhoff.) (Un couple de bourgeois blasés s'emmerdait à Venise. Un narrateur qui s'emmerdait lui aussi enfilait des phrases courtes qui se voulaient signifiantes. Des références un peu cuistres faisaient office de ponctuation. Leur vie d'éditeurs parisiens semblait de peu d'intérêt. Ils avalaient page après page des cocktails compliqués qui sentaient le pastiche.) J'ai reçu les belles affiches pour l'expo Beaufort. J'ai lu Le capital, c'est ta vie de Hughes Jallon. (J'ai oublié la buchette de chèvre à la caisse de la supérette.) (J'ai mis trop de béchamel dans les croque-monsieur.) (Benjamine nous a dit que sa prof de musique avait proposé d'apprendre Boys don't cry ou Where is my mind, mais que la majorité des élèves de sa classe avait voté pour La Bamba.) Nous avons applaudi, crié et ri au concert des Pixies avec Benjamine. (Sur Arte.) 19 mars Je me suis inscrit aux ateliers d'écriture en ligne de Laura Vasquez. J'ai pu prolonger de quelques jours encore mes emprunts à la bibliothèque universitaire. (Je m'y suis repris plusieurs fois pour resserrer ma branche de lunettes parce que je ne voyais plus l'encoche de la tête de vis.) On a pris le café sur la terrasse pour la première fois cette année, réchauffés par le soleil. 20 mars J'ai bien mené l'atelier que j'appréhendais. J'ai vu une cigogne perchée sur un pylône battre des ailes en majesté. J'ai joué de mes très hautes relations pour les premiers jobs d'été de Cadette. J'ai réalisé qu'à l'exception des expos à accrocher jeudi, je n'avais, pour la première fois depuis très longtemps, aucun travail en cours à m'occuper l'esprit. (J'ai encore boulotté un sachet d'oursons à la guimauve.) En le voyant sortir de chez lui dans son petit maillot de bain rouge, j'ai découvert que le type qui va se baigner tous les jours, toute l'année, quelle que soit la température, s'appelle Monsieur Caille. J'ai photographié la cabane à huîtres de la sortie du pont. (J'ai récupéré une Cadette mécontente d'elle.) (J'ai ruminé une bonne partie de la soirée ma rancœur contre ce gouvernement de jésuites.)
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21 mars (J'ai reçu un mail en pleine nuit qui me précisait l'horaire de l'atelier de ce matin (que je connaissais).) (J'ai mis longtemps à me rendormir.) J'ai pris des notes pour un prochain texte. (Ça ne m'a pas aidé à trouver le sommeil.) J'ai retrouvé par hasard le lien d'abonnement à L'Ours Blanc. J'ai évité un ralentissement sur la rocade. J'ai animé une classe avec des élèves plutôt mignons (et une prof franchement énervée). J'ai bouclé l'impression des textes pour jeudi. J'ai récupéré (par téléphone) une Cadette contente d'elle. Je suis revenu de la supérette sans avoir acheté aucune saloperie. 22 mars J'ai repris mes courses de printemps. Des oies sauvages en formation dessinaient une coche parfaite au-dessus de ma tête. Des petits vieux parlaient inflation et prix des carottes râpées. J'ai regroupé tous les livres des éditions Verdier éparpillés au gré des étagères dans une même case de la grande bibliothèque. J'ai acheté trois livres et discuté avec la jeune libraire. J'ai fini l'étonnante lecture de Roman géométrique de terroir de Gert Jonke. J'ai reçu une nouvelle proposition de travail qui m'enthousiasme tout particulièrement. Le nouveau coiffeur m'a pris sans rendez-vous. (Je me suis fait labourer le dos par les espèces de rouleaux à pâtisserie du fauteuil massant.) On n'a pas échangé plus de trois phrases. J'ai lu Les deux dormeurs de Samy Langeraert. 23 mars (Je me suis réveillé assez tôt dans la nuit.) J'ai avancé sur mon texte. (Ça ne m'a pas aidé à trouver le sommeil.) J'ai  collé, simplement mais lentement, l'expo de post-its. (J'ai à peine eu le temps de manger un mauvais wrap de distributeur automatique.) L'expo Dis-moi ton secret a été plus simple à installer que ce que je redoutais. (Mes étudiants ont été un peu pénibles.) (On a pété une étagère de la médiathèque en la déplaçant.) On a installé l'expo Beaufort facilement et rapidement. Tous mes achats de petit matériel du matin ont été utiles. J'ai aidé les étudiantes de l'atelier photo qui galéraient dans leur accrochage. (Les verres de jus de raisins m'ont donné encore plus soif.) (Le phare de la bagnole est encore grillé.) (J'ai fini la journée claqué.) 24 mars (Les gars du chantier voisin ont commencé à piquer les murs à 7h35.) Erica Van Horn a publié de nouvelles notes de son journal en ligne après deux mois d'interruption. (Je me suis mis tout seul à la bourre.) (J'ai oublié un bouquin dans la salle de classe.) Ça sentait le jasmin en entrant dans la maison. J'ai fait une sieste. (Mol après-midi.) 25 mars J'ai reçu la première consigne d'écriture des ateliers de Laura Vasquez. J'ai reçu au même moment des nouvelles d'une série de petits bouquins fabriqués il y a quelques années. J'ai répondu à la consigne et envoyé un texte. J'ai écrit un autre texte en prévision de la présentation de mes ateliers de l'an prochain. J'ai torréfié des noisettes. J'ai aidé Junior pour ses demandes de jobs d'été. J'ai préparé quatre burgers maison. J'ai regardé un film slovaque tourné à Bratislava, dans l'espoir d'apercevoir Bratislava. (Toutes les scènes ont été tournées en intérieur et on ne voit jamais la ville.) 26 mars J'ai fini L'école de la forêt de Carla Demierre, dans la maison silencieuse, avec les vagues en bruit de fond. J'ai avancé l'heure de ma montre, de la pendule du four et de la mini-chaîne et de la petite pendule à côté de l'escalier. J'ai lu en un couple d'heures Les Sources de Marie-Hélène Lafon. Je suis allé lester en vitesse la bâche sur les vélos que le vent soulevait davantage à chaque rafale. J'ai lu jusqu'au soir Marcher jusqu'au soir de Lydie Salvaire. 27 mars À en juger par leurs chants, les oiseaux semblaient contents du changement d'heure. (Pour nous, ça a été un peu plus difficile.) J'ai fait une sieste. J'ai eu un premier bon retour de l'expo Dis-moi ton secret. (Je n'ai pas osé dire que je ne venais pas assister à la session d'écoute de podcasts.) J'ai assisté à la session d'écoute de podcasts. Le vernissage s'est bien passé. J'ai discuté avec un gars qui part écrire au Pôle Nord. Mon texte envoyé samedi a été pris dans une revue. 28 mars Oscar, le pôle-nordiste, m'a envoyé son "carnet d'été". J'ai lu d'une traite ce surprenant journal. J'ai senti la terre trembler à 15h34. J'ai fait un selfie et je l'ai envoyé à la revue qui a pris mon texte. (Je n'ai pas vu mon nom sur le déroulé de l'animation de jeudi et, bizarrement, je n'en ai pas été tellement surpris.) J'ai senti la terre trembler à 18h06. 29 mars J'ai discuté de nos petits travaux avec le maçon du voisin. J'ai rallongé ma course de près d'un tiers de sa distance. (Les gars du chantier ont rasé la rose trémière devant la maison.) J'ai honorablement meublé au micro en attendant l'heure exacte du début de la lecture des étudiants. La lecture s'est bien passée. (La directrice de la médiathèque a tiqué sur certains secrets.) Je n'ai pas eu à précipiter mon départ pour prendre le train. J'ai dit au revoir à mes étudiants, nous en avons fini de nos ateliers. Ma chérie et moi avons mangé une part de far sur le port. Nous avons joué et mimé les situations d'un roman de Françoise Bourdin avec Benjamine. J'ai fini Il suffit de traverser la rue d'Éric Faye. 30 mars J'ai laissé les notes claires du piano d'Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou s'envoler dans le salon. J'ai mis des myrtilles fraîches dans mon muesli. J'ai croisé l'ami Louis. (Les trois premières heures de l'atelier m'ont paru au moins deux fois plus longues que les trois dernières.) J'ai fait quelques photos en attendant ma chérie. (J'ai reçu une invitation pour l'inauguration d'un tracteur.) (J'ai trop grignoté avant de passer à table.) J’ai retouché les photos prises.
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31 mars Je me suis aperçu que mon jean craquait à l'entrejambe avant mon intervention au lycée. (Je n'ai pas trouvé de place pour me garer.) L'atelier est passé vite. (Je me suis pris une prune.) (J'ai été coincé dans un bouchon.) Cadette m'avait préparé un gratin de coquillettes. (Je n'ai pas la référence pour régler l'amende.) J’ai trouvé un peu de temps après avoir épluché des patates pour mettre au propres les présentes notes.
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whatlandremembers · 2 years
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Introduction
C'est au nord ouest de la région de Kilrea et durant le troisième âge, peu après la victoire de la Grande Alliance, qu'a été construite la cité Eredhel. L'emplacement n'a pas été choisi au hasard : Aramoor, la petite ville de bord de mer qui a servi de fondations à la future capitale, était en réalité située sur le point de convergence de la magie, comme en témoigne l'existence des îles flottantes de Fell'Gost. Mais plus qu'un lieu de pouvoir, cette petite région était déjà autrefois l'endroit le plus accueillant du continent, où il faisait le plus bon vivre tant les terres et la mer regorgeaient de ressources inépuisables.
Élément central du Royaume, Eredhel est aujourd'hui la capitale où se trouve la Couronne d'Opale et est l'exemple parfait de la cité multi-ethnique.  La présence de la majorité des peuples permet ainsi le maintien d'une paix durable où chacun se doit de cohabiter en harmonie avec les autres. Eredhel est ainsi découpée en différents quartiers appelés Cercles, qui gravitent autour du Palais des Astres, comme un diagramme circulaire. Il existe aujourd'hui plusieurs Cercles, tous délimités par un grand mur d'enceinte et de grandes portes, afin de réguler le passage en ville (et éviter que les différentes classes sociales ne se confondent trop) :
◇ CERCLE 1 : PALAIS DES ASTRES
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Au centre d'Eredhel s'élève le palais des Valarÿn, construit après la guerre, il est un véritable chef d’œuvre d'architecture. Chaque peuple a apporté son savoir faire pour sa réalisation, ce qui donne un éclectisme autant à son ossature qu'à ses décorations. L'intérieur du palais est éclairé grâce à ses immenses fenêtres en verre, par la lumière du soleil ou des lunes. Et lorsqu'il fait trop sombres, des centaines de bougies sont allumées pour éviter à Eleryn d'avoir peur. A l'extérieur, ses trois jardins luxuriants sont jardinés tous les jours pour rester parfaits en toute saison.
Lieux : Salle de l'Opale (salle du trône), Aile de l'Aube (aile du gouvernement), Aile du Crépuscule (aile et appartements des nobles de la Cour Céleste), La Tour des Deux Lunes (résidence de la famille Valarÿn), Jardins
◇ CERCLE 2 : CERCLE DE LA NOBLESSE
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Au plus près du palais, ce cercle accueille toutes les familles nobles de Valarya. Construit sur les ruines de l'ancienne ville d'Aramoor, il est le plus vieux de tous et son histoire se ressent lorsque l'on traverse ses rues. Les bâtiments les plus somptueux de l'ancienne ville ont été distribué aux familles nobles humaines, tandis que les elfes et les changeformes ont agencé leurs quartiers avec goût. Même si les peuples sont séparés dans plusieurs quartiers, tout ici évoque luxe, richesse et pouvoir.
Lieux : Vieux Aramoor (quartier noble humain), Bois de Berdathiel (quartier noble elfe), Dil Dural (quartier noble changeforme)
◇ CERCLE 3 : CERCLE DES COMMERCES
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Ici se rejoint toute la population d'Eredhel. Les uns y travaillent, les autres y achètent : la mixité est au rendez-vous, surtout les jours de marché. Ici les banques prêtent aux nobles, les tailleurs font de délicieuses robes, les forges fonctionnent à plein régime et les dirigeables sont bichonnés. Le quartier résidentiel bourgeois n'a d'ailleurs rien à envier à certains manoirs nobles.
Lieux : Halles Commerçantes (marché couvert), Ateliers et Industries (forges et dirigeables), Tol Boerth (quartier militaire), Elhil (quartier de résidences bourgeoises)
◇ CERCLE 4 : CERCLE POPULAIRE
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C'est la première chose que l'on voit d'Eredhel lorsque les murailles de la ville sont franchies. Ce cercle accueille la plus grande partie de la population, il est donc le plus important en taille. Le peuple de Valarya y est représenté, sous toutes ses formes. Ici la seule chose qui rassemble est bien le manque d'argent. Les quartiers diffèrent, certains sont des coupes gorges, d'autres presque coquets. Toutes les races se côtoient, certains chanceux travaillent dans les autres cercles, mais tous n'ont pas cette chance. La vie est parfois dure dans ce cercle.
Lieux : Arcan (quartier des plaisirs), Ophosa (ghetto des sirènes), Marché Noir (marché illégal), Le Port
◇ CERCLE 5 : CERCLE SOUS-TERRAIN
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Sous la magnificence des bâtiments et de l'air marin, se trouve une autre ville : Eredhel l'enfouie. Elle fut créée lors des chutes importantes de neige qui engloutissaient la cité et la rendaient invivable. Elle servait de refuge aux plus pauvres. De nos jours, le sous-sol a été investi afin de créer le moyen de transport révolutionnaire qu'est le tramway souterrain. De plus, des mines permettent aux artisans et métallurgiste d'Eredhel d'obtenir de la matière première. Mais ce cercle est également habité par les personnes les plus pauvres et les plus pestiférées d'Eredhel. C'est là que se ressemble les malades, les délaissés ou encore les complotistes.
Lieux : Tramway des profondeurs (moyen de transport), Mines, Urqarth (ville souterraine), La Source (lac souterrain)
◇ FELL'GOST : ACADÉMIE GREYHANDS ET PRISON
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Fell'Gost flotte au dessus d'Eredhel veillant sur la capitale de Valarya. Complexe agrégat d'îles suspendues dans les airs par la Magie, il abrite l'Académie des Greyhands éponyme. Les îles sont reliées entre elles par quelques ponts d'acier et de pierre, mais la plupart de ses habitants pouvant voler ne s'abaissent que peu à les prendre. Ils servent surtout pour le bétail. En levant les yeux vous pourrez facilement voir les harpies voler autour de leur Nid ou autour des bâtiments de l'académie. Les îles changent leur course pour permettre à la ville de bénéficier de la lumière du soleil ou de celle des deux lunes.
Lieux : Académie Greyhands (académie magique), Le Nid (résidence harpie), Prison
◇ L'ÎLE DU TEMPS : TEMPLE SACRÉ
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Non loin de la côte d’Eredhel se trouve l’île du Temps, îlot sacré entouré d’eaux cristallines. L’île est reliée au reste du continent de Valarya uniquement quelques heures, un jour sur deux. Lors de ces brefs moments, une bande de sable permet de marcher jusqu’au Temple. Le reste du temps, elle est accessible en bateau ou grace au Tramway des profondeurs. L’île est le berceau du culte de Luur, religion de Valarya. Au centre de celle-ci se trouve le Temple le plus grandiose du continent, perché en haut du mont de l’île, il accueille les prêtres et prêtresses mais également tous les fidèles qui viennent se recueillir et prier Ahara et Wilnir.
Lieux : Temple de Luur (temple, résidence et formation des prêtre.sse.s), Route de la penitence
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midorimori-blog · 2 years
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« Kaiten Matsuri 2 à Metz »
1er jours est bien terminé ! Merci d’être venus nombreux !
Je serai là demain aussi. Venez voir les exposants très passionnants !
Puis, ce soir est Jūgo-ya - 十五夜(中秋の名月)🎑 C’est le soir avec la pleine lune 🌕 très belle. Profitez-en s’il fait beau.
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theatremassalia · 4 years
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Entre chien et loup
6ème2 - classe expérimentale théâtre
Ce temps de confinement est un temps qui demande adaptation et invention. Chaque atelier théâtre c’est alors transformé pour répondre à des besoins et envies qui sont en réalité l’essentiel de l’intention qui nous anime lorsqu’on propose ces actions. On vous raconte tout !
Les 6èmes de la classe théâtre tout fraîchement arrivé·e·s au collège ont pu rencontrer Claire Latarget dès octobre. Directrice artistique de la compagnie Anima Théâtre, elle est celle qui intervient auprès de cette classe tout au long de l’année pour leur faire découvrir le théâtre (pour la plupart). Son médium favori ? la marionnette.
Après de nombreux exercices pendant le premier semestre de l’année pour travailler le corps, la voix, l’espace, ils ont exploré ensemble les différents types de marionnettes et leurs manipulations.
Claire et Rodolphe, professeur référent de la classe théâtre, leur ont proposé un univers inspiré de plusieurs textes - La trilogie : Le Manuscrit des Chiens de Jon Fosse - Tag de Karin Serres et de chansons de David Bowie... Ils se sont accordés sur deux thèmes issus d’exercices faits avec les élèves. Ils vont construire avec eux une narration autour de la ville, de la rue, et du chien, sauvage ou domestique.
Quoi de mieux pour appréhender la marionnette que de mettre la main à la pâte ?
Les voilà qui rassemblent chaussette, ciseaux et vieux t-shirt pour construire des muppets canins.
En groupe, les élèves se sont concertés sur le physique de leur chien : museau court ou long ? Quelle couleur pour le poil ?
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Ils se sont également exercés à la manipulation de différentes marionnettes : portée, sur table, muppets…
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Et lorsque les 6èmes ne sont pas en atelier avec Claire, ils écrivent avec Rodolphe ! Chaque élève a imaginé son chien avec un caractère précis, ce qu’il aime et n’aime pas, de quoi a-t-il peur ou ce qui le réjouit... Cela a donné lieu a des portraits étonnants !
“Bonjour, je suis un berger allemand et je m'appelle Furax. Je suis un chien féroce, j'attaque des gens. Je suis musclé, riche et j'ai plein de problèmes. Peut-être parce que mon maître me nourrit de tacos et de hamburgers. J'ai tué quinze humains et quarante chiens pour gagner des paris et de l'argent. Avec ma bande, nous avons une vie de rebelles. Il y a des chiens qui nous aiment vraiment, comme des héros. Parce qu'on les a sauvés. J'ai peur de rien mes parents sont morts quand je suis né.”
Et maintenant ? Difficile de faire un atelier de théâtre à distance ! 
Claire et Rodolphe travaillent ensemble à envoyer du contenu numérique autour des thèmes énoncés, et depuis quelques temps une correspondance épistolaire a été établie.
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A ces cartes s’ajoutent d’autres envois au fur et à mesure que les semaines de confinement passent.
Le jeu Dark Dogs a été créé. Il emprunte les mécaniques du jeu de l’oie dans lequel des cases originales s’insèrent : Snoop Dog, le chien renifleur qui permet d’avancer plus vite, ou encore Black Dog, le chien mélancolique qui regarde la lune et passe un tour.
Claire et Rodolphe ont plus d’un tour dans leur sac et s’entourent de plusieurs collaborateurs pour le prochain envoi dont les élèves seront les héros...
L’important pour eux est de garder un lien avec chacun.e et de favoriser les échanges, afin de donner une belle suite au projet après le confinement !
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papier-ciseaux · 5 years
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At school, we did some sort of “creative writing exercise”, and I want to preserve the results.
Its mostly for me (and it’s in french), so feel free to ignore it.
Pour ce premier atelier d’écriture, nous avons fait un “caviardage” de texte sur l’incipit de Germinal d’Emile Zola.
Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d'une obscurité et d'une épaisseur d'encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d'avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d'arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d'une jetée, au milieu de l'embrun aveuglant des ténèbres.    L'homme était parti de Marchiennes vers deux heures. Il marchait d'un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. Un petit paquet, noué dans un mouchoir à carreaux, le gênait beaucoup ; et il le serrait contre ses flancs, tantôt d'un coude, tantôt de l'autre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains à la fois, des mains gourdes que les lanières du vent d'est faisaient saigner. Une seule idée occupait sa tête vide d'ouvrier sans travail et sans gîte, l'espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. Depuis une heure, il avançait ainsi, lorsque sur la gauche à deux kilomètres de Montsou, il aperçut des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus. D'abord, il hésita, pris de crainte ; puis, il ne put résister au besoin douloureux de se chauffer un instant les mains.    Un chemin creux s'enfonçait. Tout disparut. L'homme avait à droite une palissade, quelque mur de grosses planches fermant une voie ferrée ; tandis qu'un talus d'herbe s'élevait à gauche, surmonté de pignons confus, d'une vision de village aux toitures basses et uniformes.    Il fit environ deux cents pas. Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu'il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareils à des lunes fumeuses. Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l'arrêter. C'était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d'où se dressait la silhouette d'une cheminée d'usine ; de rares lueurs sortaient des fenêtres encrassées, cinq ou six lanternes tristes étaient pendues dehors, à des charpentes dont les bois noircis alignaient vaguement des profils de tréteaux gigantesques ; et, de cette apparition fantastique, noyée de nuit et de fumée, une seule voix montait, la respiration grosse et longue d'un échappement de vapeur, qu'on ne voyait point. Germinal - Zola - Extrait de la première partie chapitre 1
A partir de cet extrait, en en utilisant les mots (sans en changer l’ordre), il fallait créer un poème / un texte poétique :
1er Essai
Une obscurité,
Coupant l’horizon,
Tachait le ciel de ténèbres.
Le jour disparut,
Sans spectacle, écrasé.
Apparition noyée de nuit,
Seule. 
Comme tout premier essai, un peu maladroit, pas beaucoup de sens, mais un bon moyen de tester des choses.
2e Essai
Sous la nuit, un homme seul.
A travers lui, des ténèbres.
L’espoir serait vif, brûlant,
Comme douloureux.
Un chemin dans le ciel,
Un spectacle, une apparition
Mon préféré ! Tout est parti du mot “espoir”, et le reste est venu assez naturellement.
3e Essai
La plaine, les champs, le sol,
Glacés au milieu des ténèbres.
L’homme marchait, aminci.
Deux mains faisaient  saigner
Sa tête vide, sans espoir.
Il avançait, pris de crainte.
Tout disparut : homme, village, chemin...
Mais une silhouette montait,
Grosse et longue,
Qu’on ne voyait point.
J’ai voulu en faire un plus long, avec des mouvements, et c’est parti dans une direction d’apocalypse :p
Enfin, un petit “haiku” :
Etoiles d’encre
Sensation du ciel mort
Pareils à des lunes
C’est tout ! ...pour le moment
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lesavocatsdudiable · 5 years
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DÉCOUVREZ DANS LEUR INTÉGRALITÉ LES DEUX NOUVELLES LAURÉATES DU PNE SAISON 4
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LE PRIX DE LA NOUVELLE ÉROTIQUE - SAISON 4
La peau de l’ours, d’Agathe Rivals
Et
Guitar Heroin, de Keena McKeelogan
NOUVELLES LAURÉATES DU PRIX DE LA NOUVELLE ÉROTIQUE 2019
Pour revivre les délibérations du jury, cliquez sur le lien suivant :
https://youtu.be/3in86t5_9cI
Agathe Rivals et Keena McKeebolan
remportent chacune un chèque de 1500 euros
offert par les Avocats du Diable
et une résidence d‘écriture de 3 semaines en Camargue
Agathe Rivals auteure de la nouvelle « La Peau de l’ours »
est poétesse à Gondrin dans le Gers.
Publiée chez Gallimard dans la collection « Les poètes de l’an 2000 », elle anime régulièrement des ateliers d’écriture.
166 - La peau de l’Ours
 À la saison où s’allongent les nuits, elle ressentait le besoin d’aller loin, d’aller haut.
 On lui prêtait une maison au confort simple, au bout d’un chemin rocailleux, sur le versant ensoleillé de la montagne. Murs de bois blanc, cheminée dans un angle, et grande baie vitrée sur les sommets. Au-dehors, un petit ruisseau, et sa chanson intarissable.
Elle était arrivée un de ces si doux derniers jours d’octobre. Le soleil se glissait dans l’échancrure d’un col, là-bas en face, à la fin de l’après-midi, et tout d’un coup la chaleur estivale qui avait baigné la journée laissait place aux frissons. Elle s’apprêtait à savourer sa solitude.
 Il y eut cinq premiers jours qui la comblèrent.
 Lors de promenades matinales, elle sentait peu à peu le soleil déchirer la brume et délicatement déshabiller le paysage, les rayons peu à peu rôtissant ses épaules. Elle se faisait des repas de cueillette, ravie des saveurs âcres et sauvages des herbes, satisfaite de se nourrir ainsi de presque rien. Elle aimait sa légèreté. Elle ramassait les pommes tombées et projetait mille confitures.
Les murmures de la paresse assoupissaient ses gourmandises. Elle lézardait l’après-midi étendue sur le sol, à même le plancher sommaire qui devant la maison, face aux montagnes, faisait office de terrasse. Elle rêvassait. Elle dénudait au fil des heures des centimètres et centimètres de peau, se laissait caresser par de longues minutes de silence. Jusqu’au frémissement dont elle sursautait, surprise de la fraîcheur soudain tombée du soir.
La lune était plus ronde chaque nuit. Dans la chambre qu’elle avait élue, à l’étage, trois ouvertures sur les pentes du toit laissaient danser sa lumière blanche dans les draps. Elle sortait du sommeil avant l’aube, rassasiée, s’étirant au sortir des rêves avec une volupté féline. Les yeux mi-clos, elle se réjouissait, les autres sens en éveil, de son bonheur presque animal. Elle était seule. Elle désapprenait les mots, les  phrases, pour n’être plus qu’un corps.
 Au soir du cinquième jour elle vit les nuages s’amonceler à l’ouest, là où le soleil s’insinue, à l’abri des regards, dans une autre vallée, et laisse l’ici se teinter d’ombre et de mauve. Elle entendit la pluie tapoter doucement les velux, et lorsque les nuées dévoilèrent les sommets d’en face, ils avaient blanchi dans la nuit.
La journée fut grisâtre, le paysage, vert sombre. L’air se fit un peu vif.
Elle fit provision de bois, alluma le feu avec soin. Elle aimait cet art ancestral, architecture de patience qui fait les flambées longues et hypnotiques.
La nuit qui allait venir apporterait la neige, peut-être, on le lui avait dit. Aux horloges des hommes elle s’annonçait surtout très longue : c’était celle où le temps recule, la nuit qui, même si l’on dort autant, vous r��veille plus tôt que la veille, par la magie d’une convention qui dérègle nos rythmes intimes. Pour elle, perdue si loin, si haut, cela sans doute ne ferait rien, mais c’était une heure de plus volée à l’agitation du monde, et cela lui plaisait.
Installée juste devant l’âtre, elle contemplait les virevoltes de la braise et des flammes. Ses yeux brûlaient. Elle n’avait pas sommeil. Elle ne savait pas vraiment à quoi ressemblerait sa nuit. La lune s’était éclipsée, la cheminée exerçait sur elle son attraction. Elle s’oubliait et les heures filaient. Bientôt ce fut celle qui recule, celle que l’on vit deux fois, quand le sommeil ne la dérobe pas. L’heure du changement d’heur.
 Alors il se montra. Ce fut une silhouette immense se penchant sur la baie vitrée – une ombre noire qu’elle ne vit pas d’abord. Puis un bruit l’effraya – les pommes qu’elle avait ramassées et oubliées dehors roulaient hors du panier. Elle regarda et réprima un cri.
L’Ours était venu voir quel être avait encore de la lumière, si infime soit-elle. C’était, si tard, la seule de la contrée. L’Ours était encore plus seul qu’elle. On n’allait plus le voir. Il faisait peur. Il était encore plus sauvage. Il était mort au monde. La lueur tremblante du feu l’avait attiré là, mais il n’avait pas bien prévu la suite. Fasciné par ce qu’il voyait, il avait heurté le panier. Et maintenant, il était effaré, affolé par deux yeux qui le fixaient de l’autre côté de la vitre, ces deux yeux noirs où rougeoyaient les braises du foyer.
Elle ouvrit. Elle le reconnaissait. Elle n’eut pas besoin de mots.
L’Ours, un peu gauche, s’ébroua comme s’il allait entrer. Puis il se ravisa, et ramassa les quelques pommes éparses au sol. Les lui tendit. Elle les prit et s’effaça. Il hésita encore. Une ardeur embrasa ses yeux.
Il saisit le panier, dernier rempart, avant de pénétrer dans le salon, étouffant après la nuit noire.
Une buée s’échappa de son souffle. Elle vint s’y perdre, y boire. Il s’abreuvait de soif, elle s’enfiévra aux lèvres froides.
 Longtemps après elle déshabilla sa pelure de bête et s’enroula dedans. Ils ne s’étaient rien dit.
Il n’y avait plus qu’à dormir.
Les longs soupirs de l’Ours vinrent bientôt se mêler aux craquements du feu. Elle ne dormait pas.
Elle ne dormait pas. Se relevait pour remettre du bois. Se perdait dans les flammes. Brûlait. Se consumait.
Elle finit par revenir s’étendre tout auprès de lui. Lova son corps séché et assoiffé de feu contre ce corps qui rayonnait de la chaleur plus ronde du sommeil. Écouta. Respira. Coula son souffle dans ce rythme, régulier. Se laissa peu à peu apaiser par sa lenteur.
Elle promena ses doigts sur des lignes de crête, des flancs de montagne, arpenta des chemins enlacés. Elle laissa sa main flotter, se soulever légèrement, et se reposer délicate. Il respirait.
Elle veillait. Elle veillait sur un sommeil soudain sacré, un sommeil profond et précieux à protéger. Il lui fallait souffler sur ce sommeil, avec douceur, ferveur, pour qu’il vogue paisible sur l’océan de nuit.
Mais son sang battait aux rochers, et de ses profondeurs jetait des escarbilles.
 L’Ours rêvait. Il rêvait d’un bon feu, d’une table joyeuse, d’oursons en pyjama. Il ronflait de bonheur. Et l’écho de son rêve le berçait.
Il rêvait qu’il plongeait. Dans les bols des oursons miroitait l’univers, le cosmos y dansait. Il se mit à nager jusqu’à la petite Ourse. Elle le chatouillait du bout de ses étoiles. C’était doux, c’était chaud. C’était l’effervescence.
Les étoiles brûlent, se souvint-il. Il saisit une pointe ardente, elle ne s’enfuit pas. Il vit que l’Ourse était devenue grande. Elle était tendre, et nue. Le rêve ouvrit ses yeux.
L’incandescence le regardait.
Elle cambra, arqua, miaula, feula. Étincela.
Il dévora ses hanches et ses cuisses de braise, et le suc de ses seins, la pulpe de son dos.
Elle mordit à ses épaules, s’arrima à son torse, se noya dans sa nuque.
Il cherchait l’escarbille au creux de son nombril, au creux de ses genoux, dans les endroits secrets où elle l’attirait. L’escarbille l’avait réveillé, il voulait la poursuivre, et elle s’échappait. Elle jouait à l’attendre, et puis disparaissait, gambadait sur un autre flanc, se cachait dans le pli du coude, derrière l’oreille gauche, elle dévalait les pentes, escaladait les côtes, pour finalement souffler, hagarde, au fond d’une fossette indiscernable.
Une bûche cria.
Il crut la saisir à la gorge, elle tremblait, fébrile, il n’y avait plus d’issue. Elle flamboya, gémit, crissa, et rougeoya encore – puis expira.
Souffle de cendre éblouissante. L’incendie chavira la nuit.
Elle ne vit pas le feu s’éteindre.
Lorsqu’elle s’éveilla, c’était la nuit encore, mais un silence inattendu mit ses sens en alerte. Un silence feutré, doux comme une caresse de plume. Le feu chuchotait joyeusement l’air du petit matin, avec un soupçon d’allégresse qui confirma son intuition. Un œil sur l’extérieur raviva en elle l’enfant émerveillée, pleine de gaieté sereine : la blancheur des montagnes, se répandant sur son sommeil, avait changé le paysage en un conte d’hiver, en une gourmandise.
 Elle se redressa, nue sous la peau de l’Ours. Où était-il ?
 Elle le trouva en cuisine, entouré de marmites et d’ustensiles. L’une de ses mains rondes, précautionneusement, maintenait l’entonnoir. L’autre, avec des gestes sûrs, maniait la grande louche. Il versait dans des pots de verre une substance couleur d’ambre, odorante et lumineuse. De la gelée de pommes. Quand l’avait-il faite ? Elle ne savait pas.
Elle ne savait rien, d’ailleurs. Il n’avait toujours pas émis une parole. Qui était-il ? Elle ne savait pas. Ne savait plus. La neige avait tout recouvert.
Elle regarda son grand corps s’estomper, devenir clair puis blanc, diaphane, évanescent, et finalement disparaître, sans plus de consistance que les heures hors du temps qui avaient précédé, neigeuses comme rêve. Le dernier pot n’était pas tout à fait rempli. La louche en l’air versait toujours. Qu’était-il venu faire, ce grand fantôme d’Ours ? N’avait-il pour mission que sa gelée de pommes ?
 Elle songea à ses bras, à sa joue, aux premiers frôlements.
Aux doigts qui avaient effleuré ses mains pour y poser les pommes, premier pas vers l’offrande.
À sa peau.
 Elle ne put s’empêcher de fondre encore une fois, en sentant la fragrance dorée, sublime, s’écoulant comme miel de l’entonnoir.
Keena McKeebolan, auteure de la nouvelle « Guitar heroin » vit à Arles.
Après une carrière d’enseignante en marketing, elle redirige sa vie pour se consacrer à l’écriture.
Elle est publiée par les éditions Camion blanc en tant qu’auteure et traductrice.
13 - GUITAR HEROIN
Oh Jamy je suis ta femme sans nom, ton âme. Et toutes ces années où tu as cru que tu étais mon maître et moi ton esclave, pendant que tu culbutais des filles et que tu te butais à coup de came bien pure et surdosée. Crois-moi Jamy, sans moi tu n’étais rien. Une fois encore je te le dis, maintenant que tu es mort, sans moi tu n’étais rien. Quand tu tirais mes cordes pour me faire jouir et orgasmer tes fans hurlantes. Toi et moi au même rythme, à ne plus savoir qui entrainait l’autre, seuls au monde et face à la foule qui ne regardait que toi. Je suis la mémoire vive de ce que tu n’es plus.
Tu te souviens de notre rencontre ? Tu n’étais qu’un gamin venu des confins bouseux de l’Arkansas, un petit gars blafard et timide, et tu chantais du Johnny Cash dans le bus qui t’a largué en plein Little Rock. C’était la première fois que tu débarquais en ville, enfin dans une vraie ville, avec des femmes de bonne et mauvaise vie, avec des lumières et des peep shows, avec des bars et des grands immeubles. Tu avais vraiment l’air ridicule avec tes santiags à trois sous et ton faux perfecto.
Mais voilà, tu voulais faire de la musique, country, rock, bluegrass ou tout cela à la fois, peu importe, pourvu que tu t’exhibes et deviennes une star, comme celles qui constellaient ta chambre triste d’adolescent. Et c’est vrai que malgré ta gueule un peu floue et des segments gringalets, tu envoyais du lourd côté voix. Quand tu l’ouvrais pour brailler un standard du Sud profond, bon sang, on cherchait le ventriloque derrière toi. Car vraiment ton physique de hareng saur et ton organe de baryton, ça n’allait pas ensemble.
Moi je t’ai regardé hésiter dans la rue, de l’autre côté de la vitrine ; à vrai dire je n’ai pas eu le coup de foudre. J’en ai vu passer des mâles qui m’ont tripotée avant de me trouver trop chère, trop rude, trop sèche, trop ronde, trop claire, trop chère, oui trop chère. J’en ai vu passer des beaux gosses qui secouaient ma caisse et puis me larguaient en hochant la tête. Ils disaient qu’ils repasseraient et ne revenaient jamais. Invendable faisait la tête du patron qui comptait ses sous en fin de journée. Il me disait que j’étais la fille du diable Tommy Johnson en personne. Il parlait de me brûler, de me faire exorciser, de me donner au premier vagabond venu… puis il changeait d’avis, il me prenait dans ses bras en me traitant de sale garce, il me caressait en accord majeur, m’envoyait au ciel, et me tapotait d’un air paternel. J’étais une fichue bonne guitare et il ne comprenait pas pourquoi je traînais dans sa boutique depuis tant d’années.
Mais quand tu es arrivé cette après-midi là, le boss était dans un mauvais jour. La veille, un quarteron de countrymen chevronnés étaient passés nous voir et avaient testé la moitié du stock de six-cordes. Le seul à s’approcher de moi m’avait soulevée, soupesée puis reposée avec un petit hoquet ironique. Je coutais vraiment tant que ça ? A ce prix là, personne ne me voudrait jamais : trop dure pour un débutant, trop peu fiable pour un professionnel. Un peu comme la Höfner 500/1… franchement, à part McCartney, personne n’avait jamais su s’en servir. Bref, quand ils sont ressortis, ça n’a pas traîné : le patron a arraché mon étiquette et m’a collée dans un coin, je t’avertis, le premier qui débarque je le paye pour qu’il t’embarque !
Et voilà, tu étais là, raide et moite, bavant devant les Gibson et les Martin, secouant tes poches peu garnies, hésitant sur le pas de la porte. Entre petit, ne fais pas l’idiot, j’ai quelque chose qui peut te convenir. Et voilà, sans transition, il m’a collée entre tes pattes. Et de molle acoustique, je suis devenue électrique. Tu as tout de suite trouvé le chemin de mes harmoniques, tu m’as frotté les frettes jusqu’à me faire bander les cordes, tu m’as transformée en gratteuse hurlante et brûlante, la rosace dilatée comme jamais. Par Saint Patton, je le jure, sans moi tu serais resté un médiocre exécutant, tu serais reparti avec une pâle copie de la D35 et tu aurais fini ta carrière en mauvais musicien de bar, jouant des reprises de Jack Greene pour de vieilles peaux à la limite du coma éthylique. Mais tu serais sans doute en vie.
Et comme un coup du sort en appelle souvent un autre, juste à ce moment-là, Paul Burnett, patron d’un label local, était passé à la boutique. Et il t’a entendu et il en a fait dans son froc. Ca n’a pas traîné : deux semaines après ton titre tournait en boucle sur les plus grosses radios des états du Sud.
One More Time
Watched you die by my hand
One More Time
Let you go from my room
One More Time…
Bon, question paroles, ce n’était pas du Kristofferson mais c’était efficace. Surtout, ton style s’est imposé : nerveux, incompressible, il faisait bouger les fesses et les pelvis. Les années 70 avaient trouvé leur Cochran. Et nous avons commencé nos tournées à travers la vaste Amérique qui se remettait à peine du Summer Of Love. Les machins progressifs occupaient le territoire et je pouffais en voyant mes collègues à double manche, compassées et aussi sexy qu’un bol de soupe froide abandonné sur le coin d’un comptoir poussiéreux. Toi, musicalement, tu baisais comme un lapin, trois minutes pas plus, c’était ta limite, et normalement tu aurais dû être classé dans la catégorie des ringards, mais c’était toi le King de la Hype, et ça, tu me le devais, à moi, rien qu’à moi. Car tu avais bien tenté de gratter d’autres cordes, d’astiquer d’autres manches, peine perdue, sans moi, tu redevenais un pâle faiseur de notes. Tu le savais bien au fond de toi, et ton passage à l’électrique t’avais un temps plongé dans les abysses des hit parades. N’est pas Dylan qui veut… et c’est toujours vers ta vieille putain à six-cordes que tu revenais quand ta faim de gloire te tiraillait les côtes. Et dans les shows TV tu me flattais hypocritement la croupe, ma bonne amie, celle que j’ai sauvée à Little Rock. Minable…
Notre premier concert, tu t’en souviens ? Tu es monté sur la scène et tu tremblais, glacé de fièvre, tu avais dégueulé tous tes boyaux et tu voyais tous ces spots braqués sur toi et tu entendais ces cris qui ne t’attendaient pas car tu n’étais qu’une modeste mise en bouche avant le grand Tony Joe White. Eh bien ce soir là il en a mangé son chapeau de rage. Après ton passage il ne restait rien, l’Attila du Country Rock avait dévasté la salle et ne laissait que des miettes de midinettes. Tu te rappelles la chaleur de ma caisse quand tu t’es collé contre moi, les ondes magnétiques entre tes doigts et mes cordes ? Tu t’es mis à éructer, tu leur as lancé tes riffs en plein dans le mille. Et moi j’explosais comme une chienne qu’on ramone à coup de trique dans une rue sale, je sentais ton corps osseux faire son frotti-frotta maladroit et oui, je l’ai senti, je te faisais de l’effet mon chéri, tu étais dur comme un bois de chauffe. Oh mon Dieu, cette sueur qui tombait de ton torse et dégoulinait sur moi, comme c’était bon comme c’était doux. Et j’ai changé d’un demi-ton sous l’effet de la moiteur de ton corps, je me suis mise à couiner comme une mandore. Notre première vraie nuit d’amour…
Mais dès que tu as regagné ta loge, tout trempé et puant la transpiration, tu m’as posée dans un coin et déjà ça tambourinait à la porte. Des filles qui cumulaient à peine un demi-siècle à elles trois ont déboulé la culotte à la main, prêtes à sacrifier ce qui leur restait de virginité. Bon tu as été pitoyable car tu étais vidé de toute ta sève mais elles sont reparties contentes malgré tout. Après tu as piqué du nez sur un rail et sur le divan.
Ce n’était qu’un début et tu m’en as fait de plus belles, à chaque fois plus ingrat et plus mufle. Et j’ai tenu, parce que, sur la scène, j’étais la seule, l’unique, indétrônable, signe ultime et permanent de ton identité, personne pour me disputer ta braguette et tes doigts fins et nerveux. Mais tu devenais un véritable professionnel, tu savais à présent contrôler et simuler ton extase. Je n’étais plus qu’un amuse-gueule. Le rideau à peine retombé tu enchainais les princesses déchues, les mineures sans pudeur, les filles mères tombées du nid, toujours plus jeunes, toujours plus maigres, toujours plus junks. Et puis il y a eu Linda, au nom suédois imprononçable, et cette salope s’est piquée de me gratouiller en chantonnant d’une voix transparente et écoeurante. Je lui ai fait sauter une corde en pleine poire. Deux points de suture et elle ne m’a plus jamais touchée. Mais tu l’as épousée et vous avez passé votre nuit de noces dans une orgie d’Héro. Au petit matin elle avait une graine d’Opium dans le ventre. Le bébé est né mort et tu as failli me fracasser contre le mur en apprenant la nouvelle. Quelque part, je regrette que tu aies trouvé la force de ne pas le faire. Linda est partie et tu es vraiment devenu plus qu’une loque. Sapé et flétri comme un vieux, tu avais à peine vingt-six ans.
L’heure était au Disco, aux paillettes, au Groove décadent du Studio 54. Un soir, on était là, tous les deux, dans ta grande maison carrée sur les collines de Frisco. Tu marmonnais sans fin, t’adressant à un producteur imaginaire, tentant de le convaincre que tes bonnes idées allaient relancer ta carrière. Tu parlais de nouvelles voies musicales, d’orchestrations surprenantes, de public qui n’en croit pas ses oreilles, de come-back à la Stones, de fucking funky style, tu parlais comme un VRP qui fourgue ses aspirateurs obsolètes à des mémères de Province. Tu avais appelé ton idole de toujours, le grand Johnny Cash, mais celui-ci était aux abonnés absents, sans doute en tournée avec Bill Graham. Tu étais diablement seul ce jour-là. Il faut dire que tu ne t’étais pas fait beaucoup d’amis tout au long de ces années mais qui s’en fait vraiment ? A ce que j’avais compris, tes parents étaient morts depuis pas mal de temps et tu n’avais ni frère ni soeur. Enfin tu étais seul et c’était justement le soir de ton anniversaire…
One More Time
Watched you die by my hand
One More Time
Let you go from my room
One More Time
You were the blood and the sand
One More Time
Let you flee on the moon…
Qu’est-ce que ça peut faire, un jour de plus, un jour de moins ? Mais apparemment la solitude fait encore plus mal à ce moment-là. Tu n’étais pas seul pourtant, j’étais là. J’étais là au milieu de mes soeurs que tu avais achetées une fortune et que tu ne touchais presque jamais. La plus moche, la plus cabossée mais la plus précieuse. D’ailleurs tu m’as regardée d’un drôle d’air, un peu comme si tu réalisais pour la première fois à quel point je t’étais indispensable. Tu t’es levé en chancelant et tu m’as empoignée avec ce petit air d’adolescent glabre que tu avais la première fois que je t’ai vu. On s’est allongés tous les deux sur le divan et tu m’as parlé comme jamais. Tu m’as serrée dans tes bras, j’étais ta vraie femme, la seule qui ait jamais compté pour toi. C’est ce qu’on dit quand on est dépité et qu’on se rabat sur une vieille connaissance pour masquer son amertume. C’était vrai et c’était faux tout à la fois. Et puis tu t’es mis à jouer avec moi et c’était comme ce premier jour dans la boutique de Little Rock, tu n’avais plus vingt-sept ans, quatre disques d’or mal accrochés sur les murs de ta grande maison, les veines sclérosées par les seringues, le talent dévasté par l’ivresse des sommets… Tu t’es mis à jouer avec moi et j’étais à la fois ton public, ton objet, ta complice, ta maîtresse… Ton meilleur concert tu me l’as donné, à moi et seulement moi. Un instant cela compte plus qu’une vie, non ?
Puis tu t’es endormi et au matin tu étais mort. Tu n’as pas vu les photographes qui flashaient ton corps inerte et les fans qui hurlaient dans ton jardin, tu n’as pas entendu tes vieux titres tourner en boucle sur les chaînes du monde entier, tous tes « amis » qui se désolaient de ta perte. Crois-moi, tes vingt-sept bougies étaient en or massif. Tu aurais été heureux je pense.
Et moi plus jamais personne ne m’a touchée. J’ai fini au milieu d’une vitrine dans ta maison transformée en musée, comme celle d’Elvis. Entre nous, ta mort fut plus belle que la sienne. Et chaque jour je vois des bouseux, des jeunots glabres, des vieilles groupies et des écrivains en mal de plume passer devant moi, me regarder un instant pour essayer de saisir un peu de ton âme. Mais d’âme, tout le monde le sait, les guitares en sont dépourvues. Et pourtant toi, tu m’as donné la tienne, quand tu es mort, et je l’ai aspirée comme j’ai toujours aspiré toutes les substances que tu me donnais, des plus nobles aux plus viles. Et je l’ai aspirée dans ma petite rosace, dans mon petit entonnoir…
ORGANISATION : LES AVOCATS DU DIABLE
Résidence d’Ecriture - Animations culturelles et solidaires - Prix littéraires
Contact Presse :
Jacques-Olivier Liby - 06.13.61.38.11
Les Avocats du Diable remercient leurs partenaires :
Le Ministère de la Culture via la DRAC
La SOFIA
La Région Occitanie Pyrenées-Méditerranée
Les éditions Au diable vauvert
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hum-bros · 5 years
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22/02/2020 - NANTES, Pôle Étudiant, w/Borja Flames, Chicaloyoh  24/01/2020 - PARIS, Le Sultan/Mains d’Oeuvres, Festival MOFO 10/01/2020 - LYON, Le Périscope, w/Plein Soleil, Loto Retina 09/01/2020 - GENÈVE, La Reliure, w/Plein Soleil, Loto Retina 08/01/2020 - CHALON-SUR-SAÔNE, La Méandre, w/Plein Soleil, Loto Retina 07/01/2020 - PARIS, Espace B, w/Loto Retina, A.Rivière & M.De Vega 04/01/2020 - CAEN, ONTO records, La Maison du Vélo, w/Apollo Noir, Glass 20/12/2019 - RENNES, Radical Couscous, Bois Harel, feat. DCIM 19/12/2019 - NANTES, Lune Froide w/ Charlie Charlie (W.Guthrie & E.Latimier) 30/11/2019 - PARIS, DOC, feat. DCIM, w/ODEI 29/11/2019 - BRUXELLES, Les Ateliers Claus, w/Tutoriel, La souris et l’éléphant 28/11/2019 - ANTWERP, Het Bos, w/DCIM 14/09/2019 - SAINT-NAZAIRE - Les Ateliers PCP, w/Spelterini 30/08/2019 - SAINT-HENRI - Festival Milieux 29/08/2019 - RIVIÈRES - Festival Baignade Interdite 26/07/2019 - LORMES - Festival de La cours Denis 21/06/2019 - CUGAND - Grêlefest/Frellfest 09/06/2019 - FAUX-LA-MONTAGNE - Bellevue, w/ NI 08/06/2019 - MARSEILLE - L’embobineuse, w/UVB 76, Cienfuegos 07/06/2019 - LA MAMI - w/ Wume, Belvoir 06/06/2019 - MARCILLAC-VALLON -  Le Guingois, w/Belvoir 04/06/2019 - BORDEAUX - Novo Local, w/Belvoir, Bass Bass Gâterie 03/06/2019 - TARNAC - Magasin Général, w/Belvoir 24/05/2019 - NANTES - Festival Wine Nat White Heat, w/Guerilla Toss, Chris Cohen, Bbymutha, Xeno & Oaklander 20/04/2019 - ANGERS - Caverne Sensorielle, w/Mondkopf, Ads-r 17/04/2019 - GAND - De Koer, w/Bombataz 16/04/2019 - COULOGNE, Médiathèque l'Octogone, w/Eruk Dahl, 11km/h 13/04/2019 - BRUXELLES- Brasserie Atlas, Knotwilg Festival, w/Mosquitoes, Pumice, Coolies, Christophe Clébard, Weiland, Vito Ricci 12/04/2019 - LILLE- , CCL, w/ El Maout, Le Marais du lièvre 11/04/2019 - AMSTERDAM, Zaal100, Sotu Festival 10/04/2019 - ANVERS, Zing Zang Zong/Chatleroi 05/04/2019 - BREST, Kergalove, Sonic ProBrest, w/Peür, Pizza Noise Mafia, Croisières Dolori, Mimosa 04/04/2019 - RENNES - Le Terminus, Festival Sonic Proterm, w/Lemones 31/03/2019 - SAINT-ÉTIENNE- Biennale Internationale Design 28/03/2019 - PARIS-  La Station, Festival Sonic Protest, w/Pumice, Peür, Euromilliard 02/03/2019 - BARCELONA- Magia Roja, w/Guiro Meets Russia 01/03/2019 - TOULOUSE, DAda, w/Tutoriel 28/02/2019 - BORDEAUX, Maucaillou, w/Untel, Tutoriel 27/02/2019 - NANTES, Blockhaus DY10, w/Black Zone Myth Chant 25/01/2019 - VAULX-EN-VELIN, Grrrnd Zero, w/Craow 20/12/2018 - RENNES - Bar'Hic, w/Le Humain 19/12/2018 - CHERBOURG - Le Kraken, w/Lady Fitness 17/12/2018 - BRUXELLES - Live@the word radio, w/Le Humain 16/12/2018 - ANVERS - Cfou, w/Le Humain 15/12/2018 - BRUXELLES - a Flat in Forest, w/Bow 14/12/2018 - BRUXELLES - Panthéon, w/Deeat Palace, Vehemen, Le Humain, Isidore 13/12/2018 - LILLE - Lokarria/Cat’s n Roses, w/Rhone Poulenc 12/12/2018 - PARIS - Petit Café, Cmptrmthmtcs, w/Le Humain, Fariello/Riva/Szafirowski 11/12/2018 - AMIENS - Accueil Froid Nuke, w/France, Bâton XXL 01/12/2018 - BAGNOLET - Le Wonder Liebert 16/11/2018 - NANTES - Blockhaus DY10, Set 30 w/Gratuit, Omnisphere, Stroska 26/10/2018 - RENNES - Bar La Plage, w/Raymonde, Plein Soleil 25/10/2018 - ANGERS - Le PAD, w/Raymonde, Plein Soleil, Octave Courtin 13/09/2018 - NANTES - Residanse Festival, w/Habile Bill, Michel de Trentemoult 21/07/2018 - CHAMPIGNÉ - Freaks Pop Festival 20/04/2018 - NANTES - Altercafé, w/Sim Tranber, Fanch 07/04/2018 - CHERBOURG - The Diver 23/03/2018 - NANTES - Le Hub, w/Jardin 02/03/2018 - ANGERS - Bar du Quai, Les Freaks & Abstrak 01/03/2018 - TOURS - Canadian Café, Twerkish Tourneur, w/ Nina Harker, Cesar Palace 17/02/2018 - PARIS - L'International, OKVLT&NIGHT DRIVE match retour - w/ Constant Calvaire, Eindkrak, Fusiller, Jules Roze, UVB 76 DJ 01/06/2017 - NANTES - MIRE, Le jardin C, inauguration des saisons partagées - w/Étrange Miroir, Nina de Angelis 15/04/2017 - RENNES - Les agités du bocal, Lost Dogs Entertainment, w/Isabella, Lostsoundbytes 13/04/2017 - LE MANS - Salle Uto'Pitre, w/ Thé Vanille, Miët 31/03/2017 - FIRMINY - “Looping” Biennale de Design de Saint Etienne, working promesse. 19/03/2017 - ANGERS - Joker’s Pub - w/ TOMAGA 18/03/2017 - BOURGES - ODC - Festival Odyssée, w/La STPO, Urge, Régal Délice 28/01/2017 - CAEN - Comédie de caen, CND Normandie, w/ Bell’s Angels 21/01/2017 - TOURS - Impasse Matisse, asso Capsul, w / Thé Vanille 20/01/2017 - BORDEAUX - Novo Local, Les potages Natures, w/ Grise 19/01/2017 - TOULOUSE - Les Abbatoirs Frac Pyrénées, w/ Adjani 18/01/2017 - NANTES - La Rumeur/Alien Sh, w/ Essel Hamer 13/09/2016 - ANGERS, Le Quai, Autour de Lévitation, w / EmptyAire 02/09/2016 - FILLÉ SUR SARTHE -  Exposition “Faire Feu de tout bois” w/ H.Caïazzo, A.Gastineau 11/05/2016 - AMSTERDAM -  Rietveld Academy w/ De Stihl, Turzi 09/04/2016 - NANTES, Galerie RDV, Before Exposition Stonehenge 21/03/2016 - ANGERS, Espace Culturel Saint Serge, Collectif Blast, Entracte #18 05/03/2016 - NANTES - Le lieu Unique, Pas Normal ! w / Gigi Masin, Verres Fumés, Violence Conjugale. 26/02/2016 - PARIS - Le DOC, w / Lado 25/02/2016 - PARIS - Kim’s Bar 24/02/2016 - PARIS -  live@RADIO BAL, ENSBA 23/02/2016 - PARIS - ENSBA - Redbull Music Academy w/ Stepehn O'Malley 11/02/2016 - ANGERS -  ESBA TALM, Festival OK Pardon. 03/02/2016 - THOUARS, Chapelle Jeanne d'Arc w/ Erg Bruxelles, ENSBA 28/01/2016 - ANGERS -  Esba TALM - Trève w / Omherta 22/01/2016 - LA CHAPELLE SUR ERDRE -  Soutient Festival Cable#, w/ Thomas Tilly, Cheval Rétréci, Avenir. 17/12/2015 - NANTES, Le Ferailleur w / Stavanger, Albinos Congo. 02/10/2015 - NANTES, Blockaus DY10, Set 30 19/09/2015 - SAINT MATHURIN/ LOIRE - Festival Élévateur France, Maison Caniard. 14/08/2015 - ANGERS -  Esba Talm - Austin Week 29/08/2015 - LA CORNUAILLE - Festival Luma Luma, w / Descendeur, Arnaud Pacquotte, Gastriq Bertrand … 07/05/2015 - ANGERS -  Esba Talm - Live @Ford Escort Break 05/05/2015 - ANGERS - Galerie L'art en Tête, Exposition Déserts 07/04/2015 - ANGERS - Live @Radiocampus angers. 25/04/2015 - SAINT-FLORENT-LE-VIEL, ABBAYE - Home Sweet Home, vernissage de l'exposition d'Arthur Chiron 08/04/2015 - ANGERS - Le Chabada, Festival Sonic Protest w/ Ryan Jordan / EEK-Islam Chipsy 03/04/2015 - ANGERS- Joker’s Pub w / Ropoporose. 01/04/2015 - ANGERS - Esba Talm - For a Constructed World - Une lettre arrive toujours à destinations 12/06/2014 - ANGERS - T'es rock coco w/ Sheraf, Papier Tigre, The World. 12-17/05/2014 - ANGERS - Forum le QUAI, Tout Semblait Immobile - Exposition dirigée par Nathalie Béasse 10/05/2014 - St-PIERRE-DES-CORPS - Xyre, Le Rexy, Le HUM + La Baracande,   12/04/2014 -  ANGERS -  l'étincelle, Sonic Protest - w/ SUBUTEX SOCIAL CLUB / USÉ / YA AHA / DRACHE 10/04/2014 - ANGERS - Abbaye du Ronceray, Exposition, La réalité Presque Évanouie, Performance w / L.Martinez, C.Loiret, A.Ester.   06/03/2014 - ANGERS - Bar du Quai, Exposition, Barchouse Contemporain 25/02/2014 - ANGERS - Café Latin, w/ Drive With a Dead Girl 20/02/2014 - LE MANS - Live Radio ESBA. 06/02/2014 -  NANTES - blockhaus DY10, Capture&release EVP/Brutalism/Noise w/V.Epplay 21/12/2013 - REIMS - Festival Boule de Noyse, VRAIDEL w/ FRANCE, Temple Solaire, Pied Gauche, Judas Donneger. 14/11/2013 - ANGERS - Esba Talm, Vernissage Atlantis Contremark w/ Rainier Lericolais 22/05/2013 - ANGERS - Vitrine-Sur-Cour, Inauguration TANGRAM Collectif. 31/01/2013 - ANGERS - Esba TALM, Contexte, Performance pour sculptures w /  Peter Pepper et le Collectif Control A.
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partenaires-mav · 5 years
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Emission du 04/06/2019
Sophie Ferjani
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Les bijoux préférés de Sophie
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Numéro consommateurs : 0 825 001 001
 Tapis KRIS 200x290cm
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Chaise Cleva
Chaise Nom gris
Fauteuil lin beige Calixte
Banquette velours Dolce
Lampe Manoir
Matelas de sol
Galette de chaise
Guéridon Karis
Chaise kaki Baya
Console retro factory
Commode 3 tiroirs
Miroir soleil
Coussin cèdre, cot crink, lin, gris, ivoire, ethnic
Coussin à pompons ivoire, amande
Linge de lit
Plaid
Jeté de lit
Coussin étoile
Coussin girafe
Coussin nuage
Coussin lune
Tapis jute à motif
Chevet
Miroir à pompoms
Miroir cactus
Miroir corde
Lampe à poser
Table d’appoint corde
Suspension corde
Tipi
Suspension nuage berceau
Porte manteau
Peluche dinosaure
Bougeoir noir
Chandelier blanc
Chandelier argent
Bonbonnières
Linge de toilette
Accessoires salle de bain
Banc en bambou
Panier à linge
Tapis berbere
Lampadaire
Vases
Couverts
Paniers
Attrape rêves
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Ensemble de salle de bain double vasque à suspendre Doble https://www.castorama.fr/ensemble-de-salle-de-bains-double-vasque-a-suspendre-blanc-brillant-doble-120-cm/8056098180669_CAFR.prd
Robinets de salle de bain
Radiateur électrique double coeur de chauffe Cisco https://www.castorama.fr/radiateur-electrique-double-coeur-de-chauffe-cisco-1500w/3663602689027_CAFR.prd
Boiserie Albane
Lambris sapin coloris galet https://www.castorama.fr/lambris-sapin-bds-galet-12x135-cm-vendu-a-la-botte/3450742213843_CAFR.prd
Moulures décoratives
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La collection VO Imaginée en Provence, la collection Version Originale se décline en soins pour les mains et le corps enrichis en huile d’Olive bio et bougies à la cire 100% d'origine végétale. Un parti pris mêlant technicité de formulation, plaisir des sens et esthétisme.
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Bonbonnières guimauves
Bonbonnières cœur
Bonbonnières nougat  
Bonbonnières cœur cerise
Guimauve fourrée
Ourson en chocolat
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3 bombes grises
2 bombes blanc mat
2 bombes noir satin
2 bombes galet satin
2 bombes béton satin
2 bombes ardoise satin
2 bombes anisette satin
2 bombes Fjord satin
2 bombes kaki satin
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Chez Desenio, la décoration et le design sont nos passions ! Notre idée est simple : chacun doit avoir les moyens économiques d'accéder à un art mural tendance et beau. Depuis nos débuts en 2010, nous n'avons cessé de nous développer et sommes actuellement présents, grâce à Internet, dans 33 pays. Et nous continuons de conquérir de nouveaux marchés. Chez Desenio, vous trouverez une gamme d'affiches et d'accessoires (cadres, étagères à tableaux et pinces) parmi les plus vastes de Scandinavie. Notre offre est continuellement actualisée dans l'objectif de suivre les dernières tendances dans les domaines de la décoration et du design. Nous proposons des articles pour tous les styles de décoration et pour toutes les pièces de la maison.
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Créée en 1970, Corep s’est fait rapidement reconnaître comme le spécialiste de l’abat-jour et de la lampe décorative.
 Suspension cylindre 15€
Suspension cylindre lin 69€
Lampadaire Vinci 175€
Applique Sawyer 39€
Suspension Sweden 150€
Suspension Archi 33€
Lampadaire Lincoln 119€
Applique Lincoln 37€
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Côté Table apporte style et élégance à la décoration d’intérieur en alliant la plus pure tradition charme à des inspirations plus contemporaines. Lorsque la marque est créée en 1996 à Bordeaux, elle séduit immédiatement le public avec ses collections d’arts de la table exclusives. Elle propose, en plus aujourd’hui, un large éventail d’articles de maison : textiles, meubles, luminaires, objets de décoration, et accessoires pour la chambre et la salle de bain.
 Coussin turquoise, mastic, indigo, jeté en lin, pot blanc, pot mastic, pichet blanc, saladier, presse agrume, passoire, bol, mug, tasse, beurrier, plat sur pied, assiette creuse, plat, coupelle, pot, carafe, 3 cloches; verres à eau, carafe, bocal, coupe sur pied, torchon
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Théière, lampe renard, panier, miroir, tableau, guirlande
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209-211 Rue de Bercy, 75012 Paris
Téléphone : 01 80 20 63 00
Le quartier éclectique qui accueille l'hôtel abrite également des artistes, des ateliers et des rues pleines de charme qui reflètent le caractère du Paris d'aujourd'hui offrant un environnement urbain et une ambiance survoltée. Les 249 chambres de l'hôtel conservent des éléments emblématiques du passé industriel de Paris qui sont cependant surclassés par les véritables œuvres d'art que sont les différentes vues panoramiques époustouflantes sur les monuments de la capitale française. En effet, depuis les chambres s'offre au regard une vue unique et majestueuse sur les bâtiments les plus emblématiques de la ville, notamment la tour Eiffel, Notre-Dame, le Sacré-Cœur et la Défense. Nourrissez votre passion pour les voyages dans un cadre simple et bien pensé parfait pour travailler, vous divertir et vous détendre afin de vous préparer pour vos prochaines aventures. Un espace de réunion unique et innovant permet de rester productif et mener à bien ses objectifs. Rendez-vous au nosh! pour y apprécier de savoureux plats tout au long de la journée. Le Kitchen & Bar propose quant à lui d'authentiques mets de saison pleins de saveurs. Organisez votre prochain voyage à Paris. L'emplacement idéal pour les voyageurs d'affaires et les familles.
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Déménageur à Avrainville
Ferme de Kernevez Les Cailloux Local 6, 91630 Avrainville
Téléphone : 01 60 81 16 07
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À Longjumeau (tous articles réutilisables)
8, avenue de l’Abbé Pierre ("EMMAÜS LE DEPÔT")
91160 LONGJUMEAU
Du mardi au samedi de 8h à 11h30 et de 14h à 17h30
Nous acceptons tous les objets en bon état et non dangereux (par exemple pas les bouteilles de gaz, les produits chimiques ...)
tels que : vêtements, meubles, livres, disques,électroménager, hi-fi, literie, jouets, bibelots, micro-informatique, etc.
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Le sol cocooning avec un envers GFT en fibres recyclées à partir de bouteilles plastiques (plus de 50% du produit)  qui apporte les bénéfices en termes de :
CONFORT A LA MARCHE & ISOLATION SONORE (réduction de 20dB).
 Un sol épais et confortable, facile à poser : SANS COLLE & SANS PREPARATION DU SUP-PORT ! L'envers en fibres GFT absorbe les irrégularités du support !
Des décors tendances d'inspiration scandinave, adapté à toutes pièces de la maison (idéal pour les pièces humides, les pièces à l'étage et la RENOVATION !)
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 Produit HQR Fairway Cloud :
La référence des sols habitat et professionnels !
Un sol multi-couche avec un envers en fibres recyclées GFT et une couche d'usure de 0.40mm qui permet un usage semi-commercial.
Idéal pour la rénovation et les espaces à trafic élevé !
 Une pose facile et rapide : SANS COLLE & SANS PREPARATION DU SUPPORT ! L'envers en fibres GFT absorbe les irrégularités du support !
Un sol ultra confortable, avec une résistance optimale.
Ideal pour la RENOVATION et ultra facile d'entretien !
Des décors tendance et élégants pour des univers contemporains et naturels....
Sol cuisine : Vinyle rouleau HQR 1984 WALDEB BROWN
Sol entrée : Vinyle rouleau HQR 1984 WALDEB BROWN
Sol chambre 4 (parentale): HQR 1984 WALDEB BROWN
Sol palier : 1778 NOMA NATURE
Sol chambre 1 (orange) : HOME CONFORT 1536 KEYWEST BLANC
Sol chambre 3 (bleu foncé) : 1439 LODGE MILK
Niveau 1 : lames SENSO adhésives 0347 COLUMBIA
Niveau 0: dalles adhésives SENSO URBAN 0702 WALLSREAT LIGHT
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Matériaux et peintures pour les particuliers et les professionnels
Crit Center distribue des peintures de qualité profionnelle tel que Guittet et Plasdox
Magasin: 14-17 Rue du Chemin de Fer, 93400 Pantin
Tél :01 49 18 55 94 Fax : 01 40 11 10 85
Magasin: 21 Rue du Val de Marne, 94250 Gentilly
Téléphone :01 49 69 73 02
 PLASDOX est une marque de peinture française, née au Mans il y a plus de 60 ans, qui produit dans ses 3 usines en France des peintures d’intérieur et des revêtements de façade professionnels, distribués dans toute la France par une réseau de distributeurs indépendants. Dans le cadre de l’émission Maison à vendre, Crit Center est le distributeur officiel.
 PEINTURE GUITTET, fabricant français depuis plus de 150 ans, commercialise des peintures haut de gamme à destination des professionnels aussi bien pour la décoration intérieure que l'extérieur.
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Fabricant d'envergure mondiale de solutions auto-adhésives
15 rue du Bois des Saints Pères
77176 Savigny le Temple, France
Tel: +33 1 64 87 82 30
Fax: +33 1 64 87 82 50
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Enduits avant peinture et enduits de decoration pour les professionnels et les particuliers:
Chrono r poudre pour reboucher et reparer en un temps record
Chrono-gl pour rattraper et lisser en une seule application
Spécial facade rx3 pour ragreer et reboucher sur maçonnerie brute ou peinte
Humistop  pour traiter les murs humides
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Toutes les solutions de colles
 BOSTIK Fixation MS 118 objets lourds
la colle de références pour les professionnels.
Sa formule de type MS Polymère  sans solvant permet de coller en 5 secondes en intérieur ou en extérieur : elle est idéale pour coller tous types de matériaux  même lourds.
Prise immédiate, collage ultra-puissant.
Le collage reste élastique dans le temps et résiste aux chocs et vibrations.
 COLLE TOUS PAPIERS PEINTS EN PATE AVEC INDICATEUR COLORE
Standards, intissés et intissés à peindre, vinyles et vinyles à peindre, vinyles expansés sur intissés, courants, légers, épais, duplexés, lessivables.
 QUELYD Colle finitions & retouches
Colle polyvalente destinée au collage des papiers vinyles et revêtements plastiques sur eux-mêmes.
Très utile lors de la réalisation de joints par recouvrement, rattrapage de décollements aux joints (même sur supports non absorbants), réalisation de retours d’angle en mur ou plafond, pose de galons et frises décoratives.
 SILICONE SADER existe en blanc et translucide
Ce mastic silicone adhère sur la plupart des matériaux.
• Joint silicone pour utilisation en intérieur
• Permet de faire des joints d'étanchéité entre plan de travail et évier mais aussi entre lavabo et tour de baignoire
• Permet également de faire des joints de raccordements entre meubles (et encastrables) et sol ou mur
 BOSTIK - Mastic d’étanchéité.
Ce mastic vous permet de réaliser des joints d'étanchéité ainsi que des collages souples sur tous type de matériaux en intérieur ou en extérieur.
 Colle Toiles de verre QUELYD
Pour tout type de toiles de verre et fibres de verre.
La colle toiles de verre QUELYD a été formulée pour assurer un maintien immédiat et un collage durable de tous les types de toiles de verre et fibres de verre.
Service consommateurs 01 55 99 92 01 ou 01 55 99 92 00
 www.quelyd.fr
www.sader.fr
www.bostik.fr
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Fabricant de peintures et de produits pour l'entretien et le traitement des bois d'extérieur et d'intérieur          
 Peinture blanc mat et satin : http://www.v33.fr/interieur/peintures-d-interieur/peintures-murales,1122,1286.html
 V33 BLANC EASY COVER
Le blanc malin multi-supports et couvrant dès la première couche.
Application directe sur plus de 20 surfaces intérieures : murs, plafonds, boiseries, radiateurs, bois bruts, papiers-peints, toile de verre…
Résultat parfait / ne jaunit pas / idéal en rénovation.
 Peinture rénovatin CARRELAGE : blanc
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Fabricant d’outils du peintre axé sur la recherche et le développement de nouvelles et meilleures solutions pour la réalisation des travaux.
Pour les travaux de l’émission nous fournissons les rouleaux, les pinceaux, les bacs et perches.
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Ne cassez plus, relookez ! Les produits Résinence sont spécialisés dans la décoration, la rénovation et la protection de vos supports tels que murs, sols….
Résinence vous présente ses différentes gammes : résines décoratives, bétons minéraux, enduits, etc.
Produits utilisés pour le vaisselier et la table basse RMS DUVET
Meubles Cuisine : RMS Duvet
Salle de bains carrelage mural : Color GRIS PERLE
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unepommeverte · 5 years
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Mon agenda de Mai
La saison des festivals commence ! Je suis super excitée de la venue de ce mois de Mai, j’en ai les pépins qui palpitent. Cette sélection a été difficile, et je suis sûre que plein de belles choses vont venir se rajouter au calendrier... Stay tuned comme on dit !
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2 mai - Chants afro-colombiens Le temps d’une soirée, le groupe Zumaya Verde nous emmène vers d’autres horizons, avec des chants croisant les styles d’Amérique du Sud et d’Europe. Pour cette soirée, le duo présente la vie des indigènes de la côte Pacifique et Atlantique de la Colombie, l’arrivée des Espagnols, et les luttes des esclaves noirs pour s’affranchir.
> 20h30, entrée libre > Remue-Méninges, 43 rue Michelet
2 au 22 mai - Le Mai de la typo Pendant trois semaines, découvrez la typographie dans tous ses états ! Au programme, des expositions, des ateliers, des livres, des bières...
> Divers lieux
3 mai - Vernissage de l’exposition Climate Canary Découvrez l’exposition d’Aurélie Menaldo du 4 mai au 1er juin. Inspirée par le passé stéphanois, elle pose un regard présent sur un monde proche, un univers charbonneux s’inscrivant dans une faille sensible.
> Entrée libre > L’Assaut de la Menuiserie, 11 rue Bourgneuf
4 mai - La Sociale #2 Deuxième soirée de bienfaisance pour ce collectif composé de Néodemos, Syndrome Odyssée, Poto Feu Events et Positive Education. Avec La Sociale, ils apportent leur soutien aux habitant.e.s de la Maison Bleue.
> 5 euros / entrée gratuite contre denrées alimentaires > F2, rue de la Ville
5 mai - De parc en parc Journée à vélo pour découvrir les chants des oiseaux avec un ornithologue de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), encadrés par l’association Ocivélo. Une balade de parc en parc à Saint-Etienne !
> Prix libre : inscription obligatoire via le Framadate (cliquez) ou par téléphone au 04 77 21 18 29.
10 & 11 mai - Les Fanfaronnades Le fil et le Château du Rozier s'associent pour un week-end collaboratif, participatif et surtout festif autour de la fanfare ! Avec TOO MANY ZOOZ ; Parquet ; La Fanfare de la Touffe ; Les Monstros.
> Pass 2 jours : 20 euros > 10 mai Château du Rozier / 11 mai le fil
11 mai - Limbo Jet #2 « MAYBE LIGHT » de Marie Kaya & Carole Nosella + invité.e.s Limbo Jet est une soirée unique à vocation festive, présentant une exposition accompagnée d’une proposition sonore et d’une proposition gustative. Limbo Jet est un projet annexe de l’espace Les Limbes. La prochaine : Limbo Jet #3 le 18 mai : Alain Barthélémy + invité.e.s.
> Les Limbes, 7 rue Henri Barbusse
14 mai - L’esprit Le Corbusier Projection du film documentaire de Gilles Coudert. Autour du film, rencontre animé par des enseignants de l’ENSASE et le site Le Corbusier
> Le Méliès, place Jean Jaurès
15 mai - Concerts Ne pas rester dans sa zone de confort et aller voir Binidu et Borja Flames à l’Entre Pôts, c’est bon pour la santé !
> 5 euros > Entre Pôts, place Jules Guesde
18 mai - La Fuchine des Lulu Une journée 100% nature qui fait du bien, organisée par les Lulu ! Salon des vins natures, conférence avec Dominique Hutin, concerts avec Lion in Bed - Cavalerie - Ratel et dédicaces de Fleur Godart et Justine Saint-Lô avec la librairie Lune et l’autre. Du beau !
> Salon 10h-19h : 5 euros   Concerts 20h-1h : 5 euros   Toute la journée : 8 euros > Ursa Minor, 11 rue de l’Egalerie
19 mai - Marché de la création Huitième édition du Marché de la Création, organisé par l’asso Tisser des Liens. Peintres, graphistes, photographes, sculpteurs, céramistes, créateurs de bijoux, de vêtements, de mobiliers… Il y en aura pour tout le monde !
> 8h - 17h30, place Jacquard
20 au 22 mai - Pint of Science 2019 Le concept ? Apprendre en buvant une bière ! Fini la conférence compliquée, bienvenue dans la science festive ! Venez rencontrer des chercheurs dans l’ambiance détendue des bars, pour parler de sujets aussi divers que les neurosciences ou l’astrophysique…
> 2 euros par soirée > Café Les Jardins - Méliès Café, place Jean Jaurès
23 au 25 mai - Fest’U Le Fest'U 2019 c'est plus de 50 spectacles pour découvrir presque 500 artistes ! Le festival de la création étudiante stéphanoise est de retour avec des concerts, de la danse, du théâtre, des chorales, du cirque, des démonstrations d'arts martiaux et même de l'hypnose. Programme complet en pdf (cliquez ici)
> Entrée libre > Université Jean Monnet, Campus Tréfilerie
24 & 25 mai - Faut qu’ça brasse Festival de la bière artisanale, Faut qu’ça brasse c’est une trentaine de brasseurs artisanaux présents, des food-trucks, des ateliers-dégustations animés par le biérologue Cyril Hubert, des animations, des jeux et deux grandes soirées ! Horaires : vendredi 17h - 00h et samedi 15h - 00h.
> 1 jour : 5 euros (prévente) / 7 euros (sur place)    2 jours : 10 euros (uniquement en prévente) > Parc expo (Hall B)
24 au 26 mai - Complètement Gaga ! Le festival d’arts de rue revient ! Musique, danse, théâtre, arts du cirque prennent possession de divers lieux de la ville pour une programmation éclectique pour petits et grands.
> Prix libre > (Dans l’ordre) Amicale Laïque Crêt de Roc ; La Cartonnerie ; Puits Couriot
24 mai au 1er juin - Festival Trax Sixième édition du festival de danse hip hop de Saint-Etienne, organisé par la Compagnie Dyptik. Toute la programmation en pdf (cliquez ici)
> Tarifs en fonction des jours > Divers lieux
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esoterique-fr · 3 months
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Reiki Côtes d'Armor - Interview Sarah Toussaint-Piquard
Reiki Côtes d'Armor - Interview Sarah Toussaint-Piquard Nous avons eu le plaisir de retrouver Sarah Toussaint-Piquard de “Reiki Côtes d’Armor”, lors d'un atelier découverte dédié aux “Reiki”, animé le samedi 25 mai 2024 aux Ateliers Pleine Lune à Lannion, dans les Côtes d’Armor en Bretagne. Lors de cet évènement bien-être, nature et spiritualité, Sarah Toussaint-Piquard, spécialisée en soin énergétique, lithothérapie et Reiki,  est venue faire découvrir le Reiki Usui, une pratique énergétique par imposition des mains, inspirée des traditions spirituelles anciennes Japonaises, notamment du Bouddhisme et du Shintoïsme. Découvrez le reportage vidéo ainsi que son interview!
Nous avons eu le plaisir de retrouver Sarah Toussaint-Piquard de “Reiki Côtes d’Armor”, lors d’un atelier découverte dédié aux “Reiki”, animé le samedi 25 mai 2024 aux Ateliers Pleine Lune à Lannion, dans les Côtes d’Armor en Bretagne. Lors de cet évènement bien-être, nature et spiritualité, Sarah Toussaint-Piquard, spécialisée en soin énergétique, lithothérapie et Reiki,  est venue faire…
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13/11/18
mon histoire de tension sexuelle se développe, petit-déjeuner on se raconte nos rêves, elle a couché avec une amie cette nuit et c’était la première fois qu’elle rêvait aussi explicitement de sexe. évidemment, je l’ai rapporté à moi. hier soir dans le bus en rentrant de la fac elle a brièvement posé sa tête sur mon épaule et je pouvais plus m’arrêter de sourire. je mourrais d’envie de poser la mienne sur son épaule mais je suis pas encore assez forte pour les démonstrations affectives physiques, même si ça me ronge de l’intérieur. ça commence à me rappeler j., à chaque fois que j’étais avec elle, quand j’étais pas en train de me lapider de l’intérieur, je me sentais invincible. j'ai commencé à penser à mon départ et je me suis rendu compte que je voulais pas du tout lui dire au revoir et que sa présence allait me manquer. bon elle écoute vraiment de la musique de merde par contre.
j’ai rejoint m. à sa réunion de classe cet après-midi, j’ai du me faire une place parmi eux à la grande table au milieu de l’atelier, entre une fille choupie et un mec quelconque, le prof m’a demandé qui j’étais et j’étais très en dehors de ma zone de confort mais j’ai vu comment ça marche en vrai à l’École d’Art et je crois que c’est vraiment pas pour moi, je préfère rester dans ma sphère comfortable de outsider art non commercialisable et aller nulle part. une fille a montré ses dessins sur des feuilles et le prof s’est énervé pendant vingt minutes parce qu’elle aurait du les accrocher au mur, c’était des très beaux dessins ils m’ont donné envie de dessiner mais je crois que j’aime pas dessiner. puis une autre fille a montré une vidéo d’elle toute nue en train de se débattre avec un filet et le prof a évoqué maya deren et une fille m’a demandé qui? et je lui ai expliqué qui était maya deren mais je voyais vraiment pas le lien entre cette vidéo et maya deren. c. est arrivée un peu plus tard et je suis partie manger du crumble aux pommes dans son atelier. elle m’a emmenée voir mary shelley au cinéma dimanche soir puis on s’est promenées dans la ville sous la pluie et elle me racontait l’histoire de till eulenspiegel. j’adore avoir des réminiscences de souvenirs d’enfance lointains quand je suis avec des allemands. m. nous a rejoint à l’atelier et j’ai doucement commencé à délaisser la conversation. je me suis sentie coupable. je regardais la pluie tomber par les grandes baies vitrées, un orage, puis un arc-en-ciel. c. voulait vendre une pensée écrite sur un bout de papier à leur art fair locale et j’arrivais pas à comprendre. quand elle est partie j’ai du repasser par l’atelier et la réunion pour prendre mon sac, j’ai fait un signe à m. mais je sais pas si elle m’a vue et je me suis sentie bête, j’avais peur de l’avoir embarrassée. je suis sortie vite fait et le gouffre de la paranoïa s’est ouvert devant moi, au milieu du parking recouvert de pluie. je m’y suis doucement laissée glisser. il finit toujours par surgir quand des gens s’intéressent à moi et m’accueillent dans leur vie. je me transforme en fraude imaginaire dont le temps est limité. alors je me mets aux aguets, je guette le moment où ils vont se rendre compte que finalement je suis pas fréquentable, je guette et dès que je fais un truc qui me fait douter je me dis que ça va arriver, ça y est, on m’aime plus. je me sentais plus en sécurité avec m., elle me donne plus confiance en moi que la moyenne, elle me fait du bien mais elle fait pas le poids, ma peur écrase tout sur son passage, j’ai trop peur qu’on m’aime pas, j’ai tellement peur que c’en est embarrassant. comme j’avais plus rien à faire je me suis dit que j’allais leur cuisiner un truc pour ce soir, même si c’est mon traumatisme n°2 de la vie en société parce que je sais pas cuisiner. j’ai erré dans les rues jusqu’à ce que je retrouve le supermarché bio près de la gare et j’ai retrouvé une recette de f. dans mon téléphone et ça m’a pris trois heures à tout trouver et ça m’a coûté un bras mais c’était pas du tout grave parce que je suis remplie d’amour pour m.
nouveau défi relevé, j’ai utilisé le mixeur hasardé les proportions et haché de l’ail au couteau tout en menant une conversation sérieuse avec une fille que je connais à peine (m. était pas encore rentrée) et j’ai réussi à faire un plat délicieux elle s’est resservie deux fois + elle m’a dit qu’elle aurait jamais cru que je sois le genre de personne à avoir du mal à se faire des amis, j’ai tout gagné.
l’autre truc qui me tétanise, à part la cuisine, c’est les allusions aux relations amoureuses. l’autre jour dans la forêt elle parlait de son voisin dont elle était amoureuse quand elle était ado et de tous ces trucs d’ados amoureux que je connais pas, moi je connais le désespoir, les relations imaginaires le silence et la solitude. je savais absolument pas quoi lui dire, alors je disais rien. j’ai toujours peur de dire aux gens que j’y connais rien, même à mel en islande qui était pourtant dans la même situation que moi. en revenant de la forêt on a bu un chocolat chaud et elle a commencé à parler de la mort et je lui ai raconté plein de choses très intimes sur mon père et sur ma psychothérapie mais c’est pas pareil. j’ai moins peur de la mort que du sexe. ce jour-là dans la forêt on a longé un champ de chou-rave tout en haut d’une colline et il faisait soleil et je regardais mes pieds avancer dans la terre et j’écrivais une lettre à vincent macaigne dans ma tête. je le mentionne pour pas oublier d’écrire la lettre en vrai, quand j’aurai le temps.
15/11/18
j’ai fait un pas de plus vers le gouffre, c’est quand qu’elle va se rendre compte qu’y a plus rien à creuser, que je deviendrai pas plus intéressante, que j’ai rien à dire sur rien, je fais tomber mes épluchures par terre en essayant de les jeter à la poubelle, bon c’est quand qu’elle s’en va? j’ai envie de lui dire comment ça se passe à l’intérieur de ma tête, de tout lui raconter dans le détail. j’aimerais lui raconter toute ma vie. hier soir en revenant de faire les poubelles des supermarchés on marchait toutes les deux sur la route avec nos sacs remplis de légumes dans les rues désertes et ça me rappelait tellement j., marcher avec elle dans les rues de paris la nuit avec ce mélange de joie et d’excitation et de névrose parano, de sensation de marcher sur des nuages et de peur constante de rien dire d’intéressant ou d’intelligent. c’est trop fatigant de passer du temps avec des gens que j’aime. voilà pourquoi je préfère regarder les téléfilms de noël de tf1. j’ai passé la journée à errer dans les rues toute seule hier, je suis pas sûre d’avoir envie de passer du temps toute seule à berlin. j’ai passé un très bon moment assise sur un banc derrière une église à dessiner une maison à colombages avec des feutres roses en écoutant la conversation ésotérique des deux femmes assises sur le banc d’à côté, puis j’ai acheté une mohnschnecke que j’ai mangée plongée dans un rayon de soleil aveuglant qui sortait du bout de la rue, juste avant de se coucher, en savourant chaque bouchée. c’était un moment très satisfaisant.
je suis encore à la bibliothèque, j’ai lu des livres de sophie calle, hans peter feldmann, weiss & fischli, joseph beuys, et un rapport fascinant sur l’antarctique de simon faithfull. m. est venue me voir tout à l’heure, elle s’est agenouillée devant moi pour me proposer de passer la soirée ici avec elle à travailler sur son magazine alors que je pensais qu’elle allait me proposer de faire un truc excitant. la première chose qu’elle m’a dite quand je suis arrivée jeudi dernier c’était qu’elle avait oublié à quel point j’avais une jolie voix. j’ose pas lui demander si je peux passer le weekend ici encore. je veux me serrer contre elle pour mon anniversaire. je demande la lune. je vois ma réflexion dans le métal verni au dessus du bureau en face de moi, ma tête penchée appuyée sur ma main appuyée sur mon genou et mon journal devant moi ça fait 14 ans que je le tiens et je suis toujours la même adolescente en mal d’amour.
je lui ai parlé de mes névroses dans le bus, elle a dit mais c’est pas tout le monde qui a peur d’être ennuyant parfois? elle m’a dit qu’elle aussi elle avait peur d’ennuyer les gens quand elle laissait partir la conversation dans le silence (abschweifen, quel joli mot). je cherchais le bon moment pour poser ma tête sur son épaule, j’y suis pas arrivé. je l’ai accompagnée à l’endroit où elle va organiser la release party de son magazine avec e., on était toutes les trois assises sur un banc dans ce petit espace d’exposition blanc et m. était très pro et e. était très détendue. une femme m’a demandé qui j’étais et j’ai dit oh une copine alors qu’elle voulait juste savoir mon nom. je m’oublie quand je suis avec des gens. lundi elles ont pris des photos dans un parc pour le magazine et je rodais autour d’elles avec mon téléphone en faisant mes propres photos et plus tard m. m’a dit que je ferais une parfaite photographe parce que je sais disparaître.
on est allé manger dans un petit resto vietnamien, on a parlé de son travail de fin d’études et de son catalogue et j’ai dit que si moi je devais faire un catalogue j’aurais envie de faire un truc absurde mais j’arrivais pas à lui donner d’exemple. alors j’ai rien dit. j’ai payé pour elle et elle m’a payé une rhabarberschorle et on a travaillé sur le magazine jusqu’à dix heures et demi. je choisissais les couleurs du poster de la release party.
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hocarre · 2 years
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Un petit moment pour se réchauffer
Avoir Caleb d'allonger sous lui, accrocher à ses épaules tel un koala à son eucalyptus, il ne fallait pas grand-chose. Un câlin, une envie commune et hop, ils allaient se câliner sous la couette. L'avoir contre un mur ? C'était quand ils étaient de sortie et que quelqu'un le draguer ouvertement devant lui et son côté primaire animal, devait être apaisé, il ravissait son compagnon contre le mur le plus proche et à l'abri des regards. Caleb était à lui, comme il était à Caleb.
Des fois, ils le faisaient en voiture. Enfin, Caleb le suçait plus qu'autre chose et ce n'était pas son lieu favori, il préférait voir ce beau visage rougi par l'envie, ses yeux noisette voilés par le désir et sa bouche s'étirer autour de son membre et il avait de la chance, Caleb le laissait venir sur son visage.
Ça, c'était quand ils étaient chez eux, ou encore la fois où Wallace était trop énervé contre l'ami humain de son petit blond.
Oh oui, cette fois-là, Caleb l'avait attiré dans la cuisine pendant que l'autre était parti répondre à un appel téléphonique urgent.
Cela avait été une surprise, de la part de son compagnon qui était timide, mais ce fut rapide et intense. Quel bon souvenir. Oh, ils se faisaient des branlettes des fois, enfin, il en faisait plus à Caleb, surtout quand son petit loup devait être apaisé, un avant-goût d'une soirée à le prendre et le laissait tremblant d'orgasme pendant des heures.
Caleb n'était pas jaloux, enfin pas tant que ça.
Seulement quelques jours avant la pleine lune et c'était magnifiques. C'était lui qui initiait chaque moment intime et il était très avenant. Lui qui d'ordinaire et si timide, c'était comme s'il sortait avec quelqu'un d'autre.
Oh, tout était consensuel entre eux deux.
Comme pour aujourd'hui.
Wallace avait été tranquille pendant des heures à peindre dans son atelier, complètement concentré sur ses œuvres.
Il n'avait pas entendu Caleb rentré. D'ailleurs, il n'avait même pas fait attention à l'heure, oubliant son partenaire qu'il aurait dû aller chercher au travail plus tôt, le laissant rentrer sous une pluie diluvienne. Ce n'est que quand il entendit la porte de son atelier s'ouvrir et l'odeur de ce savon à l'Aloe Vera parvint à ses narines, qu'il se retourna vers son petit compagnon qui n'était vêtu que d'un de ses t-shirts trop long sur lui, la peau encore humide, le faisait s'accrocher à quelques endroits stratégiques.
- Tu es encore en plein travail.
Cette phrase avait été dite sans émotion, il annonçait un fait.
- Oui, j'ai bientôt terminé ceci dit. Cela te tente de sortir ce soir ? Restaurant-ciné ?
Pourquoi ne pas tenter de se faire pardonner de son oubli.
Un petit "Non, pas envie" lui parvint et Caleb se cala contre lui, sa tête arrivant à peine à son épaule. Il observait le tableau qu'il avait sous les yeux, essayant de déchiffrer sans un mot, les mélanges de couleurs et de formes.
Ils restèrent ainsi un moment, Wallace finissant son œuvre, Caleb silencieux, regardant simplement, jusqu'à ce que l'artiste termine.
- Donne, je vais m'occuper de tes pinceaux pendant que tu vas te laver, tu as mis de la peinture partout.
Avant que le brun ne puisse protester, deux petites mains fines lui arrachèrent son matériel et il se dirigea vers le bureau chargé d'esquisse et de pot de peinture, cherchant quelque chose puis d'une voix lasse.
- Ah oui, ton dissolvant, tu le mets en hauteur.
Wallace regarda son partenaire se diriger vers l'étagère face de lui, là où était le fameux dissolvant, le voyant se hisser sur la pointe des pieds et lever ses bras pour attraper le bocal en question. Petit geste anodin qui lui fit faire un arrêt cardiaque pendant plusieurs secondes.
Caleb ne portait que son t-shirt et rien d'autre. Le mouvement qu'il avait fait pour attraper ce fichu dissolvant avait relevé le vêtement plus haut, découvrant une petite partie de son derrière attrayant.
Juste un petit bout de chair, qui avait de quoi lui donner envie. Il quitta donc le chevalet ou sa toile était encore en train de sécher pour aller derrière son petit compagnon, glissant ses mains sur ses hanches et les caresser avec tendresse.
- Tu sais que j'aime quand tu portes mes affaires, surtout après la douche, c'est toujours une jolie vue, mais là, ce que je viens d'apercevoir, c'est magnifique.
Caleb émit un petit rire, et se tourna vers le plus grand, un petit sourire ironique sur les lèvres.
- Oui, c'est magnifique, mais je vais devoir te laisser, je suis frigorifié et épuisé par le retour à l'appartement.
Sans attendre, il se dégagea de la prise de Wallace pour ressortir de l'atelier. 
Un sourire de prédateur s'afficha sur le visage du brun, qui attrapa un élastique qui traînait sur son bureau pour attacher ses dreadlocks et suivit Caleb rapidement, s'adossant sur la seule porte des lieux.
- J'aimerais aller me coucher s'il te plaît.
- Tu le fais exprès parce que je t'ai oublié. Tu peux me le dire, tu sais.
Une petite rougeur apparut sur les joues de Caleb, qui soupira doucement.
- Non, je suis fatigué, la pluie était glaciale et me faire tripoter dans le métro était épuisant.
Il écarquilla les yeux suite à l'aveu qu'il avait fait, osant regarder dans les yeux de Wallace et se recula un peu.
Le sourire avait disparu, son regard un peu plus dur, mais quand il agrippa son bras, ce fut avec douceur, mettant par la même occasion de la peinture sur la peau pâle, et il l'attira contre lui.
- Où ont-ils osé te toucher ?
Wally avait sa voix basse, mais celle qui faisait frissonner Caleb, celle qui promettait une nuit pleine d'attention. Cette voix qu'il n'arrivait pas à résister.
Sans un mot, il enleva la main qui reposait sur son bras et guida les deux, jusqu'à ses cuisses.
Aussitôt, les mains larges et chaudes caressèrent sa peau avec douceur.
Wallace en profita un moment, puis vola un baiser à son petit partenaire, avant de lui retirer son T-shirt et de reposer ses mains sur ses fesses.
- Si j'avais su. . . Ils devraient savoir que tu es à moi. Ils ont eu de la chance que je ne sois pas là, je les aurais massacrés.
La phrase fut ponctuée par une légère morsure et un gémissement de Caleb brisa le petit silence, Wallace lui, lécha la zone qu'il venait de mordre et souriait contre la peau rougie.
Il venait de faire glisser un de ses doigts, sans résistance, en Caleb.
- Alors, tu étais fatigué ? Pourtant, je te trouve tout prêt, rien que pour moi.
Le petit blond se cacha contre le torse de son compagnon en gémissant de gêne.
- Avoue, que tu as voulu me plaire exprès et me faire languir peut être quelques heures, mais que tu aurais accepté mes avances.
Le plus jeune frissonna et gémit alors qu'un autre doigt venait se loger en lui, avant de pouvoir murmurer.
- J'ai quand même froid, j'ai besoin que tu me réchau . . .
Un baiser passionné vint le faire taire, surtout quand il gémit à la perte des doigts en lui, mais deux mains puissantes l'attrapèrent pour le soulever et aller le déposer dans un coin de l'atelier, face contre une des couvertures que Wally laissait des fois.
- Je vais te réchauffer et te faire oublier ses horribles tripotages.
Sans effort, il recouvrit le corps de son partenaire, parsemant son dos de baisers et de morsures, ses mains caressaient la moindre parcelle de peau à sa portée.
Une petite main alla agripper avec difficulté sa hanche, tirant sur son jean.
- Putain ! Déshabille-toi et prends moi!
Oh, le petit ton exigeant. Cela donnait envie de lui obéir, c'était si rare de l'entendre ainsi.
Faire l'amour comme Caleb le souhaitait, c'était nouveau, mais c'était agréable aussi.
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therosesgarden · 3 years
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Amira & Taha
I don't like a gold rush, gold rush I don't like anticipating my face in a red flush I don't like that anyone would die to feel your touch Everybody wants you Everybody wonders what it would be like to love you
Amira observa son téléphone d'un air dégoûté. La série de podcasts White Noise Sleep Sounds sur Spotify venait de lui proposer le sifflement des crickets en boucle pendant une heure. Elle détestait les insectes et, quand bien même ce son lui rappelait l'été, il était hors de question de travailler en écoutant ces petits bêtes.
Elle tendit la main et saisit son portable d'un geste vif. Elle jeta un coup d’œil rapide à la liste et son regard s'éclaira quand elle aperçut son préféré, celui qui mêlait craquements d'un feu de bois et vagues qui s'échouaient sur la plage. Elle augmenta le volume au maximum et reposa son téléphone sur son tabouret en bois qu'elle avait délaissé depuis le début de sa séance de travail, préférant s'asseoir sur le coussin posé au sol.
Quand les premières secondes du son atteignirent ses oreilles, un sourire satisfait étira ses lèvres et elle se concentra sur sa toile qui réclama son attention. Elle avait déjà dessiné les premières lignes, reprenant ce croquis de la mosquée de Melaka, en Malaisie. La combinaison de son œuvre et du bruit de fond la détendit suffisamment pour défaire le nœud qui s'était fait au niveau de sa nuque et elle se laissa plonger dans l'ambiance afin de donner les premiers coups de pinceau à son tableau.
Autour d'elle, les murs de son atelier disparaissaient déjà sous les nombreuses toiles de son exposition à venir. Sur chacune d'elles, Amira était parvenu à retranscrire la finesse de l'architecture des mosquées qu'elle avait visitées lors de ses voyages. Celle de la mosquée bleue d'Istanbul, encore fraîche, reposait dans un coin, seule. Elle lui avait pris presque une semaine, tant la toile était grande et les détails importants. Mais ce n'était rien comparé à sa reproduction d'une des salles de prières de Nasir-al-Mulk, en Iran. Elle avait passé tellement de temps sur les petites nuances de couleurs qu'elle avait dû faire une pause sur ce tableau pour ne pas perdre l'esprit. Elle s'était concentrée sur la mosquée Cheikh Zayed d'Abu Dhabi dont les toits blancs l'avaient aussitôt apaisée.
Aux yeux d'Amira, cette collection constituait l’œuvre de sa vie. Elle exposait pleinement son identité de femme musulmane et, quand elle avait brièvement mentionné ce projet à son amie galeriste et que celle-ci l'avait prise au mot et poussée à se lancer, la jeune femme avait su que ces tableaux seraient les plus beaux qu'elle aurait jamais peint. Et pour le moment, chacune de ses productions semblait lui donner raison. Elle qui avait passé les cinq dernières années de sa vie à peindre divers paysages et autres trouvait enfin la consécration. Elle savait qu'après ça, elle ne pourrait pas faire mieux. Mais cela n'avait pas d'importance. Alors qu'elle reflétait la lune dans les vagues qui entouraient la mosquée malaisienne, son sourire s'agrandit et elle sut que ce tableau serait son préféré.
Elle était parvenue à retranscrire l'atmosphère apaisante qu'elle avait ressentie quand elle était là-bas. C'était l'été dernier, quand elle était partie sur un coup de tête et que Noor l'avait suivie sans discuter. Elle n'y était pas allée pour le travail. Elle était censée oublier la peinture et se reposer, profiter du paysage et des plages de sable blanc. Mais lorsqu'elle avait vu la pleine lune éclairer le toit de la mosquée et les vagues qui caressaient tendrement le rivage, elle avait senti ses doigts la démanger. Noor n'avait rien dit quand elle l'avait vue attraper son carnet de croquis et son crayon dans son sac à dos. Même si Amira lui avait dit et répété qu'elles étaient ici en vacances et qu'elle ne devait pas dessiner, son amie avait compris que c'était plus fort qu'elle.
Amira était une artiste. Et quand l'inspiration se saisissait d'elle, il lui était impossible d'ignorer son appel.
Quand elle posa son pinceau, la nuit était déjà tombée depuis longtemps. La jeune femme avait mis en boucle son bruit de fond et n'avait touché son portable que pour allumer les lumières de son atelier, quand celle de l'extérieur ne fut plus suffisante. Elle jeta un coup d’œil critique à sa toile dans son ensemble et hocha la tête, satisfaite. Ce tableau était parmi les plus petits, elle devrait donc avoir fini d'ici trois jours. Après ça, il lui en restait deux et elle serait enfin prête pour son exposition.
Épuisée mais ravie, elle s'étira longuement, se penchant sur sa droite puis sur sa gauche, puis déplia ses jambes pour se relever. Une grimace déforma son visage quand le sang regagna soudainement ses membres et elle tituba sur le côté avant de regagner son équilibre de justesse. Elle étira ses bras vers le sol jusqu'à toucher la pointe de ses pieds puis donna de petits coups sur ses jambes pour les réveiller.
Sa mère lui avait bien dit de ne pas garder la même position plusieurs heures et que ça finirait par lui jouer des tours. Amira tâchait de suivre son conseil mais, parfois, il lui arrivait d'être plongée dans son tableau, oubliant tout le reste. Elle ne quittait sa place que pour prier avant d'aussitôt replonger dans sa transe artistique. Les crampes au poignet n'existaient plus, les douleurs au niveau du cou ne se faisaient plus sentir et les fourmis dans ses jambes semblaient inexistantes.
Paradoxalement, Amira avait appris à apprécier ces douleurs à la fin de ses sessions de travail. Quand son corps se réveillait de cet état léthargique et que les signaux finissaient par atteindre son cerveau, elle savait qu'elle avait bien travaillé. La preuve, le ciel malaisien qu'elle avait fini de peindre semblait si réel que son tableau ressemblait à une photographie. Les étoiles éclairaient le ciel nocturne, aidées de la pleine lune qui semblait veiller sur la mosquée.
La jeune femme observa tendrement le tableau en hochant la tête. Elle avait fait du bon travail. Mais il était l'heure de rentrer à présent. Sans prendre la peine de retirer sa chemise pleine de taches de peinture, elle enfila son manteau par-dessus et récupéra ses affaires, non sans oublier d'éteindre les lumières avant de refermer la porte de son atelier derrière elle. Il était tard, elle avait faim et elle était épuisée. Ses muscles lui rappelleraient sûrement la manière dont elle les avait négligés le lendemain matin. Pourtant, rien de cela ne put chasser le sourire grandissant sur ses lèvres, ni l'agréable chaleur au creux de sa poitrine. Aujourd'hui était une de ces journées où tout allait bien.
Elle espérait que ça continuerait ainsi.
- Comment ça partager mon espace ?!
Hana baissa les yeux, penaude. Amira croisa les bras sur sa poitrine et serra les poings. Elle ne voulait pas laisser exploser sa colère avec alors que Hana avait toujours été correcte avec elle. Mais ce qu'elle venait d'entendre résonnait dans sa tête et lui faisait perdre patience petit à petit.
- Tu sais bien que si j'avais mon mot à dire j'aurais fait deux expositions différentes, lui expliqua Hana. J'ai juste évoqué lors de la réunion qu'on devrait faire suivre les deux expos mais ils ont préféré les rassembler en une seule.
Amira poussa un profond soupir et entortilla une mèche de cheveux bouclés autour de son index. Elle tira distraitement dessus en observant les alentours. La galerie était grande et bien située et, de son côté, elle était parvenue à se construire une réputation. Techniquement, ça ne devrait pas poser de problèmes si elle partageait son espace.
Mais elle ne voulait pas. Amira était loin d'être égoïste, bien au contraire. Le partage semblait être une seconde nature chez elle, si bien que sa sœur s'était même moquée du fait qu'il n'y ait qu'une seule chambre dans son appartement, s'attendant à la voir partager avec une autre personne. Mais là, c'était différent. Là, il s'agissait de son travail et de son art. Et dans le cadre de son travail, Amira ne partageait pas. Encore plus pour cette exposition qu'elle considérait comme la plus intime jamais produite.
Allait-elle exposer aux yeux du monde la manière dont son regard observait avec tendresse les mosquées que les membres de sa communauté avaient érigées en partageant son espace d'exposition ? Elle voulait offrir un moment particulier, presque de recueillement. Et si ses œuvres étaient exposées avec celles d'une autre personne, cela briserait la magie qu'elle voulait proposer aux autres.
- Je ne vois pas pourquoi je devrais partager mon espace, reprit Amira. C'est un peu injuste de me faire un coup pareil alors que je vous ai toujours fait confiance.
Hana haussa les épaules, impuissante.
- Je sais, Amira. Et crois-moi, je trouve ça aussi injuste que toi, d'autant plus que vous êtes deux artistes connus. Je n'ai pas envie qu'un nom en empiète sur un autre.
- Rappelle-moi pourquoi on est forcés d'exposer ensemble ?
La galeriste ouvrit la pochette qu'elle tenait entre ses mains et lui tendit un des tracts provisoires avec un sourire timide.
- Il fait de la photo mais vous êtes sur le même thème, mosquées du monde.
Amira scanna du regard le prospectus, laissant la colère l'envahir de nouveau. Elle fronça les sourcils en avisant le nom de l'artiste. Taha. Juste un prénom, pas de nom de famille, rien qui permettait de l'identifier. Elle fut tenter d'aller chercher son nom sur Internet mais préféra broyer le papier dans sa main d'un geste rageur.
- Hors de question de partager. Je ne veux pas qu'on me pompe mon espace.
- Croyez-moi, moi non plus je ne veux pas qu'on pompe mon espace mais j'ai quand même l'amabilité de le faire comprendre gentiment.
Amira écarquilla les yeux et se retourna violemment. Elle se retrouva nez-à-nez avec un torse emprisonné dans un col roulé noir et serra le poing en réalisant qu'elle devait lever la tête pour dévisager l'inconnu. Ce dernier la dominait de toute sa hauteur et il arqua un sourcil, esquissant un sourire narquois, quand Amira croisa son regard.
Son expression rendit la jeune femme si furieuse que son cerveau mit de côté le fait que le jeune homme qui se trouvait devant elle était très beau. Elle lui tourna le dos pour faire face à Hana dont le regard était fuyant. La galeriste rangea son téléphone dans sa poche et leur adressa un sourire ennuyé.
- Je dois aller régler quelques détails pour l'exposition mais profitez-en pour faire connaissance !
Amira ouvrit la bouche pour la retenir mais la jeune femme s'était déjà éclipsée à l'autre bout de la galerie, dans son bureau. La jeune femme serra le poing et contempla l'idée de quitter la galerie le temps de trouver une solution mais visiblement, le nouvel arrivant avait une autre idée en tête.
- Je ne crois pas que nous ayons été présentés.
De mauvaise grâce, Amira se tourna vers lui et saisit sa main tendue. La sienne était minuscule en comparaison et elle eut la désagréable impression que cela l'amusait.
- Taha, se présenta-t-il.
Juste son prénom, pas de nom de famille. La même chose qui était indiquée sur le prospectus. Amira n'était pas surprise. Même elle ne donnait pas son nom. Mais, tandis qu'elle observait attentivement le visage du jeune homme, elle en vint à se demander si Taha était également son vrai prénom.
- C'est mon vrai prénom, ajouta-t-il, comme s'il avait entendu ses pensées.
Amira retint un commentaire acerbe et poursuivit son analyse. Son regard s'attarda sur les boucles sombres qui encadraient son visage tout en laissant son front dégagé. Elle détestait le fait qu'il la dominait d'une bonne vingtaine de centimètres et qu'elle était obligée de lever la tête pour le regarder tandis que lui baissait les yeux et n'avait toujours pas perdu son sourire narquois. Elle releva le grain de beauté sur son nez et se fit la réflexion que si elle n'avait pas été aussi petite, elle ne l'aurait pas remarqué. Sans qu'elle comprenne pourquoi, cette pensée l'agaça profondément.
- Amira, répondit-elle.
Elle réalisa soudainement que, pendant tout ce temps, elle n'avait pas lâché la main de Taha et elle fit un pas en arrière, se détachant violemment de son emprise comme si elle s'était brûlée. Le jeune homme se contenta d'arquer un sourcil et rangea sa main dans sa poche sans la quitter des yeux. Une vague d'irritation la saisit.
- Vous savez, je ne compte pas lâcher l'affaire. C'est l'exposition la plus importante de ma carrière et il est hors de question que quelqu'un vienne empiéter dessus en prenant la moitié de l'espace qui m'était réservé.
Le regard de Taha s'assombrit et il perdit aussitôt son sourire.
- Moi qui espérais pouvoir compter sur vous pour les faire changer d'avis... Il semblerait que vous ayez décidé de vous débrouiller seule, non sans oublier de m'insulter... Très bien. Vous le regretterez, Amira.
La manière dont il prononça son prénom sans la quitter des yeux lui fit l'effet d'un serpent crachant son venin. Elle dut prendre sur elle pour ne pas lui envoyer son poing en pleine figure pour lui arracher cet air supérieur.
- Noor, je veux l'étrangler.
Amira laissa sa tête reposer contre la table et poussa un profond soupir. En face d'elle, son amie retint un éclat de rire. Elle observa l'artiste qui appuyait à présent sa joue contre la table tout en tournant distraitement sa paille dans sa boisson.
- Est-ce qu'il est si terrible que ça ou est-ce juste parce qu'il prend une partie de ton espace ?
- Les deux ! S'exclama Amira en se redressant d'un coup.
Elle croisa le regard de Noor et leva les yeux au ciel en réalisant que cette dernière avait bien du mal à dissimuler son amusement.
- Je suis sûre qu'il n'est pas si terrible. En plus, tu m'as dit que lui aussi voulait son propre espace, non ? Pourquoi ne pas vous mettre d'accord et déclarer à la galerie que vous refusez d'exposer ensemble ?
Amira marqua un temps d'arrêt. Les sourcils froncés, elle attrapa sa paille entre ses lèvres et aspira rageusement son jus. Comment expliquer à Noor qu'à partir du moment où elle avait vu son sourire narquois, elle avait aussitôt pris Taha en grippe ? Il y avait quelque chose dans sa façon de se tenir et de la regarder de haut. Certes, ce n'était pas bien compliqué puisqu'elle lui arrivait à peine à l'épaule. Mais cela ne changeait rien à son sourire narquois qu'elle voulait effacer à tout prix de son visage.
- Oh, mais tu ne m'avais pas dit qu'il était super beau !
Amira reporta son attention sur Noor qui brandissait son téléphone devant elle d'un air espiègle. La jeune femme observa la photo de Taha. Elle semblait avoir été prise à son insu, lors d'une exposition. Il discutait avec un groupe de personnes et le sourire sur ses lèvres était bien plus doux que celui qu'il avait offert à Amira. Il ne se tenait même pas droit et pourtant, il dépassait la majorité de son audience qui buvait ses paroles.
Amira serra le poing et détourna la tête.
- Parce que ce n'est pas important.
Elle avisa la lueur dans le regard de Noor et fronça les sourcils.
- Hé ! Tu es de quel côté ?
- Du tien, voyons, lui rétorqua son amie en levant les yeux au ciel.
Elle rangea son téléphone dans sa poche et posa ses coudes sur la table pour se pencher vers Amira. Du coin de l’œil, elle repéra son fiancé derrière le comptoir qui lui adressa un clin d’œil et elle y répondit d'un sourire. Celui du jeune homme s'élargit et il se remit en travail en sifflotant joyeusement.
- Écoute, reprit Noor en reportant son attention sur Amira. Je pense que tu devrais patienter. Il y a sûrement quelque chose de bien qui ressortira de cette histoire. Après tout, quelles étaient les chances qu'on te fasse exposer avec un autre autour du même thème ?
- Ce n'est pas comme si c'était tout nouveau. Oui, cette exposition me tient à cœur parce que ces tableaux ont une valeur inestimable à mes yeux. Mais suis-je la première à exposer la beauté des mosquées ? J'aurais bien aimé mais je ne crois pas.
- Peut-être que ta réponse se trouve dans les raisons pour lesquelles il fait aussi cette exposition.
Amira haussa les épaules. Son index se coinça dans une mèche de cheveux et elle tira distraitement dessus. Elle savait que Noor avait peut-être raison. Elle avait toujours été la plus sage. Mais malgré tout, au fond d'elle-même, Amira restait obstinée. Elle avait passé tellement de temps à imaginer cette exposition et les yeux émerveillés des visiteurs. Elle ne voulait pas qu'un inconnu vienne et empiète sur son espace pour briser ce qu'elle voulait créer. Un même thème ne signifiait pas un même univers et Hana, plus que tous les autres, aurait dû le comprendre et insister pour faire deux expositions différentes.
Bien qu'elle ait surtout laissé apparaître sa colère, l'artiste était blessée au fond d'elle-même. C'était comme si la galerie ne prenait pas en compte son ressenti alors que c'était la moindre des choses à faire quand on travaillait avec une artiste. D'autant plus qu'Amira était une femme. Si au cours des cinq dernières années elle était parvenue à se faire une place solide, cela n'avait pas été sans sacrifices. À présent, elle avait une certaine réputation et qu'on vienne lui demander de partager son exposition la ramenait cinq ans en arrière, quand elle peinait encore à vendre ses tableaux et qu'elle se morfondait dans un travail qui ne lui plaisait pas pour payer ses factures.
- C'est compliqué, murmura-t-elle, sans savoir si elle le disait à Noor ou à elle-même.
Son amie hocha la tête et pressa doucement les doigts d'Amira entre les siens.
- Je comprends. Tu devrais en parler avec Hana. Explique-lui tes raisons et je suis sûre que tu trouveras une solution. Tu mérites ton espace, Amira. Tu es sans doute l'artiste la plus douée qu'il m'ait été donné de connaître.
Rassurée, Amira sourit et hocha la tête.
- Merci. J'en parlerais demain à Hana.
Finalement, ce fut Hana qui envoya le premier message.
Passe à la galerie dans la matinée
Le message était court, vide de toute formule de politesse ou de ponctuation. Si Amira n'avait pas deviné que la galeriste l'avait écrit d'une main tout en étant occupée à faire quelque chose d'important de l'autre, elle l'aurait sûrement mal pris. Mais elle avait pris l'habitude depuis qu'elle travaillait avec elle. Hana n'était peut-être pas propriétaire de la galerie et n'avait donc aucun pouvoir sur certaines décisions mais, au cours des années passées à travailler avec elle, Amira s'était attachée à elle et à son éthique de travail.
C'est pour cette raison qu'elle se retrouva devant la galerie à huit heures du matin, le nez plongé dans son écharpe pour lutter contre le froid. La lumière lui indiqua qu'il y avait déjà quelqu'un et elle se permit donc de pousser la porte pour rentrer à l'intérieur où une vague de chaleur l'accueillit.
Elle faillit faire demi-tour en apercevant Taha nonchalamment appuyé contre le mur.
- Ah, Amira, tu es là !
Hana rentra à sa suite, l'obligeant à s'avancer vers le photographe qui avait quitté son poste et faisait le même chemin vers les deux femmes. Dès que ses yeux étaient tombés sur Amira, un coin de ses lèvres s'était étiré en un demi-sourire.
- Qu'est-ce qu'il fait là ?
Amira fusilla le jeune homme du regard et reporta son attention sur Hana qui luttait pour maintenir en équilibre les trois tasses tout en cherchant les clés de son bureau au fond de son sac. Taha la rejoignit en deux grandes enjambés et attrapa les gobelets en carton, récoltant un remerciement de la part de la galeriste et un nouveau regard noir de la part d'Amira.
- Il faut qu'on revoit quelques détails sur l'exposition, expliqua Hana en les enjoignant de la suivre vers son bureau.
Elle ouvrit la porte et leur fit signe de s'installer sur les deux chaises d'un côté du meuble pendant qu'elle s'installait sur la sienne, face à son ordinateur.
- Amira, je t'ai pris ton café habituel. Taha, si mes souvenirs sont bons, tu préfères le chocolat chaud ?
Le photographe acquiesça avec un sourire presque enfantin et distribua les boissons en fonction du contenu. Quand il tendit la sienne à Amira, elle la saisit et le remercia avec réticence.
Les doigts du jeune homme effleurèrent brièvement les siens et elle retira précipitamment sa main tandis que Taha murmurait des excuses. Amira ne répondit pas et plongea son nez dans son café, appréciant la brûlure dans sa gorge et le goût du lait qui adoucissait l'amertume du café. Son regard s'attarda sur la main de Taha qui avait effleuré la sienne et elle s'en voulut aussitôt. Il avait des mains d'artiste et de modèle à la fois. Sans s'en rendre compte, elle commença à croquer mentalement les longs doigts du photographe qui emprisonnaient son gobelet en carton. Quand elle réalisa ce qu'elle était en train de faire, elle jura du bout des lèvres et avala une nouvelle gorgée de café.
Inconsciente du manège qui se déroulait sous ses yeux, Hana, les yeux rivés sur son écran, avalait de longues gorgées de son thé jusqu'à ce que la chaleur atteigne le bout de ses doigts. Quand sa température corporelle atteignit un seuil respectable, elle reposa sa tasse et dévisagea Taha et Amira qui étaient restés silencieux tout ce temps.
- Concernant l'exposition...
- Je ne pense pas qu'on devrait la faire ensemble, la coupa Taha.
- Et pourquoi ça ?
La galeriste se pencha en avant, s'accouda sur son bureau et croisa les mains, dans l'attente d'une réponse.
- Hana, on n'a peut-être pas beaucoup travaillé ensemble mais tu as vu mes photos et tu sais ce qu'elles représentent à mes yeux, expliqua Taha.
Un profond soupir s'échappa de ses lèvres. Il pinça l'arête de son nez, porta un regard hésitant à Amira, puis sembla se conforter dans sa décision.
- On en a suffisamment parlé pour que tu comprennes pourquoi je ne veux pas partager, reprit-il, plus fermement.
- Pareil pour moi, ajouta Amira. Ça fait trois ans qu'on travaille ensemble et on n'a jamais eu aucun problème, Hana. Quand je t'ai parlé de cette exposition tu m'as donné le feu vert et tu m'as poussée à me lancer parce que tu sais à quel point elle compte pour moi. Il n'y a pas de place pour un inconnu.
- Je vois.
Hana hocha lentement la tête. Son regard fit l'aller-retour entre les deux artistes puis, sans un mot, elle tourna son ordinateur vers eux. Sur son écran se trouvait la reproduction d'un ciel à l'aube. Les couleurs étaient douces, dans les tons jaunes et oranges, indiquant que le soleil n'allait pas tarder à se lever. Dans un coin de la toile, on voyait un albatros qui volait en solitaire. Malgré l'apparente douceur du tableau, il y avait quelque chose de très triste dans la manière dont l'oiseau agitait ses ailes, comme si l'apesanteur l'attirait vers le sol et qu'il lui était de plus en plus difficile de tenir dans les airs.
Amira retint son souffle. Il s'agissait d'une de ses premières toiles, signée avec un pseudonyme. Il s'agissait aussi d'une des premières toiles qu'elle avait vendue, si bien qu'elle s'était demandé si elle devait garder un pseudonyme toute sa vie pour mieux vendre. Ce tableau portait une certaine amertume, témoin d'une époque où elle n'était pas épanouie et où elle résistait encore à l'appel de la peinture.
- C'est le tableau que j'ai acheté..., murmura Taha.
Sa voix était presque inaudible mais elle eut le don de faire sursauter Amira. Elle se tourna brusquement vers lui, bouche bée.
- C'est un des premiers tableaux qu'a vendu Amira, expliqua Hana.
Elle appuya sur une touche de son clavier et cette fois-ci, ce fut une photographie qui s'afficha. Il s'agissait d'un paysage similaire, en noir et blanc. Cette fois-ci, l'albatros semblait avoir cessé de lutter et se dirigeait vers la surface de la mer. Si l'absence de couleurs ne suffisait pas à alourdir le cœur d'Amira, la réalisation qu'il s'agissait de la photo accrochée dans son appartement fit tomber un poids lourd au creux de son estomac.
- C'est la photo que j'ai achetée...
- Et qui a été prise par Taha, compléta Hana en retournant l'écran vers elle.
Avec un sourire satisfait, elle laissa le malaise entre les deux artistes s'installer et prit le temps d'avaler une nouvelle gorgée de son thé. Quand elle les vit échanger un regard partagé entre l'agacement et la gêne, elle se décida enfin à les interrompre.
- Ce n'est pas pour créer une situation gênante que je vous montre ça, reprit la galeriste. J'ai remonté tes réserves, Taha, et on m'a bien fait comprendre qu'on présenterait une expo commune ou pas d'expo du tout. Je sais à quel point ces œuvres comptent pour vous et je refuse de vous laisser tomber sur ce coup. Mais il s'avère que vous avez des univers similaires et que le destin a fait que vous avez déjà acheté une œuvre de l'autre. Je pense que ce n'est pas à prendre à la légère et que vous pouvez permettre de collaborer.
Elle s'interrompit, le temps de jauger la température de la pièce, puis poursuivit.
- Vos raisons pour peindre et photographier ces mosquées peuvent être différentes et il ne m'appartient pas de les partager sans votre accord. Mais croyez-moi quand je vous dis que vous pouvez collaborer sans inquiétude. Cette exposition sera fabuleuse. De toute façon, vous n'avez pas vraiment le choix.
Amira observa Hana en silence. Sous le bureau, ses doigts s'agitaient nerveusement autour de son gobelet. Elle n'aimait pas l'idée que cet homme qui venait voler son espace avait également une partie d'elle chez lui. C'était plus facile quand des inconnus achetaient des tableaux, pas un homme avec qui elle devait collaborer. Malgré ce que disait Hana, elle n'avait pas à s'ouvrir à un individu dont la simple présence l'irritait. Pourtant, elle faisait face à un choix sur lequel elle n'avait pas à hésiter. Ses tableaux avant tout. Son ressenti personnel vis-à-vis de Taha pouvait passer après.
- Très bien, dit-elle. Si je n'ai pas le choix.
- Taha ?
- Ça me va aussi.
- Très bien ! S'exclama Hana. On peut passer aux choses sérieuses maintenant. Le vernissage est dans trois semaines, j'ai besoin de savoir où vous en êtes. Il me faut toutes vos œuvres d'ici dix jours qu'on puisse tout installer et tout préparer.
Les deux artistes acquiescèrent et passèrent le reste de la matinée en compagnie de la galeriste pour accorder leurs emplois du temps.
Quand on frappa à la porte de son atelier, Amira quitta sa toile des yeux et se releva en fronçant les sourcils. Elle jeta un coup d’œil à son téléphone, à la recherche d'un message de Noor mais il n'y avait rien. Ce n'était donc pas elle.
Ça ne pouvait pas être sa mère, songea-t-elle en se dirigeant vers la porte, la nuit était tombée depuis peu et sa mère ne sortait jamais à la nuit tombée. Sa sœur aînée avait son propre foyer et son père n'était plus passé depuis qu'il avait accidentellement abîmé une de ses toiles. Il avait décrété qu'il préférait la voir en dehors de son atelier pour éviter de ruiner son gagne-pain.
Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle se retrouva nez-à-nez avec un sac plastique d'où s'échappait une odeur de crevettes et une faible chaleur. Elle fit un pas en arrière et écarta le sac de son champ de vision. Son regard se durcit en voyant que Taha se trouvait sur le seuil, lunettes sur le nez et sourire espiègle aux lèvres.
- J'ai amené le dîner. J'espère que ça me vaut un accès à ton atelier.
Amira arqua un sourcil en réalisant qu'il avait laissé tombé le vouvoiement. Elle s'appuya contre la chambranle de la porte et croisa les bras.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Hana m'a dit que tu aimais bien les nouilles aux crevettes. Il y a un resto asiatique au coin de la rue alors...
- Non, le coupa Amira en balayant ses explications d'un geste de la main. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le sourire de Taha se fit plus timide. Il baissa le sac en plastique et réajusta la bandoulière sur son épaule. C'est à ce moment-là qu'Amira réalisa qu'il avait pris son ordinateur et son appareil photo avec lui. Elle ne savait pas ce que Hana avait bien pu dire ou faire mais cela ne présageait rien de bon. Elle était à deux doigts de lui envoyer un message afin de lui faire part de sa colère.
Avant qu'elle ne puisse faire demi-tour pour attraper son téléphone, Taha tendit la main et attrapa un pan de la chemise tachée de la jeune femme et la retint.
- C'est pour l'exposition. Hana a dit que tes tableaux et mes photos devaient correspondre et qu'elle nous laissait le champ libre sur ça. Je me suis dit que je pouvais passer et qu'on pourrait travailler ensemble. Je ne sais même pas à quoi ressemblent tes toiles.
Amira poussa un profond soupir et l'observa longuement. Elle réalisa qu'il s'était pris la pluie. Ses boucles sombres lui collaient aux tempes et à la nuque et les verres de ses lunettes étaient encore parsemées de gouttes d'eau. Elle se fit la réflexion qu'il était trop beau pour son propre bien et qu'il ne lui apporterait que des ennuis. Mais pour le moment, elle pouvait en faire abstraction.
- J'espère que les crevettes sont épicées, murmura-t-elle en se décalant sur le côté.
Le regard de Taha s'éclaira et il pénétra dans l'atelier tandis qu'Amira refermait la porte derrière elle.
- Tu enlèves tes chaussures et tu les mets à côté des miennes. Le radiateur est sous la fenêtre si tu veux y accrocher ton manteau. Je n'ai pas de bureau mais tu peux utiliser le tabouret en bois pour poser ton ordinateur dessus.
Elle marqua une hésitation et l'observa de nouveau, de la tête aux pieds. Puis, elle tendit la main vers le paravent qui était dressé dans un coin de la pièce avant de désigner la petite porte à quelques pas.
- Si tu veux prier... Le tapis est derrière le paravent et tu peux faire tes ablutions là-bas.
- Merci... Amira.
La jeune femme haussa les épaules et lui tourna le dos pour retourner à sa toile. Et dissimuler le sourire qui étirait ses lèvres.
- Je travaille avec du bruit de fond, ajouta-t-elle en se rasseyant sur son coussin. Si ça te dérange, ce n'est pas mon problème. Si tu travailles avec de la musique, ce n'est pas mon problème, je ne veux rien entendre. Et je ne supporte pas les bruits de mastication, donc tu manges en silence.
Le rire de Taha résonna comme une douce musique à dans ses oreilles. Elle ignora son air amusé et lui tendit un coussin pour qu'il puisse s'installer dessus. Elle lui indiqua également le tabouret en bois qui se trouvait à quelques centimètres d'elle et l'observa s'installer du coin de l’œil. Elle reprit son pinceau et poursuivit le remplissage du dôme vert de la mosquée de Médine afin d'éviter de relever à quel point la chemise de Taha soulignait la largeur de ses épaules.
- Tu ne manges pas ?
Amira ouvrit la bouche pour refuser mais son ventre répondit à sa place. Taha eut la présence d'esprit de ne pas relever et déballa leur dîner.
Amira réalisa qu'elle n'avait pas mangé depuis plusieurs heures. Elle avait passé la journée dans son atelier, négligeant ses besoins vitaux. Noor l'avait déjà reprise plusieurs fois dessus et la jeune femme tâchait de faire attention mais il y avait des jours où elle oubliait la faim.
Le bon côté des choses était qu'il ne lui restait plus que le tableau de Médine à peindre. Ensuite, il y aurait des finitions à faire sur l'ensemble de la collection mais elle pourrait envoyer les tableaux à temps à la galerie. Le vernissage était dans dix jours. Il y aurait sûrement plusieurs allers-retours à entre son atelier et la galerie mais elle pourrait souffler un peu.
Le regard pensif, la jeune femme dévora son dîner. Elle sentait le regard curieux de Taha sur elle et son tableau mais elle préféra ne pas le relever et continuer de l'ignorer. C'était mieux ainsi. Elle n'avait toujours pas oublié qu'elle devait envoyer un message incendiaire à Hana. Elle le ferait probablement demain. Ou alors, elle se présenterait directement à la galerie pour lui expliquer qu'elle n'avait pas donné l'adresse de son atelier à la galeriste pour qu'elle la partage avec le premier homme venu. Même si Taha n'était pas réellement le premier homme venu et que, en fin de compte, il avait peut-être eu raison de venir. Il fallait bien qu'ils collaborent après tout. Il ne faudrait pas que l'exposition ne ressemble à rien.
Hana avait toujours eu un don pour assembler les œuvres de manière harmonieuse. Si elle avait demandé à Taha de se mettre d'accord avec elle, ce n'était sûrement pas pour rien. Malgré tout, elle n'aimait pas cette situation. Quelles étaient les chances que dans le même pays, la même ville et la même galerie, deux artistes exposent leurs œuvres sur l'exact même thème ? Elle se demandait vraiment si tout ça n'était pas une gigantesque blague. Qu'est-ce qui avait bien pu amener Taha vers ce thème d'ailleurs ?
- Pourquoi les mosquées ?
La question quitta ses lèvres avant même qu'elle ne puisse s'en rendre compte. Elle se répéta à plusieurs reprises qu'elle n'était qu'une idiote.
Face à elle, Taha sourit. Il retira ses lunettes et les posa sur le tabouret. D'un air pensif, il agita ses baguettes de bois en l'air avant de répondre.
- Quand je me suis converti, les mosquées sont devenues mon refuge.
Il s'accouda au tabouret et posa son menton au creux de sa paume pour mieux pouvoir regarder Amira.
- Je n'ai pas une tête de musulman classique. On ne m'a pas toujours cru quand je disais que je l'étais. On me faisait souvent passer des tests pour au final me dénigrer quand même. Dans les mosquées, c'était différent. Je n'ai jamais connu ça.
Il haussa les épaules et avala une bouchée.
- Je suis sûrement tombé sur des personnes différentes à la mosquée et en dehors. Mais quand j'y étais, on n'a jamais remis en question le fait que j'étais musulman. On m'a accueilli à bras ouverts, on a répondu à mes questions et, surtout, on m'a dit que je pouvais rester là autant que je le voulais. C'était à une période de ma vie où j'avais besoin de paix intérieure. Et si on ne m'avait pas laissé la porte des mosquées ouvertes, je ne sais pas ce que je serais devenu. C'est pour ça que cette exposition m'est précieuse. Je tâche de rendre l'amour qui m'a été donné. Je veux montrer au monde la paix qui m'a été offerte.
Il conclut son explication d'un hochement de tête avant de replonger son nez dans son repas. Amira digéra ses paroles sans un mot. Après quelques minutes durant lesquelles ils mangèrent en silence, elle finit par parler.
- Je suis née musulmane. J'ai une tête de musulmane classique. Je n'ai pas eu à passer d'examens par des inconnus qui auraient jugé que je n'étais pas musulmane. Mais les mosquées ont la même valeur à mes yeux.
J'ai eu la chance de beaucoup voyager et, peu importe le pays dans lequel j'étais, j'ai toujours veillé à me rendre à la mosquée pour prier. Et j'ai toujours été bien accueillie. Moi aussi, je veux rendre l'amour que ma communauté me donne, même à l'autre bout du monde. Je veux montrer que, malgré tout, il y a des lieux qui nous rassemblent tous.
Elle ponctua son explication d'un hochement de tête avant de lever les yeux vers Taha. Ce dernier la couvait d'un regard doux et, avant même qu'elle ne puisse le réaliser, ses lèvres s'étirèrent en un sourire, miroitant celui du photographe.
Taha travaillait en silence. Même lorsqu'il se leva pour aller observer de plus près les tableaux d'Amira, il ne fit pas un bruit. Même quand la jeune femme se tourna vers lui après qu'il l'ait fixée sans un mot, il ne lui fit aucune remarque et se contenta de désigner sa toile du menton. Elle tourna son chevalet de façon à ce qu'il puisse observer son tableau puis se reconcentra sur son ordinateur sans un mot.
Amira avait mis en fond le son d'une cascade. Quand le podcast se termina au bout d'une heure te laissa place à un autre avec le chant des crickets, elle grimaça et s'apprêta à se lever pour changer. Cependant, elle se rassit dès qu'elle vit que Taha semblait également ne pas apprécier le son de ces insectes. C'était peut-être mesquin et enfantin mais cela lui procura une certaine satisfaction.
Certes, Taha semblait être une bonne personne malgré le début de leur relation quelque peu houleux mais ce n'était pas une raison suffisante aux yeux d'Amira. Au contraire, la manière dont ses cheveux bouclaient délicatement sur son front et caressaient la monture dorée de ses lunettes était suffisant à ses yeux pour le mettre mal à l'aise. Elle détestait l'idée de le trouver beau. Si ça ne tenait qu'à elle, elle aurait déjà tendu la main pour dégager son front et retirer ses lunettes. Pour mieux le frapper, bien sûr. Pas pour observer de plus près les longs cils qui bordaient ses yeux, le grain de beauté sur son nez ou encore...
- Amira, je vais prier.
La jeune femme émergea de sa contemplation et sentit la rougeur lui monter aux joues. Avec horreur, elle réalisa qu'elle s'était penchée vers le photographe et que ce dernier avait bien remarqué son manège. S'il n'en dit pas un mot, son sourire narquois quand il se leva pour rejoindre la salle de bains n'échappa pas à Amira qui attendit que la porte se refermer derrière Taha pour s'insulter copieusement.
Après s'être humiliée de cette manière, il était hors de question pour elle de se retrouver dans une autre situation compromettante. C'est pour cela que, dès que Taha termina sa prière, elle se leva à son tour pour la faire. Quand elle regagna sa place, elle plongea dans un mutisme qui dura tout le reste de la nuit.
Elle ignora Taha, penché sur son ordinateur à retravailler ses photos. Elle ignora son imposante présence, la chaleur qui se dégageait de lui et le fredonnement qui s'échappa de ses lèvres. Elle fit tellement abstraction de son existence qu'elle ne remarqua même pas quand il récupéra son appareil et la prit en photo alors qu'elle était penchée sur le détail d'un minaret. Taha, lui, fut satisfait de sa prise et son sourire ne quitta plus ses lèvres quand il se remit au travail.
Il était minuit passé quand Amira termina enfin son tableau. Elle posa son pinceau et répéta ses étirements qu'elle reproduisait à la fin de chaque séance de travail.
- J'ai fini. Toi au...
Elle s'interrompit. Sous ses yeux, Taha s'était profondément endormi, la joue posée contre son ordinateur refermé. Ses lunettes étaient encore sur son nez, décalées à cause de sa position. Son visage n'avait jamais semblé aussi innocent, Amira l'aurait presque trouvé adorable.
Non, elle le trouvait déjà adorable.
Avec un profond soupir, elle se pencha sur lui et lui retira délicatement les lunettes qu'elle posa sur une étagère de matériel. Elle retira ensuite l'ordinateur et le rangea dans sa pochette. Pas un seul instant il ne s'agita et l'artiste se dit qu'elle aurait bien aimé avoir un sommeil aussi lourd.
Elle rangea ses affaires en silence et remplaça sa chemise par le pull avec lequel elle était venue. Elle récupéra ensuite le manteau de Taha et l'utilisa pour lui recouvrir les épaules. Elle avait été tentée de le réveiller pour lui proposer de venir dormir chez elle puisqu'elle habitait la rue à côté mais elle s'était ravisée. Ce n'était pas correct. Mieux valait le laisser dormir ici.
Les doigts de la jeune femme s'attardèrent dans les cheveux du photographe. Elle lui caressa la tête, réalisa ce qu'elle était en train de faire et retira précipitamment sa main. Gênée, elle attrapa un morceau de papier et inscrivit rapidement qu'elle repasserait le lendemain aux environs de huit heures et qu'il n'avait pas à s'inquiéter.
Elle retint un bâillement, éteignit toutes les lumières puis jeta un dernier regard à Taha avant de quitter son atelier.
- Hors de question.
La réponse d'Amira fusa, ferme. Elle croisa les bras et toisa Hana d'un air maussade. La galeriste la dévisagea sans rien dire, attendant qu'elle change d'avis.
- Hors de question, répéta l'artiste. Je dois déjà partager la galerie, ensuite, tu lui as donné l'adresse de mon atelier sans en discuter avec moi et j'ai dû travailler avec lui alors que je n'en avais pas l'intention. Tu ne peux pas me demander ça, Hana !
- Pourquoi pas ? C'est juste le temps d'une soirée et ça profiterait à ton art.
- Je ne vois pas ce que prétendre être en couple avec Taha a à voir avec la vente de mes tableaux.
Hana poussa un profond soupir. Elle leva les yeux au ciel en se laissant aller contre le dossier de sa chaise. Elle croisa les jambes  et posa son menton au creux de sa paume.
- Cette idée ne vient pas de moi, c'est Adam qui l'a mentionné il y a quelques jours. Il a dit que ça pourrait faire de la pub et que les plus romantiques prendraient les tableaux qui vont ensemble.
À la mention du propriétaire de la galerie, Amira se tendit sur sa chaise. Elle n'aimait pas cette situation, elle avait l'impression d'être au pied du mur. On lui laissait le choix sans vraiment le lui laisser. Mais elle avait déjà cédé pour la galerie alors elle ne céderait pas à cette mascarade.
- Pas question. Travailler avec lui malgré ma réticence ? Pas de problème. Prétendre une relation ? Ça sera sans moi. Trouvez-lui quelqu'un d'autre.
- Prétendre une relation avec qui ?
- Oh non..., grogna Amira en levant les yeux au ciel.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Taha en se glissant sur la chaise libre à ses côtés.
Il lui tendit un gobelet en carton qui contenait son café puis en donna un autre à Hana. Il plongea ensuite son nez dans le sien sans quitter Amira des yeux, dans l'attente d'une réponse.
L'artiste le dévisagea sans un mot. Depuis qu'il avait passé la soirée dans son atelier, leur relation avait évolué et elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qu'elle était devenue. Cependant, une chose était sûre, cela ne lui plaisait pas. Elle était profondément perturbée.
Quand elle était revenue dans son atelier, le lendemain, elle était tombée sur lui alors qu'il finissait sa prière. Ses cheveux étaient encore ébouriffés par sa nuit et elle avait dû réprimer l'envie de passer sa main dedans pour les ordonner. Cette pensée l'avait fait froncer les sourcils et elle s'était aussitôt remise en question sur le petit-déjeuner qu'elle avait apporté.
Mais Taha ne lui avait pas laissé le temps de se remettre en question. Il avait attrapé le chocolat chaud qu'elle lui avait ramené et, juste avant d'avaler une longue gorgée, lui avait adressé un clin d’œil accompagné d'un sourire mutin.
Elle l'avait trouvé si beau qu'elle aurait voulu le peindre là, maintenant. Figer sur une toile cette lueur espiègle dans son regard, le demi-sourire sur ses lèvres, son air encore endormi et ses boucles qui caressaient son front.
Cette réalisation lui avait fait baisser les yeux en vitesse mais elle était alors tombée sur ses mains aux longs doigts et, inconsciemment, avait repris le croquis qu'elle avait débuté dans sa tête. C'est là qu'elle avait compris qu'elle devait prendre ses distances et qu'après l'exposition, elle ne chercherait plus à le contacter.
Malheureusement pour elle, il avait réussi à avoir son numéro et ne pouvait s'empêcher de lui envoyer un message au moins une fois par jour. Il passait son temps à la taquiner si bien que l'envie de l'étrangler dont elle avait fait part à Noor était revenue à toute vitesse.
À présent, alors qu'il était assis là, à ses côtés, dans le bureau de Hana, Amira se demandait ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter ça. Et la situation empirait de jour en jour.
- Adam veut que vous prétendiez former un couple pour le vernissage.
Taha arqua un sourcil puis glissa un regard vers Amira qui s'était plongée dans la contemplation du couvercle de son gobelet.
- Il pense que ça pourrait booster les ventes en lot, poursuivit Hana. Je comprends que ça puisse vous mettre dans une position inconfortable c'est pour ça que je l'ai prévenu qu'il ne s'agirait que d'une proposition et qu'en aucun cas je ne vous forcerais à faire quoique ce soit. Mais je pense vraiment que ça peut valoir le coup.
- Je n'y vois aucun inconvénient de mon côté, même si je n'en vois pas l'intérêt. Qu'en pense la principale concernée ?
Amira sentit le poids des deux regards sur elle et se décida enfin à lever les yeux.
- Je pense que c'est stupide. On est des artistes, pas des bêtes de foire. Les gens viennent pour voir nos œuvres pas nous.
- En fait... Ce n'est pas totalement vrai, corrigea Taha.
Il se tourna vers Amira.
- Parfois, certaines personnes viennent au vernissage par curiosité, pour passer une bonne soirée ou, tout simplement, pour voir l'artiste. Ça a souvent été le cas pour moi. Et j'ai dû apprendre à utiliser ça à mon avantage.
Amira ne répondit pas. Elle l'observa sans un mot, se remémorant alors la photo que lui avait montrée Noor en le cherchant sur internet. Pour sa part, elle n'avait jamais eu ce genre de problème. Pour son plus grand bonheur, elle avait été protégée tout ce temps. Elle n'imaginait même pas ce qu'aurait été sa carrière si elle avait dû flirter avec les visiteurs, ne serait-ce qu'une minute. Cette idée la mettait profondément mal à l'aise.
Taha ne semblait pas s'en formaliser plus que cela et avait su en tirer profit. Mais il était hors de question qu'elle le fasse aussi.
- Si tu prétendais, fit remarquer Hana, ça t'éviterait d'avoir de la compagnie indésirable. On va avoir plus de visiteurs que prévu et on n'est jamais trop prudent.
Ses propos ne tombèrent pas dans l'oreille d'une sourde. Amira leva les yeux vers la galeriste puis reporta son attention sur Taha qui acquiesça. La jeune femme resta silencieuse, ignorant les regards qu'échangèrent la galeriste et le photographe. Puis, après un moment qui sembla durer une éternité, elle poussa un profond soupir et hocha la tête.
- Très bien. Mais ça sera la dernière concession que je ferais.
Le regard de Hana s'éclaira et elle remercia chaleureusement l'artiste, lui promettant qu'elle ne le regretterait pas. Amira balaya sa remarque d'un geste de la main et rassembla ses affaires. Elle avait assez perdu de temps et il y avait un croquis qui lui trottait dans la tête depuis bien trop longtemps. Il fallait qu'elle rentre à son atelier et s'en débarrasse le plus vite possible.
Alors qu'elle mettait un pied hors de la galerie, Taha l'interpella et la rejoignit en courant.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle sut au sourire qu'il affichait que rien de bon ne l'attendait.
- Tu comptes porter quelle couleur le jour du vernissage ?
- Pourquoi ?
- Pour assortir ma cravate, lui dit-il.
Amira leva les yeux au ciel et lui tourna le dos. Elle n'avait jamais eu aussi hâte d'en finir avec un vernissage.
- Du rouge.
Taha frappa à sa porte à vingt heures précises.
- Va falloir que Hana perde cette habitude de te filer toutes mes infos, marmonna Amira en ouvrant la porte.
Ils étaient censés se retrouver à son atelier mais visiblement, le photographe avait décidé de n'en faire qu'à sa tête. Il se tenait sur le seuil, un grand sourire aux lèvres. Contrairement à ce qu'il lui avait dit, il avait délaissé la cravate et défait les premiers boutons de sa chemise afin de dégager son cou. Il était tout de même resté fidèle à sa promesse et une pochette aussi rouge que la robe de la jeune femme ornait la poche extérieur de sa veste de costume. Il avait plaqué en arrière ses boucles sombres qui masquaient habituellement son front, dégageant le sourcil arqué qu'il afficha en dévisageant Amira.
- Tu es prête ?
L'artiste ne répondit pas. Elle récupéra son manteau et son sac à l'entrée, glissa ses pieds dans ses talons et referma la porte derrière elle.
- On y va.
Taha lui emboîta le pas sans rien dire mais elle sentit son regard lui brûler le dos et, sans même se retourner pour vérifier, sut que son habituel sourire narquois ornait ses lèvres.
- J'ai pris ma voiture, lui indiqua-t-il lorsqu'ils se retrouvèrent à l'extérieur.
Il désigna un véhicule noir aux vitres teintées et l'ouvrit, la mine satisfaite. Amira s'engouffra côté passager sans un mot ni un regard pour le photographe.
- Tu n'es pas très bavarde aujourd'hui, fit remarquer Taha après une dizaine de minutes de trajet.
Amira n'avait pas ouvert la bouche depuis qu'elle avait quitté son appartement. Son regard était fixé sur la route et elle suivait distraitement les lignes blanches qui défilaient sous ses yeux. Elle était douloureusement consciente de la présence de Taha dans cet espace réduit et elle avait l'impression qu'il prenait chaque centimètre carré. Le pire était sans doute qu'elle ne trouvait pas cela désagréable. C'est pour cette raison qu'elle avait préféré rester silencieuse.
- On devrait se mettre d'accord sur notre histoire si jamais on nous pose des questions, murmura-t-elle.
- Je ne veux pas qu'on s'attarde sur ça plutôt que sur l'expo alors il faudra rester concis.
Amira acquiesça.
- On s'est connus après s'être acheté nos œuvres respectives, suggéra-t-elle. Mais on ne s'est pas revus jusqu'à il y a quelques mois et c'est là qu'on a commencé à se fréquenter. On avait cette idée d'expo il y a un moment déjà, chacun de notre côté, mais Hana nous a suggéré de tout rassembler.
- Non, c'est toi qui a eu cette idée.
Amira détacha sa tête de la vitre et se tourna vers Taha. Ce dernier lui adressa un clin d’œil avant de reporter son attention vers la route.
- C'est plus romantique, ajouta-t-il en souriant.
- Qui aurait pu se douter que tu avais un côté fleur bleue ? Se moqua l'artiste.
- Oh, mais si tu tenais tant à le voir, il suffisait de demander...
La jeune femme haussa les épaules. Elle modifia sa position et s'appuya contre l'accoudoir de son siège. Elle cala son menton contre sa paume et tacha d'ignorer la chaleur qui se dégageait de Taha qui n'était plus qu'à quelques centimètres d'elle à présent.
Quand il quitta l'autoroute et qu'il effleura son bras en tendant la main pour saisir le levier de vitesse, elle dut réprimer son envie d'attraper sa main. Le regard de l'artiste s'attarda sur les longs doigts du photographe et, de nouveau, fut prise de cette envie irrépressible de les dessiner. Elle caressa des yeux les bagues qui ornaient son majeur et son auriculaire. C'était nouveau, se dit-elle, il avait fait des efforts lui aussi. Elle porta sa main aux boucles accrochées à ses oreilles puis à son collier, tous deux dorés, comme les bagues. Même dans les petits détails, ils avaient réussi à s'assortir.
C'était Hana qui allait être contente.
- On est arrivés, murmura Taha en s'engageant dans le parking.
Il n'eut aucun mal à trouver une place et se garer et, avant même qu'Amira ne puisse s'extirper du véhicule, il en sortit et lui ouvrit la porte. Il tendit la main et attrapa délicatement la sienne pour l'aider à sortir, répondant par un clin d’œil à son air exaspéré.
- Tu n'avais pas besoin...
- Et laisser ma douce compagne s'en sortir seule ? Jamais !
Amira n'eut jamais été aussi heureuse de la faible lumière des parkings souterrains que ce jour-là. Elle masqua sa gêne en levant les yeux au ciel et s'en alla vers les escaliers sans attendre Taha qui affichait un sourire narquois, visiblement ravi que sa remarque ait fait effet.
- Mes deux artistes préférés ! S'exclama Hana en les accueillant.
Son regard pétilla alors que sa silhouette drapée dans une robe noire se frayait un chemin parmi les invités. Certains d'entre eux suivirent la galeriste du regard quand elle se planta devant le couple d'artistes et les attira dans ses bras.
- Vous faites du beau boulot, murmura-t-elle en déposant un rapide baiser sur la joue d'Amira.
Elle tapota l'avant-bras de Taha en guise de salut puis se tourna vers les visiteurs pour leur présenter les deux artistes. Une fois qu'ils furent introduits, elle s'éclipsa dans la foule et se dirigea vers les rares personnes qui ne s'étaient pas éloignés des tableaux, déjà prête à vendre les œuvres.
Amira contempla l'exposition et une immense vague de satisfaction envahit son cœur. La galerie était magnifique. Hana avait fait du bon travail. Son regard s'éclaira quand elle aperçut le tableau de la mosquée malaisienne. À ses côtés, se trouvait la photographie de Taha qui dévoilait la salle de prière ainsi que la fenêtre qui offrait une magnifique vue sur le détroit.
Elle faillit en avoir les larmes aux yeux en se remémorant sa visite et la paix intérieure qu'elle avait ressentie quand elle était allée prier à l'aube, en compagnie de Noor, et que, une fois le front posé au sol, seul le bruit des vagues avait résonné dans la pièce. Ce matin-là, elle s'était juré de revenir et de s'y installer plus longtemps. Noor s'était engagée à lui rappeler cette promesse.
- Amira ! C'est ta plus belle exposition !
Un éclair beige passa sous ses yeux et le parfum de son amie envahit ses narines en même temps que ses bras se refermaient autour de son cou. Amira éclata de rire en serrant Noor contre elle. Ses parents et ses frères et sœurs n'avaient pas pu venir mais s'étaient engagés à passer dans la semaine. Elle avait donc confié ses invitations à Noor et son fiancé qui avaient été ravis.
- C'est tellement beau ! Je veux un de ces tableaux dans ma future maison !
Noor se détacha de l'artiste, veillant tout de même à garder sa main dans la sienne, puis se tourna vers son Nazir qui se tenait à quelques pas d'elles, les mains dans les poches. Il salua Amira puis Taha d'un signe de tête et reporta son attention sur sa fiancée qu'il couva d'un regard si tendre qu'Amira sentit son cœur fondre. Ils s'étaient mariés religieusement il y a quelques semaines à peine et son amie n'avait jamais été aussi épanouie depuis.
- On prendra celui d'Abu Dhabi, ça te va ?
Le visage de Noor s'éclaira et elle hocha vivement la tête. Elle planta un baiser sur la joue d'Amira puis se détacha d'elle pour rejoindre Nazir. Elle mêla ses doigts aux siens et adressa un dernier signe de tête à son amie avant de s'éloigner pour visiter le reste de l'exposition.
Dès qu'ils disparurent dans la foule, Taha se rapprocha de la jeune femme, la dominant de toute sa hauteur.
- Je peux ?
Amira fronça les sourcils, perplexe, mais hocha distraitement la tête, sans savoir ce dont il s'agissait. Son attention fut vite accaparée par le journaliste qui s'approchait d'eux et les saluait d'un sourire.
Quand la main de Taha se glissa doucement autour de sa taille et la ramena contre lui, son cœur rata un battement et elle posa sa main sur la sienne. Bien qu'il ne s'agisse que d'un simple réflexe, leur manège n'échappa pas au journaliste dont le regard pétilla.
- Vous semblez bien proches. La galeriste a évoqué une relation naissante, est-ce indiscret de de vouloir en savoir plus ?
Instinctivement, Amira leva les yeux vers Taha. Elle se sentit rougir quand elle vit qu'il la couvait du regard, comme Nazir le faisait avec Noor. Ses longs doigts pressèrent tendrement sa taille et il hocha la tête en direction du journaliste, débitant le mensonge sur lequel ils s'étaient mis d'accord.
Tandis que le journaliste les questionnaient et qu'ils échangeaient sur leur exposition, Amira prenait sur elle pour restée concentrée. Malheureusement, c'était bien plus facile à dire qu'à faire quand la chaleur de la main de Taha parvenait à traverser le satin de sa robe. Elle avait complètement oublié que sa main reposait sur la sienne, si petite comparé à celle du photographe. Elle se contentait de réponses courtes, laissant au jeune homme le loisir de développer s'il le voulait.
- Merci pour votre temps, leur dit le journaliste, une fois que Taha eut satisfait sa curiosité.  Vous formez un très beau couple et c'est une très belle exposition !
- Je vous en prie. N'hésitez pas si un des tableaux d'Amira vous plaît. Elle a travaillé très dur et le résultat embellit de jour en jour, même s'il ne sera jamais à la hauteur de sa beauté.
Amira attendit que l'homme se fut éloigné pour se détacher brusquement du photographe.
- Tu n'as pas besoin de te donner autant de mal, murmura-t-elle du bout des lèvres. Tu en fais trop.
- Je ne vois pas en quoi c'est trop en faire que de complimenter ton travail, rétorqua Taha en saluant un groupe qui s'approchait d'eux.
Amira les accueillit avec son sourire d'artiste, ravie de répondre aux questions de simples visiteurs. Elle préférait quand c'était des enfants mais la joie dans le regard de ce groupe de jeunes musulmanes lui rappela pourquoi elle était là aujourd'hui, à prétendre être en couple avec Taha. Il ne s'agissait pas simplement de jouer les bêtes de foire mais aussi d'assurer à leur communauté qu'ils pouvaient réussir dans les arts sans compromettre leur identité.
- Tu n'as pas besoin de faire semblant de me trouver belle pour vendre tes photos, reprit-elle dès que les jeunes filles se furent éloignées.
La main du photographe se referma sur son avant-bras avant qu'elle ne puisse s'éloigner en direction de l'homme qui se tenait devant son tableau préféré depuis leur arrivée.
- Je ne fais pas semblant.
Il n'y avait aucune once d'espièglerie dans sa voix, ni même dans son regard qui semblait sonder son âme.
- Je n'ai pas fait semblant, répéta-t-il, plus doucement, cette fois-ci. Tu es vraiment belle. Et je le pense depuis le premier jour.
De nouveau, le cœur d'Amira rata un battement. Elle sentit une chaleur naître au creux de son estomac et détesta aussitôt la sensation. Elle détesta le fait qu'elle se sentait aussi bien en sa compagnie, que le compliment de Taha faisait battre son cœur à tout rompre et que la manière dont il la regardait, comme si elle était la seule femme dans cette pièce, la mettait dans tous ses états.
Un frisson la traversa de la tête aux pieds et elle détacha lentement les doigts du jeune homme de son bras, puis haussa les épaules.
- Je te retournerais bien le compliment, mais j'ai connu mieux.
Le regard du photographe pétilla face à son sourire moqueur.
- Si ça te fait plaisir d'y croire.
- Amira ! Taha !
Un bras s'abattit soudainement sur les épaules de la jeune femme et un rire tonitruant retentit dans ses oreilles. Mi-amusée, mi-agacée, Amira leva la tête vers le propriétaire de la galerie qui avait passé son bras libre autour des épaules de Taha et l'attirait à présent contre lui dans une étreinte puissante qui arracha une grimace au photographe.
- Cette exposition est une petite merveille ! S'exclama Adam. On avait prévu d'exposer un mois et demi mais les acheteurs se pressent déjà, j'ai même des clients inter...
La sonnerie de son téléphone les interrompit. Au grand soulagement des deux artistes, le propriétaire s'éloigna d'eux pour répondre dans un mélange d'anglais et d'arabe. Au dernier moment, il se tourna vers eux et leva le pouce dans leur direction.
- Je ne sais pas qui a eu l'idée de vous caser mais c'est génial, continuez comme ça.
Il leur adressa un dernier signe de la main et s'éloigna vers la sortie, n'ayant aucune idée de la bombe qu'il venait de lâcher.
Amira cligna des yeux à plusieurs reprises, le temps de digérer l'information. Elle ouvrit et referma la bouche puis, elle fronça les sourcils. À ses côtés, Taha se frottait la nuque, visiblement embarrassé de s'être fait avoir mais pas autant que la jeune artiste.
- Où est-ce qu'elle est ? Murmura Amira.
Elle parcourut la salle du regard jusqu'à retrouver la galeriste. Elle était plongée dans une conversation animée avec l'homme qui s'était intéressé à son tableau de Melaka. Malgré la distance, elle pouvait clairement voir la manière dont tous deux se dévoraient du regard tout en gardant un espace timide entre eux. Cependant, cela ne suffit pas à faire oublier à Amira ce qu'il venait de se passer.
Hana lui avait menti sans scrupules.
- Je vais la tuer.
- Tu ne vas rien faire, murmura Taha à son oreille.
À son insu, il s'était rapprochée d'elle et s'était penché par-dessus son épaule, une main sur son poignet. Ses lèvres effleurèrent son oreille et Amira dut réprimer l'envie de frapper son visage parfait. Ou de s'abandonner à son imposante présence.
Elle planta ses ongles dans le creux de ses paumes pour se rappeler à l'ordre. Ce n'était pas le moment.
- Ne va pas la déranger, Amira, reprit le photographe en se redressant. On a un travail à faire et on se doit de rester pro.
Il avait raison. Aussi, l'artiste se ravisa et inspira profondément, récoltant un sourire encourageant de la part du jeune homme. Elle leva les yeux au ciel en retour mais attrapa tout de même ses doigts du bout des siens. Ils se devaient de rester professionnels.
- C'est juste le temps d'une soirée.
Le sourire de Taha s'élargit et son regard pétilla de nouveau.
- Oui, juste le temps d'une soirée.
Amira ignora son ton moqueur et le clin d’œil qui l'accompagna et pressa sa main, l'enjoignant à lui emboîter le pas vers d'autres visiteurs.
Elle préféra mettre de côté la chaleur au creux de son estomac, le sourire qui naquit naturellement sur ses lèvres et son cœur qui s'emballait alors que la main de Taha venait trouvait son épaule. Les sourires en coin, les clins d’œil et ses doigts entremêlés aux siens n'avaient pas d'importance. Ils ne signifiaient rien, au fond.
Hana leur avait demandé de faire semblant. Elle aussi pouvait bien prétendre le temps d'une soirée.
Amira arracha la feuille de son carnet et la roula en boule d'un geste rageur. Elle jeta le papier dans un coin de son atelier et il roula jusqu'à rejoindre ses camarades qu'elle avait malmenés depuis ce matin.
L'artiste passa une main frustrée dans ses cheveux qu'elle ébouriffa. Elle reposa son carnet et son crayon et quitta sa position assise avec une grimace. Elle s'étira longuement, ignorant la douleur de ses muscles restés figés trop longtemps. Elle tendit le bras pour attraper sa bouteille d'eau et s'installa sur son tabouret en bois pour avaler de longues gorgées tout en fusillant du regard les boulettes de papier sur le sol.
Cela faisait trois jours qu'elle était dans son atelier sans voir personne. D'habitude, les quelques jours qui suivaient l'ouverture de ses expositions étaient plus calmes en terme de charge de travail et elle en profitait pour voir sa famille et ses amies, parfois même partir en vacances.
Mais l'exposition était passée depuis une dizaine de jours et, après avoir lutté contre les images qui hantaient son crâne, elle avait fini par craquer et s'était enfermée dans son atelier pour donner libre cours à ce besoin viscéral de peindre et dessiner.
Elle avait fini sa première aquarelle après plusieurs heures de travail et, à présent, le regard espiègle de Taha l'observait, sourire narquois aux lèvres. Elle avait détesté la perfection de ce tableau. Elle avait réussi à tout retranscrire, jusqu'aux petits grains de beauté sur son nez, sa joue et sa mâchoire. Même la lumière dans ses yeux sombres étaient là.
Le tableau avait été fait à partir de son souvenir de leur première rencontre, quand il était intervenu dans sa conversation avec Hana et qu'il l'avait regardée de haut. Elle avait même peint son haussement de sourcil et s'était détestée en réalisant que sa mémoire avait retenu chaque petit détail.
Le deuxième était un simple croquis. Encore Taha. Cette fois-ci, le visage du photographe était éclairé d'un sourire enfantin. Il était de profil, le nez plongé dans son chocolat. La main qui serrait le gobelet en carton était délicatement dessinée, comme elle l'avait imaginée dans le bureau de Hana, là même où elle avait vu ce sourire si différent alors qu'on lui tendait sa boisson. Son index était levé en l'air et Amira avait longuement admiré la finesse de ses doigts. Taha avait des doigts d'artiste et de muse.
Le troisième portrait était son préféré. Elle était revenue sur de l'aquarelle et, pour cette peinture, n'avait pas réussi à se détester. Pas quand tracer les contours du visage endormi de Taha dans son atelier, lunettes de travers, lui provoquait une vague de chaleur qui naissait dans son cœur et se propageait dans tout son corps. Pas quand elle avait eu le sourire aux lèvres et ces papillons dans le ventre en peignant. Malgré son irritation parce que le jeune homme ne quittait pas ses pensées, elle ne pouvait haïr cette aquarelle, seule trace d'une soirée qu'ils avaient passée dans la paix. En passant son pinceau sur le portrait au crayon, l'artiste s'était fait la réflexion qu'elle n'aurait pas été contre le fait de passer d'autres soirées en sa compagnie. Avoir un autre artiste à ses côtés, c'était agréable.
Pourtant, elle n'avait pas répondu à ses messages depuis qu'il l'avait raccompagnée après le vernissage. Il l'avait suivie jusque sur le pas de la porte de son appartement et, alors qu'elle s'était retournée pour le remercier, elle s'était retrouvée nez-à-nez avez son torse.
Le temps s'était ralenti. Elle avait levé les yeux vers lui et il avait baissé la tête. Pendant une seconde qui avait semblé durer une éternité, l'atmosphère avait changé. Ils avaient failli commettre une erreur, une très grosse erreur. Taha avait été le premier à se reprendre. Il avait fait un pas en arrière, s'était excusé puis avait quitté le couloir à grandes enjambées. Il avait fallu plus de temps à Amira pour reprendre ses esprits. Mais une fois qu'elle eut réalisé ce qu'elle s'était passé, elle s'était enfermée chez elle et avait éclaté en sanglots, terrifiée.
Elle avait été complètement paniquée face à ce qu'elle ressentait. Elle qui refoulait tout depuis le début se retrouvait à présent face à une situation si trouble qu'elle en devenait aveugle. Elle avait pleuré jusqu'à ce que ses larmes se tarissent. Ensuite, elle s'était relevée et était partie prier.
Quand le calme était revenu dans son cœur, elle avait pris la décision de ne plus rester en contact avec Taha.
Pourtant, elle se retrouvait aujourd'hui avec trois toiles de lui à son actif et plusieurs brouillons de ses mains. Elle avait beau ignorer les messages qu'il lui envoyait et qui se faisaient de plus en plus rares, il ne quittait pas son esprit. D'où les toiles, dans l'espoir que coucher sur des tableaux les images dans sa tête lui permette de se débarrasser de la présence du photographe.
Malheureusement, cela faisait plusieurs heures qu'elle était bloquée. Elle voulait enfin ôter les mains d'artiste de Taha de sa tête sans réussir à leur faire justice. Il y avait toujours un coup de crayon de travers, un contour raté, un ombré mal placé. L'image était si vive dans sa tête, les bagues dorées du jeune homme délivrant un éclat aveuglant. Elle avait été tentée d'ajouter un anneau à son auriculaire gauche, juste pour le test. Elle avait aussitôt écarté cette idée avec une grimace. Elle s'était encore traitée d'idiote et avait repris son dessin.
Mais à présent, elle n'y arrivait plus. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas eu un tel blocage et elle savait que demander à Taha de poser pour elle réglerait son problème mais il en était hors de question. Elle avait suffisamment fait d'écart comme ça. Ce n'était qu'un ancien collègue de travail, un faux compagnon pour le vernissage, mais c'est tout.
Elle avait d'ailleurs bien fait entendre à Hana le fond de sa pensée mais la galeriste s'était contentée de sourire. Elle lui avait dit qu'elle avait eu un éclair de génie et qu'au final, ça avait servi. Au regard qu'elle lui avait adressé, Amira avait bien compris qu'elle ne parlait ni du vernissage, ni de l'exposition. Son estomac s'était agité et elle avait préféré quitter la galerie avant de tomber malencontreusement sur Taha.
La jeune femme attrapa son téléphone et jeta un coup d’œil à sa conversation avec le photographe. Elle n'avait pas pu se résoudre à supprimer son numéro, aussi, son nom s'affichait encore dans ses contacts. Le dernier message datait de la veille au soir.
Ce fut un plaisir de travailler avec toi, Amira.
Le message sonnait comme un adieu. Malgré le pincement au cœur, l'artiste espérait que c'en était vraiment un. Sinon, elle risquait de craquer et de lui répondre un jour. Et toutes ses prières n'auraient servi à rien. Celles de Noor n'avaient pas fonctionné mais, au final, tout s'était bien terminé. Mais Amira avait une idée différente d'une bonne fin.
L'artiste secoua la tête et se réinstalla sur son coussin. Elle récupéra son carnet à croquis et son crayon. Il était temps de se remettre au travail.
Alors que la pointe grise effleurait le bout de papier, on frappa à plusieurs reprises à sa porte. La jeune femme fronça les sourcils en se redressant et se dirigea d'un pas méfiant vers l'entrée de son atelier. Elle n'attendait personne mais elle n'avait pas donné signe de vie depuis quelques jours, épuisée par le trop plein d'émotions. Peut-être que Noor était venue lui rendre visite. Ou sa mère.
Quand elle ouvrit la porte, ce ne fut ni Noor ni sa mère qui se trouvait sur le seuil mais Taha. Le jeune homme reprenait encore son souffle, une main posée contre la chambranle de la porte. Ses cheveux avaient été ébouriffés par le vent et ses lunettes dorées reposaient sur son nez. Il avait troqué son col roulé et son long manteau pour un survêtement.
Dès que la porte s'était ouverte, il avait levé les yeux et son regard s'était éclairé en croisant celui d'Amira.
- Je pensais avoir fait comprendre que mon atelier était privé, fit remarquer la jeune femme en guise de salut.
L'ombre d'un sourire étira les lèvres de Taha mais disparut aussitôt.
- Je...
Il marqua une pause, se frotta la nuque et baissa la tête. Amira croisa les bras et haussa les sourcils, peu habituée à le voir gêné.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- J'ai développé d'autres photos. Et je suis venu te donner ça. Je me suis dit que tu devais l'avoir.
Il lui tendit un cadre tourné vers le sol. Amira l'attrapa, encore sur la réserve. Lorsqu'elle retourna le cadre, ses yeux s'écarquillèrent et elle resta bouche bée.
C'était elle sur cette photo, développée en noir et blanc. Il l'avait prise lors de la soirée qu'il avait passée ici, à son insu. Elle ne s'était même pas rendue compte et, à en croire le cliché, ce n'était pas étonnant.
Elle était plongée dans son tableau, le nez à quelques centimètres de la toile, le pinceau caressant un des minarets blancs de la mosquée de Médine. Ses cheveux étaient relevés en une queue de cheval rapide mais une mèche s'était échappée et caressait sa joue. Elle était trop concentrée pour s'en occuper. Amira faillit sourire en voyant la lueur dans son regard. Ce mélange de feu et de douceur dont lui parlait Noor lorsqu'elle lui disait qu'elle avait un regard particulier quand elle était plongée dans ses tableaux.
La photo était magnifique. Mais elle était également terrifiante. À cause de tout ce qui transparaissait. C'était comme si Taha l'avait caressée du bout de ses doigts, comme s'il était parvenu à transposer une infinie tendresse sur le cliché. Ce n'était pas une simple photographie mais une œuvre d'art. Et de savoir qu'il était parvenu à produire quelque chose comme ça alors qu'elle n'était qu'une simple artiste et non pas un modèle était terrifiant. Parce que cela traduisait beaucoup trop de choses. Et cela s'ajoutait à cet épisode sur le palier de son appartement. Mais aussi aux regards et aux sourires, à ses doigts mêlés aux siens et à sa main sur sa taille.
- Je..., murmura-t-elle du bout des lèvres, incapable de poursuivre.
- Écoute-moi. S'il te plaît.
La jeune femme leva les yeux vers lui et hocha lentement la tête. Taha redressa ses lunettes sur le sommet de son crâne puis plongea son regard dans celui d'Amira.
Il baissa les yeux après quelques secondes.
- Je tenais à m'excuser pour mon comportement pendant le vernissage. Je n'aurais pas dû te toucher comme ça, même si le contexte s'y prêtait. J'aurais dû te demander la permission avant et non pas à la dernière minute, alors que tu avais l'esprit ailleurs...
Il marqua un temps d'arrêt et secoua la tête.
- Non... Je n'aurais même pas dû chercher à te toucher quoiqu'il arrive. Je suis vraiment désolé, c'était déplacé de ma part.
- Je vois.
Amira jeta un coup d’œil au cadre et sourit.
- Ce n'est pas grave. Je suis aussi à blâmer. J'accepte tes excuses.
Le regard de Taha s'illumina et Amira se fit la réflexion qu'elle avait perdu trop de temps à vouloir dessiner ses mains alors que ses yeux lui offraient tout un monde plein de merveilles.
- J'étais aussi venu te dire autre chose, reprit le photographe après un temps d'arrêt. Je sais que maintenant que les œuvres ne sont plus entre nos mains, ce n'est plus nécessaire qu'on se voit mais je n'arrive pas à t'oublier. Je n'arrive pas à t'oublier toi, ta petite taille, ton regard noir, tes sautes d'humeur...
Un sourire mutin étira ses lèvres quand il remarqua que l'artiste se tendait, le poing serré sur le bord du cadre.
- … mais aussi ta beauté, ta douceur et ton âme d'artiste. Ça peut sembler prématuré mais je n'ai jamais été aussi sûr de quelque chose et je sais que je ne suis pas le seul. Je veux apprendre à te connaître, Amira. Et je veux apprendre à le faire dans les règles parce qu'il est hors de question de risquer quoique ce soit de nouveau.
La manière dont il prononça son prénom, comme s'il s'agissait d'un objet précieux, lui réchauffa le cœur. Son regard fit l'aller-retour entre son portait et le visage plein d'espoir de Taha.
Dans les jours qui allaient suivre, elle se détesterait pour ça mais elle savait que cette retenue finirait par disparaître. Après tout, elle n'avait jamais été aussi certaine de quelque chose. Alors, avec un sourire timide, elle fit un pas de côté et l'invita à pénétrer dans son atelier.
Là où étaient exposés les portraits qu'elle avait fait de lui.
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lesateliers · 3 years
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Projet sur le voyage dans la lune : - album "Que fait la lune la nuit ?" (A. Herbauts) - album "Voyage dans la lune avant 1900" (A. Ville d'Avray) - album "Jean de la lune" (T. Ungerer) - album "Pleine Lune" (A. Guillopé) - film "Le voyage dans la lune" (G.Melies) - et merci Thomas Pesquet pour les videos dans la station spatiale !
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havaforever · 3 years
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TAIRE LA MATIERE - Par Léo NATAF à la Galerie Fine Art
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Une adresse connue du monde artistique puisque le sculpteur César y a vécu et travaillé. Cet ancien atelier a été rénové et redessiné par l’architecte Kengo Kuma. Il est particulièrement lumineux, tout en hauteur. Malgré les puits ouverts sur le ciel qui déversent un rayonnement sans égal, la lumière semble venir du contraste entre cet intérieur immaculé avec l’intensité souvent sombre des œuvres exposées.
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La céramique est dans l’air du temps, et je dirais même plus, dans une aire comme protégée par la magie de ce qui est hors d’âge. Comme l’indique l’actuelle exposition au Musée d’Art Moderne; des objets techniques aux créations artisanales les plus anciennes il ne manquait à la terre que de s’allier avec le feu pour renvoyer l’aura de ce qui n’est spectacle de quelque chose qu’en étant seulement le spectacle de rien ou de soi-même. 
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Les œuvres de Léo Nataf parlent de taire, et de cette terre qui devient purement autofigurative. Ils renvoient la lumière de ces soleils noirs, ou de ces cirques de lune qui disent l’instant de la question originelle: pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien? 
Les cratères, les traces, les creux et les pleins d’un univers en expansion constante qui flirte continuellement avec une entropie qui dit la fin de la chaleur, racontent avec chaque débris que la matière parle encore. 
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L’âge de l’humanité porte désormais les strates de notre époque trouble où la  dimension esthétique donnée au temps qui passe devient le mesure du réel. C’est au regard de la beauté du monde qu’il devient possible de dire l’ineffable d’une dégradation latente qui se joue en sourdine. 
A l’instar de la Chvirat Kelim d’Anselm Kieffer, mais également dans l’écho de certaines autres œuvres monumentales du géant allemand de l’art contemporain, l’épaisseur des cercles de Léo Nataf racontent le Tsimsum. Elles évoquent forcément ce moment de destruction où la matière se tait pour en dire toujours davantage. 
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Dans un mélange de plomb, de cendres, et de cette céramique qui figure la lave durcie par la volonté de l’artiste, Léo Nataf atteste du bouillonnement d’une Nature désormais livrée aux mains des hommes. Ce chantier de l’universel où toute une nouvelle génération de céramistes et autres plasticiens mêlent les différentes sources de leur inspiration pour les fondre dans une esthétique du mélange. 
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Des hommes de tous les coins du monde et de tous les recoins de l’histoire ont établi la formule d’alliages inédits. L’alchimie des particules qu’aucune équation n’est capable d’arraisonner plane désormais dans l’espace ainsi crée. Rien ne se perd parce que tout se créé, et que tout est infiniment voué à porter les marques proprement humaines de la transformation. 
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La couleur n’est présente en tant que telle que sur les figurines qui veillent en soldats pour monter la garde sur un monde en danger. Ces couleurs vives et psychédéliques tranchent radicalement avec les teintes relativement monochromes de l’alliance entre les métaux, les bois, et la terre… 
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Léo Nataf met en scène ce chiasme entre l’origine de l’homme et celle du monde, rebus en forme de ruban de möbius, qui n’attend plus de résolution.
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Les œuvres tracent alors des perspectives, des directions, des itinéraires aux inscriptions mystérieuses pour déambuler dans la circularité infinie de langage de la création du monde, auquel l’artiste répond par la création de mondes où la richesse se joue du côté de l’intensité. 
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