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#j'ai une semaine de répit. deux peut-être. et des fois ils faut que je le refasse immédiatement après et j'ai plus ce qu'il faut
moinsbienquekaworu · 20 days
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I'm going to Give The Fuck Up
#okay i'm writing the rest in french 1) for spyld purposes because it's 1am but still#and 2) so i can pull that post out next time i'm seeing a therapist and maybe they'll take me seriously#donc je suis censée avoir fait un essai et une présentation pour demain (enfin. dans genre 8h)#et j'ai un autre exposé pour vendredi#j'ai rien commencé j'y arrive pas je peux pas#je suis au bout du bout j'arrive pas à me forcer à le faire je peux pas#c'est comme si ça faisait 4 ans que je courrais et qu'on me demandait de faire un sprint final#genre j'ai encore de l'énergie. mais bien sûr. je suis encore debout et c'est un miracle mais oui grave je vais sprinter#je vais aller en cours demain je vais dire au prof que je peux pas et que j'ai pleuré dessus plusieurs fois (ce qui est vrai)#et lui demander ce que je peux faire parce que là c'est pas possible#et on va voir!#je suis au bout de ma vie je n'en peux plus#plus le temps passe plus je me dis que ça vaudrait le coup d'abandonner et de rater mon année juste pour que ça s'arrête#ça fait des ANNÉES qu'à chaque période d'exam j'ai l'impression d'être un tout petit animal#qui s'est replié dans un coin de la pièce parce qu'un prédateur se rapproche#je suis dos au mur y a nulle part où aller et la menace se rapproche encore et encore et je peux rien faire#et je suis hors de moi tellement j'ai peur et je suis stressée#des mois et des mois que j'ai cette image de moi en toute petite souris qui gratte frénétiquement le mur derrière elle#parce que je peux pas aller devant moi. c'est là qu'y a le prédateur et je peux pas! je peux pas!!!#je peux pas fuir par là mais c'est la seule sortie et je vais pas y arriver et il faut que je parte il faut que je m'en sorte#si je reste là je vais mourir mais y a nulle part où aller et je suis pas en état de prendre une seule décision logique#je suis juste en train de paniquer et je peux rien y faire et il faut que je sois ailleurs où que ce soit mais pas ici pas ici pas ici#et toutes les fois où j'ai réussi à me mettre aux devoirs j'ai réussi à esquiver les conséquences mais pour combien de temps?#j'ai une semaine de répit. deux peut-être. et des fois ils faut que je le refasse immédiatement après et j'ai plus ce qu'il faut#si j'arrivais pas à me détacher de ça je serais paralysée toute la journée et je pleurerais au moins deux fois par jour#je mangerais pas je boirais pas je me doucherais certainement pas je parlerais à personne et je ferais absolument rien#rien qui me fait plaisir rien qu'y faut que je fasse rien rien rien. je serais figée tellement je suis stressée#du coup j'ignore et on dirait plus ou moins que ça va de l'extérieur mais je fais des crises de nerfs toutes les semaines#wow i have a ramble tag now
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coeurencrise · 3 years
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LOVICIDE / 2
     Bonjour vie placide ! Tu m'as placée à la tête de ton royaume, m'as couronnée sans préavis, sans rien me demander, pour finalement ne rien me laisser. Tes troupes, qu'en fais-tu si tu ne me laisses pas les commander ? Tu les avises de me détruire, hein ?     C'est un long dimanche. Quand papa nous amène à l'église, je me demande sincèrement ce qui lui passe par la tête. Pour quoi doit-il prier ? Sa rédemption ? « Pitié, seigneur Jésus, ne m'emmène pas en enfer » débordant de pardon, de traîtrise et de péché ? C'est à Satan qu'il devrait implorer sa miséricorde. Le dimanche doit être le seul jour de la semaine où je me sens révoltée, ce qui va totalement à l'encontre des valeurs chrétiennes. Il faut tendre l'autre joue, puis le cou, le torse, les bras, les jambes. On n'a plus que ses pieds, ensuite. Les pieds, on les vise rarement. Trop près du sol pour qu'on daigne les toucher, ils ne font que peu envie, tout ça parce qu'ils ne se tordent pas assez, ne traduisent pas la même douleur que l'on peut percevoir à travers des jambes cassées ou des thorax pulsant sous l'infortune respiratoire. Les pieds, symboles de liberté – conditionnelle.     S'il ne suffisait que d'eux pour marcher, je m'estimerais heureuse de ne pas avoir à les traîner comme deux cadavres. Les miens sont minuscules et recroquevillés, garantissent un pas si hésitant qu'ils ressemblent à des séraphins en pleurs. C'est la partie de mon corps que je regarde le plus souvent, que je connais et sens le mieux. J'ai passé ma vie la tête baissée, défigurée au point de chasser les miroirs. Mes genoux aussi, je les connais bien. Et mes mains, seules les brûlures causées par les frottements de moquette ou de bout de tapis les habitent. Elles ne sont à l'origine d'aucun miracle et je ne m'en sers même pas pour pleurer.     Le dimanche, maman m'oblige à rester à la cuisine avec elle. C'est sa façon de me « protéger », à croire que son cerveau est fait pour se révolter, sortir de sa torpeur, une fois sur sept. Sept multiplié par les mains, les regards, les mots, ça aboutit rapidement à des centaines. Mais en comptant autrement, on peut tout simplement affirmer qu'elle m'ignore six jours par semaine, feignant ne pas avoir percé les supercheries de son incestueux mari. Lorsqu'il me force à aller au magasin, à monter dans sa vieille et délavée Chevrolet pour se garer vers une usine désaffectée et me toucher, elle prétexte la surdité. Maman a un tympan crevé et ne voit pas très bien. Ça allège sa conscience : elle commet le mal parce qu'elle l'a subi.     Elle n'est pas née comme ça. Elle est victime de ses erreurs, tout comme je suis victime de ma naissance. Le contexte n'est en soi pas si différent, si les conséquences sont les mêmes. Je ne lui en veux pas particulièrement mais elle a sans doute remarqué la lassitude teintant mes pupilles de cet aspect vitreux, languide, d'où ses faciles tentatives de rattrapage. Je fais semblant de m'en émerveiller, lui donnant la suffisance qu'elle espère en contrepartie.     Dimanche, je suis remontée. Je me l'autorise, m'extirpant de mon corps d'adolescente pour retrouver la fillette recouverte par une peau semblant capable de se régénérer à l'infini. Je perce la carapace, la lui arrache et la contemple, nue, vulnérable et bien plus sensée. Je deviens un voisin, une maîtresse, une infirmière, et pense tout bas ce qu'ils ne savent pas dire tout haut : la pauvre. La pauvre petite, si malchanceuse, maigrichonne et enlaidie car malchanceuse, aux veines violettes. Dimanche, j'ai pitié de moi. C'est la seule pitié que le seigneur m'accorde, mon répit et ma consolation dans ma propre désolation. Oui, bonjour vie placide. Je salue les bonheurs réservés à ma hauteur, à mon mètre cinquante-trois de compassion. Je savoure l'odeur du pain chaud, des fraises sauvages cueillies chez les voisins qui n'ont plus la force ni le courage d'appeler la police, le bruit de l'eau lapée par le chien. Je m'en délecte, sage comme une image à l'affiche du dernier Playboy, souriante en dépit de la vue de sexes d'une impulsive arrogance. Dimanche, papa ne fait rien. Dimanche, j'ai le temps d'être énervée et de songer à l'incommodité de mes plaies ; d'en souffrir, d'en apprendre plus sur elles. Le reste de la semaine, je retourne les miroirs et tire les rideaux pour ne pas m'affronter, affreuse que je suis. J'évite de me laver, de sentir les lésions vaginales enfler sous la pression, aussi infime soit-elle, de mes doigts.     Mais le jour du seigneur, après avoir avalé l'hostie, j'ose. Je m'affronte et je murmure à ce corps défraîchi : pauvre petite, qu'est-ce que t'as l'air triste. Puis je le lave, comme pour le bénir.
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elorecohlt · 5 years
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44 - Nostalgies
C'est ainsi que s'est achevée notre sortie familiale, sans plus de fracas : Hakeem a raccompagné Mina et je suis rentrée avec mes parents, calée à l'arrière de la voiture familiale pendant que mon père râlait sur le trafic de New L.A..
L'idée d'inviter Leïla à la maison me tentait : c'était un besoin qui se faisait pressant quand je fréquentais des membres de la Meute trop longtemps ou de façon trop intense, et le fait que je sois forcée de simuler une vie normale n'aidait pas non plus. Comme la présence de mes géniteurs réduisait mon activité au sein du gang, je ne pouvais m'empêcher d'envisager des loisirs plus ordinaires : voir mes amis (c'était ainsi que j'avais présenté Leïla), aller à la plage, jouer aux jeux vidéo, regarder des documentaires historiques.
(Périodes d'ennui, périodes de répit - peut-être y avait-il du bon dans leur présence.)
- Je peux inviter des amis demain soir ?Plus tard, à table, je me suis lancée. Hakeem m'a lancé un regard intrigué : on s'était assez perdus pour qu'il ignore que, Leïla mise à part, il restait encore quelques gens diurnes que je fréquentais, à son opposé. Mes parents se sont adressés un regard ravi - c'était à croire que l'étonnement et la joie étaient les uniques options de leur catalogue d'émotions - et ont accepté. Après un temps acceptable passé à table, Hakeem et moi nous sommes retirés dans nos chambres respectives, laissant Mazin et Evelia au salon. 
Je n'avais plus l'habitude de passer mes nuits loin de l'agitation éternelle du QG et du danger des rues que l'on parcourait. Séparée des autres, j'avais l'impression de sentir un membre fantôme me gratter : à moins de me rendre directement dans notre repaire, je n'avais aucun moyen de les joindre et cette perspective me faisait tourner comme une bête en cage. (A croire que je ne savais pas ce que je voulais, déchirée entre un manque féroce et une forme de soulagement : je ne pouvais pas me l'avouer mais la vie ordinaire avait ses charmes).
C'est dans cet état que j'ai entendu des éclats de voix dans le salon. Plus que les mots, c'est le ton qui a attiré mon attention : cela faisait une éternité que je n'avais plus entendu Mazin et Evelia se disputer.
Avec l'impression de faire un truc illégal, j'ai ouvert la porte de ma chambre et me suis glissée dans le couloir. Sans voir, je devinais que l'un de mes parents faisait les cent pas - peut-être Evelia.
La voix grave de mon père a résonné :
- Tu sais bien qu'on a pas le choix. On perd de l'argent, là, il va bien falloir qu'on fasse des sa-
- Hors de question qu'on la renvoie. Elle a besoin de son salaire et les enfants ont besoin d'elle.
J'avais beau être dans un sale état, je n'ai pas eu de peine à deviner qu'ils parlaient de Rosie. Me rapprochant encore un peu, j'ai retenu ma respiration et écouté la suite.
- Tu es sûre ? Ils ont grandi, ça se voit. Ils peuvent se débrouiller seuls.
Les bruits de pas se sont arrêtés, puis il y a eu une pause, avant que la voix d'Evelia ne brise le silence.
- ... je ne sais pas, Mazin. Ils ne sont pas majeurs, rappelle-toi.
- Mais ils se débrouillent très bien ! Regarde Hakeem : il a l'air solide et indépendant. Quant à Raïra, elle est bien entourée...
(Il a fallu que je me mette la main sur la bouche pour m'empêcher de ricaner.)
- ... et je n'ai jamais entendu ses professeurs se plaindre. Tout va bien, Evelia.
Ma mère lui a répondu quelque chose, mais je n'ai plus eu envie d'écouter : l'entendre s'intéresser tout à coup à notre bien-être me donnait la nausée. Trop fébrile, j'ai passé un blouson sur mes épaules et me suis dirigée vers l'extérieur, profitant d'un nouvel éclat de voix pour sortir, clés en main. Aller au QG me semblait trop dangereux, je risquais d'y rester, mais je ne me voyais pas débarquer chez Leïla.
Il faisait toujours chaud, à New Los Angeles, mais ces temps-ci, il s'était mis à y pleuvoir de plus en plus fréquemment. Quand je suis sortie, les contours de la ville étaient brouillés par une pluie fine et un peu trop fraîche, que j'ai pourtant accueillie sans broncher. Peu importait.
J'ai erré sans réfléchir dans le quartier, évitant les zones de lumière et l'unique voiture de flic que j'ai croisée, jusqu'à arriver sur un lieu où je ne m'étais plus rendue depuis des années.
Le terrain de streetball où - plus jeune - j'avais pris l'habitude de jouer s'était bien délabré, avec le temps. J'y suis rentrée presque timidement, comme si je pénétrais un site sacré ou d'anciennes ruines : les paniers avaient perdu leurs filets, les fissures aux murs semblaient être agrandies par la pénombre. Alors que je m'y avançais presque mécaniquement, une voix m'a interpellée.
- J'y crois pas, un fantôme...
Il a fallu quelques secondes pour que mon cerveau identifie le timbre et l'associe à un nom. Pourtant j'avais eu l'habitude de jouer avec Will, du temps où je fréquentais l'école plus d'une fois par semaine et où je disais tout à mon frère. Mais cette époque était révolue, et je devais en éprouver une forme de nostalgie puisque j'étais revenue.
Je me suis retournée et ai avisé une silhouette déglinguée, qui s'est rapprochée de moi. Will avait fait plus que grandir : il avait vieilli, ses joues s'étaient creusées et il avait une lueur dans le regard que j'ai reconnue immédiatement : celle des clients les plus camés, ceux qui feraient tout pour qu'on leur accorde une minute de plus au paradis.
- ... putain, Will.
J'ai soufflé, incapable d'en dire plus. Il a ri, s'est rapproché de moi et m'a fixé quelques instants, avec un regard un peu trop affectueux pour un type que je n'avais plus revu depuis des années.
- Qu'est-ce que tu reviens faire ici ?
J'ai haussé les épaules, ai senti l'eau froide qui coulait le long de ma nuque et sur mes poignets.
- Je suis en pèlerinage, on va dire. Et toi, tu fais quoi ? Tu joues toujours ?
Will a ri une fois de plus avant de secouer la tête, presque tendrement.
- C'est du passé, ces jours. J'ai trouvé d'autres loisirs, d'autres façons de... m'évader.
- Ah.
Mal à l'aise, j'ai relancé un peu trop vite :
- Et les autres, ils continuent de venir ici ? Tu sais, pendant longtemps j'ai pensé que c'était ta famille.
Une surprise douce s'est peinte sur ses traits émaciés, avant qu'il ne refasse non de la tête.
- Peut-être de coeur et à une époque, mais les choses ont changé, Raïra. Pour toi aussi, je crois.
Il a marqué une pause, avant de développer :
- Tu t'es endurcie Et tu as l'air... plus triste, aussi.
Sa main s'est tendue vers mon visage mais je l'ai repoussé, peut-être un peu trop fort. Il n'a pas insisté et a reculé gentiment. Tout de suite, je me suis sentie coupable.
- Désolée.
- T'excuses pas, t'as raison. C'est ta bulle, tu laisses rentrer qui tu veux dedans.
C'était si poétique, comme façon de le présenter, que je me suis surprise à sourire à mon tour. Mais quelque chose s'est noué au creux de mon ventre : c'était impossible de ne pas voir à quel point Will s'était affaibli, éteint, et comme, paradoxalement, la lueur dans ses yeux semblait plus forte, pareille à un feu dans le noir.
Il y a eu comme un silence, entre nous, juste ponctué par le bruit de la pluie contre le terrain. Puis, alors que j'amorçais un mouvement de départ, Will a lancé :
- Tu salueras tes loups de ma part.
Je me suis figée.
- ... je vois pas de quoi tu parles.
Il a ri encore, mais cette fois son rire était plus tranchant, presque un peu méchant.
- Me prends pas pour un con, Raïra. Je parle de ton frère et tes potes de la Meute. Tu sais, ceux qui me vendent ma came.
Le noeud dans mon estomac s'est soudain changé en trou noir. Sonnée, je n'ai pas pu m'empêcher de jeter à Will un regard livide. Il a souri en haussant les épaules, avant de s'éloigner.
- Dis à Gold que je le reverrai bien assez tôt. Faut juste que je trouve le fric.
J'ai hoché la tête et ai fui le terrain. Le reste de mes souvenirs est flou : quand mes pensées se sont éclaircies, j'étais devant mon immeuble, à frissonner et en sueur - j'avais dû courir, sans doute.
Et dans ma tête s'entrechoquaient deux pensées : c'est de ma faute s'il va crever et j'ai besoin que quelqu'un me dise que tout va bien se passer.
Quand j'ai finalement réussi à m'endormir, elles n'avaient pas cessé de se heurter.
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Bienvenue Suzanne : récit d’accouchement
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Les prémices
Le mercredi 3 février au soir j'ai senti un premier signe qu'il pourrait commencer à se passer quelque chose. J'avais des contractions depuis le mois de novembre mais ce soir-là elles se sont rapprochées aux 7 minutes, 5 minutes puis 3 minutes, de 17h à mon coucher, avec une légère douleur. Ça s'est arrêté pendant la nuit, puis ça a repris le lendemain à 17h, en moins fort, avant de s'arrêter à nouveau à mon coucher. J'avais connu 2 semaines de "pré-pré-travail" comme ça pour Lou donc je sais que ça peut encore être long. Je commence quand même à m'impatienter, je me rapproche du terme et j'ai peur qu'un confinement soit annoncé avant que j'accouche et que ça empêche Rémy de rester avec moi à la maternité la nuit. En plus, Lou (qui n'est habituellement jamais malade) commence à tousser, je sais que j'ai un test PCR à faire à mon arrivée à la maternité, s'il est positif Rémy doit s'en aller, je devrais alors accoucher seule et faire le séjour également seule.
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Effectivement dans la nuit sa toux s'aggrave, je reconnais immédiatement la toux rauque et "aboyante" de la laryngite, on passe un moment en début de nuit à essayer de la soulager puis Rémy part dormir dans sa chambre pour la surveiller et la rassurer. La nuit sera courte pour tous les 3.
Le vendredi 5 février je suis au terme auquel j'ai accouché pour Lou : 39SA+5. Je le dis à la sage-femme que je vois ce matin-là à la maternité pour mon monitoring hebdomadaire, elle me dit "la journée n'est pas finie !", je ris en disant qu'il y a peu de chances que j'accouche aujourd'hui. Elle m'examine, mon col n'est effectivement pas très ouvert, à 1 cm seulement si on cherche bien, il est encore très haut, elle m'explique que le bébé n'appuie pas sa tête dessus. Pourtant je la sens appuyer fort quand je marche, la veille j'ai justement fait une bonne balade autour d'un étang près de chez nous pour que la gravité fasse son travail.
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Je rentre à la maison, Lou n'est pas allée à l'école et Rémy a posé un jour enfant malade pour la garder pendant mon rendez-vous. On passe une bonne journée tous les 3 malgré la fatigue, on joue, Rémy fait des éclairs pralinés, je sors faire des petites courses histoire de marcher encore. En fin d'après-midi je bois un verre de jus de choucroute, j'avais lu qu'en Allemagne c'est conseillé pour déclencher l'accouchement, je suis prête à tout et ça tombe bien j'aime les saveurs lactofermentées (Lou aussi, elle me pique une partie de mon verre).
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 L’accouchement
À 17h20, comme les deux soirs précédents, les contractions s'intensifient, cette fois-ci un peu plus fort. Mais je n'y fais pas trop attention, je suis sûre que je vais avoir ça chaque soir pendant un moment encore.  Rapidement je me rends compte que j'ai perdu un peu de bouchon muqueux, je sais que ça ne veut rien dire, ça peut durer encore des semaines, et en même temps pour Lou ça avait vraiment signifié le début du pré-travail, avec une fissure de la poche des eaux quelques heures plus tard.
Je cuisine et je sens que les contractions continuent, ça pique un peu, dans le dos surtout, comme pour Lou. On passe à table et en étant assise ça diminue d'intensité, je me dis que c'était une fausse alerte. Puis après manger ça repart, je perds cette fois-ci une grande quantité de bouchon muqueux. C'est l'heure de coucher Lou, on se dit qu'on va commencer à se préparer au cas où, on termine son sac et je vais prendre une douche pour voir si ça fait passer les contractions. Non, et je perds cette fois un peu de liquide rosé, très peu et ça ne coule plus mais avec ma première expérience je suis quasi certaine que c'est du liquide amniotique, il est alors 20h30.
Je tiens mes parents au courant : on ira à la maternité au matin pour vérifier s'il s'agit bien de liquide amniotique, donc il faudra qu'ils se tiennent prêts à venir chercher Lou.
Je ne compte pas mes contractions mais je sens qu'elles sont encore irrégulières donc pas besoin de se précipiter à la maternité. Je suis un peu déçue de commencer à nouveau le pré-travail par une fissure de la poche, je n'aurai pas le droit de prendre le bain à la maternité, pas l'opportunité de faire une partie du travail à la maison, je risque un déclenchement si le travail met trop de temps à se lancer, et si la poche se rompt totalement je sais que la douleur sera décuplée, bref c'est le scénario que je voulais éviter de revivre mais on ne choisit pas, je ne m'attarde pas trop sur cette déception.
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On se couche vers 22h pour prendre des forces, on est quasi certains que le lendemain sera le jour de l'accouchement. En tout début de grossesse j'avais rêvé une nuit de la date du 6 février comme de celle de mon accouchement, je me dis que j'ai eu du nez !
Je pense qu'une fois allongée les contractions vont se calmer, mais à 22h30 elles montent en intensité, je suis à 3-4 sur 10 sur l'échelle de la douleur, c'est trop fort pour que je puisse m'endormir. Mais je suis bien, je sens mon bébé bouger, je sais que ça fait partie des derniers instants où je la sentirais comme ça, je savoure. J'entends les respirations profondes de Rémy et Lou endormis, je me sens dans ma bulle, je respire moi aussi profondément par le ventre, avec une bouillotte chaude contre mon dos pour apaiser la douleur. Rapidement j'ai l'impression que les contractions sont maintenant régulières, je monitore sur une appli et je vois qu'elles sont de même durée, environ 45 secondes, et espacées de 7-8 minutes.  
Pour un deuxième je me souviens avoir lu, selon les sources, qu'il faut partir au bout de 2 heures de contractions toutes les 5 minutes, ou de 1 heure toutes les 10 minutes. Je suis entre ces deux situations donc je commence à réfléchir à ce que je vais faire : à quel moment je réveille Rémy et j'appelle mes parents ? Je pense que le temps de les appeler, qu'ils viennent et qu'on arrive là-bas il faut bien compter une heure, je dois prendre ça en compte dans l'équation, je veux partir ni trop tôt ni trop tard.
Toujours allongée dans mon lit je me sens chanceuse de connaître enfin un "vrai" début de travail, avec des contractions qui montent crescendo, entre 2 je me sens détendue et soulagée, je n'avais pas eu ça pour Lou, la rupture de la poche m'avait fait immédiatement passer à des contractions ultra douloureuses toutes les minutes, ça avait été très brutal et sans répit entre chaque.
À minuit passé j'en suis à 6 sur l'échelle de la douleur, je me lève et j'appelle la maternité. Ils me disent de venir. Je réveille Rémy et j'appelle mes parents. En les attendant on finit notre valise de maternité. Les contractions sont maintenant espacées de seulement 3-4 minutes, je commence à avoir bien mal.
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Mes parents arrivent à 1h du matin, on réveille Lou et on monte tous dans leur voiture, à 1h40 on arrive à la maternité. Les dernières contractions sur la route deviennent presque intolérables à supporter, je respire profondément en me tenant à la poignée du plafond, je ne veux pas inquiéter Lou.
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Mes parents repartent avec Lou chez eux pendant qu'on arrive aux urgences de nuit. Un brancardier sort en courant en me voyant marcher à moitié pliée et file chercher un fauteuil roulant. Il court ensuite avec moi dans le fauteuil pour accéder à la maternité, je le sens inquiet à l'idée que j'accouche là dans la minute, "je suis brancardier moi, je sais pas gérer les accouchements !" ça nous fait rire et je le rassure, on a encore un peu le temps.
Aux urgences maternité on me pose des questions, fait quelques examens, mon col n'est ouvert qu'à 2-3 cm, mais je commence à vraiment avoir du mal à gérer les contractions. On me demande si je veux une péridurale, je dis que je veux attendre encore un peu.
On nous amène en salle de pré-travail pour me poser un monito, on me pose aussi un cathéter dans le bras et j'ai droit au test PCR. Je me pose sur le ballon pendant le monito mais il est beaucoup trop haut pour moi je suis obligée de me crisper pour tenir dessus, ce qui ne m'aide pas à gérer les contractions. Finalement je suis mieux penchée sur le lit, le ventre dans le vide, pendant que Rémy me frotte fort le bas du dos ou me serre la main, faisant au passage un point Bonapace entre le pouce et l'index. J'ai vraiment mal et je n'arrive plus à récupérer entre deux contractions. Je continue cependant à les gérer en silence en respirant profondément, je ferme les yeux, je m'imagine sur un petit bateau en pleine tempête.
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Les résultats du test PCR arrivent : négatif, Rémy peut rester, ouf ! J'en profite pour dire que je souhaite une péridurale, je sens que j'atteins bientôt mes limites niveau gestion de la douleur, je me situe maintenant à 9 sur mon échelle, mes contractions durent une minute (une soignante me dit à 2 reprises qu'elle les trouve longues) et je n'ai qu'une minute de répit entre deux.
On part donc en salle de naissance, la péri est posée à 3h15, quelques contractions plus tard j'ai toujours mal au niveau de l'utérus et du col mais plus dans les "reins" et rien que ça, ça change tout. Je valide deux théories que j'avais : les contractions dans le dos sont vraiment particulièrement douloureuses, de même que les contractions sans poche des eaux. La mienne est toujours intacte et même si j'ai très mal je me souviens que c'était encore plus insoutenable pour Lou, où je dépassais les 10/10 en douleur. Sur ce deuxième accouchement c'est surtout le peu de répit entre deux contractions qui fait que je ne tiens plus.
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Je sens que la péri est très peu dosée car malgré tout j'ai toujours mal et je sens que ça pousse très fort. Après l'accouchement l'équipe me dira que c'était en fait à moi d'ajouter des doses via une pompe, l'anesthésiste ne me l'avait pas dit.
À 4h mon col est dilaté à 4 cm. Je dis à Rémy que je pense accoucher entre 6 et 7 heures, lui pense plutôt à 8 heures du matin.
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À 5h15 je redemande un contrôle car la pression sur le périnée est tellement forte et douloureuse que c'en est presque insupportable. Effectivement le col s'est dilaté super vite : je suis à 9 cm ! La sage-femme commence à installer ses affaires, elle me dit que la poche des eaux ne va pas tarder à se rompre et qu'ensuite ça ira très vite. On doit l'appeler illico si ça arrive ou si je sens une envie de pousser encore plus forte. Comme pour Lou je ressens un sentiment d'urgence, j'ai peur d'accoucher sans que les soignants arrivent à temps.
À 5h35 la poche se rompt, la sage-femme revient et me demande de faire une poussée de test pour voir si le bébé est suffisamment descendu. C'est bien le cas, elle finit de s'installer et je commence à pousser à 5h45.
À la place de la position gynécologique j'ai demandé à rester allongée sur le côté gauche, un pied dans un étrier pour maintenir ma jambe droite en l'air, repliée. Je pousse principalement en poussée soufflée, un peu en poussée bloquée. Je sens tout, je me sens découragée quand la tête passe mais je ne lâche rien pour être vite débarrassée, je sens que ça brûle, j'ai envie que ça s'arrête, je gémis que j'ai mal. Le plus gros de la tête passe puis je sens le visage, le nez, et enfin les épaules. Je garde les yeux fermés tout le long, dans l'effort, j'ai les mains dans celles de Rémy, que je serre très fort, mon visage contre le sien.
À 5h55 la sage-femme me demande si je veux attraper ma fille, je dis oui, je me redresse et j'attrape ce petit corps chaud et humide, Suzanne est née. On me la met contre moi en l'essuyant dans du papier, elle a du papier sur le visage, j'ai peur que ça l'empêche de respirer, pourtant non elle pleure fort. Moi non, tout comme je n'avais pas pleuré quand Lou est née, là je suis trop concentrée sur le fait que je veux qu'on enlève vite ce papier de sa tête. J'ai toujours mon masque chirurgical depuis le début de l'accouchement, je ne vois donc pas vraiment son visage. Rémy coupe le cordon. Je délivre le placenta, on me recoud un point pour déchirure, puis Suzanne a droit à quelques soins et mesures dans la salle, son papa à ses côtés, j’observe depuis la table d’accouchement. 3,170 kgs, 48,5 cm, finalement pas la géante qu'on nous avait prédit ! Pendant ce temps je tremble énormément de façon incontrôlée, la sage-femme me dit que mon corps réagit à l'effort fourni pendant la poussée.
On me remet Suzanne sur moi en peau à peau, je la couvre de mots d'amour, je lui explique qu'on est ses parents et qu'elle a une grande sœur, et très rapidement on fait une première tétée, je suis surprise de voir à quel point elle se débrouille tout de suite très bien !
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On nous laisse tout seuls la plupart du temps de surveillance, ce qui nous permet d'enlever nos masques. On appelle nos familles pour leur présenter ce nouveau petit membre. 2-3 heures plus tard on monte en chambre prendre un petit-déjeuner et commencer notre première journée à 3 !
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 Les premiers jours
Le séjour à la maternité s'est bien passé. Je ne suis volontairement pas retournée dans la maternité où j'ai eu Lou, l'hôpital d'Antony, où mon suivi laissait à désirer et où j'avais subi des violences obstétricales après l'accouchement.
La nouvelle maternité que j'ai choisi, l'institut Mutualiste Montsouris, a été parfaite en tout point, le suivi, les services proposés (acupuncture, plusieurs rendez-vous pour discuter en profondeur de ma première grossesse et de mes attentes), une attention particulière portée à mes angoisses liées à mon premier post-partum, mes différentes pathologies ont aussi été bien mieux surveillées, les cours de préparation à l’accouchement en sophrologie étaient excellents, et enfin l'accouchement et le séjour se sont très bien passés, tout le personnel a été adorable et aux petits soins, la chambre était spacieuse et agréable, Rémy a eu droit à un vrai lit et pas juste un fauteuil inclinable, on nous a dit que l'allaitement était à la demande (aucune pression sur ce sujet ou sur la perte de poids du bébé), on m'a aidé à installer Suzanne en cododo dans mon lit, on m'a même remis mon compte-rendu d'accouchement en partant, alors que j'avais dû batailler pour avoir le premier et qu'il était incomplet. Seul petit bémol, les plateaux repas sont peu copieux mais ça restait bon et on avait emmené beaucoup de nourriture pour compenser. J'apprécie aussi le fait qu'il n'y ait pas de dépassement d'honoraires sur les actes médicaux.
Bref, une bonne expérience, on s'est dit qu'on aurait vraiment mieux fait d'aller là pour Lou, mais à l'époque je ne connaissais pas cette maternité.
Suzanne a été un peu agitée la première nuit mais j'ai quand même pu dormir 1h ou 2 au matin, quel changement par rapport à Lou, l'hypervigilance et les angoisses m'avaient empêché de dormir pendant 2 semaines. Suzanne est restée très calme les journées à la maternité, et a bien dormi la deuxième nuit (emmaillotée et en cododo contre moi, ce qui fait que moi j'ai moins bien dormi mais tout de même quelques heures), ainsi que la troisième chez nous.
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Le quatrième jour, hier au moment où j'écris, a été celui du premier pic de croissance, rythmé par d'innombrables tétées toute la journée, et la nuit a suivi le même schéma, ça a été la plus dure jusqu'ici. On croise les doigts pour que ce soit un cas isolé ! On a aussi attrapé la laryngite de Lou, ce qui n’aide pas à bien se reposer.
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Je n'ai pas (encore ?) eu de baby blues, et le post-partum est plus facile que le premier en tout point (douleurs, saignements, récupération, chute d'hormones). Mais on redoute quand même de retraverser les mêmes difficultés qu'avec Lou, même si Suzanne semble être plus apaisée pour l'instant. À suivre...
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leskoobclub · 3 years
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BOOK REVIEW - NOS ETOILES CONTRAIRES - JOHN GREEN
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Avant de vous proposer notre critique sur l’adaptation cinématographique qui arrive sur nos écrans dans 1 petit mois et dont vous pouvez découvrir la bande-annonce ici , notre chroniqueuse littéraire Elow revient sur ce livre magnifique qu'est Nos Etoiles Contraires.
Ne vous méprenez pas, Nos Etoiles Contraires (qui à beau être un livre pour adolescents) n'est pas un simple bouquin épouvantable comme pourrait le qualifier certaines critiques. Histoire émouvante, poignante mais aussi bourrée d'humour, on ne peut que s'attacher aux deux protagonistes qui nous attendent… Hazel Grace Lancaster, 17 ans, est une jeune fille atteinte d'un cancer de la thyroïde qui a fini par engendrer des métastases dans les poumons. Difficultés à respirer, elle se surnomme elle-même comme étant une grenade. Vivant en permanence branchée à une bonbonne d'oxygène, elle étudie à la maison, coupée un peu de l'extérieur. Elle rencontre alors Augustus Waters, 18 ans et en rémission depuis un an et demi lors d'une réunion de groupe où de jeunes malades atteints du cancer se regroupent chaque semaine. Partageant leurs peurs, leurs peines et leurs quotidiens, Hazel finit par se lier d'amitié avec Augustus qui est différent d'elle en bien des points. Alors, histoire à l'eau de rose ? Pas du tout. Amitié, fou rires, la peur d'être oublié, c'est un mélange détonnant qui nous plonge dans ce bouquin et qui ne nous laisse pas une seule minute de répit. On ne peut pas décrocher avant d'avoir lu la fin. Deux étoiles contraires, lui a peur qu'on l'oublie une fois que le cancer l'aura emporté, alors qu'elle a peur qu'il s'attache à elle et qu'il ne souffre une fois qu'elle sera partie. On ne peut que se lier d'affection pour les deux protagonistes et leur histoire des plus touchantes. Et pourtant, pour le reste, les deux personnages partagent le même regard sur la maladie et sur la vie en général. Deux adolescents bourrés d'un humour sans limite et d'une affection l'un pour l'autre qui ne nous laisse absolument pas indifférent. Vivant la vie à pleine dent, comme si c'était le dernier moment qu'ils passent ensemble, c'est une leçon de vie qui ne peut que nous émouvoir et nous faire un peu plus aimer la vie. John Green signe ici son plus beau roman. Il dépasse pour ma part Qui es-tu Alaska ? et de loin. Il faut un sacré talent pour pouvoir écrire sur ce genre de sujet. Il sait parler de cette maladie et il arrive ici à ne pas nous faire déprimer du début à la fin. Fou rires garantis et émotion forte, on croit s'attendre à quelque chose de précis pour finalement être tout de même surpris -et dans le bon sens. John Green réussit à nous transporter dans une histoire qui aurait pu partir dans un mélodrame et un gnangnan sans limite. Moi qui ne voulait pas le lire au départ, touchée par cette maladie au plus près, j'ai finalement succombé -merci aux M² (Mika & Marine)- et je ne suis pas déçue. Une belle histoire, poignante et pleine de vie. Ce livre est passionnant et nous apprend un peu plus la vie. Alors, s'il vous prend l'envie de vous plaindre pour une petite broutille, repensez à cette histoire, à cette leçon de vie qui vous laissera sans voix et vous vous direz finalement qu'il y'a bien plus grave dans la vie. ** Note Du Blog : 10/10 ** Elow
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blue-lumen15 · 7 years
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Un Jardin pour deux
Chapitre 18 La fin et le commencement
Ils étaient enfin de retour à Ghiran après un voyage éprouvant. Pourtant le prince n'était pas au bout de ses peines, à peine revenu il devait s'occuper de gérer leur proche départ et surtout le retour de ses chaleurs. Selon Arihas cela risquait d'être plus difficile cette fois car il avait pris conscience de son partenaire. Arslan avait étonnamment bien accueilli la nouvelle, ni choqué, ni vraiment surpris de l'apprendre. Au fond peut-être qu'il s'en doutait.
Pourtant Arslan préférait continuer comme si de rien n'était et n'évoquait plus le sujet avec ses compagnons. Un simple évènement sans importance pour la suite. Cependant tous savaient de quoi il retournait, Arihas avait dû leur expliquer en détail. Narsus conclut que cela n'était pas un problème puisqu'ils étaient alliés maintenant. De plus Hilmes s'était montré plus coopératif et ouvert qu'ils ne pouvaient l'espérer. En son for intérieur Arihas se demandait si ce n'était pas parce qu'Arslan et Hilmes formaient un couple destiné que les négociations s'étaient si bien déroulées.
L'hiver prenait enfin sa place sur la ville. Les bateaux se trouvaient contraints de rester au port. Cela donnait un aspect bien singulier à la ville comme une forêt de mâts se dressant face à la ville. Tel un défi silencieux lancé au vent : essaies de nous renverser !
Malgré l'air glacé qui régnait le prince était brûlant. Arihas avait raison : cette fois c'était bien pire. Arihas peinait à rester dans la chambre d'Arslan seulement il y était bien obligé. Dès le premier jour, le prince était tombé dans une inconscience fiévreuse qui ne le quittait qu'à de rares occasions. Arihas devait le forcer boire, à manger et s'occupait aussi de le changer régulièrement. Le prince le remarquait à peine. Une fois qu'il avait fini il se jetait dehors et tentait de se retenir de vomir, ce qui ne marchait pas toujours. L'état dans lequel il se trouvait inquiétait beaucoup Elam et Faranghîs. Arihas semblait totalement vidé de son énergie à chaque fois qu'il sortait de la chambre. Et surtout ça le rendait malade d'y aller. Faranghîs se proposa de l'accompagner et de l'aider pour le soulager. Arihas refusa poliment, il ne pensait pas que le prince souhaite être vu dans cet état même s'il n'en n'avait pas conscience.
Arslan se sentait à la fois réveillé et endormi, il ne se rendait même pas compte de quand il passait d'un état à l'autre. Dans ce cycle étrange il n'arrivait pas à se reposer et s'épuisait plus qu'autre chose car il ne dormait jamais totalement. Son corps était régulièrement parcouru de tremblements et sueurs froides. Sa peau le démangeait mais à l'intérieur il sentait une brûlure glacée. Il gémissait de frustration, il brûlait d'être touché, caressé, dévoré mais il n'arrivait pas à assouvir son désir. Il y avait toujours un manque et personne pour le combler. Il avait beau présenter sa nuque, personne ne le marquait. Personne pour le toucher, l'embrasser ou l'enlacer. Il l'appelait pourtant il ne lui répondait pas.
Une vague de chaleur le submergea à nouveau, son corps se tendit pour la énième fois demandant à être comblé. Ses mains pouvaient s'activer autant qu'elles voulaient il n'arrivait jamais à être pleinement satisfait car son alpha n'était pas là pour le compléter. Il laissa échapper un soupir involontaire :
« Hilmes… »
Ses cinq jours furent certainement les plus longs de leur vie. Arslan et Arihas tombèrent de fatigue une fois que la période fut terminée. Une journée suffit à Arihas pour se « remettre » mais le prince était toujours épuisé. Arihas revint à ses côtés bien qu'il soit totalement vidé, il tenait difficilement debout et ses cernes s'étaient creusées. Après deux jours complets à rester alité, le prince finit par se lever. Arihas lui conseilla de demeurer allongé. Arslan serait bien resté encore un peu sous la protection des couvertures mais il avait des responsabilités et il fallait préparer leur départ déjà retardé à cause de lui. Dès qu'il sortit de son confinement il fut scruté par des yeux étonnés.
« Vous êtes sûr que vous allez bien, Altesse ? Demanda Elam. - Vous devriez rester encore au lit, nous pouvons très bien organiser le départ ! Déclara Faranghîs. - Ne vous en faîte pour moi, je vais bien ! Dit-il simplement. »
Même Narsus et Daryûn s'en inquiétèrent. C'était bien la première fois qu'ils voyaient le prince si épuisé. Ses cernes voilettes tranchaient sur le blanc de sa peau accentuant encore plus la pâleur de son visage. Daryûn vit aussi qu'Arihas n'était pas dans son assiette. Ghîb lui avait dit dans quel état il se trouvait à chaque fois qu'il sortait de la chambre du prince. Et ça lui déplaisait fortement qu'ils ne l'aient pas remplacé auprès du prince. Pourquoi l'avaient-ils laissé faire ? Pourquoi ne l'avaient-ils pas obligé à s'arrêter et se reposer ? Même si maintenant qu'il le voyait il était plus calme, cela l'avait énormément agacé lorsque Ghîb lui avait raconté. Arihas lui lança un regard interrogatif lorsqu'il vit qu'il le fixait, mais il évita son regard avec une moue renfrognée. Ce comportement amusa Arihas qui afficha un petit sourire.
Malgré sa fatigue le prince tint conseil sur les préparatifs du départ. Ils devaient se dépêcher et optimiser leur temps au maximum pour rattraper leur retard. Hilmes et son armé était parti depuis plusieurs jours déjà. Le prince avait vu juste puisque le roi Andragoras avait fait de même. Arslan culpabilisa, par sa faute ils avaient dû reculer le départ car ils devaient attendre que sa chaleur soit passée pour quitter Ghiran. Narsus, Daryûn et Grâzé s'occupaient des préparatifs chacun gérant respectivement la logistique, les hommes et armes ainsi que l'approvisionnement en vivre. Il ne restait plus qu'à choisir la date et annoncer le départ pour la capitale.
« Nous devons partir au plus vite Altesse ! Déclara Narsus. - Croyez-vous que d'ici deux jours cela ira ? Demanda le prince. J'imagine que partir demain serait trop difficile pour les hommes et il faut organiser le départ. - En effet, répondit Narsus. Une sage décision… Il y a autre chose Altesse, des nouvelles sont arrivées de Peshawar : les renforts de Rajendra ont passé la frontière depuis trois jours. L'écart s'est creusé entre les deux armées. Les soldats sindôriens auront du mal à trouver leur chemin et puis il vaudrait mieux que sa Majesté ne les remarque pas. - Vous voulez dire qu'ils auront besoin d'un guide ? - Oui mais surtout il faut que ce groupe reste discret pour le moment. - Je suis sûr que Jaswant peut s'en occuper, sourit-il en le regardant. - C'est trop d'honneur votre Altesse ! - Les soldats sindôriens suivront plus facilement quelqu'un qui leur est connu, répondit Narsus. Je pense que tu auras compris : il nous faut quelqu'un de confiance pour les diriger. »
Jaswant s'agenouilla acceptant humblement la tâche qui lui incombait et écoutant les recommandations de Narsus. Il partit quelques heures plus tard prenant la route vers le nord. Arslan en profita pour souffler un peu tant qu'il lui restait un peu de répit. Il se dirigea sans grande surprise vers les jardins où il trouva Etoile. Il n'avait pas eu l'occasion de lui reparler depuis leur retour. Elle sursauta lorsqu'il apparut soudainement derrière elle. Elle n'avait pas changé depuis qu'ils s'étaient quittés. Ils discutèrent tranquillement de tout et de rien mais des sujets plus sensibles finirent par arriver :
« Je n'aurais jamais cru que vous étiez oméga, dit-elle. Si je n'avais pas su que votre absence de la semaine dernière résultait de vos chaleurs je ne m'en serais jamais douté. - Ah bon ? Pourtant la plupart des gens le remarque assez vite d'habitude… Soupira-t-il. - Je ne sais pas, vous avez quelque chose de différent, dit-elle. J'ai entendu que vous partiez pour la capitale après-demain ? Comptez-vous sauver notre roi ? Demanda-t-elle avec espoir. - Tu es bien renseignée mais cela dépendra aussi de votre roi… Dis-moi, crois-tu que Lusitania accepterait l'idée de voir ses pouvoirs séparés ? Je veux dire avec le roi d'un côté et le chef de l'Eglise de l'autre ? - Pourquoi cela ? Demanda-t-elle brusquement. - Eh bien je ne veux pas te vexer mais… Il prit une grande inspiration : votre Eglise donne de bon enseignement en soit cependant ceux qui la dirigent profitent de leur pouvoir notamment Bodin qui s'en sert de prétextes pour commettre des crimes et je ne crois pas que ce soit le seul, dit-il d'une traite. »
Etoile bouillonnait intérieurement mais n'ajouta rien. Au fond elle, elle savait qu'il n'avait pas tort.
« Mais saches que je ferais mon maximum pour vous éviter des batailles inutiles. Je n'ai pas l'intention de laisser les lusitaniens présents dans la capitale se faire massacrer ! - Je le sais bien, soupira-t-elle avec un sourire. »
Le temps s'écoula bien trop vite au goût du prince. Leur départ arriva bien plus rapidement qu'il ne pouvait l'imaginer.
L'armée du prince héritier du puissant royaume de Parse se tenait dans les plaines autour de Ghiran, attendant l'ordre de départ dans une impatience confuse. Arslan attendait que les convois de provisions soient prêts à partir. Etoile les accompagnait cette fois-ci, après tout cela concernait son roi. Elle resta bien sagement aux côtés de Faranghîs et Ghîb. Narsus adressa un hochement de tête à Arslan confirmant que tout était en ordre pour le départ. Le prince lança aussitôt la marche.
Une vingtaine d'années plus tôt…
Hilmes venait de fêter ses huit ans. Il entrait donc officiellement dans la société en tant que prince héritier. Les nobles et courtisans accoururent de tout le pays pour assister à cette cérémonie. Les apparitions du prince s'étaient faites rares depuis le décès de sa mère cinq ans au paravent, alors un évènement aussi exceptionnel ne pouvait se rater. Hilmes rayonnait de bonheur de voir son petit monde s'ouvrir et de ne plus se cantonner à son Père, son Oncle ou à Bahman son Maître d'armes. Il se trouvait assis dans la salle du trône, non sans fierté, aux côtés du roi. Tous les seigneurs du pays se présentaient et s'inclinaient devant lui. Certains n'hésitaient pas à glisser, plus ou moins discrètement, des allusions à leurs très jolies filles présentes dans l'assemblée durant la cérémonie. Cela faisait rougir Hilmes et amusait beaucoup son Père qui ne pouvait s'empêcher de couver son fils d'un regard bienveillant. Le prince s'émerveillait de voir tous ses nouveaux visages mais au final se fut épuisant voir même un peu ennuyant. Le banquet l'intéressa beaucoup plus.
Il discuta avec des héritiers de bonnes familles. Son Maître ne cessait de vanter la bravoure du jeune prince, qui deviendrait un grand roi, sous le regard empreint de fierté du roi. La seule ombre au tableau était la mine sombre de son Oncle Andragoras. Peut-être trop d'agitation pour lui ? En tout cas ce fut un banquet très plaisant. La soirée qui suivit aussi mais Hilmes remarqua qu'une personne attirait l'attention du roi.
« Votre Majesté, qui a-t-il ? Demanda-t-il. Vous semblez préoccupé… - Il y a quelqu'un à l'écart là-bas mais il ne s'est pas présenté parmi les seigneurs, n'est-ce pas étrange ? »
Hilmes tourna la tête dans la même direction que son Père. Il aperçut alors cette fameuse personne qui errait seule dans un coin de la salle sans que personne ne lui prête attention. Un jeune homme d'une vingtaine d'années plutôt fin, voir maigre avec une chevelure dorée qui tombait en cascade sur ses frêles épaules. Pourtant aucun doute avec sa tenue : il était un invité. Il portait une tunique faite d'une étoffe voilette et précieuse agrémentée de broderies alambiquées bleues d'artisan. Simple, épurée mais efficace. Il paraissait si gracile qu'il pourrait s'envoler au moindre vent. Hilmes n'avait jamais vu une telle personne, on aurait dit un ange.
« Père vous croyez que c'est un humain ? - Pourquoi dis-tu ça ? Demanda-t-il en riant. - On dirait une statue de marbre ! S'exclama-t-il sur un ton d'évidence. - Vous parlez de l'oméga ? Zaïd je crois, déclara Bahman. - Il est oméga vous dîtes ? Demanda Osloes. C'est pour cela que je ne l'ai pas vu…Dit-il songeur. Comment se fait-il qu'il soit seul ? Son mari n'est pas avec lui ? - Le seigneur Saeed semble occupé, dit-il embarrassé en jetant un coup d'œil dans la salle. »
Tous deux suivirent le regard de Bahman, en effet le seigneur Saeed était occupé à boire et enlacer des serveuses. Hilmes ne comprenait pas bien ce qu'il se passait mais cela agaçait son Père qui poussa un grognement.
« Père que voulez-vous dire par « son mari » ? N'est-ce pas un homme ? Demanda-t-il. - Non c'est n'est pas un homme : c'est un oméga ! Cracha son oncle avec mépris. - Calme-toi mon frère ! Je n'aime pas ce genre de remarque, répliqua-t-il. - Qu'est-ce qu'un oméga ? Interrogea le prince. - C'est étrange que ton précepteur ne te l'ait pas encore expliqué, dit le roi. Eh bien comme tu le sais il y a deux sexes : homme et femme qui sont définis dès naissance. Ensuite il y a un deuxième type qui se développe vers les onze-douze ans voir jusqu'à quatorze ans. Trois choix possibles : alpha, béta et oméga. Les bétas sont les plus nombreux, ça n'a pas vraiment d'influence sur leur vie. Ensuite les alphas : ils sont naturellement dominant et très souvent ils occupent des postes importants comme ton oncle, Bahman ou bien moi-même. Il y a de grande chance pour que tu en sois un aussi. Et puis il y a les omégas, les moins nombreux, qui s'opposent naturellement aux alphas, avec un caractère assez soumis et dociles… Les hommes omégas peuvent de porter l'enfant de leur alpha, que ce soit un homme ou bien une femme. Voilà dans les grandes lignes, expliqua le roi à son fils qui l'écoutait attentivement. - Cela veut dire que si je suis un alpha, je vais être marié à un oméga ? -Hum… - Cela ne serait pas une bonne idée… Amener un oméga dans la lignée royale augmente les risques d'avoir des enfants omégas ! Ce sont des héritiers inutiles, grogna Andragoras. - Pourquoi ? Demanda innocemment le prince. - Car ils sont inutiles ! Ce sont les femmes qui portent les enfants et non les hommes, un homme comme ça n'est qu'un sous-hom- - Il suffit ! S'exclama Osloes. Cesse de proférer des horreurs pareilles ! Je t'interdis de redire cela ! »
Ce soudain éclat de voix attira l'attention des personnes aux alentours. Andragoras s'assombrit mais préféra faire bonne figure et se retira sans rien ajouter. Ce comportement énervait Osloes, il aurait préféré que son fils n'entende pas ce genre de chose de la part de son oncle. Hilmes le regardait avec une mine inquiète et interrogative. Des paroles encore abstraites pour un enfant. Il ne devait pas comprendre ce que cela signifiait mais l'animosité d'Andragoras contre les omégas suffisait à elle seule pour mener un jeune enfant sur les chemins tortueux de la haine. Il préférerait que son fils reste hors de ça.
Toute la soirée il surveilla de loin Zaïd qui passait la soirée seul malgré ses nombreux regards en direction de son alpha. Ce dernier ne lui prêta aucune attention trop occupé à peloter des serveuses ou des danseuses.
Zaïd se sentait terriblement seul. Personne ne lui parlait, tout le monde agissait comme s'il n'existait pas et Saeed le premier. Il faut dire que sa mine ne devait pas être très encourageante. Depuis leur arrivé le matin même son époux l'ignorait royalement. Rien de nouveau mais il avait espéré qu'au moins pour cette cérémonie il ferait l'effort de rester à ses côtés… Encore une fois il en avait trop espéré… Il se recroquevilla sur lui-même. Il se mordit les lèvres pour ne pas pleurer. Depuis le début leur mariage était voué à l'échec, Saeed ne voulait pas épouser d'oméga et encore moins un homme.
L'affreux souvenir de leur nuit de noce lui revint en mémoire : Saeed complètement saoul et la douleur qui le déchirait… Le lendemain matin fut plus horrible encore. Saeed se réveilla après avoir décuvé et le dévisagea comme s'il était un monstre : « Tu n'es qu'un être abject ! » Voilà la seul chose qu'il lui dît avant de partir.
Depuis il évitait son regard, ne lui parlait pas, refusait tout simplement rester dans la même pièce que lui. Ils ne partageaient jamais le même lit hormis pour la seule chaleur qu'il avait eu. Ils étaient mariés depuis seulement deux mois, pourtant il lui semblait que les années marquaient déjà son visage qui se creusait au fils des jours. Son corps se vidait de toute énergie. Lui qui jadis souriait pour un rien ne savait plus comment faire. Il mangeait si peu que ses os finissaient par percer sous sa peau. En à peine deux mois il était devenu une épave et sa situation ne risquait pas de s'arranger… Son alpha l'avait marqué : ils ne pouvaient plus revenir en arrière. Seulement son alpha refusait de l'approcher… Il se mourrait depuis. Il savait parfaitement qu'il ne tiendrait pas longtemps à ce rythme-là… Il lui fallait son alpha.
Un homme s'approcha de lui en titubant. La puanteur de l'alcool qui le suivait rebuta Zaïd. Cet homme commença à se montrer très insistant, ça ne lui plaisait pas du tout. Il jeta des regards suppliant en direction de Saeed. Il se glaça sur place. Leurs regards se croisèrent quelques secondes pourtant il vit dans ses yeux une lueur de dégout et de malveillance. Il prit le soin d'enlacer la femme se trouvant dans ses bras pour la serrer contre lui et, avec une terrible lenteur il l'embrassa sans pour autant rompre le contact visuel avec Zaïd. Cette fois il ne put retenir ses larmes. Il ne remarquait plus l'homme qui le harcelait, ni même que quelqu'un vient à sa rescousse.
Sans savoir comment il se retrouva à l'extérieur de la salle du trône. Il entendait quelqu'un lui parler sans pour autant comprendre ce qu'on lui disait. Il lui fallut quelques minutes avant de voir qui se tenait en face de lui, il poussa un cri de surprise lorsqu'il reconnut le roi.
« Votre Majesté ? S'exclama-t-il. - Vous m'entendez enfin ? Demanda-t-il soulagé. Vous vous sentez bien ? - Je vais bien ! S'exclama-t-il. Juste un peu de fatigue, vous n'avez pas à vous en faire je… »
Zaïd était terriblement embarrassé, il se demandait pourquoi le roi s'inquiétait pour lui.
« Vous êtes encore très pâle, je vais vous raccompagner à votre chambre, dit-il simplement. - Ce n'est pas nécessaire ! Je ne voudrais pas abuser de votre temps et puis vous en avez fait suffisamment… Je vous en remercie, dit-il en s'inclinant. Je suis très honoré que vous ayez pris le temps de vous soucier de ma personne. »
Depuis cette discussion Osloes ne pouvait plus détacher ses yeux de Zaïd. Le désespoir qui se lissait dans sur son visage l'inquiétait.
Hilmes n'avait jamais vu son Père agir ainsi : c'était très étrange. Il demanda au seigneur Saeed de rester pour quelques raisons diplomatiques mais il passait son temps à scruter son époux Zaïd. Du haut de ses huit ans Hilmes comprenait bien que ces deux-là ne formaient pas un couple heureux ou au moins « normal ». Peut-être parce que c'était deux hommes ? Cela l'interrogeait beaucoup depuis qu'ils avaient découvert que deux personnes du même sexe pouvaient se marier. Il n'avait jamais vu de tel couple pourtant Bahman lui assura qu'il existait beaucoup des couple ainsi : Saeed et Zaïd n'étaient pas un cas isolé. Seulement la plupart du temps les couples alpha-oméga sont très fusionnels mais comme tous les mariages arrangés, cela ne se passe pas toujours bien.
Hilmes surprit à plusieurs reprises son Père en compagnie de Zaïd à l'abri des regards dans les jardins. Il les trouvait souvent assis l'un près de l'autre. Son Père enlaçait tendrement ses mains dans les siennes, les embrassait sans se soucier des protestations de son vis-à-vis. Hilmes n'avait jamais vu son Père si attentionné. Une fois il les vit s'embrasser, Osloes le serrait étroitement contre lui.
« Votre Majesté, protesta-t-il, vous ne devriez pas… Je ne suis pas… Je… Bégaya-t-il. - Cessez de dire des bêtises… Dit-il en l'embrassant à nouveau. - Je suis marié Majesté, je… Cela va vous attirer des ennuis… - Sans vouloir vous vexer, je ne pense pas que votre mari s'en soucie, murmura-t-il. - Vous avez raison mais… Il n'en reste pas moins mon époux. Je ne peux pas continuer à faire ça, dit-il en baissant la tête. - Vous savez ce qui vous attend si vous continuez ainsi, n'est-ce pas ? - Oui, je le sais pertinemment… - Alors pourquoi ne pas profiter de ses derniers instants ? »
Zaïd semblait rongé par le dilemme. Hilmes ne comprenait pas les mots de son Père ni son air peiné. Les jours s'écoulaient et Hilmes voyait Zaïd maigrir et se faner un peu plus chaque jour. Son Père lui consacrait tout son temps maintenant, Hilmes en devenait peu à peu jaloux mais il se rendit compte que l'état de Zaïd empirait de jour en jour.
En à peine semaine il se retrouva cloué au lit sans plus pouvoir se relever. Hilmes fut choqué en le voyant ainsi. Il était parti en quête de son Père à travers le palais et comme il passait son temps avec Zaïd il espérait le trouver avec ce dernier. Voilà comment il tomba sur un Zaïd méconnaissable avec les yeux vides et humides comme s'il pleurait sans pour autant verser des larmes.
« Votre Altesse ? Veuillez m'excuser de ne pouvoir vous saluer comme il se doit… - Ce n'est rien, vous devez vous reposer. Je cherchais mon Père, savez-vous où il se trouve ? Je pensais qu'il serait avec vous… Bouda-t-il. - Il était là il y a une heure mais il n'est pas revenu depuis… - Je vois, je vais vous laisser dans ce cas, dit-il en repartant. - Excusez-moi mais… N'auriez-vous pas vu mon époux Saeed par hasard ? - Ah non, je suis navré. - Ah, merci. »
Les larmes qui attendaient patiemment au coin de ses yeux coulèrent sur ses joues. Hilmes ne comprenait pas ce qui arrivait mais une vague d'émotions submergea Zaïd. Il ne savait plus s'il devait partir ou non, mais que pourrait-il bien lui dire pour le réconforter ? Il ne le connaissait pas, il ne savait rien de la nature exacte de la relation qu'il entretenait avec son Père. Il sursauta en entendant la porte claquer violement. Osloes entra en trombe dans la chambre, les poings serrés. Il manifestait clairement sa colère et son agacement, il s'apprêtait à pester quand il vit les larmes rouler sur les joues de Zaïd. Il remarqua à peine la présence de son fils dans la chambre et alla aux côtés du soufrant. Il se calma au fur et mesure qu'il se rapprochait mais Zaïd grimaçait tout autant à chaque pas qui les rapprochaient.
« Il ne viendra pas, n'est-ce pas ? Pleura-t-il. - Je le crains, répondit-il sombrement. »
Il commença à être secoué de sanglots, il fut bientôt impossible de l'arrêter. Son corps frêle s'agitait et devait le faire souffrir. Osloes s'assit sur le bord du lit à ses côtés tout en essayant de le calmer et le rassurer.
« Je le savais… J-je… Pourtant je pensais qu'il aurait fait l'effort… Au moins cette fois… Je-je… Merci d'avoir essayé. J'ai encore abusé de votre gentillesse, bégaya-t-il. »
Le roi lui caressa les cheveux avec douceur, cela l'apaisa un peu mais la tristesse se lisait toujours sur son visage.
« Vous n'êtes pas obligé de rester vous savez, vous en avez fait suffisamment pour moi… Je ne veux pas abuser de votre temps… - Je ne suis pas comme lui ! Je resterais avec vous jusqu'à la fin, si vous le voulez bien… Dit-il doucement. - Je… J-j'ai peur, avoua-t-il tremblant. »
Osloes le prit dans ses bras, Zaïd se laissa faire et l'enlaça en retour. Hilmes ne comprit pas ce qui se déroulait sous ses yeux mais quelques minutes plus tard Zaïd ferma les yeux pour ne plus les rouvrir.
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geekmamablog-blog · 7 years
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Ecouter au lieu de regarder
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Avec notre fils de 4 ans, la gestion de la télé ou des écrans en général est un sujet très sensible. Nous ne sommes pas contre les écrans, mais on essaye de réduire au maximum car dès qu'un écran est allumé notre fils est totalement absorbé et il est très difficile de le décrocher. J'ai des fois l'impression qu'il est hypnotisé par ce qu'il regarde et le fait d'éteindre l'écran déclenche souvent une crise incontrôlable. Du coup, il arrive que tous les écrans soient complètement interdits pendant plusieurs semaines. 
Heureusement, nous avons trouvé une alternative qui le captive tout autant, l'effet hypnotique en moins. Il s'agit tout simplement d'un lecteur CD (ok ce n’est pas vraiment une innovation...). Ce qui marche le mieux ce sont des histoires à écouter accompagnés d'un petit livre. Mais aussi les CD's de musique et de comptines. Ca fait longtemps que notre fils avait un lecteur CD, mais il s'agissait du typique  modèle pour enfant avec les deux micros (les trucs super moches aux couleurs fluo ou au design de la reine des neiges). Alors non, n'achetez surtout pas ces modèles! Nous en avons eu deux et je vois vraiment pas l'intérêt. Déjà il n'y a, en principe, pas de prise courant incluse, il faut en acheter une séparément. Bien sûr, ils fonctionnent aussi avec des piles, mais comme nos chères têtes blondes oublient souvent d'éteindre l'appareil, ben on se retrouve frustré devant un appareil qui ne fonctionne pas et si on a pas de piles de rechange en stock c'est le drame assuré. Deuxième inconvénient, le CD est à mettre à la verticale, ce qui est beaucoup plus difficile pour les petits enfants (non mais qui a eu cette idée de merde ?!). 
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On a donc acheté un lecteur CD standard et depuis c'est devenu l'un des passe temps favori de notre fils. On lui a installé un petit coin confortable dans son tipi et il y passe de longs moments à écouter sa collection de CD's (et nous des moments de répit sans la mauvaise conscience de le mettre devant un écran). Malheureusement les CD’s finissent souvent rayés, soit parce qu'ils sont mal rangés, soit car la petite soeur s'est amusée à les frotter contre le mur. Alors on a pris l'habitude d'importer les nouveaux CD’s sur notre ordinateur et de les mettre sur une clé USB qui peut aussi être lue par le lecteur CD. Au niveau des CD's, ce qu'il préfère c'est les histoires à écouter Disney. Elles durent environ 15 minutes et sont accompagnées d'un petit livre. Comme on est bilingue (ou plutôt on essaye) on achète des CD's en français et en allemand. 
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Le plus drôle c'est de l'entendre chanter sur des chansons folkloriques suisses-allemandes, même pas besoin de micro ;-). Et des fois on a même droit aux répliques d'ado du style: "je vais écouter de la musique dans ma chambre". Holly molly, ça c'est un peu trop pour mon petit coeur de maman... Mais j’adore le voir répéter les chansons pour apprendre les paroles.
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Et vous, comment occupez-vous vos enfants quand vous avez besoin d’avoir un moment pour vous?
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misslubaluft · 7 years
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Je dois me hâter maintenant. Un soir de décembre une fièvre nous avait clouées au lit, Rosie et moi. Peut-être était-ce un des clients qui sans le savoir nous avait contaminées. Encore furieuse contre nous, madame Irène n'avait pas jugé utile d'appeler un médecin. Les rayons du soleil en décembre commencent à être bas, allongent les ombres. La nuit tombe très tôt. Il souffle un vent glacial. Je tremble comme jamais encore, gelée par un froid que nulle couverture ne peut réduire. Les murs tanguent, se déforment comme pendant la tempête... Je transpire, j'ai mal partout. Privée de force... Terrassée par la fièvre j'étais tombée dans l'escalier, avant même les corvées.
Les rayons du soleil entrent dans la chambre, filtrés par les rideaux, teignent la pièce de rougeurs écarlates en fin d'après-midi. Les pensées errent sans cesse dans des labyrinthes sans issue, épuisées comme la lumière mourante qui ne cesse de décliner, jusqu'à céder sa place à un monde bleu et froid. Rosie toussait énormément, allongée dans le lit à côté du mien. Madame Irène s'était contentée de nous laisser à l'isolement dans cette chambre, attendant que la maladie soit passée. La fièvre est très forte. La cuisinière nous fait boire des tisanes. Rosie les vomit toutes. La fièvre a augmenté encore chez elle, pendant la nuit, je ne l'entendais plus tousser, elle était trop faible pour cela. Je la relançais parfois. Elle répondait d'une voix rauque, des mots incompréhensibles, dans son délire, et puis elle ne répondit plus, sa respiration était bruyante, comme un sifflement épuisé.
Mon propre délire dans cette nuit interminable a fini par se transformer en sommeil, pour une heure ou deux, je ne sais plus. À mon réveil, la cuisinière et madame Irène étaient au chevet de Rose. Les rayons du soleil pointaient à peine à l'horizon, assez pour éclairer la pièce. Je les voyais, debout, semblables à des statues. Rose devait être exsangue, n'était peut-être déjà plus consciente. Le souffle devait être très faible. Le domestique s'était hâté d'aller chercher le médecin, enfin, mais celui-ci en arrivant ne pouvait plus rien faire. Elle était morte avant son arrivée, dans son sommeil. Alors le docteur s'est occupé de moi. J'avais pu boire les tisanes, mon corps ne les avait pas refusées, ce qui m'avait sans doute sauvée, ralentissant la progression de la maladie. Un répit. Rosie n'y avait pas eu droit. Était tombée dans un grand fleuve, dans la nuit profonde. Maintenant je me retrouve toute seule... impossible à réaliser...
Et puis le délire reprend, comme un mauvais rêve. Le soleil charrie la lumière en un fleuve rouge sang. L'hiver est devenu glacial. Je me vois seule, debout au milieu des ronces et des herbes coupantes. Les feuilles sont grises, comme brûlées. Tout est sec, le vent entasse de petits monticules de poussière. Le vent fait claquer le tissu de ma robe, soulève des mèches de mes cheveux qui cachent mon visage. Me voilà en train de trembler dans le froid. La lumière décline, tout s'assombrit de plus en plus. Le vent s'insinue partout, de façon impitoyable. Je regarde derrière moi, la maison au loin, où brille très seule une petite lumière. C'est la dernière fois que je viens ici. Je cours, je foule cette terre, cette poussière ocre. Bientôt je serai partie. N'importe où, il le faut.
Il faut continuer comme si rien ne s'était passé. Ils ont emporté son corps, très tôt... Il n'y avait qu'un lit vide à côté du mien. Dans mon délire, je réalisais ce qui se passait, je voyais ce lit vide, aux draps défaits. Je pleurais en silence, parfois gémissante. La cuisinière venait me voir et caressait mon front poisseux de sueur, murmurant des mots que je n'entendais pas. Au bout de deux longues semaines, j'étais debout à nouveau, observant le paysage par la fenêtre. La maladie m'avait rendue plus maigre que jamais. Mes jambes me portaient à peine, je n'avais plus de force. Amélie est venue me chercher. M'a faite marcher un peu le long du couloir. Je semblais un spectre. Une des dames qui sortait d'une chambre m'a regardée, horrifiée malgré elle. Quelques jours plus tard j'avais retrouvé le grand salon. Madame Irène m'observe du coin de l’œil. Je suis très pâle, très raide, avec l'impression de flotter dans ma robe noire, le dos droit squelettique, regardant devant moi sans bouger la tête. Les cartes sont étalées sur la petite table. Un homme s'approche. J'essaye de sourire... 
Arabella Dinh, Histoire d’Autumn
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