キス と あい 9
Les mots de Priam retentissaient encore dans sa tête. Elle frotta alors son poignet qu’elle avait enroulé maladroitement dans ses bandages, et ne put s’empêcher de penser à lui… Pourquoi avait-il dit une chose pareille ?
« PARCE QUE JE VEUX PAS QU’IL TE TOUCHE »
Qu’est-ce que Flynn lui avait fait ?
« OUBLIE CE MEC, KALI ! »
Pourquoi devrait-elle l’oublier ?
« CE TYPE TE CONNAIT MÊME PAS AUTANT QUE MOI ! BORDEL ! »
Elle voulait tellement que tout s’arrange. Pour une fois que tout allait mieux dans sa vie… Cette fatalité appelée Destin avait-elle décidée de lui reprendre son bonheur ?
La petite Kali avait passé tout son samedi et son dimanche seule avec l’ennui dans son petit appart. Elle n’avait mangé que très peu, n’avait pas du tout rangé sa chambre et s’ennuyait profondément. La solitude, il n’y a rien de pire que la solitude. Pourtant, elle se forçait à ne pas penser à ça. Tout s’arrangera, hein ?... C’était dur pour cette petite maladroite de s’endormir. Elle culpabilisait toute la nuit du dimanche… Elle pensait avoir fait quelque-chose de mal. Elle ne comprenait pas. Et par-dessus tout, Priam lui manquait un peu… Les heures passèrent, elle n’arrivait toujours pas à dormir. Elle se leva et plaqua son front contre la vitre de sa fenêtre, un peu énervée. Elle fronça les sourcils, laissant deviner qu’elle en avait marre de tout ça. La lumière orangée des lampadaires éclairait le trottoir sombre et désert de toute humanité. Un nuage cachait la clarté de la lune. Le regard de Kali s’éclaira alors.
“Peut-être que…”
Elle ouvrit sa fenêtre en grand, et attendit debout devant. Il faisait un peu froid, mais il n’y avait pas de vent. Puis au bout d’un moment, elle retourna se coucher en laissant sa fenêtre grande ouverte, avec l’espoir que Priam revienne cette nuit…
Espoir sans fondements, Priam n’était pas venu et Kali se réveilla plus tôt que d’habitude à cause du froid qui régnait dans sa chambre. En y repensant, il y avait vraiment peu de chance qu’il revienne, vraiment peu… Bref, elle avait assez de temps pour se préparer, et elle commença par descendre et allumer la télé, et se rendit compte qu’elle n’avait pas touché à son portable depuis un bout de temps. En le consultant, elle vit un message de Flynn qui disait simplement « Pardon. » Elle fixa son bol de lait, pensive. Ce n’était pas à lui de s’excuser… Mais bon, elle s’occupera de ça plus tard. Elle finit de manger, prit son temps sous la douche, et se mit en route avec la ferme intention de récupérer ses précieux amis. La petite maladroite, en arrivant, se posta à l’habituelle place dans le hall où Priam l’attendait chaque matin. 8h00 n’allait pas tarder, et son ami aux cheveux obscurs n’arrivait pas. Elle décida de le chercher à l’intérieur. Le chahut des étudiants retentissait le long des couloirs. Les rires, les cris, les bousculades… Kali se fraya un chemin entre les jeunes agglutinés devant les casiers. Lorsqu’une sonnerie résonna. La foule se dissipa peu à peu. Plus personne. Pas de Priam. Elle soupira doucement, puis rejoint la salle de classe. Les minutes passèrent toujours sans Priam et Kali était couchée sur la table, le visage caché sous sa longue chevelure, elle n’écoutait déjà plus le professeur, sans prendre aucun stylo pour écrire. Les gens avaient tous très vite remarqué le changement d’humeur de la petite Kali. Elle qui souriait à longueur de journée, cette petite boule d’énergie, qui remonte le moral à quiconque croise sa bonne humeur, cette fille maladroite qui fait toujours tomber un crayon ou même parfois sa trousse… La seule fille qui s’est attachée à ce rebelle de Priam sans aucune raison. Aujourd’hui, elle était seule, triste, et sans motivation apparente. Ces sentiments étaient tellement communicatifs que tout son entourage se sentait mal aussi.
Une fille, assise juste à coté de Kali, lui donna des petits coups, avec son doigt, sur l'épaule
« Mais-euh ! » Grimaça Kali, en se retournant
C’était Morgane, une gentille fille, super intelligente que Kali admirait. Elle était jolie aussi. Kali l’aimait bien.
« T’as pas l’air dans ton assiette, ça va ? » Chuchota Morgane, inquiète.
Kali répondit par l’affirmatif en hochant doucement la tête. Elle avait envie de dire que rien n’allait. Priam n’était pas là. Flynn s’était même battu avec. Elle culpabilisait, elle voulait tellement les revoir…
« Qu’est-ce que tu t’es fait au poignet ? » Questionna Morgane.
Kali fixa sa main, tout en repensant à ce qu’il s’était passé.
« Je… »
Kali se retourna rapidement, en remettant sa tête dans ses bras. Priam la hantait. Elle n’en pouvait vraiment plus. Elle n’avait plus mal à son poignet. Même si sur le coup, Priam lui avait fait mal, c’était ses paroles qui l’avaient blessé plus intensément. C’était la première fois que son ami aux cheveux sombres lui criait dessus, les yeux noircis par la haine. Elle avait tellement peur quand il était en colère… Elle ne voulait plus le voir comme ça.
Une fois le cours terminé, Kali traversa le long couloir lumineux. Beaucoup s’étonnèrent de ne pas voir cette fille en compagnie de Priam. Ignorant les regards, elle marcha jusqu’à ce qu’elle aperçoive un garçon au loin qui semblait chercher quelque-chose. Il était grand, et ses vêtements lui sautèrent aux yeux. Kali se mit à courir vers le jeune étourdi, et s’agrippa à sa veste sans dire un mot. Le garçon se retourna, surpris, et constata la petite maladroite accrochée à lui. Kali, lui adressa un regard grave, elle voulait lui parler mais aucun son ne sortit de sa bouche.
« Tu dois être la petite Kali… » Dit-il alors
Elle hocha la tête, et continua à s’accrocher au jeune homme qui la fixait.
« Ed… Eden… » Articula Kali
Eden se mit à sourire, et observa la petite qui ne semblait pas vouloir se détacher de ses vêtements. Il posa délicatement une de ses mains sur la tête de Kali, toujours le sourire aux lèvres.
« Je crois qu’aujourd’hui, il a décidé de se reposer… » Dit simplement Eden
C’était évident. Kali aussi le pensait. Si Priam était introuvable, c’est simplement qu’il se reposait. Le simple regard de la petite Kali suffit à remercier Eden. Ce type là, il avait une étrange manière d’agir et de se vêtir, mais Kali était persuadée que c’était quelqu’un de bien, ça se sentait. Kali partit alors en courant toujours sans adresser la moindre parole au jeune garçon qui la regardait s’en aller.
« Haha, ils sont mignons… » Ria Eden, avant de repartir à la recherche d’un carnet perdu.
Tant pis pour les cours restant, Kali n’en pouvait vraiment plus. Priam est son ami. Elle avait besoin de son amitié coûte que coûte. Elle croisa un surveillant dans sa course et ignora ses futiles beuglements. Tout ce qui comptait, c’était de le retrouver.
Kali faillit glisser à multiples reprises sur les feuilles mortes qui ornaient les trottoirs. Elle se dirigeait vers l'immeuble de Priam. Du moins, elle essayait. N’ayant pas un très bon sens de l’orientation, elle se perdit très rapidement dans une rue qu’elle ne connaissait absolument pas. Elle prit la rue de droite, puis celle de gauche, encore celle de gauche, et continua tout droit… Avant de réaliser qu’elle était vraiment perdue. Elle s’assit à même le sol, et les larmes lui montèrent aux yeux. La culpabilité, la tristesse, la solitude, tout se mélangeait. A deux doigts de fondre en larmes, une voix la fit se retourner.
« Pleurnicharde. » Dit-elle froidement
Amy se tenait debout devant la petite perdue, les bras croisés, sourcils froncés. Elle soupira avant de répéter une nouvelle fois,
« T’es vraiment une pleurnicharde. »
D’un geste gracieux, la grande blonde repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille. Pour une fois, elle n’était pas accompagnée de ses deux autres copines. Mais sa présence dérangeait Kali, qui se sentait déjà très mal. Cette dernière s’essuya les yeux humides, et fixa Amy avec effroi.
“Me regarde pas comme ça !
- Pa…Pardon… S’excusa Kali, déstabilisée
- Qu’est-ce que tu fous devant chez moi ? Demanda Amy, de manière agressive
- Je… Priam… Il est…”
Les larmes remontèrent une nouvelle fois, Kali ne put terminer la phrase qu’elle avait entamée. Une forme de colère se dessinait sur le visage de la blonde. Elle s’avança près de Kali, lui tira un bras afin de la mettre debout, et la gifla violement.
“J’EN AI MARRE DE TOI ! TU MONOPOLISES PRIAM ! T’ES QU’UNE GAMINE… N’IMPORTE QUI AIMERAIT SORTIR AVEC MOI ET MALGRÉ TOUT C’EST TOI QU’IL AIME ! ... JE TE DÉTESTES ! TU AS TOUT POUR ÊTRE HEUREUSE ET TU TROUVES QUAND MÊME LE MOYEN DE CHIALER DEVANT MOI !”
Kali ne sut quoi dire et ne sut quoi faire à cet instant. Amy se mordit la lèvre inférieure, serrait ses poings aussi forts qu’elle put, et se mit dos à Kali.
La grande blonde était hors d’elle. Après tout, elle voyait bien que Kali ne cherchait pas à faire du mal, cette petite fille était mignonne et innocente… Depuis le début, c’était un jeu pour Amy et ses copines de draguer tout les mecs du lycée, histoire de prouver que son charme était à toute épreuve… Jusqu’à ce que Priam résiste à ses avances. Si Amy réussissait à sortir avec ce type, elle gagnerait sans doute le respect de tout le lycée. Mais à partir de cet instant, elle se rendait compte qu’elle avait perdu. Atroce, cette défaite qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Atroce, cette sensation d’avoir été battue par une personne moins armée. Atroce, simplement atroce. Sans s'en rendre compte, les larmes coulaient déjà sur les joues d’Amy. Kali se sentie encore plus mal à l’aise qu’elle l’était déjà. Elle attrapa la main de la blonde, et la serra chaleureusement.
“Ne pleure pas toi aussi… Dit gentiment Kali
- De…De quoi tu te mêles… Dégage ! J’abandonne Priam !
- Pardon… Priam ne m’appartient pas… J’ai seulement besoin de lui. Avant de venir ici, j’étais seule, mes parents ne s’occupaient pas de moi … Mais dans mes années dans un autre lycée, j’ai rencontré une fille… Elle avait vu que j’étais toujours toute seule, et que j’étais très timide, elle voulait devenir mon amie… Elle m’avait dit que la solitude était la pire des choses de ce monde, alors on est vite devenues meilleures amies mais... Elle est décédée d’une maladie, il y a quelques années maintenant, et... Et avant de mourir... Elle… Elle m’a fait promettre de toujours rendre les autres heureux, et … De toujours sourire… J’ai rencontré Priam, il avait l’air tellement seul… Personne dans ce monde ne mérite d’être seul, alors… J’ai voulu être amie avec lui, le faire sourire, le rendre heureux, mais au contraire… Je… Je rends tout le monde malheureux… Lui, Flynn… Maintenant toi… Alors je suis désolée… Je suis vraiment désolée Amy…”
Amy avait été méchante avec Kali, et malgré toutes ses menaces, cette petite maladroite venait de se confier à elle. Elle ne comprenait vraiment pas comment cette fille pouvait être aussi gentille, si adorable avec tout le monde.
La petite Kali prit alors la blonde dans ses bras, et pleura un bon coup. Toute cette gentillesse fit pleurer Amy à son tour. Les deux filles se serrèrent fort l’une contre l’autre, partageant leur chagrin ensemble. L’instant d’après, elles se lâchèrent, et s’assirent côte à côte sur le rebord du trottoir.
“Tu as vraiment tout pour me taper sur les nerfs.” Dit alors Amy.
Kali releva la tête. Amy lui sourit gentiment.
“Priam doit vraiment beaucoup tenir à toi, c’est moi qui m’excuse…” Continua t-elle
La blonde soupira, puis, pointa du doigt un immeuble au loin que Kali reconnu immédiatement.
“A mon avis, il doit être chez lui…
- Merci… Merci Amy
- Je te préviens d’une chose.
- … ?
- Ce qui vient de se passer ici, restera ici. Pas question que je vienne te saluer au lycée, je continuerai à te chercher des ennuis dès que j’en aurai l’occasion. Personne ne saura que je t’ai parlé à toi ! ON EST D’ACCORD ?!”
Kali sourit alors. Au fond, Amy était gentille…
Les deux jeunes filles s’étaient liées d’amitié. Mais en surface, aux yeux de tous, elles seraient deux ennemies. Kali partit en direction du logement qu’avait indiqué Amy à l’instant.
La maison de Priam.
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