Tumgik
#premières couvertures que je fais ! >< (et que je ne dessine pas moi-même)
lilias42 · 2 years
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Mes WIPs version Penguin Classics
Merci beaucoup @ladyniniane de m'avoir tagguée ! ça m'a donné l'occasion d'enfin trouvé un titre à mes histoires ! (je plaide coupable de jamais leur en donner un avant de poster tout ^^')
Le principe ? Utiliser ce générateur pour donner à vos WIPs des couvertures de la collection Penguin Classics.
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Tableau d'origine : Jeune femme écrivant une lettre de Gerard ter Borch (1655)
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Bon ! Pour mes histoires, on a :
-Evidemment, ma réécriture de la route CF dans Fire Emblem Three Houses qui se concentre surtout la relation entre Rodrigue et Félix (ainsi que sur leur famille... et autre autre car, oh ! oh ! Y a du monde qui s'est rajouté la fête !) On les suit tous les deux depuis l'enfance de Rodrigue (l'introduction, c'est le jour où il apprend que son père est mort assassiné pour protéger le roi... faudrait que je poste cette intro un jour d'ailleurs... quand ce sera prêt, évidemment...) Honnêtement, je n'avais aucune idée de comment l'appeler alors, en tournant un peu, je me suis rendu compte que c'est beaucoup sur les liens qu'on les uns et les autres entre eux, mais aussi avec le passé, l'espace vu qu'il y a aussi de l'affection pour la terre où on vie et son histoire... donc, "les liens sont éternels", ça colle relativement bien... j'espère. En tout cas, les loups étaient obligatoires sur la couverture !
-Ensuite, c'est pas sur Tumblr, c'est même en grosse pause à cause de ce que j'écris sur FE3H (et parce que ça fait... plus de 5 ans que j'écrivais dessus sans m'arrêter, même si on changeait d'histoire donc, une pause était bien méritée) : "Les Chroniques de Terria" ! C'est plus une série d'histoire qu'un livre isolé mais, ça raconte à la base l'histoire d'une fratrie de triplés qui vit sur une ile occupé par leur voisin, le pays de Bra, alors que l'infante de ce Royaume est une gamine pourrie gâtée et inconsciente des réalités, manipulée par sa mère la régente pendant sa minorité, qui fait tout pour garder le pouvoir. Petit à petit, on voyait l'ile se libérer avec eux de l'envahisseur, ainsi que les actions à Bra pour se débarrasser de l'infante Viviane, ainsi que sa relation avec son demi-frère Alexandre, fils bâtard de son père avec son véritable amour. Le tout sur fond de tension entre les humains et les personnes dotées de pouvoir magique (les draoidhs) qui sont discriminé à Bra (Alexandre en est un par exemple mais, il doit le cacher), les esprits s'occupant de la nature, et les habitants des mers, et avec en histoire de fond des évènements étrange qui annonce le retour de Lilith, le diable, ainsi que le rôle d'une autre fratrie de triplés (oui, j'aime les triplés, c'est pratique pour avoir toutes les compétences d'un groupe et toujours quelqu'un avec qui discuté ^^') gouvernant eux le grand et saint pays de Rus', dont les pouvoirs réputés divins les rendent capables de donner forme, corps et esprit à tout ce qu'ils imaginent... oui, un sacré bazar mais juré, ça va quelque part ^^' (et aussi, c'est plusieurs histoires distinctes à des moments différents, lié entre elle par l'intrigue du Diable pour certaines donc, ça passe mieux !)
Faudrait que je reprenne à l'occasion pour remettre les idées que j'ai eu entre temps et affiner tout ça vu que bon, ça se sent que c'était une histoire que j'ai écrite au lycée. Michelle Ailleagan est une des personnages, même si elle est assez secondaire mais, elle et sa famille sont de bons scribes alors, c'est comme si c'était elle qui avait tout écrit (et Sacha Seyr - mon nom de plume hors Tumblr, c'est pas du tout mon nom IRL - était celle qui traduisait ses écrits en français)
-enfin, 3ème couverture "Je t'appellerais "Sourire"..." c'est ma première histoire écrite (et finie) sur FE3H ! Et inspiré par ce fanartjuste génial ! Même si dans l'histoire, cette scène n'arrive jamais, c'est juste ce qui m'a donné l'idée d'écrire une histoire où Glenn était le chevalier macabre... ce qui serait bien plus logique en fait. Emile serait autorisé à être plus jeune que Mercedes afin qu'elle soit vraiment une grande soeur qui aurait pu s'occuper de lui, ça aurait fait un ennemi encore plus intime pour Dimitri ainsi que le faerghus four (qui aurait pu être autorisé à plus exister hors soutiens et quelques mentions par-ci par-là de l'exploration ou quand ils ne sont pas recruté) : c'est la personne qu'il aime profondément, qui l'a protégé à Duscur,et il le retrouve quand il est devenu une marionnette à peine vivante de leur ennemi - tout en lui confirmant que ses hallucinations sont bien le fruit de son esprit et pas de vrais fantômes - qu'il doit vaincre afin d'en finir avec la Tragédie et enfin l'enterrer, tout comme ces amis (surtout Ingrid et Félix), notamment en le dépassant alors qu'il a toujours été leur modèle inatteignable, surtout pour son petit frère. Tragique, mais ce serait bien dans le ton d'AM (et encore plus AG [je te regarde très fort pour la mort de Rodrigue !]). Pour compenser, on peut même faire en sorte que si le joueur découvre que le chevalier macabre est Glenn ou fait un paralogue où on a des indices sur son ancienne identité (genre, celui d'Ingrid pour enlever celui qu'elle partage avec Dorothéa), cela sauve Rodrigue de Flèche. Pour les paralogues aussi, on pourrait s'arranger pour que tout le monde en est un dans cette configuration !
Et pour les actions de Glenn, on enlève le côté méchant ultra méchant avec des phrases clichés et le côté "mais il est mignon en aimant les chats-euh !" de Jeritza ! Soit, on part sur un soldat muet, silencieux, qui distribue la mort en silence et sans un mot avec ces animations qui le font ressembler à une marionnette dont on tire les fils, et sa mise à mort est plus une délivrance qu'autre chose car, les agarthans n'utiliseront plus son corps et sa force qu'il utilisait avant pour aider les autres pour faire le mal, où lui-même sourit de soulagement que ce soit fini en revoyant ses proches une dernières fois ; soit on part sur un soldat amnésique qui se bat avec les méchants parce qu'il n'a pas le choix mais, n'éprouve aucun plaisir à faire ce qu'il fait mais, est intrigué par plusieurs de nos élèves, puis il meure en retrouvant la mémoire.
Pour cette histoire, j'étais parti sur cette deuxième option : Glenn était récupéré par Pan à Duscur mais, pour le faire survivre, il l'a recouvert de prothèses mécaniques qui lui permettre de survivre avec un sérum fabriqué avec le pouvoir de Thalès afin que la magie circule dans ces circuits, sérum qu'il doit boire une fois par semaine au début, ce qui l'enchaine à Shambala. Il n'en boit plus, il meure, point. On se concentre plus sa relation avec Pan qui lui aussi finit de développer ses émotions, à les comprendre et à les accepter (d'où le sous-titre), notamment pour son affection pour Glenn à qui il prétend être son oncle pour le manipuler au départ, avant de vraiment le considérer comme son neveu, même si le travail a déjà été commencé sous Loog et ses compagnons (surtout Loog d'ailleurs). Glenn a également quelques flashs et des sensations étranges quand il revoie / revit des choses en lien avec son passé. Le titre vient d'ailleurs de son seul souvenir : le sourire de son petit frère mais, comme il ne se souvient que de cette expression et pas de son possesseur, il l'appelle "Sourire" en attendant de le retrouver.
Il faudrait aussi que je reprenne cette histoire pour refaire tout le premier jet, vu que mes idées ont bien évolué depuis le temps et que j'ai eu d'autres idées en cours de route !
Et je crois que j'ai fait le tour... ah non ! Bon, c'est plus du tout un travail en cours mais, il faut que je trouve l'occasion / la bonne histoire pour réutiliser trois personnages que j'adore : Nissim, Ariel et Esther Malak ! Oui, encore des triplés, je fonctionnais pas mal sur archétypes que je faisais varier à ce moment-là. Ici, c'est la variation de mon groupe de personnage "triplés" sur une version maléfique. Car y a pas à dire, et y a pas d'autres mots pour les désigner, ce sont d'énormes connards ! Ils ont eux-mêmes choisi d'utiliser le mot "ange" en hébreux pour faire leur nom de famille mais, ne vous y fiez pas, c'est de la publicité mensongère ! Ils font partie de mes persos les plus sans morale, toute histoire confondue !Ce sont plus ou moins les dieux du temps et ils peuvent le manipuler à leur guise : la benjamine Esther contrôle le passé, le cadet Ariel le présent et l'ainé Nissim le futur, ce qui leur donne une certaine omniscience mais, ce qu'ils préfèrent, c'est jouer sur les probabilités que certains évènements arrivent en manipulant les mortels pour que l'histoire soit plus amusante. Ils sont donc autant capable d'aider les protagonistes que les antagonistes tant que l'histoire est amusante, tout en leur mettant des bâtons dans les roues pour la corser. Ils étaient donc complètement imprévisibles, ne perdaient jamais leurs moyens, étaient ultra classe et avaient une logique assez pétée et tordue car, tout ce qu'ils voulaient, c'était rire un bon coup en commentant les actions des mortels qui se débattent avec leur vie manipulée par des créatures bien plus puissantes qu'eux (bref, les Malak, c'était Rumpelstilzchen dans Once Upon a Time... celui des deux premières saisons en tout cas, j'ai juste vu celles-là de mémoire et pour les dernières, c'est parti en cacahuètes de ce que j'ai compris donc, pas envie de tout voir)
Oui, les Malak étaient complètement pétés, je les ai créés pour une histoire que je m'étais forcé à faire sur Wattpad car tous mes amis y écrivaient aussi, histoire que je n'aime plus du tout, et quand j'en ai parlé quelques années plus tard à une autre copine hors de ce cercle, elle m'a dit que "oui, y a toujours des maitres du temps pourris dans les premiers histoires qu'on fait" (ou quelque chose du genre)... mais je les aime moi ces trois grands tarés complètement pétés ! Ils sont peut-être pourries ou banaux ou ultra classique ou je ne sais quoi mais, je les aimes quand même ! Surtout que c'est quasi les seuls de mes personnages à assumer être des méchants qui font ce qu'ils veulent car, ils le peuvent et que personne ne peut les en empêcher ! Donc, plus qu'un WIP, ce serait plutôt trouvé l'idée d'une histoire où ils s'insèrent bien et où ils pourraient faire leur JDR grandeur nature en toute tranquillité (ou alors, ils restent l'origine des distorsions temporaires et autres UA dans ma tête ^^')
Pour les tags… je sais pas trop honnêtement, j'ai pas envie de forcer ou exposer les gens donc, c'est la porte ouverte à qui veut bien s'y coller ! :D (même si j'aimerais bien voir des couvertures du genre pour les histoires de blog que je suis, comme recurringwriter dont j'ai lu plusieurs histoires ou emilyliuwho - surtout que j'adore ces dessins ! Ils sont si beaux ! - mais bon, comme je ne les connais pas, je préfère éviter de les tagger).
En espérant que ça vous a plus en tout cas ! Et encore merci de m'avoir tagué Ladyniniane ! :D
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traitor-for-hire · 4 years
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Le Camp Laurence
Beth était la receveuse des postes, car étant le plus souvent à la maison, elle pouvait s'en occuper régulièrement, et elle appréciait beaucoup sa tâche quotidienne de venir déverrouiller la petite porte et distribuer le courrier. Un jour de juillet elle rentra avec les mains pleines, et traversa la maison en déposant lettres et paquets, comme le facteur.
« Voici ton bouquet, Mère, Laurie ne l'oublie jamais, » dit-elle en disposant les fleurs fraîches dans le vase du « coin de Marmee », toujours approvisionné par l'affectueux garçon.
« Miss Meg March, une lettre, et un gant, » continua Beth en livrant les articles à sa sœur, qui était assise près de leur mère pour coudre des manchettes.
« Quoi ? J'ai laissé une paire là-bas, et en voici un seul, dit Meg en regardant son gant de coton gris. Tu n'as pas laissé tomber l'autre dans le jardin ?
—  Non, j'en suis sûre, il n'y en avait qu'un dans le bureau de poste.
—  Je déteste avoir des gants dépareillés ! Peu importe, on pourra peut-être trouver l'autre. Ma lettre n'est que la traduction d'une chanson allemande que je voulais. Je suppose que c'est Mr. Brooke qui l'a faite, ce n'est pas l'écriture de Laurie. »
Mrs. March jeta un coup d'œil à Meg, si jolie dans sa robe de guingan, avec les petites boucles qui retombaient sur son front, et si féminine derrière sa table à ouvrage couverte de rouleaux blancs soigneusement ordonnés. Inconsciente du tour qu'avait pris les pensées de sa mère, elle cousait en chantant, l'esprit plein de rêves de jeune fille aussi frais et innocents que les fleurs qui ornaient sa robe ; et Mrs. March sourit, satisfaite.
« Deux lettres pour Docteur Jo, un livre, et un drôle de vieux chapeau qui recouvrait tout le bureau de poste, » dit Beth en entrant dans l'étude où Jo écrivait.
« Quel gros malin, ce Laurie ! J'ai dit que j'aurais aimé que la mode soit aux grands chapeaux, parce que je prends des coups de soleil dès qu'il fait chaud. Il a dit, "Pourquoi se soucier de la mode ? Porte un grand chapeau, et sois à l'aise !" Je lui ai dit que je le ferais, si j'en avais un, et il m'a envoyé celui-ci pour me tester. Je le porterai, pour m'amuser et lui montrer que je me moque de la mode. » Après avoir posé l'antique chapeau à larges bords sur un buste de Platon, Jo lit ses lettres.
L'une, venue de sa mère, lui mit le feu aux joues et lui emplit les yeux de larmes, car voici ce qu'elle disait :
« MA CHÉRIE,
« Je t'écris ce petit mot pour te dire avec quelle satisfaction je vois les efforts que tu fais pour réformer ton caractère. Tu ne dis rien de tes épreuves, de tes échecs ou de tes succès, et tu penses peut-être que nul ne les voit en dehors de l'Ami dont tu demandes l'aide quotidiennement, à en juger par la couverture bien usée de ton petit livre. Mais j'ai tout vu, moi aussi, et je crois de tout mon cœur en la sincérité de ta résolution, puisqu'elle commence à porter ses fruits. Continue, ma chérie, courageusement et patiemment, et sois toujours sûre que personne ne sympathise davantage avec toi que ta mère aimante. »
« Voilà qui me fait du bien ! Cela vaut bien des millions de dollars, et des boisseaux de louanges ! Oh Marmee, je fais de mon mieux ! Je vais continuer d'essayer, et de ne pas me lasser, puisque tu es là pour m'aider. »
Reposant la tête sur ses bras, Jo laissa tomber quelques larmes de joie sur son petit roman, car elle avait effectivement pensé que personne ne remarquait ni n'appréciait ses efforts pour être bonne, et cette lettre lui était doublement agréable, car inattendue et venue de la personne dont l'approbation lui était la plus précieuse. Se sentant plus forte que jamais pour affronter son Apollyon, elle épingla la lettre dans son corsage, comme un bouclier et un rappel, de peur d'être prise au dépourvu, et ouvrit son autre lettre, prête pour toute nouvelle, bonne ou mauvaise. De son écriture grande et élégante, Laurie avait écrit,
« CHÈRE JO,
« Salut !
« Quelques garçons et filles d'Angleterre viennent me voir demain, et je veux passer un bon moment. Si le temps le permet, je planterai ma tente à Longmeadow, et nous y irons tous en canot pour pique-niquer et jouer au croquet - faire un feu à la bohémienne, et avoir toutes sortes d'aventures. Ce sont des gens sympathiques, qui aiment ce genre de choses. Brooke viendra, pour garder les garçons à l'œil, et Kate Vaughn veillera sur les filles. Je veux que vous veniez toutes, même Beth, à tout prix, et personne ne l'embêtera. Ne vous souciez pas des provisions - je m'en occupe, et de tout le reste - mais venez, soyez gentilles !
« Ton LAURIE, très pressé. »
« En voilà une bonne nouvelle ! » s'écria Jo en se précipitant pour l'annoncer à Meg. « Bien sûr que nous pouvons y aller, n'est-ce pas, Mère ! Ça aidera beaucoup Laurie, car je peux ramer, et Meg aider au dîner, et les petites seront utiles d'une manière ou d'une autre.
—  J'espère que les Vaughn ne sont pas des gens trop raffinés. Sais-tu quelque chose à leur sujet, Jo ?
—  Seulement qu'ils sont quatre. Kate est plus âgée que toi, Fred et Frank, des jumeaux, ont à peu près mon âge. Et il y a une petite fille, Grace, qui a neuf ou dix ans. Laurie les a connus en Europe, et s'est pris d'amitié pour les garçons ; j'ai cru comprendre, à la façon dont il fait la moue en parlant d'elle, qu'il n'apprécie pas trop Kate.
—  Je suis si heureuse que ma robe à imprimé soit propre ! C'est juste ce qu'il faut, et elle me va très bien, observa Meg avec complaisance. As-tu quelque chose de décent, Jo ?
—  Mon habit de canotage gris et rouge, bien assez bon pour moi ; je veux ramer et bâtifoler, aussi je ne veux rien d'empesé. Tu viendras, Bethy ?
—  Si tu ne laisses aucun des garçons me parler.
—  Pas un seul !
—  J'ai envie de faire plaisir à Laurie, et je n'ai pas peur de Mr. Brooke, il est si gentil. Mais je ne veux ni jouer, ni chanter, ni parler. Je travaillerai dur, et ne gênerai personne, et tu prendras soin de moi, Jo, alors j'irai.
—  Bravo ! Tu essaies de combattre ta timidité, et je t'aime encore plus pour cela. Il n'est pas facile de lutter contre ses défauts, je le sais bien, et un mot d'encouragement aide beaucoup. Merci, Mère, » et Jo donna un baiser reconnaissant à la joue maternelle, bien plus précieux à Mrs. March que s'il lui avait redonné l'éclat de la jeunesse.
« J'ai eu une boîte de truffes au chocolat, et la gravure que je voulais copier, » dit Amy en montrant son courrier.
« Et j'ai eu une note de Mr. Laurence qui me demande de venir jouer pour lui ce soir, avant qu'on allume les lumières, et je n'y manquerai pas, » dit Beth, dont l'amitié avec le vieux monsieur faisait de grands progrès.
« Maintenant mettons nous à l'ouvrage, et faisons le double de travail aujourd'hui, pour pouvoir jouer l'esprit libre demain, » dit Jo en se préparant à remplacer sa plume par un balai.
Quand le soleil pointa dans la chambre des filles, tôt le lendemain matin, annonciateur d'une belle journée, il fut accueilli par un spectacle des plus comiques. Chacune s'était préparée pour la fête de la manière qui lui avait semblé la plus appropriée. Meg avait une rangée supplémentaires de papillotes sur le front, Jo avait copieusement badigeonné de cérat son visage brûlé par le soleil, Beth avait dormi avec Joanna pour se faire pardonner de la séparation à venir, et pour couronner le tout, Amy s'était couchée avec une pince sur le nez, pour redresser l'appendice récalcitrant. C'en était une du genre que les artistes utilisent pour maintenir la feuille sur la planche à dessin, et donc tout à fait appropriée et efficace. Ce drôle de tableau sembla amuser le soleil, car il brilla avec tant d'ardeur que Jo se réveilla, et réveilla ses sœurs en riant de bon cœur de l'ornement d'Amy.
Soleil et rires étaient de bons augures pour une fête réussie, et bientôt un joyeux remue-ménage commença dans les deux maisonnées. Beth, prête la première, rapportait en continu ce qui se passait chez les voisins et animait la toilette de ses sœurs par de fréquents télégrammes depuis la fenêtre.
« Voici l'homme avec la tente ! Je vois Mrs. Barker en train d'emballer le dîner, dans deux grands paniers. Maintenant Mr. Laurence regarde le ciel, et la girouette ; j'aimerais qu'il vienne, lui aussi ! Voici Laurie, qui ressemble à un marin - qu'il a bon air ! Oh, miséricorde ! Voici une voiture pleine de gens - une grande dame, une petite fille, et deux horribles garçons. L'un d'eux est infirme, le pauvre, il a une béquille ! Laurie ne nous l'avait pas dit. Dépêchez-vous, les filles ! Il se fait tard. Juste ciel, voici Ned Moffat. Regarde, Meg ! Est-ce que ce n'est pas le jeune homme qui t'a saluée bien bas quand nous faisions des emplettes ?
—  Si, c'est lui ; c'est étrange qu'il vienne ! Je croyais qu'il était dans les montagnes. Voici Sallie ; je suis contente qu'elle soit revenue à temps. Suis-je bien mise, Jo ? s'écria Meg, dans tous ses états.  
— Une vraie fleur des champs ! Relève ta robe et redresse ton chapeau, il te donne l'air sentimental incliné de cette façon, et il s'envolera au premier courant d'air. Bon, maintenant, allons-y !
—  Oh, oh, Jo ! Tu ne vas pas porter cet horrible chapeau ? C'est trop absurde ! Ne va pas te ridiculiser, » protesta Meg comme Jo nouait avec un ruban rouge le vieux chapeau de paille aux bords immenses que Laurie lui avait envoyé pour la blague.
« Oh mais si ! Il est épatant ; très léger, très grand, et il m'abritera bien du soleil. Ce sera amusant, et je me moque d'être ridicule, si je suis à l'aise. » Là dessus Jo s'en fut, et ses sœurs la suivirent ; elles étaient toutes radieuses dans leurs robes d'été, quatre visages joyeux sous les coquets chapeaux à large bord.
Laurie accourut à leur rencontre, et les présenta à ses amis, d'une façon des plus cordiales. La pelouse servit de salle de réception, et durant quelques minutes il s'y joua une scène des plus animées. Meg fut heureuse de constater que Miss Kate, bien qu'elle eut vingt ans, était vêtue avec une simplicité que les jeunes américaines feraient bien d'imiter ; et fut très flattée des assurances de Mr. Ned qu'il était venu tout spécialement pour la voir. Jo comprit pourquoi Laurie « faisait la moue » en parlant de Kate, car la jeune femme avait un air froid et guindé qui contrastait fortement avec l'attitude libre des autres jeunes filles. Beth observa les nouveaux garçons, et décida que celui qui boitait n'était pas « horrible », mais gentil et faible, et qu'elle serait bonne avec lui. Amy trouva en Grace une joyeuse petite personne aux bonnes manières ; et, après s'être dévisagées bêtement pendant quelques minutes, elle devinrent soudain très bonnes amies.
Les tentes, le pique-nique, et le matériel de croquet ayant été envoyés sur place en avance, les jeunes gens eurent vite embarqué, et les deux canots partirent ensemble, laissant Mr. Laurence sur la rive en train d'agiter son chapeau. Laurie et Jo pilotaient l'un des canots, Mr. Brooke et Ned l'autre ; tandis que Fred Vaughn, le plus chahuteur des jumeaux, faisait de son mieux pour les renverser tous deux en allant et venant à bord d'un bachot, comme une punaise d'eau agitée. Le drôle de chapeau de Jo méritait des remerciements, car il se montrait d'utilité générale ; il avait permis de briser la glace dès le départ en provoquant les rires ; il créait une brise rafraîchissante tandis que Jo ramait, en s'agitant d'avant en arrière ; et, dit-elle, il ferait un parapluie parfait pour tout le monde, en cas d'averse. Kate avait l'air assez étonnée des manières de Jo, en particulier quand elle s'exclama « Par Christophe Colomb ! » après avoir perdu son aviron, et quand Laurie, qui lui avait marché sur le pied en prenant sa place, lui dit « Je t'ai fait mal, camarade ? » Mais après avoir porté sa lorgnette à ses yeux pour examiner l'étrange jeune fille à plusieurs reprises, Miss Kate décida qu'elle était « bizarre, mais plutôt intelligente », et la gratifia d'un sourire, de loin.
Meg, dans l'autre canot, était délicieusement placée en face des deux rameurs qui admiraient tous deux la vue, et maniaient leurs avirons avec « un talent et une dextérité » peu communs. Mr. Brooke était un jeune homme grave qui parlait peu, aux beaux yeux bruns, et à la voix agréable. Meg aimait ses manières calmes, et le considérait comme une encyclopédie vivante, pleine d'un savoir utile. Il ne lui parlait jamais beaucoup, mais la regardait souvent, et elle était sûre qu'il ne la voyait pas avec aversion. Ned, étant à l'université, prenait bien évidemment les airs que les étudiants de première année se croient obligés de prendre. Il n'était pas très avisé, mais d'une nature très amicale et joyeuse, et, finalement, quelqu'un de tout à fait plaisant pour un pique-nique. Sallie Gardiner était très occupée à préserver sa robe de piqué blanc, et discutait avec Fred, qui était partout à la fois et terrifiait la pauvre Beth avec ses farces.
Il n'y avait pas loin jusqu'à Longmeadow, mais la tente était dressée, et les arceaux en place quand ils arrivèrent. Un agréable champ verdoyant, avec trois gros chênes au milieu, et une belle bande de gazon pour le croquet.
« Bienvenue au Camp Laurence ! » dit le jeune hôte comme ils accostaient avec des exclamations ravies. « Brooke est le commandant en chef, je suis l'intendant général, les autres garçons sont officiers d'état-major et vous, mesdames, êtes l'aimable compagnie. La tente est réservée à votre usage spécial, et ce chêne est votre salon. Celui-ci est le mess, et le troisième est la cuisine du camp. Maintenant jouons au croquet avant qu'il ne fasse trop chaud, et nous verrons pour le dîner ensuite. »
Frank, Beth, Amy et Grace s'assirent pour regarder la partie. Mr. Brooke choisit Meg, Kate et Fred ; Laurie prit Sallie, Jo et Ned. Les Anglais jouaient bien, mais les Américains jouaient mieux encore, et disputaient chaque pouce du terrain, comme animés par l'esprit de 76. Jo et Fred s'accrochèrent plusieurs fois, et en une occasion manquèrent d'échanger des mots. Jo avait passé le dernier arceau, et avait manqué son coup, ce qui l'avait pas mal contrariée. Fred n'était pas loin derrière elle, et son tour vint avant celui de Jo ; il donna un coup, sa boule frappa l'arceau et s'arrêta tout juste du mauvais côté. Personne n'était à proximité, et en se pressant pour aller voir, il poussa légèrement la boule du bout du pied pour la faire passer du bon côté.
« Je suis passé ! Maintenant, Miss Jo, je vais m'occuper de vous, et passer en tête, » s'écria le jeune homme en balançant son maillet pour un autre coup.
—  Vous l'avez poussée, je vous ai vu, c'est mon tour maintenant, dit vivement Jo.
—  Je vous jure que je ne l'ai pas touchée ! Elle a peut-être roulé un peu, mais ce n'est pas interdit ; alors écartez-vous, je vous prie, et laissez-moi atteindre le piquet.
—  Nous ne trichons pas, en Amérique, mais vous le pouvez, si vous voulez, dit Jo avec colère.
—  Les Yankees sont les plus retors, tout le monde le sait. Et voilà, » dit Fred en croquant la boule de Jo, ce qui l'envoya au loin.
Jo ouvrit la bouche pour répliquer avec rudesse, mais se retint à temps, rougit jusqu'au front, et resta là une minute à marteler un arceau, tandis que Fred frappait le piquet et quittait le jeu avec jubilation. Elle partit chercher sa boule, et mit longtemps à la trouver, au milieu des buissons ; mais elle revint, l'air calme et détachée, et attendit son tour patiemment. Il lui fallut plusieurs coups pour regagner la place qu'elle avait perdue, et quand elle y parvint l'autre camp avait presque gagné, car il ne restait que la boule de Kate dans la course, et très proche du piquet.
« Fichtre, c'est fini pour nous ! Adieu, Kate, Miss Jo vient prendre sa revanche, » s'écria Fred avec excitation, quand ils se rapprochèrent tous pour observer la fin de la partie.
« Les Yankees ont cette manie de se montrer généreux avec leurs ennemis, » dit Jo, avec un regard qui fit rougir le garçon. « En particulier quand ils les battent, » ajouta-t-elle, en gagnant la partie d'un coup habile qui ne toucha même pas la boule de Kate.
Laurie jeta son chapeau en l'air, avant de se rappeler qu'il ferait mieux de ne pas s'enthousiasmer de la défaite de ses invités, et s'interrompit au milieu d'un « Hourra ! » pour venir murmurer à son amie :
« Bien joué, Jo ! Il a triché, je l'ai vu. Nous ne pouvons rien lui dire, mais il ne recommencera pas, je te le garantis. »
Meg la prit à part, sous le prétexte de rajuster une tresse défaite, et dit avec approbation :
« C'était terriblement provocant, mais tu es restée calme, et j'en suis très heureuse, Jo.
—  Ne me félicite pas, Meg, car je pourrais bien le gifler en cet instant. Ma colère aurait certainement débordé, si je n'étais pas restée au milieu des orties jusqu'à la maîtriser suffisamment pour tenir ma langue. Elle bouillonne encore maintenant, aussi j'espère qu'il ne me cherchera pas, » répondit Jo, qui se mordillait les lèvres tout en jetant un regard noir à Fred par dessous son grand chapeau.
« Il est l'heure du dîner, » dit Mr. Brooke en regardant sa montre. « Monsieur l'intendant général, veuillez faire le feu, et aller chercher de l'eau, tandis que Miss March, Miss Sallie et moi-même mettons la table. Qui sait faire du bon café ?
—  Jo ! » dit Meg, heureuse de recommander sa sœur. Et Jo, sentant que ses récentes leçons de cuisine allaient lui faire honneur, vint veiller sur la cafetière, tandis que les fillettes ramassaient du petit bois et que les garçons allumaient le feu et puisaient l'eau à un ruisseau proche. Miss Kate dessinait, et Frank parlait à Beth qui tressait des joncs pour en faire des assiettes.
Le commandant en chef et ses aides eurent tôt fait d'étendre la nappe et d'y disposer tout un étalage de nourriture et de boissons, avec un joli décor de feuilles vertes. Jo annonça que le café était prêt et tout le monde s'installa pour prendre un copieux repas, car la jeunesse souffre rarement d'indigestion, et l'exercice avait avivé les appétits. Ce fut un dîner des plus joyeux, car tout semblait neuf et amusant, et les fréquents éclats de rire surprirent un vénérable cheval qui paissait non loin. La table était plaisamment inégale, ce qui provoqua de nombreux accidents avec les verres ou les assiettes ; des glands tombaient dans le lait, des fourmis vinrent prendre part aux festivités sans y avoir été invitées, et des chenilles poilues descendaient de l'arbre pour voir ce qui se passait. Trois enfants passèrent la tête par dessus la barrière pour les observer, et un chien désagréable aboya après eux de toutes ses forces depuis l'autre côté de la rivière.
« Il y a du sel, si tu préfères, dit Laurie en tendant à Jo une soucoupe de baies.
—  Merci, mais je préfère les araignées, » dit-elle en repêchant deux de ces étourdies noyées dans la crème. « Comment oses-tu me rappeler cet horrible dîner, quand le tien est parfait en tout point ? » ajouta Jo, et ils rirent en chœur, tout en mangeant dans la même assiette, car il en manquait.
« J'ai passé un moment extraordinaire aujourd'hui, et je ne m'en suis pas encore remis. Je n'ai aucun mérite, tu sais, je n'y suis pour rien. C'est toi, et Meg, et Brooke qui avez tout fait, et je vous en suis infiniment reconnaissant. Que devrions-nous faire quand nous aurons fini de manger ? » demanda Laurie, qui avait l'impression d'avoir joué sa carte maîtresse avec le dîner.
« Jouer à des jeux de société jusqu'à ce qu'il fasse moins chaud. J'ai apporté le jeu des auteurs, et je suis sûre que Miss Kate connaît des jeux nouveaux et intéressants. Va lui demander ; elle est ton invitée, et tu devrais passer plus de temps avec elle.
—  N'es-tu pas mon invitée, toi aussi ? Je pensais que Brooke l'apprécierait, mais il ne fait que parler avec Meg, et Kate se contente de les regarder avec cette lorgnette ridicule. J'y vais, ainsi tu n'auras pas à tenter de m'enseigner ce qui est propre ou non, alors que tu en es incapable. »
Miss Kate connaissait en effet plusieurs nouveaux jeux ; et comme les filles ne voulaient plus manger, et que les garçons ne le pouvaient plus, ils se retirèrent dans le « salon » pour jouer à Rigmarole.
« Quelqu'un commence une histoire, ce qui lui plaît, n'importe quoi, et raconte aussi longtemps qu'il le veut, en prenant seulement soin de s'arrêter à un moment palpitant, pour que le suivant continue, et fasse de même. C'est très drôle, quand c'est bien joué, et crée un parfait mélange de fantaisie tragi-comique des plus amusants. Commencez s'il vous plaît, Mr. Brooke, » dit Kate avec un geste autoritaire qui surprit Meg, qui traitait le tuteur avec autant de respect que n'importe quel gentleman.
Étendu sur l'herbe au pied des deux jeunes filles, Mr. Brooke obéit et commença l'histoire, ses beaux yeux bruns fixés sur la rivière, étincelante sous le soleil.
« Il était une fois un chevalier, ne possédant rien d'autre que son épée et son bouclier, qui partit dans le monde chercher fortune. Il voyagea longtemps, presque vingt-huit ans, et connut des moments difficiles, jusqu'au jour il arriva au palais d'un vieux et bon roi qui avait offert une récompense à qui dompterait et dresserait un poulain magnifique mais très sauvage, qu'il aimait beaucoup. Le chevalier accepta d'essayer, et progressa lentement, mais sûrement, car le poulain était une noble bête qui apprit bientôt à aimer son nouveau maître, bien qu'il soit capricieux et emporté. Chaque jour, quand il donnait sa leçon à cet animal royal, le chevalier le montait à travers la ville, et ce faisant, cherchait un certain beau visage qu'il avait souvent vu dans ses rêves mais n'avait jamais trouvé. Un jour, alors qu'il caracolait dans une rue tranquille, il vit la charmante figure à la fenêtre d'un château en ruines. Ravi, il demanda qui vivait dans la vieille demeure, et apprit que plusieurs princesses y étaient retenues captives par un sort, et filaient toute la journée pour gagner assez d'argent pour acheter leur liberté. Le chevalier souhaitait de toute son âme pouvoir les libérer, mais il était pauvre, et ne pouvait que passer dans les parages, pour regarder le doux visage, et se languir de le voir un jour à la lumière du soleil. Enfin, il résolut d'entrer dans le château, et de demander comment il pouvait les aider. Il frappa à la porte, qui s'ouvrit en grand, et il vit -
—  Une dame sublime, qui s'exclama avec ravissement, "Enfin ! Enfin !" », poursuivit Kate, qui avait lu de la littérature française et en appréciait fort le style. « "C'est elle !" s'écria le comte Gustave, qui tomba à ses pieds, en extase. "Oh, levez-vous", dit-elle en lui tendant une main d'une blancheur de marbre. "Jamais ! Tant que vous ne m'aurez pas dit comment je puis vous secourir", jura le chevalier, toujours à genoux. "Hélas, un sort cruel me condamne à demeurer ici jusqu'à ce que mon tyran soit détruit. —  Où est le misérable ? — Dans le salon mauve. Allez, brave cœur, et sauvez-moi du désespoir ! — J'obéis, et reviendrai victorieux, ou mort !" Sur ces paroles ardentes il partit en trombe, et, ouvrant à la volée la porte du salon mauve, était sur le point d'y entrer quand il reçut -
—  Un énorme dictionnaire de grec sur la tête, lancé par un vieil homme en robe noire, » dit Ned. « Sir Je-ne-sais-plus-quoi se reprit aussitôt, jeta le tyran par la fenêtre et fit demi-tour pour rejoindre sa dame, victorieux, mais avec une bosse sur le front. Il trouva la porte verrouillée, déchira les rideaux et se fit une échelle de corde, en avait descendu la moitié quand elle rompit, et plongea tête la première dans les douves, vingt mètres plus bas. Nageant aussi bien qu'un canard, il fit le tour du château jusqu'à trouver une petite porte gardée par deux hercules. Il cogna leurs têtes ensemble jusqu'à les fendre comme des coquilles de noix, puis, dans une démonstration de sa force prodigieuse, il enfonça la porte, monta quelques marches couvertes d'une épaisse couche de poussière, de crapauds gros comme le poing et d'araignées qui vous auraient plongée dans l'hystérie, Miss March. En haut de ces marches il trouva un spectacle qui lui coupa le souffle et lui glaça le sang -
—  Une grande silhouette, toute en blanc, le visage dissimulé par un voile et une lanterne dans sa main décharnée, » continua Meg. « Elle lui fit signe de la suivre, en glissant sans bruit devant lui le long d'un corridor aussi sombre et froid qu'un tombeau. De chaque côté se tenaient des statues en armure, un silence de mort régnait, la lampe produisait une lueur bleue, et la figure fantomatique se tourna vers lui, montrant la flamme d'yeux terribles à travers son voile. Ils atteignirent une porte derrière un rideau, au delà de laquelle résonnait une douce mélodie ; il se précipita en avant, mais le spectre le retint, et agita devant lui, d'un air menaçant, une -
—  Tabatière, » dit Jo d'une voix sépulcrale qui fit se tordre de rire son auditoire. « "Merci bien", dit poliment le chevalier en prenant une prise. Il éternua alors sept fois, si violemment que sa tête se détacha de son corps. "Ha ! Ha !", rit le fantôme, et, après avoir observé par la serrure les princesses qui filaient encore et encore, l'esprit maléfique ramassa sa victime et la plaça dans une grande boîte en fer-blanc où se trouvaient déjà onze autres chevaliers sans tête, serrés comme des sardines, qui se dressèrent tous et commencèrent à -
—  Danser la gigue, » la coupa Fred quand elle reprit haleine, « et tandis qu'ils dansaient, le vieux château décrépit se changea en un vaisseau de guerre aux voiles déployées. "Hissez le foc, serrez la grand voile, et armez les canons", rugit le capitaine, alors qu'apparaissait un navire pirate portugais arborant un pavillon d'un noir d'encre. "À l'abordage, et rapportez-moi la victoire mes gaillards", dit-il, et une terrible bataille débuta. Bien sûr les Britanniques l'emportèrent - ils l'emportent toujours - et après avoir capturé le capitaine pirate, ils abordèrent le schooner, au pont jonché de cadavres et aux dalots dégueulant du sang. "Maître d'équipage, ligote-moi ce forban et fais le marcher sur la planche s'il ne confesse pas ses méfaits sur le champ", dit le capitaine britannique. Le Portugais tint sa langue et fit le plongeon, sous les hourras des joyeux marins. Mais le fourbe nagea jusque sous le vaisseau de guerre, le saborda, et il coula, toutes voiles dehors, "jusqu'au fond de la mer, mer, mer", où -
—  Oh, bonté divine ! Qu'est-ce que je vais pouvoir dire ? » s'exclama Sallie quand Fred eut terminé sa rigmarole, dans laquelle il avait mélangé en vrac phrases nautiques et passages d'un de ses livres préférés. « Eh bien, ils arrivèrent au fond de la mer, et furent accueillis par une jolie sirène, qui fut très triste en découvrant la boîte de chevaliers sans têtes. Elle les conserva gentiment dans la saumure, espérant percer un jour le mystère qui les entourait, car étant femme, elle était de nature curieuse. Finalement, un plongeur passa dans les parages, et la sirène lui dit "Je vous donne cette boîte de perles si vous arrivez à la remonter", car elle voulait rendre la vie à ces pauvres créatures mais ne pouvait pas soulever elle-même la lourde charge. Alors le plongeur remonta la boîte sur le rivage et fut très désappointé de ne pas y trouver de perles en l'ouvrant. Il l'abandonna dans un grand champ isolé, où elle fut découverte par -
—  Une petite gardeuse d'oies, qui conduisait cent oies grasses dans le champ, » dit Amy quand Sallie fut à court d'idées. « La petite fille fut désolée pour les chevaliers, et demanda à une vieille femme ce qu'elle pouvait faire pour les aider. "Tes oies te le diront, elles savent tout", dit la vieille femme. Alors elle leur demanda ce qu'elle pourrait utiliser pour remplacer leurs têtes, puisque les anciennes étaient perdues, et toutes les oies ouvrirent grand leurs becs, et crièrent -
—  "Des choux !" continua promptement Laurie. "J'ai juste ce qu'il faut", dit la fillette, et elle courut chercher douze beaux choux dans son jardin. Elle les mit en place et les chevaliers reprirent vie aussitôt, la remercièrent, et s'en allèrent tout joyeux, ne s'apercevant jamais de la différence, car les têtes comme les leurs ne manquaient pas de par le monde. Le chevalier qui m'intéresse partit retrouver l'aimable figure, et apprit que toutes les princesses avaient gagné leur liberté, et étaient toutes parties se marier, sauf une. Dans un état de joie fébrile, il enfourcha le poulain, qui l'avait suivi contre vents et marées, et se précipita au château pour voir laquelle restait. Jetant un œil par dessus la haie, il vit la dame de ses pensées qui cueillait des fleurs dans le jardin. "Me donnerez-vous une rose ?" dit-il. "Vous devez venir la chercher, je ne peux venir jusqu'à vous, ce n'est pas séant", dit-elle de sa voix de miel. Il tenta de grimper par dessus la haie, mais elle semblait grandir et grandir encore, puis il essaya de passer au travers, mais elle se fit de plus en plus épaisse, et il était au désespoir. Alors il cassa patiemment brindille après brindille, jusqu'à avoir fait un petit trou, par lequel il implora, "Laissez-moi entrer ! Laissez-moi entrer !" Mais la jolie princesse ne sembla pas le comprendre, car elle ramassa ses roses sans dire un mot , et le laissa se frayer un chemin par lui-même. Quant à savoir s'il y parvint ou non, c'est Frank qui va nous le dire.
—  Je ne peux pas ; je ne joue pas, je ne joue jamais, » dit Frank, consterné de l'embûche sentimentale de laquelle il devait tirer l'étrange couple. Beth avait disparu derrière Jo, et Grace dormait.
« Donc le pauvre chevalier reste coincé dans la haie, c'est cela ? » demanda Mr. Brooke, qui contemplait toujours la rivière en jouant distraitement avec la rose sauvage à sa boutonnière.
« Je suppose que la princesse lui a offert une fleur, et a fini par ouvrir la porte, » dit Laurie en souriant à part lui et en jetant des glands à son tuteur.
« Quelles absurdités ! Avec la pratique nous arriverions peut-être à quelque chose de sensé. Connaissez-vous "La Vérité" ? » demanda Sallie quand ils eurent bien ri de leur histoire.
« Je l'espère, dit gravement Meg.
—  Je veux dire, le jeu ?
—  Qu'est-ce que c'est ? demanda Fred.
—  Eh bien, on empile nos mains, on choisit un chiffre et chacun retire une main à son tour, et celui dont le tour tombe au chiffre choisi doit répondre franchement à toute question posée par les autres joueurs. C'est très amusant.
—  Essayons, » dit Jo, qui aimait les nouvelles expériences.
Miss Kate et Mr. Brooke, ainsi que Meg et Ned, déclinèrent, mais Fred, Sallie, Jo et Laurie joignirent les mains et comptèrent, et le sort tomba sur Laurie.
« Qui sont tes héros ? demanda Jo.
—  Grand-père et Napoléon.
—  Quelle jeune fille trouvez-vous la plus jolie ? demanda Sallie.
—  Margaret.
—  Laquelle préfères-tu ? fut la question de Fred.
—  Jo, bien sûr.
— Vous en posez, des questions ridicules ! » dit Jo avec un haussement d'épaules dédaigneux tandis que les autres riaient du ton détaché de Laurie.
« Essayons encore, La Vérité n'est pas un mauvais jeu, dit Fred.
—  C'en est un très bon pour toi, » rétorqua Jo, sotto voce.
Son tour vint ensuite.
« Quel est votre plus gros défaut ? » demanda Fred, comme pour éprouver chez elle la vertu dont il manquait.
« Mon caractère emporté.
—  Que désires-tu le plus ? dit Laurie
—  Une paire de lacets pour mes bottes, » répliqua Jo, devinant son intention et la déjouant.
« Ce n'est pas une vraie réponse, tu dois dire ce que tu souhaites vraiment par dessus tout.
—  Le génie ; tu ne souhaiterais pas pouvoir me le donner, Laurie ? » dit-elle avec un sourire narquois devant son air désappointé.
« Quelles sont les vertus que tu admires le plus chez un homme ? demanda Sallie.
—  Le courage et l'honnêteté.
—  À mon tour maintenant, » dit ensuite Fred.
« Ne le ratons pas, » murmura Laurie à Jo, qui acquiesça et demanda aussitôt,
« Est-ce que tu n'as pas triché au croquet ?
—  Eh bien, si, un petit peu.
—  Bien ! Est-ce que tu n'as pas tiré ton histoire du Lion de Mer  ?
—  Plutôt.
—  Ne pensez-vous pas que la nation anglaise est parfaite en tous points ? demanda Sallie.
—  J'aurais honte de moi-même, dans le cas contraire.
—  Un véritable John Bull. Maintenant, Miss Sallie, c'est à votre tour, sans avoir à tirer au sort. Je vais d'abord vous malmener un brin en vous demandant si vous ne pensez pas être un peu flirt, » dit Laurie, tandis que Jo faisait la paix avec Fred d'un signe de tête.
« Quel garçon impertinent ! Bien sûr que non ! » s'exclama Sallie avec un air qui prouvait le contraire.
« Que détestez-vous le plus ? demanda Fred.
—  Les araignées et le riz-au-lait.
—  Qu'est-ce que tu aimes le plus ? demanda Jo.
—  Danser, et les gants français.
—  Eh bien, je pense que La Vérité est un jeu stupide, faisons plutôt une partie du jeu des Auteurs pour nous rafraîchir les idées, » proposa Jo.
Ned, Frank, et les petites filles se joignirent à eux, et pendant la partie, les trois aînés restèrent assis à part à discuter. Miss Kate reprit son dessin, et Margaret la regardait, tandis que Mr. Brooke était étendu sur l'herbe, avec un livre qu'il ne lisait pas.
« Comme c'est beau ; j'aimerais savoir dessiner, » dit Meg d'une voix où l'admiration se mêlait au regret.
« Pourquoi n'apprenez-vous pas ? Je suis sûre que vous avez suffisamment de goût et de talent, répondit gracieusement Miss Kate.
—  Je n'ai pas le temps.
—  Je suppose que votre maman privilégie d'autres talents. La mienne aussi, mais je lui ai prouvé que j'étais douée en prenant quelques leçons en privé, et elle a été d'accord pour que je continue. Ne pouvez-vous faire la même chose avec votre gouvernante ?
—  Je n'en ai pas.
— J'oubliais, les jeunes filles d'Amérique vont plutôt à l'école. De très bonnes écoles, d'ailleurs, dit Papa. Vous allez dans une école privée, je suppose ?
—  Je n'y vais pas du tout, je suis moi-même une gouvernante.
—  Oh, bien sûr ! » dit Miss Kate, mais elle aurait tout aussi bien pu dire « Oh non, c'est horrible ! », et quelque chose dans son expression fit monter le rouge aux joues de Meg, et elle souhaita avoir été moins franche.
Mr. Brooke leva les yeux, et dit rapidement, « Les jeunes filles américaines aiment tout autant l'indépendance que leurs ancêtres, et sont admirées et respectées pour être capables de subvenir à leurs besoins.
—  Oh, oui, bien sûr ! C'est très convenable de leur part. Bien des jeunes femmes respectables et méritantes font de même par chez nous, et sont employées par la noblesse, parce que, 'tant filles de gentlemen, elles sont à la fois bien nées et accomplies, voyez-vous, » dit Miss Kate, sur un ton moralisateur qui blessa la fierté de Meg en faisant paraître son travail non seulement de mauvais goût, mais aussi dégradant.
« Est-ce que la chanson allemande vous a plu, Miss March ? » s'enquit Mr. Brooke, rompant un silence gêné.
« Oh, oui ! C'était très joli, et je suis très reconnaissante à la personne qui l'a traduite pour moi ; » et le visage abattu de Meg sembla s'éclairer.
« Vous ne lisez pas l'allemand ? » demanda Miss Kate, l'air surprise.
« Pas très bien. Mon père, qui me l'enseigne, est absent, et je ne progresse pas très vite toute seule, puisque je n'ai personne pour corriger ma prononciation.
—  Essayez un peu, maintenant. Nous avons Mary Stuart de Schiller, et un tuteur qui aime enseigner, » et Mr. Brooke lui posa son livre sur les genoux, avec un sourire encourageant.
« C'est si difficile, j'ai peur d'essayer, » dit Meg, reconnaissante, mais intimidée par la présence de la jeune lady accomplie.
« Je vais lire un peu, pour vous encourager. » Et Miss Kate lit l'un des plus beaux passages, d'une manière parfaitement correcte, mais parfaitement dénuée d'expression.
Mr. Brooke ne fit pas de commentaire quand elle rendit le livre à Meg qui dit, innocemment,
« Je croyais que c'était de la poésie.
—  Par moments. Essayez ce passage. »
Un étrange sourire flottait sur les lèvres de Mr. Brooke, quand il ouvrit le livre sur la lamentation de la pauvre Mary.
Meg, suivant docilement le long brin d'herbe que son nouveau tuteur utilisait pour pointer sur la page, lit, lentement et timidement, transformant inconsciemment les mots rudes en poésie par la douce intonation de sa voix musicale. Le guide vert descendit sur la page, et, oubliant son audience dans la beauté de la triste scène, Meg lit comme si elle avait été seule, donnant une touche de tragédie aux mots de la reine malheureuse. Si elle avait vu, alors, les beaux yeux bruns, elle aurait stoppé net ; mais elle ne leva pas les yeux, et rien ne gâcha sa leçon.
«  Très bien, en effet ! » dit Mr. Brooke quand elle se tut, ignorant ses nombreuses erreurs, et ayant en effet l'air « d'aimer enseigner ».
Miss Kate leva sa lorgnette, et, après examen du tableau devant elle, referma son carnet à dessin en disant avec condescendance,
« Vous avez un bon accent, et avec le temps, vous deviendrez une lectrice accomplie. Je vous conseille d'étudier, car l'allemand est un talent estimable chez les enseignants. Je dois aller surveiller Grace, elle est en train de faire la folle » ; et Miss Kate s'éloigna, en ajoutant à part elle avec un haussement d'épaules, « Je ne suis pas venue pour chaperonner une gouvernante, aussi jeune et jolie soit-elle. Quels étranges personnages que ces Yankees ! J'ai peur que le caractère de Laurie ne se gâte à leur contact. »
« J'oubliais que les Anglais n'ont pas une grande opinion des gouvernantes, et ne les traitent pas de la même façon que nous, » dit Meg en la regardant s'éloigner, avec une expression ennuyée.
« Les tuteurs ne sont pas mieux lotis, à mon grand chagrin. Il n'y a nulle part comme l'Amérique pour nous autres travailleurs, Miss Margaret, » et Mr. Brooke avait l'air si joyeux et satisfait de son sort, que Meg eut honte de s'être plainte.
« Je suis heureuse d'y vivre, alors. Je n'aime pas mon travail, mais j'en tire tout de même une certaine satisfaction, après tout, aussi je ne me plaindrai pas. Je voudrais seulement aimer enseigner, comme vous.
—  Je pense que ce serait le cas, si vous aviez Laurie comme élève. Je serai navré de le perdre l'an prochain, » dit Mr. Brooke, occupé à creuser des trous dans la pelouse.
« Il va à l'université, je suppose ? » demanda Meg à voix haute, mais ses yeux ajoutèrent, Et qu'en est-il de vous ?  
« Oui, il est grand temps qu'il y aille, il est presque prêt ; et sitôt qu'il sera parti je me ferai soldat.
—  J'en suis contente ! s'exclama Meg. Je pense que tout jeune homme devrait vouloir faire de même, quoique ce soit bien difficile pour les mères et les sœurs, qui restent à la maison, ajouta-t-elle tristement.
—  Je n'ai ni mère ni sœur, et très peu d'amis, qui se soucieraient que je vive ou meure, » dit Mr. Brooke avec amertume, tandis qu'il plaçait distraitement la rose fanée dans le trou qu'il avait creusé et la recouvrait, comme une petite tombe.
« Laurie et son grand-père s'en soucieraient beaucoup, et nous serions toutes très tristes s'il vous arrivait quoi que ce soit, dit chaleureusement Meg.
—  Merci, c'est très gentil, » commença Mr. Brooke, l'air ragaillardi ; mais avant qu'il puisse continuer sa phrase, Ned, monté sur le vieux cheval, s'amena dans leur direction pour faire montre de ses talents de cavalier devant les jeunes dames, et il n'y eut plus un moment de paix ce jour là.
« Tu aimes monter à cheval ? » dit Grace à Amy, tandis qu'elles se reposaient après avoir couru tout le tour du champ avec les autres, menés par Ned.
« J'adore ça. Ma sœur Meg montait, autrefois, quand Papa était riche, mais nous n'avons aucun cheval maintenant - à part Ellen Arbre, ajouta Amy en riant.
—  Parle-moi d'Ellen Arbre, c'est une mule ? demanda Grace avec curiosité.
—  Eh bien, tu vois, Jo est folle d'équitation, et moi aussi, mais nous n'avons qu'une vieille selle d'amazone, et pas de cheval. Dans notre jardin il y a un pommier, qui a une belle branche basse ; alors je pose la selle dessus, fixe des rênes sur la partie qui se redresse, et nous chevauchons Ellen Arbre autant qu'il nous plaît.
—  Comme c'est drôle ! dit Grace en riant. J'ai un poney chez moi, et je le monte presque tous les jours dans le parc, avec Fred et Kate, c'est très agréable, car mes amis viennent aussi, et le Row est plein de ladies et de gentlemen.
—  Oh, comme c'est charmant ! J'espère pouvoir me rendre en Europe, un jour, mais j'aimerais mieux voir Rome que le Row, », dit Amy, qui n'avait pas la moindre idée de ce qu'était le Row, et n'aurait pas posé la question pour tout l'or du monde.
Frank, assis juste derrière les fillettes, entendit ce qu'elles disaient , et repoussa sa béquille dans un mouvement d'humeur, tandis qu'il regardait les garçons s'activer et faire toutes sortes de gymnastiques des plus comiques. Beth, qui rassemblait les cartes éparpillées du jeu des Auteurs, leva les yeux, et dit, à sa façon timide mais amicale,
« J'ai peur que vous ne soyez fatigué, puis-je faire quelque chose pour vous ?
—  Parlez-moi, s'il vous plaît. Je m'ennuie, assis dans mon coin, » répondit Frank, qui avait de toute évidence l'habitude d'être plus choyé à la maison.
La timide Beth n'aurait pas été plus embêtée s'il lui avait demandé de lui faire un discours en latin, mais elle n'avait nulle part où fuir, nulle Jo derrière laquelle se cacher, et le pauvre garçon la regardait avec une telle mélancolie, qu'elle décida bravement de faire de son mieux.
« De quoi aimez-vous parler ? » demanda-t-elle en manipulant maladroitement les cartes, faisant tomber la moitié du paquet.
« Eh bien, j'aime parler de cricket, de canotage, et de chasse, » dit Frank, qui n'avait pas encore appris à accommoder ses loisirs à son état de santé.
« Seigneur ! Qu'est-ce que je peux faire ? Je ne connais rien à tout ça, » pensa Beth ; et oubliant dans son désarroi la condition du garçon, elle dit, espérant le faire parler,
« Je n'ai jamais vu chasser, mais je suppose que vous savez tout là dessus.
—  Autrefois oui, mais je ne chasserai plus jamais, parce que je me suis blessé en sautant une fichue barrière, donc plus de chevaux et de chiens pour moi, » dit Frank avec un soupir. Beth se maudit pour son innocente bévue.
« Vos cerfs sont bien plus jolis que nos vilains buffles, » dit-elle en se tournant vers la prairie comme pour appeler à l'aide, et bien contente d'avoir lu l'un des livres pour garçons que Jo aimait tant.
Les buffles s'avérèrent être un sujet apaisant et satisfaisant, et, dans son empressement à amuser quelqu'un d'autre, Beth s'oublia, tout à fait inconsciente de la surprise et du ravissement de ses sœurs devant le spectacle inattendu de la fillette en train de parler avec l'un des horribles garçons contre lesquels elle avait réclamé protection.
« Bénie soit-elle ! Elle l'a pris en pitié, alors elle est gentille avec lui, » dit Jo en la regardant depuis le terrain de croquet avec un large sourire.
« J'ai toujours dit qu'elle était une petite sainte, » ajouta Meg, comme si cela ne faisait aucun doute.
« Je n'avais pas entendu Frank rire autant depuis longtemps, » dit Grace à Amy, tandis qu'elles parlaient poupées et fabriquaient des services à thé en cupules de glands.
« Ma sœur Beth est tout à fait fastidieuse, quand elle le veut bien, » dit Amy, heureuse du succès de Beth. Elle voulait dire fascinante , mais comme Grace ne connaissait le sens exact d'aucun des deux mots, fastidieuse sonnait bien et fit bonne impression.
Une promenade, un jeu de l'épervier, et une amicale partie de croquet terminèrent l'après-midi. Au coucher du soleil la tente était démontée, les paniers prêts, les arceaux rangés, les canots chargés, et la petite compagnie descendit la rivière en chantant à pleins poumons. Ned, d'humeur sentimentale, entonna une sérénade au refrain pensif,
« Seul, seul, oh ! malheur, tout seul, »
et arrivé aux vers
« Nous sommes jeunes tous deux, nous avons un cœur,
Oh ! Pourquoi devrions nous rester si distants ? »
il regarda Meg avec une expression si apathique, qu'elle rit tout de bon, et lui gâcha sa chanson.
« Comment pouvez-vous être si cruelle avec moi ? murmura-t-il tandis que tous chantaient en chœur, vous n'avez pas quitté cette anglaise collet-monté de la journée, et maintenant vous me snobez.
—  Ce n'était pas mon intention, mais vous aviez l'air si drôle que je n'ai vraiment pas pu m'en empêcher, » répondit Meg, ignorant la première partie de son reproche, car il était bien vrai qu'elle l'avait évité, se rappelant la fête chez les Moffat et la discussion qui avait suivi.
Offensé, Ned se tourna vers Sallie pour chercher consolation, en lui disant, de manière assez mesquine, « Il n'y a pas une once de flirt chez cette fille, n'est-ce pas ?
—  Pas un gramme, mais c'est un véritable agneau, » répondit Sallie, défendant son amie tout en admettant ses faiblesses.
« En tout cas ce n'est certainement pas une brebis égarée, » dit Ned, essayant de se montrer spirituel, et y parvenant à peu près aussi bien que n'importe quel autre jeune gentleman.
Rassemblée sur la pelouse devant la maison, la petite troupe se sépara avec en se souhaitant bonne nuit et bon voyage, car les Vaughn partaient pour le Canada. Miss Kate regarda les quatre sœurs rentrer à la maison en traversant le jardin, et dit, sans la moindre condescendance, « En dépit de leurs manières démonstratives, les jeunes filles américaines sont très gentilles quand on les connaît.
—  Je suis tout à fait d'accord avec vous, » dit Mr. Brooke.
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À toi, ces mots pour le dire
À toi que je ne comprends pas, ou peut-être trop.
À toi qui ne semble pas pouvoir entrer dans mon monde...      
               Je te regarde, t’observe et t’analyse... sans rien entrevoir d’autre qu’une ligne discontinue dont il manquerait le sens. Une ligne folle, mais si bien rangée qu’elle me fait peur.
               Ton univers est fait de mots, le mien est fait de peau. De peau et d'images. Les nouveau-nés sont mes amis, car ils fonctionnent sur le même mode que le mien. Avec eux, la communication est simple, directe, sans filtre. Petit à petit, ils acquièrent le langage, alors qu'il me semble que je perds mes mots. Ceux que je couche ici n’en sont pas. Ils ne sont que la retranscription rugueuse et douloureuse des sensations qui m’habitent et dansent autour de vous. Si je les croise, elles se font miennes et se faufilent, traîtres, dans mon décor intérieur. Et alors, sur la tapisserie de mon univers, il n’y a plus que vos traces, envahissantes et tenaces.
               Derrière ma paroi de verre, le monde se déroule sans que j’aie la sensation d’y participer réellement. Paradoxe ultime d’être en tout à la fois, de devenir ce que l’on voit, qui l’on voit. Entourée de toutes parts, cernée presque, isolée pourtant. L’impression de n’avoir pas de semblable, OVNI, autre planète. Fabuleusement créateur pour celui qui n’incarne pas quotidiennement cette position... Mais dévorant, écartelant même, pour celui qui la vit, dans sa chair, tous les jours. Le sommeil, lui, m’est réparateur. Là, je retrouve un monde familier, un monde de sens et de sens, à la fois cohérent et multiple. Avec les êtres que je croise en ce monde des rêves, la communication s’éclaire et redevient facile. Ici les mots sont lourds, toujours teintés d’incitations sous-jacentes qui m’impactent comme autant de fers aux poignets.
               À toi qui attends souvent que je revienne à de plus raisonnables positions, ce que je fais à chaque fois pour pouvoir instaurer le dialogue que je cherche à créer avec toi, parce que j’ai appris vos codes et que, contrairement à ce qu'on pourrait croire, je les maîtrise parfaitement. Oui, dis-toi bien que je maîtrise ces codes, car je les ai appris à grand coup d’anéantissement de mon être. Ils m’ont coûté ma joie de vivre, mon regard d’enfant, mais pas ma gratitude.
               À toi qui n’as pas vu que derrière mes yeux mouillés se tenait un guerrier qui a vu bien plus d’horreurs que tu n’en verras jamais. À toi qui crois maîtriser les mots, la logique. À toi qui n’as pas intégré qu’ils n’ont pas de prise sur moi. Tu pourrais hurler, et tu le fais souvent, tu n’arriverais qu’à me blesser les oreilles, ton message dénué de sentiment se perdant sur le fil de la douleur.
                 À toi qui ne voudrais que le meilleur de moi, flatté à tort par ce que tu perçois parfois comme une originalité intrinsèque, mais le plus souvent comme une ineptie ralentissant le cours effréné de ta vie. À toi chez qui je provoque des bugs dans ces cas-là, le langage programmé n’étant pas le bon. Tu n’as pas compris que tu ne pouvais pas communiquer avec moi, pas de cette manière-là en tous cas.
               À toi surtout qui penses que je me suis mis, une fois de plus une lubie dans la tête, parce qu’avant tout j’en ai le temps (sous entendu que je m’y complais).... Je te réponds que je suis ce que je suis et que je n’en cherche aucune validation extérieure. Qu’aucun concept ne m’enferme et que je suis bien placée pour percevoir l’immensité de ce que je peux être quand je le décide. Ce que je deviens au contact des autres est différent, uniquement transitoire et le plus souvent douloureux.
À toi qui en refusant ma différence tentes désespérément d’étouffer la tienne,
Je dis : viens dans mon monde un jour durant et on en reparle.
               Et tu découvriras qu’il te faudra bien plus qu’une journée pour apprivoiser les échanges, les conversations, les gestes... à part ceux d’une ou deux personnes que tu considéreras, à vie, comme tes alliés. Tu écouteras leurs conseils et te réfugiera dans leurs bras. Tu découvriras que le monde dans lequel tu vis ne semble pas avoir été créé pour toi. Que dans ce monde étrange, tu te déplaces tel un funambule, toujours sur la corde raide, comme en permanence enlacé par le vide. Mais tu auras grandi et beaucoup appris. Ça tombe bien, tu auras reçu en « échange » le don de l’imitation. À ce jeu, tu verras, tu vas vite devenir très fort, très très fort. Tu ne te rendras compte que bien plus tard que tu te seras perdu en chemin. Alors tu voudras dormir sous de lourdes couvertures, pesantes et couvrantes, comme pour conjurer cette sensation de non-être parmi les autres. Pourtant, lorsque tu seras seul, tu sauras que tu es en réalité complet, une parfaite création de l’univers, à l’image de tout ce qui existe.
Alors tu sentiras d'autant plus rudement le contraste dans ta chair lorsque tu rentreras en interaction avec des personnes. Comme une chute, dense, une mise en pression, sur tout le corps. Et là, tu te verras médusé, incapable de parler, de répondre aux questionnements de celui qui te fera face. Les mots s’en seront partis, s’enfuyant comme des lâches, bien incapables de transcrire ton ressenti.
                 Si tu es dans le même temps doté d’une intelligence dite « sur-développée », mais divergente, tu vivras alors le paradoxe qui m’habite : ne pas pouvoir communiquer à l’autre la complexité des notions qui tournoient en plusieurs dimensions dans ton champ visuel intérieur. Tu n’auras alors pas d’autre choix que tenter de le faire en émettant massivement les émotions que tu connais et qui en prennent la couleur. Alors tu liras dans les yeux de ton interlocuteur à la fois l’incompréhension et le tintement fatidique du jugement de celui qui en conclut que tu n’as en réalité pas d’argument. Des arguments, tu en as, mais pas tout de suite, quelques minutes après, voire quelques heures, juste le temps pour toi de retranscrire dans son langage à lui, tes sensations à toi.
               À force d’appréhender de diverses manières cette situation récurrente, tu finiras, toi aussi, par te rendre compte qu’elles ne passent pas le mur de verre. Et surtout que seule l’introspection pourra te donner la carte pour t’orienter dans ce monde.
                 Alors, seulement, tu comprendras que si certains ne le font pas, ce n’est pas parce qu’ils n’en ont pas le loisir, mais simplement parce qu’ils n’en ont pas besoin. Qu’ils se dirigent relativement bien dans ce même monde, quoi qu’ils en pensent, même s’ils en rejettent le moteur ou les valeurs injustes. Mais toi, comme moi, tu n’auras pas d’autre choix que de chercher à dessiner ta carte intérieure et de tenter, encore et encore, de communiquer avec ce drôle de monde afin d’y apporter TA différence.
                 Si tu te prêtes vraiment au jeu, pour la première fois de ta vie, tu saisiras l’intensité des caresses du vent, de la lumière du matin et du regard des êtres qui t’ont près d’eux porté, comme tu ne l’auras jamais ressenti auparavant. Alors seulement, tu auras commencé à pousser le rideau qui sépare ton monde du mien. Et tu verras qu'il ne diffère pas tant que ça du tien.
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worldwriting · 3 years
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Paris, la nuit.
et ces heures qui défilent sans toi, ne laissent dans ma bouche que le gout amère de la drogue.
Encore une de ces heures perdues, ou perché, je pense a toi.
Aujourd'hui ta photo a disparue, nous savons très bien ce que cela veut dire.
3:30 encore un faux plan. Dépité, je me couche alors que dans mon corps le G n'a plus le même effet. Il est temps de me reposer.
Bras de fer : Maléfique (3 ans de victoire) Vs Morphée (tout autant de défaites)
Les yeux fermés, mes mains agrippent les couvertures et mon corps ressent le manque de l’étreinte. Mon esprit dessine les traits de ton visage que je connais si bien.
Dormir m'est impossible alors me voilà à écrire.
[Trace]
Alors que les derniers ponts se brisent entre nous j'ai envie de glisser ce mot : Je t'aime.
Je ne suis plus assez bête aujourd'hui pour me voiler la face. Il y a toujours eu plus... Beaucoup plus. C'était peut être ça le véritable amour. Un truc qui fait mal. J'aurai pu tout donner pour toi, mais ça tu le sais. Tu me l'a dit ce soir là, celui ou ces mêmes mots que je répète, ont été prononcés.
Si tu voyais le champs de bataille de ma page blanche, les idées filent et défilent au grès des phrases qui se tissent. J'ai dans la tête tellement de mots, tellement d'idées qui hurlent de se coucher là, sur le papier, pour que tu puisses dénier y jeter un coup d’œil. Mais le feras-tu?
Chaque musique change mon humeur et j'oublie le fond de ma pensée. Tellement de choses que je voudrais t'écrire.
4:15 la nuit défile mais les mailles d'encre se consolident. Où est passée ma poésie? Celle que tu aimais tant? Te rends tu compte que j'ai perdu ma muse? Certains artistes sont monomaniaques, ils créent en boucle, encore et encore, encore et toujours leur art autour d'un sujet. Rare sont mes écarts.
Pourquoi n'as tu jamais compris que tu étais l'intouchable, pourquoi a-t-il fallut que tu sois jaloux de la seule personne que je ne pouvais aimer moins que toi. L'idée vient de jaillir dans mon esprit. 4:28 est a marqué d'une croix... était-ce ça?
Combien de griefs tiens-tu contre moi. Tout à l'heure j'ai réalisé que le point de non retour venait d'être franchit. Le point de rupture. Je me suis rebellé, je t'ai tenu tête et pire je t'ai raccroché au nez en te traitant de menteur. C'est ce que tu es à bien des égards. Mais qui es-tu réellement? Je me le demande.
On me pose si souvent la question de savoir qui tu es. Je parle si souvent de toi... Surtout perché. A de parfaits inconnus. Je parles de notre vie et de nos éclats de rire, de notre folie et l'hardeur de nos nuits.
Mes pensées m'échappent.
Sais-tu ce que ça fait de ne jamais se sentir suffisant? D'avoir l'impression que quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse ça ne sera jamais assez bien. On guette le reproche, parce que c'était ça d'être avec toi, se blinder pour se protéger des ricochets de ta tristesse. Tant d'amertume pour un seul cœur.
[Pause para]
L'ennui et l’inactivité ont quelque chose de terrible. je me suis mis à en gober par demi douzaine. Je me suis jeté à corps perdu dans le tarot pour ne plus y penser, mais aux premières heures de la nuit dès que le chant du loup se fait entendre, mes démons reviennent gratter à la porte. Je sais le mal que je me fais, mais que veux-tu mon corps n'est pas un temple, ou bien souillé. Les choses vont bientôt devoir changer. Demain j'aurai un saint patron à placer dans ce temple. J'y ferai le ménage et j'oublierai ces longues heures de profanation.
Pourra-t-on un jour se pardonner? Je connais ton égo, tu connais le mien.
Je crois que j'évolue en ce moment, l'apprentissage du tarot est une école de vie. j'ai lu le passage suivant sur la carte du jugement : "Pardonner n'est pas oublier, pardonner est un geste de bienveillance et de lâcher-prise. Et l'archange de cette carte vous rappelle que le divin est présent dans votre vie pour vous aider à faire ce pas vers une libération personnelle".
Alors on est bien loin de mes croyances mais je te pardonne. Quelque soit la portée de ces mots et ceux de tes actes. Je ne souhaite pas regarder en arrière et voir qu'il ne reste que haine et regret.
[Pause para] 06:49
Les yeux papillonnent sur les écrans [Pause para]
C'est fou comme le temps passe presque aussi vite que les profils qui défilent. Dans quel but?
Mon trouble est passé. Je crois. 9:13 la journée des uns commence tandis que la mienne... Ba on n'en ai plus à ça prêt.
Je sais qu'un jour prochain, parce qu'il faut que ça se fasse, je monterais les 4 étages pour venir chercher ma bibliothèque, mais tu sais ce qui m'inquiète, c'est que cette fois là sera probablement la dernière.
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Hey les sauterelles!
Donc voilà mon travail pour l’évaluation de l’écriture créative. Donc le thème que j’ai choisi c’est l’autoportrait à la Edouard Levé (càd en donnant des informations factuelles uniquement).
Ca fait 9 pages, ne vous sentez en aucun cas obligé-e-s de le lire.
  Autoportrait
Au moment où j’écris ces lignes j’ai vingt-trois ans. Je n’ai pas été à un concert depuis plus de dix ans. Je sais conduire. Je ne veux pas conduire. J’aime écouter les chansons qui ont bercé les enfances de mes parents. Je ne pleurs pas souvent mais beaucoup lorsque ça arrive. J’ai un chien qui est vieux et qui d’ailleurs est une femelle. J’ai un chat que j’ai nommé Butter car il présentait toutes les caractéristiques du beurre: jaune, gras et doux. Je trouve l’assemblage des mots une chose ardue. Je m’endors toujours dans les trains jusqu’à ma gare d’arrêt. Je ne mange jamais de bonbons mais des pastilles rouges contre la toux. J’ai, chez moi, des tasses à ne plus savoir quoi en faire. J’ai un service complet en argenterie que je n’utilise pas. Les films au cinéma sont meilleurs le matin en pyjama. J’éprouve un plaisir que je n’explique pas à voir quelqu’un jouer du violoncelle. Le pavé froid sous mes pieds nus me rappelle les vacances dans la grande maison familiale. Je préfère le soleil et la neige à la pluie. Je préfère la pluie d’été à tout. Le tonnerre me fait frissonner d’effroi. En 365 jours je suis sortie 90 fois de chez moi il y a deux ans. J’ai perdu quatre paires de lunettes de soleil durant un même été. Je me demande ce que j’ai perdu d’autre. Je n’ai pas appris à cuisiner avec quelqu’un. Le micro-onde est une invention dont je ne saurais me passer. Le soulagement m’atteint lorsque mon cadi de courses est organisé. J’aimerais être à nouveau enfant pour que l’on  m’y assoie. Je n’essaye plus d’être sympathique. L’on dit de moi que je suis drôle. Je voudrais faire des phrases débutant par « Il y a... ». Je voudrais les clore avec un « et puis rien. ». Je classe mes relations par strates: connaissance, copain/copine, ami-e. J’ai de tout en petite quantité. Je n’ai jamais pris le taxi. Je n’ai jamais pris l’avion. Je voudrais visiter plusieurs pays : le Canada, l’Islande, la Nouvelle Zélande, l’Italie. Je suppose que je devrai prendre l’avion. J’ai visité toutes les régions de France. Je n’ai rien retenu de leurs spécificités. J’ai commencé à vivre en lisant Dostoïevski. Des envies frénétiques de lecture me ravissent le temps d’un trimestre et m’abandonnent pour ce qu’il reste de l’année. J’ai arrêté de boire du chocolat au lait. J’essaye de me faire au thé. J’apprécie les jeux de mots. Plus encore lorsque j’en suis l’auteur. J’ai écrit une lettre sur l’ordinateur dans laquelle je me plaignais que les correspondances actuelles ne se faisaient que par clavier alors qu’à mon époque l’on travaillait à la mine. Récemment, je me suis prise d’amour pour les baleines. Je n’en ai jamais vue. Je dors toujours très mal les nuits de pleine lune. Je dors souvent très mal les nuits de lune normale aussi. Je suis chanceuse aux jeux d’argent. Je joue au loto cinq fois par an. Je regarde l’horoscope des autres. Je me demande si quelqu’un regarde le mien. J’ai fait quatre ans de psychothérapie. J’ai peu d’équilibre je trébuche régulièrement. Je ne me suis jamais rien cassée. J’ai passé quatre radios : les poumons, les dents, l’utérus, le poignet. Tout allait toujours très bien. J’ai porté un appareil dentaire durant trois ans. Je n’ai plus le sourire de mon enfance. J’ai tendance à me trouver des maladies et à m’y résoudre. Mon médecin est un homme qui ne sait jamais s’il doit me dire « tu » ou « vous ». Il me sert la main quand j’entre. Il me sert la main quand je le quitte. Dans le Notre Père je prononce le mot « pain » comme le mot anglais qui se traduit par « douleur ». Je connais par cœur cette prière en latin mais pas en français. L’on m’a appelée madame pour la première fois lorsque j’avais seize ans, je n’avais pas compris que l’on s’adressait à moi. Je jette toujours un coup d’œil aux miroirs et aux vitrines qui me reflètent pour vérifier que je suis bien là. Je marche vite. Je refuse de courir pour attraper un train, je préfère prendre le suivant. Je suis toujours en retard. Si je venais à écrire je choisirais un nom de plume masculin. Si je pouvais changer d’identité je me rebaptiserais Émilie Duval. On avait eu l’idée de m’appeler Blanche ou Martin. Les livres d’occasion ont plus d’histoires à raconter que les livres neufs. « Elle crie. » est une expression qui revient souvent chez Marguerite et je ne sais pas quoi en faire. Les éditions de minuit ont toujours des premières de couverture terribles. Je n’aime pas les agrumes à l’exception du citron jaune. Je n’aime pas les fruits en général sauf : les poires, les bananes, les mangues, les brugnons et les ananas. Je préfère le salé au sucré, le froid au chaud, le mou au dur, les légumes à la viande. J’achète des éclairs au café pour n’en manger que le glaçage. Mes desserts préférés sont : la mousse au chocolat, le tiramisu, la tarte tatin. Si j’aime une personne je viens toujours picorer dans son assiette. Je ne sais pas séduire. Je n’ai pas envie. Passer de l’imaginaire au réel n’a pour moi aucun intérêt. Je respecte les personnes qui ont des métiers qui n’appellent aucune gratification. Il n’y a pas grand-chose à tirer d’une conversation avec moi. Les étrangers me demandent souvent leur direction. Il y a un parfum qui me rappelle immanquablement ma mère, le mouvement de ses cheveux et puis rien. Le sourire de ma grand-mère paternelle traduit une tension constante ; ses regards ses sentences. Je n’aime pas ce que je suis. Je ne sais pas apaiser alors je distraie. Des images s’imposent à mon esprit et je ne sais plus s’il s’agit de souvenirs ou de rêves. Je suis mauvaise joueuse. Je me sabote lorsque je ressens les prémisses de la défaite. J’ai parlé beaucoup et j’ai le sentiment de ne plus rien avoir à dire à présent. J’ai pris des cours de japonais que je n’ai pas poursuivis. J’essaye de commencer des choses. Changer de dentifrice est une aventure périlleuse. Communiquer m’est douloureux. Je n’aime pas les mois de novembre, décembre, janvier, février et mars. Je m’ennuie un peu trop souvent partout. J’aime toujours une fille avec qui je suis fâchée depuis quatre ans. J’ai les yeux bleus et des cernes noirs pour les souligner. Mon nez n’est pas droit et des rides commencent à apparaître sur mon front. La fuite est tout ce à quoi j’aspire mais partir est impensable. Je ne fais pas la différence entre les portraits de Karl Marx et de Victor Hugo ; la barbe efface leur individualité. Je ne regarde jamais l’état de mon compte en banque. Je sais que je n’ai pas de problèmes d’argent parce que la banque ne m’appelle jamais. Je suis privilégiée. Cela pose problème lorsque je l’admets. Il y a des mots que je rencontre souvent dont je ne retiens jamais le sens : nonobstant, cognitif, sémiologie, antihistaminique, café allongé. Ma mère a appris à quarante-trois ans que lorsqu’un objet se déplaçait à une vitesse de 50km/h cela voulait dire qu’en l’espace d’une heure l’objet parcourait cinquante kilomètres. L’on m’a offert un livre intitulé Au secours, je pense trop ! J’ai envisagé de rentrer dans les ordres mais je n’ai pas la foi, ça m’a semblé être un obstacle à la démarche. Je préfère être assise par terre qu’à un bureau. Je préfère être semi-allongée qu’assise. La romance ne m’intéresse pas vraiment. Je n’ai pas aimé comme j’aurais du les personnes avec qui j’ai été. Elles ne se sont doutées de rien jusqu’à mon départ. Il m’arrive de mentir pour m’assurer une tranquillité. Je ne le regrette pas. J’ai commencé une liste des mots que j’aime entendre : erratique, simulacre, déflagration, vestige, vacuité, palindrome, immodéré, avide, frénésie, irrépressible, ronger, insoutenable, éperdument, inlassablement, impardonnable, ingurgiter, effroyable, albâtre, exégèse, indicible, ineffable, foutre, asphyxie, marasme, mascarade, vénéneuse, spasme, frémissement, enivrer, morsure, errance, cyanure, insipide, doucereux, miasme, effluve, fièvre, capricieuse, exulte, exiguë, contingence, inconséquence, éloquent, putréfaction, putain, pernicieuse, sylphide, paradigme, écorchures, catharsis, éponyme, hybris, crépusculaire, érosion, zeugme et Érasme. Au lycée j’ai dit à mon professeur de philosophie qu’il n’était pas juste parce que j’estimais qu’il me favorisait, il l’a mal pris. Il m’a donné son numéro de téléphone privé. Mon chien a le droit à une demie tranche de jambon tous les matins que l’on prend soin de découper en petits morceaux que l’on jette sur la pelouse. Je prends durant l’hiver des gouttes à base de plante pour éviter le rhume. Le sifflement de ce que je crois identifier comme étant un merle au levé du jour m’emplit de mélancolie. Je n’ai pas choisi les meubles qui se trouvent dans mon appartement. J’ai une petite poubelle à côté de mon lit mais je me relève pour jeter mes mouchoirs dans la poubelle principale. Je regarde toujours les dessins animés mais seulement ceux de mon enfance. Si je ne ressens rien en faisant quelque chose je dis à mes proches que ce que j’ai fait m’a fait me sentir bien. J’ai un grain de beauté au niveau de la hanche droite que le médecin m’a conseillée de faire surveiller. J’ai été piquée par une abeille une seule fois dans ma vie. Je n’arrive pas à dessiner le plan de la maison dans laquelle j’aimerais vivre pour toujours mais les plans de mes appartements transitoires sont toujours évidents. Je sais différencier les narcisses des jonquilles. Regarder les choses et les gens qui m’entourent est l’activité principale de mon existence. J’ai eu plusieurs hobbies : la couture, le dessin, le tricot, le scrapbooking, la fabrication de bougies et de parfums. Aucun ne m’est resté. Je n’aime pas les puzzles. Mon réveil sonne tôt le matin afin que je puisse profiter d’être au lit. Je n’aime pas les coudes de ma grand-mère maternelle. Mon grand-père maternel a toujours refusé de m’emmener à la chasse avec lui parce que j’étais une fille. Je suis la seule de sa descendance à avoir appris à tirer à la carabine. A dix ans je voulais être gothique. Assise sur l’herbe je ne peux m’empêcher d’arracher les brins par poignée. J’ai eu un accident de voiture que j’ai vécu comme une partie banale d’autos tamponneuses. Mon père est monté avec moi dans le train fantôme jusqu’à mes treize ans. J’ai dû être déscolarisée durant trois mois parce que je n’allais pas bien. Je suppose que ma couleur préférée est le vert, plus précisément le vert forêt. Je réagence certains mots volontairement par souci d’esthétisme. « Frise » devient « phrise », « simulacre » prend un circonflexe sur le a, je milite pour que « vulvide » remplace « vulvaire », « terroriser » et « horrifier » ne me semblent justes que s’ils s’assemblent et se changent en « terrorifier ». Je me sens joliment fragile lorsque les manches d’un pull trop grand tombent jusqu’aux premières phalanges de mes doigts. Mon chat est boulimique. J’ai mis du vernis de couleur différente chaque semaine durant deux ans. Je préfère nager dans cet ordre : dans une piscine, dans une rivière, dans la mer, dans un lac. A huit ans le capitaine d’un bateau m’a laissé la barre parce que je lui avais demandé. Je préférerais avoir un emploi de nuit que de jour. A la cour de récré nous faisions des maisons pour les vers de terre et les escargots. J’ai mis des algues dans la culotte de maillot de bain de ma cousine. Je ne sais jamais quoi faire sur une plage alors je m’endors. J’ai obtenu ma première étoile de ski. J’ai été amoureuse d’un garçon nommé Arnaud. Je suis toujours amoureuse d’une fille qui s’appelle Céline. Si je devais être un personnage de la série Winnie l’Ourson je serais Bourriquet. Un jour j’ai mangé en continu pour voir si j’allais vomir. J’ai cru être enceinte puis j’ai saigné. Je me suis renseignée sur les glandes salivaires auprès de mon amie qui fait médecine. J’allume les radiateurs chez moi uniquement pour que le chat errant du quartier vienne s’y réchauffer. J’achète des sacs poubelle de petite contenance pour ma petite poubelle au lieu d’utiliser les sacs plastique de supermarché. Si j’ai chaud ou froid je prends une douche, si je suis triste je prends un bain, si je suis triste et que j’ai froid je prends un bain, si je suis triste et que j’ai chaud je ne fais rien. J’appelle mes grands-parents deux fois la semaine pour qu’ils me parlent de la météo et de ce qu’ils mangent. Arrêter et garer un véhicule motorisé est source d’angoisse. Je prends mon pied à jouer sur la valeur radicale et épistémique du verbe « pouvoir » depuis bien avant de savoir ce qu’étaient la valeur radicale et la valeur épistémique. Je dis très souvent « incroyable ». Si j’utilise un proverbe je le fais suivre de plusieurs autres dans un ordre précis : pierre qui roule n’amasse pas mousse mène à un tiens vaut mieux que deux tu l’auras puis à l’arbre qui tombe fait moins de bruit que la forêt qui pousse et enfin vient en avril ne te découvre pas d’un fil. Je connais quelques mots en patois Normand. Je ne connais pas la marseillaise dans son intégralité mais je n’aime pas ce dont je m’en souviens. J’ai eu les cheveux de couleur : violette, grise, rouge, orange, blonde. Je n’ai jamais fumé. Je bois rarement mais toujours avec excès. Je n’utilise que des Stabilos© verts ou oranges. Je corne les coins de page de mes livres lorsque une citation m’interpelle. Je ne ressens rien lorsque je suis confrontée à de l’art contemporain. J’ai longtemps dormi avec une capuche de peur que des insectes rentrent dans mes oreilles durant mon sommeil. Je tiens un journal intime dans lequel je ne fais qu’écrire que je ne vais pas bien. Je suis momentanément sereine lorsque je mange des nuggets de poulet sauce curry. Un de mes amis se prend pour mon père. Je me prends pour la mère de chacun de mes amis. Je fouille partout où je vais mais seulement après avoir demandé si je pouvais fouiller et que l’on m’y ait autorisée. Le bruit de la machine à laver de ma mère a la capacité de me bercer. Je voudrais vivre près d’une gare. J’aime l’idée d’habiter une maison qui a eu une histoire avant moi mais j’aime aussi séjourner dans les hôtels impersonnels. Si l’on me demandait de choisir entre mes deux parents je sais lequel je choisirais sans hésiter. J’ai des cicatrices sur les genoux de mes trop nombreuses chutes à l’école. Je n’ai jamais aimé les gens de mon âge. J’aime encore mois les plus jeunes que moi. Je me sens menacée par toute personne qui porte le même prénom que moi. Mon indice IMC indique que je suis obèse. Quand quelqu’un me dit que je suis grosse je ne ressens rien de plus que lorsque l’on me dit que j’ai les yeux bleus. La seule chose qui me pousse à venir en cours est la présence d’une personne dont la voix me prend par surprise systématiquement. Je suis entravée par le port d’un quelconque bijou. Mon meilleur souvenir de vacances est Breton. J’aimerais avoir un ami qui me laisse lui mettre du vernis parce qu’il en a envie et non pas parce qu’il a cédé à ma supplication. Toucher la barbe naissante de quelqu’un est très agréable. J’écris des lettres d’adieu et un testament tous les ans depuis que j’ai huit ans. J’ai changé un interrupteur un jour et je me suis sentie l’envie de restaurer une maison entièrement. Lorsque je descends des escaliers je saute toujours la dernière marche. Je ne pense pas que l’on soit allé sur la Lune. N’ayant pas compris la prescription du médecin ma mère m’a donné trop de médicaments et j’ai appelé le centre antipoison alors qu’elle pleurait. Mon frère a volé des objets insolites : un tabouret dans un bar, un panneau distributeur de sacs à déjections canines, un affichage de voiture de la SNCF, de la colle à dentier. Le réveillon de Noël me rend malade. J’admire les personnes qui ont la foi. Si un vêtement me plaît je l’achète en plusieurs exemplaires. J’aime la sensation provoquée par les vomissements et les crampes. Je n’ai pas la télévision chez moi. Je ne cherche pas à m’informer sur ce qu’il se passe sur Terre. Les mains de mon père et les miennes se confondent. Je favorise les sacs de voyage aux valises. Je reprends toujours les gens qui disent « pallier à... » et « malgré que... ». Je me suis fait une entorse au pied gauche durant un festival de musique, je n’ai pas laissé la douleur m’empêcher de rentrer à pied. Je me sens comme chez moi lorsque je suis dans le train. J’ai eu une nourrice qui cuisinait bien. Je n’envoie jamais deux fois la même carte postale même à des personnes différentes, j’essaye de ne jamais y dire exactement la même chose de peur que les destinataires en discutent. Je tiens de mon père : la forme de mes dents et de mes lèvres, ma tristesse, le statut de préféré. Je tiens de ma mère : mon humour, mon acide et mes cheveux. J’ai collectionné les boites de mouchoir vides. Je dis « un chèvre » au lieu de dire « un bouc ». A neuf ans, en expédition sur des rochers, je n’ai pas vu la mer monter et j’ai dû escalader la totalité de la falaise pour ne pas attendre six heures au milieu des flots. Appeler mon chien « mémère » me met en joie. Plus je suis douce moins j’aime la personne. Petite, j’étais persuadée que mes rêves étaient créés par une armada de petits lutins dans mon cerveau. Si un compagnon reprend mes expressions je le prends en pitié. Je n’ai jamais lu Kafka et pourtant je sais que je l’aime. Lorsque je suis confrontée au mot « God » j’entrevois le personnage divin mais surtout je pense au sextoy. Je redoute l’idée que moi vieillissante je trouve séduisantes les personnes qui ont mon âge actuellement. Ma grand-mère dit que prendre les produits disponibles dans les chambres d’hôtel ne relève pas du vol. J’ai croisé un acteur que j’admire et l’ai laissé poursuivre son chemin sans l’intérompre. Je n’achète plus de disques et de DVDs. J’ai pris l’habitude de mettre des tomates dans mon croque-monsieur. J’ai toujours été impressionnée par la capacité d’une cousine à roter sur commande. Je n’aime pas le comportement de mon frère avec les filles. Mon père, son frère et sa sœur ne savent pas que leur mère finira par mourir. L’odeur des jacinthes et du lilas me donne la nausée.  Ma voisine a mis de la pelouse synthétique dans son jardinet. J’aimerais avoir un savoir fongique. Il m’arrive de faire des rêves lucides. J’ai en ma possession la photographie d’une femme et je ne sais pas s’il s’agit de ma mère ou de moi même. La première psychologue que j’ai rencontrée m’a dit qu’elle ne pouvait rien pour moi. Il m’arrive d’aller chercher un pull lorsque j’ai froid et d’oublier de le mettre. Petite je faisais semblant de dormir dans la voiture pour qu’une fois arrivés à destination mon père me porte jusqu’à l’intérieur. La satisfaction m’est impossible. J’ai écrit une lettre de quatre pages à une amie qui relatait quatre ans de mon existence. J’ai toujours voulu porter des lunettes. Si une personne me parle de quelqu’un avec qui elle a des problèmes j’ai pour réflexe de dire « Tue-le. », lorsque l’on me dit que ce n’est pas possible je rétorque : «  Je peux le tuer pour toi. ». Les enfants m’apprécient. A l’école la maîtresse m’a exclue de la classe sans aucune raison, je l’ai laissée faire parce que c’était la maîtresse. Je commence à appréhender mon prénom. Dans ma penderie la plupart de mes vêtements sont bleus ou gris. A soixante-dix ans passés mon grand-père maternel devient soucieux du bien être des autres. L’on m’a souvent reproché de ne pas être tendre. Je connais les origines des surnoms que je donne mais pas celles de ceux que l’on m’attribu. Pour vérifier qu’un verbe doit être à l’infinitif je le remplace toujours par le verbe « mordre ». J’ai quitté quelqu’un parce qu’il ne savait rien de moi après huit ans de relation. Recevoir un cadeau provoque en moi un sentiment inconsolable. J’admire les capacités de mes amies. Lors d’une crise d’angoisse une personne m’a conseillé de penser à autre chose. Ma grand-mère paternelle m’aimerait plus si j’avais dix kilos de moins. Je me sens mal à l’aise en la présence  des chevaux, poneys et double poneys mais pas des ânes. Lorsque je jouais à la sorcière j’avais toujours le pouvoir de maîtriser l’élément Terre. J’ai un ami qui m’appelle souvent quand il est aux toilettes et cela ne me dérange pas. Mes fantasmes sont rarement sexuels. Je suis une personne qui apprécie les vérandas. J’ai étudié durant cinq ans quelque chose qui ne me plaisait pas simplement parce que je savais que j’avais les capacités pour réussir ce cursus. Je sens tout le parcours d’une gorgée de vin jusqu’à mon estomac. J’essaye de trouver le scénario du crime parfait. J’apporte plus d’attentions aux détails qu’au grand schéma. J’aime mieux regarder des photographies d’une époque où je n’existais pas. J’ai peur de savoir combien il y a d’os à l’intérieur de mon corps. J’ai toujours laissé mes camarades copier sur moi durant la totalité de ma scolarité. Le père de mon ancienne amie d’enfance est en prison pour pédophilie. Je n’ai pas eu un seul bon professeur au collège. Mon père a eu les voitures suivantes : une Renault 5 rouge, une Peugeot 205 marron, une Peugeot 306 grise, une Citroën AX grise, une Citroën Saxo blanche, une Peugeot Berlingo verte, une Peugeot 207 commerciale blanche et une Peugeot 207 SW noire ; je suis montée dans toutes sauf une. L’odeur du feu de bois me donne mal à la tête. J’aimerais peindre ma chambre en bleu paon. J’ai retrouvé dans les affaires de ma mère une lettre qui lui venait de son ancien moniteur d’auto-école qu’il lui avait envoyée une semaine avant de se suicider. « Parfois il faut faire des choses que l’on n’a pas envie de faire et qui ne sont pas à nous de faire simplement parce qu’il n’y a personne d’autre pour s’en occuper et qu’il faut quand même que ce soit fait » est un enseignement terrible. J’ai demandé un vélo pour mes seize ans et ne m’en suis presque jamais servi. Je n’aime pas le principe des bougies. Je ne me force pas à me confronter aux choses qui ne suscitent pas mon intérêt et je le regrette. Je suis le dépanneur informatique des personnes âgées que je fréquente. Je n’ai jamais songé à avoir un enfant biologique. Je préfère organiser un événement que d’y participer. J’ai un ami qui me laisse choisir la musique lorsque c’est lui qui conduit et je lui en suis reconnaissante. Si un numéro que je ne connais pas m’appelle, je ne réponds pas et attends que l’on me laisse un message. Je ne comprends pas les couples dont les partenaires présentent une différence d’âge conséquente. J’écoute de la musique dès que je le peux. Ne lire qu’un seul livre à la fois me met mal à l’aise, j’ai besoin de pouvoir passer d’une histoire à l’autre. Terminer un livre me provoque la même tristesse qu’une séparation. Je ne relis jamais plusieurs fois un même livre. Je dors avec une peluche en forme de pieuvre qui mesure plus d’un mètre. J’ai donné des noms à mes objets technologiques. J’ai hérité d’une somme confortable qui me permet de ne m’inquiéter de rien. Je fais toujours une liste lorsque je dois préparer mon départ. Je fais la différence entre le mot « regret » et le mot « remord » mais j’emploie le verbe « regretter » lorsque j’éprouve des remords. La justesse est quelque chose qui me semble primordial. Le pain n’est jamais aussi bien tranché et les pots de confiture ne sont jamais aussi bien ouverts que par mon grand-père maternel. J’ai une amie que j’aime profondément avec qui je pourrais vivre si elle en avait l’envie. J’ai gagné un concours de puzzle en Espagne. J’ai marché sur un ponton légèrement immergé et ai prétendu être la réincarnation de Jésus puisque moi aussi je marchais sur l’eau. Je ne prends pas de photos des lieux que je visite, j’en achète des cartes postales car je trouve leur représentation plus effective. Je choisis les timbres en fonction de la personnalité de mon correspondant. Lorsque j’ai une musique dans la tête je me mets à en chantonner une autre pour la faire passer. Je ne suis pas une adepte de la théorie du complot. Je suis des cours de zététique. J’ai envoyé un message qui était supposé dire « je t’aide comme je peux » mais qui en réalité lisait « je t’aime comme je peux ». Je me demande ce que Freud dirait de mes pensées s’il était présent, généralement je le fais avec ironie. J’ai toujours été attirée par mes professeurs d’Histoire, j’ai toujours méprisé mes professeurs de Français. Un ruisseau ne remplit son rôle que si je peux y faire un barrage. La rencontre de mes grands-parents paternels est stupéfiante : ma grand-mère, alors âgée de quatorze ans, se promenait dans la rue avec son père, elle a croisé mon grand-père et a dit « c’est un homme comme lui que je veux épouser » ce qu’elle a fait quatre ans plus tard. Lorsque l’on pose une question à autrui mais que je connais la réponse j’ai tendance à répondre. Les sens qui me font le plus souffrir sont l’odorat d’abord et le toucher ensuite. En période de stress ma vue baisse considérablement et il n’y a rien à y faire pour y remédier. Je ne considère pas le « y » comme une voyelle. Je n’ai ni piercing ni tatouage. L’idée qu’un corps étranger puisse se retrouver à l’intérieur de moi me donne la nausée. J’éprouve un mal être inexpliqué lorsque je vois des animaux rampants. J’ai manqué de m’évanouir dans la galerie des reptiles du Natural History Museum à Londres face à un boa. J’ai rappelé à mon grand-père paternel qu’il avait fait la guerre lorsqu’il s’est plaint que l’antiseptique que je lui appliquais sur une petite plaie le piquait. Porter du rouge à lèvres m’handicape le visage. Les ruines ont quelque chose de plus intriguant que les structures complètes.  Je n’ai jamais envisagé que mes parents puissent vivre au-delà de cinquante ans. Des sensations physiques agréables disparaissent peu à peu de mon corps depuis mes dix-huit ans. Recevoir des chaussettes en cadeau était insultant plus jeune. Je n’ai aucune connaissance géographique. Je ne comprends pas comment le cerveau humain, malgré la diversité énorme des races et de leurs caractéristiques propres, reconnaît un chien comme étant un chien. Une personne gauchère m’apparaît tout de suite comme plus attirante. La lumière artificielle jaune m’épuise. Le trajet de retour semble toujours moins long qu’à l’aller. Jeune quand on me demandait quelle profession je voulais exercer plus tard je répondais « Indiana Jones ». Je perds rapidement la notion du temps si je n’ai pas de contraintes temporelles. J’écris des cartes de bonne année seulement aux personnes âgées. Les aquariums ont dans mon esprit quelque chose d’apaisant. Pour un essai j’ai dû taper dans mon moteur de recherche les mots suivants : « l’imaginaire du foutre ». Je n’écoute jamais la radio et de ce fait ne suis jamais au courant des dernières musiques à la mode. J’aime dire « je l’ai volé-e » lorsque l’on me demande où j’ai acheté tel ou tel objet. En réalité je n’ai volé que trois fois dans ma vie : une assiette de poupée Barbie® qui appartenait à ma cousine, trois enveloppes kraft dans un bureau, des photos de jeunesse de mes grands-parents. Je ne suis pas jalouse puisque je ne possède rien. En cas d’incendie je tiens à sauver dans cet ordre : ma peluche du Roi Lion, les photos que j’ai volées, mes vêtements, mon ordinateur,  les papiers importants. Je préfère les meubles qui ont appartenu à d’autres avant moi. Je ne connais aucune constellation si ce n’est la Petite Ours. Le principe du Père Noël m’a toujours perturbée du fait que cela signifiait qu’un inconnu pouvait s’introduire à l’intérieur de la maison durant mon sommeil. L’idée de me faire kidnapper m’a obsédée pendant des années. Durant les sorties scolaires j’emportais toujours avec moi une petite trousse de premiers secours. Je suis fascinée par les dents des gens. Les films d’action ne m’intéressent pas. Je regrette que les comédies me fassent rarement rire. Je brille dans les situations terribles. Je regarde toujours les petites annonces romantiques dans les journaux. Je chante faux mais cela ne m’empêche pas de chanter lorsque je ne suis pas seule. J’ai pris l’habitude en primaire de partager mon goûter avec un camarade qui n’en avait jamais. J’aimerais nager habillée au moins une fois. Je n’ai pas d’amour particulier pour les oiseaux. Je sais depuis toujours comment je vais finir.
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page-a-pages · 5 years
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L’agenda Pléiade ou Bonne Année 2020!
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Personnage en bois de Bruno Heitz
Un matin, il attend dans la boîte aux lettres. Ou plutôt je l’attends.
Le découvrir, c’est déjà l’apprivoiser. Dans un premier temps, par les sens : l’odeur de cuir ; la couverture douce au toucher, vierge de toute griffure, de toute usure, les coins bien droits ; le noir, brillant et grainé, le dos frappé de lignes et de l’année dans son rectangle bordeaux. En l’ouvrant, les pages résistent, encore réunies par la tranche dorée ; elles émettent un léger bruit en prenant vie. Prendre vie est un bien grand mot, elles seront surtout marquées de mots, chiffres et traits. Cela viendra. A l’intérieur, l’odeur se fait encore plus présente, le papier crème est lisse et frais. Immuable.
Cela faisait des années que je n’avais pas observé la partie des cartes et plans. En ouvrant largement la carte de la France, deux points de colle font sauter le papier. Les villes de Pithiviers, dans le Centre, et Albert, en Picardie, sont désormais effacées, remplacées par deux petites taches blanches. Il y a très longtemps, cette partie de l’agenda s’organisait différemment. Aujourd’hui, le plan du métro de Paris figure en première place et les cartes de la France routière ont disparu. On s’adapte et de toute façon la plupart de nos voitures sont équipées de navigateurs. Demeure toutefois le répertoire amovible. Jusqu’à quand ? Qui prend encore la peine de noter noms, adresses et numéros de téléphone ? Voire de les recopier d’une année à l’autre ? Les numéros de téléphone utiles ont disparu : urgences, centres anti-poison, services, taxis-radio, radio-télévision (oui, oui !), SNCF, transports aériens, maritimes, divers, perte ou vol d’une carte de crédit.
J’ai reçu mon premier agenda Pléiade en 1996. Il m’a été offert par la gérante de la Librairie des Ecrivains, à Lausanne. Les années suivantes, je l’ai acheté ou reçu, je ne me souviens plus. Puis la librairie a fermé. C’est ensuite la librairie Payot qui me l’a offert comme cadeau de fin d’année. Il faut dire que grâce à ma profession, j’étais une excellente cliente ! Quand, vingt ans plus tard, j’ai quitté mon poste, j’ai sollicité le représentant de Gallimard qui, par fidélité à toutes ces années où nous avions travaillé ensemble, m’a envoyé et continue de m’envoyer cet objet auquel je tiens et qu’on ne peut acheter, du  moins normalement. Je frémis à l’idée de ne pouvoir un jour plus l’obtenir.
1996. Janvier : Hélène doit se faire opérer ; avec sa sœur, elles vont le mercredi après-midi à la Lanterne magique, ciné-club pour enfants, et un week-end sur deux chez leur père ; je suis un cours du soir à l’Uni pop. Février : nous passons une semaine de ski à Villars, peut-être bien la première d’une longue série, offerte par leur grand-mère ; Mars : Ma mère prend le train à 10h46 ; j’assiste à un spectacle de danse à la salle Métropole, mais lequel ? Avril : la lettre F, récurrente, m’indique que je suis une thérapie ; vacances ; anniversaires. Mai : salon du livre de Genève ; formation à Paris. Juin : je me fais ôter deux dents de sagesse et en garde le souvenir de douleurs épouvantables après l’opération ; c’est le mois des courses d’école et bientôt des vacances. Juillet : nous partons à Saint-Rémy de Provence où ma mère possède une petite maison ; je lis le mot « chômage » : cela signifie donc que j’ai achevé ma formation de bibliothécaire cette année-là. Août : nous partons à Paris dans la famille ; je commence à travailler au CHUV en gynécologie, obstétrique et auprès des enfants. Je suis également engagée par l’Association Romande de Littérature pour l’Enfance et la Jeunesse, futur Institut Suisse Jeunesse et Médias. Septembre : les filles font de la danse ; période d’examens pour Philippe qui achève ses études de lettres. Octobre : rendez-vous chez le dentiste, le coiffeur, le garagiste ; vacances scolaires. Novembre : concert de Rostropovitch, j’avais oublié. Décembre : nous allons au théâtre pour enfants ; spectacles de Noël à la garderie ; week-end à Chandolin à 1936 mètres d’altitude : un ami belge de Philippe y fête son anniversaire. Pour gagner le refuge qui se situe sur les pistes, il faut prendre un télésiège et monter, monter, puis descendre à ski. Il fait bientôt nuit, il y a du brouillard et des bosses. Philippe descend la piste avec Hélène entre les jambes. Je surveille Loraine comme je peux, pas très assurée sur mes skis et encombrée par un sac à dos. J’ai un peu peur. Philippe revoit ses amis belges de l’époque où il faisait du cinéma à Bruxelles. Nostalgie. Nous dormons, mal, dans un dortoir.
En 1996, Hélène a cinq ans et Loraine huit. J’en ai 34. Dans l’agenda sont notées des références de livres, de romans. J’en lirai certains, d’autres non. Je lis «La vie de la page» de Quentin Blake, «C’est même pas un perroquet» de Rafik Schami et «Nous on n’aime pas lire» de Marie-Aude Murail parce que deux ans auparavant, j’ai découvert émerveillée «Continue la lecture, on n’aime pas la récré».  J’ai encore beaucoup à apprendre. Nous partageons à quatre un ordinateur, celui que Philippe a acquis quelques années plus tôt. Nous n’avons pas de téléphones portables. Les filles regardent des vidéos de Tex Avery, de Pingu et d’albums illustrés adaptés en petits films par Gallimard et Flammarion. Elles tirent les grands rideaux du salon et nous convient à des spectacles sonorisés grâce à leur enregisteur Fisher Price ; elles jouent à la marchande, aux Playmobil, dessinent beaucoup, coupent et collent.
Janvier 2020. Pour une fois, je vais recopier les dates des anniversaires avant le mois de juin. Je choisis une couleur. J’hésite à ôter certains noms, à faire le ménage. D’autres sont apparus. Je m’applique encore. Surtout ne pas se tromper de mois, de jour, de semaine, au risque de devoir biffer. Je note soigneusement les premiers rendez-vous de l’année. Je sais bien que rapidement l’agenda n’aura plus belle allure ! C’est étrange. Vouloir le garder propre au début, n’est-ce pas comme y voir des promesses ? Pourquoi se souhaite-t-on avec sincérité, les uns aux autres, une bonne année ? On y croit, on le veut. Pourtant, mettre son nez dans vingt-cinq ans de son histoire est aussi douloureux. Il y a quelques mois, Loraine m’a demandé d’essayer de me souvenir des dates auxquelles elle était allée aux Etats-Unis. Elle projetait de s’y rendre, mais ayant voyagé entretemps en Iran, on lui faisait des misères. J’ai parcouru les agendas, essayant de ne pas trop m’arrêter sur ma vie. Sauf à se souvenir des belles choses de la vie. Et ce celles à venir. BONNE ANNEE 2020 !
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ecolegullivar-blog · 7 years
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Chapitre 5 : Erreur de débutant
« Ça va paraître stupide, mais... commença Swan, Bref, tout a commencé hier. On était en cours d’alchimie, on étudiait les effets et l’origine de la mandragore, qui d’ailleurs, est une plante tout à fait passionnante. Tu savais que pour être ensorcelée, elle devait pousser au pied d’une potence, et naissait du sang et du sperme de la victime? Tout à fait incroyable!»
Soudain, son visage s’illumina, comme s’il venait de se souvenir de quelque chose. Son interlocuteur quant à lui, abordait plutôt une description de dégoût et redoutait déjà la suite de son histoire. Le jeune homme se faufila hors de son lit et fouilla dans son sac qui gisait quelques mètres plus loin pour en tirer un carnet à la couverture en cuir, complètement noire. Le serrant fort contre son torse, -ce qui surprit Ame mais il essaya de ne pas y mettre son grain de sel, en bon perdant- il rejoint son lit et approcha l’objet jusqu’à son visage, de façon à ce qu’il effleure ses lèvres.
« Révèle-toi »
Le carnet ne se fit pas prier. Des lettres blanches vinrent se dessiner sur la couverture, comme si une encre invisible la marquait. Le demi-ondin tendit son cou, pour y lire ces mots : A la mémoire. Swan ouvrit délicatement le carnet et des lignes naquirent sur une des feuilles vierges, avant de s’épouser et de s’élever, toujours plus haut, au dessus du papier. Une plante, qui semblait presque réelle, se dressait dans les airs, à quelques centimètres du visage de l’ondin. Ce dernier l’effleura des doigts, afin de sentir le papier le ramener à la réalité. Pour un premier année, c’était déjà un exploit de pouvoir invoquer une quelconque entité sans en murmurer la formule, mais la chose en était d’autant plus louable qu’elle était réussite à la merveille. Il devait reconnaître que depuis la dernière fois qu’il avait assisté à ce phénomène, c’est-à-dire il y a près de quatre ans, Swan avait bien progressé. On ne pouvait pas en dire autant de lui... Et cela faisait deux ans qu’il étudiait à l’école de sorcellerie Gullivar. Ame essaya de ne pas paraître déstabilisé et se contenta de lever les yeux au ciel.
« Le coup du Révèle-toi, c’est moi qui l’ai créé, je demande remboursement pour violation droits d’auteur. grogna-t-il»
Mais Swan l’ignora ouvertement, comme s’il savait ce qu’il se tramait dans son esprit. Avec ses doigts, il s’amusait à faire mouvoir la plante. Ses feuilles, dans l’obscurité, brillaient de nuances dorées.
«On dit que la mandragore brille le soir d’un vendredi, après l’orage. déclara-t-il, la mine rêveuse, J’aimerais bien voir ça en vrai. - Tu aimerais voir ça en vrai? demanda Ame, ne cherchant plus à contenir sa surprise, Mais pourtant, tu ne peux invoquer que si tu as un objet en mémoire, non? Alors comment est-ce possible...?»
Swan lui adressa un sourire cachant à peine sa fierté et la mandragore se dissipa aussitôt dans l’air, comme si elle n’avait jamais existé.
« Il est vrai que je ne peux dessiner qu’en ayant vécu une scène, mais avec le temps, j’ai appris à déformer certains objets. lui répondit-il, Je voulais te montrer ça.»
Désorienté, Ame ne savait pas trop ce qu’il devait dire. Lui montrer? A lui? A quoi bon cela lui servirait-il? Ça aurait été compréhensible auparavant, mais disons que depuis un certain temps, un froid s’était installé entre les deux ex-meilleurs amis. Qu’est-ce que j’ai pu être crétin de, ne serait-ce que, tolérer ce genre de personne dans ma vie. Un imbécile de première. Cette histoire de mandragore qui brille ça doit encore être un de ses pièges pour me rabaisser ou que sais-je. Bon, c’est vrai que les plans pour rabaisser les autres c’est plutôt mon style mais... je ne lui fais pas confiance. Que veut-il que je lui dise, de toute façon? ‘C’est sympa que tu fasses de jolies petites invocations de plantes à deux balles et que tu te ne sois pas complètement abruti durant ces années où j’ai essayé de t’ignorer? Quel bol j’ai eu d’être tombé sur lui en colocataire -ironie-.
« Ouais, frimer quoi, comme d’habitude. rétorqua froidement Ame, Enfin reprends ton histoire originelle, si tu me reparles encore de mandragore brillante, je me taillade les veines.»
Il crût percevoir une once de déception dans les yeux de Swan, et s’en voulut un peu, sur le moment, d’avoir été aussi grossier. Mais la réponse de ce dernier, aussi confiant que d’habitude, le ramena sur terre.
« Quel gamin. Tu sais, je suis meilleur en invocations, c’est la vie, il faut l’accepter mon pauvre. le nargua Swan, avant de poursuivre en ignorant ses protestations, Donc, comme je le disais, nous étions en cours d’alchimie, et nous venions de découvrir cette toute nouvelle plante. Moi et Aédé, on a fini assez vite la bouillie de mandragore -paix à son âme- de guérison, donc quand le professeur Rinidinla a eu le dos tourné... -Ah, là ça devient intéressant! s’exclama Ame -... on a vidé l’armoire à la recherche de livres intéressants. acheva-t-il - Je déteste ces intellos. soupira le demi-ondin - En fait, on est tombé sur un livre sur des élixirs, et on a voulu tester un philtre. Le philtre d’amour, tu vois c’était juste pour une farce...»
Ame secoua la tête, feignant de désapprouver son comportement.
« Swan, c’est terrible, tu prends de moi. déclara-t-il d’un ton tragique, Je devrais être fier, si tu n’étais pas un être relativement abject. - Je ne relèverai pas. Bon, comme je disais avant que tu ne m’interrompes pour la trois-millième fois, on voulait le tester sur un de nos amis. On a suivi la recette du manuel... Mais je crois qu’on s’est trompé quelque part. Parce qu’une fois le philtre fait, on l’a versé dans une boisson et une chose entraînant une autre... Disons que le frère d’Aédé ne me portait déjà pas dans son cœur... - Crache le morceau! - Il a bu la potion accidentellement, et le philtre a eu l’effet inverse... Avec la mauvaise personne... Moi. avoua-t-il enfin en grimaçant»
Le demi-ondin resta de marbre quelques secondes, avant d’éclater de rire. C’étaient typiquement les premières années ça. Beaucoup trop curieux, et pas assez dans le cerveau. Bon... Il est vrai que cette description lui allait aussi à merveille.
« Il n’y a rien de drôle! s’indigna Swan, les joues rouges - Ne t’inquiète pas... lui répondit Ame en essayant de reprendre son souffle, Il m’est arrivé pire, je vais pouvoir te filer un coup de main... Contre deux verre de brooke! - Ne crois pas que j’ai oublié la dette que tu as envers moi, très cher. siffla Swan, Tu as perdu le pari. Il n’y a aucun farfadet ici. D’ailleurs...»
Il désigna le trou dans le mur de la chambre.
« On fait quoi à ce propos? - Bon écoute, les effets des philtres sont toujours temporaires. Cela fait un jour qu’il l’a bu, d’ici un autre les effets seront déjà dissipés. Je me charge de l’occuper pour qu’il évite de te tuer avant d’avoir... décuvé. Toi, pendant ce temps-là, va voir à la bibliothèque et trouve le bibliothécaire. Il s’appelle... Oh fiente de phénix à crocs, je ne lui ai même pas demandé. Peu importe! Je suis sûr qu’il t’aidera, en tout cas, n’en parle à aucun professeur.»
Swan grimaça :
« Et s’il nous dénonce? Je veux dire, on a- tu as fait sauter le mur. Il en parlera forcément aux professeurs. Ça a vraiment l’air d’être une idée à la c- - Écoute ton aîné pour une fois et fais ce que je te dis de faire. Je suis doué pour me tirer d’affaire, j’ai une grande expérience dans les erreurs monumentales. affirma Ame - Si tu le dis...»
Le demi-ondin tourna le dos à Swan, se tournant sur lui-même dans son lit.
« Bon, dormons. On verra ça demain.»
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songedunenuitdete · 4 years
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J’ai été faible, la première chose que j’ai vu, c’est le dessin sur la couverture et je me suis dit que c’était pas mal du tout. Et du coup, j’ai acheté le manga sans avoir lu son résumé. Je vous jure, parfois, je me fais peur toute seule.
Pour la petite histoire, je faisais l’inventaire des mangas que j’allais acquérir fin août quand j’ai vu ce titre. Je voulais me le procurer fin du mois dernier, mais je suis arrivée chez mon dealer de mangas préféré un jour trop tôt… Du coup, je ne l’ai eu qu’aujourd’hui et aussitôt lu…
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Son résumé :
Towako, présidente du conseil des élèves, est autant réputée pour sa moralité irréprochable, qui lui vaut la confiance des enseignants et des élèves, que pour sa haine apparente des garçons. Sa rencontre avec Yui, un élève plus jeune, va dévoiler un aspect caché de sa personnalité et engendrer le début d’une relation « interdite »…
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Mon avis :
[dropcap]B[/dropcap]on, à ce stade, même en ayant eu le manga entre les mains avant de passer à la caisse, je n’ai toujours pas lu le résumé… Vous y croyez-vous ? La seule chose que j’ai faite juste avant c’est de lire le billet plus que dithyrambique que La pomme qui rougit en a fait. Et… même là, je n’ai pas lu le résumé…
Et donc, j’ai lu le manga… Oui, quand même !
Première chose :
J’ai été agréablement surprise par le graphisme et la mise en pages très réussie. Bon, parfois, je trouve ça un peu fouillis avec l’abus de trames en arabesques ou fleuries, mais c’est un shôjo et ça fait partie des codes qui lui sont propres.
Concernant l’histoire :
Je suis divisée. Alors, attention, j’ai aimé, vraiment, je n’ai pas lâché le livre avant de l’avoir terminé, mais…
L’histoire est du point de vue de l’héroïne, Towako, une jeune lycéenne à la réputation irréprochable. Elle est pour les autres élèves et pour ses professeurs la perfection incarnée.
C’est l’histoire d’une fille qui déteste les garçons…
  Cela ne dérange pas la jeune fille au demeurant, pourtant ce n’est pas ce dont elle rêve au plus profond d’elle-même. Towako en plus d’être première en tout, déteste ses congénères masculins. Cela résulte d’une vieille promesse faite à sa mère quand elle était enfant.
Bon. Stop. La mère que je suis tient à dire qu’elle a été révoltée par cette scène du passé de Towako. J’ai trouvé sa mère aussi égoïste qu’inconsciente. Allez faire jurer à sa fille de ne jamais être amie avec les garçons… Alors, je veux bien que cette dernière ait dû vivre quelque chose d’horrible, mais de là à monter sa fille contre les hommes, c’est assez extrême et pas très responsable.
Du coup, Towako qui est à l’âge des premiers émois amoureux a trouvé un moyen de palier à ce « manque ». Elle couche ses pensées les plus personnelles dans un carnet qui va être volé par un garçon qui s’intéresse fortement à elle.
Une relation naissante au bon goût d’interdit.
  Là encore, l’histoire du chantage, j’ai eu du mal à l’avaler… Même si au final, Yui (c’est le nom du garçon) réussira à faire sortir Towako de sa bulle de protection…
Yui n’est pas méchant, juste maladroit et on voit le bien qu’il fait à Towako, mais il y avait d’autres façons, à mon sens, de procéder.
Leur relation naissante, fleure bon l’interdit. Déjà, parce qu’elle est son senpai (elle est plus âgée que lui) et ensuite parce qu’il adore la coincer un peu partout dans le lycée pour s’amuser avec elle.
Dans l’ensemble, j’ai, malgré tout, aimé ce premier tome qui montre de manière incisive les premiers émois adolescents, leurs désirs profonds… Towako a grandi dans l’ombre d’une promesse qu’elle n’arrive plus à tenir parce qu’elle s’affirme en tant que femme et que… passer sa vie à détester les hommes sans savoir pourquoi, c’est quand même compliqué.
Cette promesse faite dans l’enfance pèse sur sa conscience et la jeune fille doit affronter ses propres choix.
[dropcap]V[/dropcap]oilà une histoire plus profonde qu’elle n’y parait de prime abord et qui a plusieurs niveaux de lecture. Je trouve les thématiques intéressantes et qui parleront aux ados d’aujourd’hui, mais également aux plus âgés.
J’ai moi-même passé l’adolescence depuis longtemps, néanmoins j’ai quand même beaucoup aimé ce manga frais et qui sonne juste.
Découvrez un extrait du manga, juste ci-dessous ⤵
J'ai enfin pu lire : Ça reste entre nous T1 de Haru Aoi - @EditionsKana 🥰 ▶J'ai beaucoup aimé ce #shôjo #manga frais, qui sonne juste 🙏. Un bon #feelgood avec des thématiques sympas 👌💕 🔴 Pour découvrir mon #avis, il suffit de cliquer sur l'image ⤵ J’ai été faible, la première chose que j’ai vu, c’est le dessin sur la couverture et je me suis dit que c’était…
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uniquebirdprince · 4 years
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Découvrons Victoria Martin – auteur, merci d’avoir répondu aux questions !
Bonjour, j’espère que vous allez bien. Je suis Marie F chroniqueuse sur « La voix littéraire » Etes-vous prêt(e) à passer aux questions ? Présentez-vous un peu avant de répondre.
Bonjour, je suis Victoria Martin, j’ai 29 ans. Je suis auteure d’une saga de Fantasy Médiévale / Thriller « Horrible prophétie » se composant de deux tomes « Horrible prophétie » et « Horrible prophétie Tome II Les Rouages du Destin » paru aux éditions Edilivre. Un troisième sortira avant la fin de l’année. De plus, je suis également l’auteur d’un recueil de proverbes « Proverbes et Expressions du Sud-Ouest et d’Ailleurs…Tome 1 » paru chez Nombre7 Editions co-écrit avec Marie-Dominique Martin.  Parisienne dans l’âme et née à Paris, je suis aussi originaire de l’Allier par mon père et du Sud-Ouest par ma mère. Depuis toute petite j’ai toujours écrit et rêvé de devenir écrivain. J’avais une étrange attraction pour l’imaginaire sombre, la fantasy ou le fantastique ainsi que pour la mer et le maritime, chose que je n’explique pas.
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1) Comment vous est venue l’envie d’écrire ?
J’ai toujours eu cette envie d’écrire depuis le primaire. Avec ma dyslexie, j’avais du mal à lire, et, pour moi c’était plus facile d’écrire et d’inventer mes propres histoires. D’ailleurs, j’étais toujours dans la lune, dans mon propre monde, c’est encore un peu le cas aujourd’hui.
2) Quels genres de livres écrivez-vous ?
Imaginaire, bien sûr ! Ma saga « Horrible prophétie » se passe purement dans un univers fictif, un monde d’archipels, inspiré de l’époque médiévale et renaissance. On peut retrouver dans mes livres des aspects très philosophiques sur le pouvoir, la liberté, abordés à travers l’imaginaire. Je travaille aussi la musicalité de la langue, les jeux de mots et les métaphores. Ce qui m’a également amené à écrire « Proverbes et Expressions du Sud-Ouest et d’Ailleurs…Tome 1 » qui n’était pas au départ dans mon domaine de prédilection. Ce sont des proverbes issus de ma famille maternelle que je répète et que j’intègre complètement inconsciemment dans mes écrits. Nous avons fait ce petit recueil pour les répertorier, les expliquer, les partager et les transmettre.
3) Parlez-nous un peu de vous, avez-vous d’autres passions ?
Les voyages. La découverte de paysages marins, du patrimoine gothique, médiéval et renaissance. L’ambiance des foires médiévales, sa musique et sans oublier le cosplay médiéval ou pirate. A ce propos j’ai découvert le cosplay médiéval ou pirate dans les festivals médiévaux correspondant à l’univers de mes livres. Au début, j’étais très timide et j’ai eu beaucoup de mal à me prendre au jeu, mais petit à petit, ça m’a permis d’être dans mon univers et de mieux défendre mes livres auprès de mes lecteurs. Cela m’a permis de m’affirmer. Aujourd’hui, ça m’accompagne, ça fait partie de moi et je ne vois pas une foire médiévale sans un costume! Mon tricorne me représente, tel un symbole. Je m’occupe de toute la communication autour de mes livres, pubs sur les réseaux, nouvelles affiches publicitaires, organisation de salons, dédicaces, design de couverture… Je fais aussi un peu de loisirs créatifs à l’occasion. Marque-pages faits main, signets, cartes de Noël ou du nouvel an…
4) Lors de votre premier livre publié, comment vous êtes senti ?
J’étais à la fin d’une période très difficile, et ça a été l’aboutissement de quelque chose. Un rêve qui s’était enfin réalisé, après des années d’écriture, des livres inachevés, des fanfictions sur le net…Ceci dit, ce n’était qu’une première étape, car j’ai découvert qu’énormément de travail m’attendait pour promouvoir ce bel ouvrage!
5) Quels sont vos coups de cœurs ?
Beaucoup. Dans des styles bien différents. Je ne peux pas dire que je sois une grande lectrice de classiques pourtant certains ont été un véritable coup de cœur, je pense à Don Juan de Molière ou encore les œuvres de Baudelaire que j’aime énormément. L’Odyssée d’Homère, j’ai adoré, aussi bien pour le voyage initiatique, que pour tout cet imaginaire et la musicalité des vers et de la langue. Le Cid de Corneille est aussi sublime. Des coups de cœur philosophiques comme Le Prince de Machiavel, L’Art de la Guerre de Sun Tzu, Phèdre et Gorgias de Platon ou encore La Lettre à Ménécée d’Epicure. Petite, j’ai découvert les dessins de Sandrine Gestin dans les livre-jeux La Cité Aux Cent Mystères se passant au Moyen-âge ou La Vallée Aux Cent Prodiges ou La Colline Aux cents Fées se passant dans des mondes fantasy et à l’époque ça m’avait inspiré des idées d’histoires. A cette même époque j’ai découvert Tolkien avec la célèbre saga Le Seigneur des Anneaux, ma mère en est une très grande fan, elle a donc fait mon éducation en me le lisant tous les soirs. A l’adolescence j’ai découvert la saga Harry Potter que j’ai adoré et j’en ai d’ailleurs écrit des fanfictions sur internet, même si ce n’était pas vraiment un coup de cœur, j’aurais en effet voulu que le héros soit moins héros et plus sombre. Enfant, j’avais eu un coup de cœur pour la série Charmed que j’aime toujours, mais qui me laisse un peu sur ma faim pour les mêmes raisons qu’Harry Potter finalement. Et puis, j’ai grandi avec les animés japonais dans les années quatre-vingt-dix, deux mille dans lesquels il y avait aussi beaucoup d’imaginaire.
6) Avez-vous déjà fait des salons du livre ? Si oui, comment ça s’est passé ?
Oui, ça fait partie du métier! Dédicaces, salons de livres, et, dans mon cas, Foires Médiévales ou salons «médiéval fantasy» avec un espace pour auteurs, illustrateurs. Comme je l’ai précédemment dit, j’ai découvert un monde nouveau et totalement inconnu quand j’ai fait mes premières foires médiévales. Ca n’a pas été facile, mais je suis maintenant bien à l’aise. J’aime le contact avec les gens, leur parler de mes livres, de mon univers, échanger et les faire découvrir à de nouveaux lecteurs. C’est un pur bonheur et un moment de joie partagée.
7) Quel a été votre rêve le plus étrange ?
J’ai rêvé du bas d’une patte de cheval d’un noir profond, levée en l’air, dépassant d’un petit mur en bois, avec un fer à cheval argenté d’un argent brillant. Très bizarre et inquiétant, j’ai décidé de l’intégrer dans mon prochain roman.
8) Avez-vous un moment dans la journée, où vous vous sentez le mieux pour écrire ?
La nuit. A cause du silence et d’une intimé avec la nuit. J’en ai très rarement l’occasion, mais sinon l’après-midi sur une plage avec vue sur mer, ça stimule pas mal l’imaginaire. J’aime aussi beaucoup écrire dans le train quand je vais à une expo.
9) Avez-vous un grigri ?
Deux stylos-plume. Malheureusement, j’écris de plus en plus direct sur l’ordi pour ne pas perdre de temps, mais il m’arrive de faire des plans détaillés de la suite du manuscrit ou des prochains chapitres et je le fais avec mes stylos- plume, mes deux mêmes stylos-plume depuis plus de dix ans. Même avant quand j’écrivais enfant ou ado c’était aussi des stylos-plume. Ça fait partie du processus. Et sinon, quand je suis à la maison, une grande théière de thé noir de Chine en feuilles, c’est l’incontournable.
10) Sortirez-vous d’autres livres ? En avez-vous déjà sorti, si oui lesquels ? Parlez nous en un peu plus.
Le tome 3 de ma saga « Horrible prophétie » va sortir avant la fin de l’année. Il est en relecture; après, avec le covid, je ne peux pas dire quand exactement. J’ai prévu de sortir un tome 4 et 5 qui clôtureront la saga. Une fois le tome 3 sorti, je me plongerai avec ma co-auteur dans l’écriture du tome 2 du recueil de proverbes. Pour l’instant, j’ai 3 livres publiés. « Horrible prophétie » et « Horrible prophétie Tome II Les Rouages du Destin » parus aux éditions Edilivre et « Proverbes et Expressions du Sud-Ouest et d’Ailleurs…Tome 1 » chez Nombre7 Editions.
La saga Horrible prophétie va se passer dans un monde d’archipels totalement fictif. Tout commence lorsque, dans le tome 1, qui est une sorte de préquel, un bateau fantôme arrive dans un petit port de pêche d’un village et déclenche une horrible prophétie . On suit alors Lénora qui va mener l’enquête, mais ça la changera. Dans le tome 2, « Horrible prophétie Tome II Les Rouages du Destin », la prophétie revient sur une autre île, dix ans plus tard. Lénora décide donc de s’embarquer sur un navire pirate pour rejoindre Rodia. Ce sera pour elle le début d’une quête et d’un long voyage initiatique. La vie en mer avec tout son aspect maritime, les pirates assez sadiques personnages hauts en couleur, la découverte d’une énorme cité médiévale renaissance Kamor dans laquelle au milieu des grands immeubles ocres, jaunes, le soleil règne et toutes sortes de complots se jouent dans l’ombre… La saga s’inscrit donc dans la fantasy médiévale, mais a un côté thriller. En effet, j’ai toujours voulu faire de l’imaginaire pour adulte. Loin des conventions du genre de la fantasy « Horrible prophétie » est très sombre comme univers, n’a pourtant pas de guerre, contrairement à la dark fantasy et un personnage principal féminin, rare dans le genre, qui est machiavélique. Le tome 3 à paraître avant la fin de l’année va continuer ce voyage à travers la mer. Il approfondira les relations entre les personnages, épaissira le mystère de l’horrible prophétie et donnera plus de détails sur certains aspects du monde imaginaire. Se rapprochant de leur but Rodia, ils vont devoir affronter un grand danger.
« Proverbes et Expressions du Sud-Ouest et d’Ailleurs…Tome 1 » co-écrit avec Marie-Dominique Martin est un petit recueil de proverbes de mon arrière-grand-mère originaire du Sud-Ouest. Je me retrouvais nez à nez dans une situation où je disais une de ces expressions ou proverbes entendu de la bouche de ma mère depuis mon enfance, et la personne en face me regardait bizarrement et ne comprenait pas ce que je voulais dire. On ne parlait pas la même langue! Donc on a eu l’idée de compiler ces expressions et proverbes dits par la grand-mère de ma mère qu’elle nous avait transmis. Certains ont peu de points communs avec le Sud-Ouest alors que d’autres sont vraiment très typiques du coin. En plus, on a fait quelques petites recherches sur les origines de ces expressions et on s’est rendu compte que cela couvrait plusieurs époques: Moyen-Âge, Renaissance, Guerre de 1870…C’est donc un petit recueil sans prise de tête avec plus de 200 proverbes et expressions, rares et historiques.
11) Votre entourage sait-il que vous écrivez ? Si oui, comment ont-ils réagi ?
Oui mon entourage sait que j’écris. Pas toujours facile au début, mais ma mère est mon plus grand soutien. Mon père a du mal avec l’idée et ne considère pas que ça puisse être un vrai métier, mais il me soutient quand même à sa manière.
12) Résumez en une phrase votre parcours :
J’écris depuis l’âge de 8 ans, après des fanfictions d’Harry Potter sur le net à l’adolescence, j’ai étudié deux ans le droit à la Sorbonne, puis en 2015, est sorti mon premier ouvrage « Horrible prophétie ».
13) Lisez-vous, si oui quels genres ?
Oui évidemment ! Philosophie, fantasy, il m’arrive de lire aussi très rarement des romans policiers. Je lis également des livres sur des légendes locales ou sur les mythes nordiques.
14) Ebooks ou livres papiers ?
Papier en force ! Rien ne remplacera l’odeur du livre, la sensation et ce que j’appelle l’objet-livre. Le livre c’est aussi un objet qu’on aime, qu’on emporte avec soi et qui nous appartient. Il y a une intimité entre le livre et nous. C’est du moins ma vision des choses.
15) Votre gourmandise préférée ?  
Religieuse au café. Gâteau au café. Bûche de Noël au café. J’aime beaucoup le chocolat, mais les pâtisseries au café les supassent largement pour moi. Petit faible pour le baba au rhum fait dans la tradition avec crème pâtissière et la demi-cerise confite sur le dessus (malheureusement à Paris ça devient des denrées très rares).
Merci d’avoir répondu à mes questions. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Rien à ajouter si ce n’est un gros merci pour cette interview et pour laisser la parole aux auteurs. En cette période difficile nous en avons bien besoin, donc heureusement qu’il y a des gens comme vous et votre blog. MERCI
Interview#46 Victoria Martin – auteur Découvrons Victoria Martin - auteur, merci d’avoir répondu aux questions !
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livresgay · 5 years
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Ceci est la deuxième partie de mon entretien exclusif avec Josh Lanyon, auteure américaine de nombreux best-sellers. En raison de sa longueur, cette interview est publiée en deux parties et figure également en VO sur le site Gay Book Reviews. Il est conseillé de lire la première partie de cet entretien avant de poursuivre.
***
PD : Je t’ai toujours considérée comme l’auteure américaine la plus britannique, faute de trouver un meilleur mot, car ton écriture me rappelle Agatha Christie, E.F. Benson ou ta compatriote, Elizabeth Peters. C’est vrai en particulier pour tes dialogues parfaits et l’humour ironique dont tu parsèmes tes écrits, dans la série Adrien English ou dans Séance on a Summer’s Night par exemple [notre critique ici]. As-tu lu beaucoup d’auteurs britanniques ?
Toute la série Adrien English
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JL : Ma famille est ce que l’on appelait autrefois une famille « écossaise-irlandaise » – (elle dessine à nouveau des guillemets dans l’air, accompagnant son geste d’un éclat de rire) – ce qui est assez exact comme terme, compte tenu de la quantité d’alcool consommée – avec un petit rajout de français, italien et gallois pour la variété émotionnelle. J’ai grandi dans la sous-culture écossaise du sud de la Californie. (En voyant mon expression amusée, elle ajoute) Oui, ça existe ! – Mes sœurs et moi avons appris les danses des Highlands, la danse country, j’ai étudié le gaélique, et nous avons fait partie d’un groupe de musique folk celtique pendant à peu près trente ans. J’ai grandi entourée de Britanniques – d’Ecossais en particulier –, donc oui, j’ai grandi en lisant pas mal d’auteurs de polar britanniques. J’ai lu des écrivains comme Georgette Heyer, Ellis Peters, Agatha Christie et tous les grands de l’âge d’or bien avant que je ne m’attaque à des écrivains américains tels que Chandler, Hammett, Hansen.
PD : As-tu encore le temps de lire ?
JL : Je vais essayer d’en trouver un peu plus cette année.
PD : Quels sont les genres que tu préfères ?
JL : Le polar est définitivement mon genre préféré. Avant de publier Fatal Shadows [Ombres Funestes en français, note de PD], j’avais littéralement lu tous les polars gay (et la plupart des polars lesbiens) publiés avant 2000. Ma préférence va aux polars vintage. Particulièrement ceux écrits dans les années 1940. En fait, mon mari – l’écrivain / critique Kevin Burton Smith – et moi-même travaillons à un livre de non-fiction intitulé provisoirement Mr. and Mrs. Murder, qui parlera de couples mariés et détectives amateurs dans les romans d’avant les années 60.
PD : Oh, par exemple, Tommy et Tuppence Beresford, d’Agatha Christie ! J’adore ces personnages.
JL : Correct ! Oui. Très bien !
Couverture de “Footsteps in the Dark: An M/M Mystery Romance Anthology”
PD : Passons maintenant à quelque chose de complètement différent. Début août, ton dernier roman, Mainly by Moonlight, sera publié [pour en savoir plus sur ce livre, voir ci-dessous, note de PD]. Si j’ai bien calculé, c’est le quatrième roman que tu publies cette année, sans parler de ta participation à l’anthologie gay Footsteps in the Dark. Comment fais-tu pour être aussi prolifique ? As-tu des horaires spéciaux pour l’écriture ? Quand est-ce que tu as le temps pour tes hobbies – je suppose que tu en as ?
JL : En théorie, j’en ai, oui ! J’aime jardiner, nager, regarder des films noirs classiques avec mon mari, jouer avec mon petit chien fou à la maison et dans la cour. (En fait, ce chien, qui s’appelle Marlowe the Mutt, comme elle me dit, dort actuellement sur le dossier de sa chaise, enroulé sur lui-même et soufflant ses ronflements dans son cou). J’aimerais lire plus. (Son expression devient un peu nostalgique avant qu’elle ne se ressaisisse.) Je suis en train de vivre une année productive, oui, mais c’est l’année la plus productive depuis un bon moment. J’ai connu un burn-out créatif et productif en… mon Dieu. Quand était-ce ? En 2012 ? J’avais terminé quatorze projets l’année précédente – dont trois pour des éditeurs grand public –, et j’ai ensuite connu un crash spectaculaire. Je ne pouvais plus supporter d’écrire. N’importe quoi. Du tout. C’était effrayant. Et cela m’a pris tout ce temps, jusqu’à maintenant, pour revenir à ce que je considère comme une vitesse normale, saine et raisonnable d’écriture.
PD : J’ai également remarqué à quel point tes romans sont bien relus et presque sans erreurs, si l’on ignore les petites erreurs dont le bon petit diable des coquilles arrose tous les écrits. Est-ce que tu corriges tes textes toi-même, ou travailles-tu avec quelqu’un ? Si c’est une collaboratrice ou un collaborateur, un grand bravo à elle / lui…
JL (ravie) : Merci ! Je transmettrai tes compliments au chef. (Elle me fait un clin d’œil.) Je travaille en fait avec Keren Reed pour l’édition, la plupart du temps. Je peux également recommander Deb Nemeth (elle relit tous mes livres pour Carina) et Dianne Thies pour les révisions.
PD : Quels sont tes prochains projets ? Est-il possible que nous ayons une suite à la série Adrien English ? Je suppose que je ne suis ni le premier ni le seul à poser cette question…
JL (faussement surprise)  : QUOOOIIII ? ? ? JE N’AI JAMAIS PENSÉ À ÇA ! ! ! ! Actuellement, je n’ai pas en moi de quoi écrire un autre roman sur Adrien English. Cependant, l’année prochaine marquera le 20e anniversaire de Fatal Shadows [Ombres Funestes en français, note de PD], il va donc certainement y avoir une sorte de suite à Adrien English. Très probablement des épilogues, mais peut-être une nouvelle ou un court roman. À voir.
PD : Mmmh… J’ai hâte d’y être et de lire tout ça ! Au fait, mon petit ami est frustré parce que si peu de tes livres ont été traduits en français. Y a -t-il des projets dans ce sens ? Tu rendrais un homme extrêmement heureux en fait…
JL : MxM Bookmark prévoit de traduire les séries Art of Murder et Holmes & Moriarity, c’est donc une bonne nouvelle, je l’espère. Bien sûr, ils ne peuvent pas publier beaucoup plus, alors je suis ouvert à toute collaboration avec un autre éditeur français, le cas échéant. J’ai beaucoup de livres qui demanderaient à être traduits.
PD : As-tu déjà visité la France ? Ou mon pays d’origine, l’Autriche ?
JL : Non ! L’année prochaine, je ferai mon premier voyage en France. Je suis très excitée. Malheureusement, je ne suis jamais allée en Autriche. Ce pays m’a toujours fait penser à un royaume de conte de fées.
PD : Je peux te dire que cela en vaudrait la peine, d’y aller. Et je ne le dis pas seulement parce que c’est mon pays d’origine… (regarde sa liste de questions). Dis-moi, si tu n’avais le droit d’en nommer qu’un seul, quel serait ton Livre Préféré ? Tu sais, avec des majuscules à Livre et Préféré ?
JL : Je sais que certains savent répondre à cette question, mais je ne suis pas de ceux-là ! Différents livres ont signifié différentes choses pour moi à différents moments de ma vie. Parfois, ces livres résistent à l’épreuve du temps, parfois non, mais ils « font tous leur travail » (guillemets dans l’air), pour ainsi dire. Je peux dire que le livre qui m’a le plus influencé a été, comme j’ai mentionné, The Charioteer, de Mary Renault, mais je ne suis pas sûr que même ce livre soit mon Livre Préféré.
PD : Parfois, on lit un livre, et on ne peut s’empêcher de penser : « Bon sang, pourquoi n’est-ce pas moi qui ai écrit ça ! » Y a-t-il un tel livre pour toi ?
JL : Argh. Encore une fois, je vais te décevoir. Je n’ai jamais lu quoi que ce soit que j’aurais aimé écrire. J’ai lu tant de bons trucs – et tant de mauvais aussi ! –, et je ai trouvés une source d’inspiration dedans. J’ai lu des choses que j’ai aimées et des choses qui m’ont fait penser : « Hm, comment puis-je capter ce sentiment dans ma propre écriture ? » Peut-être quand j’étais très jeune. Je me souviens d’avoir lu The Egypt Game et d’avoir pensé que c’était le livre le plus fantastique du monde.
Couverture de “The Darkling Thrush”
PD : Ton livre dont la publication est imminente, Mainly by Moonlight, semble être un polar avec une pincée de magie (tape dans ses mains, enthousiaste). Juste pour info – deux de mes genres préférés ! Maintenant, je me souviens de la première fois que je suis tombé sur ce mélange – polar et paranormal – dans ta longue liste de publications en lisant The Darkling Thrush. Qu’est-ce qui t’a poussé, si je puis me permettre, à t’écarter de ton genre habituel ?
JL : Eh bien, tu sais, autant j’aime les polars, autant c’est amusant d’essayer différentes choses. En outre, il est bon d’apprendre de nouveaux trucs, d’étirer ses muscles créatifs. Ça fait qu’écrire reste quelque chose de frais pour moi, et ça attire de nouveaux lecteurs. J’aime aussi écrire des histoires de vacances romantiques et amusantes – et j’essaie d’en faire une chaque année. L’une des meilleures choses que j’aie faites, même si elle est peut-être l’une des moins populaires, c’est The Curse of the Blue Scarab [La Malédiction du Scarabée bleu en français, note de PD]. Certains projets méritent d’être réalisés simplement parce qu’ils te mettent à l’épreuve, ce qui te pousse à devenir meilleur en tant qu’écrivain.
Couverture de “La Malédiction du Scarabée bleu”
PD : Mainly by Moonlight est annoncé comme le premier livre d’une série intitulée Bedknobs and Broomsticks. Puis-je demander si nous pouvions avoir un aperçu de ce qui va se passer dans cette série ?
JL : J’adore, j’adore, j’adore cette nouvelle trilogie. Elle est – du moins, j’espère ! – drôle, romantique, poignante et, oui, mystérieuse et magique. Mais au fond, c’est une exploration de ce que ça signifie d’aimer. L’histoire commence avec Cosmo, qui est un sorcier et qui a le coup de foudre pour John qui, lui, n’a ni de pouvoirs magiques ni, pire, la fibre très romantique. Mais le meilleur ami de Cosmo – à l’insu de Cosmo – jette un sort sur John pour qu’il tombe amoureux de Cosmo. Nous avons donc une relation qui commence par une fausse prémisse. Quand le sort est retiré de John, il se croit amoureux – peut-être l’est-il ? –, et leur mariage aura lieu deux jours plus tard. Oh, et Cosmo est suspecté de meurtre. Alors… c’est compliqué. Et dans le deuxième livre, qui devrait paraître plus tard cette année, les choses se compliquent lorsque John apprend que Cosmo est en fait un sorcier. C’est là que l’enfer se déchaîne, même si, espérons-le, il ne le fera pas littéralement. (Elle en rit).
PD : Tu as beaucoup de succès avec les polars gay. Y a-t-il un autre genre que tu aimerais explorer ?
JL : Finalement, je vais probablement passer à la non-fiction ; je vois ça comme une progression naturelle. Mais pour une raison inconnue, je traverse actuellement une sorte de renaissance créative, et je suis pleine d’idées et d’histoires. Le défi est de trouver le temps d’écrire tout ce qui vibre dans mon cerveau.
PD : En parlant de temps, mon Dieu ! Je ne l’ai pas vu filer ! Je suppose que je devrais te laisser. Encore une fois, merci beaucoup d’avoir accepté cet entretien !
JL : Merci beaucoup à toi, Dieter, pour ces questions réfléchies et amusantes. J’ai aimé discuter avec toi !
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Plus d’informations sur Josh Lanyon dans la première partie de cette interview ou sur le site Web de l’auteure.
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Couverture de “Mainly by Moonlight”
Titre : Mainly by Moonlight: Bedknobs and Broomsticks 1 Auteur : Josh Lanyon Éditeur : JustJoshin Publishing, Inc. Date de parution : 1er août 2019 Genre(s) : Polar/magie Page Count : 158 Synopsis
A gay high-society wedding. A stolen book of spells. A love-threatening lie.
Can a witch avoid a murder rap without revealing the supernatural truth?
Cosmo Saville guiltily hides a paranormal secret from his soon-to-be husband. And if he can’t undo a powerful love spell, uncertainty threatens his nuptial magic. But when he’s arrested for allegedly killing a longtime rival, he could spend his honeymoon behind bars…
Police Commissioner John Joseph Galbraith never believed in love until Cosmo came along. Falling head over heels for the elegant antiques dealer is an enchantment he never wants to break. So when all fingers point to Cosmo’s guilt, John races to prove his fiancé’s innocence before they take their vows.
As Cosmo searches for the real killer among the arcane aristocracy, John warns him to leave it to the police. But with an unseen enemy threatening to expose Cosmo’s true nature, the couple’s blissful future could shatter like a broken charm.
Can Cosmo find the lost grimoire, clear his name and keep John’s love alive, or will black magic “rune” their wedding bells?
Mainly by Moonlight is the first book in the sexy Bedknobs and Broomsticks romantic gay mystery series. If you like spell-binding suspense, steamy star-crossed fun, and a dash of paranormal, then you’ll love Josh Lanyon’s charming tale.
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“J’ai toujours été une conteuse d’histoires” – Interview avec Josh Lanyon (2) Ceci est la deuxième partie de mon entretien exclusif avec Josh Lanyon, auteure américaine de nombreux best-sellers.
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revuedepresse30 · 5 years
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Blutch, à la recherche du dessin perdu
"Se reposer sur mes lauriers ? Si j’en avais, la question aurait pu se poser". Dans la bouche d’un auteur de bande dessinée cinquantenaire, récompensé il y a dix ans par le grand prix de la ville d’Angoulême, la phrase pourrait sonner comme une boutade immodeste. Elle reflète pourtant fidèlement la philosophie de Christian Hincker alias Blutch, dessinateur qui, après deux décennies de carrière, fuit la facilité.
A-t-il dû se faire violence pour accepter d’être célébré par la ville qui l’a vu naître, Strasbourg, à travers cinq expositions lors de deux festivals simultanés, Central Vapeur et les Rencontres de l’illustration ? Même pas. "Il y a à Strasbourg une tradition ancrée et profonde de l’image imprimée. Accepter ces rétrospectives m’a paru évident : c’est ici que j’ai découvert la bande dessinée. Je ne peux pas détacher mes premières sensations de lecteur de cette ville".
Parcours foisonnant
Blutch est plus tard passé par les Arts Décoratifs – l’école a été, depuis, rebaptisée la HEAR – et il y a ébauché la première version d’une de ses rares séries, l’autobiographique Le Petit Christian, que l’on découvre à la médiathèque André Malraux au sein de l’exposition Hors-la-loi. "Ça faisait partie de mon projet de fin de diplôme aux Arts Déco. Raphaël Barban, le commissaire de l’expo, a retrouvé ces planches dans mes affaires. Pour moi, ces rétrospectives constituent l’occasion de faire de l’ordre dans ma chambre. Quand on range, c’est toujours afin d’aller ensuite plus loin, d’avancer".
Pour l’exposition Art Mineur de fonds, Blutch a eu la possibilité de choisir dans le fonds du musée d’Art Moderne et Contemporain des œuvres qu’il a juxtaposées avec certaines de ses planches. "Pour moi, il n’y a pas de hiérarchie, tu as un Renoir à côté d’un Topor, du Saul Steinberg à côté d’une gravure de Dürer. Les époques n’existent pas vraiment, même avec 400 ans d’écart entre eux, les artistes disent la même chose… la misère des hommes est la même".
Au musée Tomi Ungerer sont rassemblées les illustrations réalisées par Blutch. Destinées au cinéma (des affiches pour Resnais) ou à la presse, elles donnent lieu à la sortie de la monographie Un autre paysage. Juste avant le "bouclage" du livre, toujours exigeant avec lui-même, il a remplacé des dessins qui ne lui plaisaient plus par d’autres, réalisés en janvier et représentant sa compagne en train de regarder la télé. "J’avais toujours refusé ce genre de livre. Finalement, je suis content, je vais pouvoir monter dessus pour faire autre chose, rebondir".
Face à un dessin de lui – repris en couverture de Variations - montrant le "fils d'Astérix et d'Achille Talon", il s’exclame : "C’est un dessin que j'aime parce qu'il ne me ressemble pas. Je ne veux pas me connaître. Comme je suis tout le temps à m’échapper à moi-même, je ne vais pas m’installer dans un quelconque confort. C’est pour ça que mon travail est assez dispersé et volatile. Ces cinq expos ne couvrent même pas la totalité de mes envies, de mes tentatives".
Passionnant dialogue
Toujours en quête de dépassement, Blutch s’est livré dans le cadre de Central Vapeur, à un passionnant dialogue de dessins avec l’illustratrice Anne-Margot Ramstein, elle aussi passée par la HEAR mais plus tard. "A l’école, il était déjà cité en exemple" , se souvient-elle. Le livre reprenant les dessins s’appelle Reprise. "C’est comme si on jouait un morceau de jazz à deux solistes", estime Blutch. De son côté, Anne-Margot Ramstein, autrice l’année dernière de Otto ou l’île-miroir, éprouvait de l’appréhension. "L’exercice m’intimidait beaucoup", confie-t-elle.
Après que les deux auteurs se sont mis d’accord – "l’idée n’était pas de déboucher sur un combat de dessins mais sur une narration commune", Anne-Margot Ramstein a initié le dialogue avec un intrigant dessin représentant deux yeux au fond d’un vase, inspiré par le film Oncle Boonmee de Apichatpong Weerasethakul. Très vite, les deux dialoguistes s’envoient des SMS avec leurs dessins et surnomment la femme qui apparaît dans leurs illustrations "Alice", en référence au Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. "Nos styles sont totalement différents et j’essaye d’annihiler le geste, de faire disparaître le travail de la main alors que lui le rend très visible. Finalement, ça s’est super bien passé, raconte Anne-Margot. Blutch est génial."
"Je ne cherche pas à vous séduire"
On s’attendrait à ce que quelqu’un de cette stature soit imposant, écrasant. Au contraire, il reste extrêmement curieux de toute forme de processus créatif et se remet tout le temps en question, interroge la moindre de ses initiatives. Il est très engagé dans le dessin, ce n’est pas du tout pour lui une affaire légère - quelque chose que l’on a en commun. L’intéressé confirme : "Je dessine pour moi. Quoi que je fasse, je le fais pour moi, je ne cherche pas à vous séduire, je ne cherche pas la connivence".
Expositions à Strasbourg Blutch hors-la-loi à la médiathèque André Malraux jusqu'au 20 avril, Art mineur de fonds au musée d'Art Moderne et Contemporain jusqu'au 30 juin, Pour en finir avec le cinéma à Aubette, jusqu'au 30 juin, Un autre paysage, dessins 1994-2018 au musée Tomi Ungerer jusqu'au 30 juin
Un autre paysage, éditions Dargaud, 240 pages, 39 euros Reprise avec Anne-Margot Ramstein, éditions 2024, 48 pages, 23 euros, à paraître le 12 avril
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universallyladybear · 6 years
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De la bande dessinée à partir de la santé rappelle également les probiotiques sont littéralement flushés j’ajoute également que dans une flore aussi complexe aussi diversifiées…
Et de l’activité de la personne bonjour je me questionne sur les liens entre ces produits montre de fortes concentrations en lactobacilles et bifidobacteries vivantes les concentrations sont similaires à.
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tcrouzet · 6 years
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Carnet de route - Octobre 2018
Initialement publié sur tcrouzet.com
Lundi 1er, Vol pour New York
Je lis La recherche depuis trente ans et j’ai toujours l’impression de lire un nouveau livre. Je visite un pays familier, mais chaque fois m’arrête dans des villes différentes où seule la qualité de l’air ne varie pas. Proust me reste insaisissable. Convexe. Cyclique. J’ai souvent du mal à savoir dans quelle partie de son œuvre je suis, tant les couches narratives s’empilent et se répondent. La lecture électronique intensifie cette sensation, arrêtée un jour, reprise des semaines plus tard au point où elle a été laissée, sans besoin de passer par une couverture, d’atteindre un marque-page, et de revivre ainsi le livre en accéléré.
Avant mon départ de Weston, j’ai publié mon journal de septembre, avec la conviction que mon carnet a trouvé sa forme dans le mode rouleau propre à la lecture web. Impossible d’imaginer désormais ce texte dans un livre, avec des pages à tourner. Les photos seraient tantôt trop petites, tantôt trop grandes, la maquette manquerait de fluidité, il faudrait couper des textes, des images, sans pour autant s’affranchir des blancs inélégants.
Je me suis heurté à ce problème dans les années 1990, avec déjà des photos, des dessins. J’avais renoncé à publier. Je tenais à la stricte linéarité. À positionner les illustrations à leur place chronologique, parce qu’elles disent mon histoire autant que mes mots. Une mise en page impliquerait de reconstruire, donc de faire un pas vers le romanesque.
Je vais à New York sans projet, sans raison, sinon fuir la Floride au prétexte qu’un ami dispose d’un appart près de Time Square. Je suis venu à New York pour la première fois en octobre 1991, alors que j’étais rédacteur-en-chef. Il faisait doux. Une limousine m’avait récupéré à Kennedy Airport et conduit à mon hôtel sur Park avenue. Aujourd’hui, je prendrai le métro.
Je suis revenu quelquefois à New York, la dernière fois en 2013, en famille, mais alors mon carnet était en jachère. J’avais perdu l’habitude de le tenir avec régularité, pris par les textes longs, pris par le blog. Il y a ainsi un trou dans mon histoire, un trou de dix ans, que le blog ne comblera pas, parce que je n’y étais pas tout entier, ne faisant qu’y révéler une facette de moi-même.
Lundi 1er, New York
Je me pose à Central Park, puis rejoins le West Side pour le coucher de soleil. Je le prends dans la gueule, ça explose de partout. Du bruit en veux-tu en voilà sur la voie express, mais les quais sont calmes, détendus, avec un petit air de station balnéaire durant la morte saison. Vers le sud, c’est bleu argent, vers le nord, du côté de Columbia University, c’est rose, et ça gonfle en même temps que le soleil approche de l’horizon.
Je me suis installé au bout de la Pier i, posée au-dessus de l’Hudson. Un café à sa racine, puis des bancs métalliques, parfaits pour observer la piste cyclable, le port de plaisance, un tronc porté par le courant, des touffes d’arbres où pointe l’automne. Le soleil bascule derrière les nuages d’Union City, puis réapparaît pour un dernier feu d’artifice.
Je suis à ma place, rassuré de respirer de l’air tempéré. Je sens le poids de Manhattan. J’ai toujours eu l’impression que cette île pouvait chavirer comme un porte-conteneurs géant pris de côté par un tsunami.
Je marche vers le sud, accompagnant les joggeurs et les cyclistes, puis bifurque 42th street jusqu’à Time Square. Je grignote en terrasse d’un café, avant de plonger sous les néons de Broadway.
Je me souviens de 1991, de mon excitation, de ma boulimie. Je croise des gens qui visitent New York pour la première fois. L’énergie est palpable, un peu enivrante, je rentre épuisé. Et là, pas de Kindle, je l’ai perdu, sans doute dans l’avion. Toutes mes lectures en cours envolées, tous mes surlignages depuis des années. Je me sens un peu nu sans le compagnon de mes nuits d’insomnie, mais l’appart de mon ami déborde de bouquins. Je me couche avec Le roi mystère, un livre d’entretiens avec Albert Cohen, où j’y découvre de l’intérieur ce qu’être juif a été pour les gens de sa génération, ou plutôt ce que les regards extérieurs ont fait vivre aux Juifs. Je savais, mais là je ressens, je vis, j’ai mal.
Central Park
Upper West Side
West Side
West Side
West Side
De ma chambre
Mardi 2, New York
Cohen parle peu de son travail d’écrivain. « Je ne sais pas m’expliquer, je ne sais que créer. » Il dit que les intellos n’écrivent que des livres sans chair. Je suis moi-même trop intello, je le sais, c’est à cause d’une histoire de topologie cérébrale, ce genre de tare ne se corrige pas.
Quand on est un connecteur d’idées, on connecte sans cesse, par automatisme, cette gymnastique fait jouir en prime, on ne se défait pas de cette habitude, de cette façon de vivre, qui ne parle pas à beaucoup de gens, mais nous nous retrouvons parfois, nous reconnaissons avec la même aisance que des transgenres. Nous ne pensons pas tout à fait comme les autres, pas mieux, mais différemment, avec tout un cortège d’incompréhensions. Tout cela m’est devenu évident en regardant mes enfants grandir. Ça se transmet ce truc, et ça fait souffrir cette différence.
« Je dis toujours la même chose. Ce sont des fantasmes de rêves, explique Cohen. Et je sais jamais pourquoi et je ne fais jamais de plans. Je ne sais pas où je vais. » J’en suis au même point. Plus je réfléchis à ce que je dois écrire, moins j’écris. Je préfère avancer au hasard, sans méthode, sans penser aux lecteurs.
Dans La mécanique du texte, je pourrais ajouter un passage sur la façon d’écrire de Cohen. Il dictait ses livres à ses femmes. Elles tapaient, et recommençaient, car il ajoutait sans cesse. « J’ai dicté Le livre de ma mère à ma femme actuelle, ma troisième et ma meilleure épouse, parce que je voulais qu’elle connaisse ma mère, morte quand je l’ai rencontrée. C’est exquis d’écrire des livres comme je les écris : j’ai devant moi la femme que j’aime et on est ensemble, on se raconte des histoires, sauf que c’est moi qui les raconte. » Cette façon de parler des femmes ne me plaît pas, même si Cohen dit les aimer par-dessus tout.
De ma chambre
Je descends Broadway, désormais partiellement rendue aux piétons. Je m’installe à une table, puis plus loin à une autre, avec le poids de la ville au-dessus de moi, ses possibilités, ses promesses. Je suis une des fournies de cet univers grouillant.
Comme Cohen, j’aurais peut-être dû continuer à travailler, à mener une vie normale et écrire durant mes loisirs. Mais j’ai été victime d’un autre rêve, celui de la liberté de faire ce que je veux quand je le veux, un rêve compliqué par l’arrivée des enfants, mais tout de même je vis selon cet idéal de l’artiste livré à son art, avec le prix dur de la désocialisation. Tous les privilèges ont leur coût, mais ce coût reste toujours inférieur au coût de ne pas avoir de privilège.
Je suis dans cet état qui exige la sieste. Il préfigure parfois des illuminations. J’ai appris à jouer avec, à en faire une sorte de prélude à la méditation. Je peux ainsi atteindre le vide, la non-pensée, je ne suis plus qu’un récepteur traversé par la ville, ses bruits, ses senteurs, ses rumeurs, ses lumières. Je suis un être fait de communion, une expérience que je n’ai encore jamais effleuré en Floride et qui, ici, n’exige aucune aptitude.
Broadway
Arrêt à Madison Square Garden. J’avance à pas lents. Faut que je digère les images. Je viens de racheter un Kindle à la librairie Amazon située au pied de l’Empire State. Quand je lève la tête vers lui, j’ai du mal à me dire que j’y suis monté au moins trois fois. L’endroit me paraît toujours aussi abstrait. Vers le sud de Madison Square, deux nouvelles tours se dressent, étroites, carrées, dont on devine qu’elles occupent une empreinte au sol réduite. Par leur étroitesse au regard de leur hauteur, elles me font penser aux tours de San Gimignano en Toscane. Des contraintes identiques conduisent à des formes identiques. Voilà que devraient méditer les tenants de l’intentionnalité divine.
L'Empire State
Je descends jusqu’à Prince Street, m’arrête dans la librairie Mc Nally, une librairie comme on n’en trouve que dans les pays anglo-saxons, avec des couv qui me donnent envie de tout lire. Un seul constat, je n’y suis pas, ça me fait toujours mal les librairies. Au moins, sur le Net, on peut se donner l’illusion d’exister pour les autres.
Je tourne au hasard des rues, découvre un jardin avec un air d’antique cimetière. New York réserve des surprises à chaque pâté de maisons. Une amie me pingue. Elle a vu mes photos du jardin-cimetière sur Instagram, elle me dit qu’elle est à SOHO, à moins de dix minutes de moi. On boit un verre. La vie devrait être toujours comme ça. Que les gens s’interpellent, se voient, se séparent. New York est comme Londres, vivante, là où Paris s’enlise peu à peu dans la muséographie.
Je quitte mon amie, marche jusqu’à Brooklyn Bridge, bascule sur l’autre rive, m’installe en terrasse en contrebas du pont, sous des acacias, pas encore au bord de l’eau, pour mieux me préparer à la vue de la pointe de Manhattan. Des géraniums en fleur, au loin les éternelles sirènes, toujours présentes, presque palpables. Et tant de boutiques françaises un peu partout. Notre industrie du luxe colonise la ville en même temps que sa population s’enrichit.
Je marche, je marche, et ça pétarade de partout. Oublier la Floride, c’est ici que je veux vivre. La ville s’est détendue par rapport aux années 1990, les gens sont cools, bourrés d’énergie sans paraître stressés. Je vois la ville comme je la rêve, avec de longues promenades au bord de l’eau, des jardins suspendus au-dessus du courant, des immeubles jaillis de partout, et toujours la mer qui entre, qui se glisse entre les yeux et les narines.
Jardin-Cimetière
Building
Brooklyn Bridge
Manhattan
Brooklyn
Mercredi 3, New York
Je suis retourné du côté de Brooklyn apporter un truc à une amie d’une amie. Inutile de raconter. Elle m’a fait découvrir le carrousel sous verre, puis la promenade face à Lower Manhattan, sous un soleil éblouissant, un ciel d’une pureté incroyable après la pluie de cette nuit. Et toujours cette candeur, cette indolence new-yorkaise, et cela malgré les trains qui passent au-dessus de moi sur Manhattan Bridge.
J’ai longuement regardé la skyline, chaque fois fuyant son gigantisme pour m’attacher à des détails, des passants, des bateaux, des rêveurs enracinés comme moi au bord de l’Hudson. Quand je prenais conscience que j’avais détourné mon attention du paysage général, je sursautais, tentais de l’appréhender, mais insidieusement mes yeux revenaient s’attacher à des détails, comme si l’énormité de la ville m’était inaccessible. Une fois mes sens saturés, je ne parviens pas à rester visé sur cette peinture all-over, qui par son absence de sujet met mon cerveau en panique. Les gens éprouvent-ils la même chose dans les régimes trop libertaires ? Malgré eux, ils veulent un retour de l’autorité, comme moi d’un sujet à mes observations, parce que je m’en trouve rassuré.
De ma chambre
Manhattan Bridge
Brooklyn
Manhattan depuis Brooklyn
Manhattan
Manhattan
Après plus d’une heure de bateau de Brooklyng Bridge jusqu’à Bay Ridge, puis retour jusqu’à Wall Street, je suis un peu ivre de tout ce que j’ai vu, imaginée aussi, me voyant immigrant accueilli par la Statue de la Liberté, en un autre temps, où la ville devait être charbonneuse et fumeuse alors qu’aujourd’hui ses vitres éclaboussent de bleu et d’argent (au propre et au figuré).
Il règne dans ce quartier des affaires une ébullition aveugle que je n’ai pas trouvée ailleurs. Tout le monde marche bêtement, touristes ou employés, poussés par une gravité absurde. La candeur oubliée, on est au cœur du monde et pas question de paraître indolent. J’entre dans la bête, je lis ses pensées méchantes et nocives. Avec cela d’effroyable que sa mécanique engendre la fascination. Une banque devient un temple. Un cravaté un demi-dieu. À ses pieds, des hordes de vendeurs à la sauvette et une foule non moins grande d’admirateurs fétichistes.
Je comprends pourquoi les terroristes ont frappé là, juste devant moi, un lieu de culte déjà rendu au consumérisme. Tout ce que notre monde fait de pire est là, et quand on déteste ce monde, c’est là qu’il faut agir. J’aimerais être capable de le faire avec art, produire le texte qui leur mettrait à tous la tête à l’envers, ça serait le rêve, donner à ce monde l’envie de changer, d’un seul coup, soudainement comme j’ai commencé à le raconter dans ma nouvelle Temps Zéro.
La double fontaine de Ground Zero (ça marche avec Temps Zéro) ressemble à un trou noir, une boucle infinie à la Escher. Et tous ces noms de victimes, difficile de ne pas être ému, surtout quand on a vu en direct les tours s’écrouler, puis les images passer en boucle, avec les petits corps se jetant dans le vide.
Wall Street
Ground Zero
Je marche jusqu’au Whitney Museum pour prendre la High Line, coulée verte inspirée de celle de Paris. Trop tard, elle est fermée, je m’assois au soleil sur une des chaises mises à disposition des passants. Toutes les villes devraient prendre cette habitude de transformer le moindre espace en parc public.
Je marche encore, remonte la neuvième jusqu’à Chelsea. Vue fascinante sur les nouvelles tours en construction. Je sors mon appareil photo. Un New-Yorkais m’interpelle : « Now, you can get them down. » Cet homme n’apprécie pas le paysage. Il se souvient du quartier d’avant, de ses recoins, de son charme et maintenant il a ces immenses trucs sous le nez, presque trop beaux pour être habitables.
Je m’arrête dans un self végan. Je commande une sorte de soupe beigeâtre au lait de coco et graines de chanvre, à la banane et au beurre d’amande, le tout boosté par des protéines végétales parfumées à la vanille. Et j’aime ça, c’est l’exacte alchimie dont j’ai besoin.
Je me sens à New York comme si j’y avais toujours vécu. La Floride doit me rendre dingue. Je tombe amoureux de la première ville venue, ou plutôt c’est comme si je revoyais une vieille connaissance et que je découvrais soudain que j’ai toujours été fait pour elle.
9th avenue
Jeudi 4, New York
De mon lit. Le ciel : traînées de mousse grise en avant-plan d’un bleu velouté. Première éclaboussure de soleil reflétée sur une fenêtre située sur la rive opposée de l’Hudson du côté d’Union City. L’Hudson, lui-même, dont des buildings rouges ou gris hachent le cours paisible. Déjà la lumière gagne de la force. Union City se transforme en un trait blanc au-dessus d’une coulée verdoyante, striée de monolithes roses. Au loin, des collines brumeuses.
De ma chambre
Née 400 millions d’années après le Big Bang, la galaxie GN-z11 est à 13,4 milliards d’années-lumière de nous, presque l’âge de l’univers. Mais à quelle distance d’elle étions-nous 400 millions d’années après le Big Bang ? Cette question m’a toujours donné mal à la tête. Si l’univers n’avait qu’une dimension, donc était un cercle (puisque nous supposons qu’il est légèrement courbé, ce qui reste très incertain), nous n’aurions pas pu être à plus de 400π, soit 1,2 milliard d’années-lumière. Donc la lumière émise à cette époque aurait déjà dû nous parvenir depuis longtemps. Pas si simple. Nous ne connaissons pas la taille de l’univers. Il s’étend à toute vitesse, il s’est même étendu plus vite que la vitesse de la lumière à ses débuts, les photons et la géométrie se faisant la course. La plus grande partie des photons émis ne nous parviendront jamais. La plus grande partie de l’univers nous sera à jamais invisible comme tous ces textes sublimes que nous ne lirons jamais. GN-z11 se trouve aujourd’hui à plus de 40 milliards d’années-lumière de nous. Elle s’est perdue.
Je lis le carnet web d’un jeune auteur, publié comme le mien une fois par mois. J’ai du mal, je n’y arrive pas. Il ne suffit pas de dire « Je fais ça, j’étais là, j’ai parlé avec un tel. » Il faut un point de vue, il faut y mettre du sien, et peut-être même se mettre en danger, utiliser le carnet non pour dire, mais pour chercher, pas forcément à se comprendre, mais fouiller tout au fond de son grenier et se bagarrer avec les bestioles qui l’habitent. Il faut savoir être méchant avec soi-même et avec les autres, surtout méchant avec ses amis, parce l’amour qu’on leur porte exige de nous la franchise. Et si je ne cite pas, c’est parce que les uns et les autres se reconnaissent, et que ceux qui ne les connaissent pas s’en fichent.
Je marche jusqu’à la High Line qui, à l’ouest, longe l’immense complexe immobilier qu’hier un New-Yorkais me demandait d’abattre. J’aurais dû être plus réactif, mimer un tour de magie, tout faire disparaître par le pouvoir de l’imagination, mais je serais bien triste ce matin.
Le spectacle est tout simplement stupéfiant, une négation de la colapsologie, une affirmation que l’homme dépassera toutes les contingences, quitte à les nier jusqu’au bout et être surpris au moment de la mort, comme a été surprise ma grand-mère maternelle par la mort de mon grand-père. « On croyait qu’on avait encore vingt ans devant nous », répétait-elle. Il est mort à 78 ans, comme mon autre grand père, comme mon père, et j’ai pour devoir de franchir cette limite, sans retenue, avec excès, car mon génie s’exprimera vers le grand âge (j’ai toujours aimé cette idée du temps long, je rêve toujours autant, je n’arrive pas encore à renoncer à mes illusions). Ici, à New York, je veux être New-Yorkais, je veux avoir l’occasion de vivre dans cette ville. « Il suffira d’un best-seller », se dit-il avec sérieux et sans honte.
Ils construisent des immeubles faramineux. La High Line offre une vue plongeante sur leurs entrailles, sur la terre noire retournée, plantée de tiges métalliques où s’agrègent des coulées de béton titanesques, où débouchent des tuyaux par centaines. Nous n’avons pas à rougir ni des pyramides ni des cathédrales, notre époque est prolixe en merveilles, et comme toutes les époques elles ne s’épargnent pas les horreurs, mais les merveilles restent et les horreurs se répètent, et peut-être qu’il existe un lien d’intensité entre ces deux tentations.
Construire. Je me sens minuscule avec mes mots, incapable d’atteindre une telle complexité lumineuse. Je ne joue qu’avec des résonnances internes, avec le pouvoir de stimuler l’imaginaire. Peut-être est-ce phénoménal en fin de compte. Je suis passé tout à l’heure devant la ComicCon. J’ai vu les fans déguisés en Gandalf, en Luke Skywalker, en orques et en trolls. Dans la tête des déguisés, tout était réel comme étaient réelles nos aventures quand nous jouions à Donjons & Dragons.
Ces nouvelles tours de New York ne sont que nos rêves transformés en réalité grâce aux pouvoirs des logiciels de conceptions 3D. Tout ce qui était impossible devient envisageable pour peu que nous puissions le dessiner.
Je reste longuement assis sous un mur de verre, à regarder les agencements millimétriques des panneaux, cela sur des surfaces immenses. Ma maison n’est qu’une cabane en comparaison. Elle a été bâtie à la main, sans science, à l’ancienne. Ici, au contraire, le numérique se donne à voir dans l’espace. Les bits se matérialisent en puzzle gigantesque. Tout cela ne tiendrait pas sans les arbres, les fleurs, les herbes à l’apparence sauvage qui poussent entre les cailloux du ballast de l’ancienne voie ferrée reconvertie en coulée verte. Du biologique au numérique. La vie sous toutes ses formes.
Arrivé au bout de la High Line, j’observe des ouvriers détruire un bâtiment, défaisant avec méthode le travail que d’autres ont fait un siècle plus tôt avec tout autant de méthode. La ville se construit comme une œuvre sans cesse remise en question. Rien n’est déifié, uniquement de la matière à moudre, à vivre.
9th Street
High Line
High Line
High Line
High Line
J’entre dans le Whitney Museum. Il y a la queue aux caisses et dehors l’air est trop doux pour que je m’enferme, d’autant que pour demain s’annonce une sérieuse chute de température. Alors je prends le métro A jusqu’au Cloister, cette église en partie piquée du côté de Saint-Guilhem-le-Désert.
Je rentre à pied. Après un quartier résidentiel, je rejoins Broadway, ça monte, ça descend, le sol devient poisseux, l’air saturé d’odeurs d’épices comme en Afrique du nord ou en Orient, puis peu à peu la ville reprend de la tenue. Je finis par atteindre le campus de Columbia où je m’affaisse au sommet d’une volée de marches, avec près de moi des hystériques qui hurlent « We believe… » Le reste je n’y comprends rien, si : « This is what democracy looks like. » Peut-être qu’ils ne parlent pas de Dieu finalement, quoique la démocratie pour certains soit devenue une croyance immuable.
Tout le long du chemin ou presque j’ai eu envie pisser. Je suis entré dans tous les MacDo et Starbucks, mais chaque fois les portes des toilettes étaient condamnées. J’ai fini par me planter devant l’une d’elles jusqu’à ce que je puisse me glisser dans le saint des saints. L’envie de pisser se fait de plus en plus piquante avec l’âge. La radiation part du sexe, puis peu à peu gagne le corps jusqu’à obscurcir le cerveau. Rien ne nous a préparés à nous retenir. Les chasseurs-cueilleurs pissaient quand ça les prenait. Et maintenant c’est le ciel qui crachote, puis qui se déverse, ce qui me force à rentrer plus tôt que prévu.
George Washington Bridge
Aucun roman contemporain ne me paraît contemporain comme si la forme retenue ne collait pas avec le temps.
Vendredi 5, New York
De mon lit. La vue porte bien au-delà de l’Hudson et d’Union City jusqu’aux collines boisées du New Jersey. Vivre en hauteur au cœur de New York est un idéal hors de prix : en bas la communauté des hommes, au loin la nature.
De mon lit
Le MOMA est devenu une usine à touristes, là parce qu’il faut y être et qui défilent devant les toiles en les photographiant avec leur mobile. Comment rêver devant les ciels de Van Gogh ou les chemins brûlants de Cézanne ? Je me retrouve par miracle seul assis devant Les Demoiselles d’Avignon, me dit que peut-être je vais pouvoir écrire en compagnie de mon maître, mais une nuée d’écervelés m’encercle et m’ensevelît.
Le musée est un objet du XXe siècle. Il ne peut plus nous inspirer, même s’il faut y venir pour être au contact des œuvres à leur juste proportion et lumière. Devant La nuit étoilée, j’ai pensé à la satisfaction de Van Gogh, d’avoir ainsi communié avec la nature, aussi avec le village en contre-bas, ses rues, ses allées d’arbres (tant bien même il a réédifié ce village). Un coup de génie parce qu’il résulte d’un moment de vie exceptionnel.
Voilà pourquoi j’ai toujours préféré les carnets et les lettres des écrivains à toutes leurs autres œuvres, parce qu’ils ont été jetés dans l’instant, sans réflexivité excessive, sans repenti. Ils témoignent de la vie, en direct, et sans trahison esthétique. Vivre des extases et en témoigner en même temps, avec ce pouvoir qu’on les mots lorsqu’on les fige de démultiplier la puissance de l’extase au moment même où elle est vécue, ce dont n’ont pas idée, me semble-t-il, les adeptes des religions orientales.
Le satori n’est qu’un prélude à quelque chose de plus grand lorsque, non contents d’être unis au monde, nous lui ajoutons de la matière onirique, fixée, matérialisée, et que cet exercice nous fait vivre avec une puissance ébouriffante.
Je me suis trouvé un coin au bout d’un couloir étroit, sur une banquette en face d’un Matisse, une nature morte fruitée, pas ce que je préfère chez lui, néanmoins vibrante de la chaleur du Midi. Je l’entrevois entre les visiteurs, entre leurs commentaires, entre leurs regards qui lisent les étiquettes.
Une page d’un carnet, une journée de rêverie, est l’équivalent d’un tableau, du moins ce qui s’en rapproche le plus : la traduction la plus instantanée possible d’un état mental.
Plus que toute autre ville, New York n’est pas picturale, mais photographique. C’est la ville de la photographie parce que les buildings délimitent des vues, les encadrent. Il suffit de marcher pour traverser un musée géant. De ma banquette, j’ai une perspective sur la 54th street, avec au premier plan le faite des arbres du jardin du MOMA. Cette perspective est aussi extraordinaire que celle d’un Matisse, parce qu’il aurait pu s’installer à ma place et la peindre. Il me suffit d’imaginer ses contrastes, ses traits de bleu, de vert et de gris, et je suis devant une des œuvres qu’il n’a jamais peintes. Il y a même les indispensables taches rouges des feux posés en surplomb du croisement de la 5th avenue.
Je retourne devant le chemin de Cézanne, circa 1898. La notice dit que c’est le dernier tableau qu’il a peint à Montgeroult avant de rentrer à Aix où il a fini sa vie. L’idée du dernier geste en un endroit me hante. Chaque fois que je suis dans un endroit où je me sens vivre, je me demande si c’est la dernière fois que j’y viens. Ça me fiche la trouille. Oui, j’ai parfois la trouille de ne plus jouir du monde.
Il y a deux sortes d’œuvres : celles que je n’ai pas besoin de revoir, les Rothko, Kline, Newman, Pollock, Mitchell… souvent les œuvres de cette génération de peintres américains, je les ai intégrées, digérées, assimilées, et puis les œuvres qui m’échapperont toujours, celles des anciens de la Renaissance et celles de Van Gogh, Matisse, Picasso… Elles sont illimitées, magiques, et les autres souffrent d’être exposées non loin.
Je déambule dans le musée, me disant « Oui je connais », ou « Oui, mais après ? » J’ai l’impression de découvrir des œuvres décoratives.Seul Basquiat pour me secouer quand il juxtapose des dizaines de pages arrachées à ses carnets. Je ne passe du temps qu’en compagnie de quelques photographies d’Helen Levitt, oui, là, il y a quelque chose, une puissance de l’instant saisie pour l’éternité, là où les autres cherchent à exister par leurs toiles, à attirer l’attention sur eux, comme tous ces écrivains adeptes de la belle prose, de mots rares, d’un vocabulaire superfétatoire et excessif.
Je débouche dans une immense salle bourrée de maquettes de villes futuristes. Au milieu, illuminée, c’est Sète en 3009, imaginée par Isek Kingelez, lors d’une résidence par chez moi. Ça m’amuse. Mais tout de même. Pourquoi exposer cette œuvre et pas une maquette de train électrique ? J’ai l’impression d’une vision de la ville datant des années 1950. Suffit de regarder dehors pour voir la modernité. Plus on s’approche du contemporain, plus grandit l’influence du copinage.
Parfois, je déraille. Hier, j’ai aperçu dans une vitrine une espèce de tourte, quelque part dans les environs de la 9th avenue et de la 49th street, mais je n’avais pas faim à ce moment. Donc j’y retourne maintenant, j’explore le quartier en vain, aucune trace de la devanture verte de mon souvenir. Je finis par manger un bout de pizza pas terrible. Quand je sors du bouge où j’étais entré, je vois tout à côté les fameuses tourtes, mais la boutique n’est pas la même, il s’agit même d’un restaurant crasseux. J’entre tout de même, je m’assois et commande une tourte, tout en me disant que je fais n’importe quoi. Le truc m’arrive, tiédasse et gras au possible, avec une odeur rance. À l’intérieur un fromage si écaillé qu’il me donne une syncope. Je m’enfuis. Deux heures après, j’ai encore le goût de ce truc dans la bouche.
Le pire, pas plutôt dépassé la 50th street, en remontant la 9th avenue, j’ai enchaîné les devantures appétissantes, avant que ça devienne quasi irrésistible dans l’Upper West Side, que j’ai arpenté jusqu’au sommet de la 10th avenue, avant de descendre vers l’Hudson et de rentrer tout doucement vers la jetée où j’ai échouée lundi soir à mon arrivée.
West Side
Sun set
Samedi 6, New York
Réveil sous la grisaille, mais avec en tête la lumière poussiéreuse et ambrée de Les Braises de Sándor Márai, roman ramassé au hasard chez mon copain de New York. Chaque fois que je plonge dans un roman écrit par un auteur de la Mitteleuropa à sa grande époque, j’entrouvre toujours la même porte qui me fait entrer dans le monde mystérieux et extraordinaire d’un grenier inondé de soleil. Ça me réchauffe tout en me serrant le cœur. Ainsi, je ressens avec force le temps unique que ces auteurs ont réussi à capturer dans leurs œuvres, ce qui les fait œuvres, et je me demande quelles sensations nous sommes en train d’envoyer vers le futur, quelle couleur sera la nôtre.
Je m’en vais courir à Central Park. Je me suis réservé pour le dernier jour, car, comme je cours peu en ce moment, j’ai tendance à me faire une belle ampoule au gros orteil droit, toujours au même endroit. J’attaque tranquillement, mais très vite des joggeurs se pressent à l’intérieur d’une double haie de barrières. Une course ! Je remonte ce flot, ne rejoignant la ligne de départ que dix minutes après le départ. Je ne serai donc pas seul. Et me voilà parti dans une petite chevauchée, j’ai beau doubler beaucoup de monde, je ne rattrape pas la tête de la course avant l’arrivée de la boucle de dix kilomètres.
Avant de rejoindre La Gardia, je fais un saut à la Frick Collection. Dès l’entrée, sur la droite, au fond d’une alcôve où presque personne ne va, il y a une des peintures qui m’a le plus fait rêver, avec sa source d’inspiration qui se trouve au Louvre, La Vierge et l’enfant avec Sainte Barbara, Sainte Élizabeth et Jan Vos de Van Eyck et son atelier. Des larmes me viennent, la beauté est presque insoutenable. Seules quelques toiles ont ce pouvoir sur moi, et ici même, il y en a une deuxième, Le Saint-François de Bellini, avec son âne, son rocher, sa grotte et au loin la ville. Comme en 1991, c’est presque trop puissant, alors je m’éloigne un peu. Plus loin, c’est à peine plus soutenable.
En sortant du métro pour prendre le bus Q70 pour La Gardia, une jeune femme m’interpelle, me demandant si moi aussi je vais à Chicago. J’ai le regret de lui annoncer que je vais à Miami. Elle me demande si je vais là-bas courir un marathon. Une fois dans le bus, elle s’installe près de moi et m’explique qu’elle court souvent des marathons. Je lui explique que je préfère le vélo ou courir seul dans mes montagnes. On parle un peu, puis elle me sort de sa valise toute une série de produits : poudre hydratante, boisson énergisante, bandes de scotch à coller sur les genoux ou autres endroits douloureux. « Je ne vends rien », juge-t-elle nécessaire de préciser. Elle descend au terminal B, moi au C. J’ai comme l’impression de m’être fait draguer.
Lundi 8, Weston
Hier matin, j’ai roulé pour tenter d’oublier que j’étais de retour en Floride, puis on est allé manger des sushis, acheter des affaires de tennis aux enfants, la journée est passée, et maintenant je me retrouve sur ma table, face au marigot, avec à nouveau cette envie d’être ailleurs.
« Adapt to adopt », dit Didier. En troquant le VTT pour le gravel, c’est ce que j’ai fait. J’ai adapté ma façon de faire du vélo pour adopter les chemins d’ici. Cette adoption reste très insatisfaisante pour le moment tout comme mon adaptation à la Floride. Je suis un prisonnier qui n’a pas vraiment besoin de s’adapter à la vie de prison, sa peine étant courte.
Mardi 9, Weston
J’ai acheté des chaussures de vélo aux enchères sur eBay, une trentaine de personnes étaient sur le coup, l’affaire s’est conclue hier soir à minuit, à la dernière seconde j’ai placé un ordre à l’aide d’un robot et j’ai empoché la mise, mais j’ai stressé, comme les rares fois où j’ai joué de l’argent au tarot. Je déteste cette sensation qui en enivre d’autres. C’est un peu comme si une force extérieure me maltraitait.
Mercredi 10, Weston
Sortie gravel éprouvante hier soir avec pour conséquence une nuit agitée. Ce matin, panne de clim. Torpeur. Je regarde ma nouvelle Temps Zéro avec circonspection. Je me disperse, négocie l’achat d’un VTT d’occasion pour pouvoir accompagner les garçons dans le parc d’attractions local. J’irai le chercher demain, à mi-chemin d’Orlando, ça me fera visiter. En parallèle, je regarde mon blog, je songe à le centrer autour de mon carnet, à le restructurer autour des dates, comme on le faisait au début des blogs, comme le fait Carl Dubost. Ne plus attirer l’attention sur des titres d’article, ne plus vendre, ne plus provoquer, juste dire tel jour j’ai pensé ça, j’ai vécu ça.
Jeudi 11, Weston
J’ai donc roulé vers le nord en quête d’un VTT. Longtemps j’ai eu l’impression de tourner en rond dans Weston, tant le paysage ne variait pas : avenues pelousées bordées de palmiers et de ficus, zones commerciales, palissades arborées qui cachent des gated communities. J’étais en avance, j’ai rejoint l’océan au nord de West Palm Beach, puis, à la hauteur de Jupiter, j’ai quitté l’US1 pour me rapprocher du rivage, route charmante, étroite, ombragée, parcourue par de nombreux cyclistes, bordée de maisons de plage, entre elles j’apercevais les vagues. Je m’arrête à Hobe Sound, marche sur la plage. Sauvage, infinie, deux surfeurs, des déferlantes, des pêcheurs. Je repars sous une allée de banians qui s’entrelacent au-dessus de moi. Bon, le vélo n’était pas loin d’être une épave. Je suis rentré bredouille et pas assez intrigué par le coin pour envisager de l’explorer.
En France, tout le monde s’inquiète pour nous, mais l’ouragan Michael passe bien plus à l’ouest du côté de Panama City. Le ciel est gris, il tombe trois gouttes, c’est le calme absolu, c’est presque trop calme, rien, le marigot prend des teintes acier.
Je lis celui qui serait le premier diariste de l’histoire, Marc Aurèle. Il nous livre ses pensées, les laissant flotter d’elles-mêmes sans les arracher à leurs circonstances, surtout corporelles. On n’en est pas encore au journal comme roman. Mais quelle leçon pour nous autres avide de visibilité : « Envers les hommes, nulle recherche de popularité, ni désir de plaire ou de gagner la faveur de la foule. »
Vendredi 12, Weston
Les gens ne savent plus quoi faire pour attirer l’attention. L’un annonce fermer son compte Twitter, parce qu’il a trop de followers, tout en disant qu’il ouvre tout de suite un nouveau compte. Pourquoi cette mise en scène ? Pour se faire mousser une fois de plus et surtout faire perdre du temps à tout le monde, à moi pour commencer. Pas question de perdre une seconde de plus avec ces farces et avec ces bougres.
Un autre, que je ne connais pas, mais qui m’en veut pour une raison que j’ignore, critique toujours ma déconnexion de 2011. On dirait que ça l’obsède. Il me reproche même d’avoir écrit un livre sur cette affaire. Bon sang, j’écris des livres sur tout, rien de ce qui me touche n’y échappe, pas même la mort de mon père. Alors quand j’éprouve le besoin physique de me déconnecter, parce que mon corps me dit stop, je me déconnecte, je me fiche bien d’emmerder les apparatchiks de la connexion (qui vivotent du temps qu’ils nous piquent, nourrissant leur orgueil d’entretenir une pseudo réputation, parce c’est toujours de ça dont il s’agit).
Tout ce monde devrait lire Marc Aurèle. « Maintes fois je me suis étonné de ce que chaque homme, tout en s’aimant de préférence à tous, fasse pourtant moins de cas de son opinion sur lui-même que de celle que les autres ont de lui. » Vivre pour les autres, pour briller à leurs yeux, c’est ne plus vivre, c’est même ne jamais avoir commencé à vivre. J’aspire moi aussi à la reconnaissance, mais pour mon travail, pour ce que je fais en vivant, en étant en accord avec moi-même, sans désir de plaire ou de simplement attirer l’attention.
Que faire quand sortira en mai 2019 L’homme qui ne comprenait pas les femmes, puis quand sortira à la rentrée littéraire Mon père était un tueur ? Le moins possible. Le service minimum. Je répondrai aux invitations, mais je ne tenterai pas de les arracher en inventant des subterfuges sans lien avec mon travail. Un mailing. Un post. Une bande-annonce. Ça sera assez.
On devrait tendre vers la sobriété, d’autant que le monde surchauffe, et au contraire on devient baroque, dispendieux. Moi, pour commencer, qui me suis déplacé en Floride, puis qui passe une semaine à New York, qui m’achète des vélos, des trucs dont je pourrais me passer, mais non, je souffle sur les braises.
Samedi 13, Weston
La cigarette socialise tout autant que les réseaux sociaux, suffit de regarder tous ces fumeurs rassemblés en bas des immeubles de bureau. Même stratégie dans les deux cas : nous faire consommer à tout prix, quitte à nous détruire. On doit pouvoir pousser loin cette analogie. Il faudrait que tous les sites sociaux ajoutent la mention « Passer plus de quelques minutes par jour sur cette page nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage. »
La lumière est plus douce, plus tendre, l’air plus limpide. Les arbres paraissent vernis et les oiseaux chantent comme chez nous au printemps. Hier, peu avant le soleil couchant, alors que les ombres franches s’allongeaient, un flash de légèreté m’a traversé. Je ne m’enthousiasme pas. Je constate. J’ai le don très commun de m’habituer au pire, de même finir par l’aimer, parce que sinon je deviendrais fou.
Ne plus utiliser les réseaux sociaux que pour des échanges directs, une façon de les substituer à l’email, avec cette possibilité que d’autres puissent se joindre à la conversation. Refuser de s’adresser à tous, parce que chaque fois cela revient à dire « Regardez-moi, intéressez-vous à moi. »
Dimanche 14, Weston
Direction Homestead, au sud de Miami, non loin de la route des Keys, où je participe à une course de vélo : 70 km de piste et de boue. Je termine crotté de la tête aux pieds. En voiture, JP me raconte sa vie, son père pilote privé, leurs voyages dans toutes les îles des Caraïbes où ils transportaient des bons du Trésor pour les banques internationales, puis l’évidence qu’il fallait fuir le Venezuela à l’arrivée de Chávez. « On m’a traité de fou quand je suis parti, parce que nous avions tout là-bas. » Dix ans plus tard, son père a été mis sur une liste noire, ses biens confisqués et lui aussi a dû partir. JP aime la Floride, elle est devenue sa terre. Il vénère les levees autant que moi mes garrigues.
Homestead
Lundi 15, Weston
Tous les matins, quand j’accompagne les enfants à l’école, je me dis que nous sommes loin de nous attaquer au réchauffement climatique. Ici, les voitures sont partout, une nuée bourdonnante, jusqu’à la porte de l’école. Cette sensation est accrue parce que nous ne pouvons rien faire sans voiture. Cette société est pensée pour réchauffer le monde et satisfaire ses habitants. Ils sont heureux les Floridiens. Ils ne veulent pas changer de vie. Je ne suis pas meilleur qu’eux, déjà parce que je suis venu à eux, parce que je les imite en tous points. Depuis que je suis ici, j’ai l’impression que les gens parlent de plus en plus du réchauffement climatique. La rumeur monte. Moi, en 2000, je faisais déjà des cauchemars, voyant ma maison dérivée à la surface de mon étang. Un symptôme de ma culpabilité, avec toujours en moi un fond d’optimiste, une croyance inébranlable à notre génie.
Mardi 16, Weston
Matin fiévreux. J’ai mangé un truc pas net. Me reste assez d’énergie pour être énervé par un article : la moitié de la population mondiale appartiendrait désormais à la classe moyenne. Des chiffres qui ne disent rien. Quand on parle de vies humaines, les pourcentages devraient être bannis. Comme la population mondiale augmente, les pauvres peuvent rester aussi nombreux qu’avant.
F. débarque à l’improviste. Il arrive des Bahamas où il a convoyé un voilier depuis la France, tout au long de sa traversée jouant à cache-cache avec les tempêtes tropicales.
Mercredi 17, Weston
Chaque fois que je suis malade, privé d’énergie, j’ai l’impression que je ne quitterai plus jamais cet état. Le côté positif : je n’arrive plus à m’énerver contre la Floride. J’ai déchargé ma bile contre ce plat pays uniformément ennuyeux dans lequel je ne trouverai jamais ma place.
« Tu voudrais devenir mon mentor ? » me demande un aspirant écrivain. Moi : « Tu m’as lu ? » Lui : « Non, pourquoi ? » Le monde numérique est merveilleux.
Jeudi 18, Weston
Je me persuade que je ne suis plus malade et vais faire du vélo. Résultat, je rentre épuisé, avec à nouveau des maux de ventre.
Depuis deux mois, le temps n’a pas bougé. Tous les après-midi, le température dépasse les 30°, mais peu à peu le bleu du ciel s’intensifie, ce qui en même temps altère la lumière, mais sans que ce soit bouleversant. Je découvre que la vie dans les tropiques n’est paradisiaque que sur le papier. Le paradis, c’est sentir la Terre tourner autour du soleil, le soleil tourner autour du noyau galactique, la galaxie traverser l’univers. Je dois avoir encore un peu de fièvre.
J’ai envie d’étrangler Coco. Il crie à nous déchirer les tympans. Il veut que nous nous occupions de lui, mais, dès que nous le sortons de sa cage, il s’en prend à nous.
Vendredi 19, Weston
Je boucle ma nouvelle Temps Zéro, avec tant de difficultés que j’ai l’impression de n’avoir jamais écrit un texte aussi indigeste. Puis je vais récupérer le VTT que j’ai commandé, j’ai l’impression qu’il est trop grand, je ne sais plus où j’en suis. Puis je rentre, je compare le profil de ce VTT avec le mien en France, ils sont presque semblables. Je suis en train de devenir fou.
Notre alligator
Samedi 20, Weston
Je tourne en rond, la Floride me paralyse à tous les étages de ma vie. Je n’écris pas, je suis incapable d’acheter un vélo, incapable de ne rien faire sans fainéanter, même lire me devient difficile. Ça cogne partout. Je n’ai plus de place nulle part. Je voudrais sans cesse être ailleurs. À Miami Beach, je ne vois que des femmes vulgaires en mousselines argentées, montant leurs fesses flasques sans le moindre complexe. À Wynwood, j’attrape une image par-ci par-là, sans réussir à me dire que je mets un pas devant l’autre pour avancer, au contraire je me perds, ou pire je fais du sur place.
Miami Beach
Wynwood
Wynwood
Wynwood
Miami Beach
Wynwood
Wynwood
Lundi 22, Weston
J’ai toujours détesté le corporatisme, qui souvent au nom de la défense des droits rassemble des fidèles dans des églises et leur permet de se reconnaître les uns les autres. Les intérêts individuels me sautent toujours aux yeux, tout cela au nom du bien de tous. Peut-être est-ce si difficile de se battre pour la défense du collectif qu’il est impossible de le faire sans espérer en tirer un bénéfice personnel (suffit de voir comment nos politiciens s’avilissent).
Je passe sur Twitter, par désœuvrement, par manque de puissance à rêver mieux. Je retombe sur un énième message d’un auteur qui tisse un marketing bien huilé. Des années de flatterie, de construction d’une communauté, de prétention à l’originalité, à la différence, à une véritable voix artistique, puis voilà qu’un livre sort, alors on bombarde le bon peuple de teasers supposés drôles, tout cela se résumant à l’éternel « Achetez-moi. » Si j’étais croyant, j’implorerais Dieu de me protéger de cette tentation à la publicisation.
Mardi 23, Weston
Résister à une autre tentation : parler de mes moindres maux, par exemple de ma barbe qui pousse trop vite (et plus vite il me semble en Floride), qui est trop abrasive ce matin, qui me démange. Je pourrais en faire un post comme sur mon prurit chronique à l’endroit le plus inaccessible de mon dos, puis pourquoi ne pas parler de mes nouvelles chaussures vélo, avec lesquelles je pédale mieux, qui par miracle ont même fait disparaître une légère irritation au pli de ma fesse gauche, mais qui me provoquent assez vite des fourmis dans les pieds — intéressant tout ce même ce lien entre les chaussures et le cul.
Je pourrais photographier mes chaussures, mon cul, envoyer tout ça sur le Net, et comme ça ne porte pas à conséquence, les gens commenteraient, perdraient leur temps et me feraient perdre le mien en m’illusionnant d’entretenir une vie sociale avec eux. Tous les instants de ma vie pourraient être publicisés, même les plus insignifiants, dans le but de coloniser les esprits des autres.
Je pourrais transformer ce carnet en un relevé méticuleux de tous les riens du quotidien. Par exemple, quand je dépose les enfants à l’école, ils me disent « À dans sept heures », parce que je les récupère exactement sept heures plus tard, parce que ça fait déjà une belle journée d’anglais pour eux, chaque jour plus qu’en deux semaines à l’école en France, sans parler après des devoirs, puis du tennis, puis des films en VO. Je pourrais parler de l’araignée qui tout doucement descent à la hauteur de mon visage, juste au-dessus en mon écran, se plaçant entre moi et le marigot ensoleillé. Je pourrais m’émerveiller parce que l’air est enfin respirable, parce que nous ne transpirons plus au moindre mouvement, je pourrais, je pourrais… Mais non, je cherche l’extase plutôt que me donner l’illusion que je vis des choses extraordinaires.
Hubert et Guillaume m’ont tous deux suggéré de lire l’ultime Philippe Rahmy, Pardon pour l’Amérique. Je l’ouvre et prends dans la figure cette Floride où je vis, avec ses golfs, ses plages éblouissantes, et pas encore ses cortèges de vieux parce qu’ils ne débarqueront que cet hiver, pour fuir leur hiver. Je suis au milieu de cette zone aseptisée, et je côtoie l’autre Floride, poussiéreuse, rectiligne, quand j’arpente les levees. Je me tiens à la frontière entre deux mondes tout aussi terrifiants. Rahmy vivait à Naples, de loin l’endroit le plus intéressant que j’ai visité à ce jour, celui où le temps a laissé une marque, où les arbres dévoilent leurs racines jusqu’au ciel, où les bords du lac Léman ne sont pas loin avec un peu d’imagination.
Rahmy décrit les nuages en forme « d’escargots, dont la base traîne par terre sous un bourrelet spiralé de gouttelettes en suspension, plus brillantes à mesure qu’elles perforent le bleu du ciel. » J’aime ces nuages lourds de leur voyage au-dessus de l’océan ou du golfe du Mexique, rabotés par une terre aussi plate qu’une feuille de papier verre, ces nuages aux ventres sombres, aux têtes bouclées d’archange. Rahmy voit des escargots baveux, moi des alligators gueules ouvertes. Deux vies, deux perspectives. Pour lui, Homestead est la ville terminale, celle du bout du pays, adossé aux Everglades, assemblage de bouis-bouis entre un infini déroulé de champs de tomates. Moi j’y suis allé pédaler, depuis sa marina clinquante, fonçant dans ses chemins de terre, aux bords de ses chenaux, aussi du déversoir de sa centrale atomique, sans parler de ses champs de boue que j’ai remontés en apnée.
Rahmy dit deviner « un trait lumineux sous la couenne brune, fascinante, un aveu de vulnérabilité qui me permet de poursuivre cette aventure américaine, sans me décourager face aux jours qui se terminent avant d’avoir commencé. » Ces journées invisibles s’enchaînent pour moi aussi, plus de deux mois à cuire au bord du marigot, la tête troublée par ses reflets métalliques, et contrairement à Rahmy pas de projet, sinon accompagner les enfants, rien du côté de l’écriture, sinon cette injonction à prendre la route à vélo, à explorer le pays, mais toutes mes traces rejoignent des quatre voies auxquelles Google Earth me dissuade de m’attaquer à deux roues. Il me faudrait aller plus au nord, vers Orlando, ou mieux au-dessus d’Atlanta dans les Smoky Moutains, alors rêves de suivre l’Apalchian Ways durant des jours et des jours, sans jamais quitter les sentiers.
Mardi 23, Weston
Rahmy évoque son « amour sans faille pour les êtres humains. » Un amour qui pointe dans chacune de ses descriptions. Parfois, je me dis que j’aime mieux les paysages que les gens, ou mieux leurs idées qu’eux, mais non, j’aime les gens à ma façon, mais pas au point de m’arrêter dans une prison pour y récolter des histoires. Chacun son style.
J’écoute Didier Pittet, j’écoute à nouveau son histoire pour en faire un second livre. J’écoute mes nouveaux copains cyclistes, je vis la Floride à travers eux, plutôt qu’à travers celles des migrants qui tondent et récurent le pays, perchés sur leurs tondeuses orange, fonçant sur des kilomètres de pelouses, broutant l’herbe et la recrachant sans la digérer, souvent avec trop de violence, si bien qu’elle s’éparpille, alors d’autres gars déboulent, armés de souffleurs, encore des appareils bruyants qui laissent à la fin de la journée le cerveau en compote. Ces soldats portent des t-shirts orange à manches longues et à capuche, des espèces de camisoles hermétiques, pas tant destinées à protéger de la chaleur que des microparticules irritantes envoyées tourbillonner dans l’air.
J’aime les gens parce que j’ai mal pour eux. Parce qu’ici l’esclavagisme se donne toujours à voir, à imposer des tâches inutiles, à penser des villes qui exigent une maintenance excessive, un combat perpétuel contre la nature, combat vain, au prix de dépenses démesurées, tant énergétiques qu’humaines, et tout cela finira contre le genre humain dans son ensemble. Le mur contre lequel nous fonçons ne m’a jamais été aussi évident qu’en Floride, d’autant que la flore et la faune y restent exubérantes, comme si à tout moment tout pouvait en revenir à un stade plus primitif.
J’ai marché dans New York comme j’ai marché dans bien d’autres villes, mais je préfère les escapades en montagne, par forcément loin de la civilisation, avec en contrebas un village, une route, les vestiges d’une fabrique au bord d’une rivière. Je crois que la ville fascine parce derrière les rues, les façades, les boutiques, il y a des gens, des histoires, des rencontres. La ville attire par son potentiel, alors que la nature se donne sans question. Pas besoin de la séduire, de pousser une porte, de troubler un quotidien, d’outrepasser une gêne. La nature est comme un livre, elle exige le face-à-face.
Regarder par les yeux des exclus, oui, ça fait mal, ça bouleverse, mais ça ne dit qu’une des vérités, qu’une des possibilités de voir le monde, avec le risque d’une déviation statistique. La misère est partout, il suffit d’aller aux urgences au milieu de la nuit, la noirceur s’y donne à voir, en ce lieu où s’achèvent toutes les errances, surtout si on enfile la blouse du soignant. On touche là un sordide pas plus original qu’au fin fond des champs de tomates de Floride. Je ne voyage pas pour chercher ce qui est dans mon arrière-court, mais pour voir ce que je n’ai jamais su voir.
Jeudi 25, Weston
Pas peu fier. Je fais découvrir des chemins à JP, enchaînant des passages obscurs entre des parcs non moins obscurs, si bien que JP finit par être perdu. Voilà le vélo que j’aime, qui tient de l’exploration, avec un plaisir évident pour les yeux. Et puis je rentre, me cogne à un meuble et m’explose le petit orteil droit.
Vendredi 26, Weston
Une peinture créée par une IA vient de se vendre un demi-million de dollars. J’ai toujours pensé que l’art finirait par ne plus être l’apanage du genre humain, que nous devrions à brève échéance accorder aux IA l’égalité en droit et devoir, mais, face à cette nouvelle d’une vente mirobolante, je suis découragé, parce qu’il s’agit d’une affaire humaine et de la démonstration de la vacuité de l’art contemporain, réduit à la spéculation. Néanmoins notre futur se dessine, avec une seule attitude tenable pour un artiste : œuvrer pour soi, en égoïste, à la recherche de l’extase. Est-il possible de mettre de côté l’ambition et le désir de faire société ? Cette IA peintre a créé sans conscience. Peut-être qu’elle nous donne avant tout une leçon d’art de vivre.
À quand le livre écrit par une IA qui deviendra un best-seller ? Il est plus facile d’abuser un riche collectionneur que des millions de gens, quoique.
Lire Rahmy me rassure. « Villes et visages, coulés dans le même moule, ensemble disparate et fonctionnel dont les éléments ne diffèrent que par quelques détails. » J’ai décrit ce côté fractal de la Floride — mes mots à moi —, ce n’était donc pas un trait exagéré par mon caractère difficile.
Rahmy dit : « Ce monde, on l’accepte et on se tait. » Contrairement à Rahmy, je n’ai pas passé ma vie en fauteuil roulant, prisonnier de la maladie, j’ai eu la chance de refuser, je n’ai cessé de le faire. Rahmy dit : « Je prends ce que je peux. » Moi, l’enfant gâté, je veux toujours plus, ce que j’ai ne m’intéresse déjà plus, je me tends vers un au-delà où je cherche la lumière. Rahmy, lui, se rapproche de la terre, plante ses doigts dans la glaise bourrée de pesticides, dans la matière humaine cabossée par la vie. Il se délecte de cette soupe dans le but de la racheter, de la sauver. Il y a en lui un côté prédicateur, un côté bon samaritain.
Je dois être plus méchant, plus insensible, je passe à côté des souffrances, je détourne le regard, aveuglé par la lumière qui m’attire et dont j’ai l’illusion de croire que, mise en boîte dans des œuvres d’art, elle peut rejaillir partout, durablement. Finalement, Rahmy ne fait pas autrement. Il cherche une lumière sombre, une braise profonde, quitte à parfois dérailler dans son jusqu’au-boutisme, accusant Bukowski d’avoir souffert pour de faux, comme si on pouvait souffrir pour de faux, comme s’il y avait des souffrances plus dignes que d’autres.
Rahmy est plus expert que moi de la souffrance, mais quand ça fait mal, ça fait mal, l’expérience intérieure reste ravageuse, abandonnant des marées noires dans le cerveau pour des années. C’est comme si Rahmy voulait faire de son jardin le seul jardin possible. Je n’entre pas dans son jeu. Pas envie de plonger dans les sables mouvants floridiens.
Samedi 27, Weston
De la difficulté d’écrire un texte long. Souvent je suis séduit par les débuts de ceux des autres, franchement impressionné par leur style, leur enthousiasme, puis j’attends d’être secoué, transporté, transformé, autant de métamorphoses qui ne peuvent se produire qu’à travers un propos, ou une histoire, ou une dramaturgie, tant bien même elle est cachée, diffuse, ensevelie. Souvent nous autres auteurs oublions Don Quichotte dans son château et nos lecteurs en chemin. Écrire par nécessité ne doit pas nous pousser à publier par habitude.
Nous découvrons un Farmer Market. Une halle ouverte aux quatre vents, avec fruits et légumes bio, yaourts maison au lait de chèvre, viande et poulet d’origine locale. Nous rencontrons Jean-Marc, le producteur de yaourts, qui élève ses chèvres du côté de Homestead. Un quinqua râpeux, sourcils proéminents, profondes rides. Trente ans que ce Français vit en Floride. Il y est bien contrairement à la proprio du Farmer Market qui ne supporte plus le trafic sans cesse croissant et les hordes de touristes, qui même l’été envahissent le pays. « Plus moyen d’être seul à la plage. Et puis, je veux vivre les quatre saisons. J’en ai assez d’être en short toute l’année. »
Homestead n’est pas seulement la terre brûlée décrite par Rahmy. C’est aussi le pays d’adoption de Jean-Marc, et de combien d’autres ? Parce que ce pays digère les gens, il en détruit beaucoup, mais en acclimate davantage. Rahmy dit que depuis Trump on ne parle plus espagnol dans les rues. Moi, ici, je n’ai pas l’impression d’être aux États-Unis, tant l’espagnol est omniprésent. En prime, mes copains de vélo sont presque exclusivement Latinos. Ils ne parlent anglais que pour que je les comprenne.
Dimanche 28, Miami
Jardin du musée Pérez. Cocotiers plantés dans un parvis de béton, pavage granuleux, en devers sur Biscayne Bay. Une brise douce, un air de printemps. Sensation d’un temps altéré, de déjà sortir de l’hiver pour entrer dans une saison magique.
Musée Pérez
Musée Pérez
Musée Pérez
J’ai commencé mes recherches pour Adapt to Adopt. Une question. Depuis quand l’alcool est-il utilisé comme désinfectant ? Depuis quand sait-on qu’il tue les germes ? Cette découverte est nécessairement postérieure à la découverte des germes par Pasteur en 1861. Elle est aussi postérieure à 1865 quand Joseph Lister, au fait des travaux de Pasteur, découvre que le phénol tue les germes et l’utilise dès lors comme désinfectant. Après, en 1878, Robert Koch découvre que la stérilisation à la vapeur est plus efficace que le phénol. Mais aucune référence à l’alcool. Si ces médecins avaient su pour l’alcool, ils l’auraient utilisé. Alors quand ? Je ne trouve rien sur le Net. Didier lui-même ne sait pas. Cette évidence ne l’était pourtant pas encore à la fin du XIXe. Isa en conclut qu’une femme a découvert le pouvoir désinfectant de l’alcool et que l’histoire l’a oubliée. « Normal, c’était une femme. »
Lundi 29, Weston
Rahmy me pousse dehors. À interroger Weston. Surtout envie de figer la gated community de Savanna par quelques images. Milieu de la matinée. Une espèce de désert sous un bleu limpide, sans le moindre nuage. Toutes les feuilles paraissent briquées à l’huile de coude, même le macadam irradie. Je ne croise personne avant d’atteindre le centre de la communauté, son lac, sa piscine, ses terrains de sport, où s’affaire l’armée de jardiniers latinos. Ils étendent de la sciure de conifère aux pieds des plantes. L’odeur de la résine me donne l’impression de marcher en montagne.
La température est douce, la brise apporte des vagues de fraîcheur. Il fait ce temps idéal pour la pensée et la marche. Les enrobés les plus insignifiants, délimités de pelouse, ressemblent à des chemins magiques dont je m’amuse à imaginer qu’ils mènent vers les sommets. Un retraité passe en trottinant, ou plutôt tangue, prêt à se briser. En face, sur l’autre rive, une tondeuse orange polit les berges pendant qu’un rototondeur s’occupe des bordures à la limite du plan d’eau.
Mais domine l’immobilité. Le temps s’est arrêté, toutes les maisons sont vides ou presque, les enfants sont à l’école, et puis, de toute façon, plus tard, rien ne différera, sinon que d’innombrables carrosseries éclatantes remonteront les routes si belles quand elles sont vides, comme si nous étions déjà après la fin du monde.
J’aime ces moments qui font deviner une apocalypse douce. Tous les humains auraient fui vers une autre planète, seuls quelques robots continueraient leur besogne bruyante, et moi je serais avec eux, à attendre la fin, à encore écrire, parce que l’attente n’en serait que plus intense.
Un seul banc face au lac, déroulé dans sa plus grande longueur, avec un méandre qui là-bas pourrait partir loin, et qui finalement s’achève par une boucle comme une autre, connecté à une autre, puis aux Everglades.
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Mardi 30, Weston
Après un orteil, je me pète une côte, même pas en tombant, juste en soulevant le vélo et me cognant contre la selle. Impression d’être en sucre. Reste que nous avons fait une belle boucle dans les Everglades avec JP, sous un ciel indigo.
Un truc énervant chez les Floridiens : en voiture, ils ne mettent jamais leurs clignotants. Tu es à une intersection, prêt à tourner à droite, l’autre arrive sur ta gauche, et vlang il tourne dans ta rue sans crier gare. Toi, tu as attendu pour rien. Cette situation se répète sans cesse. Peut-être en dit-elle long sur la mentalité des gens d’ici, peu soucieux des autres.
Rahmy écrit : « Des gens vivent, le temps passe, mais écrire ne se peut qu’en l’absence d’histoire, car l’écriture reproduit, en l’aggravant, le mouvement de balancier de la vie monotone, jusqu’à désarticuler ce quotidien. Il ne s’agit pas de raconter, mais d’occuper une position au moyen du langage, de conquérir un lieu sans considération pour celui qui se trouvait là, et de défendre cette position concurrente de la réalité jusqu’à la mort. »
Voilà un manifeste littéraire, ainsi qu’un testament en l’occurrence, dans lequel beaucoup d’auteurs contemporains doivent se reconnaître. La littérature pour la littérature, la littérature à tout prix. « Occuper une position au moyen du langage. » La littérature serait une revendication, l’exigence d’une existence sociale, d’un piédestal où planter sa statue pour attirer l’attention, un cri désarticulé dans le vide.
Pour moi, l’écrivain n’est pas un ouvrier en grève dans l’usine littérature, planté à son entrée avec une pancarte réclamant le droit à la reconnaissance, le droit à s’exprimer, le droit à je ne sais quoi.
1/ La vie n’est pas monotone surtout quand on dispose des lunettes de la littérature pour l’enchanter et la transformer (même en Floride).
2/ Toutes ces vies enchantées méritent d’être racontées, parce qu’elles sont extraordinaires.
3/ Lire des vies revient à les vivre, donc démultiplie notre propre vie. Du rôle nécessairement formateur de la littérature.
4/ Il s’agit donc toujours de raconter, de se mettre au service des histoires.
5/ La littérature appartient à la réalité, elle ne la concurrence pas, elle l’augmente.
6/ Défendre une position jusqu’à la mort revient à être sûr de soi. La littérature n’est-elle pas plutôt l’exercice du doute, un processus, le récit d’un perpétuel changement — donc, encore une fois, une histoire ? À cette seule condition, elle s’ouvre au lecteur, lui donne une chance d’être lui-même.
Mercredi 31, Weston
J’écris une lettre pour un ami. Une lettre qui pourrait devenir amusante, sans que je puisse encore en parler. Ainsi, souvent, je me censure dans mon carnet, parce que je le publie, mais le publier lui donne une couleur que j’aime.
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sweetysdrawing · 6 years
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Hello tout le monde,
Aujourd’hui, je prend le temps de vous présenter une autre facette de mon travail que j’ai moi même découvert il y a 2/3 ans et auquel je me suis intéresser vraiment depuis quelques mois suite à des projets avec deux de mes amis qui sont photographes et que je vous présenterais dans d’autres articles dès que possible ainsi que leur travail.
Tout d’abord, le bodypainting qu’est ce que c’est ? Littéralement cela signifie “Peinture sur le corps” donc pas très compliquer à comprendre. Je vais pas vous faire un dessin 👀🙄 Non mais ce qu’il faut savoir c’est que cet art, qui est belle et bien un art en soit, peut se décliner de bien des façons. Pour certaines personnes, le bodypainting ne se décline que sur des créations de type “Portrait” donc tout centrer sur le visage. Je pense notamment au travail de Vanessa Davis qui se met en scène elle même avec ses propres créations et dont voici le travail :
Son travail représente parfois de simple maquillage, et à mon avis cela représente ces débuts en la matière, puis au fur et à mesure, il y a un véritable travail de sculpture avec des strass, paillettes, plumes et j’en passe. Il faut savoir que faire un bodypainting aussi propre et symétrique sur soit même demande une très grande maîtrise car un reflet dans un miroir est complètement inverser par rapport à la réalité quand à la réalité ! De plus, elle prend aussi le temps de se coiffer parfois, de mettre du volume, des effets, de la 3D et j’en passe dans ses créations. C’est elle qui m’a vraiment donner l’envie de me lancer et c’est ainsi que j’ai découvert un univers graphique hors du commun. Le bodypainting n’est pas qu’une question de sculpture en vue d’un portrait mais aussi une forme d’art sur l’ensemble du corps dont voici une banque d’image que j’aime particulièrement et qui moi me parle 😎😍 :
Étudiante dans une école pour apprendre la 3D, l’animation, les effets spéciaux etc… je dois avouer que tout ce qui touche au créations de types monstres par exemple comme Avatar ou tout les Avengers qu’on connaît et qui nécessite des poses parfois de prothèses en plus de la Couleurs comme par exemple Thanos. La véritable émission et celle la plus connue à ce jour est “Face Off” que je recommande sans hésiter pour en prendre pleins les yeux ou encore une émission plus accessible et disponible actuellement sur Netflix et qui est “Skin Wars”.
Dans la première émission, vous allez vraiment en rendre plein les yeux parce que les gens vont vraiment transformer leur modèle mais genre totalement. Des poses de prothèses, des mises en place de volume grâce à cela, une apposition des couleurs absolument parfaite (en tout les cas les erreurs y’a que les pros qui peuvent les voir 😂😂😂). Et parfois, les thèmes qu’on leur impose sont tellement oufs que je me demande souvent comment ils font pour s’en sortir parce que le bagage artistique pour cette discipline doit être vraiment énorme et fourni d’un point de vu de chaque individu. Mais les résultats sont là et on peut y découvrir des œuvres tels que :
Dans “Skin Wars”, les personnes qui sont en compétition ne sont pas des professionnels du bodypainting mais des professionnels en temps qu’artiste dans leur discipline respective (peintre, illustrateur, gaffeur etc..) contrairement à Face Off où eux sont braiments dans le métier mais cherche à évoluer et passer au niveau supérieur. Et donc dans SW, les personnes découvrent pour la première fois les techniques de peinture à l’aerographe sur un corps et ils doivent s’affronter autour de plusieurs thèmes dans le but de gagner 10 000 $ ! Pour des amateurs, ils font parfois des œuvres de dingue et c’est grâce à cette émission que j’ai eu mon déclic, que j’ai reçu mon Aérographe d’une tatie (merci tata de moi ❤️), que j’ai investis ensuite dans de la peinture car de base je souhaitais surtout m’en servir dans le cadre de mes dessins afin de gagner du temps sur la réalisation de mes fonds et qui sait un jour réaliser des dessins entièrement fait avec cet outil ! Je suis actuellement à la recherche de peinture adapter pour le corps ce qui en soit n’est pas évident à moins d’y mettre un budget de malade ce qui n’est pas mon cas mais j’ai tout de même envie de me lancer avec les couleurs primaires, au pinceau et Aérographe et d’y ajouter quelques touches de strass, paillettes et j’en passe ! Je suis vraiment passionner par tout ce que je fais et cela reste un investissement en temps et de la personne que je ferais avec plaisir en espérant pouvoir vous présenter quelques œuvres bientôt (je cherche des modèles si jamais vous êtes intéresser 👀😇😅). On se motive et je vous présente ça dès que possible 🤪
En attendant, qui dit body painting dit aussi maquillage ! Et oui, même si on utilise de la peinture adapté etc.. il faut savoir que le maquillage reste également la base de tout make up surtout si on veut gagner du temps. Genre je vais pas aller agrandir les cils d’une nana avec un pinceau 👀 Et pour cela, je souhaiterais vous présenter les produits de Côté Make-Up ds marques Lyriange et Golden Rose présenter par Coralie S. !
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Des produits de qualité avec un très bon rapport qualité prix et qui peuvent vous être présenter à travers des rencontres un peu comme les rendez vous tepperwares avec votre entourage dans une ambiance conviviale , bon enfant mais professionnel. Les produits fards de la gamme seront mis en avant mais aussi les produits qui vous font envies, que vous utiliser à titre personnels ou juste par simple curiosité de savoir à quoi cela peut servir si jamais vous ne connaissez pas les dernières nouveautés 😊
Je vais quand même prendre le temps ici de vous présenter quelques produits qui pour moi reste important et permette un minimum de prévention surtout si vous décidez de vous lancer dans une “carrière de modèle en bodypainting” afin d’avoir les bons gestes dès maintenant 😊
Tout d’abords les produits pour prendre soin de sa peau avec différents gestes que vous pouvez appliquez et adapter selon votre type de peau car chacun de nous est différent ! Donc voici les quelques produits disponibles par exemple :
Crème lavante Saponalg – 15€
Elle purifie, revitalise et apporte de l’oxygène à votre peau. La crème lavante pour le visage est recommandée pour la toilette quotidienne en remplacement du savon. C’est une formule biologique hydratante au PH neutre spécialement conçue pour protéger les peaux sensibles en respectant l’équilibre naturel de l’épiderme. Hypoallergénique et sans colorants, la crème lavante contient 15% d’actifs biologiques de micro-algues ainsi qu’une base moussante glycérinée qui élimine les impuretés et les bactéries et régule l’excès de sébum.
Composition : extrait de spiruline, émulsionnant naturel, glycérine végétale.
Après cela vous pouvez faire appelle à tout les produits que vous utiliser quotidiennement et je vous propose d’essayer ceci :
Les fonds de teint fluide – 20€
Contient une protection solaire spf15 et de la vitamine A & E. Il donne une couleur naturelle et une apparence soyeuse au visage avec sa texture douce et légère. La vitamine A agit directement sur l’amélioration de l’élasticité et la tonicité de la peau ainsi que sur la réduction des rides. La vitamine E est, quant à elle, un antioxydiant puissant qui hydrate, répare, protège la peau des agressions extérieures.
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Longstay matte face powder (poudre matifiante) – 20€
Cette poudre mate longue tenue pour le visage offre une excellente couverture et assure une tenue impeccable, mate et soyeuse pendant 16 heures. Le Spf15 dans sa formule protège la peau contre les rayons nocifs du soleil.
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Camouflage cream palette et concealer cream palette – 25€
À utiliser sous le fond de teint, cette palette ” camouflage ” vous permet de masquer toutes les imperfections sur le visage et le corps. beige : pour les cernes saumon rosé : neutralise le ton jaune et illumine. Jaune ; neutralise le bleu, le violet et les contours foncés autours des yeux, les coups sur les jambes et les boutons. Vert : neutralise le rouge, la couperose et les boutons. Mauve : neutralise le ton jaune. Orange : neutralise les cernes grises, noires, les cicatrices et les brûlures
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Une palette de beiges pour corriger les différences de carnation de la peau dues aux boutons, aux cernes….
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Fards à paupières – 7€
Habillez vos paupières de nos superbe ombres à paupière. Sa texture soyeuse se fond tout en douceur et illumine votre regard en quelques coups de pinceau. Sa formule ultra-pigmentée garantit un résultat des plus surprenant. la collection se décline en une multitude de couleur. A Appliquer sec ou humide pour un effet plus intense.
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Eye-liner – 12€
Ce feutre waterproof haute précision souligne le regard d’un trait graphique en un seul geste. Sa pointe fine et précise permet de dessiner une ligne régulière à l’épaisseur modulable. Sa formule waterproof très haute tenue permet un maquillage irréprochable tout au long de la journée.
Mascara curly – 9€
Pour des cils séparés à l’extrême. Liftés, étirés, courbés un maximum.Brosse flexible et incurvée qui suit vos cils du haut et du bas.
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Mascara lift – 9€
Des cils disciplinés et domptés 1 à 1. Ses rangées de picots taillés de longueurs différentes permettent d’accéder aux cils les plus courts. Ils sont visiblement allongés, étirés recourbés tout en souplesse. Donne un effet ultra volume grâce à l’épaisseur du mascara.
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Rouge à lèvres – 10€
Une texture crémeuse et confortable, une couleur vive, pigmentée et parfaitement mate. La collection velvet matte lipstick se décline en une palette de teintes chics et intenses, révélant la couleur à merveille sur les peaux claires à très foncées.
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Gloss – 16€
Couverture parfaite de vos lèvres. Fini mat. Tient pendant des heures sur vos lèvres sans les déshydrater. Enrichi à l’huile d’avocat et à la vitamine E. Les lèvres restent souples et magnifiques.
  Vous en avez pour le visage avec les fond de teints, ensuite les yeux avec fards à paupières, mascara et eye-liner, puis pour les lèvres avec rouges à lèvres et gloss pour des produits respectueuses de l’environnement et qui vous seront conseiller selon vos besoins. Donc une seule adresse pour plus d’informations à savoir Côté Make-Up et poser toutes vos questions à Coralie qui sera ravie de vous répondre et qui prendra le temps de le faire dans la joie et la bonne humeur 😊
En body painting, tout cela reste des produits qui permettent de gagner du temps surtout si on s’attaque à une toile vivante de la tête aux pieds avec coiffure, make up maquillage et make up Aérographe surtout pour les finitions, les détails délicats et éviter de crever l’oeil du modèle avec mon pinceau 😂🤫
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à commentez sous cet article ou à me contacter sur ma page Facebook : Sweety’s Drawing ou via mon site internet : Sweety’s Dream via le formulaire de contact pour m’envoyer un mail. Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, en espérant vous avoir donner envie d’en savoir plus 🤪
Créativement votre,
Sweety
🎨 Le Bodypainting 🎭 Hello tout le monde, Aujourd'hui, je prend le temps de vous présenter une autre facette de mon travail que j'ai moi même découvert il y a 2/3 ans et auquel je me suis intéresser vraiment depuis quelques mois suite à des projets avec deux de mes amis qui sont photographes et que je vous présenterais dans d'autres articles dès que possible ainsi que leur travail.
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nekosign · 7 years
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Ho ho ho, voilà mon petit cadeau de moi à moi… Mon tout nouveau calendrier letterpress 2018 de Mr Cup – Fabien Barral est arrivé hier ! Yeah ! Mon rituel de chaque année, check ! (dis donc, je fais une fixette sur les checklists en ce moment moi ^^)
Pour être claire, le calendrier est toujours une tuerie intersidérale ! Hein voilà c’est dit ! Il est illustré cette année par Ginger Monkey, Lauren Hom, Nick Misani, Mathilde Francescatti, Stephan Kunz, Fran6, Reno Orange, Jeff Trish (celui qui a réalisé le jeu de carte que j’ai en ma possession), Keith Tatum, Kelli Anderson, Salih Kucukaga, Jef Millotte, and of course Mr Cup !
Calendrier letterpress 2018 Packaging extérieur
Calendrier letterpress 2018 Couverture
Mois Janvier à Mars
Mois Avril à Juillet
Mois Août à Décembre
  Cette année j’ai choisie la version avec la couverture Copper (tendance en plus :p). Les illustrations sont au top, j’ai vraiment eu un coup de cœur sur 6 illustrations, je vous rassure elles sont toutes très belles mais vraiment ces 6 là… miam ! Du coup c’est génial, ça m’a permise de suivre de plus prêt le travail de ces illustrateurs sur leurs réseaux respectifs. (Bon je préviens d’avance, certains sont tellement doués en typo qu’on se dit “omg Fake ! C’est pas vrai… C’est pas humain” 😀 huhu !)
  Calendrier letterpress 2018 Mes coups de coeur
Couverture par Ginger Monkey
Janvier par Lauren Hom
Février par Nick Misani
Avril par Stefan Kunz
Juillet par Jeff Trish
Août par Keith Tatum
  Pour la petite anecdote, quand j’étais au lycée pro Elisa Lemonier à Paris c’est vrai que souvent c’était démoralisant de jeter un oeil sur le carton à dessin des collègues et de voir qu’ils étaient nés avec “Le don”, mais j’ai aussi vu des copains persévérer car ils avaient besoin d’un peu plus de temps que d’autres. Et d’ailleurs même sans savoir dessiner, on peut être un très bon designer (la preuve pour Mr Cup d’ailleurs). Les souvenirs reviennent, je me souviens bien du premier exercice de concours d’entrée à ce lycée pro en Arts graphiques, était une création uniquement de collages ! Au final, on peut arriver au but que l’on se fixe avec du travail et surtout de la confiance en soi.
Pour être sincère, c’est un peu ce que Mr Cup a suscité pour moi depuis ces nombreuses années. (Je ne le connais pas du tout, j’encourage à distance ses projets, car jouer les fan-atique, c’est pas mon truc). De mon côté pourquoi j’accroche tellement avec son travail, déjà parce que c’est trop beau et que surtout c’est qu’il a montré au final qu’il faut tester, foncer, créer, et même pas peur d’ailleurs ! Si ça marche pas dans l’immédiat, on continue et on va vers d’autres horizons, je garde ça en tête et je continue donc ma voie. (Tenace la fille, 13 ans de freelance !) Même si je reste (trop) discrète dans ma caverne de troll, cela me permet un peu plus chaque jour d’y voir plus loin, et d’espérer d’être un jour à l’aise avec les zautres zumains et d’avoir le courage de me livrer enfin avec des créations à moi. Déjà j’essaie d’être un peu plus active sur les réseaux, c’est déjà une petite révolution pour moi, faut l’avouer. ^^ Avec toutes ces merveilleuses créations que je vois depuis ces dernières années, j’ai appris à ne plus être démoralisée en voyant le talent des autres, mais à me motiver plus, à aller plus loin et le temps que j’ai besoin pour avancer là je vais me le réserver pour sûre ! (Surtout que mes goûts ne deviennent plus si « weird », par exemple il y a un moment l’iconographie Vintage n’était pas si populaire). L’année prochaine, je vais enfin sortir de ma coquille, et me remettre à de la création de moi pour moi (et les autres suivront peut-être) et pas pour un client na ! (Car faire de la presta de service m’a un peu trop éloignée de mon aspiration première d’artiste créateur.) Je vais avoir 40 ans l’année prochaine, ça se fête, il serait temps de m’amuser pour moi !
Donc je dois dire au final “merci beaucoup bande de créateurs !” 😉
  Je vous invite à continuer la découverte sur le site officiel :
[fusion_button link=”https://www.nekosign.com/lien/mr-cup/&#8221; title=”” target=”_blank” alignment=”center” modal=”” hide_on_mobile=”small-visibility,medium-visibility,large-visibility” class=”” id=”” color=”default” button_gradient_top_color=”” button_gradient_bottom_color=”” button_gradient_top_color_hover=”” button_gradient_bottom_color_hover=”” accent_color=”” accent_hover_color=”” type=”” bevel_color=”” border_width=”” size=”” stretch=”default” shape=”” icon=”fa-external-link-square” icon_position=”left” icon_divider=”no” animation_type=”fade” animation_direction=”left” animation_speed=”0.5″ animation_offset=””]www.mr-cup.com[/fusion_button]
{ To shop } Calendrier Letterpress Mr Cup 2018 Ho ho ho, voilà mon petit cadeau de moi à moi… Mon tout nouveau calendrier letterpress 2018 de Mr Cup - Fabien Barral est arrivé hier !
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ANTIZ brise les codes du skate
    En 2002, Hugo, Julien et Julian lâchent les planches des autres pour skater les leurs, imprégnées de leur amour du rock, de la liberté et de l’ironie. Encouragée par le succès de Cliché, la première marque de skate lyonnaise, la petite entreprise Antiz (merci de lire A à l’envers) s’est progressivement mise à exporter ses planches, depuis son local situé à quelques kickflips de la place Sathonay, à (presque) l’Europe entière. Donc ça roule.
Donite/ Peux tu nous expliquer les origines d’Antiz?
Hugo/ On est tous skateurs professionnels à la base. Moi ça fait 26 ans que je fais du skate. Avec des potes du circuit du skateboard professionnel, on a monté Antiz il y 12 ans. On gérait nos carrières, à skater un peu partout en Europe, et puis on a monté la marque en parallèle, un peu à l’arrache au départ, en se disant qu’on voulait créer quelque chose ensemble. Donc on a mis en place la société, et après on s’est mis à travailler, à découvrir l’aspect plus business du skate, plutôt que juste la pratique en tant que sportif, où tu fais des compètes, des vidéos, des trucs comme ça.
Donite/ Vous étiez combien au départ?
Hugo/ Au départ on était 3 skateurs, plus Loïc benoit qui faisait les photos. L’équipe comptait Julien Dickmans, skateur professionnel comme nous, qui est belge mais qui habitait à Barcelone, Julien Bachelier qui était de Paris, et qui est venu nous rejoindre à Lyon. On habitait tous ensemble dans un petit appart ; on s’est mis à faire ça un peu au black au départ, pour créer un la société ensuite. Et puis Loïc et Julian, sont partis, sans embrouille, pour aller vers d’autres projets.
Donite/ Donc tu restes avec Julien ?
Hugo/ Oui juste à deux, plus un graphiste qui va bientôt intégrer l’équipe. On touche à tout, on fait aussi bien de la production que de la distribution et du graphisme. Petite société, quoi.
Donite/ Vous êtes partis de zéro, et vous avez tout appris du fonctionnement d’une entreprise ?
Hugo/ On a tout appris sur le tas, faire des planches, trouver des bons fournisseurs etc... On avait déjà cette démarche autodidacte comme dans le skateboard, où avant de créer Antiz, on a gérait nous-mêmes nos carrière, nos sponsors, nos voyages, nos compétitions, nos vidéos. Du coup, ça nous a appris beaucoup, parce qu’on avait l’habitude de côtoyer des grosses marques de skate, et de voir comment le marché du skateboard fonctionnait, avec le marché de la mode à côté. Mais bon après, on est passionné de skate, de la pratique en elle-même, qui nous demandait beaucoup de temps. Après quand on devient un peu plus vieux, on se dit: " Tiens je pourrais peut être faire tel ou tel truc!".
Donite/ Parle nous un peu de vos skateurs ?
Hugo/ En gros, on a un rider dans la plupart des pays européen, même s’il y a un peu plus de français parce que la marque est française. Quand on dit un skateur ou un rider Antiz, ça veut dire que le gars, professionnel ou non, ne skate que des planches Antiz. On est obligé de jouer comme ça, d’être représenté par un skateur dans chaque pays, pour avoir vraiment une couverture européenne.
     Donite/ Est-ce que l’idée était de vous différencier des autres marques de skate?
Hugo/ Oui nous notre truc c’était de nous différencier des autres, et de rester nous-mêmes. A part Cliché, une marque lyonnaise qui est maintenant bien reconnue dans le milieu du skate, il devait peut être y avoir 3 ou 4 marques de skate à l’époque, en Europe. On est un peu parti dans la lignée de Cliché, mais une autre image, en se disant tiens c’est possible de faire une marque européenne, même mondiale, mais dans une image un peu plus rock and roll. On côtoyait beaucoup de personnes dans le monde du rock and roll, c’était notre milieu à nous. Spontanément, ça se retrouve sur nos planches et dans nos vidéos.
Donite/ Ça explique le graphisme sur les planches inspiré de l’univers du rock ?
Hugo/ le skate a un passé comme ça trash, hard core, comme Suicidal Tendencies par exemple qui avait fait pleins de morceaux sur le skateboard, dans leur clips il y avait du skateboard, et toutes ces inspirations skate rock, parce que c’est même un style. Nous, on aimerait continuer à faire le lien entre ces deux mondes. On fait des collaborations avec certains groupes de hardcore qui aimeraient renouer avec ce passé des années 80. Il y avait un lien vraiment fort à l’époque, qui s’est un peu dissipé dans les années 90, et qui refait une percée maintenant. Je pense que dans le monde de la musique et du rock and roll, les gens respectent Antiz, même ceux qui ne skatent pas, parce que visuellement on est proche de ce monde, en mettant des têtes de mort sous des skate par exemple. C’est devenu un peu plus classique maintenant comme visuels de planche, mais ce n’était pas si évident quand on a commencé, certaines boutiques de skate trouvaient les images trop sombres et violentes.
Donite/ Proche du métal ?
Hugo/ On est proche du métal, notamment parce que pour moi c’est une influence musicale importante. Mais le métal c’est assez pointu et c’est moins évident à développer au niveau des visuels. C’est plus moi, et mon coeur qui vibre pour les dragons et les mondes fantastiques, mais c’est pas tout le monde qui aime ces trucs un peu ringards : ) ! On est ouvert à pleins d’autres choses sur le plan musical, Antiz a intégré des personnes avec différentes orientations. On ne s’est jamais dit qu’on était une marque de métaleux.
Donite/ Et en ce moment, y a-t-il des groupes avec qui vous avez envie de collaborer ?
Hugo/ oui certains, Truck Fighters notamment, mais là par contre c’est plus le fruit du hasard : ils nous ont contactés, et il se trouve que c’est cool, on a fait une planche avec eux. Cette année, on a fait une grosse collaboration avec le HELLFEST qui est l’un des plus gros festival de métal en Europe et qui a lieu en France. Ils nous ont invités pour skater des infrastructures originales, il y avait des carcasses de voiture, un décor un peu apocalyptique. Donc voilà, on a été invité par ce festival, complètement rock and roll à fond, et même métal, et eux de leur côté, ils aimeraient plus intégrer le skate dans ce milieu là.
Donite/ Une autre originalité visuelle d’Antiz ?
Hugo/ On a fait une série de planches, Illuminati, avec des hommes politiques à têtes de lézards, histoire de mettre de la distance avec ce qu’on reçoit des politiques, mais sans s’engager, on est très léger là dessus. Graphiquement on est aussi beaucoup dans la dérision. On a une board qui s’appelle « ma god rides a skateboard », un peu ironique sur la religion, pour dire qu’on est libre, qu’on a pas de limite.
Donite/ et toi tu dessines ?
Hugo/ Oui même si je ne suis pas un dessinateur à la base, j’ai fait tous les graphiques au départ, j’ai beaucoup d’idées pour les visuels, sur l’orientation rock de la marque, et quels artistes choisir. Maintenant c’est beaucoup plus eux qui travaillent sur les dessins.
Donite/ A part les têtes de mort, vous avez des logos ?
Hugo/ on a deux logos, un hibou ébouriffé, et le nom Antiz avec le A à l’envers, avec des petites plumes de hibou aussi. Il y a 2 choses différentes sur les skates, il y a les planches qu’on appelle les planches logos ou team, assez basique, avec l’un des 2 logos Antiz dessous. Ensuite on a les planches professionnelles, qu’on fabrique pour nos riders : la planche est à leur taille, avec leur nom dessous. Et dans ces graphiques, ce qu’on véhicule souvent c’est la dérision, c’est un peu le côté dark, rock and roll. Antiz, ça fait aussi allusion à la hantise et à la peur.
Donite/ Justement, c’est pour ça que vous avez choisi le nom Antiz, c’est par rapport à la peur ? Hugo/ oui, ça a orienté notre choix. En français ça évoque les peurs qu’on a tous en nous, et qu’on peut dépasser. Les visuels des planches, ça peut être une projection de ces peurs. On peut choisir d’en rire aussi. Antiz, en anglais, ça fait plus référence à anti, et comme ça que c’est perçu d’ailleurs. Là, on peut jouer le côté anti-social, et même anarchie avec le A à l’envers. Ce côté rebelle, ça parle aux skateurs quand ils sautent partout et qu’on leur dit qu’ils n’ont pas le droit !
Donite/ Y a t il des endroits importants pour vous à Lyon ?
Hugo/ Lyon est déjà une ville vraiment connue pour le skate ; il y a 10 ans, beaucoup de skateurs venaient y habiter, pour skater. Maintenant c’est Barcelone qui est devenue la ville européenne pour le skate. En France, c’est Bordeaux qui attire davantage les skateurs, et un peu Paris aussi. Mais Lyon reste une ville importante, un carrefour européen. La ville est très bien pour ça, les flics sont cools, on n’a pas trop d’embrouille, et puis le sol roule bien. Des nouveaux spots sont en train de se créer aussi : dès qu’il y a des nouvelles architectures, un skateur est content, il peut aller faire des griffures partout sur les nouveaux bancs et tout casser : ) Non mais c’est assez respectueux, si on nous engueulait pas, on ne verrait pas qu’on est passé : ) mais ça abime un peu les bancs, c’est vrai…. A 40 ans, on continue à faire des petites bêtises, et à se faire disputer par les grands-mères, Non mais on n’est pas méchant, mais on adore le skate, c’est pour ça qu’on monte des marques de skate, et qu’on part au bout du monde pour faire du skate.
Donite/ Comment expliques-tu qu’il y ait aussi peu de filles dans le skate ?
Hugo/ C’est vrai que le skate reste très masculin, c’est assez violent, on se fait beaucoup de coups. On déforme nos tibias et nos coudes. Là par ex, je ne suis pas né avec cette bosse, mais elle est venue au fur et à mesure, et encore quand j’étais plus jeune c’était pire parce que je tombais dessus tous les jours. Sur les jambes c’est pareil, on a pleins de cicatrices. Donc de ce point de vue là, même s’il y a toujours eu des filles qui pratiquaient le skate, mais quand elles arrivent à un certain niveau, elles ont du mal à continuer avec cette violence, ce qui est plutôt logique comme comportement en fait. A un certain niveau (au niveau professionnel ?), il n’y a quasiment plus de filles, 20 peut être dans le monde. Mais bon, ce weekend j’étais à un contest à Belfort et il y avait une jeune de 16 ans qui skatait bien, c’était chouette de la voir. Mais maintenant il y a plus de filles qui se mettent à juste rouler avec un skate, ce qui est déjà bien aussi, même des gens qui se mettent juste à rouler. Pour nous c’est cool, c’est qu’ils comprennent qu’on peut juste rouler, qu’il n’y a pas de honte à ne pas savoir faire des figures, des compétitions, parce que le skate, c’est juste se faire plaisir en roulant, et quand on a compris qu’on se fait plaisir en roulant, tout de suite ça relaxe tout. On peut partager ça avec sa copine, partir ensemble se balader en skate, comme du vélo. Tout le monde a le sourire aux lèvres quand on fait du vélo, le skate c’est pareil, tu te ballades, tu respires, tu peux le prendre sous le bras et aller dans le café avec la planche, c’est libre.
Par Marjolaine Pont
Découvrez le site leur vidéo : http://www.antizskateboards.com/
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=bPTSMXTHM3M
Événement: 12 novembre, projection du film au CNP Terreaux de Danger Dave
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