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CRAZY
Le patchwork n'a pas toujours été sage, au contraire. En marge des quilts classiques, le crazy a fait un temps fureur chez les petites mains d'Amérique. En 1876, lors de l'Exposition universelle de Philadelphie célébrant le centenaire de l'Indépendance, les visiteurs s'extasient devant les arts décoratifs japonais, la porcelaine craquelée (crazed) et les soieries colorées qui deviennent aussitôt une nouvelle source d'inspiration pour les arts populaires et pour le patchwork en particulier. Les Américaines en sont folles!
A vecses moifs pleins de fantaisie, suggerés
1 par les magazines féminins de l'époque, vite relayés par l'imagination des quilteuses, le crazy libère du carcan du modèle (pattern).
Il permet de créer un univers où se côtoient morceaux de tissu de toutes tailles, motifs variés, monogrammes ou signatures, en toute licence poétique. Le quilt crazy est l'occasion de faire valoir son patrimoine, ses étoffes autant que son savoir-faire. Le velours et la soie se mêlent au taffetas, au satin et au brocart dans des compositions surchargées de rubans et de galons, rebrodées de nombreux points, d'épine, de chausson ou d'œillet. Le quilt présenté ici est entouré d'un feston de cônes en velours noir et est confectionné dans des chutes de tissus précieux, ce qui ne le prive pas pour autant de fantaisie. On y découvre les motifs porte-bonheur caractéristiques du style crazy tels que le fer à cheval, la pensée, l'étoile ou le cœur.
Lautre quilt, celui du club littéraire, est à décrypter comme un rébus. Daté de 1898, ce crazy assez rustique est un ouvrage collectif qui raconte une jolie histoire: celle de Becky, Amy, Jill, Emma et d'autres femmes dont ne figurent que les initiales.
Elles ont fondé un club de lecture, la Easton Lite-rary Ladies (en toutes lettres, en bas du quilt) et compose un ouvrage inspiré de leurs lectures.
Tandis qu'une maison, un cheval et une botte évoquent une histoire rurale, qu'un bonhomme de neige semble sortir d'un conte de Noël, un voilier et une montgolfière rouge invitent à l'aven-ture. Quelques bandes en arc de cercle forment un éventail maladroit, un motif récurrent parmi les quilts crazy. Au centre, une toile d'araignée, symbole de patience, et une paire de ciseaux renvoient à l'élaboration de l'œuvre, lui donnant un tour réflexif. Un minuscule rapiéçage noir et blanc ajoute à l'ouvrage un détail émouvant.
La période du crazy est celle du passage du couvre-lit horizontal au quilt vertical, suspendu comme une œuvre d'art, trônant sur le mur d'un cossu intérieur new-yorkais. La flamboyante mode du crazy ne dure cependant que quelques décennies et tombe en désuétude vers 1910.
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SILK CIGAR RIBBONS
Dans la haute société new-yorkaise du x1x° siècle, les hommes ont coutume, après le repas, de se réunir dans la bibliothèque pour fumer un cigare, tandis que les femmes poursuivent leur conversation au salon.
C'est du moins ainsi que la romancière Edith Wharton décrit, dans Vieux New York (1924) ou Le Temps de l'innocence (1920), ces soirées.
À cete époque,les cigares sont vendus dans
des boîtes en cèdre contenant des fagots de dix à cinquante pièces, nouées par un ruban de soie jaune qui porte la marque du fabricant.
Les noms évocateurs Senators, Grand Master ou White Sailor plaisent aux gentlemen soucieux de leur image. La Natividad Romeo y Julieta ou encore Havana Imperial ajoutent la touche d'exotisme à leur consommation de tabac. La première usine de fabrique de cigares new-yorkaise ouvre avec succès dès 1870.
Rompues à l'art du recyclage, les femmes ont naturellement mis de côté les précieux rubans de soie qui enveloppent les cigares pour les insérer dans leurs quilts crazy (voir page 70) et ajouter un éclat de jaune aux velours et satins.
L'originalité des deux quilts présentés ici, appe-les Silk Cigar Ribbons, tient au fait qu'ils sont composés uniquement de rubans, arrangés en une composition graphique qui joue sur les variations de ton des soies, sur les couleurs de l'impression noire et rouge, et sur la longueur des noms de marque, de manière à former des motifs pyramidaux. Loin du traditionnel Log Cabin (voir
page 52), ces quilts Silk Cigar Ribbons en sont malgré tout l'écho du fait de l'association de leurs formes carrées et de leurs bandes successives empilées à la manière des rondins.
La presse féminine relaie largement des idées en matière de création textile et a peut-être inspiré ces deux quilts. Entre 1875 et 1910, plusieurs magazines tels que Good Housekeeping ou Ladies" Home Journal proposent à leurs lectrices des
GAA MARJORIE K
G DUGHESS
modèles de coussins ou de nappes à confectionner en recyclant ces rubans de soie.
Inscrit dans la même veine de récupération des rubans de soie des cigares mais transposé à une autre époque et dans un cadre socioculturel différent, on peut évoquer le recyclage des sacs à farine. En effet, pendant la Grande Dépression des années 1930, des programmes sociaux encouragent les femmes à faire preuve d'économie domestique. C'est de cette époque que datent les flour bag quilts, conçus à partir de sacs en toile que les fabricants de farine destinent à leurs clientes pour confectionner leurs quilts.
L'imagination n'a jamais fait défaut aux quilteuses à tout moment de l'histoire américaine.
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YO-YO
Furieusement vintage, les tissus des quilts yo-yo trahissent leur époque, les années
1930-1940. Composées de cotonnades acidulées et fleuries provenant de robes d'été usagées ou de tabliers de grands-mères, les couvertures témoignent des restrictions liées à la Grande Dépression.
/ a technique que les Américains nomment
- yo-yo porte en Grande-Bretagne l'appellation de Suffolk puff, du nom du comté situé à l'est de Londres. Des sources datent son origine de 1600, et l'on raconte que des brins de laine des moutons du Suffolk servaient à garnir les puffs (houppettes). L'ouvrage débute en décou-pant, dans des morceaux de coton ou de soie, des ronds d'un diamètre mesurant rarement plus d'une douzaine de centimètres. Technique économe nécessitant des petites chutes et pour tout patronage un bol renversé ou une soucoupe.
Une fois les ronds découpés, un fil de fronce est passe à quelques millimètres du bord. On serre, on bloque les fronces grâce à un nœud solide et le yo-yo est terminé.
Tout réside dans le choix des chutes qu'il convient de trier par style, couleur, dominante ou valeur, et dans la façon de les assembler.
On peut coudre les yo-yo côte à côte en vrac afin d'obtenir un effet de millefiori. Assemblés par couleur, par quatre, neuf ou seize, ils forment un pavage. En losange, hexagone, triangle, rec-tangle, rayure ou carré concentrique, l'effet de mosaïque est assuré. D'autres variantes existent, comme celle qui consiste à coudre les yo-yo en les chevauchant plutôt que de les assembler côte à côte, à mélanger des yo-yo de circonférences différentes ou à glisser à l'intérieur un peu de ouate pour les rembourrer. Si la plupart des couvertures en yo-yo datent de la première moitié du xx* siècle, il existe, vers la fin du xixe siècle, des couvertures composées de pièces de tissus découpées et rembourrées, en forme de carrés, appelées puffs ou bonbons.
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À Hawaï, parmi les motifs botaniques particulièrement prisés, on compte la feuille de l'arbre à pain ou la fleur aloha, également appelée «oiseau de paradis ». Le quilt hawaïen, ou tifaifai, se caractérise par son motif central découpé et appliqué. Le nom vient de tifai, qui signifie « rapiécer» ou «raccommoder» en langue locale.
À lafnduxwrsilode et audeout.du xxe siede.
• les épouses des premiers missionnaires protestants anglais transmettent aux populations du Sud Pacifique leur savoir-faire de couturières À une époque où le tissu est une denrée rare, les femmes polynésiennes adoptent ce qui n'est alors qu'une simple technique de récupération pour en faire des créations colorées, inspirées par l'exubérance de la flore locale. Ce style devient emblématique de l'artisanat local.
La technique semble simple. On prend un carré de toile unie que l'on plie en quatre ou en huit. En s'aidant d'un gabarit de papier, on dessine un motif sur un quart ou un huitième du tissu, puis on découpe soigneusement le long du tracé. Une fois le tissu déplié, on obtient un motif parfaitement symétrique, rayonnant par rapport au centre. Il est bâti, puis cousu sur un fond blanc. Le matelassage suit le contour des motifs comme des ondes concentriques.
Cette pratique s'inspire de celle du papier découpé un art connu en anglais sous le nom de cut out et en français de « découpure ». Il s'agit d'une tradition très en vogue au xviie siècle. Comment ne pas évoquer alors Matisse, qui aime tant «découper à vif dans la couleur» pour réaliser ses œuvres? Son voyage à Tahiti, effectué en 1930, inspire l'une des dernières œuvres de sa vie, le tableau Souvenir d'Océanie, ainsi que les chasubles liturgiques décorées d'étoiles et de fleurs appliquées dont il réalise les maquettes pour la chapelle de Vence (voir page 202).
Ce couvre-lit bicolore date des années 1910-1920, peu de temps après l'annexion d'Hawaï par les États-Unis en 1898. Il peut être considéré comme une réplique exotique du quilt Carolina Lily (voir page 67), modèle en vogue à la même epoque. Il est cousu en appliqué et soigneusement quilte. Le petit motif, une lointaine variation de la très populaire étoile, est obtenu par pliage et multiplié neuf fois. Encadré à la manière d'un tableau, il correspond au moment où certains quilts quittent leur fonction de couvre-lit pour devenir des tentures murales.
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À bien des égards, ce couvre-lit annonce La Petite Maison dans la prairie, un cycle autobiographique écrit de 1932 à 1943 par Laura Ingalls Wilder, d'après son enfance au sein d'une famille de pionniers américains à la fin du xixe siècle. De nombreux quilts en patchwork sont ainsi rendus populaires grâce au feuilleton télévisé qui en a été tiré.
e quilt s'inspire des samplers, les marquoirs
- brodés au point de croix, des travaux d'aiguille très pratiqués à l'époque. On y trouve en général le nom de la brodeuse et la date de concep-tion, avec un message exprimant la satisfaction du home sweet home. On se pique de devenir américaine en cousant son premier sampler.
Parmi les éléments hérités du sampler, notre patchwork retient la signature de la quilteuse brodée en lettres bleues au centre.
Réalisé en 1890 par une certaine Mary Swank, ce quilt a probablement reçu l'aide de femmes de son entourage. Typique de l'art populaire de cette période, il exprime de façon spontanée le rêve américain, la joie d'avoir un chez-soi et de ne manquer de rien.
La pièce centrale est un motif connu sous le nom de Little House, flanqué de deux tiges fleuries, appliquées sans souci des proportions.
Un tournesol fait office de soleil. Une main, un motif assez rare, donne à cette composition une empreinte personnelle. On compte une cinquantaine de motifs, certains familiers, Nine Patch, Jacob's Ladder, et d'autres moins connus, Basket, Bow Ties et Carolina Lily. Des damiers structurent cet ensemble plein de fantaisie. Ce quilit est à rapprocher de l'album quilt, un florilège des motifs de patchwork en vogue.
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LOG CABIN
From log Cabin to the White House est une expression souvent emplovée à l'endroit d'Abraham Lincoln, né dans une cabane de rondins avant de devenir président des États-Unis de 1861 à 1865. Elle représente à elle seule le rêve américain.
Aux États Unis, le patchwork a toujours été
• à l'image de la nation. Le Log Cabin, inspiré des cabanes de rondins construites par les premiers pionniers, notamment des immigrants suédois dès 1638, est incontestablement un motif fondateur lié à la découverte du Nouveau Monde. Il symbolise la nation et continue de la représenter au fil des infinies variations dont il ne cesse de faire l'obiet.
Le motif, construit à partir d'un carré central souvent de couleur rouge, représente le cœur du foyer, autour duquel s'agencent les loas (ron-dins). Les variations sont obtenues par l'emploi contrasté de couleurs claires et foncées, permettant de créer une multitude d'effets. Ces quilts, qui prennent les noms évocateurs de Barn Rai-sing (construction de la grange), Furrows (sil-
lons), Streaks of Lightning (éclairs), Pinwheels (ailes de moulin) ou encore Courthouse Steps (marches du tribunal), offrent ainsi le reflet textile de la fondation des Etats-Unis qui, d'est en ouest, au fil de la conquête du territoire, se sont eux-mêmes bâtis comme un patchwork.
Le Pineapple quilt est une autre variante de Log Cabin qui illustre l'ananas, un fruit exotique cultivé dans les États du Sud. Sur les tables des plantations, les tranches d'ananas rôties accompagnent alors le fameux jambon de Virginie, une recette culinaire remplaçant la traditionnelle dinde de Noël. C'est peut-être ce qui explique la dominante de rouge dans un grand nombre de quilts exécutés selon ce modèle.
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@_anmly_ add us on IG
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@_anmly_ add me on ig
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@_anmly_ add me on ig
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Marlène dietrich 1930
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Follow Wool monsters on Instagram
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wool monsters the nightmares eater
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Takaful / symbiose / symbiosis
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