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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 8
FRANCE TELEVISIONS FACE A LA CONCURRENCE : CHALLENGES A VENIR
On l’a dit prĂ©cĂ©demment : la fin de la publicitĂ© (mĂȘme partielle) devait profiter aux chaĂźnes privĂ©es. Et ce fut le cas. Entre 2009 et 2010, les revenus publicitaires du Groupe TF1 ont augmentĂ© de 12%[1], ceux du Groupe M6 de 12,5%[2], et ceux de Canal+ ont pris 8%[3] environ.
Qui dit rentrĂ©es d’argent dit moyens supplĂ©mentaires pour crĂ©er et acheter des programmes forts, ce dont France TĂ©lĂ©visions risque de plus en plus d’ĂȘtre incapable. Par exemple, France TĂ©lĂ©visions a-t-elle encore les moyens suffisants  pour investir dans l’achat de grandes sĂ©ries amĂ©ricaines comme FBI : portĂ©s disparus ou Cold Case, qui ont fait les belles audiences de France2 en leur temps ? Et pourtant, ce sont les sĂ©ries amĂ©ricaines qui font encore aujourd’hui les plus grandes audiences du PAF (hors Ă©vĂ©nements sportifs, actu, etc.). D’aucun diront qu’il ne doit pas ĂȘtre dans l’ambition du service public de servir les mĂȘmes programmes que les chaĂźnes privĂ©es. C’est oublier que la publicitĂ©, sur dĂ©cision lĂ©gislative, d’aprĂšs un avis de la Commission CopĂ©, est encore maintenue entre 6h00 et 20h00 sur les chaĂźnes publiques, mettant de fait France TĂ©lĂ©visions dans la situation inextricable de satisfaire Ă  la ligne de conduite imposĂ©e tout en maintenant un taux d’audience financiĂšrement acceptable. Et non, France TĂ©lĂ©visions n’est pas encore dĂ©barrassĂ© des prĂ©occupations d’audience. Elle doit faire rentrer de l’argent dans ses comptes.
Il en va de mĂȘme pour la crĂ©ation pure, c’est-Ă -dire le dĂ©veloppement de nouveaux concepts. Un feuilleton quotidien comme Plus belle la vie, qui coĂ»te relativement cher, ne resterait-il pas dans les cartons faute de moyens suffisants pour le produire ? Il n’est pas invraisemblable de penser que France TĂ©lĂ©visions ne recouvrera pas, Ă  terme, les 800 millions manquants. Pour l’instant, les ressources publiques pallient Ă  grands coups d’aides exceptionnelles le trou bĂ©ant des revenus publicitaires (-47,5% entre 2007 et 2009[4]). Mais quand ces aides viendront Ă  manquer, ce seront bel et bien les achats et les productions qui en pĂątiront de maniĂšre directe. Le coĂ»t de grille reste pour l’instant relativement stable, bĂ©nĂ©ficiant encore de programmes installĂ©s et attrayants aux heures de grande Ă©coute (jeux de midi et de soirĂ©e), Ă  approximativement 1.940 millions d’euros[5]. Et dans le futur, l’audience n’étant plus mesurĂ©e, quels scrupules aura-t-on Ă  diffuser des programmes moins forts, moins porteurs et moins rassembleurs ? Une tĂ©lĂ©vision au rabais ? N’exagĂ©rons rien, mais restons prudents.
De plus, avec la montĂ©e en puissance de la TNT, de certaines chaĂźnes de la TNT en vĂ©ritĂ© car d’autres peinent vraiment Ă  trouver identitĂ© et public, la part d’audience des chaĂźnes historiques est en chute libre. Les chaĂźnes privĂ©es historiques vont devoir se battre pour conserver de leur superbe. Et le match a dĂ©jĂ  commencé : une surenchĂšre dans les programmes qui sont devenus des refuges d’audience, Ă  savoir la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© ïżœïżœÂ trash » type Secret Story (mĂȘme si l’échec de CarrĂ© Viiip vient d’y mettre un lĂ©ger coup d’arrĂȘt), les magazines ludiques types M6 (Maison Ă  vendre, Un dĂźner presque parfait, Cauchemar en cuisine, Tous ensemble
), les Ă©vĂ©nements autour d’un thĂšme de sociĂ©tĂ© (type Home, EnfoirĂ©s, soirĂ©e contre Alzheimer
), les sĂ©ries amĂ©ricaines (Dr House, Mentalist, NCIS), des grands films Ă  succĂšs (Pixar, classiques de comĂ©die française, blockbusters rĂ©cents). DiffĂ©rencier le service public des chaĂźnes privĂ©es risque donc de devenir un jeu d’enfants, car il aura de moins en moins les moyens de rivaliser sur ces terrains-lĂ .
La TNT n’est pas la seule raison de l’érosion des audiences des chaĂźnes historiques. Nous sommes en train d’assister Ă  un changement des modes de consommation des programmes. La VOD, payante ou gratuite, et le tĂ©lĂ©chargement, lĂ©gal ou illĂ©gal, sont des comportements nouveaux et importants qu’il faut prendre en compte. Rares sont les jeunes qui tous les soirs choisissent un des programmes proposĂ©s par les chaĂźnes, mais nombreux sont ceux qui tĂ©lĂ©chargent le dernier Ă©pisode de leur sĂ©rie favorite avant mĂȘme sa diffusion
 Qui peut affirmer que dans une dizaine d’annĂ©es la tĂ©lĂ©vision sera toujours au centre du foyer familial. L’audience sera au contraire Ă©clatĂ©e sur plusieurs supports, et c’est dĂšs aujourd’hui qu’il faut travailler Ă  les intĂ©grer et Ă  les rentabiliser avant que l’internaute ne se charge de crĂ©er ses propres lois. France TĂ©lĂ©visions doit aller dans ce sens et mettre en place une stratĂ©gie crossmedia plus lisible. Exemple : vous connaissez tous M6Replay, mais connaissez-vous le nom du service de tĂ©lĂ©vision de rattrapage de France TĂ©lĂ©visions ? Il s’agit de « PLUZZ »  Difficile Ă  identifier n’est-ce pas ? Il y a encore des efforts Ă  faire car il est normal qu’un service public de tĂ©lĂ©vision mette tous ses programmes en ligne Ă  disposition gratuite (moyennant une redevance) des internautes français. Les rĂšgles devront encore ĂȘtre prĂ©cisĂ©es et rĂ©glementĂ©es par le CSA, mais le systĂšme de tĂ©lĂ©vision de rattrapage de M6 est un bon modĂšle : il reprend gratuitement, pendant 7 jours, la quasi-totalitĂ© de ses programmes, au moins tous ses programmes phares, y compris les sĂ©ries amĂ©ricaines, et les met gratuitement Ă  disposition de tout internaute. Il y a vraiment quelque chose Ă  creuser dans ce concept Ă©minemment « service public ».
En tout cas, France TĂ©lĂ©visions va avoir Ă  coup sĂ»r l’occasion d’affirmer sa diffĂ©rence Ă©ditoriale en ne rentrant pas dans les batailles d’audience Ă  venir. Le groupe devra Ă©galement faire un vrai effort de modernisation et se doter d’une rĂ©elle vision technologique afin de toucher les nouvelles gĂ©nĂ©rations, qui ont une rĂ©elle soif d’images mais sur des supports inĂ©dits.
[1] Rapport annuel 2010, p.33
[2] CommuniquĂ© financier – RĂ©sultats annuels 2010, p.1, 15 fĂ©vrier 2011
[3] CommuniquĂ© – Chiffre d’affaires consolidĂ© Ă  fin septembre 2010, p.1, 16 novembre 2010
[4] Rapport financier 2009, p.50
[5] Rapport financier 2009, p.50
cg
                                                   A SUIVRE: Idées de programmes pour un nouveau modÚle de télévision publique  
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 7
QUEL AVENIR POUR LE CSA DANS LES RAPPORTS ENTRE L’ETAT ET LES MEDIAS PUBLICS ?
Depuis toujours les médias publics ont entretenu des rapports incestueux avec le pouvoir en place. Souvenons-nous de cette magnifique phrase du ministre de l'Information il y a 47 ans:
"La RTF [Radiodiffusion-Télévision Française], c'est le gouvernement dans la salle à manger de tous les Français!" (Alain Peyrefitte, 1964)
Il faut dire que les politiques ont besoin de cet outil de communication. De lĂ  Ă  le contrĂŽler, il n’y a qu’un pas qui ne doit pas ĂȘtre franchi. Le CSA se place justement entre les mĂ©dias publics et le monde politique. Il est un des remparts Ă  la connivence. Du moins, c'est ce qu'il laisse croire.
Petit retour en arriĂšre. En 1982, le gouvernement socialiste met en place le premier organisme de rĂ©gulation de l'audiovisuel en France: la Haute AutoritĂ© de la Communication Audiovisuelle. Notez lĂ  encore le terme "communication", qui place toujours l'Etat au dessus des 3 chaĂźnes publiques. Comme le CSA aujourd'hui, les neuf membres de cette Haute AutoritĂ© sont nommĂ©s par le PrĂ©sident de la Rïżœïżœpublique, le PrĂ©sident du SĂ©nat et le PrĂ©sident de l'AssemblĂ©e Nationale (trois membres chacun). Comment ne pas se poser la question de l'indĂ©pendance de ces "surveillants gĂ©nĂ©raux du PAF" quand on voit qui les met en place?
En 1986, on tente de rectifier le tir en élargissant ce Conseil à treize membres, plus représentatifs des différentes corporations culturelles (nominations par les professionnels de l'audiovisuel, de la presse, de l'Académie Française, etc.). C'est la création de la Commission Nationale des Communications et des Libertés, la CNCL, qui remplace la Haute Autorité jusqu'en 1989.
Le CSA, Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, est donc créé en 1989, et retombe dans le travers instauré par la Haute Autorité, à savoir neuf membres nommés par les plus hautes instances de l'Etat. Ses missions sont entre autres de veiller au pluralisme politique et syndical sur les chaßnes de télévisions, d'attribuer les fréquences, de sanctionner les infractions à la loi (volume publicitaire, manquement de signalisation...), et d'organiser les campagnes officielles (élections, respect des temps de représentation...).
La rĂ©forme remet en question certaines choses. Jusqu'en 2009 et la rĂ©forme de l'audiovisuel public, il Ă©tait Ă©galement chargĂ© de nommer le PrĂ©sident de France TĂ©lĂ©visions, rĂŽle dĂ©sormais attribuĂ© au PrĂ©sident de la RĂ©publique. Cette nomination sur dĂ©cret prĂ©sidentiel pour un mandat de 5 ans pose un problĂšme Ă©thique Ă©vident. Cela rappelle un peu le fonctionnement de l’ORTF : le gouvernement gardait un Ɠil sur ce qui Ă©tait dit et fait sur les chaĂźnes publiques et rectifiait le tir s’il en ressentait le besoin. Comment croire sans ĂȘtre stupide que le prĂ©sident nommĂ© par la plus haute autoritĂ© de l'Etat va ĂȘtre en mesure d’exercer une autonomie rĂ©elle ? Et mĂȘme si l’on ne peut soupçonner Sarkozy de vouloir contrĂŽler l’audiovisuel public (la diabolisation n’est pas un argument sĂ©rieux), qui nous dit que cette mesure mise entre de mauvaises mains ne servirait pas la volontĂ© d’un despote ? On sait par les multiples et rĂ©currentes anecdotes racontĂ©es dans les mĂ©dias que des journalistes, pas seulement des chaĂźnes publiques d’ailleurs, subissent des pressions venant du monde politique (entendons-nous, il ne s’agit pas uniquement de la droite et du gouvernement)
 Le rĂ©pĂ©ter ne peut d’ailleurs qu’aboutir Ă  une autocensure des journalistes. Sans parler des amitiĂ©s qui sont, elles, incontrĂŽlables.
Alors pourquoi enlever au CSA ce rĂŽle emblĂ©matique ? Pour mettre fin Ă  une "hypocrisie" rĂ©pondent les instigateurs de cette mesure. Et il est vrai qu'il n'aura pas fallu attendre Sarkozy pour se poser la question: sous l’ùre Chirac par exemple, l'avant-dernier prĂ©sident de France TĂ©lĂ©visions, Patrick de Carolis, nommĂ© par le CSA, Ă©tait un chiraquien convaincu et assumĂ©. Mais les Français sont ainsi : ils prĂ©fĂšrent croire qu’il y a des tractations occultes, en gardant l’espoir qu’il n’y en a pas, que de savoir qu’un tel est un protĂ©gĂ© d’un tel. Comment leur en vouloir ? AprĂšs tout, il n'est pas dans notre culture française de prĂŽner une transparence absolue et totalitaire, mĂȘme si l'on exige de nos dĂ©cideurs un comportement infaillible et impartial.
Qu’on se rassure, le CSA ne servait pas qu’à nommer le prĂ©sident de France TĂ©lĂ©visions ; son avenir semble donc assurĂ©. Il est mĂȘme confortĂ© par cette rĂ©forme qui renforce ses pouvoirs en matiĂšre de lĂ©gislation sur l’audiovisuel. Le CSA doit par exemple proposer des mesures pour encadrer les services de VOD (vidĂ©o Ă  la demande) et de "tĂ©lĂ©vision de rattrapage". Il doit remettre au Parlement toutes sortes de rapports, notamment sur l’efficacitĂ© et les effets de la publicitĂ© dans les programmes jeunesse
 Il doit Ă©galement proposer des mesures pour encadrer le placement de produit dans les programmes. Autant de missions qui sont importantes mais peu mĂ©diatisĂ©es, et qui permettent au service public de conserver une ligne de conduite sĂ©rieuse et d'imposer au PAF une certaine morale.
LĂ  oĂč l’on peut s’inquiĂ©ter, c’est quand on lit dans la loi que le gouvernement pourrait prendre des mesures pour moderniser le CSA et rendre plus efficace la recherche et la constatation des infractions commises. Le CSA retrouve donc sa fonction premiĂšre de surveillance des diffuseurs de programmes, ce qui cadre bien d’ailleurs avec l’idĂ©ologie sarkozyste qui considĂšre chacun comme un potentiel violeur de la loi. Jusqu'oĂč ces mesures pourraient aller en terme de fonctionnement interne du CSA et en terme de rĂ©glementation de la diffusion des programmes? LĂ  est la question.
La CSA a donc son utilité et ses lacunes. Si l'on peut donc regretter la brouille du message de la réforme causée par la nomination des Présidents de France Télévisions et Radio France par décret présidentiel, mesure hautement impopulaire, il n'y a toutefois pas lieu de s'inquiéter sur les missions premiÚres du CSA, dont l'indispensable fonction de surveillance et de conseil devrait perdurer encore longtemps.
cg
                                                  A SUIVRE: France Télévisions face à la concurrence: Challenges à venir
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 6
ET RADIO FRANCE ALORS ?
Radio France est constituée de sept stations nationales, chacune possédant son identité propre et ses missions:
- France Inter
- France Info
- France Culture
- France Musique
- Le Mouv'
- FIP
- France Bleu (et ses 43 antennes régionales)
Pour un chiffre d'affaires d'environ 595 millions d'euros (couvert à 90% par la contribution à l'audiovisuel public)[1], Radio France emploie 2500 personnes. Un plan social à l'horizon 2010 et la réorganisation mouvementée de RFI (Radio France Internationale) ont légÚrement réduit la masse salariale.
IdĂ©ologiquement et concrĂštement, peu de mesures de la rĂ©forme de l'audiovisuel public concernaient vraiment la radio publique et peu de choses ont donc vĂ©ritablement changĂ©. Si ce n’est que comme toutes les SNP (SociĂ©tĂ©s Nationales de Programmes), Radio France a vu son prĂ©sident ĂȘtre nommĂ© par Nicolas Sarkozy et la composition de son conseil d’administration Ă©voluer vers plus de reprĂ©sentativitĂ© de l’Etat.
Une telle incursion des instances gouvernementales dans la gestion d'une maison naturellement attachée à son indépendance fut une épreuve médiatico-politique passionnante. Le 12 mai 2009, le PDG Jean-Paul Cluzel était remercié et remplacé par Jean-Luc Hees, journaliste et ancien patron de France Inter entre 1999 et 2004, déjà soupçonné à l'époque d'avoir retiré de l'antenne la chronique d'un médecin suite à des pressions de l'industrie pharmaceutique... Autant vous dire que sa réputation de docile toutou n'était plus à faire quand il accepta la fonction de PDG.
Et puisqu'on ne change pas un homme de caractĂšre, les mĂȘmes soupçons devaient revenir Ă  la charge quand il dĂ©cida, en accord avec Philippe Val, nouveau patron de France Inter, de virer StĂ©phane Guillon et Didier Porte, les deux trublions de la station, suite Ă  des chroniques supposĂ©ment humoristiques visant de maniĂšre rĂ©currente le PrĂ©sident Sarkozy. Le battage mĂ©diatique autour de cette affaire fut un sĂ©rieux coup de massue pour la rĂ©forme de l'audiovisuel public et acheva de concentrer les critiques sur les soupçons d'ingĂ©rence de l'Etat dans les mĂ©dias. De quoi taire pour de bon les rĂ©els apports de la rĂ©forme.
Depuis, l'ombre de Sarkozy plane encore sur l'image du groupe de radio publique, une image salement entachée qui devrait lui coller à la peau pendant encore quelques années.
Et pourtant, Radio France va devoir prochainement affronter un nouveau challenge, puisqu'à l'instar de la télévision, la radio va procéder dans les années qui viennent à son basculement vers le tout numérique. Prochain gros chantier audiovisuel en France, la RNT (Radio Numérique Terrestre) devrait bouleverser le statu quo des audiences. Un passionnant défi pour une maison fragilisée.
  [1] Rapport d’activitĂ© 2009, p.12-13
cg
                                                                                              A SUIVRE: Quel avenir pour le CSA?
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 5
CONSEQUENCES POUR L’INDUSTRIE CINEMATOGRAPHIQUE
Le texte de la rĂ©forme ainsi que le nouveau cahier des charges de France TĂ©lĂ©visions donnaient des indications trĂšs prĂ©cises sur l’implication du groupe de service public dans l’industrie cinĂ©matographique.
Le gouvernement s’était amĂ©nagĂ© de maniĂšre lĂ©gislative le droit de prendre par ordonnance, jusqu’à aoĂ»t 2009, des mesures modifiant plusieurs points du droit du cinĂ©ma :
- modifier le mode de gouvernance du CNC
- moderniser et clarifier les rĂšgles sur le contrĂŽle des recettes d’exploitation sur tous supports (salles, vidĂ©o
)
- confier au CSA le recouvrement de la taxe sur les éditeurs et distributeurs de services de télévision
- moderniser le rĂ©gime d’affectation prioritaire du soutien financier Ă  la production cinĂ©matographique et en accroĂźtre l’efficacitĂ©
- amĂ©nager l’obtention de visa pour les Ɠuvres cinĂ©matographiques
- amĂ©nager les conditions de dĂ©livrance et d’agrĂ©ment des titres donnant droit Ă  des entrĂ©es multiples (carte de cinĂ©ma illimitĂ© UGC/MK2, LePass
)
- amĂ©nager les conditions de cession des droits de reprĂ©sentation cinĂ©matographique et conditions de cession des droits d’exploitation en vidĂ©o ou VOD
Le cahier des charges de France TĂ©lĂ©visions Ă©nonçait Ă©galement quelques mesures. Comme on l’a Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, France TĂ©lĂ©visions devait aller au-delĂ  de ses obligations lĂ©gales en diffusant 70% de programmes europĂ©ens dont 50% français. Le groupe devait ainsi devenir « le premier investisseur dans la crĂ©ation audiovisuelle française. L’effort devrait porter sur l’adaptation du patrimoine littĂ©raire français, l’illustration de l’histoire nationale et europĂ©enne, l’exploration et le suivi des mouvements de la sociĂ©tĂ© contemporaine[1] ». De toute façon, sous l’impulsion de Patrick de Carolis, les chaĂźnes Ă©taient dĂ©jĂ  sur la voie, notamment pour la production et la diffusion de tĂ©lĂ©films adaptĂ©s d’Ɠuvres littĂ©raires (Chez Maupassant, Au SiĂšcle de Maupassant, Maupassant chez les nudistes
).
Le groupe Ă©tait dans l’obligation de « contribuer au pluralisme de la production cinĂ©matographique », et de soutenir « un cinĂ©ma d’initiative française et europĂ©enne fort, diversifiĂ© et indĂ©pendant. La diffusion d’Ɠuvres cinĂ©matographiques devait ĂȘtre renforcĂ©e, surtout en prime-time, et on devait assister Ă  la crĂ©ation de vĂ©ritables cases horaires de cinĂ©ma (hebdomadaires par exemple) Ă©ditorialisĂ©es afin d’apporter un Ă©clairage spĂ©cifique sur l’Ɠuvre prĂ©sentĂ©e. L’actualitĂ© du cinĂ©ma devait ĂȘtre traitĂ©e et la diffusion du court-mĂ©trage mise plus en valeur. C’était dĂ©jĂ  le cas, avec un programme hebdomadaire d’actualitĂ© cinĂ©ma tout en image, Plein 2 CinĂ©,  fabriquĂ© en collaboration avec les Ă©quipes d’AllocinĂ©.com.
Pour ce qui est du court-mĂ©trage, on sait que France tĂ©lĂ©visions est un acheteur important, mais un diffuseur trop discret Ă  l’antenne. Quelques Ă©missions importantes offrent quand mĂȘme une vitrine aux courts, notamment Histoires courtes, toujours diffusĂ©e malheureusement assez tard de maniĂšre hebdomadaire.
Le principal problĂšme pour les professionnels du cinĂ©ma restait la baisse des moyens de France TĂ©lĂ©visions due Ă  la disparition de la publicitĂ©. Des revenus moindres signifiaient fatalement des investissements moindres, ou du moins une prudence vis-Ă -vis des choix que devrait appliquer France TĂ©lĂ©visions Ă  la vue de son cahier des charges. Situation complexe donc d’un groupe Ă  qui on voulait donner de grandes ambitions, tout en lui ĂŽtant les moyens de les accomplir.
Deux ans plus tard, les chiffres se veulent rassurants. Les investissements globaux de France2CinĂ©ma Ă©taient en 2009 de 34,1 millions € pour 32 projets de film (32,1 millions en 2007 et 28 projets coproduits), quand France3Cinema investissait dans le mĂȘme temps 22,7 millions € pour 26 projets de films (20,9 millions d’euros en 2007 et 23 projets coproduits)[2]. Cette contribution est Ă©videmment essentielle et devra ĂȘtre maintenue tant sur le montant que sur le nombre et la diversitĂ© des projets soutenus.
[1] Art.9 in Projet de cahier des charges de France Télévisions, 20 octobre 2008
[2] Rapport annuel 2007, p.67 et Rapport financier 2009, p.63
cg
                                                                                  A SUIVRE: Et la Radio Publique dans tout ça?
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 4
FINANCEMENT, CHAÎNES PRIVEES ET "L’AFFAIRE COURBET"
Le manque Ă  gagner pour France TĂ©lĂ©visions suite Ă  la disparition progressive de la publicitĂ© fut Ă©valuĂ© Ă  environ 800 millions d’euros par an Ă  compter de la disparition totale. Il fallait donc inventer un nouveau schĂ©ma de financement : quelles furent les solutions proposĂ©es ? Comment les chaĂźnes privĂ©es ont-elles manƓuvrĂ© pour profiter de la fin de la publicité ?
Commençons par le plus important : la redevance audiovisuelle. La rĂ©forme a changĂ© son nom et son fonctionnement. Elle est devenu la « Contribution Ă  l’Audiovisuel Public » et est dĂ©sormais indexĂ©e sur l’inflation. Ainsi, pour 2009, son montant s’est Ă©levĂ© Ă  118 euros, et 120 euros en 2010[1]. Il faut comprendre que l’impĂŽt le plus injuste de France est vraiment nĂ©cessaire. D’abord parce que c’est la principale source de revenus de France TĂ©lĂ©visions : environ 2 412 millions d’euros en 2009 (soit 4/5 du chiffres d’affaires). Ensuite parce qu’il semble normal que les Français payent une somme relativement modeste afin que l’Etat puisse faire perdurer les sociĂ©tĂ©s nationales de programmes, qu’elles soient de tĂ©lĂ©vision, de radio mais aussi d’audiovisuel extĂ©rieur (voix de la France Ă  l’étranger).
Le problĂšme de la contribution Ă  l’audiovisuel public, c’est que les Français ne sont pas Ă©gaux devant son montant : pour certains 120 euros est une somme ridiculement faible, tandis que d’autres auront du mal Ă  la payer et ne comprendront pas pourquoi ils y sont obligĂ©s. Est-ce qu’une contribution indexĂ© sur l’inflation mais calculĂ© en pourcentage sur le revenu des foyers ne serait pas une meilleure solution ? Le risque est que sous cette forme, le montant global de la contribution perçue par l’Etat soit moins Ă©levé  C’est une question de point de vue politique, que nous ne dĂ©velopperons pas plus par peur d’établir des hypothĂšses cavaliĂšres ; avec des « si », on mettrait RĂ©my Pflimlin en bouteille

DĂšs l’annonce de la rĂ©forme de l’audiovisuel public, Nicolas Sarkozy souhaitait instaurer deux nouvelles taxes afin de pallier le manque Ă  gagner dĂ» Ă  l’arrĂȘt progressif de la publicitĂ© sur les chaĂźnes du groupe France TĂ©lĂ©visions. La premiĂšre taxe devait ĂȘtre un prĂ©lĂšvement de 3% sur les recettes publicitaires des chaĂźnes privĂ©es, rapportant une somme d’environ 80 millions d’euros. La seconde, une taxe de 0,9% sur les chiffres d’affaires des opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©communications, pour une somme atteignant 400 millions d’euros. Les esprits attentifs, et il y en eut beaucoup, ont eu vite fait d’établir ce calcul simple : 80 + 400 = 480
 On Ă©tait bien loin des 800 millions d’euros nĂ©cessaires pour remplir le trou laissĂ© vacant par les revenus publicitaires disparus. MĂȘme Michel Drucker, qui prĂ©sentait dĂ©jĂ  des rendez-vous badins lascivement assis sur un boudoir rouge au siĂšcle des LumiĂšres, fit le calcul et souligna, dans les nombreuses interviews qu’il donna alors, qu’il « manquait 200 millions d’euros pour boucler le financement »  En rĂ©alitĂ©, ce sont 320 millions d’euros qu’il restait Ă  trouver, mais n’est pas Euclide qui veut. Les journalistes de France2 et France3 dĂ©noncĂšrent dans une tribune intitulĂ©e « Ni pub, ni soumise » parue dans LibĂ©ration « un projet de financement bĂąti sur du sable ».
Outre les manques dans le plan de financement, l’annonce provoqua un vĂ©ritable tollĂ© dans les couloirs des chaĂźnes privĂ©es. Dans un contexte publicitaire morose, pourquoi taxer les revenus publicitaires ? Qui plus est, tout le monde sait, malgrĂ© les paillettes qu’on nous lance Ă  la figure, que l’audience moyenne des chaĂźnes historiques privĂ©es (TF1, M6 et Canal+) est peu Ă  peu rongĂ©e, provoquant une chute du prix de vente des Ă©crans publicitaires. Et c’est un mouvement sans fin puisqu’avec la lente mais assurĂ©e montĂ©e en puissance des chaĂźnes de la TNT, les plans mĂ©dia des agences de pub se rĂ©partissent non plus sur 6 chaĂźnes, mais sur 18. Sous la colĂšre des dirigeants de chaĂźnes privĂ©es, qui ne souhaitaient naturellement pas qu’on leur retirĂąt encore une part d’un gĂąteau bien entamĂ©, il fut Ă©voquĂ© une solution dĂ©sastreuse : faire baisser la taxe sur les revenus publicitaires Ă  1,5%. Indignation gĂ©nĂ©rale de tous les protecteurs du service public, et le texte de loi adoptĂ© prĂ©vit bien une taxe de 3% pour les Ă©diteurs de services de tĂ©lĂ©visions hertziens analogiques. Mais il y a encore un « mais » : cette taxe est calculĂ©e sur la fraction de l’assiette excĂ©dant 11 millions d’euros ; c’est-Ă -dire que 11 millions d’euros de revenus publicitaires sont laissĂ©s de cĂŽtĂ© dans le calcul de la somme Ă  prĂ©lever. Un abattement forfaitaire de 4% peut Ă©galement avoir lieu sur le montant prĂ©levĂ©. De plus, pour les autres services de tĂ©lĂ©vision (TNT, cĂąble, satellite, ADSL
), la taxe est Ă©volutive : elle aurait dĂ» ĂȘtre de 1,5% en 2009, 2% en 2010, 2,5% en 2011. D’ici la fin de l’analogique et le passage au tout numĂ©rique, la taxe est plafonnĂ©e Ă  50% de l’accroissement de son assiette. Ainsi, si les revenus de M6 ou TF1 augmentent en un an, seule la moitiĂ© du surplus par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente est concernĂ©e par cette taxe. Le montant de la taxe ne peut toutefois jamais ĂȘtre infĂ©rieur Ă  1,5% de son assiette[2]. C’est bien maigre, surtout quand on a conscience que les revenus publicitaires de tous les groupes privĂ©s s’effondrent en cette pĂ©riode de disette Ă©conomique mondiale.
Le 11 dĂ©cembre 2009, le lobby des chaines privĂ©es put se targuer d’une belle victoire en apprenant le vote Ă  l’AssemblĂ©e Nationale d’un amendement UMP rĂ©duisant cette taxe Ă  1% maximum
 Vous avez dit magouille ? 

De plus, qui paiera finalement la taxe de 0,9% sur le chiffre d’affaires des opĂ©rateurs tĂ©lĂ©com, sinon le consommateur ? On sait bien que sur ce marchĂ© trĂšs porteur, tout est toujours rĂ©percutĂ© sur le prix des forfaits, des abonnements, ou des communications
 Un impĂŽt indirect de plus diront certains, avec raison.
De toute façon, Bruxelles vient de renvoyer, le lundi 14 mars 2011, le gouvernement français devant la justice européenne, considérant cette taxe sur les opérateurs télécom contraire au droit européen.
L’effet de la fin de la publicitĂ© sur le service public a eu cependant un double effet cynique sur les chaĂźnes privĂ©es. On peut comprendre que la taxe sur les revenus publicitaires n’a pas plu Ă  leurs dirigeants. Mais quand on se rend compte que c’est justement aux chaĂźnes privĂ©es que va profiter la fin totale de la publicitĂ© sur le service public, leur colĂšre semble un peu dĂ©placĂ©e
 C’est vrai, les marques auront toujours besoin de campagne marketing, et la tĂ©lĂ©vision reste LE mĂ©dia le plus important de France. Les fameuses parts du gĂąteau qu’on enlĂšve Ă  France TĂ©lĂ©visions ne vont pas se volatiliser, elles vont naturellement se rĂ©partir sur les autres chaĂźnes. Il semble donc que les chaĂźnes privĂ©es, en exerçant une pression sur les politiques (via des amitiĂ©s avec le pouvoir en place ?...), essayent d’obtenir le beurre et l’argent du beurre. Tout cela est Ă©videmment affaire de communication et de posture, avec probablement des tractations autour d’un bon petit repas au Fouquet’s
 Le lobby des chaĂźnes privĂ©es est dĂ©cidĂ©ment puissant et habile.
Pour le moment, la publicitĂ© n’a disparu qu’entre 20h et 6h. L’effet pervers, c’est que le crĂ©neau le plus rentable en termes de recettes publicitaires devient l’access prime-time. Et malheureusement pour lui, c’est Julien Courbet qui fit office de premiĂšre victime de la rĂ©forme. Pour un dĂ©fenseur des opprimĂ©s et grand pourfendeur de l’injustice, voilĂ  bien un comble
 Fin de la saison 2007-2008, Laurent Ruquier laisse vacant le crĂ©neau 19h-20h sur France2, aprĂšs de nombreuses annĂ©es d’occupation brillante. A la rentrĂ©e 2008, la chaĂźne publique rĂ©ussit un beau coup mĂ©diatique en dĂ©bauchant Julien Courbet pour le remplacer, un des animateurs phares de TF1. Courbet arrive avec un format de magazine sur la consommation et la vie pratique, reprenant le concept des chroniqueurs exploitĂ© par Ruquier. Les audiences sont faibles, mais la chaĂźne renouvelle au fil des communiquĂ©s de presse son soutien sans faille Ă  l’animateur. C’est sans compter sur Christine Albanel, Ministre de la Culture, chargĂ©e de mettre en Ɠuvre la rĂ©forme dĂ©cidĂ©e par l’ElysĂ©e. Selon elle, l’émission « Service Maximum n’est pas le meilleur concept que l’on ait inventĂ© sur le service public ». Sortie Ă©trange et dĂ©placĂ©e pour une ministre, et rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  plusieurs reprises
 Courbet se braque, s’estime victime d’une « cabale politique » et se demande qui fait la grille des programmes Ă  France TĂ©lĂ©visons. Et Albanel de rĂ©pondre : « Je me contente simplement de rĂ©pondre aux questions que me posent les journalistes, et comme tout le monde j'ai le droit de donner mon avis sur l'Ă©mission de Julien Courbet. Je ne vois pas pourquoi je serais la seule en France Ă  ne pas pouvoir me prononcer sur une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision[3] ». Albanel regarde la tĂ©lĂ©, n’aime pas Courbet et le dit, faisant fi du devoir de rĂ©serve inhĂ©rent Ă  un poste de haute-responsabilité ; car justement, elle fait partie des gouvernants, cercle trĂšs fermĂ©s de gens qui ne peuvent pas se prononcer sur un programme qu’ils trouvent mauvais. En s’exprimant ainsi et en raillant l’émission sensĂ©e rapporter le plus d’argent au service public, elle a mis la direction de France TĂ©lĂ©visions en question. C’était justement LA dĂ©rive Ă  Ă©viter : que les dirigeants se mĂȘlent des programmes est la pire des choses qui pouvait arriver pour la bonne mise en place de la rĂ©forme. Il faut Ă©viter les connivences entre les dirigeants du groupe dont la fonction est de choisir les programmes, et le gouvernement dont le rĂŽle unique est de poser le cadre lĂ©gal dans lequel s’inscrit l’ambition du service public. Quand Albanel fit cette sortie mĂ©diatique, elle Ă©tait dans son bon droit, c’est sĂ»r, personne ne pouvait la forcer Ă  apprĂ©cier le travail de Courbet, mais elle fut trĂšs malhabile car elle incarna de fait une peur induite par toute rĂ©forme, Ă  savoir la main mise du pouvoir sur les programmes et les contenus de la tĂ©lĂ©vision publique.
La polĂ©mique ne profita Ă  personne. Albanel passa pour une incompĂ©tente, l’émission de Courbet, dont tout le monde, grĂące Ă  cet inutile dĂ©bat, comprit qu’elle devait ĂȘtre bien mauvaise, fut arrĂȘtĂ©e dĂšs fĂ©vrier 2009, et l’access prime-time de France2 fut dĂ©sertĂ© par les tĂ©lĂ©spectateurs, ne rapportant pas autant que Patrick de Carolis l'avait escomptĂ©...
Puis Nagui arriva, et sauva les audiences et les recettes publicitaires
 N’oubliez pas les paroles, et n’oubliez pas d’acheter du sucre, des pansements, une nouvelle voiture, du shampoing, de la lessive

  [1] Art.29-30-31 in Loi n°2009-258 du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision
[2] Art.32 in Loi n°2009-258 du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision
[3] Morandini ! sur Direct8, émission du 27 octobre 2008
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                                                                 DEMAIN: Conséquences pour l'industrie cinématographique
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 3
CE QUE LA REFORME VOULAIT CHANGER
Pour faire simple, certaines mesures idĂ©ologiques et pratiques mĂ©ritaient d’ĂȘtre prises. La transformation de France TĂ©lĂ©visions en entreprise unique devait permettre de simplifier la lĂ©gislation et les statuts juridiques des diffĂ©rentes branches de la sociĂ©tĂ©, et d’offrir une grande ambition au groupe. C’était le prĂ©alable indispensable Ă  la rĂ©forme. La suppression progressive de la publicitĂ© devait crĂ©er le choc dans les esprits et de marquer une rupture idĂ©ologique avec les chaĂźnes privĂ©es, tout en laissant le temps aux personnes concernĂ©es de trouver le financement « euro pour euro », selon la promesse de Nicolas Sarkozy. La satisfaction du public allait dorĂ©navant ĂȘtre mesurĂ©e selon un barĂšme qualitatif et non plus quantitatif, ce qui apportait au groupe, en thĂ©orie, une libertĂ© hors du commun dans le paysage audiovisuel français.
Pour les mesures concrĂštes, on note le passage intelligent des premiĂšres parties de soirĂ©e Ă  20h35, ce qui a permis au spectateur d’accĂ©der plus tĂŽt aux secondes parties de soirĂ©es, qui sont traditionnellement le temps de dĂ©bats et de magazines culturels sur les chaĂźnes publiques. Il faut croire que l’idĂ©e Ă©tait bonne puisque (presque) toutes les chaĂźnes ont suivi le mouvement et avancĂ© de cinq ou dix minutes leurs programmes pour commencer dĂ©sormais en moyenne vers 20h40.
L’obligation de diffuser au moins une Ă©mission culturelle quotidienne, ainsi que des spectacles lyriques, chorĂ©graphiques et dramatiques Ă©tait une ambition dĂ©jĂ  initiĂ©e par l’équipe de Patrick de Carolis, et posĂ©e ici de maniĂšre contractuelle. Des programmes scientifiques et d’éducation aux problĂšmes environnementaux devaient Ă©galement ĂȘtre mis Ă  l’antenne Ă  des heures de grande Ă©coute, y compris en premiĂšre partie de soirĂ©e. La diffusion le 5 juin 2009 de Home, le film sur le rĂ©chauffement climatique rĂ©alisĂ© par Yann Arthus Bertrand et produit par Luc Besson, diffusion le jour mĂȘme de la sortie du film en salles, est le rĂ©sultat d’un partenariat couronnĂ© de succĂšs : plus de 8 millions de tĂ©lĂ©spectateurs Ă©taient devant France2 pour apprendre Ă  fermer les robinets en se brossant les dents. C’était typiquement le genre d’évĂ©nement de service public recherchĂ© par cette obligation contractuelle.
France TĂ©lĂ©visions devait « conserver la diffusion en direct des Ă©vĂ©nements sportifs faisant partie du patrimoine national (Tour de France, Jeux Olympiques, Roland Garros, Tournoi des Six Nations, Football
) et proposer un trĂšs large Ă©ventail de disciplines sportives[1] ». Une idĂ©e trĂšs louable, sauf quand on sait les dĂ©boires de tous les groupes de tĂ©lĂ©vision pour acquĂ©rir Ă  des prix exorbitants les grandes compĂ©titions sportives. Pour que France TĂ©lĂ©visions ait pu conserver les droits de retransmission de grands Ă©vĂ©nements, il lui aurait fallu probablement plus d’argent que de bonne volontĂ©. Le rachat tardif Ă  TF1 de matchs de la prochaine Coupe du Monde de Rugby en est la preuve. On a donc assistĂ© depuis quelques temps au renforcement du dispositif de France TĂ©lĂ©visions sur des sports moins mĂ©diatisĂ©s : handball, ski, athlĂ©tisme...
Une dimension europĂ©enne devait ĂȘtre donnĂ©e Ă  tous les programmes, afin qu’on parle plus d’Europe sur les chaĂźnes du service public. En terme de crĂ©ation audiovisuelle, France TĂ©lĂ©visions Ă©tait dorĂ©navant dans l’obligation de diffuser 70% de programmes europĂ©ens, dont 50% d’origine française (c’était aller au-delĂ  des obligations lĂ©gales du groupe).
Certaines autres mesures auraient sans doute pu attendre un peu, comme la restructuration de l’audiovisuel extĂ©rieur (suppression de la diffusion de France24 dans certaines langues, rĂ©forme de RFI), ou les changements de mode de gouvernance et de nomination des dirigeants, qui ont provoquĂ© la polĂ©mique et semĂ© la confusion, brouillant la vĂ©ritable ambition de la rĂ©forme.
Dans un schéma de programmation semblable à celui de la BBC, chaque chaßne de service public devait affirmer de maniÚre sensible sa propre identité dans le bouquet de services complémentaires. La réforme amenait un nouveau cahier des charges et des missions bien précises pour chaque chaßne :
- France2 devenait la « chaßne généraliste de la communauté nationale[2] » (événements, création audiovisuelle et cinématographique française et européenne, information et sport).
- France3 retrouvait son ambition de « chaĂźne nationale Ă  vocation rĂ©gionale, chaĂźne de la proximitĂ©, du lien social et du dĂ©bat citoyen, qui offre Ă  chacun la possibilitĂ© de rĂ©flĂ©chir sur ses racines tout en suivant l’évolution du monde[2] » (information rĂ©gionale, magazine, documentaire et fiction originale).
- France4 devait ĂȘtre la « chaĂźne des nouvelles gĂ©nĂ©rations[2] ». Elle devenait en mĂȘme temps le laboratoire de France TĂ©lĂ©visions, qui pouvait soi-disant prendre les risques nĂ©cessaires aux avancĂ©es Ă©ditoriales du groupe (musique et spectacle).
- France5 restait la « chaßne du décryptage, du partage des savoirs et de la transmission des connaissances[2] » (découverte, sciences et techniques, sciences humaines et développement durable).
- FranceÔ s’affirmait comme la chaĂźne des populations ultramarines, « chaĂźne de la mixitĂ© et de la diversitĂ© culturelle[2] » (magazine, dĂ©bat citoyen et spectacles vivants).
[1] Art.8 in Projet de cahier des charges de France Télévisions, 20 octobre 2008
[2] Art.2 in Projet de cahier des charges de France Télévisions, 20 octobre 2008
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                                            DEMAIN: Conséquences financiÚres, Chaßnes privées et "L'affaire Courbet"
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 2
PETITE HISTOIRE ILLUSTREE DE LA TELEVISION PUBLIQUE 
Au commencement était Raymond Poincaré. Le Président du Conseil dirigeait son quatriÚme gouvernement. Nous sommes en 1927, le service français de radiodiffusion est créé (RDF) et rattaché aux MinistÚre des Postes, Télégraphes et Téléphones. Il faut attendre le 26 avril 1935 pour pouvoir regarder la premiÚre émission officielle de télévision diffusée depuis le MinistÚre des PTT.
La guerre et la prise en main de la tĂ©lĂ©vision française par les Allemands freinent son dĂ©veloppement. 1949 et la transformation de la RDF en RTF (Radio TĂ©lĂ©vision Française) marque le vĂ©ritable dĂ©marrage de la tĂ©lĂ©vision publique : Pierre Sabbagh, Georges de Caunes et Pierre Tchernia intĂšgrent l’équipe qui mĂšne l’unique chaĂźne et crĂ©ent des programmes novateurs comme La Piste aux Ă©toiles ou 36 Chandelles. Epoque bĂ©nie oĂč une prĂ©sentatrice pouvait ĂȘtre renvoyĂ©e pour avoir montrĂ© ses genoux Ă  l’antenne

Les mentalitĂ©s Ă©voluent. La RTF devient en 1959 un « établissement public Ă  caractĂšre industriel et commercial ». Le terme « commercial » a Ă©videmment une importance particuliĂšre et recouvre un champ d’action et de dĂ©veloppement essentiel. DĂšs ses dĂ©buts, la tĂ©lĂ©vision publique est donc conçue, entre autres raisons, pour rapporter de l’argent Ă  l’Etat. C’est un point de vue fondamental, qui a lui aussi quelque peu Ă©voluĂ© en l’espace de 50 ans.
1964 voit la crĂ©ation de l’ORTF (Office de la Radio et de la TĂ©lĂ©vision Françaises). Conçue sur le modĂšle de la BBC anglaise, elle est placĂ©e sous la tutelle du MinistĂšre de l’Information, qui contrĂŽle le respect des engagements de service public. Pour la premiĂšre fois, un cahier des charges est dĂ©fini : l’ORTF doit « satisfaire les besoins d’information, de culture, d’éducation et de distraction du public ». Le PDG et le conseil d’administration sont nommĂ©s en Conseil des Ministres. Un Haut Conseil de l’Audiovisuel, constituĂ© de parlementaires et de personnalitĂ©s influentes, est créé Ă  titre consultatif. La mĂȘme annĂ©e est lancĂ©e la deuxiĂšme chaĂźne. Denise Fabre est engagĂ©e comme speakerine, Armand Jammot lance Des chiffres et des lettres et Les Dossiers de l’écran.
En 1968, pour la premiĂšre fois, une publicitĂ© est diffusĂ©e sur la premiĂšre chaĂźne. LimitĂ©s d’abord au journal de 20h, les Ă©crans publicitaires ne doivent pas excĂ©der deux minutes, avec des spots de 30 secondes maximum.
La troisiĂšme chaĂźne voit le jour le 31 dĂ©cembre 1972. Elle est d’emblĂ©e dĂ©finie comme la chaĂźne des rĂ©gions. D’ailleurs, en 1975, avec le dĂ©mantĂšlement de l’ORTF, elle devient FR3, alias France RĂ©gions 3 ; la deuxiĂšme chaĂźne prend elle le nom d’Antenne2, alors que la premiĂšre chaĂźne s’appelle TF1.
D’un point de vue juridique, Antenne2 et FR3 sont transformĂ©es en sociĂ©tĂ©s nationales de programmes en 1982. Une fois TF1 privatisĂ©e (1987) les deux chaĂźnes restantes sont mises en 1989 sous une prĂ©sidence commune, tout en gardant une identitĂ© juridique distincte.
Il faut attendre 2000, et la crĂ©ation de France TĂ©lĂ©vision SA pour regrouper toutes les sociĂ©tĂ©s nationales de programmes. Jusque lĂ , des services communs avaient Ă©tĂ© mis en place dans plusieurs secteurs comme la programmation (pour l’harmonisation des grilles par exemple), afin de gĂ©rer des questions transversales comme la politique d’achats de droits et de retransmissions d’épreuves sportives. Entre temps, Antenne2 Ă©tait devenue France2, France RĂ©gions 3 Ă©tait devenue France3 et la CinquiĂšme avait vu le jour.
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Aujourd’hui, France tĂ©lĂ©visions est une entreprise unique regroupant presque 50 sociĂ©tĂ©s rĂ©parties en plusieurs secteurs d’activitĂ©:
 - diffusion
  - thématiques
 - cinéma et production
 - publicité
 - Arte
- développement et divers
Le groupe France TĂ©lĂ©visions emploie environ 6700 personnes (en Ă©quivalent temps plein). Son chiffre d’affaires s’élĂšve Ă  environ 3 016 millions d’euros, dont 2 412 millions provenant de la redevance audiovisuelle, pour un rĂ©sultat net de 19,7 millions d’euros[1].
Le groupe est dorénavant un groupe multimédia au sens propre : télévision hertzienne, TNT, satellite, télévision par ADSL, télévision mobile personnelle, internet, VOD.
[1] Chiffres du Rapport Annuel et du Rapport Financier 2009
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                                                                              DEMAIN: Ce que la réforme voulait changer
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs / PART 1
DE L’IDEE PRESIDENTIELLE AU 7 MARS 2009 : NAISSANCE ET MISE EN PLACE DE LA REFORME
Il aura fallu attendre un an entre l’annonce choc de Nicolas Sarkozy d’arrĂȘter la publicitĂ© sur le service public et la mise en application de la rĂ©forme.
La lĂ©gende dĂ©sormais cĂ©lĂšbre raconte que Patrick de Carolis, alors PrĂ©sident de France TĂ©lĂ©visions, tranquillement installĂ© dans son bureau en ce matin du 8 janvier 2008, regardant Ă©videmment le discours du prĂ©sident de la RĂ©publique en savourant un cafĂ© bien chaud (il faisait froid dehors), aurait appris en direct cette dĂ©cision prĂ©sidentielle sans mĂȘme avoir Ă©tĂ© consulté  Il est sans doute tombĂ© des nues lorsqu’il s’est penchĂ© sur ses petits dossiers Ă©parpillĂ©s entre les pots Ă  crayons et qu’il a constatĂ© le manque Ă  gagner financier Ă©norme pour son groupe. MĂȘme Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la Communication de l’époque, n’était pas au courant. Il faut bien avouer qu’avant qu’elle ne s’occupe de cette rĂ©forme, personne ne se prĂ©occupait de connaĂźtre les Ă©tats d’ñme de Mme la Ministre.
Le 24 fĂ©vrier 2008, une commission parlementaire Ă©tait créée, sous l'Ă©gide de ce bon Jean-François CopĂ©, chargĂ©e d’examiner tous les paramĂštres de la rĂ©forme et sa pertinence. AprĂšs 4 mois d’intenses travaux, et les dĂ©missions des dĂ©putĂ©s socialistes, la commission accouchait d’un rapport de 54 pages (les politiques savent ĂȘtre concis quand ils le veulent) remis en mains propres au prĂ©sident Sarkozy.
AprĂšs 80 heures de dĂ©bats Ă  l’automne 2008 Ă  l’AssemblĂ©e, avec plus de 900 amendements dĂ©posĂ©s et 50 interruptions de sĂ©ances, le grand cirque parlementaire prit fin et la rĂ©forme fut adoptĂ©e dĂ©finitivement le 5 mars 2009. Entre temps, et pour tenir l’engagement du PrĂ©sident Sarkozy, le gouvernement de François Fillon avait forcĂ© Patrick de Carolis Ă  faire voter la suppression de la publicitĂ© entre 20h et 6h par le conseil d’administration de France TĂ©lĂ©visions. Le 1er janvier 2009, les Français se sont donc mis Ă  table un peu plus tĂŽt que d’habitude, ont tranquillement regardĂ© leurs programmes commencer Ă  20h35, sont allĂ©s se coucher 15 minutes plus tĂŽt. Certains ont (re)dĂ©couvert les joies du petit quart d’heure coquin avant de dormir, d’autres se sont levĂ©s le lendemain, la mine rĂ©jouie, heureux d’avoir pu dormir enfin 15 minutes de plus
 Merci la rĂ©forme.
Le texte de la réforme fut publié au journal officiel le 7 mars 2009.
cg
                                                                DEMAIN: Petite Histoire illustrée de la télévision publique
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Réforme de l'audiovisuel public: Deux ans aprÚs.
DĂ©jĂ  plus de deux ans que la rĂ©forme de l’audiovisuel public a Ă©tĂ© adoptĂ©e et que sa mesure phare, la suppression de la publicitĂ© aprĂšs 20h, est entrĂ©e en application. L’occasion pour nous de tirer un premier bilan de cette rĂ©forme polĂ©mique, qui a fait beaucoup de bruit en son temps et qui passe aujourd’hui inaperçu
 Entre temps, un changement de direction, la volontĂ© de rajeunir les audiences et les rentrĂ©es publicitaires Ă  la baisse ont forcĂ©ment changĂ© la donne. Alors deux ans plus tard, oĂč va le service public ? MĂšne-t-il Ă  bien ses missions et conserve-t-il son statut particulier dans le cƓur des français ? 
Le but de la rĂ©forme initiĂ©e par le PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă©tait d’inventer « une nouvelle tĂ©lĂ©vision publique, qui porte avec encore plus de force sa belle mission de service public : une tĂ©lĂ©vision branchĂ©e sur le monde, une tĂ©lĂ©vision qui rassemble, une tĂ©lĂ©vision qui ose, qui donne du temps aux crĂ©ateurs et aux spectateurs, une tĂ©lĂ©vision indĂ©pendante et pluraliste, une tĂ©lĂ©vision exigeante et audacieuse »[1]. Ambitieux programme. Reprenons point par point.
« Une tĂ©lĂ©vision branchĂ©e sur le monde, qui prend le pouls de la sociĂ©tĂ© dans sa diversitĂ© et donne toute sa place Ă  l’information et au dĂ©bat ». La diversitĂ© est une question sociĂ©tale fondamentale, sur laquelle le projet de loi insistait Ă  plusieurs reprises. La tĂ©lĂ©vision doit reflĂ©ter la sociĂ©tĂ© française dans son ensemble, au travers de ses programmes, de ses personnalitĂ©s visibles et de ses employĂ©s. Cette politique d’intĂ©gration des minoritĂ©s par l’exemple, c’est effectivement au service public de la mener. MalgrĂ© tout, c’est TF1, et pas France2 qui a mis un homme noir Ă  la prĂ©sentation du 20h ; on peut Ă©videmment s’interroger sur la volontĂ© de crĂ©er un coup mĂ©diatique avec un symbole somme toute de moindre importance, mais il faut avouer que France TĂ©lĂ©visions aurait pu ĂȘtre devant Ă  l’époque et ne l’a pas fait. Prenons un autre exemple, un peu idiot, mais qui reflĂšte plutĂŽt bien les efforts Ă  poursuivre : les personnages de Plus belle la vie reflĂštent-ils vraiment la sociĂ©tĂ© dans son ensemble ? Le feuilleton phare de France3, suivi par des millions de tĂ©lĂ©spectateurs chaque jour, qui se targue d’ĂȘtre ancrĂ© dans la rĂ©alitĂ© et la vie quotidienne, fait-il rĂ©ellement preuve de diversité dans ses choix de casting ? Pour ce qui est de l’information et du dĂ©bat, est-il un autre endroit que France TĂ©lĂ©visions oĂč un grand dĂ©bat politique ou de sociĂ©tĂ© a lieu tous les jours ? Entre Ripostes (France5), A vous de juger (France2), Mots croisĂ©s (France2), Ce soir ou jamais (France3) et les multiples tranches d’infos et de magazines, France TĂ©lĂ©visions est LE lieu du dĂ©bat de sociĂ©tĂ©. Presque tous les jours, la tĂ©lĂ©vision publique prend le temps d’installer son agora moderne sur ses multiples chaĂźnes. 
« Une tĂ©lĂ©vision qui rassemble, qui trouve le fil rouge pour s’adresser Ă  tous, Ă  travers ses diffĂ©rentes antennes en jouant de tous les genres », c’était dĂ©jĂ  le cas. Le « France TĂ©lĂ©visions prĂ©-rĂ©forme » s’adressait dĂ©jĂ  Ă  tous, selon les moments de la journĂ©e, en diffusant des programmes pour toutes les tranches d’ñge, toutes les sensibilitĂ©s, et en explorant des genres variĂ©s voire exclusifs
 Le théùtre ou l’opĂ©ra en direct sont des opĂ©rations exceptionnelles qui diffĂ©renciaient le service public et lui confĂ©raient une identitĂ© propre. Attention toutefois Ă  ne pas s’enliser dans ces formats trĂšs identitaires : Chez Maupassant, la sĂ©rie de tĂ©lĂ©films adaptĂ©s des Ɠuvres de l’auteur, qui fait les beaux jours de France2 depuis dĂ©jĂ  quelques annĂ©es, n’est pas dĂ©clinable Ă  l’infini, et la retransmission de théùtre ou d’opĂ©ra ne peut fonctionner en terme d’audience qu’autour de vrais Ă©vĂ©nements : si une piĂšce de théùtre en direct avec Line Renaud ou Pierre Arditi rencontre un beau succĂšs, il n’est pas certain que Mon patron les aime blondes avec Olivier Lejeune et George Beller cartonne autant, mĂȘme enrobĂ© d’un bel habillage Ă©vĂ©nementiel. Jouer de tous les genres est donc important, mais jouer astucieusement est essentiel.
« Une tĂ©lĂ©vision qui ose, qui prend le risque d’inventer, de surprendre, de dĂ©fendre de nouveaux programmes, mĂȘme s’ils ne rencontrent pas, Ă  leurs dĂ©buts, le succĂšs qu’ils mĂ©ritent ; une tĂ©lĂ©vision qui donne du temps, aux crĂ©ateurs et aux spectateurs », comme ce fut le cas pour Plus belle la vie par exemple. Les audiences catastrophiques du dĂ©but ne laissaient pas prĂ©sager d’un tel succĂšs. C’était le cas Ă©galement pour le jeu quotidien de Nagui sur France2 Tout le monde veut prendre sa place : si les audiences avaient toujours Ă©tĂ© correctes, elles se sont payĂ© le luxe, au fil de temps, de dĂ©passer rĂ©guliĂšrement celles de TF1 sur le mĂȘme crĂ©neau horaire
 Cercle vertueux de la patience qui provoque le bouche Ă  oreille. La fin de la publicitĂ©, voulue par la rĂ©forme, devait faciliter ce genre de dĂ©marche.
« Une tĂ©lĂ©vision indĂ©pendante et pluraliste, intelligente et curieuse, qui intĂ©resse sans ennuyer, qui amuse sans galvauder, qui confronte sans niveler ». Attention, sujet dangereux
 La fin de la publicitĂ© avait fait naĂźtre chez les syndicats et chez bon nombre de citoyens la peur d’une connivence possible Ă  venir entre l’Etat et les journalistes de France TĂ©lĂ©visions. Etait-ce justifié ? Nous y reviendrons.
Cette rĂ©forme suscita passions et dĂ©bats. A l’heure du passage au tout numĂ©rique, oĂč les audiences des chaĂźnes historiques vont forcĂ©ment ĂȘtre mises Ă  mal, nous allons voir si cette rĂ©forme a permis au service public de se prĂ©parer Ă  une concurrence plus rude ou si elle a au contraire alourdi les contraintes qui pesaient sur France TĂ©lĂ©visions. OĂč en est le service public, et quel avenir se dessine pour lui ? VoilĂ  les questions auxquelles nous tenterons de rĂ©pondre.
[1] « Exposés des motifs » in Projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision (NOR : MCCX0821956L/Bleue-1)
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                                                                     A SUIVRE: Naissance et mise en place de la réforme
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cgmedia-blog · 14 years ago
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Adieu les ViiiP...
31 mars 2011 / TF1 / Endemol France
RIP ViiiP
Jeudi noir dans les couloirs de TF1. A 20h, la premiÚre chaßne française annonçait la déprogrammation définitive de Carré ViiiP, émission de télé-réalité d'enfermement lancée moins de deux semaines auparavant.
Les audiences ne suivaient pas, la quotidienne atteignant tout juste les 13% de PA, laissant le champ libre au DĂźner Presque Parfait de M6, et mĂȘme Ă  Questions Pour Un Champion! On le sait, l'access (18-20h) Ă©tant une case stratĂ©gique en terme de revenus publicitaires, une telle situation ne pouvait perdurer.
Il faut dire que le programme Ă©tait d'une nullitĂ© confondante. CarrĂ© Viiip opposait deux castes, les Viiip et les WannaViiip, dans une course au buzz. Les WannaViiip Ă©taient des anonymes soi-disant prĂȘts Ă  tout pour devenir l'Ă©gal de leurs rivaux. Les personnages faisant le moins parler d'eux Ă©taient soumis au vote lapidaire des tĂ©lĂ©spectateurs.
Comment ne pas faire le rapprochement avec une autre tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© de 2006, dĂ©jĂ  sur TF1, et dĂ©jĂ  arrĂȘtĂ© au bout de quelques Ă©pisodes: Le Royaume. Dans cette Ă©mission ambiance moyen-Ăąge, deux castes s'opposaient Ă©galement, Ă  savoir les seigneurs et leurs serfs. Les Seigneurs jouissaient bien entendu de nombreux privilĂšges alors que les serfs, eux, dormaient dans des cahutes dĂ©labrĂ©es, sans aucun confort... Ainsi, CarrĂ© Viiip remettait au goĂ»t du jour une certaine idĂ©e de la fĂ©odalitĂ©. Dans ce systĂšme moderne, les "cĂ©lĂ©britĂ©s" valaient mieux que les simples anonymes, obtenant ainsi courbettes et avantages que les autres ne mĂ©ritaient pas. Or, ces "cĂ©lĂ©britĂ©s" ne s'Ă©taient pas fait connaĂźtre par un quelconque talent, mais par une habiletĂ© Ă  faire le buzz: montrer leur corps, inventer des intrigues amoureuses, mettre en scĂšne leur faux suicide ou leurs vraies sextapes, etc. Comme si la valeur d'un homme se mesurait dĂ©sormais Ă  sa capacitĂ© Ă  faire parler de lui par tous les moyens imaginables, les "invisibles" devenant par lĂ -mĂȘme des moins que rien... Concept Ă©trange, qui plaçe le spectateur en porte-Ă -faux: lui qui n'est rien, lui qui regarde ces vedettes s'amuser entre elles, n'est-ce pas son inutilitĂ© qui est pointĂ©e du doigt?
Cette sensation est sans doute renforcĂ©e par la volontĂ© des producteurs de faire de CarrĂ© ViiiP la premiĂšre Ă©mission de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© 2.0, intĂ©grant dans son concept mĂȘme les media en tous genre: presse people, web, rĂ©seaux sociaux... Le tĂ©lĂ©spectateur Ă©tait aussi internaute: il pouvait consulter la page web de chaque candidat, voir son statut (comme sur facebook), dire s'il aimait ou non telle vidĂ©o et telle photo... Le tĂ©lĂ©spectateur devenait pour la premiĂšre fois un personnage du jeu, et plus un simple distributeur de votes par sms.
On regrette presque que TF1, Endemol et les candidats eux-mĂȘmes n'aient pas vraiment jouĂ© le jeu, pariant probablement sur une montĂ©e en puissance du programme, Ă  la maniĂšre d'un Secret Story. Imaginez une Ă©mission de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© d'enfermement qui s'Ă©talerait sur le web, oĂč l'on pourrait communiquer pour de vrai avec les candidats, donnant de fait tous les pouvoirs aux spectateurs et aux candidats pour inventer la suite du jeu. CarrĂ© ViiiP a Ă©tĂ© survendue en amont, provoquant non pas l'enthousiasme attendu mais juste une grosse dĂ©ception. Au lieu d'ĂȘtre l'Ă©vĂ©nement de l'annĂ©e, le programme qui aurait pu lancer une nouvelle consommation de la tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© ne passe finalement que pour un sous-produit mal emballĂ©, un "Secret Story vs La Ferme CĂ©lĂ©britĂ©s" de Lidl... Une bien pĂąle copie, trop peu inventive.
Alors quel avenir pour la tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© d'enfermement aprĂšs cet accident industriel? Quand on voit qu'un concept original comme Dilemme (W9) est condamnĂ© pour plagiat par TF1, qui protĂšge le caractĂšre soi-disant unique de son Secret Story, quand les chaĂźnes de la TNT, cadre idĂ©al pour ce genre de programmes, veulent toutes se bĂątir une image gĂ©nĂ©raliste et propre, bannissant ainsi toute inventivitĂ© et prise de risque, il semble impossible pour ce genre bien particulier de se dĂ©velopper dans les prochaines annĂ©es, du moins de faire coexister en France deux programmes d'enfermement Ă  succĂšs. Tant que Secret Story existera dans sa forme actuelle, nous ne serons pas prĂȘt de connaĂźtre en France une vĂ©ritable tentative d'Ă©mission cross-media. La tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© d'enfermement 2.0, la vraie, ce n'est pas pour aujourd'hui.
Vive les Viiip
En attendant, et en guise de souvenir, voici un petit florilÚge de ces deux semaines d'émission:
"Moi quand je rĂȘve, je parle amĂ©ricain. Born to be a star!" (Candice, WannaViip)
"-Regarde elle a une marque, elle a mal étendu son fond de teint... Enfin tu vois, elle l'a mal é... euh... comment on dit le mot? -Je sais pas moi, je suis pas esthéticienne!" (Beverly et Jean-Philippe, WannaViiiP)
 "Il vaut mieux partager un bon bout de pain frais que de se taper tout seul un vieux croûton!" (Cindy, ViiiP)
"Rien qu'en me regardant, les gens sont envoûtés par mes ondes. Je suis la réincarnation de James Dean, Marlon Brando et... Johnny Depp!" (Alexandre, WannaViiiP)
"C'est ma fille, elle est belle, c'est ma Paris Hilton" (la mĂšre de Beverly, WannaViiiP)
"Elle est vieille et boudinante" (BenoĂźt, ViiiP)
"J'aime la littérature, je lis la presse people!" (Aurélie, WannaViiiP)
cg
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cgmedia-blog · 14 years ago
Text
"Mister France 2011", l'élégance francaise
24 février 2011 / NRJ 12 / Ah! Production
Et voilĂ . La masculinitĂ© française s'est trouvĂ© un nouveau chef de file en la personne de Jonathan Duforestel. L'homme, le vrai, dans un Ă©crin de muscles et de fond de teint, se tient lĂ , debout devant nous, prĂȘt Ă  nous montrer la voie.
Le visage un brin orange, la nuque longue hasardeuse et les petits pics blonds qui font bien sur la tĂȘte, le beau picard de 25 ans n'est pas qu'une plastique. Non messieurs! C'est avant tout un homme comme vous et moi, avec un petit coeur qui bat, et un gros penchant pour les bimbos de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©. A la question: "Jonathan, quel est le dernier livre ou le dernier film que vous avez vu?", l'Ă©lĂ©gant prĂ©tendant au titre rĂ©pondait, je cite: "Bon, les livres moi, c'est pas trop mon fort... Heu, les films, je sais pas... Je vais plutĂŽt vous parlez de la derniĂšre Ă©mission que j'ai regardĂ©e, c'est Les Anges de la TĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©!". Et Jonathan de lancer Ă  la bimbo prĂ©sente dans le jury, elle-mĂȘme candidate des Anges en question, que si elle veut laver sa voiture Ă  la façon d'une pute de car wash, c'est quand elle veut..!
Car oui, l'homme français est avant tout un esthÚte, aimant la beauté des mots et des femmes, croulant sous le poids de la passion en gardant dans ses gestes l'élégance parisienne que le monde entier nous envie. Et ça, NRJ 12 l'a bien compris. En confiant à l'excellente Clara Morgane, qu'on ne présente plus, la présentation de cette cérémonie tant attendue, la petite chaßne qui stagne envoie un signal fort aux téléspectateurs avertis que nous sommes: pas de tabou ce soir, l'homme français doit pouvoir se tenir bien droit en boxer de bain face à une vraie femme sans rien ne laisser paraßtre de ses émotions intimes.
Alors vous direz, oui mais la culture dans tout ça? Et bien, messieurs, au risque de bouleverser nos codes et nos habitudes, l'élection de Mister France 2011 nous a montré que la culture importe peu tant que l'on possÚde l'intelligence du corps. Un sourire et de beaux abdominaux peuvent suffire à emporter l'adhésion et le désir de milliers de jeunes femmes offertes à l'amour. Si votre but est donc de sauter de la pétasse par wagons entiers, cessez donc de vous donner du mal, lùchez vos livres et vos journaux élitistes et suivez la voie ouverte par notre nouveau guide.
Et comme lui, n'oubliez pas qu'un peu de culot et d'humour peuvent vous placer haut dans le ciel admiré des étoiles de l'élégance française.
cg
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